SOUFFLE 14

ISSN

227

4-13

13 -

revu

emen

inge

com

Lorsque que jai lu et relu les œuvres sectionneacutees cest devenu une eacutevidence le souffle serait la vie et ce numeacutero quatorze de Revue Meacuteninge devrait suivre ce courant Au commencement il y a le cri puis la parole leacutecriture La graine souffleacutee par lenfant reacutegeacuteneacuterant ce monde dun vers de balanccediloire Il y a celui qui devient adulte preacutematureacutement par un manque drsquoair Au cœur de ce peacuteriple nous avons introduit une parenthegravese pour per-mettre au lecteur de reprendre son inspiration avant daller vers lamour et ses eacutetreintes de jouissance Enfin il se dirigera vers la derniegravere bouffeacutee qui srsquoarticule avec un temps dintros-pection sur le courant dair quest une vie Lors de la construction de ce numeacutero je nai pu eacutevacuer ce souvenir ces paroles de ma sœur qui ont creacuteeacute un poegraveme qui date deacutejagrave Je deacutedicace donc cet eacuteditorial agrave ma sœur

Premier octobre deux mille cinq

Un cafeacute agrave la main Drsquoamour Un derniersouffle

Reacutedigeacute par Olivier Le Loheacute

EacuteDITO

Le cri 8Le cri 9Sud Afrique 10Encore plus haut 11Souffler les pissenlits 12La fleur du vent 13Lrsquoanniversaire 14Tanka-prose 15Poumons 17Du souffle et du verre 18Lrsquoatelier 19Le vent retient son souffle 20Quand lamer monte 21Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute 22Deacutebobineacute 23Sans titre 24Papa cours 25De ta bouche 26Tu meacutetouffes 27Segraveme 28Il y a 29Essoufflement 30Sans titre 31Souffle 32Fin de course 33Sans titre 34Souffle 35Grand-megravere et Grand-pegravere 36Sans titre 37Sans titre 38Souffle originel 39La vieille morte 40Marche 41Au cœur des eacuteleacutements 42Au cœur des 43eacuteleacutements 43Le souffle du poegravete 44Haiumlkus (4) 45

Couverture Souffle de Sophie Jaffro

Revue Meacuteninge eacutedition ndash Association loi 190133 rue Jean de La Fontaine Montigny-le-Bretonneux (78)revuemeningecom ndash revuemeningeoutlookfrDirecteur de la publication et responsable de la reacutedaction Olivier Le LoheacuteComiteacute de lecture A Lebon C Simon K Diep M Gaubert O Le Loheacute S Le Loheacute amp T DemeulemeesterRelecture S Le Loheacute et K DiepLogo Antoine de Saboulin (wwwantoinedesaboulincom)

Numeacutero 14 ndash Janvier 2019RM numeacuterique ISSN 2274-1313 RM imprimeacute ISSN 2555-1930 ndash Deacutepocirct leacutegal Feacutevrier 2019

SOMMAIRE

Le cri 8Le cri 9Sud Afrique 10Encore plus haut 11Souffler les pissenlits 12La fleur du vent 13Lrsquoanniversaire 14Tanka-prose 15Poumons 17Du souffle et du verre 18Lrsquoatelier 19Le vent retient son souffle 20Quand lamer monte 21Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute 22Deacutebobineacute 23Sans titre 24Papa cours 25De ta bouche 26Tu meacutetouffes 27Segraveme 28Il y a 29Essoufflement 30Sans titre 31Souffle 32Fin de course 33Sans titre 34Souffle 35Grand-megravere et Grand-pegravere 36Sans titre 37Sans titre 38Souffle originel 39La vieille morte 40Marche 41Au cœur des eacuteleacutements 42Au cœur des 43eacuteleacutements 43Le souffle du poegravete 44Haiumlkus (4) 45

Couverture Souffle de Sophie Jaffro

Revue Meacuteninge eacutedition ndash Association loi 190133 rue Jean de La Fontaine Montigny-le-Bretonneux (78)revuemeningecom ndash revuemeningeoutlookfrDirecteur de la publication et responsable de la reacutedaction Olivier Le LoheacuteComiteacute de lecture A Lebon C Simon K Diep M Gaubert O Le Loheacute S Le Loheacute amp T DemeulemeesterRelecture S Le Loheacute et K DiepLogo Antoine de Saboulin (wwwantoinedesaboulincom)

Numeacutero 14 ndash Janvier 2019RM numeacuterique ISSN 2274-1313 RM imprimeacute ISSN 2555-1930 ndash Deacutepocirct leacutegal Feacutevrier 2019

SOMMAIRE

Revue Meacuteninge | 144

Lensemble des sites internet sont des liens vers les sites reacuteels

Revue Meacuteninge | 14 5

Collaborateurs de Revue Meacuteninge 14

Adeline MierMont-GiustinAti

Neacutee agrave Nancy en 1979 Adeline Miermont-Gius-tinati est diplocircmeacutee en Humaniteacutes et en Creacuteation litteacuteraire Elle publie dans des revues (FPM Cabaret Lichen Nuit de Boue Les Impromptus) et dans des recueils De Chair et de chimegraveres (La Bruyegravere 2007) Entre les cocirctes de Mehen (Seacuteleacute-nites 2013) Incises (CMJN 2016) Sumbal-lein (Tarmac 2018) Elle fait parfois des lectures notamment radiophoniques (radio PiedNu Eacuteclats de Rimes sur Plum FM) et a participeacute au festival Les poegravetes nhibernent pas agrave la Maison de poeacutesie de Normandie en 2015 Elle a fait partie du jury de Deacutebarquement poeacutetique au Havre en 2016 Site sumballeinwordpresscomPage 29

AlAin MorinAis

Membre de la Socieacuteteacute des Poegravetes Franccedilais de Poegravetes Sans Frontiegraveres de lassociation Le Capital des Mots des Flammes VivesLaureacuteat des Prix de poeacutesie Marie Noeumll - Prix du Terroir 2018 prix de la Socieacuteteacute des Poegravetes Franccedilais 2017 Diplocircme dHonneur pour Reacuteso-nances Citations au prix Jean Aubert 2017 Laureacuteat du Grand Prix dautomne 2016 de Short Eacutedition Flamme de bronze 2015 des Flammes Vives de la poeacutesiePage 21

AMeacutelie sudrot-duvAl

Crsquoest lors drsquoun voyage au Canada que le plaisir drsquoinventer des histoires et de travailler les mots srsquoest confirmeacute Jrsquoeacutecris des nouvelles (Orignal a eacuteteacute publieacutee dans un recueil chez Les eacuteditions de Mandragore Tyrolienne pour Les eacuteditions du faune) Je sceacutenarise des courts-meacutetrages au sein du collectif InExtremis En 2016 jrsquoai eacutecrit reacutealiseacute et monteacute en eacutequipe le film en 360deg Elle Depuis deux ans en collaboration avec la musicienne et enseignante Naiumleacute Dutrieux jrsquoimagine des his-toires servant de supports peacutedagogiques pour ses eacutelegraveves Page 14

Anne-lise le GArff

Je suis neacutee en 1977 anneacutee punk mort de Preacute-vert et dElvis Depuis toujours jeacutecris au greacute de la musique que jeacutecoute pour des chanteurs pour les copains pour moi On me dit romance je reacuteponds blessure on me dit slam je reacuteponds adamo on me dit poeacutesie je reacuteponds laisser venir Jeacutecris au kilomegravetre je ne me relis pas jespegravere juste quon me lise quon me relise et quon me le dise Site anneliselegarffcomPage 42

BArBArA BiGot-frieden Jenseigne le franccedilais apregraves des eacutetudes de Lettres Modernes Je travaille sur une eacutecriture que je sou-haite eacutetheacutereacutee aeacutereacutee et discregravete afin dexprimer des sensations de passage doucement meacutelanco-liques et fuyantesJai reacutecemment publieacute un recueil de poeacutesie Les Invoqueacutes Certains poegravemes sont parus dans des revues et des ouvrages collectifs Le numeacutero 1 de la revue Encres le numeacutero 8 de la revue Pierres dEncres les numeacuteros 29 34 et 35 de la revue Lichen louvrage Oceacuteans de demain Editions des Embruns 2018Pages 19 amp 33

BAstien GodArd

Je suis un jeune poegravete formeacute aux meacutetiers de leacutedi-tion habitueacute des forums deacutecriture et participant agrave divers petits projets litteacuteraires de podcasts de voyage et de lecture Jai publieacute dans divers petites revues et suis laureacuteat 2016 et 2018 du concours Poeacutesie en liberteacute aux eacuteditions Bruno DouceyPage 41

CeeJAy

Neacute agrave Bruxelles le 10091946 eacutetudes agrave lrsquoAca-deacutemie Royale des Beaux Arts de Bruxelles 1er prix Chevalier des Arts et des Lettres docteur es lettres de la grande Bibliothegraveque de Middelburg JCCrommelynck (alias) CeeJay prix de la Maison de la Franciteacute Inviteacute de festivals de poeacutesie en Belgique France Pays-bas Irlande Tunisie Italie Maroc Iran Finlande etc Publieacute dans plusieurs revues de poeacutesie en Europe au Maroc et aux USA en franccedilais russe et en anglais Eacutedition en 2014 chez Maelstroumlm drsquoun recueil de poeacutesie Bombe voyage bombe voyage Traduit en anglais dans un ndeg speacutecial qui lui est consacreacute MGV2 Issue 81 Irlande 2017 le Prophegravete du Neacuteant chez Maelstroumlm Page 44

CeacuteliA Gironnet

Page 32

delphine Burnod

Je suis neacutee en 1972 pregraves de ParisApregraves avoir travailleacute comme comeacutedienne quelques anneacutees je me suis installeacutee en Auvergne ougrave jai animeacute des ateliers de theacuteacirctre aupregraves de jeunes Jai progressivement introduit leacutecriture au sein des ateliers Depuis 2017 je participe agrave plusieurs revues de poeacutesie (Meacuteninge Dissonnances Le Capital des Mots) ainsi quagrave diffeacuterents recueils collectifs ( Edition de lrsquoAigrette Edition Jacques Flament Vermiscellaneacutees) Jeacutecris des poegravemes des courtes fictions et des paroles de chansons avec le projet de les par-tager cette anneacutee sur scegravenePage 35

eMMAnuelle rABu Mon port dattache agrave lestuaire de la Loire a nourri mon imaginaire Je me laisse volontiers porter au greacute des mots Souvent je rame avec mes pinceauxLes revues Meacuteninges Festival Permanent des Mots Lichen et la librairie Le Bateau Livre agrave Peacutenestin accueillent mes vers et mes peintures Je collabore agrave des productions drsquoartistes (livre intime Monochrome avec Michegravele Riesenmey plasticienne et expositions de Michel Iordanov photographe)Site facebookcomemmanuellerabu10Page 28

fleur CorMier

Neacutee agrave Nantes Fleur Cormier remonte le cours de la Loire pour srsquoinstaller en Touraine Docteur en sciences elle travaille aujourdrsquohui dans la recherche biomeacutedicale agrave lrsquohocircpital public Une blessure lrsquoa contrainte agrave troquer son appareil photo veacuteritable compagnon drsquoinstant contre un autre support drsquoexpression lrsquoeacutecriture Son premier manuscrit Jrsquoai trouveacute ccedila assez long le chemin du retour a eacuteteacute publieacute dans lrsquoAnthologie de la Revue Triages (Anthologie vol I juin 2018) On peut eacutegalement retrouver quelques-uns de ses textes sur les revues Terre agrave Ciel La Terrasse Site elleferroceriumtumblrcom Pages 23 amp 38

frAnCis leMpeacuteriegravere

Au cœur des villes et des campagnes photo-graphe et eacutecrivain lyonnais de 48 ans Francis Lempeacuteriegravere observe les jeux de lumiegravere et drsquoombres la beauteacute des choses du quotidien les atmosphegraveres poeacutetiques qursquoil sait capter et nous offrir Par le biais de lrsquoeacutecriture poeacutetique il nous questionne sur ses eacutetrangeteacutes et nous confronte agrave la curiositeacute aux traces empreintes et signes que laissent les ecirctres humains et les veacutegeacutetaux La banaliteacute drsquoun lieu devient alors magiquePage 31

frAnccediloise BuAdAs

Franccediloise Buadas plasticienne vit et travaille agrave Marseille Elle deacuteveloppe sa pratique principa-lement autour des thegravemes touchant agrave la nature lrsquoenvironnement agrave lrsquoimpact de lrsquohomme sur son environnement Ses nombreux voyages nour-rissent son inspirationPages 10 amp 4egraveme de couverture

GwendAl loy

Je suis un adolescent de 14 ans animeacute par mes passions le dessin la photo macro et depuis peu par la creacuteation de mes propres musiques Faisant leacutecole agrave la maison et vivant sans teacuteleacute-vision (rires) je consacre beaucoup de temps agrave mes loisirsSites instagramcomgwendaloyinstagramcomgwendal_photosoundcloudcomuser-798434524Page 13

huBert JeGAt Auteur et metteur en scegravene neacute au siegravecle dernierhellipEcrit et coeacutecrit les creacuteations de CreacuteatureS com-pagnie et des piegraveces de theacuteacirctres destineacutees agrave ecirctre joueacutees par ou pour le jeune public aux eacuteditions Lrsquoeacutecrit-tocirctDirecteur artistique de plusieurs festivals et eacutevegravene-ments sur des territoires ruraux il participe aussi activement aux actions de deacuteveloppement des arts de la marionnette au niveau nationalDepuis peu il a rejoint le collectif les Tontons Fil-meurs avec lesquels il megravene des projets drsquoeacuteduca-tion agrave lrsquoimage des ateliers drsquoeacutecriture de sceacutenarios Page 25

Revue Meacuteninge | 146 Revue Meacuteninge | 14 7

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Pulando Vitoacuteria da Conquista-BA 2014 (collectif Breacutesil) Parallegravelement il eacutecrit des poegravemes pour la revue litteacuteraire Traverseacutees en Belgique (Ndeg85 86 et 90)Page 36

perrin lAnGdA

Neacute en 1983 vit agrave Grenoble A eacutecrit dans plusieurs revues (Meacutetegraveque Bacchanales Microbe Nouveaux Deacutelitshellip) et a participeacute au recueil collectif Dehors eacuteditions Janus 2016 Publications Quelques microsecondes sur Terre Gros Textes 2015 Documentaire humain Mgv2gtpublishing 2015 Perrin Langda amp compagnie Mgv2gtpublishing (recueil collectif) 2015 Glace Belledonne La Pointe Saregravene 2017 LrsquoAventure de Norbert Witzrsquon Bong Gros Textes 2017 Maximes de nulle part pour personne Voix drsquoencre 2018 Chevalier de la table RUBEN Droseacutera 2018 Site upoesiswordpresscomPage 22

sAndrine dAvin

Sandrine Davin est neacutee le 15121975 agrave Gre-noble (France) ougrave elle reacuteside toujours Elle est auteure de poeacutesie contemporaine haiumlkus et tankas elle a eacutediteacute 10 recueils de poeacutesie dont le dernier srsquointitule Egratignure chez TheBookE-dition Ses ouvrages sont eacutetudieacutes par des classes de lrsquoenseignement primaire et au collegravege ougrave San-drine intervient aupregraves de ces eacutelegraveves Elle a ce goucirct de faire partager la poeacutesie au jeune public et de donner lrsquoenvie drsquoeacutecrire hellip Elle est eacutegalement diplocircmeacutee par la Socieacuteteacute des Poegravetes Franccedilais pour son poegraveme Lettre dun soldatPage 30

sAndrine wAronski

Apregraves une carriegravere drsquoAssistante de direction San-drine se consacre deacutesormais pleinement agrave lrsquoeacutecri-ture Laureacuteate de prix internationaux en poeacutesie japonaise elle a eu le plaisir drsquoecirctre publieacutee dans diffeacuterentes revues de poeacutesie Plusieurs de ses nou-velles sont parues en anthologies Son recueil de nouvelles Agrave cœur perdu est disponible chez Le Lys Bleu Eacuteditions Son recueil de tankas Des silences et des maux sera disponible en feacutevrier 2019 aux Eacuteditions du Tanka FrancophonePages 15 amp 45

sophie JAffro

Diplocircmeacutee de lEcole Supeacuterieure dArt dAvignon Sophie Jaffro travaille principalement autour de deux pratiques dun cocircte le dessin maniaque et presque obsessionnel de lautre le collage instinctif et spontaneacutePas complegravetement schizophregravene pour autant son travail utilise ces deux axes pour sauto-alimenter on retrouve en effet souvent lideacutee de meacutelange de chimegraveres dans ses dessins penseacutes alors comme des collages faisant cohabiter dans une mecircme structure des eacuteleacutements discordantsElle participe reacuteguliegraverement agrave des expositions collectives (Multivers Fanzine et seacuterigraphie) et collabore agrave des revues (Les Impromptus)Site sophiejaffrowixsitecomportfolioPages 1egravere de couverture amp 17

sylvie loy

Jeacutecris pour inventer des liberteacutes pour map-proprier les pleins pouvoirs pour (mauto)critiquer pour (me)sauver pour (me)vengermais aussi pour deacuteterrer et dompter les monstres (inteacuterieurs) et surtout dilater le temps Jeacutecris car je cherche mon instant deacuteterniteacuteTravers et petits riens son premier recueil est paru aux eacuteditions Chemin Faisant Page 11

Zedrine

Zedrine auteur interpregravete chercheur de peacutepites dragueur de comegravetes a sorti les albums X marks the spot (2010) et Punch poussiegravere (2013) avec le groupe Enterreacute sous X puis les disques en solo EPopeacutee floue (2012) et Le vent en face (2014) en duo Agrave la maniegravere dehellip Tanidual amp Zedrine (2017) et lalbum Hors Chant (2017) avec Dum Spiro On le retrouve agrave leacutecrit dans le recueil Que la surface sapaise et le reacutecit Fils delle tous deux auto-eacutediteacutesPage 27

JAlo

PeintreSite facebookcomJALOPage 43

JeAn-ChArles pAillet

Jean-Charles Paillet est animeacute par lrsquoinstant preacutesent et les belles valeurs qui eacutelegravevent le coeur et lrsquoacircme Il aime agrave dire Que la poeacutesie demeure Sa poeacutesie se retrouve dans ses dessins ses photographies et ses chansons Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poegravete Il collabore agrave des revues (Regards Filigranes) et a publieacute Ici et lagrave farandole la vie ndash La Petite Edition 2011Quelle heure est-on ndash La Petite Edition 2013Le jour par la main ndash Editions Donner agrave Voir 2018Le temps escorteacute ndash Book Edition 2018Lrsquoamour a ton visage ndash Book Edition 2018Site facebookcomjeancharlespaillet3Page 26

Joeumllle peacutetillot

Joeumllle Peacutetillot est publieacutee en numeacuterique dans Lichen Reflets du Temps Ardent Pays Le Capital des mots La Cause litteacuteraire POS-SIBLES 17 secondes Ndeg8 Voix nouvelle Deacutecharge en papier dans Poeacutesie premiegravere Ndeg 67 Incertain Regard novembre 2017 Deacutecharge Ndeg176 deacutecembre 2017 Ndeg 179 Septembre 2018Comme en poeacutesie Ndeg72 deacutebut deacutecembre 2017 ARPA Mai 2018 Eacutecrits du Nord Editions Henry Ndeg 3334 Octobre 2018 Concours 2017 de poeacutesie RATP livre 100 poegravemes pour voyager et agrave venir dans Verso deacutebut 2019 Poeacutesie Premiegravere deacutecembre 2018 dans le Ndeg72 Recours au poegraveme mars 2019Site joelle-petillot-la-nuit-en-couleurscomPage 20

lAetitiA GAnd

Auteure chroniqueuse chargeacutee de communica-tion (Plume Direct eacuted) Laeumltitia Gand neacutee en 1979 dans les Vosges (88) vit en Franche Comteacute Le roman du temps qui passe eacuted J Ouaknine 2011 (poeacutesie) Histoires drsquoeau douce et drsquoeau saleacutee eacuted Mon petit eacutediteur 2014 (poeacutesie) Mention speacuteciale Prix Albayane 2013 (poeacutesie) Traces de vie (eacuted Omri Ezrati 2013 eacuted Cana 2016) Quotidiens passagers eacuteditions Z4 2017 (poeacutesie) Le fil drsquoavril eacuteditions Z4 2018 (poeacutesie) Reacutecits du miroir eacuteditions Z4 2018 (contes nouvelles)Revues Le Capital des mots Lichen Infusion Vericuetos MeacuteningePage 18

leAfAr iZen

Lrsquoauteur a consacreacute les quinze premiegraveres anneacutees de sa carriegravere aux sciences et agrave lrsquoingeacutenierie A 35 ans il renonce agrave la ville et agrave cette vie pour srsquoins-taller comme aubergiste et guide de montagne en Patagonie Chilienne Depuis trois ans sous le nom de plume Leafar Izen il se consacre exclusi-vement agrave la litteacuterature (poeacutesie essai roman) Il a aujourdrsquohui 46 ans et partage son temps entre les Ceacutevennes et la PatagonieSite leafar-izencomPage 40

MArC Bonetto

Marc Bonetto neacute en 1965 agrave Marseille ougrave il vit Publieacute dans les revues Traction-Brabant Microbe Verso Deacutecharge Comme en poeacutesie Pages 24 amp 37

MAyAne Mayane a fait des eacutetudes universitaires en theacuteacirctre cineacutema et litteacuterature Elle est agrave la fois auteure eacuteditrice animatrice litteacuteraire et artiste visuelle Elle participe dailleurs reacuteguliegraverement agrave des expositions collectives agrave Montreacuteal et Queacutebec ougrave elle demeure Site mayane1jimdocomPages 8 9 amp 39

nAthAlie lAuro Nathalie Lauro est neacutee agrave Marseille en 1965 ougrave elle a veacutecu jusquacuteagrave ses 18 ans Depuis 35 ans elle reacuteside sur La Cocircte dacuteAzur Elle a dans un pre-mier temps obtenu un Master en Management agrave lacuteUniversiteacute de Nice et dans une second temps fait une carriegravere dans lacutehocirctellerie de luxeDepuis quelques anneacutees elle sacuteest orienteacutee dans une tout autre direction et se partage actuellement entre le Sud tatoueacute dans son coeur et lEurope du nordSon recueil de poeacutesie Vides et Sensations chez Edilivre Site nathalielaurocomPage 34

nAthAlie pAlAyret

Biblio-theacuterapeute vit agrave Saint-Nazaire Page 12

ndJe MAn dieudonneacute frAnccedilois

Ndje Man Dieudonneacute Franccedilois est un auteur de poeacutesie et informaticien Il publie Les fleurs grises de midi 2014 aux eacuteditions Edilivre Nostalgiaques preacuteceacutedeacute de Manifeste Acco-mien (poegravemes collectifs) 2013 aux eacuteditions LrsquoHarmattan sous le pseudonyme Man Ndje et est inviteacute speacutecial du Precircmio Literario Galinha

Le criMayane

Revue Meacuteninge | 14 9Revue Meacuteninge | 148

mayane

Le cri

ParfoisOn voudrait crierMais Nul sonNul souffle

Revue Meacuteninge | 14 11Revue Meacuteninge | 1410

sylvie loy

Sud AfriqueF Buadas Cheveux dans le vent

tecircte dans les nuages

la balanccediloire

Encore plus haut

La fleur du ventGwendal loy

Revue Meacuteninge | 14 13Revue Meacuteninge | 1412

nathalie palayret

Souffler les pissenlits

A quoi sert le ventDemande lrsquoenfant

- Vois les pissenlitsQui les segravemeraSi le vent se tait

Je soufflerai les pissenlitsReacutepond lrsquoenfant

Mes yeux de fiegravevreSuivront lrsquoenvolDe mille aigrettesMes crachats feront semence

Drsquoautres enfants viendrontEt soufflantEt crachantEt pissanthellip

-Vois dans le champFleurir les pissenlitsMourir les enfants

Crsquoest le vent qui nous enfante

Revue Meacuteninge | 1414 Revue Meacuteninge | 14 15

ameacutelie sudrot-duval

Tanka-prose

Renaissance

Vingt et un printemps ndash

je cours agrave perdre haleine

apregraves lrsquoespoir fou

de rayer agrave tout jamais

le mot mucoviscidose

Enfance Diffeacuterence Pas comme les autres Se fondre dans la masse pas tregraves facile Jrsquoessaye encore et encore Des heures tous les jours avec le kineacute pour chasser lrsquoair qui circule mal dans mon corps de gosse Jrsquoahane Un peu beaucoup beaucoup trop Les anneacutees passent Jrsquoai vite compris qursquoil fallait faire avec De nombreux bambins naissent avec ce mal en eux Crsquoest comme ccedila Ce nrsquoest la faute de personne Juste la faute agrave pas de chance Naicirctre avec les poumons encrasseacutes ccedila vous forge le caractegravere Crsquoest comme toute maladie soit vous lrsquoaffrontez sans vous deacutetourner de son aura malfaisante soit vous vous laissez couler Lrsquohorizon nrsquoen sera alors que plus terne Jrsquoeacutetais petite Je crois que crsquoest ccedila qui mrsquoa maintenue en vie Une forme drsquoinnocence inheacuterente agrave lrsquoacircge qui vous propulse sur les routes de lrsquoexistence avec un souffle de leacutegegravereteacute

Pour proteacuteger lrsquoautre

dans les deacutedales sinueux

taire un peu sa peine

si beaux les yeux de ma megravere

mecircme noyeacutes drsquoinsomnie

Crsquoest lrsquoanniversaire Elle srsquoest laveacute la tecircte Elle penche son corps sur le gacircteau Ses cheveux en rideaux drsquoeau Autour de son visage Les gouttes mouillent son tee-shirt Forment des taches rondes sur la pacirctisserie Des amis lrsquoentourent Les adultes attendent De pouvoir reprendre un verre Elle forme un O de la bouche Expire un trait drsquoair Lrsquoune des bougies srsquoeacuteteint Se rallume Sous les rires Elle tient sa gorge serreacutee Lrsquohomme est lagrave Il lui fait peur Elle nrsquoarrive pas agrave respirer Nrsquoa pas le choix de sa preacutesence Nrsquoen dit rien De cette peur Il lrsquoa menaceacutee Lrsquoa preacutevenue Du mal que ccedila ferait Si elle parlait Alors elle garde Mais ne peut pas respirer Rien ne monte du ventre Pas le moindre souffle Si elle force Elle crachera un caillou de sang Qui roulera sur la table Ccedila gacirccherait la soireacutee Les flammes ondulent La cire coule Pustules sur la cregraveme Douze bougies Joyeux anniversaire

Lrsquoanniversaire

Revue Meacuteninge | 14 17Revue Meacuteninge | 1416

sandrine waronski

PoumonsS JaffroEnfance jalonneacutee drsquoincertitude Jrsquoentends la souffrance La mienne Celle

des proches qui cachent leurs eacutemotions sous le poids drsquoun profond silence Silence si pesant par moments Envie de hurler ma rage drsquoecirctre malade Une envie criante aussi de leur dire que jrsquoexiste Que je ne suis pas une pauvre chose en sucre qui risque de fondre agrave vue drsquoœil au moindre mot teinteacute de veacuteriteacute Je veux tout savoir Ecirctre partie prenante de mes traitements Comprendre ougrave je vais Comment faire pour garder lrsquoespoir Je dois avoir dix ans Du haut de mon jeune acircge je deacutecregravete que je nrsquoaime pas le men-songe On me regarde fixement Mes parents pleurent agrave chaudes larmes et me promettent de ne plus chercher agrave eacutepargner mon cœur fragile Mais quel cœur fragile Je nrsquoai jamais eacuteteacute une petite chose frecircle et sans force Jrsquoai le caractegravere des battants Il eacutetait juste hors de question de grandir sur des non-dits Ainsi jrsquoatteins lrsquoacircge adulte avec une connaissance parfaite de ma reacutealiteacute Crsquoest sans doute lrsquoune des raisons pour laquelle je suis toujours pleine de vie aujourdrsquohui

Dans lrsquoaube naissante

les larmes de mes parents

des poumons mrsquoattendent

je pense agrave cette belle acircme

qui a rejoint les eacutetoiles

Revue Meacuteninge | 1418 Revue Meacuteninge | 14 19

barbara bigot-friedenlaeumltitia gand

Il sera souffleur de verre sinon rienDeacutejagrave gaminIl recircvait de souffler du verreComme son pegravere et son grand-pegravereFierteacute de ligneacuteeLa premiegravere fois qursquoil soufflaPremier pasDans la dynastieIl se sentit bien petitSon souffle lui manquaLe verre se ratatinaEt sa premiegravere œuvre fut raplapla Un dessous de platIl pleuraReniflaSouffla Comme un bœufSe mouchaMais recommenccedila De souffle en souffleDe verre en verreDe pleurs qui eacuteclaboussent et de larmes qui firent ploufIl ameacuteliora sa techniquePassa de dessous de plat raplapla agrave des œuvres tregraves chicEt avec le temps se fit un nomLe petit souffleur de verreA reacuteussi son affaireIl en faut du souffle Pour souffler le verreToute une vie de soufflesJusqursquoau dernier souffleEt on lui rendit hommageAu villageTous les souffleurs se mirent agrave soufflerPour lui offrir un cercueil de verrePour qursquoil repose heureux et en paix sous la terre

Mon regard erre de fenecirctre En fenecirctreSuit les croisillons de boisSoudain jrsquoaperccedilois Les vitraux rouges et bleus- Eacuteclats fecirclures Rouges et bleusSur les peintures -

Je deacutecouvre alorsCe qui anime ce qui insuffle

Je devine celui qui verse Le souffleSon flux continu qui creacutee La forme

Au sommeil il donne La forceA la mort il confie Son airPour que tout brilleComme cristalliegravere

Oui lrsquoatelier brilleComme cristalliegravere

Le souffle circule Levain leacutegerIl fait gonflerLa matiegravere - qui dort

Jrsquoaimerais cueillir Toutes les sphegraveresQui enflent et roulentLe long des fecircles

Et respirer encoreLrsquoeffluve drsquoorDu feu figeacuteDans un manchon de verre

LrsquoatelierDu souffle et du verre

Revue Meacuteninge | 14 21Revue Meacuteninge | 1420

alain morinais

Agrave deacutecoiffer les dunesLe souffle court

En battements dailesagrave rebrousser la lune

Le vent davril dit agrave la mer

Souffler nest pas jouerQuand la lame se charge des pierresque la houle en gregraveve amoncelle

Quand lamer monte

Le vent retient son souffleJoeumllle Peacutetillot

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 14 11Revue Meacuteninge | 1410

sylvie loy

Sud AfriqueF Buadas Cheveux dans le vent

tecircte dans les nuages

la balanccediloire

Encore plus haut

La fleur du ventGwendal loy

Revue Meacuteninge | 14 13Revue Meacuteninge | 1412

nathalie palayret

Souffler les pissenlits

A quoi sert le ventDemande lrsquoenfant

- Vois les pissenlitsQui les segravemeraSi le vent se tait

Je soufflerai les pissenlitsReacutepond lrsquoenfant

Mes yeux de fiegravevreSuivront lrsquoenvolDe mille aigrettesMes crachats feront semence

Drsquoautres enfants viendrontEt soufflantEt crachantEt pissanthellip

-Vois dans le champFleurir les pissenlitsMourir les enfants

Crsquoest le vent qui nous enfante

Revue Meacuteninge | 1414 Revue Meacuteninge | 14 15

ameacutelie sudrot-duval

Tanka-prose

Renaissance

Vingt et un printemps ndash

je cours agrave perdre haleine

apregraves lrsquoespoir fou

de rayer agrave tout jamais

le mot mucoviscidose

Enfance Diffeacuterence Pas comme les autres Se fondre dans la masse pas tregraves facile Jrsquoessaye encore et encore Des heures tous les jours avec le kineacute pour chasser lrsquoair qui circule mal dans mon corps de gosse Jrsquoahane Un peu beaucoup beaucoup trop Les anneacutees passent Jrsquoai vite compris qursquoil fallait faire avec De nombreux bambins naissent avec ce mal en eux Crsquoest comme ccedila Ce nrsquoest la faute de personne Juste la faute agrave pas de chance Naicirctre avec les poumons encrasseacutes ccedila vous forge le caractegravere Crsquoest comme toute maladie soit vous lrsquoaffrontez sans vous deacutetourner de son aura malfaisante soit vous vous laissez couler Lrsquohorizon nrsquoen sera alors que plus terne Jrsquoeacutetais petite Je crois que crsquoest ccedila qui mrsquoa maintenue en vie Une forme drsquoinnocence inheacuterente agrave lrsquoacircge qui vous propulse sur les routes de lrsquoexistence avec un souffle de leacutegegravereteacute

Pour proteacuteger lrsquoautre

dans les deacutedales sinueux

taire un peu sa peine

si beaux les yeux de ma megravere

mecircme noyeacutes drsquoinsomnie

Crsquoest lrsquoanniversaire Elle srsquoest laveacute la tecircte Elle penche son corps sur le gacircteau Ses cheveux en rideaux drsquoeau Autour de son visage Les gouttes mouillent son tee-shirt Forment des taches rondes sur la pacirctisserie Des amis lrsquoentourent Les adultes attendent De pouvoir reprendre un verre Elle forme un O de la bouche Expire un trait drsquoair Lrsquoune des bougies srsquoeacuteteint Se rallume Sous les rires Elle tient sa gorge serreacutee Lrsquohomme est lagrave Il lui fait peur Elle nrsquoarrive pas agrave respirer Nrsquoa pas le choix de sa preacutesence Nrsquoen dit rien De cette peur Il lrsquoa menaceacutee Lrsquoa preacutevenue Du mal que ccedila ferait Si elle parlait Alors elle garde Mais ne peut pas respirer Rien ne monte du ventre Pas le moindre souffle Si elle force Elle crachera un caillou de sang Qui roulera sur la table Ccedila gacirccherait la soireacutee Les flammes ondulent La cire coule Pustules sur la cregraveme Douze bougies Joyeux anniversaire

Lrsquoanniversaire

Revue Meacuteninge | 14 17Revue Meacuteninge | 1416

sandrine waronski

PoumonsS JaffroEnfance jalonneacutee drsquoincertitude Jrsquoentends la souffrance La mienne Celle

des proches qui cachent leurs eacutemotions sous le poids drsquoun profond silence Silence si pesant par moments Envie de hurler ma rage drsquoecirctre malade Une envie criante aussi de leur dire que jrsquoexiste Que je ne suis pas une pauvre chose en sucre qui risque de fondre agrave vue drsquoœil au moindre mot teinteacute de veacuteriteacute Je veux tout savoir Ecirctre partie prenante de mes traitements Comprendre ougrave je vais Comment faire pour garder lrsquoespoir Je dois avoir dix ans Du haut de mon jeune acircge je deacutecregravete que je nrsquoaime pas le men-songe On me regarde fixement Mes parents pleurent agrave chaudes larmes et me promettent de ne plus chercher agrave eacutepargner mon cœur fragile Mais quel cœur fragile Je nrsquoai jamais eacuteteacute une petite chose frecircle et sans force Jrsquoai le caractegravere des battants Il eacutetait juste hors de question de grandir sur des non-dits Ainsi jrsquoatteins lrsquoacircge adulte avec une connaissance parfaite de ma reacutealiteacute Crsquoest sans doute lrsquoune des raisons pour laquelle je suis toujours pleine de vie aujourdrsquohui

Dans lrsquoaube naissante

les larmes de mes parents

des poumons mrsquoattendent

je pense agrave cette belle acircme

qui a rejoint les eacutetoiles

Revue Meacuteninge | 1418 Revue Meacuteninge | 14 19

barbara bigot-friedenlaeumltitia gand

Il sera souffleur de verre sinon rienDeacutejagrave gaminIl recircvait de souffler du verreComme son pegravere et son grand-pegravereFierteacute de ligneacuteeLa premiegravere fois qursquoil soufflaPremier pasDans la dynastieIl se sentit bien petitSon souffle lui manquaLe verre se ratatinaEt sa premiegravere œuvre fut raplapla Un dessous de platIl pleuraReniflaSouffla Comme un bœufSe mouchaMais recommenccedila De souffle en souffleDe verre en verreDe pleurs qui eacuteclaboussent et de larmes qui firent ploufIl ameacuteliora sa techniquePassa de dessous de plat raplapla agrave des œuvres tregraves chicEt avec le temps se fit un nomLe petit souffleur de verreA reacuteussi son affaireIl en faut du souffle Pour souffler le verreToute une vie de soufflesJusqursquoau dernier souffleEt on lui rendit hommageAu villageTous les souffleurs se mirent agrave soufflerPour lui offrir un cercueil de verrePour qursquoil repose heureux et en paix sous la terre

Mon regard erre de fenecirctre En fenecirctreSuit les croisillons de boisSoudain jrsquoaperccedilois Les vitraux rouges et bleus- Eacuteclats fecirclures Rouges et bleusSur les peintures -

Je deacutecouvre alorsCe qui anime ce qui insuffle

Je devine celui qui verse Le souffleSon flux continu qui creacutee La forme

Au sommeil il donne La forceA la mort il confie Son airPour que tout brilleComme cristalliegravere

Oui lrsquoatelier brilleComme cristalliegravere

Le souffle circule Levain leacutegerIl fait gonflerLa matiegravere - qui dort

Jrsquoaimerais cueillir Toutes les sphegraveresQui enflent et roulentLe long des fecircles

Et respirer encoreLrsquoeffluve drsquoorDu feu figeacuteDans un manchon de verre

LrsquoatelierDu souffle et du verre

Revue Meacuteninge | 14 21Revue Meacuteninge | 1420

alain morinais

Agrave deacutecoiffer les dunesLe souffle court

En battements dailesagrave rebrousser la lune

Le vent davril dit agrave la mer

Souffler nest pas jouerQuand la lame se charge des pierresque la houle en gregraveve amoncelle

Quand lamer monte

Le vent retient son souffleJoeumllle Peacutetillot

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

La fleur du ventGwendal loy

Revue Meacuteninge | 14 13Revue Meacuteninge | 1412

nathalie palayret

Souffler les pissenlits

A quoi sert le ventDemande lrsquoenfant

- Vois les pissenlitsQui les segravemeraSi le vent se tait

Je soufflerai les pissenlitsReacutepond lrsquoenfant

Mes yeux de fiegravevreSuivront lrsquoenvolDe mille aigrettesMes crachats feront semence

Drsquoautres enfants viendrontEt soufflantEt crachantEt pissanthellip

-Vois dans le champFleurir les pissenlitsMourir les enfants

Crsquoest le vent qui nous enfante

Revue Meacuteninge | 1414 Revue Meacuteninge | 14 15

ameacutelie sudrot-duval

Tanka-prose

Renaissance

Vingt et un printemps ndash

je cours agrave perdre haleine

apregraves lrsquoespoir fou

de rayer agrave tout jamais

le mot mucoviscidose

Enfance Diffeacuterence Pas comme les autres Se fondre dans la masse pas tregraves facile Jrsquoessaye encore et encore Des heures tous les jours avec le kineacute pour chasser lrsquoair qui circule mal dans mon corps de gosse Jrsquoahane Un peu beaucoup beaucoup trop Les anneacutees passent Jrsquoai vite compris qursquoil fallait faire avec De nombreux bambins naissent avec ce mal en eux Crsquoest comme ccedila Ce nrsquoest la faute de personne Juste la faute agrave pas de chance Naicirctre avec les poumons encrasseacutes ccedila vous forge le caractegravere Crsquoest comme toute maladie soit vous lrsquoaffrontez sans vous deacutetourner de son aura malfaisante soit vous vous laissez couler Lrsquohorizon nrsquoen sera alors que plus terne Jrsquoeacutetais petite Je crois que crsquoest ccedila qui mrsquoa maintenue en vie Une forme drsquoinnocence inheacuterente agrave lrsquoacircge qui vous propulse sur les routes de lrsquoexistence avec un souffle de leacutegegravereteacute

Pour proteacuteger lrsquoautre

dans les deacutedales sinueux

taire un peu sa peine

si beaux les yeux de ma megravere

mecircme noyeacutes drsquoinsomnie

Crsquoest lrsquoanniversaire Elle srsquoest laveacute la tecircte Elle penche son corps sur le gacircteau Ses cheveux en rideaux drsquoeau Autour de son visage Les gouttes mouillent son tee-shirt Forment des taches rondes sur la pacirctisserie Des amis lrsquoentourent Les adultes attendent De pouvoir reprendre un verre Elle forme un O de la bouche Expire un trait drsquoair Lrsquoune des bougies srsquoeacuteteint Se rallume Sous les rires Elle tient sa gorge serreacutee Lrsquohomme est lagrave Il lui fait peur Elle nrsquoarrive pas agrave respirer Nrsquoa pas le choix de sa preacutesence Nrsquoen dit rien De cette peur Il lrsquoa menaceacutee Lrsquoa preacutevenue Du mal que ccedila ferait Si elle parlait Alors elle garde Mais ne peut pas respirer Rien ne monte du ventre Pas le moindre souffle Si elle force Elle crachera un caillou de sang Qui roulera sur la table Ccedila gacirccherait la soireacutee Les flammes ondulent La cire coule Pustules sur la cregraveme Douze bougies Joyeux anniversaire

Lrsquoanniversaire

Revue Meacuteninge | 14 17Revue Meacuteninge | 1416

sandrine waronski

PoumonsS JaffroEnfance jalonneacutee drsquoincertitude Jrsquoentends la souffrance La mienne Celle

des proches qui cachent leurs eacutemotions sous le poids drsquoun profond silence Silence si pesant par moments Envie de hurler ma rage drsquoecirctre malade Une envie criante aussi de leur dire que jrsquoexiste Que je ne suis pas une pauvre chose en sucre qui risque de fondre agrave vue drsquoœil au moindre mot teinteacute de veacuteriteacute Je veux tout savoir Ecirctre partie prenante de mes traitements Comprendre ougrave je vais Comment faire pour garder lrsquoespoir Je dois avoir dix ans Du haut de mon jeune acircge je deacutecregravete que je nrsquoaime pas le men-songe On me regarde fixement Mes parents pleurent agrave chaudes larmes et me promettent de ne plus chercher agrave eacutepargner mon cœur fragile Mais quel cœur fragile Je nrsquoai jamais eacuteteacute une petite chose frecircle et sans force Jrsquoai le caractegravere des battants Il eacutetait juste hors de question de grandir sur des non-dits Ainsi jrsquoatteins lrsquoacircge adulte avec une connaissance parfaite de ma reacutealiteacute Crsquoest sans doute lrsquoune des raisons pour laquelle je suis toujours pleine de vie aujourdrsquohui

Dans lrsquoaube naissante

les larmes de mes parents

des poumons mrsquoattendent

je pense agrave cette belle acircme

qui a rejoint les eacutetoiles

Revue Meacuteninge | 1418 Revue Meacuteninge | 14 19

barbara bigot-friedenlaeumltitia gand

Il sera souffleur de verre sinon rienDeacutejagrave gaminIl recircvait de souffler du verreComme son pegravere et son grand-pegravereFierteacute de ligneacuteeLa premiegravere fois qursquoil soufflaPremier pasDans la dynastieIl se sentit bien petitSon souffle lui manquaLe verre se ratatinaEt sa premiegravere œuvre fut raplapla Un dessous de platIl pleuraReniflaSouffla Comme un bœufSe mouchaMais recommenccedila De souffle en souffleDe verre en verreDe pleurs qui eacuteclaboussent et de larmes qui firent ploufIl ameacuteliora sa techniquePassa de dessous de plat raplapla agrave des œuvres tregraves chicEt avec le temps se fit un nomLe petit souffleur de verreA reacuteussi son affaireIl en faut du souffle Pour souffler le verreToute une vie de soufflesJusqursquoau dernier souffleEt on lui rendit hommageAu villageTous les souffleurs se mirent agrave soufflerPour lui offrir un cercueil de verrePour qursquoil repose heureux et en paix sous la terre

Mon regard erre de fenecirctre En fenecirctreSuit les croisillons de boisSoudain jrsquoaperccedilois Les vitraux rouges et bleus- Eacuteclats fecirclures Rouges et bleusSur les peintures -

Je deacutecouvre alorsCe qui anime ce qui insuffle

Je devine celui qui verse Le souffleSon flux continu qui creacutee La forme

Au sommeil il donne La forceA la mort il confie Son airPour que tout brilleComme cristalliegravere

Oui lrsquoatelier brilleComme cristalliegravere

Le souffle circule Levain leacutegerIl fait gonflerLa matiegravere - qui dort

Jrsquoaimerais cueillir Toutes les sphegraveresQui enflent et roulentLe long des fecircles

Et respirer encoreLrsquoeffluve drsquoorDu feu figeacuteDans un manchon de verre

LrsquoatelierDu souffle et du verre

Revue Meacuteninge | 14 21Revue Meacuteninge | 1420

alain morinais

Agrave deacutecoiffer les dunesLe souffle court

En battements dailesagrave rebrousser la lune

Le vent davril dit agrave la mer

Souffler nest pas jouerQuand la lame se charge des pierresque la houle en gregraveve amoncelle

Quand lamer monte

Le vent retient son souffleJoeumllle Peacutetillot

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 1414 Revue Meacuteninge | 14 15

ameacutelie sudrot-duval

Tanka-prose

Renaissance

Vingt et un printemps ndash

je cours agrave perdre haleine

apregraves lrsquoespoir fou

de rayer agrave tout jamais

le mot mucoviscidose

Enfance Diffeacuterence Pas comme les autres Se fondre dans la masse pas tregraves facile Jrsquoessaye encore et encore Des heures tous les jours avec le kineacute pour chasser lrsquoair qui circule mal dans mon corps de gosse Jrsquoahane Un peu beaucoup beaucoup trop Les anneacutees passent Jrsquoai vite compris qursquoil fallait faire avec De nombreux bambins naissent avec ce mal en eux Crsquoest comme ccedila Ce nrsquoest la faute de personne Juste la faute agrave pas de chance Naicirctre avec les poumons encrasseacutes ccedila vous forge le caractegravere Crsquoest comme toute maladie soit vous lrsquoaffrontez sans vous deacutetourner de son aura malfaisante soit vous vous laissez couler Lrsquohorizon nrsquoen sera alors que plus terne Jrsquoeacutetais petite Je crois que crsquoest ccedila qui mrsquoa maintenue en vie Une forme drsquoinnocence inheacuterente agrave lrsquoacircge qui vous propulse sur les routes de lrsquoexistence avec un souffle de leacutegegravereteacute

Pour proteacuteger lrsquoautre

dans les deacutedales sinueux

taire un peu sa peine

si beaux les yeux de ma megravere

mecircme noyeacutes drsquoinsomnie

Crsquoest lrsquoanniversaire Elle srsquoest laveacute la tecircte Elle penche son corps sur le gacircteau Ses cheveux en rideaux drsquoeau Autour de son visage Les gouttes mouillent son tee-shirt Forment des taches rondes sur la pacirctisserie Des amis lrsquoentourent Les adultes attendent De pouvoir reprendre un verre Elle forme un O de la bouche Expire un trait drsquoair Lrsquoune des bougies srsquoeacuteteint Se rallume Sous les rires Elle tient sa gorge serreacutee Lrsquohomme est lagrave Il lui fait peur Elle nrsquoarrive pas agrave respirer Nrsquoa pas le choix de sa preacutesence Nrsquoen dit rien De cette peur Il lrsquoa menaceacutee Lrsquoa preacutevenue Du mal que ccedila ferait Si elle parlait Alors elle garde Mais ne peut pas respirer Rien ne monte du ventre Pas le moindre souffle Si elle force Elle crachera un caillou de sang Qui roulera sur la table Ccedila gacirccherait la soireacutee Les flammes ondulent La cire coule Pustules sur la cregraveme Douze bougies Joyeux anniversaire

Lrsquoanniversaire

Revue Meacuteninge | 14 17Revue Meacuteninge | 1416

sandrine waronski

PoumonsS JaffroEnfance jalonneacutee drsquoincertitude Jrsquoentends la souffrance La mienne Celle

des proches qui cachent leurs eacutemotions sous le poids drsquoun profond silence Silence si pesant par moments Envie de hurler ma rage drsquoecirctre malade Une envie criante aussi de leur dire que jrsquoexiste Que je ne suis pas une pauvre chose en sucre qui risque de fondre agrave vue drsquoœil au moindre mot teinteacute de veacuteriteacute Je veux tout savoir Ecirctre partie prenante de mes traitements Comprendre ougrave je vais Comment faire pour garder lrsquoespoir Je dois avoir dix ans Du haut de mon jeune acircge je deacutecregravete que je nrsquoaime pas le men-songe On me regarde fixement Mes parents pleurent agrave chaudes larmes et me promettent de ne plus chercher agrave eacutepargner mon cœur fragile Mais quel cœur fragile Je nrsquoai jamais eacuteteacute une petite chose frecircle et sans force Jrsquoai le caractegravere des battants Il eacutetait juste hors de question de grandir sur des non-dits Ainsi jrsquoatteins lrsquoacircge adulte avec une connaissance parfaite de ma reacutealiteacute Crsquoest sans doute lrsquoune des raisons pour laquelle je suis toujours pleine de vie aujourdrsquohui

Dans lrsquoaube naissante

les larmes de mes parents

des poumons mrsquoattendent

je pense agrave cette belle acircme

qui a rejoint les eacutetoiles

Revue Meacuteninge | 1418 Revue Meacuteninge | 14 19

barbara bigot-friedenlaeumltitia gand

Il sera souffleur de verre sinon rienDeacutejagrave gaminIl recircvait de souffler du verreComme son pegravere et son grand-pegravereFierteacute de ligneacuteeLa premiegravere fois qursquoil soufflaPremier pasDans la dynastieIl se sentit bien petitSon souffle lui manquaLe verre se ratatinaEt sa premiegravere œuvre fut raplapla Un dessous de platIl pleuraReniflaSouffla Comme un bœufSe mouchaMais recommenccedila De souffle en souffleDe verre en verreDe pleurs qui eacuteclaboussent et de larmes qui firent ploufIl ameacuteliora sa techniquePassa de dessous de plat raplapla agrave des œuvres tregraves chicEt avec le temps se fit un nomLe petit souffleur de verreA reacuteussi son affaireIl en faut du souffle Pour souffler le verreToute une vie de soufflesJusqursquoau dernier souffleEt on lui rendit hommageAu villageTous les souffleurs se mirent agrave soufflerPour lui offrir un cercueil de verrePour qursquoil repose heureux et en paix sous la terre

Mon regard erre de fenecirctre En fenecirctreSuit les croisillons de boisSoudain jrsquoaperccedilois Les vitraux rouges et bleus- Eacuteclats fecirclures Rouges et bleusSur les peintures -

Je deacutecouvre alorsCe qui anime ce qui insuffle

Je devine celui qui verse Le souffleSon flux continu qui creacutee La forme

Au sommeil il donne La forceA la mort il confie Son airPour que tout brilleComme cristalliegravere

Oui lrsquoatelier brilleComme cristalliegravere

Le souffle circule Levain leacutegerIl fait gonflerLa matiegravere - qui dort

Jrsquoaimerais cueillir Toutes les sphegraveresQui enflent et roulentLe long des fecircles

Et respirer encoreLrsquoeffluve drsquoorDu feu figeacuteDans un manchon de verre

LrsquoatelierDu souffle et du verre

Revue Meacuteninge | 14 21Revue Meacuteninge | 1420

alain morinais

Agrave deacutecoiffer les dunesLe souffle court

En battements dailesagrave rebrousser la lune

Le vent davril dit agrave la mer

Souffler nest pas jouerQuand la lame se charge des pierresque la houle en gregraveve amoncelle

Quand lamer monte

Le vent retient son souffleJoeumllle Peacutetillot

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

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MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 14 17Revue Meacuteninge | 1416

sandrine waronski

PoumonsS JaffroEnfance jalonneacutee drsquoincertitude Jrsquoentends la souffrance La mienne Celle

des proches qui cachent leurs eacutemotions sous le poids drsquoun profond silence Silence si pesant par moments Envie de hurler ma rage drsquoecirctre malade Une envie criante aussi de leur dire que jrsquoexiste Que je ne suis pas une pauvre chose en sucre qui risque de fondre agrave vue drsquoœil au moindre mot teinteacute de veacuteriteacute Je veux tout savoir Ecirctre partie prenante de mes traitements Comprendre ougrave je vais Comment faire pour garder lrsquoespoir Je dois avoir dix ans Du haut de mon jeune acircge je deacutecregravete que je nrsquoaime pas le men-songe On me regarde fixement Mes parents pleurent agrave chaudes larmes et me promettent de ne plus chercher agrave eacutepargner mon cœur fragile Mais quel cœur fragile Je nrsquoai jamais eacuteteacute une petite chose frecircle et sans force Jrsquoai le caractegravere des battants Il eacutetait juste hors de question de grandir sur des non-dits Ainsi jrsquoatteins lrsquoacircge adulte avec une connaissance parfaite de ma reacutealiteacute Crsquoest sans doute lrsquoune des raisons pour laquelle je suis toujours pleine de vie aujourdrsquohui

Dans lrsquoaube naissante

les larmes de mes parents

des poumons mrsquoattendent

je pense agrave cette belle acircme

qui a rejoint les eacutetoiles

Revue Meacuteninge | 1418 Revue Meacuteninge | 14 19

barbara bigot-friedenlaeumltitia gand

Il sera souffleur de verre sinon rienDeacutejagrave gaminIl recircvait de souffler du verreComme son pegravere et son grand-pegravereFierteacute de ligneacuteeLa premiegravere fois qursquoil soufflaPremier pasDans la dynastieIl se sentit bien petitSon souffle lui manquaLe verre se ratatinaEt sa premiegravere œuvre fut raplapla Un dessous de platIl pleuraReniflaSouffla Comme un bœufSe mouchaMais recommenccedila De souffle en souffleDe verre en verreDe pleurs qui eacuteclaboussent et de larmes qui firent ploufIl ameacuteliora sa techniquePassa de dessous de plat raplapla agrave des œuvres tregraves chicEt avec le temps se fit un nomLe petit souffleur de verreA reacuteussi son affaireIl en faut du souffle Pour souffler le verreToute une vie de soufflesJusqursquoau dernier souffleEt on lui rendit hommageAu villageTous les souffleurs se mirent agrave soufflerPour lui offrir un cercueil de verrePour qursquoil repose heureux et en paix sous la terre

Mon regard erre de fenecirctre En fenecirctreSuit les croisillons de boisSoudain jrsquoaperccedilois Les vitraux rouges et bleus- Eacuteclats fecirclures Rouges et bleusSur les peintures -

Je deacutecouvre alorsCe qui anime ce qui insuffle

Je devine celui qui verse Le souffleSon flux continu qui creacutee La forme

Au sommeil il donne La forceA la mort il confie Son airPour que tout brilleComme cristalliegravere

Oui lrsquoatelier brilleComme cristalliegravere

Le souffle circule Levain leacutegerIl fait gonflerLa matiegravere - qui dort

Jrsquoaimerais cueillir Toutes les sphegraveresQui enflent et roulentLe long des fecircles

Et respirer encoreLrsquoeffluve drsquoorDu feu figeacuteDans un manchon de verre

LrsquoatelierDu souffle et du verre

Revue Meacuteninge | 14 21Revue Meacuteninge | 1420

alain morinais

Agrave deacutecoiffer les dunesLe souffle court

En battements dailesagrave rebrousser la lune

Le vent davril dit agrave la mer

Souffler nest pas jouerQuand la lame se charge des pierresque la houle en gregraveve amoncelle

Quand lamer monte

Le vent retient son souffleJoeumllle Peacutetillot

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 1418 Revue Meacuteninge | 14 19

barbara bigot-friedenlaeumltitia gand

Il sera souffleur de verre sinon rienDeacutejagrave gaminIl recircvait de souffler du verreComme son pegravere et son grand-pegravereFierteacute de ligneacuteeLa premiegravere fois qursquoil soufflaPremier pasDans la dynastieIl se sentit bien petitSon souffle lui manquaLe verre se ratatinaEt sa premiegravere œuvre fut raplapla Un dessous de platIl pleuraReniflaSouffla Comme un bœufSe mouchaMais recommenccedila De souffle en souffleDe verre en verreDe pleurs qui eacuteclaboussent et de larmes qui firent ploufIl ameacuteliora sa techniquePassa de dessous de plat raplapla agrave des œuvres tregraves chicEt avec le temps se fit un nomLe petit souffleur de verreA reacuteussi son affaireIl en faut du souffle Pour souffler le verreToute une vie de soufflesJusqursquoau dernier souffleEt on lui rendit hommageAu villageTous les souffleurs se mirent agrave soufflerPour lui offrir un cercueil de verrePour qursquoil repose heureux et en paix sous la terre

Mon regard erre de fenecirctre En fenecirctreSuit les croisillons de boisSoudain jrsquoaperccedilois Les vitraux rouges et bleus- Eacuteclats fecirclures Rouges et bleusSur les peintures -

Je deacutecouvre alorsCe qui anime ce qui insuffle

Je devine celui qui verse Le souffleSon flux continu qui creacutee La forme

Au sommeil il donne La forceA la mort il confie Son airPour que tout brilleComme cristalliegravere

Oui lrsquoatelier brilleComme cristalliegravere

Le souffle circule Levain leacutegerIl fait gonflerLa matiegravere - qui dort

Jrsquoaimerais cueillir Toutes les sphegraveresQui enflent et roulentLe long des fecircles

Et respirer encoreLrsquoeffluve drsquoorDu feu figeacuteDans un manchon de verre

LrsquoatelierDu souffle et du verre

Revue Meacuteninge | 14 21Revue Meacuteninge | 1420

alain morinais

Agrave deacutecoiffer les dunesLe souffle court

En battements dailesagrave rebrousser la lune

Le vent davril dit agrave la mer

Souffler nest pas jouerQuand la lame se charge des pierresque la houle en gregraveve amoncelle

Quand lamer monte

Le vent retient son souffleJoeumllle Peacutetillot

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

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adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

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sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 14 21Revue Meacuteninge | 1420

alain morinais

Agrave deacutecoiffer les dunesLe souffle court

En battements dailesagrave rebrousser la lune

Le vent davril dit agrave la mer

Souffler nest pas jouerQuand la lame se charge des pierresque la houle en gregraveve amoncelle

Quand lamer monte

Le vent retient son souffleJoeumllle Peacutetillot

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

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Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 1422 Revue Meacuteninge | 14 23

fleur cormierperrin langda

Dans ma maison un trombonisteIl trompette agrave coulisse de toutes ses mains de toute sa bouche qui se forme et deacuteforme son souffle

Ccedila cuivre ccedila brille ccedila reflegravete sa tecircte agrave lrsquoenversSon bras srsquoallonge avec les notes il a un bras de 11 ans et un bras de 91 ansQuand il marche il le rentre dans sa pocheSinon il se prend les pieds dedans

Deacutebobineacute

certains soirs drsquoeacuteteacutelorage srsquoen retourneavec son eacutedredonde cumulonimbusqui se laisse glissersur lrsquoarecircte dorsale du massif de Belledonne et la ville srsquoendort toute rose sous les nues alors qursquoun peu plus haut dans la valleacutee une gorgeinspire une brise leacutegegravere

Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute

Extrait de Glace Belledone La Pointe Saregravene 2017

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hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 1424 Revue Meacuteninge | 14 25

hubert jeacutegatmarc bonetto

Papa cours

Attends Mais Chier Attends jrsquote dis Attends moi Je vais Tu cours trop vitePapa je fais que ccedila drsquoattendre Allez cours Non Merde Trop fumer Quel temps Jrsquoabandonne Tu cours trop vitePapa on vient juste de commencer Allez Je suis Plus jeune Quelle ideacutee Oh Je te cause Attends moiPapa fais un effort CoursRespire Mal Attends Tu mrsquoeacutecoutes ReviensPapa tais toiTrsquoes drocircle Peux plus Vomir CheacuteriePapaPapaPapa Papa Respire Respire Respire

Sans titre

Je recircve un pays deacuteserteacute par le temps des horloges des mondes en fugue des trageacutedies humaines Lrsquohiver allongeacute sous le givre le printemps filant ses travaux les eacuteblouissements de lrsquoaube estivale lrsquoautomne embrumeacute de myopie Le souffle ruisselant au rythme des mareacutees rien ne troublerait lrsquoesprit ma paresse eacutetrangegravere aux douleurs comme aux larmes eacutecoute-rait drsquoautres voix qui chantent dans les vagues

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 1426 Revue Meacuteninge | 14 27

zedrinejean-charles paillet

Tu meacutetouffesDe ta bouche

Tu mets tant deTu mets tout dansTu mrsquoes tout mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattires tantTu mrsquoeacutetends surTu mrsquoes tendre mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoattends quandTu mrsquoentraicircnes pourTu mrsquoentoures mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu mrsquoentends siTu trsquoenvoies enTu me suis mais Tu mrsquoeacutetouffes

Tu me surprendsTu mens mon coeurTu mrsquoeacutecoeures car Tu mrsquoeacutetouffes Tu mrsquoessouffles Mais tu mrsquoas

Tout entier

De ta bouchelegravevres et langues vendangeacuteessouffle court

Jrsquoavalece qursquoil me restede tempspour trsquoaimer

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 14 29Revue Meacuteninge | 1428

adeline miermont-giustinati

SegravemeeMManuelle Rabu

Il y a

Il y a la maison en briques rouges les silences et le peu de lumiegravereIl y a la grand-megravere dans la chambre la porte qui grince et le plafond en lambrisIl y a le fils la fille le gendre et la petite-fille qui a pris un train juste agrave temps tous autour du litIl y a les chats agrave poils longs qui mangent comme dhabitude et vous regardent de leurs yeux mouilleacutes Il y a la peau sur les os les taches sur la peau le souffle qui percute encore les os Il y a le poegraveme que lon dira plus tard sous le soleil dhiverIl y a des peluches et des poupeacutees dans des boicirctes transparentes accrocheacutees aux murs de la chambreIl y a le lit meacutedical le corps dans les draps la peau contre les draps les os contre la peauIl y a les souvenirs colleacutes au ventre qui mitraillent encore mais doucementIl y a le feu la jointure des possibles lhorizon impeacuteneacutetrableIl y a le vieux chien qui dort dans le fauteuil Il y a les baisers sur les pommettes les cheveux et les mainsIl y a la faible lumiegravere de la chambre dans quelques minutes ce sera lanniver-saire du grand-pegravere il aurait eu 100 ans Il y a larmoire en checircne et les vecirctements repasseacutes sur des cintresIl y a la voix segraveche comme du sable qui heurte la macircchoire et vient se blottir dans nos chairs pour y dormir Il y a la vie entreacutee par effraction et qui partira comme un soleil lentement avaleacute par la mer Il y a le temps qui braille que cest lheure et nos cœurs suspendus comme du linge dans la tempecircteccedila bat tellement vite que ccedila semble agrave larrecirct plus rien ne pulse ou bien trop fort ccedila fait un bruit sourd eacutetourdissant comme dans un film au ralentiIl y a le cri du fils quand tout sarrecircte quand la poitrine finit par ne pas se soule-ver Il y a la surprise de ce que lon attend pressent sait alors que lon ne sait rienIl y a la contradiction suprecircmeIl y a les meubles les tableaux les napperons et les livres fidegraveles dans leur indiffeacuterenceIl y a le dessin de larriegravere-petite-fille glisseacute sous le drapIl y a le pegravere qui est content que sa fille ait pris un train agrave tempsIl y a le souffle qui se brise une derniegravere fois contre les draps et nos corps heacutebeacute-teacutesIl y a nos poitrines qui enflent et les larmes qui trouent nos yeuxIl y a la vie qui gonfle nos sillons

Hommage agrave Guillaume Apollinaire mort le 9 novembre 1918

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Sans titreFRancis leMPeacuteRiegraveRe

Revue Meacuteninge | 14 31Revue Meacuteninge | 1430

sandrine davin

Essoufflement

deacutecombres ndash

au milieu des ruines les ronces

fleurissent

et sous le vent assassin

les silences soufflent au creux

des pierres ndash

le soleil tortureacute

srsquoaccroche agrave lrsquoombre de lrsquoarbre mort

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

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Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

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REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

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Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 14 33Revue Meacuteninge | 1432

barbara bigot-frieden

Elle palpe la blessurePar ougrave srsquoenvole le souffle

On le lui a coupeacuteNet et court

Sangleacutee dans un litElle eacutetouffe

Dites-lui de ne plus Toucher cette blessurePar ougrave se vide le souffle

Car il faut se reacutesoudreA perdre haleineUne fois rendu au terme

De sa course

Fin de courseSouffle

C Gironnet

Abstraite reacutealiseacutee avec des pigments souffleacutes sur une feuille blanche

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delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

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Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

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leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

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De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

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Bueacutee sur la vitre ndash

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Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

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E 15

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Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

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Revue Meacuteninge | 14 35Revue Meacuteninge | 1434

delphine burnod

Sans titrenathalie lauRo

Il srsquoest endormi Je me suis dit Il srsquoest endormi pour toujours bien sucircr mais crsquoest un endormissement total sans fin paisible Comme avant qursquoil naisse au fond Mon souffle dans la petite piegravece ougrave il reposait mrsquoa paru soudain suspect eacutetonnant un peu miraculeux Ce qui me rattachait agrave la vie finalement eacutetait mince Un filet drsquoair Puissant certes mais si teacutenu Je me sentais bien je nrsquoavais pas envie de partirJrsquoai eacutecrit dans le registre en face du lit Les mots sont venus droits comme des flegraveches et jai fait en sorte drsquoecirctre clairement lisible en pensant aux membres de la famille Ils avaient ducirc faire tellement drsquoefforts depuis quelques jours Alors ne pas cligner des yeux se reposer en parcourant les lignes crsquoeacutetait deacutejagrave ccedila Peut-ecirctre qursquoils laisseraient leurs eacutepaules un peu tomber sans sen rendre compte qursquoils souriraient vaguement qursquoils se sentiraient moins seuls Jrsquoai trouveacute eacutetrange que la chambre mortuaire soit ouverte agrave cette heure-ci - et surtout que personne ne mrsquoaccueille mecircme de loin Eacutetrange qursquoelle soit poseacutee entre un parking un supermarcheacute un vendeur de mateacuteriaux de jardin En plein vent Eacutetrange que le soleil brille tant et que personne ne soit dehors La vie est folle les gens sont fous et tout se passe comme si de rien nrsquoeacutetait comme si le monde eacutetait habitueacute agrave cette folie Cela faisait longtemps tregraves longtemps que je mrsquoeacutetonnais de ccedila mais lagrave entre les fleurs en plastique derriegravere la vitrine et la deacutepartementale agrave ma droite ccedila mrsquoa paru eacutevident Et puis je me suis dit que crsquoeacutetait bien qursquoon meure tous un jour que ccedila creacuteait le piment de la vie et que le seul problegraveme eacutetait qursquoon ne parlait pas pas assez Et aussi les fleurs en plastiqueJrsquoespegravere qursquoil a compris que je lrsquoaimais bien Nicolas je lrsquoaimais

Souffle

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

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Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

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Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

Tu naicirctrais En ce mondeY ferais tes premiers pasPuis tu grandiraisConnaicirctraisMille chosesMille expeacuteriencesMille souffrancesEt parfoisUn peu de joie

Puis tu voyageraisConnaicirctraisDrsquoautres paysDrsquoautres culturesDrsquoautres personnes

Et un jourSur ton cheminTu rencontrerais quelqursquounQui ferait battre ton coeurTu fonderais alors Un foyerAurais des enfantsQue tu aimeraisPlus que tout au mondeEt ceux-ci agrave leur tourGrandiraientEt se reproduiraient

Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

Ni tes acquisitionsNi tes reacutealisations Ni mecircme ta progeacuteniturePrunelle de tes yeux

Tu trsquointerrogerais alorsSur toi-mecircmeEt tu te demanderaisDrsquoougrave tu viensEt vers ougrave te conduiraientTes derniers pas

Puis tu comprendrais Que cette eacutetincelleQue tu avais toujours chercheacuteeReacutesidait lagraveTout au fond De toihellip

Souffle originel

Sans titreFleuR coRMieR

Revue Meacuteninge | 1440 Revue Meacuteninge | 14 41

leafar izen bastien godard

Un soir de pluie et de grand ventUne vieille toque agrave ma porteElle avait les pupilles mortesJe lui ai ouvert javais le temps

Jai soif depuis dix mille ansJe veux du vin quon men apporteFaites taire la musique forteJe lai servie javais le temps

Elle avait le regard en berneMais lœil plus vif que les voyantsMa maison eacutetait sa taverneNous avons bu javais le temps

Et maintenant eacutecoute bienCe que la vue cache aux vivantsDieu sait si tu ten souviensJai eacutecouteacute javais le temps

Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

La vieille morte Marche

Cest montagnes et arecirctesQuon croise souventQuand on a les pieds en sangLes pieds en sang des kilomegravetres Le bruit des troupeaux de vautours qui deacutecollentQui te collent aux pattesQui te tournoientAutour et te font de lombre

De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

EacutePONGE

Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 1436 Revue Meacuteninge | 14 37

marc bonettondje man dieudonneacute franccedilois

Sans titre

Si tes yeux srsquoimpregravegnent de vie quand elle se donne tu moissonneras des brasseacutees drsquoalleacutegresse mais tu ne lapprendras que plus tard bien plus tard la tecircte emplie drsquoautres lieux drsquoautres gens le cœur videacute comme un baquet drsquoeau salePour lrsquoinstant tu appartiens agrave la marche au balancier des jambes au souffle des narines de la bouche aux poumons qui srsquoaffolent ivres drsquoac-cueillir un air si geacuteneacutereux Le bonheur marche avec toi en toi toujours agrave tes cocircteacutes

Grand-megravere avec ParkinsonGrand-pegravere avec Alzheimer La vieillesse qui ne leur suffit Plus La maladie qui suce et aspire Goutte par goutte Chaque seconde de ce quiReste de leur existence

Grand-pegravere avec Alzheimer Et les yeux sombres de lrsquooubli Qui te regarde sans vraiment Te voir Assis loin du soleil Assis dans son coin seul Agrave parler avec un lui-mecircmeQui nrsquoexiste pas

Grand-megravere avec Parkinson Les mains menotteacutees Par la tremblote et lrsquoarthrose Qui te laisse sur les rides De ses legravevres milleacutenaires Les miettesDrsquoun sourire eacutedenteacute mais beau

Grand-megravere avec parkinson Grand-pegravere avec AlzheimerQui ne peuvent plus entre Leurs bras squelettiques Et faibles ni te tenir ni te soutenir

Grand-megravere et Grand-pegravereLe souffle peacutenible de la longeacuteviteacute Avec lesquels tu romps Les moments preacutecieux Drsquoune vie que le preacutesent Embarque lentement Vers une nostalgie futureAgrave mesure que le tempsPasse et les deacutepasse

Grand-megravere et Grand-pegravere

Revue Meacuteninge | 14 39Revue Meacuteninge | 1438

mayane

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Puis tu vieilliraisTon corps se fleacutetiraitTu contempleraisTa vieEn chercherais le sensEt tu reacutealiseraisSoudainQue rien Ne trsquoavait vraimentCombleacuteNi tes amours

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Que tous les diables memportentSi je te trompe en te disant Nous nous recircvons les uns les autresNul ne peut capturer le vent

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De jour De nuit Tapis de buis en eacutepines matelas Toit deacutetoiles et plafond de froid En boule contre les roches Le vent ne passera pas Vieillard sphinx marcheur deacutesert Gamin des bois loup fou des joies Dans leurs tissus cachent Lenfant Lenfant Lenfant-roi Roi de soi De soir mecircme et de tous les soirs Jusquagrave lhorizon de ciels primevegravere De nuits hulottes Tranquillement Tout contre le torse Biberonne lenfantLenfant Lenfance Aux rages de dents Aux rages de cœur De fecirclures de soi De soi De soi Alors doucement Clochard qui ne parle que par le geste Passe son doigt Sur les gencives de lenfant Lenfant Lenfant en lui Et calme calme Marche comme ccedilaJusquau grand soir

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anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

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Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

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mayane

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anne-lise le garff

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Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

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Choisir un thegraveme poeacutetique un thegraveme inspirant celui-lagrave mecircme qui va dans les profon-deurs de nos eacutemotions qui traverse notre vie un thegraveme transgeacuteneacuterationnelhellip voire qui remonte jusqursquoagrave lrsquoAntiquiteacuteMais un thegraveme qui permette aussi une preacutesence ordinnaire et une texture unique Un thegraveme qui heurte notre confort poeacutetique qui deacutesordonne notre quotidien et pourtant si preacutesent dans celui-ciUn thegraveme que permettrait tout autant de faire eacutemerger le heacuterisson de son enfance un preacutenom la corveacutee de vaisselle que de repreacutesenter notre chegravere eacuteconomie mondiale au deacutepart simple squelette drsquoanimaux marins on reacuteduit les prix avec des mousses veacutegeacutetales on arrive enfin agrave la plus basse qualiteacute avec un prix imbattable issu de lrsquoindustrie peacutetrochimiquehellip Un thegraveme si naturel qursquoil est venu agrave nous tel quel dans un coin de la cuisine eacuteponge

Pour contribuer agrave Revue Meacuteninge 15 sur le thegraveme Eacuteponge envoyez vos creacuteations textuelles graphiques sonores et audiovisuelles agrave revuemeningeoutlookfr avant le dimanche 17 mars 2019

Chaque envoi doit contenir au maximun 5 oeuvres et une biobibliographie succincte (100 mots maximum) Critegraveres de selection de base Texte Maximum deux pages par poegravemeArts graphiques Reacutesolution minimale 300pppTout envoi ne reacutepondant pas aux critegraveres ci-dessus ne sera pas pris en compte

Revue Meacuteninge | 14 43Revue Meacuteninge | 1442

anne-lise le garff

Louise est faite de glaise elle srsquoeacutetend telle une peau sur la planegravete nue Elle se gonfle drsquoorgueil sous la pousseacutee sensuelle de ses deacutesirs secrets Ici elle se dresse et lagrave elle se fend agrave lrsquoouest ocre rouge agrave lrsquoest obsidienne Elle est mouvante et chaude elle est segraveche et geleacutee Tout agrave la fois et tout ensemble son ventre est le berceau et son cœur le caveau

Yvan le fugace soupire sous la pluie et dort sous le soleil Son souffle anarchiste transforme les printemps en reacutevolution Il file sous les draps fouille dans les forecircts flacircne dans les champs Nuages en bandouliegravere il quitte les volutes qui lrsquoont toujours vu naicirctre Pour surprendre en riant la jupe drsquoune femme sur le quai de la gare

Souleiman se coule sur la peau accueillante de la belle Louise Il serpente sur son corps et caresse ses formes jusqursquoagrave ce qursquoelle soit humideAlors il jaillit en mille torrents fous sur les plis de ses jambes Amant meacutelancolique si Louise le laisse pour dorer au soleil Il arrache du ciel des sanglots qui deacutechirent le tissu des nuages

Martha rumine en silence au treacutefonds des volcans Sa rage est creacuteatrice mais son art est violent Elle sculpte elle creuse elle grave puis elle deacutetruit ses œuvres Elle se consume en secret pour lrsquoamant qui serpente Mais leur amour est impossible elle rouge sang lui si transparent

Ainsi va la vie ainsi va le temps Au greacute des caprices des quatre eacuteleacutements Au greacute de leurs amours au greacute de leurs tourments Enfants inseacuteparables harmonie formidable De la Terre sphegravere qui roule infiniment

Au cœur des eacuteleacutementsAu cœur deseacuteleacutementsJALO

Revue Meacuteninge | 1444 Revue Meacuteninge | 14 45

sandrine waronskiceejay

Bueacutee sur la vitre ndash

chaque mot susurreacute

ponctueacute de frissons

Le vent est le signe de lesprit libre et cet esprit lagrave est capable de souffler les mursougrave nous nous sommes enfermeacutes pour ne plus devoir penserNous sommes devenus nos propres Judas

Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

Haiumlkus (4)Le souffle du poegravete

Image libre de droit (originale stux)

Quatriegraveme de couverture Circulation des vents Europe Nord de Franccediloise Buadas

copy Revue Meacuteninge eacutedition et les auteurs

REV

UE

MEacuteN

ING

E 15

APPEL Agrave CONTRIBUTIONS

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Deviner les calligraphies dans le dessin des bois flottantscharrieacutes par loued et dans lentrelacs des branches de leucalyptus dans les constellations imagineacutees par mon regard insomniaque agrave deacutechiffrer les cieux

Les yeux sont des bouches gourmandesagrave lalphabet feacuteroce barbare et cruelqui disent tant de choses qui nous trahissentLa mort feacuteline nous prend par la nuquedun claquement de macircchoires sauvages

Les dieux des hommes lasseacutesse sont laveacute les mains de leur destinNe nous reste que le souffle chaud des anfractuositeacutes sombres des djebelset lombre complice des nuages

Les battants de la porte agrippent les cumulus au passage de la nueacutee doiseaux rieursLe poegraveme est le souffle dune respiration communeune propheacutetie pour le cœur quand leacutetreinte ne suffit plusEncre et sueur se confondent alors dans le souffle du poegravete

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Revue Meacuteninge 14 sur le thegraveme SOUFFLE

31 artistes sur 39 oeuvres amp 100 darts poeacutetiques

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Prix unitaire 8euro

• Le cri
• Le cri
• Sud Afrique
• Encore plus haut
• Souffler les pissenlits
• La fleur du vent
• Lrsquoanniversaire
• Tanka-prose
• Poumons
• Du souffle et du verre
• Lrsquoatelier
• Le vent retient son souffle
• Quand lamer monte
• Lrsquohomme qui fumait les soirs drsquoeacuteteacute
• Deacutebobineacute
• Sans titre
• Papa cours
• De ta bouche
• Tu meacutetouffes
• Segraveme
• Il y a
• Essoufflement
• Sans titre
• Souffle
• Fin de course
• Sans titre
• Souffle
• Grand-megravere et Grand-pegravere
• Sans titre
• Sans titre
• Souffle originel
• La vieille morte
• Marche
• Au cœur des eacuteleacutements
• Au cœur des
• eacuteleacutements
• Le souffle du poegravete
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