s revue systématique : l'effet des sports adaptés sur les

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Ligue Handisport Francophone asbl Grand Hôpital de Charleroi – Avenue du Centenaire, 69 – B-6061 Montignies-sur-Sambre Tel 071/10.67.50 – email [email protected] www.handisport.be Cet article a été traduit de l’Anglais par la Ligue Handisport Francophone FÉDÉRATION INTERNATIONALE DE MÉDECINE DU SPORT Revue systématique : l'effet des sports adaptés sur les personnes souffrant de déficiences neurologiques acquises et leur rôle en matière de réadaptation Louise Declerck (kinésithérapeute); 1 Jean-François Kaux (doctorat en médecine); 2,3 Marc Vanderthommen (doctorat en kinésithérapie); 2 Thierry Lejeune (doctorat en médecine); 1,4,5 et Gaëtan Stoquart (doctorat en médecine); 1,4,5 Résumé Cette revue systématique avait pour objectifs de rendre compte de la faisabilité de sports adaptés aux personnes ayant développé une lésion neurologique centrale ; d’analyser les effets de cette approche conformément aux domaines de la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) ; et d’énoncer des lignes directrices pour de futures recherches. Deux auteurs ont recherché des essais éligibles sur PubMed, Scopus, Cochrane, PEDro, et SPORTDiscus. Des données relatives à la démographie, aux mesures des résultats, aux résultats et aux conclusions ont été dégagées, et une synthèse qualitative a été réalisée. Les sports adaptés semblent constituer un complément réalisable, efficace et rentable à la réadaptation classique. Des effets significatifs ont été dégagés pour tous les domaines de la CIF, hormis les « facteurs environnementaux ». Des facteurs clés, tels que le volume, l’intensité et le type d’intervention, jouent un rôle déterminant. Cette revue est la première à révéler les bienfaits d’une pratique sportive adaptée chez les personnes souffrant de lésions neurologiques en s’appuyant sur des preuves prospectives. Introduction Les comportements sédentaires sont élevés chez les personnes présentant une lésion neurologique centrale acquise (1). Moins de 20 % de cette population parvient à respecter les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé de 2010, à savoir pratiquer au moins 150 minutes d'activité 1 Neuromusculoskeletal Laboratory, Institute of Experimental and Clinical Research, Brussels, BELGIUM 2 Department of Sport and Rehabilitation Sciences, University of Liège, Liège, BELGIUM 3 SportS, FIFA Medical Centre of Excellence, IOC Research Centre for Prevention of Injury and Protection of Athlete Health, FIMS Clinical Centre of Sports Medicine, University and University Hospital of Liège, Liège, BELGIUM; 4 Department of Physical Medicine and Rehabilitation, University Clinic of Saint-Luc, Brussels, BELGIUM 5 Louvain Bionics, Catholic University of Louvain, Louvain-La-Neuve, BELGIUM

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Tel 071/10.67.50 – email [email protected] www.handisport.be

Cet article a été traduit de l’Anglais par la Ligue Handisport Francophone FÉDÉRATION INTERNATIONALE DE MÉDECINE DU SPORT

Revue systématique : l'effet des sports adaptés sur les personnes souffrant de déficiences neurologiques acquises et leur rôle en matière de réadaptation Louise Declerck (kinésithérapeute); 1 Jean-François Kaux (doctorat en

médecine);2,3 Marc Vanderthommen (doctorat en kinésithérapie);2 Thierry Lejeune

(doctorat en médecine);1,4,5 et Gaëtan Stoquart (doctorat en médecine);1,4,5

Résumé Cette revue systématique avait pour objectifs de rendre compte de la faisabilité de sports adaptés aux personnes ayant développé une lésion neurologique centrale ; d’analyser les effets de cette approche conformément aux domaines de la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) ; et d’énoncer des lignes directrices pour de futures recherches. Deux auteurs ont recherché des essais éligibles sur PubMed, Scopus, Cochrane, PEDro, et SPORTDiscus. Des données relatives à la démographie, aux mesures des résultats, aux résultats et aux conclusions ont été dégagées, et une synthèse qualitative a été réalisée. Les sports adaptés semblent constituer un complément réalisable, efficace et rentable à la réadaptation classique. Des effets significatifs ont été dégagés pour tous les domaines de la CIF, hormis les « facteurs environnementaux ». Des facteurs clés, tels que le volume, l’intensité et le type d’intervention, jouent un rôle déterminant. Cette revue est la première à révéler les bienfaits d’une pratique sportive adaptée chez les personnes souffrant de lésions neurologiques en s’appuyant sur des preuves prospectives.

Introduction Les comportements sédentaires sont élevés chez les personnes présentant une lésion neurologique centrale acquise (1). Moins de 20 % de cette population parvient à respecter les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé de 2010, à savoir pratiquer au moins 150 minutes d'activité

1 Neuromusculoskeletal Laboratory, Institute of Experimental and Clinical Research, Brussels, BELGIUM 2 Department of Sport and Rehabilitation Sciences, University of Liège, Liège, BELGIUM 3 SportS, FIFA Medical Centre of Excellence, IOC Research Centre for Prevention of Injury and Protection of Athlete Health, FIMS Clinical Centre of Sports Medicine, University and University Hospital of Liège, Liège, BELGIUM; 4 Department of Physical Medicine and Rehabilitation, University Clinic of Saint-Luc, Brussels, BELGIUM

5 Louvain Bionics, Catholic University of Louvain, Louvain-La-Neuve, BELGIUM

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physique d'intensité modérée par semaine (2). L'inactivité augmente encore avec l'âge et le degré de mobilité réduite (3). Cependant, la pratique régulière d'une activité physique réduit les taux de morbidité et de mortalité à la suite d'une incapacité motrice, et entraîne même des effets modificateurs de la maladie (4,5). En renforçant la condition physique des individus, leurs activités quotidiennes, leur participation sociale et leur qualité de vie s’améliorent (6). La pratique d'une activité physique a donc la capacité de réduire le handicap, tel que défini par la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) (7). La pratique d’une activité physique prolongée demeure cependant rare (8). Il est primordial de relever ce défi pour poursuivre les progrès (9). Les programmes d’activité physique exigent des participants qu’ils s’engagent à dépenser de l’énergie en réalisant des mouvements corporels. (10). Ces programmes, devenus essentiels dans la rééducation neurologique, manquent de facteurs de motivation. Par conséquent, les patients cessent souvent ces activités après leur sortie de réadaptation (11). La pratique sportive est cependant axée sur la performance, et comprend des règles, de la compétition et du travail d'équipe. Ces facteurs favorisent les sentiments de plaisir et d’attachement (12).

Bien que la littérature sur les bienfaits du sport chez les personnes valides soit abondante, peu d'études ont porté sur les sports adaptés aux personnes souffrant d’un handicap physique. Néanmoins, les auteurs estiment qu'en exigeant un entraînement spécifique, répétitif et intense, la pratique du sport stimule la récupération motrice et améliore la fonction motrice après une lésion neurologique (13). Dès lors, les sports adaptés pourraient servir d’outil pour améliorer la réadaptation. Étant donnée la croissance considérable de personnes atteintes de troubles neurologiques dans les années à venir (14), il est essentiel de rechercher des traitements efficaces et rentables à intégrer dans la réadaptation. Toutefois, à ce jour, aucun examen clinique n'a exploré ce sujet.

Les objectifs de cette revue systématique sont les suivants : 1) rendre compte de la faisabilité des sports adaptés en tant qu'outil de réadaptation ; 2) en étudier les effets selon le cadre de la CIF sur la déficience motrice consécutive à des lésions neurologiques acquises (7) ; et 3) analyser la littérature disponible afin de dégager des lignes directrices pour de futures recherches. Méthodes Stratégie de recherche

Cette revue systématique a été enregistrée dans PROSPERO (CRD42019125534). Le processus de recherche a été mené conformément aux lignes directrices PRISMA de 2009 (15). La population, à savoir des adultes ayant développé une déficience neurologique centrale, a été divisée en trois sous-groupes : les lésions médullaires (LM), les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et la sclérose en plaques (SEP). Ces troubles neurologiques sont parmi les plus coûteux, d’où leur sélection (16). Recherche littéraire

Les mots-clés ont été définis à l'aide de la méthode PICO (Population, Intervention, Comparaison, Outcome). La combinaison de mots-clés relatifs aux populations (accident vasculaire cérébral ou AVC, sclérose en plaques OU SEP, lésion de la moelle épinière OU LM, personnes en fauteuil roulant, déficience physique et neurologique) et à l'intervention (sports adaptés, sports en fauteuil, natation, basket-ball, rugby, handbike, danse, équitation, golf, etc.) a, au moyen d’opérateurs booléens, permis d’élaborer différentes équations de recherche. Celles-ci ont été introduites dans PubMed, Scopus,

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Cochrane, PEDro et SPORTDiscus. Toutes les références ont été exportées des bases de données vers Endnote. Des listes de références d'essais et revues pertinents ont été examinées. Sélection des études

Des articles ont été inclus lorsque 1) la langue observée était l'anglais ou le français ; 2) l'essai adoptait une méthode longitudinale et prospective ; 3) les populations étudiées étaient des adultes victimes d'un AVC, d'une LM ou de SEP ; 4) l'intervention était un programme sportif adapté ; et 5) le résultat principal mesurait des variables physiques et/ou psychologiques. Les groupes d'échantillons qualifiés de "personnes en fauteuil roulant" ont été inclus lorsque les trois handicaps étudiés représentaient plus de 50 % de l'échantillon. Des articles ont été exclus lorsque 1) l'article était une revue ou un rapport de cas ; 2) la population étudiée comprenait des handicaps cognitifs, mentaux et sensoriels, ou était propre aux anciens combattants ; 3) l'intervention était un programme d'activité physique (ne pouvant pas conduire à de la compétition) ou nécessitait l'utilisation d'un type quelconque de technologie ; et 4) le résultat principal était axé sur les effets physiologiques immédiats.

Après avoir éliminé les doublons, deux chercheurs (L.D. et G.S.) ont examiné indépendamment le titre et le résumé de chaque étude extraite afin d'en évaluer l’éligibilité. Les articles exempts de critères d'exclusion ont été sélectionnés pour être lus intégralement, et les auteurs correspondants ont été contactés lorsque le texte complet n'était pas disponible. Les articles répondant à tous les critères d'inclusion ont été inclus dans la synthèse qualitative. Les désaccords ont été résolus par consensus.

Extraction et synthèse des données

Les résultats ont été extraits et présentés dans un tableau expérimental (tableau 1) par un seul auteur (L.D.), avec la vérification d’un deuxième (G.S.). Les articles ont été divisés en fonction du plan d’étude et classés par ordre décroissant de qualité. Les données démographiques de l'échantillon, telles que la taille, les troubles moteurs, l'âge, le rapport des sexes et la phase de réadaptation ont été extraites. La phase initiale désignait les 6 premiers mois de la réadaptation des participants. Les mesures de résultats, les interventions (type, durée, fréquence et intensité si disponibles), les résultats (différence de moyennes au sein des groupes ou entre les groupes en points ou en pourcentage lorsque P < 0,05, ampleur de l’effet si disponible) et les conclusions ont été extraits. Les résultats ont été synthétisés dans un format qualitatif et narratif, conformément aux domaines et aux composantes de la CIF, avec leur code correspondant. Niveau de preuve et évaluation de la qualité

Le niveau de preuve a été attribué en fonction du plan d’étude. Les essais contrôlés randomisés (ECR) constituaient le niveau de preuve le plus élevé (niveau I), suivis des essais contrôlés (niveau II) et des études de cohorte unique (niveau III). La qualité de l'étude a été évaluée par un seul auteur (LD). Pour ce faire, ce dernier a utilisé des éléments de l'échelle de Downs et Black, qui présente une cohérence interne, une fiabilité et une précision élevées (47). Les éléments évaluant la validité externe, la validité interne et la puissance ont été utilisés. En revanche, les éléments de rapport ont été exclus, car ils ne différaient pas selon le plan d’étude. En outre, puisque la modalité de l'intervention empêchait de dissimuler l’identité des personnes sélectionnées, le point 14 (« tentative de cacher l’identité des sujets bénéficiant d’une intervention ») a été supprimé. Seize points ont donc été examinés. Les études ayant obtenu un score supérieur à 10 étaient de bonne qualité (ou excellentes

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si le score était supérieur à 14), tandis que celles ayant obtenu un score inférieur à 10 étaient de qualité médiocre (ou piètres si leur score était inférieur à 5).

Résultats

La recherche a été menée d'octobre 2018 à mars 2019. Parmi les 4101 articles examinés, 30 ont été sélectionnés (Fig. 1). Parmi les études retenues, 16%, soit n = 5 essais, ont suivi un plan d'ECR (niveau I), 31% (n = 9) avaient un groupe témoin qui ne recevait pas de sports adaptés, sans attribution aléatoire (niveau II), et 53% (n = 16) suivaient une cohorte unique (niveau III). La qualité méthodologique moyenne était médiocre (8/16) et variait de 3 à 16 sur l'échelle modifiée de Downs et Black (tableau 2). Le point 27, concernant la capacité à détecter les effets cliniquement importants, était le plus absent, ce qui détériore la validité interne.

Les mesures de résultats portaient sur tous les domaines de la CIF, à l'exception des « facteurs environnementaux », communément étudiés par le biais de modèles transversaux. Les « fonctions organiques et structures anatomiques » ont constitué le domaine le plus étudié, avec n = 24 essais portant sur ce dernier. Les domaines de « l'activité et la participation » (n = 9), regroupés en raison de leur interaction étroite, ont représenté la deuxième catégorie la plus étudiée (n=9). Enfin, le domaine des "facteurs personnels" est le moins examiné (n = 6). Cinq essais ont porté sur la qualité de vie, tandis que six ont étudié la faisabilité. Un large éventail de composantes des domaines de la CIF a été étudié au moyen de tests et d'échelles hétérogènes. L'absence d'ECR, ainsi que la variété des échelles utilisées pour mesurer une série de résultats, ont limité l'analyse de la littérature à une synthèse qualitative.

Au total, 741 participants ont été recrutés, dans des échantillons variant de 4 à 123 personnes. Plus de 65 % des participants étaient des hommes, tandis que l'âge moyen se portait à 42 ans. Les patients victimes d’un AVC représentaient le groupe le plus âgé (58,6 ans en moyenne), et le groupe le plus jeune (32,6 ans en moyenne) se constituait de personnes atteintes d'une lésion médullaire. Cette dernière population était également la plus étudiée, 44 % des études incluses ayant des échantillons composés uniquement de personnes atteintes de LM. Les études comprenant exclusivement des participants souffrant d'un AVC ou de SEP représentaient respectivement 23 % et 20 % des études. Les 13 % restants étaient qualifiés de "personnes en fauteuil roulant" et formaient des groupes hétérogènes quant aux causes neurologiques de handicaps moteurs (spina-bifida, amputations des membres inférieurs, etc.). Enfin, 16 % des études incluses ont été réalisées pendant la phase initiale, tandis que 84 % ont évalué les phases avancées.

Onze différents types de sports adaptés ont été étudiés (Fig. 2). Le sport adapté le plus analysé était le handbike. Deux études ont porté sur une approche mixte, à savoir la pratique de différents sports. La durée moyenne de l'intervention était de 8 semaines (entre 5 jours et 5 ans), tandis que sa fréquence moyenne était bihebdomadaire (varie d'une fois par semaine à une fois par jour). Le volume moyen de l'intervention sportive adaptée s’élevait à 21 h (varie entre 6 et 982 h). L'intensité était rarement signalée. Enfin, 87 % des études ont uniquement analysé les changements suite à une intervention, et 13 % ont intégré des mesures de suivi, variant de 1 à 6 mois après l'essai. Faisabilité de sports adaptés

Il a été estimé qu’un programme groupé de kick-boxing, d’une durée de 5 ou 8 semaines et s’adressant à 15 personnes atteintes de SEP, était sécurisé. Le taux de conformité s’est maintenu au-dessus de 90 %, et aucun événement indésirable ne s'est produit (36,38). Une étude similaire menée

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dans un milieu communautaire a révélé un taux de conformité tout aussi élevé à une intervention de danse chez huit personnes atteintes de SEP (34). De même, neuf patients victimes d'un AVC ayant suivi quatre semaines de danse et 45 patients atteints d'une LM ayant pratiqué du handbike pendant huit semaines ont fait preuve d'une excellente observance et d'une grande sécurité (37,41). Les deux interventions ont été réalisées en milieu hospitalier au début de la revalidation.

Les effets de sports adaptés selon le cadre de la CIF Fonctions organiques et structure anatomique

Performances cognitives et mentales (b110-b139). Deux essais de niveau II (22,24) et un essai de niveau I (20) ont révélé des améliorations des performances cognitives et mentales à la suite d’une pratique sportive. Si le golf et la communication sociale ont amélioré équitablement la mémoire visuelle spatiale de 14 personnes ayant subi un AVC, le golf a davantage contribué à l'amélioration de leur imagerie visuelle, avec une taille d'effet élevée (d = 1,49) (24). La danse de salon a amélioré de 0,9 point la fonction cognitive globale de six participants atteints de SEP (22). Contrairement à l’escalade sportive, le hatha-yoga a amélioré l'attention sélective de 20 personnes atteintes de SEP. Les fonctions exécutives n'ont été modifiées dans aucun des groupes. En revanche, l'escalade sportive a sensiblement réduit la fatigue chronique (de 32,5 %), contrairement au yoga (20) et à la danse de salon (22).

Fonction cardiovasculaire (b410-b429). Des éléments de preuve de niveau II dévoilent que parmi 17 hommes souffrant de LM, le groupe ayant pratiqué diverses activités sportives pendant 5 ans a, dans l’ensemble, considérablement réduit l'épaisseur intima-média carotidienne et le diamètre carotidien. Cette baisse atteint respectivement 0,18 et 0,044 mm. Le groupe de contrôle n'a présenté aucune amélioration de la fonction cardiovasculaire (30).

Fonction pulmonaire (b440-b449) La capacité vitale forcée, le volume expiratoire forcé en 1 s et la ventilation maximale de 15 hommes tétraplégiques ont, dans un essai de niveau II, considérablement augmenté après un an de rugby en fauteuil roulant. Les taux d’augmentation s’élèvent respectivement à 9,12%, 9,05% et 6,5%. Des corrélations entre le temps total d'entraînement et la capacité vitale forcée (r2 = 0,97) et la ventilation maximale (r2 = 0,58) ont été établies (26). Cependant, dans un essai de niveau III (32) et un autre de niveau II (29), la pratique de handbike n'a pas entraîné d'améliorations significatives de la fonction pulmonaire de 56 blessés médullaires.

Endurance physique (b450-b469). Quatre essais de niveau III (n = 136 sujets) ont révélé que la pratique de sports adaptés améliorait sensiblement la VO₂max et la puissance de pointe (POpeak) des personnes en fauteuil roulant. Les taux d’augmentation varient respectivement de 7 à 9,6 % et de 17,7 à 36,4 % (32,37,45,46). Un autre essai de niveau III a dévoilé que la pratique autonome de handbike avait un effet modéré sur la puissance de pointe de 18 blessés médullaires (d = 0,51) (42). Cependant, aucune amélioration significative de la condition physique n'a été observée chez 24 sujets tétraplégiques dans un essai de niveau II (25). Ceux-ci avaient participé à des entraînements de rugby en fauteuil roulant pendant au moins 6 mois.

Composition corporelle (b598-b599). Trois essais de niveau III ont révélé des changements significatifs de la composition corporelle à la suite de la pratique d'un sport. Bien que 18 blessés médullaires s’étant entraîné pendant 4 mois pour le « Handbike battle » aient considérablement amélioré leur composition corporelle, la taille d’effet s’est avérée très faible (d = 0,12) (42). En moyenne, le tour de taille des 57 personnes en fauteuil s’étant préparé pour le « Handbike battle » a

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diminué de 4 % (46). Suite à 8 mois de rugby en fauteuil roulant, treize sujets tétraplégiques ont sensiblement amélioré leur tronc, leurs bras, leurs jambes, la masse maigre de tout leur corps et leur masse grasse. Ils ont en outre obtenu un meilleur contenu minéral osseux, mesuré par absorptiométrie biphotonique à rayons X (33).

Fonction musculaire (b730-b749). Des éléments de preuve de niveau II ont montré que le handbike était plus efficace que les soins conventionnels pour améliorer la force maximale isométrique des fléchisseurs du coude et des rotateurs de l'épaule de 34 blessés médullaires. La différence en pourcentage entre ces deux approches est supérieure à 10 % (29). Cette efficacité accrue est confirmée par un essai de niveau III, qui a établi une augmentation de 5 % de la force maximale isométrique des adducteurs suite à une pratique de handbike (32). Concernant l’impact du rugby en fauteuil roulant sur la force musculaire, les résultats de deux essais de niveau II sont contradictoires. En effet, l'un a rapporté une amélioration supérieure à 10 Newtons de la force isométrique des membres supérieurs chez des joueurs tétraplégiques non entraînés (25). En revanche, l'autre n'a relevé aucune augmentation significative de cette force (examinée manuellement) suite à du rugby en fauteuil roulant ou à des soins conventionnels auprès de 40 sujets tétraplégiques (27). L'escalade sportive a réduit la spasticité de 25 % dans un essai de niveau I. Celle dernière a été mesurée par les fonctions pyramidales de l’échelle EDSS (Expanded Disability Status Scale) auprès de 20 personnes atteintes de SEP (20).

Fonction du mouvement (b750-b789). Des éléments de preuve de niveau I révèlent que la pratique sportive améliore les fonctions motrices. Vingt-six patients victimes d’un AVC ayant pratiqué de la boxe assise pendant 6 semaines ont obtenu des résultats au « Manual Fuction Test » nettement supérieurs à ceux du groupe témoin ayant suivi une thérapie conventionnelle. Un programme groupé de volley-ball de 7 semaines a permis d'améliorer la fonction des membres supérieurs de 48 participants ayant subi un AVC. Cette amélioration, attestée par des contrôles tels que le « Box-and-Block Test » et le « Wrist Position Test », est nettement supérieure à celle découlant d’une rééducation conventionnelle (18).

Performances physiques (b798-b799) Des essais de niveau III ont révélé que les performances physiques de 20 joueurs d’élite de basket-ball en fauteuil roulant ne s'étaient pas considérablement améliorées au fil de la saison. Celles-ci ont été mesurées à l’aide de tests menés sur le terrain (43,44). Des données de niveau I (17,21,23) et de niveau III (24,34,36,38,40,41) montrent que l'équilibre de 242 participants ayant subi un AVC ou souffrant de SEP s'améliore sensiblement après des interventions de golf, de danse, d'équitation, de boxe assise ou de kick-boxing. Des améliorations de l'équilibre dynamique ont été constatées chez les personnes atteintes de SEP après un mois d'intervention de danse dans un essai de niveau III. Les améliorations sont restées significatives après un suivi de trois mois, mais pas six mois après l'intervention (34). La danse de salon n'a pas amélioré de manière significative l'équilibre de 12 participants atteints de SEP dans un essai de niveau II (22).

Activité et Participation

Mobilité (d450-d469) Des éléments de preuve de niveau III ont révélé qu'un programme de danse de 10 semaines n'avait

pas sensiblement amélioré les paramètres spatio-temporels de la marche de 20 patients victimes d'un AVC (40). Ces éléments de preuves s’opposent à d’autres de niveau I. En effet, ces derniers montrent des résultats accrus au « Timed Up and Go test » s’étant maintenus lors d'un suivi de 6 mois. Ces

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résultats ont été réalisés par 123 personnes victimes d’un AVC ayant suivi une équithérapie de 12 semaines (17). En outre, ces éléments de preuve de niveau I démontrent que 20 participants ayant subi un AVC et ayant pratiqué de la boxe pendant six semaines lors de phase initiale, ont (en moyenne) amélioré leur temps de marche sur 10 m de 5,78 s (21). Des éléments de preuve de niveau II (23,27) et III (34,36,38) attestent ces améliorations. La pratique de kick-boxing pendant 8 et 5 semaines a permis d'améliorer les résultats au « Timed Up and Go test » et la vitesse de marche de 15 sujets atteints de SEP, avec une taille d'effet modérée (r > 0,45) (36,38). Un programme de danse de 4 semaines a amélioré les résultats au « Timed Up and Go test » d'un groupe de patients similaire lors d'un suivi de 3 mois (34). L'équitation a amélioré le temps entre chaque foulée et les forces de réaction au sol de 27 personnes atteintes de SEP (23). Le test d'habileté en fauteuil roulant de 40 sujets tétraplégiques s'est bien plus amélioré après 2 ans d'entraînement de rugby en fauteuil qu’après une thérapie conventionnelle (27).

Indépendance (d510-d599) Des essais de niveau I (17) et de niveau II (28) soutiennent la pratique du sport pour favoriser

l'indépendance. Des personnes paraplégiques et tétraplégiques ayant pratiqué de la natation pendant 4 mois ont amélioré leur résultat à la mesure d'indépendance fonctionnelle de 7,75 points. Ce progrès est nettement supérieur à celui du groupe témoin recevant des soins habituels (28). Le sentiment de rétablissement, mesuré par la « Stroke Impact Scale », s'est amélioré de 23,8 %. Ce progrès de patients victimes d’un AVC était nettement supérieur après un programme d’équitation qu’à la suite de soins habituels (17). En revanche, d’après un essai de niveau II réalisé auprès de 27 patients souffrant de SEP, 6 mois d’équitation ou de physiothérapie classique n’ont pas entraîné d’améliorations significatives dans la performance de leurs activités quotidiennes, mesurée par l’indice de Barthel (23).

Facteurs contextuels L'humeur. Des interventions de golf et de communication sociale ont, de façon égale, amélioré

l'humeur de 14 participants ayant subi un AVC (24). Une étude de niveau IIII a établi une réduction significative de la dépression de 40 blessés médullaires suite à une pratique sportive (31). En revanche, l'humeur de 32 personnes atteintes de SEP ne s’est pas améliorée suite à des programmes d'escalade sportive et de danse de salon (20,22).

Perception de soi. Un essai de niveau III réalisé auprès de 10 blessés médullaires révèle que le niveau et la stabilité de leur perception de soi ont augmenté suite à un programme de ski de 5 jours. Ces améliorations demeurent significatives lors d'un suivi de 4 semaines (35).

Motivation pour les loisirs. Suite à une intervention de danse d’un mois, les niveaux d’activité physique de huit personnes atteintes de SEP, mesurés par le « Godin Leisure Time questionnaire », ont augmenté sur un suivi de trois mois. Ces augmentations étaient corrélées aux résultats de la « Motives for Physical Activity Measure-Revised » (34).

L'effet de sports adaptés sur la qualité de vie Un programme de boxe de 6 semaines a, selon le « Stroke Specific Quality of Life questionnaire »,

entraîné une amélioration de la qualité de vie de 12 %. Cette dernière, mesurée auprès de 26 patients ayant subi un AVC, est nettement supérieure à celle faisant suite à une thérapie physique (21). Des éléments de preuve de niveau III ont révélé que 16 paraplégiques ayant pratiqué du basket-ball en fauteuil roulant pendant un an ont amélioré leurs résultats au test SF-36 (Questionnaire court d'étude

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de la santé) de 7 %. Des changements importants ont été observés dans les catégories de capacité fonctionnelle, de santé générale et d’aspects émotionnels, tandis que ceux relatifs à la santé mentale ont reculé (39). Des éléments de preuve de niveau I montrent que l'équitation a entraîné des améliorations nettement plus importantes de la capacité fonctionnelle, des aspects physiques et de la santé mentale de 24 patients victimes d'un AVC que la physiothérapie conventionnelle (19). La qualité de vie de 11 personnes atteintes de SEP ne s’est pas considérablement améliorée suite à un programme groupé de kick-boxing de 5 semaines (36). En revanche, celle d’un groupe similaire a connu une amélioration de 42 points suite à 6 semaines de danse de salon (22).

Analyse À notre connaissance, cette revue systématique est la première à étudier l'effet de sports adaptés

sur les personnes ayant développé des handicaps neurologiques en s'appuyant exclusivement sur des preuves prospectives.

Faisabilité Les sports adaptés sont tant applicables lors des phases initiales que lors des stades avancés

(34,36,38,41), favorisant une continuité. Les participants s’adaptent à cette intervention et en sont satisfaits (34,36,38,41). Les sports peuvent être pratiqués de manière régulière et à long terme. Sa pratique devient rentable en augmentant le ratio instructeur/participant (34), ce qui pourrait réduire les coûts médicaux élevés associés à la réadaptation (48).

Efficacité : Fonctions organiques et structures anatomiques Les fonctions organiques et les structures anatomiques s'améliorent suite à des interventions

sportives adaptées, comme en témoignent les essais (pour la plupart de niveau II et de niveau III). La pratique sportive protège les individus des effets néfastes d'un mode de vie sédentaire (30,33). En outre, des données transversales indiquent que les athlètes atteints de LM doivent moins se rendre chez un médecin que leurs pairs non actifs (49). Cependant, l'adaptation des fonctions organiques et des structures anatomiques semble dépendre de facteurs clés et devrait être mesurée par des tests sensibles. Les tests menés sur le terrain et les évaluations manuelles devraient être évités (50).

Le volume (= fréquence x durée) et l'intensité d’entraînement constituent deux facteurs déterminants. Des volumes d'entraînement élevés, supérieurs à 100 h, sont plus efficaces que des entraînements plus courts pour entraîner des changements de la capacité aérobique et de la fonction pulmonaire (29,32,45). Moreno et al. (26) ont démontré que les sujets tétraplégiques dont le volume d'entraînement de rugby est conséquent ont davantage amélioré leur fonction pulmonaire. D’autres études sont nécessaires pour déterminer le volume exact requis. De même, bien que l'intensité d’entraînement nécessaire à l’incitation d’adaptations corporelles reste inconnue, les sports d'intensité modérée à élevée sont préconisés. Le rugby adapté semble être moins efficace que le handbike pour améliorer l’endurance physique (25,32,37,42,46). En effet, l’on a constaté que ce sport était moins intense et qu’il entraînait une dépense d'énergie plus faible que les autres sports en fauteuil roulant (51). L'amélioration des fonctions mentales et cognitives, telles que la fatigue, dépend également de l'intensité d’entraînement. Si l'escalade sportive a sensiblement réduit la fatigue chronique des patients atteints de SEP, le yoga n'en a pas fait autant (20).

Les compétitions constituent un troisième facteur. En effet, celles-ci valorisent les bénéfices d’une pratique sportive (18). En outre, l'anticipation d’une compétition augmente l'engagement lors des

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entraînements, et provoque par conséquent une amélioration de la condition physique et des résultats en matière de santé (42,46).

Enfin, les effets physiques d’entraînements dépendent largement du type de sport pratiqué. Le handbike entraîne une augmentation de la force des membres supérieurs (29,32), ce qui est en corrélation avec les activités quotidiennes des paraplégiques et des tétraplégiques (52). L’équilibre de personnes ayant subi un AVC ou atteintes de SEP s'améliore suite à une pratique de golf (24), de danse (34,40,41), de boxe (21,36,38) et d’équitation (17,23). Cependant, Ng et al. (22) n’ont pas constaté d’amélioration considérable de l’équilibre chez les personnes atteintes de SEP ayant pratiqué de la danse de salon. Ce type de danse nécessite un contact physique ; il est donc possible que les participants se soient appuyés sur des partenaires valides. Par conséquent, il est préférable de se reposer le moins possible sur une aide extérieure pour améliorer ses compétences.

Efficacité : Activité et participation

La participation d’individus à des programmes de sport adapté leur permet de rétablir leurs performances relatives aux activités quotidiennes (18,21) et à la mobilité, comme en témoignent les essais avec un niveau de preuves élevé (23,27,34,36,38,40). Furmuniak et al. (27) ont démontré que, suite à une pratique de rugby en fauteuil roulant, les participants ayant initialement obtenu de faibles scores ASIA ont connu les plus grands progrès en matière d’habileté (en fauteuil roulant). En effet, la marge de progression de ces derniers était plus importante. Cependant, des méthodes de test sensibles sont nécessaires pour relever les améliorations concernant l'activité et la participation. Les effets de plafond peuvent expliquer le manque de changements significatifs, en particulier parmi les groupes disposant dès le départ d’activités adéquates (23). Des mesures mondiales de la mobilité, telles que le « Dynamic Gait Index » et le « Timed Up and Go test », sont appropriées pour objectiver les progrès (17,30).

La pratique d’un sport adapté s’avère plus efficace que les soins conventionnels pour accroître l'indépendance et le sentiment de rétablissement (17,28). Une autonomie accrue diminue le fardeau économique du handicap, ainsi que le fardeau pesant sur le soignant informel du participant (17,53). De plus, des données transversales ont établi un lien entre la pratique d’un sport adapté et l'autonomie améliorée lors d’activités quotidiennes, la participation sociale, l'intégration dans la communauté et le taux d'emploi (54). Aucune étude longitudinale n'a mesuré ces variables jusqu'à présent.

Efficacité : Facteurs contextuels Des facteurs personnels, tels que l'humeur, s'améliorent à la suite d'un programme de sport adapté,

en particulier lorsqu'il y a une équipe (19,31,35,39). La motivation à s'engager dans une activité physique augmente après avoir pratiqué un sport adapté (29,32,36,38,40). Mandelbaum et al. (34) ont constaté que, chez les personnes atteintes de SEP modérée, 4 semaines de cours de salsa ont sensiblement augmenté la pratique d’activités de loisir. Cette augmentation a été observée après l'intervention et lors de la période de suivi de 3 mois. En outre, la pratique d’un sport adapté favorise les améliorations à long terme du niveau et de la stabilité de la perception de soi (35). Grâce au sport, l'amélioration des performances physiques et du contrôle moteur permet aux participants de renouer avec leur corps.

Efficacité : Qualité de vie

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Des essais de différents niveaux de preuve démontrent, à long terme, les bienfaits d’une pratique sportive sur la qualité de vie après un AVC (19,21) et une LM (17,39). Cependant, un programme groupé de kick-boxing de 5 semaines n'a pas sensiblement augmenté la qualité de vie de participants atteints de SEP (38). Un effet de plafond peut justifier ce manque d'impact, puisque l'échantillon se composait de personnes légèrement handicapées qui n'étaient pas cliniquement déprimées au départ. L'utilisation de méthodes de test plus sensibles pour évaluer la qualité de vie, telles que le PROMIS-GH, produit des résultats plus encourageants au sein de cette population (22).

Limitations La littérature disponible sur les sports adaptés est abondante, mais seules quelques études ont

analysé l'effet de cette approche par le biais d'essais prospectifs. En outre, la plupart d’entre elles n'ont pas adopté de méthodologie ECR (essais contrôlés randomisés). L’escient des évaluateurs a également détérioré la qualité méthodologique. De plus, l'utilisation fréquente de questionnaires et d'évaluations manuelles ont prédisposé les données à une interprétation subjective et à de la partialité.

De nombreux critères d'inclusion ont fortement limité la quantité d’échantillons. Les personnes les plus gravement atteintes étaient souvent exclues. Par conséquent, l'applicabilité des résultats est restreinte. Les participants étaient motivés, ayant été recrutés au moyen de processus basés sur le volontariat. L'étude de Valent et al. de 2009, qui a recruté des personnes tétraplégiques libérées de centres de réadaptation, a constaté que ces dernières avaient une capacité physique nettement inférieure aux participants terminant l'intervention (32). Les conclusions tirées à partir des personnes ayant participé à l'étude s'étendent difficilement à la population. De plus, la participation antérieure des patients à des sports adaptés n’était pas systématiquement indiquée. Bien que n = 4 essais aient évalué des individus impliqués dans des clubs de sport adapté, et que n = 5 essais aient été menés lors de la phase initiale (incluant ainsi des groupes échantillons ne s’étant pas adonnés à de telles activités auparavant), ce facteur de confusion n'a généralement pas été divulgué. De la partialité pourrait s’ensuivre, puisqu’une expérience antérieure en sports adaptés est susceptible d’influencer la réaction à l'intervention.

L'hétérogénéité des groupes d'échantillons, les protocoles d'intervention et les mesures des résultats ont davantage compliqué les comparaisons entre les études. Il était en outre compliqué d’établir des comparaisons au sein d’une même étude, car les groupes témoins soumis à une thérapie conventionnelle ont reçu moins de traitement que le groupe d'intervention. Il est difficile d’uniquement attribuer les changements survenant dans le groupe d’intervention au sport, puisque les améliorations lors de la réadaptation sont fortement corrélées au volume de traitement (55).

Enfin, il est difficile de tirer des conclusions sur l'efficacité à long terme, en raison du manque d'évaluations de suivi . Les données de suivi peuvent considérablement différer de celles suivant l’intervention, en particulier chez les personnes souffrant de déficiences dégénératives, telles que la sclérose en plaques (34). Des pertes partielles ou complètes d'adaptations dues à de l'exercice ont également été observées chez des adultes physiquement aptes, quatre semaines après qu’ils aient cessé de s’entraîner (9). On peut supposer qu'un phénomène de désentraînement vaut également pour les personnes souffrant de handicaps physiques. Une participation prolongée est donc nécessaire au maintien des bienfaits.

Lignes directrices pour de futures recherches Les recherches futures devraient continuer à étudier les effets des programmes de sports adaptés

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sur les personnes présentant une lésion neurologique centrale acquise, en particulier au cours des stades précoces. L'intensité et le volume optimaux de l'effort devraient également être étudiés, ainsi que la manière dont ces facteurs sont le mieux adaptés en fonction du patient. Des études prospectives devraient davantage examiner les effets psychosociaux des sports adaptés.

La randomisation des participants et l’insu des évaluateurs devraient être assurés. Des données objectives devraient compléter les mesures subjectives. Les groupes de contrôle et d'intervention devraient recevoir des quantités égales de thérapie, et les mesures de suivi ne devraient pas être négligées. Ces mesures permettront d'adopter une approche fondée sur des données probantes lors de l'intégration de programmes de sports adaptés dans les domaines cliniques.

Conclusions Les programmes de sports adaptés semblent constituer un complément faisable, sûr et rentable à

toutes les phases de réadaptation. Les participants sont satisfaits de cette approche et s'y conforment, et les effets indésirables sont rares. Les patients souffrant de handicaps moteurs dus à des lésions neurologiques connaissent une série de résultats positifs à la suite de leur participation à un sport adapté, et ce dans tous les domaines de la CIF. Toutefois, ces effets dépendent largement du volume, de l'intensité et du type de sport, ainsi que de la présence d'une équipe et de compétition. Sa faisabilité et son efficacité sont des facteurs essentiels pour faire du sport adapté un outil thérapeutique précieux, qui peut être mis en place en complément d'une thérapie conventionnelle.

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