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SPORTS COLLECTIFS NOUVELLE APPROCHE DIDACTIQUE FONCTIONNELLE PAR J. MARIOT LA DEFENSE La 1 re partie de cet article parue dans « EP.S » n° 258 et portant sur l'attaque, nous a permis de formuler l'hypothèse selon laquelle la Logique Intégrative Visuelle (LIV) « pilotait » le jeune joueur de sport collectif au fur et à mesure de ses apprentissages. Le même cheminement, la même construction par le joueur confère à la logique intégrative visuelle, le pouvoir de structurer l'activité défensive, qui se fina- lise par l'articulation du pres- sing collectif, centré sur la recon- quête de balle sur tout le terrain. Il s'agit pour l'enseignant d'EPS. pour l'éducateur, de construire l'activité sport collec- tif autour de la logique de l'élève, celle de la LIV. LA LOGIQUE INTÉGRATIVE VISUELLE EN PHASE DE DÉFENSE ANALYSE DU JEU DU DÉFENSEUR FACE AU PORTEUR DE BALLE 1 er stade - L'appropriation anarchique et individuelle du ballon Observations Le jeu du débutant se caractérise par le phéno- mène de grappe, d'essaim, où tous les joueurs, attaquants comme défenseurs, se pressent autour du porteur de balle pour soit saisir (en attaque) soit récupérer (en défense) la balle : objet du plaisir, de convoitise : objet magique. Certains « spectateurs ». ne sont même pas défenseurs, ils n'en ont pas conscience (fig. 1). Repérage Une seule prise d'information, une seule centra- tion exclusive sur : le ballon. Marquage « aveugle » du porteur de balle. Tous autour du porteur de balle. 2 e stade - La prise en compte de la cible à défendre c'est gêner, presser Observations Le défenseur « chargé » du porteur de balle (près du porteur) se positionne au carrefour spatio- temporel d'une double prise d'informations et s'aliène entre le ballon et la cible à défendre (fig. 2. 3, 4). Repérage Double prise d'informations visuelles sur : ® le ballon. ® la cible à défendre pour presser ou s'opposer à la progression du porteur de balle. Intention tactique dominante si le défenseur s'approche à distance de bras du porteur de balle. • il gène en gesticulant devant lui pour : - le perturber dans son équilibre (fonction équili- bratrice de la vision périphérique), - l'empêcher de transmettre correctement sa balle. PHOTO : EST RÉPUBLICAIN DESSINS : CARMEN MÜLLER EPS N° 261 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 59 Revue EP.S n°261 Septembre-Octobre 1996 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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SPORTS COLLECTIFS

NOUVELLE APPROCHE DIDACTIQUE FONCTIONNELLE PAR J. MARIOT LA DEFENSE La 1re partie de cet article parue dans « EP.S » n° 258 et portant sur l'attaque, nous a permis de formuler l'hypothèse selon laquelle la Logique Intégrative Visuelle (LIV) « pilotait » le jeune joueur de sport collectif au fur et à mesure de ses apprentissages. Le même cheminement, la même construction par le joueur confère à la logique intégrative visuelle, le pouvoir de structurer l'activité défensive, qui se fina­lise par l'articulation du pres­sing collectif, centré sur la recon­quête de balle sur tout le terrain. Il s'agit pour l'enseignant d'EPS. pour l'éducateur, de construire l'activité sport collec­tif autour de la logique de l'élève, celle de la LIV.

LA LOGIQUE INTÉGRATIVE VISUELLE EN PHASE DE DÉFENSE

ANALYSE DU JEU DU DÉFENSEUR FACE AU PORTEUR DE BALLE

1er stade - L'appropriation anarchique et individuelle du ballon

Observations Le jeu du débutant se caractérise par le phéno­mène de grappe, d'essaim, où tous les joueurs, attaquants comme défenseurs, se pressent autour du porteur de balle pour soit saisir (en attaque) soit récupérer (en défense) la balle : objet du plaisir, de convoitise : objet magique. Certains « spectateurs » . ne sont même pas défenseurs, i l s n'en ont pas conscience (fig. 1).

Repérage Une seule prise d'information, une seule centra-tion exclusive sur : le ballon. Marquage « aveugle » du porteur de balle. Tous autour du porteur de balle.

2e stade - La prise en compte de la cible à défendre c'est gêner, presser

Observations Le défenseur « chargé » du porteur de balle (près du porteur) se positionne au carrefour spatio-temporel d'une double prise d'informations et s'aliène entre le ballon et la cible à défendre (fig. 2. 3, 4).

Repérage Double prise d'informations visuelles sur : ® le ballon. ® la cible à défendre pour presser ou s'opposer à la progression du porteur de balle.

Intention tactique dominante si le défenseur s'approche à distance de bras du

porteur de balle. • i l gène en gesticulant devant lui pour : - le perturber dans son équilibre (fonction équili­bratrice de la vision périphérique), - l'empêcher de transmettre correctement sa balle.

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Repères pour les élèves Alignement : - porteur de balle. - défenseur face au porteur de balle, - cible à défendre. Remarques sur les 3 positions possibles en pro­fondeur du défenseur face au porteur de balle, liées à 3 intentions tactiques différentes.

1re position Intention : récupérer immédiatement la balle, le défenseur vient au contact (95 % d'intentionna-lité ballon et 5 % d'intentionnalité cible) (fig. 3), Au handball : i l presse. Au rugby : i l plaque. Au football : i l tacle, Au basket : i l presse (ne va pas jusqu'au contact). Au volley : i l contre (idem, problème du filet). Toutes ces intentions tactiques dominantes dans ces 5 sports collectifs, sont de même nature intentionnelles et donc perceptivo-motivées. visant à la récupération du ballon. Seule la manière, l'habileté motrice à le faire est spéci­fique à chacun de ces sports, par le biais du règle­ment.

• Intention lactique : i l presse (handball) le por­teur du ballon.

2e position : (cf. figure 2) l'intention du défen­seur est de gêner la transmission de balle (balle lancée haute, en cloche, donc facilement inter-ceptable par ses partenaires). Donc : 70 % ballon à reconquérir par ses partenaires, 30 % cible à défendre.

• Intention tactique : i l gène le porteur de balle.

3" position : Le défenseur s'aligne toujours, mais en donnant priorité à la cible à défendre (fig. 4). Métaphore : « le débutant étend le linge à 6 m ». Aucune intention par rapport à la balle. Seul le pôle « protection de la cible » est valo­risé ; fréquent chez le débutant qui reproduit sou­vent ce qu'il a vu dans le cadre scolaire ou fédé­ral, malheureusement.

• Intention tactique : i l protège, passif, sa cible. C'est un comportement typique, qu'i l faut vite transformer, au profit de la reconquête de balle, donc d'une motricité plus active et dyna­mique.

ANALYSE DU JEU DU DÉFENSEUR FACE A UN NON PORTEUR DE BALLE

3e stade - Prise en compte de l'adversaire direct : c'est dissuader

Observations Les différentes attitudes des défenseurs les amè­nent à s'individualiser par rapport à un adver­saire direct, et les plus proches du porteur de balle se placent au carrefour spatio-temporel d'une triple prise d' informations v isuel les (fig. 5).

Repérage

Triple prise d'information visuelle sur : © le ballon (le porteur de balle),

® la cible à défendre, © l'adversaire direct (non porteur de balle). En vue de la dissuasion. Dissuader, c'est interdire au réceptionneur potentiel, de recevoir la balle, en se plaçant envi­ron entre 0.5 m et 2 m de lui.

Défenseur proche du porteur de balle : 11 dissuade la passe.

3 informations hiérarchisées : 1. Balle à reconquérir. 2. Une cible à défendre. 3. Un adversaire à neutraliser. • Ces 3 informations « attractives ». intention­nelles sont d'une même intensité équilibrée : 33 % chacune.

Quelle est la U.V. de cette joueuse en défense ?

1. Elle voit la balle à reconquérir en pressant.

2. Elle est alignée et protège sa cible derrière elle (c'est la récupération de la balle qui est ici valorisée à 95 %). Elle presse la por­teuse de balle.

1. BALLON A CONTRER

2 . CIBLE A DÉFENDRE

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4e stade - Prise en compte du partenaire qui presse où ? (spatial), du porteur de balle qui a dribblé quand ? (temporel), de la trajectoire où et quand ? (spatial et temporel) : c'est intercepter

Observations Les défenseurs les plus éloignés, loin du porteur de balle se positionnent au carrefour spatio-tem­porel d'une quadruple prise d'informations pour tenter et optimiser leurs chances de réussite pour intercepter (fig. 6).

Repérage Quadruple prise d'information sur : (1) le ballon (porteur de balle), (2) la cible à défendre. (3) l'adversaire direct (non porteur de balle), ® le partenaire qui presse le porteur de balle en vue de l'interception. L'interception, n'est pas une conduite gratuite, aléatoire, hasardeuse mais se trouve fondée sur un repérage construit, une opération d'anticipa­tion coïncidence précise. Le défenseur, loin du porteur de balle, discrimine les informations pour ne retenir que les perti­nentes dans une perspective intentionnelle d'in­terception : quelles sont ces informations qui ont du sens pour les élèves, de quels repères s'agit-

i l ; sur quelles informations se fonde cette lecture ? Exemple au handball : 1. Le porteur de balle • La direction de son regard en vision centrale indique l'occurrence cer­taine ou presque de la passe. • Le placement de la balle en hauteur latéralement ou au-dessus dans l'es­pace arrière de sa tête (bras armé). • Le dribble est terminé, et le lancer doit s'effectuer dans les 3 sec. 2 . La cible à défendre : elle est fixe et c'est heureux, i l est très facile de s'orienter par rapport à elle, dans la mesure où celle à attaquer est visible devant.

Quelles sont les L.I.V. de ces 2 joueuses en défense ?

1. Elles voient la balle à reconquérir en contrant une éventuelle trajectoire.

2. Elles sont alignées entre la porteuse de balle et leur cible à défendre (c'est la protection de la cible qui est ici valorisée à 95 %).

1. LA BALLE A CONTRER

2. LA CIBLE A

DEFENDRE

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3. L'adversaire direct à neutraliser : i l ne doit p a s recevoir la balle. I l faut se placer à distance pour voir en permanence, en vision centrale ou périphérique son adversaire (« tète gyrophare » = va et vient continuel en rotation) ou toucher le bras, l'épaule du défenseur (informations tactiles et proprioceptives qui suppléent les informations visuelles manquantes). 4. Le partenaire qui presse Plus la pression sur le porteur de balle est forte, en respectant les conditions réglementaires du jeu. plus le porteur aura de difficulté à lancer avec précision : plus la balle mettra de temps et plus elle sera facilement interceptable en temps et en lieu (coïncidence).

I l s'agit donc pour ce défenseur, loin du ballon, de recueillir un maximum d'informations perti­nentes et donc de faire cette opération d'antici­pation coïncidence. Remarques : une bonne prise d'information est à la fois qualitative et quantitative.

5e stade - prise en compte du partenaire battu, débordé par le porteur de balle : c'est entraider ou aider

Observations Le ou les défenseurs, placés en soutien (couver­ture), par rapport à leurs partenaires montés en

pression, dissuasion, interception se positionnent au carrefour d'une quintuple prise d'informa­tions visuelles (fig. 7).

Repérage

Quintuple prise d'information sur : (1) le ballon. (2) la cible à défendre, (3) l'adversaire direct, (4) le partenaire avancé qui presse le porteur de balle. (5) le porteur de balle qui déborde son partenaire avancé (gamme des évitements) ( 1 ). L'ensemble de ces indicateurs, de ces repères pris en compte en même temps par le défenseur.

l'autorise à aider son partenaire battu par un changement (combinaison tactique défensive simple).

BILAN SUR LA PHASE DE DÉFENSE

C e s 4 intentions tactiques : - gêner, presser : 2 informations. - dissuader : 3 informations, - intercepter : 4 informations, - aider : 5 informations, articulées entre elles, par tous les joueurs de l'équipe permettent de construire le projet collectif défensif, à savoir la récupération collective de la halle par le pressing sur tout ou le demi terrain (fig. 8).

Directions des informations visuelles 1. Le porteur de balle. 2. La cible à défendre (on sait où elle est s a n s la voir).

Quelle est la L.I.V. de ce joueur en défense ?

1. Il regarde la balle.

2. Il se situe de dos par rapport à sa cible à défendre.

3. Il prend en compte son adversaire proche.

4. Il perçoit son partenaire qui « presse », plaque, le porteur de balle.

5. Il voit le débordement du porteur de balle -» il va aider.

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3. L'adversaire direct. 4. Le partenaire qui presse. 5. L'adversaire, porteur de balle qui déborde le partenaire qui presse. Dans cet exemple, jeu à 4 x 4 ( f ig . 8) . les 4 défenseurs semblent tisser une toile garnie de différentes tentacules, court-circuitant toutes les relations d'échange, pour rechercher l'intercep­tion, soit sur la trajectoire ou sur balle mise en touche.

Le pressing :

La forme défensive la plus évoluée dans les sports collectifs, car elle vise collectivement à la récupération de la balle sur tout l'espace occupé par l'attaque adverse. Ce système de jeu s'art icule et prouve son efficacité par le jeu des intentions tactiques.

Chaque intention tactique sup­pose :

- un projet pour l'élève, à planifier (exemple : interdire la passe par une dissuasion), - du sens pour celui qui apprend (conduite motrice fondée) (1), et identité de lecture pour tous, - une perception fine, donc discrimi­nante et concrète.

Commentaires sur cette approche défensive et offensive en 5 niveaux (EP.S n° 258)

1re remarque : Quand le débutant commence à jouer, i l « s'attache » toujours au bal­

lon, car cette information majeure lui sert d'an­crage à réguler ses conduites motrices.

2e remarque :

I l s'agira, en phase d'apprentissage, de lui apprendre à détecter, observer, prendre en compte les différents repères (logique integrative visuelle) pour lui permettre de se construire cet ensemble de conduites motrices, significatives et pleines de sens, à savoir : les intentions tactiques. Ces 10 verbes d'action (cf. tableau-résumé) que l'on peut ramener à 8 en excluant les deux pre­mières, synonymes de pratique individuelle et exclusive (centration sur la balle), constituent un corpus d'intentions tactiques à construire.

3e remarque : Les quatre composantes défensives : presser, dis­suader, intercepter, aider ou « PIDA », structu­rent le pressing défensif, c'est-à-dire la forme défensive, le système de jeu (fig. 8) défensif le plus approprié pour d'une part : - jouer son rôle d'apprentissage, dans le repérage de l'espace et la construction du temps. - permettre la récupération collective de la balle sur tout le terrain, et donc faire jouer tous les élèves. Quelles que soit chez les élèves, leurs diffé­rences, sur le plan morphologique, sexe, registre technique.... chacun pourra s'informer sur le ter­rain au cours du jeu à partir de cette base de

Quelles sont les L.I.V. de ces 2 joueurs en défense ?

Le défenseur avancé : 1. Il regarde la balle (le porteur de balle). 2. Il se situe de dos par rapport à sa cible à défendre. Il presse - prêt à tacler.

Le défenseur en soutien : 1er niveau d'information : 1. La balle. 2. La cible à défendre. 3. L'adversaire direct à neutraliser. Il dissudade la passe.

2e niveau d'information : 4. Il perçoit son partenaire qui presse le porteur de balle. 5. Si le porteur de balle déborde (crochette, talonne, pivote...) son partenaire qui presse. Il faut intervenir pour aider par un changement de joueur. P

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repères que constitue la logique intégrative visuelle (LIV) : (1) ballon. (2) cible. (3) adversaire. (4) partenaire. (5) adversaire et partenaire.

4e remarque : Quelques légères variations d'attitude et de posi­tionnement apparaissent entre les sports collec­tifs : Exemple : dissuader en handball et au football. Cela est dû principalement à deux facteurs (fig. 9 et 10). • La distance du défenseur qui dissuade par rap­port au ballon directement proportionnelle aux dimensions du terrain. • Aux possibilités codifiées de chaque sport col­lectif (logique interne).

Règle du 1/5-4/5 : 1/5 = distance entre le défenseur qui dissuade et son adversaire direct. 4/5 = distance entre le défenseur qui dissuade et le ballon. Cette règle devient 1/3-2/3 au basket car le bal­lon est plus gros, les passes plus courtes et l'amplitude des lancers à deux mains plus res­treinte, et les balles plus rapides.

LA CONTEXTUALISATION DE L'APPRENTISSAGE

Comment passer d'une centration vide de sens à des centrations hiérarchisées, intégrées les unes aux autres, débouchant sur la construction pour les défenseurs, par exemple, d'un pressing finali­sant la reconquête collective de la balle ? C'est une démarche d'apprentissage, par la défense qui promet.... qui permet de s'approprier la balle si les rôles tactiques sont connus et com­pris. Cette structure supérieure du jeu défensif s'en­tend être conçu de par la filiation du processus d'apprentissage à savoir : l'intégration de l'en­semble des ressources (3) dont peut disposer un sujet (bi-informationnelles. biomécaniques, bio-affectives, bioénergétiques, et sémiotrices) avec les contraintes de l'environnement (la « domesti­cation ». l'investigation de l'espace temps du ter­rain, la position et la maîtrise de la balle, le et les déplacements des adversaires et partenaires proches et lointains). L'articulation des intentions tactiques défensives et offensives, constitue la trame dynamique du

fonctionnement des joueurs, sans cesse en quête d'informations visuelles principalement, en col­lecte de sens afin de construire avec les autres partenaires et adversaires, des structures motrices, spécifiques, transférables d'un sport collectif à l'autre. Ce besoin individuel de sens pourra se nourrir de l'ensemble des projets moteurs individuels et structurer le projet collectif de l'équipe, car ces informations redondantes permettront d'être plus, qu'une association de projets individua­listes. Chaque joueur pourrait ainsi recueillir des informations sur les intentions tactiques de ses partenaires et ainsi donner du sens à sa propre motricité afin de rendre opérationnel le projet collectif : • soit en attaque = marquer le but (M+). • soit en défense = récupérer le ballon (R+).

Tableau-résumé Nous notons que chaque niveau « horizontal » structure et organise l'activité motrice du joueur. Chaque étape, chaque stade intègre, contient le ou les précédents en les organisant en spirale par rapport à cette base de repères, appelé logique intégrative visuelle. A la lumière de cet article, nous avons pu mettre en évidence, différentes étapes, par lesquelles les enfants passent nécessairement pour construire « leur foot. leur hand. leur basket... ». Tout en sachant que l'apprentissage est un long proces­sus interne, non visible directement par le sujet ou l'enseignant. On ne peut l'inférer qu'à partir des conduites motrices extériorisées par le sujet. P. Meirieu (4) « on ne rougit plus d'affirmer qu'il est essentiel que l'élève comprenne, et on cherche à identifier à quels comportements, on peut inférer qu'il a compris ». i l ajoute « pour s'approprier un outil (ici un outil tactique : une intention tactique), l'élève doit être capable d'identifier les conditions de pertinence de son bon usage ».

Soit par exemple, pour intercepter : Recueillir 1, 2. 3. 4 informations en série et en même temps. C'est apprendre à positionner son regard. C'est précisément, être capable de voir : 1. où est la balle ? 2. où est la cible à défendre '? 3. où est son adversaire direct ? 4. que fait le défenseur sur le porteur de balle, le presse t-il etc.

CONCLUSION

Cette démarche interactive (élève-environne­ment) place l'élève en situation de repérage, de reconquête, de réussite, où chaque logique, chaque stade nouvellement acquis, augmente ses potentialités d'interventions motrices dans le but. en fin d'apprentissage, de mieux maîtriser le contenu « mobile ». spatio-temporel des élé­ments du terrain, par le jeu subtil de l'articulation des intentions tactiques. Les enfants, les débutants joueurs construisent leur activité à partir de repères fiables, facilement identifiables (véritable colonne verticale et verté­brale), afin de mieux conduire leur corps au vu des conditions de circulation qu'imposent les ingrédients de la logique intégrative. Ils peuvent ainsi passer d'un stade réactif (sans disponibilités motrices autre que celle liée à la balle) à un stade prédictif (informations antici­pées) pour mieux planifier leur conduites motrices. Cet article se poursuivra dans un prochain numéro d ' E P S . par la recherche des comporte­ments typiques, l iés à l'absence de prise en compte, de certains éléments hiérarchisés de la logique intégrative. et pour montrer la validité de cette démarche en matière d'évaluation des sports collectifs (évaluation qualitative).

Jacques Mariot, Professeur agrégé d 'EPS, Entraîneur BE2 handball.

U F R S T A P S Besançon.

Bibliographie

(1) Handball « De l'école aux associations », J. Mariot, Éditions EP.S. 1992. Gamme des évitements p. 106.

(2) « Lexique commenté en science de l'action motrice », INSEP 1988. P. Parlebas.

(3) « Énergie et conduites motrices » B. During, Éditions INSEP. 1989.

(4) « S'évaluer pour apprendre ». Ph. Meirieu. Éd. PUL. 1991.

Tableau-résumé

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