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Roberson Alphonse, un journaliste né

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Page 1: Roberson Alphonse, un journaliste né
Page 2: Roberson Alphonse, un journaliste né

2 17 avril 2012No 608

C’EST LEUR ANNIVERSAIRE

Mercredi 18 avrilHantz Mercier (Musicien), Kathrine Me-

dard, Kourtney Kardashian (Animatrice et productrice), Phalandina Elnine Luc, America Ferrera (Actrice), Melissa Joan Hart (Actrice), Maria Bello (Actrice/chanteuse), Conan O’Brien (Humoriste), Jeff Dunham (Co-médien), Eric Roberts (Célébrité), James Woods (Acteur), Hayley Mills (Actrice). Stephanie Tibert (Mannequin)

Jeudi 19 avrilJames Franco (Acteur), Maria Sharapova (Sportive), Hayden Christensen

(Acteur), Kate Hudson (Actrice), Luis Miguel Basteri (Chanteur), Ashley Judd (Actrice), Suge Knight (Rappeur), Paloma Picasso (Créatrice de mode et femme d’affaires), Tim Curry (Acteur), Hugh O’Brian (Acteur).

Vendredi 20 avrilStanley Figaro (Entrepreneur et présentateur), Claudine MiMi L’Jean Tous-

saint, Miranda Kerr (Top-modèle), Joey Lawrence (Acteur, chanteur et présen-tateur), Carmen Electra (Actrice, danseuse, chanteuse et mannequin), Don Mattingly (Sportif ), Clint Howard (Acteur, producteur et scénariste), Jessica Lange (Actrice), George Takei (Acteur).

Samedi 21 avrilRobert Smith (Chanteur, compositeur et musicien), Andie Macdowell

(Actrice et mannequin), James Morrison (Chanteur, auteur-compositeur), Tony Danza (Acteur et sportif ), Iggy Pop (Chanteur, compositeur et acteur), Charles Grodin (Acteur, scénariste, producteur), Elaine May (Scéna-riste, actrice et réalisatrice).

Dimanche 22 avrilSimon Widy (Chanteur),

Hervé Nicolas (Chanteur), Brandy Gedeon, Amber Heard (Actrice et model), Paul Alain, Daniel Johns (Musicien, chanteur et composi-teur), Géraldine Catule, Kim Eliza-beth (Journaliste), Peter Frampton (Musicien), John Waters (Réalisa-teur), Jack Nicholson (Acteur).

C’est aussi leur anniversaireVictoria Beckham, Jennifer Gar-

ner, Vincent Thuet, Louise Gluck, Liz Phair, Lela Rochon, Boomer Esiason, Olivia Hussey.

Hantz Ansyto Mercier né le 18 avril

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

REDACTEUR EN CHEFStéphanie ANDRÉ

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONRosemond LORAMUSJoël FANFANWendy SIMONAceline RENEDimitry Nader ORISMAToussaint Jean François TOUSSAINTGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREDuckenson LAZARDMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreLord Edwin ByronJunior Plésius LouisPeguy Flore Pierre

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEPhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEU

Publicité: 3782-0905 / 3782-0893Rédaction: 3456 1920

Agenda du week-endPour Insertion

Phone: 3922-3006E-mail : [email protected]

MERCREDI 18 AVRIL 2012-Lecture-spectacle autour des œuvres

de Jacques Stephen Alexis (Bibliothèque ARAKA, 23, rue de l’Enterrement)

-Les Mercredi 11 et 18 Avril Soirée Slam (Cafétéria Fokal) Dès : 6 hres pm

Jusqu’au sam.21 avril, Atelier sur l’œu-vre de Jacques Stephen Alexis animé par Nehemy Pierre (BMC)

JEUDI 19 AVRIL 2012-JEDI MIZIK (IFH) Dès : 7 hrs pm-Ciné-Corner (Fokal) Dès : 2 hres pm-Hommage à Konpè Filo, ‘Havanna

Guitar Night’ avec : Manno Charlema-gne, Lionel Benjamin, Cellia Rose, Young Bobina (Mango Lounge)

VENDREDI 20 AVRIL 2012-Tropicana (Faculté dÁgronomie) Dès

: 9 hres pm-Journée mondiale de la Diaspora.

Thème : Ayiti bezwen diaspora.

-Mass Konpa (La Colline Hotel, St Marc)

-Trioli, Wooly St Louis, Philippe Augus-tin (Stanley Club) Dès : 8 hres pm

-Ju Kann (Press Café) De : 9 hres pm à 11 hres pm

-Pyjama Party (Manhattan Club, rue Grégoire P-ville) De : 9 hres à 11 hres

SAMEDI 21 AVRIL 2012-Tropicana (Club International)-Jusqu’au sam.21 avril, Atelier sur

l’œuvre de Jacques Stephen Alexis animé par Nehemy Pierre (BMC)

DIMANCHE 22 AVRIL 2012 -Festival des instruments de la

famille des bois (Auditorium Ste Rose de Lima) dès 12 hres 30

-Concert de Bless avec Teck-nonvox, Gospel Kreyol, (Plazza 60) Dès : 4 hres pm Info : 3809-6350 / 4640-9477

Le rappeur américain Tupac, décédé en 1996, est revenu dimanche soir à la vie sous la forme d’un hologramme, des images virtuelles en trois dimensions, sous les yeux ébahis du public du festival de musique de Coachella, en Californie.

Dans une vidéo de ce concert, qui a fait le buzz sur internet, on voit Tupac, une des principales figures du rap des années 90, émerger sur scène torse nu et portant un pantalon blanc. Le légendaire rappeur a même salué son public en lançant : «Ca va Coachella?», avant de reprendre deux de ses grands succès, «Hail Mary» et «2 of Amerikaz Most Wanted», accompagné des rappeurs Snoop Dogg et Dr. Dre.

Cette étonnante représentation animée de Tupac a été créée par Digital Domain Media Group Inc., une firme américaine déjà récompensée par un Oscar en 2008 pour ses effets spéciaux dans le film L’Etrange histoire de Benjamin Button. Dr Dre est entré en contact avec eux il y a un an, raconte le Wall Street Journal, afin de réaliser cette nouvelle prouesse technique qui a demandé quatre mois de travail. Ils précisent notamment que, contrairement à ce que l’on pense, il ne s’agit pas d’un hologramme (forcément en 3 D), mais d’une image en deux dimensions.

Cette apparition pourrait préfigurer une vaste tournée cet été. Des représentants de Dr. Dre et de Snoop Dogg, autres icônes du rap américain encore vivantes, réflé-chissent actuellement aux modalités d’une telle série de concerts, a indiqué au Wall Street Journal une personnalité proche des discussions. D’autres légendes du hip-hop, Eminem et 50 Cent notamment, pourraient participer à ces résurrections virtuelles de Tupac, qui seraient organisées dans des stades, a précisé le quotidien financier.

Tupac Amaru Shakur, on le rappelle, est mort à l’âge de 25 ans après avoir été la cible de quatre coups de feu à Las Vegas. Son assassinat n’a toujours pas été élucidé. Il avait vendu au moins 75 millions de disques dans le monde.

Tupac ressuscité

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317 avril 2012No 608

Buzzpar Daphney Valsaint

La Radio nationale fête ses 35 ans

Dans le cadre de la célébration de ses 35 ans d’existence, la Radio nationale présente le Gala de re-trouvailles au Ritz Kinam II le 22 avril 2012 à partir de 8h Pm. L’animation sera assurée par les groupes Ram et Djakout # 1. Le champagne devrait couler à flot pour l’occasion.

4e édition du festival Mizik Saint-Marc

Du 20 au 25 avril, Saint-Marc accueillera la 4e édition du Festi-val Mizik. Organisé sur le thème « Saint-Marc pare pou l dekole », le festival prévoit un mélange de tous les genres musicaux, du sport et des conférences-débats. Le vendredi 20 avril, Ayiti Deploge, avec sa pléiade de jeunes artistes, lancera dans la soirée les festivités. Le samedi 21 avril, un grand festival public réu-nira sur le même podium plus d’une

douzaine de groupes musicaux. Le dimanche 22, avril on se retrouvera sur la plage avec plus de 6 autres formations musicales. Plus d’une quinzaine de groupes dont quatre de St-Marc et divers artistes solos composent le line-up de cette 4e édition du Festival Mizik St-Marc.

Deuxième volume de « KREYOL CHANTE KRETOL KONPRANN »

Le deuxième volume de « KREYOL CHANTE KRETOL KONPRANN » de Roosvelt Saillant connu sous le nom de B.I.C est an-noncé pour le mois de juin. Il com-portera des titres à caractère social, romantique et autres. « Kole zepòl », « Sousi », « prensip sou prensip », « Kè klete », « nou byen mal », « Alekile », sont autant de titres que l’on retrouvera sur cet album. De nombreux artistes-poètes ont contribué à la production de cette œuvre. On retiendra entre autres Lionel Benjamin, Emeline Michel,

Saillant Tracy Victoria, Herby François, Steeve Khe, Frantz Benjamin, Mandela, Master Luck, André Fouad, Shedlin, Alva-rez Sanon, Rutshelle Guillaume et Neysa Richmond.

Compas festival 2012 est lancéLa 14e édition du Compas festival se

tiendra le samedi 19 mai à Bayfront Park à Miami. En cette occasion, toute une sé-rie d’activités est prévue. Le jeudi 17 mai, Carimi et T-Micky joueront à Hollywood Live. Le vendredi 18 mai, Carimi, Kreyol La, Mika Ben, Harmonik, Alan Cave et Nu-Look performeront à Club Space tandis que Tropicana et Djakout seront à Revo-lution Live. Le 19 mai une soirée Zouk v. Konpa se fera avec Dj Stakz à Moca Cafe & Lounge. Le 20 mai, les groupes Harmonik, Kreyol La et Nu-Look seront à Cafe Iguana. En cette même soirée, Bingo Night se fera à Moca Cafe & Lounge avec Kako qui sera accompagné pour l’occa-sion de J. Perry, Wanito et TPO. Le 21 mai, Gabel et Djakout clôtureront l’évène-ment à Moca Cafe 7 Lounge tandis que Carimi et Disip seront à Hollywood Live.

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4 17 avril 2012No 608

Ma peinture doit beaucoup à ma pra-tique artisanale, particulièrement dans le choix des moyens, sciure de bois, marc de café, sable. En 2004, j’ai habillé deux reines de carnaval avec des robes recy-clées et au carnaval Soley Levé de 2006, nous avons réalisé de grands oiseaux avec des structures métalliques et du satin. J’ai ouvert la collection Vêvê avec Félicia Dell pour le carnaval des fleurs. S.J (conversation aux Ateliers Jérôme).

Notes biographiquesSébastien Jean est né le 17 mars 1980

à Thomassin. Artiste peintre et sculpteur autodidacte, encouragé par sa mère, il commence dès l’âge de 13 ans à dessiner et à peindre, principalement sur tiges de bambou. En 2004, Il abandonne la pratique de la peinture artisanale pour risquer l’expérience artistique de la peinture sur toile. Dès lors, sa sensibilité trouve le ton. La pratique des masques, costumes et décors de carnaval semble avoir nourri son goût du fantasmatique. Animé d’une grande énergie potentielle et d’un imaginaire libre et actif, Sébastien découvre un champ de représentation qui lui permet d’exprimer profondément son ressenti, celui du bestiaire anthropo-morphe. Image dérangeante, dont il tire le maximum de ressources expressives. Un univers singulier peuplé de monstres prédateurs, d’oiseaux de proie, de fan-tômes errants. Une vision spectrale d’un monde tourmenté.

Accompagné dans son parcours par des artistes et professionnels d’horizons différents (Félicia Dell et Michel Chatai-gne, créateurs de mode, Mario Benjamin, artiste plasticien de renom, Christian Raccurt et Reynal Lally, collectionneurs), Sébastien, très tôt, se retrouve sur la scène internationale : Fondation Agnès b à Paris, 54e Biennale de Venise, Global Caribbean III au Cultural Haitian Center de Miami. Des séjours consécutifs en résidence de création à la cité des Arts à Paris et à Limoges consolident ses acquis. Ses sculptures sont réalisées à partir d’objets de récupération. Il peint volontiers des toiles de grand format et a mis au point une technique originale en associant du noir de fumée à la couleur,

Sébastien JEANRetracer une cartographie du chaos

donnant à ses tableaux un clair-obscur très particulier. (C.Raccurt, résumé bio-graphique)

Repères1999 – 2004 Travaux artisanaux de

peinture sur tiges de bambou2008 Exposition collective entre Haïti

et Afrique, Institut Français d’Haïti 2009 Première grande exposition

individuelle, Institut français d’Haïti du 4 au 31 décembre. Mario Benjamin, commissaire.

2010 Bourse de « Culture France » pour une résidence au couvent des Recollets à Paris (avril-mai)

« Arte America », Miami en Floride (26 au 29 mars) organisée par la galerie Marassa,

« Saint-Soleil – Malraux », Galerie Monnin, Pétion ville organisée par l’Insti-tut français et l’ambassade de France en

Haïti à l’occasion de la visite officielle du Ministre français de la culture, Frédéric Mitterrand (26 juin – 11 juillet),

« Un fond noir et un fond blanc » duo avec Manuel Mathieu organisée par la Galerie Monnin à Pétion ville du 31 juillet au 15 septembre,

« Vibrations Caraïbes », Musée Mont-parnasse, Paris, du 5 au 14 novembre.

2011 Exposition individuelle à la galerie Egrégore à Marmande (France) du 21 janvier au 30 avril une série de toiles et de sculptures titrée « Le regard du Loa ».

Art Fair Gallery, New York, du 11 au 15 février, Galerie Bourbon Lally,

Participe à une exposition collec-tive à Paris, du 8 avril au 18 mai : « Haïti Royaume de ce monde », en hommage à Jean-Michel Basquiat et Edouard Glis-sant, coproduction du Fonds de dotation Agnès B et de l’Institut Français. Commis-sariat, Giscard Bouchotte. Exposition qui

sera ensuite itinérante : Pavillon haïtien de la 54e Biennale de Venise avec le Service culturel de l’Ambassade d’Haïti à Paris (4 juin au 27 novembre 2011), Centre culturel Haïtien de Miami avec la Haitian Cultural Arts Alliance (décembre 2011).

Résidence, exposition, atelier au Vieux Château de Vicq sur Breuilh (France) du 17 septembre au 8 octobre 2011, réalisés en partenariat du festival des francopho-nies en Limousin.

Exposition Rituels et imaginaires de Caraïbe en Martinique du 31 octo-bre au 10 novembre, dans le cadre du colloque organisé par le Conseil Régional Mythes, croyances et religions dans l’art contemporain de la Caraïbe. Commissa-riat de la participation haïtienne, Mireille Pérodin Jérôme, Les Ateliers Jérôme.

Exposition Transe figuration en duo avec le plasticien Guyodo, Les Ateliers Jérôme, Haïti (16 déc. 2011-20 jan 2012)

Lequel d’entre vous ne connait pas cette personne particulière sur qui on peut compter en tout temps ? Celle qui nous comble de prévenance, pour qui on n’a pas d’histoire cachée ? Certainement, cela vous fait penser à quelqu’un. Un ami d’enfance, un camarade.... Un tel sujet sur l’amitié n’a rien d’extraordinaire. Mais, K-Zino a su trouver les mots simples, adé-quats qui plaisent à l’oreille et qui propo-sent une autre définition de l’amitié.

A peine sortie officiellement le lundi 9 avril sur Radio One, particulièrement à l’émission de Carel Pèdre, ChoKarelLa, les réactions autour de « Yon bon zanmi » pleuvaient sur les réseaux sociaux. Amis et fans du groupes approuvent cette déjà chanson écrite par Ricky, ex-maestro de Toxic, qui a rejoint cette équipe il y

« Yon bon zanmi » un bon pion pour K-Zino

Les dés sont jetés à nouveau. K-Zino sort, il y a une semaine, un nouveau single qui annonce son tout premier album. Après une longue période sabbatique et pleine de péripéties, la bande à Gérald Chéry nous revient en pleine poire avec « Yon bon zanmi ». Chanson riche et captivante, texte fluide. Bref, une musique du genre à frimer dès la première audition.

a moins d’un an, « désintoxiqué », pour une aventure plus que prometteuse.

Pourtant, on n’a pas eu de nouvelles de K-Zino cela fait un bail. Certains se demandaient même si le groupe existe encore. Pendant cette période, beaucoup de choses se sont passées. Comme l’ac-cident du chanteur vedette du groupe, Gérald, en décembre dernier, des chan-gements au niveau de staff directeur et bien sûr, l’acquisition de ce nouveau musicien. Pour ce nouveau départ, rien n’est laissé au hasard. Le compositeur de tube « Histoire Cachée » met sans doute la chance de leur côté un peu plus. Chance ? Disons plutôt le talent. Conju-gué à ceux des jeunes musiciens de cette jeune équipe. Contrairement au Casino de Cercle, où les joueurs jouent les uns

contre les autres. « Yon bon zanmi », le single n’est ce-

pendant pas le premier travail de K-Zino. « Ann di non » et « Kite m renmen w », les deux premiers test-pressing du groupe, n’ont pas cassé trois pattes à un canard, et du fait, n’ont pas permis au grand public d’apprécier le groupe à sa juste valeur. Ironie du sort, ils ne figureront pas sur l’album. Maudits soient-ils !!

Pour l’heure, le groupe s’ingénie et s’éreinte à finaliser cet album dont on se taira de donner d’informations pour le moment. Ils bossent dur, les gars. Il suffit de suivre les tweets de certains d’entre eux, notamment, Yves Gérald Chéry, a.k.a Gérald K-zino, pour le comprendre. Et ce, malgré leurs activités professionnelles respectives.

S’ensuivra, dans les prochains jours, un autre test-pressing signé K-Zino, clip à l’appui. Entre-temps, « Yon bon zanmi » fait le tour du cadran. K-Zino promet un nouvelle flavor, une sonorité nouvelle et authentique. Il n’est que d’attendre. Attendre que K-Zino gagne ce pari. Sur les scènes dans les cœurs.

Joël Fanfan

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517 avril 2012No 608

A l’occasion de la commémora-tion du 209e anniversaire de la mort de Toussaint Louver-ture, Mass Konpa était invité en république voisine pour

animer la semaine de Toussaint Louver-ture.

C’est REAH 10 (Rassemblement des Etudiants Amants d’Haïti & ses 10 dépar-tements qui a organisé cette fête pour la 5e fois consécutive au club Codia/Padre Billini con Arzbispo Merino, zona Colonial.

Le groupe devait laisser Port-au-Prince le vendredi 13 avril 2012 dans la matinée à destination de Santo Domingo pour animer dans la soirée un premier programme à Santiago et le lende-main, samedi 14 à la capitale, une autre soirée à Capital, mais, à cause d’une très mauvaise planification des organisa-teurs, Mass Konpa a laissé Haïti très tard dans l’après-midi du vendredi 13 dans des conditions difficiles, et on avait déjà annulé le programme de Santiago.

Finalement, c’est la soirée de samedi 14 qui a eu lieu, à Codia. Mass Konpa a commencé à jouer vers les 1h 30 am après l’arrivée du député Gracia Delva dans le club. Dès son arrivée, comme en Haïti, le public a envahi pour le toucher, lui parler et se faire prendre en photos avec lui. « Lanmou chanje katye », grâce à une bonne sonorisation manœuvrée entre autres par Gary St-Joie et Junior, fut la première chanson exécutée à cette soirée, que les gens n’ont pas manqué d’applaudir. Tout de suite après, c’était l’occasion pour le député Gracia Delva - dont le bureau supportait l’activité - de lancer quelques mots élogieux à l’égard du héros national Toussaint Louver-ture. Après quoi, d’autres titres comme « Qu’est-ce que la vie ? » et « Chilling » (Nap viv) ont été exécutés par les musi-ciens.

Mass Konpa en a profité pour jouer et tester plusieurs chansons de son nou-vel album dont « Jije’m », « Nada », « Sa rèd » (Aranje’w) et « Si m te milyonè ». Malgré que la République Dominicaine ne consomme pas beaucoup la musi-que haïtienne notamment le compas, les gens présents ont réagi et participé positivement. Ce qui est une bonne note pour ce groupe.

Et pour montrer qu’ils avaient préparé ce tour à Saint-Domingue, les musiciens de Mass Konpa ont interprété avec un petit zest de meringue la chanson à succès de Superstar de New York que Feliz Cumbe avait interprétée de façon

Mass Konpaétait à Saint-Dominguepour la semaine de Toussaint Louverture

magistrale. Pendant que le groupe offrait un

medley de « Yo remele », « 5 Dwèt », plu-sieurs individus, des Haïtiens, ont lancé des bouteilles à l’intérieur du club Codia vers les 3h 15 am, ce qui avait sans doute poussé Gracia Delva à enchaîner avec des extraits des morceaux de Phantom’s et de Zenglen dont « Se vagabon ki gou-men nan bal » et « Djòl pwès pa vi n gate bal la », nèg ki pa gen papye ki goumen nan bal, rele imigrasyon.

Signalons que Frérot Jean-Baptiste, l’autre chanteur du groupe, était absent à ce tour effectué par Mass Konpa à Santo Domingo. Il trouve aux Etats-Unis pour des raisons personnelles.

En définitive, malgré l’annulation d’un des deux programmes à Saint-Domin-gue, celui du samedi 14 avril 2012, en dé-pit de sérieux problème d’organisation, et malgré qu’il ait été troublé d’un léger incident, fût une réussite. Mass Konpa a bien joué, le public était satisfait. Tou-tefois, les organisateurs n’ont pas eu de très bonnes notes à cause de beaucoup d’imperfections. Espérons que REAH 10 fera mieux l’année prochaine pour la 6e édition de la semaine de Toussaint Louverture.

Rappelons que Toussaint Louverture, né le 20 mai 1743 et mort le 7 avril 1803 au Fort de Joux, en France, notre héros national, est l’homme qui a déclaré ceci : « En me renversant, on a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté des Noirs ; mais, il repoussera par les racines parce qu’elles sont profondes et nombreuses. »

Gilles Freslet République Dominicaine

Page 6: Roberson Alphonse, un journaliste né

6 17 avril 2012No 608

Qui est Roberson Alphonse ?Je suis né le 1er juillet 1976, à la rue

Volcy, un petit quartier à Site Solèy qui s’appelait à l’époque Cité Simone. Mon père était militaire, originaire de Lasca-hobas, et ma mère une paysanne qui a migré à Port-au-Prince. Ils se croisés dans cette ville qui à mes yeux est comme un creuset, un espace où tout se mélange, où tout se brasse pour donner des parti-cularités. Je suis marié depuis 13 ans. Je suis père de 3 filles, dont une adoptée. Je suis journaliste de formation.

Parle-nous de tes débutsPlus jeune, j’ai fait un bout de carrière

en tant qu’officier de police. De cette expérience, j’ai tiré beaucoup de choses. Cela a formé mon caractère mais m’a aussi apporté beaucoup déceptions et de désillusions. J’étais encore policier quand j’ai décidé de devenir journaliste. Abandonner la police pour passer à autres choses m’a causé un peu de peine, mais surtout beaucoup d’excitation.

Quels sont ceux qui t’ont initié au journalisme ?

En tant que passionné du métier de journaliste j’ai rencontré Ady Jean-Gardy, qui est aujourd’hui chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Il dirigeait à l’époque le Centre haïtien de formation des journalistes. Je lui ai parlé de ma passion pour le métier. Il m’a préparé des cours que j’ai pris alors que je travaillais encore dans la police. Il a supervisé ma progression. Au bout de mon deuxième devoir, il m’a dit : « Tu es un journaliste né. Tu as ça dans le sang. » Jean-Gardy m’a mis en contact avec Clarens Fortuné, qui était à l’époque ré-dacteur en chef du journal Le Matin. Mais je ne suis pas prêt de l’oublier car il a joué un rôle très important dans ma carrière. Il est un de mes mentors.

Peux-tu retracer pour nous ta car-rière en tant que journaliste ?

Avant ma rencontre avec Clarens, j’avais déposé un article à la réception du Nouvelliste. C’était une analyse de l’affaire de Carrefour-Feuilles, une exécu-tion sommaire de plusieurs personnes par des policiers. J’avais analysé l’aspect psychologique de l’affaire. Ce texte a été publié le 14 novembre 2000. J’en étais vraiment heureux. Je me suis dit qu’il me fallait continuer sur cette même lan-cée. Et depuis, ça ne s’est jamais arrêté. J’ai publié mes textes dans le journal Le Matin. Au cours de mon expérience au sein de ce journal, j’ai pu voyager avec d’autres journalistes haïtiens. J’ai suivi des séminaires et participé à une formation au FIU (Florida International University sur la couverture d’élections. En 2002, j’ai décidé de me consacrer essentiellement au journalisme. A la fin de cette même année j’ai été appelé par Guy Jean pour diriger la salle des nou-velles de Tropic FM. J’ai dû laisser tomber très vite en raison de la tension politique. A l’époque, il fallait à tout prix prendre position contre ou pour le pouvoir en place. Or, je suis d’avis que le journaliste doit pouvoir s’exprimer librement sans pour autant être forcé de se ranger dans un camp. Après avoir démissionné de Tropic FM, je me suis occupé d’un petit business à moi pour prendre soin de ma femme et de mes enfants. En 2005, mon ami et autre mentor, Pierre Mani-gat Junior, m’a demandé de rejoindre l’équipe du Nouvelliste. Et c’est la plus grande école que j’ai jusqu’ici fréquen-tée. Je me suis mis à apprendre, à foncer. Je n’ai jamais rechigné à faire mon travail. Suite au départ du président Aristide, je me suis occupé des articles concernant l’insécurité. J’ai été le seul journaliste à avoir accepté d’aller rencontrer Amaral Duclona à Cité Soleil. J’étais alors accom-pagné de mon collègue Louis François, lui aussi journaliste. Très vite, la passion du métier et le désir de faire ce que les autres ne faisaient pas m’ont porté sur des fronts qui m’ont valu des qualificatifs de journaliste franc-tireur. J’ai gravi les échelons, et en 2007, Frantz Duval et Max Chauvet m’ont demandé de m’occuper de la salle des nouvelles de Magik 9. Ce

Roberson Alphonseun journaliste né

Faire passer de l’autre côté du micro un journa-liste du calibre de Roberson Alphonse est aussi stres-sant que captivant. Tout en ayant une plume bien inspirée Roberson est aussi bon orateur. Loin d’être de ceux qui parlent pour ne rien dire, dès sa première réponse, il semble avoir fait le tour de mon questionnai-re. Pourtant, on bavardera pendant plus d’une heure. Car des expériences, il en a fait; des leçons, il semble en avoir appris aussi. Et fidèle à son métier, il déborde du désir de partager. Ma première impression de Roberson hors du boulot, je l’ai à Presse Café, à un buf-fet chinois. Sa réputation de grand-mangeur l’ayant précédé, je m’attends à être étonnée. Je le fus effecti-vement. Mais pas dans le sens attendu. Après avoir picoré dans son assiette, il conclut: « Je mange peut-être beaucoup mais je ne mange pas de tout! ». Ce qui fut tout à son honneur! Au fil des mois, j’ai compris qu’au-delà de ses blagues grivoises et de son appa-rence négligée, Roberson Alphonse est un profession-nel méticuleux et amoureux de son métier. Après 2 mois d’absence durement ressen-ti, il reprend sa place dans le coeur des auditeurs de Magik 9 et des lecteurs du Nouvelliste et ouvre le sien à ceux de Ticket!

Faire passer de l’autre côté du micro un journa-liste du calibre de Roberson Alphonse est aussi stres-sant que captivant. Tout en ayant une plume bien inspirée Roberson est aussi bon orateur. Loin d’être de ceux qui parlent pour ne rien dire, dès sa première réponse, il semble avoir fait le tour de mon questionnai-re. Pourtant, on bavardera pendant plus d’une heure. Car des expériences, il en a fait; des leçons, il semble en avoir appris aussi. Et fidèle à son métier, il déborde du désir de partager. Ma première impression de Roberson hors du boulot, je l’ai à Presse Café, à un buf-fet chinois. Sa réputation de grand-mangeur l’ayant précédé, je m’attends à être étonnée. Je le fus effecti-vement. Mais pas dans le sens attendu. Après avoir picoré dans son assiette, il conclut: « Je mange peut-être beaucoup mais je ne mange pas de tout! ». Ce qui fut tout à son honneur! Au fil des mois, j’ai compris qu’au-delà de ses blagues grivoises et de son appa-rence négligée, Roberson Alphonse est un profession-nel méticuleux et amoureux de son métier. Après 2 mois d’absence durement ressen-ti, il reprend sa place dans le coeur des auditeurs de Magik 9 et des lecteurs du Nouvelliste et ouvre le sien à ceux de Ticket!

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717 avril 2012No 608

que j’ai fait avec le plus grand plaisir.

As-tu déjà été honoré pour ton travail ?

En 2008, j’ai reçu une plaque du ministère du Tourisme pour mon effort à faire la projection d’une image posi-tive d’Haïti. J’ai été, avec un autre ami, Patrice Manuel Lerebours, l’un des fers de lance d’un projet consistant à présen-ter l’autre pays, à savoir voyager dans les provinces et présenter ce que nous avons de beau. En cette même année, j’ai été désigné Ambassadeur de l’envi-ronnement au même titre que plusieurs autres artistes dont le président Michel Martelly, chanteur à l’époque. En 2009, j’ai reçu le prix du meilleur journaliste haïtien de l’Association des Journalistes. Puis, il y a eu le tremblement de terre qui a brisé tellement de rêves et de plans! Il a aussi repoussé des frontières. Depuis cet évènement, je dis souvent que je suis devenu un autre homme. J’y ai survécu, contrairement à d’autres. Je me suis dit qu’il me fallait trouver un sens à cela. Et depuis, je m’adonne à mon métier avec encore plus de passion, sans concession et avec l’envie de changer des choses qui sont très lentes à changer.

D’un point de vue tout à fait per-sonnel, comment qualifies-tu Rober-son Alphonse ?

Obèse, négligent, grand-cœur et passionné. Mais aussi curieux, généreux et soupçonneux, ce qui, tout en étant un atout sur le plan professionnel, est un véritable handicap en ce sens qu’il peut pourrir les relations, surtout avec les femmes.

Est-ce le fait que tu as été élevé par un père militaire qui t’a poussé à être policier ?

Aucun rapport ! Être policer était avant tout un moyen de prendre soin de ma famille qui était dans une précarité extraordinaire. J’ai abandonné tellement de choses pour pouvoir gagner un peu d’argent pour subvenir aux besoins de ma famille. Et aussi, je voulais aider, parce qu’à cette époque (1996), il y avait une véritable passion pour aider. L’armée venait d’être démobilisée et on croyait tous qu’on avait une mission.

De policier à journaliste, c’est un parcours bien atypique… Comment la transition s’est-elle faite ?

Cela a été très simple. J’ai toujours eu un faible pour la littérature et les sciences sociales. La transition s’est faite parce que j’avais décidé de servir avec la même détermination, mais ailleurs. Mais le métier de policier est un métier qui me marque encore aujourd’hui. Il m’a aidé à former ma personnalité et m’a même rendu philosophe. Il m’a permis de rentrer dans les dédales de la vie d’où l’on sort forcément grand en dépit des blessures. En parlant de blessures, je fais référence au fait que ce métier permet d’aller au contact du bon et du mauvais. Tu vis un stress au quotidien qui peut tout autant te détruire ou forger ta

personnalité. Cela m’a causé des troubles de sommeil assez importants accompa-gnés d’horribles cauchemars. Je me suis tourné vers le journalisme avec tout ce bagage. Certains disent que je suis un journaliste franc-tireur, que je n’ai pas peur d’affronter des choses et que je vais droit au but sans frayeur. Ils se trompent ; au contraire, la peur est toujours là. Mais l’envie désir d’aller au bout des choses est souvent plus présente.

Il y a de nombreux autres métiers qui permettent de servir. Alors, pour-quoi le journalisme ?

Écrire est tout ce que je savais faire. Et jusqu’à présent, je ne sais pas faire autre chose. J’avais une bonne élocution et aussi cette passion. Je dois avouer que dans mon jeune âge, j’écoutais avec plaisir les infos de Clarens Renois. Jean Dominique, Michèle Montas et Liliane Pierre-Paul exerçaient sur moi une grande fascination. J’aimais aussi lire.

Tu dis ne pas savoir faire autre chose. Ce métier te permet-il donc de gagner raisonnablement ta vie ?

Il y a toujours des insatisfactions au niveau financier. Mais en tenant compte de la grille de salaire qu’il y a dans le mé-tier, je serais hypocrite et même méchant de dire que je suis parmi les mal lotis. Parallèlement, je suis aussi enseignant. J’enseigne à l’ISNAC depuis en 2007. C’est aussi une passion. Ce n’est pas l’argent

qui me motive mais plutôt le contact des jeunes et cette envie de donner et de transmettre mon savoir aux plus jeunes.

Un peu plus tôt, tu as parlé de la neutralité du journaliste. Pourtant, ne t’est-il jamais arrivé au cours de ta carrière de prendre position dans une situation donnée ?

Oui, il m’est arrivé de prendre des po-sitions. En fait, le journaliste prend tou-jours position, mais il le fait en respectant l’éthique, les genres et aussi en attirant l’attention sur certaines choses. Prenons par exemple le retour de Jean-Claude Duvalier en Haïti le 16 janvier 2011. Cela a fait tout un tollé. Certains disaient que c’était normal qu’il revienne dans son pays alors que d’autres jugeaient qu’il devait subir un procès. Et moi, je me suis dit, qu’en est-il de la mémoire ? J’ai donc soumis à mon rédacteur en chef le projet d’aller à Fort Dimanche et de produire un reportage titré « Introuvable mémoire à Fort Dimanche », où je raconte que là où le régime des Duvalier incarcérait et torturait ses opposants politiques et pro-cédait à des exécutions en masse, il n’y a plus rien qui puisse rappeler qu’à cet endroit il y a eu des atrocités et des bar-

baries. Dans ce texte, j’ai aussi recueilli les avis des gens et j’ai rapporté des propos de Duvalier qui avait abondé dans une espèce de négation de ce qu’avait été le régime de son père. Subtilement, j’avais pris une position dans cet article en sou-lignant que par rapport à Jean-Claude Duvalier, Haïti est le pays où après 1986, il y a eu une campagne de mémoire inti-tulée « Bay kou bliye, pote mak sonje » et aujourd’hui, plus de 20 ans après, « Bay kou bliye, pote mak bliye tou». Et c’était une prise de position dans un reportage, ce que l’on peut faire subtilement. En tant qu’éditorialiste aussi, il m’est arrivé de prendre des positions et de dire des choses.

Bien que subtiles, ces précisions-là ont sans doute été comprises. N’as-tu jamais fait l’objet de menaces ?

Beaucoup de menaces. Des menaces de mort même. La première menace, je l’ai reçue de quelqu’un qui m’a fait un e-mail après que j’ai écrit un article sur le trafic de la drogue dans le sud du pays. La personne avait utilisé un nom dont je me souviens encore : Paul Oklor Auguste. Il me disait dans le mail que j’étais en train de tuer les richesses du pays et qu’il espérait qu’il allait y avoir une révolution d’Haïti et que les journalistes comme moi qui étaient à la solde du Blanc seraient exterminés. J’en avais ri. Et cela n’avait nullement entamé ma volonté à conti-nuer. Mais la menace vraiment sérieuse

et caractérisée que j’ai reçue est venue d’étudiants de la Faculté des sciences humaines. Après un récit sur des casses qu’il y avait dans les parages de la Faculté d’ethnologie. Mon texte était une inter-rogation : « étudiants ou casseurs ? », qui m’a valu de nombreuses menaces. Par la suite, j’ai participé à une marche pour l’environnement organisée par Arnold Antonin. Je portais un t-shirt vert comme les nombreuses autres personnalités qui participaient à cette marche pour demander que l’on prenne en main la situation de l’environnement que l’on continue à dégrader. En face de moi, ces étudiants ont dit : « Après, ils vont écrire étudiants ou casseurs, nap koupe tèt yo. » C’était ciblé et caractérisé, mais je n’ai pas réagi. Il y a eu d’autres intimi-dations encore plus pressantes. Ils ont été jusqu’à écrire mon nom et ceux de Valéry Numa et de Jean Monard Métellus sur des murs, nous qualifiant de « jou-nalis ti visye ». Récemment, un confrère journaliste m’a rapporté que quelqu’un a dit que j’emmerde le président Martelly et qu’on finira par me refaire le portrait. Plusieurs personnes m’ont dit qu’il me fallait faire attention. J’en ai parlé à mes proches. Mais je persiste à faire mon tra-

vail avec comme objectif de continuer à dire la vérité tout en espérant que ceux à qui on dit des choses qui ne leur plaisent pas finiront par changer.

Compte tenu des fins tragiques qu’ont connu certains journalistes, n’as-tu jamais pensé à arrêter ?

C’est le rêve de ma mère, de ma grande sœur et de ma femme. Mais c’est loin d’être le mien. Être un journaliste est un choix que j’assume seul contre la volonté de toute ma famille.

Es-tu satisfait de la vie que tu mè-nes en ce moment ?

Je suis un éternel insatisfait. Après le tremblement, certains ont perdu des pro-ches. Mais il y a aussi eu d’autres pertes subtiles qui font tout autant mal. J’ai lais-sé le pays 3 jours après le tremblement de terre avec ma femme qui était blessée à la tête. L’immeuble de la maison fami-liale s’était effondré sur ma fille adoptive. Mes deux autres filles, qui étaient dans notre autre résidence à Delmas 40 B, ont survécu à la catastrophe sans aucunes blessures physiques mais traumatisées et choquées. Mes deux filles étant américai-nes, elles ont été évacuées en urgence avec ma femme. Je suis passé par la République Dominicaine pour aller les retrouver à New York. Mais je n’ai pas pu me résoudre à rester là-bas car, pour moi, vivre ailleurs qu’en Haïti m’est impossible. Partout ailleurs, je me sens étranger. Cela fait maintenant deux ans depuis que mes filles et ma femme vivent loin de moi. El-les me manquent terriblement. Je bosse pour prendre soin d’elles. Mais ne pas les avoir auprès de moi au quotidien pour les humer et jouer avec elles me manque énormément. Mon autre insatisfaction est d’ordre plutôt politique. Je suis triste de voir mon pays ainsi, avec autant d’énergies gaspillées. Quand je vois mes frères refuser avec tant de hargne de comprendre que c’est à eux qu’il revient de changer leur destin, cela m’attriste. J’arrive des fois à la conclusion que plus le temps passe, moins cela change. Je me demande des fois si j’ai fait le bon choix en revenant en Haïti. Est-ce que j’ai bien fait en choisissant de me sacrifier pour le pays au lieu de rester au chevet de ma famille ? Je sais que je suis en train de ra-ter les plus belles années de la vie de mes filles. Et aujourd’hui, j’ai comme l’impres-sion que j’ai fait autant de sacrifices pour des choses qui n’en valent pas la peine.

Le fait que tu as fait en sorte que tes enfants aient la nationalité amé-ricaine peut-il être considéré comme une garantie ou une porte de sortie ?

C’est un choix simple mais aussi égoïste et anti-national. On se dit que si on a une chance de permettre à nos enfants d’avoir accès à des choses qu’el-les n’auront pas en Haïti, il faut le faire. Pourtant, c’est un désinvestissement que l’on fait dans le pays. C’est un pragmatis-me déchirant d’accepter ou de planifier la naissance de ses enfants ailleurs qu’en Haïti. Mais on se dit que plus le temps passe moins les choses changent dans le pays. On n’a donc pas le droit de priver ses enfants de certains avantages. On espère toutefois que les lois et les acquis vont évoluer et que ces enfants à qui nous transmettons envers et contre tout la fibre haïtienne pourront retourner au pays.

As-tu jamais pensé à faire de la télé ?

Mes rares apparitions à la télévision n’ont pas été mauvaises, à en croire certains observateurs et critiques. J’ai eu l’envie. Mais elle a été rapidement refou-lée. Car j’aime passer incognito. Toute-fois, je suis fidèle au groupe Nouvelliste. Pour moi, Le Nouvelliste est le sommet. C’est peut-être un peu prétentieux de le dire, mais je considère qu’il n’y a pas de journaliste sans Le Nouvelliste. Donc si le groupe inclut également une station de télévision, on m’y retrouvera sans doute !

Propos recueillis par Daphney Valsaint Malandre

Page 8: Roberson Alphonse, un journaliste né

8 17 avril 2012No 608

je pense qu’une arme est une bêtise absolue. Avoir une arme c’est courir le risque de blesser ou de tuer quelqu’un.

Premier papierJ’étais en 4e à l’époque. J’ai eu 15 sur

20 pour une rédaction que j’avais écrite sur l’effet de la drogue. J’en ai été très fier.

Première fois à la radioC’était grâce à Jacques Maurice, un

de mes anciens professeurs, qui m’avait emmené à un stage à une émission qu’il animait sur Énergie FM. C’était extraor-dinaire de parler à la radio. Des gens qui avaient écouté me disaient : « tu as la voix. Tu as ça dans le sang. »

Première fois à la téléJ’étais au lycée. Les lycéens avaient

attaqué le collège Le Normalien, qui appartenait à M. Buteau à l’époque. Ils ont défoncé la barrière et empêché que

les cours se tiennent. Il y avait une grève de professeurs et on se disait que si les lycéens ne travaillaient pas, les élèves des écoles privées ne devaient pas le faire non plus. C’était de l’anarchie, de la bêtise pure. J’ai donné une interview à Télémax où j’essayais d’expliquer que c’était injuste que le ministère de l’Édu-cation nationale se désintéresse autant des élèves des lycées. Avec le recul, je vois que c’était une bêtise. Mais je m’étais laissé monter la tête par un professeur.

Première petite amieJ’ai eu une petite amie officiellement

à 19 ans, assez tard.

Premier amourElle s’appelle Rana Petro. J’avais 10

ans. Mon père venait de mourir et j’étais en vacances aux Cayes. Un matin, le soleil semblait briller de tous ses feux. Je me rappelle encore de l’odeur de la terre et des gouttelettes d’eau dans l’herbe. J’étais couché sur mon lit. Je voyais le grand chemin à travers un battant de la porte. Rana, qui avait 11 ans, allait chercher de l’eau sur une bourrique. J’avais l’air triste. Et elle m’a demandé si je voulais l’accompagner. J’ai grimpé derrière elle et je lui ai enlacé la taille. C’était un moment intense. Par la suite on s’est croisé à chaque fois que j’allais en vacances. Elle était belle, longiligne, avec une belle peau. Quand elle souriait c’était comme un lever de soleil. Nous étions tous deux timides. On se voyait à chaque vacances, mais je n’osais pas lui dire que je l’aimais. On a passé six années comme ça, sans que je n’ose lui dire que je l’aimais. Quand je le lui ai enfin dit, elle m’a souri. Elle n’en était pas vraiment surprise. Car elle avait senti mon regard brûler sa peau au fil des jours. Elle avait perçu le désir qu’elle suscitait en moi. Elle m’a dit qu’elle allait me donner sa réponse. La veille de mon départ, je lui ai demandé sa réponse. Elle m’a souri et m’a dit qu’elle n’y avait pas pensé. Je fus vraiment déçu. Je suis effectivement parti le lendemain. Elle est sortie sur le pas de la porte et m’a regardé monter à bord du camion qui devait me rame-ner à Port-au-Prince. Ce fut un chagrin d’amour terrible. Les années suivantes, je ne suis pas retourné en vacances. On s’est recroisé à Port-au-Prince. J’avais 19 ans et déjà 3 femmes dans ma vie à l’épo-que. Au cours d’une conversation, je lui ai dit que je l’aimais tellement que je ne pense pas pouvoir y arriver encore. Elle m’a dit pourquoi ne pas essayer. On a ef-fectivement essayé. Cela n’a duré moins qu’un mois. Elle ne savait pas que j’avais d’autres filles dans ma vie. Pendant que j’étais avec Rana, j’ai rencontré Shirley, que j’ai par la suite épousée. J’ai avoué la vérité à Rana. Il paraît qu’elle avait mal vécu ça. J’ai ouï dire que cela lui avait même valu un séjour à l’hôpital.

Premier baiserA 9 ans. Chez moi.Première relation sexuelleC’était encore à 9 ans. Mais la vraie

relation c’était à 19 ans.

Première infidélitéJe suis infidèle. C’est mon plus grand

défaut. J’avais 19 ans quand ça avait commencé. J’avais 3 petites amies. Aucune d’elles ne connaissait l’existence de l’autre. Et pourtant, je n’ai pas le physi-que, hein !

Première grande déceptionQuand j’ai appris que je ne pouvais

pas avoir d’enfant avec facilité à cause d’une varicocèle.

Première voitureUne Honda Civic noire que j’ai acheté

le 5 octobre 1999.

Première grande joieLa naissance de Natania, ma première

fille, après 7 ans de mariage. Ce fut im-mense. Je n’avais jamais ressenti quelque chose du genre avant.

Première bastonnadeJe ne peux pas parler de première

bastonnade. Mais je peux citer certaines corrections mémorables que j’ai reçues. J’avais environ 8 ans à l’époque. Il y avait une camionnette qui sortait de mon quartier pour aller en ville. Avec d’autres jeunes du quartier, j’avais l’habitude de monter à l’arrière du véhicule, histoire d’aller faire un petit tour. Un beau jour, le chauffeur nous a abandonnés au beau milieu du centre-ville. Nous nous som-mes perdus et nous avons dû demander notre chemin. Je suis arrivé chez moi à 11 h du soir. Je racontai fièrement mes exploits à mes parents. Mais ces derniers m’ont administré une raclée légendaire. Peut-être était-ce l’émotion ou simple-ment la joie de me revoir… Une autre fois, j’ai jeté de la nourriture. Ma sœur, qui m’a vu faire, l’a rapporté à ma mère. Celle-ci a récupéré la nourriture de la poubelle, me l’a fait manger et m’a battu.

Une autre fois encore, j’avais été jouer au football sur la place Immaculée. On m’a dit : « voici ta maman. » Je me suis caché mais elle avait eu le temps de me voir. Elle a dit : « Roberson Alphonse ! – signe que ça allait vraiment mal pour moi – mwen wè w. Pita na regle sa ». Elle est revenue du centre-ville vers 4 h 30, m’a donné à manger et m’a parlé norma-lement. Au moment où je me suis cru totalement tiré d’affaire, elle m’a lancé : « Ou sonje nou te gen on dèt ?»

Premier fusilLa première fois que j’ai touché à une

arme, j’étais encore gamin. J’avais 12 ans. Il y avait un militaire qui habitait mon quartier qui m’a laissé touché son fusil. Il m’a appris à démonter l’arme. C’était extraordinaire. J’aime les armes. J’aime aussi le tir en tant que sport. Avant je trouvais qu’elles avaient quelque chose de puissant et de sexy. Mais aujourd’hui,

Les premières fois de

Roberson Alphonse

Page 9: Roberson Alphonse, un journaliste né

917 avril 2012No 608

Quelle chanson te rappelle ton enfance ?

« Le téléphone pleure » de Claude François. Cette histoire d’amour boule-versante : l’enfant, la petite fille, prise au milieu, sans savoir que «ce monsieur» au téléphone est son père, est touchante.

Quelle chanson évoque le plus ta spiritualité ?

« Sa w pèdi pou sa », Boukman Ekspe-ryans. « Pèdi lavi ou se jwenn lavi ki pap jan m fini ; renmen lenmi ou wa jwenn jwa ki pap jan fini vre...oooo ...pawòl sa yo se pawòl la mèt la ki bay lavi...si w f‘el konfyans wa jwen lavi ki pap jan m fini… » Ce sont des mots forts. Une chan-son profonde que je médite.

Quelle chanson chantes-tu quand tu es triste ?

Aucune

T’arrive-t-il de bercer tes filles ? Si oui, quelle chanson chantes-tu pour les bercer ?

Oui, je les berce. Mais avec une chanson qui est tout sauf une berceuse: « Toup pou yo, de Barikad Crew. » Je les épuise et elles dorment. C’est une techni-que comme une autre !

Quelle chanson évoque chez toi un souvenir particulièrement agréable ?

« Toi et moi », une chanson de Charles Aznavour.

Y’aurait-il une chanson qui évoque chez toi un souvenir tout à fait désa-gréable ?

“Damballah wè do”, Martha Jean-Claude. J’avais six ans, j’ai failli prendre une raclée en chantant cette chanson à la maison en revenant de l’école un vendredi. Ma maman, voudouisante fraîchement convertie au protestantisme, était plus qu’offensée.

Quelle chanson te rappelle le plus Haïti quand tu es en terre étrangère ?

« Si w al an Ayiti », Guy Durosier. Star dans les années 60, Guy Durosier portait Haïti dans son cœur. « Si w al an Ayiti wa ale wè manman m wa di se pa vre mwen pa nan dwòg, dwòg mwen se peyi m, dwòg mwen se bèl fanm. » Guy, né à la rue Montalais, avait immortalisé cette rue. Son patriotisme était contagieux.

Quelle chanson pourrais-tu écouter toute une journée sans te fatiguer ?

« Merci », de Ansy et Yole DéroseY’a-t-il une chanson qui te touche

au point de te faire pleurer ?« Marchand de rêves », de Corneille.

Homme d’un pays du Sud, je souffre du déchirement. Ceux d’ailleurs manquent. Leur absence pèse. Lourdement au point que l’on rêve de leur retour.

Y’a-t-il une chanson qui te permet de te calmer ?

« Erzulie », Boukman

Y’a-t-il une musique originale d’un film que tu aimes ?

« La Bo » de Pochahontas

Une chanson particulière qui t’a marqué et qui te marque encore ?

« Hymne à la jeunesse », Ansy Dérose

Tu n’es certes pas chanteur, mais y a-t-il une chanson dans laquelle tu te

Roberson Alphonse en chanson

Ayiti Deploge

retrouves au point d’imaginer qu’elle aurait pu être de toi ?

“Someone like you”, de Adele.

Propos recueillis parDaphney Valsaint Malandre

Page 10: Roberson Alphonse, un journaliste né

10 17 avril 2012No 608

Haitian Compas Festival et Al Haitian Festival se jettent dans la bataille en vue d’avoir plus de participants à leur festival que présenteront respectivement Noël & Cecibon et Pedro Lucky.

En effet, le samedi 19 mai 2012, l’État de Floride aura droit à deux festivals. L’un à Bayfront Park Amphitheatre in Down Miami, dans le sud, Haitian Compas Fes-tival, 14ème édition ; l’autre, Al’s Haitian Festival, à Broward Regional Park, dans le nord de la Floride.

A environ un mois de la tenue de ces deux événements, les organisateurs livrent une bataille sans merci dans les médias notamment en termes de campa-gne promotionnelle en vue d’attirer la grande foule le 19 mai.

Pour Haitian Compas Festival, des groupes musicaux comme Harmonik, Tropicana, Carimi, Djakout #1, Kreyòl La, Nu-Look, Gabèl et Disip sont retenus pour se produire à ce festival.

De jeunes groupes et artistes comme T-Micky, Klean, U Turn, P-Jay y participe-ront également pendant que d’autres plus confirmés tels Robert Charlot, Cubano, Jude Jean, Alan Cavé, Tifane, Larose, Belo et JPerry, BIC, Wanito seront accompagnés d’une « house band » constituée des deux compères Fabrice Rouzier et Kéké Bélizaire.

Encore une fois, comme c’est le cas

de ces dernières années, cette 14ème édition de Haitian Compas Festival sera présentée par le comédien Kako (Bingo Night) et Dj Griot de 99 Jamz’s.

Déjà, l’équipe de Compasfest dit attendre plus de 30,000 personnes à son évènement.

Compasfest, kick off & after partiesCette année encore, il y aura d’autres

affiches avant (kick off parties) et après (after parties) les festivités avec Carimi, Mikaben et T-Micky le jeudi 17 mai à Hol-lywood live. Le lendemain, vendredi 18 mai, Carimi, Harmonik et Kreyòl La vont faire la fête au club Space, Downtown.

Deux autres évènements sont prévus à cette même date (18 mai), d’un côté, à Revolution Live, Downtown, Nu-Look et Djakout #1 vont s’affronter, et de l’autre, Tropicana va vendre son compas Roussi à Moca Café, Downtown, dans le nord de Miami Beach.

En ce qui a trait aux after parties, Dj Stakz and Hi-Profyle Int’l and friends se-ront à Moca Café and Lounge le samedi 19 mai.

Le dimanche 20 mai, Nu-Look, Kreyòl La et Harmonik vont animer le public de Café Iguana de concert avec Dj Untou-chable.

Et Bingo Night ?

Guerre des festivalsen Floride le 19 mai !

Toujours le dimanche 20 mai aura lieu à Moca Café and Lounge le fameux Bingo Night du populaire comédien et MC Kako Bourjolly, JPerry, Wanito, TPO et DJ

Et pour clore en beauté cette 14ème édition de Haitian Compas Festival que présentent les deux compères Rodney Noël et Jenel Cecibon, deux programmes seront à l’affiche le lundi 21 mai 2012, d’abord à Moca Cafe and Lounge, c’est Djakout #1 et Gabel qui seront à l’hon-neur ; ensuite, Carimi et Disip de Gazz-man Couleur vont partager ensemble le podium de de Hollywood Live.

Al’s Haitian Festival mobilisé!L’équipe de Pedro Lucky met tout

son poids dans la balance afin de faire bonne recette ce samedi 19 mai à son Al Haitian Festival. Mis à part la présence des artistes haïtiens et grandes stars internationales dont Rick Ross, Sky, King Waggy T, Gousse, Dutty, Black Chiney, J-Beatz, Top Adlerman annoncés live à ce festival, des groupes musicaux (rejetés, négligés) par l’équipe de l’autre festival (Haitian Compas Festival) tels T-Vice, Mass Konpa de l’artiste-député Gracia Delva, Nou Krezi, Septentrional, Magnum Band, Suav Mizik, Koudjay et Vwadèzil se produiront pour les spectateurs de Al Haitian Festival.

Alors que l’animation musicale sera assurée par DJ AJ, Dj Paz, DJ Wicked et Dj 5 ETWAL.

Kick Off PartyLe vendredi 18, mai à Labadee Night

club, Zenglen et SeptentrionalAfter PartyMass Konpa et T-Vice le 20 mai, à

Labadee Night club.En tout cas, fanatiques et mélomanes

en quête de plaisir seront gâtés le samedi 19 mai en Floride, qu’ils soient dans le Sud à Haitian Compas Festival ou dans le nord à Al’s Haitian Festival.

Gilles Freslet ([email protected])

Pour son 76e anniversaire, cer-tains lui ont peut-être offert des bouquets de fleurs et d’autres l’ont sûrement couvert de

cadeaux. Mais la troupe « Comédiens et plus », du 10 au 12 avril 2012, a préféré pénétrer dans la mémoire de certaines œuvres du génie Franketienne. Rien que pour lui dire que ses travaux méritent d’être appréciés et que sa personne exige honneur et attention. Sur ce, la Fokal, l’IFH, et le Villate ont été tour à tour les sièges de chacune des soirées données par « Comédiens et plus » à l’égard du spiraliste.

Franketienne, de son vrai nom Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’ Argent, a vu le jour en avril 1936. Poète, peintre, comédien et théoricien, il a été sujet d’honneur de la semaine dernière. Pendant plusieurs heures, bon nombre de gens ont pu découvrir et comprendre une petite partie de sa personne, de ce qu’il est. Différent des autres écrivains, il évoque à travers ses œuvres diverses réalités de la vie quotidienne.

Exposition des peintures de Franketienne à l’IFH

Les textes du plasticien-écrivain-chanteur-éducateur Franckétienne, comme l’ensemble de ses peintures, semblent s’inspirer de l’imaginaire populaire. Son franc-parler frise par-fois l’arrogance et la mégalomanie. En effet, au fur et à mesure que les yeux du spectateur s’approprient le langage d’un univers visuel se voulant volon-tiers « baroque », une lueur douce et diffuse provient comme par à-coups de ces mêmes surfaces rectangulaires. Ce mercredi 11 avril, Franck, au vernissage de l’exposition à l’IFH, a présenté des peintures extraordinaires et des figures (ses œuvres) qui attirent dès l’entrée sur la terrasse de l’IFH les regards de tout un chacun, où il expose 8 tableaux dont l’un est inachevé. Ces derniers datant de l’an dernier projettent l’image de notre quotidien. On dirait qu’il partage notre amertume, qu’il vit dans l’âme du peuple haïtien. Ses peintures sont révolutionnai-

res et suscite l’admiration. Franketienne n’est pas seulement un homme de lettres ni un amoureux du métaphysique, il est aussi un voyageur. Il le prouve par une exposition de photos sur un mur éloigné de l’entrée (photos souvenirs datant de ses 17ans à nos jours).

Lecture scénique de Voix Marassa et Rapjazz

Entouré d’admirateurs, d’amis et medias, Franketienne se sent à l’aise. Ses yeux verts écarquillés, rivés sur la justesse des comédiens de la troupe, d’un air jo-vial, il assiste et écoute attentivement la projection de chaque phrase, de chaque mot. Cette lecture scénique présentée par David Mezy (fondateur et directeur artistique de la compagnie Comédiens Plus, journaliste, enseignant, metteur en scène et dramaturge), Samantha Normil (chanteuse, finaliste de Starmax 2005, membre de la troupe Haïti en Scène) et a interprété les rôles principaux dans la Cité des Lumières et les soirées cabaret)

Honneur à Franketienneun patrimoine vivant

et de Marc-Endy Simon (linguiste, jour-naliste et auteur d’un recueil de poésies : « Je ne pardonne pas au malheur »), laisse sans voix cette assistance assoiffée de théâtre.

Foukifoura, l’histoire Foukifoura, c’est l’expression d’une

certaine schizophrénie. C’est l’histoire d’un comédien persécuté par la dicta-ture, par un despote qui a été arrêté deux fois et qui, la troisième fois, sentant venir cette menace, a choisi le marronnage. Il est allé se cacher quelque part, dans une sorte de garage, un dépôt. Pour ne pas mourir parce qu’il ne peut pas sortir (le pouvoir le surveille, essaie de l’atteindre), il est obligé de faire du théâtre pour lui tout seul, chaque soir. S’il ne joue pas, il meurt. C’est comme un huis clos, c’est la solitude. Et le public qui est là, c’est comme un public de voyeurs, parce qu’il n’y a aucun contact entre le public et lui. C’est la folie débridée, mais c’est une folie lucide.

Foukifoura, la représentationOn est vendredi soir. Dans une nuit

noir bleuté, il nous reste une marge pour laisser croire que cette soirée sera spéciale : « Franketienne est à le Villate ». Cette légende vivante, qui a déjà reçu pas mal de prix, attire encore des regards sur lui et sur ses œuvres. Ce 13 avril, le Vil-late était le siège d’une trinité humaine autour de l’œuvre « Foukifoura ». David Mezy, metteur en scène de cette œuvre si baroque, met en phase toute la syner-gie que relate Franck. Il transforme le monologue de l’écrivain en une histoire de trente-deux personnages et brise la notion du temps. David présente passé, présent et futur dans un seul décor et divise en ces trois périodes Foukifoura. Sur la scène on voit, Foukifoura, l’artiste, incarné par BIC ; Foukifoura, le peintre placé un peu à gauche dans un décor de déchets pour prouver qu’il est en fuite et caché dans cet endroit où le gouverne-ment ne peut le trouver ; et Foukifoura, le fou qui partage toute la scène. Cette représentation donne l’espoir à une Haïti meilleure affirme l’Honoré, après avoir été électrifié par cette adaptation très réussie de son œuvre.

Elisée Dé[email protected]

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1117 avril 2012No 608

Mika et Lionel Bejaminà Garden Studio

Le 14 avril 2012

Grande première du filmToussaint Louverture au Karibe

Le 14 avril 2012

Notre Toussaint LouvertureJimmy jean Louis prend la parole pour remercier le public sous

les yeux d’Olivier Martelly

Jimmy Jean Louis entouré de ses parents

Stéphanie armand, Jimmy jean Louis et James Germain

Daniel Supplice, Jimmy jean Louis et Olivier Martelly

Père et fils, encore une fois, chantent en duo pour le bonheur de

plus d’uns

Youmy le gagant de Digicel Stars

2011 était aussi présent

M. et Mme Ben-

jamin!

Zigggyyyzzaag! Où était passé

Pascal de Toxic?

Page 12: Roberson Alphonse, un journaliste né

12 17 avril 2012No 608

******Comme tous les jeudis, les da-

mes de la chorale Excelsior sont ins-tallées sur la galerie, à l’arrière de la résidence du Pasteur Louisssaint. Encore une après-midi de prières pour la santé de Sœur Bernadette. Mais ce jour-là il y a de l’efferves-cence dans l’air. Bèèè… bèèè… des bêlements viennent ponctuer les cantiques chantés par les prieuses.

- Sa k gen laa, Soeur Ruth? Apa mwen wè de kabrit mare nan lakou Pastè a?

- Sœur Claudette, mwen wè kabrit yo menm jan avèk ou… kijan pou m fè konnen? répond Sœur Ruth légèrement agacée.

- Kisa nou konnen yo fè ak kabrit, medam? demande Sœur Antoinette. Kabrit boukannen! Nou fè kòm si nou pa konprann… Gen yon babako kap prepare laa sou nou. Nou pa bezwen tann envitasyon non mèdam…. Tèt mare tankou nou pa vinn nan gran dine… Si Sœur Bernadette pa t loke li t ap envite nou kan menm… Men kounye a se Denise k ap mennen… Se jennen li jennen ki fè li pa mete nou deyò deja isit la… Men, au nom de l’Eternel, la priyè a pap fini tank

Sœur Bernadette pa vinn drèt pou l reprann kontròl kay li…

- Oh Oh! Sœur Antoinette gen lè gen rezon, s’exclame Sœur Fifi de sa voix fluette, apa mwen wè gason an ap antre nan baryè a ak de kès kola sou tèt li. Gen yon bagay ka p brase nan kay la…

Soeur Jasmine, qui s’était tue jusqu’à présent, prend la parole avec autorité.

- Medam, mwen pral ba nou zen an nan bon ti mamit… Talè a, mwen pran pòz m pral bwè dlo nan salamanje a pou m te ka kontre ak Soeur Elda nan kizin nan… Nou konn jan ti granmoun sa a renmen pale… Li dim gen Blan kap vinn nan gran dine samdi swa isit la… Kabrit boukannen, bannan peze, marinad, diri a djon djon, pikliz pral pèdi la vi yo… Demen maten yo pral kòche kabrit yo pou mete yo tranpe nan bon zoranj si ak pi-man…

- Ah, si w wè Pastè Daniel ap fè tout depans sa yo, konnen gen lajan ki pra l tonbe nan kay la. Jan sa kras!

- Oh, Sœur Claudette! L’Eter-nel a dit : « Que ta bouche ne soit pas le chemin de ta perdition »,

déclare Sœur Ruth.- Amen! Amen! répondent les

autres dames en choeur.Brusquement, semblant sortir

des murs, Sœur Bernadette s’amène auprès des femmes en prière. Elle jette un coup d’œil à son éternel téléphone portable et le glisse en-suite dans la poche de sa robe. Elle porte un moumou blanc et sa tête est ceinte d’un foulard jaune. Elle s’approche de la galerie et regarde ses amies.

- Oh, bonsoir Sœur Bernadet-te! s’écrient-elles. Nou kontan wè w wi! Ala bèl ou bèl! Ou vinn fè yon ti priye avèk nou?

Sœur Bernadette demeure impassible, elle passe devant ses amies sans avoir l’air de les recon-naître, le regard vide, un sourire indéfini sur les lèvres. Arrivée à leur hauteur, elle leur pose une ques-tion:

« À quoi bon tuer le veau gras quand l’enfant prodigue ne fran-chira pas le seuil de la demeure du père? »

Sœur Bernadette s’en va en don-nant l’impression que ses pieds ne touchent pas le sol, laissant bouche bée les dames de la chorale.

- Sa l vle di la a? demande Sœur Jasmine. Sa se yon parabòl wi!

- Sa se yon pawòl piman bouk, ajoute Sœur Ruth.

- Mwen menm m pa kon-nen… dit timidement Sœur An-toinette, men kòm si m wè Soeur Bernadette pa fou jan nou kwè a.

- Wi se vre, renchérit Sœur Claudette, gen de fwa li gade m, epi

BRED

JENN

BLU

ESBR

EDJE

NN B

LUES

Episode 10 – Avril 2012

Depuis plus de deux ans, Maritza, Baby pour les très intimes, vit chez son père, le Pasteur Da-niel Louissaint. Elle a débarqué au lendemain du séisme chez ce dernier, accompagné de Steve, son jeune frère, révélant au grand jour le plus grand secret du Pasteur, sa famille illégitime. Deuxième choc sismique dans la famille Louissaint. Baby s’installe et la vie ne sera plus jamais la même pour elle et pour la famille de son père. Bredjenn ap antre sòti nan kay la, les esprits s’échauffent, les langues se délient, les personnalités se confrontent… La tension est à son comble. Bagay yo hot nan baz la!

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1317 avril 2012No 608 136 août 2011No 535

wa di mwen wè je li byen klere kòm si l ap swiv tout sa k ap pase… Piga Soeur Bernadette se sou blòf loke li ye non, medam!

- Oh, mande Seyè Mèt padon, s’exclame Sœur Rose.

- Antouka, pou you moun ki fou, Sœur Bernadette okipe kò l trè byen… Menm roze li roze bouch li… conclut Sœur Claudette qui ne veut pas renoncer à son impression.

- Sa k tonbe atè a? demande Sœur Jasmine, la plus curieuse du groupe. Elle va ramasser un objet brillant dissimulé par une plante en pot sur la galerie. Gen lè se telefòn Sœur Bernadette ki sot tonbe, li dwe gen yon trou nan pòch rad la?

- Banm sa! Sœur Claudette arrache le por-

table des mains de Soeur Jasmine. Elle jette rapidement un coup d’œil sur l’appareil. Il y a sur l’écran un message SMS que Sœur Bernadette n’avait pas encore effacé. Sœur Claudette ouvre des yeux incrédu-les.

- Tande medam! Men me-saj ki sou pòtab la : BERNADETTE MON AMOUR - J’ATTENDS NUIT ET JOUR LE MOMENT OU NOS LEVRES ECHANGERONT LE PREMIER BAISER BRULANT DE LA PASSION - AVEC TOI POUR L’ÉTERNITÉ - TI POUCHON

- Oh Jésus! s’exclame Sœur Fifi sur le point de perdre connais-sance. Apa Ti Pouchon te egziste vre? Lè nou konprann se fou Soeur Bernadette fou, gen lè li gen yon gason l ap pale nan telefòn nan tout bon wi?

- Donk, si m konprann byen, Pastè Daniel anba zoklo? demande ingénuement Sœur Rose.

- Pas encore… mais presque, répond Sœur Claudette, un sourire indéfinissable sur les lèvres.

- Se pou mirak sa a nou t ap priye, medam? questionne Sœur Ruth désemparée. Kèlkeswa jan nou vire li, le Malen enstale nan kay la. Oh mon Dieu!

- Atansyon! Atansyon Sœur Claudette! Mwen tande bwi pye Soeur Bernadette. Siman l ap chè-che telefòn nan nan tout kay la. Re-mete l menm kote ou te jwenn li an, kòm si deryen netè. Epi ann chante medam pou nou kwape Satan!

*****************

- Bonsoir, Malou. Comment se porte ma petite fleur?

Le Commissaire Michel Joseph s’assied sur la galerie de la mai-son de Tante Zette et son parfum embaume toute la maison et une partie de la rue.

- Bonsoir Michel… sakapfèt ? Ou la bonè wi, ou kite pou lòt patnè yo fè travay polis la pou wou ?

Malou porte une superbe petite robe jaune qui lui moule ses formes plantureuses. Des sandales romai-nes mettent en valeur le galbe de ses jambes. Elle a remonté ses drea-dlocks dans un chignon élevé. Son maquillage est particulièrement soigné, ses lèvres palpitent sous une couche de gloss dramatique. Le commissaire en a le souffle coupé. Il est de plus en plus amoureux de cette Malou rebelle.

- Chérie, chérie… ne me fais pas ça. Depuis notre rencontre, j’es-saie de te faire prendre de bonnes habitudes. J’aime que ma petite fleur soit distinguée… Alors ce langage de… bredjenn, s’il te plait, il est temps de le laisser tomber. Exprime-toi, ma chérie…

- Ou pa konprann kreyòl, Michel ?

- Bien sûr, je comprends le créole. C’est aussi ma langue mater-nelle. Mais actuellement cette lan-gue dérive dans une telle vulgarité que j’ai décidé de cultiver la langue de Molière.

Men zen! se dit Carole. Sa Baby-lone gen laa? Elle se tait et ne dit plus rien. Elle a déjà un plan en tête et sait comment elle va mener la conversation pour amener le com-missaire dans ses filets. Quelques longues minutes se passent dans le silence.

- Tu ne dis rien, chérie?Malou regarde son boy-friend et

soupire.- Mais qu’est-ce que tu as,

Malou. Je te trouve bien taciturne.- Mmm… rien. Malou resou-

pire.- Ma chérie, tu me troubles…

depuis mon arrivée j’ai remarqué un nuage triste au fond de tes yeux… qu’est-ce qui ne va pas?

- Mmm non… ça va… Malou regarde le commissaire et ce der-nier voit ses yeux briller à cause de larmes sur le point de couler.

- Malou!! Ma belle, ma douce Malou… Partage ton chagrin avec moi. Je suis là pour toi… tu peux tout me dire.

- Mmm… non… il vaut mieux ne pas… Je vais me débrouiller toute seule, Michel. Ça va aller… ne t’en fais pas pour moi.

- Mais Malou, tu vas me rendre fou! Tu dis que tu vas te dé-brouiller toute seule? Mais de quoi s’agit-il?

- Je… je… j’ai peur, Michel…Le commissaire est malade d’in-

quiétude. Il regarde les lèvres de Malou, ses longs cils qui tremblent, elle est si belle.

- Mais de quoi, ma chérie.

Dis-moi ce qui te fait peur. Et je te jure que je peux résoudre ton pro-blème. Tonnè kraze m, Malou!

Ha bon? W ap pale kreyol? Kounye a m konprann ou ti Michel. Malou avoue alors à son amant dans un chuchotement:

- Je suis enceinte, Michel. Oh! Tante Zette va me mettre dehors!…

- Quoi! Sa w di la a? Tu es enceinte, ma chérie? En es-tu sûre?

- Bon… je crois que oui. J’ai… trois semaines de retard. Et puis je ne me sens pas dans ma forme habituelle...

Une subite émotion coupe la parle au commissaire. Il est submer-gé par la nouvelle, il a envie de rire et de pleurer à la fois.

- Mon enfant, Malou. Tu por-tes mon enfant?

Malou répond faiblement:- Oui…- Alors je remplirai mon de-

voir, Malou! Cet enfant doit grandir entre sa mère et son père. Je suis un homme de principes. Je vais prendre toutes les dispositions, nous allons nous marier dans… un mois. Le temps de remplir quelques formalités. Tu viendras vivre avec moi, dans mon appartement. Ma-lou, Malou, tu fais de moi l’homme le plus heureux du monde! Mais attention… je suis aussi l’homme le plus jaloux du monde. A partir d’aujourd’hui, je ne veux plus que tu fréquentes tes amis… les Dady, Nico, Baby. Piga men janm tande ou mete bòz nan bouch ou! Plus question de kermesses, de festival, de ballades dans la nature. C’est avec moi uniquement que tu devras t’amuser désormais.Tu seras ma femme et je vais monter des murs d’amour autour de toi.

Kè Malou fè vap.

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14 17 avril 2012No 608

Ce dimanche 15 avril 2012, le quartier de Malik, à Péguyville, a accueilli la 80e représentation du spectacle théâtral intitulé « Ayiti

Pawòl Lapli ak Lakansyèl ». En présence de plusieurs dizaines de spectateurs, l’Atelier Toto B a, une fois de plus, attiré l’attention de la population sur l’état alar-mant dans lequel s’enlise le pays. Avec ce beau mariage de cirques, de danses et de paroles, le spectacle a fait des heureux. Récit.

Il est 17 h 30 pm. Sur le terrain de foot de Malik, plusieurs dizaines de specta-teurs : hommes, femmes et enfants, avec leurs petites chaises ou leurs banquettes, s’évertuent à se trouver une place confor-table. Ce n’est guère un après-midi des moins menaçants, mais rien ne semble pouvoir atténuer leur envie d’assister à un spectacle théâtral en plein air.

Curiosité. Suspense. Dieuvela Etienne, de sa voix débordante d’énergie, invite et motive. Ce n’est plus la maestria de « Rara Fanm », ni la maîtresse à penser de L’« Atelier Toto B » : une MC, tout sim-plement, qui anime la foule et convie à scruter le fond socioculturel haïtien jus-que dans les moindres détails et ensuite à se mêler de la partie pour changer les

Spectacle théâtral / Ayiti Pawòl Lapli ak Lakansyèl

Ayiti Pawòl Lapli ak LakansyèlLa caravane qui ne chôme pas

conditions de vie. 45 mn s’écoulent. Et les comédiens

Pascal Joseph, Joane Louijeune, Soune Wildine Méus et Martine Fidèle, sous l’animation de la DJ Sherlyne Alexis, avec entrain et savoir-faire, enfourchent leur cheval de bataille et commencent bien à se faire admirer. Des cirques de toujours dans une cascade de mots captivants tirés du vernaculaire haïtien. La musique est provocatrice, ajoutée à des gestes et des pas de danse percutants ; l’ensemble relate, à cor et à cri, des moments som-bres de notre histoire : séisme, pauvreté, reconstruction, accès à l’eau potable, égocentrisme.

Les faits, pompeusement assaisonnés selon l’inventivité de la metteure en scène, Dieuvela Etienne, tiennent le pu-blic en haleine. Tout y est pour pousser le public à exercer une réflexion critique et à être prudent, voire vigilant, sur tout ce qui se passe sur la scène sociale et poli-tique haïtienne. L’énergie des acteurs est envahissante, contagieuse et fait trépider de patriotisme. Sauts acrobatiques, voix qui se succèdent puis s’entremêlent avec dextérité et harmonie dans un élan hors du commun.

L’atmosphère est agréable. Le public, assoiffé de loisirs sains, trouve bien des raisons de vivre, de partager, de changer, d’espérer et ne cesse d’applaudir. La mise en scène est prodigieuse. Et la fiction épouse la réalité de tous les jours selon une esthétique qui se situe à la hauteur des goûts les plus difficiles.

« Ayiti Pawòl Lapli ak Lakansyèl est un spectacle artistique dont le but est de porter un regard critique sur la situation du pays, précise la chanterelle et fon-datrice de l’« Atelier Toto B », Dieuvela Etienne, tout en se disant fidele à sa mission qui est projeter la vraie image du pays et impliquer les Haïtiens dans l’ébauche des solutions aux problèmes qui rongent notre société.

Deux heures et demie de bonne ambiance. Et tout le monde en sort édifié. Comme l’affirme un vieux du quartier, « on est maintenant prêt pour la révolution ! »

Lord Edwin [email protected]

Le vendredi 13 avril dernier, à 6 heures du soir, la ville de Pembroke Pines, dans le sud de la Floride, a accueilli le nouveau club et restaurent haïtien K-Café (Prononcez Qué-Café).

C’est au local qui a jadis hébergé Marabou Café, ce night club qui a fermé ses por-tes depuis près de deux ans et qui a fait le bonheur de nos compatriotes haïtiens, que K-Café compte offrir ses services à sa future clientèle.

A la cérémonie d’inauguration, plusieurs hautes personnalités dont le maire de la ville, Mr. Frank C. Ortis, entre autres, étaient présentes. Le pasteur Floreal de l’Église Shalom Comnnunity s’est fait le devoir de bénir les lieux ou la musique, l’alcool, la cuisine et le compas feront, dans les jours à venir, un grand ménage.

Un buffet assez diversifié a été servi aux distingués invites. La soirée d’ouverture qui s’est déroulé dans une atmosphère agréable s’est terminée sur des notes de jazz du groupe de Bemol Telfort.

Thelard Advertising chargé de la coordination et du marketing de l’événement a fait un travail remarquable l’horaire a été respecté et tout s’est déroulé selon le pro-gramme soumis.

Rose Carline Grand [email protected]

K-Café

Pourquoi K-Café ? Les prénoms consécutifs du propriétaire de K-Café, Kitt-Chance ainsi que celui de ses deux filles Ketsia et Kimberly, commencent par un K, voila donc la raison du K devant café.

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1517 avril 2012No 608

Je suis en train de regarder la redif-fusion d’un spectacle de danse sur une chaîne locale. Aucun repère, aucun sous-titrage, la scène est décorée sur un fond genre Broadway. Je trouve sympathique, donc j’y jette un œil de temps en temps. Ma coloc me demande si je pense que c’est à l’étranger, et je lui réponds spon-tanément que c’est sûrement en Haïti. Cela la surprend que je dise cela sans même réfléchir, vu que de surcroît, les jeunes acteurs dansent et miment sur un playback en anglais. Je lui explique que pour savoir si cela se passe ici, on n’a qu’à regarder l’attitude des spectateurs, parce qu’il n’y a qu’ici que le public puisse être tant indifférent et avare d’applaudisse-ments.

Quand l’action se passe dans les théâ-tres, les salles de spectacle, enfin partout où peut se jouer une pièce, où peut se tenir un concert, etc., on a le tableau qui suit : un artiste se défonce, fait une belle prestation, mais généralement, tant qu’un chanteur n’a pas sorti une note super aiguë ou longue de soixan-te-cinq centimètres, ou bien un rappeur n’a pas aligné mille mots san pran souf, ou bien distillé dans son discours des propos piqués à souhait, ou bien encore des danseurs n’aient multiplié voltiges, sauts périlleux et grands écarts, eh bien, c’est le maître de cérémonie qui devra venir demander la charité pour quel-ques applaudissements (maigrichons et anémiés !) Vive la musique classique à

Marque de fabriqueDe vous a moiDe vous a moi

propos…Nous sommes réputés sympathiques

pourtant, mais nous avons des étiquettes pas toujours grandes griffes. Rien de particulier, nous n’avons pas le mono-pole de l’insolite, et on peut donc nous reconnaître à tant de signes.

Un étranger m’a dit que quoique ne sachant pas un mot de créole, il peut sans hésiter dire que c’est un Haïtien qui parle dans un cellulaire, ou un groupe d’Haïtiens qui conversent. Je rétorque : « C’est parce qu’on n’a pas l’accent reggae que tu ne penses pas qu’on est Djomekann ? Nope ! Parce qu’ils parlent fort et utilisent beaucoup et avec un bel accent le terme « fuck ». Hein ??? Nous ? Je dis à mon voisin de table : « Ah non, m-pap pran sa-a nan men Blan an, fòk mwen ta asiste on konvèsasyon pou… » « You just said it ! What ? The word f… » Non, pas du tout, d’ailleurs je ne mélange pas les langues quand je parle (je n’ai pas l’occasion de mélanger la mienne ailleurs de toutes les façons, célibat/soli-tude oblige…) » Et mon voisin de table : « Ne discute pas, tu viens de traduire « il faudrait que » en créole, et ça sonne comme il dit ».

Une employée de bord d’une ligne aérienne ainsi qu’une serveuse de bar me confirment que entre vingt passa-gers ou clients, elles reconnaissent sans trop de difficultés un Haïtien quand elles lui servent du thé, du café ou un jus de fruits frais : quatre à cinq cuillérées de

sucre pour cinq à six gorgées de liquide ! (je suis le parfait mauvais exemple ; ex, heureusement).

Le terme « manfouben » s’applique

à celui qui ne se soucie pas ou ne fait pas grand cas des gens ou des choses. Il se traduit en français par « je m’en fous bien ». Pourquoi un compatriote est choqué parce que dans ma voiture j’ai un petit sachet qui contient la pelure de banane ou les chiques de canne à sucre que je viens de déguster, n’ayant pas encore trouvé une benne à ordures dans laquelle je pourrai le lancer (pas le compatriote non, le sachet) ? « Ah ! lage bagay la nan lari-a non, se ou kap vin chanje bagay yo ? » Triste constat, mais je ne vous apprends rien non, pas vrai ? Et quel autre « lakay » oserait venir carrément se placer devant vous à la caisse du supermarket où vous attendez patiemment de pouvoir payer tèt nèg des produits pour lesquels en plus il vous faut prier que l’Ed’H fasse son respect, et vous sort en grand genre : « Ah ou gen on gwo charyo, mwen se ti byè sa-a m-ap peye selman epi m-jete-m »…

Nos compatriotes sont… que dit-on au pluriel : théâtrals ou théâtraux ? Bon, vous pouvez au moins faire l’exercice de chercher, je ne peux quand même pas tout faire à votre place ! Et cela vous fournira l’opportunité de sillonner le dictionnaire et d’apprendre de nouveaux mots. Bon, pourquoi j’ai dit ça ? L’Haïtien cherche toujours un auditoire ! Il arrive quelque part et n’est pas satisfait du ser-vice (ce que je peux comprendre s’il doit poireauter comme moi plus de quatre heures pour un simple service – le troi-sième – sur un véhicule quasi-neuf, en compagnie de marengwen appréciant la fraîcheur de l’air conditionné…)

Donc l’institution ou l’employé ne s’en tirera pas à si bon compte. Peu importe qu’on veuille proposer au client mal servi un quelconque accord (si rare que jamais…) fô-l fè on diskou anvan, naturellement en laissant le sujet de côté, en fustigeant les dirigeants, l’État, les religions ésotériques, les saints non encore canonisés, en revenant au sujet. Et bien entendu il cherche les yeux des personnes présentes dans la pièce pour être certain que sa complainte (non pay-sanne) est vue sur ses lèvres au cas où l’auditoire compterait – on ne sait jamais – quelque « autre-langophone ».

Bon, il faut bien qu’il se décharge de sa frustration, même si ce n’est pas sur les bonnes personnes, mais nous savons tous qu’ici, la fameuse formule « May I see your manager, please ?» ne fonctionne pas ! D’ailleurs, même si vous le connaissiez personnellement, vous seriez plus que prudent si vous deviez rapporter quelque chose, parce que vous craignez qu’on ne vous mange ou qu’on ne vous flanque un gros pied.

De vous à moi, sympathiques ou non, fòk nou chanje mak fabrik sa yo (Oooops, I just said it again!).

Sister M*

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16 17 avril 2012No 608