revue de l'orient chrétien. volume 21. 1918-1919

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    ^MAY 22 1956

    REVUEDE

    L'ORIENT CHRTIENDIRIGEE

    Par R. GRAFFIN et F. NAU

    TROISIMiB SERIETome I iXXIl

    21*' volume. 1918-1919

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    LETTRE DE SA SAINTETE BE\OIT XVA NOTRE TRS CHER FILSREN &RFFINPrlat de notre Maison

    consulteur de la congrgation pour les glises orientales

    Cher Fils,Salut et Bndiction' Apostolique.

    A l'occasion de la publication du premier numro dela 21* anne de la Bvue de VOrient chrtien, il Nous platde rappeler que Notre prdcesseur, le pape Lon XIII,d'illustre mmoire, voulant faire mieux connatre leslittratures chrtiennes qui sont la gloire et l'honneurdes glises Orientales, et attirer sur elles l'attention dumonde savant, fonda cette importante Revue, sur lademande que vous lui ftes prsenter alors, par l'inter-mdiaire de S. . le cardinal Langnieux, archevque deReims.Nous avons pour bien agrable de reconnatre que la

    Revue de l'Orient chrtien, fidle avant tout au respectde la vrit, a t la hauteur de sa tche, et Nous cons-tatons avec satisfaction l'estime et la considration dontelle jouit dans le monde de la science; aussi Nous avons

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    4 REVUE DE l'orient CHRTIENtenu lui accorder tous les encouragements susceptiblesd'assurer son plus complet dveloppement.Nous voulons galement exprimer publiquement Notredsir de voir se continuer la publication de la PatrologieSijriaque et de la Patrologie Orientale.

    L'ensemble du programme de ces deux collections dedocuments, l'importance des textes qui y ont dj tpublis et traduits, le recours continuel aux manuscritsque les procds de reproduction employs ont rendufacile mrites auxquels il faut ajouter celui de labeaut de l'impression Nous sont un sr garant duservice minent que les ditions de textes, auxquellesvous vous appliquez ainsi depuis plus de trente annes,peuvent rendre aux glises Orientales. Ce dsir rpondd'ailleurs Notre spciale sollicitude pour ces mmesglises d'Orient, auxquelles Nous ne cessons de Nousintresser de la faon la plus active et la plus pressante.En tmoignage de Notre paternelle bienveillance, etcomme gage des faveurs divines sur votre uvre, Nousvous accordons de tout cur Vous, cher Fils, et voscollaborateurs, la Bndiction Apostolique.Rome, du Vatican, en la fte de saint Grgoire de

    Nazianze, le 9 mai l'.>10.Benedictus pp. XV.

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    CANONS PNITENTIELS

    C'est au manuscrit Orient. 793 du Britisli Musum (1) quenous avons demand le texte des Canons pnitent iels quisuivent. Ces mmes Canons se trouvent aussi dans le ms.Orient. 794, mais nous n'avons pas eu ce texte notre dispo-sition. Le Catalotiue de Wright indique encore deux nianus-rrits qui contiennent desl'enitcntidl Canons; ofoiir Lord to S.Peter; ce sont les mss. Orient. 795 et 796. Nous ne savons s'ils'agit du mme texte. Il nous semble, tout au moins pour ledernier, d'aprs le nombre des pages et le nombre des colonnes la page, que, s'il donne le mme document, le texte en doittre plus court que celui que nous ditons. A notre demande,Monseigneur Graffin avait bien voulu nous envoyer les photo-graphies du ms. 103 du fonds d'Abbadie, la BibliothqueNationale de Paris. Nous dsirions comparer nos Canonspnitentiels un Ritael de la pnitence donn Saint Pierrepar Notre-Seigneur au jour de son Ascension {i). Nousavons t tromp par le titre de l'ouvrage et nous nous sommestrouv en prsence d'un crit totalement tranger l'autre.Nous nous sommes donc limit au texte du ms. 793. Du reste,ainsi que nous l'avons dj not ailleurs, ce manuscrit a tcopi avec soin et les textes assez noml;reux, qu'on lui a djemprunts, sont d'une correction plus grande peut-tre que decoutume.

    (1) Wright. Catalogue of elhiupic manuscripls in the Brilisli Musum,n' CCCLIX, CCCLX, CCCLXl, CCCLXII.

    (2) Chane, Catalogue des mss. thiopiens de la collection Antoine d'AbOadu;n- 103.

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    6 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.TEXTE THIOPIEN

    (Fol. 107 1 b) ji-nftA.ni.ft i-T'.' ' nh-ii' "jftrh - irv

    9"^"h 'i-'i^^h ha^i^-l flR-n^: ' li.ftTl- cD^ttA" A.4 : -Ji/.! : aiDt;/.v : fBhjr^'.V /*'C^'^ itith nHJP..:.A-

    rOx"! ' hsti-ti hcft-f-ft -v- fl),e.n.A- : /.i^TCft : ^-h n--

    Krh^? : An.f- : VlCft'tjP'je : d^U-nh aoi.-^.-b : H^n^^/*-

    ^' z moD'iJf.ao. : ',1^ : ,"he-flJl" : flUA- hlH.h'flA.C : fflfloDcu A?i:T"eh ! rh'PC.el-

    fti- : 4'Vfl-'/:yi

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    lAXOXS PENITEXTIELS. /

    Yy'f^^pao' : nuA-T ! tltm -. h-tt OifliA.- ' (Dtm-}d,t ^9"tlti ^im"/ : wC'i.'l: : AhCft-f-ft ::= fflhlT'.^'^: . hV^A* :9"ftA : hm^ ^ufrhAP. : O.^ : hTAh flJ>..,e.A-'{. flv-t rt.e.il ! ^A jP-Th^+'d hm.h'f'0^ h1'ttx9'o- n'iti,h hao -. h,^in.> J V A-^e-nA-ft htiao : 'jo^v : fl)i-r>Ah : tth'i'th

    ^ ! HTr-t- W-A- i^l- - 0)-^0/A^ nh^+ = fl-A-R s M9" ! +^

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    8 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

    ^f^ : i*'/d^V A"? ! ai1'i1C.?*tiO' : (Fol. 1(17 V b) AiA !

    ^-n^o- : Arii-H-n - : 9tlti ' Ml\t\ : Hrthn ^to- . T" (Fol. 107 r c) ftA '

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    CANOXS PKXITENTIELS. 9Ml' ' hH'O' hov- ' Hrthn h\b? ffl^n.e ' :im.K'^ lad HAu.&.^A- %p? mhM : fflftrVh : h^y. nhhra(ohaot : H?t7nA hh9"a n-m: m.^t ^ind : ,&9"ftA : ,h/.'tl ha*- 9"ftA : JlAO- HJ&rthC Ch?" JCh

    V- Jxn.h-f-ao' Hi-n^- :: hh.Ki\ *^^ih M-nF'o. . -jft#h - ^n,e f.}\.oo- : irt-n''i. h-M- rih'jnA "/C-n (oda-b ' fl'rt'n;^'h mn-t- ^'Rfao- -. m.^.Jpao- . muffiti : "ifidiirof*- tt'.'niTf aJtth'i'tt ?'(nao^. ' fli,ftnh. : ahh-t- -.

    K^ii-h "nctx^x Mmm'i aMl- /^'C^i- ^m.h't- -i- m

    i'V.^?- hay- ' ntir"i ihA-t- ha- n^nTOAi-l- ! hoh

    d : iffo : ^P-J : H-f'fA" : A^JtA : h'^U- (['^ao^ : fflCW"A : fl-M: ! n-n : Klll.h-n.h.C WA- +;i-A. Vy.A fl>-X.h h9"t'h'l : ffl^AWilh : "/d^. : fl>-?i-|; :=: (Ohoofl : flA,^h{'"C l-fl^: : fflr^ftT : ffl-J-nK : (Fol. lus 1^ a) tth'itt moihjt-'^^'n?* ^flia- : A-.^'fiA-A Jftrh nj" ! ,e,X.9KfflfrO'i, : A;*-!- nwmh "iC-a m^a- totm-j'^ am-i-i- : ^X9" : nh'i'tt fljn-nh.f. K'Jh ,eA+/.h'fl (l)(DjK.^;'V^. Ai'iith'nrh.c " (Dit i-jh : JX'T' ! d^*^ ^ilfhO- ^.mao^ ffl).nd tD-tl-i- ! n.+ ! ilCtlil^'i DJ?."*"/CA-f-A ! flJJS^OT ! A.f.'ind fl>-ft '^ - j-h-t ! '>m.h^ : (D-i

    (1) Ms. ^ni-^Ti-n

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    10 REVUE DE l'orient CHRTIEN.ftrhrt ^n.^ Kitt/h at-h-U ' oi'ti'l' ' .e.h-l: = ^m.h'f+ ffld.X- ?.h-\: hJ.'^?:P .ev*/.. = d.^4-^ . \\tm . ^TJ : A-f: h? ^^:ot> : Ali ! hlW.h'ilth.C : A+J^'T. : tthfL : ath9"^"h^, ih\t "iVth ArA.1)- : ffoJ^,fy :A.e.flJr" :: mh'rn h-nh mhiixe. m-hv l'ti- l-^/*'

    fl^'jntr nriw,"!-- - (ohmia^- - aa-^..h^'r : mhOf/^ (Fol 108 r b) K : Ji^T' '. fli^n. - h'll.he : hr'ih,? oo^hM' : 'Vn.f rt^rh : .ftchni: ?i^ii.?if : fliChP- : hin.h hM9 'VH-V : fl1l-H : A-fl : ffl.e.fl,A- : ^h^r : AT"}'!- : fl-^fl = hS'^'Ti'i' l':'>li'i tatt-^tlA,.e.feh^^ -l-klnii tthn -nrh./. : l-T/'VThl- - iv.rt. : -i-hH - afin"! ffl.e.tA" : hH9" hltxllM nhTi HWA" tm'i' y.'\'"th^ nh'H:?? :: w.e.n.A" hiii.? ^nc : a-

    hv ! fli>i:rh ! A^A.'/ : o'JiJ.rt A,ftfl>-Tl" : : MH : 'l'V-nC : ^fl : IC^iA.!!- ::= (DKr hrhxre tDonmx hiiLh-n^iuC if^YhVi : nhfi.'t-

    (1) h^iy" est en renvoi.

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    CANOXS PXITENTIELS. 11iitb.V'i ' tDflh'+'H - ?:''^"1 -tthfu Mlh (DhV (DM-P : aJ^nAjPAP hy^lfi- (DyaDt^ : ^nrt-> an-fil.^' ;''m.?ii- : mw^^lh =

    HA hhrC : l-f\^ K.C'Wi ( 2 1 : ^.'.^1 ! ^-t : hnOV : ! K'IM.X : ?iB .- l'tlhiii,A.Tt?ft nh-n- '^sf.'i't' : hnfi n.x. :=: ffl.e.n.Ar : hin.h'%aDn\'i : ?OT : ^flrt : A.i- n.4e = o)?i've M^n A-*iAh A-fldV D?in.A- M ?i"7H.? AA.T(?A : A.jP.-flAhft-flo : ht\ ' KAh An"/ :^j (IflAnA hlLA- : hw- = 'J^Th -^m.h^ ffl^nA n,X- fflh-^ =: fflh'^lJ- : f.'iJ-T :A-t A'n^lrt/f: h-i-i- ' i9"'ifl- htW/ : hao'L dlifo.^ -tdYltt't' htD- ! nnl : ^nA : (O.'im.M' Hh.^^A- :i-n^il- ^n-tth h'wjy. .- ^fih hCB fflh.e.rt. hjE. ftp t'hr'n fl>-A't;i- ! (Dh'^ii'\ : .ftAKA ! ' \\ao .- -l-Tf-^oA :

    AA ! ^^"'f'^AAh : jp.?,* := rThnh. d'^^. ?iAh l-w.. s

    fflhnA ,e.?i-fc : ai'f^AA H?in. : a-h-XiX ^n.,e. 'hfl>-Ah :

    ^^-A 'i\T'^''t\f\ : Hin. ! "/^-njpv ! /'

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    12 REVUE DE l'orient CHRTIEN.

    ft ! f-ifi flJrVni (Fol los v a) ^^ :=: ^-nirt, flh

    hOTti ! -inci j*'S',e. Ah i-x'rh : w-a ^-rmi-i- a^ .Cl/ ! Alrf-A"tf- fm'/^.9fi'i : AhA J?.'>

    (h^9* ati-n^'A' nu-:'' .''m.M' fl?flA flKy. nJi.i'-c? ! ffl?iy. HMnA - hii"t? fl.ei-'io!- : firlh? rtj?.C ! flti".

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    TAXONS PNITENTIELS. 13\l.h'tt,h.C at^^. : n^l ^J-ttti'-ti (ohoBt t-'-Wt^P ' nYx-- l-n^ fll*''J/. : W-A" h\l (D^'xW Hfrh.^'. (D'ili- : y,ii^ '. flvn..e^' : (D-ituhih'/, jn.^. a-h'ii nh*" -t-

    -f: ! ffl-nirt.'hJ'. : '>'>nc : n9:i' (OXiao-^ llvC/ : ^Cih njirt, : ffl-nirt,-!- dw-a- : ^-nc nh '^uc^ :: '. i!nt\ (Dff.dx'C -m h.A.ft *wi' : iD?.t\hi\ rcBrt-n"/. : dA;l-'h : Hh'jnA : jL-n ffl^n-d flrt'n;i-^ :: fl

    n.i" : hcft-tjp-j ! ffl,e.^/*'h. ?ir*fr^> fl>f.>'-A* 9"fi

    Hh'nA /hT : fflrtn xa*^ Ai-'in/. : ?i1h.

    ih fM-nP Wnao : f.AA- fl,;i'.-Aa. -.ri) A7X fi-tth

    dA ! dJt'^ih : nK'J-fld : .GmOT^ aj^.nd : n.'^ ! hcft-l:^

    (1) sis. iDjB-v/">,.(2) Ms. iDh+.Aii>'.

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    14 REVUE DE l'orient CHRTIEN.

    H ! ?.'7.?'flfii.C flJ >?iHH-l' Thje.ffl^' nu/VV : h'W.h'ttfh.j ^.(i"i-n,ao' : h,:\f:CA' ^^.\ra .\: mWat-i-h^X -. j&n. htmo :nf,/J. A^A fflAi?. h^A : hahxya*- : y.-t".''f^1 : A-'|: :''m.'|: fliHrt : X^'.ii. : AdA ffn^- ! nfl-R.> hfl- ! n'/"yi

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    CAXOXS PNITENTIELS. 15

    -t-^-Y-h - (Di-tWi^ AA.I^ (OT-f- - Hh'jnA = "Jflrh : flh

    U-^ : at^aoto-^ : (FI. lui) r b) HK'JflA Iftrfl : hAn H.e.nKA ! ffljpft-hn'i'^d ' nh''i.-ih fl?iAO H,fti)-n "ititU aVC9* flrtftrh. ::=XAP ! AHXrhC : OJAHhX-rhC hfl.A.A9 ! h

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    h''^'} < aih''%'i Af.h"} ::= AjP.h'J :=.:TRAU^'CTIOX

    (Fol. 107 r b) 'Abeslitis. Canons sur la Pnitence. Doctrine qui a tdfinie de la part du Seigneur Notre-Seigneur Jsus-Christ.

    Pierre interrogea Notre-Seigneur Jsus-Christ, aprs qu'il fut ressuscitdes morts, au Mont des Oliviers, et il lui dit : Maitre, expose-nous, en-seigne-nous et montre-nous le rglement de la Pnitence, parce qu'il fautque nous exposions et enseignions aux nations la doctrine de vie, et quenous les ramenions dans la science de la justice vritable. Et Notre-Sei-gneur Jsus-Christ lui rpondit et lui dit : Pierre, disciple bni, choisi,agrable, pur, en vrit tu es un roc et une colonne solide qui nevacillera pas, et le fondement de la foi qui ne sera pas rompu. Pierre,tu es roc, et sur ce roc fdifierai mon f/lise, et je te donnerai lesclefs du royaume des deux. Que ce que tu lieras sur la terre soit H dansles deux, et que ce que lu dlieras sur In terre soit dli dans les deux (1)!Pierre, toi-mme sois le pasteur de'mes brebis, le docteur de tes frres,les aptres; avertis-les (suri la parole de vie, dans le Seigneur et dansles voies de l'Esprit-Saint. Pierre, toi-mme deviens le maitre, le guidede tes frres, les aptres.

    (Et vous tous), prchez, exposez et enseignez au peuple (d'Isral) et auxnations la parole de vie : d'une seule voix, dites : // approche de vous,le royaume du Seigneur. Gurisse: les malades, faites sortir les dnions,purifie:, les lpreux, ressuscite: les morts: ce que yraluitement vous are:reu, gratuitement donne:-le. N'acqure: pas pour vous de l'or, ni deVargenl, ni de la petite monnaie dans vos ceintures, ni chaussures, ni deu.vvtements, (Fol. 107 r" c) mais un bton seulement. Et lorsque vous entrerezdans une maison, dites : i Pai.v cette maison , et si l {se Irduve) un filsde lumire et de paix, que votre paix repose sur lui ; mais s'il n'est pasdigne de votre paix, qu'elle revienne sur vous (2) .'

    pasteurs des brebis et lgislateurs, rglez et lgifrez sur tout, parcequ'il (le) faut; convertiiisez-les la foi, la foi au Pre, au Fils, l'Es-prit-Saint et la sainte Trinit. Et aprs qu'ils auront cru et seront revenusvers le Seigneur et auront abandonn leurs uvres antrieures, baptisez-les au nom du Pre, du Fils et de l'Esprit-Saint. Et ainsi encore, aprsqu'ils auront t baptiss, comptez-les avec les brebis du troupeau duChrist. Et aprs qu'ils auront t compts avec les brebis, qu'ils nepensent pas d'autre dieu] et qu'ils n'aillent pas dans les voies de Satam

    (1) Cf. Matth. 161 s gq^,_(2) Cr. Matth. 10-'-".

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    CANONS PNITENTIELS. 17mais qu'ils prennent garde de ne pas tomber dans les filets de Satan !Mais si lui-mme le diable, leur ennemi, les a sduits, (s'il) les a faitchuter, (hors) de leur voie, (s'il) les a fait tomber dans son pige mauvais,() vques, rapidement ramenez-les dans la pnitence; ne les ngligezpas. ne les laissez pas devenir captifs du diable, ne les laissez pas mourirdans leur pch. Car (c'est) cause des pcheurs (que) je suis venumoi-mme dans le monde, afin que je devienne leur rachat et que jeporte leur pch.mes aptres saints et mes ministres choisis et agrables, paissez lesbrebis de mon troupeau, ne lai-ssez pas les pcheurs mourir dans leur pch,car (c'est) cause d'eux (que) je suis descendu moi-mme du ciel sur laterre, (que) je me suis incarn (Fol. 107 v aj dans le sein de la Vierge,(que) j'ai t port neuf mois d'aprs la rgle primordiale, que je suis sortimoi-mme du sein de la Vierge; et je suis n et suis devenu comme unpetit enfant, j'ai suc le lait de ma mre, j'ai t lev (par elle) etj'ai grandi comme un homme; j'ai march l'image d'un homme, commeeux; je leur ai ressembl sous leur aspect; j'ai fait voir (en moi) touteuvre d'homme, hormis le pch et la corruption; toutes (choses) quej'ai faites, cause de (mon) amour pour les hommes, afin que je les sauvede leur pch et de leur erreur.

    vques, ressemblez-moi, sauvez les hommes de leur pch etramenez-les dans la pnitence, afin qu'ils ne deviennent pas captifs dudiable, car je suis mort et j'ai t outrag cause d'eux; je suis ressuscitle troisime jour, afin de leur montrer l'image de la rsurrection, quisurviendra au dernier jour. vques, j'ai t tout cela et j'ai t affligd'affronts cause des fils d'Adam, premire uvre de mes mains; jeles ai rachets, pour moi, de la servitude dans la libert, car moi-mmej'ai revtu l'apparence de l'esclave cause d'eux, et j'ai trouv l'affront,l'ignominie et la maldiction, afin de les sauver de la main de l'ennemi,leur adversaire.

    Et maintenant, mes disciples saints, ressemblez-moi. donnez auxhommes le pardon de leur pch, ramenez-les dans la pnitence, dtour-nez-les du filet de la mort dans le filet de la justice.mes aptres saints, moi je vous ai constitus, je vous ai choisis,je vous ai nomms (aptres), (afin) que vous deveniez pcheurs d'hommes (1), vques, ordonnateurs de la loi, et que vous exposiez ceux (Fol. 107 y b)qui (seront) aprs vous, vques, prtres et diacres, qu'ils gardent lespeuples, qu'ils les affermissent dans la doctrine de justice, qu'ils les pais-sent dans les uvres bonnes et dans l'Esprit-Saint : et ainsi qu'ils lesinstruisent, (afin) qu'ils demeurent dans la voie de la justice; et ensuitequ'ils les baptisent (au noml du Pre, du Fils et de l'Esprit-Saint.Et aprs qu'ils les auront baptiss, si quelqu'un a pch, a err et estall dans le dessein de l'ennemi, et si homme ou femme, ils ont faitle pch, soit sciemment, soit non sciemment (2), ramenez-les ( rsipis-

    (1) Cf. Matth. 41-'. Marc P'.(2) Litt. : soit en (le) sachant, soit sans (le) savoir.

    ORIENT CHRTIEN. - 2

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    18 REVUE DE l'orient CHRTIEN.cence, mais) ne les donnez pas (comme) esclaves Satan. Les voies dusalut sont diverses, et l'uvre de pch aussi (est) diverse. L'un s'garedans l'adultre, en allant vers la femme d'un (autre) homme ; l'autre s'gare,en tuant un (autre) homme; un autre s'gare dans le culte et l'idoltriedes dieux trangers (1) ; un autre erre, en faisant im faux tmoignagecontre un autre. Nombreuses sont les uvres de pch et les voies deSatan.Quant vous, vques, ne laissez pas tomber (de nouveau) les enfants

    des hommes dans tous ces pchs qu'ils ont faits. Pour moi, je requiers(cela) de vous, guides des aveugles; dificateurs, difiez (toutes choses),parce que le Seigneur veut que vous lui offriez en prsents de nombreuxfruits de justice.1 . S'il y a un homme ou une femme (qui) se sont trouvs dans le pchet (s'ils) ont confe.ss leur faute, qu'on leur donne la pnitence, comme ilconvient! S'il y a un homme qui a couch avec la femme de son pre, dansle lit de son pre et de sa mre, ou qui a couch avec sa sur et avec sesamies (2), ou qui a couch avec un animal, ou (Fol. 107 v" c) avec la surde son pre ou de sa mre, il a fait un mauvais et un grand pch, unefaute et un crime qui ne conviennent pas; il a err, qu'il (r)ait faitsciemment ou non sciemment; qu'il abandonne (sa manire de vivre),qu'il revienne ( rsipi.scence) et se soumette la pnitence ! Si quelquehomme a couch avec ime femme qui a ses rgles, ou avec une femmeen couches, ou avec un aiitre (homme) qui tait ivre, il est maudit et im-pur; il a fait un pch et une faute qui ne conviennent pas; il e.st alldans la coutume des paens; mais (aussi) sa pnitence sera grande. Maiss'ils sont revenus ( r.sipiscence), s'ils ont demand pardon de leur faute,s'ils sont venus vers vous, dans les larmes et dans les pleurs, et ont avoule pch qu'ils ont fait, vques, donnez-leur une grande pnitence :qu'ils jenent trente semaines de jours, sans (compter) (3) le vendredi,le mercredi et les sabbats ! Ayant jen ce (temps) et ayant accompli lesjours de leur pnitence, dans la tristesse et dans les larmes, qu'ils selavent (4), entrent dans l'glise et qu'ils reoivent le corps et le sangde Notre-Seigneur Jsus-Christ, qu'il nous a donns pour le pardon dupch! Et ensuite qu'ils ne retournent plus de nouveau dans cette faute etce pch! Car la (vraie) pnitence est de ne pas rcidiver.

    (1) Litt. : les autres dieux.(2) 11 s'agit de ses amies lui-mme. ,(3) Sans a, sans doute, ici le sens de sans compter, car le mercredi et levendredi taient dj, en certaines glises, dos jours de jeune. Les sabbals,

    c'est--dire le samedi et le dimanche.(4) l-my""! et les mots de mme racine rpondent assez ordinairement

    pocTtTieiv et ses drivs. Le sens gnral est se plonger (dans l'eau pour selaver), mais souvent avec une ide de purification lgale ou traditionnelle.Comparer le sens de ^inz-:'Xtu et de ses drivs chez les Juifs, v. g. Marc 7^Luc 1138, Hb. 91"; cf. galement les Logia d'Oxyrhynchus 1. 15-lG (B. P.Grcnfell and A. C. Hunt : Oxyrhynchus Papyri, vol. V, n 840).

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    CANONS PNITENTIELS. 192. S'il y a un homme qui tue un autre injustement, soit en l'accusant

    ( tort), ou par faux tmoignage, ou par le glaive et par le pillage en secret,s'il fait ainsi et tue quelqu'un, il est accus auprs du Seigneur, car il estall dans le dessein de Satan, comme Qyan (Can) qui a tu 'Abl, sonfrre, injustement; et tout meurtrier de quelqu'un, transgresseur de la loi,est impur auprs du Seigneur. Et sa pnitence sera grande. Mais s'il aagi sans savoir, (s'il) a abandonn (sa manire de vivre), (s'il) est retourn( rsipiscence) (Fol. 108 r a) dans les larmes, et s'il est venu vers vous, vques, et (s'il) a demand la pnitence, donnez-,la)-lui et ne le laissez pasdevenir captif du diable. Donnez-lui (comme) pnitence, qu'il jeune vingt-sept semaines de jours, sans compter le vendredi, le mercredi et lessabbats! Qu'il jeune ce (temps-l) dans les larmes et dans les pleurs, ens'adonnant ( la pnitence) et en demandant pardon au Seigneur! Etcelui-ci ayant donc accompli le temps fix de sa pnitence, qu'il selave, qu'il entre dans l'glise, qu'il reoive l'Eucharistie, qu'il soitcompt avec les brebis du troupeau du Christ et qu'il ne retourne pasdans ce pch ! Mais la grande pnitence est de ne pas retourner dans cepch.

    3. Si un homme a la femme qu'il a pouse depuis sa jeunesse (1), elleest sa sur et sa compagne: qu"il ne l'abandonne pas, mais qu'il l'aimeextrmement, comme lui-mme, et que celle-ci aussi l'aime et l'honorecomme elle-mme, qu'elle lui obisse, le regardant comme matre, car ilssont un seul corps et une seule chair! Ce que le Seigneur a uni. que Vhommene (le) spare pas i'2).'

    coutez, mes airns, le Seigneur a d'abord form le premier homme,et aprs qu'il l'eut form, il soufila sur lui un esprit de vie, puis il le fitentrer et le plaa dans le jardin de la joie, et il lui donna tous lesbiens, nourriture et breuvage, dont le got (tait) vari et le plaisir inef-fable pour l'homme. Il lui donna cela, le fit demeurer seul et il ordonnaaux Sraphins de le servir. Encore aprs cela, le Seigneur alla versAdam, afin de le visiter et de le consoler; il le trouva assis dansle jardin de dlices et de plaisir. Le Seigneur parla et dit Adam ;Paix toi, Adam! (Fol. 108 r b) Adam rpondit et dit : Mon Seigneuret mon Dieu, es-tu donc venu vers moi? Que ta paix me trouve, () monSeigneur ! Le Seigneur vit Adam triste et le cur afflig. Il lui dit :Adam, pourquoi l o l'on n'est pas triste es-tu triste, et l o l'on n'estpas chagrin es-tu chagrin, l (o est) le pays de la joie (en) fais-tu le paysde la tristesse et de l'affliction? Et Adam lui dit : mon Seigneur vraiment,toi qui m'as donn (toute) joie et tout plaisir, avec qui me rjouirai-je moi-mme et qui se rjouira mon sujet? Et le Seigneur lui dit : Faisons pourlui une compagne qui lui soit une aide (3). 11 lui donna un demi-sommeil

    (1) Cf. Prov. .5 1S-".(2) ^atth. 196.(3) L'ide complte est : une compagne qui soit une aide pour lui, et pour la-

    quelle lui aussi soit une aide.

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    20 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.et Adam dormit d'un grand sommeil. (Le Seigneur) arracha un os de sonct, il (en) difia la chair (tire) de cet endroit, il souffla sur elle unesprit de vie, et il la lui donna, afin qu'elle soit pour lui une femme, unecompagne, une aide et une sur; il la plaa son chevet, jusqu' cequ'Adam soit rveill. Et Adam se leva de son sommeil; il vit Eve setenant son chevet, et il lui dit : femme, qui t'a fait venir? C'e.st (l) lachair de ma chair et l'os de mes os. Le Seigneur (t')a donne moi, afinque tu sois pour moi, ma femme, ma sur et mon pouse. Et Adam serjouit, lorsqu'il eut vu Eve. C'est pourquoi l'homme laissera son pre et samre, et s'attachera sa femme, et c'est pourquoi ils sont devenus hommeet femme, une seule chair (1) et un seul organisme.Que l'homme fasse ainsi ! Qu'il n'abandonne pas la femme qu'( il a) depuissa jeunesse! Et mme si elle a pch, a fait vme faute, est alle dans

    le dessein de l'ennemi et a chut, (bien que), soit sciemment, soit sans lesavoir, elle ait fait ce qui n'est pas droit, qu'(il lui pardonne) son pch,qu'il ne l'abandonne pas prisonnire du diable, car elle est son corps ! Dansl'vangile aussi j'ai dit, (Fol. 108 r" c) moi le Seigneur, lorsque tu m'inter-rogeais, Pierre, au sujet de la rmission du pch du prochain. Et tu m'asdit : Seig7ieur, combien de fois, si mon prochain et mon frre a pch contremoi, faut-il que je lui pardonne? Est-ce jusqu' la septime fois? Et moi, leSeigneur, j'ai dit Pierre : Je ne te dis pas sept fois, mais jusqu' septantefois sept fois (2). Je lui ai dit : Telle (doit tre) la rmission de la faute etdu pch de (ton) prochain et de (ton) frre. Et pareillement que (l'homme)pardonne sa faute sa femme, qu'(il a) depuis sa jeunesse ! Et mme sielle a t trouve dans l'adultre, ou dans une faute, ou un pch quel-conque, et a fait ce qui ne convient pas, qu'il la ramne ( rsipiscence) !Si le serpent l'a mordue et si le dragon mauvais a inject son venin enelle et l'a blesse, qu'il demande le remde pour elle, afin qu'elle soit guriede sa blessure! Qu'il aille vers les mdecins, afin qu'ils versent le remdedans sa blessure, pour qu'elle soit gurie de sa blessure. homme, ne larejette pas dans la puanteur de sa blessure, car elle est la chair de tachair, elle est le corps de ton corps, elle est la blessure de ta blessure.Lave-la donc dans l'eau, jusqu' ce qu'elle soit purifie et qu'elle soit guriede (sa) blessure. Ce que j'ai nomm (3) le serpent et le dragon qui l'amordue, c'est le diable ; ce que j'ai dit : il a inject son venin, c'est le pchet la faute ; et ce que j'ai nomm blessure, c'est la grande consquencedu pch. homme, demande pour elle la gurison, et va vers lesmdecins, afin qu'ils versent le remde dans sa blessure, pour qu'ellesoit gurie de sa blessure. Ceux que j'ai nomms mdecins, ce sont lesvques et les prtres. Demande pour elle ce que j'ai nomm le remde.Qu'ils la corrigent et qu'ils la ramnent par leur bonne doctrine,

    (1) Cf. Marc 10?.(2) Il est vident que l'auteur a voulu citer Matth. 18--, mais le texte prsenteune confusion dans les nombres et dit : .Je ne te dis pas septante fois, mais sept

    fois sept fois. Nous avons rtabli le te.xte de Matth. 18--.(3) Litt. : dit.

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    CANONS PNITENTIELS. 21qu'ils ;lui) donnent et (lui) versent le remde, je veux dire la pni-tence qui gurira la blessure et le venin (Fol. 108 v" a) amer! homme,fais ainsi pour elle, pour ta femme, que (tu as) depuis ta jeunesse;ne la laisse pas devenir captive de Satan (mme) une seule fois, maisramne-la, par la pnitence, dans la bonne doctrine des vques. Et sivraiment tu as fait ainsi, (c'est) bien pour toi: tu as accompli toute ladoctrine de la loi. le commandement de la justice et le rglement dela loi du iTrsVHaut, et tu deviendras un exemple pour tous les fidlesqui voudront aller en elle, dans la justice et sans hsitation.

    4. .Si un homme a pous une femme rpudie, qui n'est plus vierge,(qui) a pous lun homme), (qui) a fait un pch, (qui) est alle dans lavoie de Satan, soit dans l'adultre, soit dans la magie, soit dans le cultedes idoles, (qui) a fait de nombreux pchs et fautes, soit sciemment, soitsans le savoir, qui a chut dans la loi de Satan, en secret ou ouverte-ment, et (qui) a persvr faire ainsi, aprs que son mari l'aura su, qu'illui dise elle toute seule, jusqu' neuf fois, d'abandonner son uvremauvaise! Et si elle est revenue ( rsipiscence), si elle {Y a cout et aconfess son pch, qu'il la conduise vers l'vque. afin qu'il lui donne lapnitence, qu'il lui ordonne de jener six semaines de jours, sanscompter le vendredi, le mercredi et les sabbats ! Et ensuite ayant accompliles jours de sa pnitence, dans les pleurs et dans les larmes, qu'elle selave, qu'elle entre dans l'glise, qu'elle reoive le corps et le sang deNotre-Seigneur iJsus)-Christ, et qu'elle n'entre pas une seconde fois danscette faute et ce pch, car la (vraie i pnitence est de ne pas rcidiver!Mais si elle est retourne une seconde fois dans ce pch, qu'il la chasse,les mains vides et sans rien, car elle a mpris (Fol. 108 v b) la loi duChrist, et il n'y aura pas pour elle de pnitence une seconde fois !

    5. Si un homme ravit la femme d'un ( autre i homme et lui fait vio-lence sans raison, tandis que son mari existe lencore). il a fait mal. aviol le commandement du Seigneur et est all dans la loi du diable. Soitqu'il ait fait cela, en agissant par ruse, d'aprs son conseil (1), ou (qu'il aitfait) ainsi, en (lui) faisant (rellement) violence, il a fait un grand pch ;il a viol toute la loi et le commandement qui est crit dans la Loi et lesProphtes. Aussi sa pnitence sera grande. Selon qu'il est dit dans les Ecri-tures (2) : que tout homme demeure fidle sa femme, et que la femmeaussi demeure fidle son mari ! Ainsi a t tablie la rgle de l'hommeet de la femme, et chacun fera (3) selon qu'il a t tabli. S'il est tomb(et s')il a fait (le mal), sans le savoir et aprs qu'il (r)a su, qu'il retourne (rsipiscence), qu'il aille vers les vques et qu'il demande le pardon de sonpch et de la faute qu'il a faite! Que la femme aussi fasse ainsi!Qu'ils confessent le pch qu'ils ont fait, et qu'on leur donne i comme pni-tence) de jener neuf semaines de jours, sans (compter) le vendredi, le

    (1) Le conseil de la femme.(2) Cette maxime se lit dans les Livres de Clment. Elle est emprunte

    I Cor. T'.(3) Litt. : dira.

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    22 REVUE DE l'orient CHRTIEN.mercredi et les sabbats ! Et (eux) ayant achev le temps fix de leur pni-tence, qu'ils se lavent, qu'ils entrent dans l'glise, qu'ils reoivent l'Eu-charistie et qu'ils soient compts avec les fidles ! Et qu'ils ne retournentpas une seconde fois dans le pch! La (vraie) pnitence est de ne pasrcidiver.

    0. Si quelque homme a fait violence une vierge et a corrompu savirginit, en dehors de la loi et du mariage, sans avoir donn la dot etsans que son (1) pre et sa mre l'aient voulu, une telle action n'est pasdroite. Qu'il donne sa dot en double son pre et sa mre, qu'ilprenne cette (vierge) avec l'assentiment de son pre et de sa mre, etqu'elle devienne pour lui sa femme selon la loi (2)! Mais s'il l'a aban-donne (Fol. 108 Y c), (l'jayant corrompue, (de sorte) qu'elle reste sansressources, c'est pour lui un grand pch, car il est devenu l'ennemi del'uvre du Seigneur, et il n'est pas all selon la prescription de la loi.Sa pnitence aussi sera grande. Mais celui qui a reconnu le pch qu'il afait et a demand la pnitence, qu'on (la) lui donne comme il convient,et qu'on ne fasse pas acception de personnes : grand ou petit! Etablissezla rgle de la justice et de la loi, selon qu'elles ont t tablies ancienne-ment. Qu'on lui donne pour pnitence de jener dix semaines de jours,sans (compter) le vendredi, le mercredi et les sabbats! Et lui ayantdonc achev les jours de son temps fix, dans les larmes, qu'il se lave,qu'il entre dans l'glise, qu'il reoive l'Eucharistie et qu'il soit comptavec les brebis ! Mais la (vraie) pnitence est de ne pas rcidiver.

    vques, donnez des lois aux peuples et exposez-leur le commande-ment du Seigneur et les commandements de la vie, dans le Seigneur;(dites-leur) d'aller dans les voies de l'Esprit-Saint, de ne pas parlervainement, de ne pas s'entretenir tmrairement (3), car celui qui parlevainement et tmrairement sera condamn. Aussi dans l'Evangile ai-jedit moi-mme, le Seigneur : Toute parole vaine que les hommes aurontdite, ils rendront compte son sujet, au jour du jugement (4). Et j'ai ditencore ; Par les paroles tu seras justifi et par tes paroles tu seras con-damn (5). Maintenant, vques, affermissez les peuples, afin qu'ils segardent de toute parole mauvaise.

    7. Si un homme a t trouv dans un discours mauvais (et) a mditcontre le mtropolite et contre le roi, alors qu'ils sont innocents ; s'il s'estpropos (quelque) mauvais dessein, ou de tuer, ou d'accuser (faussement),ou de faux tmoignage; s'il a t trouv ainsi, par tmoignage de deux outrois tmoins, reprenez-le; sa condamnation (doit tre) grande, car celuiqui a fait cette action honteuse a fait un dlit et un pch qui ne con-viennent pas. Il n'y a pas de rmission (Fol. 109 r" a) et de pnitence pourcelui qui a mdit contre le roi et contre le mtropolite, si eux-mmes,

    (1) Le pre et la mre de la vierge; de mme plus bas.(2) C'est presque la prescription de Ex. 221".(3) I. e. de quelque faon qu'il leur vienne l'esprit.(4) Matth. 123''.(5) Matth. 12-".

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    CANONS PNITEN'TIEI.S. 23soit le mtropolite, soit le roi, n'ont pas pardotin, car ils sont grandset ont domination sur tout homme, car ils sont pourvus d'autorit et sontles oints du Seigneur. 11 n'est pas juste qu'on mdise contre eux, car eux-mmes le mtropolite et le roi sont prposs, (comme) image du Fils duSeigneur; ne mdisez dpnc pas contre eux. Et aussi dans l'vangile j'aidit (I) : 5i quelqu'un a blasphm contre le Fils de l'Homme, son pchlui sera pardonn ; mais pour celui qui a blasphm contre VEsprit-Saint,il ne lui sera pardonn ni dans ce monde, ni dans (le monde) venir (2).Pareillement il ne sera pas pardonn celui qui aura mdit (contrele roi et le mtropolite), aura fait le mal, soit par sa parole, soit par sesuvres, soit par une (fausse! accusation, ou par son (mauvais) dessein, oupar le meurtre, ou (en s'efforant) de les destituer de leur fonction; ilsera maudit comme Judas lui-mme, qui a fait tuer le Seigneur de touteschoses, l'a livr, l'a vendu pour trente (pices) d'argent, et n'a pas eu degain par la vente de son Maitre, mais s'est perdu, (car) il s'est pendu lui-mme et est mort sans pnitence. Ainsi cet homme sera perdu comme lediable et Judas, et il mourra (Fol. 109 v b) sans pnitence. Personne nepriera et ne suppliera pour lui et personne ne lui donnera la pnitencepour la rmission de son pch. Mais si eux-mmes, !e mtropolite et leroi, ont eu piti de lui et ont pardonn cet homme ; s'ils ont donn lapnitence celui pour qui il n'y avait pas de misricorde et de pni-tence, ( celui) qui tait destin la mort, (qui en) approchait et quidsesprait: s'ils ont eu piti de celui qui avait pch et err contre eux;(s'ils) ont pardonn celui qui avait t trouv dans toute cette faute etce pch, eux aussi leur sera pardonn, auprs du Seigneur, leurpch, car ils ont entendu la parole et le commandement du Seigneurdisant : Pardonnez le pch celui qui a pch contre vous (3). Et Notre-Seigneur aussi a pri et a demand (le pardon) pour ceux qui l'ont cru-cifi, et il leur a pardonn et a dit : Pre, remets-leur leur pch etpardonne-leur leur faute (4). C'est cela qu'a dit le Seigneur pour ceuxqui l'ont crucifi. Et vous aussi, mtropolites et rois, faites de mme etimitez le Christ; car le Christ est prtre, prince des prtres; (il est) roi,roi des rois; (c'est) lui \(-\m) a institu les mtropolites, les prtres, lesdiacres, les rois et les juges; d'eux tous (Fol. 109 r" c) il est le Seigneur;il est le roi de toute crature qui (est) au ciel et sur la terre. Pareille-ment il e.st juste que vous imitiez le Christ et que vous pardonniez (sa)faute qui a pch contre vous. mtropolites et rois, faites ainsi etpardonnez qui a pch contre vous, afin que vous receviez la rcom-pense auprs du Seigneur, et afin qu'il vous donne ce que l'il n'a pasvu, [ce que) l'oreille n'a pas entendu, ce qu'il a prpar pour ceux quil'aiment (5).

    (1) Le texte porte : il dit.(2) Matth. 1232.(3) Cf. Matth. 6'*.(4) Cf. Luc 2331.(5) Cf. I Cor. 2".

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    24 REVUE DE l'orient CHRTIEN.A lui gloire, au Messie, au Fils du Seigneur, qui a donn la pnitence

    aux pcheurs, pour les sicles des sicles! Amen. Amen. Ainsi soit-il. Ainsisoit-il.

    vques, statuez ainsi, rglez la loi et tablissez le rglement de lapnitence. Aln que le pcheur ne meure pas dans son pch, donnez lapnitence ceux qui voudront faire pnitence.

    Priez pour celui qui a crit et pour celui qui a fait crire (tout ceci),'Abslom, afin que le Seigneur lui fasse misricorde dans le royaumedes cieux pour les sicles des sicles. Amen: Amen. Ainsi soit-il. Ainsisoit-il.

    (A suivre.) L. GUERKIER.

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    UNE ANAPHORE SYRIAQUE DE SEVEREPOUR LA MESSE DES PRSANCTIFIS

    Les liturgistes ne connaissent pas encore d'anaphore syriaquepour la messe des prsanctifis. Renaudot(l) s'en plaignait ences termes : Quamvis in Oriente Prsanctificatorum Missacelebretur gr;PCo more, singulare tamen illius officium anobis hucusque nec in Syrorum, nec in Coptitarum codicibusrepertum est... Apud Syros , in tanto liturgiarum numro,nulla similis (Liturgia Prajsanctificatorum Divi Marci). Aussiest-ce une lacune que l'absence de cet office dans sa Collec-tion des Liturgies Orientales.Cette lacune, les auteurs occidentaux qui suivirent, ne rus-sirent pas la combler. .Si, en effet, ils touchent un mot de lamesse des prsanctitis clans les diffrentes autres glises, ilsla signalent peine dans les glises de langue syi'iaque(2).

    Leur silence est toutefois plus comprhensible que celui desliturgistes syriens. Alors qu'ils traitent ex-professo de laMesse, ces derniers omettent de parler de celle des prsanctifis.Le saint et savant maronite Ad-Douaihi (mort en 1704), est galen cela au jacobite Bar-Salibi (3) (mort en 1171).Dans les livres liturgiques, de mme, on chercherait en vainl'anaphore des prsanctifis. Le missel des syriens catholiques,dit Rome en 1843, ne la contient pas. Il faut en dire autant

    (1) Liturgiarum orientalium Colleclio, t. II, p. 85.(2) Ainsi Lebrun, Explicalion de la Messe, diss. VI, art. II et diss. IX;

    Brightiuan. Liturgies eastern. and ivestern, vol. I : Easlern liturgies, p. 586avec les renvois. P. 494, Brightman publie bien les Siaxovixi t^; 7tporiYiao(is'vr,;XciToupyia; to-j yiio-j 'laxiiSou; mais ces diakoniUa accusent le rite syrien desglises grecques assez diffrent du rite syrien des glises de SjTie.

    (3) Sur Ad-Douaiiii, v. P. Chebli dans Dict. de thologie calh. au motEhdenensis. Son trait de \a. Sainte Messe , -jiji"si 5,U^ l'ut dit Beyrouthen 1885. Bar-Salibi, Explicalion de la liturgie, texte et traduction par La-bourt, dans Corpus Scriptorum Orientalium.

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    26 REVUE DE l'orient CHRTIEN.du missel maronite (1), malgr les apparences : Tanaphorequ'il assigne la messe des prsanctifis n'est, en effet, quel'adaptation, cette messe, de l'anaphore dite Charrar [i).Nous avons eu la bonne fortune de trouver, dans un manus-

    crit syriaque de la Bibliothque Nationale, une anaphore uni-quement compose pour la messe des prsanctifis; nous ladonnons au public.La messe des prsanctifis, on le sait, n'est que la commu-

    nion, en dehors du sacrifice divin, une hostie consacre un ouplusieurs jours auparavant. La crmonie est la mme quecelle de la communion dans la messe ordinaire; elle commence l'oraison dominicale; tout ce qui prcde, prface, cons-cration, piclse, mmoires, en un mot, tout ce qui a trait auSacrifice est remplac par le rite de la consignation du caliceavec Vhosiie pr-consacre, prcsanctifie.

    Ce rite, qui caractrise la messe des prsanctifis, lui adonn, chez les syriens, son nom. Dans le missel maronite,elle est intitule ^"^, Consignation du calice. Notre manus-crit ne l'intitule pas autrement (3).

    (1) Sur les diffrentes ditions de ce missel, v. P. Dib, dans Canonisle Con-temporain, 1917, p. 402-490 ; 1918, p. 24-29, 109-1.30, 20.>214, les maronites etleur liturgie : le missel .

    (2) L'anaphore Charrar, attribue soit saint Pierre, soit aux Aptres, suitun ordre totalement dill'rent de celui de la liturgie .syriaque actuellementsuivie par les maronites et par les syriens tant catholiques que jacobites. 11 seconfirme de plus en plus qu'elle reprsente l'ancienne liturgie maronite de lamesse. Dans la premii'e dition du missel maronite en 1592, elle figure commeune anaphore ordinaire. Dans les ditions suivantes, elle est insre commel'anaphore de la messe des prsanctifis. Cette nouvelle destination qu'on luiassigne, lui vaut quelques lgres modifications : on y remplace par d'autresoraisons, la prire du commencement, la conscration, l'anamnse, la prfacedu Pater et son embolisme. Nanmoins, on le devine, ces modifications n'enfont pas une anaphore des prsanctifis. On y dcouvre, la simple lecture,son ancien caractre : elle garde sa prface eucharistique, son piclse, sesmmoires; les termes oblalion, eucharistie y reviennent souvent. L'anaphore desprsanctifis, mentionne dans Ad-Douaihi, doit sans doute tre identifie aveccette adaptation de l'anaphore Charrar aux jirsanctifis. V. P. Dib, l. c.

    (3) Ce nom, qui n'a rien de semblable avec celui de tpor)Ycaa[iva, est peut-tre cause qu'on n'y ait pas vu la signification de messe des prsanctifis. LeCatalogue de la B. N. traduit : office au moment de signer le calice , sansautre explication. Renaudot lui-mme, qui semble avoir eu entre les mainsnotre manuscrit : celui-ci provient, en ell'et, de la Bibl. de Colbert, n 6517,n'y a pu voir l'office des prcsanctifis.

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    U.\E ANAPHORE SYRIAQUE DE SVRE. "27Ce manuscrit porte le n" 70 du Fonds Syriaque de la Biblio-

    thque Nationale (Catalogue Zotenberg, 1874). Il est crit surpapier vlin, petit format, en caractres estranghelo. Lesscribes qui l'ont excut, y ont mis d'autant plus de soin,qu'ils le destinaient, nous disent-ils, leur usage personneldurant leur vie, et aprs leur mort leur bonne mmoire .C'taient Jacques, prtre, son frre David et leur pre Michel,

    du bourg d'Abraham, dpendant de la ville de Mlitne .Ils le terminrent l'an des Grecs 1370 (1059 de J.-C.) (1). Letitre qu'il porte est pw. ic^^j^ livre ou manuel du prtre.Le Fonds syriaque dit Britisli Museinn contient un plusgrand nombre de manuscrits qui ont le mme titre. Ils sont

    une quinzaine (2). A les prendre dans l'ensemlile, ils contien-nent, comme le ntre, un choix d'anaphores, des oraisons pourl'office divin et enfin des extraits du rituel notammentYOrdo baptismi, que le manuscrit de la Bibliothque Natio-nale ne renferme pas. On a donc l une sorte de Breviariumo le prtre trouve en mme temps qu'un missel rduit, lesparties du rituel et du brviaire qui sont les plus longues, lesplus difficiles retenir par cur ou les plus ncessaires dansl'e.xercice du ministre. Les euchologes des Grecs ne sontgure autrement composs.La messe des prsanctifis vient, dans ces livres, dans ces

    euchologes syriaques, aprs la messe ordinaire. On la trouvedans neuf manuscrits de Londres, ainsi que dans celui deParis. Chose noter, le Catalogue Wright fait dater tous cesmanuscrits d'environ le x ou xi" sicle. Un seul porte une dateprcise : le CCXCV; il est de liU des Grecs (1133 de J.-C).La provenance de ces manuscrits enfin n'est malheureusementpas indique.

    Sept de nos dix manuscrits ont, pour la messe des prsanc-tifis, une seule anaphore qu'ils attribuent Svre, patriarched'Antioche; ce sont le ms. de Paris, et ceux de Londres quisont mis sous ]esn^CCLXXXVl,CCLXXXVlII,CCXCI, CCXCIV,CCXCV et CCXCVIII.

    Cette anaphore est suivie, dans le CCXC, d'une autre qu'on(1) F. 153".(2) Cf. Wright, Catalogue of Syriac Afanuscripls in Ihe Brilish Musum.tom. I, p. 219 sqq., n" CCLXXXVI-CCXCIX.

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    28 REVUE DE l'orient CHRTIEN.attribue saint Jean (Chrj'sostome), et dans le CCLXXXVII,d'une troisime, attribue saint Basile deCsare. Enfin dansle CCXCIX, l'anapbore de saint Basile figure seule.

    N'ayant pas encore sous les yeux le texte de ces anaphoresde saint Jean Chrysostome et de saint Basile, nous ig-noronsquels rapports ils ont avec les deux anaphores grecques misesrespectivement sous les noms de ces saints.Pour celle de Svre, qui est, on vient de le voir, la plus

    reproduite, elle n'est pas confondre avec l'anaphore syriaquequi est attriliue tantt Svre, tantt Timothe d'Alexan-drie (1). Nous les avons soigneusement compares entre elles :elles sont totalement diffrentes l'une de l'autre.

    Notre anapliore serait-elle l'uvre de Sihre? On sait quece dernier n'crivit qu'en grec. L'anaphore, si elle est de lui,n'est donc qu'une traduction. Le manuscrit CCXCI de Londresl'affirme catgoriquement : alors que la plupart des manuscritssignifient simplement, dans les titres, que l'anaphore de Svreest reproduite dans une rdaction nouvelle , il nous apprendqu' elle est rcemment traduite du grec en syriaque . Voicises propres termes : y..i 1^0..^-^/! p>v-v*^ l'op -p u-f. u^ ^ip^cL^ ujo. ^ K.\i^ n.'M;. 'aillcurs, les traces d'un original grecne seraient peut-tre pas difficiles relever dans notre ana-pliore. Il faut toutefois noter, l'adresse de ceux que pareilsarguments ne sauraient satisfaire, que les Syriens attribuent, Svre entre beaucoup d'autres choses, l'ordonnance de leursoffices liturgiques.

    L'anaphore de Svre est-elle connue des Syriens? Le Nomo-canon de Bar-Ilbraeus (1-226-1286), en fait mention (2). A la

    (1) Texte dans B., N. n" 75, p. 137 et traduction chez Renaudot, Lit. Or., II,p. 321 sqq.

    (2) Texte syriaque dit par Bedjan, Bar-Hebraei .\omocanon, Paris, 1898.Traduction latine par Assmani dans Mai, Script. Vet. Coll., t. X, pars II.V. aussi B. N., n' 226, syriaque, W s.; 227 et 228, carchouni, xvn' s.; et 322,syriaque xix' s. Le passage, qui nous intresse, forme la section huitime :de la consignation du calice, du chapitre quati'ime : de la Messe. L'authen-ticit de ce passage ne saurait tre conteste. Selon la note marginale du 226,Bcit-Chiron l'ont effac de l'autographe [de Bar-Hbraeus?]. Mais on le trouvedans la grande majorit des manuscrits : dans le 226 lui-mme; le 322; le227, collatioun sur plusieurs e.vemplaires (f. 177, 182, 305); les exemplaires dela Vat. utilise par Assmani dans sa traduction. Le 228 de la B. N. omet

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    UNE AN.VPHORE SYRIAQUE DE SVRE. 29suite de quelques dcisions et directions donnes sous les nomsde Jacques d'desse et de Jean de Tela (1) au sujet de la messedes prsanctifis, il rapporte, en l'attribuant Svre, ce qu'onpourrait appeler des rubriques ou plutt un prcis d'anaphorepour cette messe. Nul doute que ce prcis n'ait t relev surl'anaphore que nous publions : il y correspond exactement.

    Les jacobites de nos jours, d'ailleurs, n'en ont pas encoreperdu le souvenir. Le rapport fait au Congrs eucharistiquede Jrusalem par l'vque syrien de Tripoli nous l'apprend (2). Les jacobites, y est-il dit, ont compltement abandonn lamesse des prsanctifis, quoiqu'elle soit ordonne dans leurslivres liturgiques et que Svre, le premier patriarche mono-physite, en ait fait une liturgie spciale. Pour leur compte,revenant aux anciennes traditions, les syriens catholiques ontrepris l'usage de cette messe. Ils ont toutefois remplac l'ana-phore du premier patriarche monophijsite par une messe(( compose surtout d'oraisons tires de la liturgie de Saint-Jacques . Quant aux maronites enfin, il semble bien qu'ils ontconnu l'anaphore de Svre: ils l'utilisent en partie pour adap-ter aux prsanctifis l'anaphore Charrar.

    Si l'on excepte les deux anaphores de saint Basile et de saintJean Chrysostome, peut-on dire que les glises de rite syriaquene connurent gure d'autres anaphores de ce genre que celle deSvre"? Tout nous incline le croire. Nous venons de parlerde la pratique des maronites et des syriens catholiques. Adfaut d'une anaphore propre, ils adaptent aux prsanctifisune de celles qui servent la liturgie proprement dite (3). Ajou-tons que les auteurs ne signalent aucune anaphore des pr-compltement la section huitime; il y fait cependant allusion dans le titredu chapitre divis, nous dit-on, en huil sec/ions.

    (1) Le nis. 62 de la B. N., ix" s., renferme les dcisions et directions de JeanDE Tela (pp. 2':2 sqq.) et de Jacques d'desse (pp. 273 sqq.), relatives diff-rentes questions de discipline. Ces dcisions et directions ont t publies parLamy, Disserlatio de Syrorum pde ac disciplina in re eucharisHca. AccedimlJ. Telensis et J. Edesseni resotutiones canonicae. L'on j' trouve ce que le Somo-canon attribue Jean de Tela, concernant les prsanctills, p. 70, n" 10.

    (2) Congrs des uvres euch., tenu Jrusalem en 1893, Paris, 1906. Rapportde M5' Randelaft, p. 69.(3) C'est aussi l'usage des Nestoriens. Ils se servent, pour consigner le calice,

    de l'anaphore des Aptres modifie. Les modifications introduire se trouventindiques dans le ms. 283, xvir s., de la B. \., p. 111 : ;^ . ,j. [^axa ..^ol

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    30 REVUE DE l'orient CHRTIEN.sanctifis. Il en est de mme des quinze missels environ, tantmaronites que jacobites, de la Bibliothque Nationale. Bar-Hbraeus, dans son Nomocanon, ne parat pas non plus avoireu d'autres textes sous les yeux (1).Ce mme Nomocanon nous permet d'expliquer pourquoi ces

    sortes d'anaphores sont si rares en Syrie : c'est qu'elles y furentintroduites une date recule et qu'elles n'y ont trouv quepeu de faveur.La raison de cette raret ne se fonde pas, en effet, ainsiqu'on serait tent de le croire, sur l'usage peu frquent du ritedes prsanctifis, en Syrie. Dans l'glise latine, dont la pra-tique a t tardivement adopte par les maronites (2) et parles syriens catholiques (3), elle n'est clbre que le Vendredi-saint. Dans les glises de rite grec, mme unies Rome (4-),elle remplace la liturgie ordinaire pendant tous les jours duCarme, samedis, dimanches et jour de l'Annonciation excep-ts; ce sont d'ailleurs les prescriptions du Concile Quini-Sexte(692), can. 52. Quant l'glise syriaque, ses collections cano-niques s'en tiennent au texte du Concile de Laodice (iv" s.),can. 49 : elles interdisent bien de clbrer la liturgie pendantle Carme, sauf les samedis et les dimanches; mais rien n'yest prescrit pour la remplacer. La pratique grecque n'y futintroduite, comme l'affirment Renaudot et le Synode deM. Liban, qu' une date tardive, elle y aurait accompagnnaturellement l'introduction de l'usage d'une anaphore pour lamesse des prsanctifis.

    Cette date doit tre place aprs l'poque, ou tout au plusvers l'poque de Jacques d'desse (mort en 708). Cet auteur,

    Ensuite Consignation du calice, une fois qu'il est puis et qu'on veut consigner< sans le consacrer en mme temps que le Corps; compose par Mar ^Ebedjesus," mtropolite de 'Eilam .

    (11 Renaudot (l. c.) a dj fait justice de l'opinion de F. Naron : les anapho-res do saint Pierre, de Denys Bar-Salibi et du pape Sixte ne sont pas usitespour les prsanctifis, du fait que la forme de la conscration y fait dfaut.Voir ce sujet, cliez P. Dib, Can. Contemp., 1918, p. 123-125, les explicationsdes auteurs et la sienne propre.

    (2) Syn. Montis Libani, pars II", cap. xni, 17.f3) Cong. cuch. de Jrusalem, l. c.(4) Op. cit., rapport du patriarche nielchite, p. 389.

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    UNE ANAPHORE SYRIAQUE DE SVRE. 31cit dans le Nomocanon de Bar-Hbraeus, nous apprend, eneffet, que de son temps le rite des prsanctifis est pratiqudans l'glise syriaque. La clbration n'en est cependantlimite aucune poque de Tanne. Poses certaines condi-tions, elle peut avoir lieu trois fois par semaine; sans autreprcision, sans distinction entre le Carme et les autres {j-riodes liturgiques.

    Selon le mme auteur, la crmonie du rite est des plussimples. Rien n'y est d'un office public; au contraire, elle atout d'une crmonie strictement prive. (n ne la permetqu'aux prtres solitaires. Le diacre n'y doit prendre aucunepart, si minime soit-elle, et le peuple n'y doit point assister. Nous savons par ailleurs que le prtre syrien ne peut offrirle saint sacrifice de la messe, acte par excellence du cultepublic, qu'assist d'un diacre et en la prsence des fidles.Quand ces deux conditions ne sont pas ralises, la clbrationdes saints mystres lui est interdite. Ds lors, la consignationdu calice, semble- t-il, est destine contenter la pit desprtres solitaires. Comme ils ne peuvent facilement trouverni diacre, ni assistance pour clbrer la messe, on leur mnagel'opportunit de communier un sacrifice offert la veille oumme plusieurs jours auparavant (1). Pour ce faire, ils n'ontvidemment pas besoin d'une anaphore. Jacques d'desse ledclare clairement. Pour consigner le calice, dit-il, il est pro-pos un certain nombre de prires; mais libre au prtre, sui-vant les circonstances, d'en dire une ou plusieurs ou mmede les omettre totalement. En d'autres termes, pour consigner,aucun office n'est prescrit; ceux qu'on conseille, loin d'tredes anaphores, ne sont que de simples prires (2).On le voit, l'anaphore de Svre ne peut trouver place dans

    la liturgie syriaque telle qu'elle nous est connue par Jacquesd'desse. Selon cet auteur, la consignation du calice est unoffice priv; pour le clbrer, il n'y a ni un formulaire obliga-toire et prcis, ni un temps dlimit. C'est la discipline, peut-

    (1) Y. Duchesne, Or. du Culte, p. "239 : frquence dans l'antiquit de la messedes prsanctifis Rome; crmonie simple qui devait servir de modle celledes communions domicile.

    (2) Cf. supra, usage actuel des syriens catholiques.

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    32 REVUE DE l'orient CHRTIEN.on dire, purement syrienne. Dans la discipline grecque, aucontraire, le rite des prsanctifis est un office public, clbrdans une anaphore propre et un temps dtermin, le Carme.L'anapliore de Svre semble bien tre une tentative pour in-troduire cette discipline chez les syriens. Le manuscrit CCXCIde Londres est-il le premier l'avoir entreprise, comme letitre de son anaphore de Svre semble l'indiquer? Avait-elledj russi, du temps de Bar-Hbraeus, qui, dans son Nomoca-non, rapporte, juxtaposes, les deux disciplines sans chercher,dans ses annotations, en expliquer la diffrence, ni les conci-lier? Qu'on se garde toutefois de rien exagrer : la raret sinonl'absence de cette anaphore dans les manuscrits, except ceuxdu x^-xi* sicle, les variantes du Nomocanon de Bar-Hbraeusau sujet des prsanctifis, enfin la pratique actuelle des glisesde Syrie, semijlent bien indiquer que l'anapliore de Svre neprvalut ni partout, ni toujours.

    Voici le texte de cette anaphore. Nous le ferons suivred'une traduction, illustre par quelques notes empruntesau Nomocanon de Bar-Hebraeus.

    TEXTE SYRIAQUEAJm rCljL.:vj3n rc^fvi*s y^x.\ ci'> J^lt^V^; ya-io|,2^ ).i^.^K.:m ).^k.CD^olo y^\A. JJC^K.JLaLJi JKa^o'^ >^-*? K^! ^ JlaJLmO^ ). n>; oi .^^j m > ^^ J^^ouo .I^Ow-si v^**- i^^^'-^ ).i-.^po ^-^^;''i^..*--. ^*5io ^ K..i^^s:w^ ^la.3L^j )iQJ>j/ (f- 34) tocL-.'^

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    UNE ANAPHORE SYRIAQUE DE SVRE. 33Jjd Iv-^ ^-xo .]L^X.i ^j)V; jjoiaaL^ Q.^2^:xL t >o \))/ .^jv^lS^I/ K-.JLl*js, )1o K-.)ju^.; ^-^-/ ^^.^oo ^JLbO

    Jl '-^ - ^^o .s-^.m I jLLoioo j-A^oDo^w. 0I..30 .jooM >-^^;jl,.,^aDo )K-*Q..aL*.l ^^01 .'.I3/ ^^0.0 .,^aj )r>^;o jtsJiLajj

    VI.. m; jjoi Im'^N vJi^ .jK^tOi!^ >^-*! jloju'^JsK^; j-s^.)^ . n ^^^ )^,^\ ^out->^^o .j-X^o ^^o Iv^o-w ^^)io % ,y n\ > . -MTi'f ou^; ^;^^/ yooi^a^o ^^ jooiJ; U-^-"}J > n ^o >\o )-3cLw; I v> ..\. .)-m9;o )^^;o jjLJi (f. 34 v)

    y^; )-^j-3 ^1-a; J-^'O't-^ >f>iV>\o .) 'i.^^> ^-^j; jj^AO;JJj ^-.^JL^; IN.^00... ^..Oi^^f ^ Joa/o JKS^jw-jo )Ki^;l^ju.,^ y^? 1^'! jicu^^^^az>o jLjKa^o |j', -^v^ /^-^/;

    >ik,ajL.* ^^>~*! )-OOVO jLsf joC^; ..

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    34 REVUE DE l'ORIEXT CHRTIEN.f 'V*> (p : -.^io/o |riTi\ pi-^j |l^ 1- ova _jaJiio HiciJia^ ->mi I f. 35} powjK - I . N .. srt |j.;a:>Q^i> ^_ii;l^:o jjLo^oto jK;ol;

    .. ,.V>/ : t^o^ .^^A^O/ .^ji.:>0^^o'oi .|LL V") jlocLu ^^ ^^..iX.''^^w^.^ ,_.^^^; oi^; jloJL^o/ I0.JL.11..2); jl^^OA. ^Sl^OJt->.^^o j-^ \ y^y.ci sk^->; j-^oio ^Q-;-^/ )o:^ ^1 n m v>I^V^''^ ' |-LjL^3^i..)o >AfCuo '-J U^^/l-^^^i U^ii^ ^pvS\ ).. V.oo;9 ov^.-! |.-M? taX \iv! l-ooaa. Le 2'27 iJorte :

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    UNE AXAPIIORK SYRIAQUE DE SVRE. 35

    y.jjXL^'il J3o.v ^ou/o ^^^; IlI^^o^i joC^ ^^ jJL/ ^-;. V>, . o ^o^.^X y^; jj-*./; ^^^io .ojoKjLio ^-^^^).^a-ii ^^ ))3s .j-^CL^o.. (f. 36 joou jJ ^La.aJ^^J>aJSoJojlo jj:^ ^.^wo )_^ j-J^t^ j-^o^o ^Q.^1 ^a^ )jf-Mo/o

    )oOll : Moo .y^K^; )>wOi Vt^O : ^^ . n \^l f-< : 1^^ 1 1) .\ %'i^ n\ \Zx^o.o > t, nvi > .v>, nvt;> oViNn'^ |.^,^),^o |..viii-s ^'f.:3L^ )"*t-^; ooajL joou :pou

    jJS'^^Oo )ot^ w.oto;Q^>2^s-3 )jKbwf> fpq^ ^^ . I N^l/o ^_j_2lQJ; l-xo\ .j-a/; t-n-i - - -JV^i^/o ) ^. "x^ .)jLm ^, Snviq jlcLoo jJo |.jL>f^ 7^^; Ul^l

    l^i-^C^ :lJivii^ .y^J ).MOf\o : l-bo. .^0^1^.21^ jjtCL^^^ : pouyV-iO ^'"^ .VOC^ ) t Vt (f. 36V) ^.A^t- : P^ .^..^Ju.V

    .) I ,m..>ft ^-^;o )ju.t-o >t-s^ ^ i^tH>; J]Ss.AjLSr^:ofrs.^ jJ^_^s_Jo y^^a. >>\ ^t:>o .^^oto y^_^.2 sJl.,_oo y^\

    (1) Le 227 porle simplement U:jo^ U;5ao.

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    36 REVUE DE l'orient CHRTIEN..^tol^. j-s/ joi^jJo Jt-^tJ^ yoC^ y^h^-,1 ^..;a.uJ^2;

    ^O; )po .^lof.:ML^ v-rk^fiol jl^^aoL&l ^^^! l-^Q^ ^^o.jLcos ^aji) ^aS^

    TRADUCTIONEnsuite, consignation du calice du saint Mar Svre, patriarche,

    selon une rdaction nouvelle. Tout d'abord, sedro ordre > de l'En-tre (1) : Christ, notre Dieu, la vraie vie et la nourriture immatriellede quiconque a vraiment faim de vous ; vous qui nous avez donnun breuvage spirituel dans cette fontaine de dlices et cette source devolupts qu'e.st votre ct, notre Sauveur; qui avez empourpr nos lvresde votre sang purifiant; et qui nous avez remplis d'un sain enivrement parle calice de bndiction et d"allgresse que vous nous avez donn, accordez-nous la force, par votre sublime grce, ami des hommes, d'accomplir4e service de vos terribles mystres, avec une me pure et sainte et avecde chastes penses. Qu'avec l'odeur de notre encens, celle de notreprire vous soit agrable (2). Que nos transgressions, volontaires et in-volontaires, (de votre loi), ne lassent pas votre grce. Mais changez lemlange de ce calice pos devant nous, en votre sang sacr et vivifiant.Qu'il nous puritie. ainsi (|ue tout votre peuple, du pch; que par luinous ayons le pardon et le salut, et qu'il prserve de la corruption et nosnies et nos corps. Et pour toutes ces gTces, nous vous louons et adorons,Vous et votre Pre et votre Saint-Esprit.Le peuple : Nous croyons en im seul.Le prtre (3) : Christ notre Dieu qui nous avez confi l'auguste mystre(1) Les aiiaphores ordinaires ne contiennent pas le sedro de l'entre, cette

    prire ne variant pas suivant les anaphores, mais bien suivant les l'tes.(2) Allusion l'encensement qui a lieu pendant la rcitation de tout sedro. Dans Xoinoc. Svre le mentionne e.xpressment.(3) C'est l'oraison qui commence l'anaphore; un peu modifie, elle remplace

    l'anamnse dans l'anaphore maronite. des prsanctifis. On remarquera quecette oraison, comme les suivantes, la prface du Pater excepte, .s'adresse au

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    UNE ANAPIIORE SYRIAQUE DE SVRE. 37de votre divine incarnation, sanctifiez ce calice de vin et d'eau et unissez-le votre corps vnr ; afin qu'il nous confre, ainsi qu' tous ceux qui ycommunient, la saintet de l'me, du corps et de l'esprit, le pardon desfautes et la rmission des pchs: afin qu'il nous lave de toute malice,rpande sur nos consciences la rose (du pardon), soit pour nous le gagede la vie venir, notre force pour observer vos saints commandementset notre apologie devant votre tribunal terrible et redoutable. Faites aussique, tous les jours de notre vie. sans pchs ni tourments, sans gare-ments ni troubles nous nous consacrions vous par une sincre servitude.Par votre grce et par la bienveillance de votre Pre bni et bienheureuxet par l'opration de votre EspritSaint, bon. adorable, vivifiant et con-substantiel. Maintenant. Le peuple : Amen.Le prtre : Paix vous tous. Le peuple : Et votre esprit.Le prtre : Que les misricordes de notre grand Dieu et Sauveur Jsus-

    Christ soient avec vous tous. Le peuple : Et avec votre esprit.Le prtre prend l'hostie (litt. charbon] et signe avec elle, en faisant trois

    croix, le calice (1), en disant : le calice d'actions de grce et de salutest sign par l'Hostie propitiatoire, pour le pardon des fautes et la rmis-sion des pchs et la vie ternelle. .\men (3j. Le peuple : Amen.Le prtre : Prire de \otre Pre qui tes aux deux. .Seigneur, Dieu

    des Saintes Puissances, vous qui tenez tout et dirigez tout par votre bonvouloir, vie de nos mes, espoir des dsesprs, secours des abandonns.Fils. Dans les anaphores ordinaires, toutes les oraisons s'adressent au Pre,sauf l'anamnse et la seconde postcommunion.

    (1) .Xomoc. Direction de Bar-Hhraeus : Remarquez qu' la messe, le prtrefait les signes de croix (avec l'hostie, selon B.X. 227) au-dessus du calice; tandisqu'ici il les fait au moment de la Fraction avec l'hostie en touchant le Sang . Ibid. .lacques d'desse : Il est dfendu de laisser le calice jusqu'au lendemain,de peur qu'il ne se corrompe. Sera coupable, qui l'aura laiss... On peut laisserle calice, ou bien cause de ceux qui sont gravement malades pour les com-munier avant leur mort, ou bien cause de ceux qui prolongent le jeunejusqu'au grand soir. En dehors de ces deux cas, il est absolument dfendu deaisser le calice jusqu'au lendemain .

    {i) Par la consignation, le calice est-il simplement sanctifi, ou bien est-ilvraiment consacr? Po,ser la question, c'est, semble-t-il, la r.soudre : dans lamesse des prsanctifis n*a-t-on pas pour but d'viter prcisment la clbrationd'une messe proprement dite, la confection du sacrifice divin, la conscration?Nanmoins notre anaphore implique la conscration du calice, la transsubstan-tiation du vin. A ct de ces termes : le calice est sign, est uni au corps , ellea en effet cet autre ; changez le mlange de ce calice en votre sang . Laformule elle-mme de la consignation est ainsi conue, si l'on s'en rapporteau texte du N'omocanon : qu'il change le mlange de ce calice au sang duChrist ". Si la formule de notre manuscrit est diffrente, il faudrait peut-trel'attribuer ce que l'anaphore qui la contient, est revise et corrige. Bar-Hbraeus (direction sur Svre) emploie mme le mot a Sang propos ducalice consign. De mme l'Office neslorien des prsanctifis. Rapprocher lagrave responsabilit d'exposer le vin du calice consign au danger de la corrup-tion et la possibilit de le donner en viatique. D'aprs J. d'desse dans IVomoc.

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    38 REVUE DE l'orient CHRTIEN.VOUS qui nous avez appris par votre Fils unique, Notre-Seigneur, Dieu etSauveur Jsus-Clirist, la prire que nous vous devons adresser, rendez-nous dignes d'oser, avec une conscience pure, droiture, amour et con-fiance filiale, vous invoquer, vous Dieu Cleste, Pre tout-puissant etsaint, et de dire dans notre prire : Le peuple : Notre Pre qui tesaux cieux.Le prtre : Oui, Seigneur, qui nous avez donn la force et le pouvoir

    de marcher sur les serpents et sur les scorpions et sur toutes les forcesde l'Ennemi, crasez, sans tarder, sa tte sous nos pieds, rendez vainstous les mauvais artifices qu'il multiplie contre nous. Car vous tes leDieu Fort et Tout-Puissant et nous vous louons avec votre Pre, et votreEsprit-Saint, bon, adorable, vivifiant et consubstantiel vous. Maintenant. Le jieuple : Amen.Le prtre : Paix vous tous. Le peuple : Et votre esprit.Le diacre : [Inclinons] nos ttes devant le Seigneur. Le peuple : De-

    vant vous. Seigneur Dieu.Le prtre : Recevez, Christ Roi, cette supplication que nous vous fai-

    sons et prtez l'oreille nos demandes. Envoyez, sur l'uvre de vosmains, vos misricordes : dtournez-vous de nos pchs; regardez-nous, Dieu de notre salut, et clairez-nous de votre face misricordieuse etnous serons .sauvs. Car votre pouvoir est tabli pour toujours et votreroyaume n'aura point de fin. Et vous sont dus la louange, la vnrationet le pouvoir, avec votre Pre et votre Esprit-Saint, bon, vivifiant et con-substantiel vous. Maintenant. Le peuple : Amen.

    Le prtre : Paix vous tous. Le peuple : Et votre esprit.Le prtre : La grce soit. Le peuple : Et avec votre esprit.Le diacre : Regardons avec crainte.Le prtre : Les choses saintes, prsanctifies, aux saints. Le peuple :Un seul Pre saint.Le prtre : Bni soit le nom du Seigneur au Ciel et sur la terre, pour

    toujours. Amen (1).Le diacre : Aprs la communion.Le prtre : O adorable, trs sage, infiniment bienheureux, seul fort,Dieu le Verbe, Fils unique du Pre, nous, qui nous sommes rassasis,par la communion, des dlices de vos mystres saints, immortels et vivi-fiants, vous en envoyons nos louanges, vnrations et adorations : vous et

    (1) L'hostie qui sert consigner le calice, le diacre peut la prendre, toutesles fois qu'il distribue le calice... . J. de Tela. Cette remarque, pensons-nous,doit s'entendre du rite de \'Inlinclivn, lors des messes proprement dites, etnon pas de la Consignation du calice, au sens des prsanctits.Direction de Bar-Hliiaeus : A mon avis, cette mme hostie doit tre jetedans le calice et prise par le prtre au moment de la communion. Quant son diacre, que le prtre le communie des hosties de la p3xide; il ne convientpas en effet qu'en la prsence ihi prtre, le diacre se communie lui-mme. Aucontraire, celui-ci boira lui-mme du calice, sans que le prtre le lui donne boire.

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    UNE AXAPHORE SYRIAQUE riE SVRE. 39 votre Pre sans tache et votre Esprit-Saint. Maintenant. Le peuple :Amen.Le prlre : Paix vous tous. Le peuple : Et votre esprit.Le diacre : [Inclinons] nos ttes devant le Seigneur. Le peuple : De-vant vous. Seigneur notre Dieu.Le prtre : Le genre humain tout entier ne peut suffire, Xotre-Seigneur

    Jsus-Christ, rendre grces votre ineffable bont, pour nous avoirdonn votre corps sacr et votre sang purifiant. Aussi vous supplions-nousde nous donner d'y communier toujours, notre cur tant pur et saintsnotre me et notre esprit. Bnissez votre peuple et gardez votre hritage,afin que. sans cesse et toujours, nous vous louions, vous qui tes seulnotre vrai Dieu et Dieu le Pre qui vous a engendr et votre Esprit-Saint,bon, vivifiant et consubstantiel vous. Maintenant. Le peuple : Amen.Le diacre : Bnissez, Seigneur.Le prtre : Daignez nous bnir, nous garder, nous sanctifier, nous

    protger et nous montrer la voie de la vie et du salut (1). Et de notrebouche, sortira la louange de votre souverainet, notre Seigneur etSauveur de nos mes, pour toujours.

    Fin de la consignation du calice.Paris. Michel Rajji.

    (I) Jusqu'ici, c'est le commencement d'une bndiction finale, qui termine laliturgie de la messe. Cette bndiction, plus longue que la prsente, ne se trouvepas insre dans le corps des anaphores; car elle est invariable.

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    LE RITE DE L'EXTREME-ONCTIONDANS L'GLISE GRCO-RUSSE

    Un moine-prtre de la laure de S.-Serge, proche de Moscou,a publi rcemment une longue tude historico-liturgique surl'Extrme-Onction (1). Etude assurment trs documente,fouille jusque dans les dtails. Les sources que l'auteur cite enappendice comprennent quelque 150 manuscrits, tant^ grecsque slaves, conservs dans les bibliothques de Russie, musesou couvents, comme aussi dans les monastres du mont Athosou de Constantinople. C'est dire que nous avons l, touchant lerite de rExtrme-Onction, un travail difi sur de solides mat-riaux. Il nous vient assez rarement de Russie en matire dethologie ou de liturgie un ouvrage qui fasse rellement avan-cer une question et sur lequel on puisse faire fond.

    Il parat donc utile de rsumer pour les liturgistes ou tho-logiens franais les conclusions de cette histoire du rite del'Extrme-Onction.

    Disons-le ici une fois pour toutes. En dehors de quelquesannotations qui apparatront trs clairement et o il nous aparu utile de relever telle assertion discutable, nous faisonsdans cet article uvre de rapporteur et rien de plus. L'auteurrusse conserve tout le mrite comme aussi la responsabilit dece que contiennent les pages qu'on va lire.

    Dans notre glise latine, le rite de l'Extrme-Onction est l'undes plus longs rites .sacramentaires. Dans l'glise russe il estgalement, au moins sous sa forme complte et solennelle,

    (1) lepoMOiiax-b BeHefluKTT> (A.ieHTOEi>) : Hini-b TaiiHCTBa Ejieociiiuneiiia.IIcTopiiKO-.'iiiTyprHuecKh'i onopit-b. CepricBi Hocaflt. 1917.

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    LE RITE DE L'EXTRME-ONCTION. 41 la seule ifailleurs que connaisse If rituel, fort tendu.Le fait ne laisse pas que d'tonner si l'on songe qu'il s'aL;itd'un sacrement destin aux malades, lesquels sont souventassez gravement atteints pour n'avoir ni les forces ni le tempsde supporter une crmonie prolonge. L'histoire donne bienl'explication de ce fait assurment trange. Elle montre quede mme que notre crmonie de l'ordination sacerdo-tale est intimement lie au sacrifice de l'autel, le sacrementdes malades a fait corps trs longtemps en Jrient avec lamesse, et que cette messe tait elle-mme prcde d'une par-tie de l'office canonial, savoir des F'" vpres et des matines,et accompagne de nombreuses prires et chants liturgiques.

    Dans les questions de rites sacramentaires qui sont avanttout des questions de pratique religieuse, l'histoire suflit leplus souvent expliquer ce que l'glise a dtermin et con-sign dans ses livres rituels.

    Toute histoire de l'Extrme-Onction doit commencer par ten-ter d'claircir le problme du silence des premiers siclesrelativement c'e sacrement. Ce silence pourrait bien s'expli-quer, d'aprs l'ouvrage que nous analysons, par le ' largeemploi non sacramentel que les chrtiens faisaient de l'huile.

    Paens et Juifs, Grecs et Romains s'en servaient couram-ment pour panser les blessures. L'histoire du bon Samaritain etl'exemple des aptres (Me. vi, 13) en sont la preuve. L'huiles'emploie seule ou encore mlange avec du vin, et cette parti-cularit mme, on le verra plus loin, ne sera pas oublie quel-que jour dans l'glise grecque. Chez les chrtiens, toutcomme chez les Juifs, l'huile ne cesse pas d'tre utilise commeremde; son usage sacramentel mis part, on lui attribue unevertu curative spciale; particulirement enicace est l'huileconsacre par des personnages de saintet reconnue.

    TertuUien nous rapporte que le chrtien Proclus gurit l'em-pereur .Svre en l'oignant dhuile (1 ). Et les exemples abondent.tendant encore cet usage, les chrtiens des premiers siclesse servent avec une confiance particulire de l'huile des lampessuspendues devant les images saintes ou prs des tombeaux

    (1,1 Tertull. A'I Sca/tul., c. 4.

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    LE RITE dp; l'extrme-onctiox. 43sible de la donner ailleurs que dans les maisons prives. Aconsidrer les textes du Nouveau Testament qui peuvent nousrenseigner sur la pratique du temps apostolique, TExtrme-Onction devait plutt tre donne dans les habitations particu-lires. L'aptre S. Jacques, dont une phrase est capitale enl'espce, dit : .Si quelqu'un est malade, qu'il fasse venir lesprtres , et non pas qu'il aille les trouver. On peut tenir pourcertain qu'aux deux premiers sicles du christianisme telle futla pratique commune. Au surplus, durant les perscutions, yavait-il d'autre moyen de confrer le sacrement aux maladesqu'en allant chez eux?Pour les sicles suivants nous possdons quelques docu-ments. Documents indirects dabord. Les Constitutions aposto-liques (I), les Canons d'Hippolyte (2) indiquent que les vquesdlguaient les diacres et les diaconesses pour visiter les maladesquand ils ne pouvaient y aller eux-mmes, et >ls les guris-saient. S. Augustin se rendait chez ceux qui le demandaient etleur imposait les mains (3). Ne doit-on pas penser que dans cespieuses visites l'Extrme-Onction tait donne aux malades?Document direct : c'est la lettre du pape Innocent I" Decen-tius (4). Elle dit expressment qu' dfaut des vques il appar-tient aux prtres d'aller chez les malades pour leur donnerl'onction.On peut conclure que jusqu'au \i' sicle le sacrement desmalades s'administrait, en gnral, dans les demeures prives.Se donnait-il aussi dans l'glise;' Oui, mais rarement. A peinetrouvons-nous sur ce point quelques documents. Un du iv" si-cle : Isaac d'Antioche dit que les fidles amenaient leurs ma-lades au saint autel (5). Les Canons d'Hippolyte (6) font gale-ment une obligation aux malades de venir l'glise o l'onprie pour eux, s'ils veulent tre guris.Au vi" ou vu" sicle, il apparat que la pratique liturgiquechange. L'glise semble devenir le lieu ordinaire o ss con-

    (1) Constit. Apost., 1. UI. c. 19.(-2) Canones Hippolyti, c. xxiv, 19!t, 2CK).(3) Vita Augustini, c. 27. Migne 3-'. 50.(4) Denzinger-Bannnart, 99.() S. Isaaci Anliocheni opra omnia, I, 187. Bickel, Gissae, 1873.(6) Canones Hippolyti. c. xxi. 219.

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    Il REVUE DE I. OlilENT CHRETIEN.fre rExtrme-Onction. Et la cause de ce changement est degrande importance : il s'talilit un lien troit entre le rite del'onction et la messe; dus lors, comme la messe, l'onction s'ac-complit dans le temple. Et cette pratique dure aussi longtempsque l'Extrme-Onction reste lii-e au sacrifice de l'autel, environjusqu'au xiv'' sicle.

    Cet important changement est attest formellement par plu-sieurs manuscrits grecs (1). Il est confirm par certains faitscaractristiques, par exemple par l'usage remontant au vi" ouvil'' sicle de construire des hpitaux attenant aux glises. Pourque les malades puissent commodment recevoir l'onction.sainte, le mieux est de les loger prs de l'glise. D'ailleurs, parune sorte de contre-influence, la construction des hpitauxtout voisins des glises fortifie la pratique de ne plus confrerl'Extrme-Onction que dans le temple : la difficult qui exis-tait jadis d'amener les malades a t supprime (2).A partir du xiii" sicle, l'habitude se perd de btir des hpi-taux prs des glises, et en mme temps celle de donner lesacrement des malades dans le temple. Les manuscrits grecscomme aussi les slaves indiquent la fois l'glise et la maisonprive comme lieux ordinaires o se donne l'onction, la pre-mire rpondant davantage au caractre sacr, la seconde plusconforme la pratique primitive.

    Quel est le miniistn' dsign de l'Extrme-Onction dans laprimitive glise? S. Jacques dit ces simples mots : Appelezles presbytres. Il n'en prcise pas le nombre. Sans doute aux

    (1) Eucologe de Barberini, du ix sicle, publi dans Goar, EyoXov'oi', siverituale Graecorum complectens ritus et ordines, Vened., 1730. Eucologeri 213, dat de 1027, aux mss. de la Bibl. Nat. de Paris. JIss. de la Bibl. duSina, Eucologe n" 973, dat de 1153. Ces deux derniers documents setrouvent dans l'important ouvrage du Prof. A. Dmitrievski : Oniicaiiie .luryp-niiecKiixT> pyKoniiceii, xpaKamiixcji bt, dn.iioTeKaxi, npaBoc.iiaBuaroBocTOKa. n-ii tom-l. E/wr'*- l'^iev, 1901.

    (2) L'auteur ajoute ici deux autres raisons qui auraient amen donner l'Ex-trme-Onction dans rglise. C'est que, d'une part, dans l'glise orientale tousles sacrements se confrent dans le temple; d'autre part, l'onction sacramentellefut donne dans les premiers sicles aux pnitents et en gnral tous ceuxqui la dsiraient pour se purifier de leurs fautes et se mieux prparer l'Eu-charistie; or ceux-ci taient videmment dans l'glise. Nous admettons bienla premire assertion; mais la seconde est fort discutable.

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    LE RITE DE l'eXTRME-ONCTION. 15tout premiers sicles, durant les perscutions, un seul pres-bytre donne le .sacrement. Du iV au vi" sicle des documentstmoignent qu'il en est de mme. Pourtant il y a tendance pratiquer plus la lettre l'avis de l'aptre d'appeler plusieursprtres. L'vque d'Orlans, Thodulphe, au i\" sicle com-menant, parle de trois prtres ( 1 ), Le rite comprend une tripleonction et trois signes de croix chaque onction. La symtrieest donc plus complte. \'ers la mme poque, c'est--dire partir du vu' ou viii" sicle, se dveloppe, en Urient surtout,l'usage d'appeler sept prtres. Ds le ix*' sicle, les rituels nousdonnent cette pratique comme bien tablie. L'glise dsormaislibre en son culte lui confre tout l'clat possible et prescritque l'onction des malades sera faite non pas par trois ^^eule-ment, mais par sept prtres. Aussi le patriarche Jean Veck(xni'' sicle) appelle-t-il l'Extrme-Onction d'un mot qui pour-rait tre traduit en latin septisacerdotium (2).Le dsir de solennit faisait oublier le ct pratique. Il tait

    souvent impossible de runir sept prtres. En ce cas, lesanciens rituels manuscrits recommandent deux ou trois pr-tres. Un seul suffit-il'? Simon, vque de Thessalonique, quiest l'oracle de la liturgie orientale au xv'' sicle, rpond carr-ment : non (3). C'est un peu trop de svrit. Les thologiensgrecs du xvi'' sicle admettent en cas de ncessit trois prtres,ou mme deux ou un seul. Et aujourd'hui encore, si le rite ortho-doxe de l'Extrme-Onction comporte sept prtres, comme ilcomprend sept pitres. sept vangiles, sept prires, sept sriesd'onctinns, il admet aussi, conformment la doctrine desthologiens grecs actuels qui font autorit, Msoloras et Rhallis,trois, deux ou mme un prtre (1).

    Les vques sont-ils aussi les ministres de l'E-xtrme-Onc-tion?

    tant les successeurs des aptres, la rponse ne fait aucundoute. Toutefois dans la pratique, en Orient comme en Occi-

    (1) Martne. De anliquis ecclesiae rilibus, I, 845.(2) Epist. ad .loannem Papam. Migne, S. G. 141, 948.(3) Dmitrievski, op. cil., II. 3G4.(4i MtTOwpa; I. E. 'Ey^^tipiiov >,tTO-jpyf/.r,; t^; poo^o-j vaTO>.txi ixx)-/;^!;.

    Athnes, 1895, p. 22u. 'PXr, K. Ospi tmv [i-jur/ipiu-/ zf,: [lETavoia; xai to\i 0-/-aio'j. .A.thnes, ItMJ, p. 112.

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    46 REVUE DE l'orient CHRTIEN.dent, partir du iv'' ou du v'' sicle, l'vque donne trs rare-ment lui-mme le sacrement de l'Onction. En Occident, depuisle v" sicle, la conscration de l'huile est rserve l'vque,l'onction aux prtres; si bien que l'on en vient douter sil'vque possde le pouvoir de donner l'onction..C'est prcis-ment ce doute que rpond le pape Innocent l" dans sa lettreclbre Decentius :

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    LE RITE DE l'EXTRME-OXCTION. 47trme-Ouction. S. Tliomas l'appelle le sacrement des mou-rants , et le Concile de Trente, sacramentum exciintium.

    Pendant ce temps, l'glise d'Orient conserve l'ancien usage.Elle regarde toujours l'onction comme tant le sacrement desmalades, destin les gurir, donc devant tre donn quandils sont encore gurissables. Les rites et prires employs dansle sacrement montrent qu'il est question de retour la viebien plus que de passage l'autre vie. Et les textes des tholo-giens grecs ou slaves sont explicites. Mitrophane Critopoulocrit : Ce sacrement s'appelle l'onction-prire (mo.iiitbo->iac.iie) et non pas l'Extrme-Onction, car nous n'attendonspas que le malade soit la mort, mais nous usons de ce sacre-ment pour demander Dieu sa gurisou (1).

    Il semble mme que du x" au xvii sicle environ l'glise d'O-rient ait largi considrablement sa pratique en cette matire..Se fondant sans doute sur le texte de S. Jacques qui promet,avec la sant du corps, celle de l'me, elle admit l'onctionnon seulement les malades, mais encore tous ceux qui la dsi-raient pour se purifier plus compltement de leurs pchs.Dans les nombreux rituels manuscrits grecs ou slaves qui nousont t conservs et qui dtaillent cet interminable rite dontnous parlerons plus loin, on n'aperoit nullement que celui quireoit l'onction soit ncessairement un malade. Plus d'unel'ubrique indiquerait bien plutt qu'il s'agit d'un homme par-faitement valide : telle celle-ci qu'aprs avoir reu l'onction ondoit passer sept jours dans le temple.A partir du xvii" sicle, l'glise russe se spare quelque peude l'glise grecque. Celle-ci reste fidle sa pratique sculaire. Le sacrement de l'onctiOn. dclarent en teraies presque iden-tiques les deux thologiens grecs modernes. M.soloras et Rlial-lis, et il s'agit bien de ce que nous appelons l'Extrme-One-tion. peut tre donne tout lidle, qu'il soit malade oubien portant, ds lors qu'il en prouve le dsir [i). L'gliserusse, elle, tend se rapprocher de l'glise latine ; l'Extrme-Onction y est exclusivement le sacrement des malades, avanttout de ceux qui sont gravement malades, mais aussi des

    il, Jlichalcescu lo. Die Dekenntnisse und die wichtigsten Olaubemeugnisseder rjriechisch-t/rientalischen Kirche. Leipzig, 1904, p. 23-1.

    (2) Msoloras, op. cil., p. 218. Rliallis, op. cil., p. 115.

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    48 REVUE DE l'orient CHRTIEN.autres qui en auraient la dvotion. Sans doute, ce. te dvotionest-elle rare; car en fait, en Russie coname en France, on attendgnralement le deriiirr moment pour la recevoir, et mme lagrande majorit des orthodoxes s'en passent compltement.

    Il y a lieu de signaler encore deux pratiques intressantespour l'histoire du rite de l'Extrme-Onction. L'une remonte auX'' sicle et semble n'avoir t abolie que par le rituel de PierreMoghila en 1G40 : elle consistait k faire suivre les onctions dumalade de l'onction de tous les assistants et des prtres eux-mmes.

    L'autre pratique n'a pas encore disparu compltement del'glise russe. C'est l'onction gnrale dans le temple cer-taines ftes et en certains lieux. Actuellement encore, le Jeudi-saint, dans lalaurc de S. Serge, prs de Moscou, tous les fidlesreoivent l'onction sainte : simple reste d'une pratique autrefoisbien plus rpandue et en connexion certaine avec l'usage plustendu en Orient de l'Extrme-Onction (1).

    Venons-en la matire de l'onction. C'est donc l'huile.Aucun doute sur ce point. Mais dans le rite russe actuel il estdit que l'huile consacrer et nous avons fait remarquer quedans l'glise orientale l'huile est consacre pour chaque maladeen particulier l'huile est verse dans la lampe de l'onction (KaHiiHJio MOJinTBOMacuia). Cette lampe a son histoire. DjS. Jean Chrysostome y fait allusion par deux fois ('2). Actuelle-ment, sauf dans les grandes glises o la consommation peuttre assez considrable, l'huile qui sert l'onction des maladesest prise dans la lampe suspendue devant l'image du Sauveurou de la Vierge. Et cet usage parat l'emonter jusqu'au vi" si-cle. Les Syriens et les Maronites appellent TExtrme-Onctionle' sacrement des lampes . Chez les Syriens il existe deux

    (1) L'auteur de l'ouvrage que nous rsumons indique deux autres catgoriesde gens qui autrefois rExtrme-Onction tait donne. 1 Les pnitents. L'onc-tion tant, d'aprs S. Jacques, destine remettre les pclis, il tait naturelque la pnitence publique se termint par l'absolution et par l'Extrme-Onclion. Tmoin cei-tains textes d'Origne ou de S. Jean Clu'ysostome. Cetteassertion est fort liasarde et les textes qu'on allgue ne sont rien moins queprobants. 2 Les morts. Nous parlerons de cette pratique avec quelques dtails la fin de cet article

    (2) Cf. M ign S. G. 57, 384, et 54, 587'

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    LE RITK DE L'EXTRKME-ON'rTIOX. 49bndictions de l'iiuile, l'une nomme rite de la grandelampe . l'autre rite de la petite lampe .

    Le rituel russe actuel indique que dans la lampe de l'onc-tion on doit verser avec l'huile du vin. A quelle poque com-mena-t-on mler du vin l'iiuile de l'onction? Il est impos-sible de le dire avec prcision. Que l'origine loigne en soit letexte vanglique du bon Samaritain, cela ne fait pas de doute.Mais aucun manuscrit n'y fait allusion avant le xii" sicle. Unmanuscrit du Sina, de 1153 (I), indique nettement qu'avecl'huile on verse dans la lampe du vin et de l'eau. Dans les ma-nuscrits postrieurs il n'est plus question que du vin; et encoreen est-il parl rarement, non pas que le rite ft sporadique oumal tabli, mais parce que un autre manuscrit le dit claire-ment (2) le vin tait mis dans la lampe avant la crmonie.Une restait donc plus qu' y verser l'huile et ds lors les rituelspeuvent porter cette simple rubrique : Le prtre verse l'imiledans la lampe en disant telle prire.

    Des manuscrits slaves et des ditions vnitiennes de l'euco-loge grec datant du milieu du xvi" sicle permettent de con-clure qu'en certains lieux on mlangeait encore de l'eau l'huile, soit en plus, soit la place du vin. L'origine de cetusage est bien claire aussi. Dans les rites ciirtiens de la puri-fication on sait de quelle impurtance tait l'eau. Dans l'glisedes premiers sicles les mmes formules de bndiction ser-vaient sanctifier l'eau et l'huile. Lavacrum, oleum, tels taientles deux grands modes de rmission des pchs. Rien d'ton-nant par consquent de voir mler l'huile des infirmes l'eaupurificatrice.Dans l'glise latine on retrouve aujourd'tiui encore un autre

    emploi trs ancien de l'eau au saci'ement de l'Extrme-Onction.L'eau n'est pas ici mlange l'huile, mais le prtre s'en sertpour asperger la couche Vt la maison du malade en y entrant.Les deux glises ont volu dans des sens diffrents. Actuelle-ment d'ailleurs l'glise russe a cess compltement d'employerl'eau; et c'est pourquoi le rituel porte cette phrase que au lieud'eau il faut mettre du vin dans la lampe de l'onction .

    (1) Eucologe n 973, dj cit.(2) Eucologe n 950. du xi\' .sicle, la Bibliothque du Sina.

    ORIENT CHRTIEN.

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    50 REVUE DE l'orient CHRTIEN.Aprs cet expos d'un certain nombre de questions relatives

    l'Eixtrme-Onction, notre auteur en vient tracer l'volutiondu rite au cours des sicles.Le texte fondamental de l'aptre S. .Jacques en prcise lesdeux lments constitutifs que l'glise, surtout l'glise d'O-rient, dveloppera en deux vastes crmonies : la prire desprtres pour le malade orent super euni , l'onction urgen-tes eum oleo in noinine Domini .Comme nous l'avons fait remarquer dans les pages qui pr-cdent, les premiers sicles ne nous ont laiss aucun docu-ment prcis sur la manire dont le sacrement des malades taitadministr. Il ne faut pas cliercher de rituel au temps desperscutions. Les premiers renseignements un peu circonstan-cis que nous ayons sont du iv'' sicle. Rien n'empche d'ail-leurs de supposer que les prires et les rites consigns par descrivains du iv" ou mme du vii sicle aient t employs bienlongtemps avant le jour o ils ont t enregistrs dans lesmanuscrits parvenus jusqu' nous.Le plus ancien monument que nous possdions il est dujv" sicle se trouve dans l'Eucologe de Srapion de Thmuis.Ce sont deux prires pour la bndiction de l'huile. L'uned'elles est intitule : Prire sur /Imite des malades, ou sur lepain, ou sur l'eau (1). Une autre prire pour la conscration del'huile ou de l'eau se lit au livre VIII, chap. "29, des Constitu-tions apostoliques (dbut du V sicle). On voit d'aprs ces titresqu'une mme formule pouvait tre utilise pour diffrents objets.On peut se demander seulement s'il s'agit bien l de cons-crations destines un rite sacramentel de l'huile, ou simple-ment de lindictions de substances dont les chrtiens ferontun pieux usage. La premire hypothse semble seule autorisepar le contexte, lequel renferme un ensemble de formulesrelatives aux autres sacrements, et dont le caractre ne doitfaire aucun doute.Vers le v" sicle encore (2), le Testamentum Domini N.

    (1) Cap. i9. J'ai r(?procUiit cette prire dans mon Enchir'ulion patristicum,n 12-11.

    (2) Notre auteur donne ce Ti'slamcntuui Domini comme tant du uv sicle, cequi l'erait de ce document le p!us ancien de tous. C'est une erreur. 11 date toutau plus de la fin du iv sicle et plus probablement du y.

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    LE RITE DE l'eXTRME-ONCTIOX. 51J. C, manuscrit d'origine syrienne ou gyptienne, dit en1899 par W^ Rahniani, contient une prire prcde de cetterubrique : Si le prtre consacre l'huile pour gurir les malades,alors plaant le vase d'iiuile; devant l'autel, il rcite la priresuivante... Tous ces documen