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Mémoire de fin d’études du diplôme d’état de sage-femme, école Baudelocque, U.F.R Cochin Port Royal
Hélène Leyronnas Sous la direction du Docteur J.L. Chabernaud et la guidance de
Madame Lemetayer-Dartois
Promotion 2001-2005
Rôle de la sage-femme de salle de naissance dans l’établissement du lien mère-enfant lors
d’un accouchement prématuré
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Rôle de la sage-femme de salle de naissance dans l’établissement du lien mère-enfant lors d’un
accouchement prématuré
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Remerciements Je tiens à remercier : Le Docteur Jean-Louis Chabernaud, pour avoir dirigé ce travail. Madame Lemetayer-Dartois, pour son aide et ses conseils dans la guidance de ce mémoire. Le Docteur Dominique Leyronnas, pour ses conseils et son aide dans la distribution des questionnaires adressés aux pédiatres. Toutes les personnes ayant répondu à mes questionnaires, et en particulier les mères d’enfants nés prématurément, pour avoir partagé avec moi leur expérience. Toutes les personnes, cadres sages-femmes, obstétriciens, sages-femmes et étudiantes sages-femmes qui ont aidé à la diffusion de mes questionnaires, et sans qui je n’aurai pu en recueillir autant. Thomas, pour son aide précieuse dans la réalisation de mon site internet sur lequel se trouve mon questionnaire adressé aux femmes ayant accouché prématurément, Guillaume, pour son aide en statistiques, Anne, pour ses corrections orthographiques, Rébecca, pour ses conseils et ses corrections en psychologie, et Julien pour son soutien dans les moments difficiles liés à la rédaction de ce travail.
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Sommaire Remerciements p.3 Introduction p.5 PREMIERE PARTIE : Etat des lieux et connaissances actuelles p.6 I- Le lien mère-enfant p.7 A- Etablissement de l’attachement p.7 B- Conséquences d’une rencontre néonatale difficile sur l’attachement mère-enfant p.10 II- La prématurité p.12 A- Définition, étiologies et prise en charge immédiate p.12 B- Aspects psychologiques et retentissement p.12 III- La séparation p.15 A- Circonstances et conséquences d’une séparation à la naissance p.15 B- Aspects psychologiques et retentissement p.16 IV- Prématurité et obstacles à la mise en place du lien mère-enfant p.18 Conclusion p.19 DEUXIEME PARTIE : Etude menée p.20 Problématique p.21 Objectifs p.22 Hypothèses p.23 Matériel et méthode p.23 Résultats du questionnaire adressé aux sages-femmes p.27 Résultats du questionnaire adressé aux pédiatres p.40 Résultats du questionnaire adressé aux mères p.52 TROISIEME PARTIE : Discussion p.68 Discussion p.69 Conclusion p.91 Annexes p.92 Questionnaire adressé aux sages-femmes p.92 Questionnaire adressé aux pédiatres p.96 Questionnaire adressé aux mères d’enfants nés prématurément p.100 Bibliographie p.105
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Introduction
Lors d’une naissance prématurée, la prise en charge néonatale est déterminante car
elle conditionne le pronostic vital et neurologique du nouveau-né. L’importance des gestes
de réanimation laisse peu de place à cette première rencontre, qui est pourtant primordiale.
De ces premiers instants, peut dépendre la qualité de l’attachement entre la parturiente et
son nouveau-né. La culpabilité, la tristesse et la peur sont pour elle autant d’obstacles à
franchir et à surmonter. Pour l’enfant, le vide, la lumière, le froid, l’inconnu, et les
difficultés d’adaptation à la vie extra utérine provoquent un stress que seule sa mère peut
calmer.
La séparation inévitable lors de ces naissances est difficile pour les parents, comme
pour leur nouveau-né. Il n’est pas « normal » d’accoucher et de ne pas avoir son enfant à
ses côtés.
Que peut-on faire pour améliorer le vécu de ces femmes et de ces enfants ? Pour
leur permettre de faire connaissance avant d’être séparés ?
Afin de trouver des solutions et des réponses à cette question, nous avons décidé
d’interroger des sages-femmes et des pédiatres exerçant en Île-de-France dans des
maternités publiques et privées de type 1, 2, et 3, ainsi que des mères d’enfants nés
prématurément, pour savoir comment ils vivent ou ont vécu ces instants, et quels gestes
leurs semblent importants. En effet, dans notre pratique de sage-femme, il est de notre rôle
d’aider au mieux ces patientes et leur petit, et dans ce but, d’adapter nos pratiques, non
seulement en fonction de la prématurité, mais aussi en prenant en compte les êtres humains
qui sont face à nous.
Dans une première partie, nous évoquerons le lien mère-enfant et les difficultés qui
peuvent s’opposer à son établissement, mais également la prématurité, la séparation, et
enfin, dans un quatrième chapitre, nous aborderons les obstacles à la mise en place du lien
mère-enfant dans le cadre spécifique de la prématurité. La seconde partie sera consacrée à
la présentation des résultats recueillis grâce à nos questionnaires. Dans une troisième
partie, enfin, nous discuterons ces résultats et chercherons des solutions aux problèmes
éventuellement soulevés.
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I- Le lien mère-enfant
A- Etablissement de l’attachement
« L’attachement est un processus interactif, débutant précocement, nourri de
présence et d’échanges et susceptible de perturbations s’il se trouve bousculé dans son
déroulement normal. » (4)
« Le premier attachement part de l’accouchement parce qu’il y a maintenant un être
séparé, donc la possibilité d’une relation. » (18)
De Freud à Françoise Dolto, nombreux sont les spécialistes de l’enfance, pédiatres,
psychiatres, pédopsychiatres, psychologues et psychanalystes qui ont observé, étudié et
décrit l’établissement du lien mère-enfant.
Selon Freud (5), il existe trois systèmes : le Ça, le Surmoi, et le Moi. Le Ça est un
« réservoir pulsionnel », siège des désirs refoulés. Le Surmoi est « l’organe de contrôle ».
Il regroupe les règles que l’on s’impose, consciemment ou inconsciemment. Il se construit
à partir de l’image idéalisée des parents, il juge et critique à partir de l’intériorisation des
interdits parentaux. Il peut être tyrannique et imposer des contraintes morales, en rapport
avec l’éducation reçue. Enfin, le Moi permet la perception et l’action qui sont le résultat
des conflits entre le Ça et le Surmoi. Tous les comportements seraient donc issus de ce qui
a été transmis ou vécu pendant l’enfance. Pour Mélanie Klein (6), le Moi ne se construit
pas au cours de l’enfance, mais existe dès la naissance. Les angoisses du nourrisson,
angoisse de persécution dans les trois premiers mois, angoisse de perte de l’objet entre six
et douze mois, sont susceptibles, si elles n’ont pas été surmontées, de ressurgir à l ‘âge
adulte, provoquant l’apparition de névroses ou de psychoses. Cette conception majore
l’importance accordée par Freud aux conflits des premiers mois de la vie : ceux où se tisse
le lien d’attachement entre l’enfant et sa mère.
Pour René Spitz (7), la conception de la construction psychique de l’individu est
différente de celle de ses prédécesseurs. Il considère que le nourrisson est porteur de
potentialités qui vont se développer parallèlement au développement physiologique, de
façon lente et continue. Selon lui, la relation objectale n’existe pas dès la naissance, mais
se construit progressivement. Il a fondé ses théories sur l’observation et la psychologie
expérimentale. Les nourrissons étudiés appartenaient à tous les milieux socioculturels, ce
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qui lui permis d’affirmer l’universalité de ses découvertes. D’après lui, le développement
psychique du nouveau-né est en rapport étroit avec les soins donnés par la mère. Sa théorie
est fondée sur deux concepts : « la mère normalement dévouée », et les principes de
« handling » et « holding ». Il définit le « handling » comme étant la manière dont une
mère manipule son enfant, et le « holding » comme étant sa façon de le porter. On retrouve
ces notions chez Winnicott (8), pour qui, le nouveau-né ne se distingue pas comme une
entité différente de sa mère. C’est ce qu’il appelle l’identification primaire. Grâce à cette
identification, la mère sait en permanence quels sont les besoins de son enfant. Ainsi, une
mère normalement dévouée saurait naturellement porter et manipuler son enfant de la
meilleure façon qui soit. Grâce à un « handling » et un « holding » adéquats, le nouveau-né
commencerait à élaborer sa construction psychique.
Pour John Bowlby (9), l’attachement est : « Un lien d’affection spécifique d’un
individu à un autre. Le premier lien est établi en général avec la mère. Une fois formé,
l’attachement a pour nature de durer. La construction des liens entre l’enfant et sa mère
ou celle qui en tient lieu, répond à un besoin physiologique fondamental. »
D’après lui, l’attachement serait un comportement instinctif, une « tendance sociale
primaire ». Il fonde ses affirmations sur des observations cliniques et une théorie
éthologique (concernant le mode animal) selon laquelle ce serait l’ensemble des
comportements d’attachement du nouveau-né qui déclencherait l’attachement maternel.
Ainsi, l’instinct maternel n’existerait pas, il serait le résultat de la demande d’attachement
manifestée par l’enfant. Pour les éthologistes, la qualité de ces premiers liens permet
l’intégration des individus dans les différents groupes sociaux, ainsi que le développement
de la sexualité et la capacité à ressentir et à donner de la tendresse. Ces réflexions ont servi
de base aux psychanalystes de la petite enfance, qui ont observé chez les nouveau-nés des
comportements comparables à ceux des animaux.
Selon Bowlby, le « comportement d’attachement » se construirait donc grâce à la
capacité du nouveau-né puis du nourrisson à attirer l’attention de sa mère par ses cris, puis
ses sourires et ses gestes ; il suscite le « comportement de soin » de la part de sa mère. Pour
Freud (5), l’attachement à la mère est directement lié à la satisfaction du besoin de
nourriture, les pulsions surviennent en fonction des besoins vitaux. La pulsion orale, par
exemple, se construit à partir du besoin alimentaire. Or, chaque pulsion ne peut être
complètement assouvie, il se produit alors une frustration. Autre exemple : dans toutes les
cultures, le nourrisson fait l’expérience du renoncement à la relation fusionnelle avec sa
mère. Cette expérience intervient plus ou moins tôt, mais en général à un âge ou le
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nourrisson est capable de surmonter cette autre frustration. Chacune de ces expériences
vont permettre la construction psychique de l’enfant. L’exemple « de la bobine » illustre
cette théorie : le petit-fils de Freud, dont la mère s’est absentée, joue avec une bobine tenue
par un cordon. L’enfant la lance et la rattrape en répétant à chaque action « vor – da »
c’est-à-dire : devant, dans le sens de loin, quand il envoie la bobine et là c'est-à-dire tout
près, quand il la récupère. Freud conclut que son petit-fils, qui a un an et demi environ, a
mis en place un jeu lui permettant de supporter l’absence de sa mère en la symbolisant.
Mélanie Klein (6), décrit des stades d’évolution, sous le nom de « positions », qui
se différencient de ceux de Freud :
1. la position schizo - paranoïde, est marquée par le clivage. Au début, le sein
nourricier de la mère n’est pas rattaché à celle-ci, pour le bébé. La mère est perçue comme
un objet partiel. Il existe un clivage entre le « bon objet » qui est introjecté et le « mauvais
objet » qui est rejeté.
2. la position dépressive, apparaît vers le 6ème mois. L’objet est perçu comme
complet. Le bébé peut se représenter la perte de cet objet total. La relation à la mère
s’établit sur le mode de la dépendance.
3. la position oedipienne, qui commence bien plus tôt que pour Freud.
Le monde infantile est, pour Mélanie Klein, dominé par l’angoisse, dès le début de
la vie. La première étant l’angoisse d’annihilation, ou la peur de perdre la vie.
L’une des caractéristiques de l’espèce humaine est la très longue période de
dépendance de l’enfant par rapport à sa mère. Dans aucune espèce animale on observe de
dépendance aussi prolongée. Celle-ci maintient, dans l’esprit du nourrisson, une sorte de
confusion. Il est incapable de différencier sa mère des soins qu’elle lui prodigue. Il ne la
perçoit pas comme une personne, mais comme un ensemble de soins répondant à ses
besoins. Freud considère que c’est cette reconnaissance, progressive et tardive qui fonde le
Moi. Chaque obstacle à la construction du Moi peut, par définition, « altérer » le Surmoi
(en effet Pulsions du Ça + exigences du Surmoi = Moi), et par conséquent modifier
l’élaboration psychique de l’individu ainsi que les comportements qui en découlent.
Selon Françoise Dolto (10), la construction psychique de l’enfant se fait au travers
de sa relation avec sa mère et de la qualité de celle-ci dépend le futur équilibre
psychologique de l’adulte qu’il sera devenu. Cette relation serait améliorée et renforcée par
la verbalisation des moments forts, la parole de la mère aidant l’enfant à surmonter ses
peurs, à comprendre ce qui se passe. Elle affirme que le fœtus puis le nouveau-né ressent et
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comprend les intonations des paroles et les gestes que sa mère lui explique. Ainsi, les
moments douloureux de la petite enfance auraient moins de conséquences néfastes.
B- Conséquences d’une rencontre néonatale difficile sur l’attachement
mère-enfant
Au cours de ses études, Freud (5) a montré le lien entre les perturbations
émotionnelles et les symptômes hystériques. Ces perturbations peuvent être récentes, mais
sont aussi souvent anciennes, datant de l’enfance, et même de la petite enfance. Selon lui,
des traumatismes subis lors de la période néonatale (voire anténatale) peuvent être à
l’origine de troubles psychologiques ou psychiatriques survenant à l’âge adulte. Ainsi des
évènements survenus en période néonatale, pourraient avoir un retentissement sur
l’équilibre psychologique futur d’un individu. Séparer un nouveau-né de sa mère dès la
naissance, c’est lui imposer une frustration qu’il n’est pas encore capable de surmonter.
Freud a démontré qu’imposer cette séparation à l’enfant, avant de lui avoir donné les
moyens de la vivre, a des conséquences durables et profondes sur son développement
psychique.
Mélanie Klein (6) reprend les théories selon lesquelles si l’enfant ressent des
frustrations mais n’a pas la possibilité de les compenser, il risque de ne pas suivre le
processus normal de développement psychique et de régresser à un stade antérieur ou de
progresser trop rapidement vers un autre stade. La construction psychique est alors
désordonnée, chaque lacune est susceptible d’entraîner des comportements inadaptés dans
l’avenir. On parle de « fixations pulsionnelles », pouvant être à l’origine de névroses ou de
tendances perverses à l’âge adulte. Selon elle, le Moi ne se construit pas au cours de
l’enfance, mais existe dès la naissance. Les angoisses du nourrisson, angoisse de
persécution dans les trois premiers mois, angoisse de perte de l’objet entre six et douze
mois, sont susceptibles, si elles n’ont pas été surmontées, de ressurgir à l ‘âge adulte,
provoquant l’apparition de névroses ou de psychoses. Cette conception majore
l’importance accordée par Freud aux conflits des premiers mois de la vie : ceux où se tisse
le lien d’attachement entre l’enfant et sa mère.
Selon René Spitz (7), au début de la relation entre une mère et son enfant, l’enfant
reçoit passivement, alors que la mère donne et reçoit. Elle pourrait donc transmettre à son
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nourrisson des « messages perturbés », si elle même souffre de troubles de la personnalité.
En admettant que lors de ses premiers mois, l’enfant n’a de contact qu’avec sa mère, alors
on peut en déduire qu’en cas de relations insatisfaisantes, elles seules pourront être à
l’origine de troubles de la personnalité future de l’enfant. Ce point de vue peut paraître
extrémiste, mais il n’est pas rare de constater des désordres du comportement chez des
nourrissons ayant des difficultés relationnelles avec leur mère.
Spitz (7) a étudié des enfants au sein de leur famille, mais aussi dans des groupes
élevés en pouponnière. Il a pu observer dans les deux groupes un lien entre la nature des
difficultés relationnelles et l’apparition de troubles physiques et/ou psychiques. Ainsi, il
affirme qu’une sollicitude primaire excessive et anxieuse est à l’origine des coliques du
nourrisson, qu’une hostilité déguisée en anxiété provoque un eczéma infantile, et même,
qu’un rejet primaire manifeste peut aboutir à un coma chez le nouveau-né. De même, une
privation affective partielle entraîne une dépression, et la privation affective complète, un
marasme.
Il conclut : « Priver des nourrissons de relations objectales pendant leur première
année constitue un facteur nocif de premier ordre qui conduit à des troubles émotionnels
graves. Les enfants dans ce cas présentent un tableau clinique frappant : ils donnent
l’impression d’avoir été privés de quelque élément vital de survie. Lorsqu’on prive un
nourrisson de ses relations avec sa mère sans lui fournir un substitut adéquat qu’il est en
mesure d’accepter, nous le privons de ses provisions libidinales… l’analogie avec
l’avitaminose s’impose. »
Winnicott (11) est à l’origine d’une théorie psychanalytique selon laquelle les
dysfonctionnements précoces seraient responsables des troubles psychotiques survenant à
l’âge adulte. Il considère que si « holding » et « handling » sont inadaptés, le psychisme de
l’enfant mettrait en place le Moi de façon trop précoce, provoquant des perturbations. La
construction psychique d’un individu serait donc liée au sentiment de sécurité éprouvé en
période néonatale et pendant sa petite enfance. Si ce sentiment de sécurité était perturbé
des troubles somatiques et psychiatriques pourraient apparaître.
Tous les spécialistes de l’enfance ayant étudié les relations précoces mère-enfant
s’entendent donc pour dire qu’en cas de difficulté lors de leur rencontre, les enfants sont à
risque de développer des troubles psychiques. Selon Françoise Dolto (9), le simple fait de
laisser le temps à la mère d’expliquer à son petit ce qui se passe et ce pourquoi ils vont être
séparés permettrait à l’enfant de mieux accepter et mieux vivre la séparation.
12
II- La prématurité
A- Définition, étiologies et prise en charge immédiate
Une naissance est dite prématurée si elle survient avant 37 semaines d’aménorrhée. On
distingue l’extrême prématurité (naissance avant 28 SA), la grande prématurité (naissance
entre 28 et 32 SA), et la prématurité modérée. Le pronostic pour l’enfant est fonction de
son terme de naissance, mais aussi de l’étiologie de la prématurité et des éventuelles
thérapeutiques mises en place avant la naissance (corticothérapie en particulier). (17)
Les causes d’accouchement prématuré sont nombreuses. Elle est parfois induite s’il y a
nécessité d’extraire l’enfant avant terme pour une raison maternelle ou fœtale, ou
« spontanée » dans le cas contraire.
Les étiologies sont multiples : mise en travail prématurée, prééclampsie, infection,
diabète, pathologies hépatiques, souffrance fœtale, retard de croissance intra-utérin,
grossesses multiples, malformations utérines…
Les enfants nés prématurément se caractérisent par une immaturité physiologique, en
particulier pulmonaire, digestive et neurologique. Les principaux risques néonataux sont
l’hypothermie, responsable d’apnées, d’acidose métabolique et d’hypoglycémie, les
complications respiratoires, en particulier la maladie des membranes hyalines, les
complications cardiovasculaires, neurologiques, digestives, hépatiques et infectieuses. Une
prise en charge rapide et de qualité de ces enfants est donc indispensable. Il faut assurer
pour eux tout ce qu’ils ne sont pas capables de faire, leur apporter tout ce qui leur manque.
Ainsi, assistance respiratoire et perfusion sont souvent nécessaires. (12)
De la rapidité et de la bonne exécution de ces gestes, peut dépendre le pronostic
neurologique et vital du nouveau-né.
B- Aspects psychologiques et retentissement
G Binel (4) décrit dans son livre les différents deuils que doit faire une femme ayant
accouché prématurément ; toute femme débutant une grossesse sait que celle-ci doit durer
neuf mois. Cette connaissance est ancrée comme une réalité évidente. Comment alors,
peut-elle vivre une grossesse interrompue ? Comme une erreur, comme un échec, comme
une incapacité pour la mère à assurer sa fonction sociale, maternelle, familiale, mais aussi
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comme une immense déception de n’avoir pas vécu jusqu’au bout cette expérience. Un
sentiment de culpabilité s’ajoute à celui d’incapacité de n’avoir pu mener la grossesse à
terme.
Le premier travail de deuil que la mère ait à faire est donc celui d’une grossesse idéale
qui aurait duré neuf mois, et lui aurait valu une certaine forme de reconnaissance familiale
et sociale.
Le second deuil est celui d’une naissance normale. L’accouchement prématuré est vécu
comme un échec. L’enfant n’est pas ressenti comme gratifiant par ses parents. L’objet de
fierté devient objet de déception, d’inquiétude, d’angoisse. La naissance n’est pas un
soulagement mais une épreuve. Le bébé n’est pas celui tant rêvé, il est petit, et n’est pas
capable de vivre seul. L’angoisse de la mort vient se mêler à ce moment qui devrait être un
moment de vie.
Le deuil de l’enfant imaginaire est donc le troisième deuil nécessaire. Au cours de la
grossesse, l’enfant se fait de plus en plus présent. Il existe dans l’imaginaire de ses parents
dès avant sa conception et devient une réalité par la place croissante qu’il prend, puis par
ses mouvements. A ce stade de la grossesse, deux bébés existent pour la mère, l’enfant
idéal dont elle a toujours rêvé, et l’enfant réel. Ces deux images se superposent pour n’en
faire qu’une dans l’esprit des parents, c’est l’enfant idéalisé. Or celui-ci ne peut naître plus
tôt que prévu ! Il ne peut pas être si petit et si fragile au point que sa survie en serait
menacée.
Renoncer à l’enfant parfait est donc une nécessité incontournable. Peut-être faudra-il
renoncer au bébé lui-même, s’il ne peut survivre…Ce travail de deuil peut avoir des
conséquences directes sur l’investissement de la mère à l’égard de son petit.
D’après B. Golse (13), un accouchement prématuré est une blessure narcissique
profonde, il faut faire le deuil de la fin de la grossesse, il faut reconnaître et investir cet
enfant si peu conforme à celui qui avait été rêvé.
On parle souvent de la brutalité de l’accouchement prématuré, mais il n’y a pas que
l’enfant qui est prématuré, la femme non plus n’est pas prête à devenir mère si subitement.
La fin de la grossesse n’a pas eu lieu et ne sera jamais rattrapée. Les repères habituels sont
bouleversés : de l’état de grossesse, on passe au fait d’avoir un enfant, mais cela n’arrive ni
en lieu, ni en temps prévus. Il y a un sentiment de cauchemar et de dépression, on voudrait
revenir en arrière. Le sentiment de cette disparition est accentué quand l’accouchement a
eu lieu par césarienne, avec la disparition d’un autre temps : celui des contractions et de la
14
joie de l’arrivée de l’enfant. Un travail de conceptualisation est alors nécessaire pour
imaginer l’enfant ailleurs, vivant quelque part, sans soi.
Pour C. Mathelin (15), les mères qui viennent d’accoucher prématurément d’un enfant
qui leur est retiré immédiatement parce que les médecins le pensent en danger, se trouvent
toutes envahies par un violent sentiment de culpabilité. Les jours sont comptés au rythme
des pesées du bébé, qui continue la grossesse sans elles, dans un incubateur qui « couve »
pour elles l’enfant qu’elles n’ont pas su retenir.
Certains pédiatres le disent (15), la séparation peut être atténuée ; même si des gestes
de « sauvetage » sont nécessaires, l’urgence n’impose ni la précipitation, ni la brutalité. La
fébrilité, la maladresse ou même une certaine violence sont surtout la conséquence de notre
propre angoisse et peuvent étonner le spectateur de certaines réanimations.
La naissance est une séparation, mais elle doit être constructrice et rester une rencontre.
Si l’on escamote l’instant où l’apparition de l’enfant permet à ses parents de l’identifier, de
le reconnaître comme leur, le risque est de les enfermer dans une continuité de séparation
et le bébé reste alors un inconnu. D’autant plus que la menace de mort qui pèse sur lui le
rend effrayant et que sa survie dépend d’autres personnes. Les parents se sentent
impuissants et doutent très vite de leurs compétences. Une vie peut parfois être nécessaire
pour rattraper cette première minute. « Il n’est pas défendable de refuser à un nouveau né
de passer les premières secondes de sa vie contre sa mère, quel que soit son état. Celui qui
ne le supporterait pas est déjà hors de portée de nos moyens de réanimation, mais celui qui
est hésitant ne peut qu’y trouver un encouragement. » (15)
15
III- La séparation
A- Circonstances et conséquences d’une séparation à la naissance
Lors d’un accouchement prématuré, l’enfant est exposé à de nombreuses complications
(17). Le degré de gravité de celles-ci, directement lié au terme de naissance fait décider du
lieu d’hospitalisation du nouveau-né.
A chaque type de maternité correspond un niveau de soin. Selon le décret 98-900 du 9
octobre 1998 (27), on distingue trois types d’unités :
- L'unité d'obstétrique, qui assure, les accouchements ainsi que les soins suivant
l'accouchement pour la mère et les enfants nouveau-nés dont la naissance est
intervenue dans l'établissement. Si l'établissement dans lequel est né l'enfant ne
peut assurer sa prise en charge adaptée, il organise son transfert vers un autre
établissement apte à délivrer les soins appropriés. Ces unités doivent, selon l’arrêté
du 25 avril 2000 (27), disposer du matériel nécessaire à la prise en charge en
urgence d’un nouveau-né en détresse vitale.
- L'unité de néonatologie, qui assure la surveillance et les soins spécialisés
mentionnés au II de l'article R. 712-85, que les nouveau-nés soient ou non nés dans
l'établissement. Un secteur de soins intensifs peut être organisé au sein de l'unité de
néonatologie. Si l'unité de néonatologie où se trouve l'enfant ne peut assurer la prise
en charge adaptée du nouveau-né, elle organise son transfert vers une unité ou un
établissement aptes à délivrer les soins appropriés. Selon l’arrêté du 25 avril 2000,
ces unités doivent disposer de matériel d’aspiration et de ventilation au masque, du
matériel nécessaire pour perfuser et pour l’alimentation de suppléance. Ils peuvent
prendre en charge les enfants sous oxygénothérapie et doivent disposer d’appareils
de surveillance cardio-respiratoire. Les unités de soins intensifs peuvent prendre en
charge des nouveau-nés sous ventilation artificielle pendant les premières heures.
- L'unité de réanimation néonatale, qui assure la surveillance et les soins spécialisés
mentionnés au III de l'article R. 712-85, que les nouveau-nés soient nés ou non
dans l'unité d'obstétrique de l'établissement. Elle peut prendre en charge les enfants
ayant une nutrition parentérale et une ventilation artificielle de longue durée. Cette
unité doit être associée à un secteur de soins intensifs de néonatologie sur le même
site.
16
Les maternités de type 1 disposent uniquement d’une unité d’obstétrique, celles de type
2, d’une unité de néonatalogie, plus ou moins associée à une unité de soins intensifs, et
celles de type 3, d’une unité de réanimation néonatale. (32)
Ainsi, les enfants naissant prématurément en maternité de type 1 sont
systématiquement transférés dans un hôpital de niveau de soins supérieur. Ces enfants sont
dits « outborn ». Pour ceux naissant en maternité de type 2, le transfert se discute en
fonction de leur état, et de la prise en charge nécessaire. Quand l’accouchement a lieu dans
une maternité de type 3, ou plus rarement 2B, l’hospitalisation peut se faire dans le même
établissement.
Quelle que soit la situation, les enfants vont être séparés de leur mère, pour aller au
mieux dans un autre service à quelques étages de distance ou dans un bâtiment mitoyen,
parfois dans un autre hôpital, éventuellement dans une autre région.
Parfois, quand c’est possible, la sage-femme et le pédiatre amènent l’enfant auprès de
sa mère, qu’elle puisse le voir, éventuellement le toucher, avant qu’ils soient séparés. Si la
salle de naissance bénéficie d’un appareil photo, une photographie à développement
instantanée ou numérique est réalisée (16). Elle est laissée aux parents. Ces quelques gestes
sont les seuls « contacts » qu’ils auront avant de se revoir en pédiatrie, au mieux quelques
heures, parfois quelques jours plus tard.
B- Le cas particulier du transfert dans un autre hôpital
Selon le plan de périnatalité (28), les femmes qui risquent d’accoucher prématurément
dans une maternité de niveau de soins inadapté doivent, dans la mesure du possible être
orientées, ou transférées dans un hôpital de niveau supérieur (Transfert in utero). Ainsi,
leur enfant pourra être pris en charge de façon adéquate dès la naissance, et sera, en
général, hospitalisé dans le même hôpital.
Les enfants « outborn », contrairement aux enfants « inborn », seront transférés de leur
lieu de naissance vers un établissement comprenant une unité de soins intensifs ou de
réanimation néonatale. (29) Ces transferts sont effectués par des unités de SMUR,
spécialisées dans le transport et la prise en charge des nourrissons, et équipées de matériels
et équipements adaptés.
Selon la circulaire DHOS/01/2005/67 (29), ils doivent prendre en charge les enfants :
17
- Nés d’accouchement hors maternité en cas AG � 35 SA et /ou grossesse repérée à
risque ;
- Provenant de maternité où ils ne peuvent bénéficier sur place des soins nécessaires
et qui doivent être transférés en unité spécialisée (réanimation, soins intensifs, bloc
opératoire, chirurgie …) ;
- Encore dépendant d’un soutien ventilatoire, après la phase aiguë, devant être
transféré d’un service de réanimation néonatale (maternité de niveau III) vers une
unité de niveau 2B au sein d’un réseau périnatal ;
- Prématuré (AG � 32 SA) ayant bénéficié d'une « assistance anténatale » et dont la
mère n'a pu être transférée avant la naissance dans un centre périnatal de type 3, ou
2B (transfert maternel impossible ou contre-indiqué) ;
- Admis aux urgences pédiatriques ou hospitalisés dans les services de pédiatrie et
devant être transférés vers une unité de réanimation ;
- Déjà hospitalisés dans une unité de réanimation (ou autre service spécialisé) encore
dépendant d’une assistance respiratoire et devant subir, sur le même site ou dans un
autre hôpital, une exploration spécialisée.
En région parisienne, le regroupement de structures de type 3 sur une même région fait
que les enfants sont rarement emmenés trop loin de leur mère. Cependant, il arrive que les
unités de réanimation néonatale soient surchargées, le manque de place peut alors
provoquer un éloignement important. (31)
De même, en dehors de la région parisienne, les grands centres hospitaliers sont plus
dispersés, il n’est donc pas rare qu’une mère et son enfant soient hospitalisés dans des
régions différentes, et ne puissent pas se voir avant 3 ou 4 jours, parfois plus en cas de
césarienne ou de complications. Pour peu que la femme soit elle-même dans un service
loin de son domicile, le père peut être amené à faire de nombreux kilomètres pour voir
toute sa famille.
Au sein de certaines unités de SMUR pédiatrique, des règles ont été établies afin de
rendre les séparations mère-enfant moins difficiles. Ainsi, le personnel fait en sorte de
prendre systématiquement une photo à l’intention de ses parents, essaie le plus souvent de
passer auprès de la mère avant d’emmener son enfant, et permet en général qu’elle le
touche une fois qu’il est installé dans l’incubateur. Dans certains endroits, des feuilles sur
18
lesquelles sont reportées les coordonnées du service de pédiatrie dans lequel l’enfant est
emmené, sont spécifiquement destinées aux parents. (Annexe 7)
IV- Prématurité et obstacles à la mise en place du lien mère-enfant
En France, la prématurité concerne 5,9 % des naissances en 2003. Elle est la
première cause de mortalité périnatale et est une source importante de handicap (16). Dans
ces cas, que le problème provienne de l’enfant (souffrance fœtale, prématurité,
malformation nécessitant des soins immédiats…) ou de la mère (travail dystocique, HTA,
pré-éclampsie, pathologie nécessitant une césarienne éventuellement sous anesthésie
générale…), ils sont souvent séparés dès la naissance, la rencontre n’a pu avoir lieu, ou
seulement de façon très fugitive.
Ainsi que le dit Bernard Golse (13), en cas de césarienne sous anesthésie générale,
il n’y a pas de vécu de continuité entre l’état de grossesse et l’état actuel. Il manque
quelque chose, il y a comme un trou dans ce que ressent la mère, comme une absence qu’il
faudra bien reconnaître : celle du bébé. Il n’est pas rare que les jeunes mères
« hallucinent » encore des mouvements fœtaux, tant elles ne peuvent accepter l’idée que
l’enfant n’est plus dans leur ventre. Toutes les mères et tous les parents à la naissance d’un
enfant disent à quel point le premier regard est important, permettant de s’assurer de
l’intégrité corporelle de son petit, voir qu’il est entier, qu’il est bien fini, agréable à
regarder, et qu’il peut même déjà être inscrit par la parole dans la lignée de sa famille.
Quand il n’est pas présent sous les yeux de sa mère, elle s’imagine ce à quoi il
ressemble, une fantasmatisation, souvent bien pire que la réalité vient remplir dans son
esprit toute la place laissée libre par l’enfant qui n’est pas là. « Voir son bébé dès
l’accouchement, le tenir, le porter dans son regard est primordial. On ne peut enlever
l’enfant à sa mère, ni enlever sa mère à l’enfant sans dommage », dit P. Ben Soussan (14).
Il ajoute : « Faudra-t-il encore du temps pour comprendre vraiment qu’un enfant naît dans
les bras de sa mère et nulle part ailleurs ? Faudra-t-il encore longtemps pour s’apercevoir
que l’on réalise parfois de véritables parentectomies ? »
Selon C. Mathelin (15), les mères sortent souvent du traumatisme par la culpabilité.
C’est le moyen de donner à l’impensable, une possibilité d’être pensé. En cas de
séparation, une symbolisation doit pouvoir être possible pour que les parents continuent à
imaginer l’enfant, pour qu’il ne devienne pas pour eux « un bout de chair à réanimer », un
19
objet de la médecine, mais qu’il reste un enfant, leur enfant. A cet égard, on note
l’importance du visuel et de la photo donnée à la mère (16). A. Naouri (2) insiste lui aussi
sur l’importance de cette rencontre. Même si l’accouchement constitue un instant de
rupture pour la mère et l’enfant, il est fondamental pour le développement personnel,
physique et psychique d’un individu, pour la relation future et qui s’installe entre ces deux
personnes et les autres, que cette relation continue de fonctionner à travers un dialogue qui
ne passe pas forcément par la parole. D’où l’importance des premiers instants. Après
l’accouchement, le nourrisson reconnaît le corps de sa mère entre plusieurs autres. Une
bonne partie de son développement ultérieur prendra appui sur des éléments qu’il aura
puisés à la naissance. Ce qui aura ainsi été puisé constituera pour lui une forme d’acquis.
Conclusion
L’attachement mère-enfant est naturel et nécessaire à la construction de l’individu (4).
Lors d’une naissance prématurée, la rencontre est plus difficile, la santé de l’enfant permet
difficilement un contact prolongé. Cependant, il est possible d’aider ces femmes et ces
petits. Un regard même bref, une caresse rapide, une photo, tous ces petits gestes peuvent
améliorer leur vécu de la naissance. (2) Par ailleurs, une écoute et un encadrement attentif
des mères permet de diminuer la culpabilité qu’elles éprouvent, de les aider à accueillir cet
enfant si peu conforme à celui qu’elles attendaient. (13)
La sage-femme, accompagne les femmes tout au long du travail, puis de
l’accouchement. Elle est la première à évaluer l’état de l’enfant, souvent la première à le
tenir. Elle peut alors permettre à la mère de le voir et de le toucher, à ce moment unique
qu’est l’accouchement. Elle est probablement la mieux placée pour le faire. « Le rôle des
sages-femmes auprès de femmes qui viennent d’accoucher peut se résumer ainsi : parce
qu’elles savent par expérience décoder les demandes d’un nourrisson et connaissent les
problèmes qui se posent aux femmes pour devenir mère, elles peuvent assurer un
accompagnement spécifique (…), si elles sont réceptives à ce que vit la mère. » (3)
21
Problématique
En service de gynécologie-obstétrique, et plus particulièrement en salle de
naissance, nous assistons et vivons quotidiennement des rencontres interhumaines chargées
d’émotions. Rencontres avec les futures mères, les futurs pères, avec les autres membres de
l’équipe obstétrico-pédiatrique… Mais aussi entre les parents et leur(s) enfant(s). Ces
moments sont généralement des havres de bonheur au cours desquels les parents
découvrent leur nouveau-né, son visage, son regard, ses pleurs.
Dans certains cas cependant, la rencontre s’avère plus difficile (1). Un problème
survient, parfois l’enfant souffre ou présente une pathologie ; dans d’autres situations, c’est
la mère qui ne va pas bien, la naissance est précipitée, à peine a-t-elle pu réaliser ce qui se
passait que déjà, l’enfant est là. Il a du mal à respirer seul. La sage-femme et le pédiatre
l’emmènent. A peine quelques secondes après sa naissance il est déjà séparé de ses parents.
Que ressent ce petit être, si brutalement expulsé hors de sa mère, et sans repère chaleureux,
ni affectif ? Comment se sentent ses parents, dépossédés du petit qui vient de venir au
monde ?
Dans la salle de naissance, le couple reste seul, parfois une photo à la main… Les
« nouveaux » parents ont souvent à peine vu leur enfant, parfois, ils ont pu le toucher
rapidement. Ils l’ont attendu si longtemps, et déjà, il n’est plus là ! Le ventre est vide, et il
n’y a pas de bébé à découvrir… Comment va-t-il ? Va-t-il vivre ? « J’aurais tant aimé le
toucher, ou au moins, le voir ! » disent de nombreuses mamans. Dans leur esprit, après la
« tempête » de l’accouchement, mille angoisses surgissent, au sujet de leur petit. (2)
La sage-femme, qui accompagne les parturientes pendant tout le travail et pendant
l’accouchement permet d’aider à tisser le lien entre la mère et l’enfant. Elle accompagne le
couple au cours de cette histoire difficile (3) et accueille l’enfant. Elle est souvent la
première, à le voir, à le toucher. C’est elle, généralement accompagnée du pédiatre, qui va
l’emmener, éventuellement commencer les soins, puis retourner voir la mère et lui donner
les premières nouvelles.
Ces situations sont vécues presque quotidiennement dans les maternités de type 3.
Tout semble fait au mieux, sur les plans médical et relationnel, dans l’intérêt de la mère et
de l’enfant. Cependant, quelles peuvent être les conséquences à long terme de ces
séparations si rapides et difficiles, de ces « naissances inachevées », comme les appelle
22
Geneviève Binel (4) ? Peut-on améliorer le vécu de ces familles? Que peut faire la sage-
femme pour aider le lien mère-enfant à se construire malgré cette séparation précoce ?
Quelles initiatives peut-elle se permettre de prendre sans ralentir la prise en charge du
nouveau-né ?
C’est pour répondre à ces questions, que nous avons choisi de mener une étude
prospective auprès des sages-femmes et des pédiatres exerçant dans des maternités et des
SMUR d’Ile-de-France, ainsi qu’auprès des mères d’enfants nés prématurément. Notre but
étant de mettre en évidence les initiatives diverses prises par les différents personnels de
maternité, afin d’aider à l’établissement du lien mère-enfant lors d’accouchements
prématurés ; mais aussi les gestes peu ou non faits, et souvent ressentis comme un manque
par certains membres de l’équipe obstétricale ou par les mères. Nous avons pour cela
élaboré trois questionnaires, destinés respectivement, aux sages-femmes exerçant en salle
de naissance, aux pédiatres de maternité et de SMUR pédiatriques, ainsi qu’aux mères
d’enfants nés prématurément.
Objectifs
Les objectifs de cette étude sont les suivants :
� Etablir le rôle de la sage-femme en salle de naissance dans l’établissement du lien
mère-enfant lors d’une naissance prématurée suivie d’une hospitalisation
pédiatrique.
- Faire un état des lieux des pratiques actuelles des sages-femmes et des
pédiatres de diverses maternités publiques et privées de la région Ile de
France relatives à la mise en place du lien mère-enfant lors
d’accouchements prématurés.
- Déterminer les gestes réalisables dans l’urgence, aidant à la mise en place
du lien mère-enfant malgré la séparation précoce.
- Identifier les obstacles à la mise en place de certaines pratiques favorables à
l’établissement du lien mère-enfant.
- Proposer des solutions pour lever ces obstacles.
� Evaluer le « degré de satisfaction » des mères d’enfants prématurés sur leur prise en
charge et celle de leur enfant en salle de naissance.
23
Hypothèses
Les hypothèses servant de base à cette étude sont les suivantes :
- Les naissances prématurées sont souvent très médicalisées, malgré cela, la sage-
femme, qui a souvent accompagné la mère tout au long du travail, a un rôle
important à jouer dans leur prise en charge, en particulier afin d’aider à la mise en
place du lien mère-enfant.
- L’urgence entourant une naissance prématurée est génératrice de stress, cependant,
certains gestes favorisant le lien mère enfant sont possibles à mettre en place.
- Chaque intervenant autour de la naissance est conscient de l’utilité de ces gestes,
pourtant, ils ne sont pas toujours effectués.
- Des moyens simples et peu coûteux, en temps et en argent, permettraient la
réalisation de ces gestes de façon plus systématique.
Matériel et méthode
Compte tenu de nos objectifs et de nos hypothèses, nous avons décidé d’interroger, à
l’aide de questionnaires, (annexes 1,2 et 3)
- des sages-femmes de salle de naissance
- des pédiatres de SMUR et de maternité
- des mères d’enfants nés prématurément
Ces questionnaires ont été réalisés en prenant en compte le fait que les sages-femmes et
pédiatres disposent en général de peu de temps libre au cours de leur exercice
professionnel. Ils ont donc été volontairement concis, et les questions sont majoritairement
à réponses fermées ou semi ouvertes.
En ce qui concerne les questionnaires adressés aux sages-femmes, nous avons choisi 21
maternités de la région parisienne, en fonction de leur type, et de l’accord des cadres de
salle de naissance, de façon à avoir un échantillon égal de sages-femmes de chaque
structure.
Les maternités choisies ont été les suivantes:
Maternités de type 1 :
Maternité de l’hôpital Lariboisière, maternité Sainte Félicité, maternité des Lilas, maternité
de l’hôpital Rothschild, maternité de l’Institut Mutualiste Montsouris
24
Maternités de type 2A :
Maternité de l’hôpital privé d’Antony, maternité des Bluets, maternité de l’hôpital Foch,
maternité Jean Rostand, maternité Ambroise Paré
Maternités de type 2B :
Maternité Notre Dame de Bon Secours, maternité de Villeneuve saint Georges, maternité
de Longjumeau, maternité de Fontainebleau, maternité de Montmorency
Maternités de type 3 :
Maternité de l’hôpital Saint Vincent de Paul, maternité Port-Royal, maternité de l’Institut
de Puériculture de Paris, maternité de l’hôpital Antoine Béclère, maternité de L’hôpital
Robert Debré, maternité de l’hôpital intercommunal de Créteil
Nous avons choisi six maternités de type 3, au lieu de cinq comme pour chaque autre
type de maternités du fait du petit nombre de sages-femmes exerçant à l’institut de
puériculture de Paris.
Nous avons envoyé 320 questionnaires, répartis en fonction du nombre de sages-
femmes exerçant dans chaque structure. Nous en avons reçu 134 remplis. Soit un taux de
réponses de 42%, réparties de la façon suivante :
- 42.7% de réponses dans les maternités de type 1, soit 32 questionnaires sur 75
- 50.7% de réponses dans les maternités de type 2A soit 38 questionnaires sur 75
- 29.3% de réponses dans les maternités de type 2B soit 22 questionnaires sur 75
- 49.5% de réponses dans les maternités de type 3 soit 58 questionnaires sur 75
Le taux de réponses des maternités de type 2B est particulièrement faible et ce malgré
plusieurs appels téléphoniques et déplacements.
Nous avons envoyé les questionnaires adressés aux pédiatres dans tous les SMUR de la
région parisienne, ainsi que dans 17 maternités de la région parisiennes, choisies en
fonction de leur type ainsi que des contacts que nous pouvions avoir sur place, de façon à
augmenter les chances de retour.
Lieux d’envoi des questionnaires adressés aux pédiatres :
SMUR :
SMUR de L’hôpital Robert Debré, SMUR de l’hôpital Necker, SMUR de Montreuil,
SMUR de l’hôpital Béclère
Maternités de type 1 :
Maternité des lilas, maternité de l’hôpital Lariboisière, maternité de l’Institut Mutualiste
Montsouris, maternité des diaconesses
25
Maternités de type 2A :
Maternité de l’hôpital Ambroise Paré, maternité de l’hôpital privé d’Antony, maternité de
l’hôpital Foch, maternité Jean Rostand, maternité de Parly 2, maternité de Saint Cloud
Maternités de type 2B :
Maternité de Villeneuve Saint Georges, maternité de Longjumeau, maternité d’Evry,
maternité de Neuilly, maternité d’Orsay, maternité Louis Mourier
Maternités de type 3 :
Maternité de l’hôpital Antoine Béclère, maternité de l’Institut de Puériculture de Paris,
maternité de l’hôpital intercommunal de Créteil, maternité de l’hôpital Saint Vincent de
Paul, maternité Port Royal
128 questionnaires ont été envoyés, répartis en fonction des équipes pédiatriques de
chaque lieu. 80 nous ont été renvoyés. Le taux de réponses est donc de 62.5% réparties de
la façon suivante :
- 65.5% de réponses dans les SMUR de la région parisienne, soit 23 questionnaires
sur 35.
- 83% de réponses dans les maternités de type 1, soit 10 questionnaires sur 12.
- 57% de réponses dans les maternités de type 2A, soit 12 questionnaires sur 21.
- 77% de réponses dans les maternités de type 2B, soit 20 questionnaires sur 26.
- 64.7% de réponses dans les maternités de type 3, soit 22 questionnaires sur 34.
Le taux de réponses des pédiatres exerçant dans les maternités de type 1 est du au fait
que nous avons fait circuler les questionnaires en main propre, ainsi qu’au recueil de
certaines réponses par téléphone.
Pour les questionnaires adressés aux mères d’enfants nés prématurément, nous avons
distribué nos questionnaires dans trois grands services de néonatalogie de la région
parisienne, à savoir, celui de l’hôpital Béclère (30), celui de la maternité Port-Royal (10),
et celui de l’Institut de Puériculture de Paris (30). Le taux de retour de ces questionnaires a
été de 11%.
Par ailleurs, nous avons réalisé un site internet sur lequel était disponible le
questionnaire. Afin de le faire connaître, nous avons laissé des messages sur les forums de
différents sites internet consacrés à la maternité. Ceci permettant aux femmes d’aller y
répondre à tout moment, et pour nous, de recruter un plus large échantillon.
Pour traiter les questions concernant des gestes effectués à la naissance, tels que
voir, toucher, ou prendre l’enfant en peau à peau, nous n’avons pris en compte que les
26
réponses des femmes ayant accouché après 28 SA. En effet, nous avons considéré que ces
gestes sont plus difficilement réalisables chez ces extrêmes prématurés.
Toutes nos données, ainsi que nos graphiques ont été traités avec le logiciel Exel.
Le test du Chi2 a été utilisé pour comparer les différentes populations.
27
Résultats du questionnaire adressé aux sages-femmes : Question 1 :
Quels sont selon vous, les avantages d’un contact précoce entre une mère et son enfant lors
d’une naissance prématurée suivie d’un transfert ?
Graphique 1 :
avantages d'un contact mère-enfant précoce, selon les sages-femmes interrogées
65%74% 70%
62%
020406080
100120
Permettre à lamère de se
rendre compte del'état de son
enfant
Diminuer l'anxiétéchez la mère
Rassurer l'enfant Faire le lien entrel'état de
grossesse etcelui de mère
N=144
Le taux de réponses varie entre 62 et 74%, aucune des propositions ne se détache donc
nettement des autres. La plus citée a été « diminuer l’anxiété chez la mère », la moins citée,
« faire le lien entre l’état de grossesse et celui de mère ».
28
Tableau 1 :
Type1 (N=32) Type 2A (N=38)
Type 2B (N=22)
Type3 (N=52)
Permettre à la mère de se
rendre compte de l’état de son enfant
17 – 53% 29 – 76% 14 – 64% 33 – 63%
Diminuer l’anxiété chez
la mère 20 – 62% 31 – 82% 15 – 68% 41 – 79%
Rassurer l’enfant 25 – 78% 31 – 82% 14 – 64% 31 – 60%
Faire un lien entre l’état de grossesse et
celui de mère
19 – 59% 24 – 63% 13 – 59% 33 – 62%
Avantage d’un contact mère enfant précoce selon les sages-femmes interrogée, en
fonction du type de maternité dans lequel elles exercent. (Nombre de réponses - pourcentage)
Les réponses ne sont pas significativement différentes d’un type de maternité à l’autre. Les
réponses les plus souvent citées sont « Rassurer l’enfant », et « Diminuer l’anxiété chez la
mère ». La réponse globalement la moins citée est « Faire le lien entre l’état de grossesse et
celui de mère ».
29
Question 2 :
Lors d’un accouchement prématuré, lesquels de ces gestes faites-vous ? (Si nécessaire
précisez à partir de quel terme)
2-1-Vous permettez le « peau à peau »
Graphique 2 :
Pourcentage de sages-femmes permettant, ou non, le peau à peau lors d'un accouchement
prématuré
32; 22%
40; 28%
72; 50%
oui
non
oui, en fonction de l'étatde l'enfant
N=144 (Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des sages-femmes permet le peau à peau lors d’un accouchement prématuré.
50% modèrent leur réponse et décident de ce geste en fonction de l’état de l’enfant. Seules
28% ne le font jamais.
Les principales raisons pour lesquelles elles ne le font pas sont, que l’état de l’enfant ne le
permet pas (95%), qu’elles se sentent pressées par les pédiatres (68%), ou que les
protocoles ne le permettent pas (21%).
30
Tableau 2 :
Type 1 (N=32) Type 2A (N=38)
Type 2B (N=22) Type 3 (N=52)
Oui 8 – 25% 14 – 37% 5 – 23% 5 – 10% Non 7 – 22% 6 – 16% 2 - 9% 22 – 42%
Oui, en fonction de l’état de
l’enfant 17 – 53% 18 – 47% 15 - 68% 25 – 48%
Répartition des sages-femmes selon qu’elles permettent le peau à peau lors d’une naissance prématurée, en fonction du type de maternité dans lequel elles exercent
(nombre de réponse- pourcentage) Quel que soit le type de maternité, les sages-femmes décident de ce geste en fonction de
l’état de l’enfant. Les sages-femmes exerçant en maternité de type 3 sont plus nombreuses
à répondre par la négative, en revanche, celles exerçant en maternité de type 2A, ont plus
souvent répondu « oui », sans condition.
2-2-Vous permettez à la mère de voir son enfant
2-2-a-Si oui, quand ?
Toutes les sages-femmes disent montrer l’enfant à leur mère avant qu’il soit emmené par
les pédiatres, l’instant où cela est fait varie.
Tableau 3 :
Oui
Oui en fonction du terme ou de l’état de
l’enfant
Non
A la naissance 98 - 68% 39 - 27% 7 - 5% Après la réanimation 122 - 85% 22 - 15%
Répartition des sages-femmes en fonction du moment où elles montrent l’enfant à sa
mère lors d’un accouchement prématuré. (Nombre de réponses – pourcentage)
On constate que 68% des sages-femmes montrent systématiquement l’enfant à sa mère dès
la naissance, ce nombre augmente nettement après les gestes de réanimation, passant à
85%.
Seules 5% des sages-femmes ne montrent jamais l’enfant à la naissance ; paradoxalement
ce nombre augmente lui aussi après les gestes de réanimation, passant à 15% alors que l’on
31
pourrait penser que c’est le moment où l’enfant est le plus stable, et donc le moment le plus
approprié.
Tableau 4 :
Oui
Oui en fonction du terme ou de l’état de
l’enfant
Non
A la naissance 19 - 60% 10 - 31% 3 - 9% Après la réanimation 28 - 88% 4 - 12%
Répartition des sages-femmes, des maternités de type 1, en fonction du moment où
elles montrent l’enfant à sa mère lors d’un accouchement prématuré. (Nombre de réponses – pourcentage)
Tableau 5 :
Oui
Oui en fonction du terme ou de l’état de l’enfant
Non
A la naissance 27 - 71% 10 - 26% 1 - 3% Après la réanimation 35 - 92% 3 - 8%
Répartition des sages-femmes, des maternités de type 2A, en fonction du moment où
elles montrent l’enfant à sa mère lors d’un accouchement prématuré. (Nombre de réponses – pourcentage)
Tableau 6 :
Oui
Oui en fonction du terme ou de l’état de l’enfant
Non
A la naissance 17 - 77% 4 - 18% 1 – 5% Après la réanimation 17 - 77% 5 - 23%%
Répartition des sages-femmes, des maternités de type 2B, en fonction du moment où elles montrent l’enfant à sa mère lors d’un accouchement prématuré.
(Nombre de réponses – pourcentage) Tableau 7 :
Oui
Oui en fonction du terme ou de l’état de l’enfant
Non
A la naissance 35 - 67% 15 - 29% 2 - 4% Après la réanimation 42 - 81% 10 - 19%
Répartition des sages-femmes, des maternités de type 3, en fonction du moment où
elles montrent l’enfant à sa mère lors d’un accouchement prématuré. (Nombre de réponses – pourcentage)
32
Si on compare les tableaux précédents (4 à 7), on constate que les pratiques ne sont pas
significativement différentes d’un type de maternité à l’autre.
Les sages-femmes sont nombreuses à montrer l’enfant à sa mère dès la naissance (entre 60
et 77%), ce nombre augmente encore après les gestes de réanimation (77 à 92%).
Le nombre de réponses négatives augmente après les gestes de réanimation quel que soit le
type de la maternité.
2-3-Vous permettez à la mère de toucher son enfant
2-3-a-Si oui, quand ?
Tableau 8 :
Oui
Oui en fonction du terme et de l’état de
l’enfant
Non
A la naissance 77 - 54% 50 - 35% 15 - 11% Après la réanimation 113 - 80% 3 - 2% 26 - 18%
Répartition des sages-femmes en fonction du moment où elles permettent aux mères de toucher leur enfant lors d’un accouchement prématuré.
(Nombre de réponses – pourcentage)
On constate que la majorité des sages-femmes préfère attendre que les gestes de
réanimation aient été faits pour permettre aux mères de toucher leur enfant. Elles sont
cependant 54% à le permettre à la naissance.
Le nombre de réponses négatives augmente cette fois encore après les gestes de
réanimation, passant de 11 à 18%.
2 des sages-femmes interrogées disent ne pas permettre aux mères de toucher leur enfant
lors d’une naissance prématurée. Les raisons évoquées sont d’une part que l’état de
l’enfant ne le permet pas, d’autre part qu’elles sont pressées par les pédiatres.
33
Tableau 9 :
Oui
Oui en fonction du terme et de l’état de
l’enfant
Non
A la naissance 17 - 53% 10 - 31% 5 - 16% Après la réanimation 28 - 88% 4 - 12%
Répartition des sages-femmes de maternités de type 1 en fonction du moment où elles permettent aux mères de toucher leur enfant lors d’un accouchement prématuré.
(Nombre de réponses – pourcentage)
Tableau 10 :
Oui
Oui en fonction du terme et de l’état de
l’enfant
Non
A la naissance 22 - 58% 12 - 32% 4 - 10% Après la réanimation 32 - 84% 6 -16%
Répartition des sages-femmes de maternités de type 2A en fonction du moment où elles permettent aux mères de toucher leur enfant lors d’un accouchement prématuré.
(Nombre de réponses – pourcentage)
Tableau 11 :
Oui
Oui en fonction du terme et de l’état de
l’enfant
Non
A la naissance 14 - 64% 7 - 32% 1 - 4% Après la réanimation 17 - 77% 5 - 23%
Répartition des sages-femmes de maternités de type 2B en fonction du moment où elles permettent aux mères de toucher leur enfant lors d’un accouchement prématuré.
(Nombre de réponses – pourcentage)
34
Tableau 12 :
Oui
Oui en fonction du terme et de l’état de
l’enfant Non
A la naissance 25 - 50% 20 - 40% 5 - 10% Après la réanimation 40 - 80% 10 - 20%
Répartition des sages-femmes de maternités de type 3 en fonction du moment où elles permettent aux mères de toucher leur enfant lors d’un accouchement prématuré.
(Nombre de réponses – pourcentage)
Si on compare les tableaux précédents (9 à 12), on constate que les pratiques des sages-
femmes ne diffèrent pas significativement d’un type de maternité à l’autre. Elles sont une
majorité à permettre aux mères de toucher leur enfant à la naissance, mais le nombre de
réponses négatives augmente par rapport à la question précédente.
Elles sont 77 à 88% à permettre ce geste après la réanimation. Le nombre de réponses
négatives augmente comme précédemment, excepté pour les maternités de type 2A.
35
2-4-Vous prenez une photo de l’enfant pour les parents, systématiquement, souvent,
rarement, jamais ? Si « rarement ou « jamais », pour quelle raison ?
Graphique 3 :
Fréquence de la prise d'une photo par les sages-femmes pour les parents d'enfants prématurés
88; 61%
18; 13%
19; 13%
19; 13%
systématiquement
souvent
rarement
jamais
N=144 (Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des sages-femmes prend systématiquement une photo de l’enfant pour ses
parents. Seules 13% ne le font jamais.
La raison la plus fréquemment évoquée (58%) est le manque de matériel (appareil photo ou
pellicule), les raisons suivantes sont dans l’ordre : le fait que la photo soit prise par les
pédiatres (36%), qu’elles n’y pensent pas (14%) ou encore qu’elles n’en ont pas le temps
(5.5%).
Tableau 13 :
Type 1 (N=32) Type 2A (N=38)
Type 2B (N=22) Type 3 (N=52)
Systématiquement 19 – 59% 24 - 64% 13 – 58% 32 – 62% Souvent 8 – 25% 5 -13% 5 - 23% 1 - 2%
Rarement 4 – 13% 2 – 5% 3 -14% 8 – 15% Jamais 1 – 3% 7 – 18% 1 – 5% 11 – 21%
Fréquence de la prise d’une photo du nouveau-né, à l’attention des parents, par les
sages-femmes, en fonction du type de maternité dans lequel elles exercent. (Nombre - pourcentage)
36
Les pratiques diffèrent peu d’un type de maternité à l’autre. Les sages-femmes exerçant en
maternité de type 3, prennent cependant moins souvent une photo à l’attention des parents
que les sages-femmes des autres maternités. La principale raison évoquée est que cela est
fait par les pédiatres (68%), ce qui est compréhensible, étant donné que la majorité des
prématurés naissant dans une maternité de type 3 est hospitalisé dans le service de
néonatalogie du même hôpital. Dans 32% des cas, la raison évoquée est le manque de
matériel.
Quand cela n’est pas fait dans les maternités de type 1, la principale raison évoquée est le
manque de matériel à 80%, dans les maternités de type 2A, cette raison est donnée à 78%,
une sage-femme ne le fait pas car cela est fait par les pédiatres.
Dans les maternités de type 2B, la principale raison évoquée est que cela est fait par les
pédiatres.
2-5-Demandez-vous à la mère un objet lui appartenant (t-shirt…), à mettre dans la
couveuse pour permettre un lien olfactif ?
2-5-a- Si non, pourquoi?
Graphique 4 :
Pourcentage de sages-femmes demandant, ou non, à la mère un objet, permettant un lien olfactif
avec l'enfant
41; 29%
101; 71%
oui
non
N=142
(Nombre de réponses ; pourcentage)
37
La majorité des sages-femmes (71%) ne propose pas aux mères de mettre un objet dans
l’incubateur de leur enfant afin de permettre un lien olfactif.
Dans 57% des cas, c’est parce que cette pratique ne fait pas partie des protocoles du
service ; dans 37% des cas c’est parce qu’elles n’y pensent pas. Les autres raisons citées
sont que cela est fait dans le service de réanimation néonatale, une sage-femme dit que le
pédiatre ne le permet pas, une autre que cela n’est pas hygiénique.
Deux sages-femmes n’ont pas répondu à cette question.
Tableau 14 :
Type 1 (N=30) Type 2A (N=38)
Type 2B (N=22) Type 3 (N=52)
Oui 12 – 38% 10 – 26% 6 – 27% 16 – 31% Non 18 – 56% 28 – 74% 16 – 73% 36 – 69%
Proportion de sages-femmes proposant aux mères d’enfant prématuré de mettre un
objet leur appartenant dans l’incubateur de façon à permettre un lien olfactif, en fonction du type de maternité dans lequel elles exercent.
(Nombre - pourcentage)
Les réponses ne diffèrent pas significativement d’un type de maternité à l’autre. 56 à 74%
des sages-femmes ne font pas ce geste.
Les deux raisons les plus souvent évoquées, quel que soit le type de maternité, sont que ce
geste ne fait pas partie des habitudes du service, ou que les sages-femmes n’y pensent pas
ou n’y avaient jamais pensé.
Une sage-femme exerçant en maternité de type 2A a dit qu’elle ne le faisait pas car cela
n’est pas hygiénique, une autre estime que ce geste est inutile.
8% des sages-femmes exerçant en maternité de type 3 ne le font pas car ce geste est fait par
les pédiatres.
38
2-6-Donnez-vous des informations aux parents sur le service dans lequel leur
enfant va être hospitalisé, ses horaires de visites, ainsi qu’un numéro auquel ils peuvent
prendre des nouvelles ?
2-6-a- Si non, pourquoi ?
Graphique 5 :
Pourcentage de sages-femmes donnant, ou non, des informations aux parents sur le service de
réanimation néonatale
102; 71%
41; 29%
oui
non
N=143 (Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité (71%) des sages-femmes donne aux mères d’enfants nés prématurément des
renseignements sur le service dans lequel leur enfant est hospitalisé (localisation, numéro
de téléphone…)
Les 29% restants ne le font pas, à 66% car elles ne connaissent pas ces renseignements,
plus rarement car elles estiment que ce sera fait en suites de couches (12%) ou par le
pédiatre (19.5%), deux sages-femmes ont répondu qu’elles ne le faisaient pas car elles n’en
avaient pas le temps.
Une sage-femme n’a pas répondu à cette question.
39
Tableau 15 :
Type 1 (N=31) Type 2A (N=38)
Type 2B (N=22) Type 3 (N=51)
Oui 23 – 72% 22 – 58% 17 – 77% 43 – 83% Non 8 – 25% 16 – 42% 5 – 23% 15 – 8%
Proportions de sages-femmes donnant, ou non, des informations aux parents sur le service de réanimation néonatale en fonction du type de maternité dans lequel elles
exercent. (Nombre - pourcentage)
58 à 83% des sages-femmes donnent des informations aux parents sur le service de
pédiatrie dans lequel est hospitalisé leur enfant.
Les sages-femmes des maternités de type 3 le font plus souvent, probablement car les
enfants concernés sont hospitalisés dans le même hôpital. Les sages-femmes des maternités
de type 2A le font moins souvent.
Les principales raisons pour lesquelles elles ne le font pas majoritairement parce qu’elles
ne connaissent pas ces renseignements. La deuxième raison la plus souvent évoquée pour
les sages-femmes des maternités de type 1, 2A, et 3 est que cela est fait par les pédiatres.
Une sage-femme de maternité de type 2A a dit qu’elle ne le faisait pas car elle n’en avait
pas le temps.
40
Résultats du questionnaire adressé aux pédiatres de SMUR et de maternité :
80 pédiatres ont répondu à ce questionnaire, mais 7 d’entre eux exercent dans deux types
de structures différentes. Leur questionnaire n’a été pris en compte qu’une fois pour les
graphiques regroupant l’ensemble des pédiatres, en revanche, ils ont été pris en compte
pour chacune des structures concernées dans les tableaux détaillés mis en annexe. Ainsi, la
somme des pédiatres est de 87 dans ces tableaux.
Question 1 : Vous êtes amené à vous occuper d’un prématuré en salle de naissance, que
ferez-vous, pour que sa mère et lui puissent faire un minimum connaissance, avant son
transfert dans un service de pédiatrie ? (Plusieurs réponses sont possibles)
Graphique 6 :
N=80
N=80
Tous les pédiatres permettent aux mères de voir leur enfant lors d’un accouchement
prématuré. 95% leur permettent de le toucher et leur donnent les coordonnées du service de
néonatalogie. Ils sont moins nombreux à prendre une photo de l’enfant, et seulement 46% à
demander à la mère un objet à mettre dans l’incubateur pour permettre le lien olfactif (soit
moins de la moitié des pédiatres).
Par ailleurs, deux pédiatres ont dit qu’ils évoquaient avec la mère la question de
l’allaitement, et un a dit qu’il proposait systématiquement au père d’accompagner l’enfant
dans le service de réanimation.
Gestes effectués par les pédiatres en salle de naissance afin de favoriser le lien mère-enfant
95%100% 95%79%
46%
0102030405060708090
permettre à lamère de voir son
enfant
permettre à lamère de toucher
son enfant
prendre une photode l'enfant pour
les parents
demander à lamère un objet àmettre dans la
couveuse
donner auxparents les
coordonnées duservice de
néonatalogie
41
Tableau 16 :
SMUR (N=23)
Type 1 (N=10)
Type 2A (N=12)
Type 2B (N=20)
Type 3 (N=22)
Permettre à la mère de voir son enfant
23 – 100% 10 – 100% 12 – 100% 20 – 100% 22 – 100%
Permettre à la mère de toucher son
enfant
23 – 100% 9 – 90% 12 – 100% 18 – 90% 21 – 95%
Prendre une photo de
l’enfant pour les parents
21 – 91% 7 – 70% 9 – 75% 18 – 90% 16 – 73%
Demander à la mère un
objet à mettre dans l’incubateur
13 – 56% 4 – 40% 8 – 67% 6 – 30% 9 - 41%
Donner aux parents les
coordonnées du service de néonatalogie
22 – 96% 8 – 80% 12 – 100% 20 – 100% 21 – 95%
Répartition des pédiatres des différents types de maternités et de SMUR en fonction
qu’ils effectuent ou non les gestes évoqués. (Nombre de réponses – pourcentage)
Les gestes les plus souvent effectués par les pédiatres, quel que soit le service dans lequel
ils exercent, sont, permettre à la mère de voir et de toucher son enfant, et lui donner les
coordonnées du service de néonatalogie.
Une photographie est souvent prise à l’attention des parents, mais il leur est plus rarement
proposé de laisser un objet dans l’incubateur afin de permettre un lien olfactif. Les
pédiatres le faisant le plus souvent sont les pédiatres exerçant en SMUR et en maternité de
type 2A.
42
Estimez-vous que ces démarches font aussi partie du rôle de la sage-femme ?
Graphique 7 :
Répartition des pédiatres en fonction qu'ils estiment que ces gestes font partie, ou non, du domaine de la sage-
femme
67; 85%
1; 1%
11; 14%
oui
non
pas toutes
N=79
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité (85%) des pédiatres interrogés estime que ces démarches font aussi partie du
rôle de la sage-femme, seul 1 pédiatre considère que ce n’est absolument pas le cas.
Dans les démarches que certains pédiatres estiment ne pas faire partie du rôle de la sage-
femme, on retrouve :
- « effectuer les gestes médicaux ou donner des précisions sur ce qui est du domaine
médical » dans 60% des cas
- « proposer de toucher l’enfant » dans 30% des cas
- « effectuer les soins en cas de grande prématurité » dans 20% des cas
- « prendre la photo et donner les coordonnées du service » dans 20% des cas
Un pédiatre n’a pas répondu à cette question.
43
Tableau 17 :
SMUR (N=23)
Type 1 (N=10)
Type 2A (N=12)
Type 2B (N=19)
Type 3 (N=22)
Oui 20 – 87% 8 – 80% 11 – 92% 19 – 100% 16 – 73% Pas tous 3 – 13% 2 – 20% 6 – 27%
Non 1 – 8%
Répartition des pédiatres des différents types de maternités et de SMUR en fonction qu’ils estiment que les gestes évoqués à la première question font partie, ou non, du
rôle de la sage-femme. (Nombre de réponses – pourcentage)
Quel que soit le service ou le type de maternité dans lequel exercent les pédiatres ayant
répondu au questionnaire, ils sont une majorité à considérer que les gestes évoqués dans la
première question font aussi partie du rôle de la sage-femme. Ils sont plus nombreux à
nuancer leur réponse dans les maternités de type 3. Parmi eux, deux pédiatres considèrent
que tout ce qui est médical est du domaine du pédiatre, un estime que faire la photo et
donner les coordonnées du service ne sont pas le rôle de la sage-femme, de même un
pédiatre dit que la sage-femme ne doit pas proposer à la mère de toucher son enfant.
En maternité de type 1, deux pédiatres ont dit qu’en cas de grande prématurité, ce n’était
pas à la sage-femme de prendre ces initiatives.
1 pédiatre de maternité de type 2A, considère que ces gestes ne doivent pas être faits par la
sage-femme.
44
Question 2 : Quelles sont, selon vous les démarches que la sage-femme peut effectuer, à la
naissance, dans ce même but ?
2-1- Montrer rapidement l’enfant à sa mère avant d’entreprendre les gestes de
réanimation
Graphique 8 :
Répartition des pédiatres en fonction qu'ils estiment, ou non, que l'on peut montrer un enfant à sa mère dès
la naissance lors d'un accouchement prématuré
9; 11%
66; 83%
5; 6%
oui toujours
oui, si l'état de l'enfant lepermet
non
N=80
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des pédiatres (83%) estiment que l’on ne peut montrer un enfant prématuré à
sa mère dès la naissance que si son état le permet. Seuls 6% considèrent qu’il ne faut
jamais le faire.
Tableau 18 :
SMUR (N=23)
Type 1 (N=10)
Type 2A (N=12)
Type 2B (N=20)
Type 3 (N=22)
Oui 4 – 17% 1 – 10% 4 – 33% 1 – 5% 2 – 9% Oui en
fonction de l’état de l’enfant
16 – 70% 8 – 80% 8 – 67% 18 – 90% 20 – 91%
Non 3 – 13% 1 – 10% 1 – 5%
Répartition des pédiatres des différents types de maternités et de SMUR en fonction qu’ils estiment que l’on peut montrer un enfant prématuré à sa mère dès la naissance.
(Nombre de réponses – pourcentage)
45
La majorité des pédiatres, quel que soit leur lieu d’exercice, estime que l’on ne peut
décider de montrer un enfant à sa mère dès la naissance qu’en fonction de son état.
Il n’y a pas de différence significative entre les différents types de maternité et le SMUR.
2-2- Mettre rapidement l’enfant en peau à peau le temps de couper le cordon
Graphique 9 :
Répartition des pédiatres en fonction qu'ils estiment, ou non, que l'on peut mettre un enfant prématuré en
peau à peau avec sa mère le temps de couper le cordon ombilical
9; 11%56; 70%
14; 18%
1; 1%
oui, toujours
oui, si l'état de l'enfant lepermet
non
non précisé
N=80
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des pédiatres interrogés considèrent qu’on ne peut mettre un enfant en peau à
peau avec sa mère le temps de couper le cordon ombilical que si son état le permet. Ils sont
par ailleurs plus nombreux à penser qu’il ne faut jamais le faire (18%), qu’à penser que
l’on peut le faire systématiquement (11%).
4 des pédiatres ayant répondu par la négative ont par ailleurs précisé que mettre l’enfant
sur sa mère à la naissance risque d’entraîner une spoliation sanguine.
Un pédiatre n’a pas répondu à cette question.
46
Tableau 19 :
SMUR (N=23)
Type 1 (N=10)
Type 2A (N=12)
Type 2B (N=19)
Type 3 (N=22)
Oui 4 – 17% 1 – 10% 3 – 25% 1 – 5% 2 – 9% Oui en
fonction de l’état de l’enfant
15 – 66% 7 – 70% 9 – 75% 13 – 65% 16 – 73%
Non 4 – 17% 2 – 20% 5 – 25% 4 – 18%
Répartition des pédiatres des différents types de maternités et de SMUR en fonction qu’ils estiment que l’on peut mettre un enfant prématuré en peau à peau avec sa
mère dès la naissance. (Nombre de réponses – pourcentage) Quel que soit le service dans lequel exercent les pédiatres, ils sont une majorité à dire que
l’on ne peut mettre un enfant en peau à peau avec sa mère le temps de couper le cordon
ombilical qu’en fonction de son état. Si on compare aux résultats de la question précédente,
un plus grand nombre a répondu spontanément par la négative.
25% des pédiatres exerçant en maternité de type 2A ont toutefois répondu « oui » sans
restriction.
Question 3 : Quels autres gestes peut-elle faire, selon vous, à la naissance pour permettre
un contact entre la mère et l’enfant ?
11% (soit 9 pédiatres) des pédiatres interrogés considèrent que, le rôle de la sage-femme
est, par ailleurs, de passer du temps avec la mère et l’enfant pour bien expliquer tout ce qui
se passe et va se passer ; dans 11% des cas, ils estiment que c’est à elle de favoriser
l’allaitement quand la mère est demandeuse.
Les autres gestes cités sont :
-permettre un contact après mise en condition de l’enfant
-aider la mère à enregistrer une cassette avec sa voix, pour son enfant
-valoriser l’enfant, et permettre le grasping (« le nouveau-né s’accroche à sa mère »)
-aider la mère à aller sur le lieu de transfert
-permettre un moment d’intimité
-demander à ce que la mère soit transférée en même temps que son enfant
-aider le pédiatre car elle connaît souvent mieux la mère que lui
-parler à l’enfant devant sa mère pour « l’humaniser »
-souligner les points positifs
47
-déculpabiliser et réconforter les parents
-favoriser la rencontre avec le pédiatre avant la naissance
-expliquer tout ce qui a été fait hors de la vue de la mère
-faire du café pour le pédiatre !!
Question 4 : Selon vous, les différents gestes évoqués au long de ce questionnaire sont-ils
indispensables, secondaires, accessoires ou inutiles ?
Graphique 10 :
Importance, selon les pédiatres interrogés, des gestes évoqués dans les différentes questions
60; 75%
12; 15%
8; 10%
indispensables
secondaires
nécessaires
N=80 (Nombre de réponses ; pourcentage)
On constate que la majorité des pédiatres considèrent que les gestes évoqués sont
indispensables. 10% ont rajouté le terme « nécessaire » à ceux proposés.
48
Tableau 20 :
SMUR (N=23)
Type 1 (N=10)
Type 2A (N=12)
Type 2B (N=20)
Type 3 (N=22)
Indispensables 18 – 79% 7 – 70% 9 – 75% 17 – 85% 18 – 82% Secondaires 4 – 17% 2 – 20% 1 – 8% 3 – 15% 2 – 9% Nécessaires 1 – 4% 1 – 10% 2 – 17% 2 – 9%
Répartition des pédiatres des différents types de maternités et de SMUR en fonction qu’ils estiment que l’on peut mettre un enfant prématuré en peau à peau avec sa
mère dès la naissance. (Nombre de réponses – pourcentage)
Entre 70 et 85% des pédiatres estiment que les gestes évoqués sont indispensables. Il y a
peu de différences d’un service à l’autre.
Pour quelle(s) raison(s) ?
26% des pédiatres (soit 21 pédiatres) considèrent que ces gestes permettent une mise en
place précoce du lien mère-enfant.
9% (soit 7 pédiatres) pensent dit que cela permettait de rassurer la mère et l’enfant, tout en
permettant la naissance de l’attachement dans un cadre sécurisé.
Les autres raisons citées sont les suivantes : ces gestes permettent de « continuer le
portage » (4%), ne pas les faire serait anormal (4%), le premier contact doit être
particulièrement bien vécu par la mère (4%), ces gestes permettent aux parents de réaliser
qu’ils le sont (4%), ils sont indispensables pour le développement de l’enfant et
l’épanouissement de la mère (4%). 6% des pédiatres (soit 5 pédiatres) ont dit que cela
permettait de diminuer la culpabilité de la mère et d’atténuer le traumatisme vécu.
Les autres raisons moins souvent citées sont les suivantes :
Ces gestes permettent à l’enfant d’être présent dans l’esprit de sa mère, ils sont parfois la
seule chance pour la mère de voir son enfant vivant. Ils lui permettent de voir qu’elle a
accouché d’un enfant normal, sans tuyaux, et d’éviter le fantasme.
Un pédiatre précise qu’un attachement précoce permet « de mieux s’occuper d’un enfant
handicapé » dans le cas où l’évolution de celui-ci ne serait pas complètement favorable.
Les pédiatres qui estiment que ces gestes sont secondaires ont précisé :
- Que cela est indispensable avant le transfert, mais pas à la naissance
49
- Qu’il valait mieux éviter un contact précoce, car le couple mère-enfant a « toute la
vie pour se faire des câlins »
- Qu’il valait mieux faire au cas par cas, en fonction du poids et de l’apgar.
Question 5 : Si vous estimez qu’ils ont de l’importance et sont réalisables, laissez-vous
suffisamment de liberté aux sages-femmes pour qu’elles puissent les effectuer ?
Graphique 11 :
Répartition des pédiatres interrogés en fonction qu'ils laissent, ou non, les sages-femmes s'occuper des
enfants prématurés en salle de naissance
12; 15%
33; 40%
31; 39%
2; 3% 2; 3% oui, tout le temps
oui la plupart du temps
de temps en temps, maisdans l'urgence, je préfère gérerpar moi-mêmenon, mais c'est un tort
ne se prononce pas
N=80 (Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des pédiatres (40%) laisse le plus souvent faire la sage-femme. Ils sont, par
ailleurs, 39% à la laisser faire « de temps en temps », mais à préférer gérer par eux-mêmes
dans un contexte d’urgence. 3% admettent ne jamais lui laisser la place, mais reconnaissent
que c’est un tort.
2 pédiatres n’ont pas répondu à cette question.
50
Tableau 21 :
SMUR (N=23)
Type 1 (N=10)
Type 2A (N=12)
Type 2B (N=19)
Type 3 (N=21)
Oui, tout le temps 5 – 22% 1 – 10% 6 – 50% 1 – 5% 2 – 9%
Oui, la plupart du
temps 5 – 22% 3 – 30% 4 – 33% 8 – 40% 10 – 45%
Oui, mais dans
l’urgence je préfère gérer
par moi-même
13 – 56% 7 – 70% 2 – 17% 10 – 50% 7 – 32%
Non mais c’est un tort 2 – 9%
Répartition des pédiatres des différents types de maternités et de SMUR en fonction
qu’ils laissent les sages-femmes s’occuper des enfants prématurés en salle de naissance (Nombre de réponses – pourcentage)
Dans les SMUR, les maternités de type 1 et 2B, la majorité des pédiatres laissent faire les
sages-femmes mais préfèrent gérer par eux-mêmes en cas d’urgence.
Dans les maternités de type 2A, ils sont une majorité à laisser systématiquement faire les
sages-femmes, et en maternité de type 3, ils disent majoritairement les laisser faire la
plupart du temps.
51
Résultats des questionnaires adressés aux mères d’enfants nés prématurément :
Question 1 : À quel terme avez-vous accouché ?
Graphique 12 :
Répartition des femmes ayant répondu au questionnaire en fonction de leur terme
d'accouchement
6; 5%
24; 19%
13; 10%
33; 26%
50; 40%
<26 SA
26 - 28 SA
28 - 30 SA
30 - 32 SA
>32 SA
N= 126
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des femmes interrogées ont accouché au-delà de 32 SA. Le nombre de
réponses diminue en fonction du terme, à une exception près : nous avons obtenu plus de
réponses de femmes ayant accouché entre 26 et 28 SA, qu’entre 28 et 30 SA.
52
1-2-Vous avez « accouché normalement », eu une césarienne, ou eu besoin d’un forceps ?
Graphique 13 :
Répartition des modes d'accouchement pour les femmes interrogées
53; 42%
58; 46%
5; 4%
10; 8%
voie basse
césarienne
manœuvre instrumentale
césarienne sous AG
N= 126 (Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des femmes ayant répondu au questionnaire ont accouché par césarienne
(54%), dont 8% sous anesthésie générale. Elles sont 42% à avoir accouché par voie basse,
et seulement 4% à avoir eu besoin d’une extraction instrumentale.
53
Graphique 14 :
Raisons pour lesquelles les femmes interrogées ont eu une césarienne
12; 18%
18; 26%
8; 12%
7; 10%
4; 6%
2; 3%
5; 7%
8; 12%
4; 6%
grossesse multiple
prééclampsie/ hypertension
doppler pathologique
anomalies du RCF
présentation dystocique surMAP sévère
Infection sur RPM
placenta praevia
non précisé
autre
N= 68
(Nombre de réponses ; pourcentage)
Les principales raisons pour lesquelles les femmes interrogées ont eu une césarienne, sont,
la prééclampsie ou l’hypertension artérielle, et les grossesses multiples. Ces deux raisons
regroupent à elles seules 44% des réponses.
54
Graphique 15 :
Raisons pour lesquelles les femmes interrogées ont eu une césarienne sous anesthésie générale
7; 70%
1; 10%
2; 20%
prééclampsie/hypertension
placenta praevia
non précisé
N= 10
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La grande majorité des femmes interrogées ayant eu une césarienne sous anesthésie
générale l’ont eu pour prééclampsie ou hypertension. Une seule autre raison a été citée : le
placenta praevia hémorragique.
La question de la raison des césariennes n’était pas posée dans le questionnaire, cependant,
de nombreuses mères ont donné cette précision dans leur témoignage, ou ont donné leurs
coordonnées de façon à pouvoir les joindre pour obtenir ces renseignements.
2-2-Où votre enfant a-t-il été hospitalisé à la naissance ? (Dans le même hôpital que
vous ? dans un autre hôpital ?)
23% des femmes (soit 29 femmes) ayant répondu au questionnaire ont eu leur enfant
transféré dans un autre hôpital ; dans 77% (soit 97 femmes) des cas, il est resté hospitalisé
dans le même hôpital qu’elles.
66% des femmes dont l’enfant a été transféré (soit 19 femmes) ont eu une césarienne (dont
une seule sous anesthésie générale), 34% ont accouché par voie basse (soit 10 femmes).
55
Graphique 16 :
Répartition des enfants transférés et non transférés en fonction du terme de naissance pour la population
interrogée
24%
15%23%25%
33%
76%
85%
77%
75%
67%
0
10
20
30
40
50
60
70
<26 SA 26-28 SA 28-30 SA 30-32 SA >32 SA
pas de transfert
transfert
N=126
Pour chaque terme de naissance, entre 15 et 33% des enfants ont été transférés. On
constate que la proportion la plus élevée de transferts concerne les prématurés de moins de
26 SA. Par ailleurs, cette proportion est plus faible pour les femmes ayant accouché entre
30 et 32 SA.
Elle est en moyenne de 24% pour les autres termes.
56
Graphique 17 :
Motifs de césarienne pour les femmes dont l'enfant a été transféré à la naissance
5; 26%
5; 26%3; 16%
2; 11%
2; 11%
1; 5%1; 5%
grossesses multiples
prééclampsie / hypertension
non précisé
anomalies du RCF
anomalies doppler
hématome rétroplacentaire
placenta praevia
N= 19
(Nombre de réponses ; pourcentage)
Les deux principales raisons des césariennes des femmes ayant répondu au questionnaire et
dont l’enfant a été transféré à la naissance sont à nouveau les grossesses multiples et la
prééclampsie.
57
Question 2- A la naissance,
2-1-a- Vous a-t-on montré tout de suite votre enfant ?
2-1-b- Si oui, qui l’a fait ?
Graphique 18 :
Proportion de femmes interrogées ayant pu voir leur enfant à la naissance, et répartition des personnes leur ayant montré
(>28SA)
8; 4% 3; 14%
2; 3%
13; 21%
36; 58%
oui: 62; 65%
non:34; 35% sage-femme
obstétricien
pédiatre
autre
ne sait plus
N=96
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité (65%) des femmes ayant répondu au questionnaire, et ayant accouché après
28SA a pu voir son enfant à la naissance. Le plus souvent, c’est la sage-femme qui le leur a
montré (58%). L’obstétricien est la deuxième personne citée.
Dans 14% des cas, c’est une autre personne qui a fait ce geste ; les personnes citées par les
mères, pour cette question et les suivantes, sont alors en général des infirmières ou des
puéricultrices, une fois, une étudiante sage-femme.
35% des mères ayant accouché après 28 SA n’ont pas pu voir leur enfant à la naissance.
58
Graphique 19 :
Proportion de mères ayant accouché par voie basse et ayant pu voir leur enfant à la naissance, et répartition des
personne leur ayant montré (>28 SA)
oui:38; 90%
non:4; 10%
1; 3%
2; 4%1; 3%
28; 74%
6; 16%
sage-femme
obstétricien
pédiatre
autre
ne sait plus
N=42
(Nombre de réponses ; pourcentage) Presque toutes les femmes ayant accouché par voie basse après 28 SA ont pu voir leur enfant à la naissance. Dans 74% des cas, celui-ci leur a été montré par la sage-femme. Graphique 20 :
Proportion de mères ayant accouché par césarienne, ayant pu voir leur enfant à la naissance, et répartition des
personnes leur ayant montré (>28SA)
7; 29%
1; 4%
1; 4%
7; 30%
8; 33%
oui:24; 52%
non:22; 48%
sage-femme
obstétricien
pédiatre
autre
ne sait plus
N=46
(Nombre de réponses ; pourcentage)
59
Seulement 52% des femmes ayant accouché par césarienne après 28 SA (hors césariennes
sous AG) ont pu voir leur enfant à la naissance, ce qui est très inférieur au chiffre observé
pour les accouchements par voie basse.
Les réponses sont plus partagées pour ce qui est de la personne ayant montré l’enfant. La
sage-femme reste majoritaire, mais à 33% seulement, l’obstétricien a été cité cette fois
dans 30% des cas, et il est étonnant de constater que 29% des mères n’ont pu donner cette
précision.
2-2-a- A-t-on mis votre enfant contre vous quelques instants ?
2-2-b- Si oui, qui l’a fait ?
Graphique 21 :
Proportion de femmes interrogées ayant eu contre elles leur enfant à la naissance, et répartition des personnes leur ayant
permis (>28SA)
2; 7%
3; 11%
1; 3%
5;17%
18; 62%
oui: 29; 30%
non: 67; 70%
sage-femme
obstétricien
pédiatre
autre
ne sait plus
N=96
(Nombre de réponses ; pourcentage)
Seulement 30% des femmes interrogées ayant accouché après 28 SA ont pu avoir leur
enfant contre elle à la naissance. La sage-femme est encore majoritairement la personne
leur ayant permis (62%).
Dans 70%, donc la majorité, des cas, ce geste n’a pas été fait.
60
Graphique 22 :
Proportion de mères ayant accouché par voie basse, ayant eu leur enfant contre elle à la naissance, et
répartition des personne leur ayant permis (>28 SA)
3; 12% 1; 4%
5; 19%
17; 65%
oui:26; 62%
non:16; 38%
sage-femme
obstétricien
pédiatre
autre
N=42
(Nombre de réponses ; pourcentage)
Il est intéressant de constater que la majorité des femmes ayant accouché par voie basse
après 28 SA (62%), a pu avoir son enfant contre elle à la naissance. Dans 65% des cas c’est
la sage-femme qui le leur a permis.
Parallèlement, seulement 7% des mères ayant accouché par césarienne après 28 SA (hors
césariennes sous AG) ont pu avoir leur enfant contre elle à la naissance. 93% n’ont pas pu.
61
Question 3 : Après l’accouchement, la sage-femme, et le pédiatre sont probablement partis
rapidement s’occuper de votre enfant. Après cela, vous a-t-on :
3-1-a- Ramené votre enfant, pour que vous puissiez le voir ?
3-1-b- Si oui, qui l’a fait ?
Graphique 23 :
N=125
(Nombre de réponses ; pourcentage)
Les proportions de femmes ayant pu et n’ayant pas pu voir leur enfant après les gestes de
réanimation sont presque équivalentes.
Les pédiatres de SMUR et de maternité sont les plus cités dans les personnes ayant ramené
l’enfant.
Répartition des femmes en fonction que l’on leur a amené ou non leur enfant après la réanimation, et répartition des personnes
l'ayant fait
11; 19%
5; 8%
13; 21% 19; 31%
13; 21%
oui: 61; 49%
non: 64; 51%
sage-femmepédiatre de maternité
pédiatre du SMUR
autre
ne sait plus
62
Graphique 24 :
Proportion de femmes ayant accouché par voie basse, ayant pu voir leur enfant après les gestes de
réanimation, et répartition des personnes leur ayant ramené
3; 9% 3; 9%
4; 12%
16; 47%
7; 23%
oui:34; 60%
non:22; 40%
sage-femme
pédiatre de maternité
pédiatre du SMUR
autre
ne sait plus
N=56
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La majorité des femmes (60%), qui ont accouché par voie basse, a pu voir son enfant après
les gestes de réanimation. Les pédiatres de maternité et de SMUR sont les personnes leur
ayant le plus souvent amené. La sage-femme a été citée dans 23% des cas.
63
Graphique 25 :
Proportion de femmes ayant accouché par césarienne, ayant pu voir leur enfant après les
gestes de réanimation, et répartition des personnes leur ayant ramené
7; 27%
2; 7%9; 33%
3; 11%
6; 22%
oui:27; 39%
non:42; 61%
sage-femme
pédiatre de maternité
pédiatre du SMUR
autre
ne sait plus
N=69
(Nombre de réponses ; pourcentage)
Seulement 39% des femmes qui ont accouché par césarienne ont pu voir leur enfant après
les gestes de réanimation. Les pédiatres sont encore une fois les personnes leur ayant le
plus souvent amené. La sage-femme a été citée dans 22% des cas.
Il est intéressant de constater qu’encore une fois, 27% des mères n’ont pu dire qui était la
personne leur ayant amené leur enfant.
La majorité des femmes ayant accouché par césarienne n’a pu voir son enfant après les
gestes de réanimation.
64
3-2-a- Vous a-t-on permis de toucher votre enfant ?
Tableau 22 :
Voie basse (N=56) Césarienne (N=69) Total (N=125) Ont pu toucher leur
enfant après les gestes de
réanimation
17 – 30% 18 – 26% 35 – 28%
N’ont pas pu toucher leur enfant après les
gestes de réanimation
39 – 70% 51 – 74% 90 – 72%
Répartition des femmes ayant pu, ou non, toucher leur enfant, après les gestes de
réanimation en fonction de leur mode d’accouchement. (Nombre de réponses – pourcentage)
Quel que soit le mode d’accouchement, la majorité des femmes n’a pas pu toucher son
enfant après les gestes de réanimation. Il est intéressant de constater que 50% des femmes
qui ont pu voir leur enfant après les gestes de réanimation ont aussi pu le toucher, et que ce
chiffre passe à 67% en cas de césarienne. Pourtant, les proportions restent similaires si on
prend en compte toutes les femmes ayant répondu au questionnaire.
1 femme n’a pas répondu à cette question.
Question 4 : Une photo de votre enfant a-t-elle été prise à votre intention ?
78 femmes interrogées ont reçu une photo de leur enfant. (Soit 62% des femmes)
48 n’en ont pas reçu (Soit 38% femmes).
Question 5 : Vous a-t-on demandé un objet (t-shirt…) à mettre dans la couveuse de votre
bébé pour lui permettre de sentir votre odeur ?
On a proposé à 50% des femmes interrogées de mettre un objet leur appartenant dans
l’incubateur de leur enfant pour permettre un lien olfactif. (Soit 63 femmes)
65
Question 6 : Vous a-t-on donné des renseignements sur le service de pédiatrie dans lequel
votre bébé allait être hospitalisé, ainsi qu’un numéro de téléphone pour prendre de ses
nouvelles ?
6-2- Si oui, qui l’a fait ?
Graphique 26 :
Pourcentage de femmes ayant reçu des renseignements sur le service d'hospitalisation de leur enfant, et personne
les leur ayant donné
4; 4%15; 14%
19; 18%
9; 8%
27; 25%
33; 31%
oui: 107; 85%
non: 19; 15%
sage-femme
pédiatre de la maternité
pédiatre du SMUR
obstétricien
autre
ne sait plus
N=126
(Nombre de réponses ; pourcentage)
La grande majorité (85%) des mères interrogées a reçu des renseignements sur le service
d’hospitalisation de leur enfant.
Dans 31% des cas c’est la sage-femme qui les leur a donnés, dans 25% le pédiatre de la
maternité. Dans 18% des cas, c’est une autre personne, en général, une infirmière ou une
puéricultrice du service de néonatalogie.
66
Question 7 : Pendant votre hospitalisation, avez-vous pu avoir régulièrement des nouvelles
de votre enfant ?
7-2- Qui vous les a données ?
Toutes les femmes ayant répondu au questionnaire ont eu des nouvelles de leur enfant au
cours de leur hospitalisation.
Graphique 27 :
Répartition des personnes ayant donné aux femmes interrogées des nouvelles de leur enfant au cours de
l'hospitalisation
36; 29%
71; 55%
11; 9%
7; 6% 1; 1%
père
elle-même
sage-femme
autre
non précisé
N=126
(Nombre de réponses ; pourcentage)
Il est étonnant de constater que dans 55% des cas, les femmes ont obtenu par elle-même
des renseignements sur leur enfant au cours de leur hospitalisation. La deuxième personne
citée est le père de l’enfant. La sage-femme ne vient qu’en troisième position, dans 9% des
cas seulement.
1 femme n’a pas répondu à cette précision.
67
Question 8 : Le père de votre enfant était-il présent lors de toutes ces étapes ? Dans 79% des cas (soit 99 cas), le père de l’enfant était présent lors de l’accouchement,
dans 21% cas, il ne l’était pas (soit 27 cas).
8-1- Si non, pourquoi ?
Les principales raisons pour lesquelles les pères n’étaient pas présents à l’accouchement
sont : La non accessibilité au bloc opératoire pour les césariennes (37%)
La distance entre le lieu d’accouchement et le domicile (2 cas)
Un autre enfant à garder (2 cas)
Un accouchement trop rapide (2 cas)
L’absence de père (2 cas)
Le fait que le père n’était pas joignable ou en voyage à l’étranger (3 cas)
8-2- Si oui, a-t-il été sollicité par l’équipe soignante lors de votre rencontre avec
votre enfant, et dans les informations que l’on vous a données ?
Sur tous les pères présents (pendant ou après l’accouchement) 78% (soit 88 pères) ont été
sollicités ou impliqués dans la prise en charge de leur enfant ou dans les informations
données.
22% (soit 25 pères) ne l’ont pas été.
Dans 3 cas, le père n’a pas eu accès à la salle de naissance.
Dans 3 cas, les parents ne comprennent pas pourquoi le père a été tenu à l’écart.
Dans 2 cas, il n’y a de toute façon pas eu d’information donnée.
Dans deux cas, il y avait un mauvais contact entre le couple et l’équipe soignante.
Les autres raisons citées sont :
-qu’il n’y avait pas de personnel disponible au moment où le père était présent
-que l’enfant a été transféré et que le père l’a immédiatement suivi.
69
Discussion
Nous avons retrouvé que selon les sages-femmes interrogées, l’avantage d’un contact
mère-enfant précoce est aussi bien de faire le lien entre l’état de grossesse et celui de mère,
que de rassurer l’enfant, de diminuer l’anxiété chez la mère, et de permettre à la mère de
se rendre compte de l’état de son enfant.
Les différences ne sont pas significatives d’un type de maternité à l’autre. Chaque item
proposé semble donc avoir de l’importance aux yeux des sages-femmes.
En effet, pour une femme, voir son enfant à la naissance est une façon de le
concrétiser. Il arrive que des femmes n’ayant pas pu voir leur petit aient l’impression de
ressentir des mouvements fœtaux, tant elles ont du mal à réaliser que la grossesse s’est
arrêtée (13).
Pour le nouveau-né, sa mère est tout ce qu’il connaît. Le séparer d’elle rapidement
est probablement pour lui une source d’angoisse. Un contact rapide peut donc avoir pour
effet de le rassurer, et peut-être de lui donner envie de vivre (15).
Si une femme ne voit pas son nouveau-né à la naissance, elle s’imagine le pire,
souvent pire encore que son état réel. Certaines femmes ont d’ailleurs si peur de ce qu’elles
verront qu’elles ne veulent pas qu’on leur montre. Un simple regard, même si le petit ne va
pas bien permet au moins à la mère de réaliser qu’elle n’a pas accouché d’un monstre, mais
d’un enfant. Cependant, il semble important de ne pas lui imposer ce regard si elle ne s’y
sent pas prête.
126 femmes ont répondu au questionnaire adressé aux mères d’enfants nés
prématurément. On constate que 40% ont accouché après 32 semaines d’aménorrhée, et
que le pourcentage de réponses diminue parallèlement au terme d’accouchement. Ceci peut
s’expliquer de deux façons : d’une part, le taux de prématurité global augmente quand on
se rapproche de 37 SA, d’autre part, la morbidité à un terme précoce est plus importante. Il
est donc possible que les femmes dont les enfants sont décédés ou ont eu de graves
séquelles n’aient pas eu envie de répondre à ce questionnaire.
Cependant, le taux de femmes ayant accouché entre 28 et 30 SA (10%) est inférieur
à celui de celles ayant accouché entre 26 et 28 SA (19%). Ce faible pourcentage est
difficilement explicable. On peut penser qu’il est simplement dû au faible échantillon
recueilli pour ces deux populations.
70
La majorité des femmes ayant répondu au questionnaire a accouché par césarienne. Parmi
les étiologies pour lesquelles elles ont été réalisées on retrouve principalement la
prééclampsie, les extractions pour doppler pathologique et les anomalies du rythme
cardiaque fœtal (les autres causes sont moins fréquentes). Toutes ces raisons sont
responsables d’une prématurité induite. Il est donc compréhensible que la majorité de ces
enfants aient été extraits par césarienne.
Les grossesses multiples sont également l’une des causes les plus citées par les
femmes interrogées. Ceci n’est pas surprenant, car la surdistension utérine et les
complications de ces grossesses sont une cause de prématurité : environ 50% des patientes
accouchent avant terme (19). De plus, dans ces cas, le mode d’accouchement est très
discuté et variable, non seulement d’un centre hospitalier à l’autre, mais aussi en fonction
de la présentation des fœtus.
Le taux important (54%) de césariennes retrouvé dans notre étude s’explique donc
aisément.
23% des femmes ayant répondu au questionnaire ont eu leur enfant transféré dans
un autre hôpital. Ce nombre correspond aux objectifs fixés lors de l’instauration des
réseaux de soins de maternités, à savoir : réduire à 20% le nombre de transferts d’enfants
nés outborn (20).
Le taux de transferts en fonction du terme est légèrement supérieur pour les enfants
nés avant 26 SA. Ceci peut être expliqué de la façon suivante : à ce terme, les cours de
préparation à la naissance sont rarement commencés, et dans certains établissements, les
femmes n’ont pas encore eu de consultation à l’hôpital où elles souhaitent accoucher, mais
seulement chez des gynécologues de ville. Elles sont donc peu sensibilisées à la
prématurité, n’identifient parfois pas ce que sont des contractions et ne sont donc pas
toujours à même de les reconnaître. Ainsi, elles ne s’attendent pas à entrer en travail si tôt
dans la grossesse et quand elles réalisent ce qui se passe il est souvent trop tard pour les
transférer dans un hôpital de niveau de soin adéquat, c’est donc l’enfant qui est transféré à
la naissance. Cependant, le nombre de femmes ayant répondu au questionnaire et ayant
accouché avant 26 SA est faible, les chiffres obtenus, peuvent donc ne pas correspondre à
ceux de l’ensemble de ces accouchements.
Le taux de transfert néonatal observé chez les femmes ayant accouché entre 30 et
32 SA est en revanche nettement inférieur, et ceci sans explication.
71
Parmi les femmes interrogées ayant accouché après 28 SA, 65% ont pu voir leur
enfant à la naissance; cependant, si on distingue les modes d’accouchement, on constate
que cela a été possible pour 90% des femmes ayant accouché par voie basse, contre
seulement 52% chez les femmes ayant eu une césarienne. Cette différence est significative
(chi2). Ceci peut s’expliquer par le fait que de nombreuses césariennes ont été décidées
pour une pathologie mettant en danger le fœtus. On peut donc penser que les enfants nés
ainsi ont plus souvent un apgar bas, et que le personnel soignant préfère commencer sans
tarder les gestes de réanimation. Par ailleurs, la circulation au bloc opératoire, en cours de
césarienne est souvent mal aisée, et quand l’enfant ne va pas bien, il est compréhensible
que la personne le prenant en charge ne « perde pas de temps » à essayer de le montrer à sa
mère. Mais dans ce cas, un mot, pour lui expliquer où l’on va, pour lui dire que l’on part
avec son enfant peut la rassurer.
« Un mot au moment de l'emmener pour l'intuber du style "on va s'occuper de votre
petite...", aurait été bienvenu. Je n'ai pas su s’ils l'avaient emmené.., s’ils allaient la
réanimer ou quoi, pendant tout le réveil je ne savais pas si j'étais maman ou pas. »
Lors des accouchements par voie basse, c’est dans 74% des cas la sage-femme qui
a montré le nouveau-né à ses parents, contre 33% seulement lors des accouchements par
césarienne. L’obstétricien, en revanche, a fait ce geste dans 16% des accouchements par
voie basse, et 30%, soit presque le double, des accouchements par césarienne. La personne
qui extrait l’enfant semble donc être la mieux placée pour le montrer à sa mère.
Dans 29% des accouchements par césarienne, les femmes n’ont pu dire qui était la
personne leur ayant montré leur enfant, contre seulement 3% en cas d’accouchement par
voie basse. On peut supposer que la tenue de bloc opératoire (masque et charlotte en
particulier), est en partie responsable de ce résultat. En effet, les femmes peuvent ne pas
reconnaître la personne qui leur parle, qui ne s’est pas toujours présentée !
68% des sages-femmes disent montrer systématiquement le nouveau-né à sa mère
lors de la naissance, 27% agissent en fonction de son état. Ce résultat concorde avec les
réponses données par les mères. 5% ne montrent jamais l’enfant à la naissance. Pourtant,
les gestes de réanimation ne sont pas toujours efficaces, et même si le petit va très mal, la
naissance est parfois la seule chance pour sa mère de le voir « en vie ». Un regard ne prend
pas beaucoup de temps et peut tout changer pour les parents.
72
En revanche, si la parturiente ne souhaite pas voir son bébé, il semble important de
ne pas la brusquer et de respecter son souhait, car il se peut qu’elle ne soit pas prête à
rencontrer son enfant si tôt.
85% des sages-femmes disent montrer systématiquement l’enfant à ses parents
après les gestes de réanimation, 15% ne le font pas. Ce pourcentage est explicable par le
fait que ce sont alors souvent les pédiatres qui ont pris le relais pour la prise en charge
néonatale, ce n’est alors plus à la sage-femme de prendre les décisions. Cependant, elle
peut quand même demander au pédiatre d’amener l’enfant près de sa mère avant de
l’emmener en néonatalogie.
Il n’y a pas de différence significative entre les pratiques, d’un type de maternité à l’autre
(chi2).
30% des femmes interrogées ayant accouché après 28 SA ont eu leur enfant contre elle
à la naissance. En détaillant en fonction du mode d’accouchement, on constate que ce geste
a été fait pour 62% des femmes ayant accouché par voie basse, et seulement 7% des
femmes ayant accouché par césarienne. D’après le test du chi2, cette différence est
significative. Ceci s’explique par le fait, d’une part, qu’un enfant prématuré ne va pas
toujours assez bien pour être posé contre sa mère à la naissance, d’autre part, qu’il est
difficile de le faire lors d’une césarienne compte tenu des champs opératoires et de
l’organisation du matériel.
Pour 65% des femmes ayant accouché par voie basse et eu contre elle leur enfant, c’est
la sage-femme qui le leur a donné. Cette dernière semble donc encore une fois être la
mieux placée pour permettre un contact mère-enfant précoce, même lors d’une naissance
prématurée.
50% des sages-femmes interrogées permettent le peau à peau à la naissance en fonction
de l’état de l’enfant, 22% le permettent systématiquement. Ces pourcentages recoupent
ceux obtenus grâce au questionnaire adressé aux mères. Les sages-femmes avec lesquelles
nous avons discuté du sujet disent qu’en général, elles posent rapidement l’enfant sur sa
mère le temps de couper le cordon ombilical. Quand elles ne le font pas, c’est que
quelqu’un d’autre, obstétricien ou pédiatre est là pour tenir le nouveau-né le temps de faire
ce geste.
Dans la mesure où couper le cordon est quelque chose d’inévitable, le temps que cela
prend ne peut être « éliminé ». Il semble donc dommage de priver, la mère et l’enfant de ce
contact fugitif. La personne éventuellement présente pour accueillir l’enfant avec la sage-
73
femme, n’a en général que faire de le tenir quelques secondes de plus ou de moins, et ces
secondes peuvent être véritablement importantes pour les parents.
Il faut cependant veiller à ce que la mère ait envie de voir son enfant et de l’avoir
contre elle. En effet, la peur de l’inconnu et de la prématurité peuvent la faire reculer, et il
semble important de ne pas la brusquer et de lui laisser le temps de se préparer pour cette
rencontre. Ces questions doivent être abordées avec le couple avant l’accouchement, ce qui
permettra d’éviter les hésitations le moment venu.
Si on détaille les réponses des sages-femmes en fonction des types de maternités dans
lesquels elles exercent, on constate que les réponses de celles exerçant en type 3, sont
significativement différentes de celles exerçant en type 2A. Ceci est peut-être du à
l’échantillon interrogé. On peut aussi penser qu’en maternité de type 3 il y a plus de grande
et d’extrême prématurité, les pratiques des sages-femmes sont donc adaptées à cette
population différente.
Les principales raisons pour lesquelles les sages-femmes interrogées ne mettent jamais
un enfant prématuré en peau à peau avec sa mère à la naissance sont majoritairement
qu’elles considèrent que l’état de l’enfant ne le permet pas, en second lieu, qu’elles se
sentent pressées par les pédiatres, et enfin que les protocoles du service ne le permettent
pas.
Il semble dommage de décider de ne pas mettre un nouveau-né prématuré contre sa
mère en partant du principe que son état ne va pas le permettre puisqu’il n’est pas à terme.
Ceci est cependant compréhensible dans la mesure où on ne peut jamais savoir avec
certitude comment ira un nouveau-né à la naissance. Il est aussi possible que les sages-
femmes ayant donné cette réponse ne se sentent pas parfaitement à l’aise dans un contexte
de prématurité et préfèrent agir ainsi de façon à mieux maîtriser la situation. Une troisième
explication est envisageable : il se peut que les sages-femmes ayant répondu en ce sens
considèrent que mettre l’enfant contre sa mère le temps de couper le cordon ombilical n’est
pas équivalent à un peau à peau car c’est un contact très fugitif.
Pour ce qui est des protocoles de service, il existe des maternités dans lesquelles le
protocole est de mettre l’enfant sur la table d’accouchement le temps de couper le cordon.
Mis à part le désagrément que ce doit être pour le nouveau-né, comment peut-on défendre
cette pratique si ce n’est par une médicalisation excessive de la naissance ? Quels bénéfices
sont issus de cette pratique ?
74
69% des pédiatres considèrent qu’il est possible de mettre un enfant prématuré en peau
à peau avec sa mère le temps de couper le cordon ombilical si son état le permet. 13%
estiment que cela est réalisable systématiquement. 17% pensent que ce geste risque
d’aggraver le pronostic de l’enfant. Les réponses à cette question ne sont pas
significativement différentes d’un type de maternité à l’autre.
Comme nous l’avons vu plus haut, couper le cordon est inévitable. Par ailleurs, il est
plus aisé de le faire avec deux mains qu’avec une seule, en tenant le nouveau-né dans
l’autre. Pour une prise en charge rapide de l’enfant, il faut que ce soit fait dans le moins de
temps possible, il faut donc poser ou confier ce dernier. Si la sage-femme est seule en salle
de naissance, elle n’a d’autre solution que de mettre le petit sur sa mère pendant ces
quelques secondes. Si une personne est auprès d’elle, elle peut profiter de son aide.
Cependant, il semble encore une fois dommage de ne pas permettre aux parents de
bénéficier de cet instant.
4 pédiatres ont dit que ce geste ne devait pas être fait car il risque de provoquer une
« spoliation sanguine », le sang de l’enfant passant vers le placenta suivant un principe de
vases communicants. Cependant, selon différentes études, retarder le clampage du cordon
ombilical permettrait une augmentation de l’hématocrite, de l’hémoglobine, de la pression
sanguine et du volume sanguin, ainsi qu’une meilleure adaptation cardio-pulmonaire du
nouveau-né. Ceux en ayant bénéficié resteraient moins longtemps sous oxygène et ventilés
(24). Par ailleurs cela diminuerait le taux de transfusions. (25)
La transfusion placentaire est réduite ou diminuée si l’enfant est placé au dessus du
placenta, mais elle est cependant présente. En cas d’accouchement à terme, le cordon
pourrait être clampé après une à deux minutes. En cas de prématurité, la transfusion
placentaire resterait avantageuse car elle diminuerait l’incidence des détresses respiratoires.
(26)
Le risque de spoliation sanguine évoqué semble donc nul, et ne doit pas être la raison
principale pour laquelle on va interdire un contact mère-enfant.
47% des femmes ayant accouché après 28 SA ont pu voir leur enfant après les gestes
de réanimation. On ne retrouve pas de différence significative en fonction du mode
d’accouchement. Cependant, la personne ayant ramené l’enfant varie. Dans la majorité des
cas lors des accouchements par voie basse c’est le pédiatre de la maternité qui l’a fait
(38%), alors qu’il n’est cité que dans 9% des cas lors des accouchements par césarienne.
75
Les résultats correspondant au pédiatre de SMUR sont inversement proportionnels. Ces
résultats sont compréhensibles dans la mesure où, dans notre étude, la majorité des enfants
transférés sont nés par césarienne.
La sage-femme reste malgré tout très présente, en deuxième position quelle que soit la
voie d’accouchement.
Dans 29% des accouchements par césarienne, les mères n’ont pu dire qui était la
personne leur ayant ramené leur enfant. Ceci peut être du encore une fois à la tenue de bloc
opératoire, (masquant le visage, identique pour tout le personnel, et souvent sans badge
nominal) mais aussi au fait qu’une partie des femmes ayant répondu a eu une anesthésie
générale, et n’était donc peut-être pas en état de bien reconnaître ou mémoriser la personne
qui leur présentait leur enfant.
83% des pédiatres permettent aux mères de voir leur enfant dès la naissance en
fonction de son état, 11% disent que c’est systématiquement réalisable. Tous disent leur
permettre avant l’hospitalisation.
Le pourcentage des femmes ayant pu voir leur nouveau-né, quel qu’en soit le moment,
(en salle de naissance, ou après les gestes de réanimation) est de 76%. La différence entre
les deux populations est significative : les témoignages des mères ne correspondent pas aux
réponses des pédiatres. Deux hypothèses peuvent expliquer cet écart :
- Certaines femmes ont trouvé qu’elles avaient vu leur enfant trop peu de temps et on
considéré qu’elles ne pouvaient répondre à cette question par l’affirmative.
- Les pédiatres font globalement ce geste, mais parfois ne peuvent le faire, ou
l’oublient.
24%, donc presque un quart des femmes interrogées n’ont donc pas pu voir du tout leur
enfant en salle de naissance (23% d’entre elles ont eu une césarienne sous anesthésie
générale). Ce résultat semble relativement élevé : même si on considère qu’il n’y a pas le
temps de montrer le nouveau-né à la naissance, il semble légitime de le ramener à sa mère
une fois les gestes de réanimation effectués. S’il est suffisamment stable pour être
emmené dans le service de néonatalogie se trouvant dans un autre bâtiment ou dans un
autre hôpital, il l’est à priori suffisamment pour être amené auprès de sa mère à quelques
mètres de là.
76
« J’aurais aimé voir après l'accouchement, je ne l'ai vu que 6 jours après sa naissance et
cela a provoqué une véritable rupture. »
« J’aurais aimé le voir à la naissance ne serait ce que 2 secondes...je l'ai vu pour la 1ere
fois à trois jours... l'appareil numérique de port royal était en panne....c'était super super
dur.... et puis aucune communication entre le personnel de la réa et les sages femmes qui
s'occupaient de moi... »
Parfois l’organisation des locaux rend difficile la circulation de l’incubateur, et
quand la femme est encore au bloc opératoire, on ne peut l’approcher d’elle pour des
raisons d’hygiène et de place en particulier. Cependant en cas de césarienne, il est courant
que la prise en charge de l’enfant soit d’une durée proche de celle de la mère. Ne serait-il
alors pas possible de temporiser de quelques minutes le transfert en néonatalogie ? Ceci
permettrait à la femme de voir son petit un court instant. Si cela est inenvisageable, passer
simplement la voir pour lui dire qu’on emmène son enfant semble être la moindre des
politesses, même si cela nous semble évident.
« J’ai accouché à 15h20 et personne n'a voulu m'emmener à l'étage au-dessus le soir vers
21h pour voir mon bébé, surtout que, au téléphone, on m'avait dit qu'il ne passerait peut-
être pas la nuit et mon souhait le plus fort était bien sur de le connaître vivant ; il a donc
fallu prier toute la nuit et attendre le lendemain vers 10h que le papa arrive et m'emmène
le voir. »
« Aucune information ne nous a été donnée par le personnel soignant lors du transfert du
bébé. C’est lorsque l'on a demandé à le voir le lendemain (accouchement fait de nuit +
transfert en réa pour moi) que quelqu’un m'a dit qu'elle avait été transférée, sans préciser
pourquoi.
Lors de l'accouchement, quelqu’un a emmené le bébé directement pour ses soins sans me
le faire voir ni dire quoi que ce soit. Mon mari les a suivis pour avoir des explications et
pour voir le bébé.
On a demandé à avoir une photo mais cela n'a pas été fait. »
Dans certaines maternités, les gestes de réanimation se font dans le bloc opératoire.
Les avis divergent au sujet de cette pratique. Il peut, en effet, sembler dur d’infliger à la
mère la vue des gestes que l’on fait subir à son petit. Par ailleurs, ce n’est pas confortable
77
pour les soignants de « subir » ce regard alors que les gestes effectués sont délicats et
importants ! Cependant, les femmes semblent être contentes de cette prise en charge, qui
leur permet, de ne pas quitter leur enfant des yeux, de pouvoir l’encourager, même
silencieusement à distance. Mais aussi de ne pas s’imaginer pire que la réalité, ou encore
de se rendre compte parfois de la gravité de la situation et de mieux appréhender ainsi une
éventuelle annonce difficile.
En cas d’accouchement par voie basse, la pièce dans laquelle se pratique la
réanimation se situe, en général, à proximité des salles de naissance. Il n’y a alors plus
d’obstacle au fait d’amener l’incubateur auprès de la patiente de façon à ce qu’elle puisse
voir et toucher son nouveau-né.
Par ailleurs, il est étonnant de constater que certains pédiatres (11%) considèrent
que montrer l’enfant à la naissance est systématiquement faisable alors qu’une majorité
estime que ce geste est à décider en fonction de son état (70%). Même si ces seconds sont
plus nuancés, on ne peut dire que les premiers ont tort. En effet, si en agissant de la sorte il
s’étaient aperçu que cela modifiait le pronostic vital des enfants, ils auraient certainement
modifié leurs pratiques. Cependant, il se peut que certains pédiatres ne permettant pas ce
geste que dans de très rares cas aient répondu sans réserve par l’affirmative, alors que
d’autres agissant de la même façon aient nuancé leur réponse.
Toutefois, les pédiatres sont, encore une fois, rarement présents dans la salle de
naissance même. Ce sont alors majoritairement les sages-femmes (ou les obstétriciens s’ils
sont présents), qui décident de montrer l’enfant à la mère à ce moment.
Les pratiques ne diffèrent pas significativement entre les pédiatres d’un type de maternité à
l’autre.
Dans la mesure du possible, parler avec la parturiente de ce qui sera fait ou ne
pourra peut-être pas être fait après la naissance est une façon de la préparer. Il faut voir
avec elle ce qu’elle souhaite, essayer d’agir en fonction, et éventuellement lui expliquer ce
pourquoi on risque de ne pas pouvoir faire comme elle le demande. Informées, les
patientes comprennent mieux ce qui se passe et tolèrent mieux les difficultés. De même si
un bon contact est établi avec elles, elles se sentiront plus en confiance quant à la prise en
charge de leur enfant.
Parmi les femmes ayant pu voir leur enfant après les gestes de réanimation, 35%
ont aussi pu le toucher. On ne retrouve pas de différence significative en fonction du mode
d’accouchement.
78
Les taux de femmes ayant répondu au questionnaire, et ayant pu toucher et /ou voir
leur enfant après les gestes de réanimation sont relativement faibles. On pourrait penser
qu’une fois l’enfant stabilisé sur le plan respiratoire, il n’est pas risqué de l’amener auprès
de sa mère, même quelques instants. D’autant plus que ceux-ci vont être séparés pendant
un temps encore incertain, en particulier si le nouveau-né est transféré dans un autre
établissement.
98.5% des sages-femmes interrogées permettent aux mères de toucher leur enfant,
lors d’un accouchement prématuré.
Elles sont 54% à le faire systématiquement à la naissance, et 80% à le faire après
les gestes de réanimation. Ce pourcentage est nettement supérieur à celui obtenu en
interrogeant les mères (32%). Plusieurs explications sont possible : peut-être ce chiffre est-
il le témoin d’une volonté de bien faire plutôt que de ce qui se fait en réalité, peut-être que
certaines mères déçues par la fugacité du contact avec leur enfant ont considéré qu’elles
n’avaient pu le toucher, peut-être enfin que les sages-femmes n’amènent auprès des mères
que les enfants qui vont le mieux, avec qui il est donc facile d’avoir un contact, et que dans
le cas d’une prise en charge plus lourde, ce sont les pédiatres qui s’en chargent, laissant
moins de liberté du fait des nombreux appareils en place et de la fragilité du prématuré.
35% permettent ce geste à la naissance en fonction de l’état de l’enfant, et 11% ne
le font jamais à ce moment là, préférant attendre que le nouveau-né ait eu ses premiers
soins ; elles sont cependant 18% à ne pas le permettre après. Ceci s’explique encore une
fois par le fait que ce sont alors les pédiatres qui décident de la prise en charge de l’enfant.
Par ailleurs, l’installation du nouveau-né en incubateur, avec plus ou moins de capteurs de
surveillance, de système de ventilation et de perfusion, rend parfois difficile l’accès au
petit. Les mères hésitent à trop le toucher car elles sont impressionnées par cet
environnement.
Il semble donc que les sages-femmes essaient au maximum de permettre un contact
entre les femmes et leur enfant avant que celui-ci soit hospitalisé. Seules deux ont dit ne
pas permettre de contact du tout, d’une part parce que l’état de l’enfant ne le permet pas,
d’autre part parce qu’elles sont pressées par les pédiatres. Peut-être considèrent elles que ce
geste n’est pas faisable à la naissance du fait de la fragilité du prématuré, et que les
pédiatres avec lesquels elles exercent ne permettent pas aux mères d’ouvrir l’incubateur
pour toucher leur petit. Ceci semble plausible. C’est cependant dommage. Peut-être
suffirait-il de demander la permission aux médecins pour que ceux-ci acceptent.
79
D’après le test du chi2, les différences de pratiques d’un type de maternité à l’autre
ne sont pas significatives.
95% des pédiatres disent permettre aux mères de toucher leur enfant avant son
hospitalisation. 32% des femmes ont répondu qu’elles n’avaient pu le faire après les gestes
de réanimation. Or dans la majorité des cas, les pédiatres ne sont pas présents dans la salle
de naissance lors de l’accouchement, ils ne peuvent donc permettre un contact à ce
moment là. Ces chiffres sont donc très discordants. Il est possible encore une fois qu’ils
reflètent une volonté de faire au mieux plutôt que la réalité. Et on peut penser, cette fois
encore que certaines femmes n’ayant eu qu’un contact très bref avec leur enfant aient
répondu par la négative à cette question.
Le contact avec le nouveau-né est important pour les mères qui viennent
d’accoucher. Il permet de le concrétiser grâce à un sens supplémentaire, et donc de lui
donner plus de réalité. Celle-ci compte d’autant plus qu’ils vont être séparés. Pour l’enfant,
le contact avec sa mère est un point de repère (2) dans cet « univers » dans lequel il est
placé, et qu’il ne connaît pas.
« J'aurais été heureuse de pouvoir le toucher à la naissance alors que je ne l'ai vu que
quelques instants dans sa couveuse et il a été emmené en néonat tout de suite. Je ne l'ai
revu que 48 heures plus tard et le manque a été terrible. »
« Mon fils est né à 35 semaines, il avait un bon poids et n'était pas en danger. J'ai passé
deux heures en salle de naissance à côté de lui avant son transfert. Il était tout nu dans sa
couveuse, à deux mètres de moi. Impossible de déplacer la couveuse à cause des fils dans
tous les sens, donc impossible de le toucher. On se sent très impuissante et très inutile, et
très frustrée. Pourquoi mon bébé qui n'avait pas besoin d'assistance respiratoire n'a-t-il
pas pu passer ces deux heures dans mes bras ? »
Sur toutes les femmes interrogées, 62% disent avoir reçu une photo de leur enfant à
la naissance. 61% des sages-femmes disent en prendre une systématiquement, et 13% le
font souvent. Ces résultats sont concordants.
58% des sages-femmes disent ne pas le faire car elles manquent de matériel
(appareil photo ou pellicule), parfois aussi, l’appareil photo est rangé dans un autre service
ou dans un placard dont la clef n’est pas toujours facilement accessible. Ces obstacles sont
80
minimes et pourraient être facilement résolus : cet investissement est infime comparé au
budget d’un service de maternité, et il suffirait de prévoir en salle de naissance un
rangement spécifique et facilement accessible (petit placard fermé à clef, lieu de rangement
des sacs à main…). Le bénéfice tiré de ces mesures serait important pour les mères qui
n’ont pas pu voir leur enfant avant qu’il soit transféré en service de néonatalogie, soit parce
qu’elles étaient encore au bloc opératoire, soit parce qu’elles étaient en salle de réveil, soit
encore parce que personne n’a pu leur montrer. Cette image est dans certains cas, la seule
« preuve » de leur maternité.
« J'ai beaucoup regardé la photo c'était la seule preuve de ma toute jeune maternité. »
Si on compare les pratiques d’un niveau de soin à un autre, en additionnant d’une
part les réponses « systématiquement » et « souvent » et d’autre part, les réponses
« rarement » et « jamais », on constate que les différences entre les maternités de type 3 et
celles de type 1 sont significativement différentes, les sages-femmes de ce groupe prenant
plus souvent une photo que celles exerçant en type 3. Ceci peut être du à deux raisons :
d’une part en maternité de type 3, les pédiatres du service de néonatalogie bénéficient
souvent d’un appareil photo, les sages-femmes leur laissent donc souvent se charger de
cette tâche. D’autre part, le taux de réponses au questionnaire a été différent dans chaque
maternité, donc, si celui-ci a été particulièrement important dans une maternité de type 1
bénéficiant d’un appareil photo, cela peut fausser les résultats. (Et inversement si le taux de
réponses d’une maternité de type 3 ne bénéficiant pas d’un appareil a été plus élevé
qu’ailleurs.)
Une sage-femme a proposé de remettre aux mères en plus de la photo de leur enfant
un bouchon de bouteille fendu, permettant ainsi de poser la photo en évidence sur leur
table de nuit. Ce « bricolage » facile et peu coûteux peut être une bonne idée.
79% des pédiatres disent prendre une photo de l’enfant à l’attention de ses parents
avant d’emmener l’enfant. Ce pourcentage est très nettement supérieur à celui obtenu en
interrogeant les mères. On pourrait penser que cette différence est due au fait que tous les
pédiatres interrogés exercent en région parisienne alors que les femmes ayant répondu au
questionnaire sont issues de toute la France, mais la différence entre les femmes ayant
accouché en Ile-de-France et celles ayant accouché en province n’est pas significative.
Ceci peut donc être du à la population interrogée : comme pour les sages-femmes, si la
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majorité des maternités où les pédiatres interrogés exercent disposent d’un appareil photo,
cela peut fausser le résultat.
50% des femmes disent qu’on leur a proposé, en salle de naissance, de mettre un
objet leur appartenant dans l’incubateur de leur enfant pour permettre un lien olfactif.
Cependant, 29% des sages-femmes seulement disent faire cette démarche. Cette différence
peut s’expliquer par le fait que certains pédiatres font cette proposition, ou par le fait que
certaines mamans auxquelles on l’a proposé en service de néonatalogie plutôt qu’en salle
de naissance, ont répondu par l’affirmative.
57% des sages-femmes ayant dit qu’elles ne le faisaient pas, ont donné pour raison
que cela ne fait pas partie des habitudes du service. 37% ont dit qu’elles n’y avaient jamais
pensé. Cette démarche ne prend que quelques secondes, et permet à l’enfant d’avoir près
de lui l’odeur de sa mère, mais aussi à la mère de laisser « quelque chose d’elle » à son
petit. Il arrive fréquemment que les femmes n’aient pas de vêtement adapté à laisser, on
peut alors leur laisser un champ en tissu qu’elles garderont contre elles et qu’elles pourront
laisser à leur enfant lors d’une visite.
Une sage-femme a dit que cette pratique n’était pas hygiénique, mais dans la
mesure où le nouveau-né est colonisé par la flore commensale de ses parents (22), cette
réponse n’est pas fondée.
Les pratiques d’un type de maternité à l’autre ne sont pas significativement
différentes.
46% des pédiatres interrogés font cette proposition aux mères d’enfants prématurés.
Ce pourcentage recoupe celui obtenu en interrogeant celles-ci, mais reste cependant faible
pour un geste aussi simple, et ne mettant pas du tout en jeu le pronostic de l’enfant. Cette
pratique pourrait être généralisée, ou au moins étendue, ne nécessitant qu’un peu
d’habitude et de bonne volonté de la part des soignants.
On observe une différence significative entre les pratiques des pédiatres de
maternités de type 2A et de type 3. Ce résultat est probablement du au faible effectif de
notre échantillon de pédiatres exerçant en maternité de type 2A.
85% des femmes ayant répondu au questionnaire ont reçu des informations sur le
service d’hospitalisation de leur enfant. 15% n’en ont pas eu. Ce résultat met le doigt sur
une lacune de notre exercice professionnel. En effet, il semble inconcevable qu’une femme
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soit séparée de son enfant, sans même savoir où il est emmené, et comment prendre de ses
nouvelles.
La sage-femme (31%) et les pédiatres de maternité (25%) et de SMUR (8%) sont
les personnes les plus souvent citées parmi celles qui ont donné ces informations.
Parmi les sages femmes interrogées, 71% disent donner des informations aux mères
sur le service d’hospitalisation de leur enfant. 29% ne le font donc pas, soit parce qu’elles
ne connaissent pas ces renseignements, soit parce qu’elles estiment que ce sera fait à un
autre moment, ou par quelqu’un d’autre (pédiatre en particulier). L’idéal, serait que toutes
les femmes sachent comment prendre des nouvelles de leur petit. Ne serait-il pas possible
que chaque service de maternité soit doté d’un annuaire des services de réanimation de la
région ? L’information pourrait ainsi être donnée facilement et sans délai. Et même si le
pédiatre redonne les coordonnées du service par la suite, ne vaut-il mieux pas que cela soit
fait deux fois plutôt qu’aucune ?
Si on compare les pratiques d’un type de maternité à un autre, on constate qu’elles
ne sont significativement différentes qu’entre les maternités de type 3 et de type 2A; les
sages-femmes exerçant en structure de type 2A, donnant nettement moins souvent ces
informations que celles exerçant en structure de type 3. Ceci peut être du à notre
échantillon, ou au fait qu’en maternité de type 3, les enfants sont souvent hospitalisés au
sein même de l’hôpital, les sages-femmes connaissent donc souvent les coordonnées du
service de réanimation néonatale. Ce pendant, si cette explication était la bonne, on devrait
aussi retrouver une différence significative avec les maternités de type 1 et 2B.
95% des pédiatres interrogés disent donner aux mères les coordonnées du service
de néonatalogie. Ce pourcentage est nettement supérieur à celui des femmes qui disent
avoir reçu ces informations. Ceci peut être du à une discordance entre nos populations, ou
peut-être encore une fois, à une volonté de bien faire, plutôt qu’à la réalité. Dans l’urgence
il se peut que cette démarche soit oubliée. Par ailleurs il est aussi possible qu’un certain
nombre de mères ayant reçu ces données sous le choc de l’accouchement prématuré ne les
ait pas retenues. Il semble donc nécessaire qu’elles leurs soient données par écrit. Certains
services de SMUR pédiatrique ont des blocs de feuilles (annexe 4) spécialement destinés à
cet usage, pourquoi ne pas généraliser cette pratique à tous les services de maternité ?
Les pratiques des pédiatres ne diffèrent pas significativement d’un type de
maternité à l’autre, ni entre le SMUR et les maternités.
83
Dans 21% des cas, le père n’était pas présent lors de l’accouchement, à 37% parce
que l’accès au bloc opératoire lui a été interdit. Il est évident que pour l’anesthésiste et
l’obstétricien, il est plus confortable de ne pas avoir à s’en occuper pendant l’intervention.
Cependant, la femme est réveillée, on va « lui ouvrir le ventre », pour en extraire son
enfant, qui est prématuré et risque de ne pas survivre. Il semble dans ce cas inhumain de
séparer le couple pour des raisons de confort. Par ailleurs quand le père n’est pas auprès de
sa femme, il « erre » en général dans les couloirs, se demandant comment va sa femme ?
Comment va son enfant ? Il est tenu à l’écart de la césarienne et des gestes de réanimation.
Comment peut-il, de toute façon, faire sereinement connaissance avec son enfant qu’il ne
connaît pas tant qu’il s’inquiète pour la santé de sa femme qui est opérée quelques mètres
plus loin et à qui il n’a pas accès ? Même si cela demande un effort de la part de l’équipe
soignante, si le couple est demandeur, ne serait-il pas mieux de laisser le père accéder au
bloc opératoire ?
Parmi les pères ayant pu assister à l’accouchement, 22% n’ont pas été sollicités par
l’équipe soignante lors des soins, ou des informations données au sujet de l’enfant. Dans 3
cas, les parents n’ont pas compris pourquoi, dans deux cas, il n’y pas eu d’information de
donnée, dans deux cas il y avait un mauvais contact entre le couple et l’équipe soignante.
Une fois, il n’y avait pas de personnel disponible au moment où le père était présent. Ces
réponses sont la preuve d’une faille au sein de l’équipe soignante. Il est important de
renseigner les parents sur ce qui est fait ou va être fait à leur enfant, que l’on s’entende
avec eux ou non. La qualité des soins ne doit pas dépendre des affinités que l’on a avec les
patientes. Par ailleurs, la mère ne doit pas être celle qui va annoncer à son conjoint ce qui
s’est passé, ce n’est pas son rôle. Celui-ci a tout autant le droit d’être informé qu’elle sur
l’état de son enfant. Ainsi, dans la mesure du possible, il semble important d’attendre que
le père soit présent pour donner les informations et explications sur la prise en charge du
nouveau-né. Cela permet un équilibre dans le couple, et leur permet d’affronter à deux les
difficultés.
« J'étais un peu un numéro dans une usine, on me parlait tantôt à moi, tantôt à lui, tantôt à
nous... Informations précises difficiles à avoir, interlocuteurs difficiles à identifier... Tout
le monde très gentil, mais j'ai eu l'impression que, bon, on ne me demandait pas de
comprendre. »
84
Il est impressionnant de constater que 55% des mères interrogées ont obtenu par
elle-même des nouvelles de leur enfant au cours de leur hospitalisation en suites de
couches. La seconde source la plus citée est le père de l’enfant. La sage-femme ne vient
qu’en troisième position, dans 9% seulement des cas. Ceci signifie qu’une grande partie
des sages-femmes exerçant en suites de couches n’appelle pas les services de réanimation
néonatale pour demander des nouvelles des enfants des patientes qu’elles ont en charge.
Comment dans ce cas, peut-on apporter à ces mères une aide et un soutien psychologique
adapté ? Selon le code de santé publique : « L'exercice de la profession de sage-femme
comporte la pratique des actes nécessaires au diagnostic, à la surveillance de la grossesse
et à la préparation psychoprophylactique à l'accouchement, ainsi qu'à la surveillance et à
la pratique de l'accouchement et des soins postnataux en ce qui concerne la mère et
l'enfant. » (21)
Dans le cas d’un accouchement prématuré le couple mère enfant est séparé, la sage-
femme n’a pas à s’occuper du nouveau-né, cependant, pour bien prendre en charge sa
patiente, il est de son devoir de s’enquérir de son évolution, d’autant plus que celui-ci est
exposé à des risques non négligeables.
« J'ai été obligée de demander des nouvelles de mon bébé si je ne l'avais pas fait j'aurais
pu attendre un moment »
85% des pédiatres interrogés estiment que les gestes évoqués précédemment font partie
du rôle de la sage-femme. 14% considèrent que ce n’est le cas que pour certains. Ainsi
60% de ceux-ci disent que ce n’est pas à elle de faire ce qui est d’ordre médical (gestes de
réanimation ou informations données à la mère), 20% donnent cette même réponse mais
uniquement en cas de grande prématurité. 30% considèrent que la sage-femme ne doit pas
proposer à la femme de toucher son enfant, et 20% estiment que ce n’est pas à elle de
prendre la photo et de donner les coordonnées du service de néonatalogie. Les réponses ne
sont pas significativement différentes d’un type de maternité à l’autre.
1% des pédiatres interrogés considèrent que ces gestes ne font pas partie du rôle de la
sage-femme. Cependant, c’est elle qui accueille le nouveau-né en salle de naissance, elle
est formée aux gestes de réanimation, et a souvent déjà établi un contact avec la mère.
Toutes ces démarches font donc partie de ses capacités. Par ailleurs, selon l’article R.
4127-315 du code de déontologie, « Une sage-femme qui se trouve en présence d'une
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femme enceinte, d'une parturiente, d'une accouchée ou d'un nouveau-né en danger
immédiat ou qui est informée d'un tel danger doit lui porter assistance ou s'assurer que les
soins nécessaires sont donnés. » Il est donc sous entendu qu’elle a les capacités nécessaires
pour le faire, à plus forte raison si elle est accompagnée d’un pédiatre qui peut l’encadrer
dans cette démarche.
Quelques autres gestes ont été cités par les pédiatres comme faisant partie du rôle de la
sage-femme et pouvant aider à l’établissement du lien mère-enfant :
- « Aider la mère à enregistrer une cassette de sa voix pour son enfant.» Cependant,
quand on constate que toutes les maternités ne disposent pas d’un appareil
photographique, et que, même s’il y en a un de disponible, on ne trouve pas
toujours le temps de s’en servir, l’idée d’acquérir des magnétophones dans chaque
service de maternité, et de s’en servir semble utopique. Les moyens à mettre en
œuvre ont beau être faibles, ils restent, à priori, trop importants. Cette idée peut
toutefois être transmise aux femmes qui pourront le faire si elles en ont envie.
- « Valoriser l’enfant et permettre le grasping »
- « Aider la mère à aller sur le lieu de transfert.» Certains hôpitaux prennent en
charge un aller-retour sur le lieu d’hospitalisation de l’enfant. Cette pratique
pourrait être généralisée. Elle comporte cependant des failles : lors d’une grossesse
multiple, si les enfants ne sont pas hospitalisés au même endroit, un seul des trajets
est pris en charge, la femme doit donc choisir où elle veut aller. Cette restriction est
certainement d’origine budgétaire, mais comment une femme peut-elle effectuer ce
choix ?
« L'hôpital aurait pu me faire faire un aller retour pour voir ma fille avant la fin de mon
hospitalisation car je ne l'ai vu que la semaine suivante et cela m'a fait passer des nuits
d'angoisse assez dures »
- « Permettre un moment d’intimité. » Ce « moment d’intimité », peut en général être
pris après les gestes de réanimation. Or nous avons vu que ce sont alors plus les
pédiatres qui décident de la marche à suivre. Ce sont eux qui pourront le plus
souvent décider de laisser les parents découvrir seuls leur enfant pendant un court
moment.
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- « Demander à ce que la mère soit transférée en même temps que son enfant. » Cette
pratique serait idéale, malheureusement, il n’y a pas toujours de service
d’obstétrique dans les hôpitaux dotés d’une unité de réanimation pédiatrique. Par
ailleurs, même s’il y en a un, les lieux de transfert sont majoritairement des
maternités de type 3, dont les services sont souvent surchargés.
- « Aider le pédiatre car elle connaît souvent mieux la mère que lui. » Le travail
d’équipe semble indispensable dans ces situations, en effet, il ne peut y avoir d’un
côté le pédiatre et l’enfant, et de l’autre la mère et la sage-femme. Ainsi, pour
favoriser au mieux le lien mère-enfant, tous les professionnels intervenant doivent
travailler ensemble, une meilleure efficacité est ainsi possible, et le stress est en
général moindre.
- « Parler à l’enfant devant sa mère pour « l’humaniser » »
- « Souligner les points positifs »
- « Déculpabiliser et réconforter les parents »
- « Favoriser la rencontre avec le pédiatre avant la naissance. » Cette action fait
partie du rôle de la sage-femme du service de grossesses pathologiques. Il serait
idéal que chaque patiente ayant une menace d’accouchement prématuré sévère
puisse voir un pédiatre avant son accouchement.
- « Expliquer tout ce qui a été fait hors de la vue de la mère. » Le mieux, si c’est
possible serait même d’expliquer à l’avance tout ce qui sera fait ou risque d’être
fait, d’où l’importance de la rencontre avec le pédiatre. Par ailleurs, pendant les
deux heures de surveillance en salle de naissance, la sage-femme peut revenir sur
ce qui a été fait, ainsi que répondre aux questions de la mère. Cela fait partie de son
travail d’accompagnement.
« Il me manque aujourd'hui le détail des soins qui lui ont été fait en salle de naissance et
des informations sur son comportement. J'aurais aimé le voir davantage à la naissance. Je
l'ai aperçu 10 secondes à la naissance puis 3 minutes en salle de réveil. Je ne l'ai revu que
le lendemain après-midi. La rencontre ne s'est pas vraiment faite. Il est resté 5 jours en réa
pendant lesquels nous n'avons pas pu le prendre sur nous. Il y a là une vraie séparation
qui est très difficile à réparer. »
« J'ai eu une césarienne sous anesthésie générale et lorsque je me suis réveillée la
première chose que j'ai demandé est "est-ce que mon bébé va bien ?" (J’avais fait une pré
87
éclampsie, thrombopénie, hellp syndrome), on m'a juste dit oui et c'est tout. C'est le papa
qui m'a donné les nouvelles et c'est lui qui a pris bébé en photo (je n'ai pu le voir que 24H
+ tard), j'aurais aimé qu'une sage femme vienne me voir et qu'elle m'explique comment
allait bébé et ce qui nous était arrivé (je ne l'ai su que 2 mois et demi après en allant voir
mon médecin). »
- « Faire du café pour le pédiatre. »
75% des pédiatres interrogés estiment que ces gestes sont indispensables, pour mettre
en place le lien mère-enfant, les rassurer, pour permettre de « continuer le portage », parce
que le premier contact doit être bien vécu, pour aider les parents à réaliser qu’il le sont,
diminuer la culpabilité de la mère, lui permettre de constater qu’elle a accouché d’un
enfant normal et « sans tuyaux », d’éviter le fantasme. Un pédiatre a signalé qu’en cas de
séquelles dues à la prématurité, un attachement précoce permet de « mieux s’occuper d’un
enfant handicapé. » Deux pédiatres ont précisé que c’est parfois la seule chance que les
parents ont de voir leur enfant vivant.
10% pensent que ces gestes sont nécessaires, nuançant ainsi le terme précédent. En
effet, ils marquent ainsi l’importance de ces démarches tout en montrant que le principal
reste tout de même le pronostic de l’enfant. 15% enfin considèrent qu’ils sont secondaires,
précisant que « la mère et l’enfant auront toute la vie pour se faire des câlins », et que la
réanimation a plus d’importance. Cette réponse est étonnante, en particulier si on la
compare à l’une des réponses précédentes : « c’est peut-être la seule occasion pour les
parents de voir leur enfant vivant ». Dans un contexte de prématurité, il semble audacieux
de dire que l’enfant à toute sa vie devant lui. Celle-ci est en effet parfois bien courte…
« J'ai accouché de 2 jumelles en juin 2003 dont une a eu un gros problème de santé dès le
départ. Elle a vécu 3 heures et il a été convenu de ne pas faire d'acharnement
thérapeutique.
J'ai énormément appréciée de voir Paolina au moment de sa sortie. J’aurais aimé la
toucher sachant que l'on savait que le risque de survie était très mince pour sa soeur. Je
n'ai pas vu Lou Ann avant et ne l'ai vu qu'après sa mort. Mon mari a pu néanmoins voir les
deux en vie et les toucher. Ce qui a été très important pour lui. »
Il n’y a pas de différence significative entre les différents types de maternité.
88
40% des pédiatres interrogés disent laisser, la plupart du temps, suffisamment de
liberté aux sages-femmes pour qu’elles puissent effectuer les différents gestes évoqués
précédemment. 15% disent le faire tout le temps. Par ailleurs, 39% disent le faire de temps
en temps, mais préfèrent gérer par eux même dans un contexte d’urgence. 3% seulement ne
le font pas.
Dans un contexte de prématurité, on est face à de nombreuses inconnues, on ne sait
pas comment ira l’enfant à la naissance, on ne sait pas s’il réussira à respirer… Il est
compréhensible que certains pédiatres ne laissent pas la place et préfère s’occuper de
l’enfant. Cette pratique est cependant variable d’un service à l’autre, en effet dans certaines
maternités, il est habituel que les pédiatres fassent les gestes de réanimation, dans d’autres,
ils restent auprès de la sage-femme pour l’aider. Il serait bien que cette façon de faire se
répande, car il n’y a pas toujours de médecin sur place en maternité, par conséquent, les
sages-femmes peuvent être amenées à gérer seules la réanimation d’un enfant.
Seuls les résultats des maternités de type 2A et de type 2B diffèrent. Ceci est sans
doute du au faible échantillon obtenu pour ces premières.
D’après les réponses obtenues grâce aux trois questionnaires, on constate que la
sage-femme est en général la personne la plus citée par les mères dans les intervenants
ayant permis une rencontre avec leur enfant, qu’il s’agisse de le voir, de le toucher ou de
l’avoir contre elle. La majorité des pédiatres considère par ailleurs que ces gestes font
partie de son rôle.
Il semble que les sages-femmes en soient conscientes et fassent de leur mieux pour
aider à l’établissement du lien mère-enfant. Cependant, les témoignages des patientes, ainsi
que certaines réponses montrent que des détails sont à améliorer. Au cours de la
discussion, nous avons pu proposer des solutions simples, elles sont reprises ci-dessous :
- Parler avec les couples de la prise en charge de leur enfant avant la naissance peut
leur permettre de mieux appréhender ce moment, de mieux se préparer à la
séparation. Cet échange permet aussi de décider avec eux des gestes qu’ils
souhaitent ou non, et de leur expliquer pourquoi certains ne pourront être faits. On
peut aussi demander au pédiatre de passer les voir pour leur expliquer la prise en
charge de leur enfant, et évoquer avec eux son pronostic.
- Prévenir les mères que l’on emmène leur nouveau-né pour faire ses soins, que la
naissance ait eu lieu par césarienne ou par voie basse est une parole simple et
89
nécessaire : on ne peut enlever un enfant à sa mère sans la prévenir. Par ailleurs
cela lui permet de savoir qu’il est né, et qu’on s’occupe de lui.
- Montrer, même fugitivement l’enfant à la naissance. Même s’il va mal, c’est
parfois la seule chance que ses parents ont de le voir vivant. Par ailleurs cet aperçu
leur permet de concrétiser leur petit, il devient réel lors de ce regard.
- Permettre un contact en peau à peau le temps de la section du cordon ombilical. (Ce
geste a longuement été évoqué lors de la discussion.)
- Après la prise en charge pédiatrique, l’état de l’enfant est stabilisé, il va pouvoir
être emmené dans un autre service ou un autre hôpital, il semble important et
relativement simple de passer alors auprès de sa mère pour le lui montrer et lui
permettre de le toucher. Il fait partie du rôle de la sage-femme, dans l’intérêt de sa
patiente, de demander au pédiatre de le faire si celui-ci n’y pense pas. Parfois,
temporiser de quelques minutes le moment du transfert de l’enfant peut permettre
de faire ce geste. Dans la mesure où sa santé n’est pas en danger, ces minutes sont
peu cher payées comparé au bénéfice qu’elles apportent à cette famille.
- Mettre en place dans chaque salle de naissance un endroit où pourra être déposé un
appareil photo permet de ne pas avoir à le chercher au moment où on en a besoin.
Ainsi, il sera plus facile de réaliser une photographie pour les mères. De même,
s’assurer que l’on dispose de la pellicule et des piles nécessaires est un geste
simple.
- Prendre pour habitude de proposer aux mères de mettre un tissu leur appartenant
dans l’incubateur de leur enfant. Cette pratique n’est pas compliquée, il suffit
simplement d’y penser. On peut éventuellement donner aux mères un champ en
tissu qu’elles garderont un moment contre elles spécialement à cet effet.
- Avoir dans chaque salle de naissance un annuaire des services de néonatalogie de la
région. Ceci permettrait de pouvoir donner aux mères toutes les informations
nécessaires pour qu’elles puissent prendre des nouvelles de leur enfant. Un bloc
note spécialement dédié à la transmission de ces informations est un investissement
réduit et envisageable.
- Faire les gestes de réanimation au bloc opératoire dans les endroits où les locaux le
permettent peut être une démarche à discuter.
- Appeler les services de néonatalogie pour prendre des nouvelles des enfants des
femmes dont on a la charge. Cette démarche fait non seulement partie de notre rôle,
90
mais elle nous permet aussi de mieux adapter nos soins et notre dialogue à nos
patientes.
- Essayer de transférer les femmes sur le lieu d’hospitalisation de leur enfant, ou les
aider à s’y rendre au cours de leur hospitalisation.
D’autres améliorations, sans rapport direct avec le lien mère-enfant pourraient être
apportées au vu des résultats de cette étude :
- Ne pas oublier de se présenter quand on s’occupe d’une femme au bloc opératoire,
elle ne peut en effet plus distinguer notre visage, ni nous reconnaître à la couleur de
notre blouse.
- Permettre au père d’être présent lors des césariennes semble être quelque chose
d’important pour les patientes, ne pourrait-on essayer de répandre cette pratique?
Toutes ces démarches, exceptée la dernière, peuvent être faites par la sage-femme, elles
demandent peu de temps, et un faible investissement. Les répandre pourrait améliorer le
vécu des femmes accouchant prématurément, et de leur enfant, non seulement à la
naissance, mais aussi pour l’avenir de leur relation.
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Conclusion Les naissances prématurées sont en général suivies d’une séparation de la mère et
de l’enfant, ils sont souvent restés peu de temps dans le même service, parfois ils ont pu se
rencontrer brièvement. Nous avons vu dans la première partie quelles peuvent-être les
conséquences à long terme de ces séparations brutales. Comment peut-on les atténuer ?
Que peut faire la sage-femme pour aider le lien mère-enfant à se construire dans ces
conditions ? Quelles initiatives peut-elle se permettre de prendre sans ralentir la prise en
charge du nouveau-né ?
Les questionnaires adressés aux sages-femmes et aux pédiatres de maternité, ainsi
qu’aux pédiatres de SMUR et aux mères d’enfants prématurés nous ont permis d’avoir un
aperçu de la prise en charge de ces patientes et de leur enfant en salle de naissance, ainsi
que des pratiques courantes et moins courantes dans ces situations.
Les témoignages des mères montrent bien à quel point la sage-femme est présente,
même dans ce contexte particulièrement médicalisé. Cependant, un certain nombre de
gestes simples, pour aider à l’établissement du lien entre ces femmes et leur petit, ne sont
pas systématiquement faits. Le stress, l’angoisse, l’incertitude, le manque de matériel,…
Tous ces paramètres empêchent leur réalisation. Pourtant, sages-femmes et pédiatres sont
conscients de leur utilité et des bénéfices qu’ils apportent, et essaient de tout faire pour
assister cette rencontre difficile. Mais l’urgence prime et même quand c’est possible, il est
difficile de prendre son temps.
Pourtant, sans être plus lent, sans ralentir la prise en charge de l’enfant, il est déjà
possible de faire beaucoup, par de petits moyens, simplement par l’écoute de la patiente et
grâce à quelques aménagements. La sage-femme présente tout au long du travail et de
l’accouchement peut considérablement aider ces mères et leurs nouveaux-nés grâce à ces
démarches, si les médecins qui l’entourent ont suffisamment confiance pour la laisser faire,
et qu’elle-même se sent suffisamment sure d’elle.
Les résultats de notre étude valident donc chacune de nos hypothèses, et nos
objectifs sont atteints. Cependant, faire accepter ces pratiques est loin d’être acquis, dans la
mesure où elles ne font pas partie des habitudes et où chacun n’est pas obligatoirement
convaincu du bénéfice qu’elles peuvent apporter. Toutefois, nous espérons qu’avec le
temps elles se répandront dans de plus en plus d’établissements.
92
Annexes : Annexe 1 :
Questionnaire adressé aux sages-femmes Mesdames,
Je suis étudiante sage-femme en quatrième année à l’école de Baudelocque. J’ai choisi comme thème de mémoire de fin d’études le rôle que les sages-femmes ont à jouer dans l’établissement du lien mère-enfant lors d’un accouchement prématuré avec transfert pédiatrique dans un autre service ou un autre établissement.
Ce questionnaire adressé aux sages-femmes a pour but d’objectiver ce
qu’elles font dans leur pratique professionnelle, mais aussi ce qu’elles estiment réalisable et regrettent de ne pas pouvoir faire. Je vous remercie par avance de l’aide que vous m’apporterez en remplissant ce questionnaire. Hélène Leyronnas (ESF4, école Baudelocque)
93
Question n°1 Quels sont selon vous, les avantages d’un contact précoce entre une mère et son enfant lors d’une naissance prématurée suivie d’un transfert ? (Plusieurs réponses possibles)
-Permettre à la mère de se rendre compte de l’état de son enfant � -Diminuer l’anxiété chez la mère � -Rassurer l’enfant � -Faire le lien entre l’état de grossesse et celui de mère � -Autre(s) : _ _ _ _ _ _ _ _ _ Question n°2 Lors d’un accouchement prématuré, lesquels de ces gestes faites-vous ? (si nécessaire précisez à partir de quel terme) 1-Vous permettez le « peau à peau » oui � non � Si non, est-ce parce que : -Vous êtes pressé(e) par les pédiatres � -Vous considérez que l’état de l’enfant ne le permet pas � -Vous suivez les protocoles établis par le service � -Vous estimez que c’est inutile � -Autre(s) :_ _ _ _ _ _ _ _ _ 2-Vous permettez à la mère de voir son enfant oui � non � 2-a-Si oui, quand ? -A la naissance � -Entre la réanimation et le transfert � 2-b-Si non, est-ce parce que : -Vous êtes pressé(e) par les pédiatres � -Vous considérez que l’état de l’enfant ne le permet pas � -Vous suivez les protocoles établis par le service � -Vous estimez que c’est inutile � -Autre(s) :_ _ _ _ _ _ _ _ _ 3-Vous permettez à la mère de toucher son enfant oui � non � 3-a-Si oui, quand ? -A la naissance � -Entre la réanimation et le transfert � 3-b-Si non, est-ce parce que : -Vous êtes pressé(e) par les pédiatres � -Vous considérez que l’état de l’enfant ne le permet pas � -Vous suivez les protocoles établis par le service � -Vous estimez que c’est inutile � -Autre(s) :_ _ _ _ _ _ _ _ _
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4-Vous prenez une photo de l’enfant pour les parents -systématiquement � -souvent � -rarement � -jamais � 4-a-Si « rarement ou « jamais », est-ce parce que : -Vous ne disposez pas d’un appareil photo � -Vous n’avez pas le temps � -Vous estimez que c’est inutile � -Vous n’y pensez pas � -Vous laissez faire les pédiatres � -Autre : _ _ _ _ _ _ _ _ _ 5- Vous demandez à la mère un objet lui appartenant (t-shirt…), à mettre dans la couveuse pour permettre un lien olfactif Oui � Non � 5-a- Si non, pourquoi? -Les pédiatres ne vous le permettent pas � -Cela ne fait pas partie des habitudes du service � -Vous estimez que c’est inutile � -Autre : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 6- Vous donnez des informations aux parents sur le service dans lequel leur enfant va être hospitalisé, ses horaires de visites, ainsi qu’un numéro auquel ils peuvent prendre des nouvelles Oui � Non � 6-a- Si non, pourquoi ? -Vous n’en avez pas le temps �
- Vous estimez que c’est inutile dans l’immédiat, ce sera fait en suites de couches � - Vous ne connaissez pas ces renseignements � -Autre : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Question n°3 : Y a t il des gestes qui ne sont jamais faits et que vous estimez à la fois utiles et faisables ?
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
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Quelques renseignements vous concernant (facultatif) Vous êtes : Un homme � Une femme � Depuis combien de temps êtes vous diplômé(e)? ___________________________________ Quel âge avez-vous ? -Moins de 30 ans � -Entre 30 et 35 ans � -Entre 35 et 40 ans � -Entre 40 et 50 ans � -Plus de 50 ans � Quel est le niveau de la maternité dans laquelle vous exercez ? 1 � 2 � 3 �
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Annexe 2 : Questionnaire adressé aux pédiatres travaillant en
service de maternité et/ou de S.M.U.R. pédiatrique
Madame, Monsieur,
Je suis étudiante sage-femme en quatrième année à Baudelocque et j’ai choisi comme thème de mémoire de fin d’études le rôle que les personnels de maternité et plus particulièrement les sages-femmes, ont à jouer dans l’établissement du lien mère-enfant lors d’un accouchement prématuré avec transfert pédiatrique dans un autre service ou un autre établissement.
Ce questionnaire a pour but de déterminer les initiatives, que selon vous les
sages-femmes peuvent prendre, en salle de naissance, afin de favoriser le contact entre une mère et son nouveau-né malgré un contexte de naissance difficile.
Je vous remercie par avance de l’aide que vous m’apporterez en
remplissant ce questionnaire. Hélène Leyronnas (ESF 4, école Baudelocque)
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1- Vous êtes amené à vous occuper d’un prématuré en salle de naissance, que ferez-vous, pour que sa mère et lui puissent faire un minimum connaissance, avant son transfert dans un service de pédiatrie ? (plusieurs réponses sont possibles)
-Vous permettez à la maman de le voir � -Vous permettez à la maman de le toucher � -Vous prenez une photo de l’enfant pour les parents � -Vous demandez à la maman un objet lui appartenant (t-shirt…), à placer dans la couveuse avec l’enfant � -Vous donnez à la maman les coordonnées du service de pédiatrie dans lequel son enfant est transféré � -Autre : __________
Estimez-vous que ces démarches font aussi partie du rôle de la sage-femme ? Oui � Non � Pas toutes � Dans ce cas, précisez : ___________
2- Quelles sont, selon vous les démarches que la sage-femme peut effectuer, à la naissance, dans ce même but ?
2-1- Montrer rapidement l’enfant à sa mère avant d’entreprendre les gestes de
réanimation
-Oui toujours �
-Oui si l’état de l’enfant le permet �
-Non, la mère risque d’être choquée par l’état de son enfant �
-Autre : __________
2-2- Mettre rapidement l’enfant en peau à peau le temps de couper le cordon
-Oui toujours �
-Oui si l’état de l’enfant le permet �
-Non, cette démarche risquerait d’aggraver le pronostic pour l’enfant �
- Autre : __________
3- Quels autres gestes peut-elle faire, selon vous, à la naissance pour permettre un
contact entre la mère et l’enfant ?
-
-
-
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4- Selon vous, les différents gestes évoqués au long de ce questionnaire sont :
-Indispensables �
-Secondaires �
-Accessoires �
-Inutiles �
Pour quelle(s) raison(s) ?
________________________________________________________
________________________________________________________
________________________________________________________
5- Si vous estimez qu’ils ont de l’importance et sont réalisables, laissez-vous
suffisamment de liberté aux sages-femmes pour qu’elles puissent les effectuer ?
-Oui, tout le temps �
-Oui, la plupart du temps �
-De temps en temps, mais devant l’urgence, je préfère gérer par moi
même �
-Non, mais c’est un tort �
-Non, ce n’est pas leur rôle �
-Autres : __________
99
Quelques renseignements vous concernant (facultatif)
Vous êtes :
Un homme � Une femme �
Vous avez :
Moins de 30 ans �
Entre 30 et 35 ans �
Entre 35 et 40 ans �
Entre 40 et 50 ans �
Plus de 50 ans �
Vous exercez :
En maternité � Précisez le niveau : ___
En unité de S.M.U.R. pédiatrique �
Vous exercez depuis :
Moins de 5 ans �
5 à 10 ans �
10 à 20 ans �
Plus de 20 ans �
100
Annexe 3 : Questionnaire destiné aux mères dont les enfants sont nés prématurément
et sont hospitalisés en service de néonatalogie.
Madame,
Je suis étudiante sage-femme en quatrième année à Paris. Dans le cadre de mon mémoire de fin d’études, j’ai choisi de m’intéresser au rôle que la sage-femme peut jouer dans la mise en place des relations précoces entre une mère et son enfant lors d’un accouchement prématuré suivi d’un transfert. Les mamans ayant vécu cette situation sont les mieux placées pour me dire ce qui a été effectué en salle de naissance pour leur permettre de faire connaissance avec leur enfant, ainsi que ce qui, à leur avis, n’a pas été fait et leur a manqué. Je vous remercie par avance de l’aide que vous m’apporterez en répondant à ce questionnaire (anonyme) et vous souhaite à votre enfant ainsi qu’à vous-même, après cette difficile période de séparation, beaucoup de bonheur. Hélène Leyronnas
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1- A quel terme avez-vous accouché ? -avant 26 semaines (un peu plus de 5 mois de grossesse) � -entre 26 et 28 semaines (entre 5 mois et demi et 6 mois) � -entre 28 et 30 semaines (entre 6 mois et 6 mois et demi) � -entre 30 et 32 semaines (entre 6 mois et demi et 7 mois) � -après 32 semaines (plus de 7 mois) � -Je ne sais plus � Vous avez : -Accouché « normalement » � -Eu besoin d’un forceps � -Eu une césarienne � Votre enfant a été hospitalisé à la naissance :
-Dans l’hôpital où vous avez accouché � -Dans un autre Hôpital � 2- A la naissance, 2-1-a- Vous a-t-on montré tout de suite votre enfant ? Oui � Non � 2-1-b- Si oui, qui l’a fait ? -L’obstétricien � -La sage-femme � -Le pédiatre � -Je ne sais pas � -Autre : __________ 2-2-a- A-t-on mis votre enfant contre vous quelques instants ? Oui � Non � 2-2-b- Si oui, qui l’a fait ? -L’obstétricien � -La sage-femme � -Le pédiatre � -Je ne sais pas � -Autre : _________
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3- Après l’accouchement, la sage-femme, et le pédiatre sont probablement partis rapidement s’occuper de votre enfant. Après cela, vous a-t-on :
3-1-a- Ramené votre enfant, pour que vous puissiez le voir ? Oui � Non � 3-1-b- Si oui, qui l’a fait ? -L’obstétricien � -La sage-femme � -Le pédiatre de la maternité � -Le pédiatre du SMUR � -Je ne sais pas � -Autre : _________ 3-2-a- Permis de toucher votre enfant ? Oui � Non � 4- Une photo de votre enfant a-t-elle été prise à votre intention ?
Oui � Non � 5- Vous a-t-on demandé un objet (t-shirt…) à mettre dans la couveuse de votre bébé pour lui permettre de sentir votre odeur ?
Oui � Non � 6-Vous a-t-on donné des renseignements sur le service de pédiatrie dans lequel votre bébé allait être hospitalisé, ainsi qu’un numéro de téléphone pour prendre de ses nouvelles ?
Oui � Non �
6-2- Si oui, qui l’a fait ?
-L’obstétricien � -La sage-femme � -Le pédiatre de la maternité � -Le pédiatre du SMUR � -Je ne sais pas � -Autre : _________
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7- Pendant votre hospitalisation, avez-vous pu avoir régulièrement des nouvelles de votre enfant ?
Oui � Non �
7-2- Qui vous les a données ?
-Le papa �
-Vous les avez obtenues par vous-même �
-La sage-femme �
-Autre(s) :__________
8- Le père de votre enfant était-il présent lors de toutes ces étapes ?
Oui � Non �
8-1- Si non, pourquoi ?
______________________________________________________________
______________________________________________________________
8-2- Si oui, a-t-il été sollicité par l’équipe soignante lors de votre rencontre avec votre enfant, et dans les informations que l’on vous a données ?
Oui � Non �
Si non, pourquoi ?
______________________________________________________________
______________________________________________________________
9- Selon vous, quels sont les petits gestes qui auraient pu être fait pour vous aider à faire connaissance avec votre enfant, qui n’ont pas été fait, et qui vous ont manqué ?
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______________________________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
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______________________________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
Je vous remercie infiniment d’avoir pris le temps de répondre à ce questionnaire. J’espère, grâce à cette étude, améliorer la vie des mamans et des enfants qui auront, comme vous à vivre une séparation difficile, en leur permettant de se découvrir dès la salle de naissance, et non, après plusieurs heures ou jours.
105
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Les mémoires des étudiants de l’école de sages-femmes Baudelocque de l’U.F.R. de médecine Cochin Port Royal sont des travaux réalisés à l’issue de leur formation et dans le
but de l’obtention du diplôme d’état. Ces travaux ne peuvent faire l’objet d’une reproduction sans l’accord des auteurs et de l’école.