roussel raymond - chiquenaude

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  • BIBEBOOK

    RAYMOND ROUSSEL

    CHIQUENAUDE

  • RAYMOND ROUSSEL

    CHIQUENAUDE

    1897

    Un texte du domaine public.Une dition libre.

    ISBN978-2-8247-1138-6

    BIBEBOOKwww.bibebook.com

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    Sources : B.N.F. fl

    Ont contribu cee dition : Gabriel Cabos

    Fontes : Philipp H. Poll Christian Spremberg Manfred Klein

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  • Chiquenaude

    L la doublure dans la pice du Forban talon rouge,avaient t composs par moi.Cest vous dire quun intrt tout particulier mairait, ce soir-l, la grande ferie de mes amis Gaure et Flambeau.

    Un voyage mavait empch dassister la premire, et ds mon re-tour je voulais voir leet que produisaient les quelques rimes dues macollaboration.

    Par malheur lillustre Cadran venait de tomber malade. Un inconnule doublait dans le personnage de Mphistophls.

    Tout le long de son rle, Mphisto ne cessait davoir des duels dontil sortait toujours vainqueur, grce son costume en grosse toe car-late ; cee toe tait fe et lpe la plus solidement trempe ne pouvaitparvenir lentamer. Pourtant les voyages, les fatigues et les intempriesnissaient par luser la longue. Heureusement Mphisto en avait unerserve en enfer, et quand un endroit menaait de se dchirer, il meaitun morceau. Le costume gardait ainsi ternellement sa vertu magique.

    Mphisto se savait si bien invulnrable, quavant de se bare il nemanquait pas de rciter joyeusement une ode victorieuse.

    Cest cee ode quemes chers Gaure et Flambeaumavaient demand

    1

  • Chiquenaude Chapitre

    dcrire. La voici telle que je men souviens :el est linsens qui se aeDe percer ltoe carlateDont je suis tout entier vtu ?A te voir mon cur se dilateDe joie ! Ignorant, ne sais-tue mieux que lpaisse cuirasseDun batailleur de vieille racePortant une plume au chapeau,Cee toe sans nulle traceDe trous me protge la peau ?Ne sais-tu que pour rendre lmeSous ce drap plus ardent que amme,Il me faudrait mourir de faim ?Mais que jamais aucune lameNe sera cause de ma n ?Jai beau jeu pour tre intrpide ;Essaye une boe rapideEt si je me trompe en parantTu verras mon rire insipideDemeurer, car aucun parentA moi, pas mme le plus proche,Ne sentira son cur de rocheAendri par un rcent deuilGrce ton fer. . . car sil maccrochePendant lespace dun clin dil,Il se brisera comme verreSur mon costume. PersvreMaintenant, audacieux fol,Dans ton projet, et je tenferreComme une mouche sur le sol.

    2

  • Chiquenaude Chapitre

    Dhabitude, ladversaire tait fort troubl par ces paroles. Mais lahonte lemportait sur la peur et il se baait quand mme. Infailliblementson pe se brisait sur le complet magique du diable qui le tuait ensuiteavec un clat de rire.

    La lorgnee aux yeux, je suivais aentivement de ma baignoire lespripties de laction, et jusquau milieu du troisime acte Mphisto avaittoujours t vainqueur, et mes strophes navaient pas eu mentir. Maisici tout allait changer.

    Le hros du drame tait un certain Panache, grand coureur de lles etgrand spadassin. Il nhsitait pas occire un brave gentilhomme pour luivoler sa bourse, mais il ne le frappait pas en tratre, par derrire ; il laa-quait bien en face et lui laissait le temps de tirer lpe pour se dfendre.Cee dlicatesse, jointe une galanterie sans bornes avec les femmes, luifaisait mriter le surnom qui servait de titre la ferie.

    Panache avait pour marraine une vieille fe, nomme Chiquenaude,mchante comme la peste, mais qui adorait son lleul. A laide dunmiroirmagique elle suivait tous ses faits et gestes et se tenait prte lui portersecours lheure du danger.

    Or, certain soir, Mphisto, passant devant la maison de Panache, aper-cevait sur le seuil la belle Foire, matresse idoltre du spadassin.

    Comme Panache devait tre occup toute la nuit par un assassinatimportant, Foire voyant un beau seigneur habill de rouge, et le trouvant son got, nhsitait pas laccueillir, an quil remplat son amantabsent.

    Mphisto faisait son entre dans le rduit du bandit. Partout ctaitun fouillis bizarre dobjets vols ; sur les murs, les pes des victimes dePanache formaient de nombreux trophes.

    Mphisto et Foire taient vite aux bras lun de lautre. Ils soupaientgaiement tous les deux, et, le repas ni, Mphisto lgrement avin deve-nait trs audacieux. . . Si audacieux que Foire lentranait doucement versune large alcve au fond de laquelle un grand lit semblait fait pour desgens heureux. Les rideaux de lalcve se refermaient sur eux et la p-nombre envahissait la scne.

    Bientt une vieille femme entrait pas de loup en sappuyant sur unbton. Ctait Chiquenaude.

    3

  • Chiquenaude Chapitre

    En regardant dans son miroir magique la chambre de son lleul bien-aim, elle venait de voir le souper coupable et, furieuse de laront faitau courageux bandit, elle avait rsolu de lavertir et de lexhorter lavengeance.

    Mais elle avait connaissance de la grosse toe fe dont le diable taithabill et de son pouvoir merveilleux. Elle avait donc cherch un moyende combare ce pouvoir et lavait trouv.

    La sorcire racontait tout cela sur le devant de la scne dune voixchevrotante et sourde.

    O sont-ils, maintenant ? disait-elle aprs avoir termin son his-toire.

    Et elle se dirigeait vers lalcve enmarchant sur la pointe des pieds. Dudoigt elle cartait lgrement les rideaux et jetait un coup dil traversla fente.

    Oh !. . . murmurait-elle scandalise, en revenant vers le milieu dela scne.

    Puis sa vieille face avait un areux sourire.Ils sont si. . . occups, disait-elle en minaudant, que je vais pouvoir

    prendre les vtements magiques sans quils me voient.Elle retournait vers lalcve et, cee fois, passant son maigre bras

    entre les deux rideaux elle tirait elle le complet charbon ardent de M-phisto.

    Voil donc ce drap qui rend invulnrable quiconque en est vtu,dclamait-elle avec rage, ce drap plus rsistant quune cuirasse ou quunecoe de maille. . . Nous verrons bien si ceci nen viendra pas bout.

    A ces mots elle sortait de dessous son manteau un coupon de vieilleanelle grenat toute sale et tout use.

    Elle avait pos les habits du diable sur une table et pendant quelledpliait sa anelle elle sadressait tout bas dtranges flicitations.

    Comme jai bien fait de ne mere ni camphre ni poivre. . . A prsentvoici la anelle toute mange et le contact seul sura, jen suis sre.

    En eet, la anelle tait partout crible de petits trous qui prouvaientlabsence de poivre et de camphre dont parlait la vieille fe.

    Et maintenant, moi, gnies de la couture, commandait Chique-naude, accourez tous. . . obissez. . .

    4

  • Chiquenaude Chapitre

    Ceci tait loccasion dun gracieux ballet.Des danseuses et des danseurs sortaient de partout pendant que la

    scne sclairait. Les uns arrivaient par la grande chemine, les autrespar larmoire dont ils ouvraient brusquement les portes, plusieurs surgis-saient du plancher. Tous et toutes avaient la main une aiguille gigan-tesque de la dimension dune canne, laquelle pendait une aiguille desoie rouge aussi grosse quune corde. En dansant ils agitaient mollementleur aiguille et la soie les enveloppait ainsi quun souple ruban.

    Bientt des enfants se joignaient eux ; tout leur torse tait enfermdans une grosse bobine de la mme soie, et lon ne voyait sortir que leurtte blonde, leurs jambes et leurs bras roses.

    Chiquenaude, aprs avoir tourn lenvers le fameux costume, staitretire au fond du thtre.

    Sur un signe de son doigt les gnies se meaient dler en sautillantdevant elle. De ses vieilles mains elle leur tendait ltoe fe et la anelle ;et chacun en passant feignait de faire un point avec son aiguille gante.

    M Fuse, le premier sujet, excutait de vrais prodiges. Elle avait pourcavalier llgant Crinire, et eux deux ils abaaient toute la besogne.Fuse, par exemple, tournait sur les pointes et chaque tour elle donnaitun coup daiguille dans louvrage.

    Puis elle enlaait son bras gauche au bras gauche de Crinire. Ils tour-naient ensemble et chacun, tour de rle, faisait un point dans ltoe.

    Dautres fois Crinire soutenait Fuse par la taille. Celle-ci, ne posantquune seule pointe terre, levait la jambe en lair et cousait nonchalam-ment pendant que lorchestre nuanait une lente mlodie.

    De temps autre le dl gnral recommenait.A la n, Chiquenaude, satisfaite des gnies, les congdiait en tendant

    les bras.Aussitt Crinire saisissait Fuse par la taille et lemmenait tendre-

    ment. Les autres disparaissaient par o ils taient venus et les enfants-bobines se mlaient la droute.

    Lobscurit se faisait de nouveau et Chiquenaude restait seule.Elle regardait avec une joie mchante le costume rouge remis len-

    droit maintenant.

    5

  • Chiquenaude Chapitre

    toe fe tu as vcu, murmurait-elle ; si avant une heure tu netombes pas en ruines, je ne veux plus mappeler Chiquenaude.

    Regagnant sans bruit lalcve, elle ouvrait une troisime fois les ri-deaux.

    Ils se sont endormis ; ricanait-elle.Et elle remeait le costume sa place.A prsent courons vite chercher Panache, scriait-elle ; grce au

    miroir magique je saurai bien le trouver et le ramener avant le jour.Faisant un geste de menace vers lalcve elle sortait dun pas chance-

    lant.Trois heures dumatin sonnaient bientt, trs lentement, dans quelque

    clocher voisin.Foire, veille sans doute au bruit de la cloche, cartait les rideaux de

    lalcve et apparaissait dans un charmant dshabill bleu de ciel.Dj trois heures, se disait-elle en rchissant.Ensuite, se retournant vers le lit elle veillait Mphisto par ces tendres

    paroles :Mon bien-aim, lve-toi, lheure savance et lon peut nous sur-

    prendre.Encore tout engourdie de sommeil elle se dtirait et venait sasseoir

    une toilee encombre de fards, de poudres et de parfums. Un rayonde lune glissant par la fentre venait doucement clairer son visage. Lor-chestre prludait par quelques accords et Foire, un miroir la main, chan-tait une lente et voluptueuse mlodie.

    Elle clbrait lamour, les baisers, la jeunesse et la beaut. Mais lair,dabord langoureux, devenait peu peu plus expansif, plus enamm ;Foire, posant son miroir sur la toilee, se levait et phrasait pleine voixun passage entranant et passionn ; Mphisto qui venait de sortir de lal-cve compltement rhabill savanait encore lgrement gris et mlait savoix la sienne ; la calme mlodie du dbut nissait par un clatant duodamour et sur les mots je taime Foire se jetait au cou de Mphisto quila gardait serre contre son cur. Un areux blasphme tirait soudain lesamants de leur extase.

    Panache venait dentrer conduit par Chiquenaude.Lui !. . . dj !. . . criait Foire foudroye.

    6

  • Chiquenaude Chapitre

    Chiquenaude ricanait tout bas.Tratre, hurlait Panache, jaurais le droit de te tuer comme un chien

    sans te donner le temps de te dfendre ; mais il me rpugne dagir ainsiet cest dans un duel rgulier que je me vengerai ; tire ton pe comme jetire la mienne et croisons le fer linstant.

    Mphisto tirait lpe en clatant de rire. . . Ne se savait-il pas invul-nrable !. . .

    Tandis que Panache parlait, Chiquenaude tait alle prendre une pe lune des panoplies accroches aux murs. Puis, sapprochant de larampe, elle avait tir de sa poche un acon bleu fonc.

    Ceci est un poison sans remde, disait-elle sournoisement.Et sans que les autres la voient, elle trempait la pointe de lpe jus-

    quau fond du acon quelle jetait ensuite par la fentre.Justement Panache et Mphisto taient sur le point dengager le com-

    bat.Arrtez, messeigneurs, criait Chiquenaude en se meant entre eux

    deux, vos pes ne sont point gales ; la tienne est bien plus longue, Pa-nache, et il serait indigne de toi de combare avec un tel avantage : Envoici une de la mme taille que celle de ton adversaire ; cest celle-l quilfaut prendre.

    Toujours scrupuleux, Panache jetait loin de lui lpe trop longue, etacceptait celle que lui tendait sa marraine.

    A la vue de ce mange, si inutile ses yeux, Mphisto recommenait rire. Il prenait une pose fanfaronne et, le poing sur la hanche, dclamaitdun bout lautre son ode victorieuse :

    el est linsens qui se aeDe percer ltoe carlateDont je suis tout entier vtu ?. . .

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Chiquenaude samusait bien ! Elle aectait de tendre loreille en se

    faisant avec sa main un cornet acoustique. Cependant, Panache, aentif,coutait son ennemi. La posie termine, il se prenait rchir, car il nedoutait pas que Mphisto net dit vrai.

    7

  • Chiquenaude Chapitre

    Aurais-tu peur, Panache ? insinuait Chiquenaude.Ces mots faisaient bondir Panache.Moi ?. . . peur ?. . . marraine. . . Est-ce bien cela que tume demandes ?. . .

    Regarde seulement et tu vas tre re de moi.Les deux rivaux tombaient en garde et les pes se touchaient.Dabord Panache ne faisait que parer, carMphisto, plein de conance,

    se fendait sans cesse tort et travers. Mais le bandit agac se meait son tour faire des aaques et forait lautre reculer. Mphisto sa-musait parer pour montrer son adresse ; puis, nerv dtre oblig derompre ainsi, il nissait par ne plus sinquiter des boes quil savait im-puissantes contre lui et recommenait son jeu imprudent ; ds lors il taitperdu. Dcid ne pas reculer dune ligne Panache tenait bon, et soudainen parant un coup droit il enfonait son pe dans la cuisse de Mphisto.Le malheureux chissait aussitt.

    Maldiction !. . . gmissait-il faiblement. Et il tombait mort. Le poi-son avait eu un eet instantan.

    Sans perdre de temps regarder sa victime, Panache raccrochait lapanoplie lpe du combat, puis il ramassait la sienne pour la remere aufourreau. Il savanait alors vers Foire, et la saluant profondment :

    Madame, disait-il, aprs les vnements de cee nuit jai lhonneurde vous faire mes adieux. Je ne mabaisserai pas jusqu emporter les ri-chesses que jai accumules ici. Ces richesses je vous les donne, elles sont vous. Pour moi jirai recommencer ma fortune ailleurs. Cest ainsi quejagis avec les femmes.

    Il sinclinait de nouveau et sortait la tte haute.Foire, perdue, se jetait genoux pour le retenir et lappelait avec

    dsespoir. Mais il continuait son chemin sans mme se retourner, et lapauvre enfant, brise par trop dmotions, chancelait sur ses genoux ettombait vanouie.

    Au milieu du silence, Chiquenaude regardait le cadavre de Mphisto.Au bout de quelques instants elle le prenait sous les bras et lenlevait assezfacilement. Le remplaant de Cadran tait cependant grand et bien bti.Malgr tout, la sorcire parvenait lasseoir sur une chaise et laissait lehaut du corps sappuyer sur la toilee de Foire.

    Le rayon de lune clairait ainsi le mort tout entier.

    8

  • Chiquenaude Chapitre

    Ivre de joie, la vieille fe examinait la blessure fatale. Lpe, en tra-versant toute la cuisse, avait laiss deux trous dans le drap.

    Meant longle dans un de ces trous, Chiquenaude tirait doucement.Et sans aucun eort elle arrachait tout un large carr dtoe. Ctaitun de ces morceaux neufs que le diable rajoutait parfois quand lusurely obligeait. Lpe, en le rencontrant, lavait travers aussi facilementquune partie plus fragile.

    Triomphante, la sorciremontrait le carr cramoisi en levant lamain.Et lon pouvait juger de lpaisseur de ce drap, plus rsistant que le fer etlacier.

    En dessous tait apparue, sur la jambe de Mphisto, la vieille anelletoute dlabre que Fuse, Crinire et les autres avaient cousue avec leursgrandes aiguilles. Et Chiquenaude contemplait quelque temps lendroitde la blessure.

    La anelle a fait son uvre, disait-elle sourdement.Puis, revenant au morceau, elle se meait le dchirer de toutes ses

    forces. Alors, comme veills par les secousses, des papillons minusculessenvolaient en quantit dans tous les sens.

    Et la sorcire rcitait dune voix ironique :el est linsens qui se aeDe percer ltoe carlateDont je suis tout entier vtu ?. . .

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . .and il ne lui restait plus rien dans les mains, elle ramassait les lam-

    beaux pour les dchiqueter de nouveau et les rduire en miees ; et lodevictorieuse lui revenait sans faute la mmoire. La dernire strophe nieelle partait dun grand clat de rire, qui laissait voir sa mchoire dente.

    Elle montrait du doigt la nue de petits papillons qui senvolait tou-jours dans le rayon de lune, et toute secoue par son hilarit elle scriaiten se tenant les ctes :

    Les vers de la doublure dans la pice du fort pantalon rouge !. . .

    n

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  • LA CRITIQUE ET RAYMONDROUSSEL

    Raymond Roussel a le courage de viser trs haut et de demander son talent peut-tre plus que ne peut raliser le verbe humain.

    MARCEL PRVOSTMonsieur Roussel, dont les critiques ont proclam le gnie avec une

    indirente et presque outrageuse unanimit. . .ABEL HERMANTRaymond Roussel, le hardi chercheur et dcouvreur de nouveau.JEAN RICHEPINDaprs un article de Jacques-mile Blanche, paru dernirement

    dans le Figaro, Paul Morand, pour ne pas sencombrer, nemporte dans sesexplorations que les principaux ouvrages de quatre ou cinq trs grandsauteurs, parmi lesquels le nom de Raymond Roussel voisine avec celui deRacine. Les mmorables hues qui ont accueilli il y a une dizaine dannesles reprsentations de Locus Solus, autre Antoine, sont donc bienune nouvelle preuve que si le talent simpose facilement et vite, le gniecommence toujours par se heurter lincomprhension et lhostilit desmasses.

    10

  • Chiquenaude Chapitre

    JACQUES SYLVAIN(La Rampe.)Raymond Roussel ou le gnie ltat pur. Locus Solus met en jeu

    toutes les leres. Mme un des innombrables admirateurs de luvre dA-natole France ou de Pierre Loti ne peut voir en elles une goue du gnieexcusant leur gloire sil reste aveugle devant Locus Solus.

    JEAN COCTEAULimagination singulire de Raymond Roussel dconcerte plus dun

    spectateur. . . Dans ltoile au Front il y avait des lgendes, des aventures,des anecdotes dfrayer vingt nouvellistes. . . Il y avait des rcits tragiqueset des pisodes gais. . . Cee anne, M. Roussel, en composant Poussire deSoleils, a encore assembl une foule dhistoires ingnieuses, ou piquantes,ou touchantes. . . Ces rcits sont varis et surprenants, et on y prend plai-sir, comme les Arabes de Marakech couter un conteur. . .

    HENRY BIDOU(Les Dbats.). . . les romans dinvention totale, comme les curieuses et savoureuses

    crations de Raymond Roussel. . .EDMOND JALOUX(Les Nouvelles liraires.)and Alphonse Daudet t reprsenter lArlsienne, le public d-

    daigna cee uvre, qui, pourtant, est devenue illustre. and Bizet tjouer Carmen, et quand Gounod t jouer Faust, la salle se montra rtive. . .Ces grands exemples peuvent tre cits propos de Raymond Roussel.En eet, il est impossible de concevoir quelque chose quoi soit ap-plicable la mesure ordinaire, lorsquil sagit de lauteur de Locus Soluset dImpressions dAfrique. Ces uvres avaient soulev des passions di-verses. Des jeunes gens les avaient accueillies avec enthousiasme. Despersonnes respectables staient regimbes. . . Certains crivains staientinstitus les champions de lauteur. Dautres, au contraire, avaient tentde le faire tenir pour un ironiste ou pour un insens. . . Son style, dont jaiparl plusieurs fois, est dune richesse, dune minutie, dune prcisionrares. . .

    PAUL REBOUX(Compte rendu de la Poussire de Soleils.)

    11

  • Chiquenaude Chapitre

    . . . Jai donn lecture de longs passages dImpressions dAfrique et deLocus Solus. . . Vos Pages choisies taient restes longtemps sur ma table. . .Certain jour de dsuvrement je feuilletai le livre au hasard. . . Puis aussi-ttmabandonnai, pied perdu, dans le Gulf Stream de votre rve. . . Alors,pareil un somnambule, Fogar se leva et pntra dans la mer. e defois, pareil Fogar, jai, depuis, plong dans vos eaux denses. . . Ma pre-mire lecture de vous, voix haute, eut lieu ce premier soir, en famille(jtais alors la campagne). elques mois plus tard, de retour Pa-ris, je racontai mon merveillement M Monnier et au petit groupe dejeunes potes qui gravitait autour delle rue de lOdon merveillementquils ne tardrent pas partager. Puis bien dautres. . .

    ANDR GIDE(Lere Raymond Roussel.). . . Comme lEnfant-Hros de la Fable, vous portez sans faiblir le

    poids dun prodigieux outillage potique. Vous avez, ce qui est rare au-jourdhui, le soue, et vous crivez, sans perdre haleine, cent vers commeun autre crit dix lignes.

    MARCEL PROUST(Lere adresse, en 1897, Raymond Roussel en rponse lenvoi

    dun exemplaire de la Doublure.). . . La vision de Fogar, des plus potiques celle-l, ne me quie pas, et

    je le vois toujours orir lhallucinant pavillon qui descend le long de lahampe, le mystrieux morceau danglique extrait de sa veine.

    EDMOND ROSTAND(Lere adresse, en 1910, Raymond Roussel en rponse lenvoi

    dun exemplaire dImpressions dAfrique.). . . Dans le jeune cerveau de M. Armand Salacrou, les matres quil

    a lus et quil admire se livrent un trange combat. A couter Tour terre,on songe Musset, Baudelaire, lord Byron, Verlaine, et lon songeaussi au Zola des livrets dopra, Saint-Georges de Bouhlier, Ray-mond Roussel, Jean Cocteau, que sais-je encore !

    EDMOND SE(Luvre.)Raymond Roussel est peut-tre lcrivain le plus original, le plus

    spontan de la lirature contemporaine. . . Cest lui sans doute qui a su

    12

  • Chiquenaude Chapitre

    dcouvrir le merveilleux moderne. . .(Anthologie de la Nouvelle Prose franaise.). . . un des aptres les plus fougueux du culte roussellien. . .(Lvnement.). . . un de ces admirateurs fanatiques et blouis de Raymond Roussel,

    un de ceux qui ont salu en lui un gnie prcurseur, une imaginationprodigieuse, une fantaisie potique extraordinaire. . .

    (Comdia.). . . elques-uns crient au gnie. . . Et, dans la salle, des gens qui,

    quelquefois, sentre-baent. . .(Le Soir. Bruxelles.). . . Les snobs ont salu en Raymond Roussel, auteur de Locus Solus,

    un prcurseur de gnie. . .(Les Annales politiques et liraires.). . . Il y a du gnie dans ses Impressions dAfrique et dans Locus So-

    lus. . .(Minerva.)Marcel Proust regardait la vie dune manire absolument dirente

    de celle des autres crivains, sauf peut-tre Raymond Roussel.PHILIPPE SOUPAULT(Feuilles libres.)Raymond Roussel dchire lunivers. . . Il entreprend comme le pre-

    mier homme, mais secouru par un gnie exceptionnel, de mesurer trsexactement son langage sur les spectacles qui lui conrment son exis-tence. . . On peut dire de lui quil crit en grand classique.

    (Nouvelle Revue du Midi.)Il aborde mme ce pays de chimrie ahurissante o habite dordi-

    naire un auteur dramatique formidable en ses ruptions thtrales et dontle volcan est sous pression pour dans quelques jours : Raymond Roussel.

    (La Volont.). . . A mon chevet voisinent les Contes dHomann, ceux de Poe, les

    Aventures de Lancelot du Lac, quelques volumes de Stevenson et les Im-pressions dAfrique de Raymond Roussel ; et ce nest pas ce dernier queje reviens le moins souvent, car son uvre est un monde, un monde nou-

    13

  • Chiquenaude Chapitre

    veau et complet o lesprit peut trouver salimenter sans cesse. . . Javoueainsi mon enthousiasme pour ltrange gnie du romancier. . .

    CLAUDE BALLEROY(Revue du Vrai et du Beau.). . . La surraliste Poussire de Soleils de Raymond Roussel nous rap-

    pela les beaux jours de Locus Solus et de ltoile au Front o lon vitquelques partisans acharns de cet auteur bizarre tenir tte des lgionsdassistants exasprs, ahuris et siants. Neme demandez pas de vous r-sumer une pice de Raymond Roussel. Cest la lanterne magique montre lenvers ou bien encore que lon a oubli dclairer. Ce sont les imagesdun rve dlirant que souligne le texte le plus embrouill dumonde et quede bons acteurs rcitent avec le plus beau sang-froid, exactement commesils comprenaient le sens de leurs rpliques.

    (Le Soir. Bruxelles.)Raymond Roussel, un gnie dans son genre, a une leon exposer,

    et il sent quil faut la faire sortir de son cur. . .(e Era. Londres.)Raymond Roussel, homme trs cultiv et dou dune imagination

    stupante, possde un style curieux. . . Sa prose est parseme dimagesimprvues, de penses dconcertantes, de narrations invraisemblables etdhyperboles tranges. On dirait la prose dun hallucin. Le public napas support la longue laudition des propos obscurs que Roussel metcontinuellement dans la bouche de ses personnages.

    (Maino. Naples.)Raymond Roussel est un homme dune imagination fantastique et

    dbordante et dune rudition indiscutablement grande. Ses admirateurslappellent un gnie. Dautres disent quil est proche parent du gnie. Lecerveau de Raymond Roussel, vu dans sesuvres, apparat aux personnesnon prvenues comme une antithse, une confusion incohrente et lumi-neuse, comme si on le voyait travers la lentille du premier appareil cin-matographique plus la couleur. Il a franchi dix pages avant que le lecteurordinaire ait compris la premire phrase du chapitre.

    (New-York Herald.)Je nessaierai pas de raconter le sujet de la Poussire de Soleils. L-

    tendue de la vie humaine est peine de soixante-dix ans et il y a assez de

    14

  • Chiquenaude Chapitre

    questions souleves occasionnellement dans les quatre actes et les vingtet un tableaux de la nouvelle pice de Raymond Roussel pour occuperquelquun pendant une bonne partie de ladite tendue. Cest une combi-naison drudition et de diversit de sujets, telle une Encyclopdie. Celavous fait apprcier lordre du calife Omar : Brlez tous ces livres. Avecun exemplaire de la Poussire de Soleils sa disposition, on peut sanscrainte rduire sa bibliothque. La pice touche aux pierres prcieuses,aux murs et aux ides tropicales, aux vies des Saints, la posie, lasociologie, aux religions, la dmonologie, la philosophie, lau-del,au systme plantaire. La pice a t reue avec calme. Peut-tre a-t-elleabruti lauditoire.

    (Daily Mail.)Jy gagne davoir pris la Poussire de Soleils un plaisir sans m-

    lange. . . Limagination de lauteur sest donn carrire faisant jaillir entraits de lumire les rapprochements imprvus. . . Raymond Roussel a plei-nement russi, obtenant pour rsultat une suite de tableaux hauts en cou-leurs, o chaque personnage est rduit un geste, comme ces histoiresen images de jadis o se posait, devant la foule populaire, la baguee duconteur. Cest un spectacle dont lintrt ne languit pas un instant, et leparti pris du style est pouss un point qui dnote une rare matrise.

    LOUIS LALOY(re nouvelle.)Jai t si deux fois : 1 Dans la Terre de Zola, je jouais Buteau.

    2 Dans Locus Solus de Raymond Roussel. Ce soir-l, ce fut la bataille. Jaiessay vainement dimposer un texte, appris du reste bien dicilement,mais qui me paraissait curieux, original et nouveau, sous une borde desiets et de cris divers.

    SIGNORET(Paris-Soir.). . . La magie du verbe sy trouve jete, on pourrait dire, pleines

    mains.(Compte rendu de la Poussire de Soleils paru dans lvnement.)Et cest ici que Raymond Roussel pourrait bien tre un prcurseur.

    Car prcisment cee forme de tableaux ultrabrefs, rduits lessentiel,navait pas encore t employe avec cee audace tranquille (sauf peut-

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    tre dans Shakespeare). Assurment on est dconcert, mais il en est tou-jours ainsi lorsquune de nos habitudes est heurte de front. Pourquoifaut-il obligatoirement des actes de trois quarts dheure ou des tableauxde vingt minutes ? Raymond Roussel pense quun dcor qui xe un ins-tant, et dix phrases dans ce dcor susent pour marquer une tape dansun rcit. A chaque fois la toile qui tombe vous coupe le soue, mais les-prit est maintenu en cet tat de tension qui sappelle laention. . . Et onse dit que Raymond Roussel la certainement voulu lorsquon considreles trs remarquables dcors quil a fait excuter par Numa et Chazot :non pas schmatiques, mais simplis, trs colors la russe avec des op-positions violentes en plat, quelques btis rudimentaires, rarementplus de deux plans. Plusieurs fois on a t surpris et on a applaudi.

    (Le Plaisir de vivre.). . . Et, dans les entractes, les raymond-rousselltres. . .(Le Cyrano.)Raymond Roussel est-il fou ? Est-il possd de telles lumires que

    nous nen puissions supporter lclat ?. . . Est-ce bouon ? Est-ce si-nistre ?. . . Nest-ce rien ? Est-ce tout ?. . . Cen est assez, sans doute, pourfonder les hommes nouveaux voir en Raymond Roussel le Shakespearefutur.

    GEORGES PIOCH(re nouvelle.)Raymond Roussel est dou dune imagination fantaisiste incompa-

    rable. Les ides abondent dans son cerveau avec la fcondit de la oretropicale. On se perd dans la fort vierge de ses inventions. Il y faut pn-trer la hache la main pour y voir clair et cheminer. . . Raymond Rousselest bien le pote de notre poque chaotique : la fonction cre lorgane.

    DE ROYAUMONTConservateur du muse Balzac.Un voisin plus proche, dailleurs dcouvert aprs mon dpart de

    Neuilly, fut Raymond Roussel. elquun me parla de lui comme dundment, auteur inconnu duvres insenses. Je airai le gnie et ne metrompai pas de beaucoup.

    (Mmoires de Robert de Montesquieu.)

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    Ce dcouvreur de mthodes nouvelles ne serait-il pas RaymondRoussel, qui, par ce dernier trait, sarme comme un stratge de premireforce. . . En eet, cee avant-premire se terminait par le paragraphe sui-vant :

    Signe particulier, M. Raymond Roussel est sportif ses heures.Champion de tir au pistolet, il ne possde pas moins de quarante-cinqmdailles et notamment a obtenu, en 1909, la mdaille dor de Gastinne-Renee.

    Les critiques nont qu bien se tenir !. . . A moins que les journauxne demandent Lucien Gaudin ou Armand Massard de vouloir bien, cesoir-l, tenir la frule. Encore devront-ils sarranger pour tre les oensset se rserver ainsi une arme autre que le pistolet. . .

    GABRIEL BOISSY(Comdia.)Il y a quinze ans on parlait denfermer Raymond Roussel. . . Au-

    jourdhui on le proclame roi.JOS GERMAIN(LInformation.)Il est assez amusant de voir la critique donner en masses profondes,

    deux lustres plus tard, la dcouverte du gnie de Raymond Roussel. Onne se donnera pas ici le ridicule dune phrase dnitive sur cet espritphnomnal. . .

    LON BARANGER(Vient de paratre.)Une imagination qui porte sur sa tte la terre et les deux.PAUL ELUARD(La Rvolution surraliste.). . . mon admiration pour luvre gniale de Raymond Roussel.ANDR BRETONDemandez-moi plutt ce que je pense de la thorie dEinstein ou de

    Locus Solus.RGINE FLORY(Interview sur Carmen.)Locus Solus est un prodige, un livre qui dcourage dcrire ; vous

    nous dominez tous, Roussel.

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  • Chiquenaude Chapitre

    JEAN COCTEAU(Lere Raymond Roussel.)Pour qui assista la reprsentation de ltoile au Front o un jeune

    pote se ae avec orgueil davoir oblig une salle hostile couter lapice, ldition de luvre de Raymond Roussel est opportune. Elle per-mera de mieux se rendre compte de la conception potique de lauteuret de la rvolution que sans doute il a porte au thtre. Pour qui na pasassist cet Hernani elle rvlera, sil ignore les Impressions dAfrique etLocus Solus, un monde absolument nouveau, une vue originale sur luni-vers, un sens indniable du mystre et de la fatalit.

    LES ACADMISARDS(Paris-Soir.)Nous sommes la claque et vous tes la joue.(Riposte de Robert Desnos un adversaire de Raymond Roussel pen-

    dant la bataille de ltoile an Front.)Cet crivain sorcier, cest Raymond Roussel. . . Impressions dAfrique

    surait pour lui assurer le titre de prcurseur. . . Locus Solus ore un pro-digieux mlange drudition et de fantaisie. . . La richesse dconcertantedu vocabulaire prcis de Raymond Roussel recouvre et objective ce perp-tuel jaillissement de merveilleux moderne qui caractrise son art. . . L-toile au Front passionnera le lecteur vigilant et lui inspirera le dsir deconnatre toute cee uvre uvre et laboratoire duvres futures o chaque tournant surgit la magie ternelle.

    REN LALOUAuteur de lHistoire de la Lirature franaise contemporaine.Il y avait en Raymond Roussel la possibilit de vingt romanciers et

    la matire de cent romans. . . Son style mme, par moments, donne un sonde plnitude. . .

    FERNAND GREGH(Compte rendu de ltoile au Front.)Un auteur neuf, trange et complet.EDMOND JALOUXLa petite amme particulire, folie ou gnie, qui distingue luvre

    de Raymond Roussel.LUGN POE

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  • Chiquenaude Chapitre

    (Compte rendu de ltoile au Front.)Je ne doute pas quun jour surgiront des hommes de talent qui ti-

    reront des romans succs de luvre de Raymond Roussel, homme degnie.

    ROBERT DESNOS(Compte rendu de ltoile au Front.). . . Raymond Roussel, statue parfaite du gnie.LOUIS ARAGONOn dcouvrira dans cinquante ans les Impressions dAfrique et Lo-

    cus Solus, et lon stonnera de notre indirence. Les Grands Livresscrivent dans le silence.

    PHILIPPE SOUPAULT(Revue europenne.)Javoue un got trs vif pour Locus Solus. . . Il y a des pages vrai-

    ment singulires. . . Un homme trace, avec lunique pine demeure sur latige dune rose et trempe dans leau, des caractres quil rend visibles enles saupoudrant de limaille dor. . . Plus loin, une jeune femme reoit unelere, se pique le doigt au bouquet de sa ceinture et devient folle. . .

    HENRY BIDOU(Les Dbats.)Je me souviens toujours de ce souper o Henry Bidou nous a cit

    par cur des passages de Raymond Roussel.JANE FAURE-LUCASJe sais fort bien ce que je dis quand je rapproche le nom de Raymond

    Roussel et celui de lenfant gt du gnie que fut Jarry et du grand espritet du grand pote que sut devenir Apollinaire. On ne peut sempcher devoir en lui un prcurseur.

    DOUARD DUJARDIN(Revue europenne.)Le roman est plein de ces sortes de recherches et de trouvailles. . .

    Lauteur ne manque ni desprit ni de culture. . . En dpit quon en ait, lelivre commenc on va jusqu la n.

    ANDR RIVOIRE(Compte rendu de Locus Solus.)

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  • Chiquenaude Chapitre

    Limagination de lauteur, sa facult de concevoir des inventionsscientiques relates avec tant de prcision et de bon sens quon sillu-sionnerait jusqu les croire ralisables, la richesse insense de son vo-cabulaire, la minutie extravavagante de ses descriptions, tout cela contri-bue douer Raymond Roussel dune personnalit laquelle aucun auteurnormal ne saurait aeindre. Les concepts foisonnent en cet ouvrage lit-tralement extraordinaire.

    PAUL REBOUX(Compte rendu de Locus Solus.)Serait-il aussi inconscient de ses dons imaginatifs que ce Raymond

    Roussel dont Andr Gide me lisait dernirement, dans Impressions dA-frique, le passage de Fogar ?

    JACQUES-MILE BLANCHE(Revue europenne.)Cest comme un monstrueux dlire le dlire du pote et du savant

    qui bondit en avant de son temps et en dehors de son espace qui pr-side aux rcits de Locus Solus, qui nous entrane, tourbillonnants, dans lemonde nouveau cr par la toute-puissance de lesprit, un monde halluci-nant, invraisemblable et terriblement logique la fois et dune admirabletranget ; car cest bien tout un univers qui est sorti du cerveau de Ray-mond Roussel, le rveur le plus extraordinaire des temps modernes.

    LON TREICHRdacteur en chef de lclair.Depuis quelque temps il nest pas un homme de culture moyenne

    qui ne se soit identi avec Rimbaud ; il le fera demain avec Lautramontou avec Raymond Roussel.

    MARCEL ARLAND(La Nouvelle Revue franaise.)Linuence de Raymond Roussel commence se faire sentir. . .

    chaque anne elle samplie. . . Dans dix ans le grand public dcouvriraRaymond Roussel. . . On est domin, puis fascin.

    (Anthologie de la Nouvelle Posie franaise,)Raymond Roussel a de bonnes raisons pour crire dans la manire

    de saint omas la somme dune exprience qui le rapprocherait, danslternit, de Wagner. Ds quon oublie dexercer son jugement sur son

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  • Chiquenaude Chapitre

    art, on commence comprendre son uvre. Il veut que les mythes intra-duisibles quil nous propose cur perdu ne nous laissent pas le loisir denous retrouver. Abandonn sans arrire-pense ce volcan de songes, lelecteur sent, entre ces mains de amme, son me se transformer.

    (Nouvelle Revue du Midi.)Ltoile au front, cest le signe qui marque les prdestins (signe

    quils ont ds leur naissance), ceux qui braveront tout pour poursuivre etaeindre leurs grands desseins.

    (Compte rendu de ltoile au Front paru dans lIntransigeant.)Les surralistes considrent Raymond Roussel, lauteur de Locus So-

    lus, comme un de leurs grands matres.(cho de Paris.)Raymond Roussel parut.Il a, devant une assemble o le talent est bon march, remis en

    question la surprenante existence du gnie. Ltoile dont il voque la mys-tique inuence sest rete dans les yeux de cet admirable astronome etdes constellations nouvelles naissent chacune de ses paroles.

    ROBERT DESNOSSignoret rend Raymond Roussel un hommage mrit. Cest, en

    1925, un acte courageux et qui mrite dtre particulirement signal.(Paris-Soir.)Raymond Roussel, dont laudace est hors du temps, dont tous les

    livres ont merveilleusement recr la lecture et dont ltoile blouissantesera le guide des plus purs entre les hommes.

    Paul LUARDImpressions dAfrique est le summum du gnie de linvention.JEAN-LOUP COHENIl resterait cet univers que Raymond Roussel a cr et que je crois

    capable de satisfaire tous les dsirs de posie. Je salue en lui le Prophte,le Crateur dun temps nouveau.

    MICHEL LEIRISUn nom vient sopposer celui de Raymond Roussel, cest celui

    de Gioo, un de ces surhommes de la Renaissance, lauteur de ces vraisdrames que constitue la suite des fresques de Santa Crocce ou de lArena

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  • Chiquenaude Chapitre

    de Padoue. Et dans ces pages de lArena comme dans celles de la Pous-sire de Soleils ou de ltoile au Front, cest la mme grande simplicit demoyens, le mme dcoupage en tableaux complets dune vie concentre lmotion naturelle.

    JEAN PELLENC(Confrence faite la Sorbonne.)Raymond Roussel, linventeur de la magie bleue.TRISTAN TZARAComme tant dautres dramaturges, Raymond Roussel aurait-il t

    un gnie mconnu ?(Le Petit Journal.). . . une trs grande personnalit.(LIntransigeant.)Jamais personne navait comme Raymond Roussel prodigu le gnie

    de linvention. Personne, depuis Poe, navait, son gal, dcel le mystredes concidences. Lorsquon relve devant lui le prodige de sa cration, ilexplique avec simplicit : Je travaille sans documents. Pour composer ilfaut que je fasse table rase. Du papier blanc, cest tout. Jai accompli le tourdu monde il y a deux ans, je nen ai rien tir. La vie liraire des vingt-cinq dernires annes lui chappe dailleurs entirement. Cependant lesnouvelles coles en font un de leurs prophtes. Il a cr un monde. Luni-vers roussellien, il est vrai, ne connat ni la douleur ni le bonheur ; il vitcependant dun rythme (extra-liraire) pour ainsi dire cosmique ; il estune rcration au cosmos par une faon de divinit ne distinguant quele mouvement, qui les sentiments humains sont tellement peu quelleny prte pas une aention particulire, et qui se tient au milieu de tout,solitaire et douloureuse. Car Raymond Roussel est dsespr du ddainque le grand public manifeste pour son uvre. On dit que je suis fou !Mots dsenchants qui reviennent souvent dans sa conversation. En quit-tant la maison o jai revu le pote extraordinaire, je remarque ce soirla limousine qui lemportera tout lheure, cependant que jirai pieddans ce Paris qui disparat devant limmense cration dun esprit. Et jesonge encore ce quil donnerait pour possder la notorit dun feuille-toniste. Certaines divinits ne sont-elles pas ainsi qui voudraient trehommes ? Cest Dieu et a ne sait pas.

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    LIE RICHARD(Raymond Roussel, ou Le gnie ne fait pas le bonheur.)Silence, les idiots !(Apostrophe dun partisan de Raymond Roussel un groupe de ses

    adversaires pendant la premire reprsentation de la Poussire de Soleils.)Vous vous croyez malins, vous tes idiots.(Apostrophe dun partisan de Raymond Roussel un groupe de per-

    turbateurs pendant une reprsentation de ltoile au Front.)

    n

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  • Une dition

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