revue d'histoire et de littérature religieuses

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Revue d'histoire et de littérature religieuses Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Revue d'histoire et de littérature religieuses. Annêe et tome V. 1914.Paris. Émile Nourry Éditeur.

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  • Revue d'histoire et delittrature religieuses

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Revue d'histoire et de littrature religieuses. 1896-1922.

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  • REVUE

    D'HISTOIRE ET DE LITTRATURE

    RELIGIEUSES

    ANNE ET TOME V

    (Nouvelle Srie)

    EMILE NOURRY, DITEUR

    62, HUE DES COLES, 62 (v)

    PARIS

    1914

  • D'HISTOIRE ET DE LITTRATURE

    REVUE

    RELIGIEUSES

  • EN VENTE A LA MME LIBRAIRIE

    ~e('Me d'Histoire et de ~K

  • D'HISTOIRE ET DE LITTRATURE

    RELIGIEUSES

    EMILE -NOURRY, DITEUR

    62, Bt)B DES ECOLES, 62 (v*)

    REVUE

    ANNE ET TOME V

    ~OMpeMe Srie)

    PARIS

    19i4

  • 1UN NOUVEAU BIOGRAPHE

    DE SAINT AUGUSTIN 1

    A premire vue, rien ne semblait prdestiner M. Louis Ber-

    trand devenir le biographe du Docteur de la grce. Jusqu'icison uvre ne comprenait que des essais de critique littraire,des romans et des rcits de voyages. Et, travers tous ces

    crits, il s'tait rvl comme un esthte trs dlicat, non

    -comme un historien.

    Dj en 1889, dans une publication posthume des Essais de

    -son ami Pierre Blerzy, il expliquait que l'tude du pass r-

    pugne nos instincts et reste, d'ailleurs, trangement prcaire;

    puis, il montrait une prfrence trs marque pour le travail

    artistique, qui, uniquement soucieux du prsent, entre en

    rapports directs avec la nature afin d'en dgager l'ternelle

    beaut. Quelques annes plus tard, dans La fin du classicisme

    et dans La renaissance classique, il s'appliquait prouver quenotre littrature, ne d'une imitation de l'antique, est morte

    un certain moment de cette mme imitation, et que seul le con-

    tact de la ralit a pu la faire vivre et la ressusciter. Ds cette

    poque, il se sentait beaucoup moins attir vers Renan ou vers

    Taine que vers Flaubert, dont il ditait peu aprs La premire

    confession de saint Antoine, et a qui il a trs rcemment con-

    sacr une tude trs pntrante et trs sympathique, en sou-

    venir, dit-il, de tout ce qu'il lui doit.

    Aussi la plus grande partie de son uvre est faite de romans.

    Et ceux-ci n'ont rien d'archaque. Ils se droulent notre

    poque, prs de nous. Ils ngligent mme de parti pris les l-

    ments vieillis de notre monde moderne, pour ne considrer

    t. Louis BERTRAXD Saint ~Mgttsfut, Paris (Fayard) 1913, in-16, 462 pages.

    Revue d'Histoire e< de Littrature feKgMMses. V. N* 1

  • PROSPER ALFARIC2

    que les plus jeunes, ceux qui portent en eux l'espoir de l'ave-

    nir. M. Bertrand montre une prdilection spciale pour les

    socits qui s'bauchent, pour celles. o le sang des races se

    mlange, parce qu'il y dcouvre les promesses d'une vie nou-

    velle et plus intense. Il aime surtout dcrire les natures

    robustes et passionnes, la Cina, une belle et ardente amou-

    reuse, Henri Mautoucher, le rival de don Juan, ou encore Ppte

    le bien-aim, un pcheur vigoureux dont raffolent les femmes.

    Enfin, sans voir dans l'individu un produit du milieu, il

    s'intresse beaucoup au thtre sur lequel ses personnages

    voluent. Il possde une me de peintre prise de formes et

    de couleurs. Aussi ses romans trahissent-ils un souci grandis-

    sant du dcor. 11 n'a eu qu' en extraire un certain nombre de

    descriptions pour former un volume trs dense qu'il a pu inti-

    tuler ~e livre de la Mec~er~Mee. Pour lui, cette mer int-

    rieure , qui relie les trois plus vieilles parties du monde, est

    comme le berceau de notre civilisation. Il en a pieusement

    explor les contours. Mais il a surtout dcrit avec un relief

    saisissant les abords du Sahara, le jardin de la mort, et la

    Grce dHso

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 3

    marbres , qui lui donna l'tre une seconde fois en faon-

    nant ses sens encore dbiles en lui enseignant le culte

    salutaire de la force, de la sant, de l'nergie virile H, en rat-

    tachant sa raison gare au solide appui de la tradition .

    Comment, aprs cela, n'et-il pas t attir vers l'vque

    d'Hippone ? Celui-ci, en effet, est le grand Africain Plus

    qu'aucun autre il a exprim le temprament et le gnie de son

    pays. Cette Afrique bariole, avec son mlange ternel de races

    rfractaires les unes aux autres, son particularisme jaloux, les

    contradictions de ses aspects et de son climaLt, la violence de

    ses sensations et de ses passions, la gravit de son caractre et

    la mobilit de son humeur, son esprit positif et frivole, sa ma-

    trialit et son mysticisme, son austrit et sa luxure, sa rsi-

    gnation la servitude et ses instincts d'indpendance, son

    apptit de l'empire, tout cela se rvle en traits saisissants dans

    l'oeuvre d'Augustin.

    D'autre part, l'auteur de la Cina a toujours eu un got trs

    marqu pour le roman psychologique. 11 loue Flaubert de

    n'avoir pas tout sacrifi au dcor et de s'tre avant tout appli-

    qu faire agir ses personnages selon les vraisemblances,

    leur donner une me. Il le flicite aussi de ne s'tre pas can-

    tonn dans la description des murs contemporaines, mais

    d'avoir plutt entrepris de faire revivre l'antiquit dans ce

    qu'elle a de romantique, de passionn, et de dcoratif a. A son

    avis, l'auteur d'un roman, pour ne nous donner que des

    motions reprsentatives, devrait, peut-tre, se reculer fort loin

    dans le pass , car.la ralit n'a de valeur reprsentative

    que si elle se situe dans une poque depuis longtemps disparue, o elle se dpouille de toutes ses contingences pour ne plus

    manifester que ses caractres essentiels et permanents Il

    admire et il a voulu imiter -Sa/a/n~ci. Dans ces conditions, nul

    sujet ne pouvait mieux lui convenir que celui qu'il a choisi.

    Quoi de romanesque, en effet, comme cette existence errante

    de rhteur et d'tudiant que le jeune Augustin promena de

    Thagaste Carthage, Milan et Rome, et qui, commence

  • PROSPER ALFARIC4

    dans les plaisirs et le tumulte des grandes villes, s'acheva dans

    la pnitence, le silence et le recueillement d'un monastre?

    Et, d'autre part, quel drame plus haut en couleur et plus utile

    mditer que cette agonie de l'Empire laquelle Augustinassista et que, de tout cur fidle Rome, il et voulu con-

    jurer ? Quelle tragdie enfin plus mouvante et plus doulou-

    reuse que cette crise d'me et de conscience qui dchira sa

    vie? A l'envisager dans son ensemble, on peut dire que la vie

    d'Augustin ne fut qu'une lutte spirituelle, un combat d'me.

    C'est le combatde tous les instants, l'incessante psychomachie,

    que dramatisaient les potes d'alors et qui est l'histoire du

    chrtien de tous les temps.

    Enfin, ne manquons pas d'observer qu'en M. Bertrand l'es-

    thte est toujours doubl d'un croyant. Dj l'cole normale

    suprieure, sous l'influence de Pierre Blerzy, il se dit que,

    pour faire une uvre d'art, on doit avoir une ide directrice

    et possder par consquent une certaine foi. Il rprouve le

    scepticisme de Renan, qui marivaude avec impertinence sur

    les contradictions apparentes des choses , au lieu de chercher

    les concilier, et il prend trs nettement parti pour la tradi-

    tion catholique, dont il estime que les fondements demeurent

    inbranlables malgr tous les assauts de la critique. Ds cette

    poque, il s'attache mme, d'une faon spciale, Augustin et

    il le voit avec les yeux d'un fidle romain. Avec Blerzy, qui se

    passionne pour la querelle du Jansnisme, il lit le Po;'< Royal

    de Sainte Beuve, et il se dit qu'en dfinitive ce sont les

    Jsuites qui ont raison . Du reste, comme il met la vie bien

    au-dessus des doctrines, il estime le saint bien plus que le doc-

    teur, et il voit en lui l'expression la plus parfaite de l'idal

    rv. L'hagiographe d'aujourd'hui ne fait que mettre en

    oeuvre ces premires ides de l'ancien normalien. Pour lui

    aussi, Augustin se prsente comme une des mes les plus hu-

    maines et les plus divines qui sont passes sur nos chemins;

    il est, aprs le Christ et saint Paul, notre pre spirituel , et,

    si maintenant on le lit peu, c'est sans doute parce que les

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 5 5

    ~

  • PROSPER ALFARIC6'

    profondment encaisse de la Medjerda. Au bas des pentes en

    prcipices, on entend bruire la rivire sur les cailloux de son

    lit torrentueux, et ce sont des descentes abruptes parmi les

    fourrs de genvriers, les racines mergeantes de pins en pa-rasol. Puis, mesure qu'on descend, le sol se fait plus pauvre,les espaces dnuds se multiplient. Enfin, sur un renflement

    de terrain, Madaure apparaissait, toute blanche au milieu

    d'une vaste plaine, d'un gris fauve, ou l'on ne voit plus rien

    aujourd'hui qu'un mausole en ruines, les dbris d'une for-

    teresse byzantine, et de vagues vestiges vanescents. n

    Enfin, avec le jeune tudiant, nous arrivons Carthage et

    nous jouissons du magnifique spectacle qui s'y offrait lui

    (f Du haut de l'escalier monumental qui conduisait au temple

    d'Esculape. au sommet de l'Acropole, Augustin pouvait voir

    ses pieds la ville norme et rgulire, avec sa ceinture qui

    s'largissait l'infini, de jardins, d'eaux bleues, de plainesblondes et de montagnes.' S'il s'arrtait sur les degrs,

    l'heure du soleil couchant, les deux ports, arrondis en forme

    de coupes, resplendissaient dans la margelle des quais, comme

    des lentilles de rubis. A gauche, le lac de Tunis, immobile,

    sans une ride, aussi riche en feries lumineuses qu'une lagune

    vnitienne, se moirait de nuances dlicates et magnifiques.En face, de l'autre ct du golfe, o se bombaient les voiles

    des navires, travers l'espace ventil et vibrant, les mon-

    tagnes de Rhads levaient contre le ciel leurs architectures

    ariennes.

    M. Bertrand ne se contente pas de dcrire des paysages

    contemporains. Il s'efforce encore de reconstituer l'aspect des

    villes de l'Afrique romaine, dont son ami Stphane Gsell, un

    des matres de l'archologie, lui a appris explorer les ruines.

    Tour tour il nous fait parcourir les vieux quartiers de Car-

    thage, de Rome et de Milan, et passer du forum encombr de

    statues la basilique chrtienne bien plus austre en sa sim-

    plicit. Il s'applique mme, avec beaucoup de soin, dpeindre

    la physionomie des foules qui se pressent sur la place publique

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 7

    ou autour des autels et fixer en quelques traits rapides leurs

    murs et leurs passions.Mais M. Bertrand procde ici en artiste amoureux du dcor,

    bien plus qu'en historien soucieux d'expliquer la formation

    de l'me d'Augustin. Il croit assez peu l'action du milieu et

    il professe plutt une sorte d'occasionalisme, o tout se subor-

    donne l'action intime de la grce. Pour lui, l'vque d'Hip-

    pone est un prdestine a toute sa vie se trouve domine parune volont suprieure sa conversion, par exemple, est un

    fait divin qui chappe toute discipline rationnelle on peuten dcrire les principaux incidents et s'attacher les prsenterd'une faon vivante, mais non remonter jusqu'aux causes.Aussi met-il en relief certains dtails qui n'ont qu'une valeur

    artistique et en nglige-t-il d'autres, qui, au point de vue his-

    torique, auraient une grande importance, mais qui n'ont pas

    pour lui le mme charme. Tandis qu'il passe longuement en

    revue les quartiers de Carthage, il consacre peine une men-

    tion rapide aux Manichens que le jeune tudiant de Thagastey a rencontrs et dont sa jeune intelligence a reu une em-

    preinte profonde et mme ineffaable. Il nous fait un tableau

    soign du port d'Ostie, o le nouveau converti eut avec samre le clbre entretien dcrit dans les Confessions, mais iln'a rien dit des Noplatoniciens dont ce dialogue reflte lesides. D'une manire gnrale, M. Bertrand ne songe gure

    nous renseigner sur les milieux intellectuels qu'a traverss

    Augustin.Les quelques indications qu'il nous donne sur ce sujet im-

    portant sont loin, d'ailleurs, d'tre absolument sres. Il pr-sente le Manichisme comme une doctrine tortueuse etlouche '), contamine de fables grossirement absurdes que

    prchaientbruyammentdes charlatans. Commentexplique-t-il donc qu'avec son intelligence et sa culture Augustin y aitcru et s'en soit mme fait ardemment l'aptre pendant neufans ? Il rpond que seuls quelques initis la connaissaient fond. L'hypothse est purement gratuite et les faits la d'

  • PROSPER ALFARIC8

    mentent. Augustin n'a t qu'un simple auditeur cepen-dant il prtend tre bien renseign. D'ailleurs, n'a-t-il pas eu

    en main les crits de Mani ? M. Bertrand fparle avec mpris de

    ce ramas de livres , de ce monceau d'critures , et il

    affirme que les prtres eux-mmes ne les lisaient point. Nous

    savons qu'au contraire la lecture en tait faite aux simples s

    fidles dans les assembles religieuses, qui avaient lieu tous

    les dimanches. Il dit que les Manichens taient plutt occu-

    ps saper les vangiles coups de syllogismes . Leur cri-

    tique nous est connue par le Contra Adimantum et le Contra

    Faustum. Qu'on lise ces deux traits. On verra que l'exgse

    vanglique d'Adimante et de Fauste s'appuie sur la comparai-son des textes, non sur la dialectique. Enfin, nous apprenons

    plus loin que les disciples de Mani amenaient une intransi-

    geance de puritains , mais que cette austrit n'tait la plu-

    part du temps qu'hypocrisie. On conoit mal que la plupartdes adeptes d'une religion si rpandue aient t des hypocrites.

    Augustin, qui a vcu dix ans dans leur intimit, a mis vraiment

    beaucoup de temps s'en apercevoir, D'ailleurs les preuves

    qu'il donne de leur immoralit sont loin de s'imposer. Lui-

    mme avoue que, mme aprs avoir cess de croire leur dog-

    matique, il tenait encore leur morale, et que beaucoup de

    gens s'attachaient galement eux cause de leur appa-rente (1) vertu . C'est dire que, sur ce point encore, ses

    reproches sont fort exagrs. Son biographe et d se garderde les prendre la lettre.

    Il n'est pas moins svre, ni moins injuste pour le Dona-

    tisme. Il le rduit tout entier un accs suraigu d'individua-

    lisme africain bien fait pour plaire aux mcontents et aux

    brouillons . Comment n'a-t-il pas vu qu'entre les partisansde Donat et ceux de ~cilien des questions fort graves se po-saient en matire de discipline, de morale et mme de dogme;

    que, d'ailleurs, cette poque, des problmes analogues s'agi-taient un peu partout en dehors de l'Afrique ? Il prsente les

    dissidents comme des sectaires accoutums aux pires violences

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 9

    et il les rend responsables de tous les mfaits des Girconcel-lions , ou

  • PROSPER ALFARIC10

    bats du petit africain, jeune chat sauvage n, vagabondant

    par monts ou par vaux la recherche de' quelque nid, ou

    jouant sur le seuil de sa maison en compagnie de nombreux

    camarades, et trichant avec une tranquille impudeur, ce quine l'empche pas de dnoncer prement les tricheries de ses

    partenaires. Il le montre l'cole deThagaste, occup chan-

    ter l'odieux refrain: c un et un font deux, deux et deux font

    quatre et apeur devant le premier matre n, dont la gaules'abat souvent sur lui, son grand dsespoir et malgr ses

    prires. Puis, il le suit chez le grammairien de Madaure, lisantet relisant sans cesse l'Enide, pleurant chaudes larmes la

    mort de Didon, s'exaltant la lecture des potes de la volupt,dont les peintures passionnes ou lascives s'impriment en

    traits de feu dans son imagination encore nave, et il dpeint en

    psychologue trs averti cette aube de la pubert o le jeunehomme dcouvre avec un frmissement de joie tout un monde

    nouveau . Plus loin, il nous prsente l'tudiant de Carthagefascin par 1 talage des plaisirs que lui offre la cit de Vnus,

    passionn pour le thtre, o il vit pour son propre compteles aventures sentimentales de la scne, littralement assoin

    d'amour, se donnant avec l'ardeur de son temprament, avec

    tout son cur et avec tous ses sens, la femme qui incarne

    son rve. L'auteur de La Cina se retrouve ici dans son lment.

    Sa connaissance du cur humain l'a heureusement inspir,et plusieurs de ses tableaux on tune animation et une fracheur

    qui donnent l'illusion de la vie.

    Mais celles mme de ses peintures qui offrent le plus de vritdemeurent trs fantaisistes. Le nouveau biographe d'Augustin

    procde en romancier bien plus qu'en historien. On s'en

    aperoit ds la premire page de son chapitre initial, Les en-

    fances, dont l'pigraphe: Je n'aimais qu' jouer ".traduitassez infidlement le latin: Sed delectabat ludere . Pour

    donner plus de relief son rcit, M. Bertrand force volontiersle texte des Confessions. Sur beaucoup de points, il et d

    plutt l'attnuer. Eneffet, l'vque d'Hippone abonde toujours

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 11

    en exagrations, mais il ne le fait jamais autant qu' travers

    son autobiographie. Visiblement, en racontant sa vie, il veut

    montrer par sa propre exprience la misre de l'homme dchu

    et livr lui-mme, puis la bont du Dieu des chrtiens pen-

    che sur sa dtresse. Aussi a-t-il une tendance trs marque

    dnigrer le mcrant qu'il a t jadis, pour mieux faire res-

    sortir le bienfait de la foi, et ngliger les facteurs naturels

    de son volution, pour mettre davantage en relief ceux o

    l'action de la grce lui parait plus manifeste.

    A l'en croire, ds sa seizime anne, il se serait laiss em-

    porter par sa sensualit, jusqu' ne pas savoir distinguer la

    lumire sereine de la pure affection et les fumes des.mauvais

    dsirs il aurait t une pourriture . Et son biographe

    ajoute pour renchrir Quand on songe tous les vices afri-

    cains, on n'ose presser de tels aveux. Ne les pressons pas

    trop en effet, car, pour montrer jusqu'o, en ce temps-l, sa

    perversit naturelle pouvait aller, Augustin raconte, avec la

    plus vive douleur, qu'un jour il a vol des fruits dans un ver-

    ger voisin, pour le seul plaisir qu'il trouvait commettre ce

    vol et exasprer un propritaire grincheux. Si c'est l son

    crime le plus grave, nous pouvons tre indulgents pour ses

    autres fredaines.

    Lui-mme dit qu'en arrivant Carthage il n'aimait pas

    encore, mais que bientt il se prcipita dans cet amour o il

    dsirait tre pris, qu'il s'enlaa joyeusement dans des nuds

    de misre , pour tre bientt dchir par les verges br-

    lantes de la jalousie, flagell par les soupons, les craintes,

    les colres et les querelles . Ici encore son biographe ren-

    chrit. Il nous le montre, se livrant, comme les autres tu-

    diants, une dbauche effrne, et prouvant, au milieu de

    ses pires dbordements , une constante dception, jointe la

    nostalgie des mes prdestines . En ralit, Augustin a

    pris tellement got la vie amoureuse que, peu de temps

    encore avant sa conversion, il ne croyait pouvoir s'en passer,

    et que, mme alors, il en vantait le charme avec une loquence

  • PROSPER ALFARIC12

    persuasive, qui faillit amener son ami Alype y goter aussi.

    D'autre part, pendant ses annes d'tude, il posait dj, nous

    dit-il, l'homme bien lev, il l'emportait en moralit sur ses

    camarades, et il rprouvait notamment les dsordres auxquelsse livrait la bande des Dmolisseurs a. Un de ses adversaires,

    qui l'a connu alors, dclare qu'il a toujours t ami de la

    paix et de l'honntet".Faisant du jeune tudiant un libertin d'aujourd'hui ,

    M. Bertrand croit qu'il eut d'abord de multiples a passions n,dont chacune tait trop ardente pour durer", et qu'il ne

    contracta de liaison rgulire que peu avant son dpart de

    Carthage. Mais Augustin n'tait g que de 18 ans quand il

    devint le pure d'Adodat, qui lors de son baptme avait dj15 ans. Quand il arriva dans la mtropole africaine, il tait

    dans sa 17' anne. C'est dire qu'il dut connatre fort peu de

    temps aprs la mre du jeune homme. Il semble, d'ailleurs,faire concider sa premire exprience amoureuse avec la

    rencontre qu'il fit de cette femme, car il parle de ces deuxfaits en termes presque identiques. Or, il affirme express-ment qu'aprs s'tre li avec sa concubine, il lui garda la fidlit conjugale . A ce point de vue, sa vie a donc t, en

    somme, trs rgle. Si, plus tard, il a parl en termes amers

    de ses dbauches passes, c'est parce qu'alors la seule ided'un amour sensuel lui paraissait une abomination. Mais on

    peut s'tonner de voir l'auteur de Ppte le bien-aim se ralliersans protestation un jugement si svre.

    M. Bertrand ne s'est pas moins mpris sur ce qui concernela conversion d'Augustin. Pour lui, celle-ci a t prpare parla lecture de Platon, mais elle a surtout t provoque par les

    propos de Simplicien et de Pontitien, relatant les exempleschrtiens de Victorin et des moines d'gypte, et par les inci-

    dents miraculeux qui ont suivi cette double conversation. Elles'est donc eiectue en un sens nettement catholique. Or,l'auteur des Co/eMtO/M dit'plutt qu'il a t mis sur la voie

    de' l'vangile par les crits de quelques

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 13

    vite ici de prciser, pour ne pas attirer l'attention des lecteurs

    sur des auteurs profanes. Mais il a expliqu plus nettement,dans un de ses premiers traits, qu'il a connu la sagesse par

    quelques livres de Plotin . Il est vrai que cinq manuscrits

    seulement donnent cette dernire leon, et que tous les autres

    portent plutt de Platon . Mais on s'explique trs bien quele nom de Platon ait t substitu celui, moins connu, de

    Plotin, tandis que le contraire ne se comprendrait point.D'ailleurs, les Confessions donnent des crits de Noplatoni-ciens que le rhteur de Milan a eus en main une analyse

    prcise qui s'applique fort bien l'auteur des Ennades, non

    au fondateur de l'Acadmie. D'autre part, dans des crits plusanciens, Augustin raconte assez longuement sa conversion

    sans faire jamais la moindre allusion ce qui lui a t dit de

    Victorin et des moines d'gypte, ainsi qu' la scne du jardin

    qui a suivi. On aurait certes tort d'en conclure que l'pisoden'est point historique, mais on est bien en droit de penser

    qu il n'a eu, somme toute, qu'une importance assez restreinte.

    Enfin, si nous lisons les traits qu'Augustin a crits Cassi-

    ciacum, ou Milan, dans les mois qui ont immdiatement

    suivi sa conversion, nous voyons qu'il y parle en philosophe

    beaucoup plus qu'en croyant. Il s'y rallie expressment au

    christianisme, mais parce qu'il voit en lui une forme exot-

    rique du noplatonisme, la seule qui soit accessible la foule.

    Il reconnat que les enseignements de l'autorit sont utiles et

    mme ncessaires, mais il estime bien davantage ceux de la

    raison, dont Platon et Plotin sont pour lui les vrais reprsen-tants. M. Bertrand n'a pas vu le dsaccord qui existe, sur ce

    point, entre les premires uvres du nouveau converti et le

    rcit bien plus tardif des Confessions.La mme mprise se continue, en s'aggravant, dans la suite

    du livre. Au lendemain de son baptme, y lisons-nous,

    Augustin n'a qu'un, dsir: s'ensevelir dans la retraite, vivre

    d'une vie humble et cache, partage entre l'tude de l'criture

    et la contemplation de Dieu". C'est pourtant cette poque

  • PROSPER ALFARIC14

    qu'il entreprend ses deux grands traits De la pra~deur de

    l'me et Du libre arbitre. Or, dans l'un et dans l'autre, il s'ap-puie sur la pure raison et non point sur la Bible il procdeen philosophe beaucoup plus qu'en chrtien. D'aprs son

    biographe, une fois tabli Thagaste, il n'a d'autre idal quecelui des anciens moines se recueillir, prier, tudier

    l'Ecriture Et cependant, c'est l qu'il a achev son grandtrait De la musique, qu'il a continu celui Du libre arbitre,

    qu'il a rdig celui Du /?Mt~re, galement inspir par la philo-

    sophie, et qu'il adress Nbride ces lettres remarquables,dont son correspondant dit que certaines font entendre

    Platon, d'autres Plotin, d'autres enfin le Christ . Jusqu' la

    veille de son sacerdoce, Augustin reste trs pntr de nopla-tonisme, bien qu'il se soit progressivement imprgn du

    christianisme.

    M. Bertrand n'a consacr qu'un nombre de pages assez

    restreint aux quarante annes pourtant fort importantes quiont suivi son ordination sacerdotale. Encore y raconte-t-il

    bien moins l'histoire de son me que celle des divers vne-

    ments au milieu desquels s'est exerce son action. Pour lui, le

    pasteur d'Hippone a fort peu vari. Il apparat comme la

    vivante image de la tradition catholique, toujours immobile

    en dpit des bouleversements et des transformations qui

    s'oprent tout instant dans le monde ambiant. En ralit,

    Augustin a continuellement modifi sa faon de voir et de

    sentir. Si l'on suit pas pas ses crits, en tenant compte de

    leur chronologie, on s'aperoit bien vite que sa vie entire

    a t dans un perptuel mouvement. Lui-mme s'en est fort

    bien rendu compte; car, dans un de ses derniers crits, faisant

    la rvision de ses travaux antrieurs, il note fort judicieuse-ment que celui qui les lira dans l'ordre mme o il les a rdigs

    pourra se rendre compte des progrs qu'il a raliss. L'histoire

    de ces progrs offre un grand intrt et on peut s'tonner queM. Bertrand ne l'ait pas mme souponne.

    On est'en droit de s'tonner aussi qu'il n'ait pas consacr

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 15

    un chapitre la psychologie de son hros. Sans doute, il en

    a sem les lments travers tout son livre. Mais, justement,

    ces donnes fragmentaires sont assez dcevantes. D'aprs

    M. Bertrand, comme d'aprs tous ses devanciers, Augustin

    a une me trs tendre". De fait, il s'est exprim en termes

    trs chauds sur l'amiti, mais l'enthousiasme mme avec

    lequel il en parle ne va pas sans dclamation. Il s'est beau-

    coup li avec un de ses premiers condisciples et avec Roma-

    nien, avee Alype de Thagaste et avec Nbride de Carthage. Le

    cercle de ses intimes parat avoir t, pourtant, assez troit.

    Enfin, c'est bien avant sa conversion qu'il s'est attach eux.

    Une fois gagn aux ides de Plotin et celles de Paul, il s'est

    dit qu'au lieu de se disperser travers les cratures, l'me

    doit se concentrer uniquement en Dieu, et il a si bien mis

    cette rgle en pratique qu' la mort de sa mre il s'est fait

    accuser d'insensibilit et qu'il s'excuse d'avoir pleur sur elle.

    L'amiti tient fort peu de place dans ses lettres. Celles mme

    qu'il adresse Alype et Nbride sont d'une scheresse

    remarquable. N'oublions pas enfin que, s'il a beaucoup aim

    sa premire concubine, il ne l'en a pas moins congdie,

    aprs douze ou treize ans de vie commune, pour pouser une

    jeune fille de condition meilleure qui devait lui apporter une

    assez belle dot.

    Son biographe voit en lui le type de l'homme d'action et

    vante la fermet de son caractre. Ce n'est pourtant pas ce qui

    frappe le plus chez l'voque d'Hippore. Il se laisse dominer

    par la foule jusqu' approuver finalement, et bien malgr lui,

    la promesse qui a t arrache au riche Pinien de ne pas se

    laisser ordonner ailleurs qu' Thagaste, et il en vient jusqu'

    ne plus pouvoir disposer de son temps, malgr les mesures

    qu'il a prises pour s'assurer un peu de libert. Pendant ses

    annes de professorat, il a prouv beaucoup de peine s'im-

    poser auprs de ses lves. Lui-mme nous apprend qu'il a d

    quitter ceux de Carthage parce qu'il n'arrivait pas faire

    rgner chez eux la discipline. Dj dans sa vie d'tudiant, tout

  • PROSPER ALFARIC16

    en dsapprouvant la conduite de ses camarades, il n'osait

    point les en blmer et il s'accusait mme de fautes qu'il

    n'avait point commises, pour avoir l'air de faire en tout

    comme eux.

    En somme, Augustin est surtout un intellectuel. M. Ber-

    trand le reconnat expressment et plusieurs reprises. Mais,

    par une contradiction assez trange, il insiste assez peu sur ce

    point. H esquive, dans la mesure du possible, les questionsdoctrinales et, quand il en parle, il ne le fait que d'une faonfort vague et souvent inexacte.

    III

    Augustin n'a commenc de penser, d'une faon vivante et

    personnelle, que dans sa dix-neuvime anne, du jour o il a lu

    l'~or~nMMS et conu l'ide de la sagesse. Presque aussitt aprs,il s'est tourn vers les Manichens, non pas comme le dit son

    biographe, en dsespoir de cause , mais avec enthousiasme,

    parce qu'il a cru trouver chez eux cette vrit suprieure dont

    Cicron lui avait inspir le dsir. Pendant neuf ans conscu-

    tifs, cette poque o l'intelligence s'organise, il a penscomme eux, il s'est fait leur porte-parole, il leur a recrut des

    adeptes. Leurs conceptions lui sont ainsi devenues tout fait

    familires. Elles sont pour ainsi dire entres dans sa nature et

    elles ont command le cours entier de son volution. M. Ber-

    rand eut donc bien fait de nous en donner un rapide aperu.Il se contente d'en faire la critique.

    Aprs avoir assez longuement racont comment l'ancien

    auditeur a rompu avec ses coreligionnaires, il nous le

    montre, en deux phrases htives, hsitant, par une instinc-

    tive prudence , entre les doctrines qui s'offrent lui, et adop-tant provisoirement le septicisme acadmique sous sa forme

    commune . Ce n'est pourtant pas par un pur instinct ,mais plutt cause de l'action du milieu, jointe la lecture

    habituelle de Cicron, qu'Augustin s'est orient vers les dis-

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 17

    2

    ciples de Carnade. La forme de septicisme laquelle il s'est

    ralli tait sans doute fort commune. On et aim pourtant

    la voir dfinie d'une faon plus nette, car il l'a professe

    pendant plusieurs annes, et il s'en est beaucoup souvenu dans

    la suite.

    On et gagn plus encore connatre ce qu'Augustin a prisau noplatonisme, car c'est par lui qu'il a retrouv le chemin

    de l'Eglise. Pendant les premires annes qui ont suivi sa con-

    version, il pensait surtout par Plotin, dont il s'est d'ailleurs

    inspir jusque dans sa vieillesse. Or, M. Bertrand, qui fait plu-tt de lui un disciple de Platon, se contente de dire en une

    simple page, emprunte au rcit fort tendancieux des Confes-

    sions, que son matre lui a appris la spiritualit divine n et

    la ncessit primordiale du Mdiateur ou du Verbe . 11 in-

    siste tout autant et mme davantage, en se fiant toujours au

    mme texte, sur les leons morales que lui ont donnes, ce

    moment critique, les EpMy'es de Paul. Cependant le jeune rh-

    teur a parcouru celles-ci simplement en passant , pour voir

    si leur doctrine s'accordait avec celle des Ennades, et il n'en

    tire aucun profit dans ses premiers crits.

    Augustin n'a commenc d'tudier la Bible, d'une faon

    suivie, qu'aprs avoir ouvert son monastre de Thagaste. Mais, partir de ce moment, il s'est de plus en plus donn cette

    tude, et il a demand aux livres inspirs la sagesse qu'au-

    paravant il. avait cru rencontrer chez Plotin: partir de cette

    poque, on ne peut donc comprendre la vie de son esprit sans

    analyser son exgse. M. Bertrand n'a aucun souci d'en scruter

    les secrets. 11 ne voit dans ses commentaires allgoriques de

    l'criture que leur

  • PROSPER ALFAtUC18

    Une fois ordonn prtre, Augustin s'est consacr avec une

    ardeur inlassable la prdication, qui tait un des premiers

    devoirs de sa charge et qui rpondait bien ses gots de

    rhteur. FI est devenu l'Homme-Verbe , uniquement "voTt

    au service des mes. C'est son biographe qui nous le fait

    remarquer, et il nous expose, en un long chapitre, ce qu'on

    entendait dans la basilique de la paix H. Qu'on lise les seize

    pages qu'il a crites sur ce sujet. On y trouvera une longue

    description de l'glise cathdrale et des fidles qui s'y pressent.

    On verra comment le prdicateur sait s'adapter eux et parler

    leur langage, comment il se sert des comparaisons les plus

    familires pour faire comprendre sa pense, comment il

    affectionne certaines phrases de l'criture. On n'aura pas la

    moindre ide de sa prdication morale.

    Dj avant-sa conscration piscopale et surtout dans les

    temps qufont suivi, Augustin a men une campagne active et

    rsolue contre le schisme des Donatistes. Il a achev de se fixer

    dans le cathoHeisme. QacHe ide s'est-il forme de l'glise,

    de sa constitution et de sa hirarchie, de sa vie intrieure et

    de ses sacrements? La question est, pour un historien, du plus

    grand intrt. M. Bertrand ne se la pose pas. Il se contente de

    formuler quelques considrations fort vagues sur le besoin

    d'unit qui s'imposait Fglise, comme aussi l'Empire. Il

    raconte, en revanche, assez longuement comment Augustin,

    qui ne votait d'abord recourir qu' la persuasion, a fini par

    rclamer la contrainte lgale contre ses adversaires. Et c'est

    pour l'en excuser, ou mme pour louer sa grande mansu-

    tude , qui ne rclamait des chtiments corporels que pour le

    plus grand ben des coupables, et ne voulart d'aiMeur~ pas

    recourir contre eux la peine de mort.

    Ds que les circonstances l'ont permis, l'voque d'Hrppone

    est revenu aux tudes spculatives, qui avaient toujours gard

    ses prfrences. Concevant dj le dogme catholique d'une

    faon trs personnelle, r! a entrepris pour prciser ses vues et

    les faire valoir, une srie de traits fort importants, dont celui

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN t9

    de La Trinit forme comme le centre, et qui cherchent mon-

    trer comment tout vient de Dieu et doit tendre vers lui.

    M. Bertrand les regarde justement comme l'uvM essentielle

    de sa vie, et il les juge trop peu connus. On croirait donc qu'il

    va les entr ouvrir pour le plus grand profit de ses lecteurs

    Mais, tout de suite, il coupe court, et-il se contente de formuler

    un jugement rapide sur les Confessions, qui n'exposent la

    thologie augustinienne que d'une faon trs indirecte.

    Plus loin, il consacre, pourtant, tout un chapitre la Cit de

    Dieu, qui, partir de 410, a longtemps absorb les loisirs

    d'Augustin. Mais il en mconnat le caractre vritable. Il n'y

    voitgure qu'une critique du paganisme et tandis qu'il emploie

    quinze longues pages en dcrire la polmique, il en rsume la

    partie positive en six lignes. C'est pourtant celle-ci qui importe

    surtout. Augustin ne combat la Cit du diable que pour

    faire triompher celle de Dieu. Il ne s'attaque au paganisme

    expirant qu'an de montrer le Christ vivant aujourd'hui

    comme hier et pour toujours sur les ruines du monde. Cette

    uvre reprsente une forme nouvelle de sa pense qui mri-

    tait une tude plus ample.

    Enfin. si l'on tient connatre sa dernire faon de voir,

    -celle laquelle il a donn son nom et qui compte surtout pour r

    la postrit, on ne peut se dispenser de faire connaissance

    avec ses crits antiplagiens. Les ides qu'il y professe sur l'tat

    primitif de l'homme, sursa chute et son relvement, ont donn

    lieu des controverses passionnes, qui sont peine closes.

    M. Bertrand devait d'autant plus en parler qu'ayant af6rm,

    ds la premire page de son oeuvre, qu'Augustin n'avait rien

    de commun avecJansnius, il tait tenu de justifier cetteasser*

    .tion tout le moins hardie. 11 y consacre peine un trs court

    ,paragraphe, o il se borne dire que si cette me si douce,

    si mesure, si dlicatement humaine, a formul une doctrine

    impitoyable, qui est en contradiction avec son caractre , ce

    fut, sans doute, cause de la hantise du pril barbare et

    parce qu'il pensait qu'en face des ariens et des plagiens,

  • PROSPER ALFARIC20

    ces ennemis du Christ, qui demain, peut-tre, seraient les

    matres de l'Empire, on ne pouvait trop affirmer la ncessit

    de la rdemption et la divinit du rdempteur n. Mais la doc-

    trine augustinienne de la grce n'a qu'un rapport lointain

    avec la controverse arienne. Elle s'est atfirme contre les

    plagiens, seulement ce n'est certes pas parce que ceux-ci me-

    naaient de devenir les matres de l'Empire . Elle s'tait

    bauche longtemps avant leur apparition, une poque o

    la hantise du pril barbare ne se faisait encore point sentir.

    Elle s'annonce dj dans les crits du moine de Thagaste et

    du prtre d'Hippone, et elle s'explique par l'influence de Paul,

    par celle de Plotin, par celle mme, bien plus ancienne, de

    Mani.

    Dans son prologue, M. Bertrand rsume, en une formule

    trs nette, l'ide qu'il se fait du docteur de )a grce. Il le

    trouve admirable de bon sens H. Hlas le bon sens a fort peude choses voir avec la thologie, car celle-ci se rgle d'aprsd'autres critres. En tout cas, ce n'est pas par cette qualit

    qu'Augustin parat surtout admirable. Nul n'a craint moins

    que lui d'aller jusqu'au bout de ses raisonnements. Quand il

    s'est bien pntr d'un principe, il en tire, avec une placidit

    sereine, les consquences les plus extravagantes. Au temps de

    sa foi manich,enne, il s'est convaincu que toutes les substances

    vivantes sont animes par un esprit divin, devenu captif de la

    matire; il n'hsite pas en conclure, avec ses coreligionnaires,

    qu'on ne peut les toucher sans se rendre coupable d'un vri-

    table sacrilge, ni dpouiller un figuier de ses fruits sans lui

    faire verser des larmes abondantes. Une fois gagn aux ides

    de Plotin, il s'est dit que les ralits ternelles sont les seules

    qui comptent; aussi dclare-t-il gravement et avec insistance

    qu'on ne doit pas aimer les autres hommes cause des rap-

    ports de patent que l'on a avec eux ou des qualits que l'on

    dcouvre en eux, mais seulement par gard pour la nature

    humaine qui demeure chez tous et qui les fait l'image de

    Dieu. Il a lu, dans la Bible, que le mal est entr en nous par la

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 21

    faute d'Adam analysant cette dernire ide, il en arrive

    soutenir, avec la plus grande assurance, qu'avant le pch

    originel les mouvements drgls de la concupiscence ne

    se faisaient aucunement sentir et que les organes de la gn-ration taient alors compltement soumis la volont libre.

    Ses paradoxes fourniraient la matire d'un recueil trs riche

    et fort divertissant. Augustin n'a pas le sens de la mesure

    qui caractrise un Basile ou un Cyprien. En tout, il va aux

    extrmes. Mais, jusque dans ses thses les plus risques, il

    apporte une vigueur intellectuelle et une ardeur de conviction

    qui ne se rencontrent un pareil degr chez aucun de ses

    devanciers. C'est cela qui a fait son succs et qui et d surtout

    tre mis en relief.

    Beaucoup de catholiques ont fait un accueil enthousiaste

    la nouvelle vie de l'voque d'Hippone. Et cela se conoit. L'au-

    teur en effet, est un des leurs. Il ne se contente pas d'admirer

    le gnie d'Augustin, il vnre en lui le docteur et le

    s aint . Il approuve peu prs sans rserve ses ides et ses

    actes. 11 pouse mme ses querelles, et l'enthousiasme qu'il pro-fesse pour lui n'a d'gal que le ddain qu'il affecte l'gardde ses adversaires. Son style est plein de mesure et d'onction.

    L'auteur de La Cina et de Ppte le bien-aim s'est assagi. Il

    vite les sujets scabreux dont le ralisme l'eut autrefois tent,et il ne parle qu' mots couverts de la corruption des murs

    paennes, dont certains dtails, dit-il, ne peuvent se rapporter.S'il dcrit complaisamment l'inquitude amoureuse du jeunetudiant de Carthage, c'est parce qu'il y voit le signe de l'me

    prdestine dont la tendresse ne se reposera qu'en Dieu , et

    il fait sur ce thme des considrations fort difiantes qu'Au-

    gustin n'et pas dsavoues. Par endroits, il s'approprie les

    pieuses rflexions de Possidius, l'vque de Calama, qui, le

    premier, a racont la viede l'vqued'Hippone. A son exemple,

  • PROSPER ALFARIC22

    il invite"les lecteurs louer et bnir le Seigneur, qui lui a

    donn l'ide d'entreprendre cette ~vre et le pouvoir de la

    raliser, et il leur demande de prier pour qu'il suive l'exemple

    de son~glolieux modle. On a dit que son livre allait avoir sous

    peu une dition nouvelle et un peu expurge l'usage de la

    jeunesse. Tel qu'H est, il peut tre mis entre les mains des En-

    fants de Marie.

    Et pourtant, une orthodoxie scrupuleuse y dconvrira ais-

    ment quelques tendances inquitantes. M. Bertrand croit quele pass revit sanscesse dans le prsent et que les morts parlent

    par les vivants. C'est ce qui lui a permis de raconter des faits

    vieux de quinze cents ans, malgr les objections trs graves qu'ila autrefois souleves contre la mthode historique. Pour lui le

    iv sicle diffre fort peu du xx le retour de circonstances

    semblables a amen des situations et des caractres presque

    identiques . Pour peu que nous entrions dans la familiarit

    d'Augustin, nous reconnaissons en lui une me fraternelle,

    qui a u souffert, senti et pens peu prs comme nous. Ses

    enseignements rpondent nos proccupations d'hier et

    d'auiourd'hui . Il est vraiment un homme de notre temps.M. Bertrand, pris d~esthtique, admire mme en lui le voya-

    geur et le dilettante . C'est presque son propre portrait qu'ilcroit trouver chez lui. Les gardiens de la tradition ne peuvent

    que pousser les hauts cris devant de telles affirmations, quisentent fort le modernisme. L'un d'entre eux, dit-on, a dfr

    l'uvre du nouvel hagiographe devant le conseil de vigilancedu diocse de Paris. La dmarche n'a pas eu de suite. Elle n'en

    est pas moins significative.

    Augustin lui-mme ne l'et sans'doute pas dsapprouve,car il aimait peu les nouveauts profanes , et il ne tenait au-

    cunement passer pour un esprit moderne. Au lieu de se

    sentir en communaut d'ides avec son biographe, il et

    Sair en lui mainte hrsie. Mais, avant de condamner, il se

    ft, selon son habitude, expliqu avec lui. Sans doute lui et-il

    tenu peu prs ce langage

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 23

    J'ai lu, mon trs cher 61s, avec un intrt affectueux, le

    livre que tu as. bien voulu crire sur ma chtive personne. Je ne

    l'ai point ouvert avec le vain dsir de m'instruire mon sujet,

    car, selon le mot trs juste de l'aptre, nul ne sait ce qui est

    en l'homme comme ~'esprit qui habite en lui)), mais afin de

    savoir qui tu es, toi qui t'intressses si obstinment moi

    malgr mes nombreuses misres. Or, je t'ai trouv rempli

    mon gard d'une bienveillance louable mais souvent exces-

    sive. S'il est bon de vouloir du bien quelqu'un, il est fcheux

    de lui attribuer celui qu'en ralit il ne possde point. Beau-

    coup des qualits dont tu me pares sont encore l'objet de mes

    constants dsirs. Celles mme que je puis possder ne vien-

    nent pas de moi, mais du Dieu souverainement bon, de qui

    procdent tous les biens vritables. Je ne suis qu'un vase

    d'argile entre les mains du cleste potier. Cesse donc de me

    dcerner des louanges dont je sais trop combien je suis

    indigne.

    Pour moi, je me garderai de te fliciter du talent avec lequel

    tu as su orner un sujet aussi vain, car les compliments entre-

    tiennent l'orgueil, qui est le principe de tout pch . Pour

    te tmoigner mon affection, en servant de mon mieux tes

    intrts, je voudrais plutt t'apprendre voir ce qui te manque

    et t'exciter ainsi l'acqurir avec le secours de. la grce. Tu

    dsires le bien, mais tu ne l'aperois encore que de loin,

    travers les nuages de tes imaginations souvent trompeuses.

    Puisque tu me loues d'tre entr dans le sanctuaire de la

    sagesse, o on le contemple face face, permets-moi de te

    faire connatre ce que la misricorde du Seigneur a bien

    voulu m'apprendre.

    Sache donc, mon trs cher fils, que tous les corps runis

    ne valent pas une me. Pourquoi t'appliques-tu observer et

    dcrire leur beaut grossire et fugitive P Nous ne sommes pas

    faits pour vivre au milieu d'eux et nous n'avons pas ici de

    demeure durable Nous passons sur la terre comme des

    voyageurs . Gardons-nous donc de nous y attacher. Fixons

  • PROSPEH ALFARIC24

    plutt notre regard sur la patrie cleste. Or, celle-ci ne

    s'aperoit pas avec cette lumire physique, dont tu aimes

    contempler les nuances changeantes, mais avec celle, toute

    intelligible, qui brille au-dedans de l'me. Rentre en toi-

    mme et tu verras que tu es un esprit appel rgir la matire

    et devenu son esclave par suite du pch. Mais n'oublie pas aussi que tous les esprits sont infrieurs

    Dieu. C'est lui qui nous a faits, car nul de nous n'existe par

    soi-mme; nous participons simplement sa vie, et cette

    participation demeure toujours fort imparfaite. C'est lui quinous instruit, car tous les discours seraient vides de sens s'il

    ne parlait notre intelligence il est la vraie lumire quiclaire tout homme venant en ce monde n. C'est lui enfin quinous lve de l'tat d'esclavage, dans lequel nous sommes

    tombs par notre propre faute, celui de la libert spirituelle,

    promis ses enfants, car nous ne pouvons sans sa grce nous

    dbarrasser des liens de la concupiscence. Je souffre de te

    voir suivre avec tant d'intrt les variations d'une me pche-

    resse, au lieu de concentrer le pur regard de ton intelligencesur le Sauveur divin qui la conduit, souvent son insu et

    mme malgr elle, vers sa destine ternelle. Je n'ai crit mes

    Confessions qu'afin de tourner vers lui l'attention des lecteurs

    qui voudraient bien s'intresser moi. Son nom revient

    toutes les pages de mon oeuvre. Je le vois peine mentionn

    dans ton livre. Et pourtant il n'en est pas d'autre sous le

    ciel en qui nous devions tre sauvs . Ne crains pas, mon

    fils de le faire entendre aux hommes de ce temps, qui ne sont

    que trop ports l'oublier. Rappelle-toi surtout que .

  • UN NOUVEAU BIOGRAPHE DE SAINT AUGUSTIN 25

    des antiques oracles. Mdite les pitres de Paul elles sont le

    meilleur commentaire des discours du Sauveur. Applique-toi

    de prfrence pntrer la doctrine du pch originel et de la

    grce qui les rsume toutes. Tu comprendras la misricorde

    divine dans la mesure o tu apprendras sonder les profon-

    deurs de l'humaine misre. Mes derniers crits ne se pro-

    posent pas d'autre but. Tout en faisant leur loge, tu laisses

    entendre que la doctrine en est impitoyable Ils sont

    pourtant remplis d'une immense piti pour tous les fils

    d'Adam, et ils ne dcrivent les maux dont nous souffrons que

    pour en montrer le remde. Mais je souponne, entre nous,

    que tu les connais seulement par ou-dire. Tu as lu trs

    attentivement mes premiers livres, encore pleins d'inexp-

    rience et tout enfls d'orgueil, et tu ignores les plus rcents,

    qui, sous une forme plus humble, sont bin plus riches

    d'enseignement. tudie-les, en ayant soin de les lire dans

    l'ordre mme o je les ai crits et de progresser avec moi.

    Applique-toi surtout bien t'assimiler ceux dans lesquels

    j'ai rfut Plage et l'vque d'clane, ces faux docteurs qui

    flattent notre misre au lieu de la gurir. Je voudrais te voir

    continuer avec ta jeune ardeur contre les disciples, aujour-

    d'hui si nombreux, de ces matres d'erreur, la lutte que j'ai d

    entreprendre contre eux au seuil de ma vieillesse. Ainsi vrai-

    ment tu suivrais mon exemple, comme tu en as exprim le

    dsir, au terme de ton uvre. Le Dieu clment qui t'a inspir

    un dessein si heureux t'aidera le raliser. Je ne cesserai, pour

    ma part, de l'en prier avec une pieuse insistance, fils trs

    cher, en qui je voudrais me voir revivre, afin de mieux louer

    avec toi le Seigneur.

    PROSPER ALFARIC.

  • SAINT JKAN CHRYSOSTOME A-T-IL CONNU

    LA CONFESSION?

    (Suite)

    4. Avant de passer aux commentaires bibliques, il nous

    reste examiner quelques sermons prononcs Antioche,mais une date inconnue. Ce sont les homlies Sur Lazare,Sur la pnilence (pour quelques-uns des sermons de ce groupe

    l'origine antiochenne n'est pas certaine; voir la prface),Sur la trahison de Judas, Sur la croix et le larron, Sur

    le diable tentateur, Non esse desperandum, Sur les martyrs,Non-esse ad gratiam concionandum, ~/a&en

  • SAINT JEAN CHRYSOSTOME A-T-IL CONNU LA CONFESSION 27

    l'un de vos semblables qui ira les divulguer ? C'est au matre,

    au gouverneur, l'ami des hommes c'est au mdecin que

    vous montrez la blessure: ~nro~ TM i~M -o-pm~ s~mw~

    Non pas qu'il ignorerait, si vous gardiez le silence, lui qui con-

    nat'tout d'avance. Qu'est-ce donc qui empcherait de parler?.Je ne vous oblige pas, dit-il, vous exhiber en public,

    prendre de nombreux tmoins, dites votre pch moi seul,

    en particulier ~.o' ro ~prr~ efn: ~M, pour que je gurisse

    votre blessure et que je vous dlivre de votre douleur.

    Le premier sermon De paenitentia prouve par la parabole de

    l'Enfant prodigue que les pchs commis aprs le baptme

    sont susceptibles de pardon (i, 4), mais il ne sort pas des gn-

    ralits. Le second sermon numre et dcrit les diverses

    manires de faire pnitence. La premire manire est de venir

    l'glise Vous avez pch ? Entrez l'glise. Dites Dieu

    J'ai pch. Je ne vous demande que cela r~p~ ~o~ M; Tw

    eXKf]tLaLW, EUte TU 6eM OTt T~.C.pTO' ~U~S'V

  • ANDR LACARDE

    0

    28

    sur eux. (ni, 3). L'aumne est donc une grande chose, mes

    frres. Embrassons-la; elle n'a pas son pareil. Aprs l'au-

    mne vient la prire (ni, 4) Vous avez un autre moyen trs

    facile de faire pnitence et qui vous dlivrera du pch. Priez

    chaque heure, ne vous dcouragez pas dans la prire, n'im-

    plorez pas avec nonchalance la clmence de Dieu. Il ne vous

    repoussera pas si vous persvrez, il vous remettra vos pchs.

    La fin du sermon contient surtout des redites parmi les-

    quelles il n'y a gure relever que ceci Autant de fois vous

    tombez sur la place publique, autant de fois vous vous relevez.

    De mme, chaque fois que vous pchez, repentez-vous de votre

    pch et ne dsesprez pas. Dites Dieu seul votre pch6~.M p.O~M St~E TY.~ Au-KOTt~ OCU. ))

    Le sermon vi, 5, prescrit aux fidles de ne venir la sainte

    table qu'aprs avoir dpos le pch Cette prescriptionest appuye sur le texte de la premire ptre aux Corinthiens

    Pro6e< autem seipsum homo, qui est accompagn du commen-

    taire que voici L'aptre n'a pas rvl la blessure, il n'a

    point port l'accusation devant une assemble, il n'a pasdonn des tmoins au pch. Dans votre conscience, l o il

    n'y a personne, si ce n'est Dieu qui voit tout Tt-uTx~~

    opM' 6~3, jugez-vous, faites la recherche de vos pchs, exa-

    minez toute votre vie, faites passer vos fautes devant le tri-

    bunal de votre esprit, corrigez-vous et, ayant ainsi obtenu une

    conscience pure xon curm ~ra xxSxpf.u Tf.u ou~o~, touchez la table

    sacre et participez au saint sacrifice.

    Les sermons vu et vm ne sont probablement pas de Chry-

    sostome, mais ils s'inspirent de lui. On y retrouve les consi-

    drations sur la vertu de la pnitence et de la confession Dieu

    que nous avons maintes fois rencontres. Inutile de nous y

    arrter. Notons seulement la phrase clbre Si vous pchez

    tous les jours, faites pnitence tous les jours x&' x~6pa