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Théâtre du Phare La mécanique du hasard Texte de Catherine Verlaguet D’après le roman Holes de Louis Sachar Mis en scène par Olivier Letellier 11 • Gilgamesh Belleville Avignon 2019 REVUE DE PRESSE Service de presse Zef Isabelle Muraour : 06 18 46 67 37 & Emily Jokiel : 06 78 78 80 93 Assistées de Jean-Luc Weinich et Carole Guignard [email protected] www.zef-bureau.fr

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Théâtre du Phare

La mécanique du hasard

Texte de Catherine Verlaguet D’après le roman Holes de Louis Sachar

Mis en scène par Olivier Letellier

11 • Gilgamesh Belleville Avignon 2019

REVUE DE PRESSE

Service de presse Zef Isabelle Muraour : 06 18 46 67 37 & Emily Jokiel : 06 78 78 80 93

Assistées de Jean-Luc Weinich et Carole Guignard [email protected]

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ANNONCES ET

REPUBLICATIONS

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Festival d’Avignon: notre guide des pépites du Off

Par Jean Talabot, Etienne Sorin, Jean-Luc Jeener et Nathalie Simon SÉLECTION - Ce jeudi 4 juillet, le plus grand théâtre du monde s’ouvre dans la cité papale. 24 jours de la manifestation pour 1592 pièces dont 1134 y seront données pour la première fois. Retrouvez notre premier défrichage. ● La Mécanique du hasard

Sur la carcasse d’un vieux frigidaire rouillé, Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte. - Crédits photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE Le pauvre Stanley Yelnats atterrit dans un camp de redressement pour adolescents dans le désert californien. Toute la journée, sous un soleil de plomb, moqué par ses camarades, malmené par des adultes cruels, il creuse des trous sans savoir ce qu’il cherche. Il faut dire que sa famille est victime d’un mauvais sort depuis qu’un arrière-grand-père, voleur de cochon en Lettonie, fut maudit sur plusieurs générations. Il y a là tous les ingrédients du mythe, empruntant aux innombrables légendes amérindiennes racontées au coin du feu: des lézards mortels, une montagne sacrée, une histoire d’amour impossible, un trésor enfoui... Sur la carcasse du frigidaire, dans des nuages de sable, les corps des comédiens (complices Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte) se soulèvent, se supportent et s’enlacent comme des acrobates. Le romanesque emprunte au sacré, le libre arbitre se confronte à l’héritage de la malédiction. Dans quelle propension pouvons-nous forger notre destin? Ne le forçons-nous pas un peu, en nous persuadant que le futur sera sombre ou radieux? Au 11. Gilgamesh Belleville

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Festival d’Avignon 2019 : il y

en a aussi pour les enfants ! Françoise Sabatier-Morel

Plus de 160 spectacles pour jeune public ! Il y a de quoi se perdre. Pour vous aider, nous avons sélectionné les événements qui valent le détour.

“La Mécanique du hasard” Autre proposition tout aussi captivante, La Mécanique du hasard : belle adaptation de Catherine Verlaguet du roman de Louis Sachar, Le Passage, et une mise en scène d’Olivier Letellier (tous les deux ont signé l’excellent Oh Boy !, qui a reçu le molière 2010 du spectacle jeune public). Dans ce road-movie, le héros pourrait se nommer Candide, tant la fatalité des événements le poursuit. Il s’appelle cependant Stanley Yelnats et son histoire, lourde de la malchance de trois générations, est celle d’un garçon toujours « au mauvais endroit au mauvais moment »… Pour raconter cette histoire, entre humour et questionnement philosophique (la destinée existe-t-elle ?), le metteur en scène se sert d’un objet insolite (un frigo) pour suggérer images et paysages et transforme le duo d’acteurs en acrobates du récit : voix et mouvement, narrateur et personnages, ils jonglent avec les pièces d’un même puzzle, jusqu’à ce qu’elles s’imbriquent toutes. La Mécanique du hasard, au Théâtre 11 Gilgamesh Belleville, du 5 au 26 juillet à 13h45 (sauf 10 et 17). Tarif moins de 18 ans : 8 €, plein tarif : 20 €. A partir de 9 ans.

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La Mécanique du hasard d’après Holes (Le Passage) de Louis Sachar, adaptation Catherine Verlaguet, mis en scène par Olivier Letellier

©

11 GILGAMESH BELLEVILLE / D’APRÈS HOLES (LE PASSAGE) DE LOUIS SACHAR / ADAPTATION CATHERINE VERLAGUET / MES OLIVIER LETELLIER / À PARTIR DE 9 ANS.

Publié le 23 juin 2019 - N° 278

Après un triptyque sur l’engagement, Olivier Letellier porte à la scène un roman en

forme de fable initiatique interrogeant le déterminisme et les héritages. Un théâtre

qui invite à lutter contre les résignations. A partir de 9 ans.

Un camp de redressement pour adolescents, perdu au milieu du désert à l’endroit d’un lac

asséché. Un nouveau venu, Stanley Yelnats, y est débarqué, accusé d’un vol de baskets qui lui

sont tombées sur la tête. Au programme : creuser chaque jour un trou, car comme le déclare

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la directrice, « ça forge le caractère ». A moins qu’une autre raison n’explique cet

acharnement à forcer les jeunes à creuser… Depuis quatre générations, la famille de Stanley

n’a jamais de chance. Toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Si Olivier Letellier a

décidé de porter au théâtre le roman foisonnant de Louis Sachar, célèbre ouvrage de la

littérature jeunesse américaine, c’est justement parce qu’il interroge la notion de

déterminisme. Dynamique, fluide, pétulante, sa mise en scène parvient à raconter la vaste

épopée de manière limpide en l’articulant autour de quelques épisodes marquants, à la

manière d’un conte initiatique. Un conte qui sème quelques indices reliant les diverses

temporalités et finit par briser la fatalité à l’œuvre depuis que l’arrière-arrière-grand-père, qui

avait volé un cochon à une tzigane, devint le jouet d’un mauvais sort.

Le libre arbitre et l’entraide contre la fatalité

Interprétant une multitude de personnages, mais aussi le narrateur, les comédiens Fiona

Chauvin et Guillaume Fafiotte font vivre le récit avec fluidité, à la croisée parfois du théâtre et

du cirque. Figures gémellaires, ils passent de l’un à l’autre avec vivacité et fondent leur jeu sur

les corps autant que sur les mots. En connivence avec l’auteure Catherine Verlaguet, l’écriture

de plateau a intégré une partition sonore et des lumières idoines, dans une scénographie

épurée qui par sa forme rappelle le lac ancien et par son matériau les states du temps sur un

tronc de bois clair. Instrument polyvalent, un vieux frigo américain se fait valise, barque,

dortoir, bureau… Le conte accorde toute sa place au déploiement de la fable, met en

perspective des thématiques tels le poids de la fatalité, l’adieu à l’enfance, les rapports de

domination, les parcours de délinquance, le racisme. Les destins tout tracés se transforment,

l’anacyclique – Stanley Yelnats – se délivre de sa boucle figée et ouvre sur de nouveaux

possibles. Si comme toujours le théâtre constitue un miroir du réel, il est aussi ici un appel à

oser briser les héritages et les entraves, adressé à l’imaginaire du jeune public.

Agnès Santi

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La Mécanique du hasard

LAURA LALANDE JUILLET 14, 2019

La Mécanique du hasard – Mise en scène: Olivier Letellier

Depuis la création de « Oh boy » en 2009, couronné du Molière du Spectacle Jeune Public, Olivier Letellier n’a cessé de renouveler son engagement auprès de la jeune communauté. En compagnie de l’auteure Catherine Verlaguet, il devient artiste associé au Théâtre de la Ville, et signe leur entrée par une Mécanique du hasard discrètement puissante, laissant une belle part à l’imagination et à l’introspection.

La guigne en point de départ

Stanley Yelnats n’a pas de chance. Il se trouve toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. Cette malédiction remonte à son arrière-arrière-grand-père, victime d’un sort jeté par une gitane de son village en Lettonie, à la suite d’une promesse non tenue.

Sa guigne l’entraîne au milieu du désert texan, dans un camp de redressement pour adolescents. En punition d’un acte qu’il n’a pas commis. Dans cet espace vierge et hostile, entouré d’adolescents aux parcours cabossés, Stanley Yelnats est condamné à creuser des trous au fond d’un lac asséché, sans savoir ce qu’il cherche.

Bientôt, une seconde histoire, vieille de plus d’un siècle, se dessine en filigrane. Celle du planteur d’oignons Sam, et de l’institutrice Catherine et ses pêches au sirop. Tandis que les liens se précisent, les espace-temps se télescopent, et le territoire des origines se dessine. Celui où tout a commencé. Celui sur lequel le temps passe, en silence, et cristallise les souffrances. Qui deviennent l’héritage des générations suivantes. A l’image de la boucle que forme le nom de Stanley Yelnats, la nécessité du retour au point zéro éclôt.

Libérer l’espace : une dramaturgie du vide et de l’initiatique

En portant à la scène le roman Le Passage, de Louis Sachar, adapté pour le théâtre par Catherine Verlaguet, Olivier Letellier offre un espace sensoriel inédit à ce livre qui a séduit

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des milliers de jeunes à travers le monde. Au sol, un grand cratère plein, qui évoque une « tranche d’arbre », dévoilant dans ses rides de terre la profondeur des enjeux, et la nécessité de « creuser » l’histoire pour lui permettre de remonter. Un vieux frigo américain rouillé, support d’espaces de jeu multiples, complète une scénographie sobre. Sueur, poussière, odeurs, fumées se vivent en direct. Les entrailles de la matière deviennent le fil conducteur d’un rapport poreux au réel, et au public. Immersion.

Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte, dans une parfaite complémentarité, portent au plateau la fable et les personnages de ce conte sombre aux allures de western. L’incarnation discrète des protagonistes et une certaine mise à distance de l’émotion préservent l’aspect initiatique, où chacun peut infuser sa propre histoire. Les corps fluides et souples des comédiens prennent parfois le relais des mots, dialoguent, se complètent, s’escaladent, ancrant leur portée symbolique dans des langages proches du cirque et de la danse.

Ce parti-pris de l’interdépendance des corps et des voix révèle, en contrepoint, le douloureux ciment des rapports entre les jeunes du camp. La dimension sociale et sociétale du spectacle s’écrit sur fond de racisme, violence, pauvreté, rapports de domination. L’altérité, autant que le rapport à soi-même, se révèle difficile quand elle est guidée par les peurs et démons intérieurs.

Dans cette mise en scène fluide et percutante, à l’aube des Petits Princes que l’on finit toujours par rencontrer dans nos déserts intimes, Olivier Letellier nous invite à questionner et réparer nos héritages, pour trouver la liberté d’écrire sa propre histoire. Un spectacle essentiel à la construction de nos êtres intérieurs.

La Mécanique du hasard Tout public dès 9 ans D’après le roman Holes de Louis Sachar Adaptation: Catherine Verlaguet Mise en scène: Olivier Letellier Assistant à la mise en scène: Jonathan Salmon Avec Fiona Chauvin & Guillaume Fafiotte Lumières: Sébastien ReveL Création sonore: Antoine Prost Scénographie: Colas Reydellet Costumes: Nadia Léon Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage

Vu à l’Espace Cardin, Théâtre de la Ville

Festival d’Avignon

Jusqu’au 26 juillet à 13h45 au 11 Gilgamesh Belleville

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Chroniques d’Avignon : « La mécanique du hasard » au 11 Juillet 2019 S le maudit Depuis quatre générations, la famille Yelnats est maudite. Son plus jeune représentant, Stanley, ne semble pas déroger à la règle. Se trouvant « toujours au mauvais moment au mauvais endroit », il est, à tort, accusé de vol. Sommé de choisir entre prison ou camp de redressement, l’adolescent est envoyé au Lac Vert où il doit, chaque jour, creuser un trou au fond d’un lac asséché. Tyrannisé par Xray, un de ses congénères, Stanley se lie d’amitié avec Zéro, le plus vulnérable des jeunes détenus. « La mécanique du hasard » a été adapté du roman de Louis Sachar, « Holes » (« Le passage », Folio Junior, 2016) par Catherine Verlaguet. Le récit, riche, multiplie les allers-retours entre présent (la vie de Stanley au camp) et passé (les déboires de ses aïeux, dont son arrière-arrière-grand-père, par qui la malédiction arrive). S’il s’adresse d’abord aux adolescents, le texte aborde des thèmes universels (l’importance de l’amitié et de la solidarité, la difficulté du libre arbitre) et donne voix à un antihéros diablement sympathique. À l’image de son joli nom palindrome, Stanley Yelnats doit remonter le temps pour comprendre son histoire et, ainsi, se délivrer de l’anathème. S’appuyant sur une création lumière de grande qualité (Sébastien Revel), la mise en scène d’Olivier Letellier, jamais parasitaire, est inventive et rythmée. Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte, qui incarnent tous les personnages de cette épopée, sont excellents. Leur complicité, évidente, nous touche. L’émotion naît aussi d’un travail corporel très maîtrisé qui crée des images fortes, comme lorsque Stanley et Zéro, harassés, s’entraident dans leur fuite, se soutiennent et semblent finalement ne plus faire qu’un. Un spectacle ambitieux, original et séduisant. Y. A. « La mécanique du hasard », festival off d’Avignon, le 11, 13h45 (1h).

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PRESSE ECRITE

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PRESSE WEB

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La mécanique du hasard (on adore)

Par Louise Vayssières

Stanley Yelnats a hérité de ses ancêtres un nom partagé par plusieurs générations et une malédiction. Il est fatalement malchanceux. Ses mésaventures se mêlent à celles de ses aïeux venus d’Europe de l’est jusqu’au far-west américain. L’odyssée composée par Catherine Verlaguet dans son roman « Holes/Le Passage » est magnifiée dans cette mise en scène composée autour d’un frigo escaladé et renversé de mille façons. Comme toujours, la mise en scène d’Olivier Letellier est simple mais belle : les mots comme les corps sont sublimés. Une série de projecteurs de chaque côté permet de mettre en valeur les deux acteurs impeccables livrant une performance d’acteur et physique impressionnante. Ce sont tantôt des narrateurs, tantôt des acteurs de l’histoire. Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte (que l’on avait déjà pu voir sous la direction du même metteur en scène dans Oh Boy !) sont complémentaires et leur complicité sur scène sert le conte sur l’amitié qui nous est délivré. Abandonnés au milieu d’une forme de colonie pénitentiaire au milieu du désert, des enfants sont malmenés, considérés comme délinquants. Tout comme c’est le cas pour les générations les ayant précédées, ils doivent braver la violence et la rivalité que des adultes amers et désabusés voudraient leur imposer. Enfants et adultes sont captivés : ne manquez pas ce très bon spectacle qui nous suspend au bout des lèvres de conteurs-acrobates épatants !

Du 5 au 26 juillet à 13h45, relâches les 10 et 17 juillet, au 11 Gilgamesh-Belleville (11 bd Raspail). Durée : 1h. Tarifs : 8, 14, 20 euros. Infos et réservations au 04 90 89 82 63. www.11avignon.com

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La mécanique du hasard d’après Louis Sachar

par Corinne Denailles

Un conte initiatique

Envoyé dans un camp de redressement dans le désert texan pour y creuser des trous, l’adolescent Stanley Yelnats se sent accablé par le poids d’une malédiction reçue il y a plusieurs générations, depuis qu’un arrière-arrière-grand-père fripon a volé un cochon à une Tsigane unijambiste qui l’a maudit, si bien qu’il croit toujours être au mauvais endroit au mauvais moment. Ce conte initiatique, adapté du roman de Holes/Le passage de Louis Sachar par Catherine Verlaguet, raconte comment Stanley va réussir à se sortir de son trou, de l’ornière dans laquelle il est coincé pour prendre sa vie en main en creusant pour mettre au jour les fragments archéologiques de son histoire. Chemin véritablement initiatique puisque c’est ainsi qu’il pourra s’affranchir de ces entraves invisibles qui deviendront au terme du voyage juste son histoire. En somme reprendre le chemin de sa vie à l’envers, à l’image de son nom, palindrome de son prénom mais aussi miroir stérile qui le renvoie indéfiniment à lui-même. Sur un plateau de bois blond qui évoque les volutes des cernes d’un arbre, indices du temps, avec pour accessoire incongru un vieux frigo rouillé aux multiples fonctions, sous les éclairages délicats de Sébastien Revel, Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte prennent en charge personnages et récits dans une relation de gémellité singulière où l’un est l’autre et réciproquement, deux acrobates du verbe dans une fusion des corps qui font danser les mots et les images. La mise en scène épurée d’Olivier Letellier fait merveille, laissant le champ libre à l’imaginaire ; cela tient du réalisme magique sud-américain peuplé de légendes, de

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personnages fantastiques, de lézards à taches jaunes maléfiques, de champs d’oignons et de traversée du désert salvateurs. Une manière poétique, légère et pleine d’humour de s’interroger sur la question du déterminisme, sur le poids de l’héritage familial et ce que l’on en fait ou comment appartenir à un lignage et être soi. Un spectacle lumineux porté par deux comédiens magnifiques. La mécanique du hasard d’après le roman Holes/Le passage de Louis Sachar ; texte de Catherine Verlaguet. Mise en scène Olivier Letellier. Avec Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte. Lumières, Sébastien Revel. Son, antoine Prost. Scénographie Colas Reydelet. Costumes, Nadia Léon. Avignon au 11.Gilgamesh Belleville jusqu’au 26 juillet 2019 à 13h45. Durée :1h. A partir de 9 ans. Résa : 04 90 89 82 63. © Christophe Raynaud De Lage Texte publié aux éditions Folio junior Dates de tournée à venir : 5 novembre - PJP à Revest-les-Eaux 8 novembre - Théâtre de la Licorne à Cannes 14 et 15 novembre - Centre Jean Vilar ou Théâtre Gérard Philippe à Champigny-sur-Marne 17 et 18 novembre - Le NECC - Espace Charentonneau à Maisons-Alfort 21 novembre - Théâtre de Saint-Maur-des-Fossés 26 > 30 novembre - Théâtre Romain Rolland à Villejuif 4 > 6 décembre - La Garance Scène nationale de Cavaillon 10 décembre - Pont-Audemer 10 janvier - Centre Culturel Juliette Drouet ou Théâtre Victor Hugo à Fougères 14 > 16 janvier - Le Quai - CDN à Angers option // 22 et 25 janvier - Centre culturel de Terrasson, L’imagiscène et Théâtre des Carmes à Langon 28 janvier - Théâtre de Quimperlé 30 et 31 janvier - Théâtre du Pays de Morlaix 3 février - Pont des Arts à Cesson-Sévigné 6 février - Le Grand Logis à Bruz 10 et 11 février - Théâtre municipal de Coutances 13 et 14 février - Le Trident Scène nationale de Cherbourg option // semaine du 17 février - Festival A Pas Contés à Dijon 24 et 25 février - Théâtre Jean Arp à Clamart 27 et 28 février - Auditorium de Vincennes 3 mars - Théâtre de Coëvrons 5 mars - Théâtre de Ernée 12 et 13 mars - Théâtre de la Coupe d’Or à Rochefort 18 > 20 mars - La Coursive Scène nationale de La Rochelle 23 et 24 mars - L’Avant Scène à Colombes 27 mars - Espace culturel Alain Poher à Ablon-sur-Seine 31 mars et 1er avril - Le Merlan Scène nationale de Marseille 6 et 7 avril - Scènes et Ciné Ouest Provence à Istres 9 et 10 avril - Le Sémaphore à Port-de-Bouc 23 et 24 avril - Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise 28 avril - Théâtre du Cormier à Cormeille-en-Parisis 5 et 6 mai - Le Forum à Fréjus 12 ou 19 mai - La Ferme Godier Théâtre de Villepinte

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FESTIVAL OFF D’AVIGNON : « LA MÉCANIQUE DU HASARD » À 13H45 AU 11GILGAMESH !

Publié le 16 juillet 2019 | Par Audrey Jean

Les plus jeunes ne sont pas oubliés dans cette édition du festival Off d’Avignon, beaucoup de créations sont en effet proposées pour les enfants et les adolescents, certaines se distinguent néanmoins par leur exigence et leur qualité. C’est le cas de « La mécanique du hasard » programmé récemment au Théâtre de la Ville, un spectacle trépidant mené tambour battant par un duo émérites Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte, dans une mise en scène jubilatoire d’Olivier Letellier.

Voici l’histoire de Stanley Yelnats, un petit gars qui a pour mauvaise habitude de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Victime d’une erreur judiciaire il se retrouve à devoir creuser des trous dans le désert au camp du lac vert avec une bande de loubards et un personnel pénitencier plutôt revêche. Ce qu’il ne savait pas c’est que creuser inlassablement des trous sous le

soleil brûlant va lui donner l’occasion de déterrer le passé et déjouer la malédiction familiale dont il est prisonnier depuis toujours.

C’est un road trip génialissime, un galop au rythme soutenu que nous propose Olivier Letellier, une aventure trépidante en forme de quête initiatique féroce et drôle. La narration est particulièrement bien ficelée, elle livre ses trésors au fur et à mesure dans un enchevêtrement judicieux sublimé par la performance des comédiens Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte. En effet, à eux deux et sur un plateau contenant pour seul décor un frigidaire magique, les interprètes s’emparent de tous les personnages de la fresque, se passant la parole comme un jeu de relais permanent, un jeu qui passe aussi dans le corps s’inscrivant également dans une chorégraphie savamment travaillée. Il y a entre eux une complicité unique, un amusement intense à perdre le spectateur dans les méandres du récit, à dédoubler les points de vue. Avec intelligence Olivier Letellier nous offre ainsi à voir le mécanisme d’une machine à jouer, la fabrication étape par étape du conte initiatique, du suspense, de l’action, des émotions, tout y est explosif et surprenant. Les grands et les moins grands sont conquis, ils se retrouvent donc autour de l’aventure de Stanley Yelnats follement enthousiasmé par le rythme effréné de ce feuilleton drolatique, prisonnier de cette narration à tiroir restituée avec brio par Olivier Letellier. Un coup de maître !

Audrey Jean

« La mécanique du hasard » Texte Catherine Verlaguet D’après le roman Holes/Le passage de Louis Sachar

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Focus enfance et adolescence au Gilgamesh, festival Off à Avignon

« La Mécanique du hasard » d’Olivier Letellier © Christophe Raynaud de Lage

La mécanique impeccable du hasard Enfin, pour les petits comme pour les grands, le Gilgamesh offre une pépite : la Mécanique du hasard, l’adaptation que proposent Catherine Verlaguet et Olivier Letellier (dont on avait déjà apprécié le fantastique Oh, boy !) du roman de Louis Sachar : le Passage. C’est l’histoire fabuleuse de Stanley Yelnatz, un gamin victime d’une terrible malédiction familiale qui se retrouve dans le terrible camp du Lac vert, à creuser des grands trous, des grands trous et encore des grands trous. C’est l’histoire d’un gamin au grand cœur, dont le nom se lit dans les deux sens, dont l’histoire se vit dans tous les sens, une histoire comme les amoureux du récit (les Dumas, les Michalik) savent seuls en concocter. C’est une histoire d’amitié, de libération qui nous apprend que rien n’est joué quand tout paraît pourtant perdu. La pièce est servie par deux comédiens formidables (Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte). Agiles comme des gymnastes, ils savent se glisser dans toutes les peaux (celles d’affreux jojos et de valeureux héros). Aidés par une superbe adaptation, par une mise en scène plus qu’efficace, ils métamorphosent par leur interprétation un frigo en montagne, en trou, en maison. Le talent est là, la fantaisie est reine, comme l’indiquent les premiers mots du spectacle qui agissent tel un merveilleux sortilège : « Imagine, imagine ». On est saisi, et on sort ravi et époustouflé. ¶

Laura Plas

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L'INSENSÉ Saturday 20 July 2019

Là Où Tu Veux Être. La Mécanique Du Hasard D’Olivier Letellier Avec La Mécanique du hasard, présentée au Gilgamesh jusqu’au 26 juillet à 13h45, Olivier Letellier réconcilie le spectateur avec le plaisir des histoires bien racontées. Un théâtre de récit et d’objet pour deux acteurs et un frigo à ne pas manquer. Par Chloé Larmet

Raconter des histoires au théâtre n’est plus à la mode. Le post-dramatique est passé par là, ainsi que le story telling à l’anglo-saxonne qui attache à la narration (de soi) une valeur capitaliste rentable. Non, ce qui a la cote en ce moment, c’est de mettre en scène des « paroles vraies » portées par des « vraies personnes » – entendez qui ne font pas semblant et dont la présence sert de caution à la vérité du récit. Ou bien de faire l’histoire du théâtre (I ou II) et de mêler histoire collective et subjective pour dire le monde. Olivier Letellier reste loin de toutes ces histoires et préfère, justement, en construire. Travaillant depuis des années avec et pour la jeunesse, ses nombreuses créations montrent que, si tant est qu’elles soient bien racontées, les histoires ont encore de beaux jours devant elles et au théâtre en particulier.

Sa Mécanique du hasard en est l’illustration parfaite. Adaptée du roman Le Passage (Holes pour les anglophones), de Louis Sachar, la narration théâtrale construite par Olivier Letellier et Catherine Verlaguet est portée par deux acteurs et invite le spectateur à écouter d’autres vies que la sienne, comme le dirait Emmanuel Carrière. Et c’est bien là le cœur de cet « art de narrer » qui, pour Walter Benjamin déjà, touche à sa fin : que

l’expérience de vie d’un autre devienne celle de celui qui l’écoute. Un partage plus qu’une appropriation puisque l’art de raconter des histoires est avant tout une question de complicité. « Quiconque écoute une histoire se trouve en compagnie de celui qui la raconte; même celui qui la lit participe à cette compagnie. » À relire ce texte de Walter Benjamin, Le conteur, on se dit qu’Olivier Letellier en a décidément saisi, intimement et intuitivement, les

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principes fondamentaux – la relation entre la narration et la mort, la complicité d’une écoute partagée, la sagesse du conteur. « Le conteur se range parmi les sages et les maîtres. Il est de bon conseil – non pas comme le proverbe, pour quelques cas, mais comme le sage, pour tous les cas. Car il est en son pouvoir de s’appuyer sur toute une vie. Son talent, c’est de pouvoir narrer la vie, sa haute fonction de la pouvoir narrer d’un bout à l’autre. Le conteur, c’est l’homme qui pourrait laisser la mèche de sa vie se consumer tout entière à la douce flamme de sa narration. Si l’on se tait, ce n’est pas seulement pour l’entendre, mais aussi un peu parce qu’il est là. Le conteur est l’image en laquelle le juste se retrouve lui-même. » W.B, Le Conteur Faisant peu de cas de ceux qui cantonnent le théâtre jeunesse à un art mineur ou à une distraction superflue et non rentable (l’argument est finalement toujours principalement économique), il ose un théâtre de récit et d’objet qui raconte – bien – des histoires.

L’histoire de La Mécanique, la voici : un adolescent, Stanley Yelnats (le palindrome a son importance) est sous le coup d’une malédiction familiale qui remonte à son arrière-arrière-grand-père voleur de cochon. Parce qu’il se trouve toujours au mauvais endroit au mauvais moment, il est envoyé au camp du Lac Vert et y creuse, jour après jour, des trous d’1m50 sur 1m50 en plein milieu du désert. Nul besoin d’en dire plus : une mécanique narrative se déroule qui, de péripéties en rebondissements, croise une institutrice devenue criminelle, une sorcière rêvant de

boire l’eau de la rivière qui coule à l’envers, des pêches au sirop et un spray supprimant les mauvaises odeurs de basket. Au fil de l’histoire, la question de la liberté de chacun face au poids des héritages familiaux – ou comment se libérer d’un destin tragique. Et surtout, que faire une fois cette liberté acquise ? Quels désirs suivre, vers quels endroits aller une fois la malédiction levée ? Plus de bon ou mauvais endroit et moment, simplement des désirs à (oser) suivre. Des histoires à inventer. On pourrait croire qu’il ne s’agit là que d’une énième histoire qui finit bien et qui donne de l’espoir aux solitudes, enfantines ou adultes – serait-ce si terrible d’ailleurs, si ce n’était que ça ? Mais c’est oublier l’art et la manière de raconter cette histoire qui, oui, finit bien (nul besoin de suspense ici). Or, ce qui compte avec les histoires, c’est la façon dont on les raconte. Et en la matière, Olivier Letellier a depuis longtemps prouvé qu’il excellait, inventant un

vocabulaire scénique singulier qui mêle théâtre de récit et théâtre d’objet. Au plateau, Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte se partagent une narration qui passe avec une allégresse grisante du tu au il en passant par le je, choral ou non. Chacun raconte l’histoire de l’autre, l’incarne ou lui donne la réplique pour que le spectateur en vienne, lui aussi, à dire je. C’est que l’intention du metteur en scène est claire :

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raconter des histoires, c’est d’abord les raconter à quelqu’un. Et Letellier d’assumer la nécessité, dans l’art du conte, d’une adresse directe, rendant possible, dans un second temps, l’incarnation. Décrire un univers avec les mots avant d’y plonger et d’en sortir à loisir, faire du langage un seuil pour l’imaginaire que chacun s’amuse à franchir. Et puis il y a ce frigo, au centre d’un plateau quasi nu (seul un plancher figure le sol désertique) que les deux comédiens manipulent. Troisième partenaire distancé que cet objet qui acquiert tour à tour une fonction symbolique, allégoriques, référentielle ou simplement ludique. Opérant un décalage supplémentaire dans la narration, il permet de créer des images poétiques tout en distançant la fiction – desserrer les rouages d’une mécanique narrative pour y créer du jeu, espaces libres sans lesquels tout s’enraye. Au spectateur, alors, de s’emparer de ce jeu pour oser, lui aussi, choisir l’endroit où il veut être et s’abandonner, en compagnie du Théâtre du Phare, au plaisir des histoires partagées. 20 juillet 2019

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La mécanique du hasard Texte : Catherine Verlaguet D’après le roman Holes/Le Passage de Louis Sachar Mise en scène : Olivier Letellier

Avec Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte Assistanat : Jonathan Salmon et Valia Beauvieux Création lumières : Sébastien Revel Création sonore : Antoine Prost Costumes : Nadia Léon Scénographie et régie générale de tournée: Colas Reydelet

Production : Théâtre du Phare – Olivier Letellier

Co-production Théâtre de la Ville – Paris, Le Strapontin de Pont-Scorff, Théâtre de Chevilly-Larue, Tangram Scène Nationale d’Evreux et Théâtre du Champs au Roy de Guingamp, Fontenay-en-Scènes de Fontenay-sous-Bois

Avec le soutien de les Bords de Scène d’Albon, Les Tréteaux de France – CDN d’Aubervilliers, Le Grand T – Théâtre de Loire Atlantique de Nantes et Centre Culturel d’Avranches.

Le roman Le Passage est publié aux éditions Folio Junior

Création automne 2018

Avignon le Off, 11 Gilgamesh Belleville, le 6 juillet 2019

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Le travail d’Olivier Letellier et du Théâtre du Phare est désormais bien connu du grand public. L’adaptation – déjà par Catherine Verlaguet – du célèbre Oh Boy de Marie-Aude Murail créé en 2009 a d’ailleurs remporté le Molière du Spectacle Jeune Public l’année suivante. Cette récompense signale à juste titre le champ d’investigation choisi par le Théâtre du Phare : le jeune public et les écritures qui lui sont dédiées, répertoire encore récent mais qui a désormais toute légitimité dans la création théâtrale contemporaine. Parce qu’Olivier Letellier est aussi un expérimentateur, il propose plusieurs laboratoires en 2014 dans différents lieux comme le Théâtre National de Chaillot ou encore le Centre National de Champigny-sur-Marne, d’où naîtront une belle grande forme – La Nuit où le jour s’est levé – et trois « solos » créés en 2015-2016 parmi lesquelsMaintenant que je sais écrit que Wanderer avait vu à la Maison du théâtre pour enfants, en juillet 2017. De retour dans le Off cette année, Olivier Letellier, après une nouvelle collaboration avec sa compagne d’écriture Catherine Verlaguet, présente l’adaptation du célèbre roman pour la jeunesse Le Passage de Louis Sachar, paru en 1992. Des laboratoires en 2017 à Chaillot jusqu’au Gilgamesh Belleville pour le temps du Festival, Wanderer a eu envie d’apprécier une fois de plus la qualité de ce nouveau travail de collaboration. Sans la moindre déception.

Les deux comédiens, Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte, à l'unisson

Peu de temps pour observer le plateau, une fois installé dans la salle. Les deux comédiens, portant des tenues à peu près semblables viennent s’adresser au public, usant d’un « tu » tout à fait inattendu et déconcertant. Des recommandations habituelles sur l’extinction des portables qui pourraient laisser croire que nous sommes encore à la lisière du spectacle et qu’ils s’adressent aux spectateurs, ils glissent sans plus d’avertissement vers un « tu » plus identifié : Stanley Yelnats, le personnage principal de la fable – mais n’est-ce pas encore un peu nous dans le public ? On hésite, un peu troublé. Et les deux comédiens de faire remarquer que son patronyme est composé avec les lettres de son prénom à l’envers. Etrange « upside down » qui retient d’emblée l’attention. Cette réversibilité fait dès à présent allusion à ce qui vient de commencer sans que ne nous en rendions compte : « une histoire en boucle qui illustre l’impérieuse nécessité de remonter aux origines pour comprendre, voire modifier le présent » pour reprendre les mots d’Olivier Letellier lui‐même dans sa note liminaire au spectacle. Revenons quand même à ce qui est de l’ordre du clairement visible dans les premiers moments. Deux comédiens – Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte, épatants à tous égards – figurent l’instance narrative à deux voix complémentaires pour l’histoire qui débute, comme deux acteurs‐conteurs nous incluant dans ce qu’ils commencent à raconter. Pour que

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nous écoutions avec attention comme dans les veillées d’autrefois. Pour que nous regardions et entamions avec eux le voyage initiatique du jeune personnage principal représenté sur scène. Leurs t‐shirts, jeans et baskets en toile bordeaux, rappellent d’ailleurs l’adolescence – les deux comédiens bien que jeunes ayant tout de même passé cet âge de la vie. L’adolescence qu’on s’apprête à vivre ; celle qu’on vit ; celle qu’on a vécu mais qui a laissé des traces dans la vie d’adulte. Et on se prend à penser alors le temps qui passe, qui avance et qui fait avancer chacun, les héritages du passé parfois lourds, les expériences vécues et ce qu’on en garde parfois inévitablement dans le présent comme dans l’avenir. En définitive, nous voici emportés dans un conte d’aujourd’hui et de toujours, doucement amenés vers une réflexion aux accents anthropologiques – le théâtre, fût‐il pour la jeunesse, ne permet‐il pas de mieux comprendre l’Homme et le monde ?

De l'équilibre entre les deux comédiens

Le plateau est assez sobre avec un décor minimaliste. Un vieux frigo américain portant traces d’usure, marques indélébiles d’un passé ineffaçable, signes évidents des effets du temps, est placé au centre, sur un sol en bois surélevant légèrement l’espace de jeu, qui figure une sorte de surgissement solide aux contours arrondis et concentriques. La couleur est celle du sable.

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Celui du désert aride avec ces nuances ocreuses. Celui où Stanley va creuser et que les comédiens vont jeter symétriquement chacun d’un côté du plateau, après avoir saisi la petite quantité laissée opportunément à cet effet, laissant flotter une fine poussière dans la lumière. De part et d’autres, près du décor et à vue, sont justement disposés quatre rampes verticales qui produisent cette même lumière jaune et irréelle venant intensifier l’atmosphère pleine d’étrangeté dans laquelle la salle se trouve instantanément plongée.

Comme une réminiscence lointaine des tragédies grecques, Stanley Yelnats se sait marqué du sceau de la malédiction qui le poursuit depuis toujours. Qui poursuit sa famille depuis quatre générations, précisément depuis un supposé vol commis par son arrière‐grand‐père contre une tzigane. Tous se sentent « au mauvais endroit au mauvais moment ». Les deux comédiens vont alternativement relater les événements qu’ont vécus les ancêtres de Stanley et qui l’ont conduit inexorablement dans ce désert, jouant admirablement avec les analepses, prêtant corps et voix à tous les personnages de cette fable dans un paysage de western. Stanley a reçu une paire de chaussures de sports sur la tête. Comme ça. Et le voici accusé de vol à son tour ! La malédiction familiale s’abat sur lui durement et il est envoyé dans le désert pour purger sa peine dans un singulier camp de redressement, au Texas, au cœur d’un environnement désormais asséché et sans vie : le « Camp du Lac vert ». Il connaît l’enfermement, l’impossible fuite vers un ailleurs. Vers un autre destin. Il est confronté à la brutalité de la direction du camp – Mr Monsieur le bourreau balourd, par exemple. A la concurrence des autres « délinquants » en rétention comme lui. A l’amitié durable bien qu’inattendue avec Zéro, le fidèle et indéfectible compagnon de route, de vie. Et avec lui et les autres, il doit creuser d’énormes trous tous les jours. Comme autant de Sisyphe des temps modernes, répétant la même action inutile. Absurde présent éternel, sans alternative.

Puis, ce sera la fuite. Une montagne à gravir – itinéraire de deux jeunes hommes partis perdants, vers cet ailleurs si précieux pour échapper à leur mauvaise fortune. Entre les oignons crus et la redoutable morsure des lézards, l’intrigue conduira Stanley sur la voie d’une autre destinée, aussi surprenante que salutaire, brisant avec panache le cycle familial maudit. On peut toujours changer de paradigme : c’est la découverte finale. La fatalité n’existe donc pas, il y a toujours une page blanche sur laquelle écrire.

Sans doute, Olivier Letellier et Catherine Verlaguet ont‐ils distinctement perçu les ressorts dramaturgiques de cette intrigue ainsi que les substrats culturels et philosophiques dont ils se nourrissent. L’adaptation du texte et la mise en scène sont vraiment réussis. Les deux comédiens, tels deux funambules, avancent comme sur un fil, dans une grande maîtrise de leur équilibre au sein même de leur duo qui fonctionne à la perfection. On retient par exemple, ce moment où l’un est sur l’arête de ce frigo renversé, unique appui de jeu multifonctionnel tout au long du spectacle, et l’autre l’aide à se maintenir sans tomber. Le travail préparatoire auprès d’un artiste circassien notamment, a permis cette performance physique. Il est à supposer pourtant que leur bonne connaissance de l’autre dans leur harmonieuse collaboration sur ce projet, explique certainement ce résultat sur l’ensemble de la représentation tout à fait enthousiasmante.

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Représentation d'une étape de l'histoire de Stanley Yelnats

Le Théâtre du Phare démontre une fois de plus la vivacité de ce répertoire jeune public, dépassant largement son cadre pour toucher les spectateurs de tous âges. Pour Olivier Letellier, il en va d’une forme de militantisme à persévérer dans la recherche théâtrale autour de ces textes pour la jeunesse. Et en définitive, cela permet certainement de nous rappeler toujours, en reprenant les mots de Jean‐Claude Lallias, « la part d’enfance de tout théâtre ».

Crédits photo : © Christophe Raynaud de Lage