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LA VIE DE SATHYA SAI BABA Les années 1961 – 1967 N. KASTURI 0

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LA VIE DE

SATHYA SAI BABA

Les années1961 – 1967

N. KASTURI

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SATHYAM SIVAM SUNDARAM

Volume 2 (Edition révisée et élargie)

Histoire de la Vie de

BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA

1961 – 1967

N.Kasturi M.A., B.L.

SRI SATHYA SAI BOOKS & PUBLICATIONS TRUST

Prasanthi Nilayam – 515 134

Anantapur District, Andra Pradesh, India

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TABLE des MATIERES

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1. Résumé (1926-1961) …………….. 5

2. Le sucre et les Fourmis ……………. 17

3. La Mission ……………. 25

4. L’appel ……………53

5. Ce Shiva Shakti ……………60

6. L’Omniprésence ……………. 70

7. Avec les Bléssés de la Vie ……………. 79

8. L’Incroyable, encore et toujours …………….. 89

9. Joie Divine ……………. 107

10. Dons de Grâce ……………. 120

11. Villes Embrasées …………….. 128

12. Signes et Merveilles …………….. 145

13. Facettes de Vérité …………….. 150

14. L’Appel la Réponse ………………. 169

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CHAPITRE 1

RESUME (1926-1961)

Ses amis l’ont appelé « Guru » parce que toujours Il les corrigeait et les consolait. Il les soulageait dans la détresse et jamais Il ne paraissait contrarié ou fatigué. Il était un généreux donateur même à cet âge ; ainsi pour eux, Il retirait de sacs vides, des bonbons délicieux, des crayons, des gommes, jouets, fleurs et fruits.

Entourée de collines rousses, une large et profonde vallée qu'une rivière entaille et dont les eaux alimentent un réservoir construit par un Empereur quelques 600 ans auparavant, voilà le milieu où se niche le village de PUTTAPARTHI. Il fut le lieu de séjour d'un chef qui dirigeait autrefois la région environnante ; Plus tard ce lieu se désertifia et vécut dans l'isolement mais sa terre continua d'être une pépinière de saints et de savants. La famille du chef, les Rajus, continua de conduire, de guider, d'éduquer et de former la jeunesse du village ! Kondamaraju était un saint homme centenaire qui construisit un temple pour Sathyabhama, 1'épouse consort fantasque du Seigneur KRISHNA; il était très versé dans les écritures et les textes anciens. Pour son fils ainé, il choisit un nom en rapport avec le célèbre ermite qui illustra l'arbre généalogique de la famille, Venka Avadhootha (Venka, qui avait abandonné tout attachement aux choses de ce monde); il l’appela Venkappa Raju. Ce fils épousa une lointaine parente, une fille née après la construction d'un temple par son père, temple dédié à SHIVA (sous son nom d’Ishwara) et qui pour cette raison fut appelée Iswara-Amba. C'était un couple pieux, tranquille et heureux; la seule récréation que Venkappa se permettait consistait à jouer des rôles épiques sur la scène du village, exactement comme son père, Kondamaraju, le faisait. Il avait un fils et deux filles; puis le 23 novembre 1926 un autre fils naquit, Sathyanarayana, qui prouva très vite qu'il était tout simplement Divin, tant dans Son essence que par Son savoir.

Ses camarades L'appelèrent "Guru" (Maître), car II était toujours en train de les corriger et de les consoler; II les réconfortait lorsqu’ils étaient dans la peine et ne semblait jamais ni fâché ni fatigué. Il donnait avec générosité, déjà à cet âge-là; Il remplissait pour eux des sacs vides, de friandises savoureuses, de crayons, de gommes, de jouets, de fleurs et de fruits. Quand on Lui demandait comment II les obtenait, Il répondait: « Oh! La déesse du village Me donne ce que Je veux ». C'était seulement pour satisfaire leur curiosité; c'était la seule réponse qui pouvait apaiser leurs doutes. Mais leur étonnement n'en persistait pas moins!

Sa divinité se révéla plus encore quand on Le mit à l'école où II acquit un nouveau surnom, "Bhramajnani". Cela signifie, « Celui qui a acquis la sagesse que révèle la Réalité Intérieure ». Quel nom pour un garçon de six printemps! A 8 ans, Sathyanarayana décida de révéler Son mystère par un miracle spectaculaire; quand Son maître Lui ordonna de se tenir debout sur le banc de la classe parce qu’Il ne semblait pas avoir écouté,

Il "manifesta la volonté" que le maître restât collé sur sa chaise, tant qu'il ne Le ferait pas descendre du banc. C'est ce qui arriva et II devint le sujet de conversation de toute la région. Il était simple et doux en dépit de toute cette publicité. II forma un groupe de prières avec les garçons de Son village et les emmena de place en place, chantant les hymnes qu'Il écrivait et leur apprenait.

Il était expert en danse et en musique, de même qu'en art dramatique. Que dis-je! Ses talents étaient utilisés même par des compagnies théâtrales qui faisaient des tournées dans la région. II avait la témérité d'écrire des chants pour eux

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comme pour Lui, et même des compléments de dialogues, alors qu'il n'avait que 12ans! II accompagna Son frère à Kamalapur et Uravakonda où celui-ci enseignait comme professeur de Telugu. A l'école, dans ces deux villages, Sathyanarayana dépassait largement tout le monde y compris les professeurs. II brillait comme poète, auteur dramatique, scout, sportif et chanteur, à des degrés d'excellence extraordinaires. Il possédait aussi le mystérieux pouvoir de retrouver les objets perdus, lisait dans les pensées des autres, voyait loin dans le futur et plongeait profondément dans le passé. Il devint le favori de la ville et fut très recherché par les affligés et les opprimés.

II effectua une première année de lycée et ne resta que quelques semaines en classe de deuxième année, lorsqu'il Lui fut impossible d'ignorer plus longtemps l'appel pour la tâche qui L'avait amené parmi les hommes. Il avait déjà trouvé difficile de masquer Sa majesté sous des propos futiles et insignifiants, que ce soit chez Lui ou à l'école. Au cours d'un pique-nique avec Son frère et un groupe de personnes aux ruines de l'ancienne capitale de l'Empire Vijayanagar (Hampi), tout le monde Le vit en tant qu'lshwara, exactement à 1'emplacement de la statue d'Iswara dans le temple de Virupaksha. Le 8 mars 1940, II ne put faire autrement que d'abandonner Son corps pour aller au secours d'un dévot qui se trouvait dans une terrible détresse. Ce phénomène fut mal interprété par Son frère et Son entourage qui l'attribuèrent soit à une morsure de scorpion, une piqûre de serpent, soit à un évanouissement ou une attaque d'hystérie. Les docteurs, bien sûr, ne purent donner un diagnostic exact. Des charlatans et des magiciens furent consultés sans succès; ils se trompèrent tous. Ils ne firent que Le torturer et prouvèrent simplement que le garçon était en mesure de supporter de grandes souffrances tout en restant impassible et serein.

Finalement, le 23 mai 1940, à PUTTAPARTHI, tandis qu'Il remplissait de cadeaux les mains tendues de tous ceux qui étaient là, BABA déclara qu'il était SAI BABA, revenu pour sauver l'humanité de la ruine. Il leur demanda de Lui rendre le culte chaque jeudi, comme premier élément de leur discipline spirituelle. De retour à Uravakonda, même à l'école, Sathyanarayana fut adoré comme SAI BABA, le Saint de Shirdi de retour sur terre, conformément à la promesse qu’Il avait faite à Shirdi. Manchiraju Thammiraju, le professeur qui aimait Sathyanarayana plus que quiconque parmi les membres du personnel, a écrit à propos de ces jeudis, comment son élève SAI BABA donnait toutes sortes de choses à ceux qui se réunissaient pour les prières en groupe: de la cendre sacrée ou divers dons curatifs de Grâce, tel un morceau de la robe ocre que portait SAI BABA à Shirdi (le saint avait été inhumé en 1918), qu'Il obtenait d'un simple mouvement de la main! Des centaines de personnes avaient pris l'habitude de s'attrouper autour de Lui et de L'interroger sur toutes sortes de sujets, auxquels II répondait calmement et correctement.

Pour Mahashivarathri (jour férié dédié au culte de SHIVA), Il alla dans un temple de SHIVA en dehors d'Uravakonda avec quelques compagnons parmi lesquels le fils deThammiraju,Sairam; et les jeunes virent avec stupéfaction un flot de lumière éblouissante partir de Sathyanarayana vers l'Idole de SHIVA et un autre s'écoulant de SHIVA vers Sathyanarayana. Un jeudi, Il informa la femme de Kasibhatla Ramamurthy de ceci: "J'ai mis sur votre autel une image; allez lui rendre hommage". Elle s'y précipita avec quelques voisins, ouvrit les portes fermées à clef et les volets fermés et solidement coincés pour empêcher les singes d'entrer, et elle trouva un portrait de SAI BABA de Shirdi dans la salle de prières de sa maison! Baba a introduit ou créé de telles images dans bon nombre de maisons durant ces années. Images qui offrirent aux gens leur premier contact avec le Saint de Shirdi.

Les expériences de Thammiraju furent extraordinaires; Sathyanarayana vint un soir chez lui et lui montra sur le mur de son modeste logis, comme si c'était un film, les formes sacrées des dix incarnations du Seigneur, ainsi que les portraits vivants de nombreux sages et saints mentionnés dans les Saintes Ecritures. Sa femme fut

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si émue par cette expérience d'une telle élévation spirituelle qu'elle écrivit pour Lui un poème en Telugu.

Il fut publié dans le magazine Sai Sudha de Madras. Un autre jour Sathyanarayana lui donna une image de SHIRDI BABA par un nouveau moyen stupéfiant: un bourdon entra dans sa chambre par une fenêtre ouverte, tenant quelque chose de roulé entre ses pattes. Il laissa tomber l'objet et s'envola; le papier fut déroulé; c'était une image du Seigneur de Shirdi! Quelques jours plus tard, un singe perché sur la fenêtre, à l'extérieur de sa chambre, jeta à l'intérieur un petit paquet de tissu; quand il eut ouvert le paquet, Thammiraju écrit qu'il trouva à l'intérieur une boule de sucrerie! et une lettre de Sathyanarayana qui était parti à Puttaparthi. Et que disait la lettre? "L'autre jour Je t'ai envoyé Mon portrait par le bourdon, aujourd'hui je t'envoie ci-joint du prasad". Bien d'autres ont eu des expériences extraordinaires des pouvoirs divins du jeune BABA; mais II se réservait pour le moment de la manifestation complète et de la déclaration finale.

Le 20 octobre 1940 fut le jour qu'Il choisit. Revenant de l'école plus vite que d'habitude, ce jour-là, II jeta Ses livres par la porte ouverte de la maison de Son frère et, quand Sa belle- soeur accourut pour découvrir la cause de ce bruit, elle fut tout étonnée de L'entendre dire: "Je ne vous appartiens pas; Je pars; J'ai un travail à faire". Puis II descendit et prit la route. "Ceux qui Me sont attachés M'appellent. La tâche pour laquelle Je suis venu n’est pas encore commencée: Je commence maintenant" dit-Il et II s'en alla d'un pas ferme. II fut abordé par son voisin, le savant Pandit Narayana Sastry, qui accourut et essaya de L'arrêter; il était assez impressionné par le garçon car, un jour qu'il expliquait un texte sanskrit assez difficile, Il l'avait fait appeler pour corriger son interprétation. Cette fois, tandis qu'il faisait des remontrances au garçon, il vit une auréole autour de Sa tête et cela le rendit muet. Le frère aussi échoua dans sa tentative de Le faire revenir sur Ses pas; Sathyanarayana lui dit: "1'illusion est dissipée; Je ne suis plus Vôtre; Je suis SAI BABA".

BABA se rendit dans un jardin vaste et ouvert, mitoyen de la maison de l'Inspecteur des contributions indirectes ; II s'assit sous un arbre, sur un rocher, avec la ville toute entière autour de Lui. Immédiatement II inaugura les sessions de bhajans qui progressèrent très vite et de façon spectaculaire dans les coins et les recoins de ce vaste pays, bouleversant les habitudes et les attitudes, 1a nature et le caractère de centaines de milliers d'hommes et de femmes.

Le tout premier chant qu'Il enseigna pour réveiller la masse de l'humanité fut une invitation à s'abandonner aux Pieds du Guru qui venait d'apparaître si miséricordieusement. Il contenait aussi une leçon sur laquelle BABA a toujours insisté depuis lors: Les bhajans ou l'adoration respectueuse doivent être un élan mental et non un exercice oral. Il dit en substance:

"Manasa Bhajare Gurucharanam, Dustara Bhavasaagara Tharanam",

Oh vous chercheurs! Adorez les Pieds du Guru de tout votre cœur; vous pourrez ainsi traverser 1'océan des peines et des joies, de la naissance et de la mort".

SAI BABA retourna à PUTTAPARTHI ou plutôt, Il y fut ramené par Ses « parents » ; ils Le supplièrent de ne pas quitter le village. Maintenant chaque jour est devenu un Jeudi et des groupes importants de fidèles se rassemblent pour recevoir Son darshan et Ses bénédictions. BABA passait la plupart de son temps au village dans la maison du Brahmin Karnam, (agent comptable héréditaire du village) où une dame âgée, Subbamma servait les pèlerins avec attention et amour. Il donnait satisfaction à de nombreuses personnes en réalisant leurs souhaits qui allaient d'une vision du Dwarakamayi (mosquée en ruine où SAI BABA passa Sa vie à Shirdi), à la guérison d'un ulcère ou de toute autre maladie. Il allait s'asseoir presque tous les soirs avec

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les dévots sur le sable de la rivière Chithravathi et faisait jaillir du sable des images, des tableaux, des statues, des friandises et des fruits qu'il créait spontanément. Il grimpait sur les collines environnantes et accordait aux groupes de fidèles qui étaient en bas, des visions de la splendeur et de 1'éclat associés à SHIVA, NARAYANA, KUMARASWAMY et autres formes de Dieu. Il cueillait sur les branches du tamarinier qui poussait sur la colline, des pommes, des mangues, des figues, des bananes et des raisins qu’Il distribuait à Ses dévots. Il se montrait à eux sous l'apparence de KRISHNA ou de toute autre forme parmi les 10 Incarnations de VISHNOU, ou encore sous les traits de SHIVA.

Il guida aussi de nombreux fidèles qui luttaient sur le dur chemin de la discipline spirituelle. Par exemple, vint à PUTTAPARTHI un moine boiteux pour qui l'objectif à atteindre tenait en deux vœux très populaires: il ne devait pas dire un mot, seulement écrire ce qu'il avait à dire; et il refusait de porter des vêtements. BABA devina les intentions de cet ascétisme exhibitionniste; II lui demanda soit de se retirer dans la forêt pour y vivre sa Sadhana, (Il l'assura qu'il lui procurerait nourriture et asile même là) et épargner à ses dévots la honte et la charge de l'entretenir, soit se remettre à parler et porter des vêtements qui ne représentaient pas un handicap vis à vis de l'effort spirituel. Cet incident se produisit alors que BABA avait à peine 16 ans. Les gens comprirent que là résidait la tâche pour laquelle II était venu: corriger et guider les hommes tombés dans 1'erreur.

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Un dévot qui s'était considérablement endetté décida de s'enfuir en Birmanie ou en Malaisie. Il se rendit au port de Madras pour se procurer un billet pour le voyage,

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mais il fut victime d'un pickpocket qui lui vida les poches; sans un penny, il retourna à son hôtel; sur la table, une lettre de Baba l'attendait, lui conseillant, ou plutôt lui commandant de revenir et de ne pas se laisser démoraliser. Il obéit et aujourd'hui il est tout à fait heureux avec sa femme et son enfant qu'il avait prévu d'abandonner. Comment Baba apprit-Il son adresse à Madras?

Apprenant que Sai Baba était revenu, de nombreux fidèles du Saint de SHIRDI, qui avaient perdu tout espoir de contacter le Saint accoururent à PUTTAPARTHI.

Ils L'emmenèrent à Hyderabad, Bangalore, Madras, Karur, Tiruchirapally et Udumalpet. Des souverains, des zamindars, des paysans et des employés, des docteurs et des juristes envahirent la maison de Subbamma et, plus tard, le minuscule temple qu'elle avait construit avec d'autres personnes pour BABA. BABA avait maintenant 20 ans; Son frère aîné, Seshamaraju, le professeur de Telugu, ne comprenait pas encore tout à fait le mystère de ce phénomène. Il observait avec une consternation croissante et un amour fraternel véritable la procession de voitures qui venaient sur la rive droite de la rivière pour emmener "son frère simple villageois qui avait grandi là", dans les villes qui scintillaient par-delà l'horizon, pleines de tentations et de pièges. Quelques critiques de presse dues à l'ignorance le rendaient malheureux.

Aussi écrivit-il une lettre à son frère pour L'avertir et Lui faire part de la leçon qu'il avait apprise dans la vie, sur la société et les points faibles de l'être humain, sur la réputation qu'on acquiert et ses suites.

La réponse que BABA lui écrivit le 25 Mai 1947 est en ma possession. C'est un document qui révèle BABA en termes non équivoques. Aussi je me dois de vous le faire connaître: "A tous ceux qui se sont voués à Moi". (Bien que la lettre fut adressée au frère, la réponse s'adresse à tous, y compris vous et moi, car il est essentiel que vous et moi connaissions la nature réelle du phénomène qui est apparu pour notre salut).(version télégu pages précédentes)

"Très cher! J'ai bien reçu le message que tu M'as envoyé; J'y ai trouvé les flots débordants de ton affection et de ta dévotion; accompagnés des courants sous-jacents du doute et de 1'anxiété. Laisse-Moi te dire qu'il est impossible de sonder les cœurs et de découvrir les natures des jnanis, des yogis, des ascètes, des saints, des sages et autres. Les gens sont dotés de différentes particularités et attitudes mentales; aussi, chacun juge en fonction de son propre point de vue, parle et discute à la lumière de sa propre nature. Mais nous devons adhérer à notre propre chemin, notre propre sagesse, notre propre résolution, sans se trouver affecté par l'arbitrage populaire. Comme le dit le proverbe, c'est l'arbre chargé de fruits qui reçoit les jets de pierre des passants. Le bien conduit toujours les mauvais à calomnier; le mal conduit toujours à tourner le bien en dérision. C'est la nature du monde. Ce serait surprenant que de telles choses ne se produisent pas.

En conséquence les gens doivent plutôt être plaints que condamnés. Ils ne savent pas. Ils n'ont pas la patience de juger correctement. Ils sont trop remplis de convoitise, de colère et de suffisance pour voir clairement et avoir une connaissance absolue. Aussi écrivent-ils toutes sortes de choses. Si seulement ils savaient, ils ne parleraient ni n'écriraient de cette manière. Nous, donc, ne devrions attacher aucune valeur à de tels commentaires ni les prendre à cœur, comme tu sembles le faire.

La vérité triomphera un jour, sois-en sûr. Le mensonge ne peut jamais gagner. Il peut sembler triompher de la vérité, mais sa victoire s'évanouira et la vérité sera

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rétablie.

Ce n'est pas dans les manières des êtres supérieurs de se rengorger quand les gens leur offrent leur adoration, et de se faire tout petit quand les gens se moquent d'eux. A dire vrai, aucun texte sacré ne fixe de lois pour régler la vie de ces êtres, prescrivant les habitudes et les attitudes qu'ils devraient adopter. Ils connaissent eux-mêmes le chemin qu'ils doivent suivre; leur sagesse règle leurs actes et les rend saints. L'indépendance et une activité utile, voilà les deux attributs qui sont leurs signes particuliers. Ils peuvent aussi s'engager à favoriser le bien- être des dévots et à leur octroyer les fruits de leurs actions. Pourquoi serais-tu troublé par le doute et l'angoisse, tant que Je reste engagé dans ces deux tâches? Après tout, la louange et le blâme de tous ces gens ne touche pas 1'Atma, la Réalité; ils ne peuvent atteindre que la forme physique extérieure.

J'ai une "Tâche": nourrir toute l'humanité et assurer à tous des vies pleines de félicité. J'ai un "voeu": remettre tous ceux qui s'écartent du droit chemin sur la bonne voie et les sauver. Je Me suis attelé à un travail que J'aime: ôter les souffrances des pauvres et leur accorder ce qui leur manque. J'ai une"raison d'être fier" car Je porte secours à tous ceux qui M'adorent et Me vénèrent correctement. J'ai Ma propre définition de la 'dévotion'. J'attends de ceux qui Me sont dévoués, qu'ils accueillent la joie et la peine, le gain et la perte avec une égale force d'âme. Cela signifie que Je n'abandonnerai jamais ceux qui s'attachent à Moi. Alors que Je suis engagé dans cette tâche pour le bénéfice de tous, comment Mon nom pourrait-Il être flétri comme tu le crains? Je te conseille de ne pas tenir compte de propos aussi absurdes. Les Mahatmas n'obtiennent pas leur grandeur parce que quelqu'un les appelle "grands"; et ils ne deviennent pas non plus petits si quelqu'un les appelle "petits". Seuls les êtres vils qui se délectent d'opium et de cannabis tout en se proclamant des yogis supérieurs à tous, seuls ceux qui citent les textes des écritures pour justifier leur gloutonnerie et leur orgueil, seuls ces érudits aussi arides que de la poussière, jubilant dans leur désinvolture et leur habileté à discutailler, sont concernés par la louange ou le blâme.

Tu as sans doute lu des biographies de saints et de personnages divins; dans ces livres tu as même dû lire les pires mensonges et les plus odieuses accusations proférées contre eux. C'est le lot des Mahatmas, en tous lieux et à toutes les époques. Pourquoi alors prends-tu ces choses si à coeur? N'as-tu pas entendu parler de chiens qui hurlent à la lune? Combien de temps pourront-ils continuer? L'authenticité gagnera tôt ou tard.

Je n'abandonnerai ni Ma mission ni Ma détermination. Je sais que Je les accomplirai. Je considère l'honneur et le déshonneur, la réputation et le blâme qui peut en être la conséquence avec une même équanimité. Intérieurement Je suis impassible. J'agis, mais dans le monde extérieur; Je parle et Je Me déplace, pour l'amour du monde extérieur et pour annoncer Ma venue aux gens; d'ailleurs, Je n'ai rien à voir même avec ceux-ci .

Je n'appartiens à aucun lieu; Je ne suis lié à aucun nom. Je n'ai ni "mien" ni "tien". Je réponds quel que soit le nom utilisé; Je vais partout où Je suis apprécié. Ceci est Mon tout premier Voeu. Jusqu'ici, Je n'ai révélé ceci à personne. Pour Moi, le monde est quelque chose d'éloigné, à part. J'agis et Je Me déplace uniquement pour le bien de 1'humanité.

Personne ne peut comprendre Ma Gloire, qui il soit, quelle que soit sa méthode d'investigation, quelle que soit la durée de sa tentative.

Dans les années à venir, Tu pourras toi-même voir Ma Gloire dans sa plénitude. Les dévots doivent faire preuve de patience et de persévérance.

Cela ne Me concerne ni ne Me préoccupe que ces faits soient portés ou non à la connaissance de tous; Je n'avais aucun besoin d'écrire ces propos; Je les ai écrits

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parce que J'ai senti que tu serais peiné si Je ne t'avais pas répondu. Voici donc; Ton Baba".

Quelle lettre! C'est une épitre épique; un entrebâillement du rideau, pour nous donner un rapide aperçu de Dieu sous cette forme humaine!

Rien d'étonnant donc que des centaines de gens se soient assemblés au village de PUTTAPARTHI pour recevoir le Darshan de SAI BABA et pour recevoir tous les avantages que la Grâce de Dieu peut accorder aux doux, aux humbles et aux affligés. Le Temple construit dans le village pour remplacer la très petite salle près de la maison de Subbamma dut aussi être changé; les fêtes de Navarathri et de Sivarathri attiraient des dizaines de milliers de gens, surtout la dernière, depuis que les symboles du Siva qu'Il est se formaient en Lui et émergeaient précisément à l'heure sacrée que les écritures déclarent comme étant favorables et importantes. Les dévots se réjouissaient des processions organisées à travers les rues du village chaque jour, pendant Navarathri ou Fête des neuf Nuits.

Un nouveau site fut donc choisi à l'extérieur du village et un vaste temple incluant un appartement fut construit. Baba l'appela "PRASANTHI NILAYAM", la Demeure de Paix Suprême, car Lui, la source, à la fois père nourricier et nourriture l'avait élue comme Sa demeure visible.

Depuis ce Nilayam, le Message proclamant que chaque coeur humain doit se transformer en une demeure de Paix Suprême rayonne dans toutes les directions et la discipline nécessaire pour réaliser cette divine alchimie est enseignée avec compassion et compréhension à toute 1'humanité.

Quand BABA parle de Lui, Il dit "SAI BABA"; quand II parle de SAI BABA de Shirdi, II dit "Mon corps précédent". II parle de Sa venue ici-bas, à l'instar de RAMA et KRISHNA, dans le but de restaurer la Vérité et la Moralité, la Paix et l'Amour chez les hommes, d'insuffler la foi en Dieu chez ceux qui Le dénient par orgueil et ignorance, et pour sauver le bien des griffes du mal.

Il avait annoncé que jusqu'à 16 ans Il serait essentiellement engagé dans des occupations sportives, et que de 16 à 32 ans Il amènerait les gens à Lui par la manifestation de miracles; car, comme II l'a souvent dit, sans ces "cartes de visite", personne ne pourrait estimer ne serait-ce qu'une once de Sa Gloire.

"Je vous donnerai ce que vous voulez, pour que vous ayiez envie de recevoir ce que Je suis venu vous donner", disait BABA à Shirdi, dans Son corps précédent. Ces miracles concernent tous les domaines, depuis la révélation de leur passé et de leur futur à ceux qui viennent Le voir, jusqu'au remodelage de leur futur tel qu'Il souhaite le voir devenir; d'un simple mouvement de Sa main, I1 transforme l'air vide en cendre sacrée, bonbons, images, statuettes, fleurs, fruits, livres, coupes, rosaires, crucifix, remèdes, poupées, bref, toutes choses auxquelles l'homme est habitué aussi bien que quantité d'autres qu'il n'a jamais vues.

"Si J'étais venu parmi vous comme Narayana, avec quatre bras tenant la Conque, la Roue, la Massue et le Lotus, vous M'auriez gardé dans un Musée et vous auriez perçu un droit auprès de ceux qui auraient demandé le Darshan; si J'étais venu comme un simple humain, vous n'auriez pas respecté Mon enseignement ni ne l'auriez suivi même pour votre propre bénéfice. Aussi, faut-il que Je sois sous cette forme humaine dotée d'une sagesse et de pouvoirs surhumains" a dit BABA.

BABA est à chaque instant le guide spirituel, ce qui est son principal rôle, bien qu'Il ait dit qu'Il ne commencerait Son enseignement qu'à partir de 32 ans. Mais II était trop plein de bonté pour attendre jusque là l'occasion de débarrasser les hommes de leur ignorance qui les mène à la guerre et à la ruine.

Depuis 1947 BABA S'est manifesté comme le Grand Instructeur du Peuple. Cette

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année-là, I1 a présidé la conférence nationale indienne de la Vie Divine à Venkatagiri et tous ceux qui L'ont entendu, moine, savant ou lettré, paysan ou industriel, jeune ou vieux, homme ou femme, furent transportés par une étrange gaîté dans le nouveau monde de l'esprit. Par la suite, Swami Sadananda, 1'auteur d'un commentaire sur le Yoga Suthra de PATANJALI et d'autres livres de valeur, ainsi que Swami Satchidananda Le suivirent pendant des mois et Le persuadèrent de visiter Rishikesh et le Kashemir, Delhi, Mathura et Brindavan. Ils eurent la grande chance d'assister à quelques miracles étonnants et d'entendre de nombreuses interprétations édifiantes de la doctrine religieuse et de la discipline spirituelle, qu'ils répandirent avec enthousiasme auprès de ceux qui les contactaient. BABA en fit Ses instruments pour annoncer Son Avènement.

En fait, chaque individu venu à Lui, soit pour obtenir la guérison de quelque maladie physique, soit pour être débarrassé de quelque handicap très ancien, soit pour être tiré d'un problème spirituel qu'il n'a pu surmonter, est devenu un messager clamant haut et fort qu'un Prodige Divin est apparu sous une forme humaine et qu'Il invite tout le monde, avec douceur et amour, à recevoir de Lui joie et paix, sécurité et libération.

En février 1958, pour la sainte occasion de Sivarathri, BABA inaugura la parution d'un magazine mensuel dont le but était d'apporter Ses enseignements dans chaque foyer, magazine qu'Il appela "Sanathana Sarathi", (1'éternel et omniprésent conducteur de char) ancré dans la ferme détermination de nous conduire jusqu'au but de la paix, la Suprême Paix Eternelle. Ce magazine est publié en anglais et en de nombreuses langues autres que le Telugu initial; il a apporté la présence de BABA dans des milliers de foyers et de coeurs. Il a été aussi le véhicule d'une série de livres écrits par la Plume Divine, ainsi que des discours simples et empreints d'une inimitable sagesse, qu’Il prononçait dans les villes et les villages où II consentait à se rendre à la demande des dévots.

Le rétablissement du Dharma (la vie réglée de l'esprit, concernant chaque détail du processus de vie, avec la libération des conséquences de l'ignorance toujours en vue) est le but avoué de toutes les incarnations du Divin. BABA est venu aussi pour la même tâche. Le rétablissement de l'étude des Ecritures, des mœurs classiques, de la prière, du rituel dans les temples, de la vie simple et des pensées nobles, de la piété et de la vertu; voilà tous les points du programme pour l'élévation de l'être humain, dont BABA s'est chargé.

Ses visites aux anciens temples d'Ayodhya, de Varanasi et de Badrinath ont eu pour but de "recharger les batteries qui étaient devenues faibles", dit-Il.

Ce ne sont que des exemples isolés de Son amour débordant pour 1'humanité. Son service envers les malades, les fous, les désespérés et les opprimés, Ses voyages "extra-corporels" pour sauver des hommes de catastrophes ou les bénir au moment de leur sortie de leur corps physique, tout proclame Sa mission de Bhaktharakshana (le Gardien du bien). Son contact, Sa parole, la simple vision de Lui, ont ouvert un nouveau chapitre dans la vie de nombreux pêcheurs, avares, athées, oisifs, incroyants et ascètes.

L'édition révisée de la première partie de ce livre publié en 1961 raconte la Vie Divine de SRI SATHYA SAI BABA jusqu'à la visite inoubliable à Badrinath.

Je suis reconnaissant d'avoir la chance de continuer ce récit purifiant dans la seconde partie du même livre, pour lequel le seul titre approprié est "Sathyam Sivam Sundaram" car Sa Nature et Sa Réalité sont Vérité, Lumière et Beauté, (Sath, Chit, Ananda) Existence, Conscience et Béatitude.

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CHAPITRE 2

LE SUCRE ET LES FOURMIS

Dans la Gîta, le Seigneur Krishna affirme qu’Il s’est incarné lui-même et s’incarne parmi les hommes afin de reconstruire le Dharma. L’assurance alors, l’accomplissement maintenant ! Maintenons nos yeux ouverts et brillants, pour témoigner de l’arrivée et de la splendeur de l’Evènement.

Bien des Sadhakas et des chercheurs ont dit leur profond désir de devenir une fourmi pour goûter, grain par grain, le sucre qui est Dieu; il n'est pas question pour eux de devenir le sucre qui ne peut se goûter lui-même. Lorsque quelqu'un prie BABA d'écourter son voyage quand II quitte Prashanti Nilayam, Il répond: "Oui, vous pensez qu'il vaut mieux que ce soient les fourmis qui viennent au sucre; mais pensez à ceci : comment les pauvres, les malades, les vieillards, les infirmes, pour lesquels Je suis venu peuvent-ils se rendre à Prashanti Nilayam? Je dois aller vers eux pour leur parler, afin qu'ils fassent de leurs maisons et de leurs coeurs des demeures de paix suprême ». Voilà la raison pour laquelle BABA se déplace et va partout où la miséricorde et l'angoisse L'appellent.

Comme cela a été dit dans le premier tome de ce livre, BABA revint de Badrinath le 3 juillet 1961. Evoquant Son voyage à Badrinath devant une assemblée à Bukkapatnam, près du Nilayam, BABA dit : "Nous avons vu des milliers d'hommes et de femmes âgés et fatigués, en compagnie d'autres plus jeunes et plus forts, affronter le froid et la faim, la tempête et la pluie, les risques d'éboulement sur la route, avancer péniblement, indifférents à la dépense et à la distance, dans le seul but d'obtenir une brève vision de Narayana qui est installé en ce lieu. A Ayodhya, J'ai pu voir et sentir la récitation constante du nom de RAMA par presque tous les

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gens qui se trouvaient là. Je Me suis souvent demandé où le Dharma avait-il pu trouver refuge en cet âge de fer. Eh bien, J'affirme que le Dharma est encore prospère dans les coeurs de ces milliers de gens".

Baba partit pour Mysore à la fin du mois, car les dévots qui s'y trouvaient Le demandaient pour la fête de Guru Purnima, fête de la pleine lune dédiée à l'adoration de son maître spirituel. Ce soir-là II rappela à l'assemblée de vingt mille personnes que Mysore était célèbre pour le parfum de son bois de santal et les connaissances musicales de ses habitants. "Mais Je veux que le parfum de l'amour remplisse chacun de vos actes;Je veux que l'harmonie mélodieuse de la musique imprègne chaque germe de vos pensées, chaque vrille de vos émotions, chaque bourgeon de vos paroles. Le Guru est adoré en Inde comme le médecin qui corrige la vision à l'aide du baume appelé Jnana, mais II guérit aussi les autres maladies, celles qui touchent l'esprit et faussent le jugement, telles la jaunisse de la méchanceté, l'anémie de l'envie, la fièvre de l'avidité et la paralysie de la haine. Vous devez chercher un Guru capable de faire un bon diagnostic et prescrire à la fois le remède et le régime, vous devez vous soumettre aux deux avec confiance et sérieux.

Si vous n'avez pas de maître spirituel à portée de main, la prière attirera le Seigneur en vous pour vous éveiller et vous guider".

Faisant allusion à la panique provoquée par les astrologues de l'est et de l'ouest à propos de la conjonction "de mauvaise augure" de huit planètes entre le 2 et le 5 février 1962, Baba expliqua qu'elles allaient seulement "apparaître" alignées et qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur. "Beaucoup de gens vous conseillent de gagner la faveur des Dieux pour qu'ils vous protègent des calamités, de nombreux individus récoltent des fonds pour accomplir des rites sensés prévenir du feu et de la furie qui sont annoncés.

Je ne suis pas contre la prière ou les rites, car ils sont bons en eux-mêmes, en dehors du phénomène planétaire. Mais ne vous laissez pas égarer en installant la terreur dans vos cœurs. II n'y aura aucune convulsion de la nature, ni tornade, ni déluge torrentiel, ni dégâts pour la terre ou le ciel! La seule calamité qui puisse se produire est la confiscation de dépôts d'argent par un certain nombre de candidats battus qui contestent les élections générales ce mois-ci!"

Pendant la semaine prophétique BABA fut un monument de force pour les millions de gens paniqués. Il calma la peur engendrée par les devins de nombreux pays. Lavagnani, 1'astrologue mexicain cité par l'hebdomadaire illustré de l'Inde a écrit : "II peut être particulièrement dangereux de voyager pendant ces premiers jours de février, que ce soit par air ou par mer, et même, en certains lieux, de dormir dans les maisons ». Un astrologue indien qui possède une grosse clientèle américaine a écrit : "Un tremblement de terre très important et de grosses vagues glacées se produiront à la suite de cette combinaison astrale de février 1962 ». Des guerres civiles, des crises militaires, des bouleversements politiques, des famines, voilà tout ce qui fut prédit par les prophètes à la mode, à la fois les "scientifiques et les non-scientifiques", dans la plupart des pays. Beaucoup de gens vinrent à Prashanti Nilayam pour être dans ce havre de paix pendant la semaine critique.

Ressentant Son amour et Sa qrâce qui leur donnait force et courage, de nombreux dévots furent tentés de croire un autre groupe plus petit d'astrologues dont les conclusions furent différentes. Bellairs de Johannesburg dit : "La situation planétaire peut se rapporter à la venue du Nouvel Instructeur du monde, soit à Sa naissance soit à Son entrée en fonctions". Ce fut aussi la déclaration de A. N. Chandra qui a été largement diffusée dans le public : "Cette configuration unique peut aussi indiquer l'Avènement d'un grand chef religieux qui apportera la consolation aux affligés et aux tourmentés du monde moderne". Ces hommes savaient que le Nouvel Instructeur du monde était déjà arrivé et qu'Il avait commencé Sa mission,

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ils savaient que BABA accordait la consolation aux affligés et aux tourmentés du monde moderne. En fait BABA proclama que cela était la tâche pour laquelle II était venu!

De Mysore BABA se rendit au sanctuaire de la Vie Sauvage appelé Abhayaranyam (la forêt où il n'y a aucune peur). BABA aime rencontrer les habitants de la forêt car eux aussi sont Ses enfants, rampant, se traînant, marchant ou volant, de naissance en naissance, vers Ses pieds. Quinze jours plus tard, Il était à Hyderabad pour une courte visite et de là II se rendit en voiture à Udamalpet distante de 600 milles, pour bénir un hôpital et un collège. En revenant via Madurai, Il arriva à Ootacamund, perle des sommets des Nilgeris, reine des stations de montagne indiennes, où régnent encore à la fois la simplicité et la rectitude spirituelle.

Les fidèles bénéficièrent de la présence de BABA pour la fête de Krishna Janmashtami, 1'anniversaire de la naissance de KRISHNA, qui est adoré et chéri en Inde par toutes les mères, tous les enfants du pays, les philosophes, les pandits, les chercheurs et les saints. BABA dit à l'assemblée que KRISHNA était la véritable incarnation de 1'Amour, que Son nom signifiait "Celui qui charme, qui attire l'esprit vers Lui". Il leur rappela que celui qui adore KRISHNA doit cultiver cet amour. KRISHNA veut dire aussi "labourer, planter et grandir", donc, toute personne qui vénère KRISHNA doit labourer le champ de son coeur, enlever les mauvaises herbes de la passion, semer les graines de l'amour et nourrir les plants avec un soin vigilant jusqu'à ce que les fleurs du service rempli d'amour produisent les fruits de la béatitude.

La fête de Dasara en 1961 qui arriva peu après fut mémorable à bien des égards. Le tout premier jour, BABA donna un aperçu de Sa gloire lorsqu'il déclara : "Vous avez lu que le Seigneur avait sauvé Draupadi de 1'humiliation, Gajendra des marécages, Arjuna de la défaite, Ahalya de la pétrification, Dhruva de 1'ignominie, Prahlada de 1'anéantissement. Vous ne connaissez pas le nombre incalculable de Ses autres actes de Grâce.

De même, pour chaque action de grâce que vous avez vu faire par cette Forme-ci, il y en a des milliers d'autres que vous ignorez! RAMA était l'incarnation de la Vérité et du Dharma, KRISHNA, de la Paix et de l'Amour. Maintenant, alors que la dextérité passe mieux que le self-contrôle, que la science rit de la discipline spirituelle, que la haine et la peur ont assombri le coeur des hommes, Je suis venu, en incarnant les quatre valeurs. Je suis venu doté de quelques limitations car cela vous aide à M'approcher et vous permet de tirer bénéfice de Ma venue. Je manifeste tous ces pouvoirs car cela M'aide à vous accorder les bénéfices que J'ai projeté de vous donner, les bienfaits que vous méritez. Dans peu de temps, d'ici quelques années, leur nombre peut se compter sur les doigts de la main, vous verrez arriver ici ceux qui souffrent, les aspirants et les curieux de tous les coins du monde. Leur nombre sera si grand que seul le ciel pourra servir de toit pour les abriter.

"Un autre jour, le 21 octobre, Il déclara que Sa mission de revivifier le Dharma et pour laquelle II était venu avait commencé ». Jusqu'à présent c'était l'étape préparatoire, à partir de maintenant, le travail va se poursuivre sans ralentir. Il est temps pour vous de prendre part à cette campagne destinée à libérer l'homme de 1'ignorance. Dans aucune ère précédente, les hommes n'ont eu autant d'indications aussi claires de l'Avènement de l'Avatar, qu'aujourd'hui".

Le 23 novembre 1961, pendant les fêtes de Son anniversaire, le livre "Sathyam, Sivam, Sundaram" en anglais et dont ceci est le deuxième volume (première biographie intégrale de Baba) fut déposé respectueusement à Ses pieds par moi-même qu'Il choisit avec bienveillance comme instrument pour cette tâche. BABA dit : "II se peut que vous vous demandiez pourquoi J'ai autorisé la publication d'un livre sur Ma vie. 'Ramayathi-ithi Rama', (Celui qui donne la joie est Rama). La joie qui jaillit de tous les coeurs pleins de dévotion est une joie qui est agréable au Seigneur. La joie du Seigneur est la récompense recherchée par le coeur rempli de

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dévotion. J'ai répondu à la prière des dévots et permis que ce livre soit écrit.

Le titre, «Sathyam, Sivam, Sundaram » parle de Moi comme celui qui est immanent en chacun d'entre vous. Car, Sathyam est la Vérité, toute imputation de mensonge vous offense. Votre Soi réel est Sathyam. Comment pourriez-vous accepter une autre appellation? Vous êtes aussi Sivam, joie, bonheur, contentement, prospérité. Vous n'êtes pas Savam, mort, misérable, faible, vous êtes Sivam. De plus votre Soi réel est Sundaram, beauté, harmonie, mélodie, symétrie. Vous êtes offensés, et c'est tout à fait naturel, quand on vous dit que vous êtes laid. Vous êtes 1'Atma qui est étroitement enchevêtrée dans le corps, une vague de Sathyam, Sivam, Sundaram, jouant sur l'océan de Sathyam, Sivam, Sundaram, qui est le Seigneur. Apprendre à Me connaître à travers ce livre, ou plus clairement encore à travers le livre de votre expérience personnelle, fait partie de la destinée de l'humanité aujourd'hui. Chacun de vous doit être sauvé et sera sauvé. Je ne vous abandonnerai pas, même si vous vous tenez éloignés de Moi. Je n'abandonnerai même pas ceux qui Me renient. Je suis venu pour tous. Ceux qui ne viennent pas et ceux qui s'égarent seront aussi ramenés près de Moi et sauvés, n'en doutez pas. Je leur ferai signe et les bénirai. "Avons-nous besoin d'un avertissement plus clair que celui-ci quant à Sa grâce et Sa divinité?

Après les fêtes de l’anniversaire, BABA se rendit au village de Repalle, dans le district de Guntur, pour mettre en place une statue de marbre à l'effigie de Sa précédente incarnation dans le temple du village.

BABA avait déjà installé de telles statues dans quelques endroits, à Madras, à Coimbatore, à l'Ashram d'Ayodhya, près de Madanapalle. A Madras où II avait sanctifié le temple de Guindy, à l'âge de 22 ans, le dévot qui avait construit le temple lava et adora les pieds de BABA, en voulut une empreinte en pâte de santal sur un morceau de soie.

BABA dit : "Je vais vous donner les pieds de SAI BABA, Mon corps précédent!" et voilà, l'empreinte que le tissu de soie reçut de Ses beaux pieds délicats fut celle d'une paire de pieds d'une taille approximativement le double de celle de BABA, et précisément celle d'une personne d'une soixantaine d'années! Le tissu de soie orné de l'empreinte à la pâte de santal qu'Il donna de façon aussi miraculeuse pour prouver qu'Il était bien "le même Baba revenu une seconde fois", se trouve ici , à Guindy, dans une châsse, exposé à la vue de tous!

Rien d'étonnant à ce que les habitants de Repalle fussent transportés de joie lorsque BABA accepta de se mettre en place Lui-même dans le temple qu'ils avaient construit, rien d'étonnant non plus à ce que des centaines de milliers de gens convergent vers cet endroit pour recevoir le Darshan de BABA. La statue dut être amenée dans le bungalow où BABA demeurait, car les routes qui conduisaient au temple étaient obstruées par la foule. Tandis qu'on accomplissait les premiers rites, BABA créa une charmante statuette d'or à l'effigie de SAI BABA qu'Il plaça sur la tête de la statue. Plus tard dans la soirée, quand les rues devinrent praticables, la statue fut emmenée au temple. BABA plaça la statuette d'or dans une cavité à même le sol et, par-dessus, II demanda qu'une plaque de marbre soit posée. La statue fut installée sur la plaque de marbre . Ainsi, la statuette d'or mystérieusement créée devint une invisible mais puissante source de Grâce dans ce temple, exactement comme le Lingam placé par Sankaracharya était la source de la puissance de Narayana à Badrinath! BABA rappela aux milliers de fidèles rassemblés là, de bien enregistrer Ses paroles : "Cette statue n'est qu'un récipient, son contenu est Sai Thathwa qui est l'Essence Divine. Versez cette essence dans ce récipient, et il s'appelle SAI BABA! Versez-la dans un autre, et il s'appellera SRINIVASA, SHIVA, KRISHNA ou RAMA.

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« Vous devriez maintenant passer votre foi et votre dévotion au marbre pour les faire vivre, maintenant que SAI est installé dans votre village, installez-Le aussi dans votre coeur, sur l'autel de l'Amour, car SAI est l'Incarnation de l'Amour. SAI n'habite pas un temple, Il habite seulement dans les cœurs ». Par Sa douceur et Son amour universel BABA pénétra dans le coeur de ces milliers de gens qui fourmillaient autour de Lui pour le Darshan. Tous ceux qui purent à ce moment-là toucher le bord de Sa robe de soie s’en souviendront pendant de nombreuses années.

De Repalle, BABA se rendit à Eluru, Il devait installer au Githa Bhavan deux statues de marbre grandeur nature de RADHA et KRISHNA. Une réception fut organisée, que BABA jugea excessive. Il gronda les organisateurs : "Qui a entendu dire que le Maître de maison était reçu chez Lui par Ses enfants avec des feux d'artifice et des drapeaux, de la poésie et un grand apparat?" BABA créa pour le rituel de la mise en place des statues, les neuf joyaux ainsi qu'un cryptogramme occulte en métal qui avait le pouvoir d'éloigner les forces du mal issues des huit directions.

Il dit que RADHA et KRISHNA formaient le duo Prakrithi- Purusha, la création et son créateur, le manifesté et le non manifesté. RHADA est 'l'adhar'(la base) pour le 'dhara'(courant continu) de 'aradh'(1'adoration). Cela revient à dire que RADHA est l'univers créé qui doit être utilisé par l'homme pour découvrir la divinité immanente en lui, la divinité qui se révèle en tant que beauté, vérité et bonté, en tant que Sat, Chith, Ananda, en tant que Sathyam, Sivam, Sundaram.

De retour en décembre à Bangalore, BABA inaugura une société de Travailleurs sociaux du Sanathana. Il dit : "Le mot Sanathana inclu dans le nom de votre société M'a amené ici aujourd'hui. Vous êtes tous Sanathana, (éternels), bien que vous croyiez que vous êtes 'nuthana', nouveaux-venus. En Inde, la science de la reconnaissance de la réalité de l'homme, de sa gloire, de sa divinité, a été enseignée depuis les temps anciens. Seuls ceux qui ont appris cette science méritent d'être des enfants de cette terre, les autres, bien qu'ils soient nés ici, sont avant tout des étrangers".

A Bangalore, comme plus tard à Prashanti Nilayam, Il affirma au public que Ashtagrahakoota (la conjonction de huit corps planétaires) qui, par son imminence assombrissait les esprits faibles avec les nuages de la peur, n'était pas de mauvaise augure. IL dit : "Aucune calamité supplémentaire ne se produira à la suite de cette conjonction, en fait, la confusion qui existe maintenant va s'estomper! Puisque l'Avatar est venu", demanda-t-Il, "pourquoi trembler d'effroi pour des dangers imaginaires »? "Croyez-Moi", déclara-t-Il, "rien n'arrivera, non, il n'y a pas le moindre danger". Et, selon la volonté de BABA, rien ne se produisit.

A l'occasion du saint jour de Sivarathri, qui en 1962 tombait un 4 mars, BABA recommanda aux milliers de gens qui avaient été témoins de l'émergence de deux lingams d'or par Sa bouche : "Pourquoi discutez-vous et débattez-vous de Ma nature, de Mon mystère, de Mon miracle, de Ma réalité? Le poisson ne peut pas mesurer le ciel, le grossier ne peut comprendre que le grossier. L'oeil ne peut pas voir l'oreille bien qu'il en soit tout près.

Si vous ne pouvez pas atteindre votre propre réalité, pourquoi gaspiller votre temps à essayer d'explorer l'essence de Dieu? Vous êtes comme un auditoire Télugu assistant à un film Tamil ou une assemblée Malayali assistant à un film Japonais.

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Les nuances, les significations subtiles, les sens plus profonds et les inter-relations, les schèmes intimes du tissu dépassent votre entendement. Assistez au film tout entier, maîtrisez le langage et la technique, regardez sérieusement et avec vigilance, et essayez d'assimiler le sens de chaque geste, de chaque acte, de chaque parole, alors vous pourrez Me connaître un peu".

Les fêtes à Prashanti Nilayam offrent au public la chance d'entendre les discours des Pandits versés dans la science des disciplines spirituelles, et de rencontrer des frères et des soeurs qui ont fait l'expérience de la puissance, de la majesté ou du mystère de BABA. Les gens rentrent chez eux, fortement inspirés par les discours de BABA qui fortifient l'âme, assagis, attristés, et souvent purifiés en ce qui concerne leurs habitudes et leurs impulsions mentales. Beaucoup d'entre eux restent pour essayer d'obtenir une précieuse entrevue avec BABA. C'est pourquoi BABA est occupé, matin, midi et soir, à faire entrer des milliers de gens qui attendent au Nilayam, à converser avec eux, jusqu'à ce qu'ils aient été ainsi gratifiés et bénis. C'est un signe très net de Sa Grâce de S'activer ainsi à propos de nos petits riens et de nos désirs intempestifs, bien que dans Ses discours II conseille à l'homme d'abandonner l'attachement dégradant aux choses physiques et terrestres. Il sait qu'une exposition prolongée à Son regard et à Sa Grâce nous débarrassera de nos mauvaises habitudes et nous amènera à la Sadhana et au succès.

BABA partit ensuite pour Thirupathi, après que la plupart des gens sollicitant une entrevue aient été satisfaits. C'est la fête de Thyagaraja qui Le poussa à s'y rendre. Thyagaraja, le saint chanteur (né en 1847) n'est-il pas apparu en rêve à Sri Nagarathnamma, son incomparable disciple, et ne lui a-t-il pas ordonné de se rendre à Venkatagiri pour qu'elle puisse avoir le Darshan du "Seigneur qu'elle adorait?" Nagarathnamma vint en se demandant qui était le Seigneur, et elle vit BABA!

Cela explique l'exposé de BABA dans Son discours : "Je viens souvent à cette fête, car Je sens que c'est une partie de la tâche pour laquelle Je suis venu. "Thyagaraja a abandonné l'attachement aux plaisirs des sens, il a découvert la joie suprême de la contemplation intérieure, il exprima cette joie en mettant des notes de musique sur des phrases simples et sincères pour en faire des chants qui font frémir le coeur et illuminent 1'esprit.

Thyagaraja connaissait le secret de l'abandon. Sans abandon, l'homme ne peut obtenir la libération. Faites une croix sur le "Je" et vous êtes libre. Comment tuer le "je?" Placez-le aux pieds du Seigneur en disant: "Vous, pas moi", et vous êtes libéré du fardeau qui vous écrase".

Dasara 1962! Le 29 septembre, premier des dix jours du festival, tandis qu'on hissait le drapeau de Prashanti sur le Nilayam, BABA déclara : "A Prashanti Nilayam, chaque jour est un jour de fête, chaque moment est un moment saint". Comme le dit le proverbe, Nithya kalayanam, Paccha Thoranam (Fête perpétuelle, perpétuellement vivante). Pendant ce Dasara, BABA expliqua, de façon claire et évidente, Sa mission qu'Il définit comme "Vedasamrakshana, Vidwathposhana et Dharmasthapana" (présentation des védas, adoption de l’éducation, rétablissement de la justice). Tous trois sont interdépendants. Les Vedas sont la base du Dharma, les Vidwans sont les instruments, le Dharma est la panacée contre les maux de l'humanité. Dans la Githa, le Seigneur KRISHNA a affirmé qu'il s'incarnait parmi les hommes pour accomplir la tâche du Dharmasthapana. L'affirmation en ce temps-là,

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1'accomplissement maintenant! Ayons nos yeux ouverts et soyons lumineux, pour témoigner des prodiges de cet Avènement.

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CHAPITRE 3

LA MISSION

« Je suis venu dans le but de faire revivre les Vedas. Ce sera fait. Je le ferai.Partout où vous êtes vous le saurez. Le monde partagera cette joie, cette lumière. »

BABA se rendit au premier lieu saint dédié à SHIVA en Inde, Varanasi, et au premier lieu saint dédié à VISHNOU, Badrinath, en 1961, pour insuffler une nouvelle puissance spirituelle dans ces dynamos de Grâce. A Varanasi, Il créa un joyau unique qu’Il plaça sur la statue de Visweswara, et déclara qu'Il avait le pouvoir magique de charger ce symbole du Seigneur d'une puissance divine. A Badrinath, II retira de sous l'actuelle statue de Narayana, un Nethralinga qui, d'après Ses dires, venait du mont Kailash, et avait été installé ici, rituellement par SANKARACHARYA en personne, 1200 ans auparavant ! Ce Nethralinga écrivit un chapitre de l’histoire lorsqu'il apparut à l'appel de BABA ; un Lingam (symbole de Shiva) comme base du célèbre temple dédié à Vishnou fut un rappel bienvenu de l'unicité fondamentale qui existe entre fidèles de SHIVA et fidèles de VISHNOU.

L’histoire dit que la statue actuelle de Narayana à Badrinath fut jetée dans la rivière Alakananda par des mains étrangères, et après une longue et intense ascèse SANKARACHARYA reçut en récompense la révélation du lieu où elle avait coulé, le Narada kund de la rivière. Sankaracharya la récupéra et l'installa à sa place actuelle.

Donc, quand BABA annonça que le Nethralinga était le noyau d'origine qu'Il devait réactiver par des rites appropriés et la cérémonie des ablutions rituelles avec les eaux sacrées du Gange, des feuilles de "bilva" en or et des fleurs de thumme, que BABA se procura miraculeusement en un clin d'oeil, même les administrateurs du temple de Badrinath furent agréablement surpris!

BABA déclara que ce Lingam était l'un des cinq Lingams ramenés du Kailash par SANKARACHARYA et installés en Inde, ce qui fit croître 1'émerveillement, le désir ardent d'en savoir plus sur cette divine mission de Sankara s'éveilla dans de nombreux esprits. Ceux qui Le connaissaient n'eurent aucun doute sur l'origine divine de ce Lingam qu'ils eurent le privilège de contempler pendant quelques précieuses minutes, en ce jour inoubliable.

Saligrama Srikantha Sastry fut parmi ceux dont le désir ardent de découvrir l'authenticité des faits tourmenta. Il avait étudié le Sankara-Vijaya, qui est la biographie classique de SANKARACHARYA, il chercha à connaître l’origine des Lingams qui avaient été placés par SANKARACHARYA dans les monastères qu'il avait fondés.

Dans la réponse qu'il reçut du monastère de Sringeri, fondé par SANKARACHARYA au milieu des montagnes à l'ouest de Mysore, il apprit que mention de ces lingams était faite dans le « Sivarahasya Mahethihasa », livre qu'il put obtenir après de minutieuses recherches à la bibliothèque du Collège Védique de Varanasi.

Dans le chapitre XVI de la IX section de ce livre, il est dit que le Seigneur SHIVA accueillit SANKARA au Kailash et le bénit avec ces mots : "Tu es désigné pour répandre dans le monde l'enseignement véritable des Vedas, à savoir, 1'Adwaïtha. Consacre 32 ans de ton existence terrestre à diffuser cette foi et à confondre ceux

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qui la dénigrent ou la renient. Prends ces cinq Lingams que Je te donne maintenant. Adore-les avec le Panchakshari et avec Satharudrabhisheka. Offre les feuilles de Bilva et la Cendre Sacrée et récite le saint Pranava (Om). Accomplis trois tours en signe de victoire sur les ténèbres de Dwaïtha (la dualité), puis installe ces Lingams issus de ce trois fois saint Kailash, marqués par la splendeur du croissant et appelés Yoga, Bhoga, Vara, Mukthi et Moksha, dans des sites sacrés que tu choisiras avant de perdre cette forme mortelle à Kanchipuram ». Ainsi, 1'histoire du Lingam de Badrinath est-elle authentique.

Le Sankara-Vijaya d'Anandagiri mentionne que l'un des Lingams fut installé dans le lieu sacré de Nilakanta, ce qui nous rappelle la montagne de Nilakanta encapuchonnée de neige, la reine des Himalayas, derrière Badrinath, resplendissante dans son éclatante pureté.

Il y a un temple à Badrinath appelé "le Kedareswara primitif". La légende dit que VISHNOU trouva que Badri était la place idéale pour "Tapas" (pénitence), mais il s’aperçu que l'endroit était déjà occupé par SHIVA, II eut alors recours à un stratagème pour en prendre possession. Il prit la forme d'un enfant et commença à crier haut et fort. Aussitôt, PARVATHI prit le bébé abandonné et le nourrit malgré les remontrances de SHIVA. Quelques jours plus tard, quand SHIVA et PARVATHI s'en allèrent à la rivière, l'enfant reprit sa forme véritable. VISHNOU insista pour rester dans cet endroit, de sorte que le couple divin dut chercher un autre lieu à des milles de là, pour s'y installer et ce fut le moderne Kedarnath.

Cette légende montre qu'à l'origine le lieu saint de Badri était "Shivaïte" et qu'il devint par la suite "Vishnouïte". Le Lingam du Kailash doit se trouver là depuis le commencement, avant même que la représentation de Narayana ne soit installée dans le lieu saint.

Ces suppositions naissent dans nos esprits lorsque nous fouillons dans l'histoire de ce Lingam que BABA présenta comme "le noyau spirituel" de Badri. Tant à Nilakantha-kshetra qu'à Kedaram, le site où se trouve aujourd'hui le temple de Narayana fut sanctifié avec un Lingam, par SANKARACHARYA, c'est certain. Nous ne pouvons qu'offrir l'hommage de notre vénération respectueuse devant la profondeur imprévisible de la divine conscience de BABA, lorsque nous reconsidérons l'histoire du Lingam de Badrinath.

Poursuivant Sa mission d'élever la puissance spirituelle des grands lieux saints de l'Inde, BABA visita aussi "le Kasi" et "le Badri" de l'Inde péninsulaire, à savoir, SriSailam et Pandharpur. A Srisailam qu'Il visita le 5 janvier 1963, Il dit : "Ce lieu saint a consolé et réconforté des milliers et des milliers de personnes pieuses pendant des années, au cours des siècles. SANKARACHARYA vint ici et il chanta la sainteté de ce lieu et la sérénité ressentie en cet endroit. Il a installé un Chakra (centre d'énergie spirituelle) dont je peux vous dire qu’il se trouve situé dans une petite caverne près de Pathala Ganga".

Il ajouta : "L'atmosphère des lieux saints devraient s'améliorer. L’attitude des moines et gardiens des lieux, requière des corrections énergiques. C'est ce que Je vais faire, dans le cadre du Dharmasthapana (la restauration du Dharma), la tâche que Je suis venu accomplir".

Srisailam est un lieu saint saturé au cours des siècles de la profonde dévotion de mystiques tels que Akka-Mahadevi, et des bâtisseurs de la nation comme Sivaji. BABA révéla la signification profonde des noms par lesquels le Seigneur et Son épouse furent adorés à Srilaisam : Mallikarjuna et Bhramaramba. Cela aussi fut une nouveauté, un cadeau de BABA aux générations d'adorateurs. Arjuna signifie "blanc, pur, sans tâche", Mallika signifie "fleur de jasmin d'un blanc immaculé".

Donc, Mallikarjuna est Shiva du pic enneigé du Kailash, pur, froid, resplendissant, entièrement recouvert de cendre sacrée. Il est la fleur parfumée qui attire l'Amba

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ou Epouse, 1'aspect Sakthi, appelé Bhramara (l'abeille attirée spontanément par le miel de la Grâce). Bhramara est la représentation véritable d’un ardent dévot et Mallikarjuna est la conception la plus pure du Dieu qui répand Sa Grâce et cède aux prières sincères.

Pendant qu’Il se trouvait dans le coeur du sanctuaire, BABA versa sur Mallikarjuna des fleurs de thumme en or (Leucas Linifolia) qu’Il venait de créer en un clin d'oeil par un mouvement de Sa main. Cette cérémonie était destinée à régénérer la puissance et à améliorer la sainteté de ce lieu de culte.

Pandharpur et les lieux saints de Panduranga et Rukumayi se sont insérés dans l'histoire des Marathas et des Kannadigas, ainsi que de millions d'autres gens par l'inspiration qu'ils donnèrent pendant des siècles à une longue lignée de saints, d'initiés, et de poètes, célèbres pour les chants qui jaillissaient de leur expérience extatique. Purandaradas chantait la Gloire de Panduranga, grand chanteur voyageur, c’était un saint Kannada. Tukaram et une armée d'autres serviteurs dévolus à Dieu étaient du pays de Maharashtra. Alors qu'Il était enfant, BABA avait réuni une troupe de camarades au village de Puttaparthi, qui dansaient et chantaient la joie éprouvée à se rendre en pèlerinage à Pandharpur pour y découvrir le sanctuaire de Panduranga Vittala. Il avait composé de nombreux chants captivants en Telugu pour les faire chanter à Ses camarades, certains d'entre eux glorifiaient le Seigneur qui bénissait les dévots à Pandharpur, d'autres détaillaient la route à suivre, d'autres décrivaient les souffrances du long voyage, d'autres exprimaient l'émotion des pèlerins exténués lorsqu'ils apercevaient enfin le temple dans le lointain. Un dessein divin, une parenté indicible attirait BABA à Pandharpur depuis Sa plus tendre enfance.

Pour finir, BABA visita le sanctuaire avec de nombreux dévots du Maharashtra, le 13 Juin 1965. Il se tint en silence pendant quelques minutes devant Panduranga, le Vittala dont II a souvent accordé la vision à ceux qui souhaitaient Le voir sous cette forme. Puis, Il se déplaça vers le sanctuaire de 1'Epouse, Rukumayi, Rukmani, la Sakthi du Seigneur, et, sous l'impulsion d'un irrépressible et vif souvenir, Il créa un Mangalasuthra et le passa autour du cou de la déesse. Une page du Bhagavatha se mit à revivre à cet instant-là. En plus de ces temples, BABA a visité et intensifié la sainteté du temple de Giridhari à Brindavan, de Ramachandra à Ayodhya dans l'Uttar Pradesh et de Bhadrachalam et Mahanandi dans l'Andhra Pradesh.

La résurrection des lieux saints où se rassemblent des millions de gens pour y puiser consolation et paix n'est qu'un des nombreux moyens de restaurer le Dharma. Les dépositaires de ce Dharma, les interprètes de ce Dharma doivent être inspirés d’avoir une très haute conscience de leurs responsabilités. Le double objectif de Vidwathposhana (développement de l'éducation) et de Vedasamrakshana (préservation des Vedas) ne peut être atteint qu'en attirant les Pandits du pays dans le cercle de Sa grâce.

Comme tous les actes de BABA, cette effusion de Grâce se produit de manière paisible et spontanée, personne ne s'aperçoit du "dessein grandiose" ou de la moisson du précieux grain. La région du delta du bassin de Godavari est encore aujourd'hui le berceau de l'enseignement classique en Andhra Pradesh, bien que les érudits qui luttent pour que le drapeau de l'enseignement Védique continue à flotter, trouvent difficile d'affronter les coups successifs de la détresse économique et de la misère sociale.

Quand les dévots de BABA suggérèrent qu'un Yagna (rituel, jeter toutes les mauvaises tendances dans le feu purificateur) soit inclus parmi les cérémonies auxquelles II pourrait assister lors de Sa visite dans le district Est de Godavari, BABA répondit qu'on pouvait tout aussi bien célébrer le Yagna à Prashanthi Nilayam pendant les fêtes de Dasara, époque où des milliers de gens venus des quatre coins de l'Inde pourraient avoir le grand bonheur d'y prendre part! Des listes de ritualistes et de récitants compétents, de Pandits et de Sastris Lui furent envoyées, mais

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quand BABA vit qu'ils avaient tous été choisis seulement parmi les habitants du Kona-Sima (zone du delta), I1 les écarta, faisant remarquer que Son Sima (zone) ne se limite pas au Kona-Sima ; Son Sima est Veda-Sima (toutes les zones où les Vedas sont révérés). Les listes furent donc revues et les érudits Védiques et les Pandits invités vinrent de Bénarès, Bangalore, Hyderabad, pour se joindre à ceux du bassin de Godavari.

Quand ils partirent de leurs villages, ces savants ne savaient pas combien mémorable serait leur voyage, à la fois pour leur propre vie mais aussi pour la vie du pays et sa culture; chacun d’entre eux retourna chez lui beaucoup plus riche de foi, plus fermement établi dans le courage, plus ancré dans la fidélité envers les Vedas qui sont source de nourriture autant pour lui que pour le peuple.

Le Yagna fut désigné comme "Vedapurusha Sapthaha Jnana Yajna" et il se déroula en deux temps : les sessions du matin pendant sept jours consécutifs de Athirudra homa (oblation par le feu) accompagné de tous les rites adjacents, et les sessions de l’après midi sur Jnanayajna (culte de la connaissance), où de distingués interprètes des Vedas expliquèrent à la nombreuse assemblée le sens et la signification des rites des Saintes Ecritures. Puisque le Festival devait mettre en pleine lumière l'efficacité des commandements Védiques, BABA dit qu'il fallait apporter un soin particulier à les noter tous, dans le moindre détail. En conséquence, tout fut réglé avec exactitude, le nombre, la taille et l'emplacement des piliers du Yagamantap (Yagnashala, lieu pour le yagna), le nombre et la forme des foyers, l'emplacement des autels des déités auxiliaires comme les Yoginis, les Vasthupurusha, les Kshetrapalas comme Abhayankara, et les Navagrahas, devaient être correctement situés. Les litières rituelles tissées avec l'herbe sacrée "kusha" à l'usage des participants furent préparées en tenant compte des prescriptions et des proscriptions des Sastras.

Les divers matériels pour le sacrifice, comme le "ghee" préparé à partir du lait de vache, la terre prélevée dans des fourmilières, dans les écuries royales, dans les écuries de l'éléphant royal et dans l'enceinte du palais royal, les brindilles de banyan, les cuillères en bois spécial, furent rassemblés sous la direction personnelle de BABA. Au total 226.270 cuillerées de ghee furent offertes au feu sacrificiel au cours des sept matinées, en invoquant simultanément de façon appropriée le nom du Seigneur qui dépeignait l'une de Ses nombreuses facettes! Il est certain que le Yaga (ou yagna) allait contribuer, en accord avec les Vedas, au bien-être et à la paix du monde. "Santhi kaamasthuhomayeth":"ceux qui souhaitent l'établissement de la paix doivent accomplir ce sacrifice" disent les Vedas.

BABA, dans un de Ses discours de la semaine, rappela la dérision par laquelle réagissaient de nombreux Hindous quand ils voyaient tout ce ghee versé dans le feu. II compara ces critiques aux habitants du royaume des livres de caisse, aux gens qui crient pour des pots de ghee et des bidons de fuel plutôt que pour la joie plus précieuse et durable d'avoir invoqué les Dieux et leur avoir été agréable. La véritable célébration d'un rite majeur donne une satisfaction qui ne peut se mesurer en terme d'argent.

"Ces contestataires ont consommé des centaines de sacs de riz depuis leur naissance et ils ont bu des pots de ghee jusqu'à maintenant. Permettez-Moi de leur demander s'ils ont eu eux-mêmes un seul jour de bonheur ou s'ils ont pu donner un seul jour de joie à leurs amis et parents. Mais, ce Yaga donne beaucoup de joie à un grand nombre. Il donne la paix et la joie au monde. Ma "famille" et Moi sommes heureux, c'est une compensation suffisante. Quand on verse le ghee dans le feu, ceux qui ne connaissent pas ou ne croient pas les Vedas disent que c'est du gaspillage. Ceux qui ne connaissent rien à l'agriculture vont se lamenter en disant que les graines jetées dans le sillon sont un gaspillage énorme, ils ne savent pas

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que le cultivateur va obtenir en retour des graines au centuple. C'est la même chose. Les prières atteignent le destinataire seulement quand elles sont convenablement "affranchies" avec des mantras et mises dans le feu sacrificiel. C'est une science comme tant d'autres".

Le premier orateur des Vedas en Andhra Pradesh, Brahmasri Cherkumalli Kamesvara Ghanapathi, honoré par ses collègues en tant que Vedasamaraat (maître incontesté des Vedas), fut investi de la charge de Sarvadyaksha,(superviseur) pour ce yaga et un Pandit des écoles de pensées Nyaya Vedantha et Jyothistha fut nommé officiant. Pour présider la section Jnana Yajna du Yaga, fut choisi Sri Uppaluri Ganapathi Sastri, un septuagénaire, un des rares érudits en Inde à pouvoir aujourd'hui exposer chaque syllabe des Vedas en conformité avec les commentaires authentiques, et que les sociétés savantes ont couvert de titres tels que Amnayarthavachaspathi, Vedabhashyavisarada et Vedabhashyaalankara.

Sri Ganapathi Sastri déclara que dans ses cinquante années d'expérience de Yagas et Yajnas Védiques, il n'avait jamais eu le privilège d'assister à un Yaga scupuleusement exact et qui aurait pu passer le plus rigoureux des tests d'orthodoxie. A vrai dire, les discours qu'il prononça chaque soir sur le sens des rites furent empreints d'une sincère gratitude envers BABA pour Sa confirmation des prescriptions Védiques. Il cita des mantras Védiques à l'appui de ce qui ressemblait à des "actes fortuits" de BABA: la référence de BABA aux "rithwiks" considérés comme des dieux, Sa distribution de vêtements de soie blanche aux récitants des Vedas et de soie rouge à ceux qui étaient engagés dans les autres rites, et même l'ordre dans lequel II distribua les récompenses aux participants à la fin du Yaga! BABA est le Vedapurusha, reconnut-il.

BABA Lui-même déclara: "Ne vous y trompez pas, Je ne suis pas la personne qui accomplit le sacrifice. Je suis la personne qui reçoit les offrandes du sacrifice et décerne les récompenses". Et II en donna aussi la preuve. L'avant dernier jour du Yajna, Il annonça : "Demain quand l'offrande de clôture sera versée dans ce feu sacrificiel, Je veux que chacun de vous prenne la résolution de jeter dans les flammes tout le mal qui est en lui, tout l'égoïsme et tous les attachements dégradants, toutes les habitudes qui avilissent". Tous ceux qui s'étaient munis d'or et de pierres précieuses, de soie et de bois de santal pour les jeter dans le feu du sacrifice, comme le veut la coutume, comprirent grâce à cet appel le véritable sens de cette cérémonie du sacrifice. BABA fit aussi une autre déclaration, "Demain au moment de l'offrande de clôture, vous recevrez le Darshan du Yajnapurusha, Celui qui accepte le Yagna (sacrifice)".

Au moment voulu, fidèle à Sa promesse, BABA monta sur le Yajna Vedi. Il accorda le Darshan aux dizaines de milliers de personnes qui L'acclamaient avec ravissement, Le voyant comme Celui qui accepte le Yagna.

Il faut mentionner que le Kamandalu (pot à eau spécial) de SHIRDI SAI BABA, qui trouva miraculeusement le chemin de Prashanthi Nilayam, fut placé sur le Yagamantap pour contenir l'eau utilisée pour la cérémonie comme dans la plupart des rites mystiques, la continuité des deux Sai était ainsi symbolisée. Quand l'officiant demanda les idoles des Navagrahas pour les mettre en place, BABA les créa d'un geste de Sa main, quand il avança la main pour avoir une assiette en or pour la déposer avec les manthras appropriés dans le récipient à eau, BABA la fit sur le champ et la lui tendit, de même, quand l'heure de l'offrande de clôture arriva, Il créa neuf pierres précieuses et les posa dans le plat qu'on Lui présenta. Les Pandits et les milliers de personnes qui assistaient au Yaga eurent encore un nouvel aperçu de Sa divinité : un soir, BABA descendit de Son siège et se dirigea hors de la zone couverte pour inspecter le ciel grondant qui répandait une pluie abondante, comme à Shirdi, BABA dut réprimander les nues et leur dit "Arrêtez votre fureur et calmez-vous!" Ainsi le ciel, par un soudain revirement de situation, redevint calme et pur.

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Le Yaga eut de nombreux résultats, le tout premier fut la transformation des Pandits du pays et le changement de leurs points de vue. Nombre d'entre eux étaient venus remplis de préjugés, pensant que BABA n'était qu'un magicien. Ce préjugé audacieux avait malheureusement tenu Sisupala, Duryodhana et des millions d'autres éloignés de la Grâce, à de précédentes époques.

Ganapathi Sastri confessa que, lui aussi, avait été ainsi affecté, mais, "par la fréquentation permanente de BABA pendant tous ces jours de Jnanayajna et l'observation des exemples uniques et toujours renouvelés de Sa gloire, j'ai réalisé que j'étais incapable de mesurer Sa Réalité, car II est sans aucun doute possible l'incarnation de Dieu".

Darsanabhushana Chathusthanthri Kolluri Somasekhara Sastri, qui eut une expérience similaire, commença à s'adresser à Lui comme au Bhagavalleelaavatharaa, LeelaMaanusha vigraha, c'est-à-dire "à Celui qui est indiscutablement Divin". Vidwathkavi Vemparala Suryanarayana Sastri révéla devant une grande assemblée de dévots qu'il avait refusé de croire la théorie qui disait que BABA était une Incarnation du Seigneur.

Il n'était convaincu ni par les personnes qui vinrent en grand nombre lui dire qu'elles avaient eu la vie sauve grâce à la Vibhuti matérialisée par BABA et avec laquelle II les avait bénis, ni par son ami Sri Kameswara Ghanapathi qui lui avait montré les cadeaux que BABA avait créés et qu'Il lui avait donnés à Rajahmundry, il avait refusé de voir. Mais avant la fin du Yajna, il confessa que "la conviction que BABA était KRISHNA revenu s’est profondément enracinée en moi".

Adwaithavedantha Siromani, Meemaamsavisarada Mallavajhala Venkatasubba Sastri de Warangal, qui avait aussi des doutes, devint un ardent défenseur de l'Avatarat de BABA. Il dit que même le Viswarupadarsanam accordé à Arjuna par KRISHNA pourrait être classé par les sceptiques comme une performance de magie supérieure ; si le Seigneur en personne se présentait devant eux, ils attribueraient cela à une illusion d'optique ou le décriraient comme une apparition due à une imagination délirante. Mais, il appliqua tous les tests prescrits par les Sastras et conclut que BABA était Bhagavad-avathara-murthi et donc, il exhorta chacun à L'adorer avec une dévotion ferme et un amour sincère, à L'accepter comme instructeur et guide, et grâce à cela assurer leur salut.

Cette révolution dans les réactions des Pandits fut conforme aux déclarations de BABA Lui- même. Car II avait souvent dit que seuls les familiers des Vedas et des Sastras pouvaient plonger dans Sa Réalité de manière appréciable. Rien d'étonnant donc que les cent et quelques savants en Ecritures qui se chauffèrent au soleil de Sa Grâce pendant sept jours, décident en dehors de toute influence étrangère, d'organiser, le dixième jour, une cérémonie unique qu'ils appelèrent "Thribhuvana Vijayam", "Triomphe sur les Trois Mondes!" Quand on leur demanda de quel triomphe ils organisaient la célébration, ils répondirent "celui de BABA!" Les Vedas et autres écritures, de concert avec les sciences anciennes et les disciplines qui permettaient de les comprendre et de les mettre en pratique (comme la grammaire, les six systèmes de philosophie, la philologie, la phonétique, la théologie) servaient à s'approcher du trône de Dieu pour Le supplier de leur jeter un coup d'oeil affectueux à seule fin de les rendre plus forts et aptes à protéger 1'humanité. Ils plaidèrent pour que BABA soit sur le trône et proposèrent de S'approcher de Lui avec des plaidoiries en faveur des sciences de l'esprit. BABA accepta. II y eut quelques objections: " Baba ! ils vous demandent de jouer un rôle! Eux peuvent tenir des rôles mais Toi, Tu es Dieu!" BABA les coupa: "Mais Je suis entrain de jouer un rôle dans cette forme humaine. Le Sans fonction et le Sans rôle est venu pour assumer une fonction et interpréter un rôle".

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Une chose étrange arriva par inadvertance, en préparant le "Thribhuvana Vijayam!" Une dévote fit un rêve à Bombay quelques semaines auparavant. Elle vit BABA sous la forme de Narayana sur le lit du Serpent Primitif (Sesha). Aussi, elle prépara un magnifique lit Serpent en bois, très complet avec les anneaux et le capuchon, et des parents à elle l'apportèrent à Prasanthi Nilayam, dans un véhicule à moteur spécialement aménagé pour cette occasion. Les Pandits furent heureux que le véritable objet dont ils avaient besoin pour rendre leur cérémonie réaliste, le trône au serpent, arrive, à travers la volonté de BABA.

Laissons Ganapathi Sastri décrire lui-même la scène : "Quand BABA se fut étendu sur le Seshathalpa, avec en toile de fond le Yagamantapa, chaque Pandit et Sastri qui était un maître d'une branche particulière de la science des écritures, se tint devant Lui et, comme

convenu précédemment, fit remarquer l'importance de ce champ de connaissance et le besoin urgent de le nourrir. Chacun crut voir Mahavishnou dans Son Paradis, étendu sur le Serpent Sesha, Brihaspathi et tous les dieux et sages exposant leur savoir et leurs connaissances pour Le glorifier et Le priant de sauver les Sastras du déclin.

C'était bien sûr le Devasabha (assemblée des Dieux), le Divin Durbar, et nous nous oubliâmes complètement, immergés que nous étions dans une joie suprême. Ce fut l'occasion de faire personnellement cette expérience ;la joie que nous ressentîmes ne peut être communiquée à personne pas même par Brihaspathi, le précepteur omniscient des dieux, ou par Brahma aux quatre visages, ou par Kumaraswamy aux six visages, ou par AdiSesha, le serpent au mille langues. Pour le Sarvadhyaksha du Yaga (le directeur), Sri Kameshwara Ganapathi, ce fut une véritable révélation. Il vint, il vit, et il fut conquis. Il quitta son pays natal dans le fin fond du Delta de Godavari, il abandonna son village natal situé au milieu de jardins remplis de cocotiers et qu'il chérissait ; il se fixa à Prasanthi Nilayam où se trouvait le Vedapurusha (seigneur des Vedas) qu'il avait loué à l'aide de mantras pendant soixante ans!

Le Jnanayajna ou discours du soir fournit aux savants védiques l'opportunité de sonder la science extraordinaire de BABA.

Ganapathi Sastri exprime comme suit le sens de l'admiration des Pandits érudits : "Hormis l'émotion ressentie par les auditeurs pendant les discours de BABA, les maîtres réputés des anciennes disciplines qui avaient acquis la renommée en faisant des conférences devant de nombreuses et vastes assemblées à travers tout le pays, furent eux- mêmes frappés d'étonnement devant la profondeur et l'immensité de Son savoir. "Mallavajhala Venkatasubbarama Sastri analysa les réactions de ses collègues ainsi : "Dans tous Ses discours, il n'y eut pas la plus légère déviation aux Sastras, pas la moindre rumeur contraire à la direction de leurs enseignements. Et les sujets, Il les possédait parfaitement! Ce furent bien sûr les plus profonds! La méthodologie de l'exposé fut en tous points conforme aux règles énoncées dans les Ecritures. Il n'y eut aucun argument répété, aucune digression intempestive, aucune critique moqueuse, aucune flatterie choquante, aucune accentuation exagérée". Kalluri Venkatasubramanya Dikshith eut la même réaction. "Le nectar de Son amour remplit chaque mot de Ses paraboles et de Ses explications. C'est la Grâce toute puissante qui Le faisait S'apitoyer sur la compréhension laborieuse des auditeurs et Lui faisait chercher de petites histoires savoureuses, susceptibles de clarifier les profondeurs qu'Il était en train de démêler, les buts qu'Il souhaitait illustrer". En bref, les savants trouvèrent en BABA l'Esprit supérieur qui allait guider et réformer le leur.

Mais ce ne fut pas seulement émerveillement et admiration ! Les Pandits devinrent aussi conscients de la valeur du trésor dont ils avaient la garde. Ils surent que la raison de leur pauvreté et le manque d'égards à leur encontre se trouvait en eux! Ils

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furent invités à examiner leurs propres vies et croyances, leurs attitudes et leurs préjugés, leurs préférences et leurs points faibles. Vous vous demandez peut-être pourquoi les Pandits et les Érudits Védiques passent par des moments aussi durs. Ils sont pour la plupart affamés, mal vêtus et sans domicile. Personne ne se présente pour rejoindre les écoles Védiques. Je vais vous dire pourquoi ils en sont arrivés là. Ils ont eux-mêmes perdu foi dans les Védas. Qu'ils s'ancrent dans cette foi, et les Vedas les rendront heureux.

Si les Vedas ne peuvent rendre un homme heureux, qui d'autre le fera?" interrogea BABA! Grâce à cela, les Brahmins fortifièrent leur foi dans les enseignements qui remplissaient leurs têtes. BABA condamna aussi le sarcasme ignorant qui flétrit les Védas en les faisant passer pour des stratagèmes intelligents utilisés par les prêtres Brahmin pour assurer leur position comme intermédiaires entre Dieu et l'homme et obtenir ainsi la supériorité dans la hiérarchie sociale. Regardez le régime de restrictions et de réglementations, les centaines de prescriptions et d'interdits qui limitent leur liberté personnelle et que ces Brahmins se sont imposés dans le but de contribuer au bien de la société et du monde ainsi que pour leur propre élévation spirituelle? Ne les chassez pas sous prétexte de superstitions. Il n'existe pas un homme qui s'astreigne de l'aube au crépuscule et du crépuscule à l'aube à des règles et limites aussi rigoureuses par simple amusement. Ce sont des limitations sévères dans la conduite quotidienne, les contacts sociaux et l'effort économique. Cela requiert un grand courage, de la détermination, la foi en ces règles jugées vitales et en leur mise en pratique. Honneur à ceux qui ont foi dans cet idéal. Leur attachement à ces idéaux a été d'une valeur inestimable pour l'Inde et le monde, car il a préservé la seule culture qui puisse sauver 1'humanité. Je connais la vie rude qu'ils ont menée, car Je suis avec chacun d'eux, dans les rites et les rituels depuis des années" déclara BABA. Cela transforma l'attitude hostile de beaucoup envers la communauté Brahmine, attitude favorisée par des craintes pseudo-politiques et des préjugés dûs à l'ignorance du sacrifice que la communauté met en pratique depuis des siècles.

Le Yajna que BABA présida ne fut pas ordinaire. Ce fut une renaissance ; Ce fut une révélation ; Ce fut une révolution, une résurgence. Il fut le symbole d'une renaissance culturelle, car BABA expliqua que les Vedas sont par essence, de toutes les époques et pour l'humanité entière, que le sacrifice (yajna) est le signe et le secret de toute vie. Il conseilla aux participants de reprendre l'ancienne simplicité ascétique. II expliqua que, dans les mantras, la gloire et la Majesté du Dieu Unique est évoquée de différentes manières. II donna des détails sur le symbolisme du soleil et de la lune qui dirigent la vision intérieure et extérieure de l'homme. II parla de l'effet tonique du son des mantras védiques qui dissipent le mal dans l'homme. "Je veux vous prouver, à vous et aux autres qu'un Yajna, célébré conformément aux formules védiques apportera sûrement les fruits promis par les Vedas" déclara-t-Il. "Les vedas appartiennent à ceux qui y attachent du prix, à ceux qui sont tourmentés par la soif d'élévation spirituelle, à ceux qui désirent les mettre en pratique et qui croient au bénéfice qu'ils tireront de cette pratique. Personne d'autre n'a le droit de parler des Vedas sur un ton protecteur et de les discréditer. Car, toutes ces paroles sont creuses et hypocrites" prévint-Il.

Quarante cinq jours plus tard, à l’heureuse occasion de Son anniversaire, alors que des milliers de fidèles se trouvaient rassemblés pour la célébration en Sa présence, BABA invita l'incomparable Amnayaarthavaachaspathi Uppaluri Ganapathi Sastri à inaugurer le Sathya Sai Veda Sastra Pathasala, (Académie pour l'étude du sanskrit et des Vedas) au Nilayam. Il déclara : Il faut que les Vedas renaissent. Nous devons empêcher les chèvres de brouter les jeunes bourgeons. Je suis venu pour "Dharmasthapana" (restaurer le Dharma) « Vedokhilo dharma mulan", les Vedas sont les racines du Dharma. Le nombre d'érudits védiques doit s'accroître pour favoriser le retour du Dharma.

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Aussi longtemps que des savants védiques seront formés et honorés, les Vedas resteront vivants dans le coeur des hommes. Voilà le véritable Dharmasthapana. Ma mission est de vous ouvrir les yeux sur la gloire des Vedas et de vous convaincre que les commandements védiques, lorsqu'ils sont mis en pratique, produisent les résultats escomptés. Mon Amour envers les Vedas est égal à Mon amour pour l'humanité".

"Ces garçons", dit-Il pointant le doigt sur le premier lot de garçons inscrits à cette Académie, "Ces garçons deviendront les piliers forts et vigoureux du Sanathana Dharma, ils seront les guides et les leaders de cette nation dans les jours à venir, pour la sauver des folies inutiles et des passions violentes. Vous allez Me dire qu'ils ne sont qu'une vingtaine pour le moment, mais un pays immense n'est géré que par un cabinet de vingt ministres, et ce groupe d'étudiants sera suffisant pour faire le travail que J'ai en vue ». Les parents qui les ont envoyés à cette Académie ont raison de se réjouir, car ces garçons deviendront des joyaux brillants qui répandront la splendeur des Vedas et la lumière des Sastras. Je vais prendre soin d'eux avec encore plus de tendresse qu'aucune mère".

Après quoi, le distingué savant védique apprit aux garçons la prononciation correcte du texte védique inaugural, issu du Yajur Veda "Ishethwa", et souhaita un grand succès à l'Académie.

BABA prend un grand plaisir à évoluer parmi les jeunes garçons et à enreqistrer leurs progrès. Il leur instille espoir et courage. Il est particulièrement attentif à leur santé, leur discipline et leur caractère. Il insiste sur la propreté intérieure et extérieure. Baba les encourage à rechercher le sens et le but des versets qu'ils récitent, car, comme II l'a souvent fait remarquer, il ne faudrait pas qu'ils se transforment en de simples cassettes d'enregistrement, répétant les Vedas. Ils doivent se remplir eux mêmes de la dévotion, de la droiture, du détachement et du sentiment de parenté avec la Vérité, que les Vedas enseignent. II insiste aussi sur toutes sortes de progrès des garçons, afin qu'ils puissent devenir des aides pour les découragés et les affligés. Ces dernières années, Il a Lui-même écrit des comédies musicales retraçant les plus nobles enseignements contenus dans les Ecritures, concernant "Markandeya", "Sakkubai", et RadhaBakthi. La première pièce dépeint dans un Telugu agréable et aisé, l'histoire de Markandeya, qui défia la mort et gagna l'Immortalité en devenant une Etoile dans l'espace. La seconde traite de l'humble sainte Sakku dont la dévotion envers Panduranga était si intense que le Seigneur Lui-même prit sa forme pour servir son mari et sa belle-mère afin de la libérer des tâches ménagères, et lui permettre de faire le pèlerinage au temple de Panduranga. Quant à la troisième, elle révèle la signification profonde de l'élan spirituel qui emplissait complètement Radha, à l'égard de KRISHNA. BABA Lui-même sélectionna les garçons pour la distribution, assigna les rôles, supervisa les répétitions, décida des décors et des rideaux, et les entraîna à interpréter les nombreux chants qu'Il avait composés.

Il créa les costumes pour chaque rôle dans chaque scène, et le jour où la pièce fut présentée, BABA passa des heures dans la loge des artistes à diriger le maquillage et à encourager chaque jeune garçon d'une tape affectueuse de Sa douce main au moment où ils allaient entrer en scène, sous les feux des projecteurs, accueillis pas des tonnerres d'applaudissements de dizaines de milliers de spectateurs.

Pendant environ un mois, les garçons bénéficièrent de la chance unique d'être inspirés par l'amour vigilant de BABA tout au long des répétitions. Comme chaque participant apprenait le texte tout entier, quel que soit son rôle personnel, tous les mots issus de la Divine Plume de BABA se gravèrent dans les cœurs de tous les

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garçons. BABA les transforma ainsi en bons instruments pour servir à l'accomplissement de la mission pour laquelle II est venu.

Le Pathasala est destiné à devenir comme un grand banyan qui offre son ombre et un refuge aux inombrables personnes enlisées dans les sables désertiques de l'avidité, de la haine et du désespoir.

BABA remarqua que le déclin effréné des moeurs individuelles et publiques était dû à la négligence de la discipline prescrite dans les Vedas. Les Brahmin, Kshatriya et Vaisyavarnas sont investis d'obligations plus importantes que le reste de la communauté parce qu'ils ont eux été initiés à la vie spirituelle,. Le rite de cette initiation s'appelle "Upanayana", ou "conduite accompagnée". Cela consiste à mener le garçon près du Guru ou du précepteur spirituel pour le guider vers Brahman (Brahmopadesam). Cela doit être fait conformément aux Sastras, par l'enseignement du mantra de la Gayatri, avant que le garçon n'éprouve des désirs pour les plaisirs sensuels et, de ce fait, se perde dans le désert des aventures éphémères. Le jeune Brahmin doit être initié à ce mantra sacré avant l'âge de huit ans, le Kshatriya, avant l'âge de onze ans et le Vaisya, avant l'âge de douze ans. Le mantra est ce qui sauve grâce à une constante réflexion sur sa signification. Mais bien que ces structures de caste persistent encore avec plus ou moins d'intensité en Inde, ce rite majeur connait et souffre d’un déclin important. Dans de nombreuses régions et familles, on le repousse jusqu'à la cérémonie du mariage, ou on le néglige complètement. Quand on laisse se dessécher la véritable source de la discipline spirituelle, comment l'appel des anciens idéaux peut-il éveiller une réponse dans le coeur? L'homme ne devrait pas supporter de rester à l'état d'animal qui ne se préoccupe que de sa nourriture et de sa reproduction.

En conséquence, et pour accomplir un premier grand pas vers la renaissance du Dharma, BABA annonça qu'Il accorderait aux membres des trois castes qui se dédiaient à une seconde naissance, la grande chance d'être initiés à la vie spirituelle à Prasanthi Nilayam. Les dévots de BABA furent ainsi amenés à reconnaître que leur premier devoir était envers leurs enfants, ils se hâtèrent de profiter de l'offre.

Le 3 Février 1963, lorsque trente cinq garçons furent "conduits à Lui" et devinrent Brahmacharis (pèlerins sur le sentier de la réalisation de Brahma) en passant par le processus sastrique qui consiste à recevoir le Mantra Sacré de la Gayatri, Baba déclara, s'adressant au groupe : "Vous êtes venus dans ce corps, ce réceptacle, dans le but de réaliser la Gloire de ce que vous êtes réellement. Ce corps est le cocon que vous avez tissé autour de vous avec le fil de vos impulsions et de vos désirs. Employez-vous à lui donner des ailes pour pouvoir vous en échapper. Le mantra de la Gâyatri est une prière en hommage à l'Intelligence Universelle destinée à éveiller en vous la faculté de discrimination, d'analyse et de synthèse, (Dheesakthi) afin de pouvoir réaliser qui vous êtes et pourquoi vous êtes". Se tournant vers les parents, Il dit : "C'est un jour important dans l'histoire du Sanathana Dharma, car c'est un grand pas dans la restauration du Varnashrama Dharma (système des quatre castes et des quatre stades de la vie humaine). L'étude des Vedas est l'enseignement le plus élevé, car il conduit à la conquête même de la mort. Aujourd'hui, ceux-ci, vos enfants sont en route pour explorer leur royaume intérieur et leur Réalité la plus profonde".

En 1964, quand le rituel d’Upanayanam, fut à nouveau prévu, 300 garçons furent ainsi bénis. En 1965, leur nombre dut 450.L’amour incommensurable avec lequel BABA accueille, non seulement les garçons qui sont initiés mais aussi leurs parents et amis, rend ce festival inoubliable, tant pour les participants que pour les spectateurs. BABA rattrape tous les manquements à ces rituels par les parents, comme le non respect du "rite concernant le nom", le "rite concernant le percement des oreilles", ou "le rite de la tonsure". II comble les parents de cadeaux. Il ne permet aucun

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étalage de richesse de la part des parents les plus riches, de peur que les plus pauvres ne soient plongés dans la tristesse pendant cet heureux événement. Assister à l'accomplissement de ce rite en la Présence Divine est en soi un cadeau unique et plus d'un fidèle s'est senti triste d'être devenu vieux si tôt. Beaucoup sont désolés que leurs enfants soient déjà initiés, ce qui les rend inaptes à bénéficier de cette grande chance.

La Grâce de BABA s'écoule spontanément vers le groupe de Brahmacharis. Il donne à chacun un habit de cérémonie, les récipients rituels, agendas et livres, en plus de ce que chacun garde précieusement comme le plus bénéfique, à savoir, l'aumône inaugurale (Bhiksha), lorsque chaque garçon commence en ce jour sa "carrière de mendiant", comme les Sastras le prescrivent pour tout aspirant pendant la durée des études védiques.

Les garçons s'avancent en une longue file en présence de BABA et se présentent eux mêmes selon la manière traditionnelle ; mentionnant leur lignée Gothra, leur Suthra et leur Rishi, (leur saint patron), ils prient « Bhavathi Bhikshaam Dehi » "Mère, donne-moi une aumône", et Baba, tel la Mère des Vedas (Vedamatha) et Annapurna (parèdre de Shiva, déesse de 1'abondance), remplit leur assiette de grains de riz. BABA insiste pour que les nouveaux initiés se prosternent devant leurs parents. II explique à chaque garçon, à cet instant précis, le commandement des Vedas "Puisse votre mère être votre Dieu", "puisse votre père être votre Dieu". Les garçons comme les parents sont visiblement émus par cet acte que BABA considère comme aussi important que n'importe quel autre point de la cérémonie. Ensuite II met dans les mains des garçons des cadeaux qu'ils font respectueusement passer à leurs parents.

Encore plus mémorable que tout cela, spécialement pour les Brahmacharis, il y a un autre cadeau spontané de BABA, une bénédiction que Lui seul peut accorder. BABA appelle près de Lui chaque garçon, même si leur nombre est 450, et dans un silence sublime, II murmure à l'oreille de l'enfant frais émoulu de sa première leçon de répétition védique, un Mantra sacré qu'Il lui recommande de garder strictement pour lui seul. Il doit le répéter avec foi et dévotion chaque jour de sa vie.

De nombreux aspirants se sont longtemps efforcés d'obtenir un Manthraopadesa (manthra personnel) de l'Avatar du Seigneur,mais ils attendent encore ce cadeau alors que ces garçons élus, sur le seuil du royaume de leur Dieu intérieur, acquièrent la clé qui les aidera à y entrer, par la Divine Grâce de BABA.

Le festival de l'initiation (Upanayana) est aussi ponctué de discours prononcés par d'éminents pandits versés dans la Gâyatri, aussi bien que dans la nécessité de régler et limiter les sens débridés, par la discipline prescrite dans certaines écritures saintes (Dharma sastras) pour les initiés et les autres.

BABA aussi prononce des discours sur ce thème et sur des sujets apparentés. Ses conseils s'adressent aux aînés qui par leur négligence des rites ont contribué à la chute du magnifique édifice du Sanathana Dharma (la loi universelle). Un monsieur de Mysore n'avait pas initié ses sept fils à la Gâyatri. Sans aucune animosité, BABA l'invita a les Lui amener tous, car, comme II le dit, il n'est jamais trop tard pour commencer son voyage vers Dieu. Ses fils, dont l'âge s'étalait de 8 à 28 ans, furent tous conduits sur le sentier sacré. BABA voulait que les parents aussi accomplissent les rites quotidiens de l'aube, du midi et du crépuscule (Sandhya) et répètent la Gâyatri pour leur propre bénéfice. Il ne fallait pas faire sentir au garçon initié que c'était une corvée inventée pour le tourmenter. "Faites-le gaiement, avec un plaisir évident. Apprenez la marche à suivre avec ces garçons, vos enfants et petits-enfants. Pour votre salut et pour celui de la communauté humaine, commencez le rite Sandhya aujourd'hui-même avec la récitation de la Gâyatri et poursuivez-le avec une ferveur croissante". Je sais combien vous êtes organisés en ce qui concerne le manger et le boire. Vous prenez grand soin du corps. Je ne le condamne

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pas. Je veux seulement que vous preniez également grand soin des besoins de l'esprit".

La Gâyatri est une prière Vedic qui a été adressée à la splendeur immanente dans l'univers par des millions de gens durant des millénaires, d'un bout à l'autre de ce pays. Ce n'est pas une prière pour obtenir la santé ou la richesse, le bonheur ou la victoire, mais une prière pour le "réveil de 1'intelligence". C'est une prière que tous les hommes de tous les pays peuvent aussi bien adopter.

Mr J.B.S. Haldane a écrit que la Gâyatri peut être sculptée sur les portes de tous les laboratoires du monde. "Puisse l'intelligence grandir, régner et S'épanouir en sagesse", et sauver l'humanité de la perdition.

BABA ne cache pas Son mécontentement quand II découvre qu'un Brahmin, un Kshatriya ou un Vaisya n'accomplit pas le rite Sadhya et ne répète pas la Gâyatri au cours du rite. La crainte de ce mécontentement a persuadé beaucoup de gens qui venaient voir BABA de reprendre le rite Sandhya, rafraîchissant en hâte leur mémoire à l'aide de livres ou de leurs propres enfants. Quand BABA surprend les gens avec la question: "Pratiquez-vous Sandhya?", beaucoup doivent avouer leur manquement et promettre de se corriger.

On dit que Dieu aime l'enfant prodigue qui est de retour. BABA encourage par des marques spéciales de Grâce ceux qui reviennent à la discipline Sandhya. Pour exemple, cette personne de la ville de Shimoga qui vint Le voir pour obtenir Sa bénédiction au sujet d'une entreprise où il avait mis tous ses efforts. BABA le surpris avec la question: "Pratiquez-vous Sandhya?". Il baissa la tête, puis avoua : "Non, BABA, bien que Je me sois engagé à le faire, il y a des années, le jour de Upanayanam. "Bon, il n'est pas trop tard, commencez dès votre retour chez vous", lui ordonna BABA. "Le rite prend vingt minutes et doit être fait trois fois par jour : à l'aube, quand le soleil est au zénith et au crépuscule". Rao tint la promesse qu'il avait faite à BABA. Il pratiqua Sandhya avec une dévotion et un plaisir grandissants. Au bout d'un certain temps, il eut le sentiment que le Lingam que son grand-père et son père adoraient rituellement chaque jour depuis de nombreuses années devait quitter les oubliettes où il l'avait abandonné.

Il le reprit et le combla de sa dévotion. Il lui offrit des fleurs et des fruits et l'arrosa d'eau bénite, en prononçant les mantras appropriés! BABA "voulut" lui accorder une preuve tangible comme quoi II appréciait cette louable progression. Le Lingam qui était d'un noir opaque se transforma et devint d'une transparence dorée! Et, peu de temps après, à l'intérieur de ce petit cylindre arrondi aux extrémités, et d'une translucidité parfaite, Baba se permit d'y apparaître comme 'enchâssé'!

Voilà des mois maintenant que des milliers de gens peuvent contempler dans le cœur du Lingam une ravissante et fascinante image de BABA aux brillantes couleurs, avec Son doux sourire , et entouré d'un halo de douce lumière dorée!

En dehors du jour fixé par BABA pour la cérémonie de l'Initiation des garçons amenés à Prasanthi Nilayam, BABA accorde aussi cette faveur d'autres jours, si les fidèles en ont le désir ardent et s'Il sent que le garçon le mérite. Le jour de l'anniversaire du grand SANKARACHARYA, qui revivifia la religion Hindoue et bâtit la philosophie et la culture Hindoues sur les fondations indestructibles de 1'Adwaitha, ou Unité fondamentale, Il refuse rarement cette faveur. BABA juge cette cérémonie d'ouverture de l'oeil intérieur chez la jeune génération si importante qu'Il rappelle encore aux parents leur obligation d'initier leurs enfants et II leur demande de célébrer Upanayanam. Ce rappel, Il le fait soit directement, soit indirectement. Prenons par exemple le cas de Sri C. Ramachandran de Kirkee, à Poona, qui reçut un jour un télégramme.

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"Le 26 avril 1965" écrit-il, "alors que je rentrais chez moi à l'heure du repas, mes deux fils se précipitèrent au devant de moi, surexcités, et me remirent en mains propres un télégramme qui venait juste d'arriver. Le télégramme était ainsi libellé: "Sri Sathya Sai Baba arrivera chez vous le 5 mai pour procéder à la cérémonie Upanayanam de vos deux fils et leur donner Brahmopadesam". Les mots «Sathya» «Upanayanam» et «Brahmopadesam» étaient soulignés dans le télégramme.

Je n'avais jamais discuté avec personne de l'opportunité de procéder à l'Upanayanam de mes fils cet été, bien que j'ai eu le désir ardent de le faire aussitôt que possible, étant donné que cette cérémonie aurait déjà due être faite et avait été différée ces deux ou trois dernières années. Je n'avais pas encore décidé si la cérémonie aurait lieu à Shirdi ou à Palani, berceau spirituel de ma famille. Je fus donc surpris de voir que le lieu et la date avaient été fixés par l'expéditeur du télégramme. Nous fûmes remplis de joie à la perspective d'avoir BABA avec nous pour cette cérémonie.

Après enquête, Sri Ramachandran découvrit que la personne responsable de l'envoi du télégramme depuis le bureau central de la poste de Poona, s'était présenté lui-même comme "une personne en transit, sans adresse en ville et sans résidence fixe!", et que, pressé par les autorités de la poste de donner une adresse, il avait écrit comme nom Sri Maragathvelu, C° Sai Samaj (père et mère naturels) de toute 1'Inde, Mylapore.

Hésitant à émettre une manifestation aussi mystérieuse de la grâce de BABA (dont il avait pleinement conscience notamment par la manifestation de Vibhouti sur les images de BABA dans sa salle de prières), Ramachandran décida de célébrer l'Upanayanam de ses deux fils le 5 Mai suivant, comme prescrit.

Et BABA donna la preuve de Sa Présence. "Pendant les Bhajans du soir, chacune des personnes présentes, près de mille personnes rassemblées, eut le sentiment particulier que le divan préparé pour BABA sur l'estrade n'était pas vide. Quand l'Arathi fut terminée, nous vîmes que la soie neuve recouvrant le siège avait été froissée de telle manière que nous pouvions clairement prouver que BABA s'était assis là. En outre, le collier de fleurs de jasmin placé sur le bras droit du divan, comme cela se fait en général à Prasanthi Nilayam, était aplati juste comme si Sa main s'était posée dessus". Ces signes sont suffisants pour ceux qui quêtent.

Dans ces annales sur la restauration du Dharma pour laquelle BABA s'est incarné, nous devons accorder une attention particulière à l'Académie des savants védiques créée sous Sa direction et dont l'activité bienfaisante se propage rapidement, d'un état de l'Inde à l'autre, depuis 1964. Ce fut le jour sacré de Ramanavami, alors que des millions de familles dans le pays tout entier célébraient RAMA, dépeint comme l'incarnation du Dharma, que BABA révéla Son projet. Il se trouvait à Rajahmundry, au bord de la Godavari ce jour-là, à la nuit tombante. Il embarqua dans un canot à moteur avec quelques doctes pandits et savants. En arrivant sur une plage de sable sec, nous vîmes une ile baignée d'un frais clair de lune posée sur le fond bleu sombre de la rivière, et là, BABA, assis au centre du cercle d'amour que nous formions, parla de la situation du monde et de l'Inde qui avait le devoir de le guider grâce à la lumière du Sanathana Dharma (Loi éternelle universelle). "Nous devons réformer les habitudes de l'homme" dit-Il "reconstruire son caractère, reconditionner ses idéaux et son mode de vie. L'aider à reconquérir l'héritage spirituel que les partisans de la prospérité matérielle et du bonheur apporté par l'argent incitent aujourd'hui à ignorer" dit-Il. Il "sortit" du sable juste devant Lui, des statuettes resplendissantes de RAMA, SITA, LAKSHMANA et ANJANEYA. Puis IL créa une charmante statue de Nataraja, le SHIVA dansant, qui symbolise l'Univers rempli d'énergie tantôt en expansion tantôt en contraction (symbole de notre respiration) en harmonie avec la volonté Divine. Puis, dans l'atmosphère de ce silence sublime,

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Il annonça qu'Il avait décidé de créer la Prasanthi Vidwanmahasabha, une Académie nationale indienne de savants védiques qui allaient s'efforcer de sensibiliser l'humanité à la nécessité d'obtenir la Paix Suprême (harmonie et équilibre intérieurs) dont la demeure se trouve dans le Sanathana Dharma, enchâssée dans les écritures anciennes. Assurément, un grand moment dans l'histoire de cette ère!

BABA avait indiqué dès les années 40 qu'Il reconstruirait le Dharma Védique sur des bases plus solides. Le 1er octobre 1955 à 9h30 du matin, comme je l'ai noté dans mon agenda, Swami Amrithananda se précipita vers moi après une entrevue avec BABA, tout suffoquant de joie : "J'avais une grosse somme d'argent que Bhagavan Ramana Maharshi m'avait recommandé d'utiliser pour la renaissance des Vedas. Je l'avais mise à la Bénarès Bank et plus tard placée dans quelques trusts.

J'avais consulté Madan Mohan Malaviya, Bhagavan Das, et Bal Gangadhar Tilak sur les systèmes de placement mais je ne sais pas pourquoi, mon plan ne fructifia pas". A 1'instant, BABA vient de tout me dire spontanément à propos de mon désir insatisfait. Il a dit : "Ne vous tracassez plus, la tâche de la renaissance des Vedas n'est pas la vôtre, c'est la mienne". Le Swami mourut paisiblement dans les deux mois qui suivirent le transfert de son fardeau.

En Janvier 1960, venant de la Sorbonne en France, un grand érudit en sanskrit, le professeur Valestin qui se trouvait en Inde pour traduire les commentaires sur les Vedas en français, arriva à Prasanthi Nilayam. Un soir, au cours d'un interview avec BABA, il saisit soudain Ses mains et plaida : "BABA! la science Védique décline rapidement sur cette terre sainte. Vous devez la ranimer, Vous devez la nourrir". J'étais là, tout près, je sentis que l'orient et l'occident étaient là aussi, attendant le coeur palpitant, curieux de la réponse que BABA allait donner. Car les Vedas sont à la fois pour l'orient et l'occident, pour l'humanité entière. BABA ne nous déçut pas.

Il dit : "Je suis venu dans ce but, faire renaître les Vedas. Cela doit être fait. Je le ferai. Où que vous soyez, vous en aurez connaissance. Le monde entier partagera cette joie, cette lumière".

La société académique fut cérémonieusement inaugurée le jour du Swadhyaaya Saptaha Yajna pendant la fête de Dasara, en 1965. Près de deux cents pandits s'étaient rassemblés à Prasanthi Nilayam pour le symposium du 20 octobre. "Bhavani, dit BABA, mit une épée dans les mains de l'empereur Sivaji en lui donnant pour mission de se jeter dans l'aventure de soutenir 1'Hindouisme.

Cette "Siva-Sakthi" donne aujourd'hui à ces pandits l'épée du courage et la mission d'aller de l'avant pour faire renaître le Dharma dans le monde". Je suis sûr que cette Académie progressera et ira de victoire en victoire, car elle contribue à Mon travail. Dans tous les pays, le vrai sens des valeurs doit être rétabli et la foi dans la divinité de l'homme doit être implantée. Voilà le travail pour lequel Je suis venu. Le monde doit être sauvé des conséquences d'un savoir limité et de l'orgueil aveugle qui précède toute chute. Le monde est un désert asséché, aspirant à la pluie. Cette Académie donnera à chaque bouche assoiffée une tasse de consolation et de force, puisée à la source des Vedas et des Sastras". Il condamna les critiques à propos des rites, des rituels et des enseignements védiques que certains mettent au rang des superstitions.

"Les Vedas sont la racine du Dharma. Si les racines sont mutilées, l'arbre meurt". Les Vedas donnent Béatitude et Paix, deux choses éternelles et fortifiantes, dit-Il. Elles transforment chaque activité en adoration du Suprême et sauvent l'homme des désirs sans fin et d'une tristesse inexplicable. Il ajouta: "Connais-toi toi-même, au lieu de chercher à connaître le soleil et la lune, c'est là que se trouve la route de l'Ananda et de la Paix".

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L'objet de cette Académie (Akhîla Bharatha Prasanthi Vidwanmahasabha) fut précisé par Baba au cours des allocutions qu'Il prononça les jours qui suivirent l'inauguration, alors qu'Il présidait les conférences données par les pandits et dont II avait suggéré les sujets, extraits des textes védiques et védantiques. "Le mot d'ordre pour l'Académie devrait être, dit-Il, la prière mentionnée dans les Vedas, qui s'élève de chaque coeur humain, si indistincte soit-elle. "Thamaso maa Jyothyr Gamaya" (Des ténèbres conduis-moi à la lumière). Extirpez Ajnana, cette ignorance de l'Universel qui est le fondement, 1'Océan dont l'individu est une vague, allumez la lampe dans les villages, les uns après les autres. Instillez la foi en la libération de l'homme de ses souffrances et de ses peines, c'est-à-dire, instillez la foi en l'Atma et 1'Atmathatwa; partagez votre savoir et votre expérience, dans l'amour et la compassion, avec les gens qui ont faim de connaissance et veulent être sauvés. Rappelez-leur leur valeur et leur travail.

Nous ne condamnons aucune croyance ni ne formons aucune nouvelle secte, nourrissez une attitude positive envers l'effort spirituel, la foi est une plante précieuse qu'une bouffée de dureté ferait se faner.

Soyez aimables, attentionnés, encouragez l'amour, la tolérance, le service, le sacrifice, partout où vous les trouverez, dans le coeur de l'homme. Ces pandits ont enfin gagné la récompense de leurs longues études, car ils ont obtenu cet instrument, 1'Académie, pour partager leur joie et leur sagesse avec leurs frères et soeurs. Il leur sera octroyé des districts et le Comité Central supervisera le programme et les progrès. Ils sèmeront dans tous les esprits cultivés la graine du Karmakanda, de 1'Upaasanaakanda et du Jnanakanda des Vedas, du Dharma tel qu'il est exposé dans le Manudharmasastra ainsi que dans d'autres textes, et de la gloire de Dieu et de l'homme, comme nous l'expliquent la Bhagavatha, le Mahabharatha et le Ramayana".

Se tournant vers les milliers de fidèles venus de toute l'Inde, Baba leur déclara : "Ils sèment les graines. Mais vous, vous devez soigner la jeune récolte, la nourrir avec l'engrais de Manana (la réflexion), la débarrasser des nuisibles que sont l'avidité et l'orgueil, récolter la joie et l'amour et vous établir dans la paix que le grain nourrissant procure". BABA reconnut que les pandits devaient acquérir davantage d'expérience dans l'art d'expliquer l'essentiel des enseignements des Ecritures aux masses, par petites doses facilement assimilables et plaisantes à entendre.

II avertit les pandits que s'ils ne prenaient pas soin de pratiquer eux-mêmes ce qu'ils enseignaient, leurs discours seraient des exercices de pure hypocrisie. Les gens doivent eux aussi être entraînés dans l'art d'écouter les discours spirituels, brefs et simples qui éveillent le désir de pratiquer ce qui est enseigné.

Car, comme le dit BABA, l'hypocrisie, la faiblesse spirituelle, l'auto-censure et la lâcheté sont de grands péchés". Ils ne peuvent être guéris que par la conscience de sa propre divinité inhérente, insensible aux préjudices que peuvent causer les nuages passagers du découragement. Baba déclara "Cette Académie n'est pas quelque chose de nouveau, elle est éternelle. Aujourd'hui, elle est encore une fois partie pour accomplir une mission qui vient du fond des âges. Ce travail de restauration du Dharma doit être fait et refait sans cesse. Vous avez aujourd'hui la chance d'y participer. Aussi ralliez-vous à cette grande cause et faites que vos vies vaillent la peine d'être vécues".

Cet appel fut irrésistible. Villes et villages rivalisèrent entre eux pour avoir la chance d'organiser réunions et séminaires pour le plus grand bien de leurs citoyens. Les membres de l'Académie étaient déjà célèbres aux quatre coins du pays. Le président de cette Académie est le Dr B.Ramakrishna Rao, un grand érudit en Sanskrit et en Telugu, célèbre linguiste, grand travailleur social et chef politique qui fut au service du peuple comme Premier Ministre de l'Andhra Pradesh et

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gouverneur du Kerala et de l'Uttar Pradesh. Il est assisté d'un comité central de Pandits qui ont acquis une solide réputation par leurs discours, leur érudition, leurs publications écrites.

Parmi eux il faut citer Uppuluri Ganapathi Sastri, honoré par ses collègues comme Avarayaarthavaachaspathi, Kolluri Somesekhara Sastri, honoré en tant que Kulapathi, Bulusu Appanna Sastry, connu comme Darsanaalankara, le traducteur et le commentateur

réputé des commentaires de la Geetha de Sankara, Remilla Suryaprakasa Sastry honoré comme Sanga Veda Vidya Bhaskara. Varanasi Subrahmanya Sastry, qui par son savoir exceptionnel sur les travaux de Vyasa est devenu célèbre en tant que Balavyasa, Gantikota Subrahmanya Sastry, le doyen des savants du Dharmasastra et le maître des sciences védiques, Pisipathi Krishnamurthi Sastry, un grand expert en observations et calculs astrologiques, conformément à toutes les écoles de cette science antique, et il y en a bien d'autres. Amener une telle galaxie d'étoiles sur la même orbite était en soi un exploit, rendu possible seulement par l'attrait unique que la Divinité de BABA exerça sur eux avec une égale puissance.

La conférence pour l’inauguration par laquelle les pandits donnèrent le Message au grand public se tint en la présence effective de BABA à Venkatagiri, au "Palais rectangle", sous la présidence du Raja Saheb de Venkatagiri.

BABA signala que les habitants de Rajahmundi sur la Godavari espéraient que la réunion aurait lieu dans leur ville, puisque l'Académie avait vu le jour sur la plage d'une île sise au milieu de la Godavari, pour la fête de Sri Ramanavami, 1'an dernier. Mais, "comme toutes les bonnes choses, cette chance n'est pas en rapport avec les efforts présents mais en rapport avec les mérites accumulés depuis de nombreux siècles, au fil des ans". BABA déclara: "Venkatagiri a été pendant des siècles la résidence d'une famille Royale dédiée au soutien, à la protection et à la promotion du Dharma. Voyez combien de temples furent construits ou rénovés et conservés dans leur magnificence! Faites le compte de tous les pandits que cette cité a protégés jusqu'ici et le nombre de livres religieux donnés qui ont aidé à atteindre les masses. Voyez l'intérêt que cette famille manifeste encore aujourd'hui, pour l'entretien des temples et des monastères bien que leur Etat et leurs statuts aient été balayés par la tornade du changement politique". Rien d'étonnant donc à ce que six mois plus tard, pour l'inauguration de l'Académie Prasanthi Vidwanmahasabha dans l'Etat de Madras, BABA ait choisi les vastes jardins du Palais Venkatagiri dans la ville de Madras comme lieu de réunion.

L'Académie de Mysore Prasanthi Vidwanmahasabha fut inaugurée à Brindavan, Whitefield, près de Bangalore, le 13 avril 1964, sous la présidence de l'honorable Sri B.D.Jatti, alors Ministre des finances de l'état de Mysore.

Lors de l'inauguration BABA déclara : "Le lien qui unissait le Pandit et le politicien, les chefs religieux et le souverain s'est rompu et chacun suit sa propre voie, sans tenir compte de ce que l'autre pense ou ressent. Les longues années passées sous contrôle étranger au cours desquelles les Pandits furent bafoués et rabaissés au rang de symboles d'une culture dépassée, contribuèrent à l'élargissement du fossé. Mais, après la fin de cette souveraineté, rien n'a été fait pour rétablir le lien. Plongés dans la recherche de plaisirs passagers et de divertissements bon marché, les gens sont devenus sourds aux avertissements du passé et à l'appel du sublime. A moins que les gens ne soient entraînés à orienter leurs capacités nouvellement acquises vers des voies de service et de contrôle de soi, il y aura un effondrement moral à grande échelle, alors que les plans quinquénaux parsèment le pays de barrages, de centrales électriques, de hauts fournaux et d'usines, nous devons avoir un plan, un plan mûrement réfléchi pour l'éducation morale et l'élévation spirituelle de la nation, pour éviter un désastre moral".

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Lors de l'inauguration de l'Académie de l'état de Madras, BABA déclara : "L'ambition de l'homme à conquérir l'espace avant même d'avoir pleinement compris sa propre nature le conduira à un grand désastre. Aucun savoir, aussi impressionnant soit-il, qui récuse l'existence de Dieu, ne pourra être authentique et tonifiant! » L'académie Prasanthi Vidwanmahasabha fut aussi mise en place à Hyderabad, la capitale de l'Andhra Pradesh avec Sa bénédiction, lors d'une réunion présidée par le gouverneur, Sri Pattam Thanu Pillai. La filiale de l'académie du Maharashtra fut inaugurée par BABA au Shanmukhananda Hall, à Bombay, le 7 juin 1965. Un comité présidé par l'honorable Sri P.K.Savant, Ministre de l'agriculture au gouvernement du Maharashtra, fut formé avec, comme speaker, le président de l'assemblée législative, le président du conseil législatif ainsi que plusieurs autres membres.

Sri Savant est un ardent dévot du temple de Shirdi, où BABA vécut et enseigna le chemin vers Dieu, en tant que SAI BABA. Sri Savant fut membre du conseil du "Shirdi Samsthan Trust" et pendant quelques temps il en fut même le président. Le trust gère les affaires de l'unique lieu saint qui se soit développé autour du "Samadhi" (tombe) de l'Avatar Sai. Donc, lorsque Savant apprit que le Maître s'était à nouveau incarné, il fut naturellement prudent à propos de cette prétention. Sa curiosité cependant l'amena jusqu'au bungalow d'un dévot chez lequel BABA avait séjourné pendant trois jours en Mai 1960. Là, Savant prit part aux Bhajans. Il compulsa l'album de photos dépeignant les activités de BABA, il visionna une centaine de mètres de pellicule relatant la visite de BABA à Badrinath et le Yagna qui fut célébré à Prasanthi Nilayam, ensuite, on le conduisit dans la chambre que BABA avait occupée pendant ces trois jours. Elle est conservée dans le même état que lorsqu’Il l'a quittée, parfaitement prête à Le recevoir à tout moment. Tandis qu'il était dans la chambre Savant se vit offrir de la Vibhuthi ramenée de Prasanthi Nilayam et conservée là dans un petit récipient.

Naturellement il ouvrit la bouche pour la recevoir, mais sa conscience fut tout à coup submergée par une angoisse incompréhensible provoquée par le doute. En tant que fidèle tout dévoué à SAI BABA de Shirdi, pouvait-il maintenant se permettre de prendre la Cendre consacrée par un étranger qui prétend être le "même Baba" revenu sur terre? Il y a des Babas et des Babas, pensa-t-il, des faux, des pseudo-authentiques et des douteux, qui revendiquent leur droit à la vénération, et dont la parenté est de toute façon indémontrable.

Nous ne devrions pas être surpris qu'un dévot possédant la foi ferme de Savant envers BABA fût assailli par le doute. Nous devons même lui être reconnaissants de son hésitation, car en un rien de temps, pour le convaincre que SATHYA SAI de Prasanthi Nilayam est Vérité, le même SAI BABA que celui de Shirdi, un long éclair de lumière brillante jaillit de la paume droite de BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA, dont la photo était pendue sur le mur de cette pièce, par dessus les têtes du Dr D.J. Gadhia qui était en train d'offrir la Cendre Sacrée et de Sri P.K. Savant qui s'apprêtait en apparence à la recevoir bien que indécis intérieurement.

Cet éclair fit fuir tous les arguments contre l'identité des deux Babas. Il dispersa les sombres nuages du doute et de l'hésitation. Savant reçut la Cendre Sacrée. Quelques mois plus tard, à Prasanthi Nilayam, BABA déclara : "La profondeur de la dévotion de Savant envers ce corps-là et celui-ci appartenant au même Sai n'est connue que de lui et de Moi".

Savant s'occupa de l'inauguration de Prasanthi Vidwanmahasabha dans l'état de Mysore et ainsi il eut le bonheur d'assister à la création d'une branche de l'organisation fondée par BABA dans le Maharasthra. Lui et tous ceux qui

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partageaient l'émotion de ce jour béni furent ravis que la Grâce de BABA soit descendue de nouveau sur le Maharasthra et qu'une nouvelle ère se soit annoncée pour les Pandits de cet état qui allaient pouvoir participer à la renaissance du Dharma sous les bons auspices de BABA.

L'Académie a fortement encouragé les Pandits à donner des conférences dans différentes villes et villages. Un séminaire regroupant une vingtaine d'entre eux se tint pendant une semaine pour proposer des sujets (sur lesquels ils pourraient parler aux gens) sélectionnés et choisis dans les vastes réservoirs du savoir qu'ils avaient tous emmagasiné en eux, et pour étudier les meilleures méthodes de présentation capables de provoquer des réactions. BABA encourageait invariablement les gens, les organisateurs et les Pandits, soit par Sa présence physique et Ses discours, soit par quelque "signe" de Sa présence. Les comités de District devaient organiser les discours dans les villes principales des Taluks car, les fidèles des principaux centres Taluks pouvaient porter le message aux villages environnants. Ainsi, les disciplines et les idéaux des Upanishads furent-ils implantés au coeur des communautés agitées des travailleurs des jardins d'arec, des plantations de café, des rizières, des usines, des banlieues, des campus universitaires, des colonies de retraités, des centres de pèlerinage et des sociétés professionnelles.

Là où autrefois le nombre d'auditeurs aux réunions données par ces Pandits pouvait se compter sur les doigts d'une main, et où l'on voyait toujours les mêmes en quelque lieu que ce soit, les réunions de l'Académie attirent aujourd'hui des dizaines de milliers de gens dans les villes et toute la population dans les villages. Car, les discours sont énoncés dans un langage populaire, ils sont simples et utiles et concernent directement la vie quotidienne. La divine présence de BABA attire des centaines de milliers de gens à Ses discours qui sont l'Enseignement spirituel authentique du Seigneur.

Comme BABA le déclara à Venkatagiriy "la création de 1'Académie (Vidwanmahasabha) est un événement mémorable, car elle n'est rien moins que l'aube de l'Age d'or de la Libération de l'Humanité".

La libération de l'Humanité de ce rôle insignifiant auquel l'homme l'a condamnée, décidant à tort qu'il était le fourreau et non l'épée, le corps et non son occupant, voilà le véritable but de l'avènement de BABA sous forme humaine. BABA a révélé que les dépositaires de l'antique culture Indienne sont Ses instruments pour parvenir à ce but. Pendant Sa tournée en pays Tamoul, au village de Surandai II encouragea les Pandits Védiques à réciter les stances védiques à la manière Ghana, et les récompensa avec des médaillons en or. Les mêmes médaillons furent décernés par Lui aux Pandits à la fin de la récitation des stances védiques à Akiripalle et à Rajahmundry. En 1963, lors d'une assemblée de savants (Vidwathparishath) qui se tenait à Rajahmundry, Il donna à chaque membre des vêtements de cérémonie, les encourageant à s'attacher à l'étude et à la récitation des Vedas et des Sastras.

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En 1960, Il présida la fête du Collège au Collège oriental de Markandeya. Le Dr S. Bhagavantham (dont le père était le fondateur du collège), grand scientifique, et actuellement Conseiller scientifique au ministère de la Défense du gouvernement de l'Inde, accueillit BABA à cette institution par ces mots : "Chaque fois que je suis allé recevoir le Darshan de BABA, j'ai été stupéfait de trouver autour de Lui des

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groupes de gens de tous les pays et de toutes professions, des grands et des petits, des riches et des pauvres, des malades et des bien portants, des jeunes et des vieux, et des Pandits remplis de suffisance compassée qui s'étonnaient de voir combien tout leur savoir était inutile devant Cet Etre Omniscient". Ils s'étonnaient et leur étonnement se muait en dévotion.

BABA a béni de Sa présence le Niranjana Bhajan Mandali à Maddur, le Sivanamajapasapthaha (récitation continuelle du nom de Dieu pendant une semaine) à Srisailam et le cercle d'études sur la Geetha à Naini Tal et le Samaj Hindou à Rajahmundry. Il a pris sous Sa bienveillante protection le Sanathana Bhagavatha Bhaktha Samajam (Association de fidèles dédiés et consacrés à Dieu) des districts de KrishnaGuntur. BABA a aussi honoré de Sa présence le Yajna (sacrifice rituel) célébré par les fidèles à Rajahmundry, Venkatagiri et Srinivaspur. Il visita le Sanskrit Pathasala et l'ashram de Vyasa à Erpedu.

Quand l'université de Sanskrit de Bénarès créa l'Akhila Bharatha Thanthrika Mahasabha (Académie tantrique), elle envoya Swami Dattatreyaji à Prasanthi Nilayam pour inviter BABA à venir bénir 1'Académie. Bien que BABA ait souvent déclaré "c'est l'âge du Thanthra", Il dut renvoyer le Swami fort déçu. Les Organisateurs de la conférence mondiale Hindoue (Vishwa Hindu Parishad) s'approchèrent de BABA pour se joindre au groupe de Swamis qui la dirigeaient. BABA leur dit qu'Il était venu dans le but premier de rétablir les idéaux de l'Hindouisme et replacer ce dernier sur la voie de la victoire. "Je fais toujours la chose exacte que vous avez en vue actuellement". Quand Malleswaram, le Vijnana Samithi Telugu, rendit honneur à quelques membres du Comité central de Prasanthi Vidwanmahasabha, BABA accepta de présider la réunion.

Pendant qu'il inaugurait la Branche d'Hyderabad, le Gouverneur Pattom Thanu Pillai déclara : "Je suis heureux qu'un des principaux objectifs de l'Académie soit le développement du savoir en rendant hommage aux Pandits et de ce fait encourage l'étude des Vedas et des Sastras". BABA présida une vaste assemblée d'admirateurs et d'étudiants réunie par la communauté hindoue à Rajahmundry pour rendre hommage à trois vieux Maîtres respectables de la science ancienne, Bulusu Appanna Sastry, Varanasi Subrahmanya Sastry, et Kolluri Somasekhara Sastry. Pendant le festival de Dasara en 1965, BABA accorda à ces trois sages et au Vidwan Dhupati Thirumalacharlu de Venkatagiri, la marque de valeur que les patrons royaux avaient coutume d'accorder dans les temps anciens, c'est-à-dire le "Suvarna Kankana" (Bracelet d'or serti de pierreries). Tous ceux qui virent l'amour tendre avec lequel II aida les vieillards à monter sur l'estrade, la joie qu'Il sembla prendre à l'énoncé de leurs travaux remarquables, la sollicitude avec laquelle II aida le Gouverneur à ajuster à leurs poignets les bijoux et Sa façon de couvrir leurs épaules avec les châles brodés d'or, adorèrent la scène non seulement pour son inspiration mais aussi pour son enseignement. Les Pandits ont de bonnes raisons de se réjouir de l'Ere Sathya Sai car BABA est leur Kalpatharu (celui qui exauce les désirs) venu sur terre. Tandis qu'un Pandit lisait devant Lui quelques poèmes qu'il avait composés sur la Déesse Kamakshi de Kanchipuram, BABA créa une statuette d'or de cette déesse et lui donna ce précieux cadeau. D'autres Lui offrirent des ouvrages qu'ils avaient composés sur Yogavasishta et Githabhashya, et par la Grâce de BABA ils reçurent les fonds nécessaires à leur publication.

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BABA est VedaMaatha. Il ne peut supporter qu'un savant Védic travaille durement avec la sueur de l'agonie sur son front. Sauf bien sûr, lorsqu'Il veut donner une leçon! Car II est un vrai tyran, acharné à maintenir la qualité morale de ceux qui se

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disent les maîtres des Ecritures anciennes.

Comme exemple, un Pandit du district Est de Godavari, si démuni financièrement que dans son désespoir, il nia la Grâce de Baba! II refusa à sa femme la permission d'écrire à BABA pour demander de l'aide. Deux jours plus tard, il eut la surprise de recevoir une lettre de BABA qui se trouvait à Prashanti Nilayam, à 800 miles de là, et dans laquelle II le réprimandait sévèrement pour cela : "Pourquoi lui avez-vous dit "Tu n'as aucune permission!" Ne suis-Je pas au courant de tout? Ne puis-Je être au courant que si elle M'écrit ou quique ce soit M'écrit? Ne sais-Je pas par exemple, que vous êtes allé à Ramachandrapuram, en espérant récolter un peu d'argent grâce à des discours sur la Gita, et que vous êtes rentré chez vous en ayant subi une perte? Ne sais-Je pas aussi que vous avez commencé à vous sentir coupable en pensant que tout votre savoir était du gaspillage, que toute votre expérience n'avait aucune valeur? Pour Moi, qui subvient aux besoins du monde entier, ce n'est pas une charge de subvenir à vos besoins et à ceux de votre famille. Je vous ai confronté à toutes ces épreuves seulement pour vous enseigner quelques leçons ».

L'extrait suivant de cette lettre que le pandit plaça entre mes mains, à Amalapuram, énumère les leçons :

"Quand la vie s'écoule, heureuse, les gens affirment que cela est dû à leurs propres efforts et ils oublient le Seigneur. Quand l'échec fait obstacle au courant de la vie, ils commencent à jurer et à perdre la foi. Quand vous vous laissez aller au désespoir, vous faites injure à 1'Atmathatwa, le principe Atmique que vous êtes réellement, et qui ne connaît ni la joie ni la peine. Vous êtes devenu savant sur de nombreux sujets, mais vous n'essayez pas d'en retirer les fruits en les mettant en pratique. Si seulement vous aviez cette foi que rien ne peut entraver 1'Atmananda, qui est la source de vie présente en chaque cœur, comme vous pourriez être heureux! Imaginez un peu combien vous seriez tranquilles et recueillis alors!"Dans vos conférences, vous vous étendez sur l'Atma et la Béatitude obtenue par les hommes qui y pénètrent profondément. IL est facile de conseiller les autres; quand vient le moment de pratiquer ce que vous recommandez, vous le ressentez comme un embêtement terrible. Avec un cerveau farci de tous les Vedas, les Sastras, les Purunas, les Ithihasas et les Upanishads, toutes ces lamentations et cette colère ne vous conviennent pas. Au lieu de recourir au remède le plus efficace contre toute cette anxiété, à savoir le nom de Dieu, pourquoi gaspillez-vous votre temps à ressasser et à vous lamenter sur vos malheurs, vos peurs, vos pertes et vos douleurs !

Engagez-vous dans ce qui est prescrit comme étant votre devoir, le devoir réclamé par votre rang. Faites-le avec courage et joie. Efforcez-vous de gagner les quatre Purusharthas; ensuite vous pourrez expérimenter avec certitude la Vérité la plus haute. Pratiquez et gagnez la plus grande des béatitudes. Ne dénigrez pas les riches; non, pas seulement les riches, ne dénigrez personne, d'aucune manière. Souvenez-vous, SAI est en chaque être. Aussi, quand vous dénigrez quelqu'un, c'est SAI Lui-même que vous dénigrez ».

Après cette paternelle mais ferme remontrance, Baba achève la lettre par cette indication révélatrice: "Celui qui réside dans votre coeur, SAI". (Nee Hrudayanivasi, SAI)! Cette surveillance attentive du cheminement de la conscience intérieure des Pandits qui sont venus dans Son orbite est une manière parmi tant d'autres, pour ce Vedamatha (La Providence qui révéla les Vedas) de chercher à développer le Sanathana Dharma, car, à moins que nous n'ayons une courageuse troupe de savants Védiques qui mènent une vie Védique, le monde ne sera guère enthousiasmé pour révérer et accepter l'enseignement Védique De l'Unité Fondamentale.

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CHAPITRE 4

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L'APPEL

« Suivez Mes instructions et devenez les soldats de Mon Armée ; Je vous mènerai à la victoire . » Puis Il a fait cette grande déclaration, ce grand appel : « Quand quelqu'un te demande avec le plus grand sérieux où le Seigneur peut-Il être trouvé, ne t’ esquives pas ; donne leur la réponse qui monte de ton coeur jusqu'à ta langue. Dirige-le vers Puttaparthi et invite-le à partager ta joie. »

Tandis qu'on hissait le drapeau de Prashanti sur le Nilayam, ce 23 Novembre 1962, BABA fit allusion aux Chinois qui étaient en train d'envahir les plaines de l'Inde par les vallées Himalayennes, et II annonça: "La fête de Mon anniversaire ne sera pas gâchée par des nouvelles décourageantes; vous allez recevoir des nouvelles positives et réjouissantes. Le Sanathana Dharma ne doit souffrir aucun préjudice". Et, conformément à cette déclaration, les Chinois qui jouissaient d'une belle avance, commencèrent à se replier à partir du 22 au soir minuit, au delà des chaînes de montagnes pour des raisons qui restent encore à découvrir! Ce soir-là, lorsque le ministre du Plan du gouvernement de l'Andhra ouvrit une école dont il avait fait don à la commune de Puttaparthi, BABA parla du gaspillage colossal que l'éducation endigue aujourd'hui. "Regardez les rues du village, ses maisons, ses enfants et dites-Moi si les 50 ou 60 ans d'enseignement de règles de santé et d'hygiène ont eu un quelconque effet. Si, même ces leçons concernant la santé le bien-être et sa vie-même sont ainsi pratiquement négligées, Je n'ai pas besoin de vous dire que les autres sujets laborieusement enseignés dans les écoles produisent encore moins d'effet". BABA fit remarquer que les tendances à l'imitation ont coupé les enfants des courants naturels de la culture nationale et en ont fait des êtres secs et sans racines. "Vous apprenez aux enfants des poésies absurdes, comme 'Baa, Baa, Mouton Noir, as-tu un peu de laine' ou 'Jack et Jill montent sur la colline'; mais des paroles qui encouragent et qui élèvent comme "Suddha Brahma paraath para Ram, Kaalaathmaka Parameswara Ram" (Ram, la pure Essence, le Suprême sans 1imite, Ram, le Principe du Temps, le Seigneur des Seigneurs) ont été écartées parce que démodées et ennuyeuses. Que vaut une Inde qui a abandonné sa nature et devient une pseudo-Russie ou une pseudo-Amérique? Rendez le pays plus réellement indien, conseilla-t-Il. Pour ce qui est des maladies de l'avidité, de l'impatience, de la haine et de la vanité dont ce pays souffre tout comme d'ailleurs le reste du monde, ceux qui se préparent à l'éducation des enfants doivent être prêts à leur inculquer les quelques premières notions de la discipline spirituelle, le silence, la répétition du Nom de Dieu, la méditation sur le Créateur de ce merveilleux Univers, les actions positives de service envers autrui, le détachement des habitudes néfastes".

Le ministre, le Dr Chenna Reddy, évoqua, pendant son allocution présidentielle, le pèlerinage qu'il fit à Shirdi quelques semaines auparavant. "Je considère ma venue à Puttaparthi, aussi tôt après ce pèlerinage, comme une grande chance, car le SAI DE SHIRDI est revenu ici comme Avatar, en tant que SATHYA SAI BABA" dit-il.

BABA lui répondit ainsi qu'à toute 1'assemblée: "Tous les noms sont Miens, pas seulement ces deux-là (Sai Baba et Sathya Sai Baba). Appeler cette manifestation-là SAI BABA ou celle-ci SATHYA SAI BABA n'est qu'une des nombreuses manières de désigner Dieu. Autrefois tout comme aujourd'hui, Sai est tous les noms et toutes les formes". En vérité, un aperçu de l'universalité du Divin! Baba nous invite à saisir l'occasion d'obtenir Sa Grâce et de nous sauver rapidement.

"En saisissant cette opportunité, vous pouvez vous élever, marche après marche, fermement. Vous venez à Prashanti Nilayam pour un mal d'estomac ou une fièvre, une perte ou un chagrin. Puis vous commencez à aimer cet endroit et cette

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atmosphère, le Omkara, le Bhajan, la sérénité qui y règne. Vous Me voyez, observez Mes mouvements, Mes paroles, Mes actions; vous repartez avec de l'espoir et du courage, de la confiance et de la force, un livre de Bhajans et peut-être une photo. Avant longtemps vous oubliez le mal ou la fièvre pour lesquels vous êtes venus car ils ont soit disparu soit perdu de leur intensité; vous avez développé un nouveau mal, pour Prashanti (la Paix suprême), pour le Darshan, le Sparsan, le Sambhashan, pour Japam, Dhyanam et Sakshathkaram (la réalisation). Suivez Mes instructions et devenez des soldats de Mon armée; Je vous conduirai à la victoire". Puis II lança cette grande déclaration, ce grand appel:

"Quand quelqu'un vous demande avec grande ferveur où on peut trouver le Seigneur, ne vous détournez pas; donnez-lui la réponse qui vous vient sur votre langue du fond de votre coeur. Dirigez-le vers Puttaparthi et invitez-le à partager votre joie".

En décembre 1962, BABA se trouvait à Madras. Il inaugurait le Sathya Sai Nivas, un temple situé au centre de Perambur Suburb, où se trouve le colossal complexe industriel comprenant l'usine de voitures et les ateliers de chemin de fer. BABA dit: "C'est une maison de lumière pour cette région, pour sauver ceux qui essaient de traverser l'océan du Samsara; elle leur signalera les rochers traîtres de l'avidité et de la haine, ainsi que les tempêtes de l'égoïsme barbare".

Dans la toute première semaine de 1963, le 6 janvier pour être exact, le Vaikunta Ekadasi devait être célébré, conformément au calendrier des fêtes. Le calendrier de BABA désigne ce jour comme Jour d'Amrithadbhavam, quand le Nectar Divin émane de Sa main. Ce jour est connu comme le jour où s'ouvrent pour tous les portes du paradis dans le grand temple vishnouïte de Srirangam, où le Seigneur, en tant que Ranganatha, (Directeur du Théâtre du Monde), préside le Drame de la naissance et de la mort, avec quelques scènes de Vie au milieu. Pour ceux qui sont près de BABA, Ce Sri Ranganatha sous forme humaine, les portes du paradis s'ouvrent quand II leur donne le Nectar qu'Il crée ce jour-là.

Le 6 janvier, BABA emmena de nombreux fidèles à Mahabalipuram sur la côte Est, un lieu où les vagues chuchotent à l'homme de merveilleux contes d'autrefois. C'est un endroit sanctifié par des siècles d'histoire. Ici, des ciseaux tenus par des mains habiles et inspirées par le Karmayoga, dirigés par des yeux pétillants de la lumière de Bhakti yoga, entraînés par des cerveaux illuminés par Jnanayoga, ont sculpté les rochers rebels en statues ravissantes. Quand le groupe se fut installé sur la plage autour de BABA et se mit à chanter les Bhajans, les vagues durent se remémorer les jours anciens, quand les déités du temple du Tamil Nadu étaient installées sur la plage pour être adorées et que le rivage

était couvert, non de foules venues pique-niquer, mais de nuées de coeurs sincères et d'humbles chercheurs de Dieu. Tous les gens s'entassèrent les uns derrière les autres en rangs serrés pour apercevoir BABA et entendre le rythme des chants divins. Même les éléphants, les daims et les singes sculptés dans la pierre essayaient de s'échapper du rocher pour s'asseoir autour de Lui.

Ce soir-là BABA créa trois charmantes statuettes de VISHNOU, NARAYANA et KRISHNA, et, tandis que le groupe de fidèles autour de Lui se réjouissait de sa chance, la statue représentant Arjuna en train de faire pénitence se serait tournée et aurait joint les mains dans un irrésistible élan d'inspiration soudaine pour rendre hommage. Les trois statues, expliqua BABA, symbolisent l'aspect Sathvique de Dieu, l'aspect que confère l'Amritha ou Immortalité à 1'homme. Vaikunta est le lieu ou l'état de "sans-kuntitha" c'est-à-dire l'absence de lourdeur ou de stupidité, de mutilation ou de souffrance. Le jour de la fête d'Ekadasi, consacré à l'acquisition de cet état-là, les portes de Vaikunta sont ouvertes pour ceux qui ont triomphé dans leur lutte contre le handicap de 1'ignorance. "Quand l'esprit obéit aux caprices des sens, vous restez liés; quand l'esprit est à l'écoute des avertissements de son Maître

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—la Buddhi ou Raison —, vous êtes sauvés.

Aussi entraînez votre esprit à tenir compte de l'intelligence et non des vagabondages des sens", conseilla BABA. Après avoir accordé aux fidèles ce Bodhamritam, BABA créa 1'Amritham, qui fut produit en ce jour propice par les Devas et les Asuras en barattant l'Océan de Lait. (tel que raconté dans le Bhavagatham). II la distribua à tous ceux qui se trouvaient là, en les avertissant que la langue qui avait goûté l'Amritha ne devait plus être contaminée par Anritham (le mensonge).

De retour à Prashanti Nilayam, BABA invita les fidèles qui y avaient élu domicile à suivre la discipline rigoureuse qu'Il avait prescrite. "Cet Avatar a, parmi Ses tâches, celle de nourrir les fidèles (Bhakthas). Aussi, efforcez-vous d'être des bhakthas. Donnez-Moi votre esprit entièrement et sans réserve abandonnez-le Moi avec toute son inconstance et son entêtement. C'est la seule chose que vous ayez à faire. Alors vous deviendrez des bhakthas; vous serez libérés de la douleur. Non seulement vous, mais chaque être dans l'Univers doit être libéré et le sera", dit Baba.

Quelques jours plus tard, une cérémonie pour l’initiation d'une trentaine de garçons à l'état de Brahmacharya (première des quatre étapes de la vie humaine) fut célébrée. Constatant que 16 d'entre eux n'avaient pas accompli le rite préliminaire qui consiste à 'percer les oreilles', BABA, d'un mouvement de main produisit autant d'anneaux à oreilles en or qu'il était nécessaire; II perça Lui-même les oreilles des novices. Il donna à chacun un vêtement pour la cérémonie ainsi que le récipient de cuivre dont ils avaient besoin. Des prêtres Brahmins étaient venus de nombreuses villes pour accompagner les parents des garçons qui allaient recevoir 1'initiation. BABA leur parla des rajouts que le temps avait accumulés sur ce rite Védique très simple. Il leur recommanda d'abandonner ces exhibitions, toutes ces fioritures sociales et festives de la procédure Védique et de s'en tenir au plan plus simple qu'Il avait fixé. Ils approuvèrent avec joie. Ils étaient heureux que BABA soit venu séparer la balle du grain. "Je serai leur Mère" dit-Il, lorsque les prêtres suggérèrent que les mères se tiennent derrière les garçons au cours du rite.

"Parmi les garçons, quelques-uns ont perdu leur mère; s'ils voient les autres avec leur mère derrière eux, ils verseront des larmes en songeant à leur infortune; Je ne veux pas qu'un garçon pleure pendant le rite au moment même où on lui donne le manthra de la Gayathri qui est le destructeur des peines; donc pas de mères près des garçons". Quand l'initié entame sa carrière d'étudiant, la mère doit jeter la première poignée de riz en disant: "Bhavathi, bhikshaam dehi" (Mère donne-moi l'aumône); mais Baba déclara: Je serai leur mère, Je remplirai leurs mains de cadeaux". Existe-t-il une plus grande chance que celle-là?

La fête de Sivirathri fut célébrée à la suite des Upanayanams. Deux lingams, dont un en or et l'autre en cristal, sortirent du corps de BABA, après s'être formés en Lui, comme le veut la coutume depuis 1940. BABA expliqua que le lingam était une marque ou un symbole représentant la fusion de l'Individu dans 1'Universel, la dissolution de 1'esprit (avec ses agitations, ses aspirations et ses accomplissements qui attachent et s'incrustent) dans la conscience de l'Atma. Le sage réalise que l'esprit et l'immense fantasmagorie qu'il tisse, sont tous deux situés logiquement dans le lingam, dans l'Océan sans commencement ni fin de l'Existence- Connaissance-Béatitude.

Après Sivarathri, BABA partit pour Rajahmundry afin d'y présider un festival Adhyathmique (spirituel) de discours sur trois jours. Des centaines de villages aux alentours de Rajahmundry et de la vaste et fertile plaine du delta de la Godavari se réjouirent de cette visite qu'ils espéraient voir se prolonger aussi jusque dans leur

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région. Mais BABA annonça que "les visites dans les autres régions avaient été reportées; cependant, tous pouvaient avoir le Darshan à Rajahmundry pendant les rencontres". Donc, tandis que BABA se rendait en voiture à Godavari par la grande route nationale de la côte est de l'Inde, des milliers de gens venant d'endroits éloignés ou proches, se pressèrent de rejoindre cette ville soit en automobile ou en autobus, soit en train ou par bateau, soit en bicyclette, en rickshaw (tricycle à moteur) ou en chars à boeufs.

Les trains arrivaient dans la gare à bout de souffle, alourdis de marées humaines, et repartaient vides, car personne n'avait envie d'aller plus loin ni de quitter la ville. Les vieillards qui avaient vu les foules énormes que la fête de la rivière de Pushkaram attire à Rajahmundry juraient que le record d'affluence était battu. BABA Lui-même remarqua, le 29, lorsqu'Il s'adressa à la foule entassée, à la limite de l'explosion, dans le plus grand local de la ville, que cela rappelait Viswavirataswarupa, c'est-à-dire la manifestation multiple du Grand Inconnaissable. BABA dut changer le lieu de réunion contre un espace plus vaste en plein air dans la banlieue, où II put leur parler depuis le haut d'une maison qui dominait l'immense place. Le quatrième jour du séjour de BABA à Rajahmundry était Rama Navami, 1'anniversaire de RAMA, Avatar de Dieu, adoré en tant qu'Incarnation du Dharma depuis les vallées Himalayennes jusqu'au pays de Kanyakumari. Toute l'Inde sentit le parfum de l'encens, et entendit le tintement des cloches des temples cette nuit-là. BABA passa la nuit assis sur un banc de sable au milieu de la large rivière, comme RAMA devait l'avoir fait il y a très très longtemps, au cours de Ses voyages dans le sud. Ce fut un moment épique, un tournant dans l'histoire du Monde. Car Baba annonça pendant cette heure-là Son plan pour diffuser et propager le Dharma Védique à travers l'Inde et le Monde.

BABA enseigne que le Karma doit être imprégné de dévotion pour acquérir la sagesse.Il nous fait remarquer que les Vedas sont divisés en trois parties (ou Kaandas): la première qui est la plus importante traite du Karma et la seconde, plus courte, s'appelle Upaasana ou Adorâtion. Quant à la troisième partie, encore plus réduite, elle traite de la sagesse: c'est le livre des Upanishads, le Vedantha ou couronnement de la discipline Védique. Il compare ces trois parties au "fruit vert", au "fruit mûrissant" et au "fruit mûr". Le "fruit mûrissant" se remplit de douceur en beaucoup moins de temps qu'il n'en faut au fruit vert pour devenir le fruit mûrissant. La douceur à laquelle tout cela prépare est la Sagesse (Jnana).

BABA est d'accord avec le dicton Védique qui affirme que la Sagesse seule peut conférer la Libération, que le Karma et la dévotion sont des étapes préliminaires que le chercheur doit traverser. La sagesse seule révèle l'Unité essentielle de 1'Univers, 1'Unité de l'esprit et de la matière, du temps et de l'espace, de l'étoile la plus lointaine et du plus infime grain étincelant au soleil.

BABA parla de cette Unité, cette non-dualité qu'est l'Adwaitha, à l'occasion de l'anniversaire de Shankara qui fut le plus ardent interprète de la vérité Védantique. "Cette interprétation satisfait les demandes les plus complexes de l'intelligence et réconcilie toutes les découvertes scientifiques. L'Adwaitha est la conscience de l'Un en totalité, en toutes choses, en tous temps. Lorsque vous savez que le "multiple" est une invention de votre propre imagination née de votre savoir incomplet, vous devenez le seul Maître, et toute peur s'évanouit; vous êtes libérés de l'esclavage du Samsara aux multiples visages", déclara BABA.

Le 10 mai BABA inaugura l'usine de la Compagnie de matériaux isolants Rao à Whitefield. Il s'adressa aux employés et leur donna Sa bénédiction et Ses conseils. Il leur dit que chacun d'entre eux était un maillon de la chaîne de production; que la

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paresse, la mollesse, la négligence ou le manque d'efficacité d'un seul annulait la compétence, la vigilance, l'efficacité et l'enthousiasme de tous les autres. Il leur dit d'être tolérants et d'accepter le point de vue d'autrui, d'être conscients des difficultés d'autrui, de respecter les besoins d'autrui autant que leurs propres besoins. Il dit qu'Il connaissait les techniciens britanniques qui collaboraient avec eux et II put ainsi les féliciter de s'assurer le concours d'amis aussi sérieux et affectueux venus de l'étranger.

BABA met Son doigt sur la difficulté de certains aspects souvent exagèrés, comme le problème du travail, car, Il le voit comme un problème humain afin d’ acquérir la paix et la joie. A Srisailam, lorsqu'II vit les milliers de maçons, de tailleurs de pierre et de mécaniciens engagés à la construction d'un barrage sur la rivière Krishna, Il leur donna le conseil suivant, que les dirigeants et les conducteurs de travaux peuvent aussi suivre avec coeur.

"N'exécutez pas ce travail à l'aveuglette; c'est une tâche sacrée qui procurera de la nourriture et du bonheur à une foule d'hommes, de femmes et d'enfants pour plusieurs siècles. En vérité, vos vies auront valu la peine. Vous, qui travaillez à contenir l'entêtement de cette puissante rivière, devriez travailler aussi à maîtriser votre propre entêtement.

Faites barrage au flot grondant de la passion qui met en péril la paix et la joie de vos foyers. Canalisez-le dans des domaines plus utiles. De même que vous obéissez aux règles d'hygiène pour ne pas tomber malades, obéissez aussi aux règles du contrôle mental pour pouvoir bénéficier d'une paix abondante. Prenez quelques minutes chaque matin et chaque soir dans le silence de votre maison devant l'autel, passez-les avec Dieu. Pratiquez la présence constante de Dieu, voyez-Le toujours avec vous, quelles que soient les conditions. Faites-Lui confiance; c'est Sa pièce de théâtre, vous n'êtes qu'un rôle, un acteur".

De Whitefield BABA se rendit à Mysore puis aux Nilgiris, et de là II poursuivit vers Tinnevelly, Mukkudal, Madurai et les collines de Kodaikanal, pour revenir finalement à Prasanthi Nilayam à temps pour le festival de Guru Purnima. Les événements miraculeux qui précédèrent cette fête et la rendirent inoubliable méritent un chapitre à part, un chapitre à inscrire en lettres d'or.

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CHAPITRE 5

CE "SIVA-SAKTHI"

« J'ai gardé en Moi toutes ces années un secret à Mon sujet; le moment est venu ou Je peux vous le révéler et ainsi ce jour est un jour sacré. Je suis Siva-Shakthi » a-t-Il déclaré, « né dans le gothra de Bharadwaja, selon un avantage gagné par cette naissance de Siva et de Sakthi. Siva lui-même est né dans le gothra de ce sage que fut Sai Baba de Shirdi, Siva et Sakthi sont incarnés en tant que moi-même dans ce gothra maintenant ; Sakthi, Seule, s'incarnera dans le troisième Sai comme ce même gothra dans l'état de Mysore ».

Les lecteurs ont dû remarquer que BABA déclara être Bhavani, celle qui donna une épée à Shivaji avec la mission de sauver la Loi Universelle des forces ennemies. Il a dit: "Ce Siva-Sakthi fait la même chose aujourd'hui. Je remets l'épée du Courage entre les Mains des Pandits et Je les charge de partager leur sagesse et leur joie avec l'humanité entière, tel que la Loi Universelle le prescrit".

Ce mot "Siva-Sakthi" emporta la grande assemblée qui l'entendit sur les ailes du souvenir du 6 Juillet 1963, aux environs de sept heures du soir, lorsque le miracle des miracles se produisit dans le temple de Prasanthi Nilayam. Ce fut un événement bouleversant qui fit reculer les limites de la foi et décupla l'ardeur de la dévotion. Aussi vais-je le décrire en détail.

Tout commença le soir du 28 Juin, quand Baba me demanda d'annoncer qu'Il ne donnerait plus d'interviews pendant une semaine. Personne ne put deviner pourquoi; car il n'y avait rien d'extraordinaire dans les événements du jour. Le samedi 29 Juin à 6 heures 30 du matin, alors qu'Il marchait dans Sa chambre au premier étage de la véranda sud, Baba parla d'une "sensation de flottement" et soudainement s'affaissa sur le sol. J'étais avec Lui à ce moment-là; et bien que je Le soutienne avec ma main, je ne pus qu'amortir légèrement l'impact de la chute.

Au moment où II tomba II crispa Son poing gauche; la jambe gauche devint raide et les orteils se tendirent. De toute évidence, II prenait sur Lui, dans Son infinie compassion, l'attaque de paralysie destinée à handicaper ou peut-être à tuer quelque sainte personne. L'ayant déjà vu prendre la fièvre typhoïde, la douleur gastrique, les saignements d'oreille, les oreillons et même l'attaque, j'attendis avec Raja Reddy le moment ou Il reviendrait à Lui, afin de connaître le nom de la personne et du lieu, histoire de confirmer notre supposition. Son visage se convulsa et les muscles tirèrent les lèvres à gauche... Il laissa pendre la langue. Son oeil gauche parut avoir perdu la vision.

Nous parlâmes à voix basse de Sa décision d'ajourner les entrevues... pour une semaine! Il semble que BABA ait su qu'il y avait quelqu'un à sauver ce matin-là. Tandis que l'horloge égrenait les minutes et que la petite aiguille avançait

inexorablement, notre anxiété se mua en peur. L'obscurité envahit la pièce et s'étendit progressivement sur le Nilayam. Le docteur B.G. Krishnamurthi dit que BABA était dans le coma et présentait tous les signes de 1'apoplexie. Ses mâchoires étaient serrées et Son pouls battait entre 84 et 100. Le docteur qui soignait les malades à l'hôpital Sri Sathya Sai avait davantage confiance dans la vertu curative

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de la Vibhuti bénie par BABA que dans toutes les drogues alignées sur les étagères. Et maintenant qu'il se trouvait devant BABA frappé par une attaque, il ne put que Le prier de Se guérir Lui-même.

En attendant, quelqu'un craignant que la maladie ne fut véritable se précipita en voiture à Bangalore (distante de 200 km) et ramena avec lui, tard dans la nuit, le docteur Prasannasimha Rao, Assistant Directeur des services médicaux de Mysore.

Laissons le docteur raconter ce qu'il a vécu. Je cite sa lettre.

"L'après-midi du 29 Juin, Je fus convoqué de toute urgence aux pieds de SRI SATHYA SAI BABA à Puttaparthi. Je m'y précipitai en compagnie de mon beau-frère, Sri Kesav Vital, et je fus témoin d'un spectacle extrêmement pénible et douloureux. Nous atteignîmes les portes du lieu saint après minuit. Malgré mon anxiété d'apprendre les détails de l'accident qui occasionnait une convocation aussi urgente, je dus, de par Sa volonté, me maîtriser jusqu'au matin suivant. Le matin suivant, quand on m'amena dans la chambre, au premier étage du Nilayam, je vis, prostrée, la forme physique de SRI SATHYA SAI BABA, dans la posture d'un malade dans le coma. Par moments Sa respiration était sifflante; le côté gauche du corps, les membres supérieurs et inférieurs étaient rigides comme tétanisés dans cette position. De temps en temps de grosses contractions se produisaient sur le côté droit du visage. II Lui arrivait de jeter soudain la tête tantôt d'un côté tantôt de l'autre, avec un gémissement de douleur et de laisser échapper des syllabes incompréhensibles, résultat d'une altération de la faculté de parler; en bref, cela ressemblait à du charabia.

Après analyse des signes, des symptômes et de l'historique du cas, je déduisis que la situation semi-comateuse et la posture prise par le malade ne pouvaient qu'être dues à une condition d'occupation du terrain dans le crâne, avec localisation de signes prédominants sur l'hémisphère droit du cerveau dans la zone frontale. Le dignostic distinctif d'un tel état chez une personne d'une trentaine d'années, après avoir écarté d’autres éventualités peu probables, m'obligea à m'en tenir à celui d'une méningite tuberculeuse avec peut-être un tuberculome, qui couvait depuis longtemps.

Le traitement consistait à prendre une mesure antituberculeuse énergique, avec un traitement symptômatique de soutien par intraveineuse, de produits de substitution et de remplacement pour maintenir l'équilibre ionique et la nutrition. Une ponction lombaire s'avérait indispensable pour l'évaluation professionnelle

du cas. Mes tentatives pour administrer une solution de glucose par intraveineuse furent, d'un geste et d'un mouvement du corps, complètement repoussées par Baba, me laissant totalement désorienté et impuissant, face à Sa volonté.

Après avoir accepté de me soumettre à Sa volonté, je regagnai Bangalore le dimanche après-midi, désespéré à l'idée de ne plus avoir Son Darshan dans cette forme physique qu'Il assumait dans cette incarnation".

BABA fut inconscient tout le temps; II manifesta seulement de vagues lueurs de conscience, comme lorsqu'Il repoussa la main du docteur qui tentait de Lui faire une injection. Son corps transpirait abondamment, mais on ne pouvait Lui donner que quelques cuillerées d'eau, étant donné la grande difficulté que l'on avait à Lui desserrer les dents pour introduire la cuillère dans Sa bouche. Il paraissait gravement atteint. De plus, Il souffrait de ce que le docteur Krishnamurthi appela "angine de poitrine", avec des crises de douleur intense, prenant naissance dans le sternum et irradiant principalement dans l'épaule et le bras gauche. Sa forme physique gémissait. Les habitants du Nilayam, debouts sur la pointe des pieds sous la fenêtre écoutaient et pleuraient. Pour soulager Sa fatigue, nous ne pouvions que Lui donner de temps en temps quelques gouttes d'eau sucrée, ou de jus de citron,

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que nous introduisions entre Ses dents fortement serrées. Le lundi, Baba intensifia cette atmosphère de tragédie. Il appela près de Son lit quelques résidents de l'Ashram, Il leur fit comprendre par gestes et en zozotant que les tâches qui leur incombaient devaient être accomplies avec une ardeur toujours aussi grande. Cette expérience nous fendit le coeur: tenter de saisir ces sons vagues et les interpréter, les mots sortant d'une bouche tordue à la langue retournée vers la gauche. Il nous avisa de ne pas effrayer les autres fidèles avec notre propre peur. "Conduisez-vous gentiment avec eux. Parlez-leur doucement", sembla-t-Il nous dire. "Donnez-leur de la Vibhuthi, demandez-leur de rentrer chez eux et de revenir un peu plus tard".

Il repoussa les médicaments et les soins, écartant avec colère la cuillère remplie de quelques gouttes de coromine. Il insista pour aller à la salle de bains Lui-même, bien qu'Il dut se soulever ou se traîner pour franchir deux portes. Après chacun de ces voyages périlleux, le pouls atteignait un seuil dangereux. Le docteur et nous, n'avions qu'à nous tordre les mains et à prier.

Il était impossible d'annoncer que c'était une attaque de paralysie; aussi les rumeurs les plus folles circulaient dans et autour du Nilayam pour expliquer ce sinistre accablement. La plus farfelue de toutes était que Baba se trouvait sous l'influence pernicieuse de la magie noire. D'autres supposaient qu'Il était entré en Samadhi; d'autres encore pensaient qu'Il avait fait voeu de silence et d'inaction. Il semble que les villageois de Puttaparthi étaient plus proches de la vérité car ils savaient que BABA avait déjà vécu des jours "d'inconscience" à Uravakonda, lorsqu'II avait "quitté" Son corps pour sauver un dévot d'une calamité. Ils dirent que Baba était en train d'inscrire un nouveau chapitre de Son histoire, comme II l'avait fait après cet incident à Uravakonda, alors qu'Il était adolescent. Mardi arriva. BABA montra des signes de conscience plus souvent et pour de plus longs moments. Faisant allusion à la visite du docteur, Il dit: "II n'a pu que prendre le Darshan et repartir. Des piqûres sont inenvisageables dans de tels cas. Cette situation, durera cinq jours en tout, demain la douleur sera moindre. J'ai subi deux attaques cardiaques successives, ces trois derniers jours. Vous avez dû entendre Mes gémissements. Personne n'y aurait survécu". Il fit un geste et sourit.

Le docteur B. Sitharamayya, directeur de l'hôpital du Nilayam, fut convoqué par télégramme. II arriva le mardi soir au chevet de BABA. La nuit de mardi fut terrifiante car BABA gémissait, nous causant une angoisse atroce.

Mercredi se profila, sombre et triste. Aux environs de 9 heures du matin, BABA, qui était au bord de l'épuisement, montra des signes d'étouffement. Il luttait pour respirer; des hoquets Le tourmentaient. Les "parents" ne pouvaient contenir leur chagrin; les "frères" et "sœurs" étaient plongés dans la douleur. Bien qu'enracinés dans cette foi que BABA était Divin, nous chancelions et pleurions à gros sanglots comme des bébés frappés de panique. Nous n'arrivions pas à décider si, en ce terrible instant, nous ne pouvions pas désobéir jusqu'à commettre le sacrilège de faire venir à Prasanthi Nilayam un docteur d'Anantapur ou de Bangalore. Qu'est-ce qui était juste? Qu'est-ce qui était pardonnable? Que fallait-il faire en cas d'urgence? Un docteur pouvait-il être utile? Quelle énorme responsabilité... pour nos vieilles épaules! Nous nous réunîmes sous les manguiers et, les joues ruisselantes de larmes, nous pesâmes les "pour" et les "contre".

Juste à ce moment-là des nouvelles rassurantes arrivèrent. BABA avait repris conscience; les hoquets avaient perdu de leur intensité. Deux heures plus tard, nous recevions un choc épouvantable. Les difficultés respiratoires avaient repris; BABA cherchait à s'agripper et roulait d'un côté sur l'autre. Ses pieds et Ses mains devinrent froids. Nous le priâmes au milieu de nos sanglots; nous ne reçûmes aucun

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signe d'encouragement. Les docteurs étaient assis par terre, le dos contre le mur, leurs têtes lourdes entre les mains. Pendant quatre bonnes heures, BABA nous maintint ainsi sur le grill, dans une mortelle angoisse. Puis II ouvrit les yeux,… regarda autour de Lui et sourit.

Une heure plus tard, Il nous fit signe de nous approcher et nous raconta dans Son jargon pathétiquement inefficace, en s'accompagnant de gestes de Sa main droite paralysée, les événements de ces quatre dernières heures. Nous comprîmes qu'Il disait: "L'esprit est un lotus aux mille pétales, chaque pétale l'oriente à l'extérieur vers quelque facette du monde objectif. Dans le coeur du lotus, se trouve la flamme du principe du Moi.

La flamme est toujours instable, sautant tantôt vers un pétale, tantôt vers un autre; mais si grâce à l'exercice de la Volonté, vous la gardez stable et droite, le Moi sera indifférent aux événements qui arrivent au corps".

Quelqu'un cita un verset des Vedas et dit: "Neela thoyada madhyasthaad, vidyullekheva, bhaswara, thasyamadhye vahni sikhaa" (Dans le centre du nuage bleu, brillant comme un éclair, avec une langue de feu en son centre) BABA approuva d'un hochement de tête. "Pendant ces quatre heures, J'ai maintenu la flamme droite. J'étais ailleurs, à part. J'observais le corps d'en haut, mon Moi étant indifférent, inamovible".(Dejà à Shirdi en 1886, Sai Baba se guérit Lui-Même d'une maladie grave pour le monde en décidant de prendre Son souffle vital en haut).

Vers 7 heures du soir, BABA fit un geste: "Vous devriez tous dormir ici cette nuit". Cela présageait une nouvelle crise. "Y aura-t-il une autre attaque cardiaque cette nuit?" osa demander quelqu'un. Baba répondit "Oui". Cette nuit-là fut la plus longue, la plus sombre et la plus éprouvante de toute notre existence, pour nous les 15 mortels qui étions présents.

L'attaque cardiaque se produisit; nous écoutions impuissants, les gémissements. Nous suppliions BABA de calmer la douleur et de nous donner l'assurance de la victoire que nous espérions.

Enfin, le jeudi, sixième jour et Jour du Soulagement, comme II nous l'avait annoncé, la douleur 'perdit de son intensité' et les attaques cardiaques 'cessèrent'. Le soleil se leva au-dessus des collines, au-delà de la Chithravathi. BABA annonça que la douleur de même que la sensation de brûlure dans la poitrine avaient disparu. Le tout premier ordre qu'Il donna après cette déclaration fut: "Organisez-vous dès maintenant pour que tous les fidèles aient le Darshan; ils sont anéantis de désespoir" Nous plaidâmes pour que le Darshan ait lieu deux jours plus tard, c'est-à-dire le samedi, jour de Guru Purnima, lorsque des milliers de fidèles se rassemblent au Nilayam, venant de tous les états de l'Inde pour rendre hommage à leur Guru, leur Maître et Professeur. Nous espérions qu'Il pourrait récupérer davantage pour supporter la tension que le Darshan implique.

BABA me demanda d'annoncer dans le temple que le Darshan serait donné à tous le jour de GURU PURNIMA. Je fus contraint d'obéir et je fis l'annonce à 9 heures, le jeudi matin après les Bhajans. BABA me réprimanda car je ne fis qu'un trop bref exposé de Sa maladie, sans aucun détail. Il insista pour que je donne à l'assemblée de dévots une description exacte de Sa condition physique, pour qu'ils soient à l'abri d'un choc trop brutal à Sa vue. J'expliquai donc l'état de Sa jambe, de Sa main, de Son oeil, de Sa langue et de Son visage, en Telugu, mais je m'effondrai lorsque je lus l'agonie endurée sur les visages de ceux qui apprenaient pour la première fois la terrible vérité. Je dus répéter l'annonce en Anglais, en Kannada, en Tamoul et en malayalam, mais je ne pus parler qu'à travers des sanglots.

Cette nuit BABA nous communiqua une autre bonne nouvelle: "l'embolie cérébrale

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est résorbée. Nous le suppliâmes de "vouloir" être Son moi normal. II était notre refuge dans la détresse; aussi quand notre détresse était due à Son propre jeu, c'était la seule prière qui nous venait à l'esprit.

Tout le vendredi et même le samedi matin, nous essayâmes de persuader BABA d'abandonner Son projet de donner le Darshan dans le temple, au rez-de-chaussée. Quelqu'un le supplia de nous permettre d'annoncer à l'assemblée qu'Il allait s'auto-guérir et retrouver toute Sa vigueur et Sa forme avant Dasara, prévu dans cent jours; un autre se risqua à l'implorer de se guérir complètement par le biais de l'anniversaire de Krishna, qui avait lieu 40 jours plus tard. BABA parut irrité par ces propositions; II hocha seulement la tête.

Le temple était bondé, comme jamais auparavant. Venus des nombreux villages voisins de PUTTAPARTHI pour savoir comment BABA, pour la première fois, avait été terrassé, les gens affluèrent en grand nombre.

Les vastes espaces autour du Nilayam étaient pleins. BABA descendit avec précaution les marches en forme de cercle (18 en tout) qui menaient au rez-de-chaussée. Le docteur en chef M. Bhanu de l'hôpital public, Palladam, écrit: "Je vis BABA s'avancer avec l'aide de trois fidèles; l'un d'entre eux Lui soulevait la jambe gauche pour L'aider à franchir le seuil de la porte. Un fichu entourait Sa tête et Son visage pour maintenir Sa chevelure qui était en broussaille et cacher la contraction des muscles faciaux aux yeux des fidèles.

Sa démarche était celle d'une personne atteinte d'hémiplégie, la jambe gauche paralysée se traînant en faisant des demi-cercles, les orteils raclant le sol. En voyant BABA dans cet état-là, même les plus endurcis se mirent à sangloter. "Les lamentations furent si soudaines et si fortes que nous fûmes violemment blâmés par tous ceux qui conclurent que c'était la fin; ils maudirent notre bravade de mettre en danger la Vie la plus précieuse sur terre". Pourquoi L'avez-vous fait descendre"? crièrent-ils avec colère.

BABA fut installé sur le fauteuil d'argent, avec des coussins pour Le soutenir. Dès qu'il fut assis, on plaça un coussin sur Sa poitrine et Sa main gauche inerte fut soulevée par Raja Reddy et posée sur le coussin. A la vue de ce spectacle, un soupir jaillit de chaque poitrine. BABA me fit signe et je m'agenouillai près de Lui pour saisir ce qu'Il essayait de Me dire. Après Lui avoir répété ce que j'avais deviné de Son Message et L'avoir assuré que je l'avais correctement compris, je déclarai à cette assemblée de 5000 personnes environ, en proie au plus vif chagrin, ce que BABA m'avait dit: "Ne vous affligez pas! Ce n'est pas MA maladie. C'est une maladie que J'ai prise sur Moi. Je ne peux pas tomber malade; non, jamais. Ne vous laissez pas abattre. Si vous perdez courage, J'en aurai de la peine". Ensuite II me fit signe de leur parler un moment puis qu'Il parlerait après moi. Beaucoup sentirent qu'Il avait déjà fait trop d'efforts. Ils craignirent les conséquences d'un nouvel événement s'Il parlait malgré Ses moyens diminués.

Je lançai un appel à tous de prier pour que BABA (soutenu par des coussins sur Son fauteuil), notre seul et unique refuge, Se guérisse au moins au cours de la prochaine Nouvelle Lune... car "la Pleine Lune d'aujourd'hui est bloquée pour nous par cette peine insoutenable. Que la prochaine Nouvelle Lune devienne Pleine pour BABA et pour le monde".

BABA fit signe d'approcher le micro de Ses lèvres. Il chuchota dans le micro, par syllabes à demi-étouffées, allant du crescendo au diminuendo, "Vinipisthunnadaa?"

Mais même nous qui avions appris à déchiffrer Son cafouillage de paralytique, ne pouvions comprendre ce qu'Il essayait de dire. Il le répéta deux fois. Puis quelqu'un en saisit le sens et le répéta dans le micro. BABA leur demandait: "M'entendez-vous?" Cela souleva une autre plainte: on L'entendait mais hélas! cela leur déchirait

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le coeur. C'était par trop indistinct. De toute évidence BABA était trop fatigué par cette tentative pour parler, car d'un geste, Il demanda de l'eau à boire. Elle fut apportée par Krishnappa dans une timbale d'argent et portée à Ses lèvres par Raja Reddy. Sa main droite paralysée s'avança vers la timbale. Il essaya de la saisir... Ses doigts glissèrent dedans.... Ils trempèrent dans l'eau,... Il but à petits coups quelques gouttes,... IL répandit avec Ses doigts de la main droite un peu d'eau sur la main gauche inerte posée sur le coussin, au-dessus de Sa poitrine. Il répandit aussi de l'eau sur sa jambe gauche, en secouant faiblement les doigts.IL effleura Sa main gauche avec la droite.

Et, AVEC LES DEUX MAINS, II toucha Sa jambe gauche. Il se leva; le coussin tomba et nous pûmes entendre Sa voix Divine nous appeler comme II en avait toujours 1'habitude, "Premaswaroopulaaraa!" II venait de commencer Son discours de GURU PURNIMA! !0,Oh! notre BABA vigoureux, bien portant, saint, en parfaite forme, céleste,..

Les gens n'en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles. Mais quand ils eurent réalisé que BABA était debout devant eux en train de parler, ils sautèrent de joie, ils dansèrent, ils

crièrent "Gloire" (Jai), ils pleurèrent; certains étaient si submergés de gratitude extatique qu'ils riaient hystériquement et couraient comme des fous parmi les foules qui se précipitaient.

Oh! C'était le miracle des miracles. Il nous projeta en un instant, du désespoir le plus profond au septième ciel. Le major Bhanu écrit: "Le Docteur des docteurs S'est guéri en un clin d'oeil, me laissant muet de saisissement".

"Premaswaroopulaaraa", (Incarnations de 1'Amour) "Dikku lenivaanikki Devude Gathi", la voix d'argent de BABA requit toute notre attention. (Pour celui qui n'a aucun refuge, Dieu est le refuge). C'est pour cette raison que J'ai pris cette maladie dont souffrait un dévot abandonné. Il n'aurait pas survécu il n’aurait pu traverser les quatre attaques cardiaques que J'ai assumées. Mon Dharma est Bhaktharakshana. Je devais le sauver. Bien sûr, ce n'est pas la première fois que J'endosse la maladie de ceux que Je veux sauver. Déjà dans le corps précédent, à Shirdi, J'avais cette responsabilité. C'est Mon jeu, Ma nature. C'est une partie de la tâche pour laquelle Je suis venu, Sishtarakshana. "N'a-t-Il pas déclaré à Shirdi, en tant que SAI BABA, "La mer peut retourner à la rivière; mais Je n'en négligerai pas pour autant Mes dévots".

II parla plus d'une heure avec la même éloquence, la même compassion, le même humour et le même amour dont II fait toujours preuve. Puis élevant un peu la voix, II dit: "Je vous ai caché toutes ces années un secret à Mon sujet; le moment est venu de vous le révéler en ce jour sacré. Je suis Siva-Sakthi" déclara-t-Il, "né dans la lignée de Bharadwaja, suite à une faveur obtenue par ce sage de SIVA et SAKTHI. SIVA Lui-même est né dans la lignée de ce sage, en tant que SAI BABA DE SHIRDI; SIVA et SAKTHI sont incarnés en tant que Moi-même dans cette lignée, actuellement. SAKTHI seule, s'incarnera dans le troisième Sai, dans la même lignée, dans l'état de Mysore".

Cette maladie devait être subie par SAKTHI (parèdre de Siva) car elle s'attira la colère de Son Seigneur en négligeant d'accorder Son attention à Bharadwaja pendant huit jours pleins au Kailash, leur Résidence. Comme conséquence de cette négligence, Bharadwaja fut victime d'une attaque; SIVA l'aspergea d'eau reconstituante et le guérit. Aujourd'hui vous avez vu la maladie de SAKTHI (moitié gauche du corps) guérie par SIVA (la moitié droite) avec les mêmes moyens. Ces choses-là sont hors de la portée humaine; c'est pourquoi Je vous l'ai caché si longtemps, mais maintenant, qu'à la connaissance de beaucoup d'entre vous, SAKTHI a souffert et a été sauvée par SIVA, il est temps que vous sachiez cela. Le

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fidèle qui fut sauvé parce que J'ai pris sur Moi sa maladie n'est que la cause 'immédiate', la cause profonde en est le bienfait et le châtiment, déclara BABA.

Après cette révélation, Baba chanta quelques chants qu'IL voulut que l'assistance reprenne en choeur. Quand II attaqua en rythme accéléré les lignes "Hara hari siva siva subrahmanyam, Siva Siva hara hara subrahmanyam, Siva saravanabhava Subrahmanyam, Guru saravanabhava Subrahmanyam" Le docteur Bhanu se précipita... mais laissons-le expliquer lui-même pourquoi il

agit de la sorte. "J'oubliai que j'étais volontaire en poste dehors pour contrôler les débordements de la foule. Je me précipitai à l'intérieur pour tomber aux pieds de BABA et Le prier de ne pas continuer ce chant; j'avais peur que, si Sa langue accomplissait des acrobaties tout de suite après avoir retrouvé son état normal, elle flanche et souffre d'une rechute.

Mais sur le seuil de la porte, je me ressaisis. Je me souvins du miracle que j'avais vu de mes propres yeux. Je me souvins de Sa voix douce qu'IL venait de retrouver en un clin d'oeil et je ne soufflai mot. Qui étais-je pour contrôler Dieu? Je me contrôlai moi-même et restai dehors".

BABA monta les marches jusqu'au premier étage avec Son agilité habituelle. Du haut de la véranda, Il annonça à l'assemblée qu'Il accorderait à tous l'occasion de toucher Ses pieds lors du Namaskaram, le jour suivant, à 6h30 du matin. Il prit un repas normal ce soir-là. Personne ne dormit. Le miracle dont les gens avaient été les témoins les garda éveillés, en extase. 0! en un quart de seconde, BABA S'était redonné au monde. La joie maintint tous les yeux ouverts. Le soir suivant, Il prononça aussi un discours.

II plaignit ceux qui se délectent de mauvaises nouvelles et sont avides de les répandre. Il déclara: "A partir de ce jour, rien ni personne ne pourra arrêter ou faire obstacle ou retarder le travail pour lequel cet Avatar est venu. Lors d'une précédente incarnation, une seule montagne, la Govardhana, a été soulevée; cet Avatar soulèvera de nombreuses chaînes de montagnes. Ce Gange coulera majestueusement, nourrissant les racines de toutes les croyances et de toutes les races".

Quelques semaines plus tard, rappelant ce merveilleux miracle, BABA dit: "Le sauvetage d'un vrai fidèle est Mon Dharma, Ma véritable nature. Quelqu'un Me demanda s'il était juste de Ma part de plonger des milliers de gens dans la peine, pour en sauver un seul. De tels calculs numériques ne peuvent s'appliquer à des actes de Grâce. J'accomplis Mon Dharma, indifférent au fait qu'il puisse affecter l'un ou l'autre. RAMA obéit aux désirs de Son père; II ne revint pas en arrière, bien que tout Ayodhya soit baigné de larmes. Son père qui avait accédé au mauvais désir de Sa mère de L'exiler, et Son frère-même qui allait bénéficier de Son exil, Le pressèrent de rester. Mais en vain. La maladie que J'ai prise avait un Dharma à accomplir, selon sa nature. Je lui ai permis d'agir ainsi. Ce n'est qu'après que vous avez pu remarquer la splendeur de la victoire et vous en imprégner. KRISHNA aurait pu stopper d'un geste les pluies qu'Indra menaça de déverser sur la région de Brindavan, mais, II permit au Dieu de la Pluie d'accomplir Son Dharma. Et II Se servit de l'occasion pour permettre aux Gopis et Gopas d'avoir un aperçu de Sa Splendeur. Il souleva sur Son petit doigt la montagne Govardhana pour les sauver du déluge dévastateur. Lui, observa Son Dharma, le dharma de Bhaktharakshana (secourir les dévots). Maintenant aussi, comme en ce temps-là, Mon but est de révéler la Divinité".

"Vous allez en tirer encore un autre bénéfice, bien que vous puissiez ne pas en être conscients. Grâce à cette 'maladie' pendant ces huit jours, Je connais la profondeur de votre dévotion envers Moi. Vous n'auriez pu atteindre un tel degré de concentration dans votre méditation sur Moi, même après des années d'ascèse". II savait que tous ceux qui avaient eu connaissance de Sa maladie avaient passé ces

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terribles journées en prières et pénitence. "Ils prièrent pour que Je puisse Me relever de ce lit de malade avec une majesté plus resplendissante encore, pour qu'ils soient pardonnés des erreurs qui auraient pu affecter Ma gloire, et pour que leur souffrance soit acceptée en échange de ce dont Je souffrais".

Le Darshan de BABA est une occasion créatrice de transmuer le vil métal dont nous sommes faits en or pur. Ecouter Ses paroles, c'est être chargé par le courant de la régénération spirituelle. Lire Ses écrits, c'est alimenter Son esprit de nourriture saine et le purger des impuretés de l'égoïsme. Ce Gange céleste vitalise, fertilise et purifie tous ceux qui plongent en Lui.

 

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CHAPITRE 6

L'OMNIPRESENCE

Il a initié des personnes à la sadhana spirituelle au travers d’ Upadesh (instruction spirituelle,enseignements, discours) accordées dans les rêves ; Il a enseigné a des personnes à chanter de nouveaux Bhajans et leur a demandé de les chanter quand ces personnes étaient à Prasanthi Nilayam ; Il transporte l'information et les conseils dans les rêves; Il opère furoncles et bubons, sur l'oeil, l'oreille ou la langue. Le patient rêve qu'Il l’opére avec un couteau et le rêve est vrai. Ceux qui sont allés au lit avec la douleur se sont réveillés heureux et débarrassés de la grande maladie !

En ce dimanche 13 décembre 1964, BABA se trouvait à Venkatagiri. IL y était arrivé quelques jours plus tôt, avec un programme très chargé de discours dans les districts de Chittoor et de Nellore, en Andhra Pradesh. Mais BABA n'est pas lié par les limitations d'espace et de temps. Ce jour-là, vers 8 heures du matin, "BABA apparut de manière tout à fait étonnante devant ma maison", raconte U. Ram Mohan Rao, le directeur de l'école technique des petits à Manjeri (35 km au sud de Calicut sur la côte ouest du Kerala. A vol d'oiseau, la distance entre Manjeri et Venkatagiri est au moins 970 km! Mais la distance n'est qu'un jeu, que BABA joue pour nous tenir, nous, pauvres mortels, à bonne distance!

Ecoutons Ram Mohan Rao raconter cette visite. "Ma femme et moi étions à la maison avec notre fille. La servante vint nous avertir qu'un Saint homme était là. Nous sortîmes pour voir qui était-ce et nous eûmes la surprise de voir SRI SATHYA SAI BABA en personne! ll nous accueillit par les mots "Hari Om, Santhi, Santhi, Santhi"; nous nous prosternâmes à Ses pieds. Nous Le conduisîmes dans le bureau mais, en passant, Il vit notre salle de puja où Sa photo était accrochée, avec d'autres images saintes. Il manifesta le désir de S'asseoir dans cette salle de puja. Il nous raconta qu'Il était venu nous voir aujourd'hui, car II était très content de la dévotion de Sailaja, notre fille. Il me demanda de faire dire aux dévots qui se trouvaient disponibles de venir pour Bhajan et Pravachan!" Ramesh Rao, son cousin, rapporte: "Ram Mohan Rao le fit savoir à ses voisins et immédiatement ils se réunirent chez lui. BABA chanta "Nandamukunda Sayinatha", "0 Bhagavan", "Jayaram Jayaram", avec les fidèles présents. Après Bhajan, Il me parla en Tamoul, à ma femme Il parla en Canarèse et aux autres en un dialecte mi-Tamoul, mi-Malayalam. Il nous bénit par l'offrande d'un Sankhamala et le plaça Lui-même sur Sa propre photo. Il me raconta que mon père avait décidé d'accomplir un rite pour s'attirer la faveur du Dieu-Serpent (Sarpasamskaram) à Bangalore, le jeudi 25 février, (Mon jour souligna-t-Il); mais II ajouta qu'il n'avait pas besoin de le faire, car II avait déjà effacé la calamité qu'il voulait détourner et le sacrilège qu'il voulait expier.

"Il prit un léger rafraîchissement. Ensuite, Il expliqua aux personnes qui se trouvaient autour de Lui, que tout le monde L'attendait anxieusement à Kalahasti. Aussi prit-Il congé de nous, en nous priant de ne pas Le suivre, et II sortit par la

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porte. Il disparut en quelques secondes. Nous nous sentîmes tous heureux de ce Darshan inattendu et fûmes tous frappés par cette 'disparition miraculeuse' survenue en un clin d'œil".

Ce ne fut pas tout. Il y a quelques autres paragraphes dans la lettre que je cite: "Jeudi 24 décembre était un jour férié; nous nous sentions seuls depuis que notre Sailaja était partie à Mangalore.

Aussi, nous sortîmes dans l'après-midi pour rendre visite à quelques amis; puis nous rentrâmes à la maison vers 6h30 du soir. Nous fûmes surpris de voir les lumières allumées dans la maison. Ma femme me demanda si j'avais oublié de les éteindre. J'examinai tout d'abord la serrure de la porte d'entrée et la trouvai intacte; je fis le tour de la maison pour voir si les autres portes étaient verrouillées de 1'intérieur. Elles 1'étaient. Ensuite, nous revînmes à la porte principale, l'ouvrîmes avec la clé et nous entrâmes. Tout était intact; mais toutes les lumières étaient allumées. Nous vîmes BABA installé dans notre salle de prières. Nous nous prosternâmes à Ses pieds. Il nous demanda (en Kannada) si nous avions eu peur! Nous répondîmes que nous avions beaucoup de chance et que nous étions aux anges! BABA nous dit qu'IL était venu parce que nous étions seuls et II ajouta: "Chantons des Bhajans; si Sailaja était ici, elle aurait aimé chanter". Il chanta quelques Bhajans. Plus tard II prit Son repas, nous discutâmes ensemble sur quelques sujets d'ordre général. Puis BABA se retira pour la nuit.

Tôt le matin suivant, BABA prit Son bain; II but du café avec nous puis parla de la dévotion et de la vérité fondamentale de la Nature. Soudain, nous vîmes un rosaire en graines de rudraksha dans Sa main; II le mit autour de mon cou avec Sa bénédiction et avec la directive de le porter pendant les rites de Sandhya. Après ces rites, je devais le mettre sur le portrait de BABA. Nous prîmes le petit déjeuner ensemble. La salle de prières fut spécialement décorée de guirlandes et de fleurs. Les Bhajans commencèrent. Pendant ce temps, des dévots avaient appris que BABA était là; ils étaient donc réunis avec nous pour les Bhajans. BABA fit un discours sur la dévotion dans le dialecte Tamoul-Malayalam. Il accorda

à chacun l'interview désiré. A midi, BABA Lui-même fit "tourner" la lumière sacrée de Mangalarathi et distribua

le Prasad à tous ceux qui se trouvaient là. La demi-livre de dattes que je possédais suffit à satisfaire 100 personnes! Nous prîmes le déjeuner avec BABA. Il se reposa quelques heures puis nous prîmes le thé à 16h30. Puis Il nous dit que quelques dévots L'attendaient avec impatience à Kalahasti. Il nous bénit à nouveau lorsque nous tombâmes à Ses pieds. Vers 17 heures, Il sortit sur la route par la porte et soudain disparut! Quel merveilleux miracle! Nous ne pouvions en croire nos yeux! Et je ne le pourrais si je n'en avais pas eu confirmation de sources différentes! Il est arrivé que BABA donne le Darshan à des personnes en détresse en divers endroits, mais nulle part, autant que nous le sachions, Il n'est resté aussi longtemps et aussi concrètement. Nous fûmes écrasés par ces événements si peu scientifiques! J'écrivis une lettre à deux amis, P.K. Panikkar et P.A. Menon, tous deux du Kerala, contenant une liste de 84 questions auxquelles je leur demandai de répondre à Manjeri. Ils se rendirent au domicile de Ram Mohana Rao et m'envoyèrent un rapport complet, qui me mettait les points sur les "i" et les barres aux "t"!

Ram Mohan Rao et sa femme leur racontèrent que BABA portait une robe jaune le 13 décembre; II entra pieds nus, et se dirigea vers la salle de prières en disant: "Je vais dans Mon lieu de résidence personnel". Mes amis virent l'image sur laquelle le rosaire en graines de Rudraksha avait été placé. Il s'était recouvert d'une épaisse couche de cendre sacrée en l'espace de quelques jours. Assez bizarrement le visage de BABA était net mais de la zone extérieure de l'image, il tombait une pluie continue de Vibhuthi très fine qui fut ramassée et distribuée avec le respect dû à ce don de Grâce divinement créé!

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Rao et sa femme ont été des dévots de SHIRDI SAI BABA pendant de nombreuses années; ils n’étaient pas venus à Prasanthi Nilayam mais ils s'étaient procuré un portrait de SATHYA SAI BABA 7 ans plus tôt et l'avaient placé au milieu des autres images sur leur autel. Lorsque BABA vint s'assoir dans la salle de prières en s'appuyant contre le mur, juste sous son portrait, ils constatèrent que c'était bien Lui tel que la photo Le représentait! C'était la première fois qu'ils Le voyaient; ils avaient emprunté le livre "Sathyam, Shivam, Sundaram" à un ami et l'avaient lu. Ils crurent que BABA était venu inopinément à Calicut ou dans une ville voisine et avait décidé de les bénir par une visite.

Alors que Madame Rao était en train d'énumérer ses ennuis à BABA, encouragée par Son amour débordant, BABA dit: "La tristesse et la peine sont le lot de tous; ne savez-vous pas que deux soeurs de ce corps sont veuves?" Quand Sailaja demanda à BABA un livre de Bhajan, BABA dit: "Palghat Menon a rapporté 400 livres de Bhajan, édités en Malayalam, à Prasanthi Nilayam. Je vais vous en donner un". En disant cela, BABA tendit la main, paume à l'envers, fit deux mouvements circulaires et saisit entre Ses doigts le livre qui apparut! Il le donna à la jeune fille; nous le vîmes! C'était le même livre, avec une couverture de papier bleu! Sailaja avait une grande foi en BABA depuis qu'IL avait guéri l'eczéma qu'elle avait au pied, quelques années auparavant, en réponse à la prière qu'elle avait faite devant Son image.

Lorsqu'on lui demanda d'aller chercher quelques personnes pour Bhajan, Rao n'alla pas loin, car il ne voulait pas se priver trop longtemps de la compagnie de BABA. Il ramena le propriétaire de sa maison, un vieux monsieur du nom de Thalayur Moosad et sa fille âgée de 5 ans; la veuve de Madhavan Nair, fondateur d'un journal Malayalam renommé, "Mathrubhoomi" et sa soeur. BABA demanda à Moosad, "De quoi souffre votre jambe?" Moosad fit un compte-rendu de sa maladie et pria BABA de lui donner un remède. BABA lui répondit: "Le traitement que vous suivez actuellement est suffisant". Il s'agit de la Vibhuthi que BABA fait couler de Son portrait et que Madame Rao envoie régulièrement à Moosad; il s'avère très efficace. La veuve Lui parla de son diabète. "Je récolte des sacs et des sacs de riz sur mes terres; mais je ne peux en manger un seul grain", dit-elle. BABA lui répondit en Malayalam: "Cela vient de votre karma passé". II demanda à Rao d'apporter un verre vide. Lorsque BABA le prit dans Sa main , il se remplit d'un liquide rosé. Il le lui tendit. "Prenez cela trois fois par jour pendant trois jours; ensuite vous pourrez manger autant de riz que vous voudrez".

Un sceptique se trouvait là au milieu des gens. BABA le savait et II demanda facétieusement à Rammohan Rao d'apporter une paire de ciseaux. Puis II pria l'homme en question de Lui couper un seul cheveu de Sa tête! L'homme fit tout son possible mais il n'y parvint pas; à sa demande on lui apporta une paire de ciseaux plus gros. Là aussi il échoua.

Alors il baissa la tête et partit sans un mot., écrit U.N. Ramesh Rao, le cousin de Rao, qui se rendit à Manjeri aussitôt après cet incident.

BABA chanta au total quatre chants, au cours du Bhajan, en demandant à l'assemblée de les reprendre en choeur aussitôt après Lui. Il a chanté "O!Bhagavan", "Pahi Pahi Gajanana", "Siva, Siva, Siva" et" Omkara priya Sai Ram".

"Nous vîmes le Sankhamala, un rosaire fait de petits coquillages", dit le rapport. "C'est le modèle que l'on trouve à Kanyakumari, chaque coquillage n'étant pas plus gros qu'un grain de poivre. Ils sont blancs avec des tâches brunes. II y en a 108 dans le rosaire créé et offert par BABA. Quand nous le vîmes, de la Vibhuti s'était amoncelée sur les grains.

Nous examinâmes aussi le rosaire en graines de Rudraksha. BABA leur annonça que, tant qu'il n'enfilerait pas les graines sur un fil d'or, il devrait laisser le rosaire

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sur l'image. BABA créa aussi un gobelet en bronze de la taille d'une orange, avec un bec et le donna à Sailaja. Il créa encore une pièce de tissu de soie rouge bordée de fil d'or et, le présentant à la jeune fille, Il demanda à Rao d'en faire une jaquette pour elle. II donna à Rao de la Vibhuti supplémentaire et du Kumkum créé instantanément au bénéfice de "Calicut" (c'est-à-dire U.N. Ramesh Rao son cousin, qui vivait à son foyer). BABA partit à llh du matin le 13, en disant, "Je dois exécuter tout un programme à Kalahasti". Ils ne savaient pas à ce moment-là que Kalahasti était à une trentaine de kilomètres de Venkatagiri. Ils étaient trop chagrinés de le voir partir pour demander où cela se trouvait. Il ajouta: "Ce n'est pas utile que quelqu'un M'accompagne". Il ferma la porte derrière Lui et disparut!

La seconde visite eut lieu un jeudi. Madame Rao avait peur de s'approcher de la maison, car toutes les lumières étaient allumées. Rao tourna la clé dans la serrure et entra. Il vit BABA dans la salle de prières, assis par terre, le dos appuyé contre le mur. BABA lui demanda en Tamoul: "Avez-vous eu peur en Me voyant?" Je suis venu Me joindre à vous pour Bhajan", leur assura-t-Il. Rao avait apporté quelques dattes sèches du bazar; il mit l'assiette dans les mains de BABA pour qu'Il les distribue; il comprit que Lui seul pouvait faire en sorte qu'il y en ait assez pour tous ceux qui étaient présents pour le Bhajan. BABA entra dans la cuisine et protesta parce qu'un plat de "kheer" avait été préparé. Il n'appréciait pas "ce plat sucré". "Il y en a assez pour six" dit-Il! Ils avaient cuisiné seulement pour deux mais, après le diner, il y avait trois fois plus de nourriture. Le matin suivant, Monsieur et Madame Rao se le partagèrent comme nourriture sacrée. Avant de se retirer pour la nuit, BABA enleva un de Ses portraits de la salle de prières et la pendit à un clou dans la chambre. "Laissez-la ici", dit-Il. De cette image aussi la Vibhuthi coule maintenant en grande quantité.

Rao jeta un coup d'oeil par une fente de la porte pour voir si BABA dormait bien mais, il Le vit debout, la plupart du temps 'perdu dans Ses pensées, comme plongé dans une profonde rêverie.'Le matin suivant, BABA prit le bain et le petit déjeûner. Lorsque la maîtresse de

maison se mit en devoir de préparer un "repas de fête", II remarqua son enthousiasme mais l'avertit qu'IL partirait sans rien manger du tout; II insista pour qu'on Lui donne seulement le menu quotidien habituel. Il leur parla de SANKARACHARYA qui fut pris dans sa jeunesse par le crocodile de Maya dans la rivière Poorna (Brahma) et fut sauvé par le renoncement (Sanyas). IL parla de SAI BABA et de Dieu sous Sa forme de Subrahmanya ou Murugan.

Tout en parlant de Subrahmanya II créa une fine plaque d'or, sur laquelle II grava avec Son ongle une effigie de Subrahmanya sur un paon, et l'enroulant en cylindre II demanda à Madame Rao de la porter autour du cou, enfermée dans un cylindre d'or qu'IL ferait plus tard.

Il ajouta d'un air rieur: "Excusez-Moi, Je n'ai plus d'or!"

Cette histoire est peut-être la plus théâtrale, la plus détaillée, la plus authentique qui témoigne du miracle de l'omniprésence de BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA. BABA apparait dans les rêves pour consoler, conseiller, apaiser la douleur et

instruire; II a souvent dit que les gens ne Le voient en rêve que lorsqu'IL le veut! Dans un rêve II informa un Commissaire Divisionnaire de la compagnie d'Assurance-vie qu'un certain document qu'il cherchait désespérément (document dont tout le monde s'accordait à dire qu'il avait été détruit par la Poste où on avait mission de ne le conserver que 6 mois) n'avait en fait pas été détruit! Le Commissaire se rendit à la poste principale, raconta son rêve et on trouva bien le document qu'il voulait exactement à la place indiquée par BABA dans le rêve. Il n'avait pas été détruit!

Une autre fois, toujours dans un rêve, Il réveilla une maîtresse d'école de Tumkur et lui dit de prendre le prochain train pour Bangalore afin qu'elle puisse reprendre ses bijoux à une personne qui partait pour Bombay à 8h30 du matin!

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Je Lui ai entendu dire: "Pauvre homme! Quand il est parti, il a prié pour avoir Mon Darshan au moins en rêve! Je dois lui accorder cette faveur. Ou encore "Dites à votre fils que Je lui apparaîtrai dans un rêve jeudi prochain!" Il m'a demandé de poser la question suivante à quelques personnes: "N'avez-vous pas vu BABA en rêve la nuit dernière?", et bien sûr, ils avaient eu l'expérience d'un rêve inoubliable dans lequel BABA leur accordait Darshan et bénédictions. BABA a initié des gens à la discipline spirituelle à travers Upadesha donné en rêve; II a même appris, toujours en rêve, de nouveaux Bahjans à des personnes et leur a ensuite demandé de les chanter, à Prashanthi Nilayam. Il communique aussi des informations, des conseils; II opère des furoncles et des abcès aux yeux, aux oreilles ou à la langue. Le patient rêve que BABA l'opère avec un couteau et le rêve est bien réel. Ceux qui allaient se coucher avec une douleur se réveillaient joyeux, débarrassés de leur horrible maladie! Ecoutez l'histoire vécue par le Docteur V.D. Kulkarni de Chadchan dans le district

de Bijapur. Il écrit le 2.11.61: "Une dame musulmane de 60 ans, Badooma Kasim, qui souffrait d'une double pneumonie fut admise dans ma clinique le mois dernier.

Le quatrième jour, je rentrai chez moi vers 8h du soir, après avoir visité tous mes patients et les avoir trouvés en bonne voie de guérison. Vers minuit cependant, le fils de Badooma vint me trouver en grande hâte et je me précipitai à la clinique pour constater que le coeur lui manquait. Je lui administrai de la Corramine par voie orale et par injection, et j'attendis une heure à son chevet, mais le traitement s'avéra inefficace. Son fils se mit à pleurer de désespoir. Je rentrai chez moi à une heure du matin, pris un bain et entrai dans ma salle de prières pour faire une "puja" devant le portrait de BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA; je récitai les 108 noms de BABA et priai: "Mes efforts ont tous été vains; je ne vois pas d'autre issue que de tout T'abandonner. Maintenant la victoire ou la défaite, la réussite ou l'échec sont Tiens. La responsabilité de préserver sa vie T'incombe". Je regagnai tranquillement la chambre mais je ne pus trouver le sommeil.

Avant même le lever du soleil, je me précipitai à la clinique. Je trouvai Badooma debout. "Qu'est-il arrivé cette nuit? Quelqu'un est-il venu?" lui demandai-je. 'Oui! Sur ce lit, près de mon oreiller, quelqu'un couronné d'une épaisse chevelure est venu s'asseoir. Il a posé Ses mains sous mes oreilles et m'a caressé doucement le visage. Ensuite j'ai pu me lever et me mettre debout" dit-elle. Je lui montrai la petite photo de SRI SATHYA Sai BABA que j'avais sur moi. "Oui! c'est cette personne-là!" dit-elle. Quelle chance a eu cette femme! Elle a obtenu un nouveau bail de vie grâce au toucher de BABA, termine le Docteur Kulkani.

De nombreuses fois BABA est apparu et a appliqué de la Vibhuthi sur le front du patient endormi ou inconscient et on en a vu la trace au réveil. Ou, comme l'écrit Swami Abhedananda, âgé de 75 ans, 1'apparition peut simplement se manifester pour communiquer un message. "Très tôt le matin du 28 décembre, vers 4 heures, alors que j'étais encore au lit en train de ruminer en songeant au triste et inquiétant état de mes affaires, je ressentis un coup soudain sur la tête, fort mais supportable. Je me levai et allumai la lumière. A ma surprise, je vis une forme brillante de Bhagavan Ramana Maharshi qui se changea en BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA. Ils apparurent d'abord séparément un court instant pour se fondre ensuite tous les deux, dans une colonne de lumière éblouissante qui ne dura que quelques secondes. Je compris que je venais d'avoir la vision de mes bienveillants Gurus! Immergé dans ce bienheureux état d'esprit, j'entendis une voix qui, sur le moment, me fut étrangère mais que j'identifiai par la suite comme étant la voix authentique de BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA. Elle me parla en Telugu: "Ne t'agites pas; ne médites pas! Surveille simplement le mental; cela le fera disparaître. Sois vigilant! Et sache que celui qui veille est pure conscience. La conscience absolue et subtile est le Soi, Sat-Chit- Ananda. Tu es Cela. La paix ne connait aucune autre condition. C'est ce que tu recherches ardemment. Sois ferme. La béatitude, c'est Toi; tu le sais par intuition. Le coup que Je t'ai donné était destiné à te révéler ce secret: sois

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vigilant!" A partir de ce moment-là, je commençai à suivre Ses instructions. BHAGAVAN est "une présence vivante". Il dit souvent en Telugu: "Je suis avec vous, Kantane, Ventane, Jantane et Intane (devant vous, derrière vous, à côté de vous, chez vous)". BABA a écrit à Charles Penn: "Sachez que Je suis toujours avec vous, vous poussant à agir et vous guidant. Je sais aussi que vous en êtes conscient. Vivez sans cesse dans la Présence constante". Charles Penn reçoit des leçons de BABA pendant la méditation. Mon maitre SAI BABA m'a dit: "A tout moment Sa Main est levée; levez-la pour Lui". J'ai écrit à BABA pour le remercier de la leçon. En réponse, BABA m'a expliqué le sens de ce qu'IL avait voulu dire. Il a écrit: "Si vous levez la main pour aider, servir, consoler, encourager autrui,

vous la levez pour Dieu. Parce que dans chaque homme il y a Dieu. Utilisez tous vos talents pour servir les autres; c'est le meilleur moyen de vous servir vous-même".

Charles Penn, de Los Angeles, est Capitaine dans la Patrouille aérienne civile, rattachée à l'Air force américaine. C'est une organisation faite de volontaires formés pour le sauvetage des pilotes qui ont fait des atterrissages forcés. Au cours d'une recherche aérienne d'aviateurs perdus, Penn vit BABA assis à côté de lui, et comprit qu'il était dirigé par Lui. "Penn! Vous n'avez pas besoin de guetter! Je vais le faire pour vous!" Voilà ce que Penn entendit, des paroles qui le convainquirent qu'il n'était qu'un instrument entre les mains de BABA. "Je me sentis devenir intrépide dans l'orage accompagné de grêle qui s'était déchaîné sur les sommets montagneux" dit-il. "L'essence gicla et éclaboussa le pare-brise mais Je vis BABA près de moi et je posai mon avion avec sang-froid et concentration; après une rapide réparation, je redécollai".

BABA ne nous a-t-Il pas toujours dit que la distance n'était pas un obstacle pour Lui! Si on est plein d'amour et de foi, Il est toujours là pour prendre soin de nous. "Ici à New-York, à 16000 km de distance," écrit Hilda Charlton "une personne qui n'avait jamais rencontré BABA dans Sa forme physique, a été guérie et ressent en permanence la Présence de BABA auprès d'elle!" BABA n'est pas un étranger; II est en chacun de nous.

Mary Simpson subit sans succès deux opérations pour des caillots de sang qu'elle avait dans les poumons, une congestion et une hypertrophie des bronches. Lorsque la malade rentra chez elle, le docteur dit à sa fille: "Je suis désolé mais votre mère quitte l'hôpital plus mal en point que lorsqu'elle y est entrée". Mais elle avait la chance de connaitre BABA et d'avoir un de Ses portraits ainsi qu'un peu de Vibhuthi. Elle se mit à prier et BABA apparut devant elle, la remplissant d'un vibrant frisson de bien-être. Quelques jours plus tard, le docteur déclara: "Je ne peux pas y croire; cette amélioration est un miracle".

Chaque fois que les désirs de BABA ou les nôtres sont en relation avec Sa volonté, les lois de la nature sont transcendées. L'imprévisible seul peut alors se produire. Un garçonnet de trois ans fut projeté à environ six mètres par une voiture d'Etat-Major à Kharagpur, dans l'ouest du Bengale; il y avait du sang sur tout son corps. Il fut transporté à l'hôpital K.G. Quand il revint à lui, il dit au docteur: "N'ayez pas peur docteur! BABA m'a pris dans Ses bras. Il me tenait par la main!" L'enfant n'avait aucune fracture ni blessure. On le renvoya chez lui au bout de trois jours.

Un officier de l'Aéronautique de l'Hindoustan fut hospitalisé à Bangalore avec une thrombo- phlébite grave, une embolie pulmonaire probablement aggravée d'une tuberculose. Son état devint si critique qu'on débrancha les tuyaux d'oxygène. Ses parents et amis attendaient de l'autre côté de la vitre, debout dans le couloir. C'est alors qu'il vit BABA debout près de son lit; il L'entendit dire: "Ne craignez rien; vous allez guérir et vous serez un nouvel homme" Dès cet instant, son état commença à s'améliorer. Les docteurs de l'hôpital Victoria s'émerveillèrent! Plus tard, BABA le fit venir à Prasanthi Nilayam et lui déclara: "Ainsi donc, vous voilà né une deuxième fois!"

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Le bruissement de la robe de soie de Baba, le contact de Ses doux cheveux flous, le léger bruit de pas de Ses pieds gracieux, Sa voix d'argent, l'éclair de lumière de Ses yeux, le parfum sacré de Sa présence , — tous ces signes ont permis à bon nombre de personnes de comprendre que BABA était venu les guérir et leur redonner courage. BABA ne prononce aucun mot sans une raison précise. Il dit à Mme Some Dutt Khera de Calcutta, alors qu'elle L'implorait de venir chez elle à Madras: "Achcha, Achcha, Achcha" trois fois. Et elle vit distinctement Sa forme chez elle par "trois" fois; elle fut très émue que BABA ait tenu Sa promesse. Lorsque Sri Rhagavan, Inspecteur de la santé à Malavalli, vint trouver BABA pour Lui demander de guérir sa femme atteinte d'ostéomyélite chronique et de plusieurs fractures des os pelviens, Celui-ci lui répondit: "Ne désespérez pas; toutes ces années qu'elle a passé dans le plâtre sont derrière vous; Je la guérirai:'tac, tac, tac', comme ça" et II fit ce bruit avec deux de Ses doigts pour bien se faire comprendre. Quatre mois plus tard, à une heure avancée de la nuit, BABA lui apparut et lui demanda de se lever. Elle tomba à Ses pieds; II lui tapota le dos en lui disant de nombreuses paroles de consolation. Elle entendit quelque chose qui claquait à l'intérieur de son corps 'tac, tac, tac'! Elle réussit à se tenir debout et à marcher; elle était à nouveau elle-même!

J. P. Maroo de Bombay écrit: "Aux environs de 5h30 du matin, le jour de Guru Purnima (jour consacré à l'adoration du maître spirituel), SRI BHAGAVAN apparut à la résidence de Mr Iyengar (à Sion) et donna le Darshan à la mère de ce Monsieur durant environ 3 minutes. Elle en fut remplie de joie. Elle pria BHAGAVAN de rester un peu plus longtemps, le temps pour elle d'aller réveiller ses enfants. Mais BHAGAVAN refusa. Il se promena dans la maison, puis II créa instantanément une petite quantité de riz au safran qu'IL mit dans une assiette de verre devant 1'autel, et II disparut".

Quelquefois, BABA informe de Sa présence par quelque signe. Au petit ashram de Chaganlal à Madras, Il signala Sa présence pendant Bhajan en poussant le repose pieds sous le fauteuil placé là pour Son usage, bien qu'IL fut à ce moment-là à Rajahmundry. Ceux qui étaient présents virent le tabouret glisser, comme si BABA l'avait poussé selon Son habitude chaque fois qu'IL se lève du fauteuil pour donner le Darshan debout, et c'est le signal de la fin des Bhajans! A Sirsi, le tissu posé sur le fauteuil de BABA s'imprima de deux images très nettes représentant le 'OM', au moment même où BABA avait décidé de transmettre un message aux milliers de gens rassemblés en ce lieu (Baba était à Prasanthi Nilayam). A Shimoga, une petite guirlande de grosses fleurs de jasmin que l'on venait de Lui offrir à Mysore, (distant de quelques 300 km) tomba pour être vue de toute l'assemblée à seule fin de signaler Sa présence! A Jamnagar, Il informa de Sa présence par l'apparition soudaine du 'OM' sur Son portrait, devant lequel l'assemblée était assise pour Bhajan.

Sri B.S. Kesava Vittal, de Bangalore écrit: "Quand je fis la remarque à BABA qu'IL n'était pas venu chez moi comme promis, Il répondit avec un sourire: "Je suis venu! N'avez-vous pas vu le signe?" Je fus transporté de joie car II venait de reconnaître comme Siennes les trois empreintes de pas, toutes du pied droit, que j'avais vues chez moi le jour où II devait venir!" Baba dit encore à Mr Dixit: "Je viendrai chez vous en Janvier" Dixit manifesta quelques doutes, se demandant s'il méritait ce remarquable cadeau de Grâce. "Janvier? Janvier de quelle année?" laissa-t-il échapper. "Le mois prochain, au milieu du mois sans faute," fut la réponse. BABA mit Sa main dans celle de Dixit et réitéra Sa promesse. "On était le 17 Janvier. Alors que Mme Dixit était en train de dîner, elle entendit la voix de BABA appelant 'Dixit, Dixit' par deux fois. Elle courut à la porte d'entrée mais ne vit personne. Elle revint et se remit à manger. Puis elle entr'aperçut le visage de BABA qui jetait un coup d'oeil dans la pièce. Elle se leva précipitamment et se rendit dans la pièce à côté. Mais là non plus, il n'y avait personne.

Elle remarqua sept empreintes de pas conduisant de la porte d'entrée à la salle de prières, gauche-droite, gauche-droite, dans cet ordre-là, et l'empreinte des deux

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pieds à côté de l'autel. Le contour des empreintes était délimité par de la Vibhuthi. En quelques jours, la Vibhuthi d'une empreinte se multiplia et s'éleva en un tas de 5cm de haut! Des milliers de fidèles le virent pendant des mois d'affilée et surent que la volonté de BABA était la cause de tout cela. Ainsi Baba accomplit-Il Sa promesse d'être avec nous. Il est le Guide le plus aimant, le Compagnon le plus cher, le Parent le plus intime, la Mère et le Père les plus tendres et le Maître le plus proche.

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CHAPITRE 7

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AVEC LES BLESSES DE LA VIE

Baba reconstruit l'homme en révélant a chacun que Sai est en lui. Si vous vous sentez prisonnier dans les hauts murs d'une prison ou dans les hauts murs de l’ego – le monde des désirs. Il est le libérateur, le maître attentif, qui vous prend comme vous êtes et vous mène audessus de l'immensité joyeuse de la liberté

Quand SATHYA SAI tel le Gange vivifiant, porte toute Son attention sur une prison les morts reprennent vie. Les feuilles réapparaissent sur les plantes desséchées. Les rayons du soleil dissipent la tristesse. Bénis soient-ils, ceux dont les turpitudes sont oubliées et auxquels le Seigneur n'attribue aucun péché. Cette prison de l'Andhra Pradesh était bien sinistre et lugubre, mais la Grâce Divine en était toute proche. Quand les détenus demandèrent à BABA de leur envoyer un Message, Il répondit à leur attente. Notons la gratitude reconnaissante du prisonnier n° l.: "C'est vrai que nous sommes des pêcheurs; mais nos vies se sont remplies d'espoir car, grâce à quelques actes méritoires isolés que nous avons dû accomplir par hasard dans une incarnation précédente, nous nous sommes donnés la possibilité de recevoir votre Grâce! Vraiment, si des gens peuvent être tenus pour chanceux en ce monde, c'est bien nous! Nous sommes très fiers de cela. Ce n'est pas un événement ordinaire que de voir le flot de Votre miséricorde s'écouler vers ces hommes méprisables qui ont nui à la société et qui en subissent maintenant les conséquences. Nous Vous avons prié de nous accorder Votre Darshan et Votre bénédiction. Vous nous avez écrit dans l'immensité de Votre miséricorde, que Vous nous élèveriez avec le Darshan, Sparsan et Sambhashan, à Puttaparthi! Le sage Narada a béni Savithri qui venait de perdre son mari en lui déclarant: "Puissiez-vous garder longtemps la condition de femme vivant avec un mari"; et ainsi, elle fut en mesure d'arracher son mari à l'empire de la mort. Nous aussi avons appris de Kalpagiri dont la sentence de mort a été annulée, que Votre parole est Vérité. Elle ne connaît aucun échec".

La référence à Kalpagiri dans cette lettre, nous rappelle un épisode de la vie de cet homme qui mérite d'être inscrit en lettres d'or. Kalpagiri commit un meurtre ignoble et échappa aux fins limiers de la police du secteur. Il s'enfuit discrètement vers les Himalayas et en arrivant à la frontière de ces éternelles régions de l'âme, il endossa la robe ocre des moines et se mit à errer d'un dharmasala (auberge gratuite pour les pèlerins) à l'autre, essayant de calmer les cris de sa conscience en chantant le nom de Dieu. II passa ainsi 4 années, tentant de se fuir lui-même dans la splendeur et le silence sylvestres étalés devant ses yeux. Il rencontra de nombreux saints et sages, des yogis et des moines, mais la plupart du temps il était assailli par un doute: eux aussi n'étaient-ils pas comme lui, pure ignorance ou méchanceté ou orgueil, recouverts de robes de piété? Il lut de nombreux livres sacrés, discuta du rôle de la Dévotion; de la Connaissance et de 1'Action (Karma) pour libérer l'homme de l'attachement, et il devint très compétent en matière de

dialectique de la non-dualité. Il jugea intérieurement qu'il pouvait en toute sécurité s'aventurer dans de vieilles régions bien connues et il étendit donc son pèlerinage à Simhachalam, Thirupathi, Kanchi et Rameswaram, à l'extrême sud de l'Inde.

De là, il se rendit à Madurai et Srirangam, Chamundi Hills, Melkote et... en arrivant à Bangalore, il entendit parler de Puttaparthi où, lui raconta-t-on, un nouveau SHIRDI s'était incarné moins de vingt ans auparavant. Il prit le train de Guntakal, descendit à Penukonda, et un autocar l'amena à Prasanthi Nilayam.

BABA fit appeler le sanyasi. Il est l'UN Omniscient. On ne peut rien Lui cacher, ni du temps, ni de l'espace, ni de la ruse de l'homme. Il le réprimanda d'avoir fui les

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conséquences de son acte, d'avoir usé d'un stratagème qui ne le mènerait jamais au succès. A Shirdi, dans le corps de SAI BABA, BABA avait dit un jour à Shama, "Les dettes, la haine et le meurtre doivent être expiés; il n'y a aucun échappatoire possible". Aussi, BABA lui dit: "Pourquoi renvoyer à une autre incarnation la souffrance que tu dois subir à cause de cet horrible crime?"

Il ajouta que la robe ocre seyait mal à un débiteur qui n'avait pas payé ses dettes. II monta dans ses appartements et en ramena des vêtements blancs pour qu'il les mette à la place des vêtements ocres qu'il lui ordonna de quitter. Il lui commanda d'aller à la police de son secteur et de se constituer prisonnier. Il lui donna le prix du voyage ainsi que 4 paquets de précieux Prasadam, Sa Vibhuthi. Il lui assura: "Va, avoue et supporte gaiement n'importe quelle condamnation qui en définitive te sera infligée. Tu ne seras pas pendu; Je te le promets. Ton cou portera un Japamala, un rosaire que Je te mettrai Moi-même, quand tu reviendras, une fois la sentence exécutée».

Kalpagiri sortit de la pièce comme un serpent qui a perdu sa queue et qui a mué. Il y avait une clarté dans son oeil, une vigueur dans sa voix, une légèreté dans son allure qui n'y étaient pas le matin. BABA doit être le Seigneur Lui-même, pensa-t-i1. I1 décida d'accéder à Sa demande et d'assurer son salut, plutôt que d'y renoncer et de se retrouver pris dans les filets du châtiment et de la réincarnation.

La nuit suivante, alors qu'il voyageait dans un train bondé, il vit un compagnon qui se tordait de douleur, une main pressée sur son ventre; il jugea impensable de ne pas partager l'un des 4 paquets de Vibhuthi qu'il avait sur lui; il fut heureux de voir que la douleur de l'homme avait cessé et qu'il dormait profondément. Il comprit que son jugement sur BABA était exact. Aussi se confessa-t-il à la police et la sentence de mort prononcée par le juge fut commuée en une peine d'emprisonnement à vie par le Président de 1'Inde. Pendant la semaine où fut examinée le recours en Grâce envoyé au Président de 1'Inde, Kalpagiri dans sa cellule, raconta à ses voisins Chengappa et les autres qu'il avait rencontré l'Incarnation du Seigneur à Puttaparthi et qu'IL lui avait assuré que la grâce lui serait accordée et qu'il obtiendrait de BABA Lui-même un rosaire lorsqu'il aurait fini sa peine et retournerait Le voir, libéré de l'horreur du coup de couteau qu'il avait porté à un semblable. La parole de BABA s'avéra exacte:la requête aboutit.

Naturellement les autres détenus eurent très envie de connaitre le nom et l'adresse de BABA, des exemples de Sa gloire et de Sa splendeur, de Sa sagesse et de Sa miséricorde. Ils Lui écrivirent dans leur style personnel très dépouillé, pour obtenir Sa bénédiction Son portrait et des livres sur Lui.

La lettre du détenu n°l... témoigne de "la joie de vivre ressentie par les occupants de la prison lorsque le paquet arriva, avec un message de consolation et d'encouragement de BABA. D'autres lettres de BABA arrivèrent et cette prison devint un Paradis pour ces nouveaux dévots.

"Nous écoutons la lecture du livre "Sathyam, Sivam, Sundaram", chapitre après chapitre.Nous sommes confondus par la dimension des événements mentionnés". "Les images de ce livre captivent mon cœur". «J'ai accroché un portrait devant mes yeux, et, sans déroger à mes autres attributions, je L'adore tous les jours".«Je suis un grand malade, souffrant de nombreux maux. J'orne Votre portrait dans la salle des Bhajans autant que je le peux. Je ne permettrais pas qu'un autre fasse ce travail à ma place». «Dans mon enfance, je prenais habituellement beaucoup de plaisir aux chants religieux et au culte; maintenant cette tendance est réapparue en moi et je comble tout mon temps libre par Sankirtan et Samaradhana». "Comme vous le demandez, je récite Votre nom. J'écoute l'histoire de Votre vie et je prends part aux Bhajans".

Voici quelques passages extraits des lettres écrites par les détenus. BABA continua

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à envoyer des réponses à ces correspondants particuliers.

Le prisonnier N° 4.. écrit: «Chaque lettre qui nous arrive de Puttaparthi est une bénédiction, c’est comme si BABA lui-même venait converser avec nous ». V.. écrit "Je suis un vieil homme. Mes fils et mon gendre sont aussi dans cette prison. Depuis que nous avons eu la chance de partager le nectar que Vous nous avez envoyé avec tant de bonté, nous n'avons plus le sentiment de purger une peine. Grâce à cette nourriture que Vous nous donnez, nos coeurs sont comblés et libres. Ils ne désirent plus rien. Qu'aurions-nous besoin d'autre? Pour lire pendant notre temps libre, nous avons Votre divine histoire; nous faisons la Puja devant Votre portrait. Mais cependant, Ô Seigneur, notre coeur se languit d'autre chose, du pardon pour les pauvres choses que nous sommes».

R... écrit: "Je désire ardemment que, en accord avec mon esprit, tous mes sens extérieurs et intérieurs soient au service de Dieu. Aussi, Que je sois assis ou en train de marcher, que je voie ou que j'entende, j'essaie de dédier chaque instant de ma vie au Seigneur. Pourquoi mes mains devraient-elles rester oisives? J'écris le nom de RAMANAMA, et j'ai l'intention de l'écrire dix millions de fois. Chaque jour j'honore les saintes représentations de Dieu avec de l'encens, de la lumière et des prières. C'est ma routine quotidienne. Votre Nom sacré a été récemment planté dans cette prison; Il a fait ses premiers bourgeons très tôt; maintenant Il a grandi magnifiquement, Il est chargé de fleurs et de fruits; à l'ombre de cet arbre, je jouis aussi d'un bien-être rafraîchissant. Ma joie est au-delà de toute description. La lettre que Vous nous avez envoyée l'autre jour nous a tous remplis d'émerveillement à propos de notre grande chance. Cela nous a remis en mémoire le Viswavirat Veerabrahmendraswami d'il y a 4 siècles".

Le miroir nettoyé se mit à renvoyer la lumière. Le repentir calma les passions. Dans le coeur de plus d'un prisonnier, le lierre de la dévotion pour le Tout-puissant se mit à bourgeonner, lierre dont il appartint désormais à BABA de fixer les crampons. S.N... parla à ses camarades de BABA qu'il avait vu et entendu à Hydérabad. "A partir de ce jour, j'ai adoré Votre forme qui est installée dans mon coeur" écrit-il.

Il devint vite le centre d'intérêt car fertile en informations et en inspiration. Après la visite de BABA à Repalle, près de Guntur, pour l'installation d'une statue de SHIRDI SAI BABA en marbre, quelqu'un qui avait assisté à la cérémonie se trouva contraint de rester dans cette prison quelques mois, en attendant son jugement. Il décrivit la cérémonie, l'enthousiasme des milliers de fidèles qui s'étaient rassemblés, la création par BABA, sous les yeux de la foule et par un simple mouvement de la main, d'une statuette en or de SHIRDI SAI BABA. II leur raconta une foule d'autres histoires qui font chaud au cœur, sur la splendeur de BABA. Les détenus eurent le sentiment que BABA Lui-même avait arrangé cette incarcération de l'émeutier de Repalle, pour que Son groupe de fidèles puisse en connaître davantage sur Lui.

Un jour à Shirdi, BABA dit à Hemadpant: "Regardez ce manguier en fleurs. Si toutes les fleurs que vous voyez donnent un fruit, quelle splendide récolte il y aura! Mais le feront-elles? Non. La plupart d'entre elles se faneront et tomberont; ou alors, c'est le fruit qui tombe quand il est encore jeune et vert. C'est ce qui arrive à ceux qui viennent en ce lieu ». Sa Grâce seule peut nous sauver de la chute et nous devons donc Le prier de nous donner Sa Grâce et essayer de la gagner par une conduite vertueuse et une ferme discipline spirituelle. Cependant SATHYA SAI BABA joue un rôle plus réconfortant pour nous. Il dit: "Quand le soleil se lève et brille, les boutons de lotus, dans les lacs et les mares, ne fleurissent pas tous; seuls ceux qui sont prêts le font. Les autres doivent attendre leur heure. Mais tous sont destinés à fleurir, tous doivent accomplir leur destin. Il est inutile de désespérer".

Quand nous réfléchissons aux implications de ces paroles, nous pouvons comprendre pourquoi quelques uns des détenus sont lentement retombés dans l'indifférence, et se sont contentés d'une correspondance irrégulière avec BABA.

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Mais parmi ceux qui s'attachèrent aux Pieds Divins depuis le jour où Kalpagiri fit connaître la Divinité dans cette prison, Chengappa mérite une mention particulière, car son histoire nous fait penser à un torrent de montagne qui atteint les plaines et la mer, après avoir dévalé les pentes les plus raides. Ses lettres révèlent un désir intense de réalisation spirituelle. "Une légère divergence d'opinion a surgi entre ma femme et moi et, pour cette raison, j'ai décidé qu'elle ne devait plus vivre sur cette terre. J'ai aussi décidé d'en finir avec ma vie en même temps qu'elle. Je mis un peu de poison sous ma langue, je la poignardai pendant son sommeil et avalai la dose fatale. Ma femme mourut; mais la mort ne voulut pas de moi. Je ne fis que sentir du feu sur ma langue; rien d'autre ne se produisit. J'éprouvai le besoin de mourir de suite. Aussi, je m'ouvris le ventre avec le couteau encore dégoulinant de son sang et je tombai sur le sol. Je repris conscience à l'hôpital, où la police m'avait transporté. Mon horrible blessure fut recousue et on me remit sur pied. Plus tard, pendant mon incarcération à la prison de Rajahmundry, on dut à nouveau m'ouvrir le ventre et quelques années plus tard on dut recommencer pour réparer les dégâts occasionnés lors des opérations précédentes. L'étonnant est que je survécus à toutes ces calamités. Je supposai que Dieu m'avait gardé en vie car, peut-être, avait-Il prévu un bon avenir pour moi, où je pourrais travailler pour Lui et pour ceux qu'Il choisit. En conséquence, j'offris mon corps, mon coeur et mon âme à Dieu. Depuis, je me sent suprêmement heureux car je vis constamment en sachant que j'ai la Grâce de Dieu. Les saints sont mes proches parents, les sages sont mes plus chers compagnons. J'ai perdu tout intérêt pour mes parents d'autrefois. Je Vous ai trouvé, Vous, BABA, le Seigneur venu sur terre.

Que demander de plus? J'ai posé Votre image—celle que Vous m'avez envoyée—devant le siège que j'utilise pour la méditation. Quand j'ouvre les yeux, je Vous vois; quand je ferme les yeux, je récite Votre Nom. C'est ma Nithyapuja (offrande perpétuelle); je pratique la discipline spirituelle d'être avec Vous, en Vous à tout jamais. Dieu pour moi, moi pour Dieu... c'est ma soif. Cela me procure une joie sans limite".

Il se trouve très heureux que les médecins lui aient prescrit des crudités et des légumineuses trempées dans de l'eau car c'est une alimentation Sathvique qui aide le Sadhaka à faire des méditations dépourvues de pensées Rajasiques.

Quand BABA lui envoya une lettre pour l'encourager dans sa détermination, Chengappa écrit: "J'ai posé la lettre sur mes yeux; je l'ai pressée sur mon coeur. J'étais aussi heureux que SITA devait l'être quand Anjaneya mit entre ses mains la chevalière de RAMA. C'était Jeudi, le jour du Silence, et je ne pus communiquer ma joie à mes camarades. J'avais lu dans le Sanathana Sarathi que Vous aviez recommandé de faire silence le jeudi. J'ai lu moi-même Vos précieuses paroles. Ah! quelle chance j'ai!"

Dans la prison, d'autres furent également soumis à cette Divine Alchimie, comme leurs lettres le montrent. Un détenu âgé de 70 ans écrit: "Comme RAMDAS, je me suis lancé dans Ramadhyan (méditâtion continue sur le Nom de RAMA) depuis que je suis entré dans cette prison. Une seule fois en 10 ans je me suis permis d'aller voir ma famille, ma mère, mes frères et autres parents. Ma mère m'a porté, m'a mis au monde et a fait de grands sacrifices pour faire de moi un homme; mais en retour, je ne lui ai donné que du chagrin. Je me suis rendu incapable de la servir dans sa vieillesse. Mon coeur est rempli d'un désir ardent qui me dit de venir à Vous et d'être Votre serviteur jusqu'à ma mort". Le n° 8..7 écrit: "Pour avoir commis un crime, nous sommes trois frères à purger notre peine dans cette prison. Nous faisons de notre mieux pour fixer nos esprits vagabonds sur Vos Pieds de Lotus. Quand donc les infortunés compagnons que nous sommes auront-ils la grande chance d'avoir le Darshan du Seigneur de Parthi?"

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Le prisonnier n° 8..8 écrit: "Depuis que nous avons entendu Votre Nom Divin et lu Votre Divine Histoire, nous gardons constamment Votre nom à l'esprit. Ce 'bonbon' sucré est devenu notre compagnon. La lettre que Vous avez envoyée ici aux détenus a été reçue avec vénération. Bon nombre d'entre nous l'ont apprise par coeur et peuvent en reproduire le contenu. Elle a circulé de main en main et le message qu'elle contient a été assimilé avec empressement par tous les groupes qui l'ont lue et savourée.

Dans la précipitation impatiente pour certains de la lire avant les autres, le papier a été froissé et déchiré par endroits. Mais nous avons recollé les morceaux et nous avons tenu la lettre à la disposition de tous ceux qui voulaient la lire, dans la salle de Puja". Les prisonniers écrivent à BABA pour avoir des livres, des recueils de Bhajans, des blocs-notes pour écrire le nom de RAMA continuellement, des centaines de milliers de fois; quelques fois ils parlent de leur mère ou de leurs enfants qui, craignent-ils, sont peut-être dans la détresse.

Dans de tels cas, BABA envoie de l'argent par la poste aux adresses mentionnées et quand II s'est assuré que les adresses sont bonnes et les personnes bien vivantes et libres, Il leur expédie des vêtements et autres articles par la poste, avec des lettres de consolation et d'encouragement.

Je terminerai ce récit sur l'alchimie par une dernière lettre; son auteur eut le bonheur de se trouver en compagnie de ces Sadhakas inspirés par Sai et il écrit: "Je suis né au Népal. Vous savez sans doute que le Népal est un pays où l'on craint Dieu, puisque Vous êtes allé dans les Himalayas. Je purge en ce moment une peine d'emprisonnement en résultat d’actions passées erronées. Mais je ne considère pas cela comme un mal; je suis convaincu que c'est pour mon bien. Vous avez écrit dans une de Vos lettres adressée à un de mes camarades, "même Kamalanabha est sujet à Kashta" (Même le Seigneur de la Création au nombril de Lotus a enduré des souffrances). Alors de quoi me plaindrai-je? Depuis quelques mois, on entend dans cette prison la récitation de Votre nom divin et la lecture de Votre histoire. Porté par ce courant de dévotion, mon esprit aussi se fond en Vous. La lettre que Vous avez envoyée il y a quelques jours a eu sur moi un impact plus profond que sur mes compagnons; c'était comme si elle avait été écrite pour moi au sujet de mes problèmes. Qui peut dire quand exactement Votre Grâce se déverse sur l'un de nous? Vous avez établi Votre demeure dans mon coeur: je Vous appelle mon Hridaya Sai".

BABA a été accueilli comme Tuteur et Refuge par quelques détenus des prisons d'Hazaribagh et de Gaya simplement en raison de l'influence de quelques citoyens parlant le Télugu qui avaient à purger une peine en ce lieu-ci. Ceux d'entre nous qui chassent un criminel de leur esprit dès que les portes de la prison se sont refermées sur lui seraient surpris de voir BABA là, derrière les barreaux, apaisant le coeur qui saigne, l'esprit contrit de la conscience éveillée, la victime innocente, l'enfant conscient de son erreur et déterminé à ne plus recommencer.

La plupart des crimes sont perpétrés sous l'emprise de la passion, d'un aveuglement passager dû à la haine, d'une crise momentanée de folie due à la colère, d'un défi égoïste dû à l'avidité, de la méchanceté que l'ignorance engendre. La loi aussi est très souvent un âne, comme ils disent: elle a été formulée ne prenant pas en considération la puissance du fer qui pénètre dans l'âme quand l'injustice frappe quelqu'un au visage, de la déformation que les émotions tissent quand on vit dans la saleté et la maladie, la boisson et le jeu, et l'atmosphère nuisible des foyers brisés par le divorce et la confusion. BABA nous demande de corriger l'influence destructrice du cinéma sur l'esprit et II a souvent parlé de la responsabilité des hommes de lettres et des artistes, tels que les musiciens et les

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auteurs dramatiques qui devraient produire des distractions saines pour la génération montante. Aujourd'hui le respect envers l'intelligence plutôt qu'envers la vertu, l'absence d'enseignement des Ecritures et des Sastras aux enfants dans les écoles, le mauvais exemple donné par les aînés qui se livrent sans aucune honte à des activités anti-sociales comme la fraude dans les affaires, le frelatage des denrées alimentaires, la vendetta en politique, tout cela favorise le crime, comme BABA l'a déclaré.

Comme la mère qui donne un supplément d'amour à son enfant rebelle, BABA montre de la bienveillance pour les criminels repentis et le soleil dont II les inonde est le signe de Son amour universel.

Il a toujours insisté pour que le criminel confesse son crime et en supporte les conséquences, tout en prenant la résolution de ne pas recommencer. En réalité, Il déconseille de demander pardon. Ayez confiance, affrontez la sentence, supportez-la et apprenez la force d'âme. Le repentir est un prix suffisant pour le péché; aussi utilisez la période d'incarcération pour le repentir et la purification intérieure. Voilà Son conseil.

Je me souviens d'une personne qui venait de l'Uttar Pradesh, pour échapper à des poursuites judiciaires concernant un détournement présumé de fonds appartenant à la Société Coopérative où il était employé. BABA lui conseilla de retourner chez lui et d'admettre sa culpabilité; mais II lui promit qu'Il atténuerait sa punition s'il se repentait sincèrement. L'homme n'arrivait pas à rassembler assez de courage pour retourner là-bas; mais BABA lui soutint qu'il le pouvait et il partit, avec les bénédictions de BABA, en mission de perfectionnement.

Transformer le métal ordinaire en or, voilà le travail de reconstruction que BABA affectionne le plus. Où qu'Il soit, quoiqu'Il dise, Son but est essentiellement cela. Par exemple, voyons-Le à Brindavan, à Whitefield, où II passe quelques semaines chaque année.

Hilda Charlton des Etats-Unis écrit ceci à propos de son expérience de cette alchimie: "Une sérénité emplit l'air, une paix (Santhi) indescriptible, qui n'est pas atténuée mais seulement rendue plus palpable par la voix de BABA, soit qu'IL chante, soit qu'IL parle de l'antique sagesse avec ceux qui ont la Grâce de Le recevoir. Quand je me levai à 4 heures du matin et que je descendais le long jardin jusqu'à l'arbre qui s'étalait au bout de l'allée, je profitai d'un silence reposant qui apportait un flux de joie dans son sillage. La lune brillante illuminait le jardin. Se profilant sur le ciel, on voyait les sapins majestueux, les figuiers trapus, la ligne des Asokas, le rouge brillant des "mohurs" dorés et les buissons de gardénias blancs. La statue de KRISHNA au centre du bassin me donna l'envie d'entendre la musique de la flûte qui, je le sentais, pouvait sortir un instant de Ses lèvres. Mes bras se levèrent automatiquement pour adorer la Gloire de Dieu qui me faisait signe de tous côtés.

"Hier dans Son discours, BABA a dit que le meilleur moment pour la méditation est Brahmamuhurtham (entre 3 et 5 heures du matin). Méditer sous ces arbres, en plein air, est un grand plaisir spirituel, car peut-être sommes-nous transportés en mémoire aux jours où nous méditions dans les temps anciens, sur les rives du Gange, dans les vallées Himalayennes. BABA nous a dit qu'il était bon de prendre l'habitude de méditer au même endroit, au même moment et pendant le même temps chaque jour, au moins jusqu'à ce qu'on ait fait assez de progrès.

BABA a dit aussi: "La méditation intérieure n'est qu'un élément, le but doit être de trouver la béatitude avec chaque respiration, en remplissant chaque moment de la douceur de Son Nom. Ce type de respiration (pranayama) doit devenir partie intégrante de votre être véritable. Alors seulement entamerez-vous le processus de la vraie vie". Aujourd'hui, c'est le 1er janvier 1965. Je me souviens de l'exhortation

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de BABA à ne pas attacher trop d'importance à un jour plutôt qu'à un autre. Chaque jour est Guru-vaar, pas seulement le jeudi, a-t-Il dit. Chaque seconde est un nouveau départ et doit être fêtée comme une chance.

Le nouvel An, qui commence par un jour spécial, est juste une convention, une création de l'esprit limitatif de 1'homme, qui sépare l'Infinitude de Dieu en toutes petites parties. Mais Je constate que beaucoup de monde vient dans le bungalow avec des guirlandes de fleurs parfumées. L'autel est une magnifique montagne de fleurs blanches, roses, orange et magenta.

BABA commença la journée en "prenant" des sucreries dans l'air pour les distribuer à tous, en disant: "Ces douceurs apporteront la joie dans vos vies". D'un simple mouvement de Sa main, Il créa une petite image quIil donna à Mr B. Puis, se tournant vers Mme B., I1 lui demanda d'un air rieur: "Jalouse?" Il reprit l'image et la mit dans Sa main droite en claquant rapidement des mains. Instentanément, six copies de cette image apparurent, une pour chacun de nous qui étions assis devant Lui.

"Pendant la conversation qui s'ensuivit, II prit un morceau de papier qu'il "tira" du sol, et, le roulant en boule, Il le donna à Mr B. Ce dernier trouva dans sa main, non une boule de papier, mais une confiserie parfumée qui, semble-t-il, avait sa préférence. De la même manière, Il prépara une autre boule de papier pour sa femme, au contact de sa main, elle devint aussi un deuxième exemplaire de la même confiserie!

"Ces petites surprises, comme II les appelle, se terminèrent par le miracle du OM. Une fidèle était arrivée de Madras avec un bijou en forme de OM, qu'elle avait fait faire. Elle le tenait maintenant devant BABA pour qu'Il le bénisse de Son Divin Toucher. BABA le regarda en riant, plaisanta sur le OM qui ressemblait davantage, dit-Il, à une queue de singe recourbée. De toute évidence, Il n'appréciait pas le travail de l'artisan. Il demanda à la fidèle s'Il pouvait corriger le OM ou bien si elle préférait un nouveau bijou où Son propre portrait serait incorporé. Elle choisit naturellement le nouveau bijou. Il prit le bijou dans Son poing fermé, Il souffla dessus et quand II ouvrit la main, nous vîmes à notre stupéfaction, que le OM avait disparu et qu'à sa place, il y avait un médaillon en or finement travaillé, avec un grand portrait de Baba en couleurs entouré de diamants et avec un pendentif de jolies perles. "C'est une récompense pour 23 années de prières ininterrompues", dit BABA, tandis qu’Il mettait le bijou dans sa main.

"Les miracles de BABA ont comme seul but d'inspirer, d'encourager et d'affermir la foi. Le plus grand miracle de BABA est, bien sûr, le miracle suprême du changement qui intervient dans notre nature et notre caractère, qui nous inspire et nous élève beaucoup plus que la création de bijoux. SAI BABA à Shirdi disait: "Je vous donne ce que vous voulez pour qu'un jour vous vouliez ce que Je suis venu vous donner". Et, on le sent, il en est ainsi avec BABA; chaque geste, chaque parole, chaque acte (et chaque acte du Seigneur ne peut être qu'un miracle) a un sens profond, que nous pouvons rarement démêler.

"J'ai vu, concernant le changement de caractère, un miracle qui m'inspira beaucoup. BABA déclare qu'Il n'effectue pas le changement de l'extérieur vers l'intérieur. II libère la perfection innée qui git, ignorée, et sommeille en nous. Une dame anglaise vint voir BABA sans la moindre teinture d'aspiration spirituelle et sans étude préalable de la religion ou de la philosophie orientales. Elle faisait un voyage pour visiter le sud de l'Inde et son intention était de ne rester que trois jours avant de reprendre son circuit. Mais, après avoir rencontré BABA et eu un aperçu de Sa Gloire, elle annula tous ses engagements ultérieurs et resta là quatre mois complets!

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"Ce furent des mois de consécration totale et de renoncement aux vieilles habitudes, aussi bien pour les sympathies que les antipathies. Elle n'avait jamais médité de sa vie avant de venir à Prasanthi Nilayam et n'était pas familiarisée avec le Yoga ou les systèmes de pensée hindoues. Cependant elle se fixa un programme établi sur les 24 heures quotidiennes, qui nous stupéfia, et l'appliqua avec tenacité. A 4 heures du matin, elle était debout pour méditer, qu'elle ait ou non bien dormi pendant la nuit. Sa journée se passait à lire, écrire, méditer, faire Japam et des activités de service telles que balayer l'enclos de Brindavan ou de Prasanthi Nilayam. Elle persévéra, accomplissant tout cela avec sincérité, bien que, à cause du changement de climat et de nourriture, elle fut tourmentée pendant cette période de Sadhana intense, par des abcès et des infections irritants et très souvent douloureux. Ses souffrances la maintenaient éveillée pendant presque toutes les nuits, mais elle se tint solidement à ses engagements".

Sa fermeté, sa persévérance et son amour pour Dieu furent récompensés par BABA; progressivement ses séances de méditation devinrent calmes et fructueuses. Un rayonnement nouveau se mit à briller dans ses yeux. Il émanait de son visage un charme étrange qui n'y était pas auparavant. Ses actions désintéressées, discrètes et sereines firent d'elle-ce que BABA conseille à tous de devenir-un être vide d'ego, une flûte avec laquelle Dieu peut chanter la mélodie de la perfection.

Elle partit au bout de quatre mois, nantie d'une vision complètement nouvelle, d'une conscience éveillée et d'un désir sincère de continuer sa Sadhana. BABA a affirmé que si une personne dédie son être tout entier à Dieu et médite comme il est prescrit, elle peut en moins de trois mois atteindre des résultats qui seront des plus encourageants. Le résultat dépend évidemment de la solidité de la foi et de la pratique continuelle de la Sadhana.

"Avant qu'elle ne reparte dans son pays, nous avons eu le privilège d'être les témoins d'un miracle de BABA. Comme elle devait bientôt se marier en Angleterre, BABA lui avait promis un "mangalasutra", bijou que la mariée doit porter le jour de la cérémonie du mariage. Un jour, alors que nous étions assis en groupe devant Lui, Il prit une feuille de bétel dans une boite qui se trouvait près de Lui et commença à y graver un motif décoratif avec l'arête de la petite cuillère d'argent dont on se sert pour verser le jus de lime sur la feuille de bétel. De temps en temps, II l'élevait pour nous la montrer, et nous admirions le dessin qui était en train de naître sous nos yeux et dont II traçait chaque ligne. Nous n'avions pas réalisé qu'Il était en train de créer le "mangalasutra" pour notre amie. Puis soudain, II éleva la feuille une fois le dessin fini et souffla trois fois dessus. La feuille disparut et à sa place se trouvait le plus beau bijou de mariage qu'on n'ait jamais vu de mémoire d'homme.

Il était en or et la signification symbolique que BABA expliqua à la destinataire était telle qu'elle se souviendrait toujours de sa Sadhana. De chaque côté du collier se trouvaient trois rubis représentant les trois Gunas qui doivent être en harmonie entre mari et femme. Juste au sommet, il y avait deux rubis côte à côte qui symbolisaient le mari et la femme. Suspendu au collier, il y avait un pendentif de perles parfaites, ayant en son centre un lotus fait de pierres précieuses, pour rappeler aux deux époux Prasanthi Nilayam, avec son lotus en forme de cercle situé au milieu du fronton du Temple. C'était à n'en pas douter une merveilleuse récompense pour les jours et les nuits de Sadhana intense où elle n'avait jamais gaspillé une seule minute durant les quatre mois.

BABA est insondable, inconnaissable. On ne peut comprendre qui Il est avec un esprit humain. Tout ce que l'on peut faire, c'est faire confiance, croire et obéir. Comme je me tenais devant Lui, remplie d'émerveillement, Il dit: "Chacun voit le

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monde à travers des lunettes et le monde vu à travers elles est différent pour chacun: lunettes des soucis, lunettes de haine, lunettes d'envie, de jalousie, d'avidité. Je ne porte que des lunettes d'Amour. Je ne peux pas haïr, même si Je le voulais. La haine et la colère Me sont étrangères; la maladie non plus ne peut M'atteindre; Je peux siffler pour avertir mais Je ne hais jamais. Je suis Béatitude, et Béatitude seulement. Je suis Sagesse, Félicité et Paix. Telle est Ma nature".

BABA reconstruit l'homme en révélant à chacun le Soi qui est en lui. Que le prisonnier soit derrière les hauts murs d'une prison ou derrière les hauts murs des désirs créés par 1'ego, Il est le Libérateur, le Maître vigilant, qui vous prend tel que vous êtes et vous conduit vers l'immensité joyeuse de la liberté.

Hilda Charlton, qui a passé des dizaines d'années à Ceylan parmi les sadhakas Boudhistes, et qui a pratiqué la discipline Tantrique sous la houlette de Maîtres Hindous à Delhi, entendit parler de SHIRDI quand elle était à Bombay, et pendant son séjour à Shirdi, elle apprit l'existence de la Forme prise par SAI BABA pour bénir 1'humanité. Elle vint à Prasanthi Nilayam il y a trois ans. Elle y trouva 1'accomplissement de son effort, et un endroit où elle allait pouvoir faire sa Sadhana avec la certitude du succès.

CHAPITRE 8

L'INCROYABLE!. ENCORE ET TOUJOURS

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Sathya Sai Baba a indiqué que dans son corps précédent, Il a dit à Kakasaheb qu'Il apparaîtrait après 8 ans, et non comme un « enfant de 8 ans». Il est né encore, à Puttaparthi. en 1926, 8 ans après Vijayadasami (jour du samadhi de Baba de Shirdi). Il s'est révélé Lui-même comme un enfant divin, avec une carrière miraculeuse devant lui dans sa 8ème année, quand Il a voulu à l'école que le professeur reste collé à sa chaise, jusqu'à ce qu'Il puisse redescendre du banc sur lequel il lui avait été ordonné de se tenir. C'était la première annonce « dramatique » du retour de Sai - en tant qu'enfant de 8 ans .

Le premier tome de ce livre contient un chapitre intitulé "le même Baba", où sont mentionnés de nombreux faits propres à nous convaincre de l'identité et de la continuité du SAI BABA de SHIRDI et du SAI BABA de PUTTAPARTHI. Quand BABA parle de Lui, c'est toujours en tant que SAI BABA; le nom SATHYA SAI BABA n'est utilisé que pour éviter les complications juridiques et administratives avec les institutions et les organisations qui se sont développées autour du "corps précédent" et de ses dévots. Un jour, craignant de commettre un sacrilège, le Président du Samasthan de Shirdi, chargé de l'administration des biens et des cérémonies du culte à Shirdi où repose 'le corps précédent', hésita à avaler de la 'vibhuthi' matérialisée par 'le corps actuel'— en l'occurence SRI SATHYA SAI BABA —; pour le convaincre que les deux n'étaient qu'un seul et même Baba, BABA lui donna un signe: Un éclair de lumière brillante jaillit de Son portrait qui était pendu au mur de cette pièce, à Bombay, et l'obscurité du doute disparut de son coeur.

Alors que Tidemann Johanessen, un norvégien, se trouvait devant le tombeau de Shirdi, un vieil homme apparut devant lui et après lui avoir donné une photo de SATHYA SAI BABA ainsi qu'une petite quantité de Udi (Cendre Sacrée), il lui ordonna d'aller à Bombay le 13 Mars voir le présent Avatar! A ce moment-là, personne n'avait entendu parler de la visite de SATHYA SAI BABA à Bombay au mois de Mars. Plus tard, quand le 13 Mars arriva, il rencontra BABA à Bombay et BABA le convainquit que c'était Lui seul qui l'avait informé à Shirdi.

SATHYA SAI BABA est la splendeur, la majesté, la compassion qui anime chaque lieu saint où l'on vénère aujourd'hui SHIRDI SAI BABA. Un neveu de Kakasaheb Dixit, un des plus proches dévots de Sai à Shirdi, (si l'on peut parler de plus proche et de plus éloigné, de même que de plus ardent et de plus tiède) avait écrit un chant de prières à SHIRDI SAI BABA, où il demandait ardemment d'être au moins "votre portier"! Cela se passait il y a des années. Aujourd'hui, il EST le portier de Brindavan à Whitefield, et habite dans une maisonnette près de la porte; il se précipite avec les clés quand BABA arrive de Prasanthi Nilayam, de Madras ou des Nilgiris.

Prions-Le comme Shirdi Baba ou comme Parthi Baba; c'est toujours BABA qui entend. Madame Batheja et sa fille entendirent parler de BABA alors qu'elles étaient à Bangalore; elles devaient rallier Bombay après une visite à Shirdi. Elles décidèrent de recevoir le Darshan de BABA puisque c'était sur leur chemin. Comme elles ne pouvaient pas avoir d'entrevue avant plusieurs jours, elles furent contraintes de partir. Elles hélèrent BABA lorsqu'Il passa dans la véranda du premier étage pour qu'Il leur donne la permission de partir. Alors, Il me fit venir et, me donnant quelques paquets de Cendre Sacrée, Il me dit: "Va les porter à la mère et à la fille de Bombay qui attendent en bas". Il ajouta: "Elles ont apporté un morceau de tissu pour Moi. Dis-leur qu'elles peuvent le reprendre et l'utiliser pour en faire des vêtements, et qu'elles le considèrent comme Mon Prasad". Quand je leur rapportai ces paroles, elles furent sidérées! ILe morceau de tissu qu'elles avaient apporté et qu'elles gardaient précieusement dans leur valise était destiné au mausolée de Shirdi; là, il devait être étendu sur la tombe! Mais, comme Baba l'avait accepté, "Nous n'irons pas à Shirdi, ici c'est Shirdi. Cette offrande a été acceptée et nous est revenue comme Prasad" se réjouirent-elles.

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Le Sai Sathcharitham, écrit pendant que Sai était à Shirdi, avec Sa bénédiction, par Govinda Raghunatha Dabholkar, fait référence à SHIRDI SAI BABA Lui-même comme "Sathya Sai"! Ce récit parle de l'histoire de SHIRDI SAI BABA en l'intitulant "Sathya Sai Katha"; il décrit aussi un "Sathya Sai Vratha"(rite), Sathya étant, comme cela s'est produit dans la présente incarnation, l'abréviation de SATHYANARAYANA!

Après la guérison miraculeuse de sa maladie par la Grâce de SHIRDI SAI, Bhimaji Patel procéda à des cérémonies d'actions de grâce. Rempli de gratitude et de respect, au lieu de faire le rite habituel envers SATHYANARAYANA VRATHA, il célébra le rite Sathya Sai Vratha! Au lieu du Sathyanarayana Katha qui devait être lu après le rite (Vratha), il récita le Sathya Sai Katha!

Sai Baba à Shirdi devait, en tant que résident intérieur de Bhimaji, lui avoir suggéré de citer le Vratha et le Katha de cette manière, poussé par la volonté d'évoquer les événements à venir. Car,SAI BABA à Shirdi n'a-t-Il pas dit et redit: "Béni et bienheureux est l'homme qui reconnaît en Moi Celui qui est installé dans le coeur de tous les êtres" En fait, IL connaissait le passé, le présent et le futur, comme l'a déclaré Dabholkar.

Dix ans auparavant, un Maharashtrian avait composé un poème sur Baba, à Shirdi, dans lequel il dépeignait Sai comme Sathya Sai. L'année dernière, cet homme fit la connaissance de Sathya Sai grâce au premier tome de ce livre. Il vint à Prasanthi Nilayam, attiré par ce nom qui avait coulé de sa plume inconsciemment. II me déclara que la continuité des deux SAI était confirmée par le dernier incident dans la vie du premier, et le premier incident de la carrière du second. Voici le récit de ces deux incidents. A l'aube du 16 octobre 1918, SAI BABA apparut à Das Ganu et lui dit: "Le temple s'est écroulé; J'en viens à l'instant pour t'en informer; vas-y vite. Accomplis ce souhait pour Moi :mets des fleurs sur Mon Dabari. "Dabari signifie 'la tombe'. Das Ganu fit ce qui lui avait été demandé. En 1940, quand BABA annonça qu'Il était revenu pour reprendre Son travail et s'occuper de Ses fidèles, Son père, Peddavenkappa Raju, Lui demanda: "Montre-nous un signe qui nous convaincra que tu es le même BABA. "Et BABA demanda qu'on Lui mette des fleurs dans les mains! —fleurs qu'Il avait demandé à Das Ganu de mettre sur Son Dabari, quand II avait fait Ses adieux à Shirdi! BABA jeta les fleurs à terre.

Et les deux mots SAI et BABA se formèrent avec les fleurs qui se mirent en place d'elles-mêmes. Pour ceux qui savent lire les traces et les pistes de Dieu, c'est une coïncidence pleine de signification.

En 1916, lors de Vijayadasami, comme quelqu'un disait à SAI BABA, à Shirdi, "aujourd'hui est le jour de Seemollanghana", la réponse de Baba renversa tout le monde: "Oui;c'est aussi le jour de Mon Seemollanghanam". Ce terme signifie l'acte de passer la frontière pour aller d'un pays à 1'autre.

Autrefois, les rois rassemblaient leurs troupes, les équipaient d'armes bénies et rendues propices par la Puja du jour d'Ayudha (la veille du jour de Vijayadasami) et traversant les frontières de leurs états, ils envahissaient les états voisins, avides d'obtenir Vijaya, la victoire. C'était le dixième jour de Dasara, ou jour Dasami de la moitié lumineuse du mois Aswija.

Que voulait dire exactement BABA quand II annonça "Vijayadasami est le jour de Mon Seemollanghanam"? Quelle frontière allait-Il franchir et dans quel pays allait-Il se rendre? Il quitta Son corps, comme II l'avait prédit, le jour de Vijayadasami. Le matin suivant, I1 apparut à Das Ganu et lui dit: "J'arrive à l'instant de Shirdi. Les marchands d'huile et les épiciers Me fatiguent beaucoup". Il quitta donc Shirdi et passa d'un état dans un autre, du Maharashtra dans l'Andhra. Voilà quel était Son Seemollanghanam!

SATHYA SAI BABA a dit que dans Son corps précédent, I1 avait déclaré à Kakasaheb

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qu'Il réapparaitrait au bout de huit ans, et non pas comme 'un enfant de 8 ans'. Il réapparut à PUTTAPARTHI en 1926, 8 ans après ce Vijayadasami. Il se révéla comme un enfant Divin, avec une carrière miraculeuse devant Lui; dans Sa huitième année, à l'école, I1 obligea par un acte de volonté le maître à rester collé à sa chaise jusqu'à ce qu'Il puisse descendre du banc sur lequel II se tenait debout par ordre du maître. Ce fut la première annonce 'spectaculaire' de l'Avènement du deuxième Sai! "En tant qu'enfant de 8 ans".

Certains pensent que la Volonté de Dieu est limitée et disent que SAI BABA ne peut pas entrer dans une nouvelle cage humaine une fois qu'Il s'en est envolé, — comme s'ils étaient les législateurs de cet Absolu Eternel! Une personne de ce genre m'écrivit une lettre depuis Madras pour me répéter cette théorie; ma réponse le convainquit si totalement qu'il se mit à soutenir l'identité, la continuité et l'avènement en usant d'un nouvel argument! -"La Bhagavad Githa nous déclare que le Seigneur a annoncé que ceux qui quittent le corps avec un état d'esprit embrumé et dépressif, ou pendant la nuit, ou pendant la moitié obscure du mois, ou pendant les 6 mois où le soleil est dans l'hémisphère sud, c'est-à dire pendant les 6 mois qui marquent le sud ou le chemin des Mânes, se rendent dans la région de la Lune s'ils sont des Yogis. Après quelques temps ils doivent revenir sur terre pour reprendre une naissance humaine. (Chapitre 8 Verset 25). Le verset 28 dit que s'ils meurent pendant le jour et pendant la moitié lumineuse du mois, pendant les 6 mois où le soleil est au Nord, les Yogis ne reviennent plus du tout. SAI BABA de Shirdi partit pendant Dakshinayana, les 6 mois où le soleil est dans le sud, parce que évidemment II recherchait l'occasion de revenir sur terre". Je peux seulement dire que de tels appuis ne sont pas nécessaires pour prouver l'évidence. Ici, nous invitant à nous plonger dans l'amour et la douceur, il y a 1'Avatar, la réapparition de Sai, que nous pouvons tous expérimenter et dont nous pouvons tous profiter. Quel besoin y a- t-il d'argumenter?

BABA avait 14 ans lorsqu'Il décida de proclamer qu'Il était Sai Baba ; abandonnant son rôle de Sathyanarayana Raju, Il jeta Ses livres d'école et partit de chez Lui pour aller dans un jardin à l'extérieur de la ville d'Uravakonda. Il dit à Sa belle-soeur qui tentait de le convaincre de rester: "Je Me suis engagé dans Mon travail; Mes fidèles M'attendent". De quel travail s'agissait-il? Quels étaient ces fidèles? Nous avons pu voir que le travail était la continuité de ce qui se faisait à Shirdi; les fidèles étaient ceux qui Le vénéraient tandis qu'Il était à Shirdi ainsi que les nouveaux fidèles qui allaient se manifester. C'est la raison pour laquelle II réprimanda un jour un adorateur très renommé de Son ancienne forme de Shirdi, qui refusait de Le reconnaître: "A quoi sert toute votre adoration et toute votre méditation si vous n'êtes pas capable de reconnaître le véritable Dieu que vous adorez et sur lequel vous méditez?" Dans Son adolescence-même, II démontra à deux de Ses maîtres d'école, Sabbannachar et Kondappa, qu'II était SAI venu pour la deuxième fois; II accorda des visions de Shirdi à Sa mère à Son père et à bien d'autres encore à PUTTAPARTHI. Il donna des morceaux du "kafni" (vêtement) qu'Il portait à Shirdi, à Thammiraju Manchiraju ainsi qu'à d'autres personnes d'Uravakonda.

Thammiraju Manchiraju était professeur au collège d'Uravakonda. Il écrivit de nombreux articles à propos de ces jours-là pour le magazine 'Sanathana Sarathi'. "Depuis la mort prématurée de ma fille, ma femme était très dépressive et alors, mon 'élève' à l'école —Sathya dirai-je ou Baba— venait fréquemment chez moi pour la consoler. Elle avait coutume d'aller Le voir tous les jeudis soirs, chez le professeur de telugu

(la maison du frère aîné de Baba). Un jour, alors qu'elle se prosternait à Ses pieds, Il la releva et lui dit: "Je porterai tous les fardeaux pour toi. Sois heureuse désormais". Puis II fit un geste de Ses mains et créa des grains de riz (juste comme II en avait créé pour Megha à Viramgaon quand II était à Shirdi) et II lui demanda de les attacher dans le morceau de tissu ocre du Kafni qu'Il nous avait donné plus tôt".

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"Nous devions parcourir une certaine distance pour aller au puits du village faire le stock quotidien d'eau potable. Un jour, ma femme rassembla les enfants des voisins et leur demanda de venir jouer avec notre fils âgé de 5 ans, de sorte qu'elle puisse se rendre au puits et revenir. Elle leur donna un peu de sucre et leur dit: "Faites tous la Puja à SAI; je reviendrai bientôt. Offrez-Lui ce sucre et ensuite prenez-le comme Prasad". Les enfants entrèrent dans la salle de prières; ils répétèrent les hymnes qu'ils connaissaient. Ils virent SAI BABA assis devant eux. Il mangea une petite quantité de sucre et en donna une poignée à chacun des enfants. Mon fils était si excité par la visite du Vieil Homme qu'il sortit en courant à la rencontre de sa mère pour la ramener. Il savait qu'elle serait enchantée de Le rencontrer. Quand elle arriva, la salle était vide. "0ù est-Il allé?" demanda-t-elle aux enfants. Les petits répondirent avec innocence: "Nous L'avons vu aller dans cette image". A quelques jours de là, nous étions à PUTTAPARTHI et BABA me déclara: "Vous étiez tristes que Je sois parti à PUTTAPARTHI; mais sachez que Je peux être à la fois ici et là-bas. Je savais que vous ne le croiriez que lorsque les enfants parleraient de ce qu'ils avaient vu". Thammiraju écrit: "On peut se poser la question: pourquoi choisit-Il la forme de Shirdi? Je me posais aussi la question. Je reçus alors cette réponse de BABA: "II n'y a pas cette forme-là et cette forme-ci. Les deux sont Une".

Pendant Sa jeunesse, SAI BABA aimait à chanter avec enthousiasme, à danser avec des bracelets autour des chevilles qui tintaient gaiement. Dans cet avènement en tant que Sathya, Il a pris beaucoup de plaisir à danser et à donner ainsi du plaisir à ceux qui le regardaient danser.

Il chante avec entrain des Kirtans et des Namavalis qui inspirent une dévotion extatique à des centaines de milliers de fidèles. Quand II était à Shirdi, SAI BABA ne portait qu'un dhoti autour de la taille et une chemise par-dessus; à PUTTAPARTHI, pendant de nombreuses années, Il porta le même type de vêtements. II ne changea pour la longue robe que plus tard, comme SAI BABA le fit à Shirdi. Il adopta la robe de couleur et le dhoti définitivement à la demande des dévots, de sorte qu'on puisse L'identifier plus aisément et qu'on ne Le perde pas de vue au milieu des centaines de gens qui fourmillent autour de Lui pendant le Darshan afin de Lui toucher les pieds.

"Votre joie est l'aliment dont Je Me nourris", dit SAI BABA. A Shirdi, pour procurer de la joie aux fidèles qui L'entouraient, SAI BABA se soumettait modestement à des cérémonies pleines de faste et de pompe. Tous les deux jours, une procession emmenait SAI BABA du Dwarakamayi au Chavadi où II dormait. Des groupes d'hommes et de femmes avec des 'taal', 'des chiplis', des 'kartal', des 'mridang', des 'Khanjira', veena et autres instruments de musique formaient la tête de la procession. Une longue suite de chars magnifiques suivait. Puis venait Syamakarna, le cheval richement caparaçonné que SAI BABA chouchoutait et aimait particulièrement. Derrière le cheval, il y avait un palanquin porté par des hommes qui chantaient des hymnes, accompagnés de chaque côté par de nombreux porteurs de torches. D'autres suivaient avec des joncs, des cannes en argent, des drapeaux ou portant des perches dont le sommet était orné de représentations sculptées de Garuda. Ils dansaient de joie en criant 'Jai' (gloire) au son des tambours et des trompettes.

Les feux d'artifice annonçaient l'approche de la procession par leur bruit et l'éclat de leurs éclairs fulgurants multicolores. BABA apparaissait sur les marches du temple entouré de personnes tenant des 'chowries' en queue de yak de chaque côté de Lui. Les Bhaldars' annonçaient Son apparition en criant Son nom. Les dévots étendaient des pièces de tissu sur la route au fur et à mesure qu'Il avançait. Quelqu'un maintenait une ombrelle au- dessus de Sa tête; tandis qu'Il avançait lentement les gens jetaient sur Lui des fleurs enduites de 'gulal'.

Le Sai Sathcharitha (biographie de Baba de Shirdi) déclare: "Quelle belle procession! quelle expression de dévotion! Cette scène et ces jours font partie du passé maintenant. Personne ne les reverra plus, ni maintenant ni plus tard".

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Eh bien non! BABA est revenu! Il a permis aux dévots d'organiser de nouveau de telles processions à PUTTAPARTHI, pendant les fêtes du Dasara et de 1'Anniversaire, jusqu'en 1954. A Shirdi, BABA était paré de bijoux avant Son départ pour le Chavadi. "On posait sur Sa tête une couronne et des guirlandes de bijoux autour du cou. (Pendant des années, Sakamma de Bangalore apportait de nombreux bijoux qu'elle posait sur BABA). Pendant le bref instant de la procession, Sa coiffure était changée à différentes reprises. "Même maintenant, Baba cède aux prières des fidèles quand II sait qu'ils sont sincères, et II leur permet d'organiser des processions dans les villes et les villages (comme à Shivajinagar, Kalyanapuram, Udumalpet, Coimbatore, Ootacamund), bien qu'avec un apparat très réduit.

A Shirdi, BABA parlait de Son 'Sircar', de Sa Trésorerie, de Son 'durbar'; maintenant aussi,Il parle de Lui-même comme le Sath-Chakravarthi; I1 parle de Son magasin, de Sa trésorerie, de Son trésor (pennidhi).

A Shirdi, Il a dit que "Ce Dwarakamayi (la porte des songes) est le Dankapuri de Dakurnath, le Pandhari de Vital et le Dwarak de Ranchod". BABA a annoncé que l'actuel Dwarakamayi (Prasanthi Nilayam) est 'un autre Mathura, un autre Badrinath, et un autre Tirupathi". Le nom de Dwaraka fut donné à la cité construite par KRISHNA sur une île, car le mot signifie: 'un lieu dont les portes sont ouvertes aux 4 castes et aux 4 types d'hommes c'est-à-dire, Aarthas (les pauvres), Artharthi (les rapaces), Jijnasu (les aspirants) et les Jnani (parvenus à la Connaissance)', afin qu'ils puissent tous atteindre les 4 Purushartas (libération du cycle des incarnations).

IL est sûr que les résidences du Seigneur à Dwaraka, Shirdi et Puttaparthi méritent bien leur nom. BABA a dit: "Ce PRASANTHI NILAYAM n'est entouré ni de mur ni de clôture car le Seigneur est accessible à tous ceux qui viennent de partout et de tous les chemins. Tous sont les bienvenus pour recevoir Ma Grâce".

SAI BABA souhaita qu'une statue 'Muralidhar' de KRISHNA (avec une flûte ou murali dans Sa main) soit installée dans la cour du magnifique bâtiment construit par Buty à Shirdi. Mais II 'quitta' Shirdi avant que ne soit accompli ce voeu. C'est peut-être pour cette raison que BABA a une statue Muralidhar de KRISHNA sous le porche de PRASANTHI NILAYAM, comme centre d’adoration pour tous ceux qui joignent leurs mains en prière. Il y a un Muralidhar dans le choeur du temple. Il y a aussi deux ravissantes statues Muralidhar dans le joli jardin de Brindavan.

Une étude approfondie du Sai Sathcharita (biographie de Sai Baba) est une NECESSITE pour celui qui cherche à éclaircir le mystère de SATHYA SAI BABA, car la Main qui donne et la Voix qui enseigne sont les mêmes. A un Brahmachari de la Mission de Ramakrishna qui venait à PRASANTHI NILAYAM pour être guéri d'une colique chronique, BABA lui demanda de prier le Guru Maharaj Lui-même, et II lui apprit à méditer avec un plus grand succès. Il lui assura que Ramakrishna, son Gurumaharaj, guérirait la maladie qui faisait obstacle au progrès spirituel de Son enfant. A Shirdi, BABA aurait donné le même avis. "Ne lâchez pas le coussin que vous avez acquis". "Apula bap tho apula bap". (Notre père seul est notre père). "Vous ne pouvez pas changer de Maître au gré de votre fantaisie et de votre caprice". SAI BABA donnait le Darshan aux disciples de Raghunath Maharaj comme Raghunath Maharaj. SAI BABA était tous les saints réunis en un.

Maintenant encore II est le même UN. Depuis qu'Il est à PRASANTHI NILAYAM, BABA a donné le Darshan à Ramanasram au Swami Abhedananda comme Ramana Maharishi et à Shimoga, à Ramanandarao comme Ramadas de Kanhangad ! Sai BABA a accepté des offrandes faites à d'autres saints et gurus, car II est chacun d'entre eux. BABA a aussi surpris de nombreuses personnes lorsqu'Il leur a dit qu'Il avait été près d'eux pendant des années, les guidant et les protégeant, alors qu'ils affirmaient venir Le voir pour la première fois. BABA précise qu'Il est le Maître véritable qu'ils ont suivi jusqu'ici.

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Le secrétaire de l'Hindi Prachar Sabha de Bangalore, eut une expérience des plus significatives. Il était chez un ami lorsque BABA y arriva, il y a de cela quelques années. Son ami et tous ceux qui se trouvaient là tombèrent à Ses pieds mais lui n'eut aucune envie de faire comme eux. Puis il craignit qu'on ne le prenne pour un jeune homme prétentieux qui refuse de révérer une grande personne. Il se prosterna donc aux pieds de BABA en émettant mentalement la réserve que ce n'était pas une prosternation aux pieds de BABA mais aux pieds de son Maître qui était à Maddur au temple de SHIVA.

Quand il se releva, BABA lui tapota gentiment le dos et lui dit en souriant: "Votre hommage a atteint votre Maître à Maddur". Il apprit ainsi comme beaucoup d'autres à Shirdi, que BABA est le filon d'or qui court à travers tous les Maîtres spirituels et tous les Enseignants Divins.

La continuité ininterrompue des SAI est établie aussi grâce à la panacée identique qu'Ils distribuent, L'Udi ou Cendre Sacrée. Autrefois elle provenait du foyer de la cheminée du Dwarakamayi; maintenant elle est créée dans le creux de la Main divine, car aujourd'hui il est impossible de transporter une cheminée partout où se rend BABA et où II a envie de la donner. Je me dois de mentionner ici un fait intéressant concernant l'Udi et SHIRDI SAI BABA. SAI BABA chantait souvent un chant sur l'Udi, un chant qui est devenu immortel depuis qu'Il l'a chanté: "Ramathe Raam! Raam! Aayoji aayoji! Udiaonki gonia Laayoji, laayoji!" (0 Rama joueur et joyeux, viens, viens! Apporte, apporte des sacs d'Udi!) Qui est le RAMA invoqué par SAI BABA pour qu'Il apporte des sacs d'Udi? Le RAMA du Ramayana ne distribua jamais d'Udi en signe de Sa Grâce. L'Udi fut le don spécifique de BABA, Son unique méthode pour soulager les maladies physiques et mentales des hommes. Donc c'est une 'incursion' dans le futur; en effet, à Shirdi, BABA n'entassait pas de l'Udi pour en avoir des sacs en dépôt. C'est aussi un coup d'oeil dans le présent, lorsque nous voyons BABA avancer entre les longues rangées d'hommes et de femmes tenant un sac ou un panier remplis de paquets d'Udi et en mettre quelques-uns dans les mains tendues de centaines et de milliers de gens, dans les villes et les villages du pays tout entier!

Quand BABA "endossa" la thrombose cérébrale d'un dévot, ou, comme le diagnostiquale Directeur des Services Médicaux de Mysore, la 'méningite tuberculeuse' d'un dévot du Seigneur, cela nous remit en mémoire non seulement des actes similaires de compassion qu'Il avait accomplis dans le passé, mais aussi des actes semblables accomplis par Lui à Shirdi sous Sa forme de SAI BABA. SAI BABA avait pris sur Lui quatre abcès en pleine évolution qu'avait le fils de Dadasaheb Khaparde, d'Amraoti. Les montrant à la mère du garçon II déclara: "Voyez comment Je souffre pour Mes dévots; leur souffrance est la Mienne".

Quand nous entendons SATHYA SAI BABA annoncer "Vivekananda est revenu; il est élevé à Ceylan; il viendra se joindre à Moi pour M'aider dans Ma tâche", comme II le fit un matin; ou "l'homme qui a écrit la première biographie anglaise de Vivekananda est né la nuit dernière dans une hutte au toit de chaume, au bord de la mer sur la côte ouest, à Kuttipuram. C'est un beau bébé, avec de grands yeux brillants", nous nous souvenons de SAI BABA à Shirdi dévoilant aux fidèles qui L'entouraient les vies passées des serpents, des vaches et des chèvres! Dans Ses discours, Baba a souvent dit: "Je connais votre passé, votre futur; ainsi donc, Je sais pourquoi vous souffrez et comment vous pouvez échapper à la souffrance". Les déclarations qui retentissent à PRASANTHI NILAYAM ne sont que les échos de celles qui ont été entendues au Dwarakamayi. BABA dit: "Voyez à quel point vous êtes fous! Venir à ce Kalpatharu (qui peut exaucer tous les désirs) et demander un peu de poudre de café! Votre comportement est celui d'un homme venant dans un immense supermarché pour acheter une serviette de toilette". Tout comme SAI BABA, Il dit: "Je suis installé ici, prêt à vous donner le vêtement brodé d'or; alors, pourquoi aller voler des guenilles?"

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SAI BABA s'exprimait aussi avec de telles énigmes et paraboles. II déclara à Kaka Saheb qu'Il lui enverrai 'un char aérien' (Vimana) quand il mourrait. Qu'arriva-t-il? Il mourut dans un train en marche. SATHYA SAI BABA aussi parle de cette façon. Il a déclaré à un vieil acteur qui se plaignait de ses maladies physiques: "Je sais, votre corps est soumis à un tas de maladies; Je vais réparer ça et vous donner un nouveau corps". Voici ce qui arriva: il mourut peu après et entra dans un nouveau corps. Cet acteur était aveugle; il implorait BABA de lui accorder au moins, ou plutôt au mieux, la grâce d'avoir une image de Lui dans son coeur. Le meilleur moyen de raconter ce qui est arrivé est de citer un paragraphe du livre 'Sai, The Superman' écrit par Swami Sharananand. Ce qu'il écrit concerne SAI BABA de Shirdi; mais c’est exactement la même chose qui est aussi arrivée à PRASANTHI NILAYAM. Un fidèle supplia ainsi BABA: "J'ai perdu la vue. Je ne suis pas affecté par cette perte car l'absence de vision me tient éloigné de nombreuses choses indésirables; mais, Seigneur, je suis avide de voir la forme humaine sous laquelle vous vous êtes manifesté. S'Il-vous-plait, accordez-moi donc la vision pour que je me rassasie de la vue de Votre Gloire. Vous pourrez ensuite me retirer cette faveur dès qu'elle aura été faite. "BABA souscrivit de suite à sa requête; il vit BABA de ses propres yeux, puis il perdit la vision et redevint aveugle.

SAI BABA déploya beaucoup d'ardeur pour sauvegarder et fortifier le Sanathana Dharma, encourager l'étude des écritures qui seules peuvent éclaicir l'intellect et purifier le mental. Nous lisons dans le Sai Sathcharita comment II reprocha à un fidèle de RAMA d'avoir gardé son caractère brusque malgré la récitation continuelle des mille noms de VISHNOU des années durant. Il réprimanda Swami Vijayananda qui avait ostensiblement abandonné parents et amis, lorsqu'il Lui demanda la permission d'aller à Madras pour voir sa mère malade. "Va lire le Bhagavatham" lui dit-Il. En tant que SATHYA SAI BABA, I1 poursuit sur une vaste échelle ce rôle de guérir les moines et les sadhakas (qui pratiquent une discipline spirituelle), des désirs et des attachements. II leur reproche de fêter ou même de se souvenir de leurs anniversaires; de se revêtir eux et les autres de titres indiquant leur progrès spirituel, et de s'engager dans une publicité compétitive pour attirer et retenir de riches disciples. SAI BABA demanda à Haji Sidi Falke de Kaylan: "Lisez-vous le Coran comme ceci?" En tant que SATHYA SAI BABA, nous L'avons vu régler et modifier la vitesse et le diapason du débit de narrateurs védiques réputés. SATHYA SAI BABA met l'accent sur la Gayathri, le Omkar aussi bien que sur la Gita qui est la source la plus efficace de mantras et de textes. En tant que SAI BABA II fit aussi la même chose. Il demandait aux gens de lire le Bagavatha, les Yogasuthras de Patanjali, le Vicharasagara, le Panchadasi et autres textes. Dadasaheb Khaparde, expert des Commentaires de Vidyaranya, "ne disait pas un mot" en présence de SAI BABA car, confessa-t-il, "l'érudition ne peut pas briller devant la réalisation du Soi". C'est aussi l'expérience de nombreux érudits qui se sont trouvés en présence de SAI BABA. Lorsqu'un poète, pandit renommé et prédicateur populaire, qui avait visité les U.S.A., 1'U.R.S.S., le Japon et bien d'autres pays pour y donner des conférences sur la religion, tomba aux pieds de SATHYA SAI BABA et Lui offrit de consacrer le reste de sa vie à voler d'un continent à l'autre pour répandre la bonne nouvelle de Son Avènement, Celui-ci lui dit: "Ne vous préoccupez pas de Mon Avènement; occupez-vous de votre avenir. Je souhaite que quelqu'un vous attache les ailes pour vous maintenir en un lieu fixe, afin que vous puissiez accomplir une 'sadhana' et vous sauver avant qu'il ne soit trop tard ». « Concentrez-vous sur votre propre élévation avant d'essayer d'élever les autres", fut le conseil qu'Il donna à un autre interprète populaire de la Githa et des Upanishads. Il est venu pour guérir l'aveugle, corriger l'orgueilleux, consoler l'ignorant et réconforter les malheureux.

Les déclarations que firent d'une part SAI BABA à Shirdi et d'autre part SATHYA SAI en

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un grand nombre d'endroits au sujet de la Divinité et du Mystère de SAI sont naturellement identiques. SATHYA SAI BABA dit "Personne ne comprendra jamais Mon mystère, Ma puissance, Ma Sakthi, qui que ce soit le tente, quelle que soit la durée de la tentative, quelque soit le moyen utilisé". Il ajoute: "Je tire les ficelles de ce théâtre de marionnettes". A Shirdi, II dit à Vijayananda: "Vous avez réussi à vous hisser à ce niveau seulement grâce au mérite acquis dans vos incarnations antérieures".

A Puttaparthi II dit la même chose à tous ceux qui arrivent. La réaction d'encenser et de blâmer est aussi la même, autrefois comme maintenant. Le Sathcharita dit: "SAI BABA était tolérant, dépourvu d'émotion, sans attachement, éternellement libre". Baba écrivit à Son frère, lorsqu'Il eut 20 ans, "Je ne relâcherai pas Mon activité; pour Moi, renommée et nom, honneur et calomnie sont également insignifiants. Je suis indifférent à tout cela".

SAI BABA était l'Incarnation de 1'Amour; SATHYA SAI BABA se nomme Lui-même Premaswarupa (incarnation de l'amour pur). Le Sathcharita se réfère à Udivrishti et Kripavrishti, pluie de Cendre Sacrée et pluie de Grâce; chaque livre consacré à BABA, autrefois comme aujourd'hui, doit mentionner ces deux sortes de 'pluie' car elles sont le signe de la Divinité de SAI. SAI s'adressait aux gens en leur disant, "0, Bhau" (frère), "Vous, Anna"(sœur), ou encore "Vous, Bapu"(père), avec beaucoup d'amour et de tendresse. Maintenant, sous Sa nouvelle forme, Sai s'adresse à eux en les appelant "Bangaru'", 'Nayana", ou "Appa".

Autrefois comme aujourd'hui, SAI a saisi toutes les occasions pour proclamer Sa gloire, car sinon, comment l'homme aurait-il pu réaliser son immense chance? A Shirdi, II disait, "Je suis le résident intérieur de tous les êtres". Récemment BABA écrivit à un pandit érudit, "Ne dénigrez pas les riches; ne dénigrez personne. SAI réside en Chacun, donc lorsque vous dénigrez quelqu'un, c'est Moi que vous dénigrez". Le professeur G.G. Narke de l'école d'Ingénieurs de Poona, écrivit à propos de SAI, alors qu'Il était à Shirdi: "II a parlé comme l'Unique qui est installé dans mon coeur, qui connaît toutes mes pensées et tous mes désirs. Je l'ai testé parfois. Chaque test m'a donné la même conviction qu'Il était 1'Omniscient, capable de façonner les choses au gré de Sa volonté". Sous Sa forme actuelle de SATHYA SAI II dit un jour à un ouvrier Sarvodaya, un certain Sri Mehta, qui Lui demandait très franchement comment II pouvait lire si aisément dans son esprit: "Ce n'est ni un miracle, ni une science; c'est Ma swabhava, Ma véritable nature. Ce n'est pas grâce à un pouvoir que J'aurais appris ou conquis que J'entre dans votre esprit, que J'y recueille toutes les informations qu'il contient, que J'en sors et qu'ensuite Je vous énumère tout ce que Je sais sur vous, dans le seul but de vous impressionner. Non. Je suis toujours là et partout à la fois. Je suis votre Hrudayavasi, le Résident de votre cœur".

SAI BABA apparut en personne à Balaram Mankar à Mathsyendragad, alors qu'Il se trouvait en même temps à Shirdi pour répondre à une question de Mankar, à savoir pourquoi II l'avait éloigné de Shirdi et envoyé sur cette colline. Il lui dit: "Tu t'es imaginé que J'étais à Shirdi, avec ce corps de trois coudées et demi de haut et composé de cinq éléments! n'est-ce pas? J'ai voulu te faire connaître Ma Réalité; c'est pourquoi Je t'ai envoyé ici, de manière à ce que Je puisse t'apparaitre et te montrer que Je ne suis pas seulement dans ce corps".

SATHYA SAI BABA Lui aussi est apparu de la même manière à des dévots qui habitaient en des lieux éloignés, même au-delà des sept mers, pour les rendre conscients du fait qu'II n'est pas lié par cette forme physique que beaucoup considèrent par erreur comme étant Lui. II dit: "Apprenez à vous languir de Moi de manière à M'attirer a vous, où que vous soyez. C'est une 'sadhana' bien plus rémunératrice que les voyages que vous entreprenez maintenant. Transformez votre coeur en un PRASANTHI NILAYAM; alors il est sûr que J'y viendrai pour y

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demeurer".

Le filon d'or de la continuité est évident dans les guérisons miraculeuses qu'Ils font, dans les façons mystérieuses par lesquelles Ils sauvent les dévots d'accidents, par lesquelles Ils préviennent et portent secours, dans les méthodes qu'Ils utilisent pour enseigner et instruire, dans la force qu'Ils mettent à souligner les principes des croyances. Les gens qui ont vécu longtemps à Shirdi ont remarqué à PRASANTHI NILAYAM les mêmes tours et détours dans la conversation, le même amour et la même miséricorde, et même des particularités semblables dans les gestes. M.S. Dixit se porte garant d'un geste particulier. "SATHYA SAI BABA fait un signe de Sa main droite tout comme le Seigneur de Shirdi avait coutume de le faire, un ou deux doigts en l'air, comme s'Il écrivait dans le vide". Ce signe fait avec la main sans aucun but ou signification évidents, est mentionné dans le Sai Sathcharité d'Hemadpant, au chapitre 27.

Un autre trait de BABA, à Shirdi comme à Puttaparthi, est son habitude d'attribuer des surnoms aux personnes de Son entourage et à les utiliser pour les nommer dans la conversation de tous les jours. A Shirdi, le Seigneur était Fakir, Panduranga était Vital Patil; à Puttaparthi, II est le Potier, le Forgeron. Das Ganu était le "futur marié", un autre était "le gourmand" ou "l'obèse". Le surnom Hemadpant, par lequel II interpela Govindarao Raghunath Dabhokkar est devenu historique, puisque ce dernier le prit comme nom de plume, terminant chaque chapitre par cette inscription: "Bhaktha Hemadpantha Virachitha Sri Sai Samartha Sathcharita!"

Hemadpant était un ministre renommé de la Dynastie Yadava qui gouvernait à Deogir (Daulatabad); il servait au 12ème siècle, deux des dirigeants, Mahadeva et Ramadeva. Il écrivit en sanskrit de nombreux ouvrages réputés, comme Chathurvargachintamani, et Rajaprasasti, traitant principalement de la sociologie et de la politique. Quand ce surnom lui fut donné, Dabholkar le prit comme "une fléchette pour détruire mon ego", "comme un moyen de m'enseigner 'nithya nirabhimana'. (1'absence d'ego). II compara ses propres connaissances insignifiantes avec l'oeuvre considérable de la personne dont le nom lui avait été attribué; il pria pour que BABA écrive Sa propre histoire à travers la plume qu'il avait le privilège de tenir. Et BABA le bénit, "ainsi soit-il!"

Aujourd'hui aussi il y a répétition. Alors que je feuilletais récemment mon agenda de 1958, je découvris cette annotation du 29 novembre: "Baba m'a interpellé par le nom de Nannayya Bhatta lorsque je me rendais près de Lui à 7hl5 du matin!" Je ne savais pas du tout alors que ce nom était lourd d'histoire. C'était 2 ans avant la publication de Sa biographie, "Sathyam, Shivam, Sundaram", livre qu'Il écrivit par personne interposée, en l'occurence moi, Son Sathcharitha. Il m'avait béni en me confiant cette tâche dès 1948, et j'attendais toujours Ses ordres pour commencer 10 ans après, car II disait: "Si tu publies un livre sur Moi maintenant les gens ne le croiront pas; ils croiront que c'est un conte de fées; attends encore jusqu'à ce que le monde soit prêt à le recevoir!"

Ce nom qu'Il m'octroya était, comme je l'appris plus tard, célèbre dans l'Andhra: c'était le nom de l'Adi Kavi, le Poète Majeur, l'un des trois qui compilèrent ensemble l'immortel Andhra Mahabharathann; on dit aussi que Nannayya Bhatt a composé un autre grand poème sur Sri Rama, "Raghavabhyudayam". 11 vivait à Rajamahendravaram, sur les bords de la rivière Godavari, au XI ème siècle après J.C. et il avait comme protecteur, l'empereur Chalukya, Rajaraja. Tandis qu'Il m'interpelait, avec une étincelle dans Son oeil, moi l'illettré, par, 1e nom de Nannayya Bhatt qui chanta en une merveilleuse poésie la gloire de Sri Rama, Baba ne faisait que dévoiler Son identité. Ce surnom était une fléchette contre mon égoisme, contre la vanité de cette infime ride sur l'Océan éternel et sans limite qu'Il est. Puis-je moi aussi m'établir en nithya nirabhimana, (état permanent sans ego), telle est ma prière quotidienne.

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M.S. Dixit, déjà mentionné, est le neveu de Kakasaheb, qui fut intimement lié à SAI BABA de Shirdi. Il eu souvent l'occasion de recevoir les bénédictions de BABA au Dwarakamayi. Une fois, BABA prit de l'Udi et l'appliquant d'une claque sur son front, Il lui dit: "Va au Wada, ne t'assieds pas ici". C'était encore un adolescent; il dit à son oncle: "je n'irai plus voir BABA; Il m'a donné une claque sur le front ». Kakasaheb lui répondit: "Tu es fou; la tape qu'Il t'a donnée signifie que ton horrible mal de tête ne reviendra plus". Dixit a 70 ans aujourd'hui et le mal de tête n'a plus jamais osé le tourmenter depuis cette claque. Il raconte encore un autre incident: "Un jour, vers 5h30 du matin, BABA envoya chercher un barbier pour être rasé; après quoi II prit Son bain. C'était très inhabituel; Il se rasait et prenait Son bain en général 1'après-midi. Ce jour-là, après le bain, Il envoya un homme chez l'épicier pour avoir une noix de coco, un peu de jaggary et une poignée d'arachides. Il cassa la noix de coco et coupa l'amande en plusieurs morceaux; puis II en distribua un morceau avec du jaggary et des arachides à tous ceux qui se trouvaient là. Après cela II dit: "Bolo Gajanan Mahara j Ki Jai". Nous criâmes tous "Jai". Je me demandais pourquoi; personne ne savait qui était ce Gajanan Maharaj.

Plus tard Baba nous dit: "J'ai perdu mon frère, ce matin". Deux jours plus tard, Kakasaheb reçut une lettre de Shegaon, écrite par Buty Saheb, disant que son Guru Gajanan Maharaj avait quitté son corps à 5h30 du matin, ce jour, et que pendant ses derniers instants, Il lui avait assuré: "Mon frère SAI BABA prendra soin de toi désormais; va Le voir à Shirdi". (Sathya Sai Baba aussi a immédiatement conscience de la naissance ou de la mort ou de quoi que ce soit qui arrive à chacun; II annonce à Son entourage la mort—ou plutôt l'immersion à Ses Pieds- des personnes souhaitant avoir cette manière heureuse de se délivrer).

II y a quelques années, Dixit, qui était à Mangalore en train de lire le 'Guru Charitha' dans le texte original, décida de finir le livre en sept jours: cela est appellé Saptaha. Le septième jour , il fit un rêve: "J'entrai sous un porche en forme de voûte et pris une large route bordée d'arbres vert sombre des deux côtés qui me conduisis jusqu'à un magnifique bâtiment. Alors que j'avançais, je sentis que quelqu'un me suivait et m'appelais d'une douce voix caressante, "Dixit, Dixit". Quand je me retournai pour voir à qui appartenait cette voix, je vis une charmante silhouette en robe de soie, auréolée d'une épaisse couronne de cheveux abondamment frisés. Quelques jours plus tard, je rendis visite à un ami docteur et je vis dans sa chambre le portrait du même homme. Qui est-ce? Est-il accessible? Demandai-je. La réponse me saisit: 'C'est BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA! 'SAI BABA? SATHYA SAI BABA? Considérai-je. Le docteur dit: "Quelques-uns de mes amis vont aller Le voir incessamment, vous pouvez vous joindre à eux si vous voulez".

Dixit fut submergé de joie; il se joignit au groupe et arriva à PRASANTHI NILAYAM. Il passa sous la voûte du porche, il s'avança le long de la large route bordée des deux côtés par des arbres vert sombre. Il vit la charmante silhouette, il entendit la voix argentine, lorsqu'il fut convoqué pour un entretien personnel dans le Salon Privé.

Laissons Dixit raconter ce qui est arrivé. "BABA m'appella ll regarda avec moi une petite photo de mon oncle. "Je le connais, c'est Dixit, le frère de votre père, son frère ainé. Je lui ai dit que Je reviendrai dans huit ans. Avez-vous un doute?" demanda-t-Il. Cette question était pertinente, car jusqu'à maintenant j'étais torturé par le doute. "Aujourd'hui Dixit est fermement convaincu que ce SAI BABA est le même qu’Il servait à Shirdi grâce aux nombreuses expériences qu'il eut pour affermir sa foi.

BABA accorde aussi de telles expériences à beaucoup de bienheureux, même à ceux qui n'ont pas entendu parler de l'autre BABA. Son plan est sans doute de les attirer à Lui, pour qu'ils deviennent des messagers de "l'ère Sai" de joie spirituelle. Sinon, comment pourrions-nous expliquer la remarquable expérience de Srimathi Sudha Mazumdar de Calcutta? Elle exerce depuis longtemps la profession d'assistante sociale et elle a beaucoup contribué à l'amélioration du sort des femmes dans les prisons de l'Inde; elle fut longtemps Vice-Présidente du Congrès National des

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femmes indiennes. Sa traduction du Ramayana en Anglais a allumé la flamme de la dévotion dans des milliers de coeurs à travers le monde. Voici son récit personnel de la manière dont, tout à fait spontanément, SATHYA SAI BABA s'installa dans son coeur et infusa sa foi en Lui, comme ce même SAI qui était à Shirdi:

Il y avait un léger crachin en ce matin d'octobre 1964; j'étais à Darjeeling, au-dessus de Jalapahar, assise sur un banc à l'abri, au bord de la route, et je regardais vers le fond de la vallée. Au-delà se trouvaient les chaînes du Kanchejunga couronnées de nuages. La beauté des Himalayas ne réussissait pas à élever mon esprit qui était alourdi par les soucis. Tandis que je contemplais la splendeur de la nature avec des yeux aveugles, je remarquai une silhouette vêtue de blanc, grimpant vers l'endroit où je me trouvais. Un vieil homme, portant un parapluie délabré sous le bras, atteignit l'abri et se planta devant moi, respirant avec difficulté. II portait sur la tête un petit bonnet blanc; à sa longue robe blanche, je compris que j'avais affaire à un fakir. II hésita, comme s'il n'était pas sûr que je veuille bien accepter de partager le banc avec lui. Je l'accueillis avec chaleur. Il sourit et s'assit près de moi, en appuyant avec soin son parapluie contre le banc. Ce dernier était recouvert d'un tissu blanc qui, par endroits, s'était décousu de 1'armature; je me demandai à quoi il pouvait bien servir!

L'homme était silencieux; moi aussi. Nous contemplions tous les deux les sommets enneigés, devant nous, car les nuages s'étaient dissipés, dévoilant leur splendeur étincelante. Quand Il eut repris son souffle, je lui demandai d'où Il venait. "0h, de très loin", sourit-Il et de sa main tendue, Il désigna le lointain. "Du Népal", ajouta-t-Il. "Mais où séjournez-vous ici? » "Oh, n'importe où, quand le soleil se couche". « Et pour la nourriture?" « Les gens sont gentils, j'ai toujours quelque chose à manger et un quelconque abri pour la nuit". Puis Il rit. "Je me suis régalé d'un bon repas quand les pauvres ont été nourris après la mort de Nehru". Il avait croisé ses longues jambes et fouillant dans le sac de coton qu'Il portait en bandoulière sur l'épaule, Il extirpa un bout de chiffon dont Il sortit une pincée de tabac.

Cependant Il ne prit pas ce tabac, Il était assis, les yeux fixés sur l'horizon montagneux, et fredonnait des paroles mélodieuses en Hindi. "Qu'est-ce que c'est?" demandai-je. Tournant son regard vers moi, Il dit qu'elles étaient de Kabir. Il était un Kabir Panthi. "Oui", continua-t-Il, "mon père et ma mère sont morts tous les deux quand j'étais très jeune. Je n'ai pas d'autre famille. Les voisins disaient que je devais me marier, pour avoir quelqu'un pour me faire la cuisine. Mais pensais-je, puisqu'II a choisi de me laisser sans aucune famille, ce doit être parce qu'Il veut que j'abandonne le monde. Donc, une nuit, je quittai la maison et devins vagabond. Quand j'eus 16 ans, je devins fakir, engagé sur le sentier de Kabir".

Ici, Il fredonna un autre couplet. Il avait un rythme obsédant. Sortant de mon sac un bloc-notes et un crayon, je Le priai de me dicter les paroles. Les yeux pleins de bonté, Il me regarda et hocha la tête. L’un après l'autre, je notai les trois couplets élégants et précis. Il corrigea mes fautes et m'expliqua le sens des paroles. Les voici traduites aussi bien que j'ai pu:

1Choisissant des briques avec soinL'homme construit une demeure ici-bas. Puis il dit: "Cette maison est à moi!" Mais ce n'est ni "mien" ni "tien"; Ainsi ai-je entendu C'est juste un nid pour l'oiseau.

2Ta terre s'en ira

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Tes biens s'en iront Ton joli linge s'en iraAvec ses cheveux tressés, la demoiselle si blonde. L'aveugle aussi s'en ira Oh, si admirablement... Et pendant un moment, ta demeure sera le désert!

3Avec quels grands espoirs le garçon fut élevéCombien tendrement il fut nourri de lait, si pur... Et lui?Ne blâme ni ta mère ni ton père Tout cela t'était destiné.

Le fakir me donna les explications avec beaucoup de patience: "Les demeures ne sont que des nids pour l'esprit enfermé dans le corps; le nid est abandonné quand le couple affecté à ce nid est épuisé.... Tout ce qui est de ce monde est laissé sur place quand la mort arrive. Le corps retourne aux éléments dont il est composé..." Les yeux pleins de compassion, Il m'expliqua le dernier verset: "Si vous ne recevez ni amour ni gratitude en retour de tout le travail et de toute la peine que vous avez supportés, souvenez-vous, c'est le résultat de votre propre Karma. Ne blâmez personne".

"Tout à fait vrai", murmurai-je, les yeux humides. "Mais comment avancer sur le sentier?" Je me souviens qu'Il me donna un bon conseil... et aussi Il me dit de me réveiller à 4 heures du matin, de répéter ces versets et de méditer dessus. Il était si tendre et si compréhensif. Je m'inclinai bien bas devant lui, les mains jointes en namaskar (salutations) et mit une roupie sur le banc près de lui. Il me donna sa bénédiction avec une abondance de paroles dont je ne me souviens pas entièrement, prit son parapluie et me laissa avec une sensation de paix. Qui était ce fakir? Mon fils me dit: "Je vais tous les jours au bureau de ce côté de Jalapahar et je n'ai jamais vu de fakir. Ton habitude de te lier d'amitié avec des étrangers te plongera un de ces jours dans les ennuis, fais attention".

Dans l'hebdomadaire illustré de Novembre 1965, parurent des articles et des portraits de SATHYA SAI BABA. Je fus complètement déconcertée par sa coiffure. Je ne lus même pas l'article. En mars 1966, je reçus une carte postale anonyme timbrée de Bombay -une de ces chaînes par lettre me demandant d'envoyer à vingt personnes ce qui était écrit sur cette carte au sujet de SAI BABA et m'annonçant que j'obtiendrai bonheur et prospérité dans les dix jours qui suivraient! J'étais dans une grande détresse mentale à ce moment-là. Je me retrouvai en train de me procurer 20 cartes postales, d'écrire les lettres en secret et de les mettre à la poste! Si mes familiers avaient su, ils m'auraient faite enrager, car n'avais-je pas refusé de savoir quoi que ce soit sur SAI BABA à cause de ses cheveux?

Plus tard en novembre, deux amies vinrent me trouver pour discuter d'un séminaire qui devait avoir lieu le mois suivant à Bangalore. "Tu as de la chance de pouvoir y aller; essaies d'aller voir SAI BABA si tu peux", me dit une amie. "Oh", dis-je l'esprit ailleurs, "Pourquoi? Qui est-ce?" Puis elle nous parla des pouvoirs miraculeux de BABA et nous dit que des miracles se produisaient dans la maison de Mme Rao. Les détails paraissaient si incroyables que je dus sourire. "Tu ne me crois pas?" dit-

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elle d'une voix blessée. Je me hâtai de lui assurer que puisque cela venait d'elle, ce qu'elle disait devait être vrai. Elle secoua la tête: "Non. Tu dois voir par toi-même. Je peux t'y amener maintenant, ce n'est pas loin".

Nous laissâmes donc nos dossiers et nos papiers, appelâmes un taxi qui nous conduisit au modeste logis de Mme Rao. Elle nous accueillit en riant et nous dit: "Voyez ce que BABA est en train de faire!" et elle nous conduisit à l'endroit où, parmi d'autres images pieuses, la petite photo encadrée de Baba donnait la bénédiction avec ses yeux. Au-dessus de Son front apparaissait une fine poussière grise. C'est de la 'Vibhuti' nous dit-on et on nous en donna un peu, enveloppé dans des morceaux de papier. Mme Rao n'avait jamais vu BABA si ce n'est dans un rêve une fois; elle se procura cette photo de Lui et quelques temps après, cette cendre parfumée commença à apparaître sur la photo; cette cendre est mise de côté pour en donner aux dévots. "Mais ceci n'est rien" dit-elle en riant. "Vous devriez voir ce qui se passe au domicile de ma servante".

Elle nous raconta comment sa servante devint une fidèle de BABA; après s'être procuré trois photos de Lui, elle les encadra et les mit dans son coin à prières. Elle termine ses prières à 4h du matin, puis elle part à ses occupations quotidiennes: pour gagner sa vie, elle va dans différentes maisons laver, récurer, balayer. Sur les portraits de BABA comme signe de Sa Grâce, il apparaît de la Vibhuti sur l'une, du kumkum sur une autre et sur la troisième du Haldi! (tuméric) La prospérité est sienne maintenant; elle m'a quittée car on lui offrait de meilleurs gages ailleurs. « Sa maison est- elle loin?" demandai-je. "Pouvons-nous y aller maintenant?"

Mme Rao nous dit que sa maison n'était pas loin mais située au coeur d'un quartier sans éclairage et la pluie de ce jour devait avoir détrempé le terrain qui y menait et qui devait être tout boueux. Nous lui assurâmes que cela n'avait pas d'importance si elle acceptait gentiment de nous y conduire. Nous marchâmes avec elle dans l'obscurité par des sentiers étroits, éclairés de temps à autre par la flamme vacillante des lampes à huile des maisons avoisinantes, jusqu'à ce qu'enfin nous soyions parvenues à destination.

La servante s'appelait Madhuri. Elle était absente, mais son mari, chauffeur de poids lourds et ses quatre enfants étaient là. Occupant la moitié de la petite pièce, il y avait une structure de bambous fendus fixée au sol de terre battue, sur laquelle ils dormaient tous ensemble, leurs effets personnels étant rangés sous l'édifice de bambous. L'autre moitié de la pièce était le coin réservé à la prière.

L'endroit était d'une propreté méticuleuse; les quelques récipients de cuivre luisaient sous la lampe. Ce mur de la pièce était recouvert d'images pieuses en couleurs dont une de SHIRDI BABA et, en bas, au-dessus d'une tablette métallique recouverte d'un linge propre, se trouvaient les trois portraits de SATHYA SAI BABA, et en vérité, on pouvait y voir de la Vibhuti, du Kumkum et de la Poudre Haldi coulant à profusion du front de BABA. Une lampe à huile en cuivre brûlait et un agréable parfum remplissait l'humble demeure. L'endroit exhalait une atmosphère très positive et, vaincue, je prononçai une prière et laissai une offrande. Deux jours plus tard, la servante avait réussi à retrouver ma trace et m'envoyait un grand panier de'prasad'. Principalement des douceurs faites maison, et de la Vibhuti de BABA. J'étais émue jusqu'au plus profond de moi et je me promis d'aller voir ce SAI BABA.

Comment je réussis dans mes tentatives alors que j'avais abandonné tout espoir est une autre histoire; je veux en terminer ici avec la partie seule qui est en relation avec mon Fakir. Abandonnant la voiture sur le bord de la route, Usha et moi avançâmes dans l'allée piétonnière vers l'endroit où SAI BABA donnait le Darshan aux dévots pour Son dernier jour à Madras; c'était en janvier 1967. Perdue dans mes pensées à propos de ce que j'avais vu et entendu sur ce personnage extraordinaire, j'entendis Usha dire: "Regarde Tatie, n'est-ce pas une jolie maison?" "Oui", approuvai-je, "elle est très belle". Puis soudain, me souvenant de ce premier

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verset de kabir, je le chantai doucement pour moi-même. "Qu'est ceci Tatie?" demanda Usha. "Oh, seulement un bhajan qu'un fakir m'a donné à Darjeeling. C'est de Kabir. Ce fakir était un Kabir Panthi". Usha s'arrêta et me fit face avec un regard intrigué. "Un fakir? Kabir Panthi? Pourquoi Tatie?" hoqueta-t-elle, "ce devait être SHIRDI SAI BABA! "Au nom du ciel, que dis-tu Usha?" Follement excitée, Usha saisit ma main et opina de la tête: "Oui! Oui! Ce devait être SHIRDI SAI BABA. Je viens juste de lire "l'Incroyable Sai Baba" d'Arthur Osborne, et dans ce livre, on raconte entre autres qu'Il apparaît aux gens et qu'Il a été un Kabir Panthi... Je ne pus que sourire à l'extravagance de sa pensée.

"Tatie", persista Usha, tandis que nous continuions à marcher, "demande à Sai Baba quand tu le rencontreras ce matin, s'Il n'est pas la réincarnation de SHIRDI BABA ».

"Je ne pourrai jamais Lui demander une chose aussi absurde", lui dis-je, mais elle continua à me harceler. Ses mots d'adieu furent: "Tu n'as rien à craindre, Il n'est jamais ennuyé par les questions".En revenant en arrière, je reste confondue devant l'étrange succession

d'événements qui m'ont amenée devant cette porte fermée du premier étage. J'avais dans les mains un petit billet sur lequel je demandais une entrevue s'Il estimait que je n'en étais pas trop indigne. Il était entendu que je le remettrais à la personne qui ouvrirait la porte... Nous n'avions pas frappé. La porte s'ouvrit et voici-BABA en personne! ll me dit en souriant gaiement: "Entrez, faites Namaskar!" Il m'accordait le désir de mon coeur. Je m'inclinai profondément pour toucher les pieds merveilleux de la silhouette en robe rouge dont les yeux accordaient la bénédiction.

Je voulus Lui poser des questions à propos de mes problèmes personnels mais ce fut Lui qui me parla de mes peines et qui m'assura que tout irait bien. Puis, me souvenant des paroles de ma nièce, je balbutiai: "BABA, Usha dit que je devrais Vous questionner à propos du fakir que j'ai rencontré à Darjeeling... Il.." M'interrompant, Il dit: "C'était Moi sous une autre forme. Je t'ai donné trois enseignements", ajouta-t-Il en levant 3 doigts... Je me souviens avoir sangloté à Ses pieds, et tout ce qui me vint aux lèvres fut: "Baba serez-Vous avec moi?" Je sentis Sa main sur ma tête et, comme dans un rêve, j'entendis: "Toujours!Toujours!" Mon visage était humide de larmes. Mon coeur débordait. Mon esprit était enfin en paix. Ensuite II matérialisa, comme pour me consoler, de la Vibhuti et une petite photo

de Lui avec Sa main levée en signe de protection, où était aussi mentionnée Son adresse, comme sur une carte de visite. "Mettez-la dans votre porte-monnaie", dit-Il et II me donna une poignée de petits paquets de Vibhuti qui se trouvaient dans une jatte de cuivre. "Venez à Puttaparthi pendant Shivarathri, toutes les facilités vous seront accordées".

Il me dit aussi qu'Il viendrait à Calcutta. Lui seul sait à quel moment j'aurai le bonheur d'être à Puttaparthi et d'être

gratifiée d'un autre Darshan.

Juin 1957. J'étais à Bombay pour une réunion, mais mon esprit était en proie à un vif désir. "J'aimerais aller à Shirdi" dis-je à mes amies. "Voudrais-tu, s'il-te-plait, aller aux renseignements?" demandai-je à mon hôte;" et aide-moi à faire cette visite. "Il revint un jour du bureau avec un large sourire, et me dit: "Voilà Tatie, quand j'ai mentionné ton désir, on m'a répondu que, puisque tu souhaitais y aller, Shirdi Baba accomplirait sûrement ton voeu!" "Tout cela est très facile à dire", répliquai-je d'un ton maussade, "mais comment? Avec qui? et où demeurerai-je à Shirdi?" Ma santé n'était pas très bonne et plus j'y pensais, plus je me sentais déprimée à la perspective d'aller par mes propres moyens dans un lieu étranger. Mais la prédiction s'avéra exacte. De manière extraordinaire, une charmante dame originaire du Maharashtra et voyageant dans le même compartiment que moi me guida vers le bon train alors que je m'étais embarquée

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dans une mauvaise direction. Avec deux autres compagnons découverts au dernier moment et dévots de BABA, elle nous donna l'hospitalité chez elle, à Nasik, et fit le nécessaire pour notre visite à Shirdi le matin suivant.

"L'Arathi commence; venez tout de suite!" Le voyage en bus avait était long et poussiéreux; aussi fîmes-nous un brin de toilette avant de nous hâter vers le lieu du Samadhi. A l'endroit où reposaient les cendres de SHIRDI BABA il y avait une feuille d'argent luisante qui recouvrait tout l'espace. IL y avait là des fleurs multicolores en abondance, des lampes allumées; l'air était chargé du parfum de l'encens, les cloches sonnaient, la foule se déversait à flots. Je pressai le pas pour avoir une vue meilleure. Mon coeur s'arrêta de battre quand mes yeux se posèrent sur la statue de marbre blanc grandeur nature. Assis avec la jambe gauche croisée sur le genou droit, cette statue de SHIRDI BABA près du tombeau ressemblait à s'y méprendre au fakir que j'avais rencontré à Darjeeling. Le même visage, la même pose, sauf à la place du petit bonnet, il y avait une écharpe enroulée autour de la tête comme un turban. Le même type de regard indéchiffrable m'observait de façon pénétrante. Je retenais mon souffle. Le temps passa... Mon esprit accepta graduellement un fait indiscutable et cessa de se tourmenter avec des pourquoi et des comment. Suite à mon abandon, les larmes coulèrent, me libérant de ma tension. Mes lèvres tremblantes murmurèrent "Baba! Baba!" et je priai silencieusement pour qu'Il m'accorde Sa Grâce. Mes mains se cramponnaient au plateau rempli de fruits et de fleurs qu'on m'avait donnés pour faire l'offrande rituelle ici avec les autres. Mes larmes continuaient de couler, je jouissais d'un sentiment de paix, cette paix qui est au-delà de toute compréhension et qui remplissait mon cœur».

SATHYA SAI BABA qui choisit volontairement et soudainement Sudha Mazundar à Darjeeling comme Son instrument et qui l'attire dans la famille Sai, qui lui donne le Darshan et l'Upadesh (initiation) sous la forme de Son corps précédent! Le fakir, SATHYA SAI BABA, SAI BABA ; Sudha Mazundar est vraiment comblée au-delà de toute expression! Son expérience est là pour ouvrir les yeux de ceux qui refusent de voir.

Il y a une vieille dame à PRASANTHI NILAYAM dont l'expérience tranche la question de 1'avatarat. Son père, Percepteur dans les Domaines du Nizam, l’emmena à Shirdi alors qu'elle avait 3 ans et ensuite l'y ramena pour ses 7 ans; elle fut mariée à cet âge-là; elle perdit les 4 enfants qu'elle porta; déchirée de douleur, elle se jeta aux Pieds de SAI BABA à Shirdi en 1917 et Lui demanda 1'Upadesh (initiation spirituelle) et la permission de rester près de Lui. En Lendi Bagh, Baba lui dit: "Pas maintenant; Je reviendrai dans l'Andhra; tu m'y rencontreras à ce moment-là et tu seras avec Moi" Elle s'en retourna dans les domaines du Nizam, prit part à la propagation de la dévotion grâce à des récits musicaux sur la vie des saints et des sages, créa un centre d'accueil pour les orphelines appelé Sai Sadan, et pendant ses voyages pour récolter de l'argent pour ses institutions, elle entendit dire qu'un fils Raju avait annoncé qu'Il était SAI BABA! Elle accourut à Uravakonda, se joignit à la foule qui se rendait au domicile de Seshamaraju ce jeudi-là et s'assit près de Lui, à Sa droite.

Elle raconte que BABA lui parla à voix basse en Hindi, comme à Shirdi: "Ainsi tu es venue, Mon enfant". Il la questionna sur une somme de 16 roupies qu'elle Lui devait! Cela la prit de court. Elle Lui demanda d'où venait cette dette. Il répondit: "Sur l'argent que tu avais récolté pour l'envoyer à Shirdi à l'occasion des célébrations de Dasara, tu as prélevé 40 roupies que tu as prêtées à Balaram; il ne t'a rendu que 24 roupies".

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Et, ajouta-t-Il, dans un chuchotement: "Je te demande cela uniquement pour te convaincre que Je suis SHIRDI SAI BABA... Tu n'as pas touché Mes pieds... Tu t'es assise dès que tu es entrée". Cette Dame ferma son institution et vint fréquemment à PUTTAPARTHI après cet épisode. Elle vit maintenant à Prasanthi Nilayam, heureuse que ce que BABA lui avait dit à Shirdi se soit réalisé.

Alors, incroyable n'est-ce pas? Arthur Osborne ne put trouver un autre adjectif pour résumer la Gloire de SAI BABA; l'incrédibilité du prodige persiste encore aujourd'hui.

CHAPITRE 9

JOIE DIVINE

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Il dit, « Je connais les agitations de vos coeurs, les aspirations, les vagues et les tourbillons ; mais vous ne connaissez pas Mon coeur. Je réagis à la douleur que vous subissez, la joie que vous ressentez. Ainsi, Je suis dans chaque coeur. C'est le temple où Je demeure. »

Celui qui écrit un livre sur BABA doit être saisi d'un trac permanent, car, dit BABA, "Je n'ai nul besoin de publicité. Qu'oserez-vous publier? Que savez-vous de Moi, Je vous le demande! Vous dites une chose sur Moi aujourd'hui et une autre demain! Vous n'avez pas acquis une foi inébranlable. Vous Me louez quand tout va bien et Me blâmez quand tout va mal. Vous voletez d'un refuge à l'autre". Vraiment, je ne sais pas grand chose d'exceptionnel sur le Mystère représenté par BABA; vingt années de présence et d'association constantes n'ont pas réussi à déchirer le voile, à travers lequel on ne Le perçoit que très vaguement. BABA dit: "Soyez sincère; ne parlez que de votre expérience véritable; ne déformez pas, n'exagérez pas et ne dénaturez pas cette expérience". Je ne peux qu'essayer d'adhérer de mon mieux à cette directive qu'Il nous a donnée". Si vous M'acceptez et dites 'Oui', Moi aussi Je réponds 'Oui, Oui, Oui' Si vous Me reniez et dites 'Non', Je réponds 'Non' en écho. Venez, expérimentez, et gagnez la foi; c'est la façon de M'utiliser". C'est pour cette raison, bien qu'Il m'ait dit en 1948 que je devais écrire Sa biographie, Il ne me donna le feu vert qu'en 1968, après que « je sois venu, que j’ai expérimenté et que j’ai gagné la foi', au bout de trente années de critiques acerbes sur les pitreries des dirigeants sociaux et des chefs religieux!

Le ton sarcastique dont j'ai usé pour écrire sur ces dirigeants fut motivé par mon aversion pour 'les miracles', aversion qui m'est venue au contact de la mission Ramakrishna. Mais voici ce que dit Baba: "Certaines personnes signalent que Ramakrishna Paramahamsa a déclaré que les siddhis ou pouvoirs acquis au cours de pratiques spirituelles sont des 'obstacles' sur le sentier du sadhaka(disciple). Bien sûr qu'ils le sont. Le disciple peut être induit en erreur par les siddhis ou pouvoirs. Il doit continuer sur le droit chemin, sans se laisser entraîner par eux. Il court le risque de voir son ego gonfler s'il cède à la tentation que ces pouvoirs font miroiter devant lui. C'est un conseil avisé dont chaque aspirant doit tenir compte".

"Mais l'erreur réside dans le fait de M'assimiler à un sadhaka ou un aspirant, de confondre le chercheur et le Cherché! Tout ce que Je fais ressort de la nature fondamentale de l'Avatar. Les sceptiques critiquent sans savoir. Si vous étudiez les Ecritures (sastras), vous verrez les choses plus clairement. Ou alors, il vous faut explorer l'expérience directe".

Et, pour clarifier la signification qu’Il donne de l’Avatar II déclare: "Un Avatar vient pour racheter et dévoiler", II nous dit: "Je connais les agitations de votre cœur, ses aspirations, ses vagues et ses remous; mais vous ne connaissez pas Mon coeur. Je réagis à la douleur que vous éprouvez, à la joie que vous ressentez. Car Je suis dans chaque coeur. C'est le temple où Je réside".

Bien que ce soit une tâche difficile d'écrire sur Lui, bien que la plume soit hésitante, les événements marquants doivent être rapportés, les arguments illustrés, aussi clairement qu'Il m'a permis de les voir.

Le jour du 13 décembre 1964, BABA se rendit à Kalahasthi après Sa visite à Venkatagiri, comme II l'avait annoncé quand II sortit sur la route en passant par les portes de Rammohanrao à Manjeri, des centaines de miles plus loin! Le 17, IL visita l'Ashram de Vyasa à Yerpedu, près de Kalahasthi où feu le Malayala Swami avait rendu d'inestimables services en répandant la doctrine de l'Adwaitha et son message universel. BABA dit: "Le Malayala Swami a fait comprendre à tous ceux qui

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sont venus à lui et aux milliers de gens qu'il a rencontrés, la grandeur de la Réalité qui se cache derrière l'irréel. Il a appris cela par l'étude et la discipline spirituelle".

Vimalananda, le moine chargé de ce grand centre de Discipline spirituelle et de savoir fut pendant de longs mois l'hôte de Prasanthi Nilayam avant qu'il ne rejoigne l'Université de Bénarès pour y poursuivre des études plus approfondies en sanskrit. Pendant qu'il était à Prasanthi Nilayam, il composa une guirlande de vers et les plaça dans les mains de BABA. Quand son Guru, le renommé Malayala Swami, respecté dans tout l'Andhra Pradesh ainsi que dans de nombreux états voisins, passa dans le monde de 1'immortalité, Vimalananda se tourna vers BABA pour l'avoir comme guide; il souhaita être intronisé à la vie monastique par Ses mains divines. Mais BABA ne le détourna pas de son Guru; Il exigea qu'il assume sa nouvelle fonction comme Malayala Swami lui-même l'avait décidé.

L'atmosphère de cet Ashram était imprégnée de la Gloire de Vyasa, rappelant les dures épreuves et les tribulations subies par le saint qui fut adopté comme précepteur par des milliers de gens de l'Andhra Pradesh; elle résonnait de la récitation des hymnes Védiques et était embaumée par les ardentes discussions sur la signification et le but de 1'existence; tout cela dut conduire BABA à révéler une partie de Son message et de Sa mission. "Ma tâche n'est pas simplement de guérir, de consoler et de supprimer la misère et la souffrance des individus. Cela n'est qu'accidentel. Ma tâche principale est le rétablissement du Vedantha et du chemin de vie Védantique en Inde et dans le monde".

Il déclara aux étudiants de l'école de Sanskrit: "Rivalisez de vitesse avec les autres dans votre course vers Dieu. Progressez dans la voie de la modération et de la discipline; le pays a besoin d'enfants tels que vous et non de citoyens cultivés et non disciplinés qui plongent la société dans le désordre".

En février 1965, de passage à Penukonda où II inaugurait la Célébration de la Fête de l'école, BABA prononça des paroles bienveillantes. Les étudiants de tout le pays s'étaient engagés dans un mouvement de protestation contre la politique du Gouvernement à propos du Hindî, et le jour-même de la Fête de l'école, l'agitation avait atteint le sommet de l'irresponsabilité, dans toute la ville.

Mais les étudiants de Penukonda refusèrent de s'y mêler; ils se concentrèrent sur les Célébrations et gagnèrent la Grâce de BABA. II leur dit: "La dette d'amour que vous avez envers vos parents, qui peinent dans les champs, sous le soleil et la pluie, pour vous assurer ici le bien-être, doit être remboursée par une étude intense et sincère. Toutes les autres dettes ne viendront que plus tard, y compris la dette envers la mère-patrie et la langue maternelle. Je constate que vous êtes conscients de cela, que vous restez calmes et recueillis, alors que tout autour de vous, la tempête fait rage".

Février vit aussi 1'Upanayanam (cérémonie d'initiation) de 450 garçons, à Prasanthi Nilayam. "Ils viennent d'être incorporés dans Mon armée aujourd'hui même", dit Baba . L'Upanayanam (fait d'être amené au Guru ou au Précepteur pour recevoir une éducation spirituelle) est un grand événement dans la vie des garçons Brahmin, Kshatriya et Vaisya. Ce fut magnifique de voir tous ces jeunes garçons intelligents au seuil de leur nouvelle vie, "nés de nouveau" en quelque sorte, confirmant comme le firent leurs ancêtres sur les rives des rivières sacrées, la force du Dharma qui soutient 1'Univers. C'était exaltant de les voir être initiés au plus sacré des mantras Védiques, la Gayathri. C'est une prière adressée à la Lumière qui imprègne la totalité de la création, dissipe l'obscurité, l'ignorance et le mal. Ce sacrement qui était si vite devenu démodé devant les gadgets rutilants de la vie américaine et anglaise s'est trouvé ainsi restauré par BABA et remis à sa place primitive dans l'éducation de ces garçons.

Sivarathri arriva bientôt après. Ce jour-là, BABA rayonne en tant que SHIVA et Ses discours mettent un accent particulier sur Jnana (la sagesse) et la nécessité de

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1'obtenir. "Jnanam Maheswaraad ichcheth » (demandez à Maheshwara le don de la sagesse), disent les Sastras. Les Sages ont fixé ces jours sur le calendrier pour qu'ils soient consacrés à la dévotion et à l'initiation.

Pour Sivarathri se produit le miracle des miracles, la création d'un Linga dans le corps de Baba et son émergeance. En 1955, environ 18000 personnes assistèrent à ce phénomène unique et solennel, dans un silence et une tension des plus profonds; tous les yeux étaient rivés sur la frêle silhouette resplendissante, sur l'estrade. La tension fut extrême quand un Linga transparent, lisse et brillant sortit de Sa bouche et dont le chatoiement aveuglait presque les yeux, symbole de Brahmananda, 1'Univers sur lequel SIVA veille éternellement; c'était le symbole de quelque chose de trop infini, de trop prodigieux pour que nos petits esprits le comprennent. Cette splendeur lumineuse nous fit fondre en larmes de joie et de gratitude. Elle nous parla de la beauté et de la lumière qui réside en chaque être et en chaque chose; dans le ciel constellé d'étoiles et dans le coeur humain.

Pendant les deux semaines qui suivirent Sivarathri, BABA fut occupé à dispenser Sa Grâce aux malades, aux vieillards et aux handicapés qui étaient venus, ainsi qu'à tous ceux qu'Il savait mériter Son attention immédiate, pour des remises en état, physique, mentale ou spirituelle. Par la suite, Il partit pour Kakinada, dans le Delta de la Godavari, où les dévots attachés à Son incarnation précédente à Shirdi, avaient construit un temple qu'Il devait inaugurer. La foule rassemblée à Kakinada était terriblement dense; les rues étaient bondées et les toits débordaient de foules brûlant d'impatience. Les organisateurs étaient anxieux car les maisons n'étaient pas faites pour supporter de telles charges sur le toit, mais BABA leur assura que rien n'arriverait. Il lança juste un coup d'oeil circulaire en disant: "Voilà qui doit suffire pour assurer la sécurité de tous, hommes, femmes et enfants».

Pendant Son discours, BABA déclara: "II n'est pas nécessaire que vous construisiez un temple pour chaque nouveau Nom que vous utilisez pour invoquer Dieu, ni pour chaque nouvelle Forme que vous pensez être assumée par Lui. Vous pouvez L'invoquer partout à tout moment. L'ancien Temple est saturé de la piété et des prières de générations d'authentiques fidèles; ce serait une erreur de vous détourner du capital ainsi accumulé dans ce temple".

De Kakinada BABA se rendit à Sampara, un petit village situé à une trentaine de kilomètres de là. Bien qu'à plus de 1200 kilomètres de Prasanthi Nilayam, ce village était un joli jardin, fleurissant de dévotion pour BABA. Des années durant, des groupes de 50, 70 et même 100 hommes et femmes sont venus en pèlerinage à Prasanthi Nilayam et y sont restés plusieurs semaines pour s'immerger dans la foi et la discipline. Chaque maison du village, chaque ferme était un pur Prasanthi Nilayam parfumé par la récitation du Pranava OM, les séances de Bhajans, Namasmarana, le tout accompli comme les 'devoirs' autour desquels tournait la vie quotidienne. Rien d'étonnant qu'il y eut des drapeaux et des guirlandes tout au long du chemin. Les villageois organisaient chaque année l'exposé du Bhagavatha, un cours qui durait pendant des mois, et donc, ils virent dans le Maître qui venait les voir, le Seigneur dont le son de la Flûte emplissait l'univers d'une douce mélodie.

En accompagnant BABA à Sampara, nous assistâmes à un commentaire sublime sur le Bhagavatha. Sur les visages des gens simples de la campagne qui accouraient des champs labourés, traversant les canaux et les clôtures, vers la voiture de BABA, nous lûmes toute l'ardeur qui emplissait les coeurs des vachers de Brindavan. Comme nous approchions du village, les pages du Bhagavatha devinrent plus lisibles. Les tout-petits, les garçons et les filles, les jeunes filles et les mères, la jeunesse robuste et la vieillesse chancelante, tous rayonnaient d'une joie inexprimable. Ils n'auraient jamais imaginé que le Seigneur réponde si vite à leurs prières et vienne réellement par ces routes poussiéreuses et ces chemins flairant la bouse de vache, directement à la mairie de leur village! BABA était tout Amour et Grâce pour ces âmes sacrées.

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Dès qu'Il voyait un villageois courir à toutes jambes pour 1'entrevoir, Il demandait que la voiture ralentisse, de manière à ce qu'il puisse avoir le Darshan convoité; lorsque la voiture dépassa un groupe de personnes qui se rendait au village en char à boeufs, BABA fit une courte halte pour que les occupants du char puissent descendre et étancher leur soif. Il s'arrêtait quand II voyait des paysans courbés par l'âge, et qui allaient péniblement vers le village dans le but de se remplir les yeux de Sa vision, et II leur donnait des fruits pour qu'ils puissent s'en retourner chez eux sans peiner une seconde fois. Un vieux villageois conduisait quelques moutons à Sampara; BABA demanda au chauffeur de ralentir pour qu'il puisse avoir le Darshan; Il demanda même qu'on donne un coup d'avertisseur pour le faire se retourner! Mais non. Il fut sourd à l'appel de la Grâce. BABA dit: "Pauvre homme, la prochaine fois, la prochaine fois"... et l'automobile prit de la vitesse.

Le village était ivre d'une joie sacrée. BABA dit à 1'assemblée: "Vous désiriez ardemment que Je vienne parmi vous depuis six longues années; Je suis donc venu aujourd'hui, pour rafraîchir vos coeurs et vous donner de la joie". Il les mit en garde contre le bruit et le clinquant des villes et des cités". Là, 1'homme est devenu querelleur, avide et cruel. Les villes standardisent les mots, les habitudes et les attitudes de l'homme selon un modèle très vulgaire. Là, 1'homme est un animal que l'on cajole et que l'on ne contrarie pas pour qu'il devienne sauvage.

La Divinité de l'homme est négligée, dans leur course précipitée et leurs soucis, dans leurs luttes pour les possessions et le luxe. Apprenez à être satisfaits et heureux où vous êtes. Ne courez pas vers les villes, dans l'espoir d'y trouver bonheur et satisfaction. Ce sont des richesses intérieures, et non des acquisitions extérieures.

BABA a prodigué ce conseil dans tous les villages où II est allé. A Sathyavada, qu'Il visita plus tard au cours de ce voyage, Il déclara: "L'humilité et le respect disparaissent rapidement dans les villes; l'arrogance et l'irrespect se répandent. La peur du péché s'est évanouie; le citadin n'a plus aucune foi en Dieu ou en son frère. Mais, ces vertus — l'humilité, le respect, l'horreur du péché, la foi en la victoire de la vérité et en l'efficacité de la vertu, en l'existence d'un Témoin toujours présent — sont toujours vivantes dans les villages".

De Kakinada, BABA se rendit à Pithapuram où une immense assemblée s'était réunie, au milieu des ruines d'un fort historique. "Ces bastions et ces tourelles furent en leur temps les symboles du pouvoir et de 1'orgueil; maintenant ce sont des souvenirs funèbres de la fragilité et de l'inconstance du destin," dit Baba. "Ces murs pathétiques vous apprennent que le Temps est le grand vainqueur", ajouta-t-Il.

Yelamanchili, un village situé à la frontière du District de Visakhapatnam fut le dernier endroit qui reçut la Grâce de BABA. 50 000 personnes s'étaient rassemblées là pour Le voir et L'entendre, et retourner chez eux riches de nouvelles acquisitions. "Je refuse que vous Me donniez des fleurs qui se fanent, des fruits qui pourrissent, des pièces qui n'ont plus cours une fois la frontière franchie; donnez-Moi le Lotus qui fleurit dans votre Manasa-sarovara, dans les pures eaux limpides de votre conscience intérieure; donnez-Moi le fruit de votre sainteté et de votre discipline inébranlable", déclara-t-Il.

Ensuite BABA pénétra dans le Delta de la Godavari, qu'on appelle le Kona Sima, région dont BABA dit qu'elle est "la demeure du savoir traditionnel des Vedas et des Sastras, la pépinière de Pandits à la culture universelle instruits dans toutes les branches de la Science ancienne".

Naturellement Ses discours à Amalapuram qui est le centre de la région du Delta, s'adressèrent à ces dépositaires de l'ancienne culture et à ces gardiens de la Science Védique.

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Trois cent mille personnes environ prirent d'assaut la ville d'Amalapuram, quand BABA s'y trouva; par auto et par bateau, par bus et un charettes, à bicyclette et à pied, tous firent l'expédition pour recevoir Son Darshan et entendre Son message de force et de joie.

BABA donna le Darshan chaque fois que l'attroupement sur la route devant Sa résidence devenait trop important; II parlait à l'assemblée pendant 10 à 15 minutes, au rythme d'une fois toutes les heures, afin de réduire la pression qui pesait sur les maigres ressources de la ville, insuffisantes pour approvisionner les non-résidents! En dépit de cela, les réunions de la soirée mobilisèrent une foule immense. BABA leur dit: "Vous êtes venus par centaines de milliers de tous les villages et les villes à des kilomètres à la ronde, dépensant temps et argent et endurant une grande fatigue. Repartez d'ici avec cette leçon et retenez-la, au moins autant que tout ce que vous avez entendu pendant des heures: l'attachement cause de la peine et le détachement donne de la joie".

Il dit que les Pandits possèdent la clé qui ouvre le trésor du détachement. "Heureusement, il y a quelques Pandits dans cette région qui conservent la foi en cette clé et qui sont sereins devant la perte comme devant le gain, devant la calomnie comme devant la renommée. Ils ne font pas partie des célébrités, aussi vous ne trouverez rien sur eux dans les journaux. Personne ne s'inquiète d'eux; ils ne se soucient de personne. Aujourd'hui, les gens savent davantage de choses sur les stars de cinéma que sur les sages et les saints qui vivent parmi eux!"

BABA s'émeut de l'amour qui jaillit de ces centaines de milliers de visages rayonnants, remplis d'une indescriptible joie quand II donne le Darshan. Il dit souvent: "Je ne veux pas interrompre cet échange de Béatitude entre vous et Moi, entre Moi et vous, en commençant un discours. Il semble que ce soit une ample récompense pour toutes vos peines et toutes vos aspirations" Toujours à Amalapuram, II déclara à la foule: "Je comprends la profondeur de votre amour; vous vous êtes privés de nourriture, de sommeil et de repos, luttant pour avoir une place où vous asseoir, un verre d'eau à boire, un emplacement à l'ombre. Vous êtes venus en masse de vos villages, comme des fourmis sortant de la fourmilière pour capter la lumière du soleil, pour le sucre! Vous avez faim de Dieu, soif de lumière spirituelle".

D'Amalapuram, BABA se rendit à Rajahmundry, ville près de laquelle le génie Sir Henri Cotton imagina la construction d'un barrage en travers de la Godavari pour en contenir les flots tumultueux et fertiliser la vaste région du delta.

C'était il y a un siècle; les habitants du Delta sont si reconnaissants à Sir Henri pour sa compétence technique et sa prévoyance qu'ils révèrent le site du barrage comme un lieu sacré, et considèrent qu'un bain dans ces eaux sacrées est aussi sacro-saint qu'un bain dans un site sanctifié par un saint Védique! Rajahmundry ou Rajamahendravaram, comme l'appellent ses habitants, est un endroit rempli de souvenirs historiques, de vestiges culturels et de célébrations religieuses. BABA arriva en ville à temps pour l'offrande d'adieu qui clôture les 3 jours du Yajna accompli par les dévots dans le temple de Visweswara, le Seigneur de l'Univers. BABA fit en passant, le tour des couloirs du temple; II jeta un coup d'oeil dans le sanctuaire de 1'Epouse, la Sakthi, la Grâce personnifiée, Annapurna (déesse de 1'abondance, parèdre de Shiva), celle qui procure la nourriture à tout l'Univers. Il vit la statue de pierre et dit: "Oh, Elle nourrit la totalité des êtres vivants, mais Elle-même est pauvre, Elle n'a même pas un bijou de nez!" Sur ces mots, Il fit un geste tournant de Sa main et,... un gros diamant brillant se concrétisa dans cette Main; puis il fut clipsé sur le nez de la déesse!

BABA insuffla confiance et courage aux exécutants du Yajna en leur montrant que les bonnes actions faites avec un esprit plein de dévotion portent toujours leurs fruits. L'offrande finale des objets sacrés dans le feu sacrificiel s'accompagna d'une

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grosse averse inattendue! "La pluie qui est tombée ce matin et a surpris tout le monde ne M'a pas surpris, car elle est la conséquence inévitable du Yaga. C'est une science spéciale que les Pandits connaissent. Vous riez quand vous voyez un sculpteur tailler un morceau de pierre, éclat après éclat. Vous dites que c'est le gaspillage d'une pierre et d'un temps précieux, car vous ignorez que lorsque le sculpteur a fini son travail, une belle statue apparaît. Vous souffrez d'une vue courte et d'ignorance".

BABA donne l'Amrita qu'Il crée à tous ceux qui sont présents; les différences de situation financière, de connaissances savantes, ou d'appartenance à telle ou telle caste disparaissent devant la lumière de Sa Grâce. Tous sont Ses enfants. Dans Ses discours, Il donne l'Amritha des enseignements des Upanishads à tous ceux qui ont des oreilles pour entendre, de la manière simple et douce d'un conteur d'histoires. "Quelques-uns peuvent se demander pourquoi dire de si grandes vérités à ces vastes assemblées, des vérités qui devraient être seulement murmurées aux oreilles des chercheurs ardents! Comment savez-vous s'il n'y a pas ici beaucoup de ces chercheurs? Je sais qu'il y en a beaucoup. Ils vont garder précieusement la vérité, y méditer dessus, et s'en servir quand le besoin se fera sentir. Ils diront alors,: Ah! BABA nous a dit ceci à Rajahmundry, et ils en retireront de la force. Rien de ce que vous expérimentez ne sera gaspillé. Cela va modeler le cours des événements, changer les attitudes et les habitudes, clarifier et purifier les situations".

Parmi les auditeurs, il y avait un père et son fils. Le fils était un chercheur ardent; il vit, il entendit, il s'imprégna. Quand il rentra chez lui, il était habité par la seule pensée de Dieu; il dédia tous ses moments conscients à Dieu. Aussi, le père était-il fier de son fils. Il était heureux que son fils ait été raffermi dans la voie divine. Lui-même était si fermement établi dans la discipline spirituelle que, lorsque son fils mourut quelques mois plus tard dans une parfaite béatitude, avec le nom de BABA sur les lèvres et Sa forme devant les yeux, le père écrivit à BABA: "Mon fils a eu une fin heureuse; il n'avait pas d'autre aspiration que de se fondre en Dieu. Je suis heureux qu'il ait eu une telle vie et une fin si enviable". Le Verbe Divin a éclairé et purifié deux auditeurs à Rajahmundry. Qui peut savoir, sinon Lui, quel champ est prêt à être ensemencé!

BABA a dit à l'immense foule rassemblée à Rajahmundry que les dirigeants du pays devaient songer non seulement à la prospérité du pays mais aussi à le protéger des malheurs que cette prospérité peut engendrer. En Occident, où les nations ont un standard de vie très élevé, et où le confort matériel est accessible à tous, l'angoisse et l'anarchie morale affectent le tissu social. L'individu est déchiré par la frustration et la peur; la folie et le suicide s'accroissent; la désinvolture, les écarts de conduite et l'irrespect s'étalent. "L'homme croit par erreur qu'il est courbé par les rafales des chagrins et des joies. Mais, il est immortel par nature, au-delà de cette atmosphère d'angoisse et de joie, de ces deux tiraillements que sont les sympathies et les antipathies".

A l'Hindu Samaj de Rajahmundry, BABA présida une réunion organisée pour rendre hommage à trois Pandits renommés, membres du Comité central du Prasanthi Vidwanmahasabha. "Prenez conscience de votre maladie; ensuite ayez le grand désir de guérir; voyez le médecin; prenez le remède; suivez le régime qu'il prescrit. C'est le seul moyen de recouvrer la santé. Ces Pandits et des hommes semblables à eux ont une connaissance de la guérison qui vous rendra libres", dit-II.

BABA visita Kadali et Razole, deux villages du Delta puis II se rendit au village de Sathyavada où le désir ardent des coeurs des paysans L'attira. Les maisons du village étaient entourées d'un haut mur de terre, ce qui empêchait BABA de donner Son Darshan aux milliers de personnes qui remplissaient les ruelles étroites et tortueuses. Percevant l'anxiété de la foule à l'extérieur du mur, BABA fit apporter une échelle, un espèce d'appareil étroit en bambou muni de huit barreaux

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horizontaux en guise de marches; II y grimpa pour atteindre le point d'appui précaire au sommet du mur. Il se tint debout, Sa silhouette se profilant sur le ciel, en plein soleil, pour donner aux gens le Darshan tant convoité.

Je L'ai vu monter sur les parapets des terrasses des bungalows à étages et sur le toit de Sa propre voiture, afin d'offrir le Darshan aux foules turbulentes, pour calmer leur ardeur. A Bombay, Il a marché sur un parapet du Gwalior Palace; à Kurnool, Il s'est tenu debout sur la dalle étroite au sommet d'une arche; à Budili, Il s'est tenu debout sur une chaise placée sur un char à boeufs; à Trivandrum, II s'est mis debout sur le toit d'une Fiat, en plein soleil, afin que davantage de monde puisse Le voir et être satisfait.

Mais Sa rapide ascension par l'échelle de bambou placée contre le mur de terre, Sa façon majestueuse de Se tenir sur le mur resteront à tout jamais gravées dans ma mémoire en lignes d'or, comme souvenir de Sa Grâce!

Et le discours que cette mer de visages levés buvait avidement aux lèvres de BABA, était un flot de nectar! "Vous vous levez au chant du coq, vous vous endormez quand les oiseaux replient leurs ailes. Vous travaillez sous le soleil, vous êtes trempés par la pluie, vous cheminez péniblement dans la boue, vous brassez le fumier et la crotte, pour fournir à vos proches, nourriture et habillement et même pour ceux qui vous méprisent et n’ont aucuns égards pour vous, et profitent de votre ignorance des coutumes du monde. Mais est-ce tout? Cela représente-t-il la totalité des devoirs de l'homme? Est-ce cela le but des milliers d'années de luttes que cette forme humaine a gagnées pour vous? Ne laissez pas le champ fertile en jachère, ne le laissez pas être envahi par les ronces et les mauvaises herbes. Labourez le coeur avec des actions vertueuses. Irriguez-le avec le flot de Prema, semez les graines du Nom du Seigneur, arrachez les mauvaises herbes de l'avidité, regardez la récolte pousser, protégez-la derrière la clôture de la discipline, et soyez heureux quand la fleur de Dhyana s'épanouit, et quand le grain d'Ananda est récolté".

De Sathyavada, BABA se rendit à Repalle, au temple où II consacra la statue de marbre de Sa précédente Incarnation. En Sa Présence, la foule imposante des pèlerins se calma par Son seul Darshan et un silence parfait s'établit. C'est un phénomène qu'il faut avoir vu pour le croire. Et BABA aussi parla du "silence". "Le crocodile est heureux et en sécurité, il est invincible dans les profondeurs des lacs et des rivières. Mais s'il s'étend sur la terre, il devient la cible de la mort et le jouet de l'homme. Les profondeurs!— elles sont votre refuge, la source de votre force. Ne vous égarez pas sur les hauts-fonds ou les bancs de sable. Dans les profondeurs vous avez le Silence, et vous pouvez y converser avec Dieu".

Peu après, BABA rentra à Prasanthi Nilayam. Puis Il Se trouva à Bombay le 6 Juin, Sa seconde visite dans cette ville. "Vraiment, Il était à Bombay! Je n'ai pas de mots pour décrire cette opportunité", écrit l'Honorable Sri P.K.Savant, Ministre de l'Intérieur du gouvernement du Maharashtra, et, pendant de longues années, Président du Shirdi Sai Baba Samsthan. Le jour suivant, une réunion magnifiquement organisée se tint dans le Shanmukhananda Hall à Matunga. "C'était une vision pour les dieux", écrit Sri Savant. "Ce fut le jour le plus impressionnant de ma vie" dit-il. Le même jour BABA inaugura la branche Maharashtra du Prasanthi Vidwanmahasabha. Baba déclara que la crise actuelle dans l'histoire de l'humanité peut être surmontée grâce à la propagation des valeurs éternelles que ce pays a soutenues pendant des générations. Le jour suivant eut lieu une réunion du Comité du Mahasabha; un des membres lut un de ses poèmes, intitulé Navarathnamala, la Guirlande des 9 joyaux, à la suite de quoi BABA parla des pierres précieuses, les fausses et les vraies, et, parmi les pierres précieuses, le diamant.

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II dit que lorsque le mental meurt et que toute agitation cesse, on devient une pierre précieuse supérieure appelée 'Diemind' (jeu de mots avec 'diamond' et 'diemind'). Ce soir-là, BABA fit un discours devant une autre vaste assemblée à l'Andhra Mahasabha et II mit l'accent sur les principes de la vie unifiée. Il rencontra les chefs de nombreuses sectes et doctrines religieuses et discuta avec eux des manières et des moyens d'approfondir les sources de la foi.

BABA rentra à Bangalore en auto, non sans S'être arrêté quelques heures à Pandharpur, le lieu saint consacré à Panduranga. Il avait Lui-même appris à Ses camarades d'enfance le Pandari Bhajan. Il a écrit et appris aux enfants de PUTTAPARTHI des chants religieux sur la manifestation du Seigneur en tant que Panduranga, sur Sa parèdre Rukmabai, sur la rivière Chandrabhaga sanctifiée de par son association avec ce lieu, sur le pénible voyage à pied que le pèlerin doit entreprendre, sur la faim et la soif qu'il doit endurer pendant des jours, sur l'émotion ressentie au premier aperçu de la flèche du temple et quand il franchit le seuil sacré. II chante encore aujourd'hui beaucoup de ces chants quand Ses fidèles L'en prient. Beaucoup sont devenus les éléments maîtres et réguliers du répertoire, dans les séances de Bajhan des villages environnants.

BABA entra dans le temple et prit les dévots qui L'entouraient —un acte de Grâce qu'Il a fait très souvent dans le passé,— comme des manifestations humaines de Panduranga! Il créa sur le champ un collier de mariage en or, un Mangalasutra, et le plaça autour du cou de Rukmabai.

Pour ceux qui ont le privilège unique de voyager avec BABA dans Sa voiture, c'est la douceur, la douceur tout au long de la route, tout le temps! Ils assistent au flux d'amour qui coule dans chacun de Ses actes, de chacune de Ses paroles. Il invitera une vachère qui garde son troupeau à s'approcher pour lui donner des fruits; un mendiant aveugle recevra un billet de banque avec la recommandation de ne pas le perdre ou le confondre avec un simple bout de papier. Une femme cheminant sur la route qui mène à la place du marché hebdomadaire et qui chancelle sous le poids du fardeau qu'elle a sur la tête recevra des bonbons et de l'argent; l'aveugle, le vieillard, 1'estropié, les enfants, la femme enceinte, le garçon qui fanfaronne— tous recevront un témoignage de Sa Grâce. BABA n'est jamais trop occupé pour ne jamais négliger les petites gens de la terre .

Pour ces privilégiés dans Sa voiture, le voyage est plus doux encore. BABA chante en Marathi, en Hindi, en Tamoul, en Telugu et en Anglais. Il presse et harcèle de questions Ses passagers afin de les enseigner et d'enlever des doutes cachés. Nous voyons en Lui la véritable incarnation de la Béatitude, frais comme une fleur quelle que soit 1'heure, 1'Ami le plus intime, le savant le plus érudit, le charme personnifié. Tout à coup, Sa Grâce peut prendre la forme d'un miracle! Une fois, en revenant d'Hyderabad, la voiture s'arrêta près d'un pont qui enjambait la rivière KRISHNA, car quelques-uns d'entre nous L'avaient prié de bien vouloir nous donner des bonbons, issus de Sa main, spécialement créés pour nous. Il fit donc arrêter la voiture; II nous demanda de ramasser par terre un caillou et de le remettre entre Ses mains; nous ne savions pas pourquoi. Quelqu'un Lui apporta un caillou trouvé sur un tas de pierres qui avait été mis là pour réparer ce tronçon de route. "Apportez-Moi une pierre plate", dit-Il. "Comment pourriez-vous casser celle-ci en morceaux avec vos doigts?" demanda-t-Il, en la jetant au loin.

Nous nous demandions pourquoi II tenait à nous faire casser une pierre en morceaux! Une fine pierre plate fut cependant trouvée et donnée. II la tint dans Sa main puis nous la rendit; elle était devenue un fin morceau de sucre candi! Nous pûmes facilement le casser en morceaux avec nos doigts pour le manger.

Navarathri ou Dasara est un festival consacré au culte de la force déterminante primordiale qui troubla l'équilibre éternel et causa toute cette Divine Illusion

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appelée Création. L'Univers est un vaste remue-ménage essayant de retrouver l'équanimité qu'il perdit à ce moment-là. Une fois que l'équanimité est atteinte, les idées de passé, présent, futur, multiplicité, de gain et de perte, d'agréable et de désagréable, disparaissent. Les trois qualités, Sathwa, Rajas et Thamas, la sérénité, l'activité et la lourdeur, affectent la conscience et ainsi nous avons les trois formes, Mahakali, Mahalakshmi, et Mahasaraswathi qui sont adorées trois jours chacune pendant ce festival. Avec leur Grâce, nous pouvons conquérir l'équanimité.

BABA ouvrit le Festival de 1965 par ces mots: "Dasara célèbre la victoire des forces du bien sur les forces du mal. Elles ont pu triompher grâce à Parashakti, l'aspect dynamique du Divin, la puissance qui a élaboré Dieu dans toute cette multiplicité, toute cette diversité et toute cette beauté, qui est venue à leur secours et leur a prêté Sa force!" Ensuite, faisant allusion à l'invasion de l'Inde par le Pakistan et qui venait juste de s'achever sur un "cessez-le-feu" négocié par l'O.N.U., I1 ajouta: "Ce pays a du rencontrer des forces impies et Parasakthi l'a sauvé du déshonneur et de la défaite". BABA parla aussi du désordre qui régnait dans la société à cause de la guerre aux frontières et de la crainte que Dasara soit annulé par BABA, comme ce fut le cas à Mysore et ailleurs. "En dépit des obstacles" dit BABA, se référant aux pirouettes de dernière minute des représentants nationaux au quartier général des Nations Unies et aux chances incertaines de la signature d'un traité de paix jusqu'au dernier moment, "en dépit des obstacles, le combat a cessé. La paix est rétablie". Et BABA ajouta: "Voilà un autre exemple de la Grâce que Prasanthi Nilayam fait pleuvoir. C'est de cette façon que Mahima travaille".... Ce fut la Volonté du Seigneur qui fit pencher la balance à temps!

Le premier jour de Dasara, 1'Hôpital Sathya Sai commémore la date de son anniversaire et BABA fait un discours sur les bases physiques et mentales de la santé. Celles-ci sont en rapport avec les causes psychosomatiques et même plus profondes de la maladie et sont de précieuses leçons pour le corps médical. En 1965 par exemple, I1 dit que la mauvaise santé était un produit de la société, car la maladie et la souffrance sont des membres d'un corps social exactement identique au nôtre. Il mit en garde contre une vue ascétique du corps. "Le dégoût envers tout ce qui est créé n'est pas souhaitable. Chaque chose est oeuvre de Dieu, un exemple de Sa gloire, un aperçu de Sa Majesté". II recommanda de s'occuper convenablement de son corps, qui doit être perçu comme un instrument indispensable pour obtenir la libération. Il s'oppose cependant à ce qu'on le dorlote et qu'on le chouchoute avec excès". Si vous croyez que vous êtes le corps, le corps exigera de vous davantage de nourriture, plus de variété dans la nourriture, plus d'attention envers votre apparence extérieure, plus de soin pour votre confort. Une grosse quantité de nourriture consommée actuellement est superflue et assurément dangereuse.

L'homme peut vivre heureux avec beaucoup moins et vivre en meilleure santé". Baba mit en garde contre les instruments modernes de l'éducation populaire, qui empoisonnent les gens avec le mécontentement, le désespoir et la misère".

Les gens deviennent anxieux et ont peur des choses qu'ils ne comprennent pas. Ils ne peuvent ni les éviter ni les changer! La radio, les journaux, le cinéma, tout plonge les gens dans la panique à propos de la santé, des standards de vie, de la sécurité sociale, et de la sûreté nationale. Chaque heure d'écoute ou de lecture est une overdose d'angoisse". Le plaisir est devenu la destination universelle, ce qui provoque donc d'énormes frustrations et refoulements. Les gens vivent et meurent, sans se rendre compte du préjudice; la société a peur de sa propre ombre, de son mécontentement sous-jacent, de son agitation réprimée. La peur est la cause la plus importante de la maladie. Aussi BABA essaie-t-Il de rétablir la foi afin que la peur disparaisse. "Transférez la foi que vous avez dans les pillules en foi de la Providence; mettez votre confiance en Madhava, non dans les médicaments; recourez aux prières, à la Sadhana, à Japam, à Dhyanam (discipline, récitation du nom de Dieu, méditation), et non aux piqûres. Voilà les vitamines dont vous avez besoin. Aucun cachet n'est aussi efficace que le nom de RAMA. Conformez-vous à la voie de la Béatitude, de la Discipline Spirituelle, pour obtenir paix, joie et santé".

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Voilà l'appel de la Voix Divine.

Le Sathya Sai Seva Samithi de Bombay apporta à Prasanthi Nilayam une exposition de peinture qu'il avait préparée avec le concours d'artistes hautement réputés, et qui avait pour thème les enseignements de BABA. BABA l'inaugura puis des milliers de gens purent venir la voir et 1'apprécier. Elle eut tant de succès que la camionnette qui l'avait amenée dut faire une tournée de trois mois dans toute la péninsule indienne et même au-delà, pour apporter inspiration et instruction à quelques centaines de milliers de gens.

BABA prit sous les ailes du Prasanthi VidwanMahasabha —une institution qui rendait le service inestimable de nourrir les racines de la dévotion chez les fidèles— l'association Sanathana Bhagavatha Bhaktha, composée d'intellectuels, de musiciens, de poètes, d'interprètes des Ecritures, lecteurs d'épopées, de conteurs d'histoires, de ménestrels, tous ayant atteint un très haut niveau de compétence et d'efficacité. Ils se déplacent en groupe pour trois ou quatre jours d'affilée, de village en village; par des chants, de la musique, et des discours, ils raniment en ces lieux une conscience nouvelle de leur héritage spirituel. Pas un de ceux qui prend la vitamine D (Dieu) ne peut échapper à Sa Grâce.

Maintenant, pour chaque Dasara, BABA organise un Saptaha Yajna qui respecte les commandements Védiques et l'esprit Védique de l'universalité de Dieu; sous les yeux de milliers d'aspirants assidus, sont rendus, l’hommage au soleil, l’hommage à l'image, la consécration par le feu, la contemplation du Sans Forme et la récitation de la gloire des nombreuses manifestations de Dieu avec Nom et Forme.

Au moment crucial de l'offrande finale de tous les objets rituellement consacrés dans les flammes dansantes, le gouverneur de l'Andhra Pradesh, le Dr Pattom Thamu Pillai se trouvait là. Plus tard, il ouvrit le Santhi Vedika (salle à 8 pilliers de style classique décorée de fresques représentant la scène Githopadesh et une scène du Ramayana et une sue le Sivalinga et le Pranava); de ce lieu BABA prononce un discours devant la multitude de têtes qui s'agglutine lors d'occasions particulières.

Le gouverneur présida une autre cérémonie au cours de laquelle BABA lui demanda de rendre hommage à quatre éminents érudits de l'Andhra Pradesh, membres du Prasanthi Vidwan Mahasabha, en leur offrant des bracelets en or à porter autour du bras comme symbole de leur supériorité indiscutable en science Sastrique.

Son Excellence déclara: "C'est une grande Grâce d'être honoré dans ce centre de spiritualité qui influence tous les états de l'Inde et même les pays des autres continents!" Le jour suivant était celui des poètes; on y lisait des poèmes en Sanskrit, en Telugu, en Urdu, en Tamoul, en Kannada et en Anglais devant BABA. Naturellement BABA donna à chacun un avis précieux: "Le poète est capable de faire plus de découvertes que le simple penseur. Il reconnaît et connaît le prochain pas et le prochain... en fait, il est conscient du but. Le Kavi ou poète est divin, dans l'opinion publique indienne. Aussi a-t-il une énorme responsabilité. Il est 'anusasithara' celui qui établit les lois et les normes. Il ne devrait pas se plier aux caprices de la multitude dans le seul but d'obtenir une renommée bon marché ou une fausse prospérité. Il doit canaliser et fertiliser l'impulsion divine dans l'homme. Les poèmes qui traitent des problèmes essentiels de la vie et de la mort, de la liberté et du destin, de la vérité et de l'illusion, de la vertu et de la tentation, de l'ascension et de la déchéance, de l'aspiration et de la réalisation, perdureront à travers les âges, car ils auront fourni quelque chose de profond à l'homme. Plus profonde que les sens ou la raison ou la passion, il y a l'inspiration, source de 1'illumination. La lutte de l'homme pour découvrir le Créateur au sein de la création soulèvera un enthousiasme authentique. "BABA s'éleva contre la poésie sans consistance et prétentieuse, les couplets enflammés et rageurs, les chants rythmés

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et les fatras dépourvus de sens". « Ne contaminez pas les autres avec vos superstitions et vos embarras ». Ainsi, Dasara se transforma en un séminaire sur l'étude spirituelle dans un Institut de réhabilitation de la spiritualité.

Peu de temps après BABA se rendit à Hindupur, distante de 65 km environ et qu'Il avait visitée la dernière fois dans Sa prime jeunesse en compagnie de Son groupe de camarades Pandaribhajan. Il y déclara que les gens qui n'approchent pas du feu n'en connaîtront jamais la chaleur. Il reprocha gentiment aux citadins de se contenter depuis si longtemps de la lumière émanant du feu. Baba hissa le drapeau national à 8h du matin dans le stade municipal, car c'était la fête du soixantième anniversaire du lycée. Il fut ensuite emmené en procession à travers les rues de la ville dans une Jeep décapotée. Alors que les fidèles pensaient qu'Il était sous un soleil brûlant depuis bien trop longtemps, BABA démontra qu'Il était heureux de poursuivre Son chemin à travers toutes les rues et ruelles de la ville; "de quelle autre manière, le malade, le faible, l'estropié, le vieillard obtiendraient-ils Mon Darshan?" demanda-t-Il. Pendant les heures chaudes de la journée, II eut le temps de prendre la parole au Rotary Club de Hindupur, qui gagna ainsi l'honneur d'être le premier bénéficiaire de Sa Grâce. La Parole de BABA fut une révélation pour maints travailleurs sociaux enthousiasmés par une bonne entente internationale. "A vivre dans ce pays ancien imprégné d'une culture basée sur le détachement et le sacrifice, où chacun est respecté comme un autre soi-même qui lui-même est une image de l'Absolu Ultime, les Rotariens verront que leurs idéaux sont inhérents au peuple de l'Inde. La question: "Qui appartient à qui? Suis-je le gardien de mon frère?" est étrangère à la pensée indienne. Ici, chacun est tout, et tout est Un, c'est-à-dire, Lui, ou Cela. Voilà quel a été le régime quotidien de l'Inde depuis le commencement des temps", leur dit BABA.

Il s'adressa aussi aux étudiants du collège et leur demanda d'apprendre les principes du Sanathana Dharma "que vous l'ayiez ou non dans votre programme d'études. Mettez en pratique au moins les premières étapes de la Sadhana, le silence, la méditation, un langage doux et aimable, le contrôle des sens, la récitation du Nom de Dieu, la lecture des Ecritures et le service social.

Evitez de gaspiller votre temps en divertissements qui affaiblissent; maintenez-vous en bonne santé grâce à des habitudes saines; devenez les dignes fils et filles de votre pays". BABA considère que le système d'éducation appliqué aujourd'hui dans les écoles est nuisible à l'intérêt supérieur des enfants et de la communauté. "On fait entrer de force davantages de connaissances; il n’y a plus aucune incitation à la recherche! Les compétences sont additionnées; les vertus sont soustraites!. Le respect envers les textes sacrés, les sages et les lieux saints ont diminué et en conséquence, le respect pour le pays qui les a produits a lui aussi décliné".

L'anniversaire de BABA fut l'occasion pour des dizaines de milliers de fidèles de Lui offrir leur hommage reconnaissant et de recevoir Sa Grâce. "N'essayez pas d'obtenir Ma Grâce en offrant des fleurs qui fanent, des fruits qui pourrissent, des feuilles qui sèchent et de l'eau qui s'évapore. Donnez quelque chose de Divin si vous voulez le Divin. Sathya Dharma, Shanti Prema cela est Divin". Il avait déjà dit cela. Tous eurent la joie de voir BABA oindre en ce jour sacré, quelques vieux couples venant de Mysore, de l'Andhra Pradesh, du Maharashtra, de l'Uttar Pradesh, de Gujarat et de Madras. Parmi eux se trouvait un couple dont le mari était aveugle et un autre dont la femme était aveugle. On peut aisément imaginer l'extase de ces aveugles!

Faisant allusion à l'éclipse de soleil qui se produisit ce jour-là, Baba déclara: "Beaucoup de gens ont écrit pour demander si le Festival serait reporté en raison de cette éclipse ». Mais Baba dit : « Ne vous inquiétez pas quand il se passe quelque chose dans l'espace céleste! Inquiétez-vous plutôt quand quelque obscure et folle passion, quelque sombre désir, quelque mauvaise envie, quelque pensée monstrueuse jettent leur ombre menaçante sur votre Esprit. Voilà l'éclipse fatale que vous devez éviter"

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BABA n'apprécie pas la célébration de ce qui est appellé Son anniversaire; II tient davantage à ce que nous fêtions plus tôt le jour où II est né en chacun de nous, ou, pour parler plus clairement, le jour où nous reconnaissons qu'Il est Celui qui réside au plus profond de notre coeur. Aussi Se sert-Il des fêtes de Son anniversaire pour révéler l'insondable profondeur de Son Mystère à ceux qui font la roue dès qu'ils L'ont sondé!

CHAPITRE 10

DONS DE GRACE

Baba accorde Sa grace mais, ne permet jamais de stimuler l’ego dans l'homme. La vibhuti s'arrête ou quelqu’autre rappel difficile est donné quand l’ego redresse la tête. Hystéria-Baba l'appelle ainsi, quand une personne est intoxiquée par la fierté ou l’envie, en raison de ces apparences. On doit constamment se rendre compte de sa propre faiblesse et on doit prier chaque moment pour avoir la foi nécessaire et recevoir Sa grace. Ou bien alors on n'a aucun droit de réclamer la parenté avec la famille Sai

A Shirdi, BABA donnait la Divine Panacée, la Cendre qu'Il prenait de Sa main divine dans le Dhuni ou foyer qui était toujours allumé et activé dans le temple où II passait Son temps. Maintenant le Dhuni est au centre même de Sa main, toujours prêt à accorder ce don précieux; II n'a qu'à exprimer Sa volonté et faire un geste circulaire de la main. Il n'est d'ailleurs pas indispensable que la cendre ou Vibhuthi comme on l'appelle en Sanskrit, soit créée ainsi. La volonté de BABA suffit, sans bouger la main. Et la Vibhuthi coule comme un flot de Grâce, où II le veut, quand II le veut. Ce flot débordant de la Grâce de la Divine Vibhuthi est le plus grand des miracles actuels!

Les pluies de Vibhuthi arrivent, silencieuses et sans prévenir, comme la rosée

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avant l'aube vient sur les fleurs dans les champs. Un père angoissé se demanda si l'apparition de cendre sur la photo de BABA devant laquelle il faisait ses dévotions était un signe de mauvaise augure, car il avait rencontré BABA quelques semaines auparavant à propos de la disparition de son fils, et la cendre lui faisait penser à la crémation et à la mort. BABA me pria d'écrire à ce correspondant que la Vibhuthi présente sur Sa photo et sur les images des autres formes de Dieu ne devait jamais être interprétée ainsi; c'était un signe de Grâce. Ceci se passait dans un village du district de Tanjore.

A Parmathi, dans le district de Salem, un des habitants qui n’avait jamais visité Prasanthi Nilayam et n'avait jamais rencontré BABA en personne, possédait une photo de BABA sur son autel. Il écrivit: "Depuis le 2 du mois dernier, la Cendre ainsi que l'Amrita tombent à flots de l'image de BABA! Je les récupère et les distribue aux gens qui viennent. Mais j'en ai un stock important qui s'accumule un peu plus chaque jour. Conseillez-moi: que dois-je en faire? Puis-je les mettre dans la rivière sacrée Kaveri qui coule près de chez moi?" Au même moment, un autre correspondant de Cochin écrivit à l'Editeur du Sanathana Sarathi: "Il y a quelques jours j'ai découvert qu'un liquide huileux suintait sur une face du verre qui recouvre la photo encadrée de BHAGAVAN. Des points rouges de kumkum et des points blancs de Vibhuthi sont apparus sur la vitre du cadre. Comme je n'ai aucune certitude à propos des choses que je vous raconte, je n'en ai fait aucune publicité. Je vous serais extrêmement reconnaissant d'avoir la bonté de m'éclairer".

Que pouvait faire 1'Editeur, c'est-à-dire que pouvais-je faire sinon le féliciter pour avoir eu devant les yeux la preuve unique de la gloire majestueuse de BABA?

Aussi bien, je citerai une lettre à propos d'un fait qui se produisit à Calcutta. "Je suis un dévot de BABA depuis plusieurs années; mais les fils de mon frère de Calcutta n'ont jamais vu BABA. Aussi ont-ils été à juste titre bouleversés quand la Vibhuthi est apparue et qu'elle

pu être recueillie non seulement sur la photo de BABA mais aussi sur les dix autres images des Dieux Hindous! La Vibhuthi jaillit aussi de la photo de mon frère qui est mort depuis 8 ans. Naturellement, c'était un homme simple et très pieux, doté d'un grand cœur. Le jour d'Ashtami nous sortons, à Vaikom, pour la procession annuelle, la déité de notre famille et la Vibhuthi qui sort de l'image de BABA est la même de par sa texture, sa couleur, son goût et sa densité que la cendre donnée à Vaikom comme Prasad. S'il-vous-plait renseignez-vous sur la signification de tout cela et faites-moi savoir ce que je dois faire".

K.Rajarama Rao de Konaje, près de Vittal, au sud du district Kanara de Mysore, était tourmenté par un doute. Il écrivit à 1'Editeur: "Ma plus jeune soeur a remarqué la présence de Vibhuthi aux environs de 9h30 du matin. Immédiatement une feuille de papier fut plaçée sous la photo de BABA et la pluie de Vibhuthi fut ainsi récupérée. S'il-vous-plait dites-moi dans votre réponse comment utiliser la Vibhuthi qui est tombée et qui continue de tomber". Le chimiste en chef d'une usine d'explosifs à Poona ne perdit pas son temps à poser des questions et à en attendre les réponses. Il était trop imprégné de chimie pour cela. Il examina le cadre, la vitre, le carton placé derrière, il l'essuya et le tourna sens dessus dessous, mais il ne put découvrir ni d'où, ni pour quelle raison la cendre coulait! II vint trouver BABA à Prasanthi Nilayam. BABA le fit entrer et après l'entrevue, au moment de partir, BABA lui dit: "Je vous donne de la cendre chez vous à Poona, pas ici. Allez". C'était la confirmation, la bénédiction la révélation!

Un inspecteur de Police reçut tout à fait par hasard deux photos de BABA, le 26 Nov.1965; il les encadra et les posa sur son autel. Sa femme et lui eurent l'impulsion de se rendre immédiatement à Prasanthi Nilayam où ils arrivèrent le 28; Baba les reçut et les bénit le 29 même. Quand ils partirent, BABA lui tapota l'épaule et lui dit: "Je viendrai là-bas". Comment? Quand?...... IL n'osa pas le demander. Baba manifesta Son arrivée et Sa Présence par des flots de Vibhuthi qui coulèrent de Ses

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portraits. C'était une preuve suffisante. Et, pour montrer qu'Il était toutes les manifestations de Dieu connues et inconnues, la Vibhuthi tomba en pluie continuelle des images de toutes les manifestations: Krishna, Rama, Shiva, Muruga, Krishna (de Guruvayoor) et le Christ. Peut-être BABA avait-Il une raison particulière pour faire couler de l'image de Jésus ce nouveau signe extraordinaire de Grâce. En effet, le 24 Février, un chrétien qui s'était égaré fut amené à cette maison du prodige. II entendit les Bhajans depuis la véranda, et il jeta un coup d'oeil par la fenêtre. Il vit l'image du Christ. Il trembla de peur et de contrition devant une vision de SATHYA SAI BABA (comme il le raconta plus tard) et cette déclaration sortit de sa bouche « Je me corrigerai; je ne boirai plus du tout ». Dans Son immense amour, BABA l'a sauvé et adopté comme Son enfant.

Cette représentation de Krishna au sanctuaire de Guruvayoor a aussi une importance particulière. Dans ce sanctuaire, il y a de grosses lampes à huile, en cuivre, placées de part et d'autre de l'idole;

Ce sanctuaire a été immortalisé par le grand saint et poète Narayana Bhattathiripad, qui se guérit d'un rhumatisme chronique en rendant un culte à l'idole de Krishna, le Narayaneeyam, dont il chanta la gloire, à sa manière inimitable. C'est la raison pour laquelle l'huile des lampes placées dans le sanctuaire est considérée comme une panacée pour les rhumatismes par les gens du pays tout entier; ils la prennent avec respect et l'utilisent avec une foi totale. BABA est la Forme qui réside dans le sanctuaire le plus profond de tous les temples; Ainsi, de par Sa volonté, l'huile des lampes se mit à couler des statues de ce sanctuaire! Cela se manifesta sous la forme de gouttes d'huile tombant des bords des lampes peintes sur l'image gravée du Seigneur de Guruvayoor, dans la salle de prières de l'Inspecteur de Police!

Elle fut recueillie et utilisée dans le même but curatif; elle fut examinée et analysée par les prêtres attachés à ce temple depuis longtemps; ils déclarèrent que l'huile était indiscutablement autenthique et identique à celle du sanctuaire d'origine!

BABA veut que Sa Grâce se répande sous cette Forme non seulement dans les maisons de fidèles isolés mais aussi dans les temples. A.Nataraja Pillai, de Muvattupuzha dans le Kerala écrit: "On peut voir de la Vibhuthi et du Kumkum sur les images de tous les dieux placées dans le Bhajan Hall. Pour notre plus grande joie, il est intéressant de noter que du beurre s'est formé et a été trouvé en tas dans la paume de la main de Krishna bébé, représenté sur un calendrier pendu au mur ». L'image représente Yasoda, la mère, menaçant l'Enfant Divin d'une canne car Il a volé du beurre.

BABA dit que la création miraculeuse de Vibhuthi dans la paume de Sa main est "Sa carte de visite". Il a différentes sortes de cartes de visite, de tailles variées, révélant de plus en plus de facettes de Sa personnalité. Elles servent à annoncer l'arrivée de 1'Avatar, la joyeuse nouvelle de l'avènement du Sauveur qui va empêcher la civilisation de dégénérer en un piège mortel pour l'humanité. Les pluies de cadeaux bienfaisants qui tombent des portraits de BABA et leurs multiples formes ne sont que des banderoles, des banières, des en-tête qui servent à annoncer les mêmes nouvelles réconfortantes. Aucune image sainte n'a jusqu'à ce jour donné autant de preuves manifestes qu'elle est saturée de Divinité, n'a montré avec une évidence spectaculaire et quotidienne que la Volonté de l'Un Universel dirige l'ensemble des forces dans le monde.

Dans la Bhagavad Githa, Krishna accorda à Arjuna une vision de Lui-même, en tant que Volonté Universelle qui est la cause de toute la création; puis II lui dit: "Arjuna"! ceci n'est qu'une fraction de Ma Puissance Divine. Ma puissance est sans limites"! "Vibhuthi signifie puissance, pouvoir, splendeur, gloire, majesté". Dans le cas de BABA, la Vibhuthi qu'Il donne, soit directement de Sa main, soit par l'intermédiaire

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de Ses portraits, soit par l'intermédiaire des portraits de Ses autres Formes auxquelles l'homme rend un culte, est éternelle dans sa splendeur.

P.V.Natarajan de Kugalur écrivit à l'Editeur du Sanathana Sarathi: "La Vibhuthi est sortie de la paume levée de BABA, sur l'image; cela m'assure qu'Il est toujours avec moi et que je ne dois jamais avoir peur". Dans le village de Samphagaon, dans le district de Dharmawar, la Vibhuthi tombe de photos de BABA dans les maisons de nombreux dévots.

Sri S.B.Kadakola m'écrivit: "Voyant toute cette agitation, Dandayyaswami Rachayyaswami Salamath s'écria avec un air de défi: "ce doit être faux et truqué.

Comment des cendres sacrées (ou vibhuthi) peuvent-elles tomber ainsi de leur propre gré? J'ai aussi une photo de BABA dans ma salle de prières. Pourquoi n’y a-t-il pas de Vibhuthi dessus"? Et, ce même jour, on trouva de la Vibhuthi sur toute cette photo, collée à elle et émanant d'elle.

Cela continua pendant trois jours. Un ami de Salamath vint chez lui à ce moment-là et lui dit: "Comment la Vibhuthi peut-elle apparaître sur cette vitre? 0n est en train de tromper tout le village avec une espèce de mauvais tour". Il nettoya la vitre avec un chiffon humide et s'accroupit devant elle en déclarant: "Et maintenant, que j'assiste à ce que vous appelez la Gloire (Mahima) de votre BABA. Que la pluie de Vibhuthi tombe"! Moins de 25 minutes plus tard, la pluie réapparut; la quantité collée sur la vitre était le double de la fois précédente! Le critique tomba à genoux devant le portrait".

Le mécanicien d'une raffinerie sucrière se rendit compte que la Vibhuthi qui, dans sa maison, coulait de 4 ou 5 photos de BABA était extraordinairement douce car les fourmis accourraient en grand nombre pour la manger. Il se rendit en toute hâte près de BABA pour Le prier d'enlever la douceur à la Vibhuthi; mais Baba lui assura que les fourmis allaient s'en aller... et dès le jour suivant, les fourmis disparurent.

Dans quelques maisons, la Vibhuthi ne coule des images que le jeudi, dans d'autres, elle coule en abondance les jours de fête, quand les gens sont plus nombreux à se la partager; ailleurs, la Vibhuthi qui se matérialise sur les photos diffère par son goût et sa texture de celle qui est matérialisée sur d'autres images.

Si elle est plutôt gris foncé et granuleuse, on l'appelle Vibhuthi de Shirdi; si elle est douce et parfumée, on l'appelle Vibhuthi de Parthi, etc...Le kumkum peut lui aussi avoir des teintes variées, 1'Amritha, des consistances, des goûts et des parfums différents. Un dévot de Saurashtra raconta dans une lettre que le liquide donné par la photo (ou plutôt par BABA dans la photo) le dernier jour de Sravan, jour où prit fin le voeu de s'abstenir de manger du sel pendant un mois, était de l'eau salée (étranges sont les voies du Seigneur) avec laquelle ils purent reprendre la même vie qu'avant le voeu.

Ainsi resplendit cette épopée de la Souveraineté de BABA par-delà le temps et l'espace, par-delà la matière et l'Esprit.

A Ankola, dans notre maison, émanent de la photo de BHAGAVAN SATHYA SAI BABA, de la Vibhuthi, du kumkum et de la poudre Haldi (safran des Indes considéré comme de bonne augure) s'écoulent depuis deux mois", écrit un avocat. A Rajkot, la Vibhuthi apparut pour la fête de Vaikunta Ekadasi. A Jamnagar, pour Mahashivarathri, "à notre grande surprise, nous vîmes 'OM' et 'SRI' écrits sur les vitres de quatre grands portraits accrochés dans la grande salle. C'était écrit avec une sorte de liquide huileux, qui, à l'odeur, nous sembla être de l'Amrith". Un docteur de Palghat écrit: "Je prescris à mes patients davantage de vibhuthi de BABA que de remèdes; BABA m'approvisionne régulièrement depuis les photos qui sont dans ma maison". Le Dr Bailur de Santa-Cruz est lui aussi dans cette bienheureuse situation. L'avocat Saxena de Rampur obtient de la Vibhuthi de la même façon; de

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nombreux dévots de Kharagpur, Jamshedpur, Calcutta, Trivandrum, Madras, Trichinopally et de bien d'autres villes et villages entre les Himalayas et le Cap Comorin reçoivent de BABA ces signes propices de Grâce, de cette manière étonnament convaincante.

Lorsque je demandai à BABA la permission de publier quelques-uns de ces faits illustrant Sa majesté et Sa gloire, Il me fit remarquer que cela pourrait facilement être interprété comme de la propagande! Mais le miracle est si courant, si évident, si facilement observable et vérifiable que les critiques se rendront rapidement compte que les mauvaises interprétations sont uniquement dues à l'ignorance. Dans la maison d'un professeur de physique du collège local, à Salem, la Vibhuthi se mit à tomber des photos de BABA! Lorsqu'il montre les photos aux visiteurs, il ne peut pas être accusé de propagande. Je me suis moi-même assis par terre dans la maison de Vimalananda, à Shimoga, pcur observer l'amoncellement de Vibhuthi, grain par grain, seconde après seconde, tombant du bord du cadre de l'image. J'ai vu à Mangalore, des grains de Vibhuthi tomber du pied droit de la statue de SHIRDI BABA (le pied qui est posé sur le genou gauche) et former un tas juste en-dessous! J'ai été très agréablement surpris de voir soudain apparaître des centaines de gouttes d'Amrit sur le grand portrait de BABA à Devi Vilas, route du Collège à Palghat, juste comme je finissais l'Arathi, après un discours sur la Gloire de BABA, en ce saint jour de Sravan, célébré dans tout le Kerala comme 'Onam'.

La deuxième objection que BABA souleva lorsque je Lui proposai de publier ces faits fut que la personne ainsi bénie risquait de devenir très vaniteuse et d'être entraînée vers la ruine spituelle. C'est pour cette raison que Baba est contre toute publicité excessive donnée à la Grâce que l'on reçoit de Lui; on devrait chérir ce don dans le fonds de son coeur, s'en servir de support de méditation dans le silence du recueillement le plus profond. C'est un signe secret de l'Amour de notre Bienaimé le plus cher.

Cependant quelques personnes ont été induites en erreur, car l'ego dresse parfois son capuchon venimeux; elles commencent à faire croire à leur supériorité spirituelle, elles mettent au défi les autres habitants du village d'obtenir de Baba la même Grâce; elles comparent et ergotent, rivalisent et condamnent. C'est le début de leur enchaînement avec le mal, qui va leur dérober la bénédiction reçue. Soucieux de prouver qu'ils sont, eux aussi, des dévots de valeur égale, les hommes faibles trichent et tous sont à mettre dans le même panier, lorsque la supercherie est découverte, car la Vérité finit par triompher rapidement.

Laissons de tels escrocs au châtiment qui leur est réservé et intéressons-nous plutôt aux véritables fidèles auxquels BABA a accordé ces signes ainsi que bien d'autres, de Son incroyable Grandeur. Le Nadaswaram Vidwan (musicien) qui avait l'habitude de venir jouer de la musique au Nilayam à chaque Dasara et Sivarathri, avait un oncle qui l'accompagnait au tambour. Il s'appelait Ganesh. Il écrivit: "Quand j'ai pris congé de BABA après la fête de Son anniversaire, en 1965, IL me dit avec bienveillance: "Vous n'aurez plus aucun ennui; Je serai toujours là près de vous". Je suis ensuite allé avec mon neveu au temple de Thiruvannamalai et après y avoir joué pour le festival des dix jours (dasara), je rentrai chez moi... pour y trouver des quantités de Vibhuthi tombant à profusion des photos de BABA et de SRI KRISHNA, installées dans la maison pour leur rendre hommage. Je suis submergé de joie. Je prie BABA pour que les quantités de Vibhuthi augmentent afin de pouvoir en donner à tous ceux qui viennent".

Il est aussi vrai, BABA a donné des "récipients intarissables" pour la vibhuthi à quelques dévots qui n'en abuseront pas pour leur propre développement. Vous n'avez qu'à agiter la boite avec le nom de BABA sur les lèvres et elle se remplit toute seule. Il y a eu aussi un homme qui pria BABA pour que les pluies de Vibhuthi cessent.

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Ce pauvre orfèvre de Bombay a perdu patience. Il exerce son métier sous un escalier au rez-de-chaussée. Il reçoit de la Vibhuthi qui tombe d'une photo de BABA; il interrompt sans cesse son travail pour recevoir le flot de visiteurs qui viennent voir ce "phénomène si peu scientifique" d'un bout de papier émettant de la cendre! Ainsi que cette autre personne, qui vit dans une pièce unique avec sa femme et ses trois enfants, dans un immeuble de Bombay, écrivit: "BABA m'a accordé la Grâce de pluies de Vibhuthi tombant de Ses portraits dans ma maison, ou plutôt dans ma pièce. Il en résulte que des centaines de visiteurs de tous les immeubles voisins défilent chez moi de l'aube au crépuscule et même tard dans la nuit. Il m'est devenu très difficile de vivre en ce lieu. S'il-vous-plait, demandez à BABA d'arrêter le flot de Vibhuthi" C'est une lettre très pathétique qu'aucun dévot n'écrira jamais à moins d'être dans une détresse insupportable. On voit que laVibbuthi est aussi authentique que son malheur, au vu de la publicité qu'elle occasionne.

Sri Vaidya de Navasari vint me trouver à Prasanthi Nilayam pour me remettre un rapport des activités de la société de Bhajan qu'il avait fondée. J'y découvris un article intitulé 'Visites de lieux et miracles de Sai', qui attira mon attention. Il m'expliquait que dans le village de Chinam, de la vibhuthi et du kumkum tombaient des photos de BABA dans la maison d'un dévot. « A Stupa, dès que les Bhajans commençaient, la vibhuthi se mettait à couler", dit-il. Cela me rappelle une expérience que j'ai vécue. Dans le temple d'une vieille dame Brahmin, à Kalpathi, il y avait une rangée de photos de BABA encadrées. Quand les Bhajans commençaient, un des cadres se mettait à se balancer de droite à gauche lentement ou rapidement, suivant le rythme de la musique. Quand le chant était fini, le cadre s'arrêtait de bouger. Autre phénomène, l'eau qui avait été mise devant la photo de BABA comme offrande pour étancher Sa soif, devint en un instant une boisson parfumée et aromatisée que les dévots comparèrent à de l'Amrith! (Cela s'est produit en plusieurs endroits à travers toute l'Inde). Qui plus est, l'Amrith se mit à couler à flots de la Divine Bouche de BABA, sur l'image! (Cela me rappelle une certaine fête de Vaikunta Ekadasi, où Baba, assis au milieu de quelques centaines de dévots, matérialisa d'un geste un gobelet et laissa couler dedans l'amrith qui sortait de Sa Divine Bouche. un plein verre!) "A Markapur, à 16 km de là, l'assemblée eut la même preuve de l'omniprésence de BABA et de Sa Grâce débordante".

BABA accorde Sa grâce mais II ne permet jamais qu’elle entretienne l'ego chez 1'homme. La vibhuthi s'arrête de couler ou quelqu'autre rappel à l'ordre brutal intervient quand l'ego dresse son horrible tête. BABA appelle 'hystérie', 1'état d'une personne qui se laisse griser d'orgueil et d'envie, à la suite d'une pluie de vibhuthi. Il faut être constamment conscient de sa faiblesse et prier à tout instant d'avoir la foi nécessaire pour recevoir la Grâce. Sinon, nous n'aurons pas le droit de revendiquer notre parenté avec la Famille Sai.

BABA n'incite personne à solliciter ou à recevoir un hommage spécial, comme pour signaler qu'Il aurait accordé à la personne une preuve marquante de Sa Grâce. Mais les gens trouvent difficile de résister à la tentation de l'offre et de l'acceptation de l'hommage, ce qui fera du tort à la fois au receveur et au donneur. Ces gens-là se laissent glisser sur la pente de l'ego vers le nihilisme spirituel.

BABA a déclaré à Kakinada, au cours d'une réunion: "Quelques personnes viennent à vous en disant, 'SATHYA SAI BABA m'aime beaucoup; Il m'a donné ceci, une chose qu'Il donne rarement sauf à ceux qui sont le plus près de Lui'.

Et ensuite, ils mendient votre aide ou sollicitent une attention particulière, ce qui est une insulte au Principe Divin Lui-même!" recevoir une marque de Grâce de Moi est une grande responsabilité; c'est un rappel à l'ordre signifiant que vous devez être humbles, parler avec douceur, sans mentir, être détaché et toujours conscients de la Présence de Sai en tout". Mais il y a des personnes qui célèbrent en grande

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pompe l'anniversaire de la première apparition de vibhuthi, et recueillent des dons pour cela; d'autres encore expédient de la vibhuthi ou de l'Amrith par la poste à des correspondants et acceptent des dons, ne sachant pas grand chose du tort qu'ils font à leur propre progrès!

Je dois encore mentionner ici d'autres séries d'événements. De jeunes enfants ou même quelquefois des adultes à l'esprit faible, qui grandissent dans une atmosphère de pratique religieuse irraisonnée et tournée vers l'extérieur sont enclins à être affligés de visions, à imaginer qu'ils entendent des voix, et à croire qu'ils sont capables de lire des messages écrits par BABA, ou encore qu'ils communiquent avec BABA! Quand de tels cas se présentent dans une maison, l'enfant du voisin a toutes les chances d'être aussi contaminé. Ainsi une véritable hystérie collective s'est développée récemment à Madras, à l'est dans le district de Godavari et au sud dans le district de Kanara, de même qu'à CeyIan. BABA condamna cela en termes énergiques. Le 29 mars 1965, à Amalapuram, Il déclara: "C'est devenu comme une épidémie. Je ne me moque de personne et ne condamne personne. Mais la vérité doit être rendue publique.

Il y a quelques personnes autour d'Amalapuram qui prétendent que Je viens sur eux, que Je les possède, que Je parle à travers eux. Ils font des signes avec la main, se balancent, se secouent et tremblent, et les gens assis autour d'eux affirment qu'ils sont sous Mon influence!

Ils répondent aux questions et leurs agents ou courtiers proclament qu'ils accordent des 'interviews', tout comme Moi! Ce mal trompeur se répand ainsi parmi les gens simples par le biais des intrigants et des escrocs. Chaque fois que vous voyez ou que vous entendez des histoires sur ces gens affectés de ce mal, étouffez-les dans l'oeuf; mettez d'abord les agents hors d'état de nuire; ensuite apprenez à l'enfant ou à l'adulte à l'esprit faible à se taire et à se comporter normalement. Je ne parle jamais à travers qui que ce soit. Je n'utilise jamais personne ni ne possède aucun autre véhicule physique pour M'exprimer. Je ne suis ni un fantôme ni un esprit pour agir ainsi, pour avoir besoin d'un médium.

Je viens directement, Je parle en direct, Je viens comme Je suis, ou comme Je veux venir, sous des Formes nouvellement créées. Je n'utilise pas de véhicules humains faibles et tremblants; J'accorde des bienfaits directement sans aucun intermédiaire". Il déclara encore à Yelamanchili: "Des personnes qui se proclament possédées par Moi ont récemment fait leur apparition; chassez-les, partout où vous les rencontrerez. N'obéissez pas à de tels idiots et tricheurs, qui menacent votre propre dignité de dévots".

Baba avertit Ses dévots d'être toujours vigilants devant les sollicitations subtiles du sinistre et du secret; alors que l'Avatar est venu, est si accessible et donne si largement Sa Grâce, c'est pure sottise de dire la moindre chose qui mette en vedette des malades et des escrocs patentés.

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CHAPITRE 11

VILLES EMBRASEES

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Son discours avec des visiteurs occasionnels devient une caresse sur le dos, souvent un coup d’épée dans l’eau, un coup de couteau à l’égo, une étincelle dans l'obscurité, un bâton pour le boiteux, un chemin dans la jungle, une rose dépourvue d’épine, une balise qui montre du doigt la noblesse et la divinité. Un sourire de Lui est un trésor inestimable que l'on voudrait nourrir dans le silence du tombeau.

Charles Penn de Los Angeles,écrit: "Par-delà les océans, BABA touche chacun d'entre nous, maintes et maintes fois. Il nous bénit et nous guide. Il donne de la force à ceux qui ont besoin de soutien. Il sourit lorsqu'on Le remercie en murmurant 'Dieu vous bénisse'; I1 envoie un signe à ceux qu'Il veut guider vers Prasanthi Nilayam. Il nous apprend que la vie est éternelle, qu'elle n'est pas divisée en tranches par les nuits et les jours, les mois et les années, car tout est Un, entraîné dans un courant sans fin".

Ce fut aussi cette leçon que BABA donna aux fidèles rassemblés à Prasanthi Nilayam pour la fête d'Uttarayana, le 14 janvier 1966. Les fêtes basées sur le calendrier solaire ou lunaire qui célèbrent le changement apparent du mouvement ou de la direction du soleil ou de la lune ont été établies, dit-Il, dans le but de mettre l'accent sur la nécessité de contrôler le mental (la lune est la déité qui gouverne le mental) et l'intelligence (le soleil est la déité qui gouverne 1'intelligence). En plaçant une confiance disproportionnée dans les richesses matérielles et les plaisirs du monde objectif, l'homme a perdu l'art d'utiliser les ressources de joie présentes en lui, dans son esprit et son intelligence-même. Il n'est pas nécessaire d'attendre l'arrivée d'Uttarayana pour se décider à mettre en pratique le contrôle du mental et la purification de l'intelligence. Chaque moment est le bon moment, voilà le message de SAI BABA. Voilà l'appel urgent et insistant qu'Il lance, appel à la vigilance, à l'action, appel à gagner la joie du progrès spirituel, sans retard ni simplification.

Avec ce message II fait frémir nos coeurs d'émotion comme personne d'autre ne peut le faire; car qui d'autre pourrait dire, comme Lui: "La parenté entre vous et Moi est sans âge; elle est éternelle. Elle n'est pas fondée sur des rapports mondains; elle est fondée sur l'aspiration du coeur pour sa véritable source, origine de la joie inépuisable. Je vous vois tous comme les vagues de la mer, quand la lune monte dans le ciel. Je vois la félicité briller sur vos visages. L'amour que vous avez pour la Source d'Amour est la véritable racine de cette Béatitude".

Chaque année, depuis 1940 à partir du moment où II a annoncé qu'Il était 'SAI BABA' de retour sur terre, un Linga (ou plusieurs) sort de Son corps par Sa bouche au cours du Lingodbhava muhurtha (moment propice au cours lequel se manifeste extérieurement le symbole du Principe Divin qui pénètre tout).

C'est un insondable mystère: comment des lingas de toute sorte, en pierre, en métal se forment-ils en Lui et comment sortent-ils à ce moment précis, chaque année, selon le calcul des anciens textes du Jyothishsastra? Une année, neuf lingas d'argent sont sortis; les autres années, cinq, sept, ou trois ou deux, tous ensemble ou bien à la suite les uns des autres ont été matérialisés.

Jusqu'à cet instant glorieux, personne ne peut se prononcer sur le nombre, la taille, la composition des lingas qui sont en train de se concrétiser en Lui. Tout est normal jusqu'à ce que Lingodbhava muhurtha arrive.

Les vingt à vingt cinq mille personnes assises devant Lui attendent et écoutent avec vénération les discours des Pandits sur quelque texte tiré des Ecritures ou sur la Discipline spirituelle. Les discours portent surtout sur SHIVA, 1'aspect de Dieu qui

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détruit l'ignorance de base, qui accorde l'illumination, fait disparaître les conséquences accumulées du passé, et efface toutes les traces laissées par notre passé animal ancestral, afin de purifier ce torrent puissant appelé mental. Quand les Pandits ont fini, BABA reprend la direction et adoucit le programme par un de Ses discours inimitables. A un certain moment du discours, ou à la fin, pendant les Bhajans que BABA conduit avec quelques chants, les gens s'aperçoivent que BABA est affecté d'une légère toux qui, comme beaucoup le savent, est annonciatrice du précieux Linga. L'éloquence divine est interrompue par intervalles, par des hoquets jusqu'à ce que la poussée interne ne puisse plus être contrôlée. Ensuite, tandis que le mantra 'Om Namah Shivaya' s'élève, psalmodié par des milliers de lèvres, les Lingas arrivent dans la bouche et tombent sur une assiette d'argent. Invariablement, BABA les maintient en l'air pour que tous les voient et les vénèrent; nous les avons devant les yeux toute la nuit. Le matin, BABA les prend dans la main et passe dans les rangs serrés des fidèles, abasourdis par la taille des Lingas qui, à moins d'un miracle, n'auraient jamais franchi l'étroit passage de la gorge.

En 1966, après avoir passé une vingtaine de minutes à se balancer, à avoir des hauts-le-coeur, à hoqueter et à tousser pour faciliter le passage, un linga d'émeraude de 7,5 centimètres de haut et fixé sur un socle de 12,5 centimètres de large qui s'était formé en Lui, sortit de Sa bouche, à la joie et au soulagement indicible de l'assemblée énorme qui regardait Son visage avec une attention persistante. Des milliers de gens furent ragaillardis par cet événement divin qui eut lieu dans le Santhi Vedika nouvellement construit et magnifiquement illuminé. L'assemblée passa toute la nuit à chanter les Bhajans. BABA réapparut au Santhi Vedika à l'aube du jour suivant, quand la session de Bhajans fut terminée. Il rappela aux gens la signification de cette veillée nocturne et du mantra psalmodié, la leçon du contrôle des sens et du mental, et l'élimination de l'ego grâce à une discipline rigoureuse. Puis II passa parmi les rangées de pèlerins avec l'illustration unique de Sa gloire pour que leurs yeux puissent s'en repaître.

En 1966, la dernière semaine de février, BABA présida les fêtes du 'School Day' du lycée Zilla Parishad à Bukkapatnam, qui était devenu 'lycée' grâce à Ses bienfaits; BABA avait en effet donné à ce lycée le privilège de Le nommer 'ancien élève'. En reconnaissance de Ses soins attentifs, l'école fut baptisée 'Lycée BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA'. BABA encouragea les parents, pour stimuler l'enthousiasme des enfants, à ce qu’ils soient de bons exemples de vertu et d'humilité, et de service envers autrui. Le 2 mars, Il se rendit à Hyderabad, pour présider un congrès de 3 jours de l'académie Prasanthi Vidwanmahasabha.

Chaque jour, entre cinquante et soixante mille personnes écoutèrent passionnément les discours des savants comme le Prof. V. K.Gokak et Sri Dr. Venkatavadhani, et les allocutions magiques de BHAGAVAN Lui-même.

BABA est de loin, l'orateur le plus émouvant dans le monde d'aujourd'hui, car II captive des centaines de milliers de gens qui écoutent pendant des heures avec une profonde attention les vérités philosophiques les plus élevées, qu'Il analyse et présente avec la plus suave des éloquences; chacun ressent que le discours lui est personnellement adressé, pour l'aider à sortir du pétrin intellectuel et moral dans lequel il a été entraîné par les circonstances; chacun se lève avec le sentiment que son fardeau est allégé, rempli de joie et de force, pour avoir fait l'expérience d'entendre cette voix mélodieuse qui ouvre les portes du paradis aux plus pauvres en esprit comme aux plus riches.

Pas étonnant que le Prof.Gokak ait été inspiré pour chanter en vers:

Avez-vous vu BABAqui embrase les villes en éveillant un désir ardent

et les arrose avec les délices de l'existence?Vous avez manqué le véritable sens de votre vie

si vous ne L'avez ni vu ni entendu!

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BABA a bien fait comprendre que l'académie Prasanthi Vidwanmahasabha a été créée par Lui pour rappeler aux hommes la voie qu'ils ont ratée et les misérables chemins des pièges dans lesquels ils se sont égarés. Aujourd'hui, le patient n'a plus aucun respect pour le docteur qui seul peut le guérir ou le médicament qui seul peut lui apporter le soulagement. La censure moutonnière et le cynisme superficiel détruisent la confiance des enfants de ce pays en leur inestimable culture; ils deviennent victimes des comportements étrangers, de leur façon de se vêtir, leur façon de se conduire et de leur façon de penser. L'académie Prasanthi Vidwanmahasabha préparera le chemin vers la paix, mais sûrement pas vers l'accomplissement d'une gloire de compétitivité.

BABA arriva à Bombay, pour Sa troisième visite dans cette ville, le 13 mars 1966. Comme BABA l'a déclaré: "le Maharashtra est une terre sacrée, où le courant de la dévotion a fertilisé de tous temps les terrains sociaux, politiques et philosophiques. Ramdas, Tukaram, Janeswar et bien d'autres ont rempli le coeur des gens de respect pour Dieu et d'amour pour l'homme; ce fut aussi le champ d'activité, le centre duquel rayonna la splendeur de la Forme Sai de ce présent Sathya Sai. "N'en doutez pas, le Maharashtra sera bientôt un centre de renaissance dharmique".

Pendant les 15 jours qu'Il resta à Bombay, BABA conquit le coeur de centaines de milliers d'habitants, grâce à Sa simplicité et à Sa douceur. Comme l'a signalé le Dr.Gokak, Il devint discrètement et naturellement le patriarche de chaque famille…….

qui s'établit à Ses genoux et boit le miel doré de Son amour. Il est l'Enfant éternel jouant dans le jardin reconquérant les adultes d'un monde tombé dans l'erreur grâce à Sa simplicité pure et à l'innocence de Son coeur. Il est le guérisseur d'un monde qui souffre, le Dieu à la gorge bleue qui boit le poison de la souffrance du monde pour lui redonner le bonheur et la santé.

Ses propos, même quand II s'adresse à des visiteurs occasionnels, deviennent des mots d'encouragement, souvent une piqûre pour faire éclater la bulle, un coup de poignard à l'ego, une flamme dans l'obscurité, une canne pour le boiteux, un chemin dans le désert, une rose au milieu des épines, un phare qui invite à la noblesse et à la divinité. Un sourire de Lui est un trésor chéri que l'on devrait nourrir dans le silence de son coeur.

Les histoires et comparaisons dont II se sert pour éclairer les énigmes philosophiques sont des possessions à tout jamais précieuses. Les gens réclament à grands cris la faveur de toucher Ses pieds, d'avoir leurs enfants appelés ou initiés par Lui aux disciplines spirituelles selon les règles des Ecritures, de recevoir quelque signe de Sa Grâce, et de déposer devant Lui leurs maladies mentales et physiques pour qu'Il leur rende une bonne santé.

C'est Sa Grâce qui octroie au peintre la couleur, au compositeur les notes, au chanteur la voix, à l'athlète la force, au grimpeur l'endurance et aux Yogis la béatitude! Aussi, pendant ces deux semaines complètes à Bombay, tous les chemins menaient au Gwalior Palace ou à Worli Beach, là où BABA donnait le Darshan, matin et soir, chaque jour, pendant les séances de Bhajans.

Bhajan! Comme Chaithanya Mahaprabhu des siècles auparavant, BABA a donné une impulsion extraordinaire aux chants dédiés à la louange de Dieu et chantés en choeur par la foule. Il déclare : quand on respire dans l'atmosphère parfumée du nom de Dieu, toutes les impulsions égoïstes sont éliminées. Il a mis l'accent sur le fait qu'en chantant le nom de Dieu, on se rappelle aussi d'où vient ce nom, l'auréole de gloire qu'il porte, les nuances de Sa signification. Ce n'est pas une simple gymnastique pour la langue; c'est aussi une gymnastique pour l'esprit déficient,

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déformé et mutilé, pour le fortifier avec le reconstituant des accents du paradis, le corriger avec le massage constant du battement de la mesure et du tal (rytme), et le guérir grâce au remède de la joie divine qu'apporte la fréquentation des bonnes personnes. La douceur de la voix humaine n'est jamais si apparente que lorsqu'elle est utilisée pour chanter la majesté de Dieu; on atteint la plus haute félicité quand on fusionne avec des milliers d'autres dans le flot de béatitude que confère le Darshan de SATHYA SAI BABA se déplaçant parmi les assoiffés, les crucifiés, les malades, les affligés et ceux qui sont divinement orientés.

Comme l'écrit le Dr.Bhaskaran Nair, "la surdité de notre âme est guérie et l'harmonie céleste est à nouveau audible pour l'oreille de la foi. La vie la plus humble est élevée aux cieux et acquiert l'aura de 1'éternité. L'homme est incapable de s'y retrouver dans ce chaos des expériences, et de découvrir la signification et la mesure de ce changement continuel et incompréhensif des "fleurir et périr" successifs que nous nommons Temps".

Comme l'a dit 1' Honorable Sri P.K.Savant, ministre de l'agriculture au gouvernement du Maharashtra et autrefois président du Shirdi Samsthan, "Bhagavan est l'Avatar de Sai Baba de Shirdi, dont des millions de gens espèrent force et consolation. Dans un certain sens BABA appartient au Maharashtra, bien qu'Il soit venu pour l'humanité toute entière". Les sessions de Bhajans procurent aux dévots SAI une chance merveilleuse de servir les habitants de Bombay. Des centaines de bénévoles entrainés ont servi les visiteurs avec humilité et amour;

BABA a choisi dans l'assemblée des enfants et des personnes âgées malades et incurables par la voie médicale normale, et les appelant à part, après les Bhajans, fit le diagnostic de leur maladie et s'occupa d'eux, les bénit de Son amour divin en les soulageant et en leur redonnant la santé.

C'est à d'énormes assemblées, comme Bombay en avait rarement vu, que BABA s'adressa les 16, 17 et 23 mars, dans le stade Sardar Vallabhai. Le rassemblement du dernier jour se trouva être Gudi Padua, festival du Nouvel An dans le Maharashtra et c'est par centaines de mille que les gens se rendirent au stade pour recevoir le Darshan de BABA et entendre Sa voix, en guise d'expérience d'ouverture pour les douze prochains mois de leur vie. BABA leur donna aussi un message qui, comme l'a dit Sri Page, le Président du conseil législatif du Maharashtra, a eu le pouvoir "d'adoucir et d'alléger" le fardeau de la vie.

Voici les paroles de BABA: "L'homme est ballotté de ci de là par le vent et les vagues; sa volonté s' est affaiblie et sa vision s'est pervertie. C'est pourquoi il est entraîné vers les bas-fonds et des tourbillons. Il est enfant de l'immortalité, héritier du Divin —destiné à être le maître de l'esprit et de son obstination— le couronnement de la création. Il n'est pas un singe qui a progressé seulement de quelques pas vers la civilisation.

Réalisez Dieu, immanent dans l'univers, qui demande instamment qu'on Le reconnaisse dans chaque fleur, chaque goutte de rosée, chaque étoile qui scintille dans le ciel; réalisez-Le comme la source de la Béatitude que vous projetez sur les objets qui vous entourent, pour que vous puissiez en jouir. Cette réalisation vous revêtira et revêtira le monde d'un nouveau vêtement de gloire qui sera une armure contre la peur, qui fera de la mort un passage agréable vers la fin du cycle des renaissances".

A Bombay, BABA trouva le temps de discuter avec les membres de la branche du Maharashtra de l'académie Prasanthi Vidwanmahasabha, ainsi qu'avec des chercheurs et des aspirants spirituels, de problèmes personnels et philosophiques. Il pénétra dans les coeurs de tous ceux qui recherchaient consolation et encouragements.

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BABA quitta Bombay le 26 mars pour Poona où les habitants avaient organisé en Son honneur un accueil grandiose. Le 27, 11 fit un discours à la foule rassemblée dans les locaux de l'association de 1'Andhra: "Vous êtes des milliers, ici, devant Moi, à écouter Mes paroles, mais au fond vous êtes seuls; vous êtes des milliers de vagues à la surface de l'océan. Vous gagnez votre nourriture par les efforts combinés de tous les membres de votre corps et de vos capacités. La nourriture est transformée par l'estomac en nutriment et en force, et redistribuée sous cette forme à tous les membres qui ont aidé à la produire. Vous êtes tous les membres de ce corps Unique, le Purusha, qui est de loin, plus vaste que 1'Univers, mais qui n'est qu'une fraction de Sa manifestation physique". Il parla des tentatives que fait l'homme pour se limiter lui-même à un nom, à une forme, à l’appartenance d’une nation ou d’une autre, d'une langue particulière et d'une 'cage' qu'il construit autour de lui. Se référant à une remarque faite par un orateur dans le discours de bienvenue, affirmant qu'il s'agissait d'une réunion de famille, BABA déclara: "Oui; c'est bien une réunion de famille. A vrai dire, toutes les réunions où Je vais sont des réunions de famille pour Moi, car l'humanité toute entière est Ma famille. Je ne porte aucune étiquette M'attribuant un pays d'origine ou une résidence. Je suis au-dessus des étiquettes".

BABA parvint à Gulbarga, dans l'état de Mysore, tard dans la nuit du 28 et, dès l'aube, Il vit, assis en longues files sur toute la vaste esplanade, des gens venus de partout, avides de remporter dans leur cœur l'image de Son visage souriant. BABA se promena parmi eux, et distribua de la vibhuthi à tous sans exception. Plus tard, au Jardin Public où une autre multitude attendait Sa présence, BABA chanta quelques Bhajans et donna aux Gulbargiens un avant-goût de Sa voix céleste. BABA rejoignit Hyderabad, à temps pour donner le Darshan aux fidèles réunis pour la fête consacrée à l'avènement de Sri RAMA. Ce jour est sacré aussi pour une autre raison: c'est ce jour-là que BABA donna au monde l'Institution autour de laquelle se sont cristallisés la foi et l'espoir des gardiens de la culture védique de l'Inde, c'est à dire, Prasanthi Vidwanmahasabha. Par conséquent, la branche d'Hyderabad de cette Académie inaugura pour l'anniversaire de Sri RAMA une série de discours mensuels sur les textes anciens mais éternels concernant la discipline spirituelle. BABA revint à Prasanthi Nilayam le 4 avril, après avoir assuré à des millions de gens que la Divinité n'avait pas abandonné 1'Humanité, mais qu'il fallait la découvrir à l'intérieur-même de l'homme.

BABA est un phénomène unique que personne ne peut ni comprendre ni identifier. En 1960, de passage à Madras, Il a déclaré: "Je ne suis pas venu ici pour Me faire une propagande personnelle ou de la publicité; Je ne suis pas venu recruter des disciples ou des dévots. Je vous appartiens, même si vous en doutez, si vous Me tenez à l'écart, si vous Me reniez. Vous êtes Miens, même si Je suis éloigné de vous par l'espace et le temps. Où est la nécessité alors de faire de la propagande ou de la publicité? Je suis en vous, vous êtes en Moi; nous sommes inséparables. Vous ne pourrez connaitre cette vérité que lorsque vous vous connaitrez vous-même". Mais dans le monde, il existe des hommes fous qui ont besoin pour nourrir leur ego de calomnier ceux que les autres vénèrent.

Déjà dans Sa vingtième année, BABA eut à calmer l'animosité de Son frère aine qui craignait que le rôle que s'était attribué BABA n'attire sur Lui le mauvais oeil de l'envie et de la haine. BABA lui avait répondu qu'Il ne serait jamais affecté ni par les louanges ni par le blâme, qu'Il était au-delà des limites du temps et de l'espace, et qu'Il poursuivrait la tâche pour laquelle II était venu sans interruption.

"J'invite tout le monde à venir, expérimenter, discriminer, se faire une opinion, et bénéficier de Ma présence. Plongez, avant d'évaluer la profondeur; mangez avant de déclarer que vous aimez le goût", écrivit-Il.

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Cet appel dépasse les gens qui trempent leur plume dans le goudron et se réjouissent de l'obscurité de la nuit. Depuis le tout premier avertissement de BABA afin de priver les gens de Ses Pieds, des efforts pathétiques ont été faits par ceux qui furent les spectateurs des mille difficultés affrontées par des milliers de personnes pour venir à PUTTAPARTHI, et qui les virent repartir chez eux plus heureux, mieux portants, remplis de la conviction qu'ils pouvaient se libérer de 1'attachement. Mais, BABA les a congédiés avec un dédain divin, et a planté Ses pieds sur la Terre et le Ciel comme II l'avait projeté quand II arriva sous cette Forme Humaine. "Pour Me comprendre, vous devez mettre en lambeaux les doutes et les déviations auxquels vous cédez, et développer 1'Amour (Prema). Car 1'Incarnation de 1'Amour ne peut être connue que grâce à la sagesse et l'amour pur".

Les cerveaux microscopiques donnent une importance exagérée à la couleur de la robe, aux cheveux frisés qui forment Sa couronne si particulière, et se permettent des adjectifs et des expressions tels que "potentat du moyen âge", "soie luxueuse", etc... comme si BABA était un ascète essayant laborieusement de marcher sur le sentier de la Sadhana (discipline spirituelle)! BABA dit: "Le sage ne Me verra pas comme celui qui porte une robe jaune aujourd'hui, rose demain, en coton l'été et en soie l'hiver; il pénétrera jusqu'à la Vérité derrière ce nom et cette forme et II saura que ce corps est un 'vêtement' assumé dans un but! L'Avatar qui viendra ensuite, issu du même Principe, aura un autre 'vêtement'". Il a dit cela en 1960.

En 1962, pendant les fêtes de Son anniversaire, Il déclara: "Je vous ai souvent dit de ne pas M'identifier à ce corps physique particulier. Mais vous ne comprenez pas. Vous M'appelez par un seul nom et croyez que Je ne suis que cette forme unique. Souvenez-vous en, il n'y a pas une forme dans laquelle Je ne sois. Vous ne M'avez pas du tout compris, si vous venez un jour et partez le suivant en disant: 'J'ai vu SATHYA SAI BABA; Il porte une jolie robe longue; Il a une chevelure étonnante!' Convenez de découvrir, d'apprendre; plongez profondément et ensuite il vous sera donné de savoir, car c'est votre droit le plus absolu".

BABA sait que des misérables parlent de Lui d'un ton méprisant en Le traitant de magicien. A l'ashram de Vyasa fondé par le renomé Swami Malayala, à Yerpedu, II a dit: "Les gens disent que Mon ashram est imprégné de magie, noire ou blanche.

D'accord; ils peuvent dire aussi que KRISHNA s'est servi de la magie noire pour tenir en l'air la Montagne Govardhana ou que RAMA a fait de même pour construire le pont au-dessus de la mer! La manifestation du Divin ne peut être qu'inexplicable ou miraculeuse. Ils ne peuvent pas l'assimiler à de la magie. Comment peut-on comparer l'oeuf du coucou à un oeuf de corbeau? La magie s'accommode de la tromperie, les tours ont leurs racines dans le mensonge et sont utilisés pour assouvir les désirs avides de nourriture, de vêtements et d'un lieu où s'abriter. Ce corps qui est venu par la volonté Divine pour soutenir la Vérité, ne s'abaissera jamais à un tel niveau. Non. Jamais".

Les miracles qui sont des expressions spontanées de la Divinité de BABA, abondamment manifestés en Sa Présence ou non, ne servent pas à faire de la propagande ou de la publicité. En 1964, BABA a déclaré à Venkatagiri: "Ces miracles, comme vous les appelez, ne sont que des moyens pour aider au rétablissement du Dharma, ce qui est Mon devoir.

Quelques personnes ont fait remarquer que Ramakrishna Paramahamsa avait dit que les miracles produits grâce aux facultés acquises par la Sadhana sont des obstacles sur le chemin du Sadhaka (aspirant spirituel) et devraient être évités par ceux qui veulent atteindre le but de 1'auto-réalisation. Ramakrishna a dit que le Sadhaka pourrait être tenté d'abuser de démonstrations et ainsi de gonfler son ego. C'est un point de vue juste tant que cela concerne les Sadhakas. Mais il est absurde

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de Me mettre sur un pied d'égalité avec le Sadhaka que Ramakrishna met en garde".

Les guérisons miraculeuses que BABA accomplit pour des gens qui recherchent Sa grâce sont aussi, selon Lui, des incidents secondaires. "La suppression de la souffrance et de la détresse n'est pas le principal objet de Ma mission. Ma tâche n'est pas simplement de guérir, consoler et ôter la souffrance individuelle.

C'est quelque chose de bien plus important. C'est le fruit qui est la principale production du bananier, mais les feuilles et le tronc sont aussi utiles à l'homme. Ma tâche essentielle est de favoriser, préserver et propager le Sanathana Dharma. N'ayez pas soif de confort, de liens continuels avec le monde extérieur, de choses de plus en plus nombreuses qui vous causent de 1'inquiétude; ayez soif de béatitude, profonde et totale! Je sais que la plupart d'entre vous viennent Me voir pour obtenir du clinquant et de la camelote, des promotions et des profits insignifiants, des marques de standing et une renommée éphémère.

Très peu Me demandent la chose que Je suis venu donner, c'est-à-dire la Libération du chagrin et de la souffrance, de l'inquiétude et de la peur, de l'angoisse et de l'agonie».

Comme les viles insinuations colportées par les calomniateurs sont les produits de l'envie pour ce qu'ils considèrent être le luxueux train de vie de BABA, il est bon de rappeler que BABA mange la nourriture des plus pauvres de ce pays sans lait, ni caillé, ni beurre, ni ghee et qu'Il n'a aucun goût pour les sucreries. II s'assied et dort sur le même matelas à Prasanthi Nilayam et utilise des voitures ou des taxis délabrés, de peur que les foules ne Le reconnaissent et ne Le suivent pour obtenir le Darshan convoité! BABA donne encore une autre raison pour démontrer que Son sort est peu enviable, pour ne pas dire plus. "Certains d'entre vous pensent peut-être que c'est magnifique pour le Seigneur de venir sous une forme humaine. Si vous étiez à Ma place, vous ne penseriez pas la même chose. Car, Je suis conscient du passé, du présent et du futur de chacun d'entre vous. Donc, Je ne suis pas touché par la miséricorde; Je sais pourquoi une personne souffre dans cette incarnation qui est la conséquence de Sa vie précédente. Aussi Ma réaction est différente de la vôtre; vous pouvez dire que J'ai le coeur sec ou le coeur tendre. Je ne provoque ni joie ni chagrin; c'est vous qui créez les chaînes qui vous lient, soit en or soit en fer".

BABA est le travailleur le plus infatigable du Nilayam; II projette, créé, prend des dispositions et supervise la moindre des actions contribuant au bon fonctionnement de Ses nombreuses activités universelles. Rien n'est fait, ici ou dans les endroits où fonctionnent des organisations en Son nom, sans Sa permission expresse et Sa bénédiction. Au Nilayam, Il est occupé jour et nuit, enseignant, instruisant, consolant, réconfortant et conseillant les centaines de gens qui viennent Le voir pour être éclairés et guidés. Même pendant Ses voyages, Il se sert de chaque instant de liberté pour aider au mieux-être des affligés et de ceux qui souffrent, des pauvres et des déprimés. "Rendez chaque instant sacré en le remplissant du service fait avec amour". II instruit davantage par l'exemple que par le commandement.

BABA modère l'enthousiasme des dévots et ne leur permet pas de montrer à tout le monde les fruits de la grâce qu'ils ont reçus de Lui. Il déclare qu'un tel étalage est totalement dépourvu de spiritualité, car il favorise l'égoïsme. Il condamne en termes très virulents ceux qui tentent d'acquérir popularité et profit en élevant des Mandirs et des Temples pour Lui. Dans un discours à Kakinada, en Mars 1965, 11 a dit: "je décourage fortement les tentatives faites pour élever des temples pour Moi. Je vous demande plutôt de rénover les temples existants et de les utiliser davantage.

Cette manie de construire des Mandirs est devenue une entreprise commerciale à la mode. Des gens, armés de listes, cherchent des victimes potentielles et leur extorquent des donations en se servant de Mon nom.

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Cette méthode engendre une abondance de médisance, d'envie et d'avidité; mettre en avant le nom de son Maître conduit tout naturellement à ternir le nom du Maître de l'autre personne". Il répéta aussi la même chose à Madras. "Je n'apprécie pas cette forme d'enthousiasme. Vénérez n'importe quelle forme, sous n'importe quel nom, dans n'importe quel temple! Vous négligez les anciens temples de cette ville et en construisez de nouveaux que vous négligerez aussi quand vous trouverez quelque raison pour les abandonner encore. Les gens qui courent de ci de là, à la recherche de donations pour les temples favorisent véritablement l'athéisme, car ils sont poussés par l'avidité, la malveillance et l'égoïsme, plutôt que par un esprit rempli de dévotion. Quand ces soi-disant promoteurs de l'oeuvre se présentent à vous, ne leur donnez pas même un sou. Pourquoi auriez-vous besoin d'un temple pour Japam (réciter chapelet) ou dhyanam (méditation)? Faites de votre demeure un petit temple à usage personnel; méditez dans votre salle de prières. Chantez des Bhajans avec vos enfants. Ayez une bonne influence sur les autres par votre langage plein de douceur, votre humilité, votre amour universel, votre foi inébranlable, votre sincérité. Alors les autres viendront dans le bercail des croyants, en bien plus grand nombre que n'importe quel temple pourrait en contenir".

BABA est toujours vigilant pour empêcher les débordements de dévotion qui dérivent vers des impasses absurdes. A titre d'exemple, un homme inventa une série de discours sur BABA et Prasanthi Nilayam, par l'intermédiaire desquels il chercha à gagner la popularité et de l'argent en attribuant des caractères sacrés à chaque arbre, chaque puits, chaque pierre et chaque souche du Nilayam, les assimilant à des "sages" ou des "dieux"! BABA m'envoya sur son territoire de manoeuvres et m'ordonna d'informer ses admirateurs et d'anéantir sa campagne de flatterie absurde! BABA est toujours en alerte et condamne les effusions hystériques des enfants et des adolescents qui se disent "possédés" par Lui et répondent aux questions qu'on leur pose comme s'ils étaient Baba! Tout comportement qui affaiblit l'homme, qui tente d'exploiter les signes de la Grâce, qui avancent des symboles pompeux de la simple vérité, est immédiatement condamné par BABA dans Son discours ou par une note dans le Sanathana Sarathi magazine et ses annexes .

Abuser de la liberté de parole et d'expression que nous avons gagnée en Inde après une âpre lutte et corrompre par des mots et des écrits immondes ce Sublime Phénomène Sacré doué de tant de puissance, sagesse et amour est, nous le savons, le comble de la méchanceté! Mais BABA dira seulement que cela fait partie de Son jeu divin. "Sans ces noires calomnies, la splendeur de Ma Gloire ne serait pas aussi resplendissante".

En décrivant BABA simplement comme un Fakir ambulant qui exploite ses compétences secrètes, beaucoup d'hommes méprisables et mesquins incapables de voir autre chose que la médiocrité et la petitesse, Le calomnient partout où Sa Gloire resplendit. Tous les êtres humains devraient baisser la tête de honte à l'idée que des hommes comme eux se retranchent dans leurs repaires pour élaborer ignominieusement d'aussi méprisables histoires sur une personne dont les mouvements et les paroles, les attitudes et les manières sont si parfaitement Divines. BABA a introduit dans le coeur de ceux qu'Il a attirés vers Lui une bonne dose de force d'âme et de contrôle de soi et la conviction qu'il valait mieux abandonner la vermine qui se délecte de puanteur et la laisser mourir de faim. Tous ceux qui ont goûté à Sa douceur sont peinés par cet étalage de calomnies malsaines.

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De nombreux journaux hurlent pitoyablement à la Lune à propos de Sa Majesté et se réduisent d'eux-mêmes au silence quand ils ont trop mal à la gorge, ou quand leur faim n'est pas calmée par le chantage. Quelques hommes à Bombay, ignorants de Sa Gloire, opposèrent un jour à Sa Majesté un virtuose en exploits yogiques, tels qu'avaler des clous et des acides; et quand II passa indifférent devant eux, ils essayèrent de provoquer des rires qui retombèrent sur eux comme un coup de tonnerre. BABA rappela cet incident à Anantapur, où II présidait le 'School Day' sitôt après

Son retour. "Le mois dernier J'étais dans l'état du Maharashthra, à Bombay, où des centaines de milliers de gens purent étancher leur soif de Darshan; J'ai parlé devant plusieurs milliers de personnes du principe des Vedas et des Sastras et J'ai invité les membres de l'Académie Prasanthi Vidwanmahasabha (branche du Maharashthra) à ressusciter la grande culture de notre pays. J'ai discuté avec les ministres du Maharashthra et le Ministre de l'Intérieur du gouvernement central, Sri Y.B.Chavan, ainsi qu'avec des juges, des magnats de l'industrie, des docteurs, des hommes de loi, des éditeurs et bien d'autres, et, aussi, avec les chefs spirituels de différentes religions, nous avons parlé du Dharmasthapana, la renaissance du Dharma. Mais ici, dans cette partie de l'Inde les journaux se sont vautrés dans les mensonges qu'ils ont inventés sur Moi et qu'ils ont propagés, disant que J'étais en prison tout le temps. Oui! Je suis emprisonné dans les coeurs de Mes fidèles".

"En tous lieux et à toutes les époques, la calomnie a été naturellement le lot de la Majesté. Cela a aussi été Mon lot à des époques précédentes. Les successeurs de Sisupala, même aujourd'hui enragent, vomissant du souffre et du feu contre la Vérité et la Justice. Je plains ces malheureux qui, pour soutirer petit à petit quelques sous à des esprits malades, s'abaissent à des ruses aussi insignifiantes! Ces singeries indignes d'un être humain pourraient attrister certains d'entre vous; aussi, Je déclare: "Même si les quatorze mondes s'unissaient contre Moi, le travail pour lequel Je suis venu ne souffrira pas d'un iota; même si la terre et le ciel se liguaient contre Moi, Ma Vérité restera inébranlable".

C'est peut-être en réponse aux premières rumeurs répandues sur cette histoire humiliante que BABA avait dit pendant le Dasara de 1965: "II y en a qui écrivent et parlent comme s'ils Me connaissaient. Je ne peux leur dire que ceci: Ils ne Me connaitront jamais, car pour Me connaître, il faut s'élever à Ma Hauteur. Ecoutez encore ceci: Mes activités et Mes mouvements ne seront pas modifiés quelle que soit l'opinion que l'on en ait.

Les gens peuvent faire des remarques peu flatteuses sur Ma façon de Me vêtir, Ma robe en tissu de couleur, Mes cheveux cela ne M'affecte pas du tout. Est-ce que quelqu'un devient plus saint parce qu'il porte des guenilles? Prêtez attention à ce qui croît dans le coeur, pas dans la tête. Je n'abandonnerai ni Mes plans ni le Dharmasthapana, ni Mon Bhaktharakshana, ni Mes discours, ni Mes miracles qui ne sont que les expressions de Ma Nature surnaturelle, et Je ne reviendrai pas en arrière ni ne Me rétracterai. Pendant 26 ans J'ai assumé seul la tâche d'imprimer la Paix Suprême dans les coeurs de ceux qui avaient oublié comment la regagner. Je suis toujours heureux, rempli de joie. Je souris à ceux qui se moquent de Moi et inventent des mensonges sur Moi, Je souris aussi à ceux qui Me louent".

BABA conseilla à ceux qui étaient attristés par ces attaques calomnieuses irréfléchies et vaines, de rester calmes et indifférents.

"Ne ruinez pas votre santé avec la colère ou le souci. Soyez heureux, d'un autre côté, pendant que vous, vous Me rendez visite dans vos sanctuaires, ces hommes clament Mon nom, sur les chemins détournés sombres et sales et près des arrêts d'autobus fréquentés par la foule où ils espèrent trouver des victimes pour leurs articles orduriers. Beaucoup de gens qui lisent ces torchons, tentés par un véritable désir de sensationnel, se retourneront un jour vers la vérité, tant sont absurdes et

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incroyables ces mensonges". II cita en exemple l'histoire de Bhasmasura, qui obtint de SHIVA le pouvoir de provoquer un incendie dans le corps de n'importe qui, simplement en plaçant sa main sur la tête de la personne. Il essaya de tuer SHIVA Lui-même, en usant de cette faculté nouvellement acquise, mais Dieu manoeuvra de telle sorte que, inconscient de ce qu'il était en train de se faire à lui-même, Bhasmasura fut poussé à mettre la main sur sa propre tête; il mourut dans l'incendie qu'il alluma dans son corps". De même, leur orgueil et leur méchanceté seront réduits en cendres dans le feu de la repentance. "De fait, un homme qui, par ignorance, compara BABA à un yogi exhibitionniste de son espèce et le mit au défi d'accomplir un exploit devant tout le monde, fut humilié par sa propre vanité; ses inspirateurs subirent une déconfiture théâtrale".

BABA a analysé les motifs de ces hommes bouffis d'orgueil. Il a dit: "L'égoïsme est le foyer d'hôtes aux tendances avilissantes, telles que l'avidité, la colère, la malveillance et la haine. Il obscurcit l'intelligence et déforme le visage de la réalité pour lui donner les caractéristiques répugnantes de la fausseté. Il cache la vérité dans un nuage de poussière et pousse l'homme à faire des actes immoraux, dans le but d'alimenter ses prétentions de développement personnel". En 1966, pendant Dasara, BABA parla de quelques yogis qui se vantaient de pouvoir marcher sur l'eau et qui en mirent d'autres au défi d'en faire autant."C'est une performance vitale beaucoup plus grande et utile pour un yogi de pouvoir vaincre l'envie, l'orgueil, l'avidité et la malveillance".

Parlant des hommes de peu de foi, BABA a déclaré en 1966, le jour anniversaire de la naissance de Krishna: "Ne prêtez pas l'oreille à ce que disent les autres; croyez en votre propre expérience, vos propres yeux. Prenez tout ce qui vous donne joie et paix comme véritablement autenthique. Pourquoi iriez-vous demander à tout le monde si quelque chose est du sel ou du sucre? Ayant jugé que c'était du sucre, pourquoi réviseriez-vous votre opinion, parce que quelqu'un y trouve à redire et affirme que c'est du sel? Mettez-en un peu sur votre langue; cela coupera court au litige. Ne reniez pas avec la langue ce que vous avez réalisé avec votre cœur; n'apportez pas de faux témoignages à votre conscience. N'ajustez pas votre opinion sur celle des gens que vous rencontrez", conseilla-t-Il.

Seul le Divin peut faire montre d'un tel amour et d'une telle miséricorde face à l'erreur et la méchanceté. BABA pardonna à Ses diffamateurs, car ils étaient, a-t-Il dit, "des mites dont la nature est de faire des trous dans les tissus. Ils ne peuvent rien faire d'autre; ils obéissent à une impulsion intérieure qu'ils n'ont pas appris à maîtriser.

Ils calomnient tous ceux qui passent à leur portée. La mite creuse dans les saris de coton, les vêtements de laine et de soie; elle n'applique aucune discrimination dans sa besogne. Aussi, soyez heureux qu'ils éprouvent de la joie à M'insulter. Mon but est de rendre tous les hommes heureux. Si ces hommes trouvent du bonheur par de tels moyens, pourquoi vous, leur refuseriez-vous ce chemin d'accès à l'expression de leur nature? Je suis content qu'ils puissent nourrir leurs femmes et leurs enfants avec les pièces que ces torchons puants leur font gagner. Pourquoi seriez-vous malheureux alors qu'ils mangent à leur faim?"

BABA est Premaswarupa l'incarnation de l'amour; II est Amour, dans chaque membre et chaque aspect, chaque regard et chaque posture, chaque geste et chaque pensée. Aussi pardonne-t-Il à ces marchands de mensonges et demande-t-Il à tous les hommes de bien de prier pour qu'ils se corrigent. "Tôt ou tard, ils seront contraints de se repentir; aucun homme ne peut errer longtemps dans le désert; quand il s'aperçoit qu'il a perdu sa route, il s'arrête et revient sur ses pas, jusqu'à ce qu'il retrouve la route principale. Priez pour qu'ils deviennent des individus Sathwiques, pour que leur cécité guérisse rapidement, pour que leurs langues connaissent le goût de la vérité. Dirigez votre amour vers ces frères égarés; ils rejoindront bientôt la route du pèlerin", déclara BABA dans un discours qu'Il prononça pour la fête de Dasara en 1966. 11 cita l'exemple de la sangsue qui aspire le sang malsain de la blessure, mais qui se détache quand elle est trop gonflée pour

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sucer davantage de sang. "Eux aussi tomberont quand ils seront rassasiés".

"Quand on met de l'eau dans le lait, l'eau prend la valeur du lait et rapporte de l'argent! Quand les mensonges sont bâtis sur la réputation des Grands de ce monde, les gens qui ont une préférence pour la pestilence vont payer comptant pour eux".

Baba mentionne aussi un avantage positif apporté par ces calomniateurs. Il dit: "Quand le vannage est terminé, la balle est séparée du grain et peut être brûlée dans le fourneau. Le grain forme un tas qui peut être engrangé et servir à faire du pain qui nourrit et donne de la force. Ces hommes qui brassent de l'air séparent la balle du grain. Les gens dépourvu d'une foi solide se séparent au premier murmure de scandale, mais ceux qui ont une foi profondément enracinée résistent à la tempête; ils deviennent plus résistants, plus forts et aguerris".

En Mai 1966, BABA passa une dizaine de jours dans une plantation de café, dans le charmant district montagneux de Coorg, dans l'état de Mysore. Coorg est le berceau d'une robuste race de champions dans les domaines du sport et du combat. C'est une pépinière de soldats héroïques. Les habitants sont hospitaliers et pieux. Ils parcoururent de longues distances, par monts et par vaux, empruntant des routes sinueuses, pour avoir un aperçu du Seigneur venu parmi eux. BABA eut un sourire et une bénédiction pour chacun d'eux; II visita un grand nombre de maisons et y répandit la lumière et la joie. Le bungalow où II demeurait devint le point de mire des voitures et des autobus, à des kilomètres à la ronde. Plus tard BABA partit pour Madras et de là, Il accompagna quelques dévots à Kodaikanal une autre station de montagne où l'air est salubre. Chaque jour, à Kodaikanal comme à Coorg, se tenaient des séances de Bhajans où des centaines et des milliers de gens pouvaient se réjouir de chanter en choeur la gloire de Dieu et frissonner d'émotion pendant le Darshan. BABA déclara: "C'est la bonne fortune de ces gens des montagnes qui M'a attiré ici; sans quoi, Je n'avais pas prévu de venir".

Ensuite BABA se rendit en voiture à Madurai où des dévots avaient achevé la construction d'un nouveau quartier autour d'un temple dédié à SAI BABA et baptisé Sathya Sai Nagar (quartier Sathya Sai), en signe de respectueuse gratitude. Des Pandits du Tamil Nadu prononcèrent des discours pendant trois soirs de suite et BABA, qui présidait, les compléta par Ses éclaircissements.

De retour à Prasanthi Nilayam avec les premières pluies de la mousson, BABA se prépara à donner le Darshan aux 10 000 personnes qui s'étaient rassemblées là pour Guru Purnima; Il donna à chacun quelques gouttes d'Amrit, le Nectar, avec cette recommandation que la langue qui avait goûté l'Amrit ne devait plus se délecter d'Anrit (mensonge). BABA inaugura la succursale de la State Bank qui venait de s'ouvrir à Prasanthi Nilayam, une commodité pour aider les résidents aussi bien que les milliers de visiteurs qui viennent ici. BABA transforme chaque occasion de ce style en une moisson spirituelle; aussi, dans Son discours, compara-t-Il la banque où on prenait et donnait de l'argent, à la Banque où seul l'Amour est accepté et donné. "Cette banque", dit-Il, "reçoit les dépôts et tient rigoureusement et secrètement les comptes. La moindre chose est inscrite et comptabilisée, les pensées, les actions, les paroles, le bon, le mauvais, 1'indifférent. Développez l'habitude d'épargner pour vous épargner vous-même. lci, vous prennez de 1'argent (Dhanam); "là vous prennez l'équanimité (Dhyanam) à titre de dépôt". Chaque exemple était un éclair brillant, dévoilant la plus profonde vérité.

Le 3 août, BABA présida la fête d'inauguration du Centre Primaire d'Hygiène à Kothacheruvu, un village situé à une douzaine de kilomètres du Nilayam. BABA fut accueilli avec enthousiasme par les villageois, ainsi que par l'Honorable Ministre du

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Panchayath Raj, le Dr Lakshminarasiah d'Hydérabad, et les chefs élus aux Conseils Locaux par les gens du District d'Anantapur. L'un d'eux, Sri T.Ramachandra Reddy, Président du Conseil régional d'Anantapur, confessa: "Je dois admettre que c'est seulement après la propagation de Sa renommée dans le monde entier que nous, qui vivons si près de Puttaparthi, en sommes venus à réaliser Sa Divinité". Le ministre ajouta: "II est si près de nous que nous commettons l'erreur d'agir envers Lui comme s'Il était éloigné". Il y avait sur l'estrade de nombreux fonctionnaires du District. C'est pourquoi BABA déclara: "Les membres du gouvernement, les fonctionnaires et le peuple sont comme les trois pales du ventilateur qui tourne ici pour nous donner de la fraîcheur; ils doivent tous être activés par le courant (1'esprit de service) pour donner bonheur et paix".

Quand le docteur mentionna la nécessité de contrôler les naissances par des moyens de contraception, BABA réagit avec vigueur et condamna sans appel ce mouvement qui s'attache à saper la moralité et à déchaîner les tempêtes furieuses de la passion. "Ce n'est qu'un rigoureux contrôle de soi obtenu par la Sadhana qui peut garantir l'acceptation de la responsabilité parentale; les mouvements s'étendant à tout le pays pour y répandre la contraception provoqueront la chute des standards moraux".

Le 4 août 1966 est une date importante dans l'histoire de Prasanthi Nilayam car, ce jour-là, le Ministre du Panchayath Raj, de l'Andhra Pradesh, déclara solennellement que le territoire du Nilayam était détaché du village de PUTTAPARTHI dont il n'était qu'un 'quartier'. 11 était transformé en une unité administrative appelée 'Commune de Prasanthi Nilayam'; ceci à cause du développement rapide du Nilayam en centre d'activité spirituel de l'Inde et dans le monde. Ses rayons annoncèrent l'aube d'un jour nouveau éclatant, sur tous les continents de la terre. BABA appela les résidents de la Colonie à "utiliser la nouvelle structure administrative, autant pour le bénéfice de celle-ci que pour celui des territoires voisins".

En Septembre, pour l'anniversaire de KRISHNA, BABA donna de l'Amrit à tous ceux qui se trouvaient là, ainsi que l'Amrit de Ses discours pendant les deux jours.

"Edison", dit-Il, "le grand savant et inventeur, passait des heures et des jours dans son laboratoire, concentré sur quelque expérience ou problème; quelqu'un glissait sous la porte fermée du laboratoire du lait, du pain ou du thé, mais il n'y touchait pas tant que l'énigme qui le tracassait n'était pas résolue. La concentration exigée par la science se doit d'être aussi grande que ça. Considérez alors, combien davantage le Sadhaka devrait s'établir dans l'unité d'intention, pour parvenir au succès dans le domaine plus subtil et plus sublime de la conquête spirituelle. L'homme doit être à la fois brillant et léger, comme les lampes qui flottent sur le Gange à Hardwar. Si le poids du désir matériel s'ajoute, la lampe va couler et la lumière s'éteindre".

Dasara 1966! Pendant le discours qui précéda la montée du drapeau de Prasanthi, BABA délivra le message suivant aux milliers de gens rassemblés devant Lui: « Je vais vous parler d'une forme d'adoration qui vous donnera une force divine ». Il s'agissait de l'utilisation respectueuse et reconnaissante par l'homme des cinq éléments qui le constituent et qui sont les manifestations du divin, la Terre, l'Eau, le Feu, l'Air et 1'Ether! "Faites-en un usage intelligent", dit-Il, utilisez-les pour favoriser votre propre bien-être et le bien-être d'autrui; utilisez-les avec modération et pour le service de l'humanité".

Les fêtes de '1'Hospital Day' furent présidées par Opal Macrae, célèbre écrivain et assistante sociale américaine, qui était venue à Prasanthi Nilayam pour sa Sadhana. Elle parla de ses efforts pour guérir la folie, la faiblesse d'esprit et autres imperfections humaines, par la thérapie musicale, à New-York et à Hong-Kong. BABA déclara: "La musique est le facteur qui permet de sublimer les passions,

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dompter les émotions et diriger les impulsions vers des sommets plus élevés. L'Inde a reconnu les bienfaits thérapeutiques de la musique il y a très très longtemps". Il ajouta que la médecine et l'hospitalisation sont pour ceux qui hésitent et se débattent dans le doute. Pour ceux qui ont confiance dans le Docteur Suprême, Son nom est un remède suffisant.

Dans Ses discours sur la signification du Yajna, sur les activités de la Prasanthi Vidwanmahasabha, sur l'opportunité pour les poètes de réciter leurs poèmes, sur l'art dramatique, 'Radhabakthi' qu'Il écrivit et dirigea, (et qui contient a-t-Il dit, la quintessence d'une douzaine de Mes discours'), BABA est revenu continuellement sur la condition pitoyable de l'Inde et du monde, qu'Il était venu guérir. "Le monde est aujourd'hui étroitement compartimenté, en se basant sur les critères de religion, de couleur, de convictions, etc... Ceux qui remettent en question la validité des compartiments sont eux-mêmes dans un compartiment! Des pièces de métal mises en tas sont toujours des pièces; elles n'ont pas été fondues; faites fondre les peuples dans le creuset de l'Amour pour qu'ils deviennent Un". Le coeur doit être purgé de la haine; quand Dieu s'y est installé, la haine disparait. Les penseurs de l'Occident se tournent vers l'Orient pour apprendre l'art de garder la paix et de gagner la paix — une paix durable et satisfaisante — Prasanthi (la paix suprême). Le soleil est un minuscule point de lumière comparé à certaines étoiles; mais il donne la lumière et repousse l'obscurité. De même, l'Inde est peut-être une nation pauvre et faible, mais elle peut apporter la lumière et accorder la paix".

Baba parla aussi des maladies sociales, du dérèglement, qui infestent le monde, à cause de la mécanisation et de 1'industrialisation. Il a dit qu'elles étouffaient la nature divine de l'homme, qui lutte pour s'épanouir dans le service, le sacrifice et la sadhana.

Le jour de Deepavali en 1966, BABA expliqua que la fête de la Lumière était destinée à célébrer la victoire du divin sur les impulsions démoniaques. Plusieurs milliers de gens s'étaient rassemblés ce jour-là au Nilayam pour avoir Son Darhsan et écouter Ses discours. Après la fête BABA leur demanda de retourner dans leurs villages: "Je connais votre

amour pour Moi; vous connaissez Mon affection pour vous. Mais cependant, vous devez repartir chez vous, où des devoirs et des obligations vous appellent, où des gens et des institutions ont besoin de vos services. Eux aussi sont Miens; le service envers eux est le service envers Moi. Je désire aussi vous donner l'expérience de Ma Présence en tous lieux, où que vous soyiez, sans limitation de temps ou d'espace. Si vous êtes toujours ici devant Moi, comment pourrais-Je vous accorder cette joie?' Demanda-t-Il.

Le 41ème anniversaire de BABA arriva peu après. Dans le Message d'anniversaire qu'Il écrivit de bonne grâce et donna à publier dans le Sanathana Sarathi, BABA déclara: "Qu'enseignent à l'homme les nombreuses guerres auxquelles il a participé? Elles lui enseignent que la luxure, la colère, la haine et l'envie sont des forces mauvaises qui le poursuivent.

Constatez l'anarchie et le désordre, le chaos et les tueries qui sévissent aujourd'hui dans le monde. Ce sont les conséquences de ces forces néfastes. Tenez, même la maladie dont votre corps souffre et l'inquiétude qui couve dans vos foyers sont dues aussi à la luxure, la colère, la haine et l'envie". II condamna ceux qui imputent les fautes aux autres, leur attribuent les échecs, et se permettent de les blâmer et de les blesser. La haine et l'envie altèrent le charme du visage humain. Une personne prisonnière de l'avidité, de la luxure, de la colère et de l'envie souffrira de maladies digestives et nerveuses. En conséquence, apprenez à développer votre amour et votre dévotion envers Dieu, jusqu'à ce qu'ils s'étendent à tout le genre humain", conseilla-t-Il.

Le jour de Son anniversaire, quand BABA arriva à 1'Auditorium, pendant Bhajan, avant l'onction qui est le rite cérémonial du jour, Il portait sur Sa robe de soie un

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châle resplendissant en fils d'or, dans lequel étaient tissées les syllabes "Sai Ram" 1008 fois, confectionné par un dévot tisserand qui, comme KABIR, récitait ce nom sacré au rythme de la navette qui allait et venait, créant le tissu 'pour le Dieu qu'il adorait'. BABA le porta car le fil était l'or de la dévotion. BABA se déplaça parmi la foule nombreuse des dévots et mit dans les mains de chacun un 'laddu' comme cadeau d'anniversaire et de Grâce. Il était près de 3 heures de l’après midi, quand Baba retourné au Nilayam après une longue distribution de grâce, pendant 5 heures. On peut mentionner ici un petit incident pour illustrer Son Omniscience et Sa miséricorde. Parmi les 15 000 personnes qui se trouvaient là, un homme essayait d'obtenir encore plus de 'laddû' des mains de BABA. Finalement BABA lui dit, en même temps qu'Il lui donnait la friandise: "C'est la cinquième fois que Je vous en donne! Je crois que c'est assez !". II savait combien de fois II lui en avait donné; II n'eut aucun mot dur contre son avidité. Dans le discours que Baba prononça ce soir-là, II donna une nouvelle interprétation

des mots "Sathyam, Sivam, Sundaram". Ceux qui les assimilaient à "Sath, Chith, Ananda", ouvrirent grands leurs yeux à l'énoncé de cette nouvelle signification: "Suivez la voie de l'action avec l'harmonie et le charme de Sundaram; suivez le chemin de la dévotion avec la joie de vivre et l'élévation de Sivam; suivez la voie de la sagesse avec la ligne droite et ferme de Sathyam".

Trois jours plus tard, Il inaugura une bibliothèque publique à Bukkapatnam, le village où II allait à l'école quand II était enfant. Des années auparavant, BABA y avait ouvert un parc et plus tard, Il avait fait installer l'éclairage électrique dans le temple.

Il reprocha aux villageois de se contenter de la contemplation de Sa Gloire à distance sans chercher sérieusement à se rapprocher de Lui pour jouir de l'ardeur de Son coeur. Parlant des livres, BABA les mit en garde contre les livres qui exaspèrent les émotions, soulèvent les passions et émoussent la discrimination. Les livres doivent ajouter de la force à la volonté et réprimer les mauvais penchants et les mauvaises impulsions chez l'homme. Il parla de la négligence croissante envers la littérature classique et exhorta les écrivains et les lecteurs à développer leur goût pour la supériorité de base de notre ancienne culture.

Le 13 décembre, BABA partit pour Trichinopally, au bord de la rivière Kavari, où les dévots avaient organisé pour trois jours un séminaire de la Prasanthi Vidwanmahasabha. Le directeur de l'Institut pour la formation des professeurs d'Hindouisme à Madras accueillit BABA par un discours rempli de citations des classiques tamouls. Il parla de la Grâce suprême et souveraine de BABA. "Son regard accordera l'illumination, Son contact communiquera la révélation, Sa parole nous éveillera à la réalisation" dit-il, citant les sages d'un lointain passé. BABA invita tous les érudits et les étudiants à entreprendre la tâche de leur propre élévation morale grâce à leurs efforts personnels, et celle d'autrui par leur exemple.

Il parla de la dévalorisation de l'homme comparable à une simple noix dans une gigantesque machine, alors qu'il est l'héritier de 1'immortalité.

"Vous prétendez avoir conquis Swarajya (l'indépendance) parce que les hommes qui ont gouverné ce pays pendant des siècles sont rentrés chez eux. Mais vous devez encore forcer les 'maîtres' intérieurs qui vous gouvernent avec tyrannie, à quitter les lieux. Jusque là, vous n'avez aucune indépendance. Quand cela sera fait, aucun ennemi ne pourra plus vous dominer. Voilà quel sera le moment de votre indépendance. Aujourd'hui vous n'avez gagné que la peau, pas l'amande".

Le 17, BABA trouva le temps d'aller au village de Budalur, où des milliers de persoonnes s'étaient rassemblées autour du Sathya Sai Vihar, pour L'accueillir; Il se promena parmi eux dans la poussière qui s'épaississait et tout en marchant II remarquait ici et là, quelque malade à qui II donnait de la Vibhuthi créée de Sa main. Le premier à obtenir le précieux remède fut un garçon muet, le second, un

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paysan sourd et le troisième un vieux fermier qui avait un ulcère à l'estomac!Le 18, 11 quitta Trichinopally et resta à Pollachi pour la nuit. Le lendemain, Il se

rendit en voiture dans la forêt de Parambikulam, refuge des troupeaux d'éléphants, pour montrer aux gens qui L'accompagnaient la grandeur de cette scène sylvestre; mais cela a permis aussi aux modestes habitants de la jungle de remplir leurs yeux de cette beauté à jamais inoubliable.

BABA entra dans l'état du Kerala le 20 et après 2 jours passés à Palghat, 11 visita Ernakulam, Trippunittura et Alleppey, avant de regagner les Nilgiri Hills pour Noël. A Devi Vilas, à Palghat, BABA évolua parmi les dévots avec Son doux sourire et Son geste particulier Abhayamudra qui accorde courage et éloigne la peur. Il parla à beaucoup de gens en Malayalam et attira à Lui tous les cœurs. A Kollengode, un vent cyclonique se leva et rassembla de lourds nuages sombres au-dessus des gens assemblés et la pluie se mit à tomber à grosses gouttes. BABA leur dit: "Ne vous en faites pas. Ce ne sont pas des gouttes de pluie! Ce sont des gouttes d'Ananda, de Sudhabindu (des gouttes de pureté)"! Et la pluie fut maintenue à distance pendant plus d'une heure! Ce miracle fut mis à la une des journaux du Kérala le jour-même. A Trippuntittura, un couple chrétien, profondément dévoué à BABA, Le prièrent de poser la première pierre d'un temple qu'ils avaient projeté de construire. A Olavakkot aussi s'était construit un Sathya Sai Nagar (quartier de bungalows où vivent des dévots de Baba); BABA, dont la miséricorde est infinie, le bénit et posa la première pierre pour la construction d'un temple.

Le 23 décembre était le jour de Vaikunta Ekadasi, le jour où BABA nous inonde tous de Sa Grâce comme d'un Nectar. Il passa ce jour-là avec les dévots à Alleppey. Des centaines de gens se rassemblèrent là pour goûter le nectar de Sa parole et imprimer dans leurs cœurs Sa forme magnifique.

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CHAPITRE 12

SIGNES ET MERVEILLES

Chaque traitement ouvre les yeux, le cadeau d'une nouvelle vision, la vision du Divin Guérisseur, qui guérit le corps de sorte que ce puisse être un instrument pour la conquête de l'esprit et pour la réalisation d'Ananda présente mais dormant dans la région des sens, des émotions, des impulsions et de l'intellect !

Un jour, une personne aveugle vint à Nilayam dans l'espoir de recouvrer la vue; c'était un professeur de l'état de Mysore qui avait soudainement perdu la vue sans raison apparente. Tout d'abord Baba ne lui prêta aucune attention. Puis un jour II me dit, en me montrant du doigt l'homme que sa femme guidait sous la véranda: "Regarde, cet homme veut retrouver ses yeux; il ne sait pas que cette cécité est une chance"! Deux jours après, il reçut une lettre du gouvernement de l'Inde lui offrant une bourse d'études pour aller à Delhi suivre une formation dans une Institution pour l'enseignement des aveugles! Voici encore le cas d'un suppliant sourd, à qui Baba déclara: "Vos oreilles sont votre Gourou; elles vous ont amené à Moi; aujourd'hui soyez heureux qu'au moins une source d'attachement soit providentiellement supprimée". A propos d'un autre suppliant, Il dit: "Si Je lui redonne la vue, il est sûr d'aller à sa perte". BABA connaît le passé et le futur; tout homme est un livre ouvert pour Lui. Aussi, Il nous avertit: "Vous laissez votre compassion s'écouler très facilement mais Je dois calculer les potentialités la rétribution qu'ils méritent, le bon ou mauvais usage qu'ils peuvent faire de facultés et capacités supplémentaires". Lorsqu'un individu mourut dans une des chaumières des environs de Prasanthi Nilayam, et que les parents du mort supplièrent BABA de le ressusciter, Il leur dit: "Penseriez-vous que seule cette région est mienne? Que dire des milliers de gens qui sont morts au même moment dans le monde entier? Eux aussi sont miens, autant que votre parent. De plus, dites-Moi en quoi cet homme est-il indispensable au progrès du monde? Il a fini sa 'carrière'; il est né pour mener à bien son destin, pas pour fournir temporairement une joie superficielle aux quelques personnes qui se cramponnent à lui".

Dans le Vivekachudamani, Sankaracharya fait allusion au Maître comme "Ahethukadayasindhu l'Océan de compassion qui sauve sans aucune raison ni dessein". Baba est ainsi. Il soigne toute maladie chronique par l'exercice de Sa seule volonté; Il laisse d'autres suppliants souffrir. Nul ne peut dire pourquoi. L'exemple de Seshagiri Rao, dont on a déjà parlé dans le premier volume, jettera quelque éclairage sur cet aspect du ministère de Baba. Seshagiri Rao, qui présida à l'entretien du sanctuaire dans le vieux Mandir et plus tard à Nilayam durant 14 ans, fit une chute et se trouva à l'agonie. II affirma à haute voix, dans un dernier souffle cette Vérité extraordinaire que personne, sauf les sages, n'évoque au moment de la crise fatale: "Ce corps composé des cinq éléments se désintègre en ses composants; je suis libéré!"

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Je restai là, admirant et enviant le vieil homme. "Quelle grande chance de passer dans l'au-delà avec ces mots sur les lèvres!" me dis-je. Soudain BABA apparut dans la chambre, comme si quelqu'un L'avait informé de la fin prochaine de Son fidèle serviteur. BABA réprimanda Seshagiri Rao d'un ton ferme. Il lui dit: "Comment oses-tu partir pour ce voyage, sans avoir pris ton billet auprès de Moi? Descends; accomplis la tâche qui t'es assignée. Je t'ordonne de venir au temple cet après-midi et de continuer ton travail avec l'Arathi comme à l'habitude". Nous fûmes stupéfaits de ce manque d'amabilité, mais que sommes-nous pour que notre jugement se mesure à l'Unique Omniprésent? Seshagiri Rao se conforma à l'ordre reçu; il se rendit aux Bhajans et remplit le calendrier des tâches qui lui étaient assignées.

Six mois plus tard, il tomba malade, sérieusement malade. Il fut admis au Sathya Sai Hospital. Son état empira et devint désespéré. Son cerveau se ramollit, il perdit le dégoût de la saleté et tout le monde fut attristé qu'un fidèle serviteur de Dieu puisse souffrir ainsi. Son frère vint de Bangalore et pria BABA de lui permettre de le prendre à l'hôpital Victoria où il pourrait bénéficier de soins spéciaux de la part de son fils et de son neveu qui y travaillaient. Mais BABA lui répondit: "Ne vous inquiétez pas de son état actuel. Je l'autorise à s'acquitter de la souffrance qu'il doit subir. Après cela, il aura la chance de mourir en paix et ,tout à fait joyeusement, Sinon, J'aurais pu l'expédier il y a des mois, quand il était tombé". Et cela arriva ainsi. Un mois passa. Seshagiri Rao se rétablit mystérieusement. Le soleil brillait autour de lui dans la pièce. Il passa six semaines de félicité, en accomplissant son travail habituel. Puis il commença à décliner et se coucha. Son fils était près de lui et le soignait tendrement. Un soir, BABA entra dans la chambre. J'eus le privilège de L'accompagner. Il me demanda d'apporter une tasse de lait chaud. Cuillerée après cuillerée, Il lui fit boire la tasse entière, l'appelant par son nom et lui disant que c'était BABA qui le nourrissait! Puis II se leva et se mit en demeure de partir. Il se retouna depuis la porte et dit en le regardant: "Maintenant tu peux t'en aller!" Seshagiri Rao obéit dans l'heure qui suivit! BABA seul savait à quel moment il devait descendre et à quel moment il devait partir. Nous ne pouvions que regarder et prier, stupéfaits devant la merveille et le "caprice" plein de sens du souffle de la Grâce.

Ecoutons le Dr T.Nallainathan, de l'avenue du château à Colombo, nous raconter l'une de ces merveilles. "Un garçon de 12 ans appelé Anthonis souffrait d'un épendymoma (tumeur cancéreuse de la cauda equlova du cordon médullaire dans la vertèbre la plus basse). Le frère de son père est un chirurgien réputé et le neurochirurgien pratiqua l'opération en ma présence; elle dura 3heures15mn; mais aucune amélioration n'en résulta. L'urine du garçon s’écoulait sans aucune interruption, dans une totale inconscience. Cela ne s'arrêtait ni ne pouvait être contrôlé ou diminué. Un membre du Sathya Sai Seva Samithi de Colombo donna à l'enfant un peu de Vibhuthi rapportée de chez BABA. La nuit même, les parents remarquèrent une amélioration notoire. Aussi allèrent-ils en toute hâte voir BABA à Madras; ils eurent Son Darshan le 10 novembre. Bhagavan créa d'un mouvement de main une amulette et demanda qu'elle soit portée par le garçon autour du poignet. Les parents eurent le Darshan deux fois puis ils s'en retournèrent chez eux, tout heureux. Je vis l'enfant le jour de Noël, jouant avec délice et parlant d'aller à l'école après les vacances! Je sais que maintenant il va à l'école".

Parmi la multitude de cas dont j’ai pu avoir connaissance, je citerai ici une guérison particulière et prodigieuse. Un après-midi de février 1966 un jeune couple arriva en voiture de Bangalore où ils avaient atterri, en provenance de Delhi. Le frère de la

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dame, qui était à l'hôpital de New-Delhi, avait été renvoyé chez lui, car son cas était désespéré. Quelqu'un leur avait parlé de BABA et ils venaient demander Sa Grâce pour que le frère soit sauvé. BABA me remit entre les mains deux paquets de Vibhuthi qu'Il prit dans un récipient conservé dans Sa chambre et où II puisait pour en distribuer à 1'occasion; Il me pria de leur dire d'emmener les deux paquets à New-Delhi immédiatement! Voici l'histoire dramatique du frère en question: "Balija, 30 ans; néphrite chronique; anémie. En juillet 1960, a eu une crise douloureuse dans la région lombaire gauche et une hématurie. En Décembre 63, il était mentionné que son corps tout entier était enflé. Le taux d'albumine dans les urines était +++. I1 avait aussi un oedème généralisé. Taux d'urée dans le sang normal de même que la pression sanguine. Examen radiologique de l'albumine normal; radio des poumons normale. En décembre 1964, set plaint d'une baisse de la vision. Pression sanguine 240,140. Pyélographie intraveineuse et radiographie: le produit coloré injecté n'est pas sécrété par les reins. Taux sanguin d'urée 70mg. Albumine dans les urines +++: traitement poursuivi avec des médicaments hypertensifs.Puis il souffre d’encéphalopatie hypertensive, il a des mouvements involontaires sur le côté droit de son visage. BP 240/140. Il est admis à l’hopital. Traitement avec des médicaments hypertensifs et sédatifs. Taux d'urée 98-13, tombé à 80 mg. Lourdes traces d'albumine dans les urines, pas de calculs. Numération globulaire de circonstance. Pression artérielle revenue à la normale mais remontée pendant 10 jours à 150/100- 200/120. Débit urinaire 50-60 oz. L'hémoglobine décroit progressivement.

Le 18-12-1965, 9g d'hémoglobine. Numération globulaire: 3 500 000; hémoglobine 8g; 7,5g; 29.1.1966: hémoglobine 5,8g. A présent le patient est agité; pâleur et légère boursouflure du visage, douleur dans les articulations, douleur insoutenable; traitement: Adelphin Esidrex 2 cachets, 3 fois par jour; Serpasil, l à 2 cachets 3 fois par jour; injection de Serpasil SOS, injection de Largactill. Injection de Jectofer commencée le 22.1.1966 en alternance tous les deux jours. Pot .Chloride, 15 granules 3 fois par jour; régime: protéines interdites". Les 2 paquets de Vibhuthi devaient être donnés en usage interne dans de l'eau et il fallait aussi en enduire le corps du malade. Je fus émerveillé quand je reçus un télégramme de la soeur disant qu'ils allaient venir à Prasanthi Nilayam avec le patient le jour suivant. Il ne s'était pas écoulé 15 jours depuis leur première visite. La voiture arrivant de Bangalore entra dans l'enceinte du Nilayam et 3 personnes en descendirent: le couple et un étranger. Ils marchèrent vivement vers le Mandir et dès que je les eus vus et reconnus, je leur demandai: "Où est le malade?" Ils rirent et le montrèrent du doigt. C'était la troisième personne, un homme sans aucune trace de maladie sur lui, sauf un cache-nez de laine enroulé autour du cou.

Ecoutons encore une autre histoire, celle de Padubidris de Bombay. "4 mai 1957. C'était son tout premier anniversaire. La fête des enfants battait son plein. Pendant que les jeunes invités se servaient de petits sandwichs et de sucreries, la petite hôtesse se balançait avec ardeur sur son cheval de bois. Elle avait besoin de quelque chose pour la distraire de sa douleur. Des experts en médecine s'occupaient d'étudier son cas. La réception de son anniversaire n'était pas tout à fait terminée quand le résultat des radios arriva. Il révéla, avec une irrévocabilité aussi soudaine qu'incroyable, que la pauvre enfant d'un an à peine était atteinte d'une maladie qui lui rongeait les os, sous la pire des formes: le mal de Pott; le disque entre la 5ème et la 6ème vertèbre était complètement détruit. Rien de plus inquiétant ne pouvait nous tomber dessus.

Le spécialiste des os ordonna que l'enfant soit placée dans le plâtre pour réduire les mouvements au minimum et aider ainsi à la recalcification. D'autre part, on lui prescrivit une piqûre de streptomycine par jour et tout une liste de médicaments et de fortifiants. Combien de temps allait durer sa torture? Nous priâmes SAI BABA; nous rêvâmes qu'Il tenait l'enfant contre Lui d'un air protecteur. En juin 1958, elle était sortie du plâtre; mais le docteur prescrivit un corset d'acier pour soutenir sa vertèbre recalcifiée. Le 4 novembre, nous arrivâmes à PUTTAPARTHI avec elle. BABA nous donna une entrevue de 45 minutes. Il bénit l'enfant, tapota son

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dos, lui donna de la Cendre Sacrée (Udi) et dit à la grand-mère anxieuse: "Abandonnez-Moi tout; Je prendrai toujours soin d'elle; vous vous inquiétez trop à son sujet". Il nous assura qu'elle commencerait à marcher en Janvier et... il en fut ainsi!"

Des exemples où II a, par un simple acte de Sa volonté, guéri des cas de cancer en disant, "votre cancer est annulé", sont légion. Le cas de D.R.Ghule est remarquable de bien des façons. Dans une lettre datée du 15 juin 1966, Rao Saheb V.R.Ghule écrit: "Le 11 mai 1966, j'ai envoyé une lettre à BAGHAVAN SRI SATHYA SAI BABA, L'informant du triste état de mon frère, Dattatreya Ramachandra Ghule, âgé de 76 ans. Je Lui écrivis ceci: "La douleur est maintenant concentrée sur le côté droit de la gorge, ressemblant à un coup de pointe terrible, même lorsqu'il avale du lait, du thé ou du café. Il est devenu très faible. Il n'est plus en mesure de parler distinctement. Les docteurs de Jubbulpore ont déclaré que c'était un cancer et il reçoit actuellement un traitement aux rayons X à l'hôpital Tata, ici, à Bombay. Jour après jour iI devient un peu plus faible. Nous avons trouvé le livre 'Sathyam, Sivam, Sundaram', et après l'avoir lu nous lui avons apporté une photo de Vous et l'avons mise à une place bien en vue, pour qu'il ait Votre Darshan quotidien. Je ne sais pas si cet appel vous atteindra, car je ne connais ni votre adresse actuelle ni votre adresse correcte. Les mains jointes, je Vous supplie de sauver mon frère de cette souffrance et de cette terrible maladie.

"Le 13 au matin, l'état de mon frère empira et les docteurs le convoquèrent pour l'opérer immédiatement. Je plaçai une copie de ma lettre à BABA aux pieds de BABA devant Sa photo et je priai pour obtenir Sa miséricorde. Il était 12h30. A 13h, mon frère demanda de l'eau qu'il but facilement! Ensuite il but du lait, chose qu'il n'était plus capable d'avaler depuis très longtemps! Nous le transportâmes à l'hôpital où on le trouva tout à fait normal et les docteurs déclarèrent qu'il n'avait nul besoin d'opération. Aujourd'hui il est en parfaite santé".

Les amulettes, les paquets de Vibhuthi ou autres articles qu'Il donne, ne sont qu'une assurance pour celui qui les reçoit, d'avoir "quelque chose" de Ses mains. Ils sont superflus, quand nous avons compris que Sa volonté est Suprême. Elle peut franchir les frontières et les océans, elle est au-delà du langage et de l'âge, et elle peut être gagnée par la prière sincère et profonde. Il guérit pour des raisons connues de Lui seul. Il est venu pour ressusciter la moralité et restaurer la foi en Dieu et la foi en l'ultime libération de l'homme du chagrin et de la souffrance. Ces guérisons sont des cartes de visite qu'Il distribue dans le but d'annoncer que le Divin est revenu parmi les hommes. "Ramasse ton lit et marche", a dit BABA à de nombreuses personnes, à Prasanthi Nilayam, pendant les sessions quotidiennes de ces dons de Grâce qu'on appelle "interviews"; et ensuite, II donne ce conseil: "marchez sans peur, entrez dans l'espoir, entrez dans la Vérité".

Une jeune adolescente, portée par son frère, était venue de Bhadravathi dans l'état de Mysore. Depuis 5 ans, elle n'avait pas posé le pied par terre; Baba fit appeler le frère et lui demanda d'amener sa soeur. Il la transporta comme on porte un enfant. Au bout de quelques minutes, la porte de la salle d'interviews s'ouvrit et les cinq cents personnes assises dehors virent la fillette marcher, aidée par son frère et sa mère; BABA avait demandé qu'ils fassent trois fois le tour du bâtiment! Dès le lendemain, elle le fit toute seule! BABA l'exhorta à rentrer chez elle et lui souhaita d'être heureuse! Chaque guérison est un "ouvre-oeil", le don d'une nouvelle vision, la vision du Guérisseur Divin, qui guérit le corps pour qu'il puisse être un bon instrument pour la conquête de l'esprit, et la réalisation de la Béatitude qui sommeille dans la région des sens, des émotions, des impulsions et de l'intellect!

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CHAPITRE 13

FACETTES DE VERITE

Ainsi, le Gange de la Grace s’écoule-t-il de Prasanthi Nilayam, par Baba. Il restore la santé, revivifie les effondrés, sanctifie chaque service, fertilise chaque impulsion noble, éclaircit la vision et indique la voie divine.

Le but principal de la mission de BABA parmi les hommes est la résurgence du Dharma qu'Il désigne par 'Sanathana Dharma', qui est universel et éternel. BABA est venu pour réaliser la fusion, non pour écarter ou semer la confusion! Sanathana Dharma appartient au monde entier; c'est pourquoi Baba est adoré de Ses dévots sous le nom de "Sarvamathasammathaya namah"(prosternation devant Celui pour qui toutes les religions sont également valables). La fois où je L'ai abordé pour

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prendre des directives à propos du projet de couverture pour le numéro spécial du magazine Sanathana Sarathi de Sivarathri 1967, BABA s'empara de Son stylo et traça sur un morceau de papier l'ébauche de cinq disques, avec des pétales intercalés entre chaque, entourant un cercle à l'intérieur duquel je pouvais imprimer Son portrait. Dans chaque disque II traça Lui-même le symbole de chacune des religions principales de 1'humanité: le Pranava ou Om pour désigner la foi Hindoue; la roue pour symboliser la religion vue par Bouddha; une gerbe de flammes, le feu sacré que les Zoroastriens adorent; le croissant et l'étoile pour rappeler l'Islam et la croix comme symbole du Christianisme! Il dit: "Toutes les croyances sont des facettes d'une même vérité qui pourrait s'appeler amour, pureté, charité, sacrifice ou abandon du désir. Même ceux qui renient Dieu ou dénigrent la moralité, aiment quelqu'un ou quelque chose; les religions disent la vérité sinon on ne les croirait pas; elles doivent être pures afin de pouvoir satisfaire les consciences et les conventions de la société. Elles recherchent la paix et la joie. Cette vérité, cette paix, cette joie, c'est Dieu". Sa Grâce est si grande et si illimitée qu'Il déclare que le monde entier est Sa demeure, chaque nation n'étant qu'une de ses pièces.

C'est aussi la raison de l'apparition du Linga qui jaillit de Sa bouche pour Sivarathri. Car, le Linga est le symbole Divin le plus universel, le plus simple, le plus facile à comprendre et à transcender. C'est la forme émanant du Sans Forme. Le Linga se crée en Lui; II se crée Lui-même dans le Linga.

Voici l'exemple d'un miracle en rapport avec le Linga, survenu à Kothnaghatta, un tout petit Puttaparthi, niché derrière la colossale statue monolithique de Gomateswara sur la montagne d'Indra à Sravanabelagola, dans l'état de Mysore. Deux garçons de ce village entendirent parler de BABA et entreprirent le voyage avec des fonds empruntés. BABA leur parla affectueusement et les remplit de joie.

Mais II leur dit: "Je suis toujours dans votre village; vous pouvez y recevoir Mon Darshan; pourquoi venir ici"? Les garçons s'en retournèrent le coeur triste, mais saturés des chants dévotionnels entendus pendant les Bhajans au Nilayam. Ils rassemblèrent quelques paysans et chantèrent les mêmes chants dans le temple du village.

Le temple abritait un Linga en marbre, rapporté par un habitant du village qui était allé à Kasi il y a une centaine d'années. Il avait rapporté deux Lingas identiques, de la rivière Narmada et avait construit deux temples pour eux, un dans son propre village et l'autre à Kantharajapura, tout près de là. Il donna le terrain pour les temples, construisit des auberges et des puits pour les pèlerins et octroya des pensions aux prêtres. Le Linga de Kothnaghatta qui mesure 30 cm de haut est posé sur un piédestal. Un culte quotidien lui est rendu selon les rites Sastriques depuis son inauguration il y a cent ans. Quand les ainés entendirent les garçons chanter, ils se demandèrent qui était ce SAI BABA. Les jeunes gens leur parlèrent du Sai de Shirdi et du Sai de Puttaparthi, de la paix qu'on peut rapporter en abondance de Prasanthi Nilayam! Peu de temps après, le prêtre remarqua quelque chose dans le Linga, quelques lignes nouvelles et des couleurs, comme une silhouette se dessinant jour après jour, et les garçons se demandèrent ce que cela allait être. Au bout d'une semaine, ils virent clairement , dans le marbre du Linga deux portraits —nous pouvons les voir encore maintenant— un portrait de SATHYA SAI BABA (en buste, tourné vers nous, avec une guirlande autour du cou), et un portrait de SAI BABA DE SHIRDI (vu de profil, assis au Dwarakamayi, avec une barbe noire et une étoffe enroulée autour de la tête)! Il se passa un an pour que cette transformation se produise. Nous pouvons Les voir tous les deux dans cette demeure de marbre.

BABA a donné quantité de bagues serties de pierres précieuses avec cette bénédiction: "Vous pouvez Me voir dans cette pierre", et on peut avoir Son Darshan à travers ces dons. Mais la manifestation décrite plus haut se passe dans un temple public où tout le monde peut voir et ainsi s’efforcer à connaître la double

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incarnation à tout jamais toute-puissante,! BABA Lui-même a recommandé à de nombreuses personnes de se rendre à Kothnaghatta pour y recevoir Son Darshan. Son anniversaire y est célébré par les villageois avec une splendeur empreinte de gratitude. Rester devant cet autel où se trouve le Sai-Linga permet de renforcer sa foi en Sai; c'est un baptême de dévotion pour l'aveugle hésitant et obstiné. BABA est présent dans chaque Linga, dans chaque statue que l'homme adore, tous les lingas, toutes les statues adorés par l'homme sont en Lui. Voilà le message que les oiseaux perchés sur la tour de ce temple pépient aux pèlerins de Kothnaghatta.

En l967, Sivarathri était le 9 mars. Ce matin-là, BABA déclara à l'immense assemblée: "Le Gange est une rivière sacrée, chaque pouce de son eau est sacrée, de Gangothri jusqu'à la mer; mais certains lieux le long de ses rives, tels qu'Hardwar, Prayag, Varanasi et Dakshineswar sont considérés comme spécialement sacrés, à cause de leur association à des événements historiques, ou à des temples aux vibrations élevées. De même, bien que chaque jour soit sacré dans ce Prasanthi Nilayam (et dans le Prasanthi installé par vous dans vos coeurs et vos maisons), Sivarathri est un jour particulièrement sacré lui aussi, grace à l’émergence du Linga de SIVA Vivant". Cette nuit-là, quand le moment de l'expulsion du Linga s'annonça par le premier signe, la toux, 30 000 coeurs se mirent à battre plus vite; ils prièrent SIVA avec encore plus d'intensité, tout en observant BABA sur le Santhi Vedika.

Deux lingas sortirent successivement de la bouche de BABA: un linga ovale d'un rose soutenu, de dix centimètres de long, le Viswalinga (symbole de la création) orné des orbites des planètes qui brillaient en lui, et quelques minutes plus tard, un plus petit, le Jyothirlinga (symbole de la lumière). Les célébrations en liaison avec le Festival se poursuivirent jusqu'au 12 mars, et les 13, 14 et 15, BABA entreprit de guérir et de s'occuper des malades, des infirmes et des personnes âgées qui se trouvaient parmi les pèlerins. "Efforcez-vous à chaque moment de voir le bien, d'entendre le bien, de dire du bien", exhorta-t-Il. "Pratiquez une Sadhana, la méditation, la récitation du Nom de Dieu, les chants spirituels, le souvenir constant du Nom de Dieu. Si vous faites un pas en avant, J'en ferai dix vers vous. Versez ne serait-ce qu'une larme en pénitence, J'en essuirai des centaines de vos yeux".

Le Sathya Sai Seva Samithi de Bombay et la Branche du Maharashtra de la Prasanthi Vidwanmahasabha supplièrent BABA de passer quelques jours à Bombay et II accepta de bonne grâce. Il partit pour Bombay en voiture le 16 mars. Les étudiants du Sathya Sai Vedasasthra Patasala de Prasanthi Nilayam, environ 60 jeunes garçons partirent aussi en car. BABA prit la même route que l'autobus, pour être présent partout où les garçons s'arrêteraient pour manger pendant le trajet; Il les couvait tendrement comme une mère et veillait à satisfaire leur curiosité et leur étonnement au sujet des régions qu'ils traversaient. Ils virent les célèbres ruines de l'Empire Vijaynagar à Hampi, théâtre de miracles de BABA lorsqu'Il était enfant, et le temple de Virupaksha (où Baba avait donné le Darshan à Son frère et à d'autres personnes, en tant que Virupaksha Lui-même), les immenses statues monolithiques de Ganesh et Narasimha. Tout cela sous la conduite vigilante de BABA en personne. Les garçons jouèrent deux comédies musicales à Bombay, écrites par BABA spécialement pour eux, remplies de Son message stimulant de courage, basé sur la Divinité inhérente de l'homme .

Radhabakthi est une pièce enthousiasmante, pleine de chants rythmés et de danses populaires qui dépeignent la dévotion pure des simples vachers envers KRISHNA qui avait capturé leur coeur, à l'exclusion de tout autre chose. Cette pièce sauve la réputation de Radha de l'absurde calomnie érotique à laquelle de vils penchants l'ont exposée. La pièce se concentre autour du Festival organisé à Brindavan pour célébrer l'anniversaire du jour où KRISHNA a soulevé la montagne Govardhana. KRISHNA accepte l'invitation des vachers qui aspirent à Le voir pour Lui rendre hommage. Nanda et Yasoda, Ses parents adoptifs se réjouissent aussi de

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pouvoir se repaître de Sa vue. Les vachers font les préparatifs pour recevoir KRISHNA qui amène avec Lui la noble Rukmini, mais pas l'autre reine, Sathyabhama. Elle est trop jalouse de l'attachement de Radha pour Son Seigneur. A Brindavan, Radha est obligée de rester à la maison, car elle a été un lutin fantasque, battant la campagne à la recherche du Trésor qu'elle a perdu! Mais KRISHNA s'arrête devant sa porte et lorsqu'elle se trouve devant Lui, KRISHNA explique la vraie nature de l'Amour Divin dont elle est la plus pure représentation.

BABA s'est attelé à la restauration du Dharma en utilisant plusieurs méthodes: l'enseignement direct, les écrits, les discours, l'encouragement, l'explication, la consolidation de tout ce qui soutient le Dharma (tels que les temples, les lieux saints et les pandits), 1'épuration des textes anciens qui ont été ternis par la fange du temps et par le dard de plumes abjectes.

Radhabhakthi est un exemple de cette épuration. Le commentaire sur le Bhagavatha qu'Il écrit dans le Sanathana Sarathi, montre le courant limpide et curatif qu'était le Bhagavatha à 1'origine, avant qu'il n'ait reçu l'influx intoxicant des interpolations qui s'y sont glissées.

La pièce sur Sakku Bai que les garçons jouèrent à Bombay fut aussi une agréable surprise, car BABA y dépeint grâce au chant et à la danse, le message suivant: "la souffrance est le meilleur des gurus". La scène où les 'statues' de Panduranga et Rukmayi deviennent vivantes et parlent de la condition de Sakku et des implications de ses souffrances, est une belle leçon sur la philosophie de la Grâce. Son Excellence le Gouverneur du Maharashtra dit, en congratulant les jeunes garçons pour leur honorable performance, "vous êtes les émissaires de la grande culture de ce pays".

BABA prononça des discours devant des foules énormes au Cercle Royal et au Stadium Vallabhai Patel, et II alluma dans les coeurs de tous ceux qui L'entendirent, la lampe de la Sagesse(Jnana). "Le feu et l'eau en association produisent de la vapeur qui peut servir à tracter de lourds wagons. Karma et Upasana (exercices spirituels), de la même manière, produisent la Sagesse qui peut vous entraîner, malgré le lourd chargement des conséquences des pensées, paroles et actions de vos nombreuses vies passées sur cette terre, vers le Seigneur intérieur".

Les étudiants prédominaient dans le Stadium, le 21 mars, et BABA leur donna ce bon conseil: "Comme le tigre qui refuse l'herbe, aussi affamé soit-il, l'homme doit refuser de s'abaisser aux bas niveaux du scandale, du sadisme et de l'avarice. L'avidité et l'égoïsme qui contaminent ce pays sont des tragédies pour 1' humanité, car l'Inde a le devoir de guider et de conduire l'humanité vers le but final de la Réalisation du Soi. La jeunesse de l'Inde grandit dans un climat brûlant de rébellion et de passion; non, comme dans le passé, dans les frais ombrages du respect et de l'humilité. Les ainés se livrent à des luttes fratricides, des contestations vindicatives, des méthodes louches pour gagner de l'argent et des compétitions sans merci; leur comportement honteux chez eux, dans le village, dans les clubs, dans les organismes civils, dans les législatures, dans toutes les professions, impose ce standard de vie à la jeunesse. La culture indienne qui est vraiment internationale quant à ses points de vue, doit être enseignée et vécue dans les écoles et les collèges de l'Inde, de manière à ce que l'Inde et le monde puissent être heureux et satisfaits".

BABA manifeste un intérêt particulier envers les jeunes car c'est sur eux que repose la charge de soutenir le Dharma. En les gardant près de Lui, Il les façonne pour en faire des instruments de service et des pratiquants de Sadhana. Il leur accorde la Grâce et gagne leur fidélité. Il leur parle ainsi, avec Son amour sans bornes: "Vous êtes Mes membres, que Je nourris, vous constituez le corps de SAI. SAI vous procurera la nourriture où que vous soyiez, quelle que soit votre fonction, pourvu que vous donniez à SAI ce qu'Il considère comme désirable, la vertu, la foi, la

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discipline, l'humilité et la révérence". Il est difficile de résister à un tel appel.

BABA a instauré des Cercles d'études dans les écoles et les collèges pour l'étude des écritures et des textes sacrés; II a recommandé le recrutement et l'instruction de jeunes hommes et de jeunes femmes dans les disciplines de Japam et Dhyanam ainsi que dans les techniques de soin et d'alimentation envers les malades et les plus démunis. "Les membres de ce Sathya Sai Seva Dal doivent être imprégnés de dévotion envers Dieu et de service envers l'homme, le 'Terminus' et le 'point de départ' du pèlerinage qu'on appelle la vie.

Le Dal doit être avide de servir et apte à servir intelligemment, sincèrement et joyeusement", conseilla-t-Il. BABA encourage les dévots à mettre en place dans les écoles des cours d'instruction religieuse et morale, sur les bases universelles du Sanathana Dharma. Il recommande la création de centres où les étudiants auront la possibilité d'assimiler les disciplines du Yoga et de la Sadhana, tout en poursuivant leurs études dans une atmosphère de silence et de sérénité.

Tant au cercle Royal qu'au Stadium et au bungalow où II résidait à Andheri, BABA insista sans cesse sur Sa Mission de Miséricorde, baignant de Sa Grâce, les malades, les vieillards, les faibles d'esprit, les exclus de la société, l'écume et la lie de cette civilisation. Il descendit de l'estrade décorée et du fauteuil d'argent, et se promena lentement le long des allées, entre les rangées d'hommes et de femmes assis par terre, cherchant ceux qui réclamaient Son attention et répondant par Abhayahastha (signe de la main signifiant l'absence de peur) à l'hommage de la foule. Il trouva aussi le temps de résoudre les problèmes spirituels de même que les démêlés personnels de ceux qui L'approchèrent pour être guidés bénis.

Il répondit avec bienveillance et bénit les foyers des dévots qui étaient bien souvent aux derniers étages de bâtiments ou de résidences sans ascenseur; cela ne L'empêcha pas de grimper et de descendre de nombreux escaliers chaque jour, avec un empressement venant de Son amour illimité. En entrant dans 1'appartement, BABA plaisantait et riait, appréciait et prévenait, câjolait et distribuait des cadeaux à chaque membre de la famille, car II est l'ami, le père, l'enseignant et la mère, le gardien et Dieu pour les familles qui Le recherchent .

Le 27 mars, BABA partit en avion pour Jamnagar, dans l'état de Saurashtra. Ce fut une chance accueillie avec joie par le personnel de l'aéroport de Bombay et de Jamnagar de pouvoir toucher les Pieds que des millions de gens aspirent à saisir. Pendant le vol, BABA attira l'attention des passagers qui L'accompagnaient sur les scènes ravissantes visibles sur la mer ou la terre, peintes par l'Artiste Suprême pour Son propre plaisir. Le Saurashtra est semé de Cercles d'études SATHYA SAI et de groupes de Bhajans; BABA avait déjà baigné de Sa Grâce cette région quand II était à Shirdi et maintenant qu'Il était revenu, Il a attiré des foules dans les villes et les villages si près de Lui, par l'évidence concrète de Sa Présence et de Sa bienveillance, que le Saurashtra se change rapidement en SAI-rashtra. Je demandai à quelqu'un la raison de ce courant extraordinaire d'hommes et de femmes qui envahissaient l'endroit où devait se tenir la réunion publique, et il me répondit: "Dans chaque village des environs, BABA a annnoncé Sa Présence et Sa Grâce par des signes incontestables, tels que l'apparition spontanée de Vibhuthi dans les sanctuaires où II est adoré!"

BABA résida à l'hôtel Amar Vilas Palace où II fut accueilli par le Rajah Matha de Jamnagar. Il sortit sur le pas de la porte de nombreuses fois jusqu'à une heure avancée de la nuit, pour donner le Darshan aux centaines de fidèles qui se pressaient alentour. A Jamnagar, BABA inaugura un grand local qui allait servir de quartier général au Sathya Sai Seva Samithi. Il se rendit ensuite sous le vaste chapiteau qui ne pouvait cependant accueillir la totalité des dévots qui ont dus élargir le champs sur au moins deux cents mètres tout autour du chapiteau. Remarquant quelques enfants malades, BABA créa de la Vibhuthi pour eux, ce qui fit frémir d'émotion l'assemblée, devant cette évidente manifestation de Sa Miséricorde et de Sa Puissance.

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Il revint sur l'estrade et entonna quelques Namavalis que les fidèles reprirent après Lui. II leur parla de la nécessité de nourrir l'esprit comme on nourrit le corps; la nourriture de l'esprit est 'Japam, Dhyanam, Namasmaranam', dit-Il. Après la réunion, BABA rencontra les membres du Seva Samithi, et leur recommanda de travailler à l'unisson, sans aucune trace d'ego. "Pas un homme ne peut prétendre avoir remporté cette victoire-ci ou celle-là, car tous ne sont que des instruments entre les mains du Seigneur", déclara-t-Il .

A l'aube du 28, BABA quitta Jamnagar en voiture pour se rendre à Bhavanagar, avec sur Sa route un arrêt à Rajkot pour donner le Darshan aux milliers de fidèles qui s'y étaient rassemblés. Il chanta quelques Bhajans, et, ayant repéré quelques malades, Sa miséricorde le conduisit à leur donner de la Vibhuthi qu'Il créa sur le champ. Comme les quotidiens Jai Hind et Phul Chhab avaient annoncé la nouvelle du voyage de BABA à tous les villages placés sur Son chemin avant le lever du soleil, BABA dut s'arrêter régulièrement après quelques kilomètres pour permettre aux villageois de se repaître de la vision du Seigneur qu'ils adoraient. La main de BABA ne cessa de bénir avec Abhayam, pendant tout le trajet, du début à la fin.

BABA parvint dans les faubourgs de Bhavnagar vers 11 heures du matin. Les habitants avaient projeté de l'emmener en procession, dans une voiture fleurie, à travers les rues décorées d'arches fleuries et remplies d'écoliers et d’une foule passionnée qui se tenaient en bordure de la route. Mais, comme la ville était déjà trop grouillante de monde, BABA estima qu'une procession ne ferait qu'accroître les problèmes de circulation de la cité. Il annonça donc que le Darshan serait donné ailleurs, en l'occurence à la Mairie. Nous avons souvent vu BABA prendre en charge de telles situations au cours de Ses voyages, quand les organisateurs sont trop dépassés par les événements pour songer calmement à l'étape suivante. BABA résida dans le bungalow d'Abdulla Noor Mahomed à Takheshwar. Il donna le Darshan à la foule depuis le toit du bungalow. Il descendit parmi la foule à 17 heures et fit un discours qui dura plus d'une heure. "Ne vous éprenez pas du monde au point d'être sans cesse ramenés dans cet amalgame illusoire des joies et des peines", dit-Il.

«Vous ramassez un journal et vous le lisez; vous trouvez que le monde est fou et absurde, rempli d'escrocs et de détraqués; à coup sûr, ce journal n'est fait chaque jour que pour y parler d'hypocrisie; l'héroïsme est vain et la renommée passagère; vous jetez le journal, complètement écœurés. Vous devez agir de la même manière avec la vie. Réalisez qu'elle n'est qu'une fantaisie, une pièce, une pantomime. Servez-vous du monde comme d'un instrument, comme d'un terrain d'entraînement pour le service, le sacrifice et pour conquérir la libération. Prenez du recul et observez à la fois la pièce et le Directeur qui la produit ».

Plus tard, BABA quitta la Fondation pour le Sai Mandir de Bhavnagar. Le 29, 11 s'envola pour Bombay, pour retourner à nouveau en voiture à Navsari, dans le Gujurât, le 30 mars.

A Navsari, la population se trouva concentrée sur le lieu du rassemblement à quatre reprises. Il y avait de rares places debout pour l'énorme foule désireuse d'obtenir le Darshan et d'entendre le discours de BABA. BABA se déplaça dans les longues allées parmi la foule dense des fidèles, afin de leur donner le Darshan, mais la dévotion ne put maintenir les gens en place; ils s'avancèrent vers 1'estrade, pour recevoir le Darshan de plus près et ils ne purent être ramenés au silence requis pour les Bhajans.

Alors, BABA partit à Baroda pour sauver les gens des conséquences de la débandade qu'ils étaient en train de créer. Une trentaine de kilomètres plus loin,

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tandis que Sa voiture roulait, BABA entendit des Bhajans chantés par au moins 4000 personnes, assises en plein air près de la route. Les dévots d'Ubel avaient fait le vœu de chanter des Bhajans sans interruption pendant 12 heures; et ils priaient pour que BABA vienne en personne jusqu'à eux. Et le vœu porta ses fruits. BABA se réjouit de cette discipline exemplaire; II descendit de voiture, se déplaça parmi eux et donna de la Vibhuthi à quelques-uns; II monta sur l'estrade; et pendant 20 minutes II chanta des Namavalis que la foule répéta après Lui. Puis II retourna à la voiture, sans être aucunement gêné par quelque dévot tentant de se prosterner à Ses Pieds, et II repartit. L'assemblée poursuivit la séance de Bhajans jusqu'à l'heure dite!

BABA passa la nuit à Baroda. Le 31 mars II rencontra les membres du Sathya Sai Seva Samithi de Baroda et du Cercle d'études de Jambusar, ainsi que d'autres villages environnants. Près de 200 personnes reçurent Son Darshan et un bon nombre d'entre eux, Son cadeau miséricordieux, — la Vibhuthi— créée sur le champ.

De retour sur la route de Bombay le jour suivant, les voitures traversèrent Navasari et en début d'après-midi, les membres de l'escorte commencèrent à scruter les abords de la route à la recherche d'un manguier ou d'un bouquet d'arbres pour pique-niquer. BABA semblait ne manifester aucun intérêt à ce plan. Il fit signe aux voitures d'avancer, jusqu'à ce qu'elles arrivent devant l'école. BABA s'arrêta et demanda que l'on se renseigne pour savoir si l'école était en activité. Elle ne l'était pas; elle servait de pension à quelques étudiants qui avaient choisi Agriculture comme option particulière. BABA fit entrer les voitures par la porte de la pension et II déversa Sa Grâce sur les pensionnaires. Il donna à chacun d’eux Sa grâce, Sa photo ainsi que de la Vibhuthi et assez d'argent pour acheter une nouvelle tenue vestimentaire; dans l'intervalle, les étudiants, les membres du personnel et des villageois venus de kilomètres à la ronde se réunirent autour de BABA qui leur parla pendant une demi-heure. Tous eurent le plaisir unique du Darshan, de Sparsan (toucher) et de Sambhashana (parler)! Plus tard BABA dit qu'Il connaissait la présence de cette école où Il pourrait donner de la joie à beaucoup de monde. BABA déclare que pas un seul mot venant de Lui n'est exempt de signification; aucun de Ses actes n'est dénué de bénéfice.

Le 2 avril, BABA était à Poona où II fit un discours devant 20 000 personnes dans le parc du Collège M.E.S. Le 3, une session de Bhajans eut lieu au bungalow River-side de Mr Banatwala; là, Il accorda des entrevues à de nombreux officiers des forces armées. L'Association de l'Andhra L'accueillit dans la soirée. Il prononça un discours dans leurs locaux. Il y révéla ce qui s'était ébruité plus tôt. « J'ai parlé avec les Directeurs de Poona de l'instruction morale et spirituelle des garçons et des filles. Une institution verra bientôt le jour à Poona, où les parents, les enseignants et les directeurs des étudiants seront formés pour guider les enfants sur le droit chemin, grâce à l'enseignement des principes fondamentaux de la religion et de la morale; les étudiants seront aussi formés ici en yoga et méditation, de sorte qu'ils grandissent en force et en droiture".

BABA quitta Poona le 4 avril et arriva à Prashanthi Nilayam le 7, après une courte étape à Hyderabad. Le 10 avril, dans le discours qu'Il prononça devant les fidèles réunis pour recevoir Son message du Nouvel an et Ses bénédictions, BABA déclara que le voyage dans le Maharashtra et le Saurashtra avait dispensé un flot sans précédent de délices spirituels.

Les 20 et 21 avril, une conférence nationale groupant tous les employés des organisations portant le nom de BABA se tint à Abbotsbury, dans l'état de Madras, en la présence effective de BABA. Ce fut un événement historique, porteur d'une énorme potentialité pour l'élévation du Dharma. Près d'un millier de délégués venus de tous les états de l'Inde, (et de nombreux pays étrangers) participèrent, ravis, à la

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Conférence. Après s'être chauffés pendant deux jours au soleil de la Gloire de BABA, ils retournèrent chez eux, riches d'un nouvel enthousiasme et d'une singulière émotion. Des représentants de chaque état vinrent devant l'assemblée, à la requête du Dr B.Ramakrishna Rao (Président de la Prasanthi Vidwanmahasabha pour toute l'Inde et ancien gouverneur du Kerala et de l'Uttar Pradesh), qui présidait, et présentèrent leurs rapports faisant état des multiples manières dont s'était exprimée la dévotion envers BABA et Ses enseignements, dans le but de satisfaire les besoins des gens et résoudre leurs problèmes. Organiser des rencontres pour chanter en chœur la Gloire de Dieu était chose courante; il y avait aussi des cercles d'études pour apprendre les leçons du message et des enseignements de BABA et essayer d'apporter la culture indienne et le Sanathana Dharma jusqu'à la porte de l'homme de la rue, grâce au discours des Pandits; il y avait aussi une exposition de peinture itinérante, montrant les paraboles et les métaphores explicatives dont BABA se sert pour clarifier des problèmes épineux en philosophie ou discipline spirituelle, ainsi que des séminaires de 3 jours sur 'la conquête de la Paix Suprême dans le contexte du monde moderne', qui se tenaient dans plus de cinq villes de l'état de Mysore.

BABA voulut que les délégués étrangers expriment eux aussi leurs points de vue. Le délégué de Hong-Kong dit que le groupe s'occupant là-bas des séances de Bhajans et d'étude était un O.N.U. en miniature et qu'il avait trouvé un grand enthousiasme pour le Yoga et la Sadhana autant que pour Namajapa, au Japon. II dit que l'élan vers Dieu est encore endormi dans la république chinoise et il insista pour que des livres de BABA et sur BABA soient traduits en chinois et en japonais. Le délégué d'Afrique de l'Est décrivit comment là-bas les groupes fonctionnaient: il y a à la fois des prières en commun dans le style de Prasanthi Nilayam et l'étude des oeuvres de BABA, en grande partie de leur discipline. Le délégué de Ceylan donna des exemples de la Présence miséricordieuse de BABA à Ceylan, comme en témoignent les expériences incontestables des fidèles et il enchanta l'assemblée en déclarant que BABA était aussi bien à Ceylan que partout ailleurs. Le délégué de la Norvège disserta sur la situation de ceux qui ont perdu la foi en Dieu et n'ont pas acquis la foi en l'homme; il parla de sa propre hésitation à accepter divers dogmes occidentaux, de son étude du Yoga et de la Philosophie indienne.

"Le 25 février 1965, dit-il, j'étais assis devant le Samadhi de Shirdi; un inconnu, vêtu d'une chemise bleue, s'approcha de moi et me posa la question suivante: "Avez-vous vu SATHYA SAI BABA? S'il y a un Dieu sur cette terre, c'est Lui. Il va venir à Bombay le 14 mars. Vous devriez aller Le voir. Voilà de la Vibhuthi issue de Sa main. Et voilà Sa photo". Voilà comment BABA m'appela à Lui, car, comme je le sus plus tard, en ce jour du 25 février, Il était le Seul à connaître la date de Sa venue à Bombay!"

"Le 14 mars, je remis à Mr L C. Java une lettre pour BABA, qui était descendu au Gwalior Palace de Bombay; il la prit vivement en me disant, "Baba m'a dit, il y a une heure, qu'un étranger viendrait apporter une lettre et que je devais la Lui remettre sans délai! " Nous sommes tous bénis, ajouta-t-il, car nous avons été choisis pour répandre la nouvelle de Son avènement et Son message, dans le monde entier".

Le Dr Ramakrishna Rao a dit qu'une évolution rapide de la science et de la technologie sans aucun progrès simultané en force morale (accompagnée en fait d'un déclin rapide de la moralité et de la vertu) va poser un problème crucial à 1'humanité,—le problème de la survie. L'élite intellectuelle de l'Inde est ignorante des racines de sa culture et s'en excuse quand elle est mise au défi par des chercheurs ardents ou des calomniateurs bornés. BABA insiste sur la Vérité, le Dharma, la Paix et l'Amour parce que ce sont les seuls remèdes pour ce monde malade. Ceux qui ont entendu et compris Son appel ont formé dans leurs quartiers des associations et des sociétés, des instituts et des institutions, dans le but de réunir des esprits de la même famille pour une inspiration mutuelle. Mais cela s'est passé au petit bonheur et c'est pourquoi BABA nous a tous réunis pour que nous ne soyions pas détournés du droit chemin de la Sadhana; nous devons suivre certains

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principes fondamentaux d'organisation efficace et exemplaire. BABA a déclaré que la publicité la plus efficace pour Son avènement est faite par celui qui met en pratique Ses enseignements et prouve par ses actions et ses paroles qu'il vit dans la paix et la joie grâce à ce moyen. Exactement comme les eaux tumultueuses d'une rivière sont régularisées par ses rives, l'enthousiasme de la dévotion doit être régulé par certains principes agréés. Mais, dans l'élaboration des lois et des règlements, a dit BABA, personne ne doit ignorer 'la raison d'être" (en français dans le texte) de l'ORGANISATION SATHYA SAI: rendre chacun conscient de la joie , de la paix et de la sagesse qu'il possède et qu'il est en réalité!

L'Organisation Sathya Sai n'est que le reflet sur ses membres de l'Unique SAI que tous adorent. Plus brillant est le reflet, plus grand sera le service que l'on pourra accomplir. La conférence nomma des comités, écouta les rapports de leurs délibérations et décida de suivre une certaine ligne directrice générale, mais ceci ne représenta pas son principal avantage. Le principal avantage fut... BABA. Il persuada, convainquit, conseilla, parla et, tout comme un proche camarade, Il distribua Son amour à tous. Il prit place parmi les délégués pendant le petit déjeûner, le déjeûner et le dîner; II les rencontra en tant que groupes de District. Il avait une solution prête pour chaque difficulté; Son sourire était convoité par tous et prodigué à tous. II s'assit au milieu d'eux pour les photographes. Il pénétra dans le coeur de chacun. L'universalité et la valeur intrinsèque de Son enseignement reçurent un accueil enthousiaste.

"Vous devez servir les autres, parce que vous n'aurez aucune paix tant qu'un autre en sera privé; vous devez faire de chaque coeur, y compris les vôtres, un Prasanthi Nilayam; travaillez sans découragement ni orgueil; coopérez avec tous ceux qui sont bons et désintéressés.

Gardez le contact avec tous ceux qui cheminent avec peine sur le sentier du pèlerinage vers Dieu, quel que soit le Nom par lequel ils le connaissent, quelle que soit la Forme qu'ils Lui attribuent, jusqu'à ce que vous parveniez jusqu'à Lui et que vous sachiez qu'Il est tous les noms et toutes les formes", les encouragea BABA.

Les délégués repartirent avec les bénédictions de BABA résonnant encore dans leurs oreilles: "Allez de l'avant comme une armée courageuse et unie, en cherchant le Dieu qui réside dans chaque être et en L'adorant par votre service dévoué".

Les 22,23 et 24 avril, au cours des réunions de la Prasanthi Vidwanmahasabha qui se tinrent à Madras, des dizaines de milliers de gens écoutèrent parler BABA ainsi que quelques érudits.

Le Dr V.K.Gokak , docteur es lettres, s'adressa à BABA comme le 'rédempteur de la planète' et le 'sauveur dont la miséricorde fait signe à chaque fils de la terre de marcher vers Dieu'. "Le monde a ignoré l'unité de l'esprit et de la matière »,. Le réel progrès ne vient que lorsque l'homme recherche non l'information mais la transformation, et découvre sa propre réalité, tapie sous les couches épaisses de l'erreur et de l'illusion". Le 24, le Dr S.Bhagavantham, docteur es sciences, conseiller scientifique au ministère de la défense du gouvernement de l'Inde, s'exprima ainsi: "C'est un rare privilège d'être invité, à quelque titre que ce soit, à se tenir sur la même estrade que BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA. BABA m'a fait passer par de nombreuses épreuves, y compris dans le domaine de la science. Il y a des années, lors d'une de mes premières confrontations avec Lui, BABA me dit: "Les scientifiques n'ont aucune foi en Dieu, n'est-ce pas? Vous, en particulier, avez-vous un minimum de respect pour les textes anciens de ce pays? La Bhagavadgitha, par exemple?" Mon amour-propre fut blessé. Pour prouver la bonne foi de ma corporation, je Lui parlai d'Oppenheimer et de son exclamation, lorsque la première bombe atomique expérimentale explosa: "Divisurya sahasrasya.." qu'il avait apprise dans la Bhagavad Githa. Le véritable savant parmi les scientifiques, dis-je, est informé de la sagesse des textes anciens, les Upanishads et la Githa. "Aimeriez-

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vous en avoir un?" me demanda-t-Il et II prit entre Ses doigts quelques grains de sable, dans le lit de la Chithravathi, où nous étions assis autour de Lui; le sable se transforma en un texte de la Bhagavad Githa, qu'II mit dans mes mains. Plus tard, je l'examinai pour y découvrir le nom de l'imprimerie où il avait été édité; inutile de le dire, il n'y avait aucun nom. C'était un total désaveu des lois de la physique que je défendais. Plus tard, Il accomplit devant moi, une opération chirurgicale, créant le scalpel, l'aiguille, le bandage, et tout ce dont II eut besoin. J'étais franchement perdu à cette époque-là!

"Hier, le Dr Gokak a dit que BABA défiait les lois de la physique et de la chimie! ll ne défie pas les lois. Il les transcende. Il est transcendantal. Il est un phénomène. Il est Divin. Ce que je vous dis est pour moi le bon moyen, le moyen sûr, pour me tirer d'affaire. Nous scientifiques, sommes des gens très humbles; nous avons de tout temps ajouté un petit quelque chose à ce que nous savions déjà; aujourd'hui nous réalisons qu'il y a encore plus de choses à connaître. Accroître la connaissance est une autre façon d'accroître l'étendue de notre ignorance. A l'heure où je vous parle, un engin de fabrication humaine est en train de creuser dans le sol lunaire, à 400 000 kilomètres de là, une rigole de 50 cm de long sur 23 cm de profondeur. Nous savons que seul le savoir peut être acquis, mais qu'en est-il de la sagesse? Elle ne peut être obtenue que de BABA! Bhagavan est notre parent le plus proche; tournez-vous vers Lui pour recevoir le message éternel. Cela seul nous sauvera".

Dans les discours qu'Il prononça pendant trois soirs, BABA mit l'accent sur 1'importance du dévouement altruiste, afin que l'activité prenne tout son sens et contribue à donner de la joie. Il dit que 1' homme ne devait pas oublier son essence divine, à seule fin de ne pas glisser vers une animalité effrayante qui plonge dans la peur. "La peur n'affectera jamais l'homme qui sait qu'il est une étincelle du Divin", dit-Il.

De Madras, BABA se rendit dans les Nilgiri Hills et, après une courte visite à Calicut sur la côte de la mer d'Arabie, Il poursuivit Son voyage jusqu'aux Anamalai Hills, secteur des plantations de café et de thé, pour inaugurer un lycée, avant de regagner Prasanthi Nilayam, pour la fête de Guru Purnima, qui, depuis le miracle inoubliable de SIVA-SAKTHI, a acquis une influence qui fait date.

Une semaine plus tard, BABA partit pour Whitefield et, de là, Il monta avec quelques dévots, dans les Horsley Hills, pour passer quelque temps dans un lieu tranquille, à 1200 mètres d'altitude.

Il ne se passa pas bien longtemps avant que les gens des vallées environnantes n'apprennent que BABA était parmi eux, répandant Sa lumière éclatante; Ils montèrent vers Lui en grand nombre, pendant les 14 jours de Son séjour et ils furent amplement récompensés pendant les sessions de Bhajans par des dons de Vibhuthi issue de Ses mains. Le petit groupe d'aspirants que BABA avait emmené avec Lui, ne put obtenir de Lui aucune explication en ce qui concernait les nombreux noeuds gordiens (difficultés) de la Sadhana qu'ils Lui exposèrent.

"Vous appelez cela des miracles, mais, pour Moi, ils ne font que traduire Mon style; vous ne pouvez résoudre ce mystère; pour Moi, il n'y a pas de mystère, il s'agit d'une part de Mon aptitude essentielle à faire des miracles", dit BABA. A Horsley Hills, les dévots eurent de nombreuses opportunités d'expérimenter le mystère divin. Alors qu'Il marchait le long d'une allée serpentant au milieu des arbres, BABA vit un jasmin grimpant et, cueillant une fleur, Il la respira; elle se transforma en un diamant d'un éclat insoutenable! Un autre jour, Il mit un morceau de granit ramassé par terre dans la main d'un dévot; mais ce n'est pas d'une pierre qu'il hérita! Elle s'était transformée en sucre candi!

Un autre jour, Il créa des rosaires et autres articles sacrés pour en faire cadeau aux aspirants (Sadhaks). Il matérialisa un vase d'argent rempli de précieux nectar, qu'Il

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est le seul à savoir comment et quand 'préparer', et II donna à chacun quelques gouttes de cette Grâce! Howard Murphet , de la Société Théosophique et son épouse étaient avec BABA à Horsley Hills. Il écrit : "Je vins en Inde sans aucune arrière-pensée cynique. Je sais que j'étais sceptique mais pas incurable. J'ai toujours eu une approche scientifique prudente. J'ai toujours eu besoin de toucher et de voir par moi-même pour y croire. Par un étrange concours de circonstances, (qui, je dois le dire, était dû à la Grâce de Baba) je rencontrai SAI BABA! BABA fut plein de bienveillance envers moi. Je vis et touchai des choses miraculeuses incroyables; je pus constater, à la satisfaction de mon esprit critique, que les miracles avaient bien lieu; les actions parlent plus fort que les mots. Le Verbe est puissant certes, mais dans le 'Verbe qui s'est fait Chair nous voyons Sa puissance de façon spectaculaire. C'est ainsi qu'Il devient un puissant soutien pour notre foi chancelante". Tandis qu'Il encourageait un jour les fidèles, comme l'écrit Murphet,

à aller au-delà des portesoù la Partie devient le Tout

au-delà de toute pensée, de tout sentiment,au-delà des étoiles et du soleil,

au-delà du zéro cosmiqueoù Tout est Un.

BABA créa une image, qu'Il donna à un dévot. Image du Purusha Cosmique, 1'Univers personnifié, le Virât Swarupa), incluant tous les dieux et les démons, toutes les étoiles et les ciels, tous les êtres et les devenirs, y compris Lui et le Corps précédent de SHIRDI!

Murphet écrit: "Dans tout cela, nous ne devons pas perdre de vue le plus grand miracle de tous. C'est le miracle de Son amour. Son amour divin. Bien qu'UNIVERSEL (se déversant sur tous les hommes (sur tout) sans distinction), il est en même temps INDIVIDUEL. Vous le sentez avec bonheur directement tourné vers vous. Comme un de Ses dévots le mentionne, "chaque personne pense que c'est lui que Baba aime le plus". Oui. Ce pur amour -universel et cependant individualisé— est le miracle fondamental duquel tous les autres découlent, comme des produits dérivés. Le principal produit final de ce courant d'amour est de nous élever à la connaissance de notre véritable Soi spirituel, à la réalisation de notre unité avec toute vie, avec l'Auteur de toute vie. Combien peu nombreux ont-ils été, ceux qui se sont baignés dans cette rivière miraculeuse de pur amour désintéressé, accompagné de tourbillons de petits miracles. Quelle chance, quelle bénédiction avons-nous d'avoir connu un tel être sur terre et d'être encore avec Lui!"

BABA dit que le monde n'est pas un rêve creux et sans signification; c'est un jeu avisé, avec des intrigues à l'intérieur de 1'intrigue. Dieu joue les rôles; alors soyez vigilants! Sachez Le reconnaître quand vous voyez la majesté, la beauté, l'ordre, l'harmonie, la mélodie, sur la scène. 11 porte de nombreux masques pour se cacher. Il dit que ce qu'Il est maintenant est aussi un rôle, et qu'Il le joue librement de Sa propre volonté!

BABA quitta Brindavan à Whitefield, le 3 juillet pour Prasanthi Nilayam; les Murphet L'accompagnèrent jusque là, attirés par l'amour dont II les inondait. Le 21 et le 23, Howard Murphet parla de BABA à Prasanthi Nilayam.

Le Docteur Judith (Jyothipriya) Tyberg du centre culturel est-ouest de Los Angeles, fit un discours aux résidents; elle eut un long entretien avec BABA, au cours duquel elle Lui demanda si on pouvait faire des films de Ses miracles et les montrer pour convaincre les gens de leur authenticité. BABA lui répondit que les doutes continueraient à persister. Ce n'est que par le renforcement de sa propre foi, par la levée des doutes dans son propre esprit, que l'on peut convaincre les autres.. "La foi

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voyage d'un esprit à 1'autre". Baba créa ensuite quelques douceurs pour le groupe, en montrant qu'Il n'avait rien ni dans Sa main, ni dans Sa manche. Elles ont surgi grâce à Son "Sankalpa, Sa résolution". Elles n'étaient pas dans la main, mais "dans la tête", dit-Il. II se révéla ainsi au Dr Judith, car c'était une ardente Sadhaka, baignée de dévotion et de savoir. Son arthrite avait été miraculeusement calmée par BABA, qui lui avait envoyé quelques paquets de Vibhuthi par l'intermédiaire d'une personne qui rentrait aux U.S.A. Il lui dit :"Je suis dans tous les cœurs. Je suis Un avec tous. Mais cependant, Je ne prends jamais part à leur peine ou à leur joie. Je n'expérimente jamais ni la douleur ni la colère. Je suis Anandaswarupa et Premaswarupa". Rien d'étonnant à ce que le Yogi Maharshi Mahesh Yogi initiateur de la méditation transcendentale, le saint homme qui a puissamment ensorcelé la jeunesse occidentale, ("Nous qui sommes fatigués de notre culture occidentale morte et décadente, suivrons Sa Sainteté, notre Maître, jusque dans la tombe", lui dirent les hippies.) voulut que BABA bénisse "les leaders de la jeunesse mondiale qui s'instruisent au Sankaracharya Nagar, à Rishikesh, pour devenir les guides des Jeunes!"

Le 30 juillet, BABA visita le collège de Génie Civil à Anantapur, situé à une centaine de kilomètres du Nilayam. BABA souligna, devant l'importante assemblée des étudiants et des professeurs, que l'éducation avait dégénéré en un simple cours de formation pour apprendre à vivre, non pour atteindre le but de la vie.

Cette éducation-là enseigne des compétences, donne le savoir, mais ne s'occupe pas des ressources latentes dans les plans plus profonds de conscience, ni des élans de compassion, ni du service et du renoncement, ni de l'impulsion à revenir au havre de joie duquel on est parti. BABA a dit que l'homme subit l'influence de l'hystérie collective dans tous les pays, de sorte qu'il acquiert un cœur sec, une intelligence bornée et un esprit mécanique. Les étudiants doivent apprendre les disciplines qui les rendront capables d'affronter les contraintes de la vie et de lutter contre les ennemis intérieurs que sont la luxure, l'avidité, la méchanceté et la haine. BABA resta trois jours de plus à Anantapur et présida les sessions de la Prasanthi Vidwanmahasabha.

Le 5 août 1967 est une date qui fait marque dans l'histoire de Prasanthi Nilayam, car, ce jour-là, ce lieu devint officiellement une commune indépendante, avec un Président et un Comité chargé de diriger l'administration communautaire. BABA parla du village de PUTTAPARTHI dont le territoire se trouva ainsi séparé de la commune de Prasanthi et déclara qu'il n'y aurait jamais aucune trace de "mise à l'écart" en pensée, en ce qui Le concernait Lui ou les dévots". Brindavan appartient à tous; Govinda est le Dieu de tous", Dit-Il. Il encouragea le Président et les membres du Comité à servir avec amour et vigilance les résidents, ainsi que les autres membres de la famille Sai qui viendraient en ce lieu.

Le 20 août, BABA se rendit à Mandya (connue comme la ville du sucre), à l'invitation du Ministre de l'éducation, de l'état de Mysore. Il y avait au moins cent mille villageois, rassemblés dans le Stadium et les vastes espaces ouverts qui 1'entourent. Le Ministre déclara qu'il était heureux que "tant de mes compatriotes manifestent un tel enthousiasme pour recevoir le Darshan de BHAGAVAN et écouter Son message. Cela est de bonne augure pour l'avenir de la nation'. "Vous êtes légitimement fiers des grands temples de votre district, construits par de grands architectes et sculpteurs, par des maîtres-artisans. Mais, vous devez vous souvenir que ces hauts niveaux de l'excellence artistique n'ont été atteints par les hommes, en musique, en sculpture, en peinture, en poésie, en art dramatique, en architecture , etc... que lorsque l'habileté a été dédiée au Dieu résidant en l'homme", leur déclara BABA, en réponse à leur discours de bienvenue.

Au cours de la première semaine de septembre, BABA, poussé par Son amour irrésistible, accomplit plus de 600 kilomètres pour se rendre au chevet du docteur Ramakrishna Rao à Hyderabad, afin de lui donner, pendant sa grave maladie, les

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inestimables avantages du Darshan, de Sparsan et de Sambhashana. La dernière chose dont s'était occupé Ramakrishna Rao à Prasanthi Nilayam (où son coeur était en permanence) avait été l'inauguration de la Commune. Il fut nommé par BABA à la Présidence générale des Prasanthi Vidwanmahasabha de toute l'Inde, car il était érudit et poète en de nombreuses langues, ainsi qu'un ardent dévot. Quand il était Gouverneur du Kerala, il eut l'honneur de recevoir BABA dans cet état à plusieurs reprises; comme Gouverneur de l'Uttar Pradesh, il eut la joie d'accompagner BABA à Ayodhya, Kasi, Prayag et Badrinath. Il avait l'habitude de traduire les discours de BABA, du Telugu en Hindi, de manière rapide et satisfaisante.

Au cours de la dernière phase de sa vie, BABA lui accorda un plaisir et une joie suprêmes. "J'ai obtenu ce que je désirais ardemment", répéta-t-il quand BABA quitta son chevet. Le 14 septembre, après minuit, quelques minutes avant la fin, il affirma aux membres de sa famille: "BABA vous protégera et vous guidera, comme II l'a toujours fait".

Puis il récita du plus profond de son coeur le manthra sacré "Sriman Narayana Charanou Saranam Prapadye (Je prends refuge aux pieds du Seigneur)", et il atteignit la paix et la libération (Kaivalya) par la Sagesse (Jnana) qu'il avait acquise!

On écrirait un chapitre très émouvant si l'on pouvait réunir et compiler les évènements des derniers instants des dévots de BABA, qui ont fusionné en Lui. Ils meurent dans une sérénité silencieuse, dans une atmosphère pieuse, ou au milieu d'une séance de Bhajans qu'ils partagent, ou pendant la récitation du Pranava; en mourant, ils boivent à petites gorgées de l'Amrita qui est venue de nulle part; ils voient BABA devant eux grâce à leur vision de la dernière heure et partent, après s'être prosternés devant Lui; de la Vibhuthi émane de leur tête, comme témoignage de Ses bénédictions! 0, combien étonnamment douce et réconfortante est la façon dont BABA répand Sa Grâce, quand Ses dévots font leurs adieux au corps dans lequel ils demeuraient!

"J'avais lu des histoires sur les grands faiseurs de miracles et les maîtres du passé de 1'Inde; j'espérais qu'un de ces êtres existât encore aujourd'hui. J'espérais -bien que ce soit vraiment osé d'espérer- pouvoir même en rencontrer un. Car, secrètement, comme tous les hommes, j'avais la nostalgie de 'la chose aux multiples splendeurs', comme le dit Francis Thompson, 'de la demoiselle aux visages étranges', dit Murphet.

Parmi le grand nombre d'étrangers qui vinrent en Inde en quête de spiritualité, se trouvaient les Raymer, mari et femme, qui entendirent parler de BABA, vinrent au Nilayam et y restèrent en permanence pendant six mois, engagés dans leur Sadhana. Quand ils s'en retournèrent, des gens déjà influencés par le Yoga et la pensée indienne, à travers les enseignements et l'inspiration de Ramana Maharshi, Aurobindo, Yoganandaji et Ramakrishna, Vivekananda, se réunirent dans leur localité ou s'inspirèrent de leur exemple, pour étudier l'oeuvre de BABA et s'engager dans une Sadhana en accord avec Ses directives. Un nombre important de gens sont venus dans ce Sathya Sai Satsang; peu sont venus en Inde pour y recevoir le Darshan et les bénédictions de BABA. Charles Penn est particulièrement bienheureux, car, bien qu'il ne soit jamais venu en Inde, il a la capacité de ressentir la présence constante de BABA, soit dans le ciel, dans son avion, tandis qu'il recherche un appareil qui s'est écrasé, soit à terre en ramassant des coquillages au bord de la mer, soit dans sa salle de prières, en visualisant Sa forme dans son cœur! BABA est assis devant lui, parle avec lui, l'enseigne, répond à ses questions, aussi nettement que s'Il était présent concrètement, par-delà les sept mers! Les leçons de BABA sont si caractéristiques que leur authenticité ne laisse place à aucun doute, pour tous ceux qui connaissent Sa façon d'expliquer. Qui plus est, quand Penn m'envoie les textes dactylographiés pour lecture ou publication, j'ai souvent demandé à BABA de m'éclairer davantage à leur sujet et pas une seule fois II n'a désavoué Sa paternité d'écrivain; en fait, Il a justifié certains nouveaux exemples et

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paraboles qu'Il a dites à Penn à Los Angeles, parce qu'Il a dû expliquer des choses de cette manière-là, compte-tenu de l'acquis de Penn, différent de celui de Ses auditeurs indiens. "Je lui donne l'exemple des coquelicots 'parce qu'il y a un lit de coquelicots à cet endroit, à l'extérieur du sanctuaire", a-t-Il dit une fois". Je lui parle de vents violents, de voiles, de bateaux parce qu'il les connaît, pas vous", m'a-t-Il déclaré.

Indira Devi, une citoyenne américaine née en Russie et vivant au Mexique sous le nom indien d'Indira Devi, fut guidée vers BABA par un clairvoyant et, plus tard, plus directement, par les Murphet. Elle avait appris le yoga à Mysore avec le Yogi Krishnamacharya; plus tard elle vécut à Shangaï et fit des démonstrations de yoga à Moscou; elle dirige une fondation de yoga à Tecate, au Mexique. Elle fut présentée au Président Kennedy, à Dallas au Texas, ce qui lui permit de lui montrer ses livres sur le yoga et de lui parler de quelques postures et exercices de respiration profonde qui pourraient le mettre en bonne forme physique pour supporter la tension des horaires présidentiels terriblement lourds. Mais quelques heures avant son rendez-vous avec lui, elle apprit avec une grande émotion, en même temps que le monde entier, qu'il venait d'être assassiné! Dans le but de conjurer la haine présente dans le coeur humain, elle imagina ce jour-là une "Croisade de Méditation pour la Lumière dans 1'obscurité", et vint en Inde où elle avait appris les éléments de yoga et de méditation. Elle rencontra les Murphet en Avril 1966 et ils l'envoyèrent à Prasanthi Nilayam! BABA lui donna, comme elle le raconte, "plus que de la bonté, plus que de la bienveillance, plus que de la Grâce, un refuge: Abhaya (l'absence de peur)". "Appelez-Moi dès que vous aurez besoin de Moi; Je serai avec vous". "Je sentis un courant de lumière brillante me parcourir, me donnant un sentiment inexprimable de joie et de bonheur qui emplit tout mon être. Merci Baba", murmurai-je avec gratitude". Porteuse de cette lumière rayonnante, je retournai à Los Angeles et Tecate, écrivit-elle.

Elle fut de retour en février 1967, remplie d'enthousiasme et de dévotion pour le yoga, qui s'est avéré un remède contre les frustrations du monde. BABA l'encouragea à instruire les hommes et les femmes résidents du Nilayam, ainsi que les garçons du Vedasastra Patasala, aux postures de yoga et la technique de méditation. Il fut Lui-même présent pendant deux jours, prêt à donner des détails sur les raisons pour lesquelles elle avait choisi la Flamme comme pôle de concentration pour la méditation, et aussi pour clarifier d'autres points qu'elle jugeait essentiels pour le cours. La contemplation de la flamme est une ancienne prescription védique où le Seigneur est décrit comme "un trait droit de lumière brillante au centre du cœur". Baba a voulu la Lumière Suprême (Param Jyothi) pour couronner la cime du Yoga-Danda (bâton de support) du drapeau de Prasanthi.

Dans le Nilayam, pendant les heures de méditation précédant l'aube, on utilise pour la concentration une lampe, avec sa flamme stable claire et brillante. Dans le Dhyana Vahini que BABA a écrit, Il décrit l'Atma comme "le soleil des soleils, la splendeur des splendeurs; c'est la suprême Lumière, la Splendeur- même (Swayamjyothi)" En conséquence, BABA apprécia la Croisade d'Indira Devi et la bénit. Il lui parla de ses implications et de ses possibilités dans le contexte de l'ancienne prière védique: "Thamaso maa jyothir gamaya; (de 1'obscurité, conduis-moi à la lumière)". Dans le livre Prasanthi Vahini qu'Il écrivit dans le passé, Il avait expliqué cela ainsi: "0 Seigneur, quand les objets matériels m'attirent, dissipe 1'obscurité qui me cache Celui qui imprègne tout, Celui qui représente l'Atma que toute chose est en réalité".

En 1967, Dasara commença à l'aube du 4 octobre. Le Dr K.Bhaskaran Nair, Dr. es sciences, écrit: "Aujourd'hui, la vie en Inde est comme une fleur de lotus la nuit. Elle est courbée sous le poids de la rosée et ses pétales sont fermés sous le coup de la

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souffrance. Elle s'incline sous le poids de la douleur et de la privation et attend l'aube avec anxiété. L'aube ne viendra-t-elle jamais?... Ne désespérons pas. Les rayons pourpres ont percé la funeste nuit.

Très bientôt, il fera jour! C'est l'espoir que PUTTAPARTHI soulève en nous". Dans la matinée, BABA donna le Darshan aux milliers de fidèles qui L'attendaient et hissa le drapeau de la Paix dans le cœur de tous, faisant de chaque cœur un Prasanthi Nilayam. Le Lotus s'épanouit. Dans un discours prononcé au cours de la fête anniversaire de l'Hôpital, BABA

expliqua que le souci à l'égard de l'avenir, les regrets du passé et la construction de châteaux en Espagne pour le futur sont la cause de la plupart des maladies mentales; les hommes ne sont pas assez courageux pour oublier le passé, pour regarder le présent en face et songer raisonnablement à l'avenir. Le 6, environ 10.000 personnes furent somptueusement nourries, des gens affamés que BABA se refuse à appeler des pauvres "car nombre d'entre eux, comme II le déclare, sont riches en esprit". Il distribua aussi des milliers de saris et de dhothis, avec une affection et une attention que pas un parent ne témoigne envers ses enfants. Le Vedapurusha Sapthaaha Yajna, qui est devenu une célébration annuelle et met en lumière la Mission de BABA dont le but est la renaissance des Vedas, débuta le 7. Ce soir-là, quand on inaugura la fête du 4ème anniversaire de la Prasanthi Vidwanmahasabha, chacun prit conscience du vide laissé par la disparition du Dr Ramakrishna Rao.

Dasara a pour but essentiel de vénérer la Mère Divine, la Déesse de l'éducation, de la richesse, de la Nourriture, de la Beauté, des Arts. Aussi, BABA inclut-Il dans le programme, des récitals de musique, des discours sur la musique, des pièces de théâtre, des pièces de folklore, des récitations, des lectures de poèmes par les poètes, etc... comme offrande aux pieds de la Mère Divine. Le Yajna (sacrifice rituel) fut accompli avec succès jusqu’au jour de la Victoire (Vijayadasami Day). Ce jour-là, BABA donna le Darshan dans une robe resplendissante, tissée de fils d'or, exécutée par un dévot qui avait tissé lui-même le manthra 'Sai Ram' 108 fois dans le tissu, tout en le récitant pendant son travail. Quand BABA arriva ce matin-là vêtu de cette robe unique, les fidèles ressentirent une émotion qui éveilla tous leurs niveaux de conscience à la béatitude, comme si le Seigneur chanté dans les Vedas s'était présenté devant eux dans toute Sa Gloire. Ils se rappelèrent l'hymne que BABA avait chanté, pendant le discours inaugural de Dasara:

Quand l'homme est enlisé dans le mal et la hainePerdu dans l'erreur, loin des pratiques sociales de 1'époque,

Le conduire sur le droit chemin, dans l'amour...Quand le monde se tord d'angoisse, altéré de sang et de pillage

Nettoyer le coeur de la haine...Quand les bons, les orphelins, les affligés sont piétinés sous de lourds sabots,

Câliner, nourrir, libérer...Quand la Parole de Dieu est déformée par des langues mesquines et corrompues,

Révéler, dévoiler, proclamer...Alléger le fardeau de la terre, Garder la foi qu'Il a engagée

Affirmant que Dieu est venu, comme un homme parmi les hommes!L'appel peut-il être claironné plus nettement?

Entraîné et ballotté sur les vagues des naissances et des mortsTu soupires et gémis de douleur,o homme!Sois ferme un instant; guette; accroche-toi;

à proximité, le bateau de sauvetage flotte: Sathya Sai!

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La confiance que cette assurance leur donnait, la joie communiquée par ces nouvelles, les dévots voulurent la partager avec les gens de leurs villes et de leurs villages, dès que possible.

BABA partit aussi pour Hyderabad, afin d'y être pour Dipavali, la fête de la Lumière, qui commémore les facultés de l'homme à s'élever au-dessus des tendances avilissantes. Tandis qu'Il roulait sur la nationale, BABA distribua des fruits et des cadeaux, des douceurs et de l'argent aux bergers, aux laboureurs, aux mères qui portaient leurs bébés et s'en retournaient péniblement chez elles sous un soleil de plomb, ainsi qu'aux gardiens de buffles qui se vautraient dans les mares, tout en leur souhaitant un joyeux Dipavali! Une femme chanceuse reçut un plein sac de douceurs, un pot de 'pickles', une boite de biscuits et assez d'argent pour s'acheter un beau sari; de plus, BABA demanda à la vieille dame: "Savez-vous qui Je suis?" Elle confessa qu'elle 1'ignorait. BABA lui demanda si elle avait entendu parler de SAI BABA. "Oui, bien sûr!" Elle dit que le Karmam de son village était allé en pèlerinage dans un endroit appelé PUTTAPARTHI et L'avait vu. BABA, qui est l'incarnation de l'amour, se tint devant elle et lui annonça: "Regarde! Je suis ce SAI BABA". La dame tomba à Ses pieds. "Va, Je te souhaite une belle et sainte journée", dit-Il.

Le 2 Novembre, BABA se trouva à Bombay. Le jour suivant, Il se rendit en voiture dans les environs d'Andheri, par la route des grottes Mahakali et atteignit le lieu où 30.000 ardents dévots s'étaient réunis pour chanter des hymnes de louanges à la Gloire de Dieu, en attendant le moment béni où II consacrerait l'aire où allait s'élever le Dharmakshethra; BABA monta sur le terre-plein au sommet de la colline; les cérémonies rituelles étaient presque terminées et la tranchée dans laquelle on devait poser la première rangée de pierres était prête. BABA fit un mouvement de Sa main et une assiette d'argent gravée de symboles mystiques de déités qui représentent les Neuf Planètes de la science Védique, surgit à la vue de tous; BABA ordonna de la placer sous la première pierre, et Lui-même mit le mortier avec une truelle; puis II hissa le drapeau de Prasanthi et dévoila la plaque de cuivre annonçant l'Inauguration du "Dharmakshethra".

Dans le discours qu'Il fit devant l'énorme assemblée de dévots, BABA déclara que le nom 'Dharmakshethra' avait été utilisé pour le champ de bataille, où la Githa fut enseignée. Bien que son vrai nom fut 'Kurukshethra', on y fait allusion dans la Githa comme un Dharmakshethra, car il fut le champ où le Dharma l'emporta sur A-Dharma, où le Bien triompha du Mal.

Ce lieu- ci, ce Dharmakshethra lui aussi verra cette victoire et assurera, grâce à l'enseignement et à l'étude du Chant Céleste cette victoire! Bien sûr, le corps de l'homme est le véritable Dharmakshethra, le champ de bataille où s'affrontent le bien et le mal pour remporter la victoire sur le mal. 'Ksha' signifie ce qui subit 'khaya'(le déclin), ou décline à cause du vice; 'thra' signifie ce qui se redresse grâce à la vertu. Ainsi, le corps qui prospère et meurt au travers de la vertu et du vice est le kshethra; il doit être transformé en Dharma-Kshethra, par la découverte de Celui qui demeure dans le Corps, le Kshethra-Jna, 1'Atma, 1'Antharyamin (l'esprit immanent). L'Honorable Sri P.K.Savant, qui présidait, dit que le Dharmakshethra qui s'élèverait sur ce site serait un Prasanthi Nilayam, une demeure de Paix Suprême, et que ses radieux rayons dissiperaient et détruiraient l'agitation dans le cœur des hommes.

Ensuite BABA rencontra les dévots qui avaient obtenu le privilège de construire des 'kuteerams' —refuges pour retraites spirituelles— pour eux-mêmes sur le site du Dharmakshethra. Il les encouragea à intensifier leur désir ardent et à approfondir leur foi, de sorte qu'ils puissent servir d'exemple à ceux qui doutent et qui nient la valeur de l'effort spirituel.

Dans la soirée, BABA inaugura le Sathya Sai Seva Dal, une organisation de jeunes

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dévots qui affermissent et complètent leur Sadhana par un service efficace et sérieux envers les faibles, les handicapés et les affligés. BABA Lui-même est pour nous, l'exemple suprême du service à travers l'Amour. Les 4, 5 et 6 novembre, BABA donna le Darshan sur le site du Dharmakshethra, le matin pendant les Bhajans; malgré la densité des gens entassés, Ses yeux repérèrent les enfants en mauvaise santé, les adultes malades et les malheureux estropiés ou déficients. Il les bénit avec de la Vibhuthi qu'Il créa pour les soulager et les rassurer.

BABA revint à Prasanthi Nilayam le 14 novembre, à temps pour les fêtes de L’Anniversaire. "Chaque année, Mon anniversaire est célébré avec beaucoup de faste. Des milliers de gens viennent pour avoir Mon Darshan, le Darshan que Je vous ai aussi donné pour votre bonheur au Nilayam, en venant sur Mes Ailes!", déclara BABA à Charles Penn de Los Angeles, au cours d'une de Ses visites supra-corporelles! "Mais", fit-Il savoir à Penn, "ne pensez pas que c'est Mon anniversaire qui est célébré! Non. Je suis une partie de chacun de vous; après des années de marche en avant progressive, vous vous fondrez dans l'estuaire de Mon fleuve". Voilà ce qu'Il déclara à Penn! Voici aussi ce qu'Il a dit aux milliers de personnes présentes ce 23 novembre à Prasanthi Nilayam: "Ceci n'est pas Mon anniversaire; Je n'ai ni naissance, ni anniversaire; Je suis sans âge; Je suis éternel. Vous devez fêter votre anniversaire, lorsque vous naissez à la connaissance, pas à l'esclavage. Vous allez M'adorer, le jour où vous serez Je, le jour où vous tirerez de cette connaissance une béatitude infinie, le jour où vous pourrez vous réjouir pleinement d'être nés".

Pendant les fêtes, le 26 novembre pour être exact, BABA demanda au Président du Sathya Sai Seva Samithi de Bombay de venir annoncer au vaste rassemblement de fidèles qu'une conférence mondiale de Sevaks et Sadhaks (serviteurs et aspirants) des Unités Sathya Sai se tiendrait au Dharmakshethra en Mai 68, information qui fut accueillie par des acclamations et un bonheur sans bornes.

La perspective de partager avec des âmes soeurs du monde entier l'émotion du Darshan, du Sparsan et du Sambhashana de BABA remplit les organisations et les unités de chaque état, d'un ardent espoir; Aussi, BABA prit la résolution de faire des conférences préliminaires avec les responsables des organisations Sathya Sai des états de l'Inde, pour "raffermir et consolider, comparer et coordonner les activités et les programmes". Une première conférence eut lieu à Erankulam dans le Kerala le 20 décembre, une autre à Madras le 24 décembre, puis à Brindavan dans le Karnataka le 30 décembre 1967, et à Prasanthi Nilayam dans l'Andhra, le 23 février 1968.

En outre, mettant une fois de plus l'accent sur les principes de base de la Sadhana, fondée sur le service envers la société, indépendamment de toute croyance ou foi des bénéficiaires, BABA recommanda de ne pas se laisser prendre dans les filets d’une d'organisation compliquée et de la recherche de compétitivité entre les donnateurs et les partenaires financiers. BABA avait choisi un Président pour chaque état et II leur confia la tâche de coordonner et de superviser, de guider et de conseiller les différents groupes de Bhakthas (fidèles) qui avaient formé des unités en Son nom. Il choisit aussi des Présidents de District. N'étant pas entravés par les Comités, ces Présidents travailleraient en équipe, sous l'égide du Président de l'état, pour encourager et affermir les groupes de Sevak et de Sadhak dans le pays entier.

BABA conseilla aux travailleurs volontaires de faire passer dans les rues des villages et des villes des groupes de chanteurs de Bhajans, dès l'aube, pour que les gens s'éveillent au son du Nom de Dieu et pour que l'atmosphère soit remplie du parfum de la Gloire du Seigneur! Il voulut aussi que le message de la force et de l'unité Atmiques soit semé dans le cœur des étudiants. Les femmes furent mobilisées sous

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forme de Samithis pour servir leurs sœurs. Ainsi s'écoule de Prasanthi Nilayam "un Gange de Grâce" qui est BABA Lui-même. Il redonne la santé, ranime ceux qui sont abattus, sanctifie chaque service, fertilise chaque noble élan, éclaircit notre vision et révèle le chemin vers Dieu.

CHAPITRE 14

L'APPEL . LA REPONSE.

Nous sommes tous ses reflets ; Il nous a identifiés en tant que tels, bien que nous ne nous soyons pas encore rendus compte de celà. Comment peut-Il alors nous tirer vers le haut ?

Quand BABA s'adresse aux immenses foules qui se rassemblent pour écouter Ses discours, Il commence par: "Divyathma Swarupulaaraa !"—"Vous, Réalités atmiques divines !" II voit tout comme Lui-même; II nous invite tous à Le voir comme nous-mêmes. Cette identité est la Vérité, mais nous nous grisons de l'illusion de la dualité et nous en souffrons. BABA est Amour, Sagesse, Puissance et Grâce. Ainsi, Il peut déclarer: "Le monde est Ma demeure; même ceux qui Me renient sont Miens;

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appelez-Moi par n'importe quel Nom, Je répondrai; représentez-Moi sous n'importe quelle forme, c'est toujours Moi qui serai là devant vous". Je suis présent dans les pires d'entre vous comme dans les meilleurs; ne calomniez et n'injuriez personne car c'est Moi, qui suis en lui, que vous calomniez et injuriez". Telle est l'universalité de Sa majesté et de Son amour.

C'est cet Amour qui Le pousse à nous inviter à "L'approcher, L'examiner, L'expérimenter, Le juger et ensuite L'accepter". Le Seigneur KRISHNA aussi, après avoir enseigné la Githa à Arjuna, dit: "Maintenant que tu as tout entendu, retourne cela dans ton esprit et fais ce que tu veux". Aucune colère, aucune trace de peur ou de fanatisme n'entre dans la nature de BABA. Nous sommes tous Ses reflets, Il nous reconnaît comme tels, bien que nous n'en soyions pas encore conscients. Comment pourrait-Il nous abandonner? Il voit l'humanité comme un long convoi sans fin cheminant sur la route du pèlerinage, traversant les eaux du désert. Quelques-uns s'égarent, attirés par des mirages, d'autres recherchent des oasis, d'autres écoutent les voix de ceux qui ont vu le but. Quand BABA, à l'âge de 14 ans, jeta Son sac de livres scolaires et s'avança sur la route en disant: "Je ne vous appartiendrai pas plus longtemps, Mes dévots M'appellent, J'ai Mon travail à faire", le convoi humain était au bord de la destruction, égaré dans le domaine aride de la technologie progressant avec la puissance du simoun, et mourant de soif, privé des eaux de 1'Amour.

Il y a dans chaque rivière, dit BABA, l'impulsion innée de revenir à la mer d'où elle est issue. S'élevant sous forme de vapeur dans le ciel, s'amoncelant en un nuage, tombant en pluie sur la terre, puis ruisselant dans son lit, elle court, elle garde cette impulsion toujours en mémoire. Cette impulsion la précipite en avant, franchissant les obstacles, jusqu'à ce qu'elle atteigne la mer; de même, tous les hommes de toutes les nations appellent Dieu dans toutes les langues, Ce Dieu dont ils sont issus, pour qu'Il leur fasse un signe, qu'Il renvoie un appel en écho et les conduise sur le chemin le plus rapide et le plus sûr.

BABA entend cet appel. Il donne le signe, Il lance l'appel en écho. "Mes dévots M'appellent; J'ai Mon travail à accomplir", a-t-Il déclaré. "Tous les hommes sont Miens; le monde est Ma demeure", dit-Il. "Il n'y a aucun Nom qui soit spécifiquement Mien". Il est venu pour guider l'humanité toute entière. A quelqu'un qui Lui écrivit: "Je suis heureux que Votre Nom soit adoré ici dans chaque foyer", BABA répondit: "Vous verrez que bientôt II sera adoré dans chaque centimètre d'espace, dans le monde entier". Oui. Voilà le sens, le but, la mission, le couronnement.

La conférence mondiale des Sevaks et des Sadhaks des organisations et des groupes Sathya Sai inaugurera cet âge d'or de l'Amour Universel.

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