résultats prometteurs dans le traitement de l’hémophilie b avec le facteur ix de coagulation...

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| actualités 7 OptionBio | lundi 5 mars 2012 | n° 468 C’ est bien avant l’appari- tion d’une protéinurie que commence le déclin de la fonction rénale chez le diabétique, et disposer d’un marqueur fiable sus- ceptible d’identifier précocement les patients à haut risque de détérioration rénale pourrait permettre de prévenir ou de retarder la progression vers l’in- suffisance rénale terminale (IRT), dont le diabète est un grand pourvoyeur. Des auteurs du Joslin Diabetes Cen- trer et d’Harvard (Boston), des univer- sités de Tokyo et de Varsovie, ayant, dans des travaux récents, montré que les concentrations plasmatiques de récepteurs du facteur de nécrose tumorale (TNF-R1 et TNF-R2) étaient prédictives de l’évolution (6 à 12 ans plus tard) vers l’IRT chez les sujets atteints de diabète de type 2 (avec ou sans protéinurie), ont cherché à savoir si ceci se vérifiait également en cas de diabète de type 1 (DT1). Pour le diabète de type 1 Gohda et al. ont suivi prospectivement deux cohortes de patients ayant un DT1 venus consulter à la Joslin Clinic, qui avaient, à l’inclusion, une fonction rénale normale et n’avaient pas de protéinurie. La première cohorte comptait 275 patients, enrôlés en 1991-1992, suivis 8 à 12 années durant, la seconde 353 patients recrutés de 2003 à 2005 et suivis pendant 5 à 7 ans. L’altération fonctionnelle rénale (néphropathie chronique de stade 3 ou au-delà) a été définie par un débit de filtration glomérulaire (DFG) infé- rieur 60 mL/min/1,73 m², estimé en s’appuyant sur le dosage sérique de la cystatine. Les concentrations plasmatiques de TNF-alpha ont été mesurées, et les dosages sériques des récepteurs TNF-R1 et TNF-R2 ont été effectués. Au cours du suivi de cette popula- tion de 628 patients, 69 ont vu leur DFG chuter et atteindre des valeurs inférieures à 60 mL/min/1,73 m² (16 p. 1 000 sujets-années). Un risque triplé d’IRC grave pour les concentrations de tNF R1 et R2 élevées Les concentrations de TNF-R1 et TNF-R2 se sont avérées fortement associées à la perte précoce de DFG. L’incidence cumulée du déclin du DFG à moins de 60 mL/min/1,73 m² chez les patients du quartile le plus élevé de concentration de TNF-R2 était de 60 %, vs 5 % à 19 % dans les autres quartiles. Après prise en compte de nombre de facteurs confondants potentiels (dont l’âge, la pression artérielle, le tabagisme, la cholestérolémie, l’âge au diagnostic du diabète et la durée de celui-ci, le taux d’HbA1c, le taux d’excrétion uri- naire d’albumine et le DFG estimé), les patients atteints de diabète de type 1 du quartile le plus élevé de concentration de TNF-R2 avaient, au bout d’un suivi atteignant 12 années, en comparaison de ceux des quar- tiles de concentrations moindres, un risque triplé d’IRC de stade 3 ou plus (ratio de risque : 3,04, intervalle de confiance à 95 % : 1,67-5,52). Les résultats étaient semblables pour la comparaison du quartile de concentration de TNF-R1 le plus haut aux quartiles plus bas (2,53 ; 1,36-4,67). Pas de relation avec le TNFα En revanche, il n’a été mis en évi- dence, en analyse multivariée, ni relation significative entre concen- tration de TNF-alpha libre et risque de déclin fonctionnel rénal, ni lien significatif entre ce déclin et la concentration de TNF-alpha totale. Conclusion Dans un contexte, où la fréquence du diabète, cause majeure d’insuffisance rénale terminale, va croissant dans le monde, cette étude révèle, chez les patients atteints de DT1 indemnes de protéinurie, une association forte entre taux circulants de récepteurs du TNF, et risque de détérioration fonctionnelle rénale, les concentra- tions élevées de TNF-R1 et TNF-R2 annonçant l’évolution, 5 à 12 ans plus tard, vers la néphropathie chronique de stade 3 ou pire. Elle suggère un possible rôle de ces récepteurs (via leur implication dans l’apoptose/la survie, l’inflammation, la réponse immunitaire ? ou d’autres mécanis- mes ?) dans la pathogénie du déclin fonctionnel rénal du diabétique, qui pourrait peut-être devenir la cible de nouveaux traitements. À suivre. | JULIE PERROT © www.jim.fr Source Gohda T, Niewczas MA, Ficociello LH et al. Circula- ting TNF receptors 1 and 2 predict stage 3 CKD in type 1 diabetes. J Am Soc Nephrol, doi : 10.1681/ ASN.2011060628. Des récepteurs du TNF, nouveaux marqueurs prédictifs du risque de détérioration rénale du diabétique ? néphrologie

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Page 1: Résultats prometteurs dans le traitement de l’hémophilie B avec le facteur IX de coagulation recombinant fusionné à l’albumine (rFIX-FP)

| actualités

7OptionBio | lundi 5 mars 2012 | n° 468

C’est bien avant l’appari-tion d’une protéinurie que commence le déclin de la

fonction rénale chez le diabétique, et disposer d’un marqueur fiable sus-ceptible d’identifier précocement les patients à haut risque de détérioration rénale pourrait permettre de prévenir ou de retarder la progression vers l’in-suffisance rénale terminale (IRT), dont le diabète est un grand pourvoyeur. Des auteurs du Joslin Diabetes Cen-trer et d’Harvard (Boston), des univer-sités de Tokyo et de Varsovie, ayant, dans des travaux récents, montré que les concentrations plasmatiques de récepteurs du facteur de nécrose tumorale (TNF-R1 et TNF-R2) étaient prédictives de l’évolution (6 à 12 ans plus tard) vers l’IRT chez les sujets atteints de diabète de type 2 (avec ou sans protéinurie), ont cherché à savoir si ceci se vérifiait également en cas de diabète de type 1 (DT1).

Pour le diabète de type 1Gohda et al. ont suivi prospectivement deux cohortes de patients ayant un DT1 venus consulter à la Joslin Clinic, qui avaient, à l’inclusion, une fonction rénale normale et n’avaient pas de protéinurie. La première cohorte comptait 275 patients, enrôlés en 1991-1992, suivis 8 à 12 années durant, la seconde 353 patients recrutés de 2003 à 2005 et suivis pendant 5 à 7 ans.L’altération fonctionnelle rénale (néphropathie chronique de stade 3 ou au-delà) a été définie par un débit de filtration glomérulaire (DFG) infé-rieur 60 mL/min/1,73 m², estimé en s’appuyant sur le dosage sérique de la cystatine. Les concentrations plasmatiques de TNF-alpha ont été mesurées, et les dosages sériques des récepteurs TNF-R1 et TNF-R2 ont été effectués.Au cours du suivi de cette popula-tion de 628 patients, 69 ont vu leur

DFG chuter et atteindre des valeurs inférieures à 60 mL/min/1,73 m² (16 p. 1 000 sujets-années).

Un risque triplé d’IRC grave pour les concentrations de tNF R1 et R2 élevéesLes concentrations de TNF-R1 et TNF-R2 se sont avérées fortement associées à la perte précoce de DFG. L’incidence cumulée du déclin du DFG à moins de 60 mL/min/1,73 m² chez les patients du quartile le plus élevé de concentration de TNF-R2 était de 60 %, vs 5 % à 19 % dans les autres quartiles. Après prise en compte de nombre de facteurs confondants potentiels (dont l’âge, la pression artérielle, le tabagisme, la cholestérolémie, l’âge au diagnostic du diabète et la durée de celui-ci, le taux d’HbA1c, le taux d’excrétion uri-naire d’albumine et le DFG estimé), les patients atteints de diabète de type 1 du quartile le plus élevé de

concentration de TNF-R2 avaient, au bout d’un suivi atteignant 12 années, en comparaison de ceux des quar-tiles de concentrations moindres, un risque triplé d’IRC de stade 3 ou plus (ratio de risque : 3,04, intervalle de confiance à 95 % : 1,67-5,52). Les résultats étaient semblables pour la comparaison du quartile de concentration de TNF-R1 le plus haut aux quartiles plus bas (2,53 ; 1,36-4,67).

Pas de relation avec le TNFαEn revanche, il n’a été mis en évi-dence, en analyse multivariée, ni relation significative entre concen-tration de TNF-alpha libre et risque de déclin fonctionnel rénal, ni lien significatif entre ce déclin et la concentration de TNF-alpha totale.

ConclusionDans un contexte, où la fréquence du diabète, cause majeure d’insuffisance

rénale terminale, va croissant dans le monde, cette étude révèle, chez les patients atteints de DT1 indemnes de protéinurie, une association forte entre taux circulants de récepteurs du TNF, et risque de détérioration fonctionnelle rénale, les concentra-tions élevées de TNF-R1 et TNF-R2 annonçant l’évolution, 5 à 12 ans plus tard, vers la néphropathie chronique de stade 3 ou pire. Elle suggère un possible rôle de ces récepteurs (via leur implication dans l’apoptose/la survie, l’inflammation, la réponse immunitaire ? ou d’autres mécanis-mes ?) dans la pathogénie du déclin fonctionnel rénal du diabétique, qui pourrait peut-être devenir la cible de nouveaux traitements. À suivre. |

JULIE PERROT

© www.jim.fr

SourceGohda T, Niewczas MA, Ficociello LH et al. Circula-

ting TNF receptors 1 and 2 predict stage 3 CKD in

type 1 diabetes. J Am Soc Nephrol, doi : 10.1681/

ASN.2011060628.

Des récepteurs du TNF, nouveaux marqueurs prédictifs du risque de détérioration rénale du diabétique ?

néphrologie