revue de la science de l'information - … · années déjà et d’une manière...

86
REVUE DE LA SCIENCE DE L'INFORMATION REVUE DE LA SCIENCE DE L'INFORMATION Décembre 2010 20 Revue éditée par l'Ecole des Sciences de l'Information

Upload: dinhthuan

Post on 15-Sep-2018

219 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

20

REV

UE

DE

LA S

CIE

NC

E D

E L'

INFO

RMA

TIO

NRE

VU

E D

E LA

SC

IEN

CE

DE

L'IN

FORM

ATI

ON

ce

mb

re

2

01

0

20

RE

VU

E D

E L

A S

CIE

NC

E D

E L

'IN

FO

RM

AT

ION

DE

CE

MB

RE

20

10

20

Revue éditée parl'Ecole des Sciences

de l'Information2

01

0

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

Couverture ESI n°20.pdf 25/03/11 16:13:46Couverture ESI n°20.pdf 25/03/11 16:13:46

REVUE DE LA SCIENCE DE L'INFORMATIONn° 20 • Décembre 2010

Directeur de publicationEl Hassan LEMALLEM

Rédactrice en chefNajia ABDALLAOUI MAAN

Comité de rédaction

Mouna BENSLIMANENajima DAOUDI

Noureddine ELMQADDEMHassan El OUAZZANI

Hanane EL YOUSFIHayat ZEROUALI

Ecole des Sciences de l'Information

Ecole des sciences de l’information (ESI), avenue Allal El Fassi,cité Al Irfane, B.P. 6204 Instituts - Rabat - Maroc

Tél. : 0537 77 49 04 / 77 49 13 - Fax : 0537 77 02 32Site web : http://www.esi.ac.ma/webesi/resi.htm

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 1

Les opinions exprimées dans la revue n'engagent que leurs auteurs.

Toute reproduction ou traduction, même partielle, des articles ne sontautorisées qu'avec citation de la source et du nom de l'auteur.

Les articles adressés à la revue, même non publiés,ne seront pas renvoyés à leurs auteurs.

ISSN : 1113-4844Dépôt légal : 43/1995

Pré-presseBabel com

Tél. : (212) 05 37 77 92 74 / 05 37 77 03 31

Imprimerie Al Maârif Al Jadida

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 2

La Revue de la Science de l’Information (la RESI) est une publicationacadémique, créée en 1994 par l'Ecole des Sciences de l'Information deRabat. Elle a pour but principal la contribution au développement de lascience de l'information.

Cette revue publie des réflexions, résultats de recherches, d'études etd'expériences en science de l’information et des matières connexes :

• bibliothéconomie et documentation ;• archivistique et record management ;• management et management des systèmes de l'information.• intelligence compétitive et veille stratégique.

La RESI s'adresse aux enseignants-chercheurs, aux étudiants, auxprofessionnels de l'information ainsi qu'aux décideurs et aux gestionnaires.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 3

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 4

TABLE DES MATIERES

Editorial Hanane El Yousfi ..................................................................................... 7

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électroniqueBoubker Sbihi ......................................................................................... 9

La Bibliothèque numérique mondiale et l'accès universel au savoirAbdelaziz Abid ....................................................................................... 35

Education aux médias et à l’informationIto Misako ............................................................................................... 47

Pour une politique nationale d’intelligence économique au MarocMohammed Senoussi .............................................................................. 53

Compte-rendu de lectureNoureddine ELMQADDEM ..................................................................... 69

Bloc-notes ............................................................................................... 75

Agenda .................................................................................................... 79

Recommandations aux auteurs ................................................................ 83

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 5

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 6

Si la RESI présente aujourd’hui une continuité à travers ses objectifs entant qu’espace de partage et de réflexion sur le domaine de la science del’information, elle marque une évolution de plus en plus prononcée vers denouvelles thématiques liées à l'évolution du domaine sur le plan national etinternational.

Ces nouvelles thématiques, mixant à la fois des aspects professionnels etscientifiques du domaine, offrent une place majeure aux nouvelles méthodesde gestion, de capitalisation et de communication de l’information, maisaussi aux outils technologiques qui ont radicalement transformé les modes deconception et d’usage des contenus informationnels.

Ainsi la publication de ce numéro 20 de la RESI s’inscrit-elle dans cettevision alliant les pratiques professionnelles à la réflexion scientifique etintroduisant des thématiques d’une grande actualité, à savoir : l’informationnumérique, le web 2.0 et l’intelligence économique.

Pour le thème de l’information numérique, nous retrouvons deux articles :un traitant de l’impact des réseaux sur le processus classique de productionet de diffusion de l’information et un autre présentant les objectifs, la genèseet le fonctionnement de la bibliothèque numérique mondiale. Le thème duweb 2.0 est développé dans un article qui propose une stratégie pourl’intégration des outils de cette technologie en vue de l’amélioration desservices de l’administration publique. Au niveau du thème de l’intelligenceéconomique, un article suggère les grandes orientations pour une véritablepolitique nationale de l’intelligence économique au Maroc. Enfin, et dans uncadre plus général, nous retrouvons un article sur la société du savoir.

Ces contributions provenant de différents horizons traduisent à la fois lacohésion et la diversité des expériences et des approches, et elles permettentau chercheur, au professionnel et à l’étudiant de trouver des éléments deréponse à des problématiques ou de soulever des questionnements quipréoccupent la communauté des scientifiques et des professionnels dudomaine.

Hanane El Yousfi

EDITORIAL

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 7

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 8

LES OUTILS DU WEB 2.0 AU SERVICEDE L’ADMINISTRATION ÉLECTRONIQUE

Boubker SbihiEnseignant-chercheur

Ecole des sciences de l'information,[email protected]

Résumé

De nos jours, l’Administration publique offre un nombre varié etimportant de services à ses usagers. Ces services souffrent généralementd’une lenteur souvent exagérée, d’une grande bureaucratie et, dans laplupart des cas, d’une rupture complète avec ses usagers. Afin demoderniser ses services et d’améliorer leur qualité, elle a utilisé, depuis desannées déjà et d’une manière incrémentale, les TIC afin d’atteindre lesobjectifs fixés. Des gains importants en termes d’efficacité, de qualité deservice, de productivité et de délai d’exécution se sont rapidement faitsentir auprès des usagers. Par ailleurs, avec la large utilisation et la diffusiondes outils sociaux du web 2.0 souvent gratuits et leur adoption par lesjeunes générations, il s’avère indispensable de les intégrer, en plus des TICtraditionnels, pour repenser les anciens services et en proposer denouveaux pour répondre aux nouveaux besoins recensés.

C’est dans ce contexte que se positionne notre article, qui a pourobjectif de proposer une stratégie méthodologique basée sur les outilssociaux du web 2.0 permettant d’intégrer et de repositionner davantage lesusagers dans la vie politique afin de garantir une bonne gouvernance dansle contexte national et d’atteindre les objectifs tracés par les politiquespubliques.

Mots-clés : e-Administration, web 2.0, outils sociaux, qualité de service.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 9

Boubker Sbihi10

RESI, n° 20, décembre 2010

1. INTRODUCTION

Aujourd’hui, pratiquement tous les domaines de notre vie courante sontcouverts par les technologies de l'information et de la communication,contribuant ainsi à la réalisation des tâches quotidiennes à des fins aussi bienpersonnelles que professionnelles. C’est ainsi que là où elles sont intervenues,elles ont contribué efficacement à l’amélioration de la productivité et à laréalisation efficace des différentes missions ; parmi les domaines qui en onttiré un grand profit, on peut citer celui de l’enseignement qui a migré vers lee-Learning, celui de la finance vers la e-finance ou encore celui de la justicevers la e-justice...

L’administration publique ne fait pas exception : grâce aux technologies del'information et de la communication, elle a modernisé son fonctionnement etses services dans l’objectif de mieux répondre aux besoins du grand public etde rapprocher encore plus l’administration du citoyen.

Toutes les définitions du terme e-administration concordent pour le définircomme l’usage des TIC en vue de réaliser un objectif public dans lesmeilleures conditions. En effet, le terme e-administration est défini parl’Union européenne comme « l'utilisation des technologies de l'informationet de la communication dans les administrations publiques, associée à deschangements au niveau de l'organisation et à de nouvelles aptitudes dupersonnel afin d'améliorer les services publics et renforcer le soutien auxpolitiques publiques » (Union européenne, 2006).

Pour sa part, L’OCDE (1) définit l’administration électronique comme étant« l’usage des technologies de l’information et de la communication et enparticulier de l’internet en tant qu’outil visant à mettre en place uneadministration de meilleure qualité » (Lau, 2004).

Anderson définit la e-administration comme étant « l’utilisation par l’Etatdes nouvelles technologies de l’information et de la communication pourassurer la marche régulière des services publics tant pour son fonctionnementinterne qu’en faveur des usagers » (Andersen, 2000).

(1) Organisation de coopération et de développement économiques.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 10

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 11

RESI, n° 20, décembre 2010

Au final, nous pouvons donc conclure que l’administration électroniquedésigne le recours aux différentes technologies de l'information et de lacommunication par les administrations publiques en vue d’améliorer sonefficacité, la qualité des services et d’optimiser les délais d’exécution. Detelles attentes sont partagées par les usagers de la e-administration,dénommés partenaires, et qui sont au nombre de quatre, représentés dans lafigure suivante :

Figure 1Les usagers de la e-administration

Citoyen

Entreprise

Usagers de lae-administrationAssociation Collectivité

locale

Plus concrètement, l’administration électronique vise à desservir d’unemanière optimale et correcte les usagers dans un contexte de mondialisationen toute équité et transparence et où qu’ils se trouvent ; pour y parvenir, elles’attachera à améliorer les processus de la circulation de l’information etfaciliter la communication entre les usagers et l’administration.L’administration électronique est, pour ainsi dire, une solution qui assurera ledéveloppement d’un vaste système d’information se traduisant par deséconomies de temps, des efforts et de coûts. La figure suivante montre lesobjectifs de base qu’elle vise en faisant appel aux TIC.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 11

Boubker Sbihi12

RESI, n° 20, décembre 2010

Il est certain que l’usage des technologies de l'information et de lacommunication d’une manière professionnelle et plus spécialement l'internet etson usage par ses différents partenaires ne manqueront pas d’améliorer lesservices offerts par l’administration publique ; il suffit de rappeler à ce proposl’apport considérable des nouvelles modalités de service sous forme depaiement en ligne, de vote électronique ou encore de gestion des documentsadministratifs. C’est dans ce sens qu’il convient de comprendre l’optimisme duministère marocain de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologiesquant au niveau satisfaisant du taux de pénétration des TIC dans les entrepriseset l’expansion de son utilisation ; aussi conclut-il que ces deux facteurs jouerontincontestablement un rôle important dans le développement d’une économiedu savoir et dans la capacité des entreprises à produire une valeur ajoutéesupérieure et créer de nouveaux gisements d’emplois (MICNT, 2010).

Faut-il rappeler que l’administration électronique ne se limite pasuniquement à l’internet mais qu’elle le dépasse pour concerner égalementl’utilisation de certains services électroniques anciens accessibles hors du nettels que le téléphone ou encore le fax ? C’est le cas notamment de latechnologie biométrique utilisée actuellement au Maroc dans la gestion des

Figure 2Les objectifs visés par l’administration électronique

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 12

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 13

RESI, n° 20, décembre 2010

passeports (passport biométrique, 2010) ou encore des procédures sécuriséesfutures de vote électronique par le biais d’une carte à puce ou d’empreintesdigitales.

L’objectif de notre contribution est de proposer une stratégie visant uneplus grande intégration des usagers dans la vie politique par le biais des outilssociaux du web 2.0 dans un contexte national ; de la sorte, l’administrationsera beaucoup plus proche de ses usagers et en mesure de repenser lesservices qu’elle offre actuellement et qu’elle offrira dans le futur en adoptantune approche centrée sur les usagers et tenant compte de la culture et dessouhaits de la population ciblée.

Dans ce qui suit, on présentera les concepts ainsi que les outils du web 2.0,puis on exposera les concepts de l’administration électronique ; tel est lecontenu du paragraphe 3 ; on proposera par la suite dans le paragraphe 4l’utilité de l’intégration des outils du web 2.0 dans l’administration électroniquedonnant le nouveau terme e-administration 2.0 ; on présentera ensuite leséléments d’une stratégie qui permettra d’intégrer les outils du web 2.0 dans unprocessus social d’identification des besoins et de modernisation desprocédures dans un dernier paragraphe, avant de terminer avec une conclusiongénérale où on présentera un ensemble de perspectives.

2. LE WEB 2.0

Le coup d’envoi du web 2.0 – ou encore le web collaboratif – fut donnépar Tim O'Reilly il y a une quinzaine d’années (O’Reilly T., 2005) ; sous cetteforme, le web présente une nouvelle vision et un changement de baseconsidéré comme une réelle évolution ; en effet, il a augmenté sa quantitéd’informations et a permis une certaine organisation de ses utilisateurs sousforme de communautés participant à la production, la communication, lepartage et la diffusion des contenus (Musser and O’Reilly, 2006).

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 13

Boubker Sbihi14

RESI, n° 20, décembre 2010

Grâce à cette vision du web, chaque utilisateur augmentera l’utilité duréseau et participera à la création d’une intelligence collective en utilisant desmilliers de services en ligne sur le net dont certains sont accessiblesgratuitement. Sa définition et donc la précision de son contenu se sontenrichies de plus en plus grâce aux apports progressifs d’un certain nombrede spécialistes en la matière.

On peut déduire, à la lecture de ces différentes définitions, que le web 2.0nécessite une définition plus élargie, intégrant tous ses différents aspects etnon pas seulement les seuls aspects sur lesquels chaque auteur met l’accent.

Auteur Définitions du web

(Devis, 2005) Le web 2.0 apparaît comme une philosophie d’ouverturesociale dont le but est d’abandonner le contrôleindividuel au profit de la participation du plus grandnombre.

(Mac Manus, 2005) Le web 2.0 est un web social, ouvert, qui laisse lecontrôle des données et qui mélange le global au local. Ilcorrespond à de nouvelles manières de rechercher etd’accéder au contenu.

(Miller, 2005) Le web 2.0 est un regroupement égal d'évolution et derévolution qui a profité de l’utilisation des standardsexistants tels que HTML, CSS et XML et la présence dunavigateur web.

(Musser and al, 2005) Le web 2.0 consiste à ne plus considérer l’utilisateurcomme un simple consommateur de l’information maisplutôt comme producteur potentiel de contenu et doncun acteur vital à l’alimentation du web 2.0.

(Anderruthy, 2007) Le web 2.0 apparaît comme une philosophie d’ouverturesociale dont le but est d’abandonner le contrôleindividuel au profit de la participation du plus grandnombre, fruit de plusieurs changements technologiques,sociaux, culturels et économiques du réseau interne.

Tableau 1Les différents types de définitions du web 2.0

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 14

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 15

RESI, n° 20, décembre 2010

Pour revenir au promoteur du web 2.0, Tim O’Reilly (O’Reilly T., 2005), nouslui emprunterons l’évolution de cet important levier de l’administrationpublique qui se compose de sept concepts essentiels ; en les analysant nous yavons décelé trois grands aspects parfaitement complémentaires, à savoir :l’aspect technique, l’aspect humain et l’aspect financier.

L’aspect technologique intervient à 3 niveaux synthétisés.

Tableau 2L’aspect technologique web 2.0

Conversion du web enune plateforme deservices

Création d’interfacessouples et légèresbasées sur les standardset protocoles web

Ouverture du web surdifférents dispositifsmatériels autres que lePC

Le web passe d’une collection de sites web à uneplateforme informatique fournissant des applicationsdiverses aux utilisateurs. Il se base sur un ensemble demodèles de conception légers qui permettent lasyndication et la coopération des données et desservices…

Il s’agit de plusieurs technologies se développantchacune de leur côté combinées dans AJAX(Asynchronous JavaScript and XML) et qui sont :XHTML, CSS et JavaScript pour la présentation des sites,DOM (Document Object Model) pour l’affichagedynamique et interactif, XML (Extensible MarkupLanguage) pour la manipulation de données.

Le web 2.0 se veut multiplateforme. Il est ouvert àl’utilisation de n’importe quel dispositif matériel autreque le PC et plus spécialement ceux qui sont mobiles etutilisant des réseaux sans fil.

L’aspect économique est essentiellement visible à travers ce qu’on appellele rendement d’échelle. En effet, le web 2.0 propose l’utilisation des logicielslibres comme solution de richesse qui s’oppose aux logiciels propriétaires.

Ce mouvement se base sur les quatre libertés qui démocratisent l’accès etla participation à la création, sur la base des anciens logiciels libres, denouveaux sous licence libre. Dans ce contexte, la production des contenusne coûtera pratiquement rien.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 15

Boubker Sbihi16

RESI, n° 20, décembre 2010

En outre, le web 2.0 se base, d’une part, sur la publicité à travers lesbannières publicitaires pour subventionner les sites et, d’autre part, sur lespaiements des accès à travers le trafic sur les sites, comme c’est le cas du siteyoutube qui permet de partager des millions de fichiers chaque jour.

L’aspect social est sans doute le plus important et se structure ainsi :

Tableau 3L’aspect social du web 2.0

Conversion desinternautes enproducteurs decontenus etd’applications

L’amélioration desservices du fait del’augmentation dunombre d’utilisateurs

Création del’intelligence collectivegrâce à la collaboration

Les internautes deviennent des producteurs decontenus et d’applications ; on passe ainsi de lanotion de “logiciel produit” à celle de “logicielservice”. De plus, le web 2.0 offre par la suite unegrande interactivité entre l’utilisateur et l’auteur,d’une part, et entre les utilisateurs eux-mêmes,d’autre part.

Le web 2.0 met à la disposition des auteurs plusieursoutils simples et faciles d’utilisation qui les inciterontà participer, d’autant plus que l’utilisation de cesoutils ne demande aucune connaissance technique.Plus le nombre de participants augmente, plus laquantité d’informations augmente automatiquementet plus le service s’améliore.

L’implication des utilisateurs dans le réseau à traversdes logiciels libres permet de tirer profit de leurintelligence et aussi de garantir leur large utilisationpuisque ce sont eux qui produisent les contenus dece nouveau mode du web et qui consommentl’information.

On peut donc en déduire que le web 2.0 est un dispositif multi-dimensionnel car il regroupe des concepts sociaux, technologiques etéconomiques. La figure suivante représente les trois dimensions de base duweb 2.0 :

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 16

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 17

RESI, n° 20, décembre 2010

Figure 3Les trois dimensions du web 2.0

Comme on peut le constater, le web 2.0 est perçu selon trois dimensionsde base où chaque dimension contribue à sa définition.

• Dimension sociale : la participation des internautes est l’élément moteurdu web 2.0 qui devient de ce fait un réel réseau d’interaction sociale. Eneffet, n’importe qui peut créer facilement un espace d’information qui devientimmédiatement accessible par n’importe qui, n’importe où et où il peutmettre n’importe quoi.

• Dimension technique : du fait du basculement de l’installation deslogiciels vers l’utilisation des services en ligne, le web 2.0 constitue unevéritable avancée technique. C’est pourquoi il est devenu une plateformerobuste pour l'innovation qui intègre plusieurs types de machines tels que lesappareils mobiles, du téléphone à la télévision.

• Dimension économique : de tradition, le financement des sites se faisaitpar les dons ou le paiement des licences d’utilisation des logicielspropriétaires. Le web 2.0, quant à lui, compte principalement sur lespublicités, les offres commerciales et les trafics réseaux.

Outre ces sept concepts de base, le web 2.0 doit aussi son succès grâce àla simplicité, la rapidité, la facilité et bien souvent la gratuité de ses outils.Nous examinerons ultérieurement les principaux outils du web 2.0 dans lecontexte de la e-administration qui sont au nombre de six, regroupés dans letableau suivant :

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 17

Boubker Sbihi18

RESI, n° 20, décembre 2010

Outils Utilité

Blogue Publication et commentaire de l’information

Wiki Intelligence collective

Réseau social Création de communautés en ligne

Flux Rss Veille informationnelle régulière

Tag Personnalisation des recherches

Podcast et Videocast Partage de fichiers audios et vidéos

Tableau 4Les outils web 2.0 et leurs utilités

En raison de la facilité et de la simplicité de leur utilisation ainsi que deleur large diffusion, les outils sociaux du web 2.0 offrent des services trèsperformants. C’est ainsi qu’ils permettent de créer, de corriger et de publierles contenus collaboratifs. De plus, leur nombre ainsi que leur diversité fontd’eux des instruments capables de proposer un environnement collaboratifexemplaire en créant le contexte favorable pour échanger et créer lesinteractions sociales.

3. L’ADMINISTRATION ELECTRONIQUE

A la disposition des citoyens, des entreprises et des collectivités locales,l’administration publique se charge de leur offrir des services nombreux etvariés. Néanmoins, elle se caractérise généralement par une lenteur exagérée,une bureaucratie et même dans plusieurs cas par une rupture complète avecses usagers. Stimulée par la modernisation de son fonctionnement et desservices qu’elle offre et afin de mieux répondre aux besoins de ses usagers,elle a adopté les technologies de l’information et de la communication ; cefaisant, elle entend améliorer son efficacité en termes de qualité, deproductivité et de délais d’exécution et se rapprocher encore plus de sesusagers.

Pour bien situer la performance dans le contexte de la e-administration, il estutile de recourir à la définition donnée par l'Union européenne (Unioneuropéenne 2006) ; celle-ci considère que la performance d'unee-administration dépend principalement de deux critères essentiels :

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 18

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 19

RESI, n° 20, décembre 2010

– la qualité de l'offre : le service doit suivre une démarche dématérialiséede bout en bout ;

– la rapidité de la réponse : le délai de réponse à une requête doit êtrecourt et optimal.

En effet, l'efficacité de l'administration se mesure par le délai et la qualitéde ses servies et par la productivité et la disponibilité de son personnel. Dansce contexte, le premier objectif visé est d’automatiser la totalité des servicespour économiser le temps et les coûts de manière à ne plus déplacer lescitoyens aux guichets. C’est exactement le contexte des services à offrir parl’administration en ligne qui consiste, selon l’Union européenne, à lesregrouper en deux services de base :

• le service à la population et aux entreprises : l’administration en ligneaux citoyens et aux entreprises ;

• le service inter-administrations : l'administration en ligne entre lesautorités nationales, régionales et locales et aussi les institutionscommunautaires (Union européenne, 2006].

Pour atteindre cet objectif, elle doit centraliser et faire partager les donnéespar les différentes administrations afin de faciliter le traitement et d’optimiserles délais d’exécution.

Dans un tel environnement, l’administration en ligne doit être accessiblecontinuellement, c'est-à-dire 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, y compris lesjours fériés et les congés. Il subsiste néanmoins un grand problème qui tientaux données personnelles touchant la vie privée des gens et qui doit êtrenormalement géré par une loi, et à l’accès qui doit être sécurisé.

L’utilisation des TIC d’une manière sécurisée permet la simplification desdémarches fastidieuses en dématérialisant à 100 % les procédures appeléestélé-procédures afin d’améliorer la disponibilité, l'accessibilité et latransparence. Comme exemple de ces services, on peut citer :

• L’obtention d’un document ou d’une pièce administrative comme :– un passeport ou une carte nationale ;– un extrait d’acte de naissance ou de casier judiciaire ;– un relevé de salaire.

• La consultation d’informations ou le dépôt de documents comme :

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 19

Boubker Sbihi20

RESI, n° 20, décembre 2010

– la consultation des remboursements maladies ;– le dépôt des déclarations fiscales.

• Autres services comme la connaissance de l’avis des citoyens sur unpoint donné.

Malgré ces multiples promesses, l’administration en ligne connaît deslimites qui se présentent comme des obstacles aux objectifs fixés qui sont de3 ordres :

• technique et organisationnel :

– la transformation de la fracture numérique entre les pays du Nord etceux du Sud par une fracture administrative inter-citoyens surtout àcause du nombre trop élevé d’analphabètes dans certains pays du tiers-monde ;

– le déploiement insuffisant d’outils robustes et sécurisés ;– l’adoption par chaque administration d’un sous-système d’information

et le manque de coopération entre les diverses administrations.

• les relations avec les usagers :

– la protection des données de la vie privée des usagers, qui est un droitnormal ;

– la rupture avec le citoyen.

• la non-évaluation des services offerts.

La condition première pour que l’administration réponde au mieux à cesnouvelles questions est d’intégrer les usagers dans tout le processus deréalisation du service, depuis la définition des besoins jusqu'à la phase demaintenance. A cet effet, on propose d’intégrer les outils sociaux du web 2.0d’une manière maximale et dans toutes les étapes comme moyen facile etefficace pour gérer et accompagner ses différentes missions permettant demener à mieux les différentes tâches. En effet, les outils du web 2.0 jouissentd’une grande popularité et donc d’une large diffusion surtout au sein de lajeunesse. Dans ce cas, les échanges d’informations entre les différents acteursde l’administration électronique seront décomposés en 2 parties :

– une partie formelle qui comporte l’information de base communiquée ;– une autre partie informelle qui accompagne l’information de base

communiquée.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 20

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 21

RESI, n° 20, décembre 2010

Les processus proposés de la circulation de l’information par les acteurs del’administration électronique sont illustrés dans la figure suivante.

Figure 4Le processus de la circulation de l’informationpar les acteurs de l’administration électronique

Administration

Informationinformelle

Informationformelle

Acteurs

L’intégration des outils sociaux du web 2.0 permettra de définir unnouveau mouvement de l’e-administration appelé Administration 2.0 et quiprovient du mixage des besoins de l’administration et des services offerts parle web 2.0, comme le montre la figure suivante.

Figure 5L’origine de l’e-administration 2.0

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 21

Boubker Sbihi22

RESI, n° 20, décembre 2010

En fait, notre travail vise deux grands objectifs :

• expression des besoins et des attentes des différents acteurs, à travers lesoutils du web 2.0 ;

• proposition des éléments d’une stratégie pour réussir l'intégration desnouveaux outils au sein de l’administration électronique, en adaptant cesmêmes outils.

4. LES MISSIONS DU WEB 2.0 EN ADMINISTRATION

Ces outils, que nous considérons comme étant les principaux dansl’environnement du web.2, remplissent trois missions importantes, dans laperspective du partage et de la communication entre l’administration et lesusagers. Nous les présenterons successivement en les intégrant dans leursmissions respectives.

4.1. Publication et gestion de contenus

Il s’agit ici d’assurer, d’une part, la publication et le commentaire decontenus en ligne et, d’autre part, la gestion de contenu de sites web en vuede l’émergence de l’intelligence collective. A cet effet, on recourrasuccessivement à deux outils : les blogues et les wikis.

• Les blogues en administration

Un blogue est un outil de publication de contenus en ligne qui permet àun internaute de publier régulièrement des informations ou de commenterl’actualité sur un sujet bien déterminé (Cyril and Turrettini, 2004). Il estgénéralement libre d'accès et permet d’informer les internautes sur lesnouveautés dans un domaine donné, remplaçant ainsi la vision de lamessagerie et du chat. C’est un véritable outil de socialisation et decommunication collaboratif qui se caractérise par la simplicité de sonutilisation, laquelle favorise une réelle interactivité et une large diffusion, touten permettant un travail collaboratif et de partage des connaissances(Ertzcheid, 2005). Dans ce contexte, l’utilisation des blogues comme moyensimple et efficace de communication et de marketing permettra l'ouverture del’administration aux avis des différents usagers et de poster des commentairesafin de participer massivement à la création et à l’utilisation des différentsservices électroniques. Il permettra de tirer profit de l’intelligence collective et

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 22

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 23

RESI, n° 20, décembre 2010

d’enrichir les expériences tout en construisant des communautés selon lesspécialités, d’annoncer les nouveautés, de discuter des problèmes et de poserdes questions aux autres responsables. Comme exemple d'utilisation deblogue de l'administration, on peut citer la participation à une discussionpolitique en faisant dialoguer les responsables et les personnalités politiquesou encore à un débat national tel que l'avenir du système de santé et deretraite ou la réforme des institutions.

• Les wikis en administration

Un wiki est un système de gestion de contenu de site web rendant sespages web librement modifiables sans difficulté technique par tous les visiteursy étant autorisés. C’est un véritable outil de travail collaboratif et un espace dediscussion qui offre la possibilité de construire au fur et à mesure descontributions qui donnent un contenu structuré et organisé (Ebersbach, A.,2006). Comme les blogues, les wikis permettront aux citoyens de créerfacilement et simplement des sites communautaires peu coûteux. De plus, leswikis sont rapides et instantanés ; ils favorisent le travail collaboratif,permettent l’élaboration collective des contenus et l’espace d’échange avec lesinternautes ; ils permettent aussi de diffuser de l’information et n’exigent pasde connaissances particulières. Les usagers deviennent créateurs d'une œuvrecommune en augmentant les connaissances dans le but d’une capitalisationglobale du savoir et une coopération généralisée de l'intelligence collective. Ilspeuvent être utilisés dans la réalisation d’une documentation sur une visionglobale des citoyens ou sur une question ou un débat. Ils permettront de fairepasser les citoyens à une culture de co-construction, créant ainsi unchangement stratégique basé sur une vision partagée.

4.2. Mise en réseaux des utilisateurs du web 2.0

Il ne s’agit pas seulement de collaborer et donc de contribuer àl’amélioration des contenus, mais également de les partager et de mettre enréseaux les utilisateurs. Le web 2.0 prévoit à cet effet deux outils qui sont lesréseaux sociaux, d’une part, et les podcasts et videocast, d’autre part.

• Les réseaux sociaux en administration

Les réseaux sociaux constituent une solution efficace et à moindre coûtqui permettra de mettre en réseau d’une manière ascendante les différents

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 23

Boubker Sbihi24

RESI, n° 20, décembre 2010

usagers et de partager les différentes ressources en ligne, tissant ainsi descommunautés de pratique regroupées selon les domaines d’intérêt de chacun(Lefebvre, 2005). L’organisation des utilisateurs sous forme de communautésfacilite par la suite la large diffusion de l’information. Ils permettent aussi detoucher fortement et rapidement un très large public, d’une part, et d’avoir unciblage très précis des annonces et des individus, d’autre part. Ils permettentaux citoyens de s’informer en permanence et de se tenir régulièrement aucourant, de tenter d’agir au niveau des attentes, des besoins, des critiques etdes décisions. Cette participation peut concerner directement l’identificationdes problèmes posés en proposant des solutions pour surmonter, améliorer etproposer de nouveaux services.

• Les podcasts et videocast en administration

Le podcasting ou le videocasting se présentent comme un moyenparticulièrement efficace de partage et de diffusion multimédia à la fois facileet gratuit. Grâce à eux, il est possible de diffuser de fichiers audio et vidéo surinternet enrichis par des commentaires. En effet, dans le contexte del’administration électronique, la vidéo et le son sont utilisés pour visualiser ouentendre des avis et des interventions enregistrés comme lors d’une audience(Lussigny, 2008). Bien mieux, ils offrent la possibilité de les écouter et de lesvoir en différé pour pallier son absence ou pour s’assurer de la significationd’un message. Pour une plus grande efficacité, nous proposons la mise enplace de formations à l’intention des citoyens et des entreprises par le biais depodcasts et de videocasts afin d'instaurer une culture de bonne citoyenneté.Dans ce contexte, des bibliothèques de contenus sont accessibles avec unepossibilité d’abonnement via les flux RSS.

4.3. Personnalisation des recherches et prise en charge des nouveautés

Sous cette mission, l’objectif est de définir des standards d’information etde suivi des nouveautés d’un site web, d’une part, et de personnaliser lesrecherches à l’aide d’un mot-clé associé sur une information, d’autre part.C’est précisément les rôles que jouent successivement les flux RSS et les tags.

• Les flux RSS en administration

Les flux RSS sont des standards destinés à informer sur les nouveautés d’unsite web ou d’un blogue et à les suivre simplement et efficacement.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 24

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 25

RESI, n° 20, décembre 2010

L’internaute sera informé en temps réel des nouvelles mises à jour du contenusur l’administration électronique en recevant des alertes grâce au lienhypertexte permettant au lecteur de lire la suite de l'actualité en ligne sansêtre amené à la consulter (Lussigny, 2008). Il s’agit donc d’un service quiavertit l’utilisateur immédiatement dès qu'une nouvelle vient de paraîtred’une manière simple et très efficace ; il lui permet ainsi de rester informé auquotidien tout en économisant le temps et l’effort des recherchesdocumentaires continues, faisant ainsi de la veille informationnelle. Grâce aulien hypertexte, le citoyen sera donc constamment en état de se mettre à jourau quotidien en économisant temps et effort.

• Les tags en administration

Un tag est un mot-clé associé sur une information dans le contexteweb 2.0 défini par les utilisateurs. Il utilise des mots-clés pour classer desinformations d’une manière informelle (Gervais, 2007). C’est ainsi que, d’unemanière simple et rapide, le citoyen peut marquer une informationintéressante concernant une question le concernant à travers les tags eteffectuer des recherches sur les tags pour localiser l’information souhaitée.

5. INTÉGRATION DES OUTILS DU WEB 2.0

Jusqu’à maintenant, nous disposons du portail, mais la notion de bloguequ’on propose ici donne plus de liberté d'expression et permet d’ouvrir lesdiscussions à travers le blogue de l'administration. Les citoyens peuvent ainsirédiger des documents collaboratifs et des sites constructifs en proposant leurpropre vision des choses ; un tel vivier d’idées dont certaines pourraient êtred’un grand intérêt permet de contribuer efficacement au développementnational. Par ailleurs, des formations peuvent être assurées aux citoyens etaux entreprises par le biais des podcasts et des videocasts et d'instaurer uneculture de bonne citoyenneté.

Les autres outils du web 2.0 tels que les flux RSS et les tags seront utiliséscomme outils complémentaires dans le but d’améliorer la qualité deséchanges. Pour cela, chaque outil devra être utilisé au maximum et jouera unrôle bien déterminé. Le processus proposé se compose de cinq étapes (voir lafigure ci-après).

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 25

Boubker Sbihi26

RESI, n° 20, décembre 2010

Figure 6Le processus d’intégration des outils du web 2.0

Comme on peut le relever, le processus se compose d’une étape decréation des outils par l’administrateur, suivie de celle de leur utilisation puiscelle de la participation à la création des contenus par les usagers. Ensuite,une étape d’évaluation grâce à ces outils sera faite avant de passer à l’étapede maintenance et d’évolution. Cette approche basée sur les outils sociaux duweb 2.0 permettra d'améliorer la qualité du service et de proposer des outilsefficaces pour l'administration en assurant le mieux possible l’interactivité, lacollaboration et le partage ; à ces avantages s’ajoute celui relatif àl’exploitation optimale de l’intelligence collaborative au sein de la com-munauté et ce, à moindre coût. Le service en ligne qu’offre l’administrationest extrêmement important pour la vie culturelle, sociale et financière quiparticipe nettement au développement national. Il doit être mené d'unemanière réfléchie et correcte et en utilisant de façon optimale les ressourcesallouées. Notre étude a montré qu'il existe un besoin important quant à laformation et la culture de citoyenneté.

De même, il nécessite la mise en œuvre d’une stratégie à moyen terme(quatre ans) assise sur l’identification des besoins et la formation des citoyens.Nous devons garder à l'esprit que l'enseignement informel à distance àtravers les outils du web 2.0 est en train de devenir pratique et moinscoûteux. Notre stratégie est articulée autour du fait de renforcer et motiverl'utilisation des outils sociaux du web 2.0 dans la e-administration.

Créer

Maintenir et faire évoluer Utiliser

Evaluer Participer

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 26

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 27

RESI, n° 20, décembre 2010

Notre stratégie se compose de trois étapes :• tout d'abord, organiser des ateliers de libre expression réunissant tous

les acteurs de la e-administration ;• ensuite, constituer un comité composé des représentants des différents

acteurs ; ils doivent répondre au quotidien à l’offre de proposition d’unestratégie et assurer sa bonne mise en œuvre ;

• enfin, faire une évaluation communautaire à travers les différents acteurs.

Cette réflexion collective doit aboutir à l’établissement de trois documentsde travail dans la perspective de la mise en œuvre de la stratégie :

– un rapport sur les phases, les étapes et les résultats obtenus ;– le projet de stratégie à moyen terme ;– le plan d'action permettant de mettre en œuvre cette stratégie.

Dans le cadre de nos propositions relatives à cet important projet, nousinsistons sur l’intérêt de la formation, de l’accompagnement et de la mise àdisposition des connaissances par l'enseignement à distance. Pour une pluslarge diffusion, les analphabètes peuvent et doivent être intégrés dans leprocessus ; on propose de les assister en cas de problème technique ou deleur faire le travail électronique complet. Cette tâche sera assurée par un ouplusieurs représentants qui pourront être recrutés parmi les fonctionnaires del’administration publique ou des volontaires ou même des associatifs. Lafigure suivante montre l’envoi d’une requête par la large population desusagers dont les personnes analphabètes :

Figure 7L’envoi des requêtes par la large population des usagers

Analphabète

Représentant

Cadre Employé RetraitéEtudiant

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 27

Boubker Sbihi28

RESI, n° 20, décembre 2010

Dans ce contexte, il est important de noter que la stratégie que nousproposons repose sur la technique de l'apprentissage mobile afin depermettre une large diffusion sur internet avec PC, iPod, iPhone, Mobile ouautres. Nous jugeons nécessaire de créer une école de web TV, à long terme,dans la mesure où la formation est largement répandue au niveau national etinternational. D'ailleurs, certains cours peuvent d’ores et déjà être dispensésen podcasting (qui est une distribution gratuite de fichiers audio ou vidéoavec un abonnement aux flux RSS ou Atom. Au cas où un utilisateur estbloqué, il a toujours la possibilité d’utiliser le forum de discussions ou dechat, SMS, MMS ou en ligne chat pour discuter de questions ayant trait à uneprocédure bien spécifique. Pour synthétiser la présentation des moyensnécessaires à la mise en œuvre de ce système, nous avons procédé à laconception d’un tableau ci-après reprenant les éléments clés de notrestratégie ; celle-ci, rappelons-le, vise à moyen terme l’intégration des outils duweb 2.0 dans la gestion électronique de l’administration.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 28

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 29

RESI, n° 20, décembre 2010

Tableau 5Les éléments de la stratégie

Aspects Propositions

Humaines

Matérielles

Logicielles

Financières

Approche

Contenu

Mesures d’accompagnement

Les citoyensLes entreprises et les associationsLes collectivités localesLes fonctionnaires de l’administration publique

PC, Pocket PC, téléphone mobile et GSM Serveurs pour héberger la plateforme des outils

Les outils du web 2.0Système d'exploitation libre comme UnixServeur de bases de données libre comme Apacheet MySQLPlateforme d’enseignement à distance libre telleque MOODLE

Revenus des services Droits de timbre

Approche Bottum-upFormation à distance : podcast et videocastEvaluations seront en face à face et à distance àtravers des questionnaires électroniques

Portail qui fait le lien avec la plateforme des outilsdu web 2.0Participation des usagersAvis et commentairePartage des expériences

Sensibilisation des citoyens et des entreprises enréduisant les coûts des services en ligneFormation des citoyens et des numéros verts pourles questionsPlan de communication : brochures, nouveauxflashs sur le portail, etc.Evaluation continue

Res

sour

ces

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 29

Boubker Sbihi30

RESI, n° 20, décembre 2010

Pour assurer le lien avec les différents outils créés, on fera usage du portailde l’administration centrale qui doit normalement envoyer vers un blogue, unwiki, un réseau social et un forum de l’administration. Chacun de ces quatreéléments utilisera alors les fils RSS, les tags, les podcasts et les videocastscomme des outils complémentaires en vue de concevoir et enrichir lescontenus des différents usagers et leurs souhaits actuels et futurs. La figuresuivante montre le lien entre les différents outils du web 2.0.

Figure 8Les liens entre les différents outils du web 2.0

Portail

Blogue Wiki Réseau social Forum

RSS Tags Podcast Videocast

Au total, on peut dire que les grandes lignes de notre démarche d'inté-gration, en plus des mesures d’accompagnement, d’ordre juridique ouorganisationnelle, sont désormais tracées ; en effet, pour asseoir unedémarche d'intégration appropriée des outils du web 2.0, nous proposons ladémarche pratique suivante :

• la définition des objectifs et des cibles de la démarche ;• la désignation des acteurs et la détermination des ressources matérielles

et logicielles requises ;• la conception du contenu ;• la mise à jour, la sécurité et l’évaluation des contenus.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 30

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 31

RESI, n° 20, décembre 2010

6. CONCLUSION

Les propositions recueillies n’intègrent pas ou très peu les usagers dans lecadre de la création et de l’utilisation des services offerts par l’administrationpublique. Pourtant, une telle démarche influencerait directement les servicesmis en œuvre et améliorerait nettement leurs qualités.

Notre proposition se base sur des solutions simples, à moindre coût etreposant sur des outils sociaux et gratuits afin de couvrir le coût de cettenouvelle approche. Elle permet ainsi une avancée certaine et une faisabilité àla portée de tous. En effet, leur utilisation maximale et dans toutes les étapescomme recette facile et efficace pour accompagner ses différentes missionspermet ainsi de mener à mieux les différentes tâches. Une telle démarche serépercutera directement sur la qualité et le rendement de l’administration enrendant les services publics plus accessibles à leurs usagers et en améliorantleur fonctionnement interne. Elle économisera nettement les efforts, le coût etle temps des différents acteurs en évitant les queues et les délais desdémarches administratives encore plus complexes dans nos pays.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 31

Boubker Sbihi32

RESI, n° 20, décembre 2010

Bibliographie

Anderruthy, J. (2007). Web 2.0 : Révolutions et nouveaux services d'Internet,Editions ENI.

Andersen, A. (2000). E-Gouvernement : Réflexions sur l'utilisation desnouvelles technologies de l'information et de la communication par lescollectivités publiques, Andersen.

Baquiat, J. (1999). « Internet et les administrations », Paris, Berger-Levault, enligne : < www.admiroutes.asso.fr/livre/index.htm> (consulté le 20/08/09).

Brousseau, P. (2002). « L'Administration électronique au service des citoyens,les trois défis de l’Administration électronique », Université de Paris X& ISOC France, en ligne : <http://www.brousseau.info/pdf/EBCEe-Stration.pdf> (consulté le 15/01/10).

Cyril, F. and Turrettini, E. (2004). Blog story, Paris, Eyrolles.

Devis, I. (2005). « Web 2.0 and all that », Internet Alchemy, en ligne :<http://internetalchemy.org/2005/07/talis-Web-20-and-all-that> (consultéle 15/01/09).

Ebersbach, A., Glaser, M., Heigl, R. (2006). Wiki : Web Collaboration.Springer-Verlag : Germany.

Ertzcheid, O. (2005). « Weblogs : un nouveau paradigme pour les systèmesd’information et la diffusion de connaissances ? Applications et casd’usage en contexte de veille et d’intelligence économique. » ColloqueISKO, France, 2005.

Gervais, J. (2007). Web 2.0 – Les internautes au pouvoir, Dunod.

Hussher, F. (2006). Le Nouveau pouvoir des internautes, Timée-Editions.

Lau (2004). « Etudes de l'OCDE sur l'administration électronique enFinlande » Paris, Organisation de coopération et de développementéconomiques, France.

Lefebvre, A. (2005). Les Réseaux sociaux : pivot de l'Internet 2.0, Paris, MM2,Editions.

Lussigny, G. (2008). Flux RSS et PodCast, l’information en direct sur votreordinateur, Eyrolles.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 32

Les outils du web 2.0 au service de l’administration électronique 33

RESI, n° 20, décembre 2010

MacManus, R. (2008). Collective Intelligence in Action. Pap/Onl.

Miller, P. (2005). « Web 2.0 : Building the New Library », en ligne :http://www.ariadne.ac.uk/issue45/miller> (consulté le 07/02/09).

MICNT (2010). « Ministère de l’Industrie, du Commerce et des NouvellesTechnologies », Maroc Numeric 2013, Stratégie nationale pour la sociétéde l’information et de l’économie numérique, en ligne :<http://www.septi.gov.ma/Fiche_pdf/MarocNumeric2013/MarocNumeric2013.pdf>,(consulté le 03/04/10).

Musser, J. and O’Reilly T. (2006). Web 2.0 Principles and Best Practices,O’Reilly Media, Inc.

O’Reilly, T. (2005). « What is Web 2.0 : Design Patterns and Business Modelsfor the Next Generation of Software », en ligne :<http://www.oreillynet.com/pub/a/oreilly/tim/news/2005/09/30/what-is-web-20.html> , (consulté le 03/01/09).

Passeport biométrique (2010). « Le passeport biométrique marocain », enligne : < http://www.passeport.ma >, (consulté le 03/04/10).

Union européenne (2006). « Europa, site officiel de l’Union européenne2006 », en ligne : <: http://europa.eu/legislation_summaries> (consulté le05/08/09).

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 33

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 34

Le 21 avril 2009, I'UNESCO et 32 institutions partenaires ont lancé laBibliothèque numérique mondiale, site web qui présente des documentsculturels uniques provenant de bibliothèques et d'archives du monde entier.Accessible à l'adresse www.wdl.org, il rassemble des manuscrits, des cartes,des ouvrages rares, des films, des enregistrements sonores, des gravures et desphotographies et offre au public un accès gratuit et sans restriction à cesdocuments (1).

L'EDIFICATION DE SOCIETES DU SAVOIR : UN OBJECTIFPRIMORDIAL DE I'UNESCO

L'une des missions premières de l'Organisation est de promouvoir la librecirculation de toutes les formes de savoir dans les domaines de l'éducation,de la science, de la culture et de la communication. L'UNESCO s'est toujoursappuyée sur les bibliothèques pour favoriser l'accès universel au savoir. Ellepromeut donc l'éducation, la recherche et les échanges grâce à l'améliorationet à l'élargissement de l'accès au contenu de I'internet. A cette fin, ellecollabore avec un certain nombre de partenaires à la constitution de dépôts,numériques et autres, d'archives. Elle est en effet particulièrement déterminéeà soutenir l'essor et l'expansion de la Bibliothèque numérique mondiale àl'échelle planétaire.

(1) Tedd, Lucy and Large, Andy (2005). Digital Libraries – Principles and Practice in a GlobalEnvironment. Munchen, K.G Saur.

LA BIBLIOTHEQUE NUMÉRIQUE MONDIALEET L'ACCES UNIVERSEL AU SAVOIR

Abdelaziz AbidConsultant, [email protected]

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 35

Abdelaziz Abid36

RESI, n° 20, décembre 2010

La technologie uniformise le paysage des communications à un rythme sansprécédent, ce qui facilite les échanges d'informations et de connaissances.Pourtant, aujourd'hui comme autrefois, de graves inégalités persistent dans lamaîtrise du savoir, ce qui est une source d'exclusion et de conflits sociaux.L'actuel fossé du savoir renvoie aux lacunes propres à chacune des quatrecomposantes de base des sociétés du savoir, c'est-à-dire la création, laconservation, le partage et l'application des connaissances. Ces quatrecomposantes sont au cœur des efforts déployés par I'UNESCO pour canaliserle pouvoir de la connaissance et de l'information au profit du développement.

Les bibliothèques, en particulier numériques, sont véritablement les pivotsdes sociétés du savoir ; elles permettent aux individus d'accéder au savoir, dele partager et de le mettre en application.

POURQUOI DES BIBLIOTHEQUES NUMERIQUES ?

Les bibliothèques numériques proposent des services traditionnels etoffrent en nombre de nouvelles options. II leur faut, comme toutebibliothèque, procéder à une sélection très stricte de leurs ressources –lesquelles doivent être conformes à des critères pertinents au regard de leurmission – et fournir des services qui facilitent l'utilisation des ressources enquestion par le public visé.

Par rapport aux bibliothèques traditionnelles, quels avantages lesbibliothèques numériques présentent-elles pour les utilisateurs ? Avant toutechose, elles sont souvent en mesure de donner accès, grâce à des réseauxdistribués, à une somme d'informations que la plus grande bibliothèquetraditionnelle du monde elle-même ne pourrait rassembler. L'un des autresaspects les plus séduisants des bibliothèques numériques, pour de nombreuxutilisateurs, est la possibilité offerte de les consulter depuis de multiplesendroits. Les documents ne sont jamais inaccessibles parce que prêtés,envoyés à l'atelier de reliure, rangés dans le mauvais rayonnage, volés ouutilisés par une autre personne à ce moment-là (2).

Bien que les activités de recherche-développement concernant lesbibliothèques numériques aient débuté dans certaines régions développées

(2) Ibidem.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 36

La Bibliothèque numérique mondiale et l'accès universel au savoir 37

RESI, n° 20, décembre 2010

du monde, ces bibliothèques constituent bel et bien un phénomène mondial.Les habitants de tous les pays ont besoin d'informations pertinentes en tempsopportun, même si les besoins varient d'un groupe de population à un autre.Avec le développement des bibliothèques numériques, les utilisateurspeuvent désormais consulter et étudier des collections du monde entier.

De nombreux pays doivent relever le défi qui consiste à combler lafracture numérique. Et bibliothécaires, universitaires et éducateurs denombreux pays sentent qu'ils ont un rôle à jouer à cet égard en constituantdes bibliothèques numériques adaptées et en s'assurant que leurs utilisateurssavent exploiter les informations ainsi mises à leur disposition. Nombred'institutions qui établissent une bibliothèque numérique s'emploientégalement à créer des contenus en langue locale à l'intention de leursutilisateurs, afin de rendre les documents archivés plus faciles à lire et àcomprendre par la population locale (3).

LES BIBLIOTHEQUES NUMERIQUES ET L'ACCES UNIVERSEL AUSAVOIR

De nombreuses bibliothèques et autres institutions culturelles du mondeentier procèdent à la numérisation de sources d'information locales, qu'ils'agisse de manuscrits rares, d'archives, de photographies, d'objets exposésdans des musées ou d'œuvres d'art. Certaines initiatives sont menées dansune perspective mondiale : Europeana, Google Recherche de livres et laBibliothèque numérique mondiale en sont trois exemples notables.

Europeana donne directement accès à plus de 6 millions d'objetsnumériques de musées, de bibliothèques et d'archives de toute l'Europe. Enfin 2010, il est prévu qu'elle permette la consultation en ligne de 10 millionsd'œuvres numérisées. Plus de 1 000 organisations culturelles de l'Europeentière ont fourni des documents à Europeana dont l'interface multilingue estdisponible dans toutes les langues officielles de l'Union européenne.

Les objets numériques que les utilisateurs peuvent trouver sur Europeanane sont pas entreposés sur un serveur central, mais restent hébergés sur lesserveurs des institutions culturelles qui en sont détentrices. La sélection des

(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Europeana

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 37

Abdelaziz Abid38

RESI, n° 20, décembre 2010

contenus est effectuée par les pays de l'union européenne et leurs institutionsculturelles. C'est aux détenteurs de documents, qu'il s'agisse debibliothèques, de collections audiovisuelles, d'archives ou de musées, qu'ilappartient de déterminer ce qui doit ou non être numérisé.

Europeana est un projet culturel, non une entreprise commerciale. Saportée est plus vaste que celle d'un service comme Google Recherche delivres, car elle donne accès à différents types de contenus, provenant dedifférents types d'institutions culturelles, ce qui permet d'associer les œuvresd'un peintre à des documents d'archive pertinents, ainsi qu'à des livresconsacrés à sa vie.

GOOGLE RECHERCHE DE LIVRES (4)

Google Recherche de livres est un service de Google qui recherche laversion intégrale d'ouvrages que Google scanne, convertit en texte à l'aide dela reconnaissance optique des caractères et stocke. En cliquant sur un résultatdans Google Recherche de livres, une interface s'affiche dans laquellel'utilisateur peut consulter des pages du livre, ainsi que des publicités sur lemême sujet et des liens vers le site Web de l'éditeur et des libraires. Grâce àdiverses restrictions d'accès et mesures de sécurité, Google limite le nombrede pages consultables et s'efforce d'empêcher l'impression de pages et lacopie de textes d'ouvrages protégés par des droits d'auteur.

Google Recherche de livres permet de télécharger en format PDF desœuvres tombées dans le domaine public et d'autres contenus non protégéspar des droits d'auteur. Cependant, pour les utilisateurs hors des États-Unis,Google doit s'assurer que l'ouvrage en question est effectivement exempt dedroits d'auteur en vertu du droit local.

Cinq ans après son lancement, Google Books a posté plus de 12 millionsd'ouvrages grâce à ses partenariats avec des bibliothèques (29 à travers lemonde à ce jour) et à des accords avec des éditeurs. L'initiative a été saluéepour l'accès sans précédent qu'elle pourrait offrir à ce qui est susceptible dedevenir le plus vaste corpus en ligne de connaissances humaines.

(4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Google_Recherche_de_livres

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 38

La Bibliothèque numérique mondiale et l'accès universel au savoir 39

RESI, n° 20, décembre 2010

Pourtant, le projet n'a certes pas été épargné par la critique. Desintellectuels européens se sont dits inquiets que l'accent disproportionné missur les ouvrages en anglais puisse orienter la consultation des travaux derecherche passés et, en fin de compte, le développement et la direction destravaux de recherche futurs. De plus, Google a récemment défrayé lachronique pour n'avoir pas toujours opéré de distinction entre les livrestombés dans le domaine public et les ouvrages protégés par des droitsd'auteur, provoquant l'ire des détenteurs de droits de propriété intellectuelleet suscitant des actions en justice.

Un autre sujet de discorde est la façon dont Google traite les ouvragesorphelins, c'est-à-dire les ouvrages dont il est difficile, voire impossible, dedéterminer la propriété intellectuelle. Google avait prétendu que ces ouvragesdevenaient sa propriété après numérisation, mais certains auteurs et titulairesde droits de propriété intellectuelle ont commencé à chercher à obtenir desindemnités pour l'utilisation de leur œuvre. II existe désormais un fonds, créépar Google, qui est destiné à rémunérer ceux dont les ouvrages, présumésêtre des ouvrages orphelins, ont été numérisés.

Le but des bibliothèques est de mettre les livres à la disposition deslecteurs. Le but de Google est de gagner de l'argent. Entre les deux, uncompromis réaliste est envisageable. Nous devons défendre le bien publiccontre toute appropriation privée et seul un accord solide peut permettre d'yparvenir.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 39

Abdelaziz Abid40

RESI, n° 20, décembre 2010

Bibliothèque numérique mondiale

La Bibliothèque numérique mondiale met à la disposition du public, surInternet, gratuitement et en plusieurs langues, des documents primairesnotoires issus de pays et de cultures du monde entier.

Les principaux objectifs de la Bibliothèque numérique mondiale sont de :

1. promouvoir la compréhension internationale et interculturelle ;

2. accroître le volume et la variété du contenu culturel sur lnternet ;

3. fournir des ressources aux éducateurs, aux chercheurs et au grandpublic ;

4. renforcer les capacités des institutions partenaires afin de réduire lafracture numérique, au sein des pays et entre eux.

L'adresse du site Web est la suivante : http://www.wdl.orq/fr/.

La Bibliothèque numérique mondiale permet de découvrir, d'étudier et deconsulter des trésors culturels du monde entier sur un seul site. II s'agitnotamment, sans pour autant s'y limiter, de manuscrits, cartes, livres rares,partitions, enregistrements, films, gravures, photographies et dessinsarchitecturaux.

Les éléments de la Bibliothèque numérique mondiale peuvent être affichésfacilement par lieu, période, thème, type de document et institutioncontributrice, ou retrouvés grâce à une fonction de recherche ouverte, dansplusieurs langues. Le site propose des fonctionnalités spécifiques, notammentdes zones géographiques interactives, une barre et une frise chronologiques,des outils avancés pour visionner les images et des clés de lecture. Desdescriptions des documents ainsi que des entretiens avec des conservateurssur les éléments présentés apportent des informations supplémentaires.

Les outils de navigation et les descriptions de contenus sont disponibles enanglais, arabe, chinois, espagnol, français, portugais et russe. De nombreusesautres langues sont représentées dans les livres eux-mêmes et autresdocuments primaires, qui sont proposés dans leur langue originale.

Les fonctions de navigation et de recherche facilitent une exploration dusite à travers les cultures et les époques. Les descriptions de chaque élémentet les vidéos, où des conservateurs experts parlent de certains documents,

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 40

La Bibliothèque numérique mondiale et l'accès universel au savoir 41

RESI, n° 20, décembre 2010

donnent un contexte aux utilisateurs ; elles visent en outre à éveiller leurcuriosité et à donner envie aux étudiants et au grand public d'en savoir plussur le patrimoine culturel de tous les pays.

La Bibliothèque numérique mondiale a été réalisée par une équipe de laBibliothèque du Congrès, avec l'assistance technique de la BibliothecaAlexandrina d'Alexandrie (Egypte). Les institutions qui y contribuent sont desbibliothèques nationales et des institutions culturelles et éducatives du mondeentier.

Parmi les trésors présentés, on citera des manuscrits scientifiques arabesprovenant de la Bibliothèque nationale et des Archives d'Egypte ; desphotographies anciennes d'Amérique latine, venues de la Bibliothèquenationale du Brésil ; le Hyakurnanto Darani (Un million de pagodes et deprières Dharani), publication datée de 764 provenant de la Bibliothèquenationale de la Diète (Japon) ; la célèbre Bible du diable, du Xllle siècle, quel'on trouve à la Bibliothèque nationale de Suède ; et des œuvres decalligraphie arabe, perse et turque issues des collections de la Bibliothèquedu Congrès (Etats-Unis).

Genèse du projet

C'est en juin 2005 que James H. Billington, Directeur de la Bibliothèquedu Congrès, aux Etats-Unis, a proposé la création de la Bibliothèquenumérique mondiale (BNM). L'UNESCO a accueilli favorablement cette idée,jugeant qu'une telle bibliothèque l'aiderait à atteindre ses objectifsstratégiques – promotion de sociétés du savoir, renforcement des capacitésdes pays en développement et promotion de la diversité culturelle sur leWeb, notamment.

En 2006, des experts du monde entier ont assisté à une réunion qui aabouti à la constitution de groupes de travail chargés d'élaborer des directivespour ce projet, puis à la décision, prise par la Bibliothèque du Congrès,I'UNESCO et cinq institutions partenaires – la Bibliothèque d'Alexandrie, laBibliothèque nationale du Brésil, la Bibliothèque et les Archives nationalesd'Égypte, la Bibliothèque nationale de Russie et la Bibliothèque d'Etat deRussie – de concevoir un prototype de BNM, pour présentation à laConférence générale de I'UNESCO en 2007, et de contribuer a son contenu.L'UNESCO, la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 41

Abdelaziz Abid42

RESI, n° 20, décembre 2010

des bibliothèques (IFLA), ainsi que des particuliers et des institutions de plusde 40 pays, ont été conviés par voie de consultations à participer a laconception de ce prototype.

Une fois celui-ci dévoilé avec succès, plusieurs bibliothèques ont décidéde mettre au point une version publique et en libre accès de la BNM, dont lelancement aurait lieu a I'UNESCO en avril 2009. Plus d'une vingtained'institutions ont contribué au contenu de la version de lancement du site. Àce jour (mars 2010), la BNM réunit 64 partenaires de 41 pays. D’autres, denombreux pays différents, accomplissent actuellement les formalitésnécessaires et les rejoindront prochainement. La BNM continuera d'étoffer lecontenu de son site et s'assurera le concours de nouveaux partenaires parmile plus grand nombre possible de membres de I'UNESCO.

Principales caractéristiques

La BNM propose des objets numériques de haute qualité qui sont le refletdu patrimoine culturel de l'ensemble des pays membres de I'UNESCO. Paropposition à d'autres projets antérieurs de bibliothèques numériques, elle metdavantage l'accent sur la qualité que sur la quantité, qui n'est pas une fin ensoi ; la quantité demeure une priorité, mais pas aux dépens des normes dequalité définies pendant la phase de démarrage.

La BNM innove à plusieurs titres ; c'est le fruit d'un investissementconsidérable en termes de temps et d'effort dans les domaines suivants :

1. Cohérence des métadonnées

Chaque objet est décrit à l'aide d'un ensemble cohérent d'élémentsd'information bibliographiques (ou métadonnées) qui doivent, entre autres,mentionner son lieu et son époque d’origine, ainsi que le thème auquel il estassocié. La cohérence de ces métadonnées rend le site facile à explorer etcontribue à révéler des corrélations entre les objets. Ces métadonnéespermettent également aux moteurs de recherche externes de mieux leconsulter.

2. Description

L'une des caractéristiques les plus remarquables de la BNM est que lesdescriptifs répondent aux questions suivantes : “Quel est cet objet et

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 42

La Bibliothèque numérique mondiale et l'accès universel au savoir 43

RESI, n° 20, décembre 2010

pourquoi est-il important ?” – Rédigés par des conservateurs et d'autresexperts, ils replacent l'objet dans son contexte pour l'utilisateur et sontconçus de façon à susciter la curiosité des utilisateurs et à leur donner envied'en apprendre davantage sur le patrimoine culturel de tous les pays.

3. Multilinguisme

Les métadonnées, les instructions pour la navigation et le contenuinformatif complémentaire (par exemple, les vidéos des conservateurs) sonttraduits en sept langues : anglais, arabe, chinois, espagnol, français, portugaiset russe. Cette caractéristique rend plus complexe la maintenance du sitemais permet à la BNM d'approcher davantage de la véritable universalité, quiest sa finalité.

4. Techniques utilisées lors de la constitution de la bibliothèque numérique

L'équipe de la BNM s'est servie d'outils et de technologies de pointe et apu ainsi innover pour l'établissement du catalogue et l'élaboration du siteWeb multilingue :

• une nouvelle application a été élaborée pour le catalogage afin demieux répondre aux spécifications des métadonnées ;

• un outil centralisé doté d'une mémoire de traduction a été utilisé, ce quiévite aux traducteurs de traduire le même mot ou la même phrase deuxfois ;

• une interface a été conçue, qui présente le contenu de la BNM demanière attrayante aux utilisateurs et encourage l'exploration dessources primaires ;

• de nouvelles technologies continuent de voir le jour. Elles améliorent ledéroulement du travail et réduisent l'intervalle entre la sélection ducontenu et sa disponibilité sur le site.

5. Réseau en collaboration

La BNM met l'accent sur l'ouverture dans tous les aspects du projet : accèsau contenu ; transfert de technologies aux fins du renforcement descapacités ; participation de partenaires, de parties prenantes et d'utilisateurs.On considère que les réseaux techniques et programmatiques sont vitauxpour la viabilité et la croissance de la BNM.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 43

Abdelaziz Abid44

RESI, n° 20, décembre 2010

Partenaires

Les partenaires sont principalement des bibliothèques, des archives oud'autres institutions qui détiennent des collections ayant un contenu àcaractère culturel dont elles peuvent faire bénéficier la BNM. II peutégalement s'agir d'institutions, de fondations et de sociétés privées quicontribuent au projet d'autres manières, par exemple en partageant destechnologies, en organisant ou en parrainant des réunions de groupes detravail ou en apportant une contribution financière.

Centres de numérisation

Si nombre des partenaires existants ou pressentis qui souhaitent contribuerau contenu de la BNM disposent eux-mêmes depuis longtemps deprogrammes de numérisation, ainsi que du personnel et du matérielnécessaires pour les exploiter, d'autres, en particulier dans le monde endéveloppement, n'ont pas accès à de tels moyens. Au fil des ans, laBibliothèque du Congrès a collaboré avec des partenaires du Brésil, d'Egypte,d'Iraq et de Russie pour mettre sur pied des centres de numérisation afinqu'ils puissent produire des images numériques de haute qualité. Une grandepartie du contenu de la BNM a été produit dans de tels centres.

La BNM appuie la mission de renforcement des capacités des pays endéveloppement qui est celle de l'UNESCO et a l'intention de collaborer avecl'Organisation, des partenaires de pays en développement et des bailleurs defonds extérieurs en vue de la création, partout dans le monde, d'autrescentres de numérisation qui produiront des contenus, non seulement pour laBNM, mais aussi pour d'autres projets nationaux et internationaux.

Critères de sélection des contenus

Les indications suivantes guident les partenaires et à la BNM dans lasélection des sources qu'ils retiendront pour présenter I’histoire de leur pays àun public mondial par l'entremise de la Bibliothèque :

• Les institutions partenaires sont encouragées à sélectionner, pour lesinclure dans la BNM, des objets ou des collections d'objets qui représententle mieux leurs cultures nationales respectives.

• Outre la présentation de leur culture nationale, les institutionspartenaires sont encouragées à contribuer à l'enrichissement de la BNM en

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 44

La Bibliothèque numérique mondiale et l'accès universel au savoir 45

RESI, n° 20, décembre 2010

mettant à sa disposition des collections ou des objets liés à l'histoire et à laculture d'autres pays qui sont en leur possession.

• Le Comité de sélection du contenu de la BNM peut décider qu'unthème revêtant un intérêt majeur, par exemple “l'histoire de l'écriture”, mérited'être présenté dans une perspective internationale, ce qui permet d'établirdes comparaisons entre pays. II lance alors un appel à contributions auprèsd'institutions partenaires spécialisées dans le thème en question.

• Les institutions partenaires sont tout particulièrement invitées à présenterdes informations sur les objets ou collections en leur possession qu'elles ontmis à la disposition de la BNM et qui sont inscrits au Registre de la Mémoiredu monde.

Contributions financières

La Bibliothèque du Congrès et ses partenaires au sein de la BNMremercient les contributeurs financiers suivants :

• Google, qui a versé 3 millions de dollars en vue de l'élaboration initialed'un plan pour la Bibliothèque numérique mondiale et du prototype.

• La Fondation du Qatar, qui a versé 3 millions de dollars au titre del'appui général à la BNM et de l'appui à la création de la Bibliothèquecentrale de la Fondation du Qatar en tant que point nodal essentiel du réseaude la BNM.

• La Carnegie Corporation de New York, qui a versé 2 millions de dollarsen faveur de l'inclusion d'institutions culturelles d'Afrique subsaharienne etd'Eurasie dans le cadre de la BNM.

• L'Université des sciences et technologies du Roi Abdallah d'ArabieSaoudien, qui a versé 1 million de dollars à l'appui d'activités concernant ladiffusion, par l'intermédiaire de la BNM, de versions numérisées demanuscrits et autres documents intéressant la science dans les mondes arabeet islamique.

• Microsoft, qui a versé 1 million de dollars au titre de l'appui général.

• La Fondation Lawrence and Mary Anne Tucker, qui a appuyé la mise enplace d'un centre de numérisation pour la Bibliothèque nationale et lesArchives d'Iraq.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 45

Abdelaziz Abid46

RESI, n° 20, décembre 2010

• La Fondation Bridges of Understanding, au titre de l'élaboration dedocuments concernant le Moyen-Orient pour inclusion dans la BNM.

Susciter l'intérêt des jeunes

Comme elle vise à être une source d'éducation, notamment pour lesétudiants et la jeunesse, la Bibliothèque numérique mondiale a été dotéed'un format qui attire les personnes habituées à se servir d'ordinateurs. Tout aété fait pour accroître la rapidité et la fonctionnalité du site Internet. Lesjeunes sont habitués aux sites Internet commerciaux, rapides et trèsfonctionnels. Ils ne veulent pas cliquer sur un lien et attendre cinq minutesavant que la page demandée n'apparaisse à l'écran.

De plus, les jeunes ne veulent pas utiliser passivement l'Internet, secontenter de regarder le site ; ils souhaitent partager ce qu'ils lisent avec leursamis : c'est pourquoi cette possibilité leur a été offerte. Chaque document dela BNM est associé à rien moins que 46 options différentes – allantsimplement de l'impression et du téléchargement à la connexion à Twitter,Facebook, etc. pour que les visiteurs puissent partager ce qu'ils voient sur laBNM avec leurs amis.

Quelles perspectives pour l'avenir ?

L'UNESCO est fermement déterminée à soutenir l'essor et l'expansion dela Bibliothèque numérique mondiale à l'échelle planétaire. Elle s'emploie,avec la Bibliothèque du Congrès, à associer de nouveaux partenaires auprojet, en particulier dans les pays en développement. A ce jour (mars 2010),la BNM réunit 64 partenaires de 41 pays. De nombreuses autresbibliothèques, archives et autres institutions éducatives et culturelles dumonde entier ont exprimé leur intention de participer à l'enrichissement de laBNM : le nombre de trésors culturels auxquels elle donne ainsi accèscontinuera donc d'augmenter.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 46

EDUCATION AUX MEDIAS ET A L’INFORMATION

Ito MisakoUNESCO, [email protected]

Résumé

Cet article traite de la notion de l’éducation aux médias et àl’information qui est devenue le nouveau paradigme des sociétés du savoirtelles que promues par l’UNESCO. Il essaie d’apporter un éclairageconceptuel sur cette notion dans le contexte international comme résultatde la convergence des réflexions liées à la réforme de l’éducation, ledéveloppement exponentiel des technologies numériques et lesphénomènes et pratiques sociaux qui accompagnent ces changements auXXIe siècle. L’article propose une vision de l’éducation aux médias et àl’information comme un ensemble de savoirs, de savoir-faire, d’habilités, etde valeurs liés aux médias et à l’information et qui sont essentiels dans lessociétés du savoir. Des travaux en cours ainsi que des exemples de cadresde références élaborés par l’UNESCO pour aider les politiques et lespraticiens dans le suivi et l’évaluation des efforts nationaux dedéveloppement et d’adaptation de l’éducation à l’ère du XXIe siècle sontégalement présentés.

Mots-clés : éducation aux médias et à l’ information, cultureinformationnelle, sociétés du savoir, éducation, technologies, socialisation,développement.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 47

Ito Misako48

RESI, n° 20, décembre 2010

Lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), l'UNESCOa souligné l'importance de la construction des sociétés du savoir fondées surla solidarité et le partage, soucieuses de promouvoir la diversité des cultureset des modes de développement. L’éducation aux médias et à l’informationest devenue le nouveau paradigme des sociétés du savoir en favorisant l’accèsau savoir par le moyen, notamment, des outils de communication, enassurant la liberté d’expression et de création et en renforçant l’expression dela diversité culturelle et le dialogue entre les cultures. Qu’est-ce quel’éducation aux médias et à l’information ? Quelles sont les compétencesqu’elle englobe ? Que fait l’UNESCO dans ce domaine ?

DE MULTIPLES COURANTS DE RECHERCHES ET D’IDÉES SURL’ÉDUCATION AUX MÉDIAS ET À L’INFORMATION

L’éducation aux médias et à l’information est un concept peu évident àdéfinir. Il renvoie à des réalités diverses, et la vision de ce que cette notionenglobe diffère d’une culture à une autre, d’un contexte d’usage à un autre etse posent également des questions liées à sa traduction dans d’autres langues.Le périmètre du concept s’étend au-delà du monde de la documentation etdes bibliothèques, de la maîtrise de l’informatique ou du fonctionnement desmédias, et les pratiques continuent d’évoluer alors que la notion même doitêtre précisée. Cependant, on peut citer ici les principaux phénomènessociaux, les mouvements et domaines de recherche qui ont contribué àl’émergence de cette notion au niveau international.

Tout d’abord la réforme de l’éducation. De nouvelles définitions, théorieset normes dans les mouvements pour la réforme de l’éducation sont apparuesdans les années soixante et se poursuivent aujourd’hui en mettant l’accent deplus en plus sur la réflexion critique et la nécessité d’apprendre à apprendre àla place d’un apprentissage par cœur de faits et de chiffres. Le Plan d’actionde la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation (2003-2012), quiréaffirme l’engagement international pris à Dakar d’améliorer de 50 % lesniveaux d’alphabétisation des adultes d’ici à 2015, préconise en effet unevision renouvelée des politiques et programmes de l’alphabétisation allantau-delà de la conception limitée de l’alphabétisation classique (maîtrise de lalecture, de l’écriture et du calcul) qui a prévalu dans le passé. Cette vision del’alphabétisation pour tous est traduite dans le Rapport du Secrétaire généralà l’Assemblée générale des Nations Unies en 2002 comme suit : « L’évolution

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 48

Education aux médias et à l’information 49

RESI, n° 20, décembre 2010

rapide de la société actuelle du savoir et le recours croissant aux nouveauxmoyens techniques de communication entraînent une augmentationcroissante des besoins de formation. Pour pouvoir survivre dans le contexteactuel de la mondialisation, il faut désormais acquérir de nouvellescompétences et renforcer les aptitudes à trouver, à évaluer et à utiliserefficacement et diversement l’information. »

En second point, l’émergence des nouvelles technologies de l’information.La diversité croissante des sources d’informations et l’explosion desinformations disponibles posent le défi de naviguer dans le dédale del’information et d’apprendre à la gérer pour rester compétitif dans la sociétéde l’information. Les recherches approfondies et l’utilisation efficace del’information à des fins critiques (prise de décision et résolution desproblèmes) nécessitent un ensemble de compétences, aptitudes etcomportements liés à l’usage des médias et de l’information.

Ensuite, le développement des modalités d’enseignement à distance et desressources pédagogiques numériques disponibles. Celles-ci offrent despossibilités d’apprentissage et d’accès au savoir de manière continue etautonome à toute personne au-delà des frontières géographiques sansdistinction d’âge, de groupe, de sexe, de race ou de religion. Ces possibilitésimpliquent le développement des comportements et attitudes liés à lapratique de l’apprentissage tout au long de la vie.

Par ailleurs, le phénomène de la socialisation des jeunes par les médiasgagne en ampleur. Une grande partie du capital culturel de la planète leur esttransmise par toutes sortes de supports avec lesquels ils sont très familiers. Lacapacité d’appréciation critique des médias de la part des jeunes mais ausside différentes personnes qui accompagnent les jeunes dans leurdéveloppement devient alors importante.

Enfin des questions éthiques de plus en en plus complexes sont soulevéespar les pratiques et les usages de l’information à l’ère du numérique. Alorsque les technologies d’information et de communication ouvrent desopportunités pour faciliter l’accès au savoir et permettre à de plus en plus depersonnes de s’exprimer librement sur la Toile, les tensions existent entreprincipes et droits d’égale légitimité, comme entre la protection de la vieprivée et la liberté d’expression, entre la protection des données personnelleset la sécurité des citoyens ou encore entre la protection du droit d’auteur etl’accès à l’information.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 49

Ito Misako50

RESI, n° 20, décembre 2010

Ainsi le concept de l’éducation aux médias et à l’information résulte de laconvergence de toutes ces réflexions issues de l’évolution de la pensée et despratiques et reflète la complexification actuelle des relations entrel’enseignement, l’éducation et l’information liée au développementexponentiel des technologies numériques.

UN CONCEPT CULTURELLEMENT ET CONTEXTUELLEMENTVARIABLE

L’apparition du concept est aussi relativement récente (1989 aux Etats-Uniset années quatre-vingts-dix en France) et des débats persistent concernant laterminologie et ses variations en fonction des approches culturelles et descommunautés de pratique.

Par exemple, aux Etats-Unis, American Library Association a adopté leterme “information literacy” en 1989 en faisant le lien entre l’apprentissage etl’information et en mettant en avant l’importance d’apprendre à apprendre.Dans d’autres pays anglophones il existe encore une certaine résistance àutiliser l’expression “information literacy” à cause du fait qu’on puissequalifier des personnes comme illettrées en manière de l’information et leterme “media education” est largement répandu. En Allemand ou en Suédoison fait référence à “information kompotenz” ou “information kompetens” enmettant l’accent sur les compétences pratiques. En France ou en Italie, onparle de “culture informationnelle” ou “cultura dell’informazione” en jouantsur la pluralité de sens. En France l’idée d’une culture de l’information est liéeà la volonté de développer à côté de l’acquisition d’une culture généralelarge caractéristique du système éducatif français, une culturetransdisciplinaire, prenant en compte la dimension sociale et culturelle del’information par opposition à la vision procédurale et technique des modèlesaméricains de “information literacy”. En espagnol, deux traductions sontdonnées : “ las competencias en information” et “ la alfabetizationinformational”. En arabe, une traduction serait “Al wa’y al-ma’lumati” quisignifie l’éveil informationnel ou la conscience de l’information.

Un nombre croissant de recherches prouve également que le sens del’expression “media and information literacy” diffère selon les contextes et lesprofessions. Par exemple, suivant les disciplines ou types d’enseignement, leconcept fait référence à la recherche approfondie d’informations et à la

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 50

Education aux médias et à l’information 51

RESI, n° 20, décembre 2010

communication scientifique aussi bien à l’écrit qu’à l’oral s’il s’agit del’enseignement des sciences au niveau doctoral, l’accent est mis sur lefonctionnement et la compréhension des médias dans l’éducation civique auniveau secondaire ou sur la recherche et l’analyse documentaire dans unematière comme l’histoire.

DES COMPÉTENCES TRANSVERSALES ET GÉNÉRIQUES

La notion d’éducation aux médias et à l’information combine deuxdomaines traditionnellement perçus comme étant distincts : (1) l’éducationaux médias, et (2) l’initiation à la maîtrise de l’information ou la cultureinformationnelle. Certaines écoles considèrent la culture informationnellecomme un sous-domaine de l’éducation aux médias. D’autres écolesconsidèrent le contraire et la définition de ces notions font objet de nombreuxdébats tant au niveau national qu’international. L’UNESCO désigne ces deuxnotions sous le même acronyme de MIL ‘Media and Information Literacy’ oul’éducation aux médias et à l’information en français pour mieux marquer laconvergence de ces deux domaines autour des compétences clés d’accès,d’évaluation, d’utilisation et de création de l’information. La notion de MIL seveut donc intégratrice, considérant les deux domaines comme regroupant unensemble de savoirs, de savoir-faire, d’habilités, et de valeurs liés aux médiaset à l’information. Ces compétences sont essentielles non seulement pour lesindividus en renforçant le développement de la réflexion critique et lescapacités pour apprendre à apprendre, mais aussi pour les collectivités enfavorisant la citoyenneté et la bonne gouvernance par une meilleurecompréhension et utilisation éthique des médias et de l’information.

C’est sur la base de ce constat que l’UNESCO contribue à l’élaboration decadre de références pouvant aider les politiques et les praticiens dans leursefforts d’évaluation et de suivi des efforts nationaux de développement etd’adaptation des processus éducatifs à l’ère du XXIe siècle. Un accentparticulier est donné à l’éducation aux médias et à l’information, et à laformation des enseignants en particulier à travers le développement d’outilstels que : les standards de compétences pour les enseignants sur l’utilisationdes TICs, le cadre conceptuel pour l’élaboration d’indicateurs sur la « cultureinformationnelle », les standards de compétences pour les enseignants enmatière d’éducation aux médias et à l’information, et les modules deformation des enseignants pour intégrer la notion de MIL dans l’enseignement.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 51

Ito Misako 52

RESI, n° 20, décembre 2010

Bibliographie

Françoise Chapron et Eric Delamotte (2010). L’Education à la cultureinformationnelle.

Villeurbanne. Presses de l’enssib, 306 pages. ISBN 978-2-910227-75-3

Forest Woody Horton (2008). Introduction à la maîtrise de l’information,Paris : UNESCO, 102 pages.

Ralph Catts et Jesus Lau (2008). Vers les indicateurs de la maîtrise del’information, Paris : UNESCO, 52 pages.

Directorate for Education (2009). 21st century skills and competences for newmillenium learners in OECD countries, Paris : OECD, 33 pages. EDUWorking paper no. 41

Divina Frau-Meigs (2006). L’Education aux médias, Paris : UNESCO, 205 p.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 52

POUR UNE POLITIQUE NATIONALE D'INTELLIGENCEECONOMIQUE AU MAROC

Mohammed SenoussiProfesseur de l'enseignement supérieur

[email protected]

Résumé

Pour faire face aux nouvelles logiques géoéconomiques mondialesémergentes, ce papier tente d'expliciter en quoi l'avènement d'unéchiquier global nécessite une réponse adéquate de la part de notre pays.S'appuyant sur une approche théorique et méthodique, il propose uneréflexion sur les éléments d'une politique nationale d'intelligenceéconomique dont les desseins s'apparentent ouvertement à une quête desuprématie stratégique.

Ainsi redimensionnées, la définition de cette politique et sa mise enplace nécessitent l'exploration des fondements et lignes de force d'unestratégie d'Intelligence économique (IE) où l'influence et le stratagème secomplètent à bon escient. Penser les ambiguïtés de la compétition dansune perspective géoéconomique et développer une intelligence del'incertitude constituent dès lors l'étape élémentaire vers la concrétisationd'un avantage concurrentiel durable. Pour y participer, quelle attitude leMaroc doit-il adopter ? Il est nécessaire pour notre pays de se doter d'uneligne géostratégique, c'est-à-dire de définir une gestion stratégique de sesintérêts géopolitiques et géoéconomiques. La politique économique duMaroc doit viser des objectifs ciblés et visionnaires. Elle doit favoriser lamaîtrise des nouveaux instruments de puissance économique, faire dusoutien de ses entreprises et la conquête des marchés extérieurs l'un de sesobjectifs prioritaires. Pour autant, sa politique étrangère doit prendre en

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 53

Mohammed Senoussi54

RESI, n° 20, décembre 2010

INTRODUCTION

Avec l'évolution actuelle de l'espace mondial placé de plus en plus sous lesigne de l'incertitude et caractérisé dès l'avènement du troisième millénairepar la fragilisation chaotique de l'économie mondiale, il n'est plus possiblede séparer la puissance économique de la puissance politique. Cetteinterdépendance entre, d’une part, la force commerciale, financière etindustrielle et, d’autre part, la force politique et militaire ressuscite lanécessité d’une vision stratégique à la dimension de notre pays.

L’orientation de notre pays repose sur sa capacité de fixer des lignes d’actionpertinentes, susceptibles d’accroître son influence sur la scène internationale.La définition d'une politique nationale d'intelligence économique et la mise enœuvre de stratégies durables dans le domaine géoéconomique est un casd’exemplarité parmi d’autres qui démontre le chemin qui nous reste àparcourir pour saisir l’intérêt d’une stratégie de puissance.

Ce papier interroge les racines théoriques des bouleversements géo-politiques et de l'émergence d'un environnement international actueltoujours instable. Il est important de rappeler le contexte et les conditionsgéopolitiques qui ont permis le retour de l'économie comme domained'affrontement entre les Etats. Pour faire face aux nouvelles logiquesgéoéconomiques mondiales émergentes, notre approche tente d'expliciter enquoi l'avènement d'un échiquier global nécessite une réponse adéquate de lapart de notre pays. S'appuyant sur une approche théorique et méthodique,

compte la dimension géopolitique et utiliser tous ses moyens d'influence,notamment les MRE et une stratégie de proximité, pour créer unedynamique durable et y jouer un rôle d'acteur géostratégique influent. Auservice de cet objectif, il faut mettre en place et sans retard une instancenationale d'intelligence économique originale à forger autant pour orienteret dynamiser notre politique économique que pour mettre en œuvre unestratégie de puissance économique.

Mots-clés : géopolitique, géoéconomie, puissance, intelligenceéconomique, mondialisation, compétition, stratégie, politique nationale.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 54

Pour une politique nationale d’intelligence économique au Maroc 55

RESI, n° 20, décembre 2010

elle propose une réflexion sur les éléments d'une politique nationaled'intelligence économique dont les desseins s'apparentent ouvertement à unequête de suprématie stratégique.

Ainsi redimensionnées, la définition de cette politique et sa mise en placenécessitent l'exploration des fondements et lignes de force d'une stratégied'Intelligence économique (IE) où l'influence et le stratagème se complètent àbon escient. Penser les ambiguïtés de la compétition dans une perspectivegéoéconomique, et développer une intelligence de l'incertitude constitue dèslors l'étape élémentaire vers la concrétisation d'un avantage concurrentieldurable.

DES BOULEVERSEMENTS GEOPOLITIQUES PERPETUELS : UNENVIRONNEMENT INTERNATIONAL TOUJOURS INSTABLE

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, des facteurs majeurs detransformation structurent profondément l'évolution des relationsinternationales ainsi que la sécurité mondiale, notamment lesbouleversements de la géopolitique et la révolution de l'information. Lamondialisation qui représente d'emblée une nouvelle situation dans laquellela diffusion de l'information et de la communication, la transformation deséchanges économiques et la modification des rapports de forcesinternationaux, crée une interaction globale, mais non maîtrisée, entre tousles Etats. La mondialisation apparaît clairement comme la caractéristiquemajeure de la nouvelle situation mondiale. Elle se distingue par desdéveloppements positifs, mais présente aussi des revers. Partout, des échangesprogressent plus vite que la production ; les marchés mondiaux sont de plusen plus ouverts, une situation qui a exacerbé la concurrence.

Dans ce contexte international devenu prédominant dans l'activité desentreprises exposées à des contraintes de plus en plus marquées, lamondialisation transforme de plus en plus le rapport géopolitique desentreprises avec les territoires. Une entreprise peut désormais se délocaliser,donc sa liberté de manœuvre est de plus en plus large. Mais par ailleurs, ilimporte de souligner que cette situation entraîne également la diffusionrapide de toutes les formes de crises, politique, économique, financière etautre. Une telle situation rend plus complexe la gestion de ces crises. Elle

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 55

Mohammed Senoussi56

RESI, n° 20, décembre 2010

fragilise davantage la capacité régulatrice des Etats et augmente, dans lamême proportion, la capacité d'intervention autonome d'entreprises,d'organisations ou de réseaux sur la scène planétaire.

Les influences combinées de tous ces facteurs transforment radicalementle contexte des activités économiques : en modifiant les processusd'innovation et de production, d'échanges et de concurrence, ils conduisentà un durcissement de la compétition économique. Ainsi née la notion degéoéconomie d'un monde globalisé où les intérêts politiques des nations sesoumettent à leurs intérêts économiques.

LA GEOECONOMIE, UNE SITUATION NOUVELLE

Dans ce monde en train de devenir global, les intérêts politiques desNations se soumettent à leurs intérêts économiques. Ce glissement signel’ouverture d’une ère nouvelle, celle de la géoéconomie.

Issue de la géopolitique et de la stratégie, cette nouvelle discipline est l'undes nouveaux champs d'application de la géopolitique. Selon EdwardLuttwak, chantre de la « première géoéconomie », « Les menaces militaires etles alliances ont perdu leur importance avec la pacification des échangesinternationaux, précise-t-il dans son ouvrage clé The Endangered AmericanDream ; dès lors, les priorités économiques ne sont plus occultées et passentau premier plan.

A l’avenir, ajoute-t-il, c’est peut-être la crainte des conséquenceséconomiques qui régulera les contentieux commerciaux, et sûrement plus lesinterventions politiques motivées par de puissantes raisons stratégiques. Et s’ilfaudra encore une menace extérieure pour assurer l’unité et la cohésioninterne des nationaux et des pays, cette menace sera désormais économiqueou, plus exactement, géoéconomique. » (1).

Pascal Lorot, initiateur du concept en France écrit dans les débuts de sarevue dédiée à la géoéconomie :

« Avec la fin de la guerre froide, les capacités militaires des Etatsdéveloppés ne constituent plus, de loin, le principal facteur de leur puissance

(1) Edward Luttwak. Le Rêve américain en danger, Odile Jacob, 1995.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 56

Pour une politique nationale d’intelligence économique au Maroc 57

RESI, n° 20, décembre 2010

sur la scène internationale. La période des conflits directs et frontaux,recourant à la puissance de feu et aux capacités militaires entre puissancesindustrielles est aujourd'hui révolue. La puissance s'exerce dorénavant demanière plus douce, sans recours à la coercition (...).

A un niveau plus global, l'ouverture des frontières et la libération deséchanges ont favorisé l'apparition de firmes multinationales dotées destratégies véritablement planétaires. De leur côté, les Etats se sont engagés –aux côtés de leurs entreprises nationales – dans des politiques de conquête demarchés extérieurs et de prise de contrôle de secteurs d'activité considéréscomme stratégiques. Au service des ambitions nationales, les diplomatesdoivent aujourd'hui avoir la double casquette, diplomatique et économique,ce qui n'est pas sans leur poser de problèmes. De fait, la santé économiqued'une nation est l'aune à laquelle on juge désormais sa puissance. Dans cemonde en train de devenir global, les intérêts des nations se soumettent àleurs intérêts économiques. Ce glissement signe l'ouverture d'une èrenouvelle, celle de la géoéconomie (2). »

Les objectifs de cette géoéconomie naissante ne relèvent plus, pourEdward Luttwak, de la conquête de territoires ou de l’influence diplomatique.Il s’agit de « conquérir ou de préserver une position enviée au sein del’économie mondiale. Qui va développer la nouvelle génération d’avions deligne, d’ordinateurs, de produits issus des biotechnologies, de matériaux depointe, de services financiers et tous les autres produits à haute valeur ajoutéedans les secteurs industriels, petits et grands ? Les développeurs, lesingénieurs, les managers et les financiers seront-ils américains, européens ouasiatiques ? Aux vainqueurs les positions gratifiantes et les rôles dirigeants, auxperdants les chaînes de montage, à condition que leurs marchés nationauxsoient assez importants et que les importations de produits déjà assembléssoient rendus impossibles par des barrières douanières » (3).

Le terrain de cette compétition s'est déplacé donc du champ idéologiqueet militaire à celui de la géoéconomie. La course à l'innovation, la maîtrisedes connaissances et des technologies et la conquête des marchés ont pris laplace déterminante dans la compétition et les relations internationales.

(2) Pascal Lorot est directeur de l’Institut européen de géoéconomie et directeur de la Revuefrançaise de géoéconomie (http//www.geoeconomie.org)(3) Edward Luttwak, op. cit., p. 403.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 57

Mohammed Senoussi58

RESI, n° 20, décembre 2010

En conséquence, comme soulignent plus d'un expert « la guerre pour lesparts de marchés mondiaux que se livrent, dans tous les secteurs, les acteurséconomiques est devenue un fait dominant » (4). Cette concurrence est bienréelle et ses lignes de force orientent l'action des Etats et des entreprises.L'enjeu est grand, car chaque Etat cherche à créer, chez lui ou à son profit,des emplois et des revenus et d'augmenter ses ressources et son influence.Or, comme on ne peut envisager une économie prospère sans entreprisesperformantes, il doit encourager ses entreprises à innover, à exporter et às'implanter à l'étranger.

La responsabilité de l'Etat consiste désormais à accompagner sesentreprises pour mieux se positionner dans le meilleur environnementpossible. Il s'agit de réussir à la fois les deux problématiques de lacompétition internationale : celle de l'élaboration des stratégies collectivesqui impliquent l'ensemble des acteurs économiques nationaux, et celle de lamaîtrise des connaissances comme moteur stratégique du développement etdes changements.

D'où, nous retenons pour définition celle donnée par Pascal Lorot dont lagéoéconomie est l’analyse des stratégies d’ordre économique – notammentcommercial –, décidées par les Etats dans le cadre de politiques visant àprotéger leur économie nationale ou certains pans bien identifiés de celle-ci,à acquérir la maîtrise de technologies clés et/ou à conquérir certainssegments du marché mondial relatifs à la production ou la commercialisationd’un produit ou d’une gamme de produits sensibles, en ce que leurpossession ou leur contrôle confère à son détenteur – Etat ou entreprise« nationale » – un élément de puissance et de rayonnement international etconcourt au renforcement de son potentiel économique et social.

Il importe de rappeler par ailleurs que le rôle et la place de l'Etat dans cecontexte demeurent centraux dans toutes stratégies géoéconomiques, puisquec'est lui qui détermine les dispositifs et postures géoéconomiques, identifiantles menaces, les stratégies défensives et offensives et les moyens à y affecter.

Pour développer ces capacités géoéconomiques, l'Etat doit organiser sondispositif géoéconomique en regroupant sous le label de l'intelligence

(4) Denécé Eric et Revel Claude. L'Autre guerre des Etats-Unis, Editions Robert Laffont, Paris,2005.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 58

Pour une politique nationale d’intelligence économique au Maroc 59

RESI, n° 20, décembre 2010

économique l'ensemble des instruments qui sont à sa disposition et à celle deses entreprises, notamment la formation, la recherche et le développement, lastratégie commerciale, les moyens diplomatiques, les stratégies infor-mationnelles.

La géoéconomie est aujourd'hui plus globale qu'envisagée initialement ;elle embrasse une dimension véritablement planétaire. Le but ultime despolitiques géoéconomiques n'est pas de contrôler les territoires, il estd'acquérir la suprématie technologique et commerciale. D'où la nécessité dese doter d'un dispositif de combat : c'est l'intelligence économique qui restel’élément le plus important d'un dispositif géoéconomique.

MAROC : QUELLES RÉPONSES APPORTAIT-IL AUX NOUVELLESLOGIQUES GÉOÉCONOMIQUES MONDIALES ÉMERGENTES ?

La fin de la guerre froide, la fragilisation chaotique de l'économiemondiale ont ressuscité la nécessité d'une vision stratégique à la dimensionde notre pays. Compte tenu de tous ces changements, il est devenu impératifpour le Maroc d'envisager la question d'interdépendance entre, d'une part, laforce commerciale, financière et industrielle et, d'autre part, la formepolitique et militaire. Cette corrélation est l'un des problèmes les pluscritiques qui s'imposent aux autorités marocaines depuis bien des décennies.L'avènement du 3e millénaire ne fait qu'exalter la nécessité d'en apporter uneréponse adéquate.

Au cœur de ces bouleversements qu'a connus l'économie mondiale, leMaroc affiche la volonté d'être aux premiers rangs pour répondre aux risqueset menaces de cette mondialisation envahissante. Cela témoigne de l'amorced'un changement au moins sur le plan formel qui a mis l'accent sur lanécessité d'opérer une approche centrée sur la dynamique économique. Ilvoulait tirer parti de son expérience et des acquis accumulés depuis sonaccès à l'indépendance en 1956. Depuis 2000, des efforts visant à renforcerson dispositif économique sont déployés certes. Mais paradoxalement à l'agede la géoéconomie, notre pays continue à vivre en grande partie sur des idéesanciennes et compte beaucoup sur l’ouverture du marché pour fairefonctionner son économie ; des erreurs qui s'expliquent par notre excès dezèle pour une politique de “réajustement” et de la recherche d'uneadaptation sur le rythme de l'étranger, compromettant par là la croissance à

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 59

Mohammed Senoussi60

RESI, n° 20, décembre 2010

long terme de l'économie nationale. Pour relancer notre économie et garantirla prospérité, il faut revoir entièrement nos représentations géopolitiques dumonde (5). Le monde ne se limite plus aux frontières politiques, mais àl'étendue de l'ampleur de la dynamique économique. L'ennemi n'est plusdéfini comme auparavant, à partir des clivages idéologiques, “il se cachepartout” (6). Dans ce nouveau contexte, que faut-il faire pour mieux servirnos intérêts qui sont souvent imbriqués aux intérêts des autres ? L'Etat n'estplus qu'un simple acteur qui veille à la bonne “adaptation” de la roue aurythme de l'économie mondiale. L'idéologie du libre marché suivie par l'Etatmarocain a fini par éclater et il fallait faire quelque chose pour sauver le paysde la “crise cardiaque” comme l'avait annoncée au début des années quatre-vingt-dix, Hassan II. Le pays ne supporte plus le gaspillage qu'entraînaient denombreux programmes mis en place par les différents gouvernements depuisl'indépendance du pays et dès l'avènement du nouveau règne de MohammedVI, une tentative a effectivement essayé d'y mettre fin ou au moins initier unenouvelle dynamique économique. Un plan “Emergence” conçu pour leXXIe siècle, définit la stratégie industrielle par laquelle le Maroc devait faireface aux nouvelles menaces. L'objectif est de favoriser six secteurs porteursappelés à jouer “les locomotives économiques du pays”.

Ces secteurs sont :– l'offshoring ;– l'électronique ;– l'automobile ;– l'aéronautique et le spatial ;– l'agroalimentaire et les produits de la mer ;– le textile et le cuir.

En 2006, le gouvernement marocain a doublé ce plan par le plan Envolqui prolonge les axes stratégiques du développement à :

– la microélectronique ;– les biotechnologies ;– les nanotechnologies.

(5) Senoussi Mohammed. Le Pouvoir des nouveaux maîtres du monde, Al Maârif Al Jadida,Rabat, décembre 2007.(6) Laidi Ali, avec Denis Lanvaux. Les Secrets de la guerre économique, Editions du Seuil,mai 2004.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 60

Pour une politique nationale d’intelligence économique au Maroc 61

RESI, n° 20, décembre 2010

L'objectif minimal prévu est de créer de 2009 à 2015 quelques 220 000emplois, de booster le PIB d'au moins 50 milliards de dirhams et d'attirerautant d'investissements dans le secteur privé.

Ce plan prévoit également l'adaptation de l'enseignement et de laformation aux besoins de l'industrie. Notons à cet effet qu'en dépit d'undiscours qui reste optimiste, la réforme de notre système éducatif n'affichejusqu'à aujourd'hui que peu de progrès visible sur la voie de dépasser lesproblématiques de l'enseignement.

Donnant l'impression de renouer avec la démarche stratégique, la positionmarocaine paraît pour le moins timide. L'absence totale d'une doctrinenationale de sécurité économique dans les préoccupations des stratègeschargés de défendre nos intérêts économiques fait priver nos acteurséconomiques d'instruments de pilotage et de prospective, éléments majeursde la compétitivité économique dans le cadre de la mondialisation. Unpremier pas qui reste insuffisant, la nouvelle stratégie industrielle n'a pas prisen compte la réalité géoéconomique qui met en danger notre indépendanceéconomique. Son rapport à l'information témoigne d'un rapport ambigu quiadmet un certain nombre de complexité.

La leçon qu'on peut en tirer est élémentaire : une vision étatique del'intelligence économique qui ne permettait pas de piloter le Maroc dans unmonde de compétition et de conflictualité. Une stratégie d'intelligenceéconomique ne s'arrête pas au simple vœu pieux. Peu de chefs d'entreprisesont bien compris la nécessité de tirer une application pédagogique de ce typede savoir et de connaissance. On peut évoquer aussi une faiblesse de laculture d'intelligence économique et stratégique, un appareil institutionnelqui n'a encore pas intégré suffisamment l'importance des menaces liées à laguerre économique, et qui n'a donc pas anticipé les réponses possibles. Ilfaut y ajouter également l'absence d'une véritable interaction entre le secteurprivé et la sphère publique, absence qui se manifeste par des difficultés àpartager les diagnostics industriels et politiques permettant la mise en œuvred'actions combinées d'influence et de conquête des marchés. Y ajouter aussila prédominance de l’expertise des organisations internationales et des ThinkTanks étrangers au détriment de l’expertise nationale dans le processus deprise de décision stratégique. Sur ce, la nécessité de favoriser la synergie entreexperts internationaux et nationaux dans la formation de cette expertise

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 61

Mohammed Senoussi62

RESI, n° 20, décembre 2010

pourrait constituer un impératif d'efficacité et de performance. Certes,l'expertise étrangère peut apporter des solutions aux problèmes posés. Mais,le recours à l'expertise nationale a l'avantage de connaître le terrain, mieuxappréhender la spécificité, et par conséquent, elle demeure la mieux capabled'apporter des solutions spécifiques et d'atteindre rapidement l'objectif.

L'expérience des plans Emergences (I et II) nous a permis de relever lesremarques suivantes :

– un manque de vision claire et concrète ;

– une absence de politique nationale d'intelligence économique ;

– des actions cloisonnées et conjoncturelles ;

– une inadéquation entre l'étude et l'implication du responsable politiquequand au recadrement de celle-ci par rapport à l'objectif recherché ;

– une absence d'évaluation de l'impact de la stratégie Emergence I avantle lancement du plan Emergence II.

2004 : ENGOUEMENT POUR L'INTELLIGENCE ECONOMIQUE

Manquant toujours d'une vraie doctrine de sécurité économique, le Maroca manifesté à partir de 2004 un engouement pour une certaine pratiqued'intelligence économique. Celle-ci s'est opérée sous forme d'organisation deconférences sur ce thème dont pratiquement tous les intervenants étaient desfrançais. Le Maroc en voulant s'inspirer du meilleur pour adapter au mieux lesystème français aux réalités nationales, semble tomber dans “le copiercoller”.

Autre action d'envergure qui a donné lieu à la création de plusieurscellules d'Intelligence économique dans les ministères, les agencesnationales et dans certaines structures du secteur privé. Mais cedéveloppement bien qu'accéléré, n'a pu parfois donner le résultat escompté.Tout cela s'est opéré dans un contexte marqué par l'absence d'une culture del'information, le manque d'interaction entre le secteur public et le privé,l'éloignement de la société civile et aussi le culte de l'ingénieur. L'incapacitéde comprendre et de mettre en œuvre les liens plus que jamais puissantsentre ces différents paramètres démontre un manque à gagner de l'expérienceet une inadéquation de la démarche. Ces éléments d'observation ressortent

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 62

Pour une politique nationale d’intelligence économique au Maroc 63

RESI, n° 20, décembre 2010

de l'analyse de la stratégie adoptée. D'une part, des initiatives pourpromouvoir les intérêts nationaux, d'autre part, la multiplication dedémarches et la dispersion des moyens mis en place pour atteindre lesobjectifs. C'est de ce comportement que viennent les dérives.

Au Maroc, la pratique de l'intelligence économique est encoreembryonnaire. C'est une affaire de culture autant que de technique, decomportement que de méthode. Elle s'est caractérisée, malgré les intentionsaffichées, par un déficit d'efficacité collective, illustré notamment par lafaiblesse des synergies entre l'Etat et les entreprises en absence totale de lasociété civile, sur fond de cloisonnement de l'Université et des centres derecherche. L'approche gestionnaire de la veille que pratiquait la sphèrepublique ne réponde qu'à un besoin de savoir d'un maximum d'informationset de ne rien perdre de ce qui est accessible (7), alors que l'intelligenceéconomique nécessite une approche stratégique, seule à mesure de répondreau besoin de prendre une décision. L'intelligence économique renvoie à unedémarche plus active dont l'objectif premier est de réduire l'incertitude dansla prise de décision stratégique et de mener des actions d'influence, tout enrestant dans la légalité.

La preuve : les acteurs économiques marocains se sont livrés uneconcurrence acharnée sur leur propre marché intérieur par des groupesétrangers, ce qui a entraîné une cécité stratégique au niveau de leurscompétitions internationales

Comment y remédier ?

Pour permettre à notre économie de réaliser son décollage et de s'arrimerau mieux au train de la mondialisation, le recours à une démarcheintelligence économique s'avère nécessaire pour orienter et dynamiser cesrestructurations. Il est temps de commencer par synthétiser les réflexions etpratiques précédentes. Ensuite placer le rôle de l'Etat national au Maroc aucentre de toutes stratégies géoéconomiques, car c'est lui qui détermine lesdispositifs et postures géoéconomiques, identifie les menaces, et détermineles stratégies défensives et offensives ainsi que les moyens à y affecter. Enfin

(7) C’est dans le contexte qu’intervient la création de l’Institut Royal des études stratégiques(IRES) en novembre 2007.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 63

Mohammed Senoussi64

RESI, n° 20, décembre 2010

structurer un système d'intelligence économique fondé sur une vision, unestratégie globale et enfin sur des outils de mise en œuvre.

FONDEMENTS ET LIGNES DE FORCE DE LA POLITIQUENATIONALE D'INTELLIGENCE ECONOMIQUE

Une lecture critique et constructive de la politique conduite par notre paysdepuis plus d'une décennie, dans le domaine de la veille et de l'intelligenceéconomique doit commencer par l'établissement d'un diagnostic du recul dela performance globale et de la carence de l'influence du Maroc à l'échelleinternationale. L'inadéquation de la stratégie adoptée en ce domaine avec lesimpératifs de la sécurité économique du pays met à mal l'ensemble desstratégies initiées, tant sur le plan de la politique industrielle que sur celui dela pratique de l'intelligence économique. Le Maroc, pour défendre sesintérêts et asseoir une autorité qui contribue directement à sa sécuriténationale, doit aujourd'hui élaborer et mettre en œuvre une véritablepolitique nationale d'intelligence économique, laquelle ne peut plus êtreformulée, comme elle l'était depuis une dizaine d'années, qu'en réponse auxexigences de sa sécurité nationale et, conçue pour les prochaines décenniesdu XXIe siècle. Celle-ci doit faire du lancement d'une nouvelle politiqueindustrielle mettant tout l'accent sur l'innovation et plaçant l'information aucœur de la dynamique de la compétitivité et sécurité économique, son fer delance.

Elle devrait s'organiser autour de quatre axes : économique, culturel,diplomatique et action de proximité (8). Une démarche qui constitue la1re initiative permettant de jeter les bases d'une politique de sécuritééconomique, premier objectif de la stratégie globale de notre sécuriténationale.

Pour ce faire, la sécurité économique doit être élevée au rang de premièrepriorité de la politique étrangère.

Pour faire face aux incertitudes que nous impose la nouvelle géo-économie, survivre et se développer dans le contexte concurrentiel qu'elle

(8) Senoussi Mohammed. Pour une Diplomatie de proximité, projet initié par l'auteur et remisau ministère des Affaires étrangères et de Coopération, 2008.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 64

Pour une politique nationale d’intelligence économique au Maroc 65

RESI, n° 20, décembre 2010

génère, le Maroc est appelé à transformer son système de production enmachine de guerre économique. Un rapport initié par l’IRES n’a t-il pas relevéavec pertinence que « l’Etat est resté longtemps pesant, excessivementintervertionniste, entravant le libre jeu du marché et de la concurence. Dessérieuses déficiences affectent toujours les produits et les services offerts (9) ».C’est-ce qui engendre une faible compétitivité de notre économie etaugmente la vulnérabilité de notre sécurité face à de nombreuses menaces.

Dorénavant la sécurité du pays ne repose plus sur le seul facteur militaire.Elle repose essentiellement sur sa prospérité économique et la maîtrise d'unprogramme clé organisant et mettant en œuvre les moyens de connaître etd'anticiper toutes atteintes à la vie économique du pays.

Plusieurs principes devront guider la stratégie de cette sécurité.

Cela peut avoir la forme d'une politique active de soutien aux exportationsmarocaines là où leur présence serve l'intérêt national du Maroc. De lamême manière, l'accélération des avancées technologiques et l'intensificationde la concurrence imposent désormais à notre Etat de soutenir les entreprisesinnovantes. A ce titre, il est appelé à transformer son mode d'intervention ets'affermir comme un Etat à la fois stratège et partenaire des acteurséconomiques. L'impulsion d'une nouvelle dynamique d'interaction couvrantaussi bien le périmètre intérieur que la stratégie d'influence à viséeéconomique, est à mettre en œuvre aussi bien par l'Etat que par lesentreprises avec une implication soutenue de la société civile. Il est en effetimpératif de définir un périmètre stratégique de souveraineté etd'identification des secteurs et entreprises utiles à la défense des intérêtsnationaux. Définir aussi le contour et assurer l'interaction nécessaire entre denombreux concepts déterminant l'avenir du pays tels que l'intérêt national, lapolitique étrangère, la stratégie nationale, la sécurité économique, lesdoctrines militaire et géopolitique du pays, la projection de la place et du rôledu Maroc sur son environnement géostratégique et géoéconomique. Il s'agitdonc d'une politique qui comporte tout ce qui peut concourir à l'accrois-sement de la puissance et au rayonnement du Maroc repositionné géostratégiquement, et promouvoir le bien être de sa population. Cette acception

(9) L’IRES, rapport sur « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale : enjeuxet orientations de politiques publiques » publié en juillet 2009, Rabat.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 65

Mohammed Senoussi66

RESI, n° 20, décembre 2010

englobe des politiques de protection du matériel et d'immatériel, de soutienaux entreprises, réussir la réforme de l'enseignement, des politiques d'emploi,des politiques des MRE, etc. Le Maroc doit avoir pour ambition de bénéficierdes apports de toutes ses composantes, comme l’a bien souligné le dernierrapport de l’IRES.

Cette action aura certainement une influence significative sur ledynamisme du tissu industriel et technologique national. Il est temps derevoir et repenser notre politique étrangère en mettant en place unediplomatie de proximité globale associant tous les acteurs nationaux dontnotamment les MRE qui peuvent jouer un rôle déterminant dans lepositionnement du Maroc sur la nouvelle carte géostratégique et géo-économique.

Cette stratégie doit aboutir sur la mise en œuvre d'un système originel etefficace d'intelligence économique qui inclut la planification stratégique, lamaîtrise et la protection de l'information stratégique en temps réel, lasélection des projets stratégiques, l'expertise ainsi que la détermination desmodes de financement et assurer l'évaluation finale.

Une stratégie qui sera achevée par la mise en place d'une instancesupérieure dédiée à l'intelligence économique dont la première des tâches estde rassembler, mutualiser et fédérer toutes les énergies et les efforts afin degarantir la mobilisation de l'emploi stratégique de l'ensemble desintervenants, ainsi que le redéploiement des moyens. L'originalité etl'efficacité d'une telle instance tient en grande partie à l'implication etl'interaction entre l'ensemble des acteurs économiques. L'idée est de les faireengager, mutualiser et fédérer de manière interactionnelle et très étroite àl'intérieur comme à l'extérieur du Maroc toutes les énergies. La structureproposée repose sur un organe d'orientation et de coordination stratégique etune structure d'interaction et d'action de proximité. Les objectifséconomiques de cette stratégie bénéficient d'une définition rigoureuse dessecteurs stratégiques sur lesquels doit reposer l'action coordonnée des acteurséconomiques. Celle-ci doit constituer le préalable à une nouvelle politiquemarocaine où convergent tous les intérêts nationaux.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 66

Pour une politique nationale d’intelligence économique au Maroc 67

RESI, n° 20, décembre 2010

CONCLUSION

La leçon qu'on peut tirer de ce diagnostic est hélas élémentaire : notrevision étatique de l'intelligence économique n'existe pas encore. Unestratégie de puissance ne s'arrête pas à l'annonce d'une simple intention desresponsables ou à la création de quelques cellules de veille. Elle impliqueune vision à long terme de la préservation et de l'accroissement des intérêtsdu Maroc à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Or, on le sait, seule ladéfinition et la mise en œuvre d'une politique nationale d'intelligenceéconomique est à mesure de contribuer à redéfinir et forger une nouvellestratégie industrielle et des services dont les objectifs sont la défense desintérêts du Maroc, la promotion de ses entreprises sur le marché étrangers,l’encouragement à l’innovation, la protection du patrimoine technique etindustriel national et le rayonnement régional et international de notre paysainsi que le maintien de sa cohésion sociale.

Il faut bien comprendre enfin que la dynamique de l’intelligenceéconomique constitue le fondement de la sécurité nationale.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 67

Mohammed Senoussi68

RESI, n° 20, décembre 2010

Bibliographie

Edward Luttwak. Le Rêve américain en danger, Odile Jacob, 1995.

Pascal Lorot est directeur de l’Institut européen de géoéconomie et directeurde la Revue française de géoéconomie (http//www.geoeconomie.org)

Edward Luttwak, op. cit., p. 403. (4) Denécé Eric et Revel Claude. L'Autreguerre des Etats-Unis, Editions Robert Laffont, Paris, 2005.

Senoussi Mohammed. Le Pouvoir des nouveaux maîtres du monde, Al MaârifAl Jadida, Rabat, décembre 2007.

Laidi Ali, avec Denis Lanvaux. Les Secrets de la guerre économique, Editionsdu Seuil, mai 2004.

Senoussi Mohammed. Pour une diplomatie de proximité, projet initié parl'auteur et remis au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération,2008.

L’IRES, le rapport « Le Maroc face à la crise financière et économiquemondiale : enjeux et orientations des politiques publiques », juillet 2009,Rabat.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 68

RESI, n° 20, décembre 2010

COMPTE-RENDU DE LECTURE

Introduction aux sciences de l’information

Identification (pour le reste du monde) : Auteur : Sous la direction de Clément Arsenault et Jean-Michel Salaün. Titre : Introduction aux sciences de l’information Collection : Grands Repères ManuelsEditeur : La Découverte - ParisParution : janvier 2010ISBN : 9782707159335Dimensions : 135 * 220 mmFaçonnage : BrochéPrix : 17 €

Identification (pour le Canada) :

Auteur : Sous la direction de Clément Arsenault et Jean-Michel Salaün. Titre : Introduction aux sciences de l’information Editeur : Les presses de l’université de MontréalCollection : ParamètresParution : juillet 2009ISBN : 978-2-7606-2114-5Pris : 29,95 $

Les chapitres et leurs auteurs :

• Introduction : Permanence et changements : Clément Arsenault et Jean-Michel Salaün.

• Chapitre 1 : Les professions et les institutions : Eric Leroux, PierretteBergeron, Christine Dufour, Dominique Gazo, YvesMarcoux, Sabine Mas et Jean-Michel Salaün

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 69

70

RESI, n° 20, décembre 2010

Compte-rendu de lecture

• Chapitre 2 : Le traitement du document : Michèle Hudon, ClémentArsenault, Lyne Da Sylva et Dominic Forest

• Chapitre 3 : La recherche d’information : Clément Arsenault, Lyne DaSylva, Dominic Forest, Yves Marcoux et Dominique Maurel

• Chapitre 4 : Les pratiques des utilisateurs : James Turner, ChristineDufour, Audrey Laplante, Eric Leroux et Jean-Michel Salaün.

• Chapitre 5 : La gestion stratégique de l’information : Pierrette Bergeron,Christine Dufour, Dominique Maurel et Diane Mercier

Depuis quelques années, le domaine de la bibliothéconomie et dessciences de l’information a connu de réelles mutations dues notamment àl’émergence du numérique et d’Internet et à la diversité des médias et sourcesd’information ; ajoutons à ceci l’apparition de nouveaux services et outilssociaux, notamment ceux classés sous l’appellation « Web 2.0 ». En outre, lesactivités du professionnel de l’information (bibliothécaire-archiviste-documentaliste), qui étaient autrefois centrées sur le document, s’orientent deplus en plus vers l’utilisateur. Par ailleurs, l’explosion documentaire etl’évolution du rôle et des pratiques du professionnel de l’information ontengendré un besoin de plus en plus grand d’une gestion stratégique del’information et des connaissances et une reconsidération des techniques detraitement et d’accès à l’information.

Dans un tel contexte, le besoin d’une nouvelle introduction, voire uneredéfinition (des concepts clés) de cette discipline-profession, s’avère urgent.Grâce à la position géographique et au contexte culturel du Québec, aucarrefour de deux grandes traditions, américaine et française, il n’est passurprenant que le premier manuel francophone de base en sciences del’information du XIXe siècle soit rédigé par une équipe québécoise. Il s’agit dugrand manuel « Introduction aux sciences de l’information », fruit des effortsde l’ensemble des professeurs du département de bibliothéconomie et dessciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal.

Sous la direction de Clément Arsenault (professeur agrégé à l’EBSI,spécialiste de la recherche d’information) et Jean-Michel Salaün (Directeuractuel de l’EBSI, spécialiste de l’économie du document), cet ouvrage à aété édité : pour le Canada, en juillet 2009 par « Les presses de l’universitéde Montréal » (Collection : Paramètres), et pour le reste du monde, en

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 70

71

RESI, n° 20, décembre 2010

Compte-rendu de lecture

janvier 2010 par « La Découverte » (Collection : Grands Repères). C’est unepremière édition qui vient enrichir et actualiser les savoirs et les savoir-fairedu domaine des sciences de l’information.

A travers ses 235 pages, cet ouvrage nous permet d’effectuer un parcourscohérent et didactique depuis la description des acteurs du domaine (lesprofessionnels de l’information et les utilisateurs) et la présentation descontextes (institutions et missions) jusqu’aux techniques de traitement, derecherche et de diffusion de l’information, et plus particulièrementl’information dans les organisations ; sans oublier les définitions actualisées dece que sont les « informations », les « documents » et les « connaissances ».

Destiné principalement aux étudiants en master professionnel de l’EBSI, cemanuel sera certainement utile aux étudiants de l’ESI et des autres écolesfrancophones de sciences de l’information ainsi qu’à toute personnes’intéressant de près ou de loin à ce domaine.

Dans ce livre, il s’agit plus de fournir une approche pragmatique avec untexte orienté vers la présentation de savoirs, pratiques et concrets, que deviser les fondements théoriques des sciences de l’information. Les exemplesfournis sont principalement canadiens ou français.

Les chapitres 2 et 3, respectivement « Le traitement du document » et « Larecherche d’information », permettent d’effectuer un voyage au cœur de laprofession. Il s’agit globalement d’un aller-retour entre le champ (vaste) dudocument et celui (encore plus vaste) de l’information. Ces deux chapitressont les plus techniques (de ce livre) mais aussi les moins accessibles pour unpublic novice, non-spécialiste du domaine.

Le 2e chapitre porte sur toute la chaîne documentaire. Avant de décrire lesopérations de classification, d’indexation et de condensation, les auteurss’arrêtent sur la description des documents. Cette opération majeure de lagestion bibliographique vise à obtenir une information structurée et organiséeselon des normes établies et reconnues, afin de la rendre à la fois pérenne,identifiable et disponible. Sont présentés dans ce chapitre les différentesnormes et les différents formats d’encodage des informations (InternationalStandard Bibliographic Description, Règles de Catalogage Anglo-américaines,Règles pour la description des documents d’archives, MAchine ReadableCataloging, Dublin Core...), mais également les structures classificatoires etles schèmes de classification documentaire (Classification décimale de

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 71

Compte-rendu de lecture72

RESI, n° 20, décembre 2010

Dewey, Classification de la Library of Congress, Classification à facettes deRanganathan). On trouve dans ce chapitre aussi une présentation détailléedes opérations de description, de classification et d’indexation.

Le 3e chapitre est consacré à la recherche d’information (ses fondements,ses concepts, ses composantes et ses étapes) ainsi qu’au chercheur et auxsources et services d’information. Sont décrits ici les modèles cognitifsformels de recherche d’information (Modèle de de Dervin, Modèle de Wick,Modèle de Belkin, Modèle de Kuhlthau…), les sources et servicesd’information (commerciaux et en accès libre) ainsi que les modalités derecherche (mode furetage et mode recherche). On passe par la suite à laprésentation des techniques de recherche les plus usuelles de quelquessystèmes de recherche (les ensembles et les relations, les opérateurs booléenset de proximité, etc.), sans oublier les stratégies de recherche, les techniquesavancées et automatisées et puis l’évaluation d’une démarche de recherched’information.

Les chapitres 1 et 4, respectivement « Les professions et les institutions » et« Les pratiques des utilisateurs », malgré leur nature plus générale, ne sontpas moins importants. Ils offrent une vue large et globalisante dans un styleplutôt facile.

Le 1er chapitre propose tout simplement une typologie des professions del’information (bibliothécaire, archiviste, documentaliste...), des institutions(bibliothèques nationale, universitaires, publiques, services d’archives…) etdes associations et revues professionnelles spécialisées.

Quant au 4e chapitre, il s’interroge sur une thématique plus contemporaine,à savoir les pratiques des utilisateurs, et souligne l’évolution dans le temps despratiques face aux divers média et aux diverses sources d’information, etsurtout face à l’émergence du numérique et d’Internet (notamment ses deuxprincipaux services : la messagerie électronique et le Web) au détriment desanciens outils d’écriture et d’impression.

Sont aussi traités, mais brièvement, des sujets d’actualité tels que laparticipation (des internautes) et le Web 2.0, l’effet de la longue traîne etl’économie de niche et puis la fracture numérique. Tout ceci a engendré unchangement du comportement de l’utilisateur, d’où l’importance d’une bonneformation à la maîtrise de l’information.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 72

Compte-rendu de lecture 73

RESI, n° 20, décembre 2010

Le 5e chapitre, qui s’intitule « La gestion stratégique de l’information »,s’intéresse à l’information dans les organisations. Il part de l’idée quel’information constitue une ressource stratégique pour toute organisation, cequi implique qu’elle doit être gérée au même titre que les ressourceshumaines, matérielles et financières. Par « gestion stratégique del’information » on renvoie ici au fait de « fournir la bonne information à labonne personne au bon moment par une approche intégrée et stratégique »(p. 184). Quatre concepts clés sont au fondement de cette gestion stratégique :la stratégie informationnelle, les politiques d’information, la cultureinformationnelle et puis les comportements informationnels. Sont aussiprésentées, brièvement, la veille stratégique (définie comme « un processus àvaleur ajoutée de collecte, de transmission, d’analyse et de diffusiond’information publiquement disponible, obtenue éthiquement et légalementpour produire de la connaissance d’action. » (p. 192)) et la gestion desconnaissances (avec la distinction de deux grands types de connaissances. Lesconnaissances tacites, difficiles à exprimer ou à diffuser, et les connaissancesexplicites, plus faciles à communiquer et à diffuser). Ce dernier chapitrerejoint chapitres 1 et 4 par son accessibilité et son caractère introductif.

Grâce à son index, à sa structure et à l’autonomie inhérente à chaquechapitre, cet ouvrage peut être lu d’une manière ciblée et autonome. Le styleet le vocabulaire utilisés en font un ouvrage plutôt facile à lire (surtout par unspécialiste du domaine).

En plus d’une liste très riche et à jour des ouvrages cités, les auteursproposent à la fin de chaque chapitre une documentation supplémentairedestinée aux personnes qui aimeraient approfondir leur lecture.

Noureddine ELMQADDEM

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 73

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 74

Liste des mémoires soutenuspendant la période 2008-2010

Abouliatim Imane. « Conception du portail de l’Ecole nationaled’architecture ».

Allou Fatima. « Eléments d’une démarche d’optimisation du systèmed’information et de documentation du ministère de la Communication ».

Aziz Fatima. « Une stratégie pour le développement des collections : casde la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc ».

Bakkali Wiame. « Eléments de conception et d’élaboration du contenu duportail documentaire du centre de documentation central du ministère del’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement ».

Bennani Lamiae. « Stratégie marketing pour la diffusion des collections :cas de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc ».

Bennis Issame. « Eléments pour la conception de l’intranet de l’Ecolesupérieure de technologie de Salé et le développement de son contenu ».

Dami Youness. « Stratégie de communication dans les établissementsd’enseignement supérieur : cas de l’Institut national de statistique etd’économie appliquée (INSEA) ».

El Jazouli Siham. « Eléments d’une démarche de knowledge managementau sein de l’Association marocaine de lutte contre la corruption –Transparency Maroc ».

EL Khalidi Karima. « Une stratégie pour la vulgarisation de l’informationagricole auprès des femmes rurales : cas des adhérentes aux coopérativesD’man dans la zone d’action de l’ORMVA du Tafilalet ».

Khales Siham. « Eléments d’une stratégie de communication interne ausein du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération ».

Loudiyi Oumhani. « Proposition de mise en place d’un système de veilledes opportunités de financement en matière de coopération internationale au

BLOC-NOTES

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 75

Bloc-notes 76

RESI, n° 20, décembre 2010

sein de la division de la Coopération du ministère de l’Equipement et duTransport ».

Mukenge Mbumba Josich. « Analyse et conception d’un systèmed’information pour la gestion des archives de l’ISESCO ».

Ntunkadi Mombo Aristote. « Conception d’un système d’information pourla gestion intégrée de l’information organique dans la fondation Orient-Occident ».

Sibari Ihsane. « Etude pour la mise en place d’un dispositif de veillestratégique au sein du ministère délégué chargé de l’Habitat et del’Urbanisme pour le programme Villes sans bidonvilles ».

Souhail Mohamed. « The International visibility of Moroccan universityscholars : 1998-2007 ».

Tmouche Hasnaa. « La qualité du système d’information et la performancede l’entreprise : cas des Comptes chèques postaux (CCP) de BaridAl Maghrib ».

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 76

Bloc-notes 77

RESI, n° 20, décembre 2010

Titres des mémoires Etudiants

Analyse et conception d’un système d’information au seinde la Commune urbaine de Rabat

Conception d’un système d’information pour la gestion del’information législative et réglementaire à la division duPersonnel de l’Enseignement supérieur

Conception et mise en place d’une stratégie de veilletechnologique pour la direction Recherche etdéveloppement du Pôle Mines-Groupe OCP-SA

Contribution à la mise en place d’un système de gestionélectronique des documents au sein de l’Ecole des Sciencesde l’Information

Elaboration d’une stratégie pour la gestion des archivesadministratives des collectivités locales : le cas de lapréfecture de Fès

Eléments d’une stratégie de communication externe pour ladiffusion de l’information sur le programme « Villes sansbidonvilles » : cas du bidonville « Ras El Mae » de Salé

Eléments d’une stratégie pour la gestion des connaissancesau sein de la Direction de la Statistique

Eléments pour une stratégie de gestion des connaissances auministère de l’Intérieur : cas de la direction des Affairesadministratives

Evaluation du système d’information dédié à la mise enœuvre de la stratégie nationale intégrée de sécurité routièreau niveau du ministère de l’Equipement et du Transport

Information et prise de décision au sein du ministère del’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace :cas du secteur de l’habitat

L’usage des technologies de l’information et de lacommunication dans le marketing politique des formationspolitiques marocaines : cas des échéances électorales 2007et 2009

La production scientifique des chercheurs du pôle decompétences STIC : étude bibliométrique

Recherches en cours au cycle des informatistes spécialisés

Elaouni Kamal

Idrissi Oukili Sanae

El Bouanani MohamedNabil

Karkour Hanane

Bizriken Lahcen

Chabou Fatima

Lahrizi Raja

Brahmi Mustapha

Bousaid Kaoutar

Immanou Wafaâ

Louik Atika

Laayouni LoubnaSlimani Bouchra

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 77

78

RESI, n° 20, décembre 2010

Bloc-notes

Titres des mémoires Etudiants

Le management des connaissances et la contribution à la qualitéinterne au sein du ministère de l’Economie et des Finances : cas dela Direction générale des impôts

Le rôle du records management dans la constitution de la mémoire :cas de l’Entraide nationale

Les bases d’une stratégie de communication interne à la direction dela Sécurité des transports routiers

Les déficients visuels et l’accès à l’information à l’ère des TIC :l’Organisation alaouite pour la protection des aveugles etmalvoyants (OAPAM)

Proposition d’éléments d’une stratégie de communication interne –cas du Holding d’Aménagement Al Omrane (HAO)

Proposition d’un modèle pour la mise en place d’une cellule deveille territoriale pour la promotion de la coopération décentraliséeau niveau des collectivités locales (cas de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër)

Proposition d’un système de gestion des archives de l’Institut Pasteurde Casablanca

Proposition d’une stratégie marketing pour la bibliothèque del’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de lacartographie (ANCFCC)

Répertoire des documents produits sur les enclaves de Sebta etMellilia : base de données et étude bibliométrique

Stratégie de mise en place d’un système de gestion des archives pourles services extérieurs du ministère de l’Emploi et de la Formationprofessionnelle : cas des délégations de Rabat et de Temara

Stratégie de mise en place de la bibliothèque virtuelle de l’ESI

Une approche sociale du management des connaissances : cas de ladirection des Aménagements hydrauliques du secrétariat d’Etatchargé de l’Eau et de l’Environnement

Une stratégie de communication marketing pour la diffusion del’information relative au droit de la famille

Benziane Najat

Makhroub Youssef

El Oualladi Manal

Arrouchi Hassan

Lahmar Sara

Kamil Soumaya

El Aaz Rachid

El Alaoui Boutaina

Zahi Ouafa

Tbaiki Hassan

Ouhammou Meryem

Bahije Safaa

El Bouanani Nada

Kaicer Yassir¢b°Od ±Kn «∞∫bÀ «∞πU≤̀ °LRߺU‹ •LU¥W «∞DHu∞W : ±dØe ¢LU̧… ≤Lu–§U

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 78

• 4-7 janvier 2011Association for Library and Information Science Education(ALISE) Annual Conference “Competitiveness & Innovation”Hilton San DiegoResort and Spa, San Diego, California (USA)<http://www.alise.org/>

• 7-8 janvier 2011National Conference on “Managing Libraries in New InformationEnvironment”Asia-Pacific Institute of Management, New Dehli(Inde). <http://www.asiapacific.edu/Conference.php>

• 7-11 janvier 2011The American Library Association 2011 MidwinterMeeting. San Diego Convention Center, San Diego, California (USA).<http://www.ala.org/ala/conferencesevents/index.cfm>

• 11-13 janvier 2011International Conference on “Digital Library Management (ICDLM) :Extending Benefits of Modern Technology to Public, Academic and SpecialLibraries”Science City Auditorium, Kolkata (Inde).<http://www.teriin.org/events/icdlm/>

• 10-12 février 20112nd International Conference of Asian Special Libraries“Building User Trust : The Key to Special libraries Renaissance at the DigitalEra”. United Nations University, Tokyo (Japon).<http://units.sla.org/chapter/cas/ICoASl-2011.htm>

• 14-16 février 2011International Conference on “Digital Libraries and Knowledge Organization(ICDK 2011)”Management Development Institute,Gurgao, National Capital Region – Dehli (Inde).<http://www.mdi.ac.in/ICDK/Home.html>

AGENDA

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 79

80

RESI, n° 20, décembre 2010

Agenda

• 15-17 février 2011International conference on the Convergence of Libraries,Archives and Museums (ICLAM)“User Empowerment through Digital Technologies”India International Centre, New Delhi (Inde).<http://www.nift.ac.in/ICLAM_2011/>

• 17-19 février 20114th International Conference on Information Systemsand Economic Intelligence, organisée par l’Université de la Manouba,l’Université de Nancy, the Institute of Electrical and Electronics Engineers(IEEE-Morocco Section) et l’Institut supérieur du Génie Appliqué (IGA). HôtelAtlas Asni, Marrakech (Maroc)<http://siie2011.loria.fr/>

• 3 mars 2011World Book Day (UK & Ireland).<http://www.worldbookday.com/>

• 7-11 mars 201122nd International Conference of Society for InformationTechnology & Teacher Education (SITE). Nashville, Tennessee (USA)<http://site.aace.org/conf/>

• 9-11 mars 201112th International Symposium on Information Science(ICISC). Hildesheim (Allemagne)<http://www.isi2011.de/>

• 17-21 mars 2011Salon du Livre de Paris. Porte de Versailles, Paris (France)<http://www.salondulivreparis.com/>

• 27-30 mars 20112nd International Conference on “Society and Information Technologies: ICSIT2011”Orlando, Florida (USA)

• 1-3 avril 2011Chartered Institute of Library and Information Professionals(CILIP) School Libraries Group National Conference 2011

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 80

81

RESI, n° 20, décembre 2010

Agenda

"Skills for the future : School Libraries working with learners and teachers”Holiday Inn, Peterborough West (Royaume-Uni)<http://www.cilip.org.uk/get-involved/specialinterest-groups/school/events/pages/2011-slg-conference.aspx>

• 8-9 avril 2011Colloque international sur « La figure de l’auteur dans la nouvelle de langueanglaise »La Maison des Sciences Humaines, Université d’Angers(France).<http://www.univ-angers.fr/ACTUALITE.asp?ID=1087&langue=1>

• 22-25 avril 201116th International Conference on Database Systems for AdvancedApplications (DSFAA). Hong Kong (Chine).<http://www.cintec.cuhk.edu.hk/DASFAA2011/>

• 6-9 mai 20117th International Conference on Web Information Systems and Technologies.NH Hotel Leeuwenhorst, Noordwijkerhout (Hollande).<http://www.webist.org/>

• 11-13 mai 2011The Third International m-libraries Conference. BrisbaneConvention & Exhibition Centre. Brisbane (Australie)<http://www.usq.edu.au/mlibraries>

• 6-10 juin 2011ESARBICA Conférence générale « L’accès à l’information : les archives auservice de la réforme du secteur public »organisée par le Conseil International des Archives et ESARBICA. Archivesnationales du Mozambique, Maputo (Mozambique)<http://www.ica.org/fr/2011/06/06/esarbicaconf-rence-g-n-rale-lacc-s-linformation-les-archives-au-service-de-la-r-forme>

• 23-25 juin 201157e congrès national de l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) etSalon Professionnel de l’ABF. Lille Grand Palais, Lille (France)<http://www.abf.asso.fr/> &<http://www.ortech.fr/abf/index.php>

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 81

82

RESI, n° 20, décembre 2010

Agenda

• 23-28 juin 2011The American Library Association 2011 Annual ConferenceLA Ernest N. Morial Convention Center, New Orleans (USA).<http://www.ala.org/ala/conferencesevents/index.cfm>

• 27-30 juin 20116th international Evidence Based Library and Information Practice (EBLIP6)University of Salford, Manchester (Royaume-Uni).<http://www.eblip6.salford.ac.uk/>

Pour plus d’informations sur les congrès, conférences et colloques dans ledomaine de la Science de l’Information, consulter les sites suivants :

• L’Agenda de l’I. & D. sur EchosDocLe portail des spécialistes I. & D.<http://www.echosdoc.net/>

• Information Science Conferences WorldwideUpcoming events in information science, library science and related fields.<http://www.conferencealerts.com/library.htm>

• The International Calendar of Information Science Conferences<http://www.asis.org/Conferences/calendar/>

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 82

Les textes envoyés à la revue sont soumis à un comité de lecture. En casd’acceptation sous réserve de corrections, les observations du comité derédaction sont notifiées à l’auteur en vue de faire le nécessaire.

Les articles peuvent être rédigés en arabe, en français, en anglais ou enespagnol. Ils doivent être accompagnés d’un résumé.

Les types de contribution acceptés sont les suivants :

a. des articles portant sur des travaux originaux (ne dépassant pas30 pages, notes, tableaux ou graphiques compris) ;

b. des présentations de résultats d’une recherche récente ou en cours(3 pages au maximum) ;

c. des notes de lecture sur des ouvrages ou articles récents et d’un intérêtcertain dans le domaine de la science de l’information (3 pages aumaximum) ;

d. des forums de débats sur des questions d’actualité (une page aumaximum).

PRESENTATION DES TEXTES

Afin d’uniformiser la translittération, les auteurs sont priés de se conformerstrictement au système utilisé dans l’Encyclopédie de l’Islam.

Les informations ci-dessous sont destinées à les guider dans la rédaction etla présentation des articles proposés à la RESI. Merci de bien vouloir lesprendre en compte :

1. Utiliser du papier de format A4 (21 x 29,7 cm).

2. L’ensemble de l’article (texte, citations et notes) doit être présenté avecun interlignage 1,5 ou double, pour permettre aux correcteurs d’insérer lesobservations jugées nécessaires.

3. Le texte doit également nous parvenir via e-mail dans un attachement eten format word (toutes versions).

RECOMMANDATIONS AUX AUTEURS

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 83

84

RESI, n° 20, décembre 2010

Recommandations aux auteurs

4. Le(s) nom(s) du ou des auteurs doit être précédé de la mentionAUTEUR(S) = suivi du nom et prénom de l’auteur, nom de l’institution,adresse email.

5. Le titre de l’article proposé doit être précédé de la mention TITRE =suivi du titre de l’article EN CAPITALES.

6. Le résumé (15 lignes maximum) en français, en anglais, ou en espagnoldoit être précédé de la mention RÉSUMÉ.

7. Le résumé en arabe (15 lignes maximum) doit être précédé de lamention = ;

8. Le corps du texte : les noms des titres de paragraphe doivent êtreprécédés de la mention TITRE DE PARAGRAPHE = Les noms des sous-titresde paragraphe doivent être précédés de la mention SOUS-TITRE DEPARAGRAPHE.

9. La bibliographie doit être précédée de la mention BIBLIOGRAPHIE.

10. Notes : les notes doivent apparaître en bas de page et non en fin dedocument, avec le même format que le corps du texte.

11. BibIiographie : en fin d’article, les références bibliographiques serontclassées par ordre alphabétique des noms d’auteur.

Pour l’article d’une revue, on indiquera : Le(s) nom(s) d’auteur(s) suivi(s)des initiales du (des) prénoms(s) en majuscules, l’année de parution del’article, “le titre de l’article”, le titre du périodique, le volume, la première etla dernière page de l’article. Ex : GABLOT, G. (1984). Qu’est-ce qu’unpériodique scientifique ? In Bulletin de Bibliothèques de France, t. 29, n° 5,p. 384-387. Pour un ouvrage, on indiquera : Le(s) nom(s) d’auteur(s) suivi(s)des initiales du (des) prénoms(s) en majuscule, l’année d’édition, le titrecomplet de l’ouvrage dans la langue originale, l’éditeur, le lieu d’édition, lenombre total de pages ou les pages de la citation. Ex. : JEUDY H-P., 1999, LesUsages sociaux de l’art, Gallimard, Paris, 250 p.

12. Tableaux et figures : les auteurs doivent insérer eux-mêmes leurstableaux et figures. Ils doivent également préciser dans le texte les renvois quis’imposent. Les légendes sont à placer en dessous des figures. Les titres destableaux sont à placer au-dessus des tableaux.

±Kªh

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 84

85

RESI, n° 20, décembre 2010

Recommandations aux auteurs

13. Normes pour les citations : la citation doit figurer entre guillemets, suiviede l’auteur, date, page entre parenthèses. Les tableaux et les graphiques doiventêtre numérotés séparément et groupés à la fin du manuscrit. L'endroit del'insertion de chaque tableau ou graphique doit être clairement indiqué dans letexte (e.g.“Insérer le tableau 2 ici”). Les tableaux doivent être produits et tabulésle plus simplement possible. Les lignes des graphiques doivent être claires etdistinctes, et les dimensions ne doivent pas dépasser 115 mm x 175 mm.

Montage fr. 25/03/11 16:48 Page 85