rÉvÉlations sur georges soros son complot...

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LE MAGAZINE DE L’AFRIQUE LIBRE # 16 Du 15 sptembre au 23 octobre 2017 • 5 $ Zone cfa 1 500 Fcfa 5 $ • Zone cfa : 1 500 FCFA - SITE WEB: www.renaissancerdc.afrique.cd SON COMPLOT CONTRE LA RDC MIS À NU RÉVÉLATIONS SUR GEORGES SOROS POURQUOI IL FAUT RÉFORMER UNION AFRICAINE LA VICTOIRE DE L’UNION AFRICAINE SUR L’UNION EUROPÉENNE RDCONGO GBAGBO : À QUOI JOUE LA CPI ? CÔTE D’IVOIRE EN AFRIQUE, LA CHINE DOMINE EUROPÉENS ET AMÉRICAINS INVESTISSEMENTS

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 20171

L E M A G A Z I N E D E L’A F R I Q U E L I B R E • # 1 6 D u 1 5 s p t e m b r e a u 2 3 o c t o b r e 2 0 1 7 • 5 $ • Z o n e c f a 1 5 0 0 F c f a

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SON COMPLOT CONTRE LA RDC MIS À NU

RÉVÉLATIONS SUR GEORGES SOROS

POURQUOI IL FAUT RÉFORMER

UNION AFRICAINE

LA VICTOIRE DE L’UNION AFRICAINE SUR L’UNION EUROPÉENNE

RDCONGO

GBAGBO : À QUOI JOUE LA CPI ?

CÔTE D’IVOIRE

EN AFRIQUE, LA CHINE DOMINE EUROPÉENS ET AMÉRICAINS

INVESTISSEMENTS

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+243 81 24 50 757 / +243 81 68 29 391 [email protected]

Safari Beach Kinshasa

Un endroit paradisiaque au coeur de la capitale

Sur la route nationale N°1, en face de Nganda Yala et du Jardin d’Eden. Superbe site, parmi les meilleurs de la zone, et qui semble faire

l’unanimité dans un registre haut de gamme. Safari Beach offre plusieurs possibilités d’hébergement : villas, bungalows et chalets en bois en bordure du fleuve.

Une grande salle de conférence pour les séminaires. Un quai est aménagé pour l’accostage des bateaux, ce qui offre une belle opportunité de randonnée fluviale avec le Safari Beach comme point de chute. Et permet des activités nautiques (jet ski). Possibilité également de balades pédestres ou cyclistes dans la nature environnante. A l’origine, le site faisait partie du Parc présidentiel de la Nsele, d’où son emplacement idéal et son superbe cadre verdoyant. Belle piscine, animation musicale avec orchestre le week-end et night-club le Puerto Rico. Plusieurs espaces de restauration. Dont une grande terrasse à l’étage avec vue sur le fleuve.

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 2017 3

LA CONSTRUCTION DES ETATS UNIS D’AFRIQUE EST UNE NÉCESSITÉ

est une publication de Fremac • Administration : Immeuble Batétéla, ( Croisement Bvd du 30 juin avenue Batétéla) n° 16, 3è niveau, commune de la Gombe, Kinshasa –RDC, Rdc (+243 81 7514 962) • Directeur de Publication : Freddy Mulumba Kabuayi ([email protected]) • Directeur de la rédaction : Valentin Fossi - ([email protected])- (+225) 79 17 75 83 • Secrétaire de rédaction : Georges Barry • Directeur Artistique: Jean-claude N’guetta - (+225) 41 62 76 76 • Bureau Abidjan- Plateau : Athanase Kotobi (+225 56 53 08 83 ) • Bureau Yaoundé : Xavier Messe (+237) 699 66 13 70 • Bureau N’Djamena : Didama Michael (+236 62 90 354) • Photographies : Accords spéciaux • Impression : Abidjan, côte d’ivoire • website : www.renaissanceafricaine-mag.com • Email : [email protected] • Editeur : Fremac • Tirage : 2 000 exemplaires

L e m a g a z i n e d e l ’ A f r i q u e l i b r eNon à la balkanisation de la République Démocratique du Congo !

Editorial

Freddy Mulumba Kabuayi

Pour les Etats africains, la solution du progrès est de s’unir politiquement, d’avoir une politique étrangère commune, un plan de défense commun et un programme économique commun, en vue du développement de tout le continent».

Tel était le vœu de Kwame Nkrumah formulé dans son livre «L’Afrique doit s’unir» publié en 1963. Avec le nouvel ordre mondial qui est en train de se mettre en place, le vœu de l’ancien président ghanéen prend tout son sens. L’Afrique, victime de toutes les grandes mutations mondiales doit saisir cette fois-ci l’opportunité que lui offre cette situation particulière liée à l’émergence d’un nouvel ordre mondial. L’ancien ordre mondial mis place sous la domination de l’Occident est en train de s’effriter. «Nous vivons, je vis, vous vivez à l’articulation de deux mondes, la fin du judéo-christianisme et l’avènement de ce qui reste flou», écrit le philosophe français Michel Onfray dans son livre «Décadence, vie et mort du judéo-christianisme, publié en 2017 aux éditions Flammarion. Déjà en 1988, Paul Kennedy, professeur de l’Université d’Harvard aux Etats- Unis avait publié, un ouvrage prémonitoire : «Naissance et déclin des grandes puissances». Cet ouvrage, écrit l’éditeur, prend en ce début de XXIe siècle, des allures de prophétie : et si l’Amérique, superpuissance incontestée, se trouvait aujourd’hui à la veille de sa chute ? En 2015, Joseph Nye, professeur émérite de l’Université d’Harvard reconnaît dans son ouvrage «Is the American Century over ?» (La fin du siècle américain?) que, «les Etats-Unis garderont un rôle central dans l’équilibre du pouvoir et le leadership américain restera décisif pour la production de biens publics mondiaux. Mais l’ordre mondial libéral du futur aura un tout autre visage que celui de 1991». Pour Joseph Nye, nous assistons à deux mouvements qui se déroulent en même temps dans un monde en plein bouleversement : la «transition de la puissance» avec la Chine et la «transmission de la puissance» des États vers des acteurs non étatiques. Bref, la Civilisation judéo-chrétienne et la puissance américaine sont sur une pente descendante. Et l’Afrique qui est victime de la montée en puissance de l’Occident doit saisir cette opportunité pour prendre part à la géopolitique mondiale non plus comme un objet de l’Histoire, mais comme un acteur de premier plan dans l’ordre international, estime le panafricaniste Edem Kodjo.

Mais comment ? Par la construction des Etats-Unis d’Afrique. Etant donné que la nouvelle réforme de l’Union africaine est à l’ordre du jour, ce projet doit être relancé sur de nouvelles bases. Mais, le problème est que deux projets de création des Etats-Unis d’Afrique ont été déjà étouffés dans l’œuf par les ennemis de l’Afrique ou ceux qui veulent garder l’Afrique sous leurs bottes. Le premier projet, proposé par le président ghanéen a été combattu par les partisans de modèle de l’Etat-nation européen proches des anciennes puissances coloniales.Quant au deuxième projet des Etats-Unis d’Afrique porté par le président Mouammar Kadhafi, il a été abandonné sous influence une fois encore des puissances occidentales. «Construite sur un modèle hybride inspiré de l’Union européenne, des Nations Unies et des Etats-Unis d’Amérique, l’Union africaine créée le 10 juillet 2002 pour remplacer l’Organisation de l’Unité Africaine (Oua), consolide le pouvoir et la souveraineté des Etats existants et écarte les projets kadhafistes d’Etats-Unis d’Afrique», souligne l’historien Amzat Boukari-Yabara, dans son ouvrage, Africa Unite !, une histoire du panafricanisme. Tirant les leçons de deux échecs dans la construction des Etats-Unis d’Afrique, les Africains n’ont pas d’autres choix. «Nous devons nous unir dès maintenant ou périr» cria Kwame Nkrumah le 24 mai 1963 devant ses pairs présidents africains à Addis-Abeba lors des débats sur la mise en place de l’Oua. Ce cri d’alarme garde aujourd’hui sa puissance et reste d’actualité.P a r a i l l e u r s , l a r é f o r m e de l’Union Africaine n’est pas l ’apanage des é l i tes a f r ica ines seu les . I l fau t à t o u t p r i x a s s o c i e r l e s peuples aux débats pour que cette réforme aboutisse à la mise en place des Etats-Unis d’Afrique et non à faire des territoires africains des banlieues des anciennes p u i s s a n c e s e t d e s puissances émergentes.

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NON À LA BALKANISATION DE LA RDC,

OUI À L’UNITÉ AFRICAINE

UN PEUPLE DEBOUT

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41 I MONDE41 • USA : LA FAILLITE DU LEADERSHIP AMÉRICAIN

43 • KIM JONG-UN-DONALD TRUMP L’ESCALADE QUI INQUIÈTE LA PLANÈTE

S o m m a i r e

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06 I TOUR D’HORIZON

50 I LIVRES50 • LES RÉSEAUX SOROS À LA CONQUÊTE DE L’AFRIQUE POURQUOI SOROS ? POURQUOI S’INTÉRESSER À SON ACTION ?

21 I AFRIQUE21 • PANAFRICANISME ET RENAISSANCE AFRICAINE EDEM KODJO : «L’AFRIQUE DOIT PRENDRE PART À LA GÉOPOLITIQUE MONDIALE COMME UN ACTEUR DE PREMIER PLAN»

24 • UNION AFRICAINE : POURQUOI IL FAUT CHANGER DE DIRECTION

26 • LA RÉFORME KAGAMÉ UNE MÉDECINE DOUCE À LA PLACE D’UNE THÉRAPIE DE CHOC !

28 • RÉINVENTER LE PANAFRICANISME, POUR LES ETATS-UNIS D’AFRIQUE

30 • 64E ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION DU ROI ET DU PEUPLE MOHAMMED VI : DESTIN COMMUN POUR LE MAROC ET L’AFRIQUE

32 • PANAFRICANISME, LE VIVIER CAMEROUNAIS

34 • MARCHÉ COMMUN LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE EN DÉBAT

36 • LIBRE CIRCULATION DANS L’ESPACE CEMAC LE TCHAD OUVRE SES FRONTIÈRES

37 • CÔTE D’IVOIRE LAURENT GBAGBO, L’INTERMINABLE PROCÈS

39 • ECONOMIE/INVESTISSEMENTS EN AFRIQUE, LA CHINE LARGUE EUROPÉENS ET AMÉRICAINS

09 I NATION09 • RÉVÉLATIONS SUR GEORGES SOROS COMPLOT CONTRE LA RDC MIS À NU

12 • RDC «MON REGARD SUR LA SOCIÉTÉ CIVILE CONGOLAISE»

15 • RDC LA VICTOIRE DE L’UNION AFRICAINE SUR L’UNION EUROPÉENNE

17 • UNE COMMUNION DE SOUFFLE LA MUSIQUE CONGOLAISE AU COEUR DE LA RÉUSSITE MUSICALE DE LA CÔTE D’IVOIRE

19 • DE L’AFRIQUE PRÉCOLONIALE A L’AFRIQUE POSTCOLONIALE : LE DEVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE DESARTICULE PAR LA COLONISATION

45 I PAGE D’HISTOIRE45 • JOSEPH ANTÉNOR FIRMIN : PIONNIER DU PANAFRICANISME, HÉRAULT DE LA DIGNITÉ DE L’HOMME NOIR

47 • FRANTZ FANON ET LA PENSÉE «NOIRE»

Du 15 sptembre au 23 octobre 2017 • # 16

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 20176

LA NOUVELLE BANQUE DE DÉVELOPPEMENT OUVRE UN CENTRE RÉGIONAL AFRICAIN À JOHANNESBURG

La Nouvelle banque de développement (NDB) a lancé début septembre son centre régional africain à Johannesburg en présence

du président sud-africain, Jacob Zuma.M. Zuma a qualifié le lancement d’historique et a souligné l’engagement des BRICS en faveur du développement du continent africain et des marchés émergents. Les BRICS regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Des officiels du gouvernement sud-africain, des officiels de la NDB, des représentants du corps diplomatique et d’autres institutions financières multilatérales étaient présents à l’inauguration du centre.«Le lancement de la NDB est une étape vitale non seulement pour l’Afrique du Sud, mais également pour tout le continent», a déclaré M. Zuma. «C’est un témoignage de notre conviction que les BRICS et la NDB doivent bénéficier non seulement aux pays des BRICS, mais également à toute l’Afrique et au monde en voie de développement dans son ensemble», a-t-il souligné.La NDB a débloqué la première série de prêts s’élevant à 1,5 milliard de dollars.

M. Zuma a déclaré qu’il s’agissait d’une étape importante, tout comme d’autres réalisations telle l’émission de la première obligation de la banque sur le marché des capitaux chinois qui a mobilisé environ 450 millions de dollars.«Nous espérons que la banque, au travers du centre régional africain, contribuera à accélérer les investissements dans les infrastructures dans les secteurs de l’énergie, des transports, de l’eau et autres», a poursuivi M. Zuma. «Nous avons de grandes attentes pour ce bureau régional».

TOUR D’HORIZON

Le conflit avec la Corée du Nord pourrait servir aux États-Unis pour déployer leur système de missiles antibalistiques THAAD à la frontière

chinoise, estime le fondateur de WikiLeaks Julian Assange sur son compte Twitter. Il a ainsi établi un parallèle avec la crise des missiles de Cuba de 1962 qui avait amené le monde au bord d’une guerre nucléaire.«La Corée du Sud est le Cuba chinois. En provoquant un conflit avec le Nord, les États-Unis se créent un prétexte pour le déploiement du système Thaad», affirme-t-il sur Twitter. Et de poursuivre:«Probablement, le but des États-Unis serait de déployer des bombes nucléaires en Corée du Sud? Dans ce cas, on peut s’attendre à une réaction de la Chine. Elle a plusieurs leviers économiques et militaires.» La Corée du Sud et les États-Unis ont en effet exprimé début septembre, leur intention de déployer davantage de systèmes de défense antimissiles en réponse à l’essai nucléaire réalisé par la Corée du Nord. Deux lance-missiles du bouclier antimissile américain Thaad (Terminal High Altitude Area Defense) ont déjà été installés en Corée du Sud et sont opérationnels. Mais Séoul avait ensuite gelé tout déploiement supplémentaire en raison des préoccupations des habitants quant à l’impact du système sur l’environnement.Pendant la crise des missiles de Cuba de 1962, le décompte était fait heure par heure: en réponse au déploiement des missiles russes à Cuba, les Américains étaient prêts à entamer des actions militaires. Heureusement, le pire a été évité, mais aujourd’hui encore, le monde se retrouve au bord d’une guerre nucléaire, vu la tension autour du programme nucléaire et balistique de Pyongyang. Toute provocation est extrêmement dangereuse dans ces conditions.

La Russie partage la préoccupation des pays membres des BRICS au sujet de l’injustice de l’architecture financière et économique

actuelle qui ne prend pas en compte l’augmentation du poids économique des pays en voie de développement. […] Nous sommes prêts à promouvoir davantage les réformes dans le domaine de la réglementation financière internationale, agir ensemble pour aider à surmonter la domination excessive d’un nombre limité de monnaies de réserve», a déclaré Vladimir Poutine, rappelle M.Escobar. Pékin est prêt à entrer dans le jeu. La Chine a l’intention de lancer son contrat à terme pour le pétrole, libellé non en dollars, comme avant, mais en yuans, qui peut être converti en or. Cela signifie que la Russie, ainsi que l’Iran, «un autre nœud de l’intégration eurasienne», pourront contourner les sanctions américaines dans le commerce des ressources énergétiques dans leur propre monnaie ou en yuan. «La nouvelle triade du pétrole, du yuan et de l’or» est bénéfique pour tous. Mais, ce qui importe le plus est qu’elle contourne le dollar, écrit M.Escobar. À ses yeux, il s’agit de projets économiques à long terme très ambitieux, qui ne seront certainement pas au goût de beaucoup à Washington. «Surmonter la domination excessive d’un nombre limité de monnaies de réserve» est une façon très polie d’exprimer ce que les BRICS ont dit depuis plusieurs années: comment contourner le dollar américain et le pétrodollar.

NOUVELLE ARCHITECTURE FINANCIÈRE MONDIALE EN CONSTRUCTION PÉTROLE, YUAN ET OR : LA NOUVELLE TRIADE ANTI-DOLLAR

«LA CORÉE DU SUD EST LE CUBA CHINOIS» POUR LES ÉTATS-UNIS

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tour d’horizon

«LE BRÉSIL RESTE EN FAIT UNE COLONIE»

EN TOUTE DISCRÉTION, L’ALLEMAGNE A RAPATRIÉ SES RÉSERVES D’OR DE PARIS

La banque centrale d’Allemagne a terminé le rapatriement de la totalité des stocks d’or dont elle disposait à Paris. Le même mouvement est

en cours aux Etats-Unis en vertu des réclamations formulées depuis 2012 par les eurosceptiques allemands. La Bundesbank, la Banque centrale allemande, a annoncé le 23 août qu’elle avait terminé de ramener à Francfort les 374 tonnes d’or qu’elle possédait dans les coffres de la Banque de France. Cette quantité d’or correspond à 11% de la totalité des réserves aurifères allemandes. Effectuées dans le secret le plus total, cette opération, qui devait s’achever en 2020,

aura tout de même coûté la bagatelle de 7,7 millions d’euros à la Bundesbank. Par ailleurs, Berlin a également rapatrié 300 tonnes du plus précieux des métaux lui appartenant des coffres de la Réserve fédérale américaine de New York. Un débat qui intéresse les eurosceptiques allemandsCette annonce met en évidence une particularité de l’Allemagne : totalement dépourvue d’or à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le pays a lentement constitué des stocks à partir de 1951, avant de les répartir sur d’autres territoires que le sien au cours de la Guerre froide, de crainte d’une agression soviétique. Le pays détient actuellement le

deuxième plus gros stock du précieux métal dans le monde après les Etats-Unis, soit 270 000 lingots pesant chacun 12 kg, équivalant à 120 milliards d’euros.

Au Brésil, et notamment dans l’État de Maranhão, sur 1.121 quilombos (une communauté composée en grande majorité de descendants d’esclaves originaires

d’Angola, mais aussi de descendants d’Africains métissés, d’Indiens et de blancs (déserteurs ou paysans sans terre)., seulement 483 possèdent des titres de propriété foncière. Les autorités régionales pratiquent une politique de génocide, a déclaré à Sputnik Paulo Cesar Santos, de la Commission pastorale de la terre. «Le Brésil reste en fait une colonie. Il y a dans le pays une puissante caste de politiciens et de commerçants très étroitement liés entre eux qui s’applique à priver les autochtones et les quilombos de tous leurs droits. C’est une politique de génocide», a constaté Paulo Cesar Santos dans un entretien accordé à Sputnik.«Avec la destitution, il y a un an, de la Présidente Dilma Roussef, on observe un processus extrêmement douloureux d’adoption de lois et de fermeture des organismes chargés de la protection de la population autochtone et de couleur du pays. On est somme toute en passe d’adopter une politique contraire aux intérêts des paysans», a conclu l’interlocuteur de Sputnik.

En marge du sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud)

qui s’est tenu du 3 au 5 septembre dans la ville chinoise de Xiamen, le président russe,Vladimir P o u t i n e a d é v o i l é l’objectif numéro un de la Nouvelle banque de développement des pays émergents (NBD), conçue pour servir de contrepoids au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale (BM).« P a r m i l e s t â c h e s primordiales de la banque figure l’obtention d’une n o t e i n t e r n a t i o n a l e (…). Cela lui permettra d’émettre des titres sur les marchés des cinq États», a déclaré Vladimir Poutine.«En outre, il faut passer au plus vite aux crédits dans les devises nationales des BRICS», a aussi estimé le Président russe. «Nous devrions accélérer l’adoption d’accords visant la création d’un Fonds obligataire des BRICS et l’intégration des marchés de capitaux des cinq pays», a-t-il encore indiqué.Le Président russe a également annoncé à ses collègues des BRICS qu’un certain nombre de grands projets d’investissement était préparé au sein de la NBD, dont trois «seront mis en œuvre en Russie».Les BRICS représentent 40% de la population mondiale et un cinquième du PIB de la planète.

POUTINE ÉVOQUE L’OBJECTIF NUMÉRO 1 DE LA BANQUE DES BRICS

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tour d’horizon

L ’a f f a i r e q u i o p p o s e A l i B o n g o O n d i m b a au journal iste français Pierre Péan, auteur du

livre Nouvelles africaines, mensonges et pillages au Gabon, connaît un nouveau rebondissement. Cet ouvrage dénonce, entre autres, des assassinats ainsi qu’un «coup d’Etat électoral» en 2009 au Gabon. Après un non-lieu prononcé en février 2017, le président gabonais avait de nouveau porté plainte pour «diffamation». L’audience a eu lieu le 5 septembre au tribunal correctionnel de Paris. Dès le début de l’audience, ce 5 septembre au palais de justice de Paris, Delphine Meillet, l’avocate d’Ali Bongo, annonce la couleur : «Ce livre, ce n’est pas de l’investigation, mais du militantisme». Selon elle, le journaliste français Pierre Péan avait un seul objectif en publiant Nouvelles africaines, mensonges et pillages au Gabon, deux ans avant les élections de 2016. «Pierre Péan a écrit ce livre car c’est une commande de l’opposant Jean Ping en 2014, pour commencer à déstabiliser le président Bongo, estime-t-elle. Pierre Péan parle d’assassinats, de tentatives d’assassinats. Il ne le prouve pas de manière factuelle. Aujourd’hui, toute l’audience a consisté à prouver que toutes ces imputations étaient diffamatoires». Pour retrouver son honneur, Ali Bongo demande un euro symbolique. L’audience a été mise en délibéré au 5 octobre 2017

Ali Bongo et le journaliste français Pierre Péan de nouveau au tribunal

Trump lance l’idée d’une réforme de l’Onu, ce «club» aimant «avoir du bon temps»

Xi Jinping appelle à la solidarité des économies émergentes et des pays en développement

Le président américain Donald Trump, qui ne ménage pas ses critiques envers l’Onu, va s’employer à

rallier des soutiens en faveur d’une réforme de l’instance mondiale en organisant une réception au siège des Nations unies à New York le 18 septembre, à la veille de son discours devant l’Assemblée générale.Objectif : pousser l’Onu à se réformer, une organisation qualifiée par lui en 2016 de «club de gens qui se rencontrent, discutent et ont du bon temps».Les représentants des pays seront invités à cette réception s’ils souscrivent à une déclaration politique en 10 points, établie par les États-Unis, soutenant les efforts du secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres «pour engager une réforme efficace, en profondeur», lit-on dans l’ébauche de cette déclaration politique, consultée par Reuters. «Nous soutenons les efforts du secrétaire général pour procéder à des changements concrets au sein des Nations unies, afin de mieux aligner leur travail sur l’aide humanitaire, le développement et la défense des initiatives de paix», lit-on aussi dans ce projet de déclaration. Le Président américain trouve que la quote-part versée par Washington au budget de l’Onu est injustement élevée et entend la réduire. Les États-Unis sont en effet sont le plus gros contributeur, fournissant 22% de son budget central bisannuel de 5,4 milliards de dollars et 28,5% de son budget de 7,3 milliards de dollars alloué aux opérations de maintien de la paix. C’est l’Assemblée générale, qui compte 193 membres, qui détermine les contributions.

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Le président chinois, Xi Jinping a saisi l’occasion du 9è sommet des Brics qui s’est déroulé à Xiamen pour lancer un appel à la solidarité entre

les économies émergentes et celles des pays en développement. «Bien que nous sommes géographiquement éloignés, les rêves et les quêtes communs ont fait de nous de bons amis et de bons partenaires», a indiqué M. Xi. «Tant que les marchés émergents et les pays en développement avancent ensemble leurs idées et déploient leurs efforts, s’aident mutuellement et travaillent de concert», ils peuvent faire plus de «miracles du développement comme transformer la terre en or», et permettre à leurs peuples de mener une vie aisée en étant «bien nourris et bien couverts». M. Xi a qualifié le sommet des BRICS de succès, aux résultats fructueux.«J’espère sincèrement que le sommet de Xiamen ouvrira de nouvelles portes pour la coopération et le développement, et conduira à la deuxième décennie d’or de la coopération des BRICS et à un avenir radieux pour les marchés émergents et les pays en développement», a souligné le président chinois.Le président chinois Xi Jinping, le président brésilien Michel Temer, le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président sud-africain Jacob Zuma ont participé à ce sommet, qui avait pour thème «BRICS : Un partenariat plus fort pour un avenir radieux».Dans la foulée, la Chine a organisé le Dialogue des marchés émergents et des pays en développement, lors duquel des dirigeants de l’Egypte, de la Guinée, du Mexique, du Tadjikistan et de la Thaïlande ont rejoint les dirigeants des BRICS pour discuter de la coopération en matière de développement global.

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Nation

Comme du temps de la création de l’Etat indépendant du Congo en 1885 à la Conférence de Berlin en Allemagne, la Rdc est au centre des enjeux économiques et géopolitiques du capitalisme prédateur. Avec la mondialisation, les multinationales et leurs lobbies sont

en concurrence avec des puissances étatiques. Si hier la domination du monde était l’affaire des grandes puissances, actuellement avec la mondialisation, des multinationales et leurs lobbies sont devenues non seulement des actrices importantes des relations internationales mais aussi sont plus puissantes que les Etats, souligne Dominique Plihon dans son article «Quel pouvoir à l’ère de la mondialisation ?» in Qui gouverne le Monde ? «L’Etat du monde 2017, Bertrand Badie et Domine Vida». C’est dans ce contexte de mondialisation qu’il faut comprendre les stratégies du milliardaire américain Soros avec ses réseaux en République Démocratique du Congo.

SOROS, LE «ZORRO» DES TEMPS MODERNESSelon les trois auteurs de «Les réseaux Soros à la conquête de l’Afrique», le continent noir est le premier endroit où a opéré Soros via sa fondation Open Society Institute (OSI), depuis 1979. Devenue Open Society Fondations (OSF) depuis 2010, cette institution est implantée en Afrique à travers quatre représentations : Open Society

Foundation for South Africa, Open society initiative for west Africa (Osiwa) ;Open Society initiative for Eastern Affrica (Osisea) et Open Society Initiative for Southern Africa (Osisa).Le «philanthrope» Georges Soros a assigné à sa fondation une mission prophétique : promouvoir l’idéal démocratique et favoriser l’implantation de l’économie de marché, une idéologie également prônée par l’Establishment de Washington. Ainsi, on peut comprendre ses accointances avec le parti démocrate américain dont les candidats aux élections présidentielles dépendent de ses soutiens financiers. Les campagnes électorales de Barack Obama et Hillary Clinton ont été financées par le milliardaire Georges Soros. Cependant, George Soros incarne une grande contradiction. Il est à la fois philanthrope et spéculateur hors pair. D’un côté, il joue sur le marché boursier en gagnant beaucoup d’argent sur les dettes des Etats, les devises étrangères et les matières premières sans se soucier des conséquences de ses tours de passe-passe financiers sur les populations ou les gouvernements. De l’autre côté, il distribue les bénéfices réalisées sur les populations qu’il a d’ailleurs escroquées à travers ses opérations financières sans éthique.Curieusement, comme si les espèces sonnantes et trébuchantes du milliardaire les avaient subitement rendus aphones, la dimension de spéculateur attitré de Soros est escamotée par les élites africaines

RÉVÉLATIONS SUR GEORGES SOROSCOMPLOT CONTRE LA RDC MIS À NU

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Les masques sont tombés. Trois auteurs français, en publiant leur ouvrage collectif sur «les réseaux Soros à la conquête de l’Afrique» viennent de révéler publiquement le complot contre la RDC monté par le milliardaire et soi-disant philanthrope américain Georges Soros avec la complicité des mouvements citoyens, certaines Ong et médias, et une partie de l’opposition congolaise. Et le discours sur la démocratie masque bien ses ambitions de parvenir à faire main basse sur les richesses de la Rdc. Freddy Mulumba Kabuayi

RDCONGO

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qui privilégient la dimension philanthropique étant donné que les avantages financiers et matériels qu’elles tirent de la fondation de Soros sont énormes.

Ce que les Africains oublient est que la philanthropie de Georges Soros masque ses gros intérêts économiques. En effet, en sa qualité d’homme d’affaires, Soros a développé discrètement depuis plusieurs années en Afrique des opérations dans plusieurs grands secteurs d’activité, mines, hydrocarbures, agriculture, énergie et télécoms principalement, quitte à parfois entrer en contradiction flagrante avec les grands principes du Soros idéologue, relèvent Stéphanie Erbs, Vincent Barbe et Olivier Laurent dans leur livre ci-dessus cité.

SOROS, LE STRATÈGEComme stratège, Il oppose la société civile au Gouvernement dans chaque pays qu’il opère. Il commence d’abord par le contrôle de la société civile qu’il finance à travers sa fondation pour donner l’impression de défendre les intérêts des populations face au gouvernement jugé irresponsable. Et pour que ses actions soient efficaces, il finance les média qui façonnent l’opinion nationale selon sa vision ; il finance les mouvements citoyens qui défient ouvertement, et pacifiquement, les gouvernements qui lui sont hostiles tout en prônant des valeurs démocratiques ; et enfin, ses Ong participent à un encerclement des régimes jugés non respectueux des valeurs démocratiques, chacune avec sa spécialité propre. Cette stratégie a comme objectif de préparer la voie à la présidence de la République dans le cas de l’organisation des élections qui seront probablement remportées par le candidat de l’opposition ayant reçu son soutien ; soit sur un «coup d’Etat civil» venant d’une insurrection populaire soutenue par les réseaux Soros et appuyée par l’Establishment américain. Ici, il faut relever que selon la nouvelle diplomatie américaine à l’ère du numérique, «si un nombre suffisant de gens se rassemblent pour exiger publiquement la démission d’un gouvernement et diffusent leurs revendications par la voie numérique, ils constituent une expression démocratique à laquelle l’Occident se doit d’accorder un soutien moral et même matériel», écrit Henry Kissinger dans son dernier ouvrage «L’ordre mondial». Ce sont les méthodes de cette diplomatie à l’ère du numérique qui ont été appliquées dans certains Etats arabes, dans les anciens pays communistes de l’Est et au Burkina Faso.Une fois que le candidat de l’opposition est au pouvoir, Soros abandonne son maque philanthropique pour porter les habits d’investisseur intraitable, prêt à tout pour gagner de l’argent. Là, il fait appel à ses amis experts pour la mise œuvre de programmes dits de développement qui vont lui faciliter la mainmise sur l’économie du pays à travers la libéralisation de l’économie et la privatisation des entreprises d’Etat. Entretemps, ses Ongs surveillent le gouvernement qu’il a contribué à promouvoir pour donner l’image de la transparente. Ici, il est clair que Georges Soros détient après coup, le véritable pouvoir. Car, il est

en mesure de contrôler le gouvernement ainsi que la société civile. De ce fait, Il mérite d’être qualifié de chef d’Etat sans Etat ou de faiseur de présidents. Du moins, une chose est sûre : Georges Soros le businessman récupère son argent dépensé comme philanthrope. Cela s’appelle retour sur investissement. Du grand art !

SOROS À L’ASSAUT DE LA RDC.Les activités de la galaxie Soros sont couvertes en RDC par l’Open Society Initiative for Southern Africa (Osisa). Elle finance les activités des Ongs congolaises dans plusieurs domaines : droits de l’homme, genre, élections, presse, mines, pétrole, dettes etc… Toutes ces activités sont sanctionnées par la publication de rapports sur la situation au Congo dans lesquels des recommandations sont faites au gouvernement congolais et aux bailleurs de fonds occidentaux. En plus, Osisa organise parfois avec d’autres fondations et/ ou ambassades occidentales des rencontres entre l’opposition, la société civile et les représentants du pouvoir pour discuter des élections, les questions de sécurité, des questions économiques….Cette façon de procéder donne l’illusion surtout aux Africains que le philanthrope est un père Noël. Mais l’homme cache ses véritables intentions. Avec son flair très développé de spéculateur, il investit dans la durée. L’occasion faisant le larron, le spéculateur va saisir l’opportunité de l’organisation des élections en Rdc en 2016 pour mettre sa stratégie en pratique.A cet effet, il s’appuie sur trois leviers : le soutien à l’opposition politique congolaise, à certains médias et Ongs qu’il finance et ses entrées à la Maison Blanche et au Département d’Etat à Washington.Le premier levier utilisé est l’opposition congolaise pourtant divisée. Après la création du Groupe de partis politiques G7 composé des anciens mobutistes et certains partis de la Majorité présidentielle, une tentative de réunification des partis d’opposition est envisagée. Sous prétexte de l’atelier sur le thème «Enjeu du processus électoral en Afrique sub-saharienne» organisé du 11 au 15 décembre 2015 sur l’Ile de Gorée au Sénégal, l’opposition politique congolaise, certaines Ongs et les mouvements citoyens se sont rencontrés pour mettre ensemble des stratégies afin de prendre le pouvoir par insurrection comme ce fut le cas au Burkina Faso. Cette rencontre a été est financée par la Fondation allemande Konrad Adenauer et la Fondation sud-africaine Brenthurst défenseur de la balkanisation de la RDC, toutes liés à l’Open Society Foundation de George Soros.De retour à Kinshasa, les participants ont mis en place une plateforme «Front citoyen 2016» avec comme première déclaration : «La Nation est en péril, Congolais Telema». Ce front citoyen

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Les activités de la galaxie Soros sont couvertes en RDC par l’Open Society Initiative for Southern Africa (Osisa), qui finance les activités des Ongs congolaises dans plusieurs domaines

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LA CHUTE DE L’EMPIRE DE GEORGE SOROS EST-ELLE PROCHE?

La chute de l’empire du milliardaire George Soros est proche, estime le membre du Comité des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie, Igor Morozov.D’après le sénateur russe, des nuages noirs s’amoncellent au-dessus de la tête de George Soros. C’est ainsi que

ce membre du Comité des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie a commenté la publication d’une pétition lancée par des citoyens américains qui exigent que leur gouvernement saisisse les actifs personnels de George Soros et les biens de toutes ses organisations.«Je n’exclus pas que l’apparition d’un groupe d’initiative de citoyens américains qui signent cette pétition augure de jours noirs pour Soros», a-t-il souligné dans une interview accordée à RT. «Ces mêmes jours qu’il aimait inscrire au calendrier de pays en voie de développement, d’économies et de marchés émergents. Je crois que si la justice américaine se penchait réellement sur les technologies et les instruments utilisés par Soros et sur tout ce qu’il a accumulé pendant sa vie, son empire s’effondrerait».M. Morozov a également souligné que les Américains s’intéressaient aux activités déstabilisantes du milliardaire parce qu’elles

concernaient leur pays.«Soros utilise ses instruments de financement pour détruire des économies en développement, affaiblir ou remplacer des élites politiques, modifier les orientations politiques, c’est-à-dire pour déstabiliser».Et de rajouter, qu’il a fait fortune parce que les enjeux de la destruction de tel ou tel autre pays, de tel ou tel autre marché régional étaient très élevés.«Je crois que les turbulences provoquées par les technologies qui sont les siennes ont enfin atteint la côte américaine et les Américains eux-mêmes ont commencé à en ressentir les effets».Auparavant, une pétition intitulée «Déclarer que George Soros est un terroriste et saisir tous les actifs de ses organisations connexes en vertu des lois RICO (Racketeer Influenced Corrupt Organizations, ndlr) et NDAA (National Defense Authorization Act, ndlr)» a été publiée sur le site officiel de la Maison-Blanche et a déjà recueilli 70.861 signatures.On peut y lire par exemple que «George Soros a volontairement et constamment tenté de déstabiliser et de commettre des actes de sédition contre les États-Unis et leur citoyens».

regroupe des organisations de la société civile comme La voix des sans voix, l’Asadho ; des mouvements citoyens tels que Filimbi et Lucha et des opposants politiques parmi les plus connus du pays : Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi, Martin Fayulu, entre autres. Leur seul objectif déclaré reste le respect de la Constitution.Sans désemparer, les participants de la rencontre de l’Ile de Gorée vont se retrouver encore une fois à Bruxelles pour créer le «Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement» le 10 juin 2016 avec objectif de prendre une position commune par rapport au dialogue national.Le deuxième pilier de Soros en Rdc reste les médias et Ong qui reçoivent ses financements. A propos de médias, Stéphanie Erbs, Vincent Barbe et Olivier Laurent les qualifient de « prise de positions partisantes». Ils soulignent que «les mouvements d’opposition congolais sont soutenus par une dynamique générale entretenue par des médias proches de Soros. Ainsi Radio Okapi, clairement ant-Kabila, est-elle soutenue par la Fondation Hirondelle, dont OSF est partenaire en matière de conception des opérations et de financement.» «D’ailleurs, la radio, vecteur d’information privilégié en Afrique, tient la place centrale dans son dispositif» écrivent les auteurs français. Ce dispositif du réseau Soros est complété par Internews, Ong américaine avec un budget de 15 millions de dollars pour cinq ans, projet surtout entretenu par l’Usaid sous forme d’un «programme de développement du secteur des médias», relève la professeure Mbongo Mpassi Mado, de l’Ifasic. Internews forme les journalistes d’une cinquantaine de radios communautaires qui sont ses partenaires à travers la RDC. Mado s’inquiète de «l’intervention de cette Ong qui est directement impliquée dans le travail quotidien des patrons de la rédaction, ce qui ne peut manquer d’influer sur la ligne éditoriale et le cahier des charges de ces stations de radio».Quant aux Ongs, l’action menée localement par le mouvement citoyen et par les médias nationaux est confortée par celle de grandes Ong internationales, parmi lesquelles plusieurs financées par Soros. Intervenant sur des sujets divers, elles participent à un véritable encerclement du pouvoir en place.

«A l’international, le Monde Afrique, dont l’un partenaire n’est autre qu’Osiwa, relate de façon biaisée la crise politique en RDC, faisant part belle aux mouvements citoyens, le traitement de l’information semble dénoter un parti pris plutôt favorable à l’opposition».Le troisième pilier de Soros en Rdc : ses entrées à la Maison Blanche et au Département d’Etat. Depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, Soros a renforcé la position de ses Ongs et a su placer ses hommes au sein de l’Administration américaine. Le cas le plus emblématique est celui de Tom Perrielo, envoyé spécial des Etats Unis dans la Région des Grands Lacs. Son militantisme pour la démocratie, les élections et le respect de la constitution n’est pas fortuit. L’homme fait partie de réseau Soros. Du Kosovo au Darfour, l’homme a toujours travaillé pour les Ongs financées par l’OSF de Soros. Son activisme débordant pour la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 signé par la majorité présidentielle et l’opposition politique à la solde de Soros et des puissances occidentales a été la dernière carte à jouer car leur homme, Barack Obama, devrait quitter la Maison blanche le 20 janvier 2017. La bataille pour le contrôle des richesses du Congo à travers leurs nègres de service a échoué. Et l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump devrait mettre fin aux ambitions de Soros avec ses partenaires sur la Rdc. En effet, la vision et les intérêts de George Soros pour promouvoir l’idéal démocratique et favoriser l’implantation de l’économie de marché dans le monde sont aux antipodes de la vision du nouveau président Donald Trump et aux intérêts américains. Pour Donald Trump « les États-Unis ont perdu trop de temps, d’argent et d’énergie à reconstruire des pays à leur guise, a déclaré le 22 août 2017 le Président Donald Trump intervenant sur la base militaire de Fort Myer en Virginie.En tout état de cause, le cas Soros n’est qu’un arbre qui cache l’immense forêt des prébendiers et autres opportunistes et traîtres, prêts à tout pour gagner de l’argent sur le dos des Congolais.Si les élites congolaises ne tirent pas des leçons de l’affaire de Soros, elles risquent d’être surprises car avec la mondialisation, il y a d’autres Soros très discrets qui ont des ambitions sur les richesses de la Rdc.g

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COMMENT JUGEZ-VOUS LA SOCIÉTÉ CIVILE CONGOLAISE ?Le premier constat que je fais, est que la société civile congolaise est politisée. En effet, à l’instar de notre classe politique qui est divisée en deux

camps, celui de la majorité au pouvoir et celui de l’opposition, la société civile congolaise reproduit le même clivage. Bien plus, la société civile s’éloigne de sa mission première qui est d’aider les citoyens à résoudre les nombreux problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne sur les plans socio-économiques en s’adonnant plus à la formation et l’éducation conscientisante du peuple.Le deuxième constat est que la plupart des organisations de la société civile sont financées par les organismes de financement extérieurs. La conséquence de cet état de fait est que les actions de nos associations et organisations de la société civile dépendent de ceux qui les financent. Ce qui entame leur autonomie de pensée et d’action. Toutes travaillent selon les thématiques financées par les bailleurs. Si ces derniers financent les actions concernant la résolution pacifique des conflits, toutes les organisations conçoivent des projets dans ce sens pour obtenir des financements. Le jour où ils financent la thématique du genre, tout le monde verse dans le Genre. Lorsqu’ils décident de financer les actions pour l’éducation civique et électorale, toutes nos organisations deviennent des écoles de formation et d’éducation civique.

Ce faisant,. Les organisations et associations de la société civile congolaise qui dépendent quasi totalement des financements extérieurs facilitent l’infiltration et le contrôle de notre pays par les agents extérieurs aux desseins néolibéraux. Ces organisations de la société civile congolaise, dans leur programme d’action, insistent tellement sur les droits de l’homme qu’elles négligent l’histoire du pays et sa lutte pour être souverain.A ce sujet, il faut ajouter que certaines organisations qui ne s’inscrivent pas dans la logique de la dépendance financière aux bailleurs étrangers, subissent des pressions pour accepter des financements. Ce fut le cas du Groupe Amos qui a été harcelé par un gouvernement étranger (européen) pour accepter le financement en vue d’appuyer ses actions. Voyant la résistance du Groupe Amos qui n’acceptait pas d’entrer dans ce système, les représentants de ce gouvernement ont fini par dévoiler leur jeu en proposant au Groupe Amos de choisir une ONG de leur pays par laquelle les financements allaient transiter pour éviter de donner l’impression que c’est le gouvernement de ce pays qui finançait.Le troisième constat est que notre société civile congolaise, à l’instar des partis politiques, se structure selon des critères tribaux. Lorsqu’on regarde l’appartenance tribale des membres de nos différentes associations et organisations de la société, on retrouve facilement un regroupement des personnes issues de la même tribu, de la même ethnie. Ceci ne contribue pas à créer une cohésion nationale et

«MON REGARD SUR LA SOCIÉTÉ CIVILE CONGOLAISE»JOSÉ MPUNDU, PRÊTRE DE L’ARCHIDIOCÈSE DE KINSHASA ET PSYCHOLOGUE CLINICIEN

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Dans cette interview, le religieux déplore la dépendance financière aux bailleurs de fonds européens et/ou américains des organisations de la société civile de la RDC, qui en fait des agents de la néo-colonisation et remet en cause notre souveraineté.

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une véritable communauté nationale au-delà des frontières tribales. Le quatrième constat est que cette société civile congolaise est divisée. En effet, dans un même contexte, on observe le développement d’intérêts contradictoires. Cette division est surtout liée aux intérêts financiers qui motivent la création de la plupart des organisations de la société civile. Pareille division empêche le développement d’une vision commune et limite la capacité de mobilisation de la société civile.

QUELLE EST VOTRE ANALYSE SUR LES MOUVEMENTS CITOYENS SOUTENUS DE L’EXTÉRIEUR ? A TITRE D’EXEMPLE, FILIMBI, LUCHA ET D’AUTRES MOUVEMENTS.Le soutien financier extérieur accordé à nos mouvements de la société civile en ce, compris les nouveaux mouvements citoyens – un terme à la mode ces derniers temps – constitue un obstacle à l’acquisition de notre souveraineté que nous avons perdu depuis très longtemps.La plupart de ces mouvements citoyens sont financés et inféodés aux agences de sédition américaines dont la plus importante est la NED (National Endownment for Democracy) qui est une infrastructure de la coordination de la politique étrangère américaine. Elle travaille main dans la main avec l’USAID (United States Agency for International Development) et le NDI (National Democratic Institut for International Affairs).Un ex-responsable de la NED a affirmé en 1992 que ces agences font le travail que faisait la CIA il y a 25 ans. Quel travail ? Officiellement, elles prétendent travailler pour «exporter» la démocratie et le développement dans les pays où elles sont implantées. Mais, en réalité, leur vrai travail est de fomenter les coups d’Etat, financer les élites intellectuelles et les partis de l’opposition des pays dont les USA veulent contrôler les énergies et les matières premières stratégiques pour renverser les gouvernements démocratiquement et souverainement mis en place par leurs peuples, tuer les

intellectuels et les dirigeants politiques progressistes, etc.Il n’y a pas que les agences de sédition américaines mais nous avons aussi des organisations dites non gouvernementales appartenant à d’autres pays de l’Europe (Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, etc.) qui, sous couvert de soutien à la démocratisation et au développement de nos pays africains, la paix et au respect des droits de l’homme, font pratiquement le même travail sans faire trop de bruit.En dehors de ces organisations financées par leurs gouvernements, nous ne devons pas omettre de citer celles qui sont indépendantes. Parmi ces organismes, nous avons le plus représentatif c’est OSI (Open Society Institue) qui fait partie de la Fondation Soros. Georges Soros est un multimilliardaire américain, qui s’illustre par la spéculation financière. Lui et sa fondation travaillent de concert avec le département d’Etat américain (Ministère des affaires

étrangères) pour la «promotion de la démocratie».Lorsqu’on est en présence d’une jeunesse sans avenir et sans espoir d’une amélioration de la situation socio-économique du pays, vouée au chômage après avoir fait de longues études universitaires, la tentation est trop forte de se livrer à la sollicitation de ces agences qui donnent la possibilité d’avoir un emploi bien rémunéré avec les avantages multiples dont les voyages à l’étranger au frais de la princesse. Ils créent alors des mouvements citoyens et obtiennent des financements énormes pour mener des actions de revendication des droits du citoyen, actions du genre manifestations de rue, marches dites pacifiques et autres qui souvent cachent mal la volonté des maîtres-bailleurs de fonds de provoquer des soulèvements populaires au terme desquels, ils destituent ou font fuir ou encore tuent les dirigeants dont ils ne veulent plus parce que ne servant plus leurs intérêts.Personnellement, je suis convaincu que nous avons besoin des mouvements citoyens pour se livrer à l’éducation civique et politique du peuple qui doit acquérir et maîtriser la culture démocratique mais pas d’une démocratie d’emprunt qui n’est que le suppôt du capitalisme ultralibéral, plutôt une démocratie fondée sur les valeurs de participation, d’égalité, de liberté et de justice. Une démocratie qui repose que le respect absolu de l’homme et son premier droit celui de la vie décente. On ne peut pas instaurer la démocratie en tuant des personnes qui ne servent pas les intérêts des maîtres du monde.Nous avons besoin des mouvements citoyens autonomes quant à leur pensée (idéologie) et quant à leurs actions qui devraient être des actions constructives d’une société alternative. Nous avons besoin des mouvements citoyens qui s’autofinancent et qui jouissent d’une grande liberté vis-à-vis de toutes les sollicitations des agences de sédition américaines ou européennes.

QUE PENSEZ-VOUS DU «MANIFESTE DU CITOYEN CONGOLAIS» SIGNÉ À PARIS ?D’abord positivement, je trouve qu’une rencontre des Congolais pour réfléchir sur leur pays est une initiative qu’il faut louer et même encourager. Toutefois, cette réflexion devrait éviter d’être complaisante et téléguidée de l’extérieur. D’où les questions que je me pose et je pose aux compatriotes qui ont organisé et participé à cette rencontre de Paris : qui a financé cette rencontre de Paris ? Quelles sont ses intentions en finançant cette rencontre ? Que va-t-il gagner en retour ? Pourquoi avoir choisi Paris et non une province du pays pour tenir cette rencontre ?Au point de vue du contenu de la rencontre, je me pose les questions suivantes : pourquoi la rencontre de Paris n’a-t-elle pas passé en revue l’histoire de la guerre perpétuelle de notre pays pour en indiquer les acteurs pléniers et les acteurs apparents afin de mieux entrevoir une lutte conséquente ? Suffit-il d’exiger le départ de Joseph Kabila et d’organiser une nouvelle transition pour résoudre la crise politique de notre pays ? La crise de notre pays est-elle uniquement limitée à une crise d’alternance politique au pouvoir ou n’est-il pas essentiellement une crise d’alternative du système ?Une lecture attentive et une analyse approfondie du texte du Manifeste du Citoyen Congolais m’amènent à conclure que l’exigence principale de ce document est exprimée au

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Cette dépendance financière aux bailleurs de fonds européens et/ou américains de nos organisations de la société civile en fait des agents de la néo-colonisation et remeten cause notre souveraineté

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point III : «Exigeons le départ de Monsieur Joseph KABILA KABANGE et une transition citoyenne dont les animateurs seront désignés à la suite d’une concertation nationale ayant mission principale d’organiser des élections crédibles, transparences, ouvertes et libres et qui n’en seront pas candidats».

Ce point soulève quelques questions qui peuvent l’objet d’un débat contradictoire entre les signataires de ce manifeste et ceux qui n’y adhèrent pas. Voici quelques-unes de ces questions : qui va convoquer cette concertation et avec quel pouvoir fondé sur quelle constitution ? Quelle sera la source de légitimité des animateurs ainsi désignés à la suite de cette concertation ? Quelle sera la durée de cette transition lorsque l’histoire contemporaine de notre pays nous montre que les différentes transitions que nous avons connues depuis la conférence nationale souveraine jusqu’à la dernière issue de l’accord global et inclusif de Sun City, ont toujours été élastiques ? Quelle garantie pouvons-nous avoir sur la non-présentation des animateurs de cette transition comme candidats ?Par rapport à l’implication de la masse populaire, je me pose la question suivante : pourquoi, au retour de Paris, une rencontre n’a-t-elle pas été organisée avec nos masses populaires pour un rapport ad hoc? C’est peut-être le signe qu’il y a anguille sous roche.A la rencontre de Paris, j’ai noté qu’ils ont parlé de l’organisation des élections pour une alternance politique dans notre pays dans le respect de la constitution. Mais je n’ai vu nulle part une interrogation sur la problématique des élections dans notre pays. La question de savoir : à quoi servent les élections dans notre pays lorsque nous nous rendons compte que souvent les dés sont pipés et qu’elles débouchent toujours sur des crises de légitimité jamais résolues ? Cette question n’a pas été abordée. On n’a pas fait une analyse approfondie des deux cycles électoraux que nous avons connus : cycle de 2006 et cycle de 2011. Se rappelle-t-on qu’en 2006, nous avons eu non seulement des élections financées presqu’entièrement par l’extérieur mais aussi la présence de l’Eofor, une force militaire occidentale, pour empêcher toute revendication ou toute contestation des résultats des élections ? Se rappelle-t-on que les élections de 2011 ont été précédées par une révision de la Constitution qui avait comme objectif

principal de passer d’un scrutin présidentiel à deux tours à un scrutin à un seul tour ? Où étaient les défenseurs de l’ordre constitutionnel et de la démocratie ? Se rappelle-t-on les rapports de la mission d’observation de l’UE et autres missions étrangères qui se sont mis d’accord sur la même conclusion : «les élections ont été entachés d’irrégularités énormes mais cela ne change pas l’ordre d’arrivée des candidats» ? Et avons-nous oublié que chacun de ces cycles s’est soldé avec des morts d’homme ? J’invite mes compatriotes à relire le Manifeste de la Conscience Africaine élaborée par un groupe de congolais avant l’Indépendance, particulièrement, en juin 1956, qui reste d’actualité pour notre pays et notre continent.

QUE FAIRE ? Libérer la société civile congolaise de son inféodation par les agences de sédition américaines et européennes, telle est pour moi la première action qu’il faut entreprendre. Dans un pays où les emplois se comptent sur les bouts des doigts, ces agences créent de la dépendance en payant les présidents des ONG et en finançant leurs actions. Il est donc impérieux, pour réussir cette libération, que les dirigeants politiques en place développent une politique de l’emploi conséquente avec des salaires qui permettent aux citoyens de se retrouver et de vivre décemment. Aider notre société civile à redécouvrir sa mission principale qui consiste à éduquer, à former la population afin qu’elle puisse se prendre réellement en charge de manière positive et constructive.Que les autorités politiques de notre pays respectent la liberté de pensée et d’action des organisations de la société civile afin de leur faciliter l’accomplissement de leur mission! Et donc qu’on arrête de les museler ou de les réprimer sans raisons valables. Que les médias officiels soient ouverts à toutes les associations et organisations de la société civile sans discrimination basée sur les opinions politiques favorables ou non favorables au pouvoir en place ! Pour cela, l’organisation des débats contradictoires entre les différents courants de la société civile devrait être encouragée dans tous les médias, surtout dans les médias proches du pouvoir en place.g

Nous avons besoin des mouvements citoyens qui s’autofinancent et qui jouissent d’une grande liberté visà-vis de toutes les sollicitations des agences de séditionaméricaines ou européennes.

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LA VICTOIRE DE L’UNION AFRICAINE SUR L’UNION EUROPÉENNE

Le Tchadien Mahamat élu président de la Commission de l’Union africaine

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 712ème réunion tenue le 23 août, a reconnu l’impossibilité d’organiser les élections le 31 décembre 2017 pour les raisons techniques. Il demande que la Ceni (Commission électorale) publie un nouveau

calendrier électoral réaliste. Reconnaît BrunoTshibala comme premier ministre et Joseph Olengankoy comme président du CNSA. Enfin le Conseil félicite le Président Kabila pour la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016. Il s’agit là, une fois encore, de la victoire de l’Union africaine sur les prétentions de l’Union européenne dans le dossier congolais. Le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 712ème réunion tenue le 23 août 2017, est ainsi libellé :Le Conseil,1. Prend note des communications faites par l’Ambassadeur Smail Chergui, le Commissaire à la paix et à la sécurité ainsi que par le Représentant spécial du Président de la Commission de l’UA et chef du Bureau de liaison de l’UA en RDC, l’Ambassadeur Abdou Abarry et le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), M. Mamadou Diallo, sur la situation politique, sécuritaire, humanitaire et le processus électoral en RDC. Le Conseil prend également note des déclarations faites par le Vice Premier ministre, ministre des Affaires étrangères

et de l’Intégration régionale de la RDC, S.E. Leonardo She Okitundu, par l’Afrique du Sud, en sa qualité de de Président de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc), du Sénégal au titre des membres africains non permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies et de l’Union européenne (UE);2. Rappelle ses communiqués et communiqués de presse antérieurs sur la situation en RDC, y compris le Communiqué PSC/PR/COMM adopté lors de sa 671ème réunion, tenue le 27 mars 2017;3. Exprime sa grave préoccupation face à la persistance des violences et de l’insécurité au centre et dans l’est du pays, et dans les provinces du Kassai y compris les évasions des prisons par les prisonniers qui renforcent l’insécurité dans les centres urbains, notamment à Kinshasa. A cet effet, le Conseil demande aux autorités de la RDC de poursuivre la collaboration avec les experts internationaux chargés des enquêtes sur les graves violations des droits de l’homme et autres assassinats dans le Kasai afin que les auteurs soient traduits devant les juridictions. Le Conseil exhorte le gouvernement de la RDC à privilégier une approche négociée avec l’ensemble des acteurs concernés dans la recherche d’une solution durable à la crise au Kasai;4. Se félicite de l’annonce faite par la Commission de l’UA relative à la tenue, en République démocratique du Congo, le 19 octobre 2017, d’un Sommet régional des garants de l’Accord Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et

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Les plans européens pour semer la confusion et le chaos en RDC ont été sérieusement contrariés par le communiqué du conseil de paix de l’organisation panafricaine. Par xxxn

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la région, signé à Addis-Abeba, le 24 février 2013. A cet égard, lance un appel à la communauté internationale afin qu’elle apporte son assistance à la relocalisation dans un pays tiers des éléments de l’ex-M23 cantonnés;5. Exprime en outre sa préoccupation face à l’aggravation de la situation humanitaire dans plusieurs zones du territoire congolais et lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte les soutiens nécessaires afin de répondre aux besoins des millions de personnes déplacées et de réfugiés;6. Réitère l’importance qu’il accorde à ce que la réduction des effectifs de la Monusco ne nuise pas à l’efficacité attendue dans la mise en œuvre de son mandat en RDC. A cet égard, le Conseil se félicite de l’excellent partenariat qui existe entre les Nations unies(NU) et l’Ua dans le règlement de la crise en RDC et encourage la poursuite de la coopération entre les Forces de la Monusco et les Forces armées de la RDC (Fardc) en vue de relever efficacement les défis sécuritaires qui se posent en RDC;7. Réaffirme son attachement à la mise en œuvre intégrale de l’accord politique du 31 décembre 2016. A cet égard, le Conseil prend note de la nomination, le 7 avril 2017, de M. Bruno Tshibala, en qualité de Premier ministre du gouvernement d’union nationale, et de la désignation, le 22 juillet 2017, de M. Joseph Olenghankoy, comme président du Conseil national de suivi de l’Accord (CNSA), en ce qu’elles parachèvent la mise en place du cadre institutionnel de la transition politique tel que prévu par l’Accord du 31 décembre 2016. Dans cette perspective, le Conseil lance un appel à tous les acteurs politiques et sociaux en RDC afin de conforter ce processus institutionnel pour assurer une transition politique fructueuse, ainsi que l’établissement de conditions favorables à l’organisation pour la conduite d’élections libres, transparentes et crédibles;8. Félicite le gouvernement congolais pour ses efforts visant à mettre en œuvre l’Accord politique du 31 décembre 2016 et à maintenir un dialogue constant avec toutes les parties prenantes politiques et sociales en RDC afin de surmonter les divergences qui subsistent encore. A cet égard, le Conseil souligne que les décisions unilatérales d’imposer des sanctions contre les personnalités en RDC n’établiraient pas l’environnement propice à la résolution de la crise en RDC;9. Note avec satisfaction les progrès accomplis par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) dans l’enrôlement de près de 98% d’électeurs éligibles et salue le soutien logistique apporté par la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation au Congo (Monusco) dans la conduite de cette opération. Le Conseil encourage la CENI à intensifier ses efforts afin de couvrir toutes les provinces du pays, notamment dans le Kasaï et souligne à cet effet, la nécessité pour la communauté internationale de fournir à la Ceni les ressources nécessaires pour lui permettre de parachever le processus électoral;10. Exhorte la Ceni, en concertation avec le Cnsa et le gouvernement à évaluer objectivement l’ensemble du processus électoral afin de procéder à la publication, dans les meilleurs délais, du calendrier électoral;;

11. Salue les efforts déployés par les organisations régionales, en particulier la Sadc, pour désamorcer les tensions en RDC et pour promouvoir un dialogue inclusif pour la mise en œuvre de l’Accord politique du 31 décembre 2016 et se félicite des décisions du 37e Sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Sadc, tenu récemment à Pretoria, en Afrique du Sud, du 19 au 20 août 2017, sur la situation en RDC telle que décrite aux paragraphes 23 à 28 de son communiqué, qui, entre autres, a relevé un certain nombre de défis qui ont rendu irréaliste pour la RDC de tenir des élections en décembre 2017, comme prévu initialement et a exhorté la Ceni à publier le calendrier électoral révisé; il a demandé instamment à toutes les parties prenantes de s’abstenir de mesures susceptibles de porter atteinte à la stabilité politique et sécuritaire en ce qui concerne les développements, ce qui a conduit à l’escalade de la violence et de l’insécurité dans les provinces du Kasai; il a approuvé la nomination d’un envoyé spécial en RDC et a félicité le président Joseph Kabange Kabila, le gouvernement de la RDC et d’autres parties prenantes pour les progrès accomplis dans la mise en œuvre des dispositions de l’Accord de paix du 31 décembre 2016; et a condamné les ingérences extracontinentales dans les affaires des États membres de l’UA, en particulier, la pratique unilatérale de sanctions ciblées contre les personnalités congolaises par des organisations et des pays non africains..12. Demande au Président de la Commission de prendre les mesures nécessaires afin de dépêcher dans les meilleurs délais, une mission d’évaluation pré-électorale et de la situation sécuritaire en RDC, avec la participation des représentants d’organisations sous régionales telles que la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (Cirgl), la Sadc et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) et de lui en faire rapport. A cet égard, le Conseil souligne la nécessité d’un renforcement du rôle politique de l’UA dans la recherche d’une solution à la crise en RDC et demande ainsi au Président de la Commission de renforcer les ressources humaines requises au Bureau de liaison de l’UA en RDC;13. Décide de rester activement saisi de la question.g

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Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker

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Sam Mangwana

Awilo Longomba Koffi Olomidé

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LA MUSIQUE CONGOLAISE AU CŒUR DE LA RÉUSSITE MUSICALE DE LA CÔTE D’IVOIRE

Parmi les réussites artistiques les plus significatives qui ont uni les peuples africains aujourd’hui, celle des musiciens congolais en Afrique de l’Ouest, particulièrement en Côte d’Ivoire, mérite une attention particulière.

Dans les années 1980, la ville d’Abidjan était devenue pour certains chanteurs congolais le chemin obligé pour atteindre le public mondial et s’ouvrir la route de l’Europe. Ceux qui arrivaient dans la capitale de la Côte d’Ivoire entraient dans un monde qui permettait non seulement d’accéder au public du Nigeria, du Mali, du Togo, du Bénin et d’autres pays de la CEDEAO, mais aussi d’avoir un retentissement notoire dans les diasporas africaines de France, du Canada et des Etats-Unis. L’enjeu n’était pas seulement la notoriété, mais aussi les possibilités d’enrichissement dans une contrée mieux organisées, où le miracle ivoirien était une manne du ciel. Outre les grands orchestres de Kinshasa qui, pendant plus de trois décennies, ont inondé de leur génie l’espace CEDEAO, beaucoup de musiciens du Congo avaient individuellement choisi de s’installer au pays d’Houphouët-Boigny, ou d’y concentrer leurs énergies, avec des fortunes diverses et inégales.Avec les chansons comme Fatoumata, Georgette ou Suzanne Coulibali, Sam Mangwana s’y était créé un cercle d’admirateurs inconditionnés et avait bénéficié du terroir musical local pour renouveler son propre génie, élargir sa palette musicale et innover dans l’inventivité artistique. Le Général Defao y

réussissait ses concerts les plus fréquentés et ses prestations toujours plus splendides les unes que les autres. Zitani Neil s’y était hissé au hit-parade des compositeurs les plus prisés du public avec sa chanson-féchiche Marcory Gasoïl. Pour Koffi Olomidé, Abidjan, Lomé et Cotonou étaient devenus des symboles des spectacles sublimes, dans des stades archicombles où le public allait même jusqu’à perdre le sens de la discipline et de la sécurité au point de créer des mouvements de foule mortels. Tshiala Mwana déclenchait une ferveur sacrale, avec de «tournements» et de roulements de hanches qui furent un danger pour les couples ivoiriens et maliens. Elle fut même chassée de la région sur décision politique, pour que soit conservée l’éthique conjugale et la morale publique. Awilo Longomba était devenu à lui seul un spectacle vivant pour les Togolais et les Béninois, au point qu’il était même plus adulé et auréolé de gloire au Togo et au Bénin que dans son propre pays. Quant à Papa Wemba, il avait fait d’Abidjan le must de ses apparitions : sa mort sur la scène du FEMUA en avril 2016

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Avec les chansons comme Fatoumata, Georgette ou Suzanne Coulibali, Sam Mangwana s’y était créé un cercle d’admirateurs inconditionnels

UNE COMMUNION DE SOUFFLE

Dans les années 1980, Abidjan était devenue pour certains chanteurs congolais le chemin obligé pour atteindre le public mondial et s’ouvrir la route de l’Europe.

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fut comme une véritable montée au ciel pour un artiste que le public ivoirien avait élevé à la stature d’une véritable divinité.Mais le phénomène le plus spectaculaire du mouvement des musiciens congolais en Afrique de l’Ouest fut l’impact de la ruée des Atalaku de Kinshasa à Abidjan. Les Atalaku, ce sont des animateurs dont les prestations s’intègrent dans

les chansons pour leur donner une dimension de virtualité dansante et une ferveur chorégraphique où le griotisme traditionnel devient le ferment des prestations passionnément modernes. Le phénomène avait été lancé par l’Orchestre Zaiko Langa langa avant d’être hissé au rang d’un des plus beaux-arts par l’orchestre Quartier Latin de Koffi Olomidé. A un certain moment, les Atalaku devinrent tellement importants dans la musique congolaise que l’espace national leur parut étriqué. Ils commencèrent à émigrer et Abidjan leur devint une seconde capitale. Kinshasa et Abidjan furent comme deux villes jumelles pour la musique congolaise avant de devenir deux villes rivales. Les Atalaku congolais d’Abidjan prétendirent même être plus grands et plus performants que ceux de Kinshasa. Leur titre de gloire : avoir permis, par leur génie, l’invention d’un nouveau style musical, le Coupé-Décalé, fruit du mariage réussi entre le génie musical congolais et le génie musical ivoirien.Même si tous les Congolais qui ont fait mouvement vers l’Afrique de l’Ouest n’ont pas toujours réussi à la hauteur de leurs espérances, même si un grands talent comme Mopero Wa Maloba est mort misérable à Abidjan, sans que son génie y soit vraiment reconnu, l’impact de la présence permanente des Atalaku et de certains grands artistes comme Chirac Makayabu et Mokonzi Dj au pays de Meywey a montré que la coopération et l’inter-fécondation des forces de la migration et des énergies de la créativité locale sont utiles et bénéfiques lorsque ceux qui se rencontrent sont portés par un même souffle. Entre Kinshasa et Abidjan, ce souffle a existé et bien des musiciens en ont profité dans la construction de leur art.Quelles leçons ce lien de souffle permet-il de tirer sur ce phénomène de l’impact de la musique congolaise sur la grandeur de la musique ivoirienne ? Deux grandes leçons, principalement.La première leçon concerne les conditions d’une migration réussie dans la perspective de l’unité africaine. Tout dépend de ce que l’on vient chercher ailleurs et de ce que l’on peut apporter chez autrui pour faire émerger une réalité nouvelle : quelque chose de nouveau que le génie de deux peuples, de deux pays ou de deux forces de vie font étinceler comme

le fruit de leur rencontre en profondeur. Si le Coupé-décalé a pu conquérir toute l’Afrique et inonder de ces mélodies tous le continents, c’est parce que deux dynamiques de génie s’y sont rencontrées et ont donné le meilleur d’elles-mêmes dans la production musicale commune qui préfigure ce que le continent africain peut devenir si les génies de ces peuples s’unissent. Même s’il n’y a pas eu un calcul conscient pour cette réussite, les forces de l’inconscient et des imaginaires qui ont coopéré entre l’immigration artistique congolaise en Côte d’Ivoire et l’immense talent des artistes ivoiriens ont tracé la voie qu’il s’agit maintenant de rationaliser, d’approfondir et d’élever à un modèle universel. Il est bon de savoir qu’on ne vient pas chez autrui mains vides, comme un voyageur sans bagage. Il est bon de savoir aussi qu’on ne vient pas chez autrui pour repartir les mains vides, comme un fou errant qui ne sait ni ce qu’il veut ni ce qu’il peut. On vient chez autrui pour créer avec autrui de richesses nouvelles. Ce principe de novation dans l’être-ensemble est capital pour la réussite de l’immigration et la construction de l’unité africaine. Il n’a pas seulement opéré dans le cas des Atalaku. On l’a vu dans l’éclat des mélodies où sont ensemble des virtuoses congolais comme Koffi Olomidé et des génies ivoiriens comme Meiwey. Le résultat de leur inter-fécondation, c’est toujours un art qui atteint les sommets du sublime.Le deuxième principe, c’est celui de la fécondité de la terre natale comme ferment permanent de la rencontre d’autrui en terre d’immigration. Cela concerne autant les individus que les communautés. Leur identité culturelle est une énergie indispensable à l’enracinement en terre étrangère. Les Atalaku congolais installés en Côte d’Ivoire l’ont toujours compris : ils sont restés viscéralement congolais dans leur être et c’est leur congolité qui a fait leur force, de même qu’elle nourrit tous les artistes congolais font constamment mouvement vers l’Afrique de l’Ouest. Avec eux a pris corps une conviction forte que l’universitaire Albert Tudiesh avait su bien formulé avant sa mort : «Le Congo est partout où se trouvent les Congolais.» En puisant au fin fond d’eux-mêmes, les artistes du Congo en terre d’immigration trouvent le limon vital pour accueillir en eux le limon vital des autres, surtout en matière de culture et de rencontre culturelle.g

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Meiway

Le phénomène le plus spectaculaire du mouvement des musiciens congolais en Afrique de l’Ouest fut l’impact dela ruée des Atalaku de Kinshasa à Abidjan

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DE L’AFRIQUE PRÉCOLONIALE A L’AFRIQUE POSTCOLONIALE : LE DEVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE DESARTICULÉ PAR LA COLONISATION

L’AFRIQUE AVANT LA COLONISATION EUROPÉENNE : UNE AFRIQUE DE PRODUCTION ET D’ÉCHANGEL’analyse objective de l’histoire de l’Afrique pré-coloniale demeure fort intéressante et permet de réfuter la thèse de la mission civilisatrice de l’Afrique

selon laquelle les puissances européennes prétendent avoir procuré aux peuples «sauvages» d’Afrique les bienfaits de la civilisation en leur inculquant l’idée de la propriété privée et celle de l’utilité du travail, afin de les conduire vers une ère de prospérité. Les découvertes archéologiques ont pu prouver que l’Afrique ne vivait nullement isolée du reste du monde et qu’elle avait un niveau de développement socioéconomique fort semblable sinon légèrement supérieur à celui de l’Europe du Moyen-Age.En effet, «l’amnésie occidentale» de vouloir attribuer l’histoire de l’Afrique au seul contact avec les Européens défie l’imagination. Dès la période préhistorique, l’Afrique avait eu de fréquentes relations avec l’Inde, où vivaient des Dravidiens à peau noire. Dans les temps historiques, jusqu’au 6ème siècle de notre ère, les navigateurs malais visitèrent régulièrement les côtes de l’Afrique orientale, faisant pénétrer dans cette région toutes sortes d’innovations techniques telles que la culture du bananier, du cocotier, l’art de la pêche avec la pirogue à balancier, le défrichement par le feu, le soufflet de forge. Ce sont encore les malais qui commencèrent le peuplement de Madagascar, vers l’an 400 de notre ère. Mais les côtes orientales africaines attiraient aussi, depuis les temps les

plus reculés, les Arabes du Yémen et du Golfe Persique, qui servaient d’intermédiaires entre l’Afrique et l’Asie tout entière pour l’exportation de l’or, de l’ivoire, des esclaves, pour l’importation sur le continent noir des étoffes, des soieries, des objets de cuivre et des épices. Les côtes de l’Afrique orientale avaient vu fleurir, dès le VIIème siècle, de nombreuses cités-Etats commerçantes, riches, luxueuses, fondées par des chefs musulmans venus d’Arabie du sud et même de Perse. Au nord et au nord-est de l’Afrique, l’Egypte pharaonique dont l’origine remonte à la fin du 4ème millénaire, avait de profondes racines africaines. La conquête du pays de Couch et de la Nubie fut un des grands objectifs de sa politique dès l’ancien Empire. A partir du 15ème siècle avant l’ère chrétienne, le Nouvel Empire réussit à étendre la colonisation égyptienne jusqu’au-delà de Napata, à la 4ème cataracte. Avec la conquête du royaume de Couch que les Pharaons avaient soumis vers le milieu du IIème millénaire, la Nubie joua un rôle essentiel d’intermédiaire, mais redevint, vers 800 avant notre ère, un Etat indépendant assez puissant pour conquérir à son tour l’Egypte et y imposer, au 8ème siècle, la 15ème dynastie nubienne ou éthiopienne.Notons avec Olivier Bain (2001) dans son étude sur l’Afrique précoloniale : une période de l’histoire, que la fin de l’Egypte pharaonique entraîna une africanisation de la Nubie. Le royaume de Méroé, qui succéda au VIème siècle avant notre ère à celui de Napata, fut le grand diffuseur de l’industrie du fer en Afrique par la vallée du Nil et le Tchad vers le Niger,

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Par Crispin MALINGUMU SYOSYO

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et par la Bénoué vers le golfe de Guinée. Par la suite, les migrations bantoues, parties de la région tchadienne, devaient introduire la métallurgie en Afrique centrale et australe. Ainsi, la plus grande partie de l’Afrique passa directement de l’âge de la pierre à l’âge du fer sans pour autant connaître un âge du bronze. D’autres échanges se développèrent par le Sahara. Dès l’époque d’Hérodote, les Garamantes du Fezzan assuraient les liaisons commerciales entre Carthage et le Soudan, ramenant vers la Méditerranée l’or, l’étain, les ivoires, les plumes d’autruche, les animaux sauvages et aussi les esclaves. Le trafic saharien devient encore plus actif après l’introduction, au début de notre ère, du dromadaire, venue de la Syrie par l’Egypte.

En Afrique de l’Ouest, c’est dans la région du fleuve Sénégal et de la boucle du Niger que se développèrent, à partir du VIIIème siècle au moins, les premiers Etats organisés et bientôt de véritables empires africains. Dans cette région privilégiée, plus humide qu’aujourd’hui, riche en sel et en or, florissaient plusieurs royaumes, comme par exemple le royaume d’Ouagadougou, peuplé par les Sarakollés païens. Ce royaume qui s’assura l’hégémonie en monopolisant le commerce de l’or avec l’Afrique septentrionale est devenu l’empire du Ghana. Dans les régions tchadiennes, grand carrefour commercial, se développèrent de nombreux royaumes qui, soumises à des influences du Nord, par l’intermédiaire de la Nubie et du désert, se distinguèrent par leur organisation centralisée et hiérarchisée, comme par leur vocation militaire. Plusieurs royaumes luttèrent pour le contrôle du commerce transitant par le lac Tchad.En Afrique centrale et australe, les migrations bantoues se sont développées dans toute cette moitié de l’Afrique du début de l’ère chrétienne jusqu’au 19ème siècle. De la région du Tchad, ils se dispersèrent et auraient gagné le centre de l’Afrique, puis se seraient répandues vers l’ouest et vers l’est, avant de descendre vers le sud. Agriculteurs et pasteurs, les bantous tiraient de l’usage du fer une supériorité écrasante. Du côté de l’ouest, ils fondèrent vers le début du 12ème siècle, le royaume Kongo, qui couvrit toute la région du Kongo central actuel. Il était entouré, sur le périmètre de la cuvette centrale congolaise, par d’autres bantous tels que ceux du royaume Kuba, de l’empire lunda et luba. Tous ces Etats étaient bien organisés et présentaient

une civilisation relativement évoluée. Au cours de siècle qui a vu l’établissement progressif d’un système où l’agriculture, l’élevage, la pêche et la cueillette formaient l’essentiel des activités de production, un secteur des échanges a toujours existé en Afrique centrale, occupant une place plus ou moins importante selon les circonstances historiques.On distingue quatre grands espaces économiques dans l’Afrique centrale des années 1800-1880. Les deux premiers réseaux qui s’étendaient sur l’Afrique centrale étaient ancrés sur les avant-postes marchands européens de la côte atlantique, soit centres portugais (Luanda, Benguela, Moçamedes), soit factoreries hollandaises, françaises, anglaises, etc., dans le bas fleuve et le long de la côte nord de l’Angola. Cette dernière région était essentiellement alimentée par le commerce kongo, lui-même fondé sur la société du kwango-kwilu, où se répandit le kikongo véhiculaire, le kituba largement employé.Les deux autres réseaux sont caractérisés par le rôle important qu’y jouent des commerçants musulmans. Au nord-est de la région de l’Afrique centrale, on trouve les avant-postes de commerçants du Caire, de la mer rouge, de Khartoum et la région au sud de l’Uélé.Dans la partie Est de l’Afrique, il apparait, qu’au XIXe siècle, mieux à l’aube de la colonisation, la principale préoccupation de l’Etat était à la fois la production et les échanges, que ce processus d’accumulation se déroulât dans le cadre de l’ancien fief ou au-delà des frontières administratives réellement de l’Etat. Le contrôle de la production et du commerce était au cœur des préoccupations d’Etats comme le Rwanda, le Buganda, le Burundi et le Bunyoro, à mesure qu’ils agrandissaient leurs territoires et étendaient leur sphère d’influence. Un circuit d’échanges reliant les régions situées sur la rive orientale du lac Victoria a connu un développement spectaculaire. Au début du XIXe siècle, un vaste réseau d’échange de denrées alimentaires et d’autres produits y fonctionnait depuis des siècles.Toute cette organisation politique, administrative et commerciale s’est vue désarticulée par l’arrivée des Européens dont les principales explorations eurent pour but trois régions difficilement accessibles : le Sahara et le Niger, les sources du Nil et le bassin du Congo et l’Afrique centrale. A SUIVRE DANS NOTRE PROCHAINE PARUTION

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Dans la majorité de cas, les Blancs exproprièrent les Africains, qui furent réduits à fournir la main-d’oeuvre nécessaire à l’exploitation. L’humiliation physique et morale, la violence, l’usage de la force ont été institutionnalisés et liés à la colonisation

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EDEM KODJO «L’AFRIQUE DOIT PRENDRE PART À LA GÉOPOLITIQUE

MONDIALE COMME UN ACTEUR DE PREMIER PLAN»

Qu’entend-on par Renaissance africaine ? Est-elle un vœu, une obligation ou un défi pour la génération actuelle ? L’idée de renaissance africaine est née avec le concept même de panafricanisme. Pour les

pères fondateurs, il s’agissait de réveiller un continent gardé à l’ombre, asservi et marginalisé. Continent qui dispose de valeurs culturelles immenses qui ont fécondé de bien fameuses civilisations et qui doivent s’épanouir à nouveau après les sombres périodes de la traite négrière et du colonialisme, les «siècles obscurs».Ainsi à l’approche du troisième millénaire, l’objectif du renouveau africain a été pris en compte et développé par des hommes comme Thabo Mbeki et Abdoulaye Wade. C’est du reste la conjonction de leurs propositions qui a abouti au Nepad. L’Afrique doit renaître de ses cendres. Elle doit se libérer de tout complexe, affirmer sa positivité et faire valoir ses richesses matérielles et spirituelles. Elle doit devenir le centre du monde et prendre part à la géopolitique mondiale non plus comme un objet de l’Histoire, mais comme un acteur de premier plan dans l’ordre international.On voit dès lors que la renaissance n’est pas un simple vœu mais une ardente obligation, un défi à relever, une nécessité à bâtir. C’est notre objectif suprême. C’est ce à quoi nous nous attelons. C’est ce que l’on veut accomplir et le panafricanisme est apparemment le meilleur moyen d’y parvenir.

Le 23 mai 2013, l’Ethiopie accueille le sommet de la Renaissance panafricaine. Est-ce juste la célébration d’un cinquantenaire ou la réponse à une exigence du moment, à savoir l’ouverture de nombreux chantiers ?C’est une excellente question, mais je suis tenté de répondre que je ne sais pas puisque jusqu’ici je n’ai pas vu le programme du sommet de l’Union africaine du mois de mai 2013. Mais je subodore que ce ne sera pas seulement une grande messe verbale. Et que les groupes de travail que la présidente de la commission, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, a mis en place, vont déposer des conclusions, proposer une nouvelle dynamique panafricaine. Et je suis presque sûr que les chefs d’Etat ne pourront pas se réunir et célébrer les cinquante ans de l’Union africaine sans avoir la volonté de poser des jalons pour un meilleur devenir du continent. Peut-être devrions-nous les y aider et, en citoyen africain conscient, proposer une épure, quelques directions qu’ils devraient, à notre sens, emprunter. C’est aussi probablement le but que nous poursuivons avec cet ouvrage.

Comment parvenir au panafricanisme quand le continent ne peut afficher le minimum d’indépendance vis-à-vis de l’extérieur, en particulier en ce qui concerne les ressources de fonctionnement des institutions continentales (Exemple de la commission de l’UA qui dépend à plus 90% des fonds extérieurs pour son budget 2013) ?

PANAFRICANISME ET RENAISSANCE AFRICAINE

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Je crois que les Africains eux-mêmes sont de plus en plus conscients de cela. J’ai entendu des voix s’élever, non pas pour critiquer la construction du siège de l’Union africaine à Addis-Abeba par la Chine, mais pour s’étonner en ces termes : Mais quand même !... Tous nos Etats réunis auraient pu dégager les sommes en question pour se construire un siège !... Pour ce qui me concerne, je remercie le gouvernement chinois mais je pense aussi un peu comme les autres. On aurait pu faire nous-mêmes. Je peux citer cinq pays africains capables de construire à eux seuls le siège de l’union africaine. Le budget de l’Union africaine est financé en très grande partie par des ressources extérieures. C’est une façon aussi de voir les choses. Moi je serais plus à l’aise si le budget était majoritairement financé par les Etats eux-mêmes.

Puisque nous sommes dans un monde où la coopération est devenue une sorte d’impératif, on peut concevoir ce genre de financement de projets spécifiques de l’Union africaine. Mais je crois tout de même que ces fonds ne doivent pas être destinés au fonctionnement de l’Union africaine qui devrait se suffire à elle-même. On ne peut pas accepter l’idée de payer ses cotisations aux Nations unies, tout en s’abstenant de les payer à l’Union africaine. Il y a là une certaine contradiction dans les termes. Il faut savoir ce que l’on veut ! Il est vrai que l’Afrique intéresse de plus en plus le monde extérieur. De mon temps, on ne voyait pas autant de monde extérieur au continent africain arpenter les parvis de l’Africa Hall. Maintenant les réunions de l’Union africaine sont ouvertes à tous. On voit défiler des chefs d’Etat invités, des personnalités étrangères, des experts de haut niveau à qui on donne la parole. Dieu merci, il existe encore ce qu’on appelle les huis clos, si tant est que les huis, avec les moyens techniques sophistiqués dont on dispose aujourd’hui, puissent encore être clos !... Quand je vois des journalistes circulant dans les couloirs du palais de l’unité africaine pendant les séances dites à huis clos, je ne suis pas sûr qu’ils ne suivent pas d’une manière ou d’une autre ce qui se dit dans les enceintes closes. Heureusement qu’il y a encore de vrais huis clos qui permettent aux Africains de débattre de leurs problèmes entre eux. C’était là, ne l’oublions pas, une des grandes

priorités de l’Oua au départ.Le panafricanisme est une construction. Ce n’est pas une donnée immédiate. On doit de plus en plus se convaincre que l’image qu’on renvoie à l’extérieur n’indiffère pas les peuples africains. Lorsqu’on dit aux Africains que leurs Etats ne payent que 5 ou 6% des cotisations nécessaires à la conduite des opérations de l’Union africaine, ils sont choqués. Nous sommes pauvres, certes ! Mais je crois que dans certains cas, nous devons nous donner les moyens de faire face à l’élémentaire.

Si à la conclusion des travaux, les chefs d’Etat vous donnaient mandat et carte blanche pour la préparation d’un plan d’action pour l’avènement d’un panafricanisme rationnalisé, quelle serait votre méthodologie, pour quels chantiers, quels objectifs et selon quel chronogramme ?Je commencerais par établir un amalgame intelligent entre l’approche sectorielle et l’approche régionale pour parvenir à l’unité continentale ou quasi continentale dans un délai pas trop lointain. Je partirais d’abord du fait qu’il faudrait accepter, un jour ou l’autre, que tout le monde ne soit pas prêt au même moment pour une unification géographique du continent. Il faudrait partir de ce principe. Et je ferais adopter le principe que ceux qui le veulent, avancent. Cela peut créer des difficultés du genre «pas de frontières communes, pas de connexions naturelles». Je me passerais de ce principe parce qu’on ne peut pas être dans une société où on se fait tirer vers le bas par ceux qui, par égoïsme ou par méconnaissance des réalités géopolitiques contemporaines, ne veulent faire aucun effort. Si quelqu’un veut rester dans son îlot ou dans son coin avec ses ressources pétrolières, il n’a qu’à y rester. Que ceux qui le veulent, puissent trouver un modus vivendi pour y aller. Cette idée avait germé déjà à Accra lors du sommet de l’Union africaine le 27 juin 2007. Rappelez-vous, Thabo Mbeki avait eu un sérieux accrochage avec Kadhafi. L’idée avait été un peu avancée mais n’avait pas été suffisamment creusée. «Que ceux qui se sentent prêts avancent. Et que ceux qui ne sont pas prêts restent sur place». Quand j’aurais fait admettre ce

On ne peut pas accepter l’idée de payer ses cotisations aux Nations unies, tout en s’abstenant de les payer à l’Union africaine. Il y a là une certaine contradiction dans les termes. Il faut savoir ce que l’on veut !

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principe, je demanderai que les communautés régionales transcendent leur caractère économique pour revêtir un habit politique et devenir des fédérations d’authentiques Etats fédérés. Cela ne me paraît pas irréalisable. Le problème numéro un, c’est de s’assurer que les chefs d’Etat qui dirigent actuellement les pays membres de ces communautés régionales, demeurent à la tête des entités fédérées. L’entité fédérale aura les responsabilités de la fédération. Il faudra alors déterminer les pouvoirs de cette entité fédérale : les Affaires étrangères ? La Défense ? La Sécurité ? Un certain nombre d’autres problèmes de type économique ou social comme la monnaie ? Les autres secteurs seraient gérés dans les cadres étatiques actuels que nous avons. Il convient de s’accorder pour tenter cette expérience qui est loin d’être aisée. Ce serait là la deuxième initiative. La troisième serait alors le développement accéléré de l’approche sectorielle : faire en sorte que les grands projets panafricains, non seulement au niveau du Nepad mais aussi de la coopération géographique régionale, soient accentués et accélérés. Que l’on aille à pas de géant pour finir le barrage d’Inga par exemple. Dans le monde contemporain, avec tout ce qu’il y a comme fonds souverains, ce n’est pas le financement qui posera des problèmes impossibles à résoudre. Cela devrait pouvoir se réaliser. Cette approche, si, elle était suivie, aboutirait à un panafricanisme à la fois actif et cohérent conduisant vers un avenir plus assuré du continent africain. Cette idée a déjà été développée lors du dernier colloque de Pax Africana à Lomé autour du thème : Le fédéralisme comme instrument de réalisation de l’Unité africaine. Ceux qui ont assisté à cette réunion sont des anciens chefs d’Etat et de gouvernement, des anciens ministres, des hauts responsables. Ils ont activement participé à ces assises et y ont apporté leur précieuse contribution. C’est dire que l’idée n’est pas totalement farfelue.

Il y a là quelque chose à trouver et à creuser. C’est ce que nous devrions faire.D’un autre côté, je demanderais que l’on renforce immédiatement les fonctions législatives du parlement africain établi à Johannesburg. Ses membres seraient élus au suffrage universel direct. Il deviendrait ainsi un véritable pouvoir législatif. Il serait transféré à Addis-Abeba, siège de l’exécutif.La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples s’érigerait progressivement en véritable pouvoir judiciaire au plan continental. Tout avancerait ainsi de front pour la transformation de l’UA en un instrument complet de réalisation des Etats-Unis d’Afrique.

A l’instar des Objectifs du millénaire pour le développement, cette approche se situerait-elle en quelque sorte dans le cadre de la conception pour l’Afrique des Objectifs du

millénaire pour le panafricanisme ?C’est tout à fait cela. A l’instar des Objectifs du millénaire pour le développement on peut concevoir des Objectifs du millénaire pour le panafricanisme ! Le millénaire me semble cependant bien lointain. Et cela ne peut pas être le «centenaire» non plus. Les Objectifs de la décennie pour le panafricanisme, oui ! Au lieu des OMP on aurait les ODP. Je pense que ce serait quelque chose de bien.Concrètement, de 2010 à 2015, on entamerait une phase préparatoire : réunions d’experts, d’éminentes personnalités, etc, mise à jour du plan d’action pour la réalisation des ODP. De 2015 à 2025, finalisation du processus d’intégration des différentes communautés régionales qui devraient se fondre dans une Communauté économique africaine qui regrouperait tout le continent. 2025 serait une très belle échéance pour ces objectifs de la Décennie pour le Panafricanisme. En première partie, transformation des Communautés Economiques Régionales en Entités Politiques Fédérales ; en deuxième partie ou même concomitamment avec la première partie, accélération des projets dénommés «grands projets intégrateurs» par le biais du Nepad ou d’autres institutions avec des domaines prioritaires qui sont : les infrastructures énergétiques, les infrastructures routières et ferroviaires, les communications, qui seraient sinon achevés, du moins suffisamment menés à leurs points d’achèvement. Si l’on se donnait ces dix ans pour faire du travail concret on y arriverait. Encore une fois il faut de l’audace. Même si l’Unité africaine continentale n’était pas achevée à la fin de cette décennie, on aurait suffisamment déblayé le terrain. Ce qu’il resterait à faire prendrait encore dix ans mais l’Unité africaine aurait avancé d’un grand pas.g

Edem kodjo, panafricanisme et renaissance, Editions Eburmie, Lomé, 2013

A l’instar des Objectifs du millénaire pour le développement on peut concevoir des Objectifs de la décennie pour le panafricanisme. Et 2025 me semble être une bonne échéance pour les réaliser

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Le quinzième anniversaire de l’Union africaine (Ua), organisation ayant succédé en 2002 à l’Union africaine, est passé quasiment inaperçu. Officiellement lancée en juillet 2002 au cours d’une cérémonie grandiose dans un grand stade de Durban, en Afrique du Sud, à laquelle étaient présents

une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement du continent et quelque 20 000 spectateurs sud-africains, l’Union peine encore à susciter un réel enthousiasme au sein des populations africaines.Lors de la cérémonie inaugurale marquée en outre par un imposant militaire, des démonstrations d’avions militaires et des manifestations culturelles de grande envergure, le président sud-africain d’alors, Thabo Mbeki qualifiait le lancement de l’UA de «un pas géant en avant» pour le continent africain, affirmant également que «c’est un moment d’espoir pour le continent et ses peuples». En rendant hommage aux héros ayant combattu pour la libération de l’Afrique, M. Mbeki soulignait que le défi à relever maintenant pour le continent est de réduire la pauvreté et le chômage et d’arrêter les conflits.Quinze années ont passé depuis, et le «pas géant en avant» dont parlait le premier président de l’Union africaine tarde à être perçu comme tel. Le bilan de l’Ua est globalement mitigé sur plusieurs points. Qu’il s’agisse de la lutte contre la pauvreté, de la prévention et de la résolution des conflits, la lutte contre le terrorisme, de l’emploi des jeunes, de la migration de masse, ou du développement économique et social, l’action de l’organisation peine à se faire sentir. D’où l’urgence de changer de direction. Adoptée lors du dernier sommet de l’organisation, la réforme de l’UA doit désormais être clarifiée et mise en œuvre. «2018 doit être dans l’histoire de notre organisation la date de sa renaissance», lance le nouveau

président de la Commission, le Tchadien Moussa Faki Mahamat élu en janvier. Pourquoi réformer l’ua est-ce une urgence ? Parce que l’organisation n’a pas répondu aux attentes nées il y a quinze ans.

L’UNION AFRICAINE A ABANDONNÉ LE PROJET PHARE DES ETATS-UNIS D’AFRIQUEL’idée des Etats-Unis d’Afrique qui a sous-tendu l’Union africaine, dès ses débuts, a été abandonnée en chemin et son ardent promoteur, Mouammar Kadhafi, a été jeté en pâture aux occidentaux qui l’ont lâchement assassiné et plongé dans le chaos son pays, la Libye, autrefois puissant soutien à l’édification d’une Afrique unie. Comme avant lui, le Ghanéen Kwame Nkrumah, Kadhafi a défendu des années durant, depuis le sommet fondateur du 9 septembre 1999 à Syrte, l’idée d’une gouvernance continentale en Afrique, qu’il jugeait être le seul moyen pour le continent de se développer sans ingérence occidentale. Et comme dans les années soixante du siècle dernier qui virent la naissance de l’ancêtre de l’Ua, l’Oua, plusieurs Etats africains ont estimé cette idée peu réaliste et de

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POURQUOI IL FAUT CHANGER DE DIRECTIONEn juillet 2002, l’Union africaine succédait à l’Organisation de l’unité africaine, avec pour objectif de relancer la dynamique de l’unification panafricaine mais aussi de répondre plus efficacement aux défis du développement du continent. Après quinze années d’existence, on est en encore très loin et l’urgence de changer de cap s’impose. Valentin Fossi

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L’idée des Etats-Unis d’Afrique qui a sous-tendu l’Ua dès ses débuts, a été abandonnée en chemin et son ardentpromoteur, Mouammar Kadhafi, a été jeté en pâture aux occidentauxqui l’ont lâchement assassiné

Le Président en exercice de l’Union Africaine, Alpha Condé

Le président de la commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat

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nature à réduire leur souveraineté, certains y voyant même une quête de leadership de la part du Guide libyen. Non seulement des pays africains ont aidé l’occident à éliminer Kadhafi, mais ils ont œuvré par la suite à faire abandonner ce projet révolutionnaire qui avait suscité tant d’enthousiasme au sein des populations africaines, par-delà les frontières. De la même façon que l’abandon du projet unificateur de Nkrumah par l’Oua avait eu pour conséquences de freiner les ambitions d’autonomie et d’émergence économique du continent, le renvoi aux calendes grecques du projet porté par Kadhafi prépare le terrain d’une nouvelle désillusion, qui risque d’être encore plus retentissante que la première, en raison de l’accélération de l’histoire mondiale qui redistribue progressivement les cartes, au détriment d’une Afrique morcelée entre micro-Etats. La réforme de l’Union africaine doit ainsi corriger cette déviation, pour remettre l’organisation dans le sens de la marche vers les Etats-Unis d’Afrique, véritable projet fédérateur à l’intérêt stratégique.

L’UNION AFRICAINE N’A PAS DE SOLUTIONS FACE AU CHÔMAGE DES JEUNESLes jeunes Africains furent les plus nombreux à saluer l’avènement d’une nouvelle organisation panafricaine censée se préoccuper davantage de leurs problèmes. Ils sont aujourd’hui désabusés. Alors que les prévisions font état de ce que, d’ici à la fin de ce siècle, un jeune sur deux dans le monde sera Africain, l’instance panafricaine tarde à trouver des solutions à l’insertion professionnelle de cette catégorie de la population. Paradoxe parmi tant d’autres, alors que le continent regorge de ressources et attire de nombreux investisseurs de par le monde venus s’enrichir à moindre frais, les jeunes Africains sont obligés, faute de perspectives d’avenir, de fuir l’Afrique à bord d’embarcations de fortune vers une Europe pourtant en crise ! Selon diverses sources, plus d’un demi-million de migrants africains de 16 à 25 ans en provenance de Libye sont arrivés en Italie entre fin 2013 et fin 2016. Et si la tendance amorcée début 2017 se poursuit, un autre quart de million devraient être accueillis par l’Italie en 2017 dans des camps déjà surchargés. Et l’Union africaine assiste en spectateur à ce drame de corps de jeunes Africains qui terminent l’aventure européenne au fond de la Méditerranée. «La capacité des économies de l’Afrique subsaharienne à générer suffisamment d’emplois pour sa population jeune et croissante repose sur la mise en œuvre réussie de réformes urgentes pour stimuler la productivité», souligne un rapport récent sur la compétitivité en Afrique. Les taux de chômage dans les pays africains sont des plus élevés comparés aux autres régions du monde et selon les projections contenues dans le rapport, pas moins de 450 millions d’emplois seront nécessaire pour répondre à la demande du marché du travail africain sur les vingt prochaines années. Or, au rythme actuel, l’Afrique ne pourrait créer que 100 millions de postes sur cette période, ce qui est assez insuffisant pour contenir l’explosion du nombre de potentiels nouveaux arrivants sur le marché du travail.L’immobilisme de l’Union et des pays africains sur la question transforme chaque jour la démographie africaine, qui devrait être un réel atout, en handicap, le chômage des jeunes devenant une véritable bombe à retardement pour la stabilité des pays africains.

L’AFRIQUE RESTE LA RÉGION LA MOINS INTÉGRÉE DU MONDE

Alors que les dirigeants du continent appellent, depuis des décennies, à la création de marchés communs et multiplient les accords pour favoriser l’essor du commerce entre leurs économies respectives, le résultat reste fort décevant, et l’intégration régionale tant chantée s’avère être un échec en Afrique. L’Afrique ne représente que 2 % du commerce mondial. Et quand les Européens réalisent l’essentiel de leurs échanges entre eux (environ 70 %), tout comme chez les dragons asiatiques (50 %), ce chiffre atteint à peine 15 % entre les économies africaines.Selon une étude de jeune Afrique, «Sur le papier, l’Afrique est pourtant une championne de l’intégration régionale. Elle compte pas moins de 14 blocs régionaux, censés représenter autant d’espaces de libre circulation des personnes, des biens et des services. Certains États sont même membres de plusieurs organisations régionales à la fois. Mais, sur le terrain, les obstacles auxquels sont confrontées les entreprises opérant dans différents pays africains sont légion. Leurs tarifs douaniers sont parmi les plus élevés du monde : 8,7 % en moyenne contre 2,5 % sur les autres continents. Il faut facilement dix-sept jours pour transporter des marchandises du port de Tema, au Ghana, à Ouagadougou, au Burkina Faso, deux villes distantes de seulement 1 000 km. Il y a deux ans, le tycoon nigérian Aliko Dangote signalait, non sans ironie, qu’il avait besoin de 38 visas pour faire le tour des 54 pays du continent, soit bien plus que s’il avait été détenteur d’un passeport américain ou britannique».En dépit de quelques initiatives prises individuellement, ici ou là, la libre circulation des personnes et des biens reste lointaine en Afrique, alors que les dirigeants de l’Union proclament chaque année leur vision d’une Afrique sans frontières, où les Africains circuleraient librement. Le dernier document imaginé par l’Union, le passeport africain remis officiellement l’année dernière à Kigali, reste un gadget.

L’UNION AFRICAINE DÉPEND FINANCIÈREMENT DE L’EXTÉRIEUREnviron 80% du budget de l’UA dépend des partenaires extérieurs. «Lorsque nous élaborons un programme à l’UA, s’indignait récemment un candidat au poste de président de la Commission, on compte sur les partenaires extérieurs pour son financement. Parfois, nous sommes en difficulté pour assurer le fonctionnement normal de l’institution. Peut-on, dans ces conditions, parler de souveraineté, d’indépendance, de dignité ?» Pour sûr, il faut rendre la Commission autonome financièrement et indépendante politiquement pour qu’elle puisse exécuter ses programmes par et pour elle-même. Comment ? Là est toute la question.g

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Le siège de l’union africaine

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UNE MÉDECINE DOUCE À LA PLACE D’UNE THÉRAPIE DE CHOC !Le président rwandais chargé par ses pairs de plancher sur une restructuration de l’UA, a présenté les grandes lignes de son projet à Addis-Abeba. Une pile de réformettes qui n’ont aucune ambition de réaliser le grand dessein ultime des Etats-Unis d’Afrique. Elysée Segbé

L e président rwandais Paul Kagame, à qui ses pairs avaient confié le projet de réforme de l’Union africaine (UA) pour la rendre plus efficace et plus proche des aspirations populaires africaines aurait pu entrer dans l’histoire par la grande porte, ce 29 janvier

à Addis-Abeba. Très attendu, le projet Kagamé n’a finalement accouché que de minuscules souris. Intitulé «L’impératif de renforcer notre union», le rapport Kagame, dévoilé par Le Monde Afrique dresse un bilan sévère: «Nous avons une organisation dysfonctionnelle, dont la valeur pour nos Etats membres est limitée, qui a peu de crédibilité auprès de nos partenaires internationaux, et en laquelle nos citoyens n’ont pas confiance.»Il dénonce «l’échec constant des décisions de l’UA» qui a entraîné «une crise de mise en œuvre». C’est notamment le cas du financement de l’institution, assurée aux trois quarts par des aides extérieures. L’ensemble produit une «capacité de gestion limitée, une absence de responsabilité pour le rendement, à tous les niveaux» et des «méthodes de travail inefficaces». Si le diagnostic est parfois exact –bien que largement incomplet-, et les termes employés proches de ceux des panafricanistes militants, les solutions proposées pour remédier à cette situation sont tout sauf révolutionnaires.A la fin, il s’est agi davantage de «déclarations d’intention». Il ne pouvait en être autrement du reste, les membres de l’équipe Kagamé n’ayant guère été choisis pour leur attachement au panafricanisme et à la révolution populaire africaine, mais surtout pour leur expérience professionnelle

au sein d’organismes dont ceux inféodés à l’Onu et aux puissances occidentales, dont les faits d’armes en Afrique sont plutôt désolants. Beaucoup d’adeptes du capitalisme sauvage qui a détruit l’Afrique, et de suiveurs de modes politiques européennes et américaines faisaient partie de ce petit cercle ayant planché sur un sujet aussi sérieux que la réforme d’une organisation dont plus d’un milliard d’Africains attendent beaucoup.Avec de tels «réformateurs», il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Parmi les propositions de l’équipe de Paul Kagame pour restructurer l’UA et redéfinir ses priorités, voici quelques chefs-d’oeuvre : une meilleure division du travail entre la Commission, les communautés économiques régionales et les Etats membres ; la transformation du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) en agence de développement de l’UA ; le renforcement des compétences du président de la Commission ; la mise en œuvre immédiate de la « taxe Kaberuka » de 0,2 % sur les importations – dont le principe a été adopté lors du sommet de juillet 2016– et le renforcement des sanctions pour les pays qui ne paient pas leur contribution, entre autres.Il y a pire. Alors que ces réformettes auraient dû passer comme lettre à la poste chez des dirigeants africains dont la plupart ont peu à voir avec les grands leaders révolutionnaires et panafricanistes convaincus que l’Afrique a connus, l’on n’a noté que peu d’enthousiasme parmi cette assemblée décidément navrante.

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LA RÉFORME KAGAMÉ

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REPENSER LE FONCTIONNEMENT DE LA COMMISSION AU LIEU DE LA RÉINVENTERUn volet majeur des réformes proposées par l’équipe Kagamé concerne la structure administrative de la Commission, actuellement cogérée par une équipe de commissaires et députés ne pouvant être ni choisis ni écartés par le président.En théorie, une telle structure est censée assurer l’indépendance de la commission. «En pratique, c’est un vrai goulot d’étranglement: n’ayant pas la possibilité de remplacer des membres inefficaces, la présidente en est venue à centraliser tout le pouvoir au sein de son bureau», explique Thomas Tieku. Résultat, la moindre décision requiert aujourd’hui la signature de la présidente, la plupart du temps absente des quartiers de l’UA. Un processus qui peut prendre plus d’un an et qui ne peut que plomber l’activité de la commission...Pour bien montrer à quel point la réforme suggérée par l’équipe Kagamé manque cruellement d’ambition, il suffit de revenir huit années en arrière, en avril 2009, lorsqu’une session spéciale de l’Union africaine planchait sur une réforme de fond de la Commission de l’Ua, exigeant son remplacement par une vraie «Autorité de l’Union», avec un président de l’Autorité assisté de Secrétaires appelés à devenir des ministres fédéraux africains dans leurs domaines de compétences respectifs.D’après le projet, la nouvelle autorité devait être composée d’un président, d’un vice-président et de huit secrétariats, a précisé M. Triki à la presse.Défense, Affaires étrangères et Commerce international comptent parmi ces secrétariats appelés à devenir ensuite ministères dans le but ultime de la création d’un gouvernement africain, avait-il ajouté. Selon le ministre sénégalais des Affaires étrangères de l’époque, Cheikh Tidiane Gadio, «la nouvelle autorité aura pour mission d’accélérer l’intégration économique et politique sur le continent pour atteindre l’objectif des Etats-Unis d’Afrique»

Au lieu de reprendre le flambeau de cette Autorité conçue pour réorienter l’Ua vers son objectif de création des Etats-Unis d’Afrique, la réforme Kagamé est un simple retour aux années Oua, avec un président de commission simple agent d’administration, la nouveauté ici consistant à faire piloter le processus par des personnes compétentes, c’est-à-dire, non plus des panafricanistes avérés, mais des capitaines d’entreprises agissant comme si l’Union africaine était une entreprise comme les autres qu’il s’agit juste de manager, en distribuant des ordres à des commissaires ravalés au simple rang de directeurs de départements !

AUTONOMIE FINANCIÈRE, D’ACCORD. ET L’AUTONOMIE DE DÉCISION ?Une autre forfaiture décelée dans le projet Kagamé concerne la fameuse indépendance financière appelée de tous les

vœux, comme devant constituer la panacée aux problèmes de fond que connaît l’Union africaine.L’UA est financée à 72 % par les donateurs étrangers, notamment les Etats-Unis, l’Union européenne, la Banque mondiale, la Chine et la Turquie. En juillet 2016 à Kigali, les dirigeants africains avaient évoqué la nécessité de financer l’UA «de façon prévisible, durable, équitable et responsable» par ses Etats membres. Ils avaient décidé d’instituer et d’appliquer une taxe dite Kaberuka de 0,2% sur toutes les importations éligibles en Afrique pour financer l’organisation à partir de 2017.Le financement est décrit comme un «problème existentiel» de l’Union. Et de l’avis de beaucoup, le champ de réforme principal de l’organisation serait celui du financement. D’une part, les États membres sont «étonnamment plus enclins à payer leur contribution aux Nations unies plutôt qu’à l’Union africaine», remarque l’expert Thomas Tiéku. Une situation qui témoigne d’un manque de confiance et de légitimité accordées à l’institution, résume-t-il.Le financement de l’Union par ses membres n’est ainsi assuré que par une poignée d’États, dont l’Afrique du Sud, le Nigeria et hier encore la Libye, qui dépendent largement de leur production d’hydrocarbures. Une source précaire car directement liée à des facteurs externes tels que les crises politiques et la chute des prix du pétrole.D’autre part, l’UA dépend principalement des dons de pays européens, dont la générosité est aujourd’hui de plus en plus conditionnée. Résultat, sans garantie de recevoir les ressources nécessaires, «L’UA est aujourd’hui réticente à s’engager dans des opérations qu’elle ne pourra pas soutenir financièrement», explique Thomas Tieku.Un problème qui s’ajoute donc à celui du leadership pour expliquer l’incapacité de l’Union à intervenir dans les pays en crise. Comme l’affirme Thomas Tieku, le financement précaire pose un «réel problème existentiel pour l’Union africaine» et devrait donc être à nouveau placé au coeur des discussions lors du prochain sommet.Au finish, le principe de la taxe Kaberuka a été adopté. Toutefois, l’autonomie financière n’est pas une fin en soi, et ne suffira pas, à elle seule, à rendre l’organisation plus ambitieuse. L’indépendance financière n’est qu’un moyen pour parvenir à la vraie indépendance : l’autonomie de décision et l’unicité de la voix de l’Afrique dans le monde. Les caisses de l’Ua auront beau être pleines, cela n’aidera pas l’Union à avancer si le leadership politique chargé d’orienter la marche est faible ou défaillant, si les Etats membres, avant de voter un texte doivent d’abord s’en référer aux anciennes puissances coloniales. Tant que les chaînes de la servitude qui lie nombre d’Etats africains aux néocolonialistes par divers procédés des plus classiques aux plus pervers ne seront pas rompues, l’agrégation de taxes Kaberuka sera de peu d’effet. Avant l’argent, l’Ua a d’abord besoin d’une nouvelle vision politique plus ambitieuse, qui privilégie le dessin panafricain au lieu de tenter de le contourner, comme c’est le cas avec le projet Kagamé.On attendait une thérapie de choc proportionnelle aux défis à relever par l’Afrique. Ce n’est pas le cas : le projet Kagamé ne soigne pas les plaies pourtant béantes : il se contente d’y mettre du mercurochrome !g

L’indépendance financière n’est qu’un moyen pour parvenir à la vraie indépendance : l’autonomie de décision et l’unicité de la voix de l’Afrique.

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RÉINVENTER LE PANAFRICANISME, POUR LES ETATS-UNIS D’AFRIQUEPrès de six décennies après les indépendances en Afrique, l’idéal panafricain, écartelé entre des élites aliénées soumises aux intérêts néocoloniaux, et les aspirations étouffées des peuples africains à l’unité, mérite d’être revisité, pour réaliser un vœu vieux de plusieurs siècles. Athanase Kotobi

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Où en est le panafricanisme cinquante ans après les indépendances ? Dans quel état se trouve le rêve de Marcus Garvey et de Du Bois, le projet de Cheikh Anta Diop, de N’Krumah, de Frantz Fanon et de bien d’autres militants de la libération

africaine? Interroge l’économiste Omar Benderra. L’état des lieux, dit-il, peut être effectué sans grande difficulté et le constat rapidement établi : le rêve reste en l’état et le projet n’a guère avancé. «Le Panafricanisme ne serait-il alors qu’un des mythes fondateurs du mouvement de décolonisation ? Un mythe autrefois actif mais qui serait aujourd’hui à ranger dans le placard déjà fourni des illusions défuntes d’une époque à jamais révolue ? Pourtant il n’est pas un lieu de rencontre politique sur le continent ou ce thème ne soit abordé, ou au moins évoqué».Lucien Pambou, professeur de sciences économiques et politiques, rédacteur associé de la revue Géopolitique africaine, partage la même inquiétude. «Le panafricanisme est-il une construction politique réelle visant à rassembler les Africains pour réaliser le développement global du continent

ou une simple chimère, voire un simple idéal émotionnel de mobilisation des politiques africaines ?»La question mérite d’être posée car, 60 ans après les indépendances, argumente-t-il, les pays africains ont beaucoup de mal à faire vivre le panafricanisme comme procédure d’intégration des économies africaines aux plans politique, économique et social. «Chaque pays membre de l’UA essaie de tirer son épingle du jeu au lieu de travailler de façon collective avec les autres.» Autre déception : «Le panafricanisme est plus un outil de gouvernance politique à la disposition des chefs d’État africains pour mobiliser les populations. C’est plus

Rendre ce concept véritablement opérant, de façon à ce qu’il devienne un instrument approprié pour l’unification effective du continent

Kwame Nkrumah

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un panafricanisme d’intérêt que lié à la réalité concrète des populations africaines. L’Afrique peine à prendre des décisions face aux nombreux maux dont elle est la victime, à savoir la famine, les guerres civiles, le terrorisme, la mal-gouvernance, la corruption et l’abaissement des droits démocratiques (confiscation de la liberté de la presse, emprisonnement des hommes politiques de l’opposition, etc.)».Fort heureusement, conclut Benderra, «le panafricanisme, n’en déplaise aux partisans d’un réalisme sans vision, n’est pas mort pour autant. Plus qu’une espérance, il reste un objectif actuel pour les jeunes générations à travers le continent». Comment rendre ce concret véritablement opérant, de façon à ce qu’il devienne un véritable outil de transformation politique, économique et sociale, et un instrument approprié pour faire aboutir le projet tant espéré d’unification du continent africain ?Il ne fait guère de doute qu’il faille, dès à présent, dépoussiérer le concept, et le réinventer.Á l’origine, rappelle le Sénégalais Ibrahima Sow, le panafricanisme s’est constitué hors d’Afrique, par une simple manifestation de solidarité fraternelle parmi les Noirs d’ascendance africaine des Antilles britanniques et des États-Unis d’Amérique. La signification actuelle du terme panafricanisme dépend beaucoup de la valeur qu’on lui attribue, opine-t-il, et de l’optique dans laquelle on se place pour envisager l’évolution et le combat des peuples africains. On se doute bien que l’usage que l’on en fait aujourd’hui ne correspond pas tout à fait à l’idée qu’en avaient ses précurseurs, car le concept a évolué depuis, ce qui est tout à fait normal. Mais pis, l’ardeur s’est émoussée, du fait de leaders politiques qui sont rarement de grands théoriciens. Pour l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, par exemple, «Cette doctrine du panafricanisme repose sur trois composantes essentielles : une prise de conscience d’une communauté de destin entre peuples africains et peuples d’ascendance africaine […], une construction pragmatique et progressive de bases économiques régionales et continentales […], un projet d’une unité politique et économique», qui devrait aboutir à la constitution des États-Unis d’Afrique. L’histoire du panafricanisme, c’est entre autres : Henry Sylvester Williams (1869-1911) ; Edward Wilmot Blyden (1832-1912) ; William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963) ; Marcus Aurelius Garvey (1887-1940) ; Jean Price-Mars (1876-1969) ; George Padmore (1902-1959), Kwame Nkrumah figure centrale et incontournable, Sékou Touré, Patrice Lumumba, Barthélémy Boganda, Thomas Sankara, Ruben Um Nyobè, Mouamar el Kadhafi…Un aéropage de leaders qui ont porté haut l’idéal panafricain et à la source desquels il faut nécessairement s’abreuver pour revivifier la sève nourricière et multiplier les branches.Après avoir subi les vicissitudes du néocolonialisme, le panafricanisme a certes plié, mais sans rompre. L’avènement de l’Union africaine, un projet porté par cet idéal multiséculaire, avait redonné de l’espoir aux peuples africains. Comme le souligne l’historien Amzat Boukari, «le lancement de l’Union africaine par le sommet des Chefs d’État a été un moment important de vendre cette illusion aux peuples du continent ; car, il a semblé que les dirigeants africains voulaient aller de l’avant dans la réalisation de l’unité politique et économique pour laquelle des générations d’Africains se sont battues depuis au moins la fin de la 2ème guerre mondiale».Cependant, se désole-t-il, «il importe de souligner

que le nouveau projet d’union concocté est très éloigné du rêve panafricain d’unité politique et économique ; car, le projet adopté par les Chefs d’État ne visait pas à bâtir les États-Unis d’Afrique, projet cher aux pères du panafricanisme tels que Nkrumah. Le nouveau projet visait plutôt à mettre en place un cadre d’intégration sur le modèle de l’Union européenne, avec des institutions telles que la Commission Africaine, le parlement panafricain, la Cour de justice africaine, le Mécanisme de règlement des conflits, le Conseil économique, social et culturel, le Conseil de paix et de sécurité, etc. Le sommet de Lusaka avait aussi doté la nouvelle union d’un plan stratégique servant de cadre commun d’action, sous l’appellation de Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD)».Dès la publication de ce plan stratégique, «les milieux progressistes africains se sont très vite rendu compte que l’objectif poursuivi n’était pas de sortir de la logique néocoloniale qui a prévalu depuis les indépendances ; car, le document du NEPAD souligne clairement que le but ultime était de favoriser une meilleure intégration du continent africain dans la mondialisation à travers notamment un afflux massif des investissements directs étrangers. La déclinaison publique des objectifs poursuivis à travers le NEPAD est venue montrer que la création de l’Union africaine participe d’une volonté d’appropriation, ou disons plus clairement de dévoiement, de l’idéal panafricain par une élite dirigeante totalement acquise aux intérêts des puissances dominantes».Réinventer le panafricanisme, aujourd’hui, c’est d’abord mettre un terme à ce dévoiement, en reprenant le combat pour les Etats-Unis d’Afrique, là où les adversaires de ce projet et leurs séides locaux l’ont abandonné. Réinventer le panafricanisme, c’est aussi revisiter Nkrumah et son Africa must Unite, qui n’a jamais été autant d’actualité qu’à l’époque actuelle, où l’Afrique a l’opportunité de reprendre sa marche en avant, en agissant de façon collective ou de rester à quai, si ses fils poursuivaient leurs aventures solitaires dans un monde de compétition acharnée.Pour les panafricains, les difficultés du Continent ne seront pas résolues dans le cadre des États actuels, hérités du partage de l’Afrique depuis le Conférence de Berlin. Il faut penser l’Etat-géant africain de Nkrumah dépeint dans «L’Afrique doit s’unir», c’est-à-dire, constituer un bloc politique et économique capable de tenir tête à la fois aux puissances coloniales et impérialistes d’hier et aux puissances émergentes d’aujourd’hui.g

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MOHAMMED VI : DESTIN COMMUN POUR LE MAROC ET L’AFRIQUE

L e souverain chérifien Mohammed VI croit dur comme fer que le Maroc et l’Afrique ont un destin commun Cette profession de foi est contenue dans un discours Sa Majesté a prononcé le 20 août à l’occasion de la commémoration du soixante-quatrième anniversaire

de la révolution du Roi et du Peuple marocain. Dans ce discours, le Roi Mohammed VI a relevé que l’’engagement du Maroc à défendre les causes et les intérêts de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte à très loin et le royaume ne compte pas se détourner de cette vocation de participer au développement de l’Afrique. Il s’agit «d’une orientation immuable que le royaume a hérité de ses ancêtres, que le Maroc continue de conforter avec assurance et fierté.»Selon des historiens, c’était «plus qu’une épopée nationale symbolisant pour l’éternité la communion entre un Roi combattant et un peuple engagé dans la lutte pour l’indépendance du Maroc et pour le retour au pays de son Souverain légitime», a-t-il dit. «Il s’agit d’un moment phare dans l’histoire du Maroc, qui vit son aura et ses effets salutaires s’étendre bien au-delà des frontières nationales pour rayonner jusqu’aux confins de l’Afrique. Expression d’un élan populaire spontané, cet épisode mémorable, marqué du sceau du sacrifice et de la fidélité, fut une source d’inspiration pour les mouvements de libération au grand Maghreb et en Afrique australe et boréale».

«Cette glorieuse épopée fut également le catalyseur d’une prise de conscience aigüe et d’une foi accrue dans la communauté de destin qui unit le Maroc à son continent. Le lien fusionnel prit, d’abord, forme à travers le combat commun qui fut mené pour retrouver la liberté et recouvrer l’indépendance. Il se cristallisa ensuite autour de la construction des Etats africains indépendants, dont la clé de voûte fut le respect de la souveraineté, l’unité nationale et l’intégrité territoriale des pays du continent. Aujourd’hui, cette œuvre solidaire se poursuit dans le but de réaliser le développement commun et le progrès partagé auxquels aspirent tous les peuples africains».Cet élan entamé au cours de cette glorieuse Révolution, «le Maroc adopta, dès son indépendance, des positions fermes à l’avantage de l’Afrique, et prit des initiatives concrètes en

sa faveur. Cette fibre africaine se manifesta notamment à travers : la participation, en 1960, à la première opération de

Selon le souverain, «L’engagement du Maroc à défendre les causes et les intérêts de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui, et constitue plutôt une orientation immuable que nous avons héritée de nos ancêtres, et que nous continuons à conforter avec assurance et fierté».

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64E ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION DU ROI ET DU PEUPLE

Le choix du Maroc de se tournervers l’Afrique est l’expression d’une foisincère dans notre communauté de destin

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maintien de la paix au Congo (RD Congo) ; la tenue, la même année, à Tanger, de la première réunion de la Commission de développement de l’Afrique ; et la création inédite, au sein du gouvernement de 1961, d’un ministère pour les affaires africaines ayant pour mission de soutenir les mouvements de libération».Pour couronner les efforts sincères du Maroc en faveur des peuples africains, en 1961 fut tenue la grande Conférence de Casablanca, qui posa les premiers jalons pour l’avènement, en 1963, de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’Ua est née de ce sommet historique. Ce qui démontre «l’engagement du Maroc à défendre les causes et les intérêts de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui. C’est plutôt une orientation immuable que nous avons héritée de nos ancêtres, et que nous continuons à conforter avec assurance et fierté».

Cette prise de décision n’était pas le produit d’une génération spontanée mais «le choix du Maroc de se tourner vers l’Afrique (qui) n’a pas été le fruit d’une décision fortuite. Il n’a pas été non plus dicté par des calculs conjoncturels ou des supputations éphémères. Il est plutôt le gage de notre fidélité à cette histoire commune, et l’expression d’une foi sincère dans la communauté de destin qui nous rassemble», explique le Roi.«Ce choix est également l’aboutissement d’une méditation profonde et réaliste, organisée autour d’une vision stratégique inclusive à long terme, et adossée à une approche graduelle fondée sur la notion de consensus», se justifie-t-il.

PÈLERIN DU PARTENARIAT GAGNANT-GAGNANTCette coopération est «axée sur une connaissance pointue de la réalité africaine, Notre politique continentale est magistralement illustrée à travers plus de cinquante déplacements effectués au cours de notre règne dans plus de vingt-neuf pays, dont quatorze ont été visités depuis octobre dernier. Elle s’articule également autour de la promotion des intérêts communs par la mise en place de partenariats solidaires gagnant-gagnant». Le Roi en veut comme illustration parfaite «les mégaprojets de développement que nous avons lancés, comme le gazoduc atlantique Nigéria-Maroc, la construction de complexes de production d’engrais en Ethiopie et au Nigéria, la réalisation de projets de

développement humain destinés à améliorer les conditions de vie des populations africaines, comme les services et les installations sanitaires, les établissements de formation professionnelle, les villages de pêcheurs».Liant l’acte à la parole, le Maroc est allé loin. «De plus, cette politique a été couronnée par le renforcement de nos partenariats économiques, le retour du Maroc à l’Union africaine et l’Accord de principe donné pour l’adhésion de notre pays au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest».La réintégration par le Maroc de l’institution continentale constitue un tournant diplomatique majeur dans la politique extérieure du Royaume. Ce retour est «un franc succès pour notre orientation africaine, surtout au regard des obstacles que certains ont tenté de dresser sur notre chemin. C’est aussi une reconnaissance solennelle de la crédibilité dont le Maroc jouit auprès de nos frères africains, et une preuve éloquente de la place privilégiée qu’ils lui réservent dans leurs cœurs».D’où des remerciements adressés à tous ses pairs africains. «En relation avec cet événement historique, Je tiens à exprimer de nouveau mes remerciements et ma considération pour l’ensemble des pays du continent qui se sont tenus à nos côtés, et même pour ceux qui n’ont pas appuyé notre demande. Car, je suis persuadé qu’ils changeront de position une fois qu’ils auront mesuré la sincérité de nos orientations», a-t-il dit. «Car l’Afrique a toujours été et demeurera en tête de nos priorités. Ce qui importe, en définitive, pour nous, c’est de contribuer à son essor et de servir le citoyen africain».Le souverain chérifien résume la démarche du Maroc en direction de l’ensemble de l’Afrique en des mots qui restent graver dans la mémoire : «En ce qui nous concerne, l’Afrique représente l’avenir qui commence aujourd’hui», balayant d’un revers de la main l’argument qui consistait à affirmer «l’Union Africaine a été la seule et unique motivation derrière tout ce que nous avons entrepris jusqu’à présent».g

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Sa Majesté le Roi Mohammed VI au 28è sommet de l’UA

Ce qui importe, en définitive, pour nous, c’est de contribuer à l’essor de l’Afrique et de servir le citoyen africain

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PANAFRICANISME, LE VIVIER CAMEROUNAIS

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Abandonné par nombre d’Africains pour des raisons diverses souvent liées à l’égoïsme, le panafricanisme trouve une terre d’élection au Cameroun où de nombreux intellectuels et politiques s’en réclament, sur fond d’une histoire coloniale particulièrement

sanglante marquée par les crimes de guerre de la France.Afrique Média. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui au Cameroun et ailleurs en Afrique vénèrent cette nouvelle chaîne de télévision initiée par des camerounais, et qui se donne une vocation panafricaine. Cette télé non conformiste se décrit elle-même comme la chaîne qui éveille les consciences des Africains sur les malveillances des Occidentaux. Mais à bien y regarder, le panafricanisme se limite-t-il à s’opposer aux Occidentaux ? S’interroge la critique qui se fait de plus en plus rude contre cette chaîne qui essuie également la colère des régimes politiques encore inféodés aux anciennes puissances coloniales, qui la harcèlent et oeuvrent pour sa disparition. Les arguments de non professionnalisme supposé de la chaîne cachent mal, en réalité, la gêne des anciens et des néo-colons devant les débats libres qui sont organisés sur cette antenne où les intervenants ne portent pas de gants pour dire leurs parts de vérité concernant l’actualité africaine et les problèmes de fond que connaît le continent.Afrique Média n’est, en réalité, qu’une des ramifications du panafricanisme camerounais toujours alerte, malgré l’hostilité du régime de Yaoundé qui a succédé à un pouvoir mis en place par la France coloniale pour mieux étouffer le nationalisme camerounais et sa contribution éminente à l’éclosion d’un panafricanisme militant en Afrique. Alors que des Africains

serviles et dociles sont suscités par des Européens pour dénigrer l’attachement de nombreux intellectuels camerounais au panafricanisme, idéologie progressiste qu’ils aimeraient voir disparaître pour continuer à piller l’Afrique à huis clos, il est sans doute important de resituer le débat dans son contexte.Le panafricanisme camerounais est en effet loin d’être une mode, ou une posture académique. C’est une école bien ancienne qui puise dans un vivier fécondé par une opposition farouche des intellectuels et politiques camerounais à la guerre coloniale menée par la France dans le pays, avant et après l’indépendance, ainsi que dans une transmission permanente du flambeau entre générations facilitée par l’enseignement de l’histoire dans les cursus scolaires et universitaires où le débat est sans cesse nourri.Le panafricanisme camerounais n’est pas une vue de l’esprit, encore moins une posture de fanfaronnade. Il puise sa source dans un passé fait de luttes contre le colonisateur et de répressions sanglantes de celui-ci. Plusieurs documents et archives historiques attestent aujourd’hui, de la violence de cette guerre où l’armée française a fait parfois usage de méthodes fascistes comme la torture sauvage, les bombardements au napalm et les décapitations suivies d’expositions de têtes coupées sur les places publiques notamment en pays bamiléké et bassa, pour semer la terreur et décourager les nationalistes. Le Canard Enchaîné du 27 avril 2011, à travers un article intitulé «Une guerre française au Cameroun cachée pendant quarante ans», revient sur ce maquis qui a aguerri les nationalistes camerounais et convaincu les générations suivantes de la nécessité d’œuvrer à une échelle plus grande, comme l’avait

Abandonné par nombre d’Africains pour des raisons diverses souvent liées à l’égoïsme, le panafricanisme trouve une terre d’élection au Cameroun où de nombreux intellectuels et politiques s’en réclament, sur fond d’une histoire coloniale particulièrement sanglante marquée par les crimes de guerre de la France. Parfait Kolossi

Ces nationalistes camerounais intraitables ne sont pas morts pour rien

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déjà anticipé le parti progressiste UPC de Félix Moumié et de Ruben Um Nyobé dans les années soixante.RÉFÉRENCES NAZIESA l’approche de l’indépendance promise en 1960 par de Gaulle, écrit le journal satirique français, la France met en place une administration néocoloniale. On installe ainsi le président Amadou Ahidjo, et l’on dote le pays d’une Constitution sur mesure, assortie d’accords secrets d’assistance militaire. Les conseillers du Président sont nommés par les Français. Au nombre desquels Samuel Kamé, qui avoue son admiration pour les régimes fascistes et cite volontiers Hitler et Goebbels. C’est avec ces alliés que Paris prépare son ultime opération avant de retirer le gros de ses troupes : la liquidation de l’UPC, qui persiste à combattre pour une authentique indépendance.

CAMPS À L’ALLEMANDEDepuis la fin 1959, les opérations antiguérilla se sont intensifiées. La torture n’a plus pour seul but de faire parler les chefs maquisards, elle devient systématique à l’égard des opposants. Gégène, baignoire, balançoire, importées d’«Indo» ou d’Algérie, sont pratiquées dans tous les postes de police. Des prisonniers sont jetés vivants dans les chutes d’eau de la rivière Metchié. L’un deux, en tombant entraînera d’ailleurs dans la mort un gendarme français. Des camps de concentrations sont édifiés. Ancien haut-commissaire (il sera plus tard ambassadeur, puis maire de Cannes), Maurice Delaunay évoque, dans ses Mémoires, celui de Bangou : «J’avais été prisonnier en Allemagne, je savais comment ça se passait ! J’avais fait un camp avec des barbelés, des miradors». Il abrite 700 à 800 détenus, gardés par des gendarmes français et camerounais.L’année 1960 est terrible. «Je décide d’entreprendre une véritable reconquête», écrit le Premier ministre, Michel Debré. Une note secrète (mars 1960) de l’état-major, dirigé par le général Max Briand, recommande d’«annihiler les groupes terroristes...et leurs sympathisants», ce qui autorise les massacres de masse. Briand a rapporté cette riche idée : exposer les têtes coupées des rebelles sur la place publique. L’ouest du pays est bombardé. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées dans «des villages de regroupement». En octobre, le SDECE (future DGSE) repère le chef de l’UPC, Felix Moumié, à Genève et le fait assassiner (empoisonnement) par son agent William Bechtel.Dénoncée depuis des décennies et aujourd’hui largement documentée, cette guerre reste un tabou français, écrit, quant à lui, le quotidien Le Monde. Le mot lui-même, pourtant utilisé à l’époque par les militaires pour décrire leur action, est banni du vocabulaire officiel, qui ne retient que les mots de «troubles», d’«émeutes», de «guerre civile» et, parfois, d’affrontements «ethniques». En 1972, la France de Pompidou interdisait Main basse sur le Cameroun (éd. Maspero), l’essai de l’écrivain camerounais Mongo Beti, qui dénonçait déjà ces atrocités et la responsabilité de Paris. On retrouve cette négation, officiellement exprimée, dans la bouche de François Fillon en mai 2009. Interrogé sur ces «événements» et, notamment, sur l’«assassinat par l’armée française de certains nationalistes camerounais», le premier ministre osa dire que «tout cela» relevait «de la pure invention». L’armée

française a pourtant, d’après ses propres archives, assassiné Ruben Um Nyobé, secrétaire général et leader charismatique de l’UPC, en septembre 1958. Ses services secrets ont, comme l’ont avoué plusieurs de leurs responsables, fait empoisonner à Genève Félix-Roland Moumié, président de l’UPC, en octobre 1960. L’aviation française a, toujours d’après les archives françaises, tiré à l’ouest du Cameroun des centaines de milliers de cartouches entre décembre 1959 et septembre 1960... Que M. Fillon aille vérifier par lui-même : les archives françaises regorgent de «pures inventions» de ce type.

L’ouvrage collectif, «Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique», est en effet riche en preuves de cette férocité des forces coloniales françaises et de l’héroïsme des nationalistes camerounais. Les Moumié, Um Nyobè, Osendé Afana et autres combattants de la vraie indépendance continuent d’inspirer des générations de Camerounais, qui refusent le statu quo de régimes néo-colonialistes en place en Afrique et réprimant sournoisement les thèses panafricanistes jugées subversives et souvent tournées en dérision. Malgré l’adversité, le panafricanisme reprend du poil de la bête, et réveille la bête qui sommeille en chaque néo-colon et en chaque Occidental soucieux de continuer à piller les ressources africaines, sans bruit. Le vivier panafricaniste camerounais n’est en tout cas près de s’éteindre, au grand dam des ennemis de l’Afrique et des Etats-Unis d’Afrique de Kwame Nkrumah.g

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Les Moumié, Um Nyobè, OsendéAfana et autres combattants de la vraie indépendance. Dans une Afrique unie continuent d’inspirer des générations de Camerounais

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C ’est l’un des plus anciens vœux des panafricanistes après les indépendances : parvenir à créer une zone de libre-échange à l’échelle continentale. Ce rêve va-t-il devenir réalité ? A l’Union africaine, on en est convaincu. La feuille de route

de la Zone de libre-échange continentale (Zlec), adoptée par l’Union africaine (UA) en 2012, s’est déployée concrètement à travers la décision de lancer les négociations prise en juin 2015 lors du 25ème Sommet de l’UA, avec pour objectif la mise en place effective de cette zone d’ici fin 2017. Le projet a encore avancé lors d’une réunion à Niamey, au Niger, le 16 juin dernier. A cette occasion, les ministres africains du commerce ont décidé de libéraliser 90% des lignes tarifaires avec des flexibilités à négocier sur les 10% restantes pour les produits sensibles et à exclure. Un grand pas en avant, quand on sait que le projet de création d’une zone de libre-échange à l’échelle continentale butait depuis deux ans sur plusieurs obstacles: certains pays encore très dépendants de leurs recettes douanières sont très réfractaires à la mondialisation économique et n’étaient pas prêts à renoncer à leurs recettes.«Nous sommes convaincus que nous aurons un marché intégré et commercialement viable à la fin de cette année», pouvait ainsi déclarer Albert Muchanga, commissaire au Commerce et à l’Industrie de l’Union africaine, lors d’une conférence de presse fin juin au siège de l’UA à Addis-Abeba, en Ethiopie.Selon l’Union africaine, cette coopération économique africaine doublerait le volume des échanges continentaux, de 14 à 28 %, un profit annuel pour le continent africain qui s’élèverait à près de 35 milliards de dollars. Une formidable

source de revenu non-négligeable lorsque l’on connaît les défis que l’Afrique doit relever. Cette zone de libre-échange devrait théoriquement être lancée en 2017, même si cela semble une entreprise difficile à conduire.«Avec la mise en place de la Zone de libre-échange continentale, l’Afrique toute entière ne sera qu’un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs où les produits circuleront et s’échangeront librement», se réjouit pour sa part le chef d‘État nigérien Mahamadou Issoufou à qui revient la charge de finaliser le projet dans les plus brefs délais.

Le projet ne suscite pas le même enthousiasme dans tous les pays africains. «Les Etats sceptiques face à l’avènement d’un tel espace commercial ont peur de se retrouver avec un marché local suturé. Une zone de libre-échange inclut la suppression des droits de douane. Ils brandissent également l’argument selon lequel le libre-échange favorise une concurrence déloyale entre les Etats forts et les Etats faibles. Un espace commercial sans frontières implique en effet la levée des quotas des échanges. Cependant, d’autres pays,

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LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE EN DÉBAT

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Les négociations entamées pour créer un marché continental devraient, selon le calendrier initial, s’achever en décembre 2017. Mais beaucoup d’observateurs restent sceptique sur les orientations de l’Union africaine. Athanase Kotobi

MARCHÉ COMMUN

Le projet a avancé en juin dernier à Niamey avec la décision des ministres africains du commercede libéraliser 90% des lignes tarifaires avec des flexibilités à négocier sur les 10% restantes pour les produits sensibles et à exclure

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face à des défis tels que le chômage massif, le sous-emploi et la pauvreté, sont plutôt enclins à s’ouvrir».Il faut dire que les zones d’intégration régionales en Afrique sont déjà nombreuses, mais n’ont pas encore fait la preuve de leur efficacité. Le commerce intra-africain ne représente que 15% environ des échanges globaux de l’Afrique, et le continent ne participe qu’à hauteur de 2% au commerce mondial alors qu’un marché commun africain rapporterait plus de 35 milliards de dollars chaque année aux pays de l’UA, selon des prévisions officielles.Ndongo Samba Sylla, économiste sénégalais, ne partage pas l’optimisme ambiant. A l’en croire, le projet actuel de marché commun est bâti autour de faux diagnostics. Selon lui, le projet de ZLEC procède d’une lecture erronée des causes de la faiblesse du commerce intra-africain. «Si les pays africains échangent peu entre eux, ce n’est pas principalement du fait des barrières tarifaires et non-tarifaires. La raison fondamentale est que ces pays sont pauvres et très peu diversifiés sur le plan économique, réalités héritées de la colonisation et aggravées par la mise en place des plans d’ajustement structurel au début des années 1980 et par le protectionnisme des pays riches». Dans la recherche économique, poursuit-il, c’est un fait bien connu que les échanges commerciaux s’accroissent avec le niveau de développement économique. Les pays les plus riches commercent plus avec les pays riches qu’avec les pays pauvres.A le suivre, le défi premier est donc pour la majorité des pays africains de sortir de leur spécialisation primaire [exportation de produits primaires] en mettant en place des politiques commerciales et industrielles vigoureuses qui soient sélectives et stratégiques. Ce que tous les pays devenus riches ont fait de par le passé.La seconde raison fondamentale au faible commerce intra-africain, souligne également l’économiste, est l’absence voire la piètre qualité des infrastructures de transport sur le continent,. «Ce qui explique bien souvent qu’il est moins coûteux pour un pays d’Afrique centrale d’importer des biens de la Chine plutôt que de son voisin immédiat.Les partisans du ZLEC mettent ainsi la charrue (libre-échange) avant les bœufs (industrialisation, développement des capacités productives + développement des infrastructures panafricaines dans les domaines routier, maritime, ferroviaire, aérien et informatique)».Si cette ZLEC venait à se mettre en place, analyse Ndongo Samba Sylla, «elle bénéficierait davantage au capital

international qu’aux pays africains, qui souvent, comme dans le cas des pays de la Zone Franc, n’ont aucune maîtrise sur leur politique monétaire et leur politique de change.» Dans ce type de contexte où les crédits bancaires à l’économie sont faibles et où les banques sont contrôlées pour l’essentiel par le capital étranger, il n’y aura pas de marge de manœuvre pour stimuler une production locale de qualité à même de rivaliser avec les productions étrangères.«Nous pouvons mettre fin au paradoxe d’une Afrique qui regorge d’énormes ressources naturelles et dont les populations sont les plus pauvres du monde, une Afrique exportatrice de matières premières sans aucune transformation et dont les pays sont victimes de la détérioration des termes de l’échange, une Afrique dont la contribution au commerce mondial est marginale.», estime le président nigérien.La décision de l’Union africaine de créer la ZLE est en fait une tentative d’accélérer la mise en place de la composante continentale de libre-échange de la Communauté économique africaine (CEA, créée par le Traité d’Abuja en 1991). La CEA, faut-il le rappeler, prévoit six étapes successives qui impliquent le renforcement de la coopération sectorielle et la création des zones de libre-échange régionale (ZLER), une union douanière continentale, un marché commun et une Union économique et monétaire panafricaine d’ici 2018. Les progrès au niveau de ces étapes sont lents et n’ont pas pu aboutir dans certains cas. La décision d’accélérer la composante du libre-échange de ce projet d’intégration régionale à travers la ZLEC a pour objectif de relancer le processus. En attendant son lancement effectif, partisans et adversaires de cette Zlec continuent à s’affronter à coup d’arguments et de contre-arguments.g

OBJECTIFS DECLARESL’objectif de la ZLEC est de créer un seul marché continental de biens et de services, d’établir la libre circulation des gens d’affaires et donc d’ouvrir la voie à l’accélération de la mise en place de l’union douanière ; Elargir le commerce intra-africain à travers une meilleure harmonisation et coordination de la des régimes et instruments de libéralisation et de facilitation du commerce au niveau des Communautés économiques régionales (CER) et en Afrique en général ; Relever les défis d’adhésion multiples qui se chevauchent (selon les recommandations et les ZLE tripartite) et accélérer les processus d’intégration régionale et continentale ;Améliorer la compétitivité au niveau de l’entreprise et de l’industrie en exploitant les possibilités de production à grande échelle, l’accès au marché continental et une meilleure redistribution des ressources.

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Mme Fatima Haram ACYL, Commissaire en charge du Commerce et de l’Industrie de la Commission de l’Union africaine.

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 201736

Dans deux circulaires datant du 8 août, les autorités tchadiennes instruisent les services d’émigration et les missions diplomatiques de veiller à l’application effective de la décision sur la libre circulation, conformément aux instructions des chefs d’Etat

de la sous-région. Une fois appliquée, cette mesure facilitera le commerce entre les six pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) que sont : le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Congo, le Tchad, et la Centrafrique. Du fait de cette mesure annoncée par le ministère tchadien de la Sécurité, «tout ressortissant de l’un des Etats membres, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon et Guinée Equatoriale, détenteur d’une pièce d’identité sécurisée (Passeport ou carte d’identité) en cours de validité, n’est plus soumis à l’obligation de visa d’entrée ou d’autorisation de sortie pour tout séjour ne dépassant pas trois mois en territoire tchadien». Afin que cette avancée ne reste pas théorique, «les autorités tchadiennes insistent sur la diffusion de la décision pour l’effectivité de cet important pilier de l’intégration». Cette décision devrait faciliter le commerce intra-communautaire, notamment entre le Tchad et le Cameroun où le pays importe la plupart des produits qu’il consomme.Lors d’une réunion le 17 février dernier à Djibloho, en Guinée équatoriale, les pays d’Afrique centrale avaient réaffirmé leur volonté de concrétiser la politique commune de libre circulation des personnes et des biens, mais celle-ci peinait à être appliquée, surtout par le Gabon et la Guinée équatoriale, deux pays qui ont régulièrement freiné des quatre fers, quand il s’agissait de donner un contenu concret à l’intégration effective de la région. En mars, Malabo avait finalement ordonné l’observance et l’exécution des dispositions de l’organisation sous-régionale sur ce sujet dans son pays. Sur le terrain toutefois, cette annonce est restée purement théorique, le petit «émirat» pétrolier d’à peine 800 000 âmes craignant d’être envahi par les populations des pays voisins. Pour rappel, les 4 autres pays de la Cémac (Cameroun, Tchad, Centrafrique et Congo) ont signé un accord restreint qui

permet déjà la libre-circulation entre ces différents pays pour leurs ressortissants. «La question de la libre circulation des personnes est une des pierres d’achoppement entre les Etats membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale, écrit Serge Loungou Cette mésentente est liée à une multitude de raisons, dont certaines participent de constructions imaginaires développées en particulier au Gabon et en Guinée équatoriale. Trois grands mythes sous-tendent le refus manifeste de ces deux Etats d’appliquer le principe communautaire de la libre circulation des personnes ; il s’agit des mythes de l’invasion démographique, de la spoliation économique et de la perversion sociale associée à la délinquance d’origine étrangère. Fortement ancrées dans les consciences nationales, ces représentations s’expriment à travers des politiques migratoires et des pratiques frontalières particulièrement discriminatoires à l’égard des ressortissants de la sous-région». L’auteur va plus loin, pour expliquer les raisons cachées du peu d’entrain de certains Etats de la Cémac à rendre possible la liberté de circulation des ressortissants de l’espace communautaires. On distingue, écrit-il, deux types d’arguments invoqués par les Etats de la Cémac pour expliquer la généralisation des droits de visa et de séjour imposés aux migrants originaires de la sous-région : l’un, avancé par le Gabon et la Guinée équatoriale, correspond à la nécessité pour ces deux Etats faiblement peuplés de limiter les flux migratoires étrangers ; l’autre, défendu par le reste des Etats membres de la Communauté, concerne la règle de la réciprocité. «En réalité, derrière ces justifications officielles de bon aloi se dissimule une raison inavouée que l’on peut rattacher à des impératifs de trésorerie et au développement d’un affairisme notoire autour de ce que nous considérons comme une rente migratoire. Celle-ci désigne l’ensemble des profits, officiels et officieux, tirés de la gestion des flux migratoires étrangers. Ces profits se déclinent autant en ressources financières, générées par les frais et taxes auxquels sont soumis les migrants, qu’en avantages de toutes sortes dont jouissent les personnels affectés aux frontières».g

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LE TCHAD OUVRE SES FRONTIÈRESMauvais élève en matière de liberté de circulation des personnes et des biens, l’espace communautaire Cemac d’Afrique centrale devrait s’ouvrir davantage avec la décision de N’Djamena de ne plus demander de visas d’entrée aux ressortissants de la zone. Hortense Fofana

LIBRE CIRCULATION DANS L’ESPACE CEMAC

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LAURENT GBAGBO, L’INTERMINABLE PROCÈSIl y a six ans, l’ancien président qui refusait sa défaite à la présidentielle était arrêté par les forces pro-Ouattara, puis transféré à la Cour pénale internationale à La Haye où il est jugé depuis un an pour crimes contre l’humanité. Mais, la procédure traîne en longueur et exaspère différentes parties. Athanase Kotobi

Quand prendra donc fin le procès de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, jugé depuis un an par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, pour crimes contre l’humanité ? Interrompu le 19 juillet dans le cadre des vacances judiciaires de l’été à la CPI, le

procès de Laurent Gbagbo et de son ancien ministre de la Jeunesse et homme des «basses besognes» supposé, Charles Blé Goudé a repris le 28 août devant la Chambre de Première instance I de la Cpi aux Pays-Bas, dans un climat d’interrogations quant à l’issue de la procédure.Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien et Charles Blé Goudé. Laurent Gbagbo, pour rappel, sont détenus pour crimes contre l’humanité avec quatre chefs d’accusation : meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains perpétrés entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.Gbagbo avait alors refusé d’accepter la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 proclamée par la Commission électorale et «certifiée» par l’Onu, et s’était retranché dans un bunker à la présidence, estimant qu’il était l’élu légitime de ce scrutin. Une posture qui a créé deux présidents pour le même pays, et entraîné un conflit armé entre l’armée loyaliste, les milices pro-Gbagbo et les forces rebelles pro-Ouattara soldé selon un décompte officiel par plus de 3 000 civils tués et plus de 150 femmes violées. Si, à la veille de la première comparution de Gbagbo, de nombreux Ivoiriens et non Ivoiriens espéraient la manifestation de la vérité, force est de constater que ce procès, tel qu’il se déroule

jusque-là, fait naître davantage d’inquiétudes que de certitudes, tant la procédure est hachée par des témoignages loufoques et des rebondissements dans le prétoire.Au cours de la période de suspension des audiences (du 19 juillet au 28 août), la Chambre d’appel de la CPI avait ordonné à la Chambre de première instance de procéder à un nouvel examen de la détention de l’ex président ivoirien, pour déterminer s’il devrait être maintenu en détention ou mis en liberté avec ou sans condition. Un point de désaccord entre d’une part la défense qui réclame la libération de l’ex-président ivoirien, et d’autre part l’accusation et la Cour favorables au maintien de la détention. «Les deux procès étant liés, et estimant qu’en toute logique les arguments utilisés contre Laurent Gbagbo pour son maintien ou non en détention, seront aussi évoqués le concernant, Charles Blé Goudé n’a, de son côté, jamais introduit de demande de liberté provisoire», juge un proche du dossier.C’est dans l’attente d’une décision sur la question que le calendrier des audiences publié sur le site de la Cpi , apprend que les audiences sont programmés sans arrêt entre le 28 août au 20 octobre, où interviendra une pause jusqu’au 6 novembre. À la reprise, le 8 décembre 2017, les audiences se tiendront jusqu’aux vacances judiciaires d’hiver 2017/2018 à partir du 15 décembre 2017. Une nouvelle reprise du procès de Laurent Gbagbo et Blé Goudé est alors prévue e 15 janvier 2018 à 9h30, renseigne le calendrier repris par AfrikiPresse.À la fin du procès et sur la base des éléments de preuves, les juges

CÔTE D’IVOIRE

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doivent soit acquitter les deux accusés, comme le demande la défense, soit les déclarent coupables. La peine maximum est de 30 ans d’emprisonnent ou la prison à vie. Pour l’instant, on n’en est pas encore là, et le procès risque de durer, tenant la Côte d’Ivoire en haleine. Dans les fiefs de l’ancien président à Abidjan, notamment dans le quartier chaud de Yopougon, des postes de télévision retransmettent en direct le procès, avec une grande affluence autour, preuve s’il en était que l’ancien chef de l’Etat conserve une importante cote de popularité dans le pays, en dépit de son éloignement à La Haye. Rappel des faits. Le procès contre Laurent Gbagbo, 71 ans, s’est officiellement ouvert le 28 janvier 2016, après une longue phase préliminaire. L’instruction du dossier a duré une année, pendant laquelle, 22 000 pages de preuves et des déclarations d’une centaine de témoins ont été examinés.

La Cour a dressé quatre chefs d’inculpation contre Laurent Gbagbo, tous relevant de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, autres actes inhumains et persécutions perpétrés durant la période post-électorale de 2010. Selon l’accusation, l’ancien président aurait mis en oeuvre un «plan commun» en collaboration avec la police, l’armée et des milices, pour se perpétuer au pouvoir. L’ancien ministre de la Jeunesse et l’ex-meneur des Jeunes Patriotes Charles Blé Goudé est poursuivi pour les mêmes accusations. Les deux affaires ont été jointes par souci d’efficacité budgétaire.«Les deux accusés ont plaidé non coupables pour les crimes dont ils sont inculpés. Les avocats de la défense ont sonné la contre-offensive en accusant l’équipe de la procureure, Fatou Bensouda, d’avoir enquêté uniquement à charge. La défense a par ailleurs accusé Alassane Ouattara et ses soutiens d’avoir plongé le pays dans la violence dans le but de s’emparer du pouvoir par la force. La France est aussi pointée du doigt pour avoir aidé Alassane Ouattara en lui fournissant des armes, malgré l’embargo».

LIBÉRATION CONDITIONNELLE ?S’achemine-t-on vers une mise en liberté conditionnelle prochaine de Laurent Gbagbo ? Certes, en mars dernier, le tribunal de La Haye a refusé pour la 11è fois la demande de libération provisoire de Laurent Gbagbo qui avait été formulée par sa défense. Mais le sujet n’est plus tabou, estime le confrère RFI, surtout depuis que le président de la Chambre préliminaire de la CPI a rendu publique son opinion divergente sur la question. Rappelant que l’ancien président ivoirien est détenu à La Haye depuis novembre 2011, Cuno Tarfusser fait valoir dans sa réponse à la défense de Laurent Gbagbo la nécessité de ne pas dépasser «le seuil d’une durée raisonnable» de détention.Un argument, poursuit notre confrère, qui a dû motiver également la démarche discrète faite auprès

de François Hollande en début d’année par quatre chefs d’Etat francophones (le Burkinabè Roch Marc Kaboré, le Guinéen Alpha Condé, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta et le Nigérien Mahamadou Issoufou) pour sensibiliser le président français à la lenteur de la procédure contre leur ancien camarade socialiste. Ce n’est sans doute pas accidentel si les dirigeants africains ont choisi ce début d’année pour évoquer le sujet avec leur homologue à l’Elysée. «Ils savent, explique Guy Labertit, socialiste historique et ami de longue date de Laurent Gbagbo, que François Hollande (alors président français) est inquiet de la dégradation de la situation politique et sécuritaire en Côte d’Ivoire. Nous sommes nombreux à penser que la libération de Laurent Gbagbo pourrait aider à cicatriser les plaies de la guerre civile et contribuer à la réconciliation nationale qui n’a jamais eu lieu.»En Côte d’Ivoire même, le sujet divise. Le régime voit d’un mauvais œil une pareille issue, tandis que les partisans de l’ancien président anticipent déjà des réjouissances. Pour bon nombre d’observateurs, la réconciliation restant un chantier encore en friche en Côte d’Ivoire, une libération conditionnelle de Gbagbo ne ferait que fragiliser davantage un tissu sociopolitique encore déchiré.Pendant que reprenait le procès conjoint de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et de son ex-ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale, le Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI) s’est fait entendre sur ce sujet. Dans une déclaration publique, le CVCI s’est dit contre une mise en «liberté conditionnelle» de Laurent Gbagbo. Le Collectif «redoute des regains de troubles, de violences et de commissions d’actes de vengeances en Côte d’Ivoire, si Laurent Gbagbo venait à obtenir une liberté provisoire», fulmine le texte. Notant que l’opinion dissidente du juge Président, favorable à la liberté conditionnelle de Laurent Gbagbo, lors de l’audience du mois de mars dernier en la matière, avait jeté la consternation sur les victimes et certaines populations, cibles des forces pro-Gbagbo. Il ressort des tournées entreprises par ledit Collectif auprès de ses membres, renseigne la note, que les victimes dénoncent les arguments du juge, notamment son état de santé et son âge avancé. Elles estiment que son raisonnement est «tendancieux, dégradant, regrettable, injuste et discriminatoires».Le CVCI appelle donc la CPI lors de la reprise du procès conjoint de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et de son ex-ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé «à agir dans un délai à la limite du raisonnable, pour la manifestation de la vérité». Cette vérité est, selon le texte signé du président de la structure, Issiaka Diaby, «une attente légitime et de droit des victimes, pour faire le deuil de leurs proches assassinés par les forces pro-Gbagbo et pour se voir libérer de cette longue difficile insupportable traumatisme post-crise».g

Le Collectif des victimes «redoute des regains de troubles, de violences et de commissions d’actes de vengeances en Côte d’Ivoire, si Laurent Gbagbo venait à obtenir une liberté provisoire»

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La procureuse de la CPI, Fatou Bensouda s’entretient avec Emmanuel Altit, défenseur de Laurent Gbagbo

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 2017 39

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EN AFRIQUE, LA CHINE LARGUE EUROPÉENS ET AMÉRICAINS L’Empire du Milieu a investi plus de fonds sur le continent africain en 2016 que les Occidentaux qui rechignent à faire connaître ces réalités du terrain. Parfait Tadjong

C’est une douche froide qu’ont reçu Européens et Américains qui font régulièrement croire qu’ils seraient les principaux investisseurs et bailleurs de fonds en Afrique. La dernière édition du rapport du Financial Times sur les investissements directs étrangers en

Afrique, publiée en août 2017, montre que la Chine est le pays qui a fourni le plus de fonds au continent en 2016.«Pour la première fois depuis 2003 et le début de notre suivi des investissements directs en Afrique, la Chine a dépassé les Etats-Unis en termes de capitaux investis dans la région.» Ce constat est l’un des points clés du rapport 2017 sur les investissements en Afrique, édité chaque année par le quotidien économique britannique Financial Times (The Africa Investment Report 2017, en anglais). Cette édition qui recense et analyse les investissements directs à l’étranger (IDE) réalisés en 2016 vers le continent souligne que «la Chine investit 15 fois plus en 2016 qu’en 2015».Au premier rang, se trouvent, en effet, les investissements chinois. «Le pays a engagé 36,1 milliards de dollars en Afrique en 2016, soit quinze fois plus que l’année précédente (2,3 milliards de dollars). La Chine se place ainsi en tête des pourvoyeurs de capitaux étrangers en Afrique en 2016, alors qu’elle n’occupait que la neuvième place de ce classement un an plus tôt. C’est alors l’Italie, suivie des Etats-Unis et de la France, qui menaient le peloton de tête avec respectivement 7,4, 6,8 et 5,7 milliards de dollars investis».Comment expliquer une telle progression ? S’interrogent les analystes occidentaux. Avec quelques éléments de réponse : «La Chine est connue pour son implication de longue haleine sur le continent.» Il y aurait plus de 10 000 entreprises chinoises en Afrique aujourd’hui, selon une étude publiée fin juin (lien en anglais). Les auteurs du rapport 2017 du Financial Times soulignent deux investissements importants réalisés par l’empire du Milieu en 2016 : 3,3 milliards de dollars destinés à l’Algérie par la Société nationale chinoise des

travaux et construction, plus gros conglomérat immobilier du pays. Mais surtout, 20 milliards annoncés par la société China Fortune Land Development, à destination de l’Egypte, dans le cadre de son projet de nouvelle capitale administrative. En tout, la Chine a investi dans 62 projets. En effet, les sommes investies (les capitaux) sont allouées à des projets précis (projets d’investissement). Les auteurs du rapport effectuent leurs classements selon ces deux catégories : les capitaux versés/reçus par un pays ; le nombre de projets d’investissements concernés par le versement de ces capitaux (voir infographie ci-dessous). LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION EN HAUSSEDe manière générale, le nombre de projets d’investissement sur le continent a baissé de 16 % entre 2015 et 2016, tandis que les capitaux ont augmenté de 40 %. En d’autres termes : les sommes investies par projet sont, en moyenne, plus conséquentes. Les auteurs du rapport montrent un secteur de la construction en hausse du fait d’un intérêt accru des investisseurs. La part de celui-ci est passée de 14 % à 40 % entre les deux années, tandis que celle des industries extractives (mines) est tombée de 23 % à 4 %. En cause notamment : l’évolution démographique des villes africaines. «La population urbaine augmente de 15 millions de personnes chaque année en Afrique selon les Nations unies, indiquent les auteurs du rapport. Soit autant de gens qu’à New York, Los Angeles et Chicago réunies.» Ils notent également que les investisseurs étrangers ont tendance à diversifier leurs points d’intérêt.Comme en 2015, fait observer le rapport, «l’Egypte est le principal bénéficiaire en termes de capitaux reçus. Certes dans le cadre de son projet de nouvelle capitale, mais aussi, rappellent les auteurs, parce que le pays a annoncé en 2016 une série de réformes économiques et financières visant à restaurer la confiance des investisseurs étrangers. Le secteur de l’immobilier y a augmenté de près de 18 % en 2015-

ECONOMIE/INVESTISSEMENTS

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2016, et en moyenne de 16 % chaque année depuis 2011-2012 et la révolution».L’Afrique du Sud, elle, enregistre le plus grand nombre de projets. C’était déjà le cas l’année précédente, confirment les analystes. Une autre constante transparaît: «en 2016 comme en 2015, la Côte d’Ivoire gagne de nombreux investissements. Ce pays, l’une des plus importantes économies de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, a gagné 27 % de projets d’investissement entre les deux années».Selon l’OCDE, la Chine a investi 38,4 milliards $ en Afrique entre 2015-2016 devant les Emirats arabes unis, l’Italie, premier investisseur européen et les Etats-Unis. Dans son rapport 2017, cette organisation note que la Chine qui a investi en Afrique en 2015-2016, environ 38,4 milliards de dollars devient le plus grand investisseur étranger sur le continent. Elle devance largement les traditionnels investisseurs étrangers notamment Européens et Américains.Selon l’OCDE, Pékin est suivi par les Emirats arabes unis (14,9 milliards $), l’Italie, premier investisseur européen avec 11,6 milliards $ et enfin des Etats-Unis dont les investissements couvrant cette période ont atteint la barre symbolique des 10,4 milliards $.Alors que les Occidentaux aiment à mettre les Africains en garde contre l’implication grandissante de la Chine en Afrique, cette réponse du président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh à notre confrère Jeune Afrique est édifiante : «Je sais que cette obsession de la présence chinoise existe. Mais elle est à la fois infondée et unilatérale. Les Chinois n’ont aucun problème à cohabiter avec les Occidentaux à Djibouti, à condition qu’on ne vienne pas constamment espionner leurs installations.»Les Américains, par contre, en font une fixation. Ils nous répètent sans cesse que cette présence chinoise les gêne pour leurs opérations. En réalité, la base chinoise en construction à Doraleh, qui jouxte le nouveau quai et la nouvelle zone franche, n’abritera pas plus de quatre cents hommes.Il faut sans cesse rassurer, palabrer et démontrer aux uns et aux autres que leurs hantises n’ont pas lieu d’être. Les Français sont ici depuis l’indépendance ; les Américains, eux, sont venus plus tard à cause de la présence d’Al-Qaïda en Somalie et au Yémen et parce que Djibouti a été le seul pays africain à accepter l’une de leurs bases sur son sol. Les Japonais ont souhaité s’installer pour protéger leurs navires de la piraterie maritime qui sévit dans le golfe d’Aden. Les Chinois, eux, veulent sécuriser à partir de ce hub stratégique de la «nouvelle route de la soie» leurs investissements massifs et leurs ressortissants dans toute la région, de l’Ouganda à l’Arabie saoudite en passant par l’Éthiopie.Le président djiboutien tord le cou à un autre argumentaire fallacieux des occidentaux tendant à faire croire que les Chinois n’investiraient en Afrique que par appétit pour les matières premières, au contraire des Européens et Américains qui ne seraient là que pour développer l’Afrique : «Les Chinois sont par ailleurs les seuls à investir chez nous dans tous les domaines : chemin de fer, ports, banques, parcs industriels, etc. Les Français et les Européens sont largement aux abonnés absents. Quant aux Américains, qui ont manifesté leur intérêt pour le projet de pipeline Djibouti-Addis, leur objectif est de gagner beaucoup, vite et seuls : c’est compréhensible, mais plus compliqué que prévu pour eux. La réalité est que personne d’autre que les Chinois n’offre un partenariat à long terme à Djibouti».

Mais il y a un risque, que pointent le FMI et beaucoup d’observateurs : celui du surendettement – et donc de la dépendance – auprès de Pékin. En êtes-vous conscient ? Interroge le média parisien. «C’est le procès habituel que nous font nos partenaires occidentaux, répond Omar Guelleh. D’abord, Djibouti n’est et ne sera la colonie de personne. Ensuite, aucun pays ne s’est développé sans s’endetter. Enfin, ce qui nous importe, c’est de ne pas alourdir notre dette publique, laquelle doit être remboursée par le Trésor. Ce dernier n’est impliqué que sur la dette arabe – Fades, fonds saoudiens et koweïtiens –, laquelle concerne la construction d’écoles, de routes et d’hôpitaux».La dette chinoise, elle, a été contractée par des entités paraétatiques djiboutiennes qui la remboursent sans passer par le Trésor public, tout en payant leurs impôts et taxes à l’État, explique-t-il. «Quant au chemin de fer Djibouti-Addis, il sera géré pendant six ans par une société chinoise, laquelle remboursera elle-même l’emprunt contracté. J’ai lu quelque part que nous allions devoir consacrer 12 % de nos recettes l’an prochain à payer notre dette. C’est tout simplement faux».g

(Agence Chine nouvelle).

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AFP

Les partisans d’un leadership mondial américain fort sont en train de vivre une mauvaise décennie. L’élection de Donald Trump a clairement été un appel au réveil de l’establishment de la politique étrangère à Washington. À la différence des décennies de consensus bipartite

qui positionnaient les États-Unis en «nation indispensable», Trump semble être indifférent à la place de l’Amérique dans le monde.Ses relations tendues avec les alliés de longue date et ses décisions de se retirer du partenariat transpacifique et du traité climatique de Paris ont poussé ses détracteurs, comme l’ancien conseiller de la sécurité nationale Susan Rice, à affirmer que Trump «détruit le leadership américain sur la scène internationale».

LE DÉSESPOIR DE NOS ALLIÉSLes craintes au sujet de Trump, cependant, ne font que faire écho aux préoccupations exprimées autour de l’administration Obama. Les critiques insistaient sur le retrait d’Obama de l’Irak, son incapacité à intervenir dans la guerre civile syrienne et son échec à contrecarrer l’emprise de la Russie sur la Crimée et l’Ukraine comme preuves d’un repli malsain qui a entraîné «le désespoir de nos alliés et la joie de nos ennemis».

La véritable question, cependant, n’est pas l’incapacité des États-Unis à mener, c’est plutôt l’échec du leadership américain. Depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis ont exhibé leurs muscles à plusieurs reprises.Le problème est que cela a trop souvent provoqué le ressentiment, le conflit et l’instabilité, exactement le contraire des promesses faites par les promoteurs de l’interventionnisme militaire.La raison fondamentale de cet échec est que les fonctionnaires

américains ont trop confiance en leur pouvoir de décréter des résultats à travers le monde, surtout via l’usage de la force militaire.

Le problème est que la politique de la force a trop souvent provoqué leressentiment, le conflit et l’instabilité, exactement le contraire des promesses faites par les promoteurs del’interventionnisme militaire.

LA FAILLITE DU LEADERSHIP AMÉRICAIN

USA

Les États-Unis ne sont ni omnipotents ni irréprochables. Les États-Unis et le monde seraient mieux si les États-Unis dirigeaient moins mais avec plus de sagesse. Par A. Trevor Thrall.

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 201742

LE DANGER DU LEADERSHIPLes 15 dernières années témoignent largement des dangers du leadership et de l’interventionnisme américain. Après les attentats du 11 septembre, l’administration Bush a lancé une guerre contre le terrorisme fondée sur une stratégie combinant l’intervention militaire, le changement de régime et la reconstruction d’une nation.L’objectif était de tuer des terroristes à court terme, de détruire leurs organisations à moyen terme et, à plus long terme, de remodeler la politique des nations pour empêcher le terrorisme de se développer.

L’administration Obama a sensiblement suivi la même voie, se retirant de l’Irak mais poursuivant des changements de régime en Libye, s’étendant en Afghanistan et élargissant la guerre de drones contre les terroristes dans sept pays.Aujourd’hui, l’administration Trump a commencé à intensifier la lutte contre Daech et Al-Qaeda, habilitant le Pentagone et les militaires à déterminer les niveaux de troupes et à prendre des décisions plus rapides sur le terrain.

INEFFICACITÉ CONTRE LE TERRORISMELe problème au Moyen-Orient n’a pas été le manque de leadership, mais plutôt l’incapacité à reconnaître que la stratégie américaine a été un échec. Les dirigeants politiques ont exagéré la menace terroriste aux États-Unis et ont ensuite appliqué les mauvais remèdes. L’intervention militaire s’est révélée excellente pour se débarrasser de certains régimes, mais complètement inefficace pour vaincre les organisations terroristes.Depuis 2001, le nombre de groupes terroristes et de combattants «jihadistes» a grimpé en flèche. Les franchises

d’al-Qaïda continuent à fleurir et l’invasion de l’Irak a provoqué par inadvertance le chaos qui a aidé l’État islamique à prendre racine. Partout où les États-Unis sont intervenus – soit par drone, soit par invasion -, et ce depuis 2001, l’instabilité et la violence sont plus exacerbées aujourd’hui qu’auparavant.

L’ÉCHEC DE LA RECONSTRUCTION DES NATIONSAvec le jeu de reconstruction des nations, le résultat n’est pas mieux ! Les États-Unis ont consacré des milliards de dollars dans ses efforts de renforcement de la nation en Irak et en Afghanistan, en reconstruisant les infrastructures, en formant la police et les troupes militaires et en fournissant une défense interne contre les terroristes.La dure vérité, cependant, est que ces pays ne sont ni une démocratie qui fonctionne, ni des régimes stables, et ne tiendront pas longtemps sans un soutien extérieur.Pendant ce temps, l’échec de la guerre contre le terrorisme a coûté une enveloppe astronomique, tant pour les États-Unis que pour le Moyen-Orient. Les États-Unis ont déjà dépensé des milliards de dollars et ont vu 7 000 Américains tués dans les combats, alors que selon les ONG, entre 1,3 million et 2 millions d’Irakiens, d’Afghans et de Pakistanais ont trouvé la mort. Cela sans compter ceux en Libye, au Yémen, en Syrie ou ailleurs, dont les décès sont le résultat de l’intervention des États-Unis et de ses dommages collatéraux.

AVEUGLEMENT AMÉRICAINMalheureusement, malgré cette histoire récente, il y a peu de signes que Washington soit prêt à reconnaître les limites du leadership américain. Bien que l’administration Trump puisse freiner l’Establishment de la politique étrangère sur certaines questions, il est clair que la dépendance américaine à l’intervention militaire au Moyen-Orient est partie pour durer.Le leadership américain peut en effet être un intéressant vecteur d’influence pour le bien, mais les États-Unis ne sont ni omnipotents ni irréprochables. Les États-Unis et le monde seraient mieux si les États-Unis dirigeaient moins mais avec plus de sagesse.g

Le problème au Moyen-Orient n’a pas été le manque de leadership, mais plutôt l’incapacité à reconnaître que la stratégie américaine a été un échec.

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 2017 43

monde

L’ESCALADE QUI INQUIÈTE LA PLANÈTE

Entre la Corée du nord et les Etats-Unis, les tensions atteignent chaque jour des proportions inégalées. En ce mois de septembre, elles sont encore montées d’un cran. En promettant « le feu et la colère », quelque chose de jamais vu dans l’histoire de l’humanité à la Corée du nord, si elle persistait

à menacer les Etats-Unis et ses alliés par ses essais nucléaires et ses déclarations tonitruantes, le chef de la Maison Blanche, Donald Trump, pensait intimider le leader nord-coréen Kim Jong-Un. Peine perdue. Après avoir prévenu que le déploiement du porte-avions américain Carl Vinson au large de la Corée du Nord constituait une preuve de plus des intentions agressives des États-Unis, auxquelles Pyongyang n’hésiterait pas à riposter proportionnellement, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères s’est dit prêt à la «guerre».Annoncée dans la foulée de la frappe punitive américaine en Syrie, cette décision a été largement interprétée comme une démonstration de force de l’administration Trump, qui s’est aussi dite prête à se charger «seule» du problème des programmes nucléaire et balistique nord-coréens, si Pékin ne mettait pas de pression sur Pyongyang.«Le déploiement américain insensé pour envahir la RPDC a atteint une phase préoccupante», a réagi un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères cité par l’agence officielle KCNA en référence au nom officiel du régime (République populaire démocratique de Corée).«La République populaire démocratique de Corée est prête à réagir, quel que soit le type de guerre voulu par les États-Unis», a-t-il ajouté.«Nous prendrons les mesures de contre-attaque les plus fermes

contre les provocateurs, afin de nous défendre par la voie des armes», a ainsi précisé le porte-parole du chef de la diplomatie de Pyongyang, toujours cité par KCNA. «Nous tiendrons les États-Unis totalement responsables des conséquences catastrophiques provoquées par ces actions scandaleuses.»Ignorant les mises en garde violentes du président américain Donald Trump et les menaces de sanctions lourdes de la communauté internationale, la Corée du Nord a procédé le 3 septembre à un sixième essai nucléaire souterrain, en faisant exploser, avec succès, une bombe H - ou bombe à hydrogène -, divisée en deux étages.«Cet essai correspond au plan de construction d’une force nucléaire stratégique du Parti des Travailleurs», a indiqué le média d’Etat qui explique que le nouvel engin peut être installé dans l’ogive d’un missile balistique intercontinental (ICBM) et va ainsi permettre au pays de devenir une véritable puissance nucléaire.

En procédant, le 3 septembre, à un sixième essai nucléaire à la bombe H envers et contre les Etats-Unis et leurs alliés, la Corée du Nord a ravivé de manière spectaculaire les tensions avec Washington, qui se dit prêt à utiliser ses capacités nucléaires pour riposter en cas d’attaque de Pyongyang. Parfait Tadjong

Ignorant les mises en garde violentes du président américain DonaldTrump et les menaces de sanctions lourdes de la communautéinternationale, la Corée du Nord a procédé le 3 septembre à un 6è essai nucléaire souterrain

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KIM JONG-UN-DONALD TRUMP

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monde

Quelques heures auparavant, Pyongyang avait prévenu le Japon qu’il risquait «l’autodestruction imminente» pour s’être aligné sur Washington dans un contexte de tensions encore accrues après le tir d’un missile au-dessus de l’archipel fin août. Et pour ne rien arranger, Kim Jong-un a annoncé que d’autres missiles seraient tirés dans le pacifique.Jusqu’où ira l’escalade actuelle ? C’est la question que se posent les observateurs, au vu de la tournure des événements. Avec ce tir de missile, «Kim Jong-Un répondait à Donald Trump et aux manœuvres américano-sud-coréennes en cours dans le Pacifique», expliquait Juliette Morillot, rédactrice en chef adjoint d’Asialyst. «C’est une sorte d’alerte pour se rappeler à la mémoire de Donald Trump», ajoutait-elle.«La Corée du Nord, qui se sent sous la menace américaine, juge que l’arme nucléaire et les missiles balistiques lui permettent d’assurer sa survie. Au quotidien, on sent que les gens sont en guerre», raconte l’historienne. «Un soldat américain sur trois basé à l’étranger se trouve autour de la Corée du Nord», note Juliette Morillot.

RISQUES DE GUERRE NUCLÉAIRE ?Selon l’historienne, auteure du livre La Corée du Nord en 100 questions, «ni les sanctions ni les menaces n’infléchiront la volonté de la Corée du Nord. Pyongyang veut une reconnaissance diplomatique. Elle aimerait au préalable avoir un pacte de non-agression avec les États-Unis et la signature d’un traité de paix avec la Corée du Sud».«On peut craindre un dérapage d’un soldat, mais pas un conflit nucléaire parce que personne n’y a intérêt», conclut Juliette Morillot.Aux Etats-Unis par contre, Donald Trump n’écarte pas le scénario d’une intervention armée contre le régime de Pyongyang. Une option militaire toutefois refusée par Pékin et par les alliés des Etats-Unis dans la région. L’ouverture d’un conflit avec Pyongyang risquant, en effet, de déboucher sur une guerre totale dans la péninsule et la région, selon les observateurs. Des centaines de puissants missiles conventionnels nord-coréens peuvent être tirés vers les grandes villes de Corée du Sud et du Japon dans les heures suivant l’ouverture d’un conflit dramatique, souligne Le Monde. Les premiers jours d’une guerre avec la Corée du Nord feraient ainsi des dizaines de milliers de morts en Corée du Sud et au Japon, avant qu’une force internationale ne parvienne à éliminer totalement le régime et ses forces armées. Un missile Nodong ne mettrait, par exemple, que 7 minutes à parcourir la distance entre la Corée du Nord et Tokyo.La Corée du Nord dispose de l’arme nucléaire, et, selon le Washington Post, le renseignement militaire américain en est désormais convaincu : Pyongyang a réussi à miniaturiser suffisamment une bombe atomique pour l’embarquer sur l’un de ses missiles intercontinentaux.Il faut accepter le fait que la Corée du Nord possède maintenant des armes nucléaires, ce qui rend toute action militaire impossible car trop dangereuse, expliquent certains spécialistes.«Pour les États-Unis, il ne reste plus qu’à négocier avec la Corée du Nord, pour essayer de réduire les tensions et résoudre certains conflits. Il ne faut plus essayer de leur enlever l’arme nucléaire», développe Jeffrey Lewis, chercheur à l’Institut Middlebury des études internationales.

Dans les années 2000, Pyongyang semblait avoir commencé à se faire à l’idée d’un ralentissement et d’un contrôle de son programme nucléaire, après des discussions multilatérales avec la Chine, la Russie, le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud. Mais le pays était alors dirigé par Kim Jong-Il. Son fils et actuel leader, Kim Jong-Un, a pour sa part refusé tout dialogue, estimant que seule la possession d’armes nucléaires capables d’atteindre le territoire américain par des missiles balistiques intercontinentaux pourrait préserver la Corée du nord d’attaques militaires américaines.

LA CHINE POUR LE DIALOGUELa négociation avec la Corée du nord ou la force : la communauté internationale reste divisée sur le sujet. Si le Conseil de sécurité de l’ONU a dénoncé unanimement le tir de missile nord-coréen, la communauté internationale est clivée sur l’attitude à adopter. Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, avait dénoncé une «menace grave et sans précédent» en réaction aux déclarations de la Corée du Nord. Il était également convenu avec le président américain, Donald Trump, de renforcer «la pression» sur la Corée du Nord.La Chine, comme la Russie, est plutôt partisane d’une solution diplomatique et se refuse à décider de nouvelles sanctions à l’égard de son allié nord-coréen. Elle a ainsi violemment dénoncé le «rôle destructeur» de «certains pays», accusés de saboter tout effort de négociation.«Certains pays ignorent de façon sélective les exigences du dialogue et ne parlent que de sanctions. Alors que la Chine et d’autres promeuvent des pourparlers pacifiques, ils nous entravent, nous mettent des bâtons dans les roues et nous poignardent» dans le dos, a déclaré Mme Hua Chunying, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois.La Russie a, quant à elle, appelé Washington à ne pas recourir à la force militaire contre la Corée du Nord, insistant sur le fait que «toute mesure militaire» aurait des «conséquences imprévisibles». Après un apparent désaccord entre le ministre de la défense américain, Jim Mattis, et le président américain, le premier a certifié jeudi qu’il était bien sur «la même ligne» que le second. Donald Trump a déclaré mercredi que discuter avec Pyongyang «n’était pas la solution».g

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A une époque où le racisme et les thèses de l’infériorité supposée de la race noire prospéraient en Europe et en Amérique, cet intellectuel et homme politique haïtien a su donner de la voix pour réfuter ces fausses vérités, par la science et en rattachant son combat au grand mouvement panafricaniste né aux Amériques. Valentin Fossi

L orsque l’on évoque l’histoire du panafricanisme, on pense rarement à Joseph Anténor Firmin. Et pourtant, ce brillant esprit né le 18 octobre 1950 à Haïti fut l’homme noir le plus éclairé de son époque. Sur le plan international, il est reconnu surtout comme celui

qui a démenti la thèse raciste de Renan Arthur Gobineau qui proclamait «l’inégalité des races humaines» par son audacieux livre «l’égalité des races humaines», et sa défense de l’égyptologie rattachant l’histoire de l’Egypte ancienne à celle de l’ensemble des peuples noirs d’Afrique. C’est ainsi que Anténor Firmin est souvent considéré comme le précurseur d’un autre savant égyptologue noir, le Sénégalais Cheikh Anta Diop.Il y a une bonne raison au fait que Anténor Firmin soit si peu connu. Ses idées étaient si dérangeantes pour les Européens convaincus de leur supériorité raciale, que ceux-ci s’employèrent à marginaliser le savant haïtien et son œuvre, allant jusqu’à s’immiscer dans les affaires politiques d’Haïti pour l’empêcher de devenir président de ce pays.

Son chef d’œuvre «de l’égalité des races humaines» œuvre monumentale de 650 pages paru au 19è siècle, en 1855, ne fut rééditée pour la première fois que dans les années 1994 !Contre la thèse de «l’inégalité des races», Joseph Anténor Firmin propose une théorie sur «l’égalité des races humaines» en 1885 ; trois ans seulement après le décès de Joseph Arthur de Gobineau. Son travail brillantissime et très solidement documenté est encore plus sévèrement zappé dans les études africanistes françaises, où le nom même d’Anténor Firmin ne dirait rien (ou si peu) à aucun étudiant, écrit la revue Cultures.Selon sa biographie, Joseph Anténor Firmin exerça comme inspecteur des écoles au Cap-Haïti, eut une brillante carrière politique ; avant de débarquer à Paris au milieu des années 1880, où bientôt il fut admis à la Société d’anthropologie. C’est donc en France, dans un pays négrophobe et tellement fier de l’être, qu’il rédige en quelques mois son ouvrage sur «l’égalité des races humaines».Ainsi, à la fin du siècle de l’apogée du racisme culturel

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JOSEPH ANTÉNOR FIRMINPIONNIER DU PANAFRICANISME, HÉRAULT DE LA DIGNITÉ

DE L’HOMME NOIR

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européen, en sa forme la plus arrogante dite de «racisme scientifique», c’est un Haïtien formé à Haïti qui apporte la plus cinglante réplique aux thuriféraires occidentaux de l’inégalité des races : Morton, Renan, Broca, Carus, De Quatrefages, Bûcher, De Gobineau, etc. On se rappelle qu’au début de ce même siècle, c’est Toussaint Louverture et ses compagnons qui défont à Saint-Domingue les plus puissantes armées esclavagistes d’Europe (Espagne, Angleterre, France), et fondent en 1804 la République d’Haïti. D’ailleurs, Joseph Anténor Firmin avait une très haute conscience du rôle symbolique et stratégique d’Haïti comme sentinelle de la défense (militaire, politique, littéraire, scientifique, etc.) des nations nègres. En sorte que la misère actuelle de ce pays signe fondamentalement la misère généralisée de tous les Nègres du monde, depuis l’Afrique jusqu’à la Diaspora: la renaissance africaine passe aussi, voire d’abord, par une renaissance d’Haïti à laquelle chaque Nègre devrait contribuer derechef, «by any mean necessary»…(par tous les moyens nécessaires).L’œuvre d’Anténor Firmin fut tellement lucide, prémonitoire et dérangeante pour le monde blanc, écrit la rédaction du MNH, qu’elle fut immédiatement enterrée et oubliée dans les milieux cultivés français. Elle ne fut rééditée qu’en 2004 ! C’est à titre de réparation due que les éditions L’harmattan l’ont rééditée, avec une introduction de Ghislaine Géloin, organisatrice du congrès sur «la redécouverte d’Anténor Firmin, pionnier de l’anthropologie et du panafricanisme» au Rhode Island College.Anténor Firmin participa à l’organisation de la première conférence panaméricaine de 1900, suscitée par W. E. B. Dubois, rappelle la revue ; il fut élu vice-président de celle qui aurait dû avoir lieu en 1902, puis nommé responsable de l’association panafricaine en Haïti en 1904. En lisant aujourd’hui ses pages éblouissantes de fraternité et de soutien spirituel pour la refondation de la pensée scientifique, on le perçoit comme un annonciateur de Cheikh Anta Diop, celui qui a détrôné les mensonges intéressés de l’égyptologie, et qui sut imposer aux scientifiques européens la reconnaissance de la grandeur noire, «poser le problème de la falsification la plus monstrueuse de l’histoire de l’humanité par les historiens modernes…rendre justice à la race nègre en lui reconnaissant son rôle du plus ancien guide de l’humanité sur la voie de la civilisation, au sens plein de ce mot» (Nations nègres et culture, Paris, Présence africaine 1954-59, p. 59).Firmin le disait fort bien :

«A toute cette phalange hautaine qui proclame que l’homme noir est destiné à servir d’étrier à la puissance de l’homme blanc, à cette anthropologie menteuse, j’aurai le droit de dire : Non, tu n’es pas une science !» Il annonça aussi que l’égoïsme et l’immoralité de la race blanche seraient pour elle plus tard un motif de honte et de remords. Lorsque Firmin mourut, alors qu’il était membre titulaire de la Société d’Anthropologie parisienne, en 1911, le Bulletin de la Société ne lui consacra même pas une notice nécrologique.

La société haïtienne, écrit un auteur haïtien, a besoin de lire Anténor Firmin, de revisiter son œuvre et d’établir un constant dialogue avec lui. Pour affronter les années difficiles qui s’annoncent dans un XXIe siècle où la carte du monde se redessine et où les pays émergents s’affirment de plus en plus face aux anciennes puissances. Car nos interrogations contre la misère, le chômage, la maladie, la malnutrition, l’inculture, l’exploitation, l’asservissement, la répression demeurent les mêmes, même si les temps ont changé et changent encore. Dans la certitude qu’un monde meilleur est possible, le coup d’œil de Firmin et les clins d’œil sur Firmin permettront de voir plus grand et plus loin. Dans la lutte pour éradiquer l’arriération qui nous étreint, Anténor Firmin apparaît comme un réservoir inépuisable d’idées qui permettront de combattre non seulement les préjugés tenaces contre la paysannerie et les masses urbaines défavorisées, mais aussi contre la diaspora. Et de valoriser l’apport des Haïtiens résidant à l’étranger au développement national. Pour le triomphe du panafricanisme, il est sans doute urgent de relire Anténor et de revisiter ses combats pour la restauration de la dignité de l’homme noir qui continue d’être bafouée en Europe et en Amérique.g

Pour le triomphe du panafricanisme, il est sans doute urgent de relire Anténor et de revisiter ses combats pour la restauration de la dignité de l’homme noir qui continue d’êtrebafouée en Europe et en Amérique

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Renaissance n° 13 • Du 21 juin au 17 juillet 20171

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UN 30 JUIN 2017 AU CACHET PARTICULIER

INDÉPENDANCE DU CONGO

SANCTIONS OCCIDENTALES, LES DESSOUS DES CARTES

RDCONGO

TRUMP FACE À L’HYPOCRISIE

CLIMATJEUNE AFRIQUE S’INVITE DANS LE DÉBAT IVOIRIEN

CÔTE D’IVOIRE

KABILA AU GRAND KASAI

APRÈS LA NEUTRALISATION DES MILICES KAMUINA NSAPU

Renaissance africaineTous les mois dans

vos kiosques à journauxLe magazine de l’Afrique libre

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 2017 47

P our comprendre la pensée de Frantz Fanon, il faut partir de la question du commencement. En effet, depuis Antoine Guillaume Amo, au 18e siècle, les penseurs d’Afrique Noire et des Diasporas ont essayé de répondre à une question universelle :

Comment se penser homme quand on vous a voulu objet ? Comment «être» quand on vous a «niés» ? C’était hier, face à l’esclavage, à la traite négrière, et à la colonisation. Et aujourd’hui face à la mondialisation !Et, tandis que Cheikh Anta Diop remontait les jusqu’aux «Pharaons» pour nous doter de la «Mémoire historique» du peuple fondateur de l’Histoire humaine , le médecin et psychiatre martiniquais Frantz Fanon(Né en 1925 à Fort-de-France, il meurt le 6 décembre 1961 à l’hôpital de Bethesda à Baltimore sous l’identité de Ibrahim Fanon, de nationalité tunisienne), scrute la source des violences massives qui déferlent sur les «Noirs» depuis six siècles et interroge les désarticulations psychologiques de la «Longue Nuit» c’est-à dire de la traite négrière , de la colonisation et du néocolonialisme sur l’être de l’homme, version africaine. Ses conclusions n’ont pas perdu de leur actualité.

LE RACISME DE L’HOMME BLANC ET SES CRIMES CONTRE LES NOIRS.Pour Frantz Fanon, la couleur noire pose problème : l’Africain n’est pas exploité historiquement et économiquement, mais parce noir, il est perçu comme un être inférieur, relevant d’une culture inférieure, dans le monde clos de l’infériorité absolue. La «race» est une prison pour l’homme «noir». Elle l’aliène radicalement, le transforme en chose. Dans sa Communication

au premier Congrès des écrivains et artistes noirs à Paris en septembre 1956 «Racisme et culture», Fanon écrit : «Etudier les rapports du racisme et de la culture, c’est se poser la question de leur action réciproque. Si la culture est l’ensemble des comportements moteurs et mentaux né de la rencontre de l’homme avec la nature et avec son semblable, on doit dire que le racisme est bel et bien un élément culturel. Il y a donc des cultures avec racisme et des cultures sans racisme». Le penseur ajoute, nous prévenant du racisme intrinsèque de la culture occidentale : Les «valeurs occidentales» rejoignent singulièrement le déjà trop célèbre appel à la lutte de «la croix contre le croissant». «Peau noire, masques blancs (Seuil, 1952)» reste un texte fondamental pour comprendre comment le racisme enferme l’individu dans une identité qu’il n’a pas choisie.

RACISME ET EXPLOITATION SYSTÉMATIQUE ET VIOLENTE DE L’HOMME NOIRC’est pourquoi, dit Fanon, il nous faut chercher, au niveau de la culture, les conséquences de ce racisme.

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FRANTZ FANON ET LA PENSÉE «NOIRE»

La foi en la suprématie blanche a donnénaissance et expansion au capitalisme comme système de domination économique aux fins d’assurer le bien-être aux êtres supérieurs que sont les «leucodermes», par tous les moyens

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 201748

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Et avec raison, Fanon affirme que le racisme n’est qu’un élément d’un plus vaste ensemble : celui de l’oppression systématisée d’un peuple. En effet, la foi en la suprématie blanche a donné naissance et expansion au capitalisme comme système de domination économique aux fins d’assurer le bien-être aux êtres supérieurs que sont les «leucodermes», par tous les moyens ,même ceux impliquant une violence extrême, dont la traite négrière ,c’est-à-dire quatre siècles de déportations massives de Noirs d’Afrique vers les exploitations occidentales des Amériques ; la colonisation c’est-à-dire un siècle de déculturation et de dépossessions matérielles ; enfin la mondialisation c’est-à-dire la traite négrière et la colonisation pratiquées avec des moyens psychologiques et d’exploitation scientifiquement étudiés. C’est la fameuse gouvernance mondiale comme direction du monde au profit exclusif de l’Occident et de ses enfants. En effet, écrit Fanon, le racisme vulgaire dans sa forme biologique correspond à la période d’exploitation brutale des bras et des jambes .Ce fut le cas durant les quatre siècles de la traite négrière où la marchandise était le captif». Ce fut le cas pendant la colonisation où la force du travail gratuite et forcée de l’Africain fut mise à rude épreuve. L’accumulation du Capital fut bénéfique pour le développement de l’Occident. Aujourd’hui, la perfection des moyens de production provoque fatalement le camouflage des techniques d’exploitation de l’homme, donc des formes du racisme. Huntington, un défenseur de la suprématie blanche, professeur de sciences politiques à l’université de Harvard, explique fort sereinement que l’Occident domine le monde par le biais d’une «violence organisée». L’organisation de cette violence est très précisément prise en charge par les institutions, les lois décrets créés et adoptés par les blancs dans le principal but d’assurer leur hégémonie. Il écrit : «A part le Japon, l’Occident n’a aucun rival économique.» Il domine les institutions internationales en matière de politique et de sécurité, et avec le Japon, les institutions économiques internationales. Les questions de politique et de sécurité globale sont gérées par un directorat composé des Etats-Unis, de l’Angleterre et de la France, tandis que les questions économiques sont gérées par un directorat composé des Etats-Unis, de l’Allemagne et du Japon, autant de pays qui entretiennent des relations extrêmement étroites, et dont sont exclus les pays de moindre importance, en général non occidentaux. Les décisions prises par le Conseil de Sécurité des Nations Unies ou par le Fond Monétaire International, et qui reflètent les intérêts de l’Occident sont présentées au monde comme reflétant les désirs de la communauté mondiale. L’expression même de «communauté mondiale» est devenue la désignation collective euphémistique (remplaçant «le Monde Libre») qui sert à légitimer de façon globale des actions qui en fait reflètent les intérêts des Etats-Unis et d’autres puissances occidentales. Par le biais du FMI et autres institutions économiques internationales, l’Occident promeut ses intérêts économiques et impose aux autres nations des politiques économiques qu’il juge appropriées. (…).L’Occident, en fait, utilise des institutions internationales, la force militaire et des ressources économiques afin de contrôler le monde de façon à maintenir la prédominance occidentale, protéger les intérêts occidentaux, sur le plan le plan des valeurs politiques et économiques» (cité par Ama MAZAMA, L’Impératif Afrocentrique, Paris, Menaibuc 2003,

pp.13-14). Voilà au moins un honnête compte-rendu de la «Mondialisation».Ce que Fanon a vu c’est que, à travers les mécanismes généraux d’exploitation et de la domination, le colonisé, plus tard l’opprimé(Les damnés de la terre, Maspéro, 1961.) subissait une forme d’exploitation infiniment plus destructrice. Il n’était pas seulement exploité comme producteur de richesses, comme homme réduit presque à la condition d’outil, mais comme homme atteint dans l’intégrité physique de son être même parce que exploité à travers une défaite historique rapportée par le maitre, non pas aux accidents de l’Histoire, mais à l’infériorité naturelle de son être.

RACISME ET DÉCULTURATION, IMPOSTURES ET PRÉSUPPOSÉS GRATUITSLe racisme obéit à une logique sans faille, écrit Fanon. Un pays qui vit, tire sa substance de l’exploitation des peuples différents, infériorise ces peuples. Le racisme appliqué à ces peuples est normal. C’est dire que l’entreprise de déculturation se trouve être le négatif d’un plus gigantesque travail d’asservissement économique, voire biologique. La doctrine de la hiérarchie culturelle n’est donc qu’une modalité de la hiérarchisation systématisée poursuivie de façon implacable. Comment se comporte un peuple qui opprime ? Ici des constantes sont retrouvées. On assiste à la destruction des valeurs culturelles, des modalités d’existence. Le langage, l’habillement, les techniques sont dévalorisées. Comment rendre compte de cette constante ? L’asservissement, au sens le plus rigoureux, de la population autochtone est la première nécessité. Pour cela il faut briser ses systèmes de référence. L’expropriation, le dépouillement, la razzia, le meurtre objectif se doublent d’une mise à sac des schèmes culturels ou du moins conditionnent cette mise à sac. Le panorama social est déstructuré, les valeurs bafouées, écrasées, vidées. C’est pourquoi, écrit encore Fanon dans «Racisme et Culture» : «Le racisme crève les yeux car précisément il entre dans un ensemble caractérisé : celui de l’exploitation éhontée d’un groupe d’hommes par un autre parvenu à un stade de développement technique supérieur .C’est pourquoi l’oppression militaire et économique précède la plupart du temps, rend possible, légitime le racisme». Il n’est pas possible d’asservir des hommes sans logiquement les inférioriser de part en part. Et le racisme n’est que l’expression émotionnelle, affective, quelquefois intellectuelle de cette infériorisation.En effet, l’infériorisation de l’homme noir a nécessité, dans le chef de l’homme blanc, l’émergence des «Sciences des Sauvages» : la biologie, la craniométrie, l’ethnologie, étaient, à leur naissance, consacrées à la démonstration de l’infériorité du Nègre ! Aussi, Cuvier, pour démontrer que l’intelligence du Nègre était localisée sur le sexe, va exposer les organes génitaux de la déesse Noire « la sud-africaine Swatché ». L’exposition du Congolais Ota Benga dans des

Faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles, que le démiurge c’est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitive que les mains du peuple

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foires et parcs ne visait qu’à populariser le racisme dans les masses .L’infériorisation du Nègre a donné aussi naissance aux sciences coloniales (ethnophilosophie, ethnobiologie, ethnomusicologie, etc.) comme systèmes pseudo-scientifiques pour maintenir les Africains dans la subjugation et aliénation.La résignation et l’acceptation de la suprématie blanche, pour être courantes, n’en sont pas moins, bien évidemment, manufacturées. Nous voulons dire par-là, le résultat d’un long processus de propagande, systématique et organisé, afin de nous placer et nous maintenir dans un état de subjugation mentale vis-à-vis de l’Occident. L’Occident a ainsi instauré une violence symbolique au travers de divers courants de pensée très manufacturés globalement dénommés : Africanismes eurocentristes , qui sont la source majeure des maux en Afrique. Comme l’écrit Théophile Obenga : «Orientalisme, évolutionnisme, fonctionnalisme, primitivisme, diffusionnisme, structuralisme, etc…, tous les africanismes eurocentristes sont des formes de racisme occidental vivace…». L’épistémologie prônée par l’africanisme eurocentriste entend soustraire aux Africains toute idée de devoir et de responsabilité dans l’histoire humaine. Pour ce faire, l’Africanisme eurocentriste a créé des mythes anthologiques pour fausser l’entendement sain de l’histoire générale de l’Afrique :«le mythe de l’Elam, le mythe chamito-sémitique ou afro-asiatique, le mythe du monde hamite, le mythe des Sabéens-Arabes, le mythe des navigateurs carthaginois, le mythe des traces de races blanches dans le golfe de Guinée parties de l’Egypte pharaonique, le mythe des Sao légendaires, le mythe des langues semi-bantoues de M.Guthrie, le mythe de l’éros noir, le mythe de l’ethnophilosophie, le mythe du fétichisme animiste négro-africain, le mythe de la fixité des temporalités sociales africaines, le mythe civilisateur et bienfaisant de la colonisation» pour pérenniser les caricatures de l’histoire des peuples noirs d’Afrique produite par Montesquieu, Voltaire, Hume, Kant, Hegel et tous les Africanistes eurocentristes contemporains ! (Théophile Obenga, Africanismes eurocentristes : source majeure des maux en Afrique, in L’Afrique répond à Sarkozy. Contre le discours de Dakar, Paris, Philippe Rey, 2008, pp.339-363.).

L’Occident tient l’Afrique Noire soumise grâce à ce paradigme africaniste eurocentriste séculaire qui détermine tout le reste : détruire la conscience africaine en infusant partout le sentiment de subordination et d’infériorité, rendre nécessaire et sans alternative la soumission africaine, refuser toute promotion africaine quand cela entend redonner aux Africains les sentiments de dignité et de responsabilité historique, feindre de travailler pour le développement de l’Afrique( remise des dettes, aides, programmes, comités, coopérations, etc.) .Le but poursuivi est, d’une part raffermir l’idée d’une Afrique hors de l’Histoire, et d’autre part contrôler le savoir des Africains sur eux-mêmes et briser leur autonomie intellectuelle. Comme l’explique Obenga : «C’est-à-dire si les images ,les désirs ,les mentalités et les volontés des Africains sont contrôlés

,au plan décisif de la culture ,alors les nations nègres, dépossédées, affaiblies, extraverties et infériorisées, obéiront ,sans résistance, sans critique, à tout ce que l’Occident leur offrira :faux partenariats, contrats léonins, immigration choisie, codéveloppement sans développement, programmes de misère et de pauvreté dits d’ajustement structurel, bases militaires, pompage des matières premières, mirages culturels…( o.c.).» Voilà comment, le racisme occidental, avec ses courants de pensée, ses «Etudes Africaines…» assoit la suprématie blanche, le capitalisme et l’exploitation de l’Afrique Noire par la déstructuration culturelle de l’Africain. C’est pourquoi, pour Fanon le Nègre est une pure création «du système de violence symbolique colonial». Il ne se confond pas avec l’Africain porteur d’une identité historique.

RACISME ET ALIÉNATIONL’objet du racisme n’est donc pas l’homme particulier mais une certaine forme d’exister. A l’extrême on parle de message, de style culturel… Ainsi, ayant assisté à la liquidation de ses systèmes de référence, à l’écroulement de ses schèmes culturels, il ne reste plus à l’autochtone qu’à reconnaitre avec l’occupant que «Dieu n’est pas de son côté». L’oppresseur, par le caractère global et effrayant de son autorité, en arrive à imposer à l’autochtone de nouvelles façons de voir, singulièrement un jugement péjoratif à l’égard de ses formes originales d’exister. Cet événement désigné communément aliénation est naturellement très important .Culpabilité et infériorité sont les conséquences habituelles de cette dialectique. C’est-à-dire qu’ayant jugé, condamné, abandonné ses formes culturelles, son langage, son alimentation, ses démarches sexuelles, sa façon de s’asseoir, de se reposer, de rire, de se divertir, l’opprimé, avec l’énergie et la ténacité du naufragé, se rue sur la culture imposée. Le gain de l’aliénation est la stérilisation de la créativité ainsi que la dépendance.

CONCLUSIONPour les élites et pour le peuple africain, la plus grande tâche est de comprendre à tout instant ce qui passe chez nous. Il y a la nécessité d’éclairer l’effort populaire, d’illuminer le travail, de le débarrasser de son opacité historique : tout repose en définitive sur l’éducation des masses, sur l’élévation de la pensée, sur ce qu’on appelle trop rapidement la politisation. Politiser c’est ouvrir l’esprit, c’est éveiller l’esprit, mettre au monde l’esprit. C’est, comme disait Césaire, «inventer des âmes». Politiser les masses ce n’est, ce ne peut être faire un discours politique. C’est s’acharner, écrit Fanon, avec rage à faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles, que si nous stagnons c’est de leur faute et que si nous avançons, c’est aussi de leur faute, qu’il n’y a pas de démiurge ,qu’il n’y a pas d’homme illustre et responsable de tout, mais que le démiurge c’est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitive que les mains du peuple. Pour réaliser ces choses, il faut les incarner véritablement! ( Frantz Fanon, les damnés de la terre, Paris, La Découverte, 2002, p.187).Incarner l’insurrection contre tout asservissement. Interne ou externe.g

Emmanuel Kabongo MaluPhilosophe congolais (rd)

Faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles,que le démiurge c’est le peuple

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Renaissance n° 16 • Du 15 sptembre au 23 octobre 201750

Livres

George Soros est représentatif d’une nouvelle forme d’influence très contemporaine : un philanthrocapitalisme du 21ème siècle doté de moyens colossaux, agissant au niveau global, qui utilise parmi ses leviers des ONG, des organismes

d’aide publique et des fondations privées. Son champ d’action dépasse peu à peu la sphère économique pour s’étendre au politique, englobant progressivement des problématiques sociétales lourdes telles que l’alimentation ou l’environnement : une superpuissance qui en vient à surpasser les grandes organisations internationales, voire les Etats eux –mêmes.Dans ce paysage, Soros présente une spécificité qui en fait une figure particulièrement intéressante à observer. Contrairement aux grands capitaines d’industrie, ce spéculateur n’a pas de compte à rendre à des actionnaires ni de problématique d’image à intégrer, d’où une totale liberté d’action. Qui plus est, de par son histoire et sa sensibilité personnelle, il est animé par une conviction idéologique particulièrement forte. Enfin, via son action passée en Europe de l’Est, il a tissé un lien étroit avec le pouvoir US, de sorte que son action est déjà rodée.

POURQUOI S’INTÉRESSER PLUS PARTICULIÈREMENT À SON ACTION EN AFRIQUE Contrairement aux Etats-Unis et à l’Europe, l’action de Soros sur ce continent passe quasiment inaperçue. Pourtant, l’Afrique est le premier continent où a opéré Soros via sa fondation, ce dès 1979. Et l’Afrique est aujourd’hui la troisième région en termes d’investissements de la fondation Soros, derrière les Etats-Unis, presque à égalité avec l’Europe, et loin devant la région Asie-Pacifique ou l’Amérique latine. Son action y est donc soutenue, et aujourd’hui même en cours, ce qui place le sujet en pleine actualité. Cette plongée en Sorosafrique est donc très éclairante quant aux enjeux et leviers du système sorosien, avec trois dimensions à prendre en compte : philanthropique, économique et géopolitique.Soros se pose en ardent promoteur de l’Open Society – un concept qui recouvre globalement la démocratie à économie de marché. S’appuyant sur les mouvements citoyens, les media ou encore les grandes ONG ainsi que sur un pool de proches conseillers, Soros s’est doté d’une influence aussi forte que souterraine, s’imposant ainsi en faiseur de rois – ou plutôt de Présidents.Pour autant, cette action, si elle est probablement portée par des convictions idéologiques sincères, n’en est pas moins fort profitable. Elle permet à George Soros d’établir des conditions de marché favorables à ses investissements, voire lui donne un avantage décisif dans ses opérations de spéculation. George Soros développe ainsi depuis plusieurs années en Afrique, activement quoique discrètement, des opérations dans plusieurs grands secteurs d’activité, mines, hydrocarbures, agriculture, énergie et télécoms principalement, quitte à parfois entrer en contradiction flagrante avec les grands du Soros idéologue.

La Sorosafrique ne poserait pas tant question si elle n’était pas aussi étroitement liée au pouvoir politique américain et aux grandes organisations internationales. Sans verser dans des extrêmes consistant à considérer Soros comme un pion des Etats-Unis ou, a contrario, à le désigner comme le grand orchestrateur de la vie politique US, il n’en reste pas moins que les Etats-Unis et Soros avancent le concert sur des objectifs, politiques et économiques, sensiblement similaires, et que leur puissance s’en trouve décuplée. La question de la surpuissance du système se trouve donc posée – à supposer que ledit système survive à l’élection de Donald Trump.Alors, la Sorosafrique, un système d’infaillible ? Telle est la question posée par cet ouvrage.g

Collection Guerre de l’informationStéphanie ERBS, Vincent BARBE, Olivier LAURENTVA Editions 201798, boulevard de la Reine 78000 Versailles

LES RÉSEAUX SOROS À LA CONQUÊTE DE L’AFRIQUEPOURQUOI SOROS ? POURQUOI S’INTÉRESSER À SON ACTION ?

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