revue de presse - le parisien - 12 sept 2012
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Serge Dassault offre un Mirage à Corbeil-
Essonnes Dans le cadre d’un projet de revalorisation du patrimoine industriel, l’ex-maire UMP de Corbeil compte financer l’installation d’un de ses avions de chasse sur un rond-point de la ville. L’opposition crie à la « mégalomanie ».
Marie d’Ornellas | Publié le 12.09.2012, 07h00
corbeil, hier.C’est sur ce rond-point, à proximité de l’entreprise Snecma, qu’un Mirage III devrait être
installé dans les six prochains mois. | (LP/Marion Kremp)
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Sa dernière piste d’atterrissage sera le rond-point du centre commercial Marques
Avenue. Dans les six prochains mois, un Mirage III devrait se poser sur
ce carrefour giratoire de Corbeil, près de l’entreprise Snecma. Loin d’être une blague, ce
projet s’inscrit dans une volonté de la municipalité de revaloriser son patrimoine
industriel. Mais l’idée fait polémique.
Et pour cause : l’appareil est un cadeau du milliardaire Serge Dassault, ancien maire de
Corbeil et actuel sénateur de l’Essonne.
« Notre ville a un vrai passé industriel. Et j’essaye d’en récupérer toutes les traces afin
de montrer que l’histoire se poursuit », développe le maire Jean-Pierre Bechter (UMP),
un proche de Serge Dassault. Parmi les idées, deux sont plus avancées : la restauration
du fronton de Crété (lire encadré) et la Snecma. Cette entreprise de Corbeil fabrique
entre autres les moteurs de l’avion de chasse emblématique du groupe Dassault. Le
Mirage III symboliserait ainsi cette activité. « En juillet, une délibération a été signée à
l’agglomération portant sur la convention avec Dassault pour qu’il nous donne cet
appareil. Il ne vole plus depuis quinze ans et a été totalement restauré par l’association
Dassault Passion », se réjouit Jean-Pierre Bechter.
L’opposition ne partage pas le même enthousiasme. « Les habitants attendent autre
chose de leur sénateur que de déposer un de ses trophées sur la place publique. On est
dans une mégalomanie qui relève de la psychanalyse, réagit le conseiller municipal
Bruno Piriou (PC). La mémoire de la ville, ce n’est pas Serge Dassault. Moi, je n’ai pas
envie de rentrer tous les jours chez moi en voyant un Mirage. » Jacques Picard (Europe
écologie-les Verts) conseiller régional, s’indigne également. « C’est une grossièreté!
Serge Dassault a quand même été condamné par le Conseil d’Etat à un an d’inéligibilité
pour avoir distribué de l’argent lors des municipales de 2008. Et puis, je ne suis pas pour
exposer des avions de combat. »
Le député Carlos Da Silva (PS) compare le milliardaire aux « anciens maîtres des
forges qui apportaient un certain nombre de choses à la population pour qu’elle
leur doive tout. Corbeil et ses habitants n’appartiennent pas à Serge Dassault. On
a déjà eu des tableaux numériques, la rénovation des églises, le financement de la
mosquée et maintenant un Mirage. On franchit des limites ». Jean-Pierre Bechter se
défend. « Serge Dassault n’était pas encore maire de Corbeil quand la Snecma a
commencé à fabriquer des moteurs. Des centaines de milliers d’avions ont été en partie
construits ici. C’est un haut lieu de production du Mirage III. C’est notre histoire. »
Actuellement rangé dans un hangar de Mérignac (Gironde), l’engin de deux tonnes
devrait bientôt prendre la route de Corbeil, où il sera posé en hauteur sur un socle. «
Selon le souhait de M. Dassault, il sera en position de vol et de virage », précise-t-on à
l’agglomération. Son transport et son installation seront également aux frais du
sénateur.
Le Parisien