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ITONI Lettre bimestrielle de la synagogue libérale de lyon mai | juin 2017 iyar | sivan 5777 n°72 L e 6 Sivan est dédié dans la tradition juive à la célébration de Chavouot, la fête des semaines. Bien qu'elle soit en partie d'origine agricole, après la destruction du Temple, l’idée d'une commémoration du don de la Torah sur le mont Sinaï est devenue cruciale. C'est une fête qui souligne la relation spéciale entre Dieu et Israël, à tel point que la tradition kabbalistique et séfarade lit ce jour-là la ketouba de Chavouot : un poème liturgique qui reconnait Dieu comme le marié, Israël comme la mariée et la Torah comme la ketouba de leur mariage. Cette relation particulière du peuple juif avec Dieu et la Torah a présenté depuis des temps immémoriaux de nombreuses difficultés, . Les Juifs du monde hellénistique ont été interrogés comme suit : si Dieu est universel et la Torah d'origine divine, il est impossible que la Torah soit destinée aux seuls Juifs, et si elle l'est, la Torah ne peut pas être considérée comme divine. Afin de répondre à ces critiques, Aristeas (philosophe juif du IIe siècle AEC) a consacré un travail entier pour défendre la thèse selon laquelle la Torah présentait les caractéristiques du droit universel d'après la vision hellénistique. Le Midrash a également essayé de faire face à ce défi, en disant que la Torah était réellement offerte à chaque nation ; seuls les Israélites l'ont acceptée : " La Torah a été donnée dans un endroit libre. Car si la Torah avait été donnée sur l a terre d'Israël, les Israélites auraient pu dire aux nations du monde: "Vous ne l'avez pas partagée. " Or elle a été donnée dans le désert publiquement et ouvertement, dans un lieu qui Est gratuit pour tous, tous ceux qui souhaitent l'accepter peuvent venir l'accepter […] On leur a demandé et ils ont refusé de l'accepter » (Mekhilta de R. Yichmael Exode 19 :2 ; Exode 20 :2) La littérature rabbinique est pleine de tension entre ceux qui sont ouverts à partager la Torah avec d'autres nations et ceux qui ne le sont pas : Rabbi Meir a déclaré : "Le non-Juif qui s'engage dans la Torah, voici, il est comme le Grand Prêtre" (bSanhedrin 59a, bAvodah Zarah 3b). Au contraire Rabbi Yohanan a déclaré : « l'étranger qui s'occupe de la Torah est condamné à mort » (b.Sanhedrin 59a). Alors, quelle attitude devrait être adoptée ? Devons-nous voir la Torah comme quelque chose d'exclusif pour nous ou devrions-nous être prêts à la partager ? Il y a un principe rabbinique qui énonce l'importance de la paix: « grande est la paix, parce que la paix est à la terre ce que la levure est à la pâte » (Pereh haShalom). Ce principe nous enseigne que nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour travailler pour la paix. L'Islam et le Christianisme partagent des traditions communes avec la Torah : je crois donc que la Torah peut être utilisée comme un instrument d'étude interreligieuse. Ce n'est qu'en nous unissant et en apprenant nos traditions respectives que nous nous connaîtrons mutuellement. Nous avons peur de l'autre lorsque nous ne connaissons pas l'autre. La Torah peut être un instrument pour se connaître, elle peut être un instrument de paix. La Mishnah dit : « une personne unique a été créée pour le bien de la paix au sein de l'humanité, de sorte que personne ne puisse dire à un autre : mon père était plus grand que votre père ». (Mishna Sanhedrin 4 :5) Le partage de textes peut être un moyen de renforcer cette idée. Nous partageons tous la même humanité et cette humanité unique a été créée pour le bien de la paix. Édito CHAVOUOT, DES SEMAINES AU PARTAGE C Haim Casas Elève rabbin p.2 Ruminer le sens p.3 Là où tu iras, j'irai p.4 Culture et brèves

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Page 1: Ruminer le sens Là où tu iras, j'irai ITONI - Keren Or · la Torah présentait les caractéristiques du droit universel d'après la vision hellénistique. ... tirés du pays d'Egypte

ITONI Lettre bimestrielle de la synagogue libérale de lyon

mai | juin 2017iyar | sivan 5777

n°72

Le 6 Sivan est dédié dans la tradition juive à la célébration de Chavouot, la fête des semaines. Bien qu'elle soit en partie d'origine agricole,

après la destruction du Temple, l’idée d'une commémoration du don de la Torah sur le mont Sinaï est devenue cruciale. C'est une fête qui souligne la relation spéciale entre Dieu et Israël, à tel point que la tradition kabbalistique et séfarade lit ce jour-là la ketouba de Chavouot : un poème liturgique qui reconnait Dieu comme le marié, Israël comme la mariée et la Torah comme la ketouba de leur mariage. Cette relation particulière du peuple juif avec Dieu et la Torah a présenté depuis des temps immémoriaux de nombreuses difficultés, . Les Juifs du monde hellénistique ont été interrogés comme suit : si Dieu est universel et la Torah d'origine divine, il est impossible que la Torah soit destinée aux seuls Juifs, et si elle l'est, la Torah ne peut pas être considérée comme divine. Afin de répondre à ces critiques, Aristeas (philosophe juif du IIe siècle AEC) a consacré un travail entier pour défendre la thèse selon laquelle la Torah présentait les caractéristiques du droit universel d'après la vision hellénistique. Le Midrash a également essayé de faire face à ce défi, en disant que la Torah était réellement offerte à chaque nation ; seuls les Israélites l'ont acceptée : " La Torah a été donnée dans un endroit libre. Car si la Torah avait été donnée sur l a terre d'Israël, les Israélites auraient pu dire aux nations du monde:

"Vous ne l'avez pas partagée. " Or elle a été donnée dans le désert publiquement et ouvertement, dans un lieu qui Est gratuit pour tous, tous ceux qui souhaitent l'accepter peuvent venir l'accepter […] On leur a demandé et ils ont refusé de l'accepter » (Mekhilta de R. Yichmael Exode 19 :2 ; Exode 20 :2) La littérature rabbinique est pleine de tension entre ceux qui sont ouverts à partager la Torah avec d'autres nations et ceux qui ne le sont pas : Rabbi Meir a déclaré : "Le non-Juif qui s'engage dans la Torah, voici, il est comme le Grand Prêtre" (bSanhedrin 59a, bAvodah Zarah 3b). Au contraire Rabbi Yohanan a déclaré : « l'étranger qui s'occupe de la Torah est condamné à mort » (b.Sanhedrin 59a). Alors, quelle attitude devrait être adoptée ? Devons-nous voir la Torah comme quelque chose d'exclusif pour nous ou devrions-nous être prêts à la partager ? Il y a un principe rabbinique qui énonce l'importance de la paix: « grande est la paix, parce que la paix est à la terre ce que la levure est à la pâte » (Pereh haShalom). Ce principe nous enseigne que nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour travailler pour la paix. L'Islam et le Christianisme partagent des traditions communes avec la Torah : je crois donc que la Torah peut être utilisée comme un instrument d'étude interreligieuse. Ce n'est qu'en nous unissant et en apprenant nos traditions respectives que nous nous connaîtrons mutuellement. Nous avons peur de l'autre lorsque nous ne connaissons pas l'autre. La Torah peut être un instrument pour se connaître, elle peut être un instrument de paix. La Mishnah dit : « une personne unique a été créée pour le bien de la paix au sein de l'humanité, de sorte que personne ne puisse dire à un autre : mon père était plus grand que votre père ». (Mishna Sanhedrin 4 :5) Le partage de textes peut être un moyen de renforcer cette idée. Nous partageons tous la même humanité et cette humanité unique a été créée pour le bien de la paix.

Édito

CHAVOUOT, DES SEMAINES AU PARTAGE

C

Haim Casas Elève rabbin

p.2

Ruminer le sens

p.3

Là où tu iras, j'irai

p.4

Culture et brèves

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CACHEROUT

RUMINER LE SENS

conférence de Claude Birman librement retranscrite par F. Guedj

La plupart des règles alimentaires du judaisme sont exposées dans le chapitre XI du livre du Lévitique et l’enjeu de leur observance à la fin

de ce chapitre : « Car je suis l'Éternel, qui vous ai tirés du pays d'Egypte pour être votre Dieu ; et vous serez saints, parce que Je suis saint. » On s’oriente donc vers la sainteté, par un mouvement à partir de l’Egypte, de la servitude vers la délivrance. Si on voulait un terme laïc pour comprendre l’idée de sainteté, cela pourrait être la dignité, c’est à dire le fait d’accorder toute sa conduite à sa libre volonté ; ne pas être soumis à la répression, ne pas renoncer à notre vocation d’êtres libres, moraux et responsables. C’est donc cette idée qui est mise en relation avec les rites alimentaires. Le plus célèbre (et curieux) de ces rites alimentaires est énoncé au début du chapitre : « Voici les animaux que vous pouvez manger, entre tous les quadrupèdes qui vivent sur la terre : tout ce qui a le pied corné

et divisé en deux ongles, parmi les animaux ruminants(1), vous pouvez le manger. » Faut-il déduire qu'un animal auquel il manquerait soit la rumination, soit le sabot fendu, il lui manquerait quelque chose qui le rendrait impur, qui ne faciliterait pas l'accès à la sainteté ? Il y a une opposition claire entre rumination et sabots fendus : la rumination est le symbole

de la réflexion, de la méditation, c'est à dire d'une pensée sur laquelle on revient ; aujourd'hui on ne s'arrête plus trop dans la lecture, on passe trop vite sur le sens… Or, avant toute action, il y a une pensée préalable, une “pré-méditation”. Nous n’agissons pas au hasard ni intuitivement, nous nous évertuons à passer à l'action de manière conséquente, de façon réfléchie, conscientisée, comme pour le yoga. C'est la qualité du ruminant. Mais il ne suffit pas d'être méditant pour répondre à la vocation humaine. Bien sûr, il faut voir loin, avoir des ailes, un élan, comme le chameau court sur les dunes, avoir le sens de l’infini, avoir la tête dans les étoiles… mais il faut également avoir les pieds sur terre, s'inscrire dans le réel. Un sabot fendu c'est comme une pince, comme le pied qui s’accroche, qui s’agrippe. Un comportement réaliste est un comportement qui s'affiche avec cette double contrainte, ces deux manières d’agir. Par la douceur, ou en force. Entre esprit de négociation et intransigeance. Voila donc notre condition, une double tension parfaitement illustrée par la rumination d'un côté et le sabot fendu de l’autre. 

Que cela signifie-t-il concrètement ?   Ce qui serait redoutable, c’est des gens qui seraient adroits et puissants pour s’implanter mais qui n’auraient aucun plan… des gens qui rechercheraient la puissance pour la puissance, et dont l’action n’aurait ni justification profonde, ni projet d’humanisation. Regardez le porc, c'est le symbole de l’opportunisme, c'est l’omnivore qui mange tout, avale sans remâcher et n’a d’autre finalité que le développement de sa propre puissance, de sa domination ! Le malheur c’est quand on a d’un côté, de beaux projets d’humanisation mais sans ancrage et d’un autre côté, des gens qui savent s’y prendre pour s’imposer mais qui n’ont aucun dessein et qui compensent leur absence de projet par le développement de leur puissance.  C'est d'ailleurs l’essentiel de la pensée juive, les deux risques du projet d’humanisation, les deux formes de l'échec : soit on tomberait sous la coupe d’une oppression, soit la vocation humaine deviendrait une fantaisie évanescente, un fantasme. Il y a dix mille ans, après plusieurs centaines de milliers d’années d'une Terre occupée par les chasseurs-cueilleurs, apparaissaient, dans la vallée du Jourdain, les agriculteurs et les éleveurs. Les sociétés humaines s’organisent alors et se posent des problèmes de civilisation et des problèmes moraux. Cela nous ramène à l'échec des fils d’Adam, Caïn et Abel. C’est la dissociation entre ces deux dimensions de la vocation humaine qui devrait ne faire qu’un, qui est présentée de façon imagée par l'opposition entre le sédentaire et le nomade. Caïn, le sédentaire, s'occupe de maitriser et protéger son territoire mais cette mission l'enferme dans un ensemble de tâches et de combats qui ne lui laisse guère de loisir pour la libre réflexion. Abel, lui, promène ses troupeaux ; il a le temps de regarder les étoiles ! Ce sont deux profils très différents, le rêveur et le tâcheron. Caïn (« emprise » en hébreux) le sérieux qui travaille ;

CacheroutCe sont les règles alimentaires de la loi juive.

J’ai trop peu de temps pour la lecture, alors je me soigne avec les riches contenus d'Akadem.fr, la plateforme web de diffusion de la culture juive. On y trouve des milliers de conférences vidéo librement accessibles sur tous les aspects de la culture juive. J'ai eu envie de vous faire partager l'une d'entre elles, donnée par Claude Birman, professeur de philosophie, sur l'un des aspects de la cacherout - les règles alimentaires de la loi juive - où il explique comment de petits rites particuliers peuvent avoir une signification universelle. En voici le résumé.

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CHAVOUOT

LÀ OÙ TU IRAS, J'IRAIC'était au temps où les juges jugeaient... en ce temps-là il n'y avait pas de roi en Israël et chacun faisait ce qui lui plaisait... Une famine survint dans le pays. Pour la fuir, Elimelek et sa femme Noémie, la gra-cieuse, partirent dans le pays de Moab.

par Christel Jenoudet

Mais rappelons-nous, le roi de Moab a refusé à Moïse de traverser son pays pour

atteindre la terre promise. Alors tout le peuple hébreu après 40 années dans le désert contourne la terre de Moab. Les Moabites sont non seulement des étrangers mais aussi des ennemis du peuple d'Israël, et ils adorent des idoles.

Les fils d'Elimelek épousent Orpa et Ruth, du pays de Moab. Avaient-ils prévu de retourner dans le pays de Juda avec des étrangères ? Mais voilà que les trois femmes, Naomie, Orpa et Ruth se trouvent veuves et Naomie désirant repartir dans son pays conseille à ses belles-filles de retourner dans leur propre famille.Orpa finit par accepter mais Ruth refuse de quitter Naomie et lui déclare son attachement : " où tu iras j'irai, ..., ton peuple sera mon peuple..." elle va même jusqu'à dire qu'elle abandonne ses idoles : "Ton dieu sera mon dieu". Une étrangère se convertit, est-elle bien acceptée pour autant ? Rien n'est moins sûr... Booz, plein de bonté, de hessed, la remarque, glanant sur son champ et lui propose de boire à la cruche de ses ouvriers à qui il la recommande. "Laissez-la glaner derrière vous et même laissez tomber des épis entiers pour qu'elle les ramasse."Ruth sur les conseils de Naomie passe la nuit aux pieds de Booz et il la respecte. Le lendemain, il convoque l'homme qui, suivant la loi hébraïque du lévirat, aurait dû prendre Ruth sous sa protection. Mais celui-ci se désiste par peur pour son patrimoine. Craignait-il la colère divine s'il épousait une étrangère ? Voyant la bonté de Ruth, une nouvelle fois Booz montre sa mansuétude, il se propose comme racheteur, et prend Ruth pour épouse. Transgresse-t-il la loi de Moïse en obéissant à celle du lévirat ? Booz et Ruth auront un fils, Oved qui

sera le père de Jessé lui-même père de David, premier roi d'Israël.Le livre de Ruth est lu pour la fête de Chavouot ou fête des récoltes et fête du don de la Torah. Le peuple hébreu reçoit la Loi, l'Enseignement, l'Ethique qui permet aux hommes de vivre ensemble. Lorsque Moïse reçoit la Torah du Mont Sinaï, l'humanité entière est là, représentée par 70 des anciens d’Israël, aussi nombreux que les 70 nations, et les hommes déjà nés et ceux à venir disent les commentaires. Il n'est donc pas étonnant que le livre de Ruth soit aussi l'histoire de l'acceptation de l'étranger dans le peuple hébreu. "Souviens-toi que tu as été étranger en terre étrangère". Booz obéit aux lois de la Torah mais quand elles se contredisent entre elles, il choisit celle qui obéit à l’Ethique. Il se marie avec l’étrangère car c’est la veuve d’un hébreu et qu’elle est pleine de bonté. Bien récompensé il aura le roi David dans sa descendance et sa bonté est comparable à celle du Saint béni soit-Il.A moi, une étrangère, n’appartenant pas à la communauté puisque de religion catholique, il m’a été demandé d’écrire ces quelques lignes pour Itoni. N’est-ce pas mettre directement en pratique l’accueil de l’étranger ?N’est-ce pas signe d’ouverture de la communauté de Keren Or à l’Autre ?cer cette idée. Nous partageons tous la même humanité et cette humanité unique a été créée pour le bien de la paix. u

Claude Birmanest professeur de chaire supérieure de philosophie à Paris en classes préparatoires et directeur de programme au Collège international de philosophie. Il est aussi Maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris et au Collège d'études juives de l'Alliance israélite universelle. del'AllianceIsraéliteUniverselle.

Abel (« souffle ») est un peu fumeux. Le premier a cette emprise, ce sabot fendu, mais il a perdu tout capacité de rumination, il est dans le souci immédiat de son appropriation de la terre… le second est plus détaché… Et cela finit mal, cette contradiction se termine par un échec, le meurtre fratricide. L’interdit du meurtre du décalogue, central dans le judaïsme, repose aussi sur cette intention de ne pas glisser d’un côté ou de l’autre. Heureusement, après Cain et Abel, il y a le troisième fils, Seth (« stable » en hébreu) qui va être le point de départ d’une histoire plus positive, jusqu’au déluge… Plus tard c’est la sortie d’Egypte, où l’on comprend qu’être libre, c’est prendre son destin en mains, être responsables du monde devant Dieu - aujourd’hui ce pourrait être aussi protéger la nature - être responsables des autres, de leur développement matériel et spirituel, au service d’un dessein, de l'accomplissement de la dignité humaine qui ferait une humanité fraternelle et pacifique. Ce vaste projet, et bien de simples rites alimentaires peuvent en être

l’indication. C’est dans de petites choses de la vie quotidienne que l’on va inscrire l’horizon lointain. u

(1) Dans le texte original, l'animal ruminant est celui « qui fait remonter le mâché ».

La conférence sur Akadem : Philosophie / Du particularisme à l'universel / Cours n° 5 sur 8

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Lettre bimestrielle de Keren OR /// Ont participé à ce numéro Sylvie Fresco, Haïm Casas, Christel

Jenoudet, Catherine Colin, Brigitte Frois, F. Guedj /// Réalisation Magazine, Lyon Courriel rédaction [email protected]

KEREN OR : 15 RUE JULES VALLÈS, 69100 VILLEURBANNE /// Présidente Pamela Vennin /// Secrétaire

Lilith Barthélémy /// Tél. 04  37 72 30 19 /// Courriel [email protected] /// www.kerenor.fr /// PRIX 8€ ABONNEMENT

ANNUEL (6 N°) 50€

Planning cultuelTous les cours et offices ont lieu dans nos locaux au 15 rue Jules Vallès à Villeurbanne, ils sont réservés à nos adhérents, possibilité de participer pour les personnes non-adhérentes sur inscription auprès de notre secrétariat : [email protected] ou tél 04 37 72 30 19.

Pour les repas shabbatiques il est indispensable de vous inscrire auprès de notre secrétariat en précisant le plat non carné salé ou sucré que vous apporterez.

CULTURE

Les Attentives, un dialogue avec Etty Hillesum De Karima Berger aux éditions Albin Michel 2014

Appel à candidature Vous appréciez bien Keren Or, vous souhaitez participer activement au fonctionnement et développement de votre synagogue ? Si vous souhaitez faire partie des administrateurs de Keren Or, veuillez contacter Pamela Vennin au 06 78 02 45 65 ([email protected]) avant le 21 avril.

Karima Karima Berger imagine un dialogue entre Etty Hillesum, assassinée en 1943 à Auschwitz, et une jeune marocaine dont la photographie est fixée devant son bureau et à laquelle elle s’adresse pendant la rédaction de son « Journal », traduit et lu dans le monde entier : Etty, confrontée à un mal-être intérieur croissant, va grâce à son travail sur elle-même cheminer vers l’individuation et rencontrer son « noyau intérieur ». La jeune marocaine au regard sombre et grave, animal et serein à la fois, aux longs cheveux noirs qui évoquent la Sulamite du Cantique des Cantiques, joue son alter ego, sa sœur, son amie, sa confidente admirative et pleine d’empathie. Toutes deux sont des sémites, filles d’Abraham.L’auteur écrit : « L’islam sans ses filiations n’est rien, avec les juifs, je pense les arabes ». C’est la vie qui circule entre les deux jeunes filles. Karima Berger compare Etty Hillesum à Shéhérazade qui contait

les récits qu’elle inventait chaque nuit pour sauver ses sœurs de la mort : de même Etty écrit chaque nuit pour que l’ogre ne la dévore pas et pour sauver du désespoir ses frères et sœurs. Car dit-elle, « un seul regard échangé à un quelconque moment de souffrance suffit peut-être à redonner des forces pendant longtemps ». Comme Anne Franck, sa contemporaine, elle s’engage dans un travail de résistance par la pensée, par l’écriture en travaillant sur elle-même et en extirpant tout sentiment de haine envers son prochain.Quand Anne Franck entre en dialogue avec Ketty, son amie imaginaire, Etty Hillesum entre en dialogue avec cette jeune marocaine autour de la question : « comment être arabe et apprendre de la Shoah ? ». Pour y répondre l’auteur multiplie voyages et lectures sur le sujet et surtout elle chemine, elle, la femme musulmane avec cette femme juive à travers ce dialogue imaginé.

Née en Algérie, Karima Berger vit à Paris .Elle est notamment l’auteur de L’enfant des deux mondes, Eclats d’islam, et Rouge Sang Vierg .

Brigitte Frois

Agenda CPJLNe manquez pas les dernières conférences de Daniel Ollivier et d'Edouard Robberechts :. le 19 juin, le dernier cours du cercle Bible de Daniel Ollivier récapitulera l'ensemble des sujets de l'année sur la création. le 22 juin, aura lieu le dernier cours d'Edouard Robberechts sur "la ligature d'Isaac"Si vous n'avez pas pu y assister cette année, pensez déjà à vous inscrire l'année prochaine car ils sont reconduits!Pour le reste du programme CPJL, rendez-vous très bientôt, avant la coupure estivale....

Vendredi 19 mai 17h30  cours d’introduction au judaïsme  /// 19h15  office de Kabbalat Chabbat dirigé par Eduardo Klein Samedi 20 mai 10h 30  office de Chabbat B’Har-B’Houkotaï dirigé par Eduardo Klein Dimanche 21 mai 10h  Talmud Torah Mardi 30 mai 19h15 : office de Chavouot dirigé par Haim Casas suivi du Tikkoun Leÿl Chavouot /// soirée d’étude de Chavouot Mercredi 31 mai 10h30  office de Chavouot dirigé par Haim Casas Vendredi 2 juin 17h30 cours d’introduction au judaïsme /// 19h15  office de Kabbalat Chabbat dirigé par Daniela Touati Samedi 3 juin 10h 30  office de Chabbat Nasso dirigé par Daniela Touati Vendredi 9 juin 17h30 cours d’introduction au judaïsme ///18h30  office de Chabbat des familles dirigé par Haim Casas. + repas chabbatique des familles Samedi 10 juin 10h30  office alternatif de Chabbat B’ha’alotecha dirigé par Haim Casas (méditation, étude et prières) Dimanche 11 juin 10h  Talmud Torah /// Café Olé. Vendredi 16 juin à 17h30 : cours d’introduction au judaïsme /// 19h15 : : office de Kabbalat Chabbat dirigé par Timothée Azoulay à l’occasion de sa Bar-Mitzvah accompagné par le rabbin René Pfertzel Samedi 17 juin 10h 30 : office de Chabbat, Timothée lira la paracha Shelach Lekha devant sa famille et les membres de la communauté, accompagné par le rabbin René Pfertzel Dimanche 18 juin 10 h : Talmud Torah /// K4P de 14h30 à 17h /// Vendredi 23 juin 17h30 : cours d’introduction au judaïsme /// 19h15  office de Kabbalat Chabbat dirigé par Lily Schwab à l’occasion de sa Bat-Mitzvah accompagné par le rabbin Haïm Casas. Repas chabbatique. Samedi 24 juin 10h30  office de Chabbat, Lily lira la paracha Korah devant sa famille et les membres de la communauté, accompagnée par le rabbin Haïm Casas Dimanche 25 juin 10h fin du Talmud Torah Jeudi 29 juin 9h  office pour le pose de Tefilines de Thomas Cohen dirigé par Eduardo Klein. Vendredi 30 juin 17h30 cours d’introduction au judaïsme /// 19h15 : office de Kabbalat Chabbat par Thomas Cohen à l’occasion de sa Bar-Mitzvah accompagné par le rabbin René Pfertzel. Samedi 1er juillet 10h30  office de Chabbat Thomas lira la paracha Choukkat devant sa famille et les membres de la communauté, accompagné par le rabbin René Pfertzel. Kiddouche amélioré.