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1 Revue de Nouvelle Acropole n° 216 – Février 2011 Sommaire ÉDITORIAL: Il est urgent de retrouver notre temps intérieur ! SOCIÉTÉ : Philosophie pour temps de crise CIVILISATIONS : 2012, apocalypse ou renaissance ? RENCONTRE AVEC : Olivier Ralet, entre deux mondes QUESTION PHILO : Faut-il désirer le succès ? VIENT DE SORTIR : Symbolisme en Égypte ancienne et géographie sacrée LE LIVRE DU MOIS : Symbolisme de la croix ÀGENDA - SORTIR Éditorial Il est urgent de retrouver notre temps intérieur ! Par Fernand SCHWARZ Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole À trop vivre dans l’immédiat, nous perdons peu à peu les bénéfices de la durée, qui est au cœur de tous nos processus de maturation intérieure. D’importants colloques ont eu lieu et ont lieu actuellement, réunissant sociologues, psychologues, scientifiques et philosophes, pour explorer la relation de l’homme actuelle au temps. Ils s’inquiètent de la tyrannie croissante qu’exercent l’immédiateté, la précipitation et l’urgence dans nos vies. Si les nouvelles

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Revue de Nouvelle Acropole n° 216 – Février 2011

Sommaire • ÉDITORIAL: Il est urgent de retrouver notre temps intérieur !

• SOCIÉTÉ : Philosophie pour temps de crise

• CIVILISATIONS : 2012, apocalypse ou renaissance ? • RENCONTRE AVEC : Olivier Ralet, entre deux mondes • QUESTION PHILO : Faut-il désirer le succès ? • VIENT DE SORTIR : Symbolisme en Égypte ancienne et géographie sacrée • LE LIVRE DU MOIS : Symbolisme de la croix • ÀGENDA - SORTIR

Éditorial

Il est urgent de retrouver notre temps intérieur ! Par Fernand SCHWARZ Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

À trop vivre dans l’immédiat, nous perdons peu à peu les bénéfices de la durée, qui est au cœur de tous nos processus de maturation intérieure. D’importants colloques ont eu lieu et ont lieu actuellement, réunissant sociologues, psychologues, scientifiques et philosophes, pour explorer la relation de l’homme actuelle au temps. Ils s’inquiètent de la tyrannie croissante qu’exercent l’immédiateté, la précipitation et l’urgence dans nos vies. Si les nouvelles

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technologies nous ont désormais plongés dans le règne de l’instantanéité, nous avons en même temps perdu prise sur le temps et son sens.

D’autre part, notre mode de vie nous «presse» à un point tel qu’il nous empêche d’avoir le recul nécessaire et surtout d’entrevoir l’atemporel qui se cache dans l’instant. Sans que nous nous en rendions compte, nous nous retrouvons déchirés entre ce que nous appelons le temps extérieur ou social, que nous avons du mal à gérer, avec ses contraintes d’organisation qui nous pressent pour nous adapter au monde, et le temps intérieur qui nous réclame un rythme plus profond pour pouvoir en extraire le goût de vivre et le sens. De nombreux experts conviennent qu’actuellement beaucoup d’entre nous sont déphasés dans la perception de ces différents temps. Désœuvrés, beaucoup d’entre nous s’empressent de remplir leur emploi du temps avec beaucoup d’activités de toutes sortes, sans y réfléchir et se retrouvent à multiplier des relations éphémères, dans lesquelles le règne du non-

durable s’installe. Ceci ne s’accorde pas avec nos besoins profonds. Tous les grands passages de nos vies comme le fait de grandir, apprendre, éduquer, traverser un deuil, réclament du temps. «Aujourd’hui, nous n’avons plus le temps d’incuber les évènements et le temps de les élever au statut d'évènements psychiques» regrette le psychanalyste Roland Gori et «bien sûr, nous pouvons nous adapter en développant un "faux self" à moins d’emprunt, mais que deviennent le rêve, nos mémoires, les mythes dans cette société qui matérialise le temps à ce point ?» Le philosophe Marcel Gaucher insiste sur l’importance d’apprendre à réconcilier ces deux temps qui rythment nos vies, celui de la construction sociale qui est artificiel et celui de notre temps intérieur qui nous permet de traverser les difficultés de nos vies. Pour cela, il faut que nous acceptions de sortir du conformisme, de développer notre jardin intérieur et de nous exprimer de façon plus authentique, en réussissant dans un premier temps à faire de petites pauses en journée, à nous concentrer sur des idées, des images et des sentiments qui nous permettent de prendre du recul et d’élever notre conscience. Ce n’est pas une question de temps mais de qualité de temps. Quelques minutes suffisent parfois. Il ne faut pas simplement chercher des moments agréables mais également avoir des projets d’existence, des finalités qui nous permettent d'exprimer notre vrai potentiel et de partager nos richesses profondes avec ceux que nous aimons. Dans ces temps turbulents, s’il y a une urgence, c’est celle de décider de redevenir acteur de sa vie.

Société Philosophie pour temps de crise Par Délia STEINBERG GUZMAN Directrice internationale de Nouvelle Acropole

Que faire en cas de crise ? C’est un moment opportun pour s’appuyer sur des valeurs atemporelles qui ont guidé l’humanité à toutes les époques : la philosophie, en tant qu’art de vivre.

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Il est inévitable, en faisant le bilan de l’année, de se référer à la crise économique qui, sous une forme ou une autre, a touché tant de gens dans le monde. D’une part, nous avons découvert qu’en raison du modèle socio-économique des dernières décennies, les cycles du progrès matériel avaient plus d’influence sur nos vies que nous ne l’aurions imaginé ou désiré. D’autre part, la crise a été une opportunité intéressante pour découvrir que nous, les êtres humains, avons d’autres valeurs sur lesquelles nous appuyer dans les moments difficiles. Précisément, la philosophie en tant qu’art de vivre nous a permis de nous poser à nouveau les questions de toujours et de revenir aux réponses valables auxquelles le passage du temps n’a retiré aucune valeur, bien au contraire. Un grand point d’interrogation continue de planer sur la connaissance de qui nous sommes, pourquoi nous sommes dans le monde et quel est notre rôle dans cette histoire qui se tisse jour après jour. Il serait trop triste de croire que notre unique fonction est de survivre médiocrement ou, en tout cas, de nous efforcer de parvenir à un meilleur niveau de survie, avec plus de richesses qu’on ne peut en mettre à profit. Les biens matériels essentiels sont absolument indispensables. Mais il y a beaucoup de gens qui possèdent plus que le nécessaire sans avoir pour autant réussi à éliminer ni la douleur ni le malheur.

Par contre, il y en a qui n’ont que le strict nécessaire et parfois moins, et qui ont atteint une grande paix intérieure en développant d’authentiques valeurs humaines. En tant que philosophes qui aspirons à la droite connaissance, nous avons constaté que le Bon, le Beau, le Vrai et le Juste continuent à être des éléments indispensables pour atteindre le bonheur. Philosophie et bonheur ont beaucoup de choses en commun. Crise et créativité Les crises sont des situations particulières, dans lesquelles découvrir ces coïncidences peuvent nous aider à surmonter les difficultés et à nous dépasser nous-mêmes pour grandir moralement et spirituellement. Il convient de rappeler ici la célèbre citation du savant et philosophe Albert Einstein sur le sens de la vie : «Une crise peut être la plus grande bénédiction qui puisse arriver aux gens et aux nations parce que toute crise engendre des progrès. La créativité naît de l’angoisse comme le jour naît de la nuit obscure. C'est d’une situation de crise que naissent l’inventivité, les découvertes et les grandes stratégies. Qui surmonte une crise, se dépasse lui-même sans être «dépassé». Qui attribue à la crise ses échecs et ses lacunes fait violence à son propre talent et a plus de considération pour les problèmes que pour les solutions... Sans crise, il n’y a pas de défi et sans défi, la vie est une routine, une lente agonie. Sans crise, il n’y a

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pas de mérite... Finissons-en une fois pour toutes avec l’unique crise qui nous menace, à savoir la tragédie de ne pas vouloir lutter pour la surmonter.» Nouvelle Acropole, en harmonie avec ces idées, parie pour le talent et la créativité et les opportunités offertes par une philosophie vitale, pour que l’élan individuel puisse tourner au bénéfice de l’humanité tout entière.

Civilisations 2012, apocalypse ou renaissance ? Par Laura Winckler

Depuis quelque temps, l’actualité, la littérature, la science, des films documentaires et même des films d’aventures parlent de 2012 comme d’une catastrophe sans nom, nourrissant les peurs ancestrales de l’humanité. Qu’en est-il vraiment ? En tant que philosophe, à quoi ce thème nous invite t-il à réfléchir ?

Le thème de 2012 a été abordé par des civilisations anciennes, dont les Mayas. La civilisation Maya a connu son apogée à la période classique, entre 300 et 1000 après J.-C. Elle possédait de grandes richesses et des connaissances et, à son apogée, son influence s’étendait depuis la Péninsule du Yucatan et le Guatemala jusqu’au Salvador et au Honduras. Il subsiste encore des ruines imposantes de certaines de leurs cités-État comme Chichen Itza, Uxmal, Bonampak, Tikal, Copan ou Palenque (où l’on a trouvé dans la pyramide des Belles Inscriptions le tombeau intact du roi Pacal).

Comment vivre en temps de crise ? Edgar MORIN et Patrick VIVERET Editions Bayard, 92 pages, 15 € Les auteurs, après nous avoir engagés à prendre historiquement de la hauteur et à reconnaître que l’improbable – en l’occurrence, le meilleur – est toujours possible, envisagent une sortie du cycle de la modernité occidentale en en gardant le meilleur et en retrouvant le meilleur des sociétés de tradition, en rendant entre autres à la monnaie son rôle de moyen et non de fin.

http://www.revue-acropolis.fr

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Les Mayas croyaient en l’influence du cosmos comme activateur de l’esprit humain. Grâce à leurs observations astronomiques et à leurs connaissances mathématiques, ils ont développé un système de calendriers très complexes pour mesurer le temps. Ceux-ci forment des cycles récurrents basés sur les rythmes du cosmos et qui s’enchaînent comme les rouages d’une montre. Les scribes mayas développèrent un système vigésimal (1) d'unités de mesure du temps (les glyphes de période) dont l'unité principale fut le tun ou période de 360 jours. Le système des multiples du tun est ouvert et parfaitement vigésimal : 1 katun = 20 tun, 1 baktun = 20 katun, etc. Ils développèrent aussi un sous-système d'unités de mesure de temps, l’uinal (18 ème partie du tun) et le kin (20ème partie du uinal). Les calendriers mayas les plus connus de nos jours sont le Tzolkin et le Haab.

Le Tzolkin ou calendrier sacré est basé sur un cycle de 260 jours (13 mois de 20 jours). Ce cycle correspond à la gestation humaine, sous l’influence de la Lune. Il induit un recommencement, une évolution, une maturité et une naissance vers un nouveau cycle de vie. Le Tzolkin associe les nombres de 1 à 13 avec une séquence de 20 signes appelés glyphes qui s'entremêlent et se répètent sans cesse. (Un cycle de 20 jours combiné avec un cycle de 13 jours). Les 20 jours du Calendrier maya Le Haab est basé sur un cycle solaire de 365 jours comme notre calendrier grégorien (le cycle se compose de 18 mois de 20 jours et d’un mois de 5 jours appelé les dormeurs). Les Mayas employaient à l’époque classique un troisième type de datation extrêmement précis : le compte long. Le point de départ de cette datation (confirmée par les investigations de Éric Thompson (2)) est la date 0.0.0.0.0 du compte long maya qui correspond au 11 août – 3114, sensiblement à partir du lever du soleil sur un fuseau horaire pour l’Amérique. Cette date figure sur la stèle C trouvée à Quirigua et aussi sur une stèle de Tikal. Selon les conceptions cosmogoniques que les Mayas partageaient avec les autres civilisations mésoaméricaines, les dieux faisaient et défaisaient régulièrement le monde. Il n’y a donc pas une seule création mais une suite vraisemblablement ouverte de créations. Pour les Mayas, chacune dure 13 baktun (cycle de 13 x 20 x 20 = 5125 ans). Pour les scribes du Classique, la création en cours avait commencé un 4 Ahau 8 Cumku (date dans le Calendrier rituel de 18 980 jours). Dans la version actuellement acceptée de la corrélation de Goodman-Martínez Hernández-Thompson, la date du 21 décembre 2012 correspond à celle où le compte long a terminé un cycle (commencé à 0.0.0.0.0 en - 3114 de notre ère) et recommence à 13.0.0.0.0. Cette année sera alors un moment de grande transition et de transformation, car elle marque la fin d’un

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cycle de 5 125 ans et d’un cycle de 13 ans. Dans le cycle des Créations mayas, elle correspond à la fin de la cinquième Ère, car leurs textes cosmogoniques, comme le Popol Vuh, parlent de quatre Ères précédentes, chacune détruite par un cataclysme produit par un excès de l’un des éléments : le vent, la terre, le feu et l’eau. Toute fin de cycle s’accompagne de certaines catastrophes produites par la nature ou par les astres. Les cycles de l’Histoire De nombreuses civilisations anciennes concevaient la relation entre les cycles de l’histoire et les cycles cosmiques au rythme du mouvement des étoiles et des planètes ainsi que par le cycle terrestre des saisons. Elles ont constaté l’évolution cyclique de la vie avec des phases de naissance, épanouissement, mort et renaissance et ont déduit qu’il en était de même pour l’humanité. Cette vision cyclique ne nie pas l’idée de progression, profondément ressentie par l’homme comme besoin de se dépasser et d’aller toujours plus haut et plus loin. Mais cette progression se fait, comme il arrive à notre planète Terre ou au Soleil, en tournant autour d’un centre. Ce double mouvement courbe et ascensionnel est celui de la spirale ou le septième mouvement dont parlait déjà Platon. Il conduit à l’ascension de l’Hélicon, la montage magique au sommet de laquelle réside l’accomplissement de l’humanité dans la Sagesse.

Ainsi, bien que concevant la naissance et la mort des systèmes vivants, les civilisations ne seront jamais porteuses de la conception de la fin des temps comme un absolu irréductible, que l’on trouvera plus tard à partir des religions monothéistes en particulier dans le christianisme avec sa conception du millénium. Les cycles dans les civilisations Dans l’Inde classique, nous retrouvons le cycle du Maha Yuga, composé de quatre âges, âge d’Or, âge d’Argent, âge de Cuivre et âge de Fer. Ils sont symbolisés par le taureau du Dharma qui a 4, 3, 2 et 1 patte(s) selon les époques, ce qui indique la durée respective des âges. La durée totale de ce Grand Cycle est de 4.320.000 années. En Mésopotamie, on concevait sous une base sexagésimale des cycles qui s’enchaînaient aussi les uns dans les autres, depuis le sos de 60 ans jusqu’au Grand Saros de 216 000 ans, représentant une inspiration qui avec une expiration donnait la vie totale de l’univers, de 432.000 ans. En Égypte, on célébrait tous les 1 460 ans, le retour du Benben à Héliopolis, établissant le réajustement entre le calendrier solaire et l’étoile Sirius qui se lève à l’aube, à l’horizon annonçant la crue du Nil et le début de l’année. Ce grand cycle permet de réajuster également l’écart entre l’année vague de 365 jours et l’année tropique de 365,25 jours. Ce retour fut célébré au temps de Djeser, lors de la construction de la pyramide de Saqqarah, sous Ramsès Ier et sous Antonin le Pieux. Cette civilisation a fait preuve d’une longue conscience historique fondée sur sa conception des cycles malgré les hauts et les bas de ses empires.

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En Grèce, on retrouve la tradition des quatre âges d’Or, d’Argent, de Cuivre et de Fer rapportée par Hésiode et reprise par la suite par Cicéron et Virgile à Rome. Platon parlera de l’Année Parfaite qui recouvre la vie de l’Univers d’une durée de 36 000 années. La religion zoroastrienne, présente un cycle de l’univers de 12.000 ans dans lequel la Lumière (Ormuz) se bat contre les Ténèbres (Ahriman), jusqu’à sa victoire. Les Stoïciens parlent également de cet éternel retour des astres à un point initial de convergence. Mais cet achèvement comporte une rénovation, avec opportunité de se projeter dans le futur enrichis de l’expérience clôturée.

La Grande Année précessionnelle est basée sur le phénomène astronomique de la précession des Equinoxes, ce qui donnera un cycle de 25.920 ans, donc chaque mois correspond à une constellation du Zodiaque. Ainsi, nous sommes en train d’achever l’Ère des Poissons pour rentrer dans l’Ère du Verseau (3). À noter que les Cinq Ères des Mayas correspondent à 25.625 ans, ce qui est très proche de la durée de ce grand cycle et nous permet de penser à des correspondances astronomiques dans ses calculs, tout comme les autres grands cycles des civilisations classiques. Résurgence du catastrophisme en temps de crise Dans un monde en crise et déboussolé, des peurs ancestrales émergent et des augures annoncent les pires catastrophes, dans un langage pseudo-scientifique qui fait autorité aujourd’hui. Ainsi ressurgissent les dates du calendrier maya et les anciennes prophéties de changement des ères, enrichies au goût du jour. Il ne s’agit plus de simples inondations (source de l’universel mythe du Déluge), de tremblements de terre ou d’éruptions volcaniques ou d’extinction des espèces mais d’autres catastrophes plus extraordinaires et mettant en jeu non seulement notre planète mais aussi son environnement spatial.

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Nous reprendrons les sept scénarios catastrophes annoncés pour 2012 et les réponses que la science leur donne (4). Premier scénario : Serons-nous victimes d’un alignement galactique fatal ? On se réfère à un alignement du plan galactique et de celui de l’écliptique qui se confond avec la direction du solstice d’hiver, mais cet aspect dure dix-huit ans entre 1980 et 2016 et n’implique aucune anomalie astronomique. Second scénario : Qu’adviendra-t-il lors du transit perturbateur de Venus, attendu pour la nuit du 5 au 6 juin 2012, quand elle passera devant le Soleil ? On verra depuis la Terre une minuscule tache noire. Ce type d’alignement, correspondant à une conjonction Soleil – Venus – Lune équivalente à la Nouvelle Lune qui parfois correspond à des éclipses, se reproduit régulièrement. Simplement, par rapport à l’axe de Venus, on ne la voit pas souvent passer devant le Soleil. Mais, cela ne peut être source d’inquiétude car même au niveau astrologique, la conjonction Soleil Venus a une signification plutôt bénéfique.

Troisième scénario : le risque de collision avec un astéroïde géant Les astronomes n’ont identifié aucun astéroïde de ce type prêt à croiser la Terre dans les cent prochaines années. Et les petits astéroïdes croisant l’orbite de la Terre, nommés «géocroiseurs», ont été recensés et le risque calculé, au moins pour 2012, est presque de zéro. Quatrième scénario : La Terre sera-t-elle expulsée de son orbite ? Pour parvenir à ceci, un corps de masse terrestre devrait nous frôler. Il échangerait de l’énergie avec notre planète, prendrait sa place et nous éjecterait dans l’espace. Mais un tel objet baladeur n’existe pas dans le système solaire, donc le risque est inexistant. Et même si toutes les bombes atomiques existantes explosaient en même temps, l’humanité serait morte mais la Terre continuerait à être sur son orbite.

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Cinquième scénario : Le soleil connaîtra-t-il une surchauffe hors du commun ? Il existe un cycle de onze ans, au cours duquel des taches sombres apparaissent à sa surface et son activité devient plus intense. Ces cycles sont répertoriés depuis le XVIIIe siècle et l’on a pu constater que, lors des cycles plus calmes, la température terrestre a diminué fortement, établissant un lien entre l’activité solaire et le climat. Les taches éjectent des flots de particules chargées du vent solaire qui perturbent la magnétosphère de la Terre, provoquant des perturbations au niveau des communications et des satellites. Bien que le pic d’activité soit prévu pour 2012 – 2013, on ne peut pas encore anticiper son intensité et il ne s’agit nullement d’un phénomène nouveau ou exceptionnel. Par ailleurs, les chercheurs calculent qu’un ralentissement de l’activité solaire se produira dans les prochaines décennies. Sixième scénario : Assisterons-nous à une inversion des pôles terrestres en 2012 ? Pour commencer, ce qui peut s’inverser ce sont les pôles magnétiques de la terre (la direction pointée par la boussole) et non pas les pôles géographiques. Ce type d’inversion s’est déjà produit par le passé, la dernière remontant à environ 800 000 ans. Le phénomène n’est pas périodique et dépend de la source du champ magnétique terrestre qui est le fer fondu au cœur de la terre, agité parfois par des mouvements de convection turbulents. On constate une décroissance du champ magnétique depuis 3 000 ans, mais on ne peut déterminer si cette inversion se produira dans 1 000 ou 2 000 ans. En tout cas, on n’a observé aucune corrélation entre l’inversion du champ magnétique et l’extinction des espèces. Une conséquence constatée est l’affaiblissement de la protection naturelle contre les particules solaires. Septième scénario : Y a-t-il une planète fantôme qui risque de nous frôler ? Certains parlent d’une planète Nibiru, derrière l’orbite de Pluton, dont l’orbite excentrique croiserait chaque 3 600 ans l’orbite terrestre, en provoquant des tsunamis, séismes, éruption

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volcaniques, etc. Jusqu’à présent, aucun observatoire terrestre ou spatial n’a vu trace de cette géante de laves. Et un corps céleste avec une telle excentricité serait plus proche d’une comète que d’une planète. Est-ce à dire qu’aucun danger ne nous menace ? La réponse est non et malheureusement, nous savons qu’une grande partie de ces grandes menaces (réchauffement climatique, destruction de la biodiversité, pénurie d’eau et de nourriture, pollution de toute sorte, surpopulation, guerres, etc.) est le produit d’une activité humaine fondée plus sur l’ignorance, la soif du profit égoïste et la vision à court terme d’une nature-objet à exploiter, que d’une vision globale d’un Univers vivant. Homo lupus hominis : l’homme est un loup pour l’homme. Ce modèle de l’homme arrogant, maître absolu de la Nature et capable par sa seule raison de l’exploiter à outrance, est arrivé à épuisement et montre ses limites. Le XXIe siècle ne tient pas toutes les promesses de paix, bonheur et progrès promis depuis le XVIIIe siècle par les grands «visionnaires» de l’Occident. Nous sentons qu’un modèle est arrivé à son terme et que nous devons changer de paradigme. Les nouvelles découvertes de la science vont dans ce sens et nous devons entièrement repenser dans une logique de vie, énergie, solidarité et interaction et non pas de mort, matière, inertie et séparation.

Changer notre vision de l’homme et de la Nature

Si on se mettait à «espérer l’improbable» comme le conseille Edgar Morin, et comprendre avec Sören Kierkegaard que «ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin». Il est urgent de changer notre vision de l’homme et de la nature et dans ce domaine, les Anciens en ont beaucoup à nous apprendre. Les Mayas pensaient que les systèmes fondés sur la peur entrent en crise et que nous devions faire naître une humanité plus libre, plus courageuse et moins dogmatique. Les changements rapides qui arrivent, nous obligent à éprouver la nécessité de nous renouveler à tous les niveaux. Le temps est une source de transformation et assumer les

cycles c’est transformer l’expérience en Sagesse. Il faut chercher des changements profonds dans l’esprit et le cœur de l’individu et celui-ci doit se sentir partie d’un Tout vivant et organique et pas d’un univers mort et insignifiant (sans sens). Les changements du monde commencent par le changement de chaque individu. Nous devons aspirer à l’Union qui est la trame indivisible de l’Energie. Pour parvenir à rendre possible ce qui semble impossible, il faut une véritable et profonde ouverture de la conscience. C’est par notre imagination créatrice que nous forgerons ce monde plus beau et plus juste auquel nos cœurs aspirent.

Agir au niveau individuel et collectif, une nécessité Individuellement, nous devons devenir les acteurs de transformation, en permettant une authentique émergence de l’individu, capable de se connaître intimement lui-même et de connaître les lois de la nature. Nous devons appliquer une éthique de la reliance, qui nous permette de découvrir le trésor caché dans l’autre. Nous devons promouvoir le retour à une éducation initiatique du dépassement des peurs, comme source d’une véritable fraternité. Nous devons adopter une

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vision d’unicité, de cohérence dans la diversité, d’organicité et rassembler ce qui est épars et tisser le multiple. Nous devons développer un sentiment d’appartenance à notre maison-mère Gaïa, commune à tous, dans un Univers vivant. Nous devons mettre en avant les valeurs pratiquées par le héros, courage, authenticité, générosité, responsabilité et confiance. Collectivement, il nous faut passer de l’illusion de l’abondance à la réalité de la rareté. Nous devons préserver la biodiversité et nous adapter. Nous devons être conscients de notre communauté de destin humain et terrestre, concevoir un progrès organique qui allie cyclicité et progression, changer nos mentalités au niveau de nos pensées, paroles et actions pour changer la réalité. Enfin, nous devons promouvoir un nouvel humanisme. (1) vigesimal : base 20 (2) Sir John Eric Sidney Thompson (1898 –1975) : archéologue britannique spécialiste des inscriptions mayas pré-colombiennes (3) L’Ère du Verseau, Laura WINCKLER, Editions des 3 Monts (4) Dossier paru dans la revue Sciences et Avenir, n° 753, novembre 2009

Rencontre avec Olivier Ralet : Entre deux mondes Par Sylvain CIGNA

À la croisée des chemins entre la psychothérapie et le rituel, Olivier Ralet, ethnothérapeute, professeur de philosophie enseignant l’ethno-psychiatrie, nous raconte sa pratique : une recherche de sens à travers l’invisible que chacun porte en soi. Musulman et rationaliste il évoque la possibilité d’une réunion entre religion et philosophie…

Acropolis : Olivier Ralet, vous êtes ethnothérapeute, que signifie ce terme pour vous ? Olivier Ralet : J’utilise le mot à la suite de Hamid Salmi qui, lui-même, était un élève de Georges Devereux (1) et qui est psychologue clinicien de formation. Ethnothérapie signifie une approche thérapeutique qui prend en compte la culture, qui s’inspire de l’ethnopsychiatrie mais dont les praticiens ne sont pas psychiatres. Le principe est de considérer les patients comme les premiers experts de leur propre situation et le mot «situation» est utilisé à dessein pour éviter le mot «cas», qui fait référence à l’intériorité de la personne, tandis que la situation est davantage ce dans quoi est prise la personne. Dans les systèmes de pensée traditionnels, les troubles sont considérés comme ayant une cause extérieure à la personne et donc la situation est bien ce qui est prégnant. A. : En quoi consiste concrètement la pratique de l’ethnothérapie ? O. R. : Les troubles que nous sommes amenés à traiter peuvent résulter d’un choc culturel mais également d’une problématique qui est due au système d’origine. Par exemple, on peut voir qu’un non-respect d’une obligation traditionnelle qui a eu lieu plusieurs générations auparavant peut avoir des conséquences sur certaines personnes très longtemps après. Ce sont des

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exemples que nous rencontrons assez fréquemment dans la pratique clinique. Un exemple très frappant a été rencontré au centre Georges Devereux (Université Paris VIII) où Tobie Nathan (2) recevait un petit garçon algérien qui avait des comportements qui seraient très vite considérés comme de l’autisme par la psychiatrie classique. Les parents se sont alors rappelés que la circoncision de l’enfant ne s’était pas déroulée selon les règles. La circoncision étant le moment où l’enfant passe du monde des femmes au monde des hommes, les femmes sont exclues du rituel. Dans ce cas précis, juste après l’opération elle-même, l’enfant a couru chez sa maman. Les praticiens ont pris cette interprétation comme origine du trouble et ont préconisé de réorganiser une fête, de tuer un mouton, de le dépecer et d’habiller l’enfant avec cette peau encore tiède. Cela peut paraître étrange mais cette pratique était considérée par les parents comme une possibilité de faire entrer l’enfant dans le monde des hommes. Ces gens ont pratiqué le rite et l’état de l’enfant s’est considérablement amélioré. On voit bien dans ce cas précis qu’un diagnostic de type occidental était inadapté mais bien compréhensible étant donné le comportement de l’enfant. Il s’agit davantage de trouver une réponse qui permette d’articuler les deux systèmes de pensée entre lesquels ils sont pris, pour en déduire une logique commune à ceux-ci.

L’ethnothérapie n’est donc pas seulement un système diagnostic mais également toute une série de pratiques qui permettent d’améliorer les troubles rencontrés. Dans le système traditionnel, les manières de faire sont plus claires que dans la psychologie moderne. L’ethnothérapeute ne se prend pas pour un guérisseur mais il prend au sérieux les pratiques de ceux-ci. A. : Comment êtes-vous arrivé à marier ce qui semble à certains non conciliable ? O. R. : Dans mon histoire personnelle, cela correspond au fait que, d’une part, j’ai assisté en 1985, à une guérison que l’on pourrait qualifier de miraculeuse, d’un jeune marocain atteint d’hépatite extrêmement agressive et que les parents ont fait traiter par un guérisseur local. Celui-ci a fait boire des décoctions d’origine indéterminée et quelques semaines plus tard l’enfant sortait de l’hôpital tout à fait guéri, au grand étonnement de ses médecins. D’autre part, j’ai eu un ami qui présentait des crises de colère très intenses durant lesquelles il répétait les mêmes horreurs. Il a consulté des psychiatres qui ne pouvaient ni expliquer ni traiter les troubles.

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C’est à cette époque que j’ai commencé à m’intéresser à l’ethnopsychiatrie, telle que la pratiquait Tobie Nathan. À ce moment, je travaillais dans le domaine de la drogue et la question des rapports entre ce domaine et les problématiques culturelles a commencé à m’interpeller. Mon intérêt pour ces questions n’était alors que littéraire étant donné que j’étudiais cela pour écrire un roman que je n’ai jamais fini. La vérité a alors dépassé la fiction dans le sens où je suis allé voir sur place au Maroc pour enrichir la conception du personnage

central de mon roman et que j’ai changé mon rapport à la croyance. La croyance n’est que la partie visible d’un processus d’action. Les rituels auxquels j’ai assistés permettent de ne plus se poser la question de la croyance dans les mêmes termes. On voit bien qu’à travers ces rituels quelque chose de très réel se passe. En quelque sorte un djinn (3) se manifeste. Si l’on prend l’exemple de la langue française, on se rend compte qu’elle est très présente et qu’elle a une influence considérable sur nos actions. Les djinns sont du même ordre, c’est un invisible qui a une influence sur nous. La question de savoir si je crois aux djinns ou pas a complètement changé. Ma conception de la thérapeutique traditionnelle est donc de penser qu’il y a une construction d’un système de relation avec des forces. C’est cela qui m’a conduit à devenir musulman. L’Islam me proposait donc un chemin assez efficace pour entrer en contact avec elles. Ma conception est constructiviste dans le sens que chaque système de pensée est une construction plus ou moins efficace, intéressante, bienfaisante ou malfaisante pour entrer en relation avec ces forces. Mais contrairement à l’approche postmoderne, je pense qu’il faut choisir un chemin pour cela et non faire une sorte de shopping spirituel où l’on ne prendrait que des morceaux de plusieurs voies. Les musulmans disent plutôt que c’est le chemin qui m’a choisi mais qui sait… A : Vous êtes également philosophe. Qu’est-ce que la philosophie a apporté à votre pratique et de quelle manière ? O. R. : En général, la philosophie s’intéresse à des systèmes de pensée plus individuels tandis que la culture se réfère au collectif. Mais je me demande a posteriori si mon goût pour la philosophie n’était pas déjà motivé par un intérêt pour ce qui se passe dans la tête des gens, la manière dont ils voient le monde. Ma démarche portait donc sur le développement des systèmes de pensée. Les philosophes sont en quelque sorte des personnes qui cristallisent les systèmes de pensée. On ne sait dès lors pas très bien s’ils influencent les systèmes de pensée ou s’ils sont «agis» par ceux-ci. A. : Qu’est-ce qui a permis le passage de la philosophie à la thérapie ? O. R. : Il y a une quinzaine d’années, j’ai constaté qu’aux Pays-Bas, des philosophes ouvraient des cabinets de consultation. Je me retrouve assez bien là-dedans. Je me suis toujours considéré davantage comme un passeur entre deux mondes que comme un véritable psychothérapeute. Ma pratique doit toujours être plutôt orientée vers la question du sens et de la logique qu’en termes d’affects. Cela dit, les affects découlent des modifications de systèmes

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de sens. L’ethnothérapie permet de reconstruire le sens. Elle crée une sorte de métalogique : une logique qui articule les deux logiques en présence. Introduire la logique du ET plutôt que celle du OU. En référence à Gilles Deleuze (4) et sa notion d’agencement, il s’agit d’articuler plusieurs logiques de manière à ce que le maximum de sens soit produit. A. : Vous êtes également adepte du soufisme. Qu’apporte cette pratique à votre pensée ? O. R. : Ma rencontre avec les confréries soufies m’a permis de changer mon rapport à la croyance mais également de retrouver la ferveur de mon enfance qui était de l’ordre de l’émerveillement. La meilleure célébration de Dieu, c’est l’émerveillement. Cela me fait penser au passage de l’évangile selon saint Mathieu dans lequel Jésus dit : «Laissez venir à moi les petits enfants».

C’est effectivement de cette capacité qu’a l’enfant de s’émerveiller qu’il s’agit. Dans l’islam, nous avons la notion d’innocence originelle dans laquelle naissent tous les enfants du monde. Mais petit à petit, ils vont perdre leur émerveillement au profit de ce que l’on pourrait appeler des idoles : l’orgueil, la jalousie, la cupidité… qui sont des obstacles à l’émerveillement. Le soufisme est un type de procédé qui permet de revenir à cet état d’enfance. Il existe un voile qui nous sépare de la divinité et qu’il faut arracher. Ces techniques permettent de modifier l’état de conscience, de changer d’état. Avec tout cela, la boucle était bouclée. Dans la pratique spirituelle, il n’est plus question de croyance mais plutôt de saveur. Quand on y a goûté, il n’y a plus de doute possible. A. : Comment peut-on concilier ce type de pensée avec le rationalisme ? O. R. : Dans l’Islam, il y a les pôles mystique, légal et philosophique. Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est la philosophie et le fait d’avoir été athée longtemps. La peur devant l’autorité d’un texte est néfaste et c’est quelque chose de très répandu chez les musulmans. Elle freine tout élan de recherche de sens. J’ai donc lu le Coran étant athée. J’avais donc une complète liberté d’analyse. Cela m’a placé et me place toujours dans une position très différente. Dans l’Islam, il y a une tension permanente entre le courant mystique et le courant légaliste. D’un strict point de vue mystique, la théologie est un poison car si on se met à trop rationaliser, on perd le sens profond. En même temps, la réalité est telle que nous ne pouvons pas éviter la question théologique aujourd’hui car il faut pouvoir argumenter.

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(1) Psychanalyste et anthropologue franco-américain, d’origine juive (1908-1985), un des pionniers de l’ethnopsychanalyse (l’application de la psychanalyse à des matériaux anthropologiques, aussi bien dans le domaine du normal que du pathologique) (2) Représentant le plus connu de l’ethnopsychiatrie en France et diplomate et écrivain (3) Créatures invisibles pouvant prendre la forme végétale, animale, anthropomorphe et capables d’influencer spirituellement et mentalement le genre humain. Elles sont issues de croyances de tradition sémitique (4) Philosophe français (1925-1995), historien de la philosophie, il s’intéressa tout particulièrement aux rapports entre sens, non-sens et événement. Il développa une métaphysique et une philosophie de l’art originales. Auteur d’ouvrages sur la philosophie, la littérature, le cinéma et la peinture, il a mené une critique conjointe de la psychanalyse et du capitalisme Olivier Ralet mail : [email protected] http://www.entredeuxmondes

Question philo

Faut-il désirer le succès ? Par Mathilde MEUNIER

Nous confondons souvent les termes «succès» et «réussite». Si l’un est immédiat, l’autre demande plus de temps pour s’installer durablement. Mais dans tous les cas, il est attendu que nous agissions et que nous repoussions nos limites. L’examen de l’étymologie du mot fait apparaître l’idée d’un processus graduel, puisque succedere signifiait à la fois «s’avancer vers», «entrer», «escalader» et «s’élever». La question des causes du succès a donné lieu à des réflexions diverses en fonction des contextes philosophiques propres à chaque époque. Mais, par-delà les divergences, on s’accorde généralement à reconnaître une marge d’incertitude sans laquelle le succès n’existerait pas.

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Le succès n’a de sens que par rapport à un projet, issu d’une volonté humaine, elle-même soumise aux aléas de la vie. Dans le domaine médical, on parle par exemple de «chances de succès», par allusion aux théories mathématiques utilisées pour quantifier l'incertain (théorie des probabilités). En son sens le plus courant, le mot «succès» désigne «le fait, pour quelqu’un, d’obtenir ce qu’il a cherché, de parvenir à un résultat souhaité.» (1) Autre signification de nature à caractériser le succès : la conséquence d’un effet attractif. Dans cette acception, le succès renvoie à la personne, en tant qu’objet de désir, que ce soit pour ses réussites personnelles et/ou dans le monde, quand les raisons avancées ne sont pas plus futiles encore… : «Les succès que lui avaient valu ses grands yeux bleus» (Stendhal). Mais en réalité, que doit-on réellement à soi-même ? Et le succès peut-il être durable ? Succès et réussite Le succès est le premier pas vers la réussite. Il semble en effet que la notion de réussite qualifie un état plus durable que celui désigné par le succès. L’impression de brièveté paraît souvent attachée au second terme, comme si le succès relevait de l’instant. (On savoure le succès d’une élection, à un examen, par exemple comme pour sauvegarder quelque chose de cet événement fugace. Mais, on s’installe dans la réussite avec l’intention de la faire durer). De plus, le succès peut être trompeur : «C’est dangereux le succès. On

commence à se copier soi-même et se copier soi-même est plus dangereux que de copier les autres… c’est stérile», dit Pablo Picasso. Est-ce à dire que le succès peut aveugler ? Oui, si on s’imagine qu’à la suite d’un premier succès obtenu, il ne nous reste plus rien à prouver… mais, comme nous le rappelle très justement Soichiro Honda (2), le véritable succès appelle la capacité à faire preuve de profondeur et de probité intérieure : «Beaucoup rêvent de succès. À mon sens, le succès ne peut être atteint qu’après une succession d’échecs et d’introspections. En fait, le succès représente 1% de votre travail qui comporte lui, 99% de ce qu’on peut appeler échec.» Pour accéder au succès, nous possédons toutes les capacités (ressources) pour élaborer notre propre stratégie et atteindre nos objectifs. Toutefois, nous sommes parfois perdus devant la complexité ou l’ampleur de la tâche à accomplir lorsqu’elle apparaît dans sa globalité. Nous oublions qu’il est possible de réduire nos efforts en découpant les grandes difficultés en petites actions, s’ajoutant les unes aux autres. Le succès se construit donc pas à pas, par succession d’actes, plutôt que par effort surhumain. Un guide, un maître pourra nous aider à scinder la difficulté, nous apprendre quelles actions possèdent le plus d’efficacité, comment s’entraîner à réussir. Mettre en œuvre de petites actions avec régularité Ceux qui parviennent à de grands résultats savent que ce n’est pas ce que nous réalisons de temps à autre qui compte mais plutôt les petites actions que nous décidons de mettre en œuvre avec régularité dans un ordre précis. Délia Steinberg Guzman (3) nous rappelle «Prête attention aux petites choses ; elles ont leur propre langage, leur propre expression. Dans chaque petite chose, il y a une grande espérance latente. Sois attentif aux détails ; ne les

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méprise pas, pour insignifiants qu’ils paraissent et aussi inaperçus aux yeux des autres. Respecte-les et respecte-toi : respecte ce que tu vois et ce que tu sais que tu dois faire ; respecte les petites choses cachées dans les recoins du temps et de l’espace, car elles sont le support invisible des grandes choses.» Ainsi, tout succès véritable naît de l’humilité conjuguée à la persévérance. (1) Définition du dictionnaire Le Robert, éditions 2009 (2) Ingénieur et industriel japonais (1906-1991) dont les automobiles et les motocycles portent le même nom et ont une renommée mondiale. (3) Directrice internationale de l’association Nouvelle Acropole et auteur de Philosophie à vivre, Éditions des Trois Monts, 2002, page 83

Votre intuition au service du succès Michel Giffard Presses de Châtelet, 278 pages, 18,95 € Véritable guide pour savoir développer et écouter son intuition, ce livre donne aussi des exemples concrets et des exercices pratiques. Une méthode d’entraînement qui a fait ses preuves. Par un coach de managers et d’équipe. http://www.revue-acropolis.fr

L’homme qui voulait être heureux Laurent GOUNELLE Editions Pocket, 168 pages, 6 € «On croit notre réalité mais nos croyances ne sont pas la réalité. En revanche, ce que l’on croit peut devenir réalité.» Pour évoluer, il ne suffit pas de comprendre, il faut vivre quelque chose d’intense et qui implique personnellement. Ce livre, véritable mode d’emploi, vous permettra de découvrir comment évoluer et se libérer de ce qui nous empêche d’être vraiment heureux, car 'est à nous de choisir et de vivre notre vie. Par un spécialiste du développement personnel qui a parcouru le monde, à la rencontre de praticiens exceptionnels, qu’ils soient experts américains en neurosciences, shamans péruviens ou sages balinais. http://www.revue-acropolis.fr

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Vient de sortir

Le symbolisme de l’Égypte ancienne et sa géographie sacrée Par Marie-Agnès LAMBERT

Dans son dernier ouvrage, Fernand Schwarz, anthropologue et philosophe aborde l’Égypte par son langage symbolique et sa géographie sacrée, pour découvrir une vision du monde originale, dans laquelle les contraires ne sont que les deux faces d’une même réalité.

Dans la vision traditionnelle égyptienne, les hommes se relient à l’univers à travers des symboles et une géographie sacrée. Ceci leur permet d’unir deux aspects contraires mais complémentaires d’une même réalité : le Ciel et la Terre, le haut et le bas, l’invisible et le visible, la vie et la mort, l’espace et le temps, l’infini et le fini… Cette union n’uniformise pas ces différentes composantes de la réalité, elle leur donne un sens de complémentarité, d’inclusion alors que la pensée occidentale aurait tendance à privilégier l’un ou l’autre des aspects. Quand les hommes prirent conscience de leur humanité (contrairement aux autres règnes de la nature qui ne sont pas conscients de leur état), ils commencèrent à intégrer la mort à la vie et la dimension de la mort entra dans la vie quotidienne (pratiquer les cultes funéraires, garder vivante la mémoire des morts, préparer à la mort…). Même l’art, représente des choses absentes qui, par le biais d’images, de dessins, de peintures deviennent présentes et symbolisent une situation. Petit

à petit, s’introduit une autre manière de penser et de traiter la réalité : c’est la naissance du langage symbolique. Les Égyptiens l’ont bien compris et c’est pour cela qu’ils ont tenté de communiquer par symboles interposés. Le langage symbolique égyptien Les Égyptiens utilisent les hiéroglyphes (images symboliques qui portent une dimension transcendante) pour communiquer leur vision du monde, leur pensée et leur mode d’action. Le symbole est un message multidimensionnel qui fait appel aux capacités d’imagination mais également aux lois de l’analogie, permettant de créer des relations, des correspondances entre choses et concepts à plusieurs niveaux. Ainsi, les symboles sont traités et représentés avec plusieurs grilles de lectures suivant la dimension que les Égyptiens veulent invoquer. Quels sont les principaux symboles décrits dans ce livre ? Citons, parmi eux : • L’ankh (sorte de croix) : symbole de la vie, fil conducteur pour tout Égyptien. Donner l’ankh à quelqu’un, c’est lui souhaiter une régénération perpétuelle de vie. C’est le premier attribut de la royauté pharaonique. • Le scarabée Kephrer : symbole d’espoir, il représente également l’apparition de la lumière et de l’aube. C’est également le symbole du devenir de toute chose dans l’existence, la sortie du potentiel. • L’œil oudjet : œil de la connaissance • Le Djed : un des trois principaux symboles de la royauté pharaonique, associé à la colonne vertébrale qui nous permet en même temps d’être debout et de nous mouvoir dans une stabilité dynamique et vivante.

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L’Égypte, miroir du Ciel Comme nous l’avons dit précédemment, les Égyptiens relient le haut et le bas, le Ciel et la Terre dans les deux aspects d’une même réalité. Ainsi l’ordre du monde est-il recréé sur terre, comme un miroir qui réfléchit des images qui peuvent être vues depuis le Ciel. D’en haut, il est possible d’apercevoir pour les dieux l’entrée d’un temple sur terre, par lequel ils pourront se manifester. Les Égyptiens recréent l’ordre du monde sur terre pour réaliser un ordre intelligent dans la société, dont le garant suprême est le pharaon en tant qu’héritier des dieux. C’est pour cette raison que les constructions égyptiennes, notamment celles qui ont un usage sacré, sont orientées selon deux grands axes et fonctionnalités : orientation Nord-Sud (axe terrestre de la royauté pharaonique), orientation Ouest-Est (axe cosmique de la divinité). Ainsi, pour les Égyptiens, relier le Ciel et la Terre, la vie et la mort est un principe naturel. La lecture de ce livre permet de percer les mystères des grandes questions atemporelles qui ont préoccupé les hommes de tous les temps et plonge le lecteur dans la découverte ou redécouverte d’une civilisation riche par sa vision du monde, la profusion de ses symboles et la profondeur de sa pensée. Le symbolisme de l’Égypte ancienne et sa géographie sacrée, Fernand SCHWARZ, Éditions Nouvelle Acropole, 2010, 58 pages, 6,5 €

Fernand Schwarz, anthropologue et philosophe a étudié les structures mythiques et symboliques des sociétés traditionnelles et contemporaines. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment sur l’Égypte : • Symbolique de l’Égypte, naissance de la spiritualité, Éditions du Huitième Jour, 2006 • Égypte, les mystères du sacré, Éditions du Félin, 1997 • Maât et l’actualité de l’Égypte ancienne, Éditions Noème, 1996

• Égypte, Terre des Dieux, don du Nil, Éditions Nouvelle Acropole, 1992 • Initiation aux Livres des morts égyptiens, Éditions Albin Michel, 1991 Il est également l’auteur de films et documentaires sur l’Égypte pour la télévision française (FR3) et internationale (Infinito) Enfin, il a écrit une série d’articles sur l’Égypte dans la revue Toutankhamon magazine. http://toutankhamonmag.free.fr http://fernand.schwarz.free.fr

Osiris Bjana MOSJOV Flammarion, 327 pages, 22 € La mort et la résurrection d’Osiris était le sacro-saint «grand mystère». Voyage au royaume d’Osiris, ce récit nous plonge au cœur même de l’Egypte où le pharaon s’identifie au Dieu. Pendant trois millénaires, ce mythe d’Osiris s’est développé, de nouvelles divinités sont apparues et il s’est créé un véritable culte qui a dominé toute cette civilisation. La chronologie des pharaons et une liste de tous les dieux et déesses complètent le tout. http://www.revue-acropolis.fr

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Les temples d’Abydos Le chef d’œuvre pharaonique François TONIC 228 pages, 39 € Il manquait jusqu’à maintenant un guide sur les temples d’Abydos, construits par Sethy 1er et son fils Ramses II (vers 1290 – 1212 av. J.-C.) et consacrés au dieu Osiris. C’est chose faite avec le dernier ouvrage de François Tonic, un des spécialistes reconnus de l’Égypte, historien et journaliste (1). Le mérite de ce livre est de donner un parcours commenté de chaque étape du temple avec un chronométrage précis et bien étudié du temps dédié à la visite. Un voyage inoubliable où l’image raconte mille histoires, mille visages de l’ancienne Égypte. (1) Fondateur de la revue Toutankhamon magazine et rédacteur en chef de Pharaon magazine Livre à commander sur www.francoistonic.com http://www.revue-acropolis.fr

Les véritables inventions des Égyptiens Violaine VANOYEKE Éditions du Rocher, 265 pages, 19,50 € Les Égyptiens ont toujours su innover. C’est dans leur vie quotidienne que de multiples inventions ont vu le jour. Mis à part les grandes constructions, ils inventèrent le papyrus, les perruques courtes, la préparation des parfums et des fards et ils utilisèrent les épices venues d’Orient dans leur repas. Tous ces petits détails de leur vie sont largement décrits dans ce livre et c’est ce qui en fait le charme. N’oublions pas non plus leurs grandes connaissances des mathématiques, de l’astrologie et de la médecine. On leur doit également le calendrier et la division du jour en vingt-quatre heures. http://www.revue-acropolis.fr

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Le livre du mois Symbolisme de la croix

De tous les symboles, la croix est le plus universel, le plus puissant et le plus ancien car elle revêt une infinité de formes et de significations qui furent empruntées par de nombreuses civilisations. Dans son dernier ouvrage paru aux Éditions du Huitième Jour, Brigitte Boudon décrit la croix comme un symbole très ancien car on la retrouve dès la plus haute Antiquité, puis en Egypte, en Chine, en Crète, en Inde, en Mésopotamie, en Amérique précolombienne et chez les Celtes. C’est la religion chrétienne qui amplifiera et enrichira le plus sa signification symbolique. Et plus récemment, une

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organisation humanitaire en a fait son emblème (la Croix Rouge), de même que toutes les enseignes des officines de pharmacies. La croix est la base de la représentation du monde et des lieux sacrés. Elle découpe, ordonne et structure les villes en espaces sacrés. En elle se rejoignent le ciel et la terre, la matière et l’esprit, l’espace et le temps, le réel et l’imaginaire. Elle symbolise le monde dans sa totalité et dans toutes ses phases de création, depuis la création pré-cosmique, jusqu’à la manifestation. Elle relie ce qui est dispersé, maintient l’harmonie et l’unité. Elle ouvre le chemin à l’élévation de la conscience et exprime le sens de l’aventure spirituelle des hommes. Ce livre, abondamment illustré, nous invite à découvrir les différentes représentations laïques et religieuses de la croix laïques, qui, de tous temps ont toujours eu une influence bénéfique sur l’être humain. Brigitte Boudon, enseignante en philosophie, est également l’auteur de La Symbolique de l’arbre (www.revue-acropolis.fr) et de la Symbolique de la Provence, parus tous deux aux Éditions du Huitième Jour. Symbolisme de la croix Brigitte BOUDON Éditions du Huitième jour, 102 pages, 13 €

Autres livres

Le monde fantastique des dragons Illustrations par Santiago MONTIEL Éditions Atlas, 175 pages, 25 € Animal protecteur ou héros maléfique, il imprègne de merveilleux toutes les légendes qui lui sont associées. De l’hydre de lerne, au dragon de saint Georges,de Quetzacoatl à la gargouille en passant par la bête du Gévaudan et le Griffon, la chimère et la salamandre, les amoureux de la dragonologie découvriront tout ce qu’il faut savoir sur les dragons, leur histoire, leurs rapport avec les hommes et leurs représentations. De très belles illustrations accompagnent les textes et feront rêver ceux qui aiment les belles histoires… http://www.revue-acropolis.fr

La franc-maçonnerie Trois clés vers la conscience Jacques FONTAINE Éditions Grancher 207 pages, 216 € Un ouvrage pour découvrir la démarche initiatique de la Franc-Maçonnerie qui en fait plus un ordre à vocation spirituelle que le rôle politique et d’influence que l’on connaît. Quel est le contenu authentique de la franc-maçonnerie ? C’est un chemin de conscience qui se déroule selon trois degrés de la sagesse, qui amènent à une profonde introspection, à une prise de conscience individuelle pour se transformer soi-même, dépasser son ego, réaliser son Moi dans l’inconscient personnel et intégrer le Soi dans toute sa psyché. À chaque étape, l’ouvrage récapitule les étapes précédentes traversées pour mieux assimiler le chemin parcouru. Écrit par un militant passionné de la franc-maçonnerie à la fois traditionnelle et renouvelée, http://www.revue-acropolis.fr

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PARIS - Expositions L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au XVIIIe siècle Jusqu’au 14 Février 2011

Le XVIIIe siècle fut marqué par un renouveau de l’art antique, grâce aux fouilles archéologiques et à la diffusion de recueils illustrés. Cent cinquante œuvres – peintures, sculptures, dessins, gravures, arts décoratifs – réunies au sein de cette exposition illustrent les processus d’innovation, d’émulation, voire de résistance à l’antique en Europe, montrant un mouvement neo-classique et prenant le contre-pied des inventions formelles du goût rocaille parisien ou du baroque décoratif italien qui a irrigué tout le continent. Ce renouveau stylistique s’empara aussi bien des arts plastiques, que de l’architecture et des arts de vivre. Toutefois, dès les années 1760, s’élevèrent diverses propositions alternatives, nourries d’autres sources anciennes, contre-courants regroupés dans l’exposition sous les noms de «néo-baroque», et de «néo-maniérisme» et de quête du «sublime», exprimant la vision d’une antiquité rêvée, moins archéologique. Notons également

dans cette exposition des projets d’architectures, des toiles monumentales et de grands marbres qui manifestèrent les aspirations d’une société européenne à la veille de l’embrasement révolutionnaire.

Musée du Louvre Hall Napoléon Tel : 01 40 20 53 17 www.louvre.fr

Claude Monet, son musée Jusqu’au 20 février 2011 Parallèlement à la rétrospective que les Galeries nationales du Grand Palais consacrent à l’oeuvre de Claude Monet, le musée Marmottan, qui porte le nom de Claude Monet, présente une exposition inédite et exceptionnelle, avec l’intégralité des œuvres du peintre et quelques toiles de ses contemporains. L’exposition regroupe ainsi, pour Monet, une centaine de toiles et 29 dessins (parmi lesquels 21 caricatures et 8 carnets de dessins) mais aussi des carnets de comptes, des correspondances… autant de pièces qui permettent de s’immiscer dans la vie

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intime du peintre. Sont montrées les multiples facettes de son travail, qui rendent compte de la richesse artistique d’une époque que Monet a su marquer de son empreinte. Pas à pas, au fil des oeuvres de jeunesse et jusqu’aux derniers Nymphéas, d’Oscar à Claude, des portraits aux paysages urbains ou ruraux, de Paris à Londres, en passant par la Normandie et Giverny mais aussi grâce aux portraits de Monet, réalisés par ses amis– Manet, Renoir, Carolus-Duran, Lhuillier –, jamais le peintre n’aura été autant dévoilé. Musée Marmottan Claude Monet 2 rue Louis-Boilly- 75016 Paris Tél. 01 44 96 50 33 [email protected]

ROUEN - Exposition Les mathématiques dans la nature Jusqu’au 13 mars 2011 Quel est le lien entre les mathématiques et le monde ? Mathématiciens et philosophes cherchent toujours une réponse à cette question. Si l'on observe la nature, on constate que les mathématiques y sont souvent présentes. De la coquille de l'escargot et le nombre d’or aux rayures du tigre en passant par le lien entre flocon de neige et crise cardiaque, entre une fougère et les fluctuations de la bourse, entre les nœuds marins et l’action des virus… serions-nous cernés par les mathématiques ? C’est ce que tente de démontrer cette exposition, ludique et visuelle. Muséum d’Histoire naturelle 198 rue Beauvoisine - 76000 Rouen Tel : 02 35 71 41 50 www.musees-haute-normandie.fr et www.culture.fr Revue de l’association Nouvelle Acropole Siège social : La Cour Pétral D941 – 28340 Boissy-lès-Perche www.nouvelle-acropole.fr Rédaction : 6 rue Véronèse – 75013 Paris

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