resume - les journées médicales calédoniennes• abri : acinetobacter baumanii résistant à...
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RESUME
La Nouvelle-Calédonie connaît depuis quelques années une nette augmentation du
nombre de bactéries résistantes aux antibiotiques.
Les bactéries multi-résistantes (BMR) sont des bactéries qui ne sont sensibles qu’à un
petit nombre d’antibiotiques, par des mécanismes de résistance acquis, ce qui limite les
possibilités thérapeutiques en cas d’infection. Elles ont largement diffusé sur le territoire,
comme le SARM que l’on retrouve fréquemment dans les infections cutanées en milieu
communautaire. Cette résistance chez S. aureus a doublé en cinq ans. Les EBLSE fontégalement partie des principales BMR retrouvées en Nouvelle-Calédonie.
Les bactéries hautement résistantes (BHRe) sont des bactéries résistantes à de
nombreux antibiotiques, pour lesquelles l’arsenal thérapeutique est encore plus limité et
qui font craindre le risque d’impasse thérapeutique. Ces bactéries sont commensales du
tube digestif. Leurs mécanismes de résistance sont transférables entre bactéries. Il s’agit
des ERV et des EPC, qui peuvent être responsables d’épidémies dans les
établissements de santé sur le territoire.
Pour lutter contre l’antibiorésistance, il est nécessaire, d’une part, de promouvoir le bon
usage des antibiotiques auprès de l’ensemble des professionnels de santé, notamment à
travers le guide des anti-infectieux de Nouvelle-Calédonie, et auprès du grand public ; etd’autre part, de prévenir la transmission croisée au sein des structures de soins.
Antibiorésistance en Nouvelle-Calédonie :
BMR et BHRe
Dr Claire FouquetPharmacien hygiéniste
Service de santé publiqueDASS-NC
Définitions
• BMR : Bactérie multi-résistante aux antibiotiques• Bactéries qui ne sont sensibles qu’à un petit nombre d’ATB, par des
mécanismes de résistance acquis et pour certains transférables entre bactéries
→ limite les possibilités thérapeutiques en cas d’infection
• SARM : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline• E-BLSE : entérobactéries productrices de β-lactamase à spectre étendu (R
aux C3G)• PARC : Pseudomonas aeruginosa résistant à la ceftazidime• ABRI : Acinetobacter baumanii résistant à l’imipénème• ECaseHN : entérobactéries productrices d’une céphalosporinase de haut niveau en
néonatologie
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Définitions
• BHRe : Bactérie hautement résistante émergente• Bactéries commensales du tube digestif → notion de péril fécal• Mécanismes de résistance transférables entre bactéries• Résistantes à de nombreux antibiotiques → arsenal thérapeutique limité +++
→ risque d’impasse thérapeutique
• ERV : Enterococcus faecium résistant à la vancomycine (ou ERG)• EPC : entérobactéries productrices de carbapénémase
• Les BMR et BHRe peuvent être à l’origine de colonisation et/ou d’infection.• Colonisation (ou portage) = présence de bactéries sur un prélèvement de
dépistage / ou sur un prélèvement à visée diagnostique, sans signe d’infection→ Cette situation ne justifie pas de traitement ATB.
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SARM
• Forte augmentation de la résistance dans l’espèce S. aureus en NC
Pourcentage de SARM/SA
*Données 2011-2016 IPNC et 2017 CHT
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• En 2017, cette résistance se situait entre 26% et 33% selon les établissements de NC.
• A l’inverse, entre 2000 et 2016, en métropole, cette résistance a largement diminué, en passant de 32% à 15%.
• Objectif : taux SARM/SA < 20%
• S. aureus souvent sécréteur de la Leucocidine de Panton Valentine → infections sévères +++
SARM et E-BLSE
SARM :• Depuis 2015, la proportion de SARM acquis à l’hôpital diminue, tandis que la part de SARM
communautaire augmente.• En 2017, selon les établissements, entre 83 et 85% des prélèvements de SARM étaient
d’origine communautaire.
• Le SARM communautaire (R aux β-lactamines) est résistant à l’acide fusidique dans 25 à 50% des cas en NC.
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E-BLSE :• Stabilité des infections à E-BLSE depuis 2014
• La part importée des E-BLSE augmente, même si la part acquise reste majoritaire.
SARM et E-BLSE
En ville :• 82% des SARM sont isolés de pus superficiels.• 96 % des E-BLSE sont isolées d’ECBU, il s’agit d’E. coli dans 80% des cas.* Données laboratoires Calédobio
*Données laboratoires IPNC-CHT, CHN, Calédobio, Alphabiologie
330362
397
527
733
191169
299 288 291
0
100
200
300
400
500
600
700
800
2012 2013 2014 2015 2016
Nombre de patients infectés à SARM / à E-BLSEVille/Hôpital confondus
SARM
EBLSE
8
ERV
95 5
16
69
31
39
19
0
10
20
30
40
50
60
70
80
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Nombre de patients porteurs et/ou infectés par des ERV
• Avant 2015, la majorité des porteurs d’ERV revenaient d’EVASAN en Australie.• Depuis, les souches ont diffusé en NC et ont donné lieu à plusieurs épidémies en
établissements de santé.• L’ensemble des mesures prises dans les établissements ont pu limiter la diffusion de ces
souches (cohorting avec personnel dédié, dépistages des contacts/patients à risque/retours d’Evasan).
*Données IPNC-CHT, DASS-NC
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SARM et ERV
• Même si Enterococcus sp. est peu virulent, la résistance acquise à la vancomycine est transférable…
• La menace existe de voir apparaître du SARM-vanco R en NC.→ Risque d’impasse thérapeutique
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EPC
42
5
14
26
29
0
5
10
15
20
25
30
35
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Nombre de patients porteurs et/ou infectés par des EPC
• Augmentation constante du nombre de cas d’EPC• Plasmide IMP majoritairement retrouvé
• Les années 2017 et 2018 ont été marquées par des épidémies avec de nombreux cas secondaires.
• A la différence des ERV qui sont le plus souvent à l’origine de colonisations, les EPC sont responsables de colonisations et d’infections.
*Données IPNC-CHT, DASS-NC
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Moyens pour maîtriser
l’antibiorésistance
Comment lutter contre les BMR et BHRe ?
• Limiter leur émergence → Diminuer la pression de sélection des antibiotiques
• Eviter leur dissémination → Diminuer le risque de transmission croisée de ces micro-organismes
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Limiter l’émergence des
BMR et BHRe
• Respecter les règles de bon usage des antibiotiques→ Moins prescrire
→ Mieux prescrire
https://dass.gouv.nc/sites/default/files/atoms/files/guide_des_anti-infectieux.pdf
• Liste des ATB générateurs de résistance bactérienne (ANSM, 2015) :
• association amoxicilline-acide clavulanique• céphalosporines, en particulier les
spécialités p.o, les C3G, C4G, la ceftriaxone• fluoroquinolones
https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2014-02/fiche_memo_conseils_prescription_antibiotiques.pdf
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Limiter l’émergence des
BMR et BHRe
• Informer et éduquer les patients• Lors de la non nécessité d’un traitement ATB• Sur le respect des posologies et durée de
traitement ATB• Rappeler qu’il ne faut pas réutiliser les ATB
d’un précédent traitement
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Eviter la dissémination
des BMR et BHRe
• Hygiène des mains • Privilégier la friction des mains avec une solution hydro-alcoolique (SHA)• Efficacité SHA >>> lavage eau et savon
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Eviter la dissémination
des BMR et BHRe
Hygiène des mains • Eduquer les patients à l’hygiène au quotidien• Participer à la journée territoriale hygiène des mains
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Eviter la dissémination
des BMR et BHRe
Respect des précautions standard• Il est nécessaire de les connaitre et de les appliquer, pour tout soin, en tout
lieu, pour tout patient, quel que soit son statut infectieux et par tout professionnel de santé.
→ Stratégie de base pour prévenir la transmission croisée des micro-organismes
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Eviter la dissémination
des BMR et BHRe
• A l’hôpital :• Gestion des excréta• Entretien et maîtrise de l’environnement
(bionettoyage)• Identifier les patients BMR et BHRe et appliquer
les précautions complémentaires• Identifier les patients à risque/retours d’Evasan et
les dépister
• En ville :• Bonnes pratiques d’hygiène (précautions standard)• Identifier les patients BMR et BHRe, les informer et transmettre
l’information aux autres professionnels de santé
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Conclusion
• Augmentation inquiétante du SARM communautaire en NC • Nécessité de maîtriser les consommations d’ATB, notamment
d’Augmentin® et de Fucidine® en ville et à l’hôpital• Application stricte des précautions standard par tout professionnel de
santé• Sensibilisation et éducation des patients à l’hygiène au quotidien
• Il y a urgence → menace de voir apparaître du SARM-vanco R.
• La majorité des BHRe provient d’un contexte hospitalier → nécessité de poursuivre les mesures visant à limiter la dissémination des BHRe.
• Malgré l’augmentation du nombre de BHRe, la proportion de résistance reste < 1%.
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• L’antibiorésistance concerne d’autres secteurs… En médecine vétérinaire, des mesures ont déjà été prises sur le territoire pour limiter la consommation d’ATB.