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Revue des connaissances reliées à la préparation de terrain en populiculture Revue de littérature P ATRICK FILIATRAULT , ING. F ., M.SC. mars 2005

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Revue des connaissances

reliées à la préparation

de terrain en populiculture

Revue de littératurePATRICK FILIATRAULT, ING. F., M.SC.

mars 2005

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INTRODUCTION 4

• LA DÉFINITION DE LA PRÉPARATION DE TERRAIN 4

• LES MÉTHODES DE PRÉPARATION DE TERRAIN 5

• LA PRÉPARATION DE TERRAIN EN POPULICULTURE : UNE OPÉRATION ESSENTIELLE 8

• LES DIFFÉRENTES MÉTHODES DE PRÉPARATIONDE TERRAIN EN POPULICULTURE 9

• QUELQUES EXEMPLES AVEC DES RÉSINEUX 10

• QUELLE INTENSITÉ DE PRÉPARATION DE TERRAIN? 12

• CONCLUSION 14

• REMERCIEMENTS 14

• RÉFÉRENCES 15

Table des matières

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La définitionde la préparation de terrain

Le Dictionnaire de la foresterie (Côté, 2000) définit la préparation de terrain comme suit : « traitementmanuel ou mécanisé du terrain visant à améliorer le taux de réussite de la régénération ». Ladéfinition du Manuel de foresterie (Bérard et Côté, 1996) est plus générale et il décrit cetteopération comme un traitement qui vise à favoriser l’établissement d’une nouvelle régénération ;elle peut alors prendre plusieurs formes selon les objectifs et les conditions du terrain. Le brûlagedirigé et l’application de phytocides avant la plantation entrent ainsi dans cette définition au mêmetitre que les opérations manuelles ou mécaniques.

Plusieurs raisons militent en faveurde la préparation de terrain. Cetraitement élimine les débrisentravant le travail des planteurs.Il détruit la végétation initialementen place, soit celle entrant subsé-quemment en compétition avecles jeunes plants pour la lumière,l’eau et les éléments nutritifs ou celle dont l’abondance justifie

cette opération avant une remiseen production d’un site (Bristol,1998 ; Marino et Gross, 1998 ;Sutherland et Foreman, 2000).De plus, la préparation deterrain améliore le taux de surviedes plants mis en terre parl’amélioration des conditions de croissance (Sutton et Weldon,1995 ; Weber et al., 1995 ; Man

et Lieffers, 1999). Enfin, plusparticulièrement sous noslatitudes, ce traitement sylvicolefavorise le réchauffement du sol,surtout aux endroits où lacouverture morte (L, F, H) estimportante (Man et Lieffers, 1999)et il a pour effet d’améliorerla minéralisation de la matièreorganique (Bérard et Côté, 1996).

En foresterie, la préparation deterrain est une interventionsylvicole importante, plus particu-lièrement dans une optique deculture intensive ou de ligniculture.En effet, en aidant à contrôler lesconditions de lumière, d’humiditéet de nutrition, cette opération aun impact direct sur le succès de

reprise des jeunes arbres mis enterre et sur la croissance desplants, et par conséquent, sur lerendement des plantations. Ainsi,la préparation de terrain estessentielle pour ces types deculture. Le texte qui suit présenteune revue succincte des connais-sances sur le sujet.

Introduction générale

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Débroussailleuse déchiquetant la végétation.(photo : Patrick Filiatrault)

Herse forestière modifiée à disques indépendants, suivant lepassage de la débroussailleuse.(photo : Magdalena Burgess)

Les méthodesde préparation de terrain

Il existe trois méthodes principalesde préparation de terrain : ellessont qualifiées de mécaniques,chimiques, et il y a le brûlagedirigé. La première méthode peutprendre plusieurs formes : ma-nuelle ou semi-motorisée, le scari-fiage, le débroussaillage, ledéblaiement (décapage), la miseen andains, le labourage, lehersage et le broyage. Cesméthodes peuvent aussi être

combinées. Au Québec, lescarifiage est la méthode la plusrépandue en forêt boréale en vuede préparer le terrain pour laplantation d’épinettes et de pingris (Bérard et Côté, 1996). Dansle cas des plantations de peuplierhybride (PEH), les méthodes delabour, de hersage, de broyage,de débroussaillage ainsi quel’utilisation de phytocides sont desméthodes fréquemment utilisées

(Netzer et Hansen, 1994 ;Schuette et Kaiser, 1996). Eneffet, ces techniques détruisent la végétation en place, et, par les opérations de labourage, dehersage et de broyage, ellesincorporent la matière organiqueà la couche minérale permettantun meilleur réchauffement du solqui favorise la minéralisation de la matière organique et améliorela qualité du site de plantation.

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Comme la ligniculture en est à ses débuts au Québec, lesméthodes de préparation deterrain décrites ci-haut sont peudocumentées. En plus, le parc demachineries disponibles est peuvarié et des ajustements fréquentsdoivent être apportés à celles-cipour s’adapter aux conditions duterrain. Toutefois, il est connu que

certaines méthodes sont effica-ces. Par exemple, selon desessais expérimentaux de FÉRIC,le broyage (Bull Hog 150 et BullHog 250) offre une bonne qualitéde traitement dans des secteursforestiers envahis par une végétation arbustive indésirable(Cormier, 2001). Cependant, lescoûts élevés d’opération limitent

l’utilisation de cette machinerie aux peuplements à croissancerapide situés à proximité desusines de transformation. Toute-fois, un double traitement dedébroussaillage et de hersagepeut constituer une alternativeéconomique intéressante (Cor-mier, 2002).

Broyeur forestier préparant le terrain dans une friche. (photo : Stéphane Gaussiran)

Scarificateur TTS. (photo : Pierre Gagné) Labour profond sur terre agricole.(photo : Stéphane Gaussiran)

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Enfin, sur les terres abandonnéesdes milieux agroforestiers, aucuneraison ne laisse croire que lamachinerie agricole conven-tionnelle ne conviendrait pas.

En ce qui a trait à l’utilisationde phytocides chimiques, cetteméthode est interdite au Québecen milieu forestier (sur terrespubliques) depuis 2001, mais elleest généralisée aux États-Unis.Pour sa part, la méthode dubrûlage dirigé est peu ou pasrépandue, étant donné les risquesqu’elle représente et son faibletaux d’acceptabilité sociale.

À ces techniques traditionnelless’ajoute une nouvelle méthode depréparation de terrain expérimentéeen Suède : la pulvérisation devapeur d’eau sur la végétation(Zackrisson et al., 1997). Cette

technique n’a pas été expéri-mentée dans un contexte deligniculture, mais l’idée demeuretout de même intéressante,surtout là où la méthode chimiqueest proscrite. Ce traitementconsiste à appliquer sur la végéta-tion de compétition de la vapeurd’eau ayant une température de100° C, et ce, pendant quelquesminutes. Cette expérience s’estdéroulée dans un peuplement malrégénéré de pin sylvestre (surfaceterrière de 3,5 m2/ha) issu d’unecoupe totale datant des années1950. Les résultats ont démontréque le traitement à la vapeur a étéefficace pour détruire la végétationde compétition en place et l’effetdu traitement a duré pendant5 ans. Le retour de la végétationdans les parcelles après untraitement à la vapeur est lent :10 à 14 % de recouvrement de

plantes vasculaires dans cesparcelles, tandis qu’il est de85 à 89 % dans les parcelles dutraitement « sans vapeur » après5 ans. Ceci s’explique par le faitque la vapeur a pénétré la couched’humus où sont situés lesrhizomes et les racines. Lesauteurs rapportent que la tempé-rature s’est maintenue au-dessusdes niveaux létaux dans cettecouche d’humus pendant environ10 minutes après le traitement. Ilscomparent ainsi l’effet du traite-ment à la vapeur aux résultatsobtenus par le scarifiage effectuéen Finlande. Une adaptation decette technique est commer-cialisée au Québec. Il y a au moinsune entreprise qui offre desservices de contrôle de lavégétation avec une pulvérisationd’eau chaude (Québec Vert, 2001).

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D’ailleurs, il été démontré quele taux de mortalité est moindreet la croissance meilleure lorsquele terrain est labouré compara-tivement à un témoin non-labouré(Hansen et al., 1986). Le réchauf-fement plus rapide du sol labouréexpliquerait ces meilleursrésultats. De plus, selon Netzer et Hansen (1994), le succèsd’établissement d’une plantationde peuplier requiert unepréparation minutieuse du site etun contrôle de la végétation decompétition jusqu’à la fermeturedu peuplement. Cette fermeturediminue la lumière au sol etcontrôle alors la croissance de la végétation concurrente.

Le contrôle de la végétation de

compétition par les opérations depréparation de terrain est importantpuisque la croissance des peupliershybrides est affectée significati-vement par la compétition deplantes herbacées (Marino etGross, 1998). En effet, dansl’expérience menée par ceschercheurs, les peupliers desparcelles avec compétition avaientune hauteur plus faible, possédaientun plus petit diamètre, formaientmoins de branches, avaient moinsde branches vivantes en plus d’êtreplus courtes comparativement aux parcelles sans compétition.Toujours selon ces auteurs, cesrésultats s’expliquent par unecompétition au niveau racinaire pourl’eau et pour les éléments nutritifs.Par conséquent, les peupliers

cultivés en présence de compétitionherbacée sont rabougris compara-tivement aux peupliers poussantsans compétition d’où l’importanced’une préparation de terrain efficaceet d’un entretien adéquat de la plantation.

D’ailleurs, dans le cadre du« Mechanization in short rotation,intensive culture forestry confe-rence », Netzer et Hansen (1994)ont résumé leur conférence endisant : «ne laissez pas pousser lavégétation de compétition» ! (Keepthe weeds out !). Cette expressiondémontre bien l’importance de la préparation de terrain et del’entretien à apporter à uneplantation en bas âge.

La préparation du terrain en populiculture :une opération essentielle

La culture du peuplier hybride vise la production de matière ligneuse sur une courte périodede temps. Cette caractéristique fait en sorte que la préparation de terrain et la qualité des traitements effectués dans une plantation se répercuteront sur la durée de la rotation de façon significative. En effet, selon P. Périnet (MRNF, communication personnelle), une plantation non entretenue pendant une année équivaut à une année perdue en termesde croissance. Cette affirmation prend tout son sens pour une plantation ayant une rotationde 15 ans, comparativement à une période de révolution de 75 ans pour un peuplementd’épinette noire, par exemple.

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Comme les plantations seretrouvent sur d’anciennes terresagricoles, la préparation de terrainest exécutée par de la machinerieagricole, soit un tracteur de fermeavec une charrue conventionnellepour le labourage et une herseagricole pour l’opération de hersage(Netzer et Hansen, 1994) ou unéquipement similaire (Portwood,1994 ; Schuette et Kaiser, 1996).Ces opérations de préparation de

terrain sont souvent couplées à unépandage de phytocides soit avantla plantation (Kaiser et al., 1994 ;Netzer et Hansen, 1994) ou aprèscelle-ci (Schuette et Kaiser, 1996).En résumé, la littérature traitantd’expériences de préparation deterrain menées aux États-Unisexpose souvent ces traits com-muns : les plantations sont effec-tuées sur des terres agricoles, lapréparation de terrain est intensive,

la machinerie provient du milieuagricole et l’utilisation des phyto-cides est généralisée. Il semble peufréquent d’établir des plantations de peuplier hybride sur des terrainsissus de coupe forestière et lalittérature sur le sujet est quasiinexistante. Toutefois, il est possiblede transposer certains des résultatsqui ont été obtenus dans lesplantations de résineux auxplantations de PEH.

Les différentes méthodesde préparation de terrain en populiculture

Les plantations de peuplier hybride dans le centre-nord des États-Unis se retrouvent généralementsur d’anciennes terres agricoles et non sur des terrains forestiers issus de coupe (Netzer etHansen, 1994). La préparation de terrain est alors rigoureuse et l’intensité de cette opération setraduit par des opérations combinant des méthodes mécaniques et chimiques. Cette préparationde terrain « intensive » est d’autant plus justifiée que les dimensions des plants de peupliers à lasortie de la pépinière ont des hauteurs de 25 à 30 cm (comparativement à 1-2 m au Québec).Ce type de préparation de terrain (mécanique et chimique) est aussi plus facile à appliquer lorsquela stratégie de développement de la populiculture se concentre principalement sur des terrainsagricoles plutôt que forestiers.

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On remarque que la combinaisonchimique–mécanique ou l’utilisationseule de phytocides sont lesméthodes les plus efficaces entermes de contrôle de la végétationde compétition et, par conséquent,d’effets positifs sur les essencesrésineuses. Par exemple, l’utilisationde phytocides l’année avant laplantation de pin de Murray (Pinuscontorta) et d’épinette hybride(Picea glauca X P. sitchensis) a étéla méthode de préparation deterrain la plus efficace (compara-tivement à une coupe manuelle etun témoin) en termes de contrôlede la végétation et conséquem-ment, la meilleure en termes decroissance en hauteur (pour le pin)et en diamètre (pour le pin etl’épinette) (Lepage et Coates,1994). Pour sa part, le traitementcoupe manuelle n’a pas amélioréde façon significative la croissance.

De plus, dans des plantations dePinus taeda, il a été démontréqu’une combinaison d’opérationsincluant une préparation du sol et un contrôle subséquent(chimique ou désherbage manuel)de la végétation de compétition est celle qui donne de meilleursrésultats de croissance (Allen et Wentworth, 1993). Ainsi, lacroissance en hauteur des pinsdans cette combinaison d’opéra-tions était supérieure du doublecomparativement aux plants dont le sol a subi une préparationmécanique seulement. Enfin, on a aussi démontré l’effet béné-fique d’une préparation de terrainalliant des méthodes chimiques et mécaniques avec une fertili-sation, sur le taux de survie et sur la croissance de l’épinetteblanche et du pin blanc (Burgesset al., 1995).

Par contre, une préparation deterrain ne faisant pas appel auxphytocides peut aussi être béné-fique. Ainsi, Weber et al. (1995) ontdénoté chez le pin blanc (Pinusstrobus) et le pin rouge (P. resinosa)de meilleurs taux de survie, unebiomasse plus grande et unemeilleure efficacité d’utilisation deséléments nutritifs dans des parcellesayant subi une préparation deterrain (brûlage dirigé et scarifiagepar sillons) comparativement à untémoin sans préparation.

Pour expliquer la meilleure crois-sance des pins à la suite d’unepréparation de terrain combinantune préparation du sol et uncontrôle (chimique ou manuel) de la végétation, Allen et Wentworth(1993) avancent l’explication de la disponibilité en eau. En effet, le contrôle et la suppression de

Quelques exemplesavec des résineux

Les études portant sur la préparation de terrain en vue de la plantation d’essences résineuses sur desterrains issus de coupe forestière sont beaucoup plus nombreuses que celles portant sur le peuplierhybride. En s’appuyant sur des expériences avec des conifères en terrains forestiers, la préparationde terrain dans ces milieux améliore la survie et la croissance des plants, et ce, qu’elle soit chimique(Lepage et Coates, 1994 ; Cole et al., 1999 ; Löf, 2000 ; Sutherland et Foreman, 2000), mécanique(Sutton et Weldon, 1995 ; Weber et al., 1995 ; Man et Lieffers, 1999 ; Peltzer et al., 2000 ; Sutherlandet Foreman, 2000), ou par brûlage dirigé (Weber et al., 1995). Cependant, il arrive que des traitementsde préparation de terrain mécanique n’augmentent pas la croissance des plants comparativement àun traitement témoin (Cole et al., 1999 ; Wang et al., 2000) ou aient peu ou pas d’effets sur le tauxde survie, sur la croissance, la masse foliaire et le statut nutritionnel des semis (Macdonald et al.,1998). Ces derniers auteurs expliquent simplement ces résultats par le fait que les facteurs quiinfluencent la croissance des plants n’ont tout simplement pas été affectés positivement par lestraitements de préparation de terrain.

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la végétation indésirable réduisentla compétition pour les ressourceshydriques. Cette explication estaussi émise pour interpréter lameilleure croissance de semisd’épinette noire plantés après unepréparation de terrain utilisant desphytocides (Sutherland et Foreman,2000). Dans un contexte depopuliculture, la disponibilité en eau dans le sol est un élémentmajeur car les espèces herbacéeset ligneuses présentes dans une plantation livrent unecompétition aux jeunes arbres auniveau de la nutrition tant en eauqu’en éléments nutritifs (Vallée et al., 1997).

Ainsi, la compétition pour lesressources du sol (eau, élémentsnutritifs) entre la végétation indé-sirable et les semis d’arbres estdonc un élément important, et ce,plus particulièrement lors del’établissement d’une plantation. Eneffet, selon Löf (2000), le tauxd’humidité est le facteur le plusimportant en termes d’impact sur la reprise des semis après laplantation et, ultérieurement, sur la croissance. À cet égard, l’élimi-nation de la végétation de compé-tition par simple fauchage n’est pas idéale puisqu’elle n’a pasd’impact sur le système racinaire ;la compétition pour les ressourcescontenues dans le sol peut alors sepoursuivre. Par conséquent, letraitement idéal combinerait à la foisla destruction de la partie aérienneet celle présente dans le sol de lavégétation concurrente. Si l’on

transpose ces précédents résultatsau peuplier hybride, l’élimination de la partie aérienne et souterrainede la végétation de compétitions’avère essentielle, d’autant plusque cette essence est très sensibleà la compétition des graminéespour les ressources hydriques etnutritives (P. Périnet, MRNF,communication personnelle).

Au Québec, la lignicultures’effectue sur d’anciens terrainsagricoles mais principalement enmilieu forestier. Or, la végétation decompétition rencontrée en milieuforestier dans le sud de la provinceest habituellement composéed’essences ligneuses de lumière(peuplier faux-tremble, bouleaugris, etc.), d’arbustes ligneux(framboisier) et de graminées.Selon Sutherland et Foreman(2000), un scarifiage intensepermet de contrôler le peuplierfaux-tremble. En effet, un teltraitement coupe et fractionne lesracines des peupliers, diminuantainsi leur vigueur et leur capacité à drageonner. L’effet bénéfique dela préparation de terrain sur lecontrôle du peuplier faux-tremblea aussi été rapporté par Peltzer etal. (2000). Les méthodes méca-niques peuvent donc être efficacespour combattre ce type decompétition. Le framboisier, quantà lui, peut être maîtrisé par untraitement chimique d’hexazinone,suivi de deux applications deglyphosate pendant la 2e et la 4e

saison de croissance ou par untraitement mécanique de scarifiage

uniforme et de décapage (enlèvement de la matière organi-que) complet ou par bandes(Sutherland et Foreman, 2000).Dans le même ordre d’idée,l’épinette blanche (Picea glauca)réagit positivement (meilleurecroissance) à une préparation de terrain mécanique qui détruit les racines et les rhizomes de la végétation de compétition(Peltzer et al., 2000). Ainsi, labaisse de compétition du peuplierfaux-tremble, combinée à une plus grande pénétration de lalumière dans la plantation et uneaugmentation de la disponibilitédes ressources du sol causées par une perturbation intense, sont les facteurs expliquant cesrésultats.

Un aspect intéressant de l’expé-rience de LePage et Coates (1994)est la faible relation entre lacroissance en hauteur de l’épinettehybride et le pourcentage derecouvrement de l’espèce compé-titrice Rubus parviflorus (espèce deronce). Même si l’espèce compéti-trice était éparpillée et peu dense,la croissance en hauteur n’étaitpas améliorée. Ceci a été expliquépar l’effet des gels printaniers de l’épinette lorsque les plantsn’étaient pas « protégés » par lavégétation de compétition. Autre-ment dit, même si le contrôle deR. parviflorus améliorait l’accès aux ressources (eau, élémentsnutritifs, lumière), le faible taux derecouvrement rendait l’épinettevulnérable au gel, d’où la conclu-

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sion que les conditions biotiqueset abiotiques du microsite influen-cent, à un certain degré, la crois-sance des plants. Une situationsemblable peut donc se produirechez le peuplier. Ainsi, l’amélio-ration des conditions par unepréparation de terrain n’est pasgarante d’une amélioration de la croissance puisque d’autresfacteurs peuvent entrer en ligne de compte (exemple : broutage par le cerf de Virginie ou rongeagepar le campagnol des champs).

Cependant, il reste que lapréparation de terrain demeureessentielle.

Les effets de la préparation deterrain sont encore perceptibles,même à long terme. En effet, dansune plantation de pin à l’encens(Pinus taeda), l’impact négatif de lacompétition par des essencesdécidues sur la surface terrière et letaux de survie était important, etperdurait même après 27 ans(Glover et Zutter, 1993). La hauteur

des arbres ainsi que le diamètre àhauteur de poitrine étaient affectésnégativement par la compétitiondes essences décidues au débutde la plantation, mais cet effets’atténuait avec le temps. Ainsi,pour une plantation de peuplierhybride d’une rotation de 15 ans,on peut croire que la préparation deterrain et l’entretien subséquent ontdes impacts notables jusqu’à larécolte.

Quelle intensitéde préparation de terrain ?

Il est indéniable que la préparation de terrain est un traitement essentiel en ligniculture. Toutefois,on s’interroge toujours sur le niveau d’intensité de cette opération, puisque celle-ci peut avoir desincidences négatives sur certaines propriétés chimiques et physiques du sol (Bock et Van Rees,2002 ; Schmidt et al., 1996). En effet, certains travaux ont démontré que ce traitement affecte négativement certaines propriétés chimiques du sol : baisse de carbone organique, de l’azote total, du calcium, du magnésium et du potassium échangeables, diminution de la capacitéd’échange cationique à la surface du sol (0-13 cm) (Bock et Van Rees, 2002). Toutefois, des augmentations de pH, de carbone organique total, de la capacité d’échange cationique, ducalcium et du magnésium échangeables ont été observées dans les couches inférieures, soit dansle sol minéral. Des impacts similaires ont été notés dans d’autres études : réduction de la disponibilitéde l’azote et du phosphore, de l’azote total et du carbone total, mais augmentation du pH et desbases échangeables à la surface du sol (Schmidt et al., 1996), et diminution de N, P, K, Ca et Mnet de la matière organique dans un traitement de décapage léger (2,5 cm) et sévère (7,6 cm) en vue d’établir une plantation de Pinus taeda (Tuttle et al., 1985).

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Les traitements de préparation deterrain peuvent également avoir un impact négatif sur la végétationde sous-bois initialement en place(Bock et Van Rees, 2002). À ceteffet, une perturbation peu intensefavorise le maintien d’espèces enplace tandis qu’une perturbationintense peut amener des espècespionnières non-indigènes au site(Halpern, 1988).

Il est connu que le rendementdurable des plantations aména-gées intensivement repose sur trois facteurs : le maintien et/oul’amélioration de la qualité du sol etdu site, l’amélioration des plantsforestiers eux-mêmes et lespratiques sylvicoles effectuées.

Or, il a déjà été démontré quel’utilisation seule de bioessaiscomparatifs n’est pas adéquatpour mesurer la productivitédurable d’un site sous plantation(Burger, 1996). En effet, même siles rendements de croissance sontmaintenus, ceci n’est pas garantde conditions de sol stables ouaméliorées, étant donné qued’autres facteurs peuvent entrer enligne de compte et affecterpositivement la croissance. Cecifait donc ressortir la nécessité de trouver des indicateurs fiablesde qualité de sol. Enfin, dans uncontexte de rentabilité écono-mique, on ne connaît pas le seuild’intensité de préparation de terrainqui est acceptable du point de vue

financier et idéal pour la croissancedes arbres. Ici encore, il y a desbesoins de recherche en ce sens.

Le défi est donc de trouver un boncompromis entre, d'une part, laproduction de conditions favo-rables soit un sol mieux aéré, plus chaud et le contrôle desplantes compétitrices par lapréparation de terrain, et d'autrepart, la conservation de la fertilitédu sol qui dépend beaucoup de lamatière organique qui se retrouveen surface. Un décapage tropprofond ou un mélange vigoureuxde la couche organique et de lafraction minérale peut avoir deseffets adverses qui se reflèterontsur le rendement de la plantation.

1 mélange de la matière orga-nique avec du sol minéralmoins riche en éléments nutritifs(phénomène de dilution),

2 enlèvement de la coucheorganique comportant leséléments nutritifs,

3 minéralisation de la matièreorganique, suivi d’un certainlessivage des éléments et du prélèvement par lesplantes.

Ces modifications chimiques s’ex-pliquent par l’un et/ou l’autre destrois phénomènes suivants:

(Schmidt et al., 1996; Archibold et al., 2000).

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Remerciements

Nous aimerions remercier lespersonnes qui ont contribué à larévision de ce texte : ClaudeCamiré (Université Laval), DenisCormier (FÉRIC), Jean Ménétrier(Direction de la rechercheforestière, MRNF) et David Paré(Service canadien des forêts).

Comme il est peu fréquent d’établirdes plantations de peuplier hybridesur des terrains issus de coupeforestière, les essais et la littératuresur le sujet sont rares. Toutefois, sil’on transpose les résultats derecherche avec des conifères, il y a tout lieu de croire qu’uneplantation de peuplier hybride surun terrain issu d’une coupeforestière peut être un succès à lacondition que le site réponde auxbesoins nutritionnels des clonessélectionnés, que la préparation deterrain soit adéquate et quel’entretien de la plantation soitrigoureux jusqu’à la fermeture dela plantation.

Enfin, en ligniculture, il ressort quela préparation de terrain est uneétape essentielle afin d’améliorer lemicrosite de plantation, d’optimiserla reprise des plants et de favoriserla croissance en vue d’obtenir desrendements intéressants à la fin dela rotation. Plus cette préparationest minutieuse, meilleure est laréponse des peupliers hybridespuisque la compétition avec lavégétation de compétition pour lesressources est réduite ou éliminée.Il est donc primordial de contrôlerla compétition pour assurer unapprovisionnement adéquat ennutriments et en eau.

Conclusion

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Références

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