rousselot - les yeux de la foi

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.SAINT JEAN CHRYSOSTOME ET LA CONFESSION sont devenus plus ferveuts encore; les autres, gui se .on, ,"aoono, dans le tableau de la prière mal faite, onr prohré denos,"prolt", pour secouer leur torpeur. Mais ni ceur-cl ni les autre. ,r" ,oo. étaient connus "t ttoti" ignorance leur aura été utile à tous .(oüte to,ltouç, oln¿ èxéívouc lo¡rev. d ôè &1vora ,í¡tgorégots yg{ay.oç oúoí) ,. ' ., Que nous voici loin, des angoisses causées par la nécessité de connaître les âmes ! Et ce contraste entre la thérapeutique générale du prédicateur et celre tout intime du pasteur ,,'".r-il pas décisif? Il écarte absolumenr, nous semble-ì-il, r,inrerpré- tation restricrive proposée; elle confirrne que 1., i".porr*bi- lités auxquelles Jean a vouru se sousrraire ãn déclinant r'épis1 copat sont bien celles du pénitencier; et nous ne nous sommes donc pas mépris en notant la place qu,occupe dans son tableau I'aveu fait au prêtre ou devant le prêtre du péché à expier. L'attestation rrouvée dans les homélies, que le régime péni_ tentiel comrnun à toute l'Église était aussi "r, -uigo.u, å Antioche, reçoit, par conséquent, du traité sur le Saceldoce an appui inébranlable; son insistance sur ra connaissance préa- lable des péchés et dcs dispositions des pécheurs est ra cånûr- mation formelle et explicite du principe genéral que la confes_ sion au prêtre en étai¡ la condition pr.-ia.. et êssentielre. Enghien. (A suine.) r. Ibid.,3-+ (M., 5rr 356-35fl. P¡ur GALTIER. LES YEUX DE LA FOI Habet namque fides oculos Religion et orthodoxie, piété et dogme, foi et science et croyances, les controverses de ces dernières s ont-elles assez rassasiés de ces antithèses ! Le licisme, qui reconnaît, sous certaines réserves, une di tion possible, affirme cependant la connexion norn ñaturelle de la grâce divine et de l,adhésion à sonrC ,ce qui esr, pour les hommes d'aujourd'hui, le sci du dogmatisme. Il s'affirme dans les conclusions du sy ícumque.Pll a été proclamé dès l,âge évangélique : n de Dieu. Celui qui connaîr Dieu nous écoure. )) ( qui sont de Ia vérité écoutent ma voix r. > -Le al de Ia foi est donc celui-ci : comment urr. Égl raît àceux du dehors être une secte entre beaucoup d,a -elle l'unique dépositaile de la vérité ? Comment un qui semble s'être fornié au hasard des contingences ues, est-il le message exclusif de Dieu aux hommeé t nécessaire de la bonne volonté? problème plus restreint de l,acte defoírqui n'est apologétique, mais puremenr théologique, se mgs semblables, et la manière dont on le résout impliq ilosophie religieuse, c'esr-à-dire une théorie des rapp nature et du surnaturel. Le point central est ici encore, oyer un terme expressif de la langue scolastique, la ité de Ia grâcê céleste avec un symbole donné. lon doit expliquer, pour expliquerl'acte de foi, c'est père dans lind,iaidu la conjonction des deux termes. ion des ilogmes de l'Église est I'expression narure I Jo,, rv, 6. ; Jo., xvru,37. R¡c¡¡¡c¡rrs gclENcE REL. S. Aucusrrx ous ous qui tres, iym- isto- l'a- ne- en ,une dc ur ce t la et

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Rousselot - les yeux de la foi

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Page 1: Rousselot - les yeux de la foi

.SAINT JEAN CHRYSOSTOME ET LA CONFESSION

sont devenus plus ferveuts encore; les autres, gui se .on, ,"aoono,dans le tableau de la prière mal faite, onr prohré denos,"prolt",pour secouer leur torpeur. Mais ni ceur-cl ni les autre. ,r" ,oo.étaient connus

"t ttoti" ignorance leur aura été utile à tous .(oüte

to,ltouç, oln¿ èxéívouc lo¡rev. d ôè &1vora ,í¡tgorégots yg{ay.oç oúoí) ,. ' .,

Que nous voici loin, des angoisses causées par la nécessitéde connaître les âmes ! Et ce contraste entre la thérapeutiquegénérale du prédicateur et celre tout intime du pasteur ,,'".r-ilpas décisif? Il écarte absolumenr, nous semble-ì-il, r,inrerpré-tation restricrive proposée; elle confirrne que 1., i".porr*bi-lités auxquelles Jean a vouru se sousrraire ãn déclinant r'épis1copat sont bien celles du pénitencier; et nous ne nous sommesdonc pas mépris en notant la place qu,occupe dans son tableauI'aveu fait au prêtre ou devant le prêtre du péché à expier.

L'attestation rrouvée dans les homélies, que le régime péni_tentiel comrnun à toute l'Église était aussi

"r, -uigo.u,

åAntioche, reçoit, par conséquent, du traité sur le Saceldoce anappui inébranlable; son insistance sur ra connaissance préa-lable des péchés et dcs dispositions des pécheurs est ra cånûr-mation formelle et explicite du principe genéral que la confes_sion au prêtre en étai¡ la condition pr.-ia.. et êssentielre.

Enghien.

(A suine.)

r. Ibid.,3-+ (M., 5rr 356-35fl.

P¡ur GALTIER.

LES YEUX DE LA FOI

Habet namque fides oculos

Religion et orthodoxie, piété et dogme, foi etscience et croyances, les controverses de ces dernières

s ont-elles assez rassasiés de ces antithèses ! Lelicisme, qui reconnaît, sous certaines réserves, une dition possible, affirme cependant la connexion nornñaturelle de la grâce divine et de l,adhésion à sonrCIà ,ce qui esr, pour les hommes d'aujourd'hui, le scidu dogmatisme. Il s'affirme dans les conclusions du sy

ícumque.Pll a été proclamé dès l,âge évangélique : nde Dieu. Celui qui connaîr Dieu nous écoure. )) (

qui sont de Ia vérité écoutent ma voix r. > -Leal de Ia foi est donc celui-ci : comment urr. Églraît àceux du dehors être une secte entre beaucoup d,a-elle l'unique dépositaile de la vérité ? Comment un

qui semble s'être fornié au hasard des contingencesues, est-il le message exclusif de Dieu aux hommeé

t nécessaire de la bonne volonté?problème plus restreint de l,acte defoírqui n'estapologétique, mais puremenr théologique, se

mgs semblables, et la manière dont on le résout impliqilosophie religieuse, c'esr-à-dire une théorie des rappnature et du surnaturel. Le point central est ici encore,

oyer un terme expressif de la langue scolastique, laité de Ia grâcê céleste avec un symbole donné.

lon doit expliquer, pour expliquerl'acte de foi, c'estpère dans lind,iaidu la conjonction des deux termes.

ion des ilogmes de l'Église est I'expression narure

I Jo,, rv, 6. ; Jo., xvru,37.R¡c¡¡¡c¡rrs gclENcE REL.

S. Aucusrrx

ousous

quitres,iym-isto-l'a-

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ce

tlaet

Page 2: Rousselot - les yeux de la foi

242 LES YEUX DE LA FOI

normale de la nouvelle nature que Dieu a mise en nous, de lavie de grâce, comment cette nouvelle nature trouve-t-elle son

expression ?Comment rejoint-elle les idées religieuses gue nous

empruntons au milieu social, comment s'y soude-t-elle ? Voilàla question 1. Saint Thomas définissait donc très justement les

éléments du problème quand il écrivait : Fides principaliter est

ex infusione, et quantum ad hoc per baptismum datur; sed

quantum ad determinationem suam est ex auditu, et sic horno

adfidem pe.r catechismum instruiture. Justification et coqfes-

sion : sous les mots techniques d'habítus infusus et de cre-dibilium deterrninatio, nous retrouvons les deux termes qui'semblent hétérogènes, et dont l'Église continue d'affirmer lanaturelle solidarité. Comment cela se fait-il ? Car la grâce se

trouve là où est la volonté sainte, mais c'esto ou selon les vues

de la raison naturelle , ou selon les hasards de la viephénomé-nale, que les croyances semblent naître et s'organiser.

L'Égtise a restreint encore le champ de nos investigations, en

condamnant, au concile du Vatican, deux explications extrêmes

que I'on pourrait imaginer, de la conjonction de la foi objec-

tive avec la foi infuse, de la foi croyante avec la foi irue. Ces

deux explications sontle rationalisme d'Hermès et le sentimen-

talisme proteqtant. Hermès attribuait à la raison toute la déter-mination des croyances, tout ce qui est connaissance dans la foi u.

¡. On ne fait que retourner le problème, quandon demande ce qui dis-tingue l'acte de foi du catholique de celui de I'hérétique ou du mahomé-tan, alors que le processus psychologiqueparaît, absolument semblable.

z. ln4 Sent., d. 4q.2a, z Sol 3 ad. r.3. Grégoire XVI avait déjà condamné ce principe d'Hermès, < rationem

principem norr¡am ac unicum medium esse, quo homo assequi possitsupernaturalium veritatum cognitionem. r (Bref Dum acerbissimas, du,z6 sept. r 83 5. Denzinger Enchiridion r0 r 6 r 9.) Il s'agit, dans l'espèce, de la. .

raison pratique. - Hermès n'a jamais dit qu'un assentiment naturel pttêtre un acte salutaire; il a même affirmé le contraire, et c'est le sens de sa

distinc¡ion entre foi de connaissance.et foi d.u cæur- Mais cette fôi du cæurn'était qu'un abandon, une résignation de soi-même à Dieu : la foi, en tantque connaissance, était naturelle, et la foi sans la charité, la n foi morte D

n'éiait pas une grâce. La surnaturalité de la foi ne, pouvait do¡c plus luiêtre intiinsèque : elle venait toute de la charité. L'Eglise I voulu marquer

LES YEUX DE LA FOI

grâce était pour lui juptifiante, mais on ne voy,ait pas qq'g{gdât, da¡s sa doctri¡reo,de rôle illuminateur. -- Le sçntimen:

visé par le congile faisait dépendre, au contrdire, ledes doctrines dlun témoignage intérieur de la

le condamnant, que la foi, même comme connaissance, est une grâce.ce qui.ressort des nores t4 et ry au Schéma des théologiens, col. 5a7

.529 des Acta ConcíIii Vaticani, au rome VII de JaCollectioLacensis);¡e faudrait pas croire non plus qu'Hermès donnât trop à la raison ensens, qu'il crtt qu'on pouvait démontrer intrinsèquement les dogmes;

n, bien qu'en ce point même il ait un peu ercédé, il a pourtant enseþ¡ré'il fallait chercher la cause de I'assentiment aux mystères dans la dé-

du fait de la révélation. On peut voir les passages auxquelsie Denzinger, Vier Bücher yon der religiösen Erkenrytniss, t. I, p. t46,

les aveux de Perrone, adversaire acharné de I'hermésianisme, dansDémonstrdtions évangëliques de Migne, t. XIV, col.96o.

¡. La doctrine de <r l'expérience intérieure )) et de <$'inspiration privée rcondamnée comme hérétique: ro en tant qu'elle se présente comme le

universel et nécessaire de la genèse de la foi; 20 en rant qu'ellqerclusive des signes extérieurs. Le premier de ces deur points estclaire- ,

marqué par I'histoire du concile : les Pères, encorrigeant la rédac-primitive des rhéologiens et en ajoutant le mot debere, ont voulu

qu'ils réservaient entièrement la possibilité de cas où l'Esprit-ferait croire pour des motifs purement intérieurs. (Acta r87 a,at j7a. - Cf. Granderath, Constitutiones dogmaticae SS. oec. Conc.t 77a. - Cf. Granderath, Constitutiones dogmaticae SS. oec. Conc.i erplicatae, p. 98, n. 3; Vacant, Etudes théologiques sur, les

tltítutions duconcile du Vatican, t. II , p. 37-38. - Le second pointsuffisamment dela forme même du canon. Si quis díxerit, reyela-..dívinam externis signis cred,ibíletn fieri non posse ideoque s-ola

cuiusque e*perientía aut ínspiratione prívata homines ad fidem,i.debere, anathema sir. (CanonllI De Fíde.) II faut se garder, soiq

indûment,soit de restreindre à I'excès la portée de.cetre condarp.. On la restreindrait à l'excès ou plutôt on l'annulerait, si I'on ad- .

comme seul schème légitime de la genèse de la foir celui où lthommeplirait en son cæur, et sans aucune vue de signes ertérieurs, l'actere à la révélation divine, quitte à deyoir reconnaît.re ensuile, par..lanitë attec cette réttélation intërieure, Ia vërìtable Eglíse entre toutes

tgciétés historiques et visíbles qui se réclament du Christ. Le concile,ce casi n'aurait condamné que le solipsisrnçreligieur, I'individualisme

Or, il acertainement prétendu faire davantage, et exclure certainesde I'erpérience religieuse intérieure qui la faisaientpourtent

aboutir au discernement d'une. F€lise ex¡érieure (voir les teixtescités dans les notes au Schénr¡a des théologiens, lcft

a+3

rotcs r et z; voir aussi Denzinger, Yier Bücher yon der rglig.iosen

Page 3: Rousselot - les yeux de la foi

LES YEUX DE LA FOI

défend donc d'attribuer la determìnatio exclusivement à la rai'

son.naturelle en lui refusant toute liaison avecl'habitzs; celle du

sentimentalisme empêche de dire quel'habitus amène touiours

avec soirtdans I'individu qui a la grâce, une certaine conscience

expérimentale de la determinatio. Deux solutions demeurent

erclues : celle qui refuserait à Ia grâce toute activité connais-

Erkenntnissrt. II, p. 3or sqq.; c'est de ces Pages que les théologiens du

concile.u¡nú1.n, avoir pris-ãe qu'ils disent des protestants; les citations

i"íJrlg;"ip¡utôt r qu'intelligihle, pour ef-nP:înter quelques excellentes :

.tpr.r"tionJ ae M. Ànàttet (Qi'cst-ce que la Joi? Paris,r9o7, o'l::;-?,i::

qu'ils font s'y renContrcnt toutes, et ils y renvoient d'ailleurs e:pressément,

Acta, !.c., note z). On n'échapperait donc pas, crolons'nous, à la condam-

nation du-concile, en maintenánt la nécessité d'ur¡ tait ettërie1r, mais en

posant, commeloi universelle et nécessaire, qu'il n'est discerné que par le

ieit ;nierieur connu à part et d'abord. - Mais.on étendrait indûment la

portée de la sentence cónciliaire, en lui faisant condamner la théorie qui

årphque la genèse de ta foi par la rencontre du fait intérieùr et du /ø.if

"Åérirrrrlün et I'autre étant également nécessaires. Du moment que le

fait intérieur n,ést pas la mesure et la règte d'abord Perçue sur laquelle on

juge le fait extérieur, on échappe à I'hérésie -proscrite' - Cette rencontre

ä"i ¿ro* faits peut d'ailleurs êtié conçue de diverses manières. Si I'on veut

qu,à fa "onnaissancedu

fair extérieuise ioigne nécessairement celle du fait

intérieur tarrqudm obìecti cognìti, on ne mérite pas, que !e-sache,.de cen'

,"i" iheofogiquc, mai, l'exp'Íication ne me paraît pas conforme à I'expé-

rience, ni à-l,analogie de laconception catholique. Il faut dire, ce m€ 'seID-

Ui", ",

Co* la conc-eption qu'on ãéfendra dans ce travail, qu'une certaine

¿iipositøn volontaiie proãuite par la grâce est;indispensablement néces-

oii"a.o.rt acte de foi légitime it à toute perception certaine de la crédi- .

bilité, zoa pas comnrc unlait intérieurvurmaìs comne desyeur pourv.oir

li iií, ,*rir;eur. Le < faii intérieur r est donc a éclairant p,lul9t^-1:^Í?lÏ ,

irJs -"ni¿tet de dire du même auteur' p' 29' P' 3z' nous semblerai.ent

;;-"éti; ;"" conscience exp.resse du fait intérieur' une PercePtion de l'in-'q;iã*¿. religieuse ut motiii cogníti, maisie ne sais si ie les ai bien com'

orises,l L,amour surnarurel exclté par la grâce (et qui n'est pas nécessaire-

["oi í'"-oor sandifiant, I'amour dc charité. Cf. saint Thomas De veri-

*ilrqt. t4tarz ad ro) n'est donc pas consciemrnentrepréserfi,lesyel'x de la

i;i;;," ïoí"nt p"r.bn û,en a cónscieoco qu'en tant qu'on voit l'obiet par

;"-, ;t tant qu'ån les ouvre, en tent qu'on les exerce' Je résumerais donc

ainsi la différãnce entre lalconcepdon Protestante viséc par le conclle et

i. "on""p.ioo

catholique, tätt" qoi ie la comprends : la première requiert

*" gtaå perceptible;.it" *".ond.rune grâce Percevdnte' TtT^1::t:Ïla différence entre sens4 perccptib;tiaef sensus percípicns. Dedit nobi'

iü"^i,, dit saint Jean (8í8r,rxev ú¡riv âtúvotcv lvc *vócxo¡rrv tòv åì¡Orvdv

I Jo.,v, ro). est pas sans intérêt, pour connaître les attaches phi

T^ES YEUX DE LÀ FOI

; celle qui afûrmerait comme nécessairere obiective'perceptible en chacun.

***

Le problème étant ainsi posé, pour expliquer lafoi infuse (puissance surnaturelle delconnaître) avecgmatique (ensemble d'objets connus), beaucoup de t

modernes ont recours à un terme moyen comrnede < schématisme o. Ils admettent l,existence

ire même la présence nécessaire, chez le croyant, de laD, ou, pour user d'un terme plus général et

mieux à leur pensée, d'une foi naturellement acquent certaine r. Ils pensent que la raison peut

'¡. Les théologiens des écoles les plus divcrses s'entendentdans

une assurance, un abandonr'une certitude absolue. > (La Foí et I, Ar. Paris, r9o8, p. r59, cf. p, r7z). De même le p. Gardeit: cthéologiens admettent-ils que la croyance naturelle, Ia < foi

,on. < On s'¿ccorde à penser, écrit M. Vacant, qu'il n'est pas i:I'homme d'adhérer aux vérités révélées à caure ãe l,autoriié de

l, par des adhésions narurelles, qui ne seraicnt pas la foi suoais qui lui resscmbleraient à plus d,un titr e. t (Op. cit.rt, I!r.

-Qu'il puisse y avoir, dit M. Bainvel, une foi puremeni naturelle àúc de Dieu, tous les théologiens I'admettenf er le bon seos le dit

même, le P. Hilaire de Barenton, tenant de iécole franciscaineízcs, septembre r9o8, p. 239) ; de même, le p. Billor,

sont particulièrement nettes (De Vìrtutibus ínfusíslr,etc. Ils parlent de même,'ct c'est logique, de la possibilité d.'

)n purement rationnelle de la crédibilité, entendant parté de démontrer le fait même de la révél¡tion d.ivine, ior'r

'i}ité dè démontrer la légitimité del'acte de foi (posé en 'verru d,un¡ë.réflere, et bien que le fait dè l'attestation diïine ne soit pas p

iement. Voir les nombreu¡ auteurs cités par le p. Huguenythomìste, mai-juin r9o9, p. 275-298.) Démonstration de I

(au sens large ou strict) et possibilité,de la foi naturellee¡semble. Tous resonnaissent, en effet, que les énoncés

à låraison naturclle un sens iritelligible : o& ne peut donc,

e.¡ à la vérité révélée, est l'issue normale, en soi possible, de la r

de lacrédibilité. > (La Crédibílité et,f Apologétiqie. paris, r9o8,

jlttribuer à cette raison lepouvoir d'¡dhérer au fait de la ¡évél¡ircfuser de donncr.à soî cor,tcnu une adhésionproportioirnée.

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Page 4: Rousselot - les yeux de la foi

ò+6 LES YEUX DE LA FOI

ver, Éar elle-même, sans la grâce, la determinatio desvéritéù I

croire, par la dé*";t;;;;Í ã.-i" .t¿dibitité, qui lui.moirtre lì

avec cärtitude qu,il faut adhérer à l'Église de Jésus-Christ

comme à l'envoyé de Dieu sur la terre. La raison Présentera

ainsi à la foi surnaturelle son obiet préparé'

cette doctrine des théologiens modernes n'est point du tout

l'hermésianisme. Ils savent iue la foi morte ",.

,,it grâce' S'ilå

pensent avec Hermès que la raison Peut arriver' Par le moyen

ãe la crédibilité démontrable, à retrouver le matértel de ce qui

sst objet de foi; s'ils vont même parfois iusqu'à reconnaître la ' '

possibilité d'une foi naturelle non seulement certaine, mals

þsychologiquement ioute semblable à la foi surnaturelle{, ils ne

iédoi."nr pas à cela la connaissance de foi. Ils doublent seule:

rneirt, pour ainsi dire, la foi surnaturelle d'une foi naturelle qu-i

|ui est inférieure en noblesse, en fermeté, en certitude, mais qui

Iui estr,ou luipeut être, co-extensive quant å l'obiet'

Ce n'est pas, d'ailleurs, que ces théologiens prétendent con'

traindre l'Esprit-Saint à s'accommoder à leur schème' Après

qu'ils ont expliqué, - Presque touiours avec une'grande finesse

dialectique, souvent avec de rares qualités d'analyse, - quel

est, d'afrès eux, le mécanisme de I'acte de foi, ils ne manquent

guère d'"¡oot"r que leur système n'épuise pas la richesse de

Itinvention divine : si, pour certaines âmes, la certitude natu-

relle se trouve n,être pas possible, la grâce saura bien se faire

son chemin, et suppléer à cette infirmité e. certains ne disent

,ce concept de foi naturelle, d'en esquisser les origines historiques. Nous

le tçnterãns dans une note séparée. - Remarquons ici que la concep'tion

en question, sous sa forme la plus rigoureusq a pénétré dans I'elseigne-

'*oit "o.rt"ttt

: parni les fidèÈs qui ont quelque culture, parmi les petits

;;;;;"" intelfgånts, dans les collèges cathãIgues, etc', beaucoup se repré' .

íooi*"a l,acte ie foi comme renfeimant.un acte de scicnce naturelle. < Je ,ì

'suis catholique Parce que la divinité de t'Église est scientifquement Pro:o;'éQ

p", tu, ptopiètåsr les miracles, les monuments tant de I'Ancien que-du Nou'-iuu" f"*å-ent. , (Lettre d'un père de famille, cirée dans la Croi'r du

¡ décembre r9o9, rt'page, dernière colonne' Ce n'est pes ¡noi qui sow

ligno.)-t. Àiosi Ie P. Billot, au passage cité plus haut'

r. Franaelin dit, dans le discours qu'il prononçe le ¡ r iuin r 87o' devant

LES YEUX DE LÀ FOI

pour h tËéorie de ia connaiósance religieuse, qui, selon qu'on sedécide

un s€nr ou dans l'autre, change totale¡:nent d'aspect.

Voir le P, Gardeil dans son livre na et vigoureur Ia Credibilite et

P. 97 et $urv.\

J'eäpruntacetie formulc, qui caractéríse ercellemeut la théorie de

i rciãnrifrque, à M, de Séguier, Annales de philosophie chrëtíewæ

XVII, p. 276ldécembre 18971.

< Nullã difficultas guoad doctos. r (Mazzella, De Virtutibus ínfusif¡

çela qu'en passantr et après avoir fait tous leurs efforts po\rr

É¡endie à tous les cas imaginables leur explication de la certi-

ìl¿ foi des enfants et des ignorants. Car, Pour lçs docteso la choge,

ià'plusieurr, paraît simpÏer t - Les docunients de l'Ég[se sont

.naturelle'. D'autres entrePrennent une théorie expresse de

ce qu'ils appellent les suppléances gratuites dela crédibil;tëÙ'

presque tous continuent de réduire I'acte de foi normal.à .''lun oú à I'autre de ces types : ou bien I'acte de foi suruaturel

contient virtuellement, et élève un acte de foi naturels; -.oumoins il a été précédé d'une constatation naturelle du fgit '

de Ia révélation.. II est clair qu'une pareille doctrine rend diffrcile à expliquef

fà, erigeant que la foi ne soit point aveugle, mais raisonn3blet et

gnsembledes théologiensadhère au principe que saint Thomasl'

b formuté en ces termes : Non crederemus, nisi uideretnus ease

þredendum. Mais cotrtrnent trouvert dans le petit villageois du

;atéchisme, ou Ia foi scientifique, ou la démonstration ration; ' l'

ou du,moins la certitude parfaite de la crédibilité' fondée

:.quatr€ députés du concile, sur le Schéma des théologiens: ('Tetrcn'

eliam "stgr"tiam

Dei internam supplere id',quod prohuiusmodi homÞ

(les illettres) deficit in propositione fideÍ externa. , (Acta, 16z3¡a) Lesque j'ai soulignés rnontrent que le secours est, dans sa pensée, acci-

tel ; on le voit plus clairement encore par la manière dont il parle'

9urs. (De Traditione et Scriptura', P' 68+.)

. Toui accordent drailleurs irès volontiers qu'en pratique iI est difficile;moralement impossible, de croireau christianísme d'unefoi purement

nrelle. (Franzelin, l. c., p. 688, Billot, t' c., P,77'78),- Alors, dira-peut-être, à quoi bon disserter suruneabstraite possibilité quand,on

ind sui le reel? Pourquoi tenir sifort à ce qu'on dße ímpuíssance phy-e, et non passeulernent inpuissønce moralcl - [¿ discussion a peut'peu' d'importance pour I'apostolat individuel; elle en a une considé-

Cf. 39a.)' Schiffini, De Virtutibus infwis, p. z6z.

Page 5: Rousselot - les yeux de la foi

248 LES YEUX DE LA FOI

sur des raisons absolument valablesl? Comment la trouver dans

le nègre qui croit sur la parole du missionnaire ? Il ne suffit .

point d'une explication psychologique qui mette au iour le mé-' canisrne de la croyance ou de la crédulité. Elle s'applique-

rait aussi bien à la foi du musulman qu'à celle du chrétien. Si

le petit catholique a raison de croire à sa mère et à son curé, Ie

petit protestant a-t-il tort de croire à son pasteur et à sa mère ?

Ce cas infiniment simple concentre I'essentiel du problème.

Quand donc on répond par des < certitudes respectives )),

fondées au besoin sur des < principes Pratiques réflexesa >., il ne

paraît pas qu'on écarte la diffichlté. Les bouddhistes, les shin- :

toistes ont des < certitudes respectives > '

et Socrate se fondait pré'' icisément sur un < principe réflexe ) Pour conclure que chacun '

.doit son culte aux dieux de sa cité. Un [assentiment spéculatif

absolu,. même d'ordre naturel, exige à sa base une certitude'

objebtiie parfaite. Je craindrais d'afraiblir en la traduisant'cette

proposition de saint Thomas: n Proprium motivum intellectus

, * .ri verum id quod habet infallibilem veritatem. Unde quando- ,

' (( cumque intellectus movetur ab aliquo fallibili signo, est aliqua. c inordinatio in ipso, sive perfecte sive imperfecte moveatur e )), .,

Convient-il que ce soit un désordre qui fonde, ou introduiser la ¡:,foi ?

Il semble donc nécesr"i." i""ruire appel à la lumière de la

grâce; etquoide plus naturel, d'ailleurs, en pareille matière?

certainr prétendent expressément expliquer sans elle la crédi-

r, c Equid,em cum Lugo et aliis censeo, écrit Viva, non esse recurrendum

gd illu*åtionem supern-aturalem spirirus_sancti,ad hoc¡t habeatrrr in pue-

ris et rudibus sufficiens evidentia credibilitatis contradistincta a mera

babilitate... ita quilibet intra se... : Ego indoctus in rebus a me ignoratis' aci

praesertim Religionis, stare debeo iudicio sapientum, et piorum;.sed Paro:;

chus estsapiens, ac pius: ergo eius iudicio mihi standum est, et illa teneoÍ

credere quae mihi credenda proponit'.. t (Y iv a D amn at 4e the ses, prop' XXIdllnnocent XI, n. ro). C'est I'erplication usuelle, reprise par un nombre,

infini d'auteurs. Quel fondement débile pour la foi surnaturellel Où est la.

différence avec l'infidèle? Et s'il plaît à I'enfant de préférer l'institau curé?

z. De Veritate, q. 18 a.6.

bilité; d'autres, Suarez pars'en passer, au moins quand

let des enfants.

LES YEUX DE LÂ, FOI "exemple, ne croient pas

il s'agit de la croyance des

i; On peut s'étonner que cette voie n'ait pas'été suivi,il'ensemble des écrivains théologiques, et qu,on n'ait point'de multiplier les recherches et hypothèses subtiles pourquer d'une manière purement naturelle la perception dessons de croire. La raison en est, semble-t-il, querecouraiþnt à la grâce ne montraient pas assez clairemenrment elle peut créer une certitude parfaite sanscontexte psychologique, sans apporter avec elle de nounotions, de nouveaux objets.

Et c'est, à ce qu'il semble, un préjugé d'ordre phiqui leur a fermé cette voie. Il n'ont manqué ni dela difficulté, ni d'attention aux faits. On admire parfois,leurs études, avec I'agilité souple del'argumentation, ce

psychologie concrète que Balzac prisait si fortmbres du clergé catholique. Mais on ne peur se

d'une autre constatation. La plupart se bornent à. analétat de conscience des fidèles, ne tiennent compte que

nents de lareprésentation et négligent I'actiyitésynthél'intelligence naturelle ou surnaturalisée. En langue sc

que, on dirait qu'ils considèrent exclusivement id <1uod

tur, et gu'ils ne parlent jamais du lumen, du idinat ad asseniurn. - D'autres, sans doute,

côté;mais quand ils parlent, après saint Thomas, des

ts qu'on donne en vertu d'un attrair, ils considèrentattrait comme destiné à suppléert Ies motifs

tôt qu'à les éclairer; il s'agit, pour eui, semble-t-il,expérimentalernent conscients, de complaisancesde convenances représentéesz. Si bien que tandis

. Certains þourtant, corûme Suarez, De .Fide, disp. 4, sect. 5, no 9-I'influence de la grâce comme intrinsèque, comme com

,.motifs:. Jean derSaint-Thomas, Cursus theologicusinll-II'0, De Fide,

s. 2, n. 3 z s. Ex parteobiectí additalíquam repraesentationem,

qqi.

'Iluederns

de

les'

des

Page 6: Rousselot - les yeux de la foi

25o LES YEUX DE LA FOI

tes premiers épuisaient toutes les ressources d'une invention.

ingénieuse.à déceler, dans la conscience représentative de

l'enfant catholique, des éléments obiectifs qui manquassent au

: pçtit protestant, eux se, faisaient accuser de réduire les preuves

ãe la foi à un mélange de probabilités et de préférences subiec".tives, et de ne faire croire les simples que grâce à une heureuse

légèreté. Nulle part on ne paraissait assez nettement voir,comment l'illumination surnaturelle se concilie avec une véri-

' table efficacité des signes externes, en sorte que ces deux élé-' :rn€ots intègrent une mème certitude. c'est que, pour les uns

comme pour les autres, le type de la vraie certitude intellec-' tuelle ne cessait pas d'être la possession Par l'esprit de con-

cepts représentatifs égalisables entre eux par des substitutions

téquiaalencesr. . '

qiridem penetrando veritatem sed convenientiam obiecti ut-moveat ad I

assensum r. C'est moi qui souligne. ¡' ' r. une discussion réceote a mis aux prises, sur la question ici touchéet

, deux théologiens de grande autorité, M. Bainvel et Ie P- Gardeil' (Revue' pràtique d'ipologétìque, mai, juin, août, novembre r 9o8.) Je n'es-saye point

ici di résumer leurs explications suggestives et nuancées; qu'il me soit

néa'moins permis de dire que I'imp-rãssion qui se dégage de ces débats

me paraìt confirmer nertgnlenr ce que je dis dans Ie texte. M. Bainvel

étabiit parfaitement' ce me semble, la proposition qu'il énonce aissi :

c Les sirnples ont des raisons de croire réellement suffisantes, bien qu'ils

soient.hori d'étatde les systématiser...Cen'estpastant... dec suppléances

subjectives r qu'il faudrait parler, quand il s'agit de crédibilité, que de

,".åo* pour la perception directe et spontanée de motiß réellement

valables., (Ior màir p. 188') Il ressort, cl'ailleurs, de I'argumentation de

son adversaire, que cette perception n'est pas certaine sans la grâce (et

M. Bainvet n'y iontredirait pas, au moins pour la question de faitl' Le

tout est donc de voii comment la grâce peut faire percevoir, avec u¡¡e

certitude obiective etvraie, des raisons qui ne seraient que probables PourI'intelligence naturelle laissée à ses propres forces, de marquer à la grâce

Un rôle eEtre les deur rôles que souvent on se borne à envisager : l'ínstruc'tion objectite ou révélation (contraire à l'erpérience), L',intpulsion subiee-.

riye otiaffective (impuissante à certifier). C'est ce rôle moyen qu'on essaye

de préôiser daDs le présent article; dans celui qui le suivra, on abordera

la ibéorie rhomiste de Ia connaissance par mode d'attrait, à laquelle

Ie P. Gardeil ramène ayec tant de raison : on ¡âchera de déterminer dans

quelles conditions ces anrairs peuvenr remplir le rôle ici défini, qui est,

non précisémeût de suppléet, mais d'opérer la connaissance, de tøireuoir, et non pas de dispenser de t'oir. le voyant, dans notre exemPler ne Pense pas en cet lnstant

LES YEUX DE LA.FOI '..¡5r'

:,'" lVt¡tr. 4, ne considérer même'que .lá connaissance naturelle' '

.,on sait qu;une concePtion Pareille rend insuffisamment cgmPle

des faitò. Le mouvement réel de I'intelligence èst inexpliqué,

.si l'on nè voit en elle' avant toutr une Puissance active de'þnthèse.

.i',, Tenons-nous-en aux faits les plus ordinaires ét les'plus. clairs i soient deux hommes qui cherchent ensemble la"loi,,',exacte d'un groupe de phénomènes obscurs' et qui sont dirigés

,:dans leur recherche par la conception d'une même hypothèse;

:ou soient deux policiers qui examinent'ensemble le théâtre d'un

"prime er dont les. soupçons se porrent sur un individu déter' '

les deux détectives, il ne s'ensuivra point nécessairement'

:qu'ils donnent un assentiment pareil. Ce pourra être, pour'.i,lun, tout d'un coup, la certitude; pour l'autre, l'obscurité .

"

auparavant. Dans sa matérialité, cependant' our.ce

r¡i,revient au même, dans son individualité, le fàit nouveau

représenté semblablement aux deux intelligences' Mais

I prçmière ne J'a pas Perçu comme un phénomène brut et

olé : elle l'a vu cornme indice.de la loi ou de l¿ conclusion

elle a perçu le fait dans son raPPort avec la loir.elle

fait la synthèse du fait et de la loi, affirmée du coup comme.

L'autre, au contrairer (( ne.voit pas ¡¡. C'est-à-dire que

rçprésentant et I'hypothèse proposée et le fait nouveau aveci

mê¡ne exactitude matérielle que son collègue, pensant même,

re. ieur relation, si ce dernier la lui expose, Ia connexiori

ant, lui échappe, la synthèse ne se fait pas. Ainsi, laentre le voyant et I'autre ne doit être cherchée dans

ne différence des notes de la représentation' mais dans Ia

;uriné.. Qu'un même phénomène se produise devant .les.deux -

i*"unr.,-o., qî':o même.détail soit remareu.e 1u :U*:lï:ill.

iance supérieure ou moindre de I'activité intellectuelle' -, dira-t-on, la diftérence n'est-elle pas dans la science acÇuise

fexpérience thésaurisée ? - Pas nécessairementr car elle

i être dans le seul génie naturel; mais' quand bien même

ait là où l'on dit, notre princiþe n'en demeure Pas moins.

Page 7: Rousselot - les yeux de la foi

LES YEUX DE LÀ FOT

l'ensemble de sa science ou de son expérience; sa science esten lui comme perceptiternon comme perçuetret l'on en revienitoujours à une différence dans la faculté intellectuelle.

Il en est de même pour la foi, pour Ie lumen fidei, quand ònperçoit la crédibilité. Cette lumière ne donne point, à moins demiracle, d'objets nouveaux à connaître : determinatí,o frdei estex auditu. Mais on lui doit la perceprion de laconnexion, la syn-thèse, l'assentiment. Ces trois choses qui, comme nous allonsdire, n'en font qu'une, n'ont pas dans les représentations leurraison suffisante. Soient donc deux contextes psychologiques àpeu près identiques : la présence ou l'absence d'une nouvellefaculté de percevoir suffit à expliquer la cerritude lumineusechez I'un, l'obscurité persistante chez l'autre. Inversement, .

prenez deux enfants dont chacun ne connaît que la < religion de ,

ses pères l ; leurs assentiments, pour ne présenter, peut-être,aucune différence à. l'analyse, n'auront pourtant pas la mêmevaleur : chez I'un, ce sera légitime certitude; chez l'autre, fausseopinion. - Notez, d'ailleurs, sur le þremier cas, que l'incré-dule peut se représenter exactement chacune des propositionspar lesquelles celui qui rtoit s'efforce de lui détailler la con-nexion, de la lui rendre intelligible, de la réduire même, dansla mesure où ce peut être possible, en substitution d'équi.valents: cette représentation exacte n'est touiours pas ltassenti-ment. Unpersonnage de Loss and Gain dità Charles Reding:< J'entre dans vos raisons, mais ie ne puis, sur ma tête, voircomment vous amivez à votre conclusion. > Et le converti de

répondre : r< Pour moi, Carlton, c'est comrne deux et deux fontquatrer. ¡¡ - 1,4 dffirence des ffirmations,, ayec similitude

, dcs notes représentées, ne doit pas constituer pour le théologienune difûculté véritable, puisque la théologie conçoit la foicomme une activité connaissante surnaturelle.

¡. Si la science est Élrç, elle ne doit pas être ici considérée comme uriavoir, mais comme ce que la scolastique entend pat ur habitus.

z. Newman, Loss and Gain, IIl,5.

LES YEUX DE LA I'OI

Mais ce n'est pas là la seule circonstance à relever'gxemple très-simple dont nous nous sommes servi. Il

uer aussi la priorité rëciproque entre l'affirmationloi et la perception du fait gui sert d'indice. Les

iciens de la logique de I'invention ont mis cettêbonne lumière. On ne perçoit pas.d'abord la preuve com

et ensuite la chose prguvée. Mais on voit d'un seulloi.générale comme se subsumant le cas particulier, qui

pous différents aspects, la cause et I'effet, la preuve et l'rion, la conséquence et I'indice. On voit la loi par l'i

is ce n'est que dans la'loi qu'on voit I'indice. Le faitêtre connu cotnme indice que si on affirme la loi.

Si la notion de cette réciprocité causale paraissait biues-uns, ie les prie de considérer le cas où il ne s'

de décourrir une explication ou de vérifier unemais d'entrer, comme on dit, dans une âme, de

ie intérieure d'une psychologie. Je puis avoir lur fois, et n'avoir pas compris Hamlet. Je reprends le li

qu'un mot, que i'avais lu jusqu'alors sans vrgr, suscite en ,moi, tout d'un coup, l'intuition du ca

comme d'un ensemble intelligiblerd'une réalité qui se tisuis t C'est cela I > s'écrie-t-on. La perception de ce

me indice, comme signifant, est temporellement simà.la perception du caractère total; elle lui èst rati

antérieure, parce qu'elle en est vraiment cause :'qui

m'introduit dans Hamlet, qai me fait comprl

; elle lui est rationnellement postérieure à un

car la perception d'un mot comme trait d'unsens que si ce caractère est déià connu.

objectera-t-on peut-être, il ne s'agit pas d'affirmer

o il ne s'agit que de comprendre. - Mais c'est à

i,ferait de l'assentiment un acte plus ou rnoins volonta

de la synthèse des teffnes. Reprenons le cas d'une

***

)affirmée z perceaoír laconnexion et donner son

de

ts

P.t

ne

Page 8: Rousselot - les yeux de la foi

,,t

:.,

tliment.gont,une seule e(mêmJ çhosef. En efet, pèrcevoir Iari

connexion, c'est percevoir lrindice comme indice. Mais I'indice :

ne peut être perçu cornme indice sans qu'on perçoivè, 'en '

mêqe ternpst Par une corrélation nécessalre, et sous la mêrne

254 LES YEUX DE LÀ F'OI

modalité de connaissancez¡ la chose < indiquée >' "' ce dernier pointr. dans Ia théorie de la foi, est d'une réelle

importance. Il nous fait en effet comprendre que dans les con-

uaissances surnaturelles dont nous parlons, il ne faut point

qlo, oo iut .q'u9, ces^t;,e-al1; :::llÏ:"i: I"""Iil:":',î':î'"Ï::i:

'lãrc"i".t, "iisi son rôle, mais seulement. en certains cas' (Y'i.11 ti::olliã"i- ã" s"int_Thomas, cursus theologicus in ztt

'to. De Fide, disp..zl

art. 3, n. rz sQQ.).*'i.-;:*:, r.'i, â.. s" ad. r ; Cf. Ibíd., a' 4, ad' 3' I I ' fi

.'

i imaginer de < jugement de crédibilité > qui constitue un acte

distinct. c,est un acte identique., que la perception de la crédi.

bitité et la confession de la uérités.

Que si la perceptìon de la crédibilité ne fait qu'un avec l'acte. ,

dc ioi, comme la perðeption du lien avec I'assentiment à l'hy'.. pothèse, il est clair qu'il n'y a plus aucune difficulté à dire, avec '.

i"int Thomas, que c'est lä lumière de la foi qui montre qu'il :

faut çroirea. Il y a cercle vicieux si l'on prétend {érnontrer une

.ét "in. propori,ion Par une aute' encore non Prouvée, et :

qui.s'applie sur la première. Mais il n'y en a pds l'ombre, si

lion dii qu'une proposition requiert, pour être affirmé_e, la pos-

session ãe la faculté spirituelle qui manifeste la liaisòn de ses

simplement affrrmée par la raison naturelle'

r.Enlangpescolastique:l,essequodsignificatcompositionemetd.iví-s¡iirm ínteílectus rr,"rt i"r, comme l'être prédicamentel, une ¡rote repréî

sentée, une note d'essence'--¡.-é.*+_dire que si l,indice est perçu comme probable, I'hypothèse

ou'il Drouve n'est affirmée que.comme probable, etc'tï i"iø¿ibilité.perçue-à ta lumièie de la grâce _n'est donc-point

oti"trä quoil, c'est-ù-dire terme de.connaissance' obiet p":tg til-:::l-

rerFtes, de l,activité Synthétique qui les unit, ou, pour parler '

. comme les anciens, de la lumière qui les éclaire. Il en est ainsi "àa Credendurn est,, si I'on en fait une condition de I'affirmation'

drune vérité surnaturelle, ou, cequi revient aumême, si l'on en

., r"it une proposition explicitement énoncée, mais crue et non

LES YEUX DE LA F9I

,oloriïiers que, la foi suppo,sée Présente; '

i lumière puisse faire voir ta crédibililé' Maig il.n'y a l".u

iron poor expliquer différcmment'le premie'1 acte de foi' et "rur refuser de dire que la lumière surnaturelle éclaire l'.actQ ' '

rme par lequel'on I'acquiert. L'indice est réellement cause ; '

l'assentiment qu'on donne à la conclusion¡ et c'est cependant

a conclusion perçue qui éclaire l'indice, qui lui donné un sens"

linsi lorsqu'on croit -:

en tant qu'il rend raisonnable I'assenti- .

.--til ^^¡ ^----^.,.-^l' it ./ '

]ot., t,iirji." perçu le précèdef en tant qu'il est zurnaturelril '

suit. Il y a.deux o,d,"., celui de la rationalité et celui de

surnaturalité et, selon chacun des deux, l'on peut établir. ,; I

schème abstrait. L'on peut dire : < Je vois la vertu d'un

Itien; ieconclusla sainteté divine de I'Église; ieconfesse la

:t; E; 'l'on p.,., dire : < J'acquiers d'en haut une puissance-

voir nouvålle{, je confesse la sainteté de t'Églis-e;. i'en's dans la sainteté de cet hommer's¡ effet, uné'appli-

. .¡ Ces deux suites logiques ne représentent que des .

du réel, vrais et incomplets. Leurs vérités sont,unies,

dans l'unité vivante de l'affirmation. Et il n'y a .

de cercle vicieux. Il n'y aurait cercle vicieux, - ou

. "r' '.

:e saut dans la nuit, affirmation arbitraire et indue, - que

vérité affirmée était absolument antérieure à la conditiop-

,bon affrrmation, et ne la suscitait point par causalité réci-'

I1 en est de même dans le cas de Hamlet, ou dans' le '

å. 1" loi naturelle : I'habitude instantanément acquise, ce

peut nomm er la science perceptiue, précède et suit la

oerçue.**

>n Seigneur et mon Dieu I r¡ < Vraiment cet homml étu-tl,

de Diãu t r Dans ces cris du centurion converti'et de

redevenu fidèle, la tadition a vu touiours et I'intro-

ite puissance ne s'acquierç que Par un acte de volontér-l'obædítío

piutr "¡rtt"t cred,eridi, comme nous le mon*erons dans la seconde

'

íu ,roñ" étude. La conionction des deux objets ici indiquée gst

dléouiser la réalité complexe de liacte de foi, qui réunit en son.

,rtJ.." qoott éparpille trPP souvent en un grand nombre'fle.

rts r êt di r commandçments'r,

Page 9: Rousselot - les yeux de la foi

I

LES YEUX DE LA FOI

duction et la manifestation de la foi. Il n'y a point là de placepour un < iugement ¡ distinct < de crédibilité >. - Mais ces'paroles gu'a rapportées l'Évangile illustrent aussi très heureu.sement un autre caractère de cette induction rapide et surna.turelle qui nous paraît expliquer la croyance plus heureuse..ment gue ce qu'on entend d'ordinaire par < démonstration dela crédibilité D. - Voici en quoi consisre ce dernier caractère.

Les signes extérieurs qui font voir sont d'une variété sur-prenante : sainteté d'un bon prêtre, guérison d'un malade,impression laissée par une fête religieuse, etc. Mais toujoursun tel signe est connu et comme un fait certain, tissu dansI'ensemble de l'expérience-humaine, et comme I'indice d'unevérité nouvelle à.1'ordre,.de laquelle il appartient. On le connaîtdonc sous un nouvel aspect, comme faisant partie d'un autremonde, le monde surnaturel. Aussi.beaucoup de théologiensdisent-ils que l'objet formell de la connaissance est nouveau.L'obiet formel de l'intelligence naturelle, c'est l'être. naturel,ap¡rroprié à la fin naturelle; l'obiet formel de Ia connaissancede foi, c'est l'être surnaturel, appartenant à l'ordre de.la grâce,moyen pour conduire à la vision intuitive.

Un même être peut donc appartenir à I'ordre naturel denotre expérience et à l'ordre surnaturel de la grâce, et lâ grâceirilérieure, nous I'avons dit plus d'une fois, n,offre pas denouveaux objets à connaître, mais illumine dans l,obiet déiàconnu un aspect nouveau. Ainsi, la suave disposition de laProvidence divine, sans choc, sans rupture dans la vie con-sciente, sans heurt, sans invasion violente, continue par,l'illu-mination de la grâce les clartés de la connaissance naturelle,et nous fait voir, dans le cercle même des objets auxquels nousnous intéressions, des indices du monde supérieur. Discerneren eux une nature nouvelle, c'est pénétrer plus limpidement etplus à fond leur réalité. L'apôtre Thomas n vir I'homme ercrut le Dieu >, comme dise;rttrès exactement les Pères. Mais leDieu et l'homme, c'était un même Christ Jésus, Beaucoup ennotre temps ont lu Romer c'est-à-dire une inetitution magni-

t. Ratio sub qua,

mais que I'un englobe et dépasse I'autre, l'approfondissar

þerfectionn ant int éri eurement'. Autrement, la faculté nou

LES YEUX DE L.A, FOI

t humaine, supérieurement raisonnable et civet ont cru l'Égliser, c'est-à-dire la mère des enfànts de

l'ipour. du Christ, la maîtresse du salut : les dçuí r

iances sonr bien différentes, ei la première se trouvela seconde. Et, pourtant, Rome c'est l'Église, et I'

est Rome.lt'Une pareille continuité des deux cohnaissances n'estsible qu'à une condition : il faut que les deux objetslê naturel et Ie surnaturel, ne soient ni opposés ni d

voir serait expérimentalement perceptible comme leacquisition brusque d'un sixième sens, ou comme'l'est

ion de la contemplation mystique en ses degrés supériexpérience montre que pour lafoi il n'en est pas ainsi. Lrnaturel dont nous parlons, c'est donc l'être naturel é

'essence de l'être naturefconsiste, en dernière analyse,;òn aptitude essentielle à servir de moyen aux espritsôur monter à Dieu, leùr fin dernière; l'essence de

aturel, dans son aptitude à les conduire à Dieu,vision béatifique. Les deux < objets formels )) ne son

us opþosés ni disparates que les deux finse.D'ailleurs, ainsi que I'intelligence naturelle qui

dans les notes plus compréhensives que l,être, ncependant iamais touchant la raison d'être, qai

. Voir, par eremple, P. Læwengard, la Splendeur catholique, p.ivantes. Paris, rgro,< Finis supernaturalis et finis naturalis non sunr fines disparadifferunt sicut duo opposita, sed solum sicùt quod excedit etitur r. (L. Billot, De Gratia Christi. Ronre, r9o8,.t. I, p.46.)

n moderne n'a donné plus de relief à cette idée essentielleur de ce remarquable petit livre. Tous ceur qu'intéresse la qnature et du surnaturel le liraient, ce me sembie, avec plai, même s'ils n'ont pas reçu la formation scolastique.. Ceux-là,s'ils veulent prendre contact avec les doctrines de l,École, ne g

ls pas au commerce d'un esprit original et puissant (tlût saici ou là, les choquer) plus qu'à la lecture d,un mariuel iue, dont la sage médiocrité les ennuiera ?

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Page 10: Rousselot - les yeux de la foi

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iåiï:#;ä' unsprit-sai".1l'": tout aussi bien mant-

'fester cette crédibtl#;ril;;;n illuminant pour elle' la liaison

qui existe entre la tïi*"i¿ du curé de 'a

paroisse 3 et la sainteté

divine de t'Eglise, oJ"î-tu¡tinant cellå qui existe ":t: t^::-

semble de I'histoirä ae t'Égtise et sa direction par la Provt-

. d'ence de Dieu t ii 'ofnt

poo*r cela que ladite liaison soit réelle'

Il faut même "ütt prtii"l" ouÅ la connaissance naturelle'

plus l'intellig.nt"^""'"tut ":¡1l-tl::1rtt' plus il lui suffrt-d?un

léger indice pour induiit "u"" certitude une conclusion' Il en

est de même dans la connaissance surnaturelle' Plus t'âme est

mobile urr* .o,r.ú., io suin,-Esprit, plus il lui sera ti:llt'""

ú:"9::t:":î,:':,*:îå1"",ï'i::;';:l;i#ÏJi:ïi;;äT:li::i"i]å'i; nour cera qu'u:e '*ai'io"

incontestable et

' qui remonr. e t'Éångile même' donne des louanges à ceux qui

pour croir" "'";;;i "o uttoí" de prodiges' on ne les loue

, r. cf. saint rhomas In .Boetium.de.Ï::::J1'Í:l;,1;ii;i;ï1,ooo" n'o-

u58 j ' l111ll"Ï:i'"' ra rnouttoir" ui"*i'son obiei formel, car seule cette ralson I

et bien plus encore r" ì'*i¿tt à" l"

t::::l infaillibte d"": t1T*

nifestation de l'être surnatorcll' Les.raisons de croire Perçues

sous ta grâce so nt d' b ;;;;;i':î: i"- ::"rÏ ; ::::ï:ffi:i::'"Ë,ìXääät;;;; uú'oru*tot indépendante du pouvoir que 'í

oeut aúoir ra raison il;;;i"., d'etablir entre le fait qui sert

à'indi." et Ia crédibli¿ ã"'r" r"i chrétienn-e""::":UÏ:"T:""iì:

' I 3l;"1'¡i"'ÏÏ'älli-n"tme croit pou-r une raison qui n'est que pr'

bable a en soi >, " ""';;;;;i" 't på' d' :,:-'i¿ îî""11îääå::;iüì:i:

Ëi;;',;nabte d'engen'rre.r lésitiùem::-:^::'"äJu ;;';é;il;t¡" phéno-

Ë;;;åaine, trop faible pour percevolt'¿t

,riène dont il s'agit' n en mots et en concepts^^'i.-titîpo'siu,iiite-1î:åïï"".1':J:J,ïTÏ'.;i;;;i.ì;ctuarité.Les

:-""îîÎ::' "tr""'"tå

i"'J ilJ ä:itt":lr i,Ìil" " "" ¿ u n' I' exe r c ice m êm e

:::ï:iï.i{""iris"n" comnie sens ulatir' '

4. II he faudrait n"'"t;;iitï;-it 'ig* de'i'Église' dont parle le' C'on-

cile du Vatican, oo'u" îäå'Ë "é"tt'"I"*ent Ia forme dune consrdera-

rionsurrensembre*t'iï|ff :;*ffi *lï{""î,i:ïJÏ'åî:','"',:::Tl:

,¡,

:1rîåiî{iîiüÏirïïärxu**"".J.î;låiåiilîäii:erande chrétienne )t ot¡ ( res r¡ u¡tr-¡i;;:;

$

iåîï;;;;;;'e dans la ( Preuve par l'Église r'

PrnnRn ROJJSSELOT.

:

irit pour avoir cru sans raison : cela ne serait qüe blâmable;

ris i'on voit en eux des âmes vraiment illuminées' et ca"

sur un indice minime, de saisir une grande vérité' L'ex:

l;;;., d'ailleurs, ne montre't-elle pas que lorsque le SaÍnt'

prit visite l'âme par sa consolation, celle-ci ne peut'p!uç.

, pour ainsi ãir., "t

voit en toutes choses des signes mañi-

åL ta vérit¿ ? < Pense à n'importe quoi, dit I'auteur de

ieuillon d,'amour, et tu y trouveras une grande matière

aimer ton créateur >. Des saints entraient en extase à la vue'

lun brin d'herbe. De même pour la foi : 'quand la lumière

ivine lui est sensible'toute l'histoire du monde lui semblei semble Prou-

la mission de l'Église, le mot ou le fait le plus ordinair.e la'de certitud. .i d" paix. Ces choses sont inexPrimaþles

iirur.r. Mais I'Égli.., .n définissant qu'il y..a 3*:li-t-ldes signes extérieurs, n'a iamais défini qu'il n'y eût que

motifs"exprimables. Exprimés, ceux dont nous parlons '

lottui.n,, I iui n'a pas I'Esprit, sembler méprisables; mais

q¡rqo'.rt ui*", ii reconnàît I'Épouse ( Par un seul des

I,ES YEUX DE LA FQI 259^

x de son cou )). ***

de la foi scientifique et de la crédibilité Purement natu'

Après avoir ainsi esquissé à grands.traits la manière dont

;þ"ot, en certains cas ãonnés, se représenter la pe,rcentiold¡

qreaiúiUt¿ par la grâce, nous devons examiner s'il conviçng

'sénérali..r cette ãxp[cadon, et de renoncert pat conséqueptt

Les données précédentes ne nous suffisent Pas : PouD

r l'acte de foi dans seå éléments essentiels; il faut sc

I on" idée nette de l'attitude de la liberté humaine' de la

à""".ofonté de croire >. En montrant gue la liberté entière

rationabililé parfaite de I'acte de foi ne'Peuvent se cop-

iJ;"; dans et p", ." su.rnaturalifé' nous pénétreron: Pt-1d

äurr" t'orguniration intérieure de cet ac:e.' et nous pré-

.ertaio-, traits que I'esquisse qui précède a dir néces'

laisser vagues.

\A suiure.)

Page 11: Rousselot - les yeux de la foi

.''*,

lu{1¡

l.:r, i.ìÌ ,.,t -

-l : LES YEUX DE LA FOI ,

sí quis dixerit, a*sensutn fidei chrisrianae no, esse liberumì,

;:i::Iï,-,r r(:

!:"ro,,a.i ioni, nr,,r sa, i o produci,... ana_,thema s¿l s. De mêrn "ççÚrùØr'zu prodacx1.., 47la-_a_^ e que la foi, qui est raisànnable- .", ",même ,.''p, *-.'nî;:F, ä'iul,il :ìï:'::ïiï:,i,i .îii::::,:::]lbre. C,est.l'æuvre du,ne"r"gi." de monrer ."_:î:::::*:::l'::Ë';'JÏ:;:;Ï::j::ffi '::i::::::;xî;se concevoir de deux façons , ou bien r";';;*ä ;JiJ,gdonnées à parr, comme oro"",.*,.ir]'::^,::lÌi::t to*T

'4otp.c atti ca_Lr^_^

me provenant de principes différent., les.lî

premi ère v ue i n com oati bres, r,upp.il;; ã,,'rãrt ä,ü.iilL. ":," ;:i::":;:ïq:"*;i,é.i p ;q ;'.;;;;' ;;", ce rour .o_p r.*l,tLl"l*'"uble qu'esr'a.ie de roi. oJii",'",,äl'ol!ä5i,il;mrs en présence d'un acte qui est tout ensemble raisonnable 1:

et surnarurer, nous avons montré .on'n'.nion.Ã;ä;,;;ï i:,:o :::::,:o !: :?," 1 :o,

n o, u r a t i t é mê m;.' il n o u. fa u t rep re nd re :un travail sembrabre pour ra certitude "ruíi"iin.'

'"n'""'''r .,!

,".1::tt-::_ïe^apparenre enrre ces deux caracrères est rrès.;facile à saisir. ou oou, voyezuu.. ..rriti;. äïi:i ii"i!ìnous dit-on, ou vous ne lL voyez pu, "u.. certitude. Dans Ie.,premier cas, comment l,assenti'm."', p.*_' être libre r Dans le ;second, commenr oeut-il être légitimå_.n, cerrain ? La simpli_cité de ce dilemme ne doit p., ríir.i¿ionnuirr. sa force.Les exBtications res ptu. .our"*;-;;.il;; rä'."*i"., odeux schèmes, qui présentent ...ar".tèr. commun, cle séparerr,jrÍ:::::r I'une de Paurre tes aroo )iø qui sembtent se;';"il..ï"iüi'oll,

r. Voir Recherches, n. 3, p. z4r_25g.z. Concile du Vaticar

n. r8r4.) It canon 5 de Fide' (Denzinger, Enchíridionto

LES YEUX DE LA FOIl

:dcux la priorité temporelle et réelle. Les uns disent: Croaaeuglénent, d'abord, et après, vous verrel. Les autres' diToyeyy d, abord clair, et après, vous croire4. Mais les prem

.compromettent la légitime certitucle et les scconds, la li,, Le premier groupe est celt¡i des volontaristes. On rendi assez bien I'idée qu'ils se font de la croyance en empruntan: termes d'un auteur contemporain, - que j'arrache à dessei de

lene

ue

;àetntlaa-

leur context€ l, :- et eó disant qu'elle consiste à < saisir d'

: et parce qu'on le veut, ce qui ensuite sera une convictionforrne à la vérité;... en d'autres terrnes, pouravgir la foi,fait comme si onavait la foi ,. Soit qu'on invite directern;soumettre à la doctrine qui se dit révélée la raison i

; superbe, soit que, changeant de terrain par un mou

i tout naturel et presque imperceptible, I'on engage à plmachine par l'action vertueuse, à persuader les sens et

i.. gination par l'accoutumanc€ du décor catholique; par lqs

par{es gestes, - dans l'un et I'autre cas on veuti < cceur ) avant I'intelligence e. Ce volontarisme unilatéral

" r. J'emprunte ces mots, qui me servent à caractériser I'erplicationj'appelle volontariste, à l'étude de M. I'abbé J. Martin sur Cléd'Alerandrie, daasl'Apologëtique traditionnelle (t.I, p. 6$. Nous au

à citer plus loin d'autres expressions, remarquablement

iustes,'du même auteur, qui invitent à ne point prentlre selon la riscolastique les formules transcrites ci-dessus, lesquelles d'ailleurs n( se

présentent ¡as, dans son texte, en cette brutale nudité. (C'est moi qui risouiigné les mots d'abord et ensuìte). M. Martin a, dans ses trois volunþes,

mis dans un ercellent relief la nécessité d'une bonne disposition voþn-taire pour voir les preuves de la foi ; je ne vois pas qu'it parle nulle $artd'une priorité récíproque entre la lumière et la bonne volonté, mais l'affir-.

; mation de cette réciprocité me paraît être le complément tout naturel de'sa doctrine. I

z. C'est pratiquement la mème chose, de dire: < Commencez par crdire,et la lumière viendra r, et de dire: ¡.Faites comme si vous aviez la fof, et

. vôus finirez bien par croire ¡¡.'S'il y a unetdifférence, elle consiste en Scitque, dans le.premier cas, on prétend violenter directement I'intelligeircet

"daos le second cas, on veut la séduire et la suborner : on persuade l'allu

i matet ia machine, et on espère que la raison suivra le mouvement. I$ais

i'dans l'un et l'autre cas on substitue en fait à la grâce une activité naturþlletdétéglé". - Sans doute, on ne saurait trop recommanderà celui qui cherþhe

f'la foi, d'obéir en tout à sa conscience, de.faire tout ce qui lui,paraît bient. toul ce qui lui paraît mieur ; on Peut même lui conseiller des pratilues ,

I

I

,.iji.i:lt

Page 12: Rousselot - les yeux de la foi

{'46 L,ES YEUX DE LA FOI

conñaît que I'exhortation: Veuillez, et vous veÍtez.'Pratiqtet vous croirez'.' < Prenez de-l'eau bénite; et abêtissèz:vou$;'On voit très nettement, dans'ce système, comment la foivolontaire. Mais la liberté n'y paraît sauvée qu'avec domm{l'évident de I'intelligence. Peut-on dire que I'assentiment äiri

obtenu soit,encore < conforme à la raison ) et ne soit pas

<< adhésion aveugle ) çlue repousse le Concile du Vatican ? ,

' Aussi la plupart des théologiens se prononcent pour l'ordinverse. Ils ne subordonnent pas à I'arnour ou à la volonté,perception de la crédibilité, mais ils distinguent un .do

" inouvement. Le premier, quelles que soient ses modalitéstingentes,,est essentiellerrlent intellectuel. Il aboutit à la connai

,sance de ce qu'il y a à croire, ä la connaissance du fait de.

'Révélation, de I'origine divine de l'Église catholique. Il ôåi

' c'onclure: < Cela est croyable. ) - Un second nroucelui-là volontaire, fait dire : u Je crois. > - Il est

dans ce second schème, que l'acte de foi est raisonnable. Je

spJcifiquement chrétiennes, en tant qu'elles aident à vaincre les

de la chair ou de I'orgueil. (Ainsi la pénitence, ainsi la confessionpéchés: n On arrive souvent au Credo par le Confiteor r). Ivlais

: dlarracher un acte de foi à celui qui ne voit pas encore, c'est manquer

..-,respect qu'on doit à l'âme, et au respect qu'on doit à Dieu. Auqu'on doit.à l'âme, parce que la probité intellectuelle est un devoir-gsurtôut en matières de ce¡¡e importance. Au respect qu'on doit à Dicu

; 'r{,geste > qu'est Ia communion, pas plus on n'ale droit.de mettre

. . ,qu'il est en nous) en possession des vérités surnaturelles par des mpqreû¡ent naturels et machinaut celui à qui Dieu, dont la ¡oiséri

1...i

." - . ..pas. plus qu'on n'aurait le droit de donner le cor.ps du Christ à un, p

'. . iivitie qui désirerait térnoigner sa sympathie à llÉglise catholique pa

' ,.' . o',"* àquoi'revientrau fond, le système de < lleau bénite r (je n'Jpasipffler ici du .sens que la,boutacle ja dans Pascal, lequel a bien vu,

. .' : '. . faurq faire croire øb¡ deux.pièces >). Le danger ici'signalé niest.' ,pas:purement imaginaire, et il se.peut que quelques hommes < pratiq' .: ,pleins d'un robuste .mépris pour les abstractions des théoriciens,, parfois trop oublié que la foi, avant tout,,est une grâce, gubn.ne I'

-, . .:, pas,en./buant le cetholicisme, quron ne force pas liEsprit'Saint, - Il' lfaut dailleu¡s rien exagérer, iI faut procéder avec une délicatesse

, 'est ,toujours libre, ,n'a pas encore fait la grâce de voir la vérité.t ' vôuloir faire. surgir la foi d'une accoutumance matérielle et 'inftíri

;eil,n'ouhlier pÍul ;que I'attirancé divine peut:se fai¡e sentir même .à traiçqu1il'yadepIus.humain.denslecul¡eetdaos.l,Ég[se.

,J:---"-, a----'---- --- f .,.,.'. .i..a..î.,,-:

..; r. Ð" Virtutibus in conmtuní, a. 7. - Les théologiens admettent;,.'1 .':'1",;;; ,:

" çqmmuné,nent qu'il ne suffit pas à la liberté de la foi que I'homp.e:.oi! ';.; ;.i1l1't;;:-

,',s¡aître deposer liaote ou ¿e s'en abstefrir ; une pareille liberté eriste'n¡êrp", J; , t:rl".;:':'.,quand it sagit de la scieoce: er c'esr précisément.dc Ia science '-g-1. 1:" .' ;;1..'!'.' 'i,'óoncile. en condamnant lathéorie hermésienne despreuves nécessitan(es . :.' .:".' .,''ì'{"i. e.tá, col.), a voulu distinguer la foi. A la.liberté < d'exercice 'Coit..i,.. ,",:¡¡::-'.:.1i.. \e¡. ^erqt

vvr.rt q :, à.--1i- ... ¡

; donï :loukl¡Ians le :-1t P.f,tgrla liberté. <, de. spécificati:: 'i' .l::-*.' : 1 '.ìií¿ìqlì.'

ìpour employer'les termes de saint Thomas' ( non. q::lemil.;itrant e I'eiécution de I'acre, mais encore quant à la determi'; ì

'

,.r¡ation de I'obiet I ¡. Pour que des théologiens qui ée représentent ',. :'.'¿insi les choses souscrivent à la condamnation 'que , 'ñt

.

Innocent vIII de Pic de la Mirandoleo il faut qu'ils inter:. . ," '',piètent avec quelque subtilité les termes de la proposition:'.' ; :r''Pfètent avec guelqug suÞtllrte les rerll¡ss qç ¡¿t PtuPuù¡rrv!¡"' ::'.". ' ..'..-pro..rit": Noi est in potestate liberahornínis crèdere articti' '".'.'. 'l'',,tum fidei esse veru;) qudndo placet,, et crecle'¡'e **'u1o:. iJ',.i.: ¡';t'r.Jølsuwt, quando sibi Placete.

ioiçoiu""rl'actedefoisurle rnodèle d'un syllogisme)accordentquela'con- '' , 1;''-,..i','¿'nåissance évidente d,u fait.de la révélarion divine supprimerait la,liberqéde,,l¿i ::'. . ; t, i¡.:

;iü.* ;;i;; i;;"nts sontoblisés árintroduiie une distinction danç'þ

i¡iopo*ition aonclamnée par lan-ocent. VIII : íls accordent::: :":.itÏ'äori,io" est soutenabl"r.r'il s ugit o".aonnqr au¡ vérités revélécs.un:asæ$- ,

'

; ', --r@¡

Enckírídíoi ltlú- Les théologieÀs en question onitrè.s i Ì.r,nliìi:.j bien îoG ¿irnìurté, er ont teoffior la résoudre dilTé,rents essais d'expli'. . i- iii: ;Ì |ii ca¡ionsquelesbornesdecetarticlenousempêchentdediscuterendétail; .;;;i¡'ii¡,',i gisn"to".-en seulement trois principaï. ,Ilï._!ï3::!::ï:ï:*::1 I ,-.1.'i i ,.i

t ;;i. il;;iitb* requiert donc ce qu'ils appellent Iiievidentíø at1i1!ø1iir si ..l¡ i:n.i' 'i:

' fà Vi.rg. et les ap'ôtres ont eu l'évidenð" que ce qu'ils croyaient.étajt'la '. ,'' l ".ì,. -

parole ãe Dieu, iis n'ont point cru de cette foi libre dont nous parlent les ; . .-r ... : ,l:i .i '.bonciles. Cette conséquence bizarre suffirait à rendre I'explicatio-n::sg.s: . :.ì.'-'., l.:iä.. : r-irìr.i-uäi"n, qu,après- r,assentimåt' ;;;;t* ciuaiii; etp oú. :, ;','' i : iir

r,,iredendum esr; .liassentirnlnt .Esr, Verum est, et par corls6quent le '- -"'-'',:ì'.' ,Êredo demeure,encore absolumenrilibre. .Il leur faut. donc faire du.juqe; ;.

', i: I'.-¡-' l;;;"";::;";;"ä;;l"r¡lã"iiiu';: iii.;;'r";' åoo' tarreåu.iufe; ; . Í .'i'

.'h¡ent de crédibilité unsrade obligatoire et distinct de'la genèsç de la"fqi': -' '.' ,ìi;: Jt il leur faut dire Ete pleinement affirtna'ble n'enferm.g. pas plcínement ::

- a j.:) :cÎ fl leur faut qlre qrle paeanemenÚ qlJ(rrr.øuLç ¡¡ ç¡¡¡ç¡'¡¡e' - . : .."' .

.,:yraí. - Un roisiè-. gioope se plalt à concéder erplicitemênt qu,e.'la.: ;'.tt

.,. i1,..,

,iaisoonaturelle peotairivet""".t.t seulesforces et Pil¡. dé¡nonÞtr.dtion ""; ,r;'...r'.;;;ri;;, I prolu". et la crédibitité, et donc la vérité des dogmes !4:i-

. "ri.;.. '.r:"gnés par t'Égiise ; mais la liberté de la foi demeure, à leurs yeux, lntacre'

tfluirq*e la fãi consiste, disent-ils, à affirmer *:;1:1Tïi: It,X,t;:"'n''åo "äit

h vérité, -"i, p"rce quron' veut rendre ho--"ge 'à ,lieu'.,Qe', dernier système'peut'échapper aur obiections qu'on élève contre le.s 'd€ux

Page 13: Rousselot - les yeux de la foi

4+8 LES YEUX DE LA FOI

r-es deux explications opposées souffrent donc d,un vice comun, quiles empêchedesauvegarder réellemenrettour ensemles deux propriétés que l,acte de foi doit réunir, la liberté etcertitude. De partet d'autre, on fait passer la première celle drces deux notes à laquelleo ce semble, on attache le plus dtprix. Mais de part er d,aurre on paraît étouffer dans lapremière et préférée, la.seconde, à laquelle l'Église ne tient pasmoinsa.

Et pourtant I'une et I'autre note sembient bien requérir, pourêtre, I'honneur de cette priorité. comment I'acte de foi ,.."¡r-iilcertain, si I'amour n'y était dirigé par la vue raisonnable ?

comment serait-il libre, si les portes n'y étaient ouvertes à lalumière par I'amour ? B¡ef, pour que I'acte de foi réponde aurconditions posées par l'Église, il faut, semble-t-il, que les deuxpropositions suivantes se trouvent être vraies .n *ê-" temps :

C'est parce q\re I'homme veut, qu'il voit la vérité.C'est parce que I'homme voit la vérité, qu'il veut,

Prenez à part I'une de ces propositions, vous vou.s heurteziou bien aux exigences du dogme, ou bien à celles de l;expé.rience, ou bien à toutes deux à la fois. on aurait, au confaire,,une théorie de I'acte de foi dogmatiquemenr et psychologi-guement satisfaisante, si l'on arrivait à faire voir qu'elles sirntvraies simultanément.

***Celui qui pense que, dans I'acte de foi, il y a entre la lumière

et la liberté priorité et causalité réciproques, n,a pas tantpeine à montrer que cela est possible, qu'à expliquercomrnençdans ce caso I'acte demeure raisonnable

Il ne manque pas, en effet, dans la vie humaine, de circon-

timent naturel et scientiûque ; elle ne serair condamna¡te Jt.conclamnée-que s'il s'agit de croire par obéissance.

¡. A lire les analyses des auteurs, on a d,ordinaire l,impression qu,ilsentendenr parler d'une priorité et réelle, et temporelle. Àiais il serviraitpeu d'affirmer la sioultanéité temporelle, si l,on maintenait la:'

tl .:

causale et exclusive de l'un des deux éléments.

,

"..

LES YEUX DU LA FOI

'stances où la volonté libre, par Ie choix même qu'elle- fait d.

parti à prendre, ou, plus généralement,,d'un bien, donnesance ou donne passage à une lumière nouvelle qui modi

ui

Ftpour ainsi dire, la couleur des objets, et qui par là fait a

raître comme raisonnable, - non précisément la áécisioncar il n y a pas déià de décision prise, - mais la décisionse prend. Clest là I'histoire de nos actes libres : le < j

pratique ) et l' < élection volontaire >r'distincts pour la rairéfléchissante, mais fondus dans un même éclair de la duréelle, s'y causent réciproquement : chacun d'euxI'autre comme condition de sa réalisation.

Il 'peut se passer quelque chose de semblable pour les j

ments spéculatifs. Non, sans doute, qu'un simple ( commament de la volonté > puisse, en vertu de je ne sais quel pou

lelest

rdesþotique et arbitraire, faire voir - ou croire - blanccette minute, et noir la minute d'après. La volonté n'agitainsi extrinsèquement sur I'intelligence. Mais le cæur, ou I'pétit sensible, peut séduire, peut charmer la raison. La réalicette influence en matière spéculative, si elle paraissait di I

à admettre dans le cas d'une soudaine décision du vouloir,'indéniable, au moins, quand il s'agit d'une inclination

: cinéd dans le sujet. Un a.mour, une passion, un appétit pfut;: teindre si à fond de sa couleur propre tout le monde des obj{ts,'iquail influence puissamment, voire même qu'il transforme [es

; iugemènts sur < les choses en soi r. Un homrne passionné v]oit

¡ les choses avec de nouveaux yeux, il y voit comme un noulvel

i < objet formel o. Point n'est besoin d'appprter d'exemples d'lun

iphénomène aussi banal. On comprend aisément aussi {ueil'habitude affective en questionr - €t conséquemment la uisloni.di.o*ou, qu'elle déûnit, - quelque inéluctable et tyrannisarfrtei que la puisse rehdre I'accoutumance, a pu être, en son origí{re,

ilibrement acceptée. Un amour plus intense pouvant conqueþirL l'âme en un temps plus court, I'on pourrait concevoir, àl la

f limite, une émotion si forte, et entraînant un consentemen! si

Iradical, qu'elle suftît à transforrner, en un instant unique, a{ec

fla manière de vivre, la manière de vóir. Dans ce cas d'une habi-

$, R¡c¡¡¡rcs¡s .crE.cr rEL. ,. - ," j

IËr;ÉlI

e-

n

Page 14: Rousselot - les yeux de la foi

45o. LES YEUX DE LA FOI

<< raisons formelles ¡t du connaître et du vouloir' Ce qu'on';

choisit directement' c'est le bien, la fin, la manière de vivre' et -

seulement à travers elle, la manière de voirt'

tude qu'un acte d'une intensité excePtionnelle suffirait à enra¡

"in.rrt la priorité serait parfaitement récipro.que' la visiori

d'amour éclairant l'élection libre, et l'élection libre ouvrant le:

passage à la vision d'amour' Dans ce.iaillissement :Pt:iTiã ,rn."¿uia.nce pleinement vouluer l'entière certiftde s'unirait à'

I'entière liberté.

Qu'on veuille bien, d'ailleurs' le remarquer : dan¡ le phéno-l

*èì" .n question I'on ne s'est pas proposé expressément de sE

teindre l'intelligence. Ce ,t'.ti p"t l" not'ueilt connaissanc{

comme telle, c'ãst l'amour ou la vie qui nécessairement I'im: I

plique, qu'a librement élu la volonté' L'indivisible unité de'l

l'acte ne brouille aucunement', mais conserve distinctès' lei'

Appliquant ces considérations à I'amour du Bien divin' de l¿l

Fin.divine, l'on n'aura point de difficulté àdresser un sc.héma'

de l,acte de foi où les deux propriétés de liberté et de certitudeùi

loin de se gêner, se soutiendront au contraire en se pénétrantt

si j'ose ainsi parler' par une espèce de circumincession' Il y a

causalité réciproque entre l'hommage qu'on choisit de rendreà

Dieu(oboedli;o ¡-ae;,, pius afectus credendi) et la PercePt]on fela vérité surnaturell". bo *e*t couP' I'amoure suscite la facu

¡. De mên¡e que certains, en choisissant' Par exemPle' la profcssion'

militaire, ou celle du commerce' consenten-t implicitement a 1<'ir -l!f:

"îår.., "p.at "n certain temps d'exercice,.sous.l'angte sn{11t -o:l::ï:L*

e iolí"ll ou ar¡ marchand, de même le fait de i,*iot"-l.tl'":--:i-t:il"4 ¡ V¡¡¡e¡Ù¡

grave, ou d'accepter intérieuremeot une passron

i"na i¿urr,iq.t. à i'u.".pr"tion de nouveaix principes' d'idées nouvelles' dq

nouveaux yeux.- r li i".;agitpas nécessairement de I'amo-ur de charité' Î"i.c:t:T^l¿r'iåi'ä"¿ä"i.'ii;'i;-¡;i puut êtr. < informe. r, .c'est-à'rlir" 1'êl:us ¡v¡ se¡¡¡'¡v rr-v --

, ,"i.t'inuot" et de la charité (Denzinger, Ench.íj.accompagnée de la grâcr .. .- ^ - . ^ ^ ^,. r¡-r;;;i;;';:;: 'zg',

ia,+¡. cf' s' rt'omas De .veritatet Q' t11:i1 :":;

ili;r"l äo.*iiå"ì i"i!I".,ut ad assentiendum his quae sunt fidei'.Sed.:

illa voiqntas nec est acius caritatis, nec spei' sed quidam "lÏ:-T:'::::;ä,o'i'i:"ri;;; a.- l- i-i ia''. Fid", qo"e est donum*B:1"i:,

"':'.TTlliåäî';á ;.ñ;ã'* *.un¿o- aliquem 1ry".o*.b"'i' :i11Ïii.f-Ãit. - On peut ¡lailleurs soutenir que la foi n'gst iama'is informe iraité de la Foi, - cffort bien iustiÂé par,le spectacle des nultiples en'euui

LES,YEUX DE LA FOt

de connaitrg ! et Ia connaissance légitime l'amour;'Sans qulun :

Í.iggerne¡rt de crédibilité ¡r ait précédé, l'âme instantanénent,

cr"yãot",peut s'écrier.: Mon Siigneur et rnon Dieul Élecdôn'librc et csnnaissance certaine slunissent dans cet éclair, mqis ne

se confondent pas. Car l'élection, porte sur le bien divin, surla : ,

voie et la vie nouvelles qu'on choisit, et non directementsur la '

connaissance comme telle. Et f intelligence; malgré I'ardeiite .

atmqsphère d'amour qui peut-être I'environne, Peut percevoii.,. ,.

avec pleine sécurité le caractère souverainement raisonnable et

légitime du parti qu'elle prend. C'est ce dernierpoint qu'il noqs

faut encore expliquer.***

[Iln'estpasfortdifficite,ilestmêmeassezusueldansl'Écol(:,.[

' . d'établir, intr. l'hommage volontaire rendu à Dieu dans la foi "

- , t-.'

et ce gu'on appelle le < jugementpratique u (portantsur I'acteà I ,.

faire), des relations de priorité réciproque. Mais c'estautre chose - .'1, . ' "

que nous entreprenons, puisque nous prétendons concentrel, ' ' ''. ' ,

.dans un acteunique, l'équivalentdes jugements mêrne < spécu- ..' l

latifs > de < crédibilité ,, (jugements qu'on représente d'ordi-"' .,' .,

naire corrme précédant I'acte de foi, guitte å concilier tant bien , . ;:que mal cette certitude préalable avec I'entière liberté de cetacte). Nous intégronsdans l'acte defoi lui-mêrne cette interpré- ì''tation'd'un < signe r, d,'un <indice >pris dumondevisible, que f.

'nousavonStentédedécriredansleprécédentarticle,etqui,éta.

blissant une connexion nécessaire entre la vérité naturelle etla '

vérité surnaturelleo légitime I'acte de foi aux yeux de la raison 2. .

: son acquisition, qte I'amour de charité accompagne toújours le preinier.acte de foi. En tout cas, comme nous l'avons déjà dit (Recherches, n.3,p. 255), il g'y ? point lieu d'expliquer le premier acte de foi d'une. autre

I naaiè.re que les suivants, :\.' ¡, M. J. Manin parledonc fort bien de la grâce de la foi quand il lhp-'pelle : < lagrâce de transformer sa propre vision et de discerner enfinson'.'erreur >t. (L'Apologétique traditionnelle, t. II;p. 3;et eocore ibid., p, roz:j;a s'iis acèeptaicnt que se produisît chez eur la faculté de bien iuger r.)l,l. z. Si quis direrit, revelatlonen divinam exterois signis credibileo fieri 'lt non posse... anathema sit. (Concile du Vaticao, canon 3 d,e Fide, Den¡in- ,

. --. r ^ 'Qi^l I toffa.r ^-i-^i^.l ,l- f r rhÁnlaoia ¡n¡t¡mnn¡oin¡ ã--- l-

,.ger'. 1,.c., r8i2). L'effort principal de la théologie contemporaine, dans lc

+5¡

Page 15: Rousselot - les yeux de la foi

452 LES YEUX DE LÀ FOI

Et Cest pour montrer comment I'acte libre de foi peut englober

cette certitude qui dépend de I'amour et qui porte sur l'être, que

nous avons appãrté l'exemple d'amours sensibles ou volontairesqui, teignantles obiets d'une couleur nouvelle, dictent à I'hommedes iugements même spéculatifs.

Mais ici, une grave difficulté s'élève. - < J'accorde, nous

dira-t-on, que I'influence de l'appétit en matière spéculative

est possible, ie constate même qu'elle ne l'est que trop, ie le'

déplore, car ie conteste qu'elle soit légitime. La raison pure ec

désintéressée est ici, de par la nature et de par Dieu, l'instru-'ment seul convenable, le iuge seul compétent. La volonté peut

l'appliquer à I'exercice; toute autre influence volontaire n'est'

propre qu'à tout gâter. Le sens commun dira touiours, en dépit

de tout pragmatisme, que ni les décrets du vouloir ni les désirs.du cæur ne définissent la vérité-. Tout jugement de vero com'rnandé, quantà saspécification., par un appétit, est un iugement.arbi¡raire, où I'homme n'a pas, au fond,.d'autre motif que son

bon plaisir. Avec votre priorité de l'amour libre par-dessus la'

connaissance, vous 6n revenez, de faitrau ( couPd'état > volon'rairel, ouau sautdans la nuit, ou à la séduction vulgaire de

volontaristes et sentimentalistes, - s'esl concentré autour de la doctrinedéfinie en ce canon. Tout occupés de la rationabilité de la foi, les scolabti-

ques de notre temps I'ont malheureusement étudiée à part de sa liberté, et

ont laissé exploirer à d'autres Ia théorie si féconde (et si thomiste) de la

priorité réciproque des causes. (Si M' Le Roy n'avait écrit sur la foi que ides pages comme celles où ce point est touché [Dognte et Crítique|, p. 327' .,

3azj, ii n'eût point mérité tant de iustes critiques, et on lui eût été grancle-'

ment redevable d'.*pos.. d'une façon si briliante, si suggestive et si 'moôerne, une théorie qui, dans son fond, est moins Reuve que peut-être ;

il ne s'imaginair). - La plus récenre exposition thomiste que ie connaisse

de la priorité réciproque dans I'acte libre est celle du P. Garrigou-La-gr"ngãrO. P., dans Intellectualismeet Liberté cheT saint Thomas (Kairt,rgro) ¡ la question de la foi est mentionnée p, 42,-

¡. Saint Thomas a donné de I'acte de foi cette description. remarquable :

< It peut arriver que la volonré détermine I'intelligence, et choisisse comme

objei d'adhésion ìel ou tel jugement, déterminément et précisément pourunmotif d'ordre.volontaire et ion point intellectuel, à savoir, la bonté,

la convenance de ladite adhésion' C'est ce qui se passe dans ia croyance'

quand, par exemple, un homme en croit un autre parce qu'il y voit quel'quc décence ou quelque utilité. Nous âussi [chrétiéns]' nous somm

eu

LES YEUX DE LÀ FOI

la raison par le cceur. Si votre exPlication a quelque

neuf, c'est que vous exigez que la raison soit tellement

qu'elle ne púisse même pas s'apercevoir qu'elle I'est. u '

Expulsion de toute influence sentimentale' compression

appétits, pure soumission à I'objet, n'est-ce donc pas laidéale, et moralement obligatoire, en matière de vérité s

tive ? - Cette méthode, qui est celle du bon sens' peut s

scqrcir aux yeux de I'esprit tant quer pressentant vague

qu'une grande vérité se cache dans le ( pragmatis¡¡s o, ilpas su encore I'en extraire. Elle brilte avec une claité nou

quand, ayant poursuivi iusqu'au bout I'application duprpragmatiste (que toute connaissance exprime un appétit)'

reconnu, dans l'intelligence elle-même, I'expression d'une

tition naturelle de la suprême et subsistante Vérité. Nonment toute habitudeffictiue définit une vision d'amour, t

encore toute vision est vision d'amour, etestdéfinie, danslpotentiel, par un habítus appétitif, conscient ou inconscien

portés à croire la Parole parce qu'on nous Promet, si nous cro

récompense de la vie éternelle : c'est celte récompense qui porte la

à croire, en l'absence de tout motif intellectuel. I (De Veritate, q, t4,Beaucoup ont voulu voir, dans ce passage, la description du schème

tiel des actes de foi, du schème qui explique même lãcquisition de

it c'est à ce texte que certains rattachent leur théorie d'un c com

ment ) de la volonté, entendu au sens d'une motion ertrinsèque ei,

a riit guelqu'un, d'un ( coup d'état ¡' Mais une obiection bier¡ sim

git d'elle-même : cette vie éternelle, dont l'attrait émeut l'âme,ãonrrue d'avance comme réeile, oui ou non ? Si oui, c'est donc qu'on

'.pris parti (avant Ie premieracte de foi)surle fait de I'attestation di

alors, loin qu'il soit besc¡in d'un coup d'état, on pet¡t direquec'enelde la liberté. Si non, ou il en faut venir à la priorité réciproque, ou I'

sion est déraisonnable. (De même gu'on a dit à Pascal que son s

pari prouverait la religion qui aurait inventé I'enfer Ie plus épouvan

de mèmè on pourrait dire à n,otre rhéologien que son raisonnementplüt en faveur de celle qui aura trouvé les.couleurs les plus all

pour peindre son ciel.) Mais on ne peut revenir à la priorité récip

ians avoir à assigner.dans I'acte un rôle à ce signe, à cet indice, q

lumièrb {e foi éclaire pour faire vok eø quae sunt f'dei esse

Je crois, pour ma part, qtle dans le texte en question, saint

simplement en vue le cas de I'adhésion à un dogme pârticulier clezqui, au préalable,. est ferme en sa résolution de demeúrer

plus bas, p' 463, n. r.

le-aistreLa

,la

la-b-

nallepe

a

meSUf!

duble,

tes

.uela

déià

faithé-

foit

Page 16: Rousselot - les yeux de la foi

ir* LES YEUX DE LA FOT

raison enchantée, pour ainsi dire, charmée, fascinée, par le!

Dieu. qui I'a faite capable de lui, n'est paå autre chose ìo'.i¡ipur amour de l'Être r. Quand on a vu cela, on comprend mieuxcet infini respéct de,la lumière intellectuelle, si remarquable.n ,

par eremplè, chez saint Augustin-, on tremble, en prétendant.,

aider la raison par des inclinations volontaires, de suraiouterdes < onctions grossières ¡r à cette pure délectation de l'êtregui, dans l'évidence intellectuelle, manifeste lavérité. Dieu afaitl'esprit naturellementsympathique à I'être cornrne tel; on n'â

pas le droit de modifier cette divine mixture en y combinant des

sympathies personnelles pour des êtres particuliers. Ainsi, toute

substitution d'une nouvelle vision à la vision naturelle' touteinfluence d'une inclination volontaire sur le jugement spécun

latif sera, semble-t-il, non un affinement, mais une perversion,une côrruption de l'intelligence, un manque de respect à Dieu et

à'l'imàgede Dieu. Encore un coup, s'il s'agitde jugement absolu,

la liberté etlq légitimité paraissent touiours incompatibles; et, si'I'assentiment de foi'doit réunir ces deux caractères, il faut à

tout le moins qu'on y décèle une propriété absolument singu-lière et originale, et qui le distingue de tous les autres iugementsdéfinis ou commandés par I'appétit.

Pour déterminer cette note si spécialerconsidérons la racinecornrnune de l'illégitimité de ces. autres adhésions. EIle con-siste en ceci, que I'intelligence y prendo pour règle et mesure de

son assentiment, non la vérité première, seule norrne légitime.du jugement absolu, mais une fin inférieure, particulière, déter-'minéec. La vérité première doit être la seule norme des iuge-ments absolus, parce qu'en ces jugements I'homme n'agit pas

en tant qu'il est til individu corporelo sujet, parmi ses sem-

blables, à telles ou telles limitations, mais en tant qu'il est sim-piement homme, participant de la nature intellectuelleo image

r. J'ai tenté d'exposer ".,,a

.ån.aprion dans un article d,e la' Revue de

phíIosophie (¡t! mars lgro)rintitulé Amour spirituel etsynthèse aperceptíve.e. On emploie ici, comme synonymes, suivant l'esprit du langage scolas.

tique, les termes de iugement spéculatìf et de jugement absolu l mais onne frétcnd pas nier qu'au fond de tout iugement pratique un iugementabsolu soit réellement impliqué.

LES YEUX DE I,:A""FOT .n ..,f.5i,

i,,de Dieu, esprit. Comme tel, c'qst sur Dieu seul qu'il d"l!-ì:

;. ;"*ttti;i;;;;;åi¿. r,"i*unt, it mesurerair aussí þ rec,ti-

Yv .-¡vs' saint Augustìn' <'seule

,régler, car, suivant"la doctrine chère à:r

, t"ï¿ri,¿ prenière esq supérieureà I'esprit ', Cellrglfi'-ÎT' ;; ;;.ia. ,. soumettre et de s'ordonner à quelque fin qu4qt

., i t'irrt.uiáence "pélutative (en,tant qu'on est raisonnable) et de

. s'y ordonner totalement, simpiement' c'est-à-dire commt'è: *iå ¿.rni¿re, ce qui est dû, iniçmmunicablement' à Dieu' C'est

ãona t" ¿ésordre suprême de s'ordonner à la créature en ta'nt

qu'on est esprit, "t

qo" f" p"ssion fasse dire.: (,I.[ n'y a p!us, ni

üi.o ni mal' ni vrai ni faux, il n'y a que lui " ! ' ''jMais, de même qu'une fin prãtique mesure légitimeme"!''q

il;;üdei" rui*n spéculative,, si cetre fin était ta Fin.dernière

i de l'homme. En effet'ìa Fin dernière étant, par définition' ce[é,',

' ,J luqo"ll. rien n'échappe,, si I'être åimé était réellemttl ,"-t ]î,

. "¿ti,eA.f"raironprutiquerdemêmeellemesu¡eraitlégitimti:l:

i: ';*;;'i;t;J*; même, re bien de.l'es1ri1 1":iÏ"1i;ltitt:: la vérité du jugement absolu lui serait relative essentiellement'

,' ' '

.: . ;'. On voit imméáiatement, d'ailleurs, qu'une pareilleI¡in ne.Pqut '

' .¿tr. que la Vérité suprême et subsistante' Dieu seul' à qui tggt'

homrne est entièrem"nt ordonné, non seulement en tant qu'il

ä;;fit*t"iao ¿¿r.r*iné, mais même en tant qu'il possède ia

;;;;;"'h"liectuelle. Ainsi toute la rectitude de norre inte[i-

;;;;. ";""d

elle connaît certainement' lui vient d9 ce quç Dieu..o

luiainspiréunernclinationnaturelleverslaVé¡itépremière'autrement dit vers Lui-même en tant qu'il est. ta Fin del'

' espritst; en vertu de cette inclination' l'intellection nous est

r. C'est exactement la même chose, de dire que Dieu est Vérité première

et de dire qu'il est Fi. ;;iètt des esprits' Eic'est cette identité' pour le

. dire en passant' qui montre qu'on ne peut se tenir' dans I'etsplication de -

I'dcte de foi, à la théorie ¿e ta foí thornmage oa de simple autorité' (dß-

tinguée ¿s la;foi *¡^i¡i"iiaJf""dot-p"tie P' Billot et erposée en fran-'

iäi31"". u."*oup de #;tt;'p;t M'.Baiivel'.Après le concile du vatican'

on ne. peut plus, comme ¡aåis Guiltaume. d'Auvergne' exclure cxpresse-

'ment de l'obætlitiofideii" på"te" at la véracité divine' (On doit croire Dieu'

.ñ;i,it,;;;atis å obçdienter' et non proPter hoc' quia verax esti'aut'

.ouia verum est quod ipr.-i"q"i,"r, sic enim cretleretur homini cuivis r.

i:;;;;,';.;:"È;. ilï ii'-'' ','P'

7' oî remarquera ra contradiction

Page 17: Rousselot - les yeux de la foi

459 LÉs YEUX DE LA FoI

naturelle, et, quand la vérité nous apparaît, nous éprouvons drplaisir. Donc, la première er essentielle condition de lésitimiiìpour toure inclinatiòn que I'homme accepterait afin de iugerabsolument d'après elle, c'est qu'elle l,incline, non vers ona fininférieure et particulière, mais vers la Fin dernière de la natuiintellectuelle. ì

on enrrevoit par là commenr ra conception de l'intelligencecomme inclination connaturelle et sympathie, com*" pu,amour de Dieu èt de l'êff€, - Ç[ui, d'une part, rend flus,,.inflexibles les exigences de I'intellectualisme rigour.u*, _.ìouvre la voie, d'autre part, à une théorie naturelle et cohérente;:de la certitude libre et légitime, même en matière de jugementspéculatif absolu. si I'intelligence est une inclination, touteinclination volontaire qui la restreíndra, et qui rui constitueta;pour mesure quelque être particulier sera une perversiòn, unecorruption de la nature. Mais l'on pourra aussi concevoir une'inclination qui I'approfondira, qui la dilatera, qui la renclracapable de mieux pénétrgr son objet, l'être dérivé et secondaire,en la rendant plirs profondément éprise de ra vérité subsis-;jtante' son obiet premier et son idéal. cette transformationd'amour sera identiquement un, accroissement d,intelligence, etIa

'ision d'amour qu'elle command.era sera connaissairce pluó

parfaite, dans la ligne même de I'intellectualité,Qoe toute inclination suivant laquelle on juge absolument

doive être inclination à la Fin dernière, c,est une conditionnécessaire de Ia légitimité de l'assentiment. mais ce n,en.estpoint une condition suffisante, ou, du rnoins, on ne peut ledire qu'en précisant ce qu'on entend par là. Il est clair, en effer,

€otre cette conception de I'acte de foi et la formule du catéchisme:.'r Parce que vous êtes la vérité même r, etc.). Mais toute distinction entre.I'autoríté du témoignant et Ia véracité du témaignaÁ'e (v. Billot, De yirtu-tibus Inlfusis, It, p. zr4, n, z) me semble tomber. à faux quand il s'agitd'un.hommage à eriger d'êtres intellectuels. Il n'y a pour no us de persoine

.adorable que l'Essence ínJaillible. La théorie ae ia fói d'hommage ne m'"n

'

semble pas moins représentei un grand progrès sur la théoíie de la foisyllogistique, mais je crois gu'on doit la pousser si à fond, qir,on intègredans I'hommage la perçeption même de la crédibiliré.

I

t r. LES YEUX DE LA'FOI r .:

qulon ne peut iuger absolument suivant toute inclination conguente à. une idée quelconque qu'bh se"sera formée de.Dieu'permettre de régler la raison spéculative sur tout penchant, sr

'toute émotion de cette espèce, ce serait ouvrir la porte à torlles fanatismes. L'erreur en ce genre n'est pas seulãment le fadu iuif ou de l'hérétique; on a vu des saints induits en epar une dévote inclination.'Dans ce cas, c'est une inclinati

',vers Dieu cottçu, vers Dieu reprësenté (et donc vers un objlet'quelque façon particularisé), qui règle Ie jugement ae t'intetif-gence. A ces tendances affectives surajoutées I'homme nese fier d'emblée comrne il se fie à sa raisoq.r. naturelle

,.inclinée par Dieu vers Dieu même-Pour qu'il ait le droit de s

fier absolument, autant ou plus qu'à son intelligence, pour gupuisse se revêtir de cet amour volontaire comme d'une no{-velle nature, et porter d'après lui un jugement absolu, il fa{t

r Qu'il sache avec certitude que ce nouvel amour n'est pas moi'de

Dieu que sa raison même, il faut que Dieu témoigne.faveur de cette nouvelle manière de vivre aussi fortement qu'témoigne

en faveur de la nature qu'il nous a donnée. C'est.que peut manifester la perception d'un indice, qiri, dévoila{tsur un point l'intirne soudure du monde naturel et dusurnaturel, ou, pour mieux dire, l'intériorité de celui-cirapport à celui-là, fasse voir que, si la foi n'est pas vraie,raison est trompeuse, et la réalité, inconsistante. Une foisla religion est ainsi constatée divine, 'l'évidence rationnelle-même n'a pas plus de droit à diriger nos iugements a

que la volonté d'être religieux. Celle-ci, conditionnant celle-$,offre même à nos assentiments leur règle la plus légitime.

Dans I'acte de foi, comme l'amour est nécessaire à lauans l'acte de fol, comme t'amour est necessalre a la con-I n"irr"n.", ainsi la connaissance est nécessaire à I'amou!.L'amour, l'hommage libre au Bien suprême, donne ae rro.þ-

',veaux yeux. L'êre, plus visible, ravit le voyant. L'acte eþt

raisonnable, puisque l'indice perçu ¿pporte à la nouvelle véritélle témoignage de l'ordre naturel. L'acte est libre, poitq+9

' I'homme peut repouòser, s'il le veuç, l'amour du Bien surhâ-

,

,t. - Cio, pour prér*Lr la même .ho...n dtautres ,.t",..r

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Page 18: Rousselot - les yeux de la foi

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. .. . .T,SS YEUX DE LA FOI,J':" : ¡59. ;

. ¡éflexion disting'ué dans Pacte dzux séries causales qui coei

tent'.ôans se:gêner ni.s'entre-croiser. D'un côté, I'homme y

uù" bien, s'y ãrdonne' et ievêt Par là une nouvelle natgre.(.le fait voir). C'est I'ordre de la volonté. D'autre Part, I'es

yoit un fait, l'interprète comme indice, et en conclut une vétìi

(qui le fait vivre). C'est I'ordre de l'intelligence. Mais il n'1t

point ici deux procédures réellement séparables : I'unité vivad

d'un même acte intègre tout cela.

, Nout éclaircirons davantage le rôle de l'indice extérieur

, signe (consacré par le Concile du Vatican), ainsi que I'i

d'habitude afectiue et de science perceptiuet en raPpelant

lecteur ces textes oi¡ saint Thomas' pour expliquer l'assenti

de fgi divine, renvoie à certaines connaissances d'un type s

cial, que procure l'habitude des vertus. Comme I'habitude cl'

vertu, dit-il, fait connaître ce qui convient à cette vertu' ai

l'habitude de la'foi fait connaître qu'il faut croire{. :

Saint Thomas donc connaît de certaines connaissances qu'i

appelle per modum naturae, et qu'on peut plus brièvement

appeler syrnpathiques. [l est facile de faire comprendre le iede ces cbnnaissances, et comment elles se distinguent cle cetr¡

qui se font par concepts et par discours. On peut connaître la

chasteté (et juger, dans un cas donné, de ce qui lui est nuisible'óu favorable) en deux manières : ou bien I'on a suivi un cours

de morale et l'on a acquis des idées générales et des principeg

(auxquels on tâchera de subsumer le cas en question); ou bien

iton åu, chasteo et I'on sent en soi des attirances ou des répu;

gnancps, des sympathies ou des aversions (qui font iuger par

ine inférence iapide, et comme ( instinctivement >, si un obiel

¡.Voir ¿'?'Q r a4ad3rQz a 3 ad z,- DeVeritate, Q ¡4a ro ad iù,Caiétan ,"rn"rqoe "u."

,áiròn sur le, premier de ces.pass"gt:.:.::Sottgl

; loquitur de vidåre ea quæ sunt fidei, sub communi ratione. credibilis...'Et-.ha¡c esse menrem auc¡oris patet ex hoc quod in sequenti articulo in resp.i

,ad i dicitur : Per lumen fidei yidentur esse creilenda ut dictum estr proculi

åubio hoc in loco. > ''.'t;i

***

donné favorise ou menace lalvertu')' L'e

iburs ofre,de multiPles êxemples de. cets de ceð connaiÀsances; gqìt: .

1qu'il s'agisso d'âuires., j 'iqu'il s'agisse d'habitudes vertuçug."r llil : ,,^_-r-I __,_r-^ lr.,i-i ...- " uril'orthãgraphe.ä'tio1,' ;accoutumances. Quand on m'interroge s

mot, j'écris sur un papier ou ie peins dans mon gqprit lç.t 4fÏ+ittgraphies proposées, et c'est par la quatit,é de l'i-mpressfoz .pre¡,ãnii. ,o, ma < mémoire )) ou mon ( habitude > de I'ortho-'-':

:-gruphe, qug ie juge si le mot est bien ou mal écritz'

Il y a, dans des cas comme ieux-là, comparaisoh rapide "11t"' " '

,la "cience

perceptive (habitus, ël',ç, u mémoire >) et un gbiet'.r;;¡.

pçrçu, et l'ån juge d'après une réaction d'ordre affectif, on iuþe ii,:

derait dàns ce cas le christianisme par la voie de sa vérité, , '

pensée (\nféréed'une comparaison); - secondementr gue le rpt9,l

i à.. rigr,"r extérieurs (et particuli,ènement des miracles' exlles: .,¡i¿*.nt mentionnés par le Concile du-Vatican), s'il n'était Þ9sì'

,

touiours et absolumãnt superflu, serait du moins réduil à of.t'r- -

rtrès modeste. minimum.

.. ¡. V. P, Rousselot, I'Intellectualísme de saint Thomas, p' 74' '." ''

il r. cp. ce que dit M' Bergson daris flgsscl su1 les.ilonnées inyltlians.b cånscíeø"e, p. 96, des perceptions qualitativcs immanentes ù lq êoni

äe la u vérité > de I'obiet d'après sa convenance ou disco4vel',,

nanceconsrarée avec la faculté ou l'habitude gu'on sentait ioþer. i: ,

Est-ce exactement ainsi qu'il faut se représenter cette conùaiq;,' '

i."n." sympathique, qui, d'après saint Thomasr est à la b¡pg, ,

. ðes iugements de foi? si oui, l,acte de foi comprendrait néces-.'. '

éveille dans le cFur, qu'on en conclurait qu'ils so¡t faits,l'un r' ':

rpour I'autre. Sur quoi il faut remarguer deux choses' PttTÞ,,, l

.f.*..rt, guer - quoi qu'il en soit des apparencesr- on abgq- ili,. ':'

., sairement, non seulement une expérience, mais ericore' une'1

ì --*-¡.--+.rin- r'o,,cci ncnide et simnle- il est vrai. outon voUtlraiirepré.entation (aussi rapide et .imple, il est vtai, qu'on vo,utlral i

mais enfin une représentation) du u fait'intérieur ' tan7vhm....,,mals ennn une rgPresclrtalru¡r, Llu r( ¡dlr ¡r¡rçr¡!ur

obiecti cognîti.On se sentirair tellement vibrer à fapproJhe gtr'"i¡ìcomme à l'application du t fait extérieur >, c'est'à-dire q!,'p!'. '

i se sentiraít si bíen en perisant au christianisme, on goûTerait'

: si sensiblement les harmonieux aftiaits que le christianisme, i: :

nsissance même de la quantité.

Page 19: Rousselot - les yeux de la foi

46o LES YEUX DE LA FOI

Mais une réflexion plus attentive fait voir que ce n'estdans une comparaison, conséquente à'une impression, q

consiste I'essentiel de la connaissance sympathique. Latable connaissance syrnpäthique est immanente à la tenda

même qui porte l'âme vers l'objet ou qui I'e4 retire, au moument de désír ou d'aversion. En la séparant du sentìmènt de

complâisance ou d'horreur que I'objet .(pour garderexemple) éveille dans I'homme chaste, on se méprend sur elle,on prend pour elle un de ses effets. Telle quelle, indistincte de

llamour et de la haine, et avant Ia médiation de la réflexiorìrapide et du léger discours que tout à I'heure nous supposions,elle s'expiimera naturellement en termes d'appétit : J'en veui!l

. Je n'en veuxpastC'est charmantl C'estintolérablel s¡ç.r.:-Peut-on se représentçr l'acte de foi comrne fondé' sut celte

conn aissance sympathique ?

' On le peut sans nul doute, pourvu que d'une part on soit

entré dans la conceptipn de I'intelligence comme inclinativers la Vérité subsistante, et iue d'autre part on comprenne que

ce qui est vu sympathiquement, dans la foi, ce n'est pasrperselaquendo,,la détermination des différents dogmes2, mais leur

¡. Mais si c'est une faculté intellectuelle qui est le sujet de la connais.s¿¡nce sympathique, le tterbe même de cette connaüssancesera I'expressioodu charme et du ravissement (ou au contraire de la répugnance) sera unyerbe d'amour.

u. SaintThomas semble parfois reconnaître à la foi commune une pareillep¡rissance de discernement expérimental : q Sicut enim per alios habitusyirtutum homo videt illud quod est sibi conveniens secundum habitum,illum, ita etiam per habiturn fidei inclinatur mens hominis ad assentien-dumhis quae conveniunt rectae fidei, et non aliis. u (zr zð q r a 4 ad 3.)Arrachée de son contexte (cf. p. 458, n, r) et prise en un sensabsolu etlunÍ-versel, cette affirmation aboutit à la théorie du discerniculum experìmentaler.soutenue par .A,ntoine Perez et Pallavicini, et carrément contredite par,

i'erpérience. (On en peut voir un résumé exact, avec les raisons pour les-quelles elle est communément repoussée, dans Schifûnir. De Virtutibusinfusis, n.'r48.) Ce qui est universellement vrai dans I'assertion de saintTlomas, c'est que I'irabitude de foi incline ad assenrienduin;têt est for-ìmellement son rôle, comme nous tentons de I'expliquer dans le texte.L'habitude infuse est, comme l'écrit très exactement Ferrariensis, . quoiis quae credenda proponuntur, homo firmiter adhaeret et assentit, et quo.

illuminatur intellectus ad cognoscendum illa esse credenda r (In 3 CG. 4tiIa Revue de phúosophie, re" iuin t9ro.

ns

LES YEUX DE LA FOI

propriété commune d'être bons'à croirè i ea quae sunt fidei'tredenda.

Accorder que l'intelligence est I'expression d'une appétiti

,c'est accorder que la présence d'un moment de sympathie dans

connaissanceintellectuelle çe doitpas être restreinteà certai

cas particutiers d'intellectionr mais est la suite nécessaire d'u

I .oi générale de I'inteliigence t. C'est accorder que la raison d'át'réaction propre de notre intelligence, est ðonnue Per rnod

naturae. Sans doute, elle paraît s'imposer à l'intelligenç,e' et'

perception n'éveille Pas chez nous de résonances affecti

mais I'inconscience de la sympathie n'empêche pas sa réali

L'affirgration de ltêtre, qui paraît parfois imposée du

I par les objets, est, en réalité, l'expression de notre désir le p

' intense, I'expression du charme irrésistible par lequel Dieu

et conserve l'âme intelligente en I'attirant, en I'ordonnanr à

mais la connaissance de cette crédendité est absolument identiqI'a<lhésion, est l'adhésion même, comme, dans la connaissance natì¡

une certain,e connaissance pratique de l'affirmabilité est précisément l'ser:timent. - Que s'il s'agit maintena¡rt d'une inclination non plus formlement ad assentíendztø, mais ad discernendum nvm haec vel haec

ntant rectde f.dei, Ia réponse cle saint Thomas appelle les remarq

suivantes : ¡. cette inclination n'est pas en'tous à l'état senti, mais il fpour cela, de même que dans le cas des autres vertus qui donnent

iemblables connaissances, que la vertu soit possédée en un degré

exquä pour avoir déjà pénétré les inclinations naturelles i.-.2'inciination seotie paraît appartenir à i'ordre des grâces gratis datae;

ne saurait donc conçlure, de son absence chez quelques-uns et de sa

sence chez d'autres, à un degré supérieur de charité chez ces derrfi

quand saint Bernard niait I'Immaculée Conception, il pouvait n'être

inférieur en charité à un immaculiste' même en supPosant que ce erul

,'a

s

.

I

sentît, par des instincts intérieurs de grâce, la bonté de la'cause par

défendue; - 3o bien que l'erpérience de pareils instincts soit une grÍ

la disposition clu sujet y coopère. Un converti du protestantisme

parfois en son esprit certains biais gui le font pencher du côté op

I l'orthodoxie ; il arrive qu'un religieux assez tiède, mais qui a été r

r. Je me permets de renvoyer, pour ce qui est dit dans ce paragraf

I'artiçle signalé plus haut, p.454-n. t, et aussi à l'Être et I'Esprit¡

dans un milieu foncièrement chrétien, possède un ( sens catholique >

sûr et plus délicat qu'un autre, très mortifié e.t très fervent, mais qui s

converti sur le tard, etc.à

Page 20: Rousselot - les yeux de la foi

,.. r,,.',1ì..,

'+62." ...: LES YEUX O¿ 1,¡. rOt

.i

;,Lé rnornent sy,n.Vrnpathì{gst, danest, dans l'espèce, immergë dans firconscient, et i'est pouiquoi.l'affirmation de'l'être sembler ài

'ti consci¿nce superficielle, se faire simplement per modurn 'r,

tionís t,

. ' 'L. désir intellectuel de Dieu, guéri et transforrné, est égale-

m.ent identique à I'affirmation de l'être dans la connaissanbe

'f,qi. Mais, comme ce nouveau charme est librement accePtd

^ comme il n'est pas irrésistible, le caractère de connaissani

;(¡¡mpathique est bien plus visible dans la connaissance de fo"'[

que dans,l'afûrmation naturelle. Il y a, à cet égard'.entre cei

deux affirmations,la même différence qu'il y a' en histoird

naçurelle, elrtre un organe qui fonctionne à I'intérieur du

.,, et:'un organe qui apparaît à I'extérieur. Le Christ n'est connu'

pär la foi, comme maîtrg qu'i[ faut écou.ter, comme.médiateuS

. auqqel il faut s'attacher, comme voie qu'il faut prendre, que sit

.eñ nìême temps, la volonté libre, acceptant comme dit saini

,Thomds, < quelque appétit du Bien surnaturel )r se soumet' ce.maîtrer'se tourne vers ce médtateur, et choisit cette voie

r;'ieule cene dispãsition volontaire suscite et maintient la n

nynthétique du moude surnaturel qui permetta d'interprétetliindice2. Si la réflexion veut plus tard traduire en terme de

:.concept ce qui alors est percur elle ne pourra le rendre qu'en

dis4ht z esse audiendum, esse credendum. - Mais cela précisé:

,iirgl,: qtr'il faille écouter, qu'il faille croire, on le rtoits, guand.

. ¡. La connaissance idéale et parfaite est celle où apparaìt à la pleine'"..lüioi¿.e ae la'çonscience intellectuelle non seulernent la science pu.çue;',

,: rnais, ,encore la sciencê perceptive, et la sympathie radicale qui uuit le:, ,_,^:^, l^-^ lr:--:l^-^

' '{ividence de la démonstration scientifique n'apaise pas llesprit sirn

'.i rbaig'prôvlsoirement (cf. S.

, j.

. vr. f qL rtw¡w y¡ evvsv¡rrt ^\vYf

?v' Y"vst i'lt'3.'Il senible que, dans le premier acte de foi (je ne parle pas de [a prei-

, .' quiét .à llobf er. Cette perceptiog manque dans I'évidence que nous procurei

; i;J;;,;;;;tå conceptoelle de I'ezs c¡n*etum quidditati sensiåili. Aussi-

;. întellectui, ainsi l'âme qui s'éveille à la vie de foi ne prononc.e pàs explÌ:ì :'

',::;;:;i'¿;:;;:;;;;;i;i*;t, ni credendunt es¿' Mais o:-l':t-ll-:::Ir¡e r j ':'i Hiï;ï; "ä1,"i*

i."1, affìrmations .sont réellement et iroplicitemqn¡ .'

:i conteriues a"n. t'ur..rìiár, qoi potte directement s1:.l'être'¡-t¡ltli:11,,'.,::i::iä":ååì, 'uiir"t*, aperceþtion et attesia¡ion divine, " uonté dà ial

'ffion , .i-" .i¿J.J"äl ',íti .in rmées eter.cite' Ensui¡e-' l:-,1:1îrt:1'; ;i;;; *toir", et peut même dressei unê série drarguments logiquement

' ":äii ;;;;iil¿;i iii.rÃi*",io" u^"

'q :i'li: lillÎ: Y::'1"^p,,:::iî::i l'.1ì"ä"iï;;ä;;;;;¿ chaîne'd'arsuments ne ¡end qulun des:',,

I ;üä;.l;"'ou. i;".* iotar et réer.req"'.'1jt'^lTljjn*:î ir{li:li:i' ,l iiälìü"å"i,,:;ì.' -ooo;",r*

y"oï : de .cetre

noúveauté il nlv *"-paq. . ^.1 ':

trace dansle pro""r.o.',åìiont"i' rí*uooup d'erplications de llacte {"13¡ ;'.-^-J1^:^-ñã r-o-cfnrmcnl en iusemènt distinête- ' "'I ä;Ëtìñ'í;;-;;;;; 'ã*e'it"n",

transfo¡ment en iugemÇnt distintte- ' '

i,' ment et préarabrem"",;;;;;,;; ;,r.i .r, "n 'é'11é-ï: ::i^d:I::r"1t:li:3:' ,'' ¡. Nous avon, tenté dt'ofùqott t'"tttntiment universel {e foi carholigul'. 't ' '

l'*rri'ìî;;;;-;; iit ''n

i" crois' rnon Dieu''tout.ce que vous'a'Y'e4:'i ':'

;i"äi¿ii'"",!"' 1'19r'.*ent : < Je :l::::j:jï.:1':lii:'": 1r'.'"::1iä,''',il;:i;;äi;;;;i,i;6;" ã""' la confession dune relisisn déterrnil¡{q';l ; '

'

:t'*;il; Ñ; *""i"r. qtã nout "ooe'itions

proposé d'aborder l9"pro¡ .' 'l

i;tÄ,; ã. [-t"i çn ,n"ìiis,"? 3,p' z'42'l ltest uea¡13¡11tt:P:it$l: ' l''l

':vourolr, c esr re "'"j' ':-.:;l'^:'^'";;" :;ï. h;' ¡¡_. ,.:;i . ir.',diffic'¡l'r¿ l'analyse ¿" ,"ìoiirtotas citée plus haut (n1+5zr¡:rJ' It cs!:lÍj*re ta voronté ¿. *"o*.iron-il;;"..riqn, +""r'leäritä i"i presc¡füa' ':' l , '"ii.'s¡ÉciÊcation de son #;,imeii,; äoon"r ..iä'n--"it"to"'*aitegoL\i¡ "' ':'.

j '''-

i*ohori,ioo *' radictoi¡e' serait peadre "t

l" tiä'ä"-Ë ãtãt- ¿r:habÏúde . :':: : ' --'i

iL u roi (zl z¡ e f . 3;il;;'.iäi1'"1,-,g'iñiii'!'nenr liþry*ffi.,,, 1 .,r'de !¿ foi (z-2. Q f a 3þ, ltl Cepeno.Â4[¡t¡qts-E)rHqf rcr'-w¡rY¡:t -::itr5E.-nr " .' '.' rl .'

ñ;'l;;*. est-libre de vouloir rester catholique qu Âqo' ; '.'; ' '- i;i'; . :. '

"i. .

i rbais'prôvlsoirement (Cf. S. Thom as, Contra Gentiles, rrrr 39.)

', t."öf, I'artfcle précédent, Recherchcs, no 3, p. 25t,.253.

;iliö"':.,ii:iläiÍfr# i;Ï. ""ö,,:i:' -*r'"iiq"ã

adhère à .-+ ,,, ,,,,.ctoþoe derermroè, p".;;;;i" i i¡or.ruiuiuté pootifrcale..ce 1ui lè {ï9 :-... ¡ ?.'-,;

'.ä|är.;;[iiì" ä'¿J, ¿.ï vie érernerre d?. iy1::,.1ï ::T''n¡|I:"i 1ffi.,'.' :,:. ,,, :;.1

rqière erpression ertérieure. et orale), la vérité surnaturelle (Scigneurie de

. Jåsus, divin'magistère de l'Église...)'est directement affirmee. Cet¡e véritüpst èrue,'et la <.crédendité ¡ est vue, mais comme est vu le a Je pense ¡dans l'intellection naturelle.. La*c crédendité )) est une condition de:la

''représenta¡ion(ratio sub qua\i,csmme I'âme.qui s'éveilleà lavie iotellqô;

'tuel.le ne prononce pas explicitcment Cogr'lo t ni Videq ni FiÅendum.

Page 21: Rousselot - les yeux de la foi

+6+ LES YEUX DE FOI

de la croyance, il y aurait péril à insister 'exclusivement sur,iiI'aþpect volonraire de l'acre;^il faut souligner foriemént sonrïcaractère rationnel et l'obiectivité des raisons de croire, à l,en.,!contre des erreurs anti-intellectualistesr que I'autorité supiäme,a si gravement condamnées.

.9n u compris la différence essentielle qui distingue notre:explication de llinfluence volonraire d,avec la théorie du < ircup';d'état >. Les partlsans du < coup d'état )) sont obligés de dire :

< Nulle vérité vue ne meut I'intelligence )); pour nous, au co9- :

traire, I'amour donne des yeux, le fait même qu'on aime fait ,

voir, crée pour le sujet aimant une nouvelle sorte d'évidence.

- Mais il ne faudrait pas croire que cette évidence, dans le cas r

des motifs de crédibiliré, soit, comme vision d'amour, si abso..:lument personnelle, qu'elle soit à tous égards incommunicable. '

Sans doute, il en est parfois ainsi ; c'est le cas,'peut-êtr., pour,d'excellentes raisons des hommes intérieurs et des saints2; c'est.fort souvent aussi le cas pour les raisons des simples, si lesréflexions que nous avons faites à leur sujet dans le précédentarticle doivent êtfe acceptées. La grâce, alors, illumine pour le,sujet des faits qui, dans leur complexité originale, sont connusde lui seul, et la connaissance ainsi suscitée n'est pas moins,.inèommunicable gue, dans l'ordre naturel, les perceptions les.plus personnelles du < sens illatif>. C'est d anslamatíère même de,,

la connaissance qu'est la racine de son incommunicabilité. Mais,si I'Esprit de Dieu éveille dans le secrer des cæurs de pareillesévidences, perceptibles seulement < à l'esprit de I'homme qui est.,,

r. Après avoir mentionné I'erreur agnostique d'après laquelle on nepeut reeonnaìtre Dieu dans le monde et dans.l'histoire, I'encycliquePascendì ajoute : ¡ His autem positis, quid de... motivis credib;ilitatii,.,fiat, facile quisque perspiciet. Ea nempe modernistae penitus e mediolunt et aJ intellectualísmum amandant : ridendum, inquiunt, systema ädlamdiu emortuum. r'(Denzinger, op. cit., zo7z.) )

z. On lit dans le Bréviaire romain, à la euatrième leçon.du 3r juilletjque saint Ignace de Loyola avait courume de dire : c Si sacrae litterãeexstarent, se tamen pro fide mori pàratum ex iis solum, quae sibi Manre¡sae patefecerat Dominus. r Mais jamais pour les saints la preuve prise diEgr, ë[ origøvoü iève¡ïeîaa n'évacue celie du pe6uúrepoç,ipoç"1",*åc ijiocl(Cf. z Petr., r, r8-r9.)

i;

;. a,1.

|1:

i':,..]

LES YEUX DE LA FOI

dans l'homme >, il ne perd pas pour cela la puissance d'illner aussi des faits visibles à tous, - comme la vie de JChrist, I'histoire d'IsraëI, celle de l'Égüse. S'il prornènetorche dans les coins secrets de Jérusalem >, il peut aussider les rayons de son soleil sur < la ville établie en haurmontagne >. Les motifs de croire empruntés ainsi à despatents peqvent être mis en forrne de discours et de raiment, et fonr I'objet de la science apologétique. Ce faitdeux observations.

Voici la première. La foi de ceux qui savenr cesn'est pas nécessairement plus ferme que celle des autres.doit même dire que la grâce rend la foi du charbonnieraussi rø¿sormable, au sens principal et véritable du mot,foi de I'historien et du docteura. Cependant, la possessioraisons de croire exprimables, développables et communiest, surtout par sa valeur sociale et catéchétique, infiprécieuse à I Église. Répandues par la parole et par le lipreuves de la religion vont partour coopérer à la grâce etliciter les âmes de bonne volonté, avec un rayonnementrieur à celui que peut avoir l'acrion individuelle d'unepieuse. Ce serait faire injure à I'Esprit-Saint er à la tradque de méprisêr cette exposition des raisons de croire. Plaicatholicisme, Çn vérité, que celui qui dédaigne non seulApollos, mais encore Paul, qui partent également destures9 I

Seulement,'- et c'est là notre seconde observation, -r. C'est-à-dire que dans noire explication, il n'y a point rls place

qu'on enteod ordinairemenl par ( certitudes respectives r, qui suffiun simple, mais ne suffiraient pas à un docte, et ne suffisent pas ( engui comprendrait tout le contexte psychologique d'uri sinrple qui a

: ment la foi, posséderait, par le fait même, des raiso.ns de croire légiet valables pour n'importe qui. - Les raisons du curé peuvent êrre

. communicables que celles du charbonnier, mais l'assentiment le plus: $onnable, au sens plénier du mot, est celui des deux qu'illumine

plus haute lumière infuse (cf. Ferrariensis, cité plus haut), car, pour jde llintellectualité dun acte, la qualité de la lumière spirituelle.iplus que la nature des obiets illumiués.

t, Act., 17rz, - r8rz8.

R¡c¡¡rnc¡¡ps !c¡¡xcE REL,

tlade

les

t-

ce:àDiri-,es

us

rr1

Page 22: Rousselot - les yeux de la foi

466

. l'illumination de Ia grâcer les.percevoir synthétiquement comme

pleuves' leur donnJr un assentiment vraiment certain' Que les 'ireuves'de la religion soient individuelles ou communicables'"'

deux conditions sont nécessairement requises à leur P-ercep-'{

;i""-,-i" présentation de I'obieto la possession d'une faculté

spirituellå qui Ie puisse saisir{' Dans I'un et I'autre cas' le pre-

mier élément ne sert de rien sans I'autre' Et si le second élé:

;;;,;ä;i" .u, d., p,tout' de Ia foi, est nécessairement une

ñi;r; ;urnaturelle, il n'y a aucune contradiction à dire tout

ensemble, et que ces Preuves ont une valeur obiective pleine-

ment satisfaisante, et qu'il faut cependant la grâce pour les

;ö;""h' foot les affirmer' Il est exact de dire qu'elles < exi'

g"n, l'assendment de tout homme raisonnable >' mais parce

cu'il est exact d'aiouter qu'on ne peut porter sur le Christ'

iËgüt"' 1., Éc,itt"t','o" iugement vraiment raisonnableo

qrå"..'r'"ide.de tu grâ.. a" bi"to' C'est bien Ià' ce semble' la

vraie conceptton de I'apologédque traditionnelle ; elle déve-

loppe les ,"irors extérieures et historiques' et lés iuge' cornme

tåironr,parfaitement suffisantes et bonnes; mais elle ne Pense

poi".'q"i.Ues agissent ex opere operato; elle est également

.onuuin.o., et de leur absoiue tégitímíté' et de leur certaine

¡"î¡it"r¡l¿ si Oieu n'ouvre les yeux de l'âme¿' Elle requiert de

.ïauditeur non point la réflexion sur le < fait intérieur >' mais

que les preuves historiques et extérieures de la religion Peuvent

eï. "tpri*ées

par le langug", réduites en un ensemble logi-

qo"*.n, cohérent, .,, 'oti' cette former PfoPosées

-n i:::'l'on '

n'a nullement le droit de conclure qu'un hornme Pulsser sans,

LES YEUX DE LA FOI

le <r fait intérieur > lui-mêm'e, c'est-à-djre cette bonne äispo.i-tion volontaire qui permet de

;mnrend* t:,î fait exté1ieg-1 >.

. on l'a déjà comprt. '^

nolr.oensons non ,.oin-ent que,dans la foi surnaturelle, la volonté de croiqe est nécessaitç ä,þ€royance, mais encore, que la sympathisátion de I'intelligenceau monde surnaturel par une grâce t est indispensable þour'que I'acte de croire soit légitimement certain .: en, d'autrestermes, il semble qu'il faille renoncer au concept dê << foÍscientifique ¡¡ ou de < foi naturelle o des modernes théolo-giens. _ i.

Cela paraît déjà ressortir de I'enseignement positifle l'Église'touchant la liberté de la foi. Si ma.croyance.à la vérité catho-' lique es vraiment .libre quant à'sa spécification, commentserait-elle compatible avec une foi scientifique certaine, pUie-ment naturelle, qui ne dépendît aucunement de la volonté ? -'Reste donc seulement I'hypothèse d'une foi naturelle qui elle-même ffit tout ensemble certaine et libre. N1ais le surcroît affec.tif, la cate d'amour, condition indispensable de la liberté, rendillégitime, dans l'espèce, un jugement spéculatif absolu. Carla cote d'amour empêche qu'on agisse par la force de ç.e puratnour de l'Être qui, seul, a le droit de'nous fairp'por¡ei depareils jugements. - L'action morale libre, dira-t-onr'àffiåeI'intelligence. - Oui, mais sa valeur morale''est à tout,mornent rnesurée par la lumière de raíson naturelle qu'or-r

r . Nous ne disons pas qu'il ne peut y av.oil d'acte de foi certain et légi-time sans la grâce sanctifante, ce qui serait hérétique (Denzinger, l. c.r79r). Nous ne disons pas no¡ plus qu'if ne puisse y avoir, sans grâce,

- mêrne'sans grâce actuelle, - d'acte d'adhésion à la doctrine cathôlique '

,.qui soit subjectíuemenú, mais illégi¡imement certain : cela s'accorderairmal, peut-être, avec I'expérience. Des millions d'hommei adhèrent avec.une fermeté subjective absolue à des rellgions faus¡es, par ereniple àl'Is:'lanr,,et je ne vois pas qu'il soit nécessaire, malgré lp hauteur et la difficultéde'nos niystères, de dire gue notre religion apparaît à la raison {raturelle. pl.us improbable que celles-là,- Si le cas se présente, c'est celuí'de ce¡tç< foi acquiser qui est, pour parler comme saint. Thomas, simple opinione opinio lortifcata røtioníbus r. (Prolog. seet. a 3 sol. 3,)

LES YEUX DE.LA FOI

ò¡'oloàu, avcc TryPhon, n' r r9')

ion de I'obiet.

Page 23: Rousselot - les yeux de la foi

468 LES YEUX DE LA FoI

a, et son affinement ne fait pas qu'on puisse se lancer liþre-

ment dans l'adhésion totale réclamée par le christianisme,

c;est-à-dire par une doct;ine qui prétend iuger, en supérieure,

le principe même de la moralité.Il faut donc de toute nécessité avoir recours à une habitude

affective iqfuse, qui, nous sympathisant à I'être surnaturel, dtr

même coup qu'elle nous établit dans l'amour libre d'un bien

désirable, suscite en nous une nouvelte faculté de voir. Est=il

d'ailleurs nécessaire, Pour Prouver que cette symPathisation

surnaturelle est requise, de prendre ce circuit qui passe par

une note spéciale de I'acte de foi, sa liberté ? C'est la loi géné-

rale de toute connaissance, qu'il faut une communauté de

nature entre le sujet et i'obiet. On dit, en termes de scolas-

tique, que I, < objet formel > d'une faculté définit cette faculté

et ne peut être saisi par nulle autre; en mots plus modernes

cela sþnifie que toute science perçue requiert une science

p.r."piiu. correspondante' - ou encore' que le sujet doit en

q"elqo" manière s'apercevoir tel, poat se former I'idée de

l;obiet. com me tel r-ou encore' que? sous toute connaissance de

l,obiet'par représentation, se cache ou se montre une connais-

sance dL l'obfet Par attraction, par sympathie' par sentiment. d,unequaliré.- L'application dece principe àlaprésente matière

peut prendre Ia forme du syllogisme que voici : L'homme ne

þ.ot uoir les choses sous la raison formelle d'être surnaturel r,

qo" p"t urie faculté surnaturelle. Or, on ne peut adhérer de

fãi cårtaine aux obiets de la révélation qu'en les connaissant

sous la raison formelie d'être surnaturel. Donc, une faculté

surnaturelle est requise pour adhérer de foi certaine aux obiets

de la révélation. Lã maieure découle immédiatement du prin-

cipe que nous avons posé. La mineure se Prouve ainsi : la spé-

ciã."iioo de I'obiet formel de toute intellection enferme essen-

.r.onconçoitbienqu'ilslagiticinondelaconnaissanceréflexedeI'être surnaturel comme tel (qui est une notion technique), mais d-e sa con-

. ".itt*t. spontanée (tanquam tationis sub qua)r,à' laquelle il.faut com-' ;;;;;;;""s'l'intellectìon naturelle, non I'idée d'être que considèrent les

. itritoíopues,.mais celle doat usent tous les hommes, capables ou non de

savante abstraction.

LES YEUX DE LÀ FOI

tiellement l'expression du rappo¡t de I'être à la fin(puisque l'intelligence est précisément appétit de lasuprême, Fin dernière des esprits). Donc, adhérer .auxde la révélation sous la raison formelle d'être haffirmer implicitement qu'ils appartiennent à I'ordreet, par conséquent, ne pas les entendrel en terrnes plus s

affirmer les vérités de Ia foi sans avoir été touché.par la <

tion céleste, c'est prendre ces vérités en un sens qui n'celui où f)ieu les ditt.

Concluons donc que, comme pour voir il faut,,dcomme pour percevoir les choses sous la raison d'êtrecette sympathie naturelle avec l'être total, qui s'appellegence, ainsi, pour croire, il faut avoir avec l'objet

...croyance cette sympathie spirituelle qui s'appelle la'gnaturelle de foi.

***Qu'il soit permis ^rnaintenant, après tant de disc

abstraites, de ramener un instant l'attention sur les.

et les paroles de lnÉvangile. Sans dóute, la théologietive n'est pas la théologie biblique, et ce n'est pas en qpáragraphes gue I'on peut prétendre donnerune idée

de la conception de la foi chez les Synoptiques et

Jean. Il est iuste pourtant que le lecteur soit invité à

I'impression d'ensemble que l'étude des Évangiles lui asur cette matière, et à juger à part soi ,,laquelletrines en présence lui paraît présenter de ces faits nI'interprétation la plus exacte. C'est pour cela gu'un bref

r, La question scolastique de I' c obiet formel > des vertusrelles, est une de ces controverses quton pourrait être lenté de

comme subtiles et dépourvues dintérêt réel, alors qu'en fait elletermes strictement techniques, le problème capital de lafoi, et en met à vif le point central. - Je crois qu'on doit dire,formel de la foi, qu'à considérer précisément la reprësentatíonrelle, il n'y a point, Itcr se, de diférence entre les notions qu'ontmystères un incrédule et un. croyant; mais.que, si l'on consireprésentation ayeç I'assentìmcnt, la facul¡é surnaturelle définitobiet formel. Orrchez celui qui a la vertu de foi, pourvu qu'il ysentation suffisantc, la représentation ne va pas sans I'

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Page 24: Rousselot - les yeux de la foi

+70. LES YEUX DE LA FOI,la

de qúelques mots et de quelques faits connus de tous ne sera'

pas ici hors de sa place.. t,

, . Est-ce exagéner quede dire qu'on ne trouve point trace, cheø.' .

' les évangélisfes, d'uns:perceptíon de la vérité ou de la crédibi'lité qui aurai.t lieu par les seules forces de [a nature, et qu'un

, acte libre devrait ensuite transformer en adhésion surnatu-' relle ? Non seulement la théorie de la foi qui s'accuse nettement

'. dáns le quatrième Évangile, mais I'ensemble des indices cori-' cordants qu'on peut relever chez les Synoptiques, semble pou-. .voir se résumer en ces trois idées : la conversation terrestre.de

. ,Jésus-Christ est la révélation de Dieu aux hornmes; par les

. sens de la chair, bons et méchants peuvent également percevoir': les parolqs et les æuvres du Christ; mais I'intelligence de ces

' ' .'paroles et de ces æuvres, mais la connaissance qui perçant lachair va iusqu'à l'esprit, mais la découverte du Fils de Dieu

. 'danslê.fiIs del'homme n'est pas lefait de tous, elle est I'apa-' naþedeceuxqui ont bonne volonté. Ceux qui ont bonne volonté,

, ce so'nt ceux -q¡ri

font la volonté du Père céleste, ou bien, - ce

'qui revient au même, + ceux que le Père < entraîîne r¡ pour les, ïU¡ LSYIçI]L ¿U Ll¡çll¡gr. 9Uç ¡ç l. çtç il çI¡Lt4¡r¡ç ,, Pvt

'' .donner à son Fils. La liberté est plus accentuée par les Synop'. - tiques, et la giatuité par saint Jean.

, '1ÐanE I'Iiuangíle, qu:and on ne croit pas, c'est qu'on ne uoitpas.(qu'il faut croire). Devant le fait miraculeux, deuxattitudessoirt mentionnées : ou bien I'on croit, de Ia foi utile, louée parJésus (donc de la foi surnaturelle), ou bien I'on demeure ( sans

., cQmprendre ¡¡ : c'est-à-dire qu'ayant vu se produire un phéno-'. mëne prodigieux, on ne I'interprète pas comme un indice de

la divine mission du Christ. Après la multiplication des pains

et la marche duChrist sur les eaux' ( les disciples, de plus. en

plus¡ s'étoniraient, car ¿/s n'ava'ienl pas cotnrpr¡'s le fait des

painb, mais leur cæur était endurci {. > C'est pourquoi on leurdit : < Vous ne 'voyez pas ? Yous ne comPrenez Pas ? Votrecæur est endurcl.?... Vous ne comprenez pase ? > La disposi'

. tion qu'on leur reproche n'est pas celle d'un homme qui com-

r. Marcr''6, 52.

z. Oüztû¡'voeite oüàè ouvíete;... oü¡to cuvlete i Marc, 8, 17, 2r.

II

,l

'.1

LES YEUX DE LA FOI .. ' +7, '

pîend le miracle comme indice d'une force divine,, et qui refuse

de soumettre sa volon.té, c'edt celle d'un homme qui; spectatèdi : -

d'un fait étonnantr.ne monte pas plus haut, ent"tt. e la con- . .;, '' '

statation brute. Il leur mangue ce qu'en langage technique nous

appelions p erception de l' indice, syntlièse et' assentiment | : c' est "r r

un défaut d'intelligence quion leur reproche. . ì '

Cat, dans l'Éøngile, quand on ne rcìt pasr l'on esl coupable ,. .

de ne pas voir. C'est n dureté de cæur u, de ne pouvoircgmi ,

prendre le miracle. < Si rnême un mort ressuscite, lisons-nous '.. .

ãans saint Luc, ils ne'croiront pas. D Et dans saint Jean : '

< Alors qu'il avait fait tant de miracleåffi --, ilï; '"1;. croyaient pas en lui r. r¡ Cet état de vision matériplle et d'aveu- : "i . ;.

glement spirituel est attribué, et par Jeanretp,ar lesSynoptiques,à I'endtrrcissement prédit pflr Isaie, c'est-à-dire au défaut de

grâce, comme nous dirions. en langage théologique. (, Voici . 'lpourquoi ils ne pouvaient p", .roi.e- : ç'estl gu'Isaie a dit : i -

.

Il a aveuglé leurs yeux, i[ a endurci leur cæur' etc. r < Je ," ]

vous ai parlé, - lisons-nous encore dans le quatrième Évan.gile, et oou, n. qoyez pas. Les æuvres que ie fais au nom äe

mon père rendent térìioignage de mgi, mais vous, vous ne

,1

crofe< pas) parce que vous n'ê(es pa,s d,e mei brebis.Mes brebis,' '

. '

:

elles, entendent ma voix¿. > Ledernier texte est, .omtn'e Òn sàit, .

I'un de ceux sur lesquels s'appuient ceux qui, parlent du< déterminisme johannique ¡l ; quelle que soit I'exagération de : ,"cet(e théorie, personne ne peut nier, et un catholique doit être t

lepremieràreconnaîtrequ'iJya, seloç saintJean, une différence''.." " "

qu'on peut appeler physique eptre les fils du diable et ceux quisont nés de Dieu: C'äst:ce que nous appelons.la filiationr..I'adoption divine; c'est une'nouvelle nature, la grâce sancti:'fiante, qui nous fait croiie c'est-à-dire voir dans le monde '"

visible des signes du monde surnaturelrSuivant l'Êttanoile. enfrn. un rien det

et, ce qui revient au mêrne, à faire croire. Là est le fondementSuivant l'Êuangile,, enfrn, un rien deprait suffire àfaire rcir, ' i¡'t

'itl'

t. Rechcrche.r, n. 3, p. z5l sqq. - z. Luc., 16,31 ; Jean, n';37.3. Jean, 12,4o.i cf. Mat., r3r.r4i Mgc.r 4, rzlLuc.r 8, ro.

.

4. Jean, torz5-27.

Page 25: Rousselot - les yeux de la foi

+72 LES YEUX DE LA FOI

scripturaire de ce que nous avons dit plus haut l, que,plus,I'arnour de Dieu est vivant dans une âme, plus il lui suffit d'un;léger indice pour discerner la vérité: En saint Mathieur comme.:len saint Jean, on blâme ceux qui veulent des miraclese. Cen'est pas que les miracles ne prouvent la mission du Christ,mais c'est que, si les hommes étaient mieux disposés. ils,pourraient le reconnaîte à des indices plu.s ténus et plus sub-tils : tels sont ( les signes des temps 3 >, telle est la d.octrinemême que Jésus prêche : c'est quand elle ne suffit pas à pérsua-der, qu'il renvoie à ses miracles 4. Les purs n'ont qu'à agirpurement pour connaître que le Christ dit vrai6.

La faute des Juifs semble donc consister en ceci, que, spec-tateurs de la vie humaine du Christ, ils n'ont pas voulu voir,,qu'il était le Fils de Dieu : si Jésus n'était pas venu en chair,s'ils n'avaient pas eu ce merveilleux spectacle, o ils n'auraientpoint de péché 6 o. Au contraire, ceux qui sont illuminés, ceuxqui croient, n'en restent pas à la vision charnelle, mais recon-naissent le Fils de Dieu. Comme dit saint Jean, en le contem-,plant, ils contemplent celui qui I'a envoyé; en le voyantt ils

.voient le Père ?. Pourquoi voient-ils ? parce qu'ils ont recu duCiel une intelligence nouvelle , tÉà,oxsv d¡r.îv àudvorav. Sans cettecéleste faculté, croire, semble-t-il, est impossible. Ils.ne pou-aaient pas croire, dit tout uniment l'Évangéliste a. En ce pointr-saintPaul lui fera échoe. Mais nous ne pouvons mêmeeffleurerIa théorie de la foi du grand apôtre. Qu'elle nous apporterait-pourtant de témoignages, depuis le passage célèbre sui. ler voile > qui couvre le cæur des Juifs r0, jusgu'à ce mot divi.

t, Recherches. n. 3, p. 258-259.z. Mal., tz,39:1eve& rovripù xaì ¡rorXølìç d4p€îov èzr(qteî... cf. 16, 4, et

Marc, 8, ¡ z. - Jean, 4, 48 : Ê,ìv þù o¡peî¿ xa\ tépara iô¡re, oü ¡rl :rroreúar¡tc.3. Mat., 16, 3; cf. Luc., rz,56. - 4. Jean, t4, rr.

. 5. Luc., rz, 57 : d 8è xeì dg' éøurõv oô xpí,'e.ce tà âlxcrov ; - Jean, Z t 17 ii:d,v r¿c 04À¡ tèr 0d).4¡rtr aútoõ rrorcîv, 1vócercr negì rle ðrôa1frç.

6. Jean, t5, zz, et comparer g, 3g-4t à rzr 4o, - 7. Jean, rz, 45. t4, g,8. O¿x rlåtJvavto tcr,ore(te¿v. Jean, rz, 39.

9. r Cor., z, 14, 16: Vultxòç ôè ðv0ptoroç... ori ôúvørø¿ põvø,... i¡reîeroüv Xgrctoü Ë7.o¡rev. - ¡o. 2 Cor., 3.

'?

l¡¡ ..;.J¡,,,t,t:

ì

.i

LES YEUX DE LA FOI

nement juste sur les hommeò qui se Perdent ( Ppur npas accueilli I'amour de Ia vérité r > !

La conception de la foi purement rationnelle a ieténous des racines si tenaces, que, même chez ceux peut

qui la doctrine esquissée dans ces pages ne déplaira,qui sentiraieht un soulagement à alléger notre théologie

notion peu conforme à la raison et à I'expérience,, pl

appréhensions ou difficultés pourront s'élever. Terminonsen prévenant quelqugs objections.

On ne nous reprochera pas, i'espère, Parce que nous d

que la raison naturelle est inhabile à percevoir certai

les preuves äe la foi, d'avoir dit que la foi n'a pas de pre

Nous avonsassez insisté sur le rôle des indices extérieu

signes rre manquent pas à l'Église; elle ne manqúe

preuves, elle en regorge; tout dans le monde Prouve I'

ce sont les intelligences qui rnanquent aux Preuvesr et I'o

ici reprendre un mot que saint Augustin a dit d'une

l'Évangile: Nihíl igitur uacat, ornnia innuunt, sed intelrem requirunte.

r. z Thess., z, rcl èv r&anù.nrir1 dôtxlaç toîç dnoÌIu¡révorç, dv0'

***

å1dær¡v tfrç d,}r¡0eíøc oüx Eôélavto.'2. In Joannem'lÍ.24n. 6. P. L.35. r595. Cf. tr' ¡8, n''-Il n'y a p"ilieo d'invoquer ici, pour montrer que la dé

doit pouvoir faire par les seules lumières naturelles. la proposition

, fit soiscrire à Bautain : a Quamvis debilis et obscura reddita si

per peccâtum originale, remansit tamen in ea sat claritatis et

ão."t not cum certitudine ad ersistentiam Dei, ad revela

(Denzinger, op. cít, 16z7.l On pourrait ø priori répondre que, Iprosctitã étant le traditionalisme, le mot rzr'sor s'oppose ici à la tr¡

non à I'illumination intérieure et subiective des âmes' Il y a

documents positifs appuient cette ir¡terprétation. La déclaçation

rieurê, que -Bautain

souscrivit en 1844 sur I'ordre de la S' C' de

ques åt-Réguliers, {istingue les vérités naturelles' comme l'erist¡

öieu, dcsquilles elle prononce qu'on les peut connaître < av1c. la

seute.,. avec les seulerlumières de la droite raison r, des'motifs

bilité, à propos desquels eile n'emploie aucun semblable. terme

ff, öenzìngir, op. cít., P, 434, note.) Enfin, dans les rhèses s

178

voir

à

éttun'e

eurs

ves.

Less'de

peutde

v,tùv

ít. Ibid. 1543.se

qu'onratio

ut.. I

11Ve-

de

crédi-

Page 26: Rousselot - les yeux de la foi

LES YEUX DE LA FOI

Mais, qous djra-t-on peut-être, poussant les chosesrI'extrême par un louable sóuci de clarté, supposons qu'rprophète ressuscite un mort pour prouver que ses dires sond,divinement garantis; l'intelligence des sþectateurs ne serait-elle pas naturellement convaincue qu'ils sont en présenced'une attestation du Dizu infaillible I ? - L'exemple est clair, etfort propre à mettre en lumière ce qui nous sépare des théolo-:giens que nous nous permettons de contredire. Nous n'avongpoint besoin de recourir, comme beaucoup I'ont ingénieuserment fait2, aux mille raisons de douterque la paresse et lalégèreré humaine pourraient accumuler en pareil cas; é'estdans le caractère surnaturel de la vérité annoncée que noustrouvons notre motif de nier la possibililé d'un légitime assen-timent. - Mais rien ne m4nque à l'assentiment, ni l'intelligenceîdes termes, ni la certitude de la connexion ! - Il manque un suiet'apte à voir, une faculté capable d'opérer la synthèse, et tqutmanque par là. La synthèse est irréductible aux élémentsslrnthétisés. Quelle voie prendra I'esprit dérouté devalt le pro-dige qu'on suppose ? Celle d'un doute sur le fait ? Celle d'unipréférence de I'expérience ordinaire et endorrnante au phéno:nrène exceptionnel er stimulant ? Celle de I'affirmation té¡né:raire d'une vérité prise à contresens ? Je I'ignore, et peuimporte; mais une voie lui est fermée, celle de I'affirmation!légitime.

Il faut enfin observer que la nécessité d'un secours spéciallet gratuit pour la perception en guesrion tient à l'état potentiéilde I'homme en sa vie d'épreuve, de I'hornme < voyageur ú.Daemones credunt, et contremiscunt! La connaissance d'un,esprit parvenu au terme, et qui a conscience directe de sonrapport,à la Fin dernière ne doit pas être conçue comrr¡e

par Bonnetty, c'est une addition erplicite : a Rationis usus fidem prae-cedit et ad e¿im hominem ope revelationis et gratíae conCucit..¡ (Qp. c.iy:

r 65 r.)¡. V. Gardeil, Ia Crédìbilité, p. 73-96, et Dictíonnaire de théologíe

catholique, s. v. Crëdibilité, col. zzrí.sqg. ,'a. Lugo, De virtutefideí dfuìnae, disp. II, sect. r, î.,22 sqq., 47;

Hugueny, Reyue thomíste, mai-juin r9o9r et d'autres.

LES YEUX DS I.A, TOT +7,

< libre > à la façon de la nôtre, mais comme toute pénétrée.

d'affection. L'ange ou le bienheureux voit Dieu, autant qutil

!'aimet; le démon croit e en tant que, tendant à Dieu de toutEsa nature, it lent que toute sa personne en est repoussée. Lesurnaturel le pénètre i mais il le sent, comme on I'a dit, ert

creux. C'est ainsi que cette question de la < foi des démons >r. 'qui peut sembler si archalque et si bizarre, sert, elle aussi, à

faire ressortir la différence des deux conceptions de la connais-sance q'ui nécessairement se heurtent tout le long du traité de

la Foi. Pour les uns, I'intelligence se garnit de doubles intelli-gibles des choses, et ces représentations ne, sonf pas modifiées

intrinsèquement pat le dynamisme total du suiet; pour les

autres, ce qu'il f a de plus cognaissant dans la connaisqance

dépend cssentiellement du rapport du sujet à sa fin dernière.

Paris.

¡. Cf. S. Thomgs, r Q ra a 6.

Prpnne ROUSSELOT.'

z. Il s'agit ici d'assigner Ia raison de I'assentir¡rent commÊ tel, et nonpas celle de la connaissance des différents dogmes délerminés. Sur ce der-nier point, !e ne vois pas qu'il y ait rien à aiouter à ce que dit saint Tho-mas (2¡ ,. q 5 a z.) Mais les deux questions sont distinctes, dans le cas

présent çomme dans le casétudié plus haut (cf. p. 46o et n. z.)

Page 27: Rousselot - les yeux de la foi

I

REMARQUES SUR L'HIST.OIREREMARQUES SUR L',HIST.OIRE ï, i ,.

DE LA NOTION,DE FOI NATURELLE : :

' l ti t' l :

-

1:iComme nous l'avons indiqué dans une précédente livraisoq

d.esRec/¿erches (rgto, n. 3, p. 245, note), ce qui distingue le] - .¡. :plus profondément les théories modérnes de l'acte de foi, dans] .1: .l.la théologie.catholique,.des théories anciennes, c'est que les] : '

I ;

théologiens modernes admette4t,communément l'existence aui, .' ,.': i,moins fossible ouþien: f concune**,¿nt avec la foi surnatu¡e["]' : " -. iinfuse, d'une foi acquise p"r'1". seirles lumières de la raïsg"] . :::naturelle, et ,pourtant certaine objåctivement; :- ou bien : ',..zo antéüeutentent à l'acte de foi, d'une conviction du fait de la ;i

T.QUES SUR L'HIST.OIRE ï: i ,.I '\ 'j.1

DE LA NOTION, DE FOI NATURELL! : .

'I

révélation paçeillement acquise par la raison seule. Ce sont làdeux fcrmes légèrement différentes d'uqe même conceptio,ndualiste de la foi, conception qu'en pourrait appeler sans],injustice la conception moderne,ou bien encore, comme nous lelmontrerons, la conception scotist€¡ - êt qui s'oppose à l'an

]

cíenne théorie, celle de: saint Augustin et de. saint Thomaslaquelle, pour la per-titude légitime, de l'assentiment de foi,]¡equiert essentiellement'une grâce. A la ûn dç la npte p¡éçi-]

, tée, nous avions annoncé une étgde sur les origjnes de cettef'théorie dualiste. Nous avons appris depuis lors qu'un travailexhaustif se préparait sur la théologie de l'acte dg fqi ay] ,

;moyen âge. M. Ligeard en a déjà donné une,page ici même(Recherches, IgI I , n. 4) dans son Røtionalisttte de Piene Abé-l.lard. Noas n'avions pas songé à faire état du texte famegxciu'il cite et restitue, mais sa conclusion sur la marche gépé- i

-

rale des doctrines était exactement celle que nous nous étions

"åntérieurement forméer. - T es.euelques remaiques que nous

r. H. Ligeard, loc. cit:.i,'p.396 : r. II imagin4 donc de {is,tinguer,.{1g¡lâ production de I'acte de foi, deux moments ayant chaiun leur,caraç-

Rrcsencr¡rg tcrENcE REL,

Page 28: Rousselot - les yeux de la foi

REMARQUES SUR L'HISTOIRE

proposons aujourdlhui n'auront plus, sans doute, qu'un faible'

intérêt quand son travail complet aura paru' Mais il règne

sur toute cette question. un malentendu si irritant et si tenace;

mais on accuse si persévéramment - et de la meilleure foi du

.monde, 7.c€llx qui jugent que la foi n'est raisonnable que

quand elle est surnaturelle, d'en compromettre ou d'en nier la

rationalité, que nous n'hésitons pas à offrir au lecteur théolo-

lien et courageux ce mélange peu attrayant de réflexion et de'

textes.

I

Tout le monde reconnaît que les anciens Pèresl ne se sont

pas posé la question de la foi naturelle, au moins dans les

t"r*.. précis où nous venons de la formuler. Il y a de cela'

plusieuis raisons; la principale est que, s'ils ont fort bien su

que la raison peut trouver de certaines vérités par ses propres

forces, tandis que d'autres ne lui sont connues que par la révé-.

lation chrétienne, ils n'ont pourtant pris ni le même soin ni lemême intérêt que les scolastiques à marquer les limites des

ãeux domaines. Cest donc en vain que pour prouver que la

foi ou la crédibilité purement rationnelle sont des notions

patristiques, on alléguerait ces textes orì les écrivains des pre-

tère spéciûque, .A,u début, interviendrait une démonstration stricte-'ment iationnelle, æuvre exclusive de f intelligence : la grâce, survenant

eosuite, transformerait ce premier acte et engendrerait ainsi la foi sur-"

natureiie, libre et méritoire. ¡¡ - Ensuite, M. Ligeard parle tt d'autres

tentatives )) et te Domme qurHermès, comme s'il ne stagissait que'd,essais isolés. Pourquoi dissimuler que plusieurs théologiens mo-'

dernes, - qui connaissent drailleurs parfaitement le 5' canon De Fìde

(Denzinger-Bannwart, r8r4) et que les Pères du- Concile n'out pâs

ìirér, --.oittinuent de vouloir < grefier un acte libre sur une démon-.

stration nécessitante de la foi révélé'e rr ?

¡.OnneditrieniciduNouveauTestamentrausujetduquelona'formulénaguère(Recherches,n.5,p'+6g-+23)quelquesréflexionsquise,présentent d'elles-mêmes à l'esprit' On signalera du moins' Pour"

oriãnter dans la conceptioû néo-testamentaire, un article suggestif de.

M. Lacey sur'les deux éléments de la foi d,après saint Jean (The t'wo,

' uitnissci, dans le lournøl of theotogical Stud'ies, octobre l9o9r-p.'55-6o).

DE LA NOTION DU FOI NATURELLE ', .'

:miers siècles annoncent qu'ils vont prouver la parfaite ratio-

,nalité de la foi chrétienne. Ces textes, qui sont très nombreux¡Ì

,n'entament pasla question même d'une ligne. En effet, nul.nê

s'étonne d'entendre le même auteur ancien, à la page peut-

être où il a fait une déclaration de ce genre, attribuer à l'inspilration divine la connaissance, non seulement des dogmes.

chrétiens, mais encore des vérités morales et philosophiqupsr"

ou bien entreprendre de démontrer, non seulement la cré4ibi'-.

.lité, mais les mystères. Cette indécision touchant la disti'çr*'tion des 'deux domaines est caractéristique de la théologie., r,

,antique : ceux-là même le reconnaissent de fort bonne gràce,

qui sont partisans de la crédibilité purement rationnelle et Ie , \,,flus désireux d'en relever quelquq trace dans l'antiquité 1.

,'

Mais, indépendamment même de l'iàprécision susdite, le fait: . ".qu'un åuteur affi.rme avec vigueur le bien-fondé rationnel de, . :'lafoichrétiennen,autoriseaucunementàdirequ,ilnecroitpas la grâce nécessaire pour la lerce(tion de ces preu'ves, .., ,

toutes valables qu'elles sont. Si parfois les Pères ne parlent ' ':

que des preuves de notre cféance et semblent ainsi tou-! plon- i r:

,gés dans l'objet; si parfois ils ne parlent que de la grâce etne ,- .'

paraissent voir que le sujet; souvent aussi ils distinguent avec '.t.:1.

une netteté parfaite, dans l'unité d'un acte divin et humain-. , ,, *,

tout ensemble, les deux éléments constitutifs de la foir cathg: , ì'Jique: l'expériencehumaine, <rI'ouie r, fournit lematérieldsl¿: " : rì'.'

preuve, et la grâce illuminante donne l'intelligence, la pe¡ce,p¡. ii,ition fait opérer la synthèse. Saint Augustin, par exemple, dit" t,ll,l

avec beaucoup de précision et de délicatesse : ' '' . - -:

Et si ab hominibus audiunt, tamen quod intelligunt, intus datur, ,

intus coruscat, intus revelatur' Quid faciunt homines foripsecus' :'

,.annuntiantçs? Quid facio ego modo cum loquor? Strepitum verbo'rrum ingero auribus vestris. Nisi ergo revelet ille qui intus est, quid

.

dico, aut quid loquor? Exterior.cultor arboris, interior est Creator.,'(In loønncnt tr, 26, n. 7 . P.L,35. 16o9-16ro ¡.)

|

¡. V. le R. P. Gardeil dans le Dictionnaíre d.e théologie catholìguer'..art. Crédibilité, col. zz4o,

z. Il faut remarquer sur ce passage, et sur d'autres semblables, que'la raison uaturelle n'y est pas mentionnée; mais, suivant l'usage orâ-

Page 29: Rousselot - les yeux de la foi

' ¡'!

tÏ. REMARQUBS'SUn L'HrsrolRE. ' ;' on rêlèverait facilement' cent textes de même genre cher

,

' . leS;Pèresr et dans la littérature des siècles uogoJi4i.rrs du.

d'éêhantillon; '

fait très bien comprendre ra concepiion orgo--: nþre de lracte de foi, si.différente de la théorie duøliste :td., . . lumière surnatureile qui vivite l'intelrigence, éclaire immédia-, '

tement Ia parole entenduq, sans que ,à'i, ,r¿"".rd;;r";;"' soit même conçu comme possibre |assentiment purement natu-"

.rel à la divine vérité. La ruruière de giáce co)sütue tintetti_

gence luissancè propre Qe tacte de croire.

'toire;.saint Augustin rapporte avx sens ce qui est de r,homme Dature¡(srnorrt','.aerborum íngero ^xtevsøestrìs).

Mais son inteot¡oo "rt

ui"ri' claire: il ne nie point que lrhomme, sans la grâce, puisse "r,â"h", uosens à'la prédication qu,il enteDd; il ne ait poi"i qu,il nry ;;;t_' qu'un bruit de paroles comrne ferait un animal ,"o, ,"iroo , ii a'i, q.r"r.

. . san'la grâce, lrhomme De peut percevoir la prédication de cettã-façon.touchaute et intime qui fait croire, donner son asseDtiment,

, l: Y, J. Martin, dans I'Apàtogëtique trad.ìtìonnelle, et IeR. p. Gar:deil, dans l'article crédibitìté cité prus haut, ont donné deux "iü"'. colle'ctions de textes se rapportant à cette matière. - u" .n"pi,r" lì. , saint Jean. Damascène a été invoqué dans la somme rareri"oo"j"i ui"o,. souveDt denlis, comme donnant u¿ fondement patristique à la notion'de foi naturelle. Mais I'auteur y distingue simplement tã roi ¿e l,esné_

rãncë ou co'ûance. Voici le texte (De-Fid,e orihod.oxø. IV. ¡o. "

i. õì,;-trzl):. 'H ¡révtor *ío11jrzri èo*v.*ào".1a ? ".;,; ëi;i;ri; ¿r"l-"i ,¿p' "õ.! 0¡íorv 1g-caõv, æroterlo¡r.ev tî ôrôacxc1íç' toi &1íou ,r".ú¡ro"or. ,ùr¡'¡i

:11ï,_":.ii "it toiç (Épyotç).,. êctt. ðè æúlrv æíorrç ålzrr(o¡.r,évov rlædoraæç, '

.TPWÉ*tt, Ëìe1¡¿o; oú_ pl.ezropévrov, I dôícraxroç xøl dErdxpitoc ê),rrìc tõv t¿

Stï.j ¡*:l Ërc¡11eì¡révtov, xcì tlc tõv aitr{oeorv ¡pa,i a","rli;ç.-t, fr¡,. orlv.æpóq, tis f¡¡retépcç pó¡rzrs Carì, i¡ ôè ôcutépø,"tõ, Xnp,á¡ri"ru "oU. "t{F,Ilo!:;Ledébut-" parrit assez ctair pour dissipe, tåï, fL, doures

qì¡e pour,raient faire naitre les derniers mots.. z'. voTci uû passage d'Hermann, juif converti áe cologne (xrr" siècre),: qriT rappelle d'une façon fra¡ipãnte cerui de .saint eJ!"rìio : < Ego.

autem saluberrima eorum monita tanquam surdus nãn audiebam,..S":Tdg aures,,,quas ia suo Evangelio Dominus requirebat, dicens.:l' ,g*í habct aures audiendi, aud,ìat, aures videlicet cordi-s,

"rrr", iot"u""-- : tualcs aon habebam. Et quod spirituari auditu carebaå,

"", q,r""

"or-. porali solum aure þerceperam; coûtemnebam, r (Oþusc, ile suø conztcr_. 'siote. P. L. r7o,8zz D.Çf.,8rz D, gr4 B.)

DE I.A NOTION DE FOI NATURELLE

" Passons maintenant à la.première moitié du treizièet considérons-y- trois æuvres théologiques d,un grànd,la Somme de Guillaume d'Auxerre,le De Fide de. Gad'Auverþne, et la Somme d'Alexa4dre.de.H'alèsr. Nouterons des textes bien connu!, mais nous'tâcherons dlIigner.la pensée principale. Négligeant à" dessein,dç fiaits notables ou curieux dans les théories de.la,posées parnos trois écrivains; nous nous attacheronsment à faire ressortir llobjet qui nous occupe, à savoirception nouvelle d'ane double {tn qui leur semblepour sauvegarder les deux éléments traditionnels (don exté:rieur et grâce intérieure) dont jadis, au contraire,acte de foi opérait précisément l'union. Toute gaucheen ces débuts, la théorie. de la double foi s'y montre à

II

mete,naive

iels,jours-

Accidentalis cognitio Dei triplex est, dit Guillaume dlQuoniam quaedam est quae acquiritur per naturales rationeshabuerunt philosophi, Est alia quae innititur iestimoàiisrarum vel miraculorum et haec est frdes informis. Tertia estguae est per illuminationem quando lux vera illuminat ani .ad.videndum se et alia spiritualia, et talis cognitio est fides gratui Quae,dicit in corde hominis : iam non propterrationem naturalem

vert; dans son fond pourtant, dans ses postulatselle est telle alors qu'elle sera plus tard, et jusqu'à

propterillud quod video r. Quoniam tali cognitione ädveniente

augmentant eam quantum ad suum motum... (Sammaaurca,tr. 3, q. 4, éd. Paris, r5oo, fol. cxxxrlr, recto.)

sed..ntit. '

anima primae veritati propter se et super omnia, tali itioirepereunt omnes aliae cognitiones accidentales, et quantum ad metquantum ad habitum, licet qqidam dicant guod non pereant q ntumad habitum, sed tantum quantum ad actum, sed hoq est fals .. . et,ita cum fides adest iam non est (h)abilis homo ad credend 4 perrationes quas prius habebat. Sed illae rationes non in eofidem, sed, gratuitam fidem confirmant et augmentant, sicu bene-frcia temporalia non faciunt in homine caritatem, sed eh

I. rll,

r. Cp. dans un des arguments seil contra qui précèdent

Page 30: Rousselot - les yeux de la foi

6 REMARQUES SUR L'HISTOIRE

On peut noter dans ce passage que Guillaume oppose fae

informe etfoi gratuile, alors que, dans la théologie postérieure,la foi informe est une foi produite par la grâce, mais séparée,de lacharité. Mais ce qui doit surtout attirer l'attention, c'est

Ja persuasion où est I'auteur que I'intelligence des témoi-'gnages et des miracles ne peut être, en un.sens réel, cause de

la foi, sans que celle-ci cesse de'reposer absolument, comme.elle doit, sur la vérité divine. Aussi Guillaume est bien d'ac-cord avec lui-même s'il enseigne ailleurs, er¡levant à la vraieconnaissance de foi toute relation aux signes, qu'elle trouvedans les dogmes mêmes, dans les << articles ¡r déterminés, ses

raisons d'y croire, tôut comme, en philosophie, I'intäIigencevoit, dans les principes mêmes, la raison d'afû.rmer les prin-cipesf. < S'appuyer sur les miracles >t s'o/pose, pour lui, à

¡¡ croire en Dieu. l., Ce qui paraît au premier abord le plus étrange dans le sys-

'tion : < Hoc fuit signatum per Samaritanam cui dixeruut Samaritani :

iam non þroþter te credimus, sed quìa iþsì ttidìmus et aud'ìuimus, Sama-ritana signiûcat rationem naturalem, Samaritani venientes ad fidemriovlter. Quoniam venientes ad .ûdem noviter dicunt rationi naturali :

iam *on þroþter te credímus, sed guìa iþsi ttìd.ìmus per fidem. rr

t. Summø aurca, même traité, q. r, fol. cxxxl verso : ( Dicitur fidesar,guurentum non apparentium propter articulos ûdei qui sunt prin-cipia ûdei per se nota. Unde ûdes sive fidelis respuit eorum proba-tionem. Fides enim quia soli veritati innititur in ipsis articulis invenitcausam quare credat eis, scilitet Deum; sicut in alia facultate lc'est-à-i,.iqq e,n þhilosoþhief intellectus in hoc principio : Omne totum estrnaìus

,saa...þartet causam invenit per quam cogooscit illud; qrtoniam si intheologia non essent principia, non esset ars vel scientia. Habet ergoprincipia, scilicet articulos, qui tamen solis fidelibus sunt principia,quit,us ûdelibus sunt per se nota, non extrinsecus aliqua probationeindigeutia. Sicut enim boc principium : Ornne totum est tnaius sua

þarte, habet aliquantam illuminationem per modum Daturae illumi-.nautis intellectum, ita hoc principium : Deus est rentuneratot ontnìumôonorum, et alii articuli, habent in se illuminationem per modum gra-tiae quo Deus illuminat iutellectum. , CP. la théorie d"u discerniculume1þqiìmentate, déjà mentionnée par nous. (Recherches, l9ro, n' 5,

p. 4fu, n. z.) Il se peut, cependant, que Guillaume ne veuille parler ici'que de l'adhésion actuelle à tel ou tel (( article l, la foi à l'ensemblede la religion une fois obtenue, et c'est pourquoi I'on a usé dans Ietexte d'une expression dubitative.

DE LA NOTION DE FOI NATURELLE 7

.tème de Guillaume d'Auxerre, c'est l'opposition, I'incompati-bilité des deux fois; ce qui y est, en réalité, le plus nouveauet le plus notable, c'est, tout simplement, encore un coup, leurdualité. La vue du miracle ou I'intelligence de l'É,irituieoffusque maintenant ta lumière de grâce; tandis qo"'.t", säioiAugustin jadis, comme plus tard cliez saint Thomas, c'était lalumière de grâce qui faisait aoir, qui faisait comþrendre, lemiracle ou la parole de Dieu. ' i

. ., 1

Guillaume d'Auvergne distingue deux fois, la foi vivantgi¡la.foimorte.çDeFide,cap.t,adû.n.Paris,l674,t.I,pi.1,.'col.z); il dit de la dernière: <t Nec virtus, necvirtuosaÇstr.:sç[,:"- ,"

est opinabilis apprehensio > (loc. cit., D); et il semble afûrmer . '. ,,.

ailleurs (p. 6, col, z, F) que pour croire la vérité du chiiå-..1 i:tianisme, il faut absolument la bonne volonté et la grâce. p$

. , ,

n'est donc point en cela qu'il annonce la nouvelle école.,Mäif ., ,,

dans I'opposition qu'il établit entre la croyance qui viendrait , );

des signes et la foi méritoire qui vient de Dieu,, on retrouve en. " . ,-::plein le préjugé auquel était asservi Guillaume d'Auxerre. Ilnevoitpaqcommentunmêmeactesynthétise,leplusaisé-ment du monde, les deux éléments. Il dit que les preuíes dimi- ',

nuent le mérite (c'est son opinion sans doute que vise saintThomas,2u2*,9.2'a.Io,ad.r)etquelafoineseraitpa.svertueuse si l'objet n'en était pas r< improbable r. Voici, dgreste, comment il s'explique, en deux paraboles où l'on got-tera la jolie abondance de son style :

, , . ,,

Intellectus humanus... in se ipso inûrmus est et noh stans persemetipsum... fulcitur autem infirmitas ipsius interdum evidentiaveritatis, plerumque probationibus aut suasionibus, quandoquesignis, et cum debilis fuerit vel levis ¡atiocinatio, hoc est probatiovel suasio, non innititur.ei confidenter, sed quodammodo se retinet"timens ne non satis fortis sit ad sustentandum ipsum. Et propter hocmanifestum est, quia ipse utitur huiusmodi fulturis, seu suppodia-culis, quemadmodum baculo debili et fragili, cui neque sine timoreneque totaliter innititur gestans ipsum. Evidentia àutem veritatis, etprobatio demonstrativa, fortissima fulcimenta ipsius sunt, et,tan-quam baculi inflexibiles et infrangibiles, nullaque ex parte nutantes.

Page 31: Rousselot - les yeux de la foi

8 REMARQUES SUR L'HISTOIRE

Manifestum.igitur est tibi ex his, quia intellectus non quaerit huius-oodi fulcimenta, nisi ex infi.rmitate et debilitate sua; et quia intel-lectus philosophans est sicut viator ambulans... adiutorio baculi se.iransferens... baculus autem cuius adminiculo ita adambulat, ettransilit, demonstratio est, sive probatio demonstrativa. Intellectus' ¿utem qui virtute propria credit, nec requirit huiusmodi fulturas,nec illis indiget, magis fortis est magisque firmus, quia propria virtuteet firmitate nititur, quam qui aliena; quapropter magisfirmiter creditquam ille. (Loc, cit., câp. r, p. 4, col. z, GH.), Debes etiam scire, quia intellectus requirens ea quae supra diximus,

est sicut venditor incredulus, qui emptori non aliter credit, nisipignus vel cautionem vel securitatem det ipsi, et probatio sive suasio

. ,ut pignus est et cautio securitatis, sine qua non credit huiusmodi'intellectus... Notum autem est tibi, quia exactio pignoris aut alterius.cautionis, non est nisi ex parvitate seu debilitate credulitatis aut exdefectu ipsius : quare manifestum est intellectum exactorem huius-

. modi pignoris et securitatum, videlicet probationum, suasionum,signorum, esse credulitate infrrmum aut incredulum...; manifestumetiam est tibi, quia magnitudo et multitudo pignorum in domo ven-ditoris, etsi securitatem ipsi faciant, signa tamen sunt et testimonia

' ,incredulitatis ipsius : sic pignora et securitates probationu m. . . (Ibid, ,

, p. 5, col. r, AB.)

Jdsais bien que l'évêque de Paris parle ensuite des miracles

. gui'prouvent la foi chrétienne (p. 8, col.2, G, surtout chap. IrI,p. 16r'col. r, BC); je sais bien qu'il sent confusément (comme

' Guiilauire d'Auxerre) que I'imperfection réside précisémentnon dans l'usage des preuves, mais dans la défi.ance vis-à-visde Dieu (quodarnmodo se retinel, tirnens...)l et qu'il blâmequelque part lafoi qui s'y appuie, en ajoutant: < S1... propterhoc solummodo credetevttur. t (P. 7, col. l, C.)

r.. Que .l'intelligence ait besoin de preuves, distinctes de la véritémêmg à laquelle elle croit, c'est assurémeût un effet de sa présente fai-blesse. Aqssi, moins I'esprit est bien disposé, plus il a besoin d'ungrand signe. (Recherchesr r9ro, n. 3, p, 258-259.) Mais le besoin d'un

- signe quelconqüe ne provient pas dtune indisposition þersonnetlermais.de l'état naturel de l'humanité tout entière, telle qu'ell.e est aujour-' d'hui. De plus, la multitude des preuves possédéeJ ne diminue pas,'de soi, r< la promptitude de la volonté à croire r, ni donc le mérite,comme saint Thomas le montre à propos des explications des dogmes' pa{.les théologiens. ,(z'2", q.2, a. to.)

DE LA NOTION DE FOI NATURELLE

Mais tout cela ne peut faire oublier un fait certaipar un texte clair. Il a þoussé assez loin la séparagráce gui fait croire et t objet fuoþte de t esprit , y'our.erclsément de la foi le rnotif de la øérøcitë diuine.Il écrit

Pides haec est digna Deo credulitas, qua ei, scilicedignum et iustum est creditur, hoc est sine omni pignore etscilicet gratis et obedienter, et non propter hoc guia lrelarc.caerurn est guod, ipse loguitur; sic enim crederetur homini cucol. r, A).

' Supprimer r< tout gage et toute caulion r signiû.eûn de compte, exclure du motif formel de la foi ladivine. Inutile de rappeler que cette idée n,qst pastraire au concile du Vatican qu'au catéchisme. Noìindiqué naguère (Rech.èrclzes, rgro, n. 5, p. 455, ¡à,.-T

partisans de Ia foi double qui opposent rr foi scientirr foi d'hommage )) ne peuvent suivre Guillaume jmais que cette conclusion serait, suivant leurs advl'aboutissement naturel de leur pensée r.

r. Y aurait-il lieu, - considérant l,époque à laquelle ethéorie dualiste de la foi, - y aurait-il lieu de rapprochertrines de nos auteurs des théories philosophiques de la cónqui commençaient alors à gagner les esprits ? On pourrtenté. Les deux Guillaumer.se dirait-on, soût contemporaitroductiou de I'Aristote complet dans les écoles médiévalespsychologie augustinieune perd du terraio; on çommeuce à:certitude qui vieut de I'illumioation divine à la contuelle puisée dans les apports des sens; la théorie de la foisort-elle pas de là tout uaturellement ? Mais en lrabseuceprécis, ce rapprochement doit être jugé plus spécieux que.páraît,bien par Abélard que la dialectique médiévale étaiitirer du mot fameux de saint Grégoire : Fides non habet merthéorie des deux fois, indépendamment de toute iufluencecienne, Quoi qu'il en soit des origines, on ne peut guère nierque la dominatioa exclusive de lraristotélisme daus lrÉcment marqué I'histoire d,u Traitë d,e lø loi dans notrefut assurément ua progrès, et dû en partie à ltétude d,Arisdistinction plus nerte de ce que la raison connaît par sa Irelle, et de .ce que révèle la foi; ce serait un déplorablerevenir sur ce point à la confusion ancienne; et, du reste,

appuyéextrc laer?fes-effet :

øut quiavis (p. Z,

r;9S 'véracité.ns c8¡:

ayonçque l9E

ue )) et

tà,,

née lales doc'

en . êtrede'.lliq-nes; la

rIai¡tellec-ouble ne

textesi4e, et ilpable de

,.', l4ipåtéti-

je.crois"a forte-

ie. Ceque laDatu-

I d'ena

Page 32: Rousselot - les yeux de la foi

REMARQUES SUR L'HISTOIRE

.,. Suivant le R. P. Mandonnet, que ne contredisent point les

savants critiques de Quaracchi {, la compilation halésienne ne

daterait pas, dans son entier, de la première moitié du treizième

siècle, mais dépendrait, en plusieurs de ses parties, d'Albert,dg saint Bonaventure, de saint Thomas. Nous serions étonné

si les questions 64 et 68 de la 3" partie (De Fide inforrni,

D.e Fide fonnølø), qui nous intéressent ici, n'étaient pas

anciennes. Si, d'ailleurs, elles ne l'étaient pas, il y aurait lieupeut-être de ne plus attribuer au Docteur irréfragable la place

d'honneur dans l'élaboration de f idée de crédibilité ration-nelle (Gardeil, loc. cit., col. zz68); mais au résultat de la pré-

sente étude ce point d'histoire est indifférent. Nous visons

exclusivement, en effet, à mettre en lumière la nature et les

moments'LËentiels du développement d'une idée; et il 'est

certain que la Somme halésienne fait voir en pleine clarté la

notion de foi acquise dans la phase intermédiaire entre Guil-làume d'Auxerre et Scot.

Donc, dans la susdite question 64, au membre II, Alexandre

; .. parlé, Mais d'autre part, les idées dtAristote ont certainement trop;: iaché à ceux qui se firent ses disciples la doctrine traditionnelle qui

;i ' que fort peu dans ce sens la doctrine de l'intellect agent. On ne vit plus

i,: , âssez.comme1t la grâce perfectionne intrinsèquement |tintelligence,.r,;:', la creuse, pour ainsi dire, l'approfondit. Ot iuxtaþos¿ les deux con-'i, ¡aissances, la gratuite et la naturelle. Dans la, question qui nous

ocóupe, þar exemple, ot cessâ de comprendre comment le don infus. de la foi, en élevant l'intelligence, la met à même de discerner surna-

turellement, dans les choses sensibles, les signes. du monde surna.

: turel. La raison naturelle qu'on apprenait à considérer comme une

faculté à part, sembla capable, de son côté, d'un pareil discerDement'

Dès lors, comment distinguer la connaissance de foi infuse? E,n luienlevant toute relation avec les signes ? c'est ce que fait Guillaumed'Auxerre. Moins extrêmes, sindn moi¡s logiques, Scot et ceux quilront suivi ne voient entre la foi surnaturelle et la naturelle qu'une

. différence toute entitative qui ne se traduit qø'accidentellement, daD's

. I'a vie de l'âme, Par des efiets.r. cf. Heitz, Essaì hìstoriqüe sur les raþþorts entre la þhìlosoþhie et

,ilø foì, de Bérenger de Tours à saint, Thonas d'Aquin' Paris, r9o9'

. p. ¡o5-¡o6.

¡o

DE LA NOTION DE. FOI NATURELLE . i'cite le tèxte de Damascène mentionné plus haut, et.ajoute :

Vult ergo distinguere Damascenus quod est fides acquisita er aurlitu,sive testimonio scripturarum, sive humana ratione; et est ûdes dgnqmgratuitum a Deo ad assentiendum veritati divinae nobisannunciatae.

Au membre VIII, il met ces deux fois dans les démons":

In daemonibus fides dupliciter est : uno modo fides quae est habitusacquisitus ex'miraculis et praedicationibgs, alio modo fides quae,esthabitus gratuitus. ',¡;,, ii:

Il ajoute que la foi gratuite des démons est évide.iii"itinforme, c'est-à-dire séparée de la charité. Et, au premier:pàl-:sage, juste après les parolres que nous avons citées, il distidgietrès clairement sa < foi acquiSe r d'avec la r< foi informe rr'quiest surnaturelle tout comme la foi formée. C'est là une notabledifférence avec Guillaume d'Auxerre ; les idées se préciseùtrÌetle naturølisme de la théorie s'accuse{. Car, chez Guillaume,'lenom de foi infornze insinuait encore quelque rapport avec Iagrâce, par I'idée d'une privation; voici, chez Alexandre, la foi .

acquise, toute naturelle, neutre et indifférente : - ' :- ' '

Q. 68, De Fide formata, m. II (Alexandre explique saint Augustþparlant du suff,sant tênaoignage, au livre De aidcndo Deo lBp., r47,,P. L., 33]) : < Loquitur de flde quae est ex auditu exteriori, quae estfides acquisita, non de fide quae est ex inspiratione gratiae interiorig, .

quae est fides gratuita, lElles sont donc b.ien dcu*l Raþþrochcr cc tcrte dcce gue dit saint Thomøs citê dans notre premier article,p. 242r et I'on\cn-tira toute Ia différence de la conception orgønigue et de Ia conceþtion d.ad,htc?;fIllius causa est ratio vel apertum testimonium auctoritatis, istius verocausa est gratia illuminationis divinae ad cognoscendum veritatem,.quae est supra naturam, et assentiendum ipsi propter se.lComme si.ces

deux causalités s'opposaient, étoicn¿ dans l¿ ttêtne ligtel Et quoi Qc flasønti-augastiniet guc la disjonction de la grácc illuminønte d'ayec l'intcr,pt!;,lation du témoignage?f Notandum tamen quod ratio et ûdes quae est-ex ratione se habent ad ñdem gratuitam sicut praeambula dispositio

r. J'emploie ce mot de naturalismc sa\s vouloir y attacher uD sen$,désobligeant

z. Yoyez encore I. c.,m. II, ad. 3: rr Fide suasa creditur ex testimorliis, sed fide infusa creduntur testimooia. ¡¡ '

Page 33: Rousselot - les yeux de la foi

;t2 REIVIARQUES SUR L'HISTOIRq

, ad formam. Disponit enim animam ad receptionem luminis, quo. assentiat primae veritati propter se :. sed per modum naturae, non'gratiae :"et dicitur ipsam introducere sicut tela filum, et tunc ratio

. ' -ceisat humana, quando ei non innititur fides introducta.

Cet innitituz appellerait des remarques pareilles à celles que'.1 ooo, aïons faites sur Guillaume d'Auvergne. Pour le reste, la

loi,tle louie qui est naturelle, est assez clairement distinguée. de la foi-gráce ! C'est 1à l'essentiel de la théorie < moderne u ;

après cela, les modalités, les nuances infi.mes ne doivent pasêtre négligées, mais il faut les mettre à leur place; il faut ne

. s'occuper d'elles qu'après avoir dégagé le point central. Parexemple : qu'Alexandre ou tout autre théologien afû.rme qu'unacte distinct de foi acquise précède toujours temporellement' i'act" de foi infuse i que d'autres, au contraire, estiment quel'acte de foi acquise, actuellerr¡ent indistinct de l'acte de foi

. infuse, y est pourtant contenu de telle manière, qu'il pourraitsubsister à part{, ce sont là modalités qui ne changent rien à.l'essentiel de la théorie, bien qu'elles en accusent ou e4 atté-' nuent la rudesse : 1l y a accord sur le fond.

. -supposé théologi\ue et philosophique, sur la conception deTactivité naturelle vis-à-vis des objets surnaturels; - d'unq

"fqçotl plus générale, sur la relation de |élément matériel et de' .liélé,ment formel, sur la théorie de I'acte et de la puissance.

.Clest ce qui deviendra parfaitement clair, quand nous aurons' ivu,la théorie dualiste de la foi arriver, pour ainsi dire, à la

'pleine conscience de soi dans les écrits de Scotz.

' ., ¡..Cf. l'article de M. de Séguier dans les Annøles de þhitosoþhie chré-tiebnert. ?7, p.276 (décembre r897).

O z.' La pensée de saint Bonaventure est moins claire que celle de Scot.Il ne'distingue pas fort nettement la perception de la crédibitité, de Iaìdémonstration des mystères, Quand il parle de Ia foi acquise, iI neremonte pas aux principes. On sait d'ailleurs que pour la force synthé-,trque et systématique de la pensée, iI est inférieur à saint Thomas et àScot. II paraîtpourtant, dans son Commentaire des Sentences, incliner-àréserver la certitude à Ia seule foi infuse, Comparez la conclusion 3,

ð. 23, a. z, cL, z avec la réponse à la deuxième objection : a Ideo cre-

DE L4 NOTION DE FOI.NATURELLE

Igitur si nulla fldes infusa esset in mê, crederem ûrmiter{ibrorum canonis propier auctoritaiem Ecclesiae, sicut.fidecredo aliis historiis a quibusdam famosis viris scriptis þtigitur fide acquisita Evangelio, quia Ecclesia tenet scripquod ego audiens acquiro mihi habitum credendi dictis iCredo etiam Romam esse, quam non vidi, ex rel¿tu fide disic et revelatidin Scriþtura per ûdem acquisitam ex.audit.adhaereo credendo Ecclesiae approbanti veritatem auctorum i

I

Praeterea Rom,, ro... fdes est ex auditu.., argumentum (apovalet, nisi loqueretur de fide acquisita... potest esse in pec

ûdes açquisita nôn perûcit aniJnam ita,perfecte sicut iufusaiglqur ponere utFamque Êd"+. n (Ibìd,., n. 18,, p. 26.)

.tali, et audiendo praedicantem, et videndo miracula ñeri,hoc, quia dictat sibi naturaliter ratio, quod Deus non assistit fa'cuius... Ex istis sequitur corollarium, quod propter creduliculorum revelatorum ut homo firmiter credat omnibus artilatís, et determinetur ad alteram partem sine oppositi formipportetl pgnere fidem. infusam; nec necessitas eius poconcludi, quia fides acquisita est super opinione... licetscientiam. (3, d. 23, n: 4 et 5. Vivè!¡ t. XV, p. 7-8.)

Dans la XIV" de ses Quøestiones guodlibetales,lesubtil.n'est pas moins clair :

Potest... viator ex nat,ura ,ua, audita et intellecta commtrina Ecclesiae firma creduliqate assentire his quae ipsa

dit sacrae scripturae, quia patres sui crediderunt... est taliscuiusdam assuetudinis r, - 'et avec la rép.,4-' : rr Haeretici,qcognoscunt aliquos articulos, hoc est ex quadam persuasionerationis, immo ûctionis suae. n (Quaracchi, t. III, p. É9r.)'¡.,Scot¡,cela va de soi, ne nie pas la foi infuse, et ne dousa,1éalité, mais il nie que.la raison qu'il mentionne,sufûse àen{existence. - Noqs n'ayo4s cité que les passages les plus!9pt est þ lire; on,renarquera, au n. 5, lesftrmiteq qui vieol,\qr.er le síne oþþosití formidir.e, et ne laissent aucuo do.ute sur-de.Scot.. La certitude dont il parle est pleinement ratiqnnelle,.n'y,a aucuqe part (cf.. l. c,, p.8 : Ideo sicut.nec h,aesito, etc.)çntière què soit cette certitude rationnelle, elle n'a pas, pJ¡xl'auteur, la même perfection que celle que.donne la foi iufu_se

euim.$des acquisita sufÊciat,ad assgnsum,et certitudilem.acc rede r e gpponitur oþinar í, tamen non, est..i ta perfecte certus

,{{e iafusa, nec êsset actus ita inteusus,. nec .sufûcit in esse

historüsbuisitaCredo

veracesr. -m.;.

tûrmiter

m...non

it ei, etrari;li-

mor-

raYq-

m ja¡ti-'

uli

Qer.4.0nex hocit infra

ni doc-de ûdê

pas de

aores;corro-

p9qçÉevolonté

4oPtq,x de

c Liçetr;PTo.9tut,.çpm, q.Fia

gPg¡tç!

Page 34: Rousselot - les yeux de la foi

ia REMARQUES" SUR L'HISTOIRE

et moribus, inter quae principale est de Trinitate in Divinis' De ista;

;;;;ü*"'"cquisiia uidetu' a"cipi illud ad-Ro m' ro' Fides er auditu"'

Comoarando ndem infusam et frdem acquisitam ad actum credendi' in'iää;""t""i

quo¿ qu"ndo insunt eidem animae' actus unus etidem

;r3-ä;;diã;"iruri""u t'¿um inclinationem utriusque (Quodl " I-rv';.=il. XXvi' p. 9)"' Est tamen differentia una quantum ad- hoc

ärrå ".t**meìicere, ista scilicet, quod ex frde acquisita' etiam si sola

.insit, potest elici actus credendi, sicut credimus certis articulis testi-

monio fide digno asserentis, ad quos tamen non inclinat aliqua frdes

infusa... sed ex fide solum infusa non potest quis elicere actum cre-

ãendi, et hoc de lege communi"' (Ibid'' n' 6' p' ro){'

Ces textes sont limpides et sufûsent assurément à faire voir

combien Scot a conçu clairement la théorie de l'acte de foi qui

fait intervenir, comme pièce nécessaire de son mécanisme'

une foi acquise et naturelle, laquelle pourrait subsister seule''

c'est-à-dir" .urr, la grâce, et garder cependant une vraie certi-

tude. Mais il y a pius' La théorie de la foi purement acçlulse

ou naturelle, et cePendant certaine' n'est qu'un cas particulier

de la doctrine scotiste touchant les rapports de la nature et de"

la surnature. Comme il accorde à Ia volonté humaine' indé-

pendamment de la gràce, le pouvoir d'aimer actuellement Dieu

par-dessus tout, comme ii ne voit dans I'acte surnaturel de

for." oi de tempérance qu'un acte élevé par I'influence de la

.h"ri,¿, mais s,rb,tantiellement identique' en ses détermina-

tions, à l'acte naturel de ces vertusg; ainsi il reconnaît à la

' r. Ainsi, d'une cond'ìtìon naturelle et nëcessøàre' d'ul élémenÚ de I'acte

dc foi, oo t"it un acte complet' qui peut-subsister à part' Cn' encore'

dans un argument P;"p*¿ "o oo 4 a"- la collation X (t' V' p' r85) :'

< puer baptizatus, li.et Labeat ûdem infusamt DoIl tamen propter hoc

;;,;;; t*iri .,"¿"odi elicere, sed solum quando acquisierit sibi ûdem

i"q"irri"_ credendo praedicanti et d,icenti articulos. ¡¡ Nouvelle for--

mule à comparer, ao*'*t plus haut celle-dtÂlexandre de Halès' avec le

texte caPital ¿" ,uiotîno-as (in 4 Sent' d' 4)' d'où tout Dotre exposé est

"*,i. -S1.,

dit : ftd,es acquísítø, et parle d'un organisme qui- peut se

l;ru;ïïü;-;, ,; "t saint'Thomas dít z determinatio cred.ibitìun'.

et parle d'un élément constitutit de l'unique asseûtimeût de foi'

z. yoyez..o, r,"-oorîaturel de Dieu, scot, 3 d, 27, n. r3 (t. xV"

p. 367) ; il n'y est directement question que de l'hoøo þurus (cÍ' t' 15

et tr. 2Ir p. 368 et ¡Z+¡ -"it Såot p"'"ii bien supposer ailleurs qu'il

DE LA NOTION DE FOI NATURELLE T5

ïaison.le pouvoir de constater le fait de la révélation et d'y

donner un assentiment ferme et légitime, sans l'illumination

du Saint-EsPrit.Toutes ces opinions théologiques sont, d'ailleurs' en .har-

monie avec les idées scotistes sur la matière et la fgrme,.la

puissance et I'acte. Quiconque, en effet, ne dit Pas avec saint

'Tho*u, qu'il n'y a qu'une forme substantielle dans le.cflfPsr

'parce que la forme d'où vient l'aclualité suprême est ant-érieure

,aux autres et plus intimement unie à la matièrer, quiconqqg,

dis-je, n'accorde pas cela, est amené logiquement à conçev,glr

la précontenance potentielle, dans tout ãtre actuel' A:P¿rct..!l(!, '

' foijr,qui pourront s'échapper, pour ainsi dire, dans I'act'ualité' '

pour subsister ensuite à part, à la dissolution du premier'ê1r9,.'r

'T"U" la foi acquise est dans l'infuse, selon le schème l"ltil!.:,' ,

La cohérence logigue, chez Scot, est à peine moins admirable ''que chez saint Thomas; ni chez I'un ni chez I'autre' la méta-

ü;tü;; r," ," t"irr" séparer de la théologie' . ',

daut parler semblablemerit du løþtsus (z d.28, t' XIII, p. z6z). v9ygl: '

;;";;; r d. 17, Q. 3, n. 33 (t. X, p' 9I)j vovez surtout la Question '

quodlibetale XVII (;. XXvIt ou-eit ilàit"månt enseigné le principèi

.je l'univocité substantielle des actes' Scot y dit de l'acte de foi surna-'

turel : < .Æque perfectus esset, quantum ad quodlibet intrinsecum sibi'

si aeque iutensJ eliceretu, pr"é.ir" r".undum ûdem acquisitam., (P. ztn.)

Voyez enfin sur les actes Ãoraux : < Actus qui est complete circqmstan-i

tionatus secundum virtutem moralem, est potentiale respectu virtutis,.quam dicit, meritorium. t> (P. zrz') (Notez-cependant.uû certaindgg--ri

d'intensité accordé à la veitu infuse 3 d.z3,n' 18 et d' z7,t' 19' t'XY'. i. .O et 373.)rCp., parmi les Nominalistes, Durand, 3 d" zg' Q' ztt'z4z

'< Caritas elevat naturam ad amandum Deum meritorie"' non auten

oportet quod plus vel aliter elevet r¡¡ et' parmi les modernes' Molipa'

òonroú,ío, Q.-¡4 a. r3. - Je m'étonne que le R' P' Gardeil' dans uoe

pãg" ã'"iff""ts extrêmement suggestive de la Reøue þratique d"aþolo-

gétique (r5 nov. r9o8, p. ,7a¡,þalJele Docteur subtil sous sileuåe'.pour

î"pport", uniquemeni ",e,

ãoctrioes aux théologiens qui ont combattu

¡"iot ut Jansénius.r. Saini Thomas, Quaest. d'isþ' de Anìma, a' 9 : (( Oportet-quo{ forma

'dans esse materiae, ãote omoi" intelligatur advenire materiae' et imme-

diatius ceteris ibi inesse. Est autem hoc proprium lor-mae substau-

tialis, quod det materiae esse simpliciter' rr (Vivès' t' XIV' p' ror')

Page 35: Rousselot - les yeux de la foi

\' i6r_!

REMÀRQUES SUR L'HISToIRE

III. C'est un des grandsmérites de saint Thomas, d,avoir nettement_

distinþúé, dans la connaissance de foi, ce qui est vu de ce qui: .

est cru : on cro.it le mystère (par exemplè la Trinit é); on aoit,: qù'il lé faut croire. Plus est considérable la place qui revient à,

ce ihaître dans l'histoire des rapports entre la raison et la foi,þlris il est intéressant de Savoir s'il a ciu que cêtte zìue de lacrédibilité, dont il a isolé la notion avec tant de force, peuts'oþérerpar les seules forces naturelles, si bien qu,on puisse"dé ce teime préliminaire, passer à un assentiment de foi natu-

. relle qui soit certaín objectivemerit. Les textes obligent,éréyons-nous, de répondre par la négative : pour saint Thomas,n

': höÎs Ia loi infuse, il n'ya pas de foi vraiment certaine.

, ' bans la question de la Somme intitulée De causø fi.dei,iaint Thbmas enseigne que deux choses sont nécessaires à la foi :

la détermination des vérités à croire et l'assentiment du croyant,' La déterminøtion vient toujours û.nalement de Dieu, soit qu'il

païle dùectement à un prophète, soit qu'il se communique à, la, foule,par le ministère de ses envoyés. L'assentiment du

croyant demeure inexpliqué, si l'on ne considère que la raison. de cróire Qui lui est présentée; il faut y ajouter l'action d'un

piinciþe de grâce qui l'incline à dire oui. Voici d'ailleurs letexte :

' Quantum vero ad secundum, scilicet ad assensum hominis in ea' quae sunt fidei, potest considerari duplex causa: una quidem exte-rius inducens, sicut miraculum visum, vel persuasio hominis indu-ceñtis ad frdem; quorum neutrum est suffrciens causa : videntium' enim unum et idem miraculum, et'audientium eandem praedica-tiònem,nquidam"credunt, et quidarn non crèdunt. Et ideo oportetpbnere aliam causam interiorem; quae movet hominem interius adassentiendum his quae sunt ñdei. Ifanc autem cáusam Pelagiani.ponebant solum liberum arbitrium... Sed hoc est falsum : quia cumhomo, assentiendo his quae sunt fidei, elevetur supra'naturam suam,opo¡tet quod hoc insit ei ex supernaturali principio interius movente,guod est Deus. Et ideo fldes, quantum ad asserisum, qui est princi-palis actusfidei, esta Deo interius movente per gratíaø(2" 2,", q.6,a. r)..

I¡t

.l .:DE LA NOTION DE 3OI NÄTURELLE

Encore un ceup, deux éléments il'un acte ünique q

?'

rcllet.Cet àrdcle,n'a point de meilleu,

"o**"rri"ire quou¡ page du saint Doctegr, qui en fait voir la canforrni''doctrine générale de 1á.connaissãnce humarne, carac;la distinctiorl de deux élémeirts :'détermination de'I,onaissable, sytrthèse active du sujet connaissånt. Lfide cette page est unique; je la cite tout au long:

Quandocumþue accepiis (hopo) aliquo modo assentituesse aliquid quod inclinet ad assensum; sicut lumen naturàtum in hoc quod assentitur primis principiis per se notis, e

, . principioruin veritas in hoc quod assentitur conclusionibus

d'expiiquer: objets déterminés, sujet qui. adhère. LesIL tgul des y'gux surnatualisës þ'óur odi¿rerioo, aërités

quas verisimilitudines iù hoc quod assentimur his quae opi4alsi fuerint aliquantulum fòrtiores, inclinant ad credendum. ¡

humanae infusum.;. quod quidem sufficientius est ad inquam aliqua demonstratio, qua etsi nunquam fp.lsum co

tT .?

il.s'agif

lpsorumtis, et ali*

mjr€tmenti,dum

udat'ur,

rmpen aute¡Lmente;

videreâSSêlÈ

eOfUn¡;

sump-

ur j guae.t fides

dicitur opinio iuvata rationibus. Sed id quod inclinat ad tiendum:inductiiprincipiis intellectis aut conclusionibus scitis est sufficí

vum ¡ unde cogit ad assensum et est sufficienslad iudi de,illii'quibus assentitur. Quod vero inclinat ad opinandum q umque!vel etian fortiter, non est sufficiens inductivum rationis;. nde iror¡cogit necper hocpotesthaberi perfectum iudicium de hisquititur. Unde et in ûde qua in Deum credimus, non solum acceptiorerum quibus assentimur, sed aliquid quod.incliuat ad assehoc est lumen quoddam, quod est habitus'ñdei, divinit

tamen frequenter in hoc homo fallitur quod putat esse

tionem quod non est; sufûcientius etiam quam iþsum lurale, quo assentimur principiis, cum lumen illuddiatur ex corporis infirmitate, ut Þatet in mç4{e èaptis. tuûdei, quod esf quasi sigillatio quaedam primae veritatis inon potest fallère, sicut Deus non potest deciperç vel menthoc Iumen sufÊcit ad iudicandum. Hic tamen habitus nonviam intellectus, sed magis per viam ioluntatis': unde ndh,illa quae cred'untur, nec.eogit assensum, sed facittiri. Et sic patet quod fiáes ex duabus'partibus est: a Deopâftè interioris luminis, quod inducit ad assensum, et ex piquae exterius proponuntur, quae ex divina revelatione initiFerunt : et haec se habent ad cognitionem fiilei, sicut per

Page 36: Rousselot - les yeux de la foi

I

18 REMARQUES SUR L'HTSTOIRE

sènsum ad cognitionenr principiorum, quia utrisque fit aliqua cogni-

tionis determinatio. unde sicut cognitio principiorum accipitur, a

Àensu, et tamen lumen quo principia cognoscuntur est innatum, it¿

fides est ex auditu, et tamen habitus fidei est infusus. (In Boeliurt de

Trinitate, Q. 3, a' r, ad 4. Ed. Vivès, t. XXVIII, p' 5o8')

,La grâce de la foi est donc une lumière qui est en même

temps une inclination. Or, le rôle de cette inclination est' aux

yeux de saint Thomas, si nécessaire, que là où manque la foi

infuså, il fait intervenir un autre appoint d'ordre aolontaire

pour expliquer l'assentiment à la doctrine du christianisme'

L'adhésion de l'hérétique' non seulement au point qui fait son

hérésie, mais même aux vérités chrétiennes qu'il tient en

commun avec l'É,glise est, pour saint Thomas, I'effet d'une préfé-

rence arbitraire, et non point d'une démonstration' Cette

.manière de voir apporte une remarquable conûrmation à ce

que nous avons dit du rôle essentiel joué dans la foi par

I'amour:

Alios articulos fidei de quibus haereticus non errat, non tenet eo

modo sicut tenet eos frdelis, scilicet simpliciter inhaerendo primae

veritati; ad quod indiget homo adiuvari per habitum ñdei; sed tenet

ea quae ,ut iñd"i, proptia ztoluntate et iudicio (2'2o", q.'5, a' 3, ad- r)'Manifestum est, quod talis haereticus circa unum articulum, fidem

non habet de aliis articulis, sed opinionem quandam secundum y'za-

lriam aoluntatem. (Ibid' corP.)

La raison de cette nécessité d'un appoint volontaire, c'est

f imgarfaite connaturalité de la raison humaine avec la vérité

prof,osée; c'est parce que l'objet est d'ordre surnat'urel,que le

mouvement naturel de I'intelligence ne suffit pas à l'afû'rmer:

Homo enim ød. eø quae sunt suþla îationem l¿urtanant non assentit per

intellectum nisi quia vút. (De Vittutibus in cornmuni, 9' r, a' 7)'

Ce n'est donc pas précisément parce que je crois (cornme je

øoisl'existence de Pékin ou de Tombouctou), c'est parce que

Je crots une a.onnee surnatuelle, qu'une infl.uence déterminée

de la volonté est nécessaire.

, Entendez, d'ailleurs, que cette influence de l'appétit Peut

DE LA NOTION DE FOI NATURELLE ',' r 19

être inconsciente; qu,elle peut être habituelle, qu'ellè peut être

sociale autant qu'individuelle, et avoir si bien charmé,1'intelli-'

gence, que celle-ci prenne pour démonstration ce qui n'est que

vraisemblance, qu'elle peut s'être solidiûée en préjugés aveu-

glants (individuels, qommunautaires, nationaux)' Saint Thot

mas ne nie point'qu'on puisse lui montrer un hérétique qui"

pense s,être prouvé rigoureusement la vérité du chiistianisme

(de même qu'il ne niã point qu'il y ait des càtholiques qui f

pensedr posséder une vraie certitude de la vérité gatholigue ,

irrdép"oJ"*ment detoute influence de leur volonté);.þ"c..e*r'$; ,\tude subjective n'est pas en question.; la seule chose, ici; Qui

:

importe, c'est que chez quiconque ne.voit pas. par une inÈelli-

g"rr." surturalisée, l'être surnaturef l'assentiment à la vçri.lé ,

.hré,i"nrr" n'a, en droit,t qu'une valeur d'oþinionl' Ce que tlité- .

rétique croit, il le croit, dit saint Thomas u ex aestimatione... ex

ratione humana... per aestimationem humanam rr' (3 d' 23, q' 3'a. 3, sol. z etadI.) On sait que lemotaestimøtio dé'signe chez lui

un acte de la raison humaine qui ne donne pas la vraie certi-

tude, comme la science et comme la foi. ì

Cette < estimation u humaine qui fait adhérer l'hérétique à

r. Il en est ici de l'espérancê comme de la foi' Nul besoiu d'uo

secóurs céleste pour présumer follement. un enfant nta pas besoin.de

la grâce pour vouloii la lune. De même on n'a pas besoin de la grâce

pour se trotPer; on peut, sans la grâce, adhérer opiniâtrénent à l'Is-iu-, oo se complaire dans une insuffisante démonstration qu'on aura

donoée du christianisme (fondée, par exemplersur uD faux miracle, ou,

sur un mauvais raisonnement), saint Thomas ue nie rien de tout qela

quand il établit la nécessité des vertus théologales et qu,il écrit : r< Ha-bere frdem et spem de his quae subduntur humanae Potestati, deûcit a

ratione virtutis. sed habere ûdem et spem de his quae suût supra facul- ' -tatem naturae humanae excedit omnem virtutem homini'proportiona-tam,) (r'z.', g, 6zra.3, adz). Ce qutil veut, ctæt quëdesfacultésDatu- -

relles ioieot¡écessaires pour que les actes d'ainer, d'espérer, de croirc,

aient leur sincérité, leur vérité, leur légitinitéÆt la.'légitimité del'ac¡e

de croite, crest sd certitude objective,. ctest pourquoi la lumière divine-nrest pas iloius nécessaire à la foi certaine que la présentation des

. vérités. Et dans ce çerrs, il dit à l'article cité : rt Quantum ad ipqellec-

tum adduntur homini quaedam principia surpernaturalia, guae iliuinolumìnc cøþìunturi et håec sunt credibilia, de quibus est ûdes' n (L' c'io corp.)

Ueç,¡^* ,ïÈ Ø'

Page 37: Rousselot - les yeux de la foi

aô' .r" ; REMA"RQUESSURL'HISTOIRE

"r I

'i' , l.sön christianisme, perverti, saint Thomas ose le comparer à

Jelle qui fait adhérer.les paiens à leurs fables. On croit au

christianisme, dans I'hérésie, comme, hors du ch{istianisme,ón croit à.la mythologie :

. ; Quod.haereticus aliqua credat quae supra naturalem cognitionem. 'sunt, nbn est ex aliquo habitu infuso... sed est ex quadam aestima-' tione humana; sicu.t pagani aliqua supra naturam de Deo credunt. (De

.,;: , :Verilcle, g. 14, a. ro, ad ro.)

:'l;. , ' Il dit encore : ,

j:¡; : Formalis ratio obiecti in frde est veritas prima, per doctrinamlili., Ecclesiae manifestata; sicut formaiis ratio scientiae est medium de-

it't , :inonstrationis : et ideo, sicut aliquis níemorialiter tenens conclusiones1,

: ;: gegmetricas, non habet geometriae scientiam, si non propter mediai.l ;,i' .leometäae eis assentiatur, sed habebit conclusiones illas tanquam' '

ùþinatas i itd, qui tenet ea quae sunt fidei, et non assentit eis propter:-. - ,âuitoritatem catholicae doctrinae, non habet habitum frdei... Ex'

" r' .. Quopatet, quod qui deficit in uno articulo pertinaciter, non habet fidem

' .'i de aliis articulis : illam dico frdem quae est habitus infusus; sed| . '. oportet quod teneat ea quae sunt fidei, quasi opinata. (De Caritate,, ' a. 13, ad 6.)

Co.mme dans un des textes cités plus haut, saint Thomas,¿fûrm.é"iii lp ,nécessité he la faculté infuse pour saisir'fdans

{lobje{ proposé laìraison formelle de d,ictun a aeritøte lrima.Q.ui admdt cela ne peut reconnaître aucune consistance à la,rr foi scientiûque )) ou (( foi naturelle r des théologiens mo--dernes. Il appelle encore la foi acquise < opinio fortiûcata ratio-nibus >r. (Prol. Sent. a.3, sol. 3.)

;'.Qn s'explique aiséme¡rt, avec cette doctrine, qqe saint Tho--mas ne.-présente poi.ntrla perception de la crédibitité. comme-le frui¡ d'une démonstration rationnelle qui précéderait l'actede croirç, 'rais iu'il la,croie produite par la lumière de la foi!,4"t^'9.-r, a.5, ad r, cf. a.4rrad3iq.z,a.9, ad 3;Quodlibe-lurn z, a- 6.; voir Recherches, rglo, n. 3, p. 254).

Vorcr une autre considération. Saint Thômas n'accorde pas

{ue, hors le cas de ¡évélation divine, un homme puisse savoiravec certitude qu'il a la charité ; nous courons toujours risquq,

¡1,

'l'. .:. Lr1'').1,' :"'

DE L,A NOTION DE FOI NATURELLE

pen¡g-t.il, de piendre un set timerrt natúrel pour unturel, d'amour de Dieu. Mais il enseiþne, .d,autienous ,pouvons être certains d'avoir la foi..'Il. n,ad.rdèt ldon'pointi cesemble, lapossibìlité d,une loì nuiur.ttq.qu,ün poJr-.,, .

rait confondrê avec ia foi infuse ; sans ðÞla, ,u ,ui.o.rlr.{,räl;- t 'rart contondrê avec la foi infuse ; sans ðÞla, sà rai-son, sþ,retoûr_nerait contre lui. Voici lesliextås.

Et d'abord, la différencË afûrmée e4tre les ¿é,r*;.Js', I' lj,. ':

De ratione scientiae est.quod homo ciertitudinem t"U"[r.aå Uir;'quorum habet scientiam; et siniiliter de ratione âdei,est oub¿ rrä¿ô'1.,sit çertus de his quorum habet fidem ; et hoc ideo, quia' òe.titrriAo;' '

homo ;. ' :

,v.svv, u -pertinet ad perfectionem intelle'ctus, in quo praedicta'd'ona dxsistu4iÌ. . .F)t ideo quicumque habet scientiam, vei fldàm, certus esi .é n"U¿r":r 'certus estNon est autqm similis ratio de gratia et caritate, et aliis huius miidil , .' -quae perficiunt Vim appetítivam. (r. 2.", q. 12, a, S, ad z.) I , i

Voici la raison donnée pour la charité :

Non oportet quod certitudinaliter percipiatur

vel.etrrqc

ch¿

per(

at

N on oportet qu od certitu dinariter percipiat ur (caritas) ; .q.uia, àctúi.ille dilectionis quem in nobis percipimus secundum id ,dd qùoæst,:perceptibile, non est suffrciens signum caritatis, ptopt., .il"ilitu¿i!-!;rrem naturalis dilectionisr.adgratuitam.(DeVqritai,q. ro,

".,]","gri:¡;f ., ,

Contre ces témoignages et ces raisònnements, .,.rtl "4"a*¡;:

' ,

,qu'on apporterait les passages .où saint Thomas pro4"*-gìf.jt; ,,.l ¡' .l- r

¡. La dilection naturelle dont iI est ici question n'est pas¡ rrrivàlriles principes de saint Thomas, un amour näturel.,de Oie" p1._disiu's i'tout; saint Tho,mas croit iucapabre de cet amour ra volonté ¿ä.rnoaie. ;déchu livrée à ses seules forceg.,Ce ne peut donc êrre q"'qf å-!"rl ),incomplet et imaginaire, voirani, chez un iriiio!irpri" io"royàotJ tro.rt'ía.' l : ,de subtil

"*oor-propre or¡ recouvrant d,une fragil" "pp;;;;¿l "i;"1;; i;'chrétien tombé, le vide intérieur qu,y a creusé la. perte de li charité.,: "-,{cf.De Veritate, q.17,a.r¡ad4 in.ootr.,u Ex actibus i"i"iâ"l""iiiå'fi;..i.generatúr aliquis habitus dilectionid, vel praeexsistens audmeftaiur;¡La charité disparue, cette accbutumance, qurelle isouænaii.e4 so liin ..€orporant, cesse d'être un < habitus ,, p€rd òa consistanbe et sa boliditè:¡' '.ce ntesi plus qu'une trace extérieure et comme une prolongption då ".mouvement machinal, une < disposition en voie de corruption.r,rrs"-:;blable à ces dispositio's au mal que laissent les þabituåår {i.l'""seåi. , '

..dans le pécheur récemment justifié, (Cf, saint Thomas, ¡. ?.", ]q. g5r.â.,.,'J, ad z; De Virtutìbus Cardi*atibus,'a. z, ad z, a.3, ad,' rzi n"ii,,ti¡¡-. - ,'öt+s in comrnuni, a. ro, ad 16,). ,, . j ,l .,i, .. ,. " !

Page 38: Rousselot - les yeux de la foi

'2i. REMARQUES SU'R L'HISTOIRE| .¡, :'þarfaite rationabilité de 1a foi chrétienne, la sufûsance objec-

iive de l,histoire et des miracles à en établir le bien-fondé. IIn'y a pas I'ombre d'une opposition entre tout cela et l'absolue

,,: nécessité d'une lumière de grâce : ces signes du monde surna-'' . turel sont, au contraire, comme les couleurs suscePtibles d'être

illuninées par cette lumière, selon la théorie générale de la' :' . :lumière intellective et de l'objet formel'

ún seul texte peut sembler constituer une sérieuse objec-. tion à l,interprétation que nous proposons de la doctrine tho-

miste. Il se trouve dans l'article de la foi des démons, 2" 2uu,

' q'5'a'2l.

b^tlH"ilectus credentis assentit rei creditae, non quia ipsam videat

. . 'vel secundum se, vel per resolutionem ad prima principia per se visa'

. sed propter imperium voluntatis. Quod autem voluntas moveat intel-

lectum ad assentiendum, potest contingere ex duobus : uno modo'

ex ordine voluntatis ad bonuní, et sic credere est actus laudabilis;'.alio modo quia intellectus convincitur ad hoc quod iudicet esse cre-'

: dendum hii'quae dicuntur, licet non convincatur per evidentiam

. : i"i; sicut aliquis propheta praenuntiaret in sermone Domini ali-

, quid futurum, et adhiberet signum, mortuum suscitando, ex hoc'

siigno convinceretur intellectus videntis, ut cognosceret manifeste

., hqc dici a Deo, qui non mentitur...

,#röþ:-t-ãnÊatäüåsont nécessaires sur ce texte :

. : ; "T.

- L'exemple ici apporté par saint Thomas d'uneJgi*gþg-. Jgmqtgçår"?lf{ç, er qu ids?G#tl' e s t p5.pr.g-{ gil"p ?J lf ?,P9 ".'-¿o

Uiãn dans la volonté, a's5t?ütr€elui d'une Yé.Hté.is=t¡inlè:

I qlgg*L:9j+.3lqSll-e' Aliquid futururu' dit simplement saint

on I'a dit plus haut,l'l'objet dð[á prédication chréti àla¡ veJv! uv ¡a l,¡vs.v -----lr:l= :-.i.r; ,,,r ¡-¡effisr"¡

raison nue. Saint Thomas ici fait ab'straction des divers états oùt,È*J','''lll'|,¡,''.',i#-{da{r}.i . ¿ . - .._ _L:^L'Ë;î-;;,'ä;oïe, l" nature humaine, et, étant donné son objet

dans cet article, il n'avait pas à s'en occuPer' L'exemple aide à

comprendre la foi des démons; il laisse intacte la question de

la foi des hommes.

z. - On peut d'ailleurs (et cela a été déjà indiqué dans un

précédent article), en examinant de près la façon dont saint

DE LÄ NOTION DE FOI NATURELLE

Thomas conçoit la foi deò diables, en tirer des inductions inté-ressantes sur sa conception générale des rapports de l'intelli-gence et de la volontâ La foi des démons est tout ensemble

[!-e] Forcée : c'est ce lque'

z!'

une

disent les mots conaincixur (corp.), guodammodo coa.ctø (ad. l),rnagis coguntur (að. z), ut-corn/ellantar (ad 3). Volontaire: c'est,ce qu'indique l'afû.rmation générale qui domine tout l'ar-ticle : Quod aoluntøs moaea.t intellecturn ad assentienduffi lqtest.,contingere er duobus... Ainsi, la sufûsance, l'éaiden,ce.,.des'

signes, que concède ici l'auteur, ne

d'une c

volontaire ne paraît pas être en la þuissance du sujet, il semble' -"

:ne pouvoir s'y soustraire. Or, d'après la théologie thomiste,, ilest une disposition volontaire qui est comme passée en nature

--!--æÞ¡6v¿Ðc h e z I e s *ftlf.S r, c' e st .þa. ;eÆi_g.. .g,p-

^e,o.,*la h *jpc, d e, B iCL,4,éåq,¡itivç. On est donc tout naturellement amené à dire, selon' l¿4¡,

l'analogie de la doctrine thomiste, que la répulsion volontairç , ' 1.,

'du surnaturel produit chez les démons le même effet de clair-.1 . iivoyance que produit chez les ûdèles I'acceptation aimante du : f .:: ,l'.:

¡nême surnaturel. (Cf.. Recherches, rgr'o, n. 5, p. 475.) On de-, i,,t;'imandera peut-être : < Mais ne pourrait-il y avoir chez un ' ..':lli'

homme encore voyageur une invincible conviction de foi du ' il,

même genre, on" ..ltitode expérimentale, haissante et guasi '. tai

diabolique, c'est-à-dire par répulsion et non pas Par attrac-.' '¡ "

tionr ? Il y aurait alors foi sans bonne volonté. u On peut con- | :,:

céder cette hypothèse sans détriment de ce que nous défen- l,

,dons : il resterait toujours que cette certitude serait l'effetd'une grâce, mais sous laquelle l'homme se débattrait, au lieudly collaborer. Dieu, vérité inû.nie, lutterait avecfui par misé-

ricorde, comme, par justice, il oppresse les démons. -:r3. - Si l'on objecte quqd*gf

1'@ W'Ia çg$itsdsdç"Je.,çpm#i¡{rtrr'fficsi.a "::.' r.

:onnexlon- 1l

faut répondre,'nous l'avons déjà dit (Recherches, IpIo, D. 5,,

' , r. Çomme curiosité en ce genre, oD Peut voir le cas de Balaam dis-.

ctrté. dãus les Miscellana¿¿ de Scot. (Q. 6, n. g: An þroþhetiø sôt liberu,. .t. V, p. +o9.)

Page 39: Rousselot - les yeux de la foi

.ii

.a

i chons ici au postulat le plus foncier de la théorie dualiste,I . ¡: {e¡rvsè }'vrLu¡Gr ¡L y¡sr ¡v¡¡u¡v ÀrrLLt

' þostulat qui est d'ordre philosophique. L'ensemble des textes"' þostulat qui est d'ordre phi.".de'"saint Thomas que nous avons cités ne-l3irserai{- croyons-

ieux dans ltesþrit de personne, si .'l'habi-.', 'póus, aucun doute sérieux.; tude d'une théorie de 1¿, r . i tude d'une théorie de la connaissancq toute plongéef. ¿u"" '

,:

l'objet, oublieuse de I'activité intellectuelle et da lutnen, n;e,

¡'' , persuadait à un grand nombre que de renoncer à la foi natu-.' .'r relle certaine, c'est sacrifi.er la rationabilité même de la foit.

.:;', , ffÉùtlet heiziène-siècle, la théorie scotiste de la foi n'a pas

. . "".¿at¿é'à

s'insinuerpeu à peu, même dans l'école de saint Thomas.

. ,.. ír papreolus, < le prince des thomistes )), au quinzième siècle,

. ,-""9t,assez près de Scot, mais n'est pas encore avec lui. Il nieI .r ..

','n. lr,. iue la foi acquise sufû.se à faire.croire t< perfecto et discreto

,'t I .assensu, et consimili assensui ûdei infusae... discrete, prompter.

. j' i.trmiter, delectabilitei r (3, d..24, q. r, éd. de Tours, r9o4"

. :, 5 V, p. 316, 3I8):. Cajétan va plus loin; il admet la possibilité' ; .et la.certitude objective des deux fois.".. Nous avons donné

"

- rlilléuri (Recherche.r, IgIo, n. 3, p. 245, n. t) quelques références

., 'l

" de,tþéologiens cont'emporains;'il serait aisé, autant qu'inutile,^. de les multiplier.

' '.' ,' ' Ce n'e,st iur',qo'on n'ait essayé, dans l'école, d'échapper à' icette qattrralisation de la connaissance surnaturelle ori. paraît

' .r'$traîner l'opinion scotiste, si mal en harmonie, d'ailleurs,:âvgc l'êxpérienbe, et qui semble sacriûer la liberté de la foi à

, ìsa certitude'. On a tenté surtout deux voies de délivrance. La

. : ,.¡: On peut voirlès raisons que donne le R. P. Gardeil pour prouver', ; .que'saint Thomas,a enseigné la démonstrabilité de la véiité de la foi. . -:.paíla râison seule, dans le Dict. de tli.ëol.,art. Crédibìlìté' col'2275.2276.: . :- -z: Cøt inconvénient touche peu up certain nombre de scolastiques, ; ' j;i,mp{ernes;. tellement préoccupés d'exalter la rationalité de la foi, que

. '. :n en face de cet intérêt'primordial r, rr la difûculté de mettre en pleine'i' tlumière

la liberté'de ltacte de foi r¡.leur paraît tt secondaire l, cdmme', .io." ltécrivait l'up d'entre eux. J'avoue ne pouvoir entrer dans cett?

' manière de prendre les questions théologiques. L'Église a déûni et la¡ liberté de l'acte de foi et sa rationabilité: nous n'avons pas le droit de

; i ,ao1""r à I'une un traitement de faveur aux dépens de l'autre.

¡ .1.1)

1,..-

t-. r \/.

, l' 21.: '- .; R{MARQUES SUR L'HISTOIREi r' -:.-',+Ì .'r'

, '- pl 474),tu*I'blqqu€i un sujet apte à voirj une faculté capableì .d,opérer la synthèse, et que tout,manque par là. - Nous tou-.,r i

{

DE LA NOTION DE FOI NATURELLE' ì i , ':

, . !..première..tÌentative..consistd là hier la d émgnsträbilitéJait de la révélation, pour garder à la volonté saLugo'. Mais il ne faut pas croire que ces théólogienssent, par le fait, la nécepplté.dè Ia grâce,9g,,autiJ'impuissance physique de taìraison naturellê à ar r9r-lÇ9:Ypoint à une vraie certitude. car, niant ltéi,,idencg ae ta]aenon- r':stration de crédibilité, ils ajoutent habitueltement ]que"les -. .

preuves qu'on en donne excluent le doute þrudent, entendapt:1' :

par'là, même la pruderice naturelle, çe qui les fait, parfJiç..,.expressément déclarer qu'un pareil assentiment piedneme;t ;¡aisonnable ne surpasse pas, de soi, les for..s ,ruiúrèlleç,, j.:: ,

:

La deuxième tentarivè, c'est la théorie, riès inréres."r,]ti; i¡diå.-.,, '

insuffi.samment éclai¡cie, de Suarezr Suarez a vu que, dans 19¡6 ... - '

,des simples, la grâce peut être, sans:miraçle, opéiafrice dgir .' ,

certitude{. Il n'a pas osé généraliser cette expliiation jusqu,.{.'., .

rejeter Ia foi'naturelle certaine, mais il a fait un pas d""T l, .

cette direction, quand il a dit que cette foi naturelle]rr,a'pâs ;- '

pour motif formel l'autorité de Dieue.'L,explicptiorl suarþ;,ìzienne transformée est devenue de nos jours ta ih¿orle ¿u j", : .,'foiiJ'hommage. 'i .'..,'

De la doctrine qui est celle de saint Thomas et qui r"q,ri"it. ; ,

Page 40: Rousselot - les yeux de la foi

26 REMARQúES SUR L'HISTOIRE

(Cliþeus theologiae thowislicøe,tract' 8' de Gratia' disp' I ' att' 2 '

$ tli, ". 97. Anvers, r7M, t' rY ' P' z7) t

Addunt aliqui, praedicta concilia lTrident' et Arausic'' ut notu

. ,rr¡'"ad"re uerb"ìlt" 'i

cut oþortcttl'indicent' posse quidem hominem

PERsolÀsN.A'TURAÐvrnpsassentiriveritatibusfideisibiexteriuspro-. positis AssENSU QUoD,{M oPrNATrvo' ita ut ratio propter quam illis

ärrantitur, non sit divina revelatio, sed motivum aliquod PRoBABTLE'

oiin ir".."ticis contingere cernimus, NoN TÀMÐN AssENsu cERTo ET

*"iì"r"."t, auctoritaii et veracitati Dei revelantis innixo' qualis

requiritur ad iustifrcationem r'

IV

Franchissons trois siècles et sortons de l'école' De Lugo' de'

Suarez, Passons à Newman' Il peut sembler que c'est entrer-

dans un autre monde2. Pourtant, l'opposition de la théorie'

dualiste et de la théorie organique forme si bien le nceud vital'

r.Direcelarc'estexclurelar<foinaturellecertaioe))ou((foiscien-"titqoa, ; eo díautres termesr c'est afûrmer qutil n'y a de foj pleinement

certaine, pt"io"-"ot ,tisoinable, que la ioi surnaturelle (soit qu'il

;;i;d; foi formée, soit qu'il s'agisse de foi informe)' Je m'étonne'

que ltauteur de ,e-arq.,e, 'o' u les Yeux de la foi )' parues dans la

Cìaittà cøttolica du 5 août tgtt (Røssegna teologica' p' 33o-333)' ait

coûstamment traité comme oooueli" dans ltécole cette oPinion de tout

repos. Le même censeur m'attribue comme exprimant ma pensée' et'

nåt me-e entre guillemets, comme stil reproduisait mes paroles' cette'

' .ä;t"";;î;;iÉ che si debba rinunziare al fondamento scientifrco'

della fede. r Cette "*pre.rioo fait croire aux lecteurs que' selon moi''

'r la foi ne doit pas être fondée eu raison' Or' je combats. expressément

' cette erreur dans mon étude, et les paroles quron me prête ne sty trou-'

vent nulle Part.a, Ce serait pourtant une I'rave """oI

de croire que Newman.ntait

d{ñiè "i "ipr*r¿ les étuães des scolastiques sur l'acte de foi' sur-'

tout celles des scotastiques des derniers siècles' On sdit qu'Amort est

J; ""*;ooo"o, dans la Gramrnaìre d.e l,assenti.ment. plusíetrs lettres.

de Newman, récemment publiées par M' Ward dans sa grande Vie''

témoignentd'unepareilleestimepourd'autresauteursscolastiques''en particulier pour Perrone et Lugo' < They take' écrit-il' en r847t à

propo, des milieux théologiques roáains, a broad sensible shrewd view

äf ,""roo and faitb t' çop' lit", t' I, P' r7z)' Et onze ans plus tard' par-

i;", dro;;lèoe de taiertiio¿e ipcco'ttti""'dans les questions vitales :

. c When I came to read catholic tbeology,, I found that it was solved int" ,""y which I felt to be satisfactory, r¡ Suit la distinction er¡tre preuve

DE LA NOTION DE F.OI NATURELLE 27

'et naturel du traité De Fide, que nous la retrouverons encore au

rable et {u'elle est incomplète..L'idée gue nous nous-sommes

efforcé de mettre en relief aidera peut-être à comprendre Pour-

,quoi elle est admirable et pourquoi elle est incomplète''

Wå brtirre becausï we loae. I{ow þtain ø Ùut$t' < On croit pT": '

qu'ãr, aime; c'est évidentl ! l Pourquoi donc plusieurs' qPi"l: ,

se choquent point des formules encore plus impérieusês.''où' t

i "ti' i*;r';:tt" ; " -"", I a même'hå qF çv o lin t øütffi

.intellectui, cred.end.o, et le restQ, pourquoi ceux-là éprouvent¡ :

.ils, en lisant ces choses dans Newman, je ne sais quelle défrance' '

,quel malaise ? parce qu,ils craignert quÞ cette causalité motrlc-e.

¿e l'a*,our dans 1'acte de fqi ,," t"i'i" Pas subsisterlhez lui la.causalité objectivç des raisons de croire; parce qu'ils craignedt

,que, si l'amour a pour rôle essentiel de coloier la démonstra-,

tion (comme Newman dit en proPres termes), iairaison ": #',trouvL åédoit" ptutôt gue:convaincue'. et qu'ainsi ne soit ffpro-irlle caractèreiaisounable de 1a foi."Ils admirent,.- {ui.:ne l'admireraít ? - la subtiJe psychologie newmanienne; ils

soupçonnent de ûdéisme^ sa théorie de la foie' Nous Pensons

,complète (et directe) et preuve de crédibilité(p'qqz, cf' t' II' l'"76)'Voyå,

"o.ri la lettre, datée de Rome 1846, où it explique que' dans sa

p"oré", þrobable s'oppose à d'émonstratil, et non pas à ccrtaiz (t' I'p. tæ-iOi, .t. p. ta9¡. Pour être complet, il ne faut point taire qu'il,écrit encore : <r At least one Jesuit attacked me as a probabilist in doc-

;trine, though I am not conscious of dreaming of being one; and cer'

;;i;ií' r sb"ould be afraid that r migbt say things which' -though

dis-

ai".,iy contained in de Lugo, are contrary to the tone of the day' rr

,(p. z¿á.) ces derniers mots rippellent des.plaintes récentes du R. P. Gar-

.àeit. _'lvt"tsré tout, Newman.ne se sentit jamais assez chez lui daos la''théologie scolastique, pour y prendre le ton. du professionael' <r Ward

.aud FJber, as weli "s

Åyreli, écrit-il, never had a course of theology. D

^lEntendez un cours .o^pt"i' Ward, t' II, p' ro4, note') Il sentait a-:ec t

à""-iæ i" ¿ifûculté de gaider la parfaite balance en traitant de sujets. '

théologiques : rt To *,ît" theology i' titu dancing on the tigbt 'rbpe ;

"¿ã"toi¿tedfeetabovetheground"' Ð(Ibi¿', p' rz5') ' :

' ltji. ortord' (lnìoersity sert'ons' sermoû-xrl-, n' 20', ,. ;:. ;í"r." qo,it étaií dogmatiste de la foi du charbonnier er craignair

Page 41: Rousselot - les yeux de la foi

i.? ,.,,' i

: il '

'

i REMARQUES SUR L'HISTOIRF'.ì' ,'que s'ii,est injuste quelquefois pour la raison.du croyant- ou

' . i!"iter r.t¡.nrrt de .croire,la causq en est qu'il ri'a pas poussé

: áyÊÇ ã.ssez de rigueur et de conséguence son principe fonda*

.,,.' *"ätul de la nécessité'de I'amour.'

Lathéorie newmanienne de la foi consiste essentiellement à.

. .dire que c,est une sympathie spirituelle antécédente qui met

" pþr;!t à proPos de Newman'

\ . ' :, ,tihomme ,à même d'interpréter, dans le sens afÊ'rmatif' les'

:' ì : . drerïves áe la religion. Mais cela peut être compris en deux

i'i - .l'-""ières. Si cette sympathie doit çfentendre simplement d'un

. ' j ;ì*fnoement n4turel de la vie morale, aussi exquis, aussi délicat

l' t "q'u'orrïoudra, l'on s'expose au périlide prendre une complai-

"t . ,' .s"o." pour une.certitude, et lfagréable pour le vrai; de plus,.

'^' , . '1 f. ¿ärá.t¿r" surnaturel de l'adhésion disparaît, ou redevient

: Ì '.

; .ext'rinsèque. Si cette sympathie est l'effet de la grâce, il faut

l:ì li. e'ncore montrer que cette grâce guérit la raison même,- et;.)'" ).':': ùl"iori la sympathie en question, au lieu de changer simple-'.r, , i i r. meht les habitudes de l'âme, la fait proprement passer à lf état"

.l ,.: , Cie clairvoyance de l'état d'aveuglement, et justiñe donc le'

li -'changement aux yeux de la raison'

,:,,' 'i: , Vers laquélle,'de ces deux interprétations Newman eût-iI.

.t':" ., inclinéll Les notes qulaprès sa conversion il ajouta à l'un de'.',: i;-.,,

:. ,"i,.i, i 'la raisori, Newman devait se faire une théologie où Ia foi et la raison

i l, . ; ""oirot ãeuxfàcultés distinctes, sans compénétratiou au.cune, la râison

j, i'. . ,i,;;;ì;rr tenue çtr laisse. Il devait sé faire une apologétigue où les rai-

;i : " :.'Y:':i;;.ii;;"ii"s de cröire seraient sans importance essentielle...,'

; ¡ - iÉ.b""irn, ta Phitoso¡'hìe d'e .ta. ¡bi chez *:-y:n' l ,1i:\9-.:,..1,1:::.. M. Leclère est €Dcore plus sévère : tr'Le relativisme, l'individualisr4e

" ;;;;" cæur de Iq doctrine de Newman' comme I'humanisme et le

""i"i"iitme ; q-u'on' en soit satisfait ou qu'on le regrette' ils y sont' r>

'' tf\"g*rtisme,'mod'ernisne, þrotestøntil.nce' p' roo') Ce jugement nous

. . iãr"i absoluqeni'injuste ; ce l'est Pas au cæ:ltr i-" I i::Ï::::i::

' ' il;;'¿;t d" reiaiirrisme et d'iudivid'ualisme; ou' sans métaphoie' ce

i. , r f ,ilt.'""r-¿";;;;; iûtuitio¡t fo'damentale, ó'est dans' la philosophie't;

" ' :. [Utlt * o"t lui a servi d.e moven.d'e1pt"tt1o1:-9:-"":.:,Ti"d,"Ï*:X:::. ' , . äorfrise qul lur a Servl oe moyen s ËÃPrçÞÞ¡uu¡ vs@u! *- ï'. ..t .-4r..''. t ismes. ou r-ts sontj mis là tout simplement comme suites logiques des

t'a.' deur- premrers, ou j e ne sais pas du tout ce que ltauteur veut dire en e¡¡

.., i:.., i i¡"of*;"trt åaq.ç.ses dépend.ances,,î. lîl_11*^,:"::-T:i".:.":l:,::

.í !1.1

'tl1

.,,:

DE LA NOTION DE FQI NATURET,LE I zg'

. ses sermons les plu-s suggestifs{' font voir qu'il se pþisait, à .,

rapprocher ía syø4øthie antécédente da pius a/fectus.irdendï..Je nlai pu! souv.rrir, d'ailleurs, qu'il afñrme jamais;läþtssibi:': ,

lité d'une foi qui ne fût aucunement volontaire: là'mêdoeòù:.il.concède que la vérité chrétiennp est démontrable,,ilj,ä,.soin,d'observer que cette démonstration n'est pas irrésiòtibleTl

.

D'autre part, 1a conception trop étroite qu'il s'était.f"içl ai frl, ,

r< raison rr I'empêchait de voir assez nettement l'identiqþ r¿etldl "de la lerception ir¿tellectuelle reqaise par la théologie. , alec!'a4i . .' ticipation topte pénétrée d'amour qu'il a si bieri décriie. Celi' .,'re5sort avec évidence de l'opposition q.ulil établit eþtrer,lajrr présomption ,, (effet de la sympathie antécédent¿),ei:..1#(( preuve t': il.aa jusgu'à contlaster < l'impression légitiþement. '

produite sgr l'esprit par les faits u øaec la coloralion [tu'y ruet" ,.. ;'.'-

ïanticipation spontanée du ceur d.roitt, Au reste, ¿arrs tåuí l'enri t..

1.

¡, Dans le sermon déjà cité, les notes des pages zz4 et z36réd. Long- L i'': i:maDs, r9oo.

z. Gramtnar.of Assent, p.4ro: <r Truth, certainly, as suchr.rests uþon. i.'grounds intrinsically and objectively and abstractedly demonstiative-. .:lbut it does not follow fron this that the argumeuJs producible in iti, .'favour are-uûanswerable and irresistible.,. The fact of revelatibn is in '.itself demonstrably true, but it is not therefore true irresistiÞIy.., u,

"ri .,',Cette page sur la possibilité de la dér.nonstration (cf . p. 4 r r : <r L'et those ' I r

'demonstrate who have the gift r¡) est propre à rassurer ceu4 gulqftrale: i ,. '

'raient les paSsságes où Ia.¡irãbabilité < cumulative r¡ et u ttåorJendaote;i'semble proposée comme la seule voie (Aþologia, p. ryg);mais, lnirdang,le cas'de la démonstration stricte, ni da¡s celgi de la certitu.delpàrtan[: i .,

des probabilités, la conviction de.la vérité dq christianisme åle$t, seloi. ' -r.Newman¡,indépendante de la volonté. Contre la foi scientiûdue et la.

1 lhéoÍie dualiste, voyez encore Oxford Unìoersity Sermgns, xl 14. :

(p. r8z). ii' ,'l

3;. a To maiutain that F.aith is a judgmeut abogq facts in iratters of.' .

;conduct, such, âà to be foimed, noiso muçh f.rom ihe imprçsiþn,tegi;ti4ately.made upon theoind by those facts, asfrbm the¡eàc\ingfor- :.1Í;

" watrdt".of the mind itself towards themr. - that it is a presumption, not'a, proving; - may sound 'þaradoxical, yet surely is borne oùi.by ther?ctual state of things as they come before us every d,ay, n (Lqc. cit., a.5,

l-Vnz,z4.\ Dtaprès: Dous, au' contraire¡ être légitimement ipprep'sio¡né;þ'ár,leb faits,mo¡aux et religieux, ce n'est pas autre chose Que les inter-1

préter comme des sigaes de la vérité du christianisme. Qu.e Si Newman "þvaii voulu seulement opposer la plus grande âctivité suhjective de'

.i.

Page 42: Rousselot - les yeux de la foi

1.1:

3O REMARQUES SUR UHISTOIRE

semble des descriptions qu'il donne de l'état de l'âme bien

ïlo,"e".t."t i" iåt, il ne pa'le guère que de pieuses dispos1-

tions möralest; on ne voit pas nettement' ce semble' qu'il y ait

äil;r*-¿å rt 't'oo åê*"" jadis aveugle et maintenant

voyantles choses dans leur essence araieiò" "e'"tottnalt pa{

du premier tt"o ;;;; g'at" de la.foi'qui' selon la théologie

catholique, " n"r;;"';";e f inteìligencq ))' Çà et Ià' Dieu a

l'air de jouer, páur tinsi dire' des très diverses dispositions

,des bonnes à*";, ;;ig"t"t leurs imaginations de telle sorte

qu'en ûn de compte elles se trouvent se rencontrer avec la

vérité. Je sais Utä" Oo" ce serait une véritable injustice de

prendre ""t n"t**t'-l¿ "' de laisser leurs correctifs' mais la

correction semble toujours un peu ertrinsèque, comme st c'était

' ' pai-volonté encore"qoé N"**tn se déterminait à reconnaître

' . oo" u"l"o' sérieuse à Ia raison2' '

Tout cela, certes' n'est pas dit pour déprécier le charme et

le série.ux de la psychologie newmanienne : nous voudrions bien

plutôt mettre "i-í"fi"f 1ä 'voleu' de suggestíon théotogiquç de

'tant de pages im*o'tell"s' auxquelles nous sommes redevables'

Pour une U'""i"1"'t' de la ttréorie exposée dans tout ce tra-

'vail. Mais po#lqo"'tu doctrine qui fait une sympathie spirj-

tue[q operutrii"ä" I,assentinçnt de fqi, paraisse et soiten fait

¿bsolument sans dangerç' il faut'lu' pousser jusqu'au bou!' Il

Itesprit dans la foi à le' passivité relativ¡: de la raisou 'en --face des

'(( Dreuves " (p' ;;: i"tuät'iqo"'¡ q"i u*e laissent aucune place à la

-Iiüerté, "to"'ooi'î '"ïoo' pt"ioem""å;;;;;ã avec lui; maid on ne

peut guère.réd;; à t"tt lã contrastet du reøching torlöard avecl'iw- -

ì' ï.' :: i ^yrtrt:::?::'

:: :! ̂ ""'s he art' " i t sh o w s what h e'thinks I ikerv

' to be and *n"'-uîîi"t' tit"ty depends surely on nothing else than

. the generalt"ä"i-ii' mind' the'st"t" of ttit convictions' feelings'

tastes, and *i';;'î lä'*'*"'aejeiité' n' 7' p' zz6')'E,r.cote (Ibíd"'

'n. 35, p' zE t".."rlìt-*lot" úoay J opiniån' affection and desire'

' whicb made'up' in ""th

t"o' his moral self"' ¡r

z. S'il afd'me"oo" fois l'existence d'une rt foi mortq l qui est Ttdas

Jormato 'otloä'"i'-*''o'uou (ox'ford' (Jniuersíty se/'nons'' x' 37)' il:

s'élève '¡orr.^Jl''"íiít"'it' """'it r" ¿ä""ilr"-""i a1 la foi vivantq eol

arû ?cte d" "i;;; ;;;-";;" surnaturel' (Ibid"' xr' t')

DE LA NOTION DE FOI NÀTURELLE ' 3¡

faut donner à la constatation psychologique son expression

théologiqup rigoureuse et intransigeante. Il ne sufût pas de

décrire avec une rnerveilleuse délicatesse cette secrëte'conna-

tutatité qui met d'avance le sujet à l'unisson de la véritérchré-tienne; il faut appeler 'de son v'rai nom l'âme qui l'anime, etqui est la grâce de Jésus-Christ.Il fautf te dire franchemenq!l

silla lumière de grâce n'é.tait pas làl tous le-{¡¿ffissneoþ les.

plus exquis de la vi.e *orute n'élèveraientffi l'assentimen(àla vérité ch¡étienne au-dessus d'une incertaine opinion":Tantqu'on n'a pas dit c;la, on peutêtre accusé de violer I'intangiblecandeur de I'intelligence, et de vouloir substituer auxvuesde

, la raison les biais intéressés du cæur. Mais quand on a appelé

de son vrai nom l'habitude qui sympathise vraiment l'âme àla vérité et qui est la grâce du Christ, guérison de l'intelli-gence, on voit aussi sans peine quel rôle naturel et normal

.jouent dans la genèse de la foi les preuves extérieures, et lionne court plus le risque d'en faire des pièces rapportées, qu'onplaque sur son système parce qu'elles sont exigées par lesdocuments du magistère, mais qui demeurent en dehors del'économie réelle de la pensée.

' Encore un mot sur ce sujet de Newman. Où est la cause de j

cette laèurfleiimportante, ou, pour mieux dire., de cet inachève'

ment de sa théorie de la foi ? Elle me paraît être daas soddé"43iln des spéculatious tecbniquesn de celles particulière-

. ment qui touchent la théorie de la connaissance' On ne peutqùfêtreüfiappél en lisant la Grørnmøire de tassentiment, du.

caractère occasionnel de ses références aux grands,philosopheq*

^ qui, pour une large part, avaient traité, en somme, le même

problème que lui. On cesse d'être philosophe sans doute, dansÌla mesure où l'on est intéressé par les opinions des hommes

. au lieu dê s'en prendre directement aux choses, mais se soucier

:peu de ce que les spécialistes ont dit, c'est s'exposer, soit à-:,-,

¿ ,r.r. Sur cette incuriosité, Bremond, Neuwan, essaì de biograþhìe þsy-\chologìque, p. roz. Pour la jeunesse de Newman, tempérer le jugement

, de M. Bremond par.le témoignage de T.-4. Froude dans Ward, t. I'p.62.

Page 43: Rousselot - les yeux de la foi

I ¡,f

REMARQUES SUR L'HISTOIRE

découvrir l,Amérique, soit à méconnaître des attaches secrètes

. "et le sens ptofond de èe qu'ori découvre.de plus précieux. IJneþareille indifférence se paye, et Newman l'a payée. Quoi qu,enpense un dnti=intellectualisme superû.ci el, systt|rnatiser, c'estaflrofo.ndir, qtand le système n'est pas arbitraire, parce que

.' .c'est voir lep choses comme elles sont, non isolées, mais liées.La philosophie du dix-neuvième siècle eût pu d.onner àNewman de grands secours pour une systématisation technique,philosophiquet et théologique de ses théories de la connais-

.:sance et de la foi; il eût découvert, peut-être, à l,issue de cetravâil, la coiqcidence de sa sympathie spirituelle avec la con-naturalité aux vérités de foi que la grâce opère.dans l'âme,

' suivant la'doctrine de saint Thomas.ñ.;-brnissons par un mot parfaitement beau et exact du grand

cardinal : ì< La foi, a-t-il écrit,.est un, risque avant qu'on soit. "catholiquè;' mais une fois qu'on l'est, c'est une grâce. > Faith

'-: ii øaenturè before avnønis ø cøtltolic,i.t is a grace øfter its,

'V'

I'ai eu plusieurs fois I'occasion de citer, au cours de ce tra-', aail, un théologien très éloigné de Newman et très sévère pour

. r. Une reTarquable lettre à Henri \ü'ilberforce (W'ard, t. II, p. 249) ,

-jette une intéressante lumière sur ce qui eût pu être I'idée centrale de' la Grammør of assent i Newman y entrevoit qu,il y a," dans le méca-". ,nisme de tousles jugements, quelque chose de semblable à ce qui se

. . passe chez le gpóvr¡roç ariStotéIicieu : un9 certaine appréciation coocrète, de la cotrvenance du jugement à être prononcé par le sujet. Quels- secours, ne lui aurait pas fournis, pour tirer de cette intuition une' théorie,.appiofondie et coordonnée, la comparaison, d'une part avec' le¡ jugem.eîts þar connaturalité de saint Thomas (le jugement de foi' rentre dass cette catégorie)r'd'autre part avec ltexplication kantienne

de la perception du beaul Das Verrnögen, durch eìne Løst au urteilent' c'est Ïa notion qui eût permis à Kant de donner du criticisme une

' expresse interprétation réaliste, et de s'épargner le moralisme irra-'tiounel.de.la 4aisou pratique; c'est la notion qui concilie les stricteserigeoces de la vérité objective avec le caractère partiellepent appétitif-. qu'a toujours Ia connaissance dans tout sujet potentiel.

z. Loss and, Gain,,p. 385,

3z,,

;!'

DE LA NOTION DE FOI NATURELLE 5}

tions sur ce point étant très nettes ùL¡¡!1, scs assgr-

;;;l;*:l;Xsont'd'a're""'o'd::^::';Í::: jîft

"ll"i:r a c r é d i b' i, é, .

",, j :T ;;ïf;, ä":::i ïå:ï :,T: : :,lh ;rftrop, malheureus(

r:marque (iöid. p.'ä:'; ;îï;.:::, ::: ::::l' ." hairè ra

tinés,-en t¿si" åø¿rate, moins ¿ r"¿r2ïì¡7';:::;W::;;aoh. Le R. p. Gardeil vient de donner (tgrz) orr. léditiüentièrement refondue de sa cúdiø¡t¡¿lìi, "r"i, !r;ír ;.""r-r;fiTcertains de nos essaisqui n'ont qu'un r"oortr=iod"tii"il¿ ¿problème de l,acte de foi, mes articles d";:;;,;::::li:::

personne, dit-il (p. xvrr), ne loi u r"prol;:ì:lï::låi:t:.l:tement mesurée ã Ia grâce dans son jiur" d. rgog. Mairltenant,topte l'orientation de l,ouvrage est changée, très heureuseJment changée, et la préparation surnaturelle passe, codtme de-juste,au premier prurr. c.p.rr¿uot, ii*uintient encore, malgré.certaines restrictions, Ia possibilii¿ ¿,orr. r< foi scientiû.que rxpurement naturelle, fondée sur un jugement toot ,ut¡ooì="ì ¿"crédibilité (v. p. xur_xvltr, 3Z_38, ir, S, ,55.,-;;,';';;jï;_-ment se fairil qu,un théologien si'indépenã"ot å", OffiU*modernes, et possédé t.ut lntier, si lbn

"." J;:;;;:."grandes thèses de saint Thomas, "om*.rrt se fait_il qu,un.siclairvoyant adversaire du surnatur.t qoooa modurnrdu surna_tutel pløqul, conserve êrrre¡s, dans sa ,Ã;;;""'råiri))"0"

scotis'te ? Ici encore, le préijugé pt;toropníl)ääíi. í:r'*il^r,oublier que, dans l'acte intJrectif, Ia causarité de ra lunière(qui est du sujet) ne fait pas nombre avec la causalité desnotes perçues dans l,ob.jet et ne peut, par conséquent, s,yofpos'el' Ir paraît croire q*e d'afûrmer ra nécessité subjective

lui, le R. p. Gardeil._Je l,ai nommé, en particulier, {armi les

::::.":1,,0"^:j^,Írlitité rarionneile au sens strict, sès asssr_

t. La Crédíbilìté et l,øþologèttiguez.Gabalda rgrz. In_tz,pages xx_332_z. u Lacrédibilité ,"tiooJ"tt"'.r,,.;;;;." nom t,indique et comme.nous l,avo n s déj à dit, n atu r e I I e tn e nj, o roi¿ r r-l¿

'issue du .";;ï.-:":;'.;

""::::,:.'-:ii::1'-'oö.t".' l (P.6s.)pt p.5r : rr A

"",tioo p.Jf;.";';;;.:;",'t""ä',iilii,'rllTi.ra vérité "*t'ioól¿uå d; ì;;'-

Rrcr¡rnc¡re¡ 8crENcE REL Iy, _ ,

Page 44: Rousselot - les yeux de la foi

REMARQUES SUR L'HISTOIRE

O-" l," lumière de grâce' ce serait nier la pleine suffrsance

objective des motifis å"ität-tté{' Et cette inexactitude phi-

losgphique,'"fuiUf¡J-t toot" la doctrine des suppléances

'subjectives, rend très sufûsamment raison des répugnances

qu'elle a excitées, et qu'elle ait paru..rendre incertain le fon-

.dement rationnel d; i;; tht" i"t illettrés' ou' plus exacte-

nent, chez presque tous les hommes' Si' au contraire' o"n dit

que la lumière de grâce' tombant :": "" indice qui' aux yeux

de la raison "u'o'"'ì"ï'át oo" probable' en fait un instrument

, d'assentiment certain' alors on se rend compte que la foi' des

illettrés peut être in t elle c luellern e nt aus si c er taine' tout en étant

ruüonnellement *'o')î-"*l'*unicøble.que la foi des savants' et

qu'on n'est pas seulement cinq ou six dans l'Église à posséder

des raisons u" "r;;;;;iuut"r'ou¡ ".tivement 2. Avant do railler

' comme naifs et candides ceux qul disent que les légitimes

'motifs de croire sont toujours certarns 3' le R' P' Gärdeil au¡ait

pu examiner si. ceux qui parlent ainsi ne se faisaient pas des

'raPPorts du su¡et et dL l'objet une conception plus organique

que ia sienne' i"* oU¡"t io'*tl .est corrélatif d'un certarn

pouvoir ao "'¡"tlï" i"¿it" simplement probable pour une

' r. A Propos des rt excitations surtaturelles qui commandent la genèse

de l'acte ¿" toi '"roli""ã"ti'it" ¿o^¿"o*iJ'"-" concile d'orange et de

saint Augustio '' J""rii"" oot"'p' 131 :':conclure que (la démonstra-

tion catholiq""l "l'uïit å" "rnJ"ti'e

à I'endroit de ta crédibilité qu'à

ces supplém"ot' 'i'ou*rels' et qtie' P"Ï eux-mêmes' les arguments ra-

tionnels ne dét"#;;;;;';ïJti'o'"'i oi á"o"r"t Pères ni dans les théo-

öd'};l,i::,,üiåiïil..:ï"n,îî;;ru','"";ï'i"iiilï/J;¿it'mêmes qui tra r;; des arguments rationnelsä;. tl¡utåur sait bien pourtant qi ]ll seulement par leur conjonc-

if"Ff":: t ili;: "'"".-î:îi :i :jï

""iä

ä' "i' e d-o i'l' ê t r e c e t t e

lumière noo' no"îi'tt t"i"i'e" telle catégorie d'objets? voilà la ques- '

tion.z. Mais alors, on ne peut ptus ippeler ces suppléances <r des¡ote'urs

.,;g,r;t":,"",ïåJJïru*:fl j"î'iï,::ì,i::',"1å:i:i::1ii;lradbésioû, úars(p'3I9), et I'oo o""ît'äi'ii": ourigé' p;r it'i""' à la-rationabilité

oleine, ¿" f", *"iriãr*., * obiets, eo )oi'on' øues' (Ibid')

3. Lø certitud'e þrobabtedans la Reztue-d'es sciences þhitosoþhiques et

théologiqn'es, avril rgrr' P'237'

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DE LA NOTION DE ÞOI NATURELLE

intelligence faible, peut être pour une intelligence forte unsigne certain; de même, un indice ambigu pour la raison natu-relle peut être un signe très sûr du vrai pour la raison surnâ-turalisée, l'indice n'a pas changé, mais le sujet s,ést élevé,Unus alio lent unaln lirupidius intellegere potestt. N'est-il ,pas

arbitraire, quand on parle de preuves de la religion valaúles< ensoi r, d'entendreapriori cet rr ensoi ¡r au sensde: <r pourfa raison blessée | ? r¡

Plus volontiers que sur ce qui me sépare du R. p. Gardeil,.i'aimerais à insister sur ce qui nous rapproche. on doit'säiiîèì .

avec bonheur le livre d'un théologien de cette autorité commeun signe du besoin qui se fait jour en plus d'une sôrte, ¿i:ù'ìiii''jouer à la grâce le rôle qu'elle mérite dans la théologie d"llafoi. Il ne sufût pas, après qu'on s'est longuement étendu surléjeu des causalités naturelles, d'afftrtner la réalité dece rôle àela gràce, soit pour appliquer sur l'acte naturel la dorure dr¡"sui.; :

rraturel, soit pour abandonner au Saint-Esprit les cas quruneingénieuse psychologie aura trouvés réfractaires. Il faut c*þli-quer qtte la grâce peut faire voir et comment elle fait voir.þst-ce assez pour cela de dire : r< Je supposais connue la théoriepsychologique de I'infl.uence des dispositions du sujet sqr lecaractère de l'objet ? ¡r En bonne foi, je ne le pense pas. Le

. r. þans l'état actuel de lthumanité, toute raison non surnaturalisée'est une raison blessée, et il nty a pas de pure raison naturelle. Mais ilse peut que I'opposition des deux théories de la foi, l,grganique'etl'oxtrinsèque, n,éclate nulle part r,r* y"rr* plus vivemeut qìru ¿ägs l".solutiou de la qùestion scolaire : sì Dieu eút þu téoëler la Trìnìté à , -,lthornme laissé dans lrétat d,e nature þure, (Cf.,au tome V des æuvres deScot la Q. vr des Miscellaneae. n. 6, p. 4o7, et aussi Ia e. d,e Co-gnítìone Deì, p.3r8.) Il est clair que les principes scotistes comma'-,dent la réponse affirmative, et res principes thomistes, la négative.Notez que ceux qui concèdent l'hypothèse avouent que de fait Dieu ne,l'ett'pas réalisée sans modiûer en quelque façon la ûn dernière del'homme, paice que Dieu ne fait rien d,inutile. Ils arrivent ainbir. parun principe extrinsèque, à la même conclusion que ceux qui la nien¡,ët qui pensent, en partant dela notion même de vérité et d,intellection,gue, si Dieu révèle ce mystèrer'le fait de cette révélation supposê ouoet dans l'hômme une certaine connaturalíté qui l! íntéressir-et rcnd,possible l' intellection ar aic,

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Page 45: Rousselot - les yeux de la foi

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36 REMÀRQUES SUR L'HISTOIRE

R,P. Gardeilr ne le Pense pas lui-même, puisqu'il\rrous donne

tant de savantes explications sur le rôle que jouent les attraits-

c,est qu'en effet, s'il s'agit de la constatation psychologique

yulgaiie ; elle laisse entière la question dela légitimité de ladite

influence,questioncapitaledansl'affairedelafoi'S'ils'agitdela théorie scolastique, elle a souvent été conçue par les théo-

logièns postérieurs de façon trop mécaniquee' et' chez saint

Thomas lui-même, malgré des points d'attache nombreux' symé-

triques et trèsremarquables' elle est encore troppeudéveloppée'

En raison du parallélisme entre la psychologie surnaturelle'

et la naturelle, parallélisme très bien mis en himière par

le R. P. Gardeils, il ne peut y avoir de progrès dans la théorie

de l'acte de foi sans progrès correspondants dans la théorie de

l'acte humain. L'immanence de la volition dans I'intellection

est, à cet égard, une des notions les plus nécessaires à éclaircir-

C,est pourquoi j'ai essayé d'utiliser certaines notions préci'euses

que la philosophie moderne a mises au jour touchant la poten-

tialité, l'appétivité, la volontariété de toute connaissance con-

ceptuelle. i'imperfection de mon essai ne m'échappe point;

ce serait déjà quelque chose qu'une ébauche utile' Au reste'

guels que soient la valeur ou I'insuccès de cette tentative' elle

ã"-"or" absolument distincte du principe de la nécessité de

la grâce pour toute perception certaine de la vérité du christia-

oiå", prlrr.ip" ,orì"qotl devraient s'entendre tous les disci-

ples de saint Thomas. Cette entente serait proche 1è jour où-

i'or, "or.it compris par quel mécafrisme de transposition la;

ih¿ori. de la foi scientiñque a pris naissance' à quelle attitude

philosophique elle correspond, et comment son apparition'

divisant l'histoire de la foi en deux versants' marque un des

{noments les plus importants de cette histoire'

PIERRE ROUSSELOT.Parìs.

r. A qui j'empruûte cette phrase' mais en la retirant du contexte.

d'une discussion particulière, qui en déterminait la portée' (Cf' Reztue-

irt iq;" d;aþotog-étiqne, r"" nov^embre r9o8, t' VII' p' r83' uote r')'

", "T"l¡ean ae sa;ot Thomas cité dans notre premier article' P' 249'

¡, 2. -3. La nédibitité',P.6 et þøssim'

tES RELIGIONS DE L ANNA

C'est une æuvre difûcile et délicate à Iá fois q.connaître la religion desAnnamites dans son ensen'difûcile, parce que le sujet est complexe; æuvre aef¡¡rtÞ,

de faire'CEuvie

:ur:rPqu{. :'/ ! ¿:'t, I

e. z vol.

rie et

Parce qu'un graird, nombre de points sont encore o.moi et, je crois, pour tout le monde.

Nous avons, en Annam, une superposition et unetration de cultes; les pratiques magiques du ca¡acti,cruel, le plus sauvage, voisinent avec des cultes auxpurs, aux conceptions très nobles. Mais les premièrrtrès peu étudiées jusqu,ici et, pour les seconds, on se

'r. Louvet, des Missions étrangères : Lø Cochinchíne relìgt;in-8. Paris, Lero,ux, rgg5 (p, r44, zo3_ztr, de l,Introduction.Dumontier .. É¿ud¿, d,ethnotio,gie rehgíeuse annarnite :

'd,ìztìnation. In-8, r8gg.Id.. :.Le Ràtuel funér,aìre annamìte.In-4. Hanoi, Schneidel. : .. . ¡ .

Souvigné, des Missions étrangères : Vaììéüs ø"i¿"o¡rrr-.iiia. rr"ooi,.Schneider, r9o3. (Chap. x, xr, xrr, p. z3g_324;.h";.;;;;p.lõåä.1,,._!,1"U"t

: Contes et légendes annamìtes, d.o, ,, E;J;j";rtr;i;""-'narssances )). Saigon,

Siguet : Lcs Annamìtes: socìété,coutun es, relìgions. In_g, plris, ¡qoó.' Bouïnais er paurus : Le cutte. des mòrts ¿'""t r?¿*p-¡ii ,l'tirï,ii iãî-'uam. In-tz. Paris, 1893. I i.' cadière, des Missions étrangèreà : croyances et d,ìctont po¡Ltaircs de,Ja.uallée d,u Nguôn-Son, d.ans <r Bulleiin de l,École f;;;J.;;,E__

trême-Orient r. If¿ooi, r9or, p. rr9-r39; rg3_2o7. --'l-- -'

^I!:_Coutumes þoþulaíres d,e ta z,aitée du Ngu,ôn_Saz, dlns B. 8..¡. E.-O. Hanoi, rgo2, p..352-3g6. - -' -'l-- -'*-!¿., Philosoþhie þoþulaìre annaznite: Cosmologie, d.aus r Aotfropor r.Vienne,r9o7lP,tl6-tz7;g55-g6g;l9o8,p.,48-,i,.'

. I!' ' sur quelgues raits retigíeux ou margíqies observés þe)dant unc.lþidémìe de choléra en Annam, dans < dotïropo" ,;. îí";Ë";;",,þ.,519-528; rni-túg. L' ::ar.Id.

: Le_Culte des þierrcs en Annam, d.ans rr Les MissioJs. catho-.{iques >. Lyon, rgrr, nos zzog-zzrg, -l-: --''.

-I.lI

Page 46: Rousselot - les yeux de la foi

56 NOTES ET MÉLANGES

quantum ad assensum, qui est principalis actus ûdei, estaDeo interius¡novente per gratiam. 1,Sumw. theol, q. vI, art. rr.in corp., p. 28, c. r..

.tinsi les miracles, comme toutes les autres démonstrations ration-nelles, n'engendrent pas nécessairement la foi en nos âmes : ils sontdes aides, ils nous mettent sur le chemin, ils n'ont pas un pouvoircai¡sal déterminant: en face des mêmes arguments, les uns sont con-vaincus, d'autres demeurent incroyants. Le vrai motif de I'adhésion,ou plutôt la véritable cause déterminante, vient d'ailleurs, de laIumière surnaturelle; c'est elle qui opère la synthèse du sujet connais-santet de I'objet connu; aux yeux de Ia foi se réVèlent les relationssurnaturelles qui unissent les dogmes chrétiens et Dieu lui-même,source de toute vérité, et c'est cette vision qui détermine dans notreesprit le mouvement d'adhésion qui constitue I'acte de foir. Onconçoit'qu'il ne provienne point des raisons sur lesquelles repose ladémonstration de crédibilité, mais qu'il ne puisse avoir son point de'départ que dans la grâce surnaturelle. Il n'en reste pas moins quecette insuffrsance des preuves et cette nécessité d'une vision surna-turqlle ne se réfère en aucune façon à la démonstration de crédibilité.

***

Il est temps de conclure ces quelques observations gui auraientdû être brèves. Saint Thomas admet deux étapes dans la foi : au

premier moment, la raison humaine établit l'origine divine de laproposition dogmatique; à ce moment n'entrent en jeu que nos

énergies rationnelles; la démonstration de crédibilité constitue lerésultat de ce premier travail. Cette première étape une fois franchie,Itntelligence demeure libre de donner ou de refuser son assentiment :

la construction rationnelle précédemment élaborée reste impuissanteà l'y contraindre; elle lui montre la voie, sans lui donner l'impulsionnécessaire pour terminer la route. C'est à la volonté éclairée et pressée

parla grâce qu'il appartient de déterminer l'intelligence àsesoumettreà cet enseignement divin. Cette obéissance rationnelle et moralementobligatoire demeure tibre et peut être méritoire. Mais qu'il yaloin de

cette première assertion : ( cela est légitime et prudent ¡ à cette

seconde : a donc je dois le faire et je le fais ¡r ! Il faudrait être unpsychologue bien candide pour prétendre qu'il n'y a pas de distance

r. P, Rousselot, les Yeut il¿ lø foi' loc. cit., p.468. t< Il faut donc,de toute nécessité, avoir recoursàunehabitude activei¡fuse, qui, nous

sympathisant à l'être surnaturel' du même coup qutelle nous établitdans l'amour libre d'un bien désirable, suscite en ûous une nouvellefaculté de voir. ,¡

RÉPONSE A DEUX ATTAQUES 57

entre l,acte de l,intelligence reconnaissant Ie caractère raisonnable

et prudent d'une telle ãé"iriqn et Ì'acte de volonté qui se résout à

l'exécuter et qui, pratiquement, I'accomplit'Cette conception n'est pas du tout identique à la théorie de Ia foi

scientifique, tãlle qu'on ia retrouve exposée dans sa forme la plus

absolue par Abélard ou lìfermès. Dans cette théorie' dite de la foi

scientiñqìe, la raison a le pouvoir de déterminer une adhésion pure-

ment naturelle aux mystères révélés : cette foi'scientique se trans-

fo¡me ensuite en une ioi surnaturelle. Dans la doctrine thomiste,.au

contrâire' le rôle de la raison se limite à démontrer le seul fait de la

révélation : la volonté ensuite demeure libre de donner ou de refuser

son assentiment.Discufer les titres du messager, accePter le message lui'même' ce

sont là choses différentes et parfois fort distantes'

Lv on-F r øncheuille .'v

Ilippolyte LrculnP.

RÉ,PONSE A DEUX ATTASUES

IJen'aijamaissiéladêmonslralionrationnelledelacrédibilité'mais

biËnlapeiceptibitité de cette dénconstration corumc conaaincante' en dehors

cle la luu¡ière surnaturelle,'et cela est fort différent' Je regrette-gue la

méconnaissancedecettedistinctionfondamerrtalefassed'unebonnef..ri" a" Ia critique u*;,ttqair-{un presque continuel alibi'

Mais commençons par Ia 6n, pour commencer par ce qui nous

rapproche. U. f,igearå reconnaît-que la théorie de la foi naturelle

".t etr"rrger" à saint Thomas, que pour lui < hors la foi infuse' il n'y a

pas de fo-i certaine r¡' Cela lui paralt évident' il écrit même ( trop

évident lr.Sur cela je rappelie seulemeirt que cette vérité < trop évidente tr

est méconnu" p"rì" chceur presque entier des théologiensmodernes

(i,en ai cités, -et

d'habits ¿iuert, dans les Recherclus, r)Ío, pt 2$5¡

n. r) : presque tous proclament la possibilité de la foi naturelle' et

presque tous pensent trouver cette doctrine dans saint Thomas''U. l-ig"^ra, en finissant, nomme une fPis de plus Hermès et Abélard;

,r. Aiå"t pas qu'il a dissimulê ce que disent les autres' puisque dissr-

mulei est,iuilain >; disons qu'il garde à leur endroit un respectueux

silence. Quoi qu'il en soit, du jour où l'on serait d'accord sur la con-

statation qui m'est commune ãvec M' Ligeard' il y aurait - étant

donnée l'autorité dont jouit mainte¡rant le Maltre angélique - il y;;raitqu"tqo" chose dã changé dans la théologie de la foi'

Page 47: Rousselot - les yeux de la foi

s8 NO'I'ES E'f MÉLANGES

a**

II y aurait quelque cl¡ose de changé, et d,autant plus, qu,on nepourrait s'arrêter Ià où s'arrête M. Ligeard, et qu,on en vienãrait viteà reconnaître que saint Thomas, s'il requiert une grâce pour l,assen-timent de foi, la requiert aussi pour la perceptiãr, cerlaine du faitde la révélation, ou I'affirmation certaine de lã crédibilitét. M. Li-geard est obligé d'admettre que, d,après saint Thomas, la raison nonéclairée par la grâce peut concrure avec une absorue certitude : /ødoctrine chrétienne est croyable, la doctrine chrétienne est réztélée de Dieu;mais que la même raison avec les mêmes forces est incapable d,en tirercette autre proposition : ra doctrine clzré.tienne est araies. on pourraitdire avec la seule raison naturelre Tout ce que Dieu réaère estaéri-table. F't I'on pourrait dire aussi t Dieu a réaéIé Ia doctrine chrétienne.Mais on ne pourrait pas finir le syllogisme, et la raison, qui fran_chissait tout à l'heure tant d'obstacles pour aboutir à la crådibilité,se heurterait impuissante à cette dernière et frêre barrière r Jesuis sûr que si M. Ligeard avait dû exposer sa propre théorie de Iafoi, au lieu'd'avoir à définir ceile du saint Docteur, il ne se seraitpas arrêté à une position si inconsistante et psychologiquement siinvraisemblabie. Quei plaisir sa thèse extrinséciste va faiie dans resmilieux où la doctrirrethomiste de lafoi a déjà si bonne presse, grâceau génie caricatural de certains adversaires I

Quellessont donc les raisons qui l,ont fixé? C'est le préjugé, sicommun malheureusement parmi les scolastiques contemporains,qui ne leur fait considérer dans la connaissance que les élémentsobjectivement connus, et leur fait négliger I'activité synthétique del'intelligence, ce qui s'appelle < Ialumière, chez saint Thomai. Urr"bonne partie de l'argumentation de M. Ligeard est, ce me semble"

r. Je prends ces deux termes pour convertibles, quand iI s,agit desaint Thomas. M. Ligeard, qui insinue d,abord une distinction, tanéglige ensuite, et à très bon droit. A la fin, il la fait reparaître.

z. Rappelons que, dans ce débat, lron entend par rr foi aaturelle¡r touter( croyance naturelle à la vérité extrinsèque de l'assertion proposée ,(termes du R. P. G¿rrdeil cités dans mon troisième article, p. 33, note z).Il y a donc foi natureile, si I'on croit par soumission à I'autorité deDieu mais sans nulle grâce (cas admis comme possible parle cardinalBillot, De Virtutibus infusis,I, p.76-77, M. Bainvel, ta l;oi etl,acte deioì, p. 38-39, r58-ró2, r7o-r72 et M. Van Noort, Tractatus de fontibusnecnon de {tde p. z4z-244); il y a aussi foi naturelle si l,on croit. resolvendo assensum in externa motiva vel signa credibilitatis, tan-quam in rationem credendi >. (Suarez, cité dans le même article quedessus, p.'25, note z.)

RÉPONSE À DEUX ATTAQUES

hors de laquestion, parce que, tous les textes qui parlent dsufñsance des raisons de croire, il les entend d'une aptituraisons à convaincre l'intelligence non guérie, - parce qconfondre détnonstration araie de Ia crédibilité avecilémonslration indéþendamment de loute lumièrc surnatureller. Cressort en plein relief des grandes lignes de son argumentrahit dans cent détails de son style.

Pour les grandes lignes de l'argumentation, quë le lecteupassages du Contra G¿ntes tta¡scrits à la page 47, et qu'il vese rappeler aussi mes Retnørques: rr Contre ces témoigna¡aisonnements, écrivais-je, c'est en vain qu'on apporteraitoù saint Thomas proclame la parfaiterationalité de lafoi chla suffisance objective de l'histoire et des miracles à enbien-fondé. Il n'y a pas l'ombre d'une opposition entre toI'absolue nécessité d'une lumière de grâce : ces signes dsurnaturel sont, au contraire, comme les couleursilluminées pâr cette lumière, selon la théorie générale de I

intellective etde I'objetformel. r¡ (Rccherchcs, tgtl,'p. zr-zzmentation de M. Ligeard revient à dire: Il y a des coulears :

donc gu'il n'cst pas besoin d'yeuxl

Vériñe¿ le même préjugé d¿ns les détails du styie. rr Nullisons-nouspage 46, < nulle.part on ne voit quepour saintprovenance divine du message ne puisse nous a

que dans une lumière surnaturelle z bien au conlraire, d'se prouae par des arguments rationnels r¡. Voudrait-on doncments tactiles ou olfactifs, ou bien des argumentsl'intellect angélique? et pourquoi la lumière peut-ellerequise chez I'animal raisonnable, sinon pour éclairer des

rationnelsP Relisez les textes qui suivent, et admirea laa On le voit, la preuve rationnelle forme un tout complet :

toute sa valeur des éléments rationnels qui la constituent. ))

tient loute sa ztaleur des élëments qui la constituent I

bien là I'habitude de ne considérer que Ia cause matêrielle

lection, de confondre les éléments synthétisés avec laqomme on est près de Taine ou de Condillac, comme onsaint Thomas ! Notons encore une autre trace de la même

r. !L Tanquerey me paraît sacriûer au même préjugé, lodaus la treizième édition (r9r r) de so¡ De Fide, p' r4o: <r Siferi posse naturaliter, Donne eo ipso negatur vls demonstraculorum? r Je saisis avec plaisir l'occasion de remercierauteur dlavoir fait si courtoise mention de mes essais enendroits de ce volume (p. roo, p. rz6, p' I4o).

59

ne vrarede ces

il paraîtt de cettc

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va mrra-savant

usieurs

Page 48: Rousselot - les yeux de la foi

6O NOTES ET MÉLANGES

fondamentale Ià où nous lisons : < Si Jésus n'avait point jugé à pro-

pos de faire des miracles, quel autre argument qu'une lumière sllna-

iurelle pourrait témoigner de ta divinité de sa mission? rr (P' 5o) Que

M, Ligeard me pardãnne si j'insiste : nous sommes là au cceur du

su¡et. ó'ailleurs, Iui-même se plaît à accumuler les expressions pour

bián faire comprendre qu'il ne conçoit pas la lumière surnaturelle

comme inÍornant les éléments rationnels, comme Les unirtaú en s'y

unissanl, mais comme fournissant en dehors d'eux un supplément

d'information. r saint Thomas, écrit-il, fait donc intervenir I'action

de grâces.surnaturelles suppléant au défaut de preuves ratio¡rnelles.

Maiì elles n'ajoutent ,ien à leur influence, à leur valeur, à leur certi-

tude: elles ns les renforcent pas, elles les remplacent en leur absence,

Aussi bien ne saurait-on dire que la certitude du fait de la révélation

résulte d'une lumière surnaturelle donnant toute leur force aux argu-

ments rationnels z cclle-là n'aþparaît gue lorsgue ceut-ci n'eccistent pas- >

(P. 5o) Je remercie M. Ligeard de ces paroles, et je le demande.au

iecte*!"i a I'habitude de saint Thomas : qu'on "::"pl: ou^qu'on

,"poorr"' ma thèse du privilège e*clusif qu'a la lumière de grâce de

manifester avec certitude Ia crédibilité, ne doit-on pas avouef que'

d,après le saint, ce rôle lui est au moins possible, et dans le cas même

des'argu*errts les plus démonstratifs? ne doit-on pas avouer gue les

termeide mon critique excluent une pareille possibilité, et donc qu'il

å,est engagé dans cette discussion avec une notion inexacte de ce

que saint Thomas entend par lumièret7

Mais voici Ie plus cuiieux, peut-être, et Ie plus démonstratif"

comme M. Ligeard reconnaît, dansl'acte defoi,l'actíon de la lumière

de grâce, il esi obligé, en conséquence de ses principes, d'y supposer

Ia p-résence d,un ceitain visum extraordinaire. (( Dans I'adhésion de

roi ait-it, le rapport existant entre Dieu et la vérité révélée nous

apiarait ¿ t" tuÃl¿." de la grâce : lc lien gui unit la prtþosition rêuélé¿

à i,a vêrité þremière nous devienl øinsi é',tident dans ce jour sarnalurel z

r. M. Ligeard parle (p. 4r, note) de Cajétan, qu'au reste j'avais cité' -comme si i,était chez

'iui une opinion singulière de croire que la foi

iüor. p"", faire voir la crédibilité. Ne connaît-it pas d'autres tho-

mistes, qui (admettant, comme Cajétan I'admet, la possibilité de lafoi,"i"otitqo"j n'ont cependart aucuûe peiae à concéder cette tbèse'

iuconceuibie, paraît-if pour lui? Ni M' Tanquerey, ce me semble.(ay''

Ai. p, r4o¡, ni le P. éarrigou-Lagrange (Reaue thomiste de juillet-

aott, p. +86-+82) ne sont sur ce point de l'avis de M' Ligeard' Or' la

p*ri"'la'plus'difÊcile du chemin est déjà faite, quand on a compris

äue la grâce peut, sans lumière a extraordinaire l, faire percevoir la

.ie¿iuiii,e, qie lalaertu inluse qui þørlaít la raison est une þuissance

ile aoir en ce monde les signes du monde divin'

'REPONSE A DEUX ATTAQUES 6¡

les yeux de Ia foi la perçoivent comme-une émanation de Ia véritá

première participant ;-J;" infaillibilité absolue' rr (P' +s)' Et plus

loin: < La lumière surnaturelle... opère Ia svnthèse du sujet con-

naissant et de l'objet ;;;"" : ""*

y'u* a' ta fo'i v rêaèlent le-s relations

sarnøturelles qui u"it'Jnt t"' aog*"t chrétiens et Dieu lui'même'

source de toute ,¿'it¿, "i tlttt "tå'¡'¡o''qui dëternzine d'ans notre csþrit

le nouaement d}ad.hésio) q)i 'o'tú* L'acte-d'e loi n' (P' 56') Ainsi' avant

'acte de foi, voici une ïouvene vision, toute surnaturelle celle-là' et

qui pogsse à croire , L' --

¿f¿t"nts rationnels l' si puissants tout à

l'heure, paraissent """tt àiil en vain' On s'étonnera peut-être de

voir le saint Thomat i;M: iigu"'a þindre de cette façon I'illumi-

nisme à l'extrinsécisrn-e-: u" fo"ä' cet aboutissement est très logique;'

si l'on ne p"o, "on""ooir

qu'il y ait des.arguments ¡ationnels dont la

lumière de grâce t"'* uoi' la vé'ité' I'on ne peut aussi avoir I'idée

. d,une lumière a" grjå q;i ;'"*e,,"'ait pas dans le contexte psycho-

logique d" ,ro,ru"uu*'JUl"t" a" nouvellès notes' I'on confond ttonum

lumen et nottum aisam'

Mais si nous passon' "o '"t"']*-'"*t"

o" la 2À 2'o " ler lumen'f'd'eî

aident esse cre.dendl,qtî*t f [.ptession même de ma thèse' Ies clloses

vont changer un Peu'M. Ligeard se refuse à entendre ce texte' comme moi'' du juge-

ment de crédibitité. yru*" part, il est trop loyar et trop inteuigeng

pour le ramener à 'ig"iñ;; tout simplem eît | þet lunen flei ttiilenlur

ea quøe creduntttt,surtoui-puisqu'il -s'å-git d'un articie où saint Thomas

se demande ¡rrrt"*"ni'ii[ùí"' de fãi peut être su' et où il répond

par Ia négative. Qu1 fait" 4:11 rrl' ,{-ìS¡1a introduit bravement'

entre le jugement de crédibilité et I'acte de foi' un nouvel acte

d'intelligence, qui est une perception' '1u.: tt" lumière surnaturelle'

ãenroùrigo,io,,'"oå-r"á1åái1*11'::::::',:;;Í:Í,!;";:l;,i;:|t"..à-dire, en termes scolastiquest ttrÌ lutemet

Cette nouvelle idée J" M'Lieó"rd m-e fait trois fois plaisir'

'Premièrement, parce que M'1ige"t-d 1dl"t de la sorte' comme mor'

une perceptio., unt¿ii"=*"-a t'"J'" de for' et opérée sous I'influence

de la tumièr" d" foi;ì;;-*À*"' J'e'tends' quant à moi' logi'quencnt

antérieure' p"'"t quJ'ii lo*i¿'"-¿" foi ne saurait agir avant d'exis-

ter. J'espère qt" rnr'-li!""J luitoc*e I'entend ainsi' et qu'il est

assez bon disciple ¿e saint Thomas pour confesser sans difñculté la

priorité réciptolo" -^^ -"- ^êrrp nôncession faite, il est désormais

Deutiènzement) pa'rce que' cette :onc.:ssinutile à M. Ligeariã"ï*"t ¡ la lumière de foi une manifestation

r. particulière des tt ;;;t';;; turnaturelles qui unissent les dogmes

Page 49: Rousselot - les yeux de la foi

6'¿ NOTES ET MELANGES

chrétiens et Dieu D, manifestation incompréhensible et illuministe si

elle n'est pas tout simplement le jugement de crédibilité. Il a trouvéà la vue surnaturelle un objet tout différent : la crédendité, l'obliga-tion morale. Il pourra, de la sorte, purger son système de tout illu-minisme t.

Troisièrnenenl enñn, si l'on me permet cette confidence, parce que,quand j'essayais de comprendre la doctrine thomiste de l'acte de foi,j'ai passé, moi aussi, par cette étape que nous venons de voir accom-plir à M. Ligeard et par laquelie bien d'autres sans doute ont passé.

Mais, une fois conçues I'identité réelle et l'antériorité logique réci-proque du jugement de crédendité et de l'acte de foi, il n'estpas fortdifficile de comprendre que la vue du credendunz et celle dt credibile

ne constituent pas deux moments distincts.

Que saint Thomas I'ait ainsi entendu, c'est ce que le Iecteur sans

préjugés conclura, nous en sommes sûrs, d'une lecture attentive des

articles en question (z^ z', q. Í, ã. 4 et 5). t< Sub communi tatione cre'

dibilis, dit le saint... sic sunt visa ab eo qui credit. Non enim cre-

deret, nisi videret ea esse credenda vel propter eaidentian¿ signorum, velpropter aliquid huiusmodi. ¡¡ Et encore : < Infideles eorum quae suntñdei ignorantiam habent, quia nec vident aut sciunt ea in seipsis, nec

cognoscunt e a esse credibilia. Sed per hunc mod.ttz¿ frdeles habent eonrmnotitianr, non quasi demonstrative, sed in gttantùm per lumen fl.eiz:ident esse credenda, ut dictum est... > Saint Thomas parle ici d'unevue surnaturelle de la crédibilité (dans laqueltre, au reste, la volontéintervient, d'où le terme credenda); il ne surajoute point à une crédi-bilité naturelle une crédenditésurnaturelle, comme le fait M. Ligeard.

Sous quelle influence cette dernière idée est-elle venue à mon

adversaire ? C'est ce que ie lecteur curieux n'aura pas de peine àdémêler, car ies rr brèr'es notes ¡r de M. Ligeard en rendent assez ample

témoignage. On I'a remarqué sans doute : au début de son étude et

pour éclairer sa marche dans I'investigation historique de la pensée

de saint Thomas, M. Ligeard pose une tt observation préliminaire tr

qui lui semble < indispensable lr. Or, elle n'est pas autre chose que

l'écho d'une distinction très connue, qui domine la controverse de

l'acte de f.oí depuis le dix-seþtiàrne.siècle, et qui, partant, à ce qu'il me

semble, cl'un faux supposé, empêche justement de bien comprendre

cet auteur dutreizième siècle quefú saint Thomas. Onl'aura remarqué¿ussi : au terme de son étude et pour la résumer, M. Ligeard prête

¡. Le lecteur soupçonnera sans doute que ices deux manières si.diverses d'entendre I'action de la lumière surnaturelle appartier:rnent,

'dans le travail de M. Ligeard, à deux tt couches rédactionnelles D difié-€ntes, et j e crois bien que le lecteur ntaura pas tort.

REPONSE À DEUX ATTAQUES

au saint i'une des conceptions divergentes de i'acte de foi quitagent les tiréologiens de ces derniers siècles, c'est-à-dire q

aboutir la preuve de crédibilité non pas à I'assertion : Dieu l'adit, maís à I'assertion z Il est légitime el lrudent de croire. On sait com-ment certains modernes furent obligés d'expliciter ce momeþt pru-dentiel en jugement distinct, pour sauver la liberté de Ia fo[ qu'itsne savaient plus mettre dans la vision même. Mais on n'adnrlire pas

assez combien cela est incompatible avec le tcredenda Pro/teltìarn signoram de saint Thomas.

Je m'aperçois que je n'ai rien dit clu premier texte allM. Ligeard et emprunté au 3u livre des Sentences. C'est la réu¡e objection ainsi formulée : < Fides est ex aiiquo quod inSed omne tale est habitus acguisitus. Ergo fldes est habituslacqur-situs. r Saint Thomas y répond en énumérant les éléments dþ la foiquae in nobis sunl, qui sont en notre pouvoir : il n'est donc pa{s éton-

nant que la lumière de grâce n'y soit pas mentionnée' Pour lef autres

textes, le lecteur que cette controverse n'aurait pas trop désþspéré-

ment ennuyé voudra bien se reporter à mes articles.

Observons encore, en fi.nissant, que la première page de M.ne donne pas de ma position touchant saint Thomas une iexactea. Ce que j'ai afñrmé quant à la pensée du saint, c'requiert la lumière de grâce pour la perception certaine de I

bilité, suivant la parole z per lunenf'dei aident esse øedenda. Lahistorique n'était abordée erc ?rofesso que dans le 3" article.qui est de la simultanéité temporelle entre ladite perceptionfession de la foi (simultanéité expliquée dans le ro" article),une conclusion des principes de saint Thomas, je ne

exposer directement sa doctrine.

IIPlusieurs mois après avoir rédigé ma réponse à M. Li

pris connaisr"n"" ãr, bel article sur Ia Foi que td.n. P'

ãonné au Dictionøire de tltáologie catholique. C'est uh monu

264 colonnes, où circule partout la clarté, et qui n'est

qu'au péristyle. Pour parler sans figures, l'article est à so

ne représentant jusqu'ici que 742 pages in-rz; j'y ai retro

r. Suis-je le seul à pouvoir me plaiadre? D'après le R' P'

dit M. Ligeard (p. +o) la crédibilité rr est d'ordinaire le frudémonstration exclusivement rationnelle ¡>. Il me semble q

substituait exceþtionnelleruent à d'ordinaíre, on serait plus p

pensée du R. P. Gardeil. Mais laissons tranquille la moisson d

63

par-faít

p¿reà

e

igeardée fort

qu'ilcrédi-

rcela con-é tirais

pas

, j'aita

ent deencoredébut,

avec

J

dtunesi l'on

de lavorsrD-

Page 50: Rousselot - les yeux de la foi

64 NOTES ET MÉLANGES

un vif plaisir les qualités d'abondance magistrale, de souriante

bienveillance et de largeur d'esprit qu'il m'a jadis été donné d'admi-'rer, ( assis aux pieds de Gamaliel rr. C'est un résumé remarquable dutraité de la Foi tel que I'ont élaboré les travaux scolastiques des

quatre derniers siècles, travaux dont les plus précieux résultats ont,été consacrés par le Concile du Vatican. Il est deux choses, au reste'

qu'on y chercherait en vain : ro un tableau historique de la théologiede la foi, depuis les origines jusqu'à nos jours;20 une théorie de

l'acte de foi donnant à la volonté Ie rôle intrinsèque que saint Tho'mas lui donne. Les riches trésors scripturaires et patristiques, que le

Concile du Vatican n'a certes pas épuisés, et qui contiennent de si

magnifrques réserves doctrinales pour des besoins actuels et Pressants'ne paraissent intéresser l'auteur que dans la mesure où la scolastique

moderne les a utilisés. Si l'on se place au þoint de vue des contem-porains de Bellarmin et de Mélanchthon, son étude de la foi dans le

ìrîouveau Testament est un chef-d'æuvre. Aujourd'hui, elle nous sera.encore très précieuse, certes, mais n'est-elle pas incomplète? Quantà la conception que se fait Ie savant auteur de la connaissance de lafoi, voici, pour être bref, deux échantillons assez caractéristiques. A'la colonne zz5, ll se plaint des fâcheux qui veulent < embrouiller ¡r

< la préparation rationnelle de la foi rr < avec la préparation invisibleetsurnaturell¿ ¡. Cet embrouilkr est tout d'or, et fera rêver ceux quipensent que le Concile du Vatican n'a ni contredit ni effacé saintAugustin (pour ne pas nommer saint Paul et saint Jean l'Évangéliste).Mais les amis de saint Thomas trouveront mieux encore à la'colonne 3o4 : < Saint Thomas, suivant son habitude' groupe autourde l'habitusflei que possède le ñdèle, toutes les grâces qui servent à

l'exercice de Ia foi et à lapersévérance dans la foi, révélation, grâces

åctuelles intérieures et providence spéciale extérieure, Br nÉsuMu

Tour cELA sous LE NoM DE LUMEN FTDEI. )) O belle exactituded'expression ¡Ju Docteur angélique ! La révélation et les circonstances

providentielles extérieures entrent dans le lumen fi.d.ei| Est-il possible

de mieux faire voir qu'on n'entend pas comme saint Thomas ce qu'est

une þuissancc spirituellc de synthèse, et qu'on en est réduit à quêterpartout dans l'extérieur et dans le multiple des moyens de fortunepour suppléer au rôle que remplit chez le Maître l'habitus infus?'Lelecteur qui a bien voulu suivre nos études sentira que ce passage du

P. Harent est une pièce capitale à verser au procès. Dans un toutautre sens, en voici un autre qu'il fautencore mentionner, et dont je

me plais à reconnaître la parfaite justesse : < Ce n'est pas être fidéiste,

Iit-on colonnes r75-r76, que de faire jouer un rôle'ùlagr,ûcc dans la.connaissance des préambules de la foi, si I'on entend par < grâce >

un secours sabicctif qui aide à connaltre, mais sans constituer pour

RÉPoNsE A DEUX ATTAQUES

l'intelligence un objet... Quand même on exagérerait le rôle d'unetelle grâce dans la crédibilité... cette exagération ne supprimerait pas

l'usage de la raison avant la foi, elle ne suppléerait pas les objetsque doit voir alors la raison humaine, les motifs de crédibilité, lalogique des preuves. ))

Le R. P. Harent expose tout au long la doctrine que j'ai proposée,.après quoi il la critique (col z6o-275). Ne disposant point ici d'au-tant de place que lui, nous nous borneronsà signaler trèsrapidementce qui nous paraît inexact dans ces critiques; au reste, il va noussuffire, pour écarter les plus graves objectioqs, de renvoyer à des

publications dont le Révérend Père n'a malheureusement pas tenucompte:

r" Dès le titre, inexactitude z Systèrne qui englobc la préparation dc lø

loi dans l'act¿ dc loi lui-nême. Ce n'est point toute la préparation à lafo!, c'est seulement la perception décisive et certaine de la crédibl-lité que nous faisons produire sous I'influence de l'habitude infuse.

e' fnterprétation de la a connaissance sympathique rr dans un sens

tolale¡nent ëlranger à ma pensée. D'après le Révérend Père, l'intelli-gence ne seraitpour moi < qu'une sympathie, qu'un amour > (col. z6r,bas); je prétendrais que connaître, c'est vouloir et aimer (col.275haut), et je ramènerais toute perception du vrai à la perception dubeau (ibid.) !Letrès court résumé donné dans les Yeux delafoi.d'unethéorie noétique assez complexe pouvait-il prêter à cette interpréta-tion? Il faut le croire, puisque le P. Harent s'y est trompé. Mais.avant de juger de la sorte, avant surtout de formuler son jugement,

comment n'a-t-il pas eu recours aux articles explicitement cités par

moir, et dans lesquels j'avais développé cette doctrine d'étrange,apparence? Plus elle paraissait choquante, plus il fallait, ce me semble,hésiter à me la prêter telle qu'on croyait la voir. Puisqu'on savait oùla trouver, et qù'on voulaitLn parler, n'avais-je pas droit qu'on pritle moyen de la connaltre, alors surtout qu'on ne hasardait pas une

appréciation en passant, dans quelque périodique, mais qu'ott rédigeait

un article important dans un dictionnaire qui durera? Je n'ose prierle lecteur de se reporter aux articles cités en note' Mais je le supplie.de lire au moins, si ces questions l'intéressent, et de médite¡

guelques fortes pages de M. Xavier Moisant dans la Reauc þratigue.d'apologétiqu¿ du ¡o'avril rgrz (p. 24-29).Il y verra comment j'entends

le momcnt da synþathic nécessairement présent en toute connaissance;

¡. Ces articles se trouveût dans la Reaue de þhilosoþh¡'¿' mars et

juin rgro;ils étaieût mentionnésdansles Yeux d'cla Foìrp'454rn. r et

ì. +6r, n. r. On peut voir aussi la R¿aue néo-scolastique de Louvain,aovembre r9ro.

65

R¿c¡¡¡ncrss sctENcE RuL.

Page 51: Rousselot - les yeux de la foi

66 NorES sr À{ÉLÁ'NcBs

il y comprendra que je suppose entre le sujet et I'objet tout autre'

chose gue cette ( vague )) communauté de nature dont parle Ie

P. HarËnt; il y entendra I'un des hommes qui peuvent à meilleur

droit parler sðolastique et parler pragmatisme, dire quelle est ma

position vis-à-vis de I'une et de l'autre' Si I'on pouvait justement taxer

i,Ecole de scepticisme, parce qu'elle ne fait connaître les objets que

par le moyen ãe t'espèce impresse, qui est une sympathie dans I'in-

co.rr"i"nt, alors, mais seulement alors, Ies arguments du R' P' Ilarent

vaudraient contre ma thèse. Le R. P' Jeannière, S' J', auteur d'une

Critériologie récente et très appréciée, bon scoiastique, clairvoyant

adversairle du pragmatisme, n'a rien trouvé à reprendre aux Yeux-de

lø Foi eta bien- uoulo ioê*" y trouver matière d'éloges : il avait Iu les

travaux qui les préparaient, et il y renvoie ses lecteursr' Je regrette

que le n. p. ttrre.tt ne se soit pas mieux renseigné' Le mot de saint

jerO*" z legønt prius, øe postea despiciant, énonce une requête trop'

juste pour être jamais impertinent 2'

3o Passons maintenant aux six objections que le R' P' Harent

range par ordre, de a) en fl. Dans i'objection a), Pas un mot que je

.r" iuirt" signer: elle passe entièrement à côté de ma thèse' On me

dit, en effei: Ia foi esi obscure, Ia perception de la crédibilité peut

être évidente; tr la connaissance de Ia crédibilité n'est donc pas la

connaissance de foi; une même connaissance d'un même objet' par

la même lumière, ne peut être en même temps évidente et inévi-

dente r (col. 264). C'est indéniable; mais aussi je n'ai jamais dit

que ce fàt "orrrrai$

ance d-'un même obiet' En niant la coincidence des

ob¡ets, i'ai affrrmé I'identité de I'acte' Ceux-là seuls qui font de I'acte

¿" foi ,rrr" connaissance discursive peuvent voir Ià une impossibilité'

on n,attend poini que je reprenne ici les démonstrations de leurs'

adversaires, fort convaincantes à mon senst et qu'on trouvera dans

les manuels. Si I'acte de foi n'est pas discursif, Ie motif (Dieu l'a dit)

n'est pas absent, certes, mais il est perçu (et parfois perçu avec évi-

dence) ut quo3.

' t- Criteri.ologi.a (Beatchesne, tgn), p' +7-48'

z. Je puis ajouter une remarclue en corrigeant les épreuves : da¡s la'

suite de I'artiite du P' Harent (fascicule XLIII, col' 435) il <c semble t>

seulement que pour moi ltinteliigence ne soit qu'un amour' Quand on

articule ae pareits grief's, ne conviendrait-il pas d'être fixé sur leur réa-

lité? - En lisant la même colonne du nouveau fascicule' les amis

.d'Aristote et de saint Thomas observeront aussi que causali¿ë réci-

þroque eI cetcle vicìeux ne font qu'un aux yeux du P' Harent'' 3l Voy.r, dans l'article'même du !' Harent, la section XII" (fasci-

cule XLIII)'

REPONSE A DEUX ATTAQUES

L'unique difñculté ici peut consister à voir commentvrai des actes de foi postérieurs à I'acquisition de l,habitpeut être également vrai de. l'acte par lequel on I'acquiereprendrai pas non plus des explications déjà longuementdans les Recherches, r9ro, n. 3, p. 253, etc. D'explosions id'une foi parfaitement raisonnable, l'Évangile et I'exoffrent des exemples certainsr. Il faut donc reconnaître csible une confession soudaine de la foi, qu'aucune démocrédibilité n'ait temporellement précédée. S,il en est ainsivain gu'on m'objecte, comme le faitle p. Harent sous'la leautorités (saint Augustin, saint Thomas, pie IX) qui.distinction des cieux moments (crédibilité et foi) en s'comme si elle était nécessairement temporelle. On ne perlittéralisme extrême, faire porter l,affir,mation de ces textestinction temporelle des deux moments: ils visent la rationla foi, qui demeure parfaitement sauve avec la distinction I

Mais c'est ici que.la conception discursiviste de ia foi s'plus nettement à la conception organique, et qu,on peut voi,excellent jour, laquelie s'ajuste au réel, laquelle lui faitPour le R. P. Harent(col.267), <r la foi est une connaitiellement médiate et lextrinsèque, où ie témoignage avecn'arrive pas après, par manière de réflexion sur la co,directe, mais doit être explicitement connu avantl,acte dequ'il en est le motif l. C'est la dernière partie de cetteje conteste 2. Il est difficile de proclamer en termes plus

I. M. Tanquerey veut bien le reconnaître : rt Çs¡6sdimut..,actum ñdei immediate elici, sub influxu gratiae, absque

' tincto iudicio credibilitatis ; sed negamus impossibile essese habeat n (oþ. cìt,, p. r4o),

z, Yoyezencore co7. t73,haut, où le P. Harent propose ce qlui-même ls rt grand appareil des jugements spéculatifs de.rr Plusieurs jugements spéculatifs doivent préparer ce jugeque fde crédibilité]... Il faut que i'intelligence adhère d,abofence du vrai Dieu, à sa science et à sa véracité, puis au¡évélation chrétienne; et, pour avoir le dogme chrétien danil faudra qu'elle adhère à i'Église infaillible, ou qu'elle re¿utre chose cette adhésion... Cette pluralité de jugementspréalables vient de ce que le témoignage est un procédé ibien plus compliqué que la simple intuition; à plus forte ril stagit du témoignage divin donné autrefois, etappliquétémoignage.,. Et puis ces jugements préparatoires à la foiimmédiats... il leur faut donc d'autres jugements, qui leureux-mêmes leurs preuves, Ieurs motifs iutellectuels, r En to

67

qui èstinfuse

Je nedonnées

nouspos'

ion dectest en

å), desnt la

sans unla dis-

ilité deue.

dans uniolence.

essen-

valeuialssancer, purs-

quets qu'on

quaniloio et dis-

res aliler

I appellebilité ¡,ot Pratr.à l'exis-

ait de lale détail,lace par

ulatifstellectuel

n quandull autresont pa3

nissent àte bonne

le

Page 52: Rousselot - les yeux de la foi

6S NOTES ET MELANGES

prend constamment' com.!ile type unique de I'acte de foi (ou du

irenrie, acte de foi, si c'est celui dont on parle), un type particulicr'

iui n'est pas le plus fréquent dans I'expérience, et qui n'a d'autre

irivilège i,re d'être, à première vue, plus utilisable dans la discussion

scotairã. Or, un" théorie de I'acte de foi doit s'appliquer à tous les

actes de foi: c'est là une requête élémentaire. on a parfaitement le"

droit d'étudier à part les actes plus explicites, où certains caractères'

essentiels pourront apparaître en meilleur relief, mais, si un caractère

manque c1at, ur, seui acte de foi, il ne seraplusde I'essence de I'acte

de foi. si l,on réfléchit qu'il n'y a pas un seul acte surnaturei sans

vue de foi, comme saint Thorgas I'enseigner, on s'apercevrapeut-

être que les théories discursivistes reposent sur une base bien étroite.

Pour I'instant, prenons le cas très simple où le premier acte lib¡e et

,méritoire d'un ãnfant dont la raison commence à s'éveiller, consiste à

obéir à sa mère qui lui dit : < Demande au petit Jésus d'être bien sage. >

pçut-être bien que nous simpliñons encore, mais nous sommes beau-

coup plus près cle l'expérience que le R' P' Ilarent, - car je ne sache

p".!"" fes mères commencent pardire à leurs enfants tTu sais, ily.oun.bonDie7quiaditque|ésuseæiste.Letémoignagen'estpointdutout ( erplicitement connu avant I'acte de foi rr, et cependant il y a

pcte de tåi, it y adonc Ie motif formel de I'autorité divine, il y a donc

connaissance suffrsante du témoignage' Les exemples de ce genre

font voir, à l,encontre du discursiaisme, q]u'il peut y avoít priorité sans

interaalleret réponclent de la sorteàl'objection å) du P' Ifarent'

.Dans les obfections c) et d)rje ne puis voir autre chose que l'affir-

mation réitérée, par mon censeur, de la thèse antisurnaturaliste cou-

rante._L'objectione)reprerrdunecritiquevraimentfaibledelaciaittà. Dans ma théorie, dit-on, le péché d'infidélité positive et for-

melle deviendrait inexplicable. Car, ou bien il n'y a pas rle jugement

de crédibilité : alors il n'y a pas d'assentiment prudent possible, et le

foi et sans nul esprit de contention, je le demande : comment' peut-oÛ

soutenir qrr" torri cela cst coDnu d.istínctenent et erþlicitement avatt

tout acte ãe foi véritablei Car la question est 1à; j'accorde que tout

cela est connu; mais je nie qu'il y ait absolumentbesoin de jugements

explicites et préalables; le discord, ici, ne porte pas sur la théologie'

-"i, ,,t, la þiychotogie. Du point de vue théologique, ce qui pourrait

peut-être étåoo"r, crest qu,on en soit réduit à dire, traitant de la ratio-

ualité de la foi, quton ne considérera pas eûcore la foi des simples

rr pour éviter une extrême confusion rr (r95)' S'il y a un acte de foi'nJrmal,

nrest_ce pas celui des simples, dont il est écrit : reaelasti þar-aulis ?

¡. Nullus quocumque alio motu potest in l)eum moveri' nisi simul

cum hoc motu ûdei rnoveatur. (De Veritate, q' 28, a' 4')

RÉPONSE A DEUX ATTAQUES 69,

manque de foi n'est plus imputab le per sc ; ou bien il'i''ä eu' jugement

de crédibilité : alors, selon moi, il y a aussi acte de foi, et donc IJinû-

délité formelle n'est plus possible. - Mais dans l'une ou I'autre hyPo'

thèse, ce péché s'explique très facilement d'après mes principes. Car,

ou bien l'on a eu le jugement certain de crédibilité, et donc 94 Q eu

la foi, et l'on repousse l'un et I'autre, ensemble' par vice {e lavqlonté

.et dégoût du bien surnatureli-ou bien on ne I'aPas eq, toutgn.yétantsollicité par la grâce' et I'on a refusé touf ensemble de crQirç et

de øoir gu'il faut croire. Cette dernière sorte de péché.coqtre I¿ lumière

est abondamment illustrée par les exemples et les paroles de If Ev?p-

gile que j'ai apportés en confrrmation de ma thèse' et dopt 'on se garde

bien de di¡e un mot.Voici enfin I'objection fl : si les meilleurs arguments apologétiquesi

les plus vantés par le concile du Vatican, ne convainquent vr.eimg"4t

qu'avec Ia grâce, en quoi diffèrent-ils des plus faibles arguments' q¡¡e

la grâce peut aussi faire valoir ? - Je réponds qu'ils n'en di"trè¡Þp,t

point par le degré de certitude surnaturelle.; tous les genreÊ d'argU-

a"ntr, ¿ cet égaid, se habent ut excedentia cl c*cessø, comme dit l'Écqle,parce que la foi a plus de certitude surnaturelle chez celui qqi 4 pllrs

de grâce sanctifiante. Les arguments en question I'emportent d94çpar leur plus grande comrnunicabilité; ils I'emportent surtout, da¡p

ia ligne de ta certitucle, par leur aptitude plus grande à consolid.er l¡f.oi, e* þarle causaa ruaterialis, dans le contexte des idées du croyant.C'est de la même manière que, deux péctreurs sortant ¡ustiñés du

confessionnal, la vertu infuse de tempérance, par exemple, peut

exister à un plus haut degré chez celui des deux qui possède une

moindre tempérance acquise : elle y est pourtant subjectivement'

moins bien assise, parce que son empire sur I'appétit sensible passe

en acte moins facilement.

Le Révérend Père me prête encore de bien étranges imaginations.

et des asqertions fort légères sur la guestion du surnaturel. certaines'

phrases écrites p". *oi (Recherches, rgro' p' 257) sur <t l'essence de

i,être naturel r¡ n'avaient pourtant d'autre but que de prévenir juste'

ment cette méprise-là dans l'esprit du lecteur attentif' Mais qui veut

être concis manque souvent son but, suftout avec ceux dont les habi-

tudes sont différentes : un interprète même bienveillant le défigu¡er

et il .faut qu'il s,engage ensuite dans des rectiûcations inñnies, au

grand déplaisir des autres lecteurs'

Paris. Pierrg RoussElorr

Page 53: Rousselot - les yeux de la foi

652 REVUE DOMIì{ICAINE

Fra Ångelico. Dans le texte, abondamment illustré' on lira avec in-

térêt "La Fitle de Caiphe", émouvante pièce évangélique en un acte

(sans droits d'auteur), une touchante "Nuit de Noël", - une notice

sur Ie Bienh€ureux Noël Pinot, le martyr vendéen, etc"' Les Mis'sionnaires n€ sont pas oubliés et une lettre venue des antipodes retrace

leurs luttes, leurs victoi¡es, dit leur reconnaissañce envers N'-D' des

Trois ,!,ae Maria Textes et gravures remettent en mémoire les gran-

des manifestations en I'honneur de I'Eucharistie (Dublin) et de No'tre-Dame (Marseille, te Puy, etc.)' Enfin un bel article de M' I'abbé

Habault : "Ça, c'est chic", rappelle et justifie l'érection de la Basilique

de N.-D. de ta Trinité à Blois : les üavaux sont commencés grâce à

des dons génóreux (l'Àlmanach en cite quelques'uns) et tous voudront

aider à I'entière réalisation de cette grande oeuvre.

Ce bel et bon almanach est en vente aur Bureaux du "Propagateur

des Trois Aac Maria", Blois.. Prix, franco : I f¡. 60 et 16 fr. la dou'zai¡e. Etranger : 2 fr. et 20 .francs la douzaine.

II. - Almanach du "Petit Propagateur des trois Ave Ma-ria", 1933.

Orné lui aussi d'une superbe couve¡tule, reproduction en trichromiede la bclle "Nativité¡' de F. Lippi, cet almanach intéressera et édifierales petits, et même... les grands, Très nombreux articl€s, parmi les-quels nous signalerons des Contes de Noël : "Deux Noëls" et "Lc Sa-

crilège de Charlotte", puis la "Vocation dc Claudet". Plusieurs récitsmontrcnt combien la prière des petits est puissante sur le coeur de No-tre-Dame. Dtautres parlent de nos Missionnai¡es, soit ccux de Francc:"Adieu Triomphal" ; soit ceur de l'étranger : "Jcannottt. -{Jne histoi-rç ancienne... mais si intéressante : "Sept minutes de Pie fX", une poé-

sie, ancienne aussi, mais rajeunie : "Il était trois petits enfantst', etdec lettrcs authentiqu€s. (Elles sont reproduites en fac-simile quì mon.tr€nt la générosité des petits envers Notre-Dame, complètent ce char-mant almanach.

Franco: I fr.35 et 13 fr. J0 la douzaine. Etranger:,l fr.85 et18 fr. J0 la douzainê, Â la même ad¡esse.

Lss yeux de la Foi

"Le dogme chrétien en clécomposition ne soutientles institutions religieuses ; ce sont les institutions quitiennent vaille que vaille les crovances religieuses."

ll y a dans ce mot terrible, oclieusement faux,Loisy dans ses récents Mémoires. (t. III, p. 217), un tégnage inclirect à la très authentique conceptiÔn clu c¿

licisme, et une exacte intelligence du rapport que dotenir en lui, selon l'ordre des valeurs. religieuses, lade foi et l'organisme hiérarchique. M. Loisy a raidans l'économie du christianisme, Ie "régime" est auvice de la o'croyance" ; l'Eglise n'est que la clépositaila foi. Si vraiment, aujourd'hui, c'était l'."institution"soutenait le "dogme", c'est que le christianisme auraitqué à sa nature et trahi son objet.

Il n'est pas question ici de défendre contre.M. Loificlélité de I'Eglise à sa destination originelle. ( I ) Ondrait profiter de son assertion calon'ìnieuse pour redireest, dans la notion catholique de dogme et clans I'actesentiment du croyant, I'ordre véritable des èlémentscornposent. Examen psychologique et théologiquetoute première démarche de l'âme au plus intime cl'même, discernement de ce qui, dans Ia foi clivine, vatituer son objet propre et son motif formel. Ce n'est

us

;er-de

quian-

subtilité que de poursuivre jusqU'à cette profondeur te

I

as-lesla

lle-S-

int

ul-ue

I'analyse spirituelle, s'il est vrai que toute la structuretérieure de I'âme religieuse dépend de ce fonclement, etle mouvemnt général de sa.vie sera pour jamais déter lne

etM.

\q

tut-

ho-'ent

ritéIn:

.(t) _€f.. su¡ ce point Ie récent ouvrage, - plein de doctriraussi de "mémoires" sur le modeinisme, --du

p. -M.-J. L"n.r"".Loisy et le modernisme. A þroþos deí Mémoirer, tçgi, Zff ppl-

Page 54: Rousselot - les yeux de la foi

6J4 REVUI] DOIÍINIC,{I}{E

par cette première option' Ce- sgra^ en tout cas clécouvrir

å ,u toutó. même l'élan vital de la foi'

Foi et dognte; clepuis que les Protestants ont dissocié

cescleuxconcepts,opp.osanil'inspirationintérieuredel'Es-prit à I'autoritÓ enseignante cle I'Eglise, il s'est procluit' par

une réaction normale] une notable évolution dans le travail

des docteurs catholiques. Plus les Iuthériens et autres ré-

forméstraitaientl'Eglisecomn.leunesociététoutehumai-ne, dont I'armature sãciale étouftait la liberté de l'esprit et

lavíeclelafoi,pluslescontroversistesromainsinsistaientsur ie rôle de cette Eglise Íìon seulement dans I'enseigne-

mentobjectifdelarévélation,maisencoreclansl'actemêmeintérieui ctu sujet croyant' La foi n'est point illumination

privée, nrais obèissanie à une règle, clont la détermination a

äte contiee par Ie Christ à une Eglise' La foi adhère à un

"dogme". Ainsi rraquit alors le sens théologique nouveau

de ðe vieux mot grec, qui associait précisément dans son

concept la note intãllectuelle de vérité et Ia note juridique de

décrei. Vocable norlveau' bien trouvé d'ailleurs, pour ex-

primer une très vieille chose ; car, jusqu'alors, aucun chré-

iien n'avait pensé qu'on pût - sous cette forme radicale clu

moins -- séþarer I'o6éissance extérieure à l'Eglise et la clo-

cilité intérieure à I'EsPrit'

A la vérité, puisque I'assentiment cle foi implique en

sa très simple unité plusieurs éléments, íl y eut toujours,

pour coorclonn.r ces éléments, clittérentes manières de voir,

ãt l.r théologiens, selon leur inclination, poussaient leur

analyse tantôt clans un sens, tantôt clans I'autre' Pour les

uns, c'est avant tout le rnystère qui les lrappe et la commu-

niorr secrète que Dieu fait cle sa vie intime à I'esprit de

I'homme ; la foi est une lurnière intuse, grâce mystique dé-

jà, que les dons clu Saint-Esprit vienclront épanouir' Pour

Ies autres, la foi est d'abord dociiité à un enseignement re-

çu, où I'autorité cle l'Eglise est ofticiellement mandatée par

le À¡traître clivin pour proposer les vérités nécessaires : obéir

esrt la première clémarche du fidèle.

LES YEUX DE LA FOI

Aucun théologien catholique, évidemment, n'exalte auxdépens cle I'autre I'un de ses éléments. Maís, tout en lestenant simultanément, chacun peut mettre I'accent où il luiplaît, et clisposer selon un plan différent les donrrées psy-chologiques qu'il observe.

Il était opportun, en face du Protestantisme, de rnettreI'accent sur Ie caractère autoritaire et ecclésiastique de Iafoi au Christ. Ce fut là défense spontanée cle I'esprit ca-tholique et fructueuse réaction cles théologiens. Tout auIong du XVIe siècle et cles siècles suivants, à mesure ques'effritait clans le Luthéranisnre et ses succédanés l'édificetraditionnel des dogmes, Ies théologiens renforçaient lerempart destiné à garantir la Vérité divine, dont Ia solida-rité avec I'Eglise devenait cle plus en plus manifeste.

On en arriva même, en certaines écoles, à force cle sou-ligner cette solidarité, à introduire, pour ainsi dire, ce té-moignage de I'Eglíse à I'intérieur cle l,acte de foi, cornmesi le magistère clogmatique entrait à titre cle motif formeldans I'adhésion du croyant. Ce qui n'était qu'une garan-tie externe de la connaissance cle I'objet divin, se préientaitalors comme Ie moyen propre et clirect ele cette connaissan_ce : I'Eglise n'était plus seulement Ia dépositaire qualifiéede la révélation, elle devenait le motif de I'assentiment crefoi' Le croyant dès lors semblait pouvoir se désintéresserdu contenu de sa foi, clu moment qu'il adhérait à cette Egli_se ; ou du moins son adhésion sociale impliquait à elle sËu_le, sans qu'íl fût besoin d'ultérieure pénétration, I'accepta_tion des vérités révélées par Dieu : une foi implicite, iom-me on disait, suff ira pour vivre en chrétien, ignorât_o,I'Incarnation du Christ ou I'existence cju Verbe en Dieu.

Cet appauvrissenrent de I'objet, au profit clu térnoigna_ge, amenait évidemment un déplacement de valeur. ãun,I'esprit clu fidèle. ce qui passait en premier lieu, c'étaitl'acceptation cles décrets de ce térnoin-bgrise, Ia docirité àses parotres, I'ímmatriculation à son organísme. Il s,agis_

f$J

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656 F.EVUE DONIINICAINE

sait cl'abord d'obéir ; la conquête intinle de la vérité, Ia lu-mière infuse qui assimile à la connaissance de Dieu, vien-

draient ensuite. Peut-être même faut-il se défier de ce

croyant mystique, qui, fût-ce dans une entière docilité ec-

cléiiastique, se complaît clans la parole intérieure du Verbe

et se tient sous I'emprise de l'Esprit.

Ainsi se développa une mentalité religieuse, qui pritcorps dans I'enseignement, en certaines thèses théologiques

sur la nature cle la foi et sur I'Eglise' (2) L'on aurait tortde n'y voir que clisputes d'écoles, dont les échos se prolon-

gent encore dans les routines scolaires des séminaires du

XXe siècle ou clans certains manuels de théologie. En

rë.alité., elles sont l'expression systématique de cette spi-ritualité moderne, qui, sur une identique assertion de vérité,

cléplace les accents, et, par son insistance, parfois unilaté-rale, modítie l'équilibre ancien cle la psychologie clu croyant:I'obéissance devient le trait spéciÌique de sa perfection, et

l'amoureuse contemplatior, de la vérité, la curiosité saine

cle I'esprit, ne doivent se clévelopper qu'avec réserves et pré-cautions. La foi est d'abord une orthodoxie.

Ce n'est point ià, croyons-nous, Ie juste équilibre de lavie chrétierrne, et les grands maîtres du Moyen-Age, Ies Bo-naventure et les Thomas cl'Aquin, ne construisaient pas sui-vant cette échelle cle valeurs les éléments qui composentI'acte cle foi. Une loute récente étude sur La notion dudogme au XIIIe siècle, nous le clémontre à point; et I'en-quête historique que le R. P. Parent y met en oeuvre pourassurer son analyse, nous faít pénétrer très avant soit clans

l'exégèse latérale des textes de S. Thomas, soit dans l'es-

(2) Les spécialistes âuront reconnìl au passage les théories fa-meuses su¡ la "foi ecclésiastique". Ils pourront y joindre, comme rele-vant du mêmè esprit, et pour achevel Ie tableau,- bien des thèses sur1¿ définition du surnatu¡el, sur Ies rapports cle la démonstration apo-logétique et de I'acte de foi, etc.

LES YEUX DE LA FOI

prit qui les anime. Utilisons-en ici les résultats. (3)- Il ne s'agit certes pas d'incriminer ces théologìens

dernes qui, au service d'un point capital de la doõtrinetholique, ont admirablement manifésté, contre I'hérésirôle cle I'autorité et du magistère dans la vie chrétiL'histoire leur a donné raison : la foi protestante est r

se dissoudre dans Ie rationalisme moderniste. lvlais,sée la tempête, et aðcueillis les développements homoprocurés par cet effort théologique, il est indispensabìreviser I'ensemble clu système, ef de s'assurer que descis momentanés n'en ont pas modifié, par un inévitableIatéralisme, dans I'ardeur cle Ia réaction, la synthèse <

nlque.

Pour S. Thomas, les dogmes sont, parmi les innombles versets de la Sainte Ecliture, Ies Lnoncés ayant

1contenu propre et immédiat (.per se primo) les véritésIa vision nous cloit un jour béatifier. Nos objets de Itude divine : voilà ce par quoi se définit le dogme. Cerles articles de foi ont des moyens appropriés d,expresset c'est le symbole de I'Eglise qul noui les propose et ise. Mais c'est Ia considération seconde ;' cel qui estmier, ce n'est pas cette formulation impératíve, .o.nrnusouvent par des contingences historiques ou des exigepratiques, c'est r e .;ilili¿J' i,;;l:i:"'ïu,ü1,,1ä' Tilrliate avec Ia vie éternelle. ,,Le dogme n,est pas prenti¡nent .une fornlule juridique imposée par une autorité, etdéfinition ne s'établit pas en son.,*e å partir cle cette obt

f.ffcei. mSis bien à partir cle son contenu, I,objet divintifiant" (loc. cit., p. 15g).

La toi est donc, dans et pår soÍlsimilation à la connaissance que f)ieuThomas). Le régirne d'orilroãoxíe y

,,.. (l) Qn n-e m.anoq!_.l pur de se rep<.rrter au travailblre dans les Etudes d,l¿is¿oire littérairå et doctrinale tlu(pubt. de l'rnst. d'Etud., v¿¿l¿"ä.;-aörií*iii iösí,-14l-t63).

assentilnent "unea de lui-même"

mo-ca-

,lene.

nue

ìl-a-ó

nes

de

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lée:ES

rér"e-

sais-râ-

a sa place essenti

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ó58 REVUE DOMINICAINE

le, puisc¡ue c'est par I'Eglise que nous est transmis le témoi-

gnäg. .iiuin ; mais le régirne. est au service de la croyance ;

i;"níir^g., pour lui-mêrñe, organiser la connaissance cle toi

àpartir"clelui,c'estcléplacerl'axeclusystènteetmalor-donner cles élénlents qui, clans une bonne clófinition, doivent

être disposés selon lãur clignité. La- Révélation nous est

laite "Ìti corcle Ecclesiae", comme dit Banez ; mais l'Eglise'

selon la fortnule de Cajetan' reçue par tous les thomistes'

n'est que "nzinístra obiecti"- Dieu seul est objet et motif

de I'assentirnent de foi.

"On voit la valeur psychologique aussi bien que l'élé-

vation religieuse cle cette conception c{u dogme, considéré

comme ce qui nous rattache essentiellement à Dieu béati-

fiant, ce clont nous devons vivre ici-bas, ce qui nous conduit

au Dieu vivant que nous sommes appelés à contempler au

ciel, et avec lequel nous nous tamiliarisons déjà sur terre,

grâce .aux certitucles que nous donnent les articles de foi'"(loc. cit., p. 160).

Point n'est besoirr alors de superposer à la.toi, à la loipure, l'esprit cte f oi. Beaucoup d'auteurs spirituels moder-

nes, inconsciemment imprégnés de la conception juridique

de la Îoi, mise en avatlt à partir du XVIe siècle, ont cher-

ché à ressaisir ainsi, clans une espèce d'extension spirituel-

le superposée à la foi, la valcur religieuse et sanctiliante de

la vertu théologale cle la toi, clont ils ne trouvaient évidem-

ment plus la richesse c'lans I'obéissance légale. Mais ce dé-

doublernellt <ie la foi est I'une des plus fâcheuses malforma-

tions occasionnées par cette théologie nouvelle de la foi "ec-clésiastique". La foi, la foi tout court, est assimilation à la

connaissance de Dieu : elle donne la vie théologale, et c'est

une erreur de cltercher hors cle son champ propre un "es-

prit" qui la rendrait vivante' La foi n'a rien au-dessus d'el-

ie qui la puisse vivifier : par tout son être et de toutes ses

foróes, elle atteint directement le Dieu vivifiant. Les dons

du Saint-Esprit eux-mêmes, qui la perfectionnent quant au

LES YEUX DE I,A ¡'OI

mode c1'opération, ne se créveroppent qu'à r'intérieur cre ceplan théologal.

Ainsi établie sur Ie plan de la Vérité divine, et sousI'appétit du Dieu béatifiant, Ia foi mettra en branle áans I'es-prit clu fidèle une insatiarrre curiosité. Son Egrise sera rà,témoin infaillibre et guide sans défailrance. À4ais c'est rui,Ie croyant, qui, au secret de l,âme, ouvrira tout grands sesy:!I, * les yeux de Ia foì. Car, jusqu'en son iìíOetect¡bleobéissance, Ie fidèle demeure insatisiait-; Ioin de se complai_re clans la servitude sociale cle. la foi, et cl'enclore ,on .rpiitdans une sécurité trop courte,'il est pris par son objet ntys-térieux,_et, tant qu'il peut, il cherche à avoir quetquå inteil¡_ge.nce du mystère de ra vie divine. c'est ioeuïre de rascience théologique. C,est I'oeuvre surtout cle Ia contem_plation. (4)

Cet insatiable appétit clu croyant, cette insatisfactionclouloureuse, sont tellernent essentieiles i t" toi, quî é.-il_mas Ie définit par là.en propres termes ; I,inquiétude estdans la nature même de la foj.Ce n,est point Ià concessionsentimental à I'anti-inteilectuarisme c|u,r pår."r,";trï';;contraire conviction aristotéricienre cres exigences tes prusprofoncles de Ia vie de I'esprit, rût-ce sous ra rumière surna-turelle de Dieu. (b)

(4.) C'est, hélas. la ¡nisère et la vanité tle beaucoup d,enseìgnementst{ologiques, de ne iraite.r.n*tiq"g*.;i^;i"i que comme un assenti-mint juridique : r'Enchiridiã" ãË-öi"ri"äit'iou.nit des majeures tou-tes faites, à partir desoue'es-ãn târt;'ãîï;.d*.r,tr, d., syllogismes etdes thèses' spéculation "t**, ã-hd;r1.''¡r"L"nnu., en toure vériré

:i_."1_^:._lg Ie ptus fort, .la t"*¡¿,i'eï-,;-,"i--;;;i,ïìi_[î.',;";;,n y rntervrent que pour fournir aes droporitiãìcomme perfection iñtérieu'" ï"i;ll--íìi-'^11',i"i"i,,'1 fl !n nas Yrarment,.a.eãÈ¡.ii'¡;;i'"'f lili.Ïili||,,rij"':"t¡:+'iliii,i.,l,'rf*...r,:.::,:ff:gi.... dans t'..esprit .a9 ì9!R.' iltr;o.iiä, ramenrabre de l,érudctneologlque et de la vie spirituelle

- lSl -.Sur cette conception audacieuse de la foi. cf- dr,. t.. *â_--Ïíll#*ii:':ffi':i":Ì;::,iì'i;,;*î;i;;"1{r,;|g:ii¡r¿

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REVUE DOMINICAINB

Ainsi se développe la vie de foi, et I'ardeur du mysti-

que, loin d'échapper comme par une voie extraordinaire, à

lã loi Ae la vie chrétienne, ne fait que suivre jusqu'au bout

son normal épanouissement. C'est à une fausse théologie

de Ia toi que s'adosse la division qu'on a établie entre I'as-

cétique et la mystique ; et ce n'est pas la nroins pénible con-

séquence de I'hérésie protestante, que d'avoir, par son er-

reur, jeté la suspicion sur le caractère mystique de la per-

fection de la toi.

Le dogme est un décret, et la foi une obéissance. Maisdécret et obéissance ne sont que la condition, condition es-

sentielle, mais condition seulement, de la'vie que foi et dog-me nous livrent, ébauche cle Ia vie béatifiante.

M.-D. CneNu, O. P.

,

Crltère des jugements pouyant enrich

$cience et Règle équitable pour affirqu'une Sensation est anllrmale

L - On.¡er DE L'nRTrcLe

Un physicien de laboratoire, Sir Norman Camdans un livre intitulé "What is Science", a défini Iace comme étant "l'étude des jugements au sujet dI'accord universel peut êire atteint".

C'est une définition qui met en opposition racÌicascience et I'art. Les premières sensations avec leurimmédiate, la vigueur sensible de I'impression et l'émprovoquée sont en effet à la base de I'activité de I'aessentiellement différente cl'une âme à I'autre ; detouche de personnalité, I'empreinte et le symbolismeajoute I'auteur font la principale valeur cle I'oeuvreEn art la sensibilité et la forme importent plus que lebrut. En science, au contraire, plus une observatioimpersonnelle, plus Ie savant réussit à "sortir de sapar I'abstraction intellectuelle et par la mesure quantiplus-son oeuvre a de prix, puisqu'il s'agit de ,,vérité

que les résultats seront moins entachés du coëfticientsonnel d'appréciation et des additioris cle I'ilnagination

Si dotrc "l'accord universel" est possible pour <iesl es-prits sains, Ia science est possible ; nous clémontrerons lquela science, contrairement à I'art, peut se passer des prerþriè-res sensations et que Ia science est accessible non seulenhentaux personnes ayant des sensations norntales nlais ausbi àcelles qui ont temporairement ou toujours des sensatfonsanormales, puisque toutes peuvent lonrbcr cl,accorcl sul la

bellren-

Is

lar

loniste,

la,y

art.laitest

VÊt

eter-

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