rentabilité des banuques et ses determinants

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La Rentabilit des Banques et ses Dterminants : Cas du Maroc

Brahim Mansouri et Said Afroukh

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LA RENTABILITE DES BANQUES ET SES DETERMINANTS :CAS DU MAROC(+)

BRAHIM MANSOURI(*) ET SAD AFROUKH(**) Universit Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc E-mail : [email protected] ou [email protected]

Rsum Ce papier se propose dtudier les dterminants de la rentabilit bancaire dans le cas marocain. Une telle rentabilit est mesure en utilisant deux indicateurs diffrents mais complmentaires, savoir la profitabilit et les marges dintrt. Les dterminants de la rentabilit slectionns en conformit avec la thorie conomique et les tudes empiriques rcentes comportent des variables caractre organisationnel, des facteurs macro-conomiques (exognes) et des variables de nature macro-financire. Lapproche conomtrique utilise rside dans une analyse en donnes de panel en se basant sur un chantillon cylindr de cinq principales banques marocaines observes sur la priode 1993-2006. En gnral, certains rsultats empiriques issus de notre analyse corroborent les clairages thoriques mais d autres rsultats ne vont pas dans le sens des prdictions de la thorie conomique en raison des spcificits de laLes auteurs remercient vivement un referee anonyme pour ses commentaires et suggestions. Ils remercient galement lEconomic Research Forum pour ses suggestions et son support matriel et moral. Les auteurs assument leur responsabilit pour dventuelles erreurs et jugements de valeur. - Professeur de sciences conomiques, directeur du Groupe de Recherches Economiques et Financires (GREF), Facult de Droit et de Sciences Economiques, Universit Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc.(**) (*) (+)-

- Doctorant en sciences conomiques, Unit de Recherche et de Formation (UFR) en Analyse Economique et Dveloppement, Facult de Droit et de Sciences Economiques, Universit Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc. 1

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structure du systme bancaire et financier marocain et de lconomie nationale en gnral. Mots cls : rentabilit bancaire, profitabilit, marge dintrt, dterminants, panel, Maroc. Sommaire :Rsum...1 Introduction21. Problmatique gnrale.3 2. Revue Eclairages critique thoriques de sur les sur la littrature de la thorique rentabilit des et des empirique.4 dterminants les actifs...5 Soubassements dintrt7 3. Hypothses de recherche et dmarche conomtrique...............9 Hypothses de recherche.9 La dmarche conomtrique..11 4. Rsultats Les Les rsultats rsultats empiriques empiriques concernant les rendements les et sur marges politique Conclusion et interprtations16 actifs..16 empiriques de concernant dintrt..21 5. Implications 6. conomique..............25 perspectives..28 thoriques dterminants marges

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Annexe A: Reprsentation B: graphique Sources des donnes des

Rfrences annuelles donnes

bibliographiques...30 utilises..32 Annexe statistiques..38

Introduction Au Maroc, comme ailleurs, la banque nexiste plus aujourdhui au sens o on lentendait il y a peine plus de vingt ans. Les banques, en particulier au Maroc, se sont considrablement universalises, rorganises, informatises, diversifies et sont actuellement en train de sinternationaliser, donnant ainsi naissance des firmes quil faut aujourdhui examiner avec un regard neuf. Les profondes mutations quont connues les diffrents mtiers bancaires sont lorigine de nombreux dbats touchant lactivit de cette industrie. Limportance du cadre rglementaire et des effets externes sur le reste de lconomie sont les rsultats de la libralisation du secteur financier, et particulirement le secteur bancaire, de laugmentation de loffre travers de nouvelles formes de financement, de lintroduction de nouvelles technologies de linformation et de la communication et de la tendance rcente laccs de nouveaux concurrents trangers au march financier national. Dans le cadre de ces restructurations, mesurer lactivit des banques en tant quacteurs de premier plan de la croissance conomique, comprendre leurs comportements et limpact de ceux-ci sur les variations de la rentabilit des institutions bancaires ainsi que ses rpercussions sur lensemble de lconomie nationale est dune importance capitale. Notre papier va dans cette direction en explorant les dterminants de la rentabilit dun chantillon de banques marocaines sur la priode 1993-2006 en menant une analyse de donnes de panel. La rentabilit des banques est mesure ici en recourant deux indicateurs diffrents mais complmentaires, savoir la profitabilit et le rendement des actifs. Les facteurs explicatifs de la rentabilit bancaire ont t slectionns en ligne avec les prdictions de la thorie conomique et des tudes empiriques conduites pour dautres pays industrialiss et en voie de dveloppement. Ils englobent aussi bien des facteurs organisationnels que des variables macro3

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conomiques (exognes) et de nature macro-financire. Ltude vise combler le vide dans ce domaine largement inexplor dans le cas marocain comme dans le cas gnral des conomies en voie de dveloppement. Le prsent papier est dvelopp en six sections. La section 1 prsente les questions cls de notre recherche (problmatique gnrale). La section 2 interroge la littrature thorique et empirique consacre aux dterminants de la rentabilit bancaire. La section 3 expose nos hypothses de recherche et prcise notre dmarche conomtrique. La section 4 prsente et interprte nos rsultats empiriques. La section 5 formule des implications de politique conomique sur la base de nos investigations empiriques. Enfin, la section 6 prsente quelques conclusions et perspectives de recherche en la matire. 1. Problmatique gnrale Dans le cadre dtudes conomiques et financires, certains auteurs se sont intresss lanalyse des dterminants de la rentabilit bancaire dans les pays aussi bien dvelopps quen voie de dveloppement. Nanmoins, dans le cas marocain, il nexiste pratiquement aucune tude srieuse sur cette question cruciale. La pauvret des tudes en la matire serait peut-tre due au fait que les rformes financires et bancaires nont vu le jour que tardivement et que laccs aux donnes concernant les banques est trs difficile. Or, lanalyse des performances bancaires, notamment en termes de rentabilit, est dun grand intrt, ne serait-ce que pour permettre aux banques de mieux apprhender les facteurs qui agissent sur leur rentabilit et de leur offrir ainsi de meilleurs leviers daction, de contrle et de prvision. Nous nous proposons dans ce papier daborder cette question partir de la spcification et de lestimation dun modle qui intgre des aspects mesurables la fois organisationnels, exognes et macro-financiers. Une meilleure comprhension des politiques bancaires ncessite en fait une connaissance approfondie des dterminants de la rentabilit des banques, un objectif primordial que le prsent papier vise atteindre. Comment la rentabilit des banques ragit-elle ses principaux dterminants ? Comment les caractristiques des banques et de l'environnement conomique et financier affectent-elles la rentabilit des banques au Maroc? Quelles sont les rpercussions de celles-ci sur le comportement des politiques internes et externes de ces units de dveloppement conomique ? Telles sont4

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les questions centrales de recherche auxquelles notre papier se propose de rpondre. 2. Revue critique de la littrature thorique et empirique Dans la littrature conomique et financire, deux indicateurs cls ont t avancs pour mesurer la rentabilit bancaire. Il sagit de la profitabilit des actifs et de la marge dintrt. Nanmoins, le consensus est loin dtre pleinement runi autour de la question de limpact de certaines variables sur la rentabilit bancaire telle quelle est mesure. Alors que leffet prdit de certains facteurs a trouv une certaine unanimit au sein du cercle des conomistes, des controverses demeurent au niveau de limpact attendu dautres variables. Il est en consquence lgitime de considrer que lissue la polmique thorique ne serait quempirique. Le paragraphe ci-aprs expose les divers dterminants potentiels de la rentabilit bancaire en les scindant en variables organisationnelles, macrofinancires et exognes tout en interrogeant leurs effets escompts en conformit avec les prdictions de la thorie conomique et les estimations issues des tudes empiriques conduites dans les pays dvelopps et ceux en voie de dveloppement. Pour ce prsent papier, nous allons retenir les principaux dterminants suivants : i) les dterminants managriaux ou organisationnels qui comportent les charges dexploitation bancaire, les capitaux propres, les crdits bancaires et la taille de la banque ; ii) les dterminants macro-financiers composs de la concentration bancaire, de la taille du secteur bancaire, de la taille du march des capitaux et de la taille relative du secteur bancaire par rapport au march de capitaux ; iii) les facteurs macro-conomiques comportant la croissance conomique et linflation. 2.1. Eclairages thoriques sur les dterminants de la rentabilit des actifs Les facteurs organisationnels susceptibles dexpliquer la rentabilit des banques sont constitus des charges dexploitation bancaire, des capitaux propres, des crdits bancaires et de la taille de la banque. Quant aux facteurs macro-financiers, ils incluent la taille du secteur bancaire, la taille du march des capitaux et la taille relative du secteur bancaire par rapport au march des capitaux. Finalement, deux variables exognes dordre macro-conomique ont t slectionns comme dterminants potentiels de la rentabilit des actifs. Il sagit de la croissance conomique et du taux dinflation.5

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La thorie conomique et les tudes empiriques existantes divergent souvent sur limpact de certains facteurs organisationnels sur la rentabilit des actifs. Alors que la thorie conomique insiste sur leffet ngatif des frais dexploitation bancaire sur la profitabilit, certaines tudes empiriques soutiennent plutt que limpact peut tre positif dans la mesure o les frais dexploitation boostent la productivit des banques et par l leur rentabilit (Ben Naceur, 2003) et, dans le souci de la maximisation du profit, les banques tendent engager des dpenses dexploitation additionnelles, justifiant ainsi la variation dans le mme sens entre les frais bancaires gnraux et la rentabilit des actifs (Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003). Dautres auteurs (voir par exemple, Anghbazo, 1997 ; Guru et al, 2002) estiment que la ralisation de profits ne peut se faire sans engager des dpenses, mais les banques doivent viter dengager des dpenses oisives. Les divergences entre les constructions thoriques et les investigations empiriques sont galement constates au niveau de limpact des capitaux propres sur la rentabilit des actifs bancaires. Plusieurs tudes empiriques ont rvl que les capitaux propres exercent un effet stimulant sur la profitabilit des banques (Bashir, 2000 ; Abreu et Mendes, 2002 ; Ben Naceur, 2003) mais lexcs du ratio de capital est considr comme nuisible la rentabilit des actifs puisque, en levant ce ratio, les banques tendent raliser une fructification minime des capitaux disponibles. En revanche, on constate une quasi-unanimit des conomistes sur limpact positif des crdits bancaires et de la taille de la banque sur la rentabilit des actifs, corroborant ainsi les prdictions de la thorie conomique. Le renforcement de la politique de crdit lve les profits bancaires. Autrement dit, plus la banque octroie des crdits, plus les revenus augmentent et donc les profits (Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003). Nanmoins, la politique de crdit peut parfois entraver la profitabilit bancaire, en particulier lorsquune politique expansionniste de crdit est incompatible avec la stratgie poursuivie en matire de recherche de ressources financires (Bashir, 2000). Ds lors, le renforcement de la politique de crdit devrait tre conduit en symbiose avec une stratgie efficiente de drainage de ressources additionnelles. En consquence, la matrise de la politique de dpts devrait normalement aider la banque augmenter ses profits (Moulneux et Thornton, 1992 ; Bourke, 1989 ; Ben Naceur, 2003). Abreu et Mendes (2002), par exemple, ont estim que la profitabilit et le ratio des emplois mesur par le rapport crdits/dpts entretiennent une relation positive, confirmant ainsi la complmentarit entre les politiques de crdits et de dpts bancaires. En ce qui concerne la taille de la banque, en effectuant des rgressions sur des donnes de6

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panel et en exprimant les profits en fonction dun ensemble de facteurs internes et externes, certains auteurs (Bourke, 1989 ; Molyneux et Thornton, 1992) ont obtenu une relation positive et statistiquement significative entre la taille et la rentabilit des actifs. Dautres auteurs (voir par exemple, Rouabah, 2006) estiment cependant que la taille nest pas une source dconomie des cots, soutenant ainsi que les grandes banques sont sujettes des inefficacits dchelle. Les divergences entre la thorie et lempirisme existent galement au niveau de limpact de certaines variables macro-financires sur la rentabilit des actifs. Si lmergence des marchs de capitaux dans les pays en voie de dveloppement renforce lactivit bancaire comme lont soutenu des tudes empiriques rcentes (Bashir, 2000 ; Demergu-Kunt et Huizinga, 2001; Rouabah, 2006; Beckman, 2007), llargissement de ces marchs peut produire un effet de substitution sur lactivit des banques, contredisant ainsi les prdictions thoriques (Ben Naceur, 2003). Quant la concentration bancaire et la taille du secteur bancaire, leur impact estim sur la rentabilit des actifs bancaires est gnralement positif, ce qui valide empiriquement la thorie conomique (Ben Naceur, 2003 ; Rouabah, 2006 ; Beckman, 2007). Le financement de lconomie par le secteur bancaire reflte la capacit du systme satisfaire les besoins des acteurs conomiques. La taille du secteur est alors sense profiter aux diffrents intervenants (Demergu-Kunt et Huizinga, 2001 ; Ben Naceur, 2003). De mme, traditionnellement, les stratgies de concentration et leurs dveloppements sont justifis par la ralisation des conomies d'chelle. Lintroduction de cette variable a empiriquement prouv une relation positive avec le rendement des actifs (Short, 1979, Bourke, 1989 ; Moulyneux et Thornton, 1992 ; Demergu-Kunt et Huizinga, 2001). Lestimation de limpact des variables macro-conomiques, notamment la croissance conomique et linflation, a souvent trouv un terrain dentente entre les conomistes. Plusieurs auteurs confirment lunanimit lexistence dune relation positive entre la croissance conomique et la croissance des profits bancaires (Bashir, 2000 ; Rouabah, 2006; Beckmann, 2007). A leur avis, la richesse nationale profite toute lactivit conomique du pays, affecte positivement lvolution du secteur bancaire et incite les banques innover et rnover leurs techniques et technologies de gestion. Concernant limpact de la variation du niveau gnral des prix, les travaux de Molyneux et Thornthon (1992), Guru et al (2002), Abreu et Mendes (2002) ont apport des7

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claircissements sur les liens susceptibles dexister entre le rendement sur actifs et linflation. Leurs rsultats empiriques font apparatre une relation positive qui laisse penser que la progression de linflation sera favorable laccroissement des profits bancaires. 2.2. Soubassements thoriques des dterminants des marges dintrt En gnral, les tudes empiriques existantes estiment que limpact estim des variables organisationnelles sur la rentabilit bancaire mesure par la marge dintrt est conforme aux prdictions de la thorie conomique. Les frais dexploitation bancaire, loctroi des crdits, le montant des fonds propres et la taille de la banque exercent des effets positifs sur la marge dintrt. Les charges massives supportes par la banques sont gnralement rpercutes sur la clientle, ce qui suppose un effet positif sur les marges dintrt (Anghbazo, 1997 ; Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003). Les dpenses dexploitation ne seront cependant favorables lamlioration des marges dintrt que dans le cas o les banques respectent un niveau optimum et tolrable de dpenses permettant dviter le laxisme et le gaspillage des ressources financires disponibles. Une politique de crdit bien maitrise favorise laugmentation des marges dintrt. La nature de leffet positif de cette variable est analyse de faon approfondie par Ben Naceur (2003). La maitrise de la politique de crdit ncessite cependant le maintien de lquilibre entre la collecte des dpts et la distribution des crdits. Quant au rle favorable des fonds propres dans le relvement des marges dintrt, il est test par les tudes dAnghbazo (1997) et Ben Naceur (2003). La politique de la capitalisation permet la banque de prserver des fonds de garantie afin de percevoir des emprunts en cas dune crise imprvue, ce qui rend lendettement extrieur favorable et stimulant de la rentabilit (Bashir, 2000). Si nous supposons que les banques trangres sont de plus grande taille que les banques locales, Demergu-Kunt et Huizinga (2001) et Bashir (2000) concluent que les banques trangres sont plus performantes que leurs homologues domestiques. Selon Ben Naceur (2003), parmi les variables organisationnelles ou managriales, la concentration est associe de faibles taux de dpts et taux de crdit levs, ce qui limite le renforcement des marges dintrts. Autrement dit, la concurrence permet la banque davoir plus de clients et donc plus de revenus dintrt. La concurrence qui reflte en dautres termes la taille du secteur bancaire, pousse aussi rechercher des niveaux defficience, ce qui8

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limite la monte des marges dintrt (Demergu-Kunt et Huizinga, 2001). Si Barajas et al (1999), Bashir (2000), Demergu-Kunt et Huizinga (2001) et Rouabah (2006) constatent un effet positif de la libralisation financire sur lexpansion des marges dintrt bancaires, dautres auteurs trouvent que lamlioration du niveau des marges dintrt est conditionne par la lutte contre la monte des risques (Anghbazo, 1997) ou encore contre la diversification de lactivit (Ho et Saunders, 1981). Comme dans le cas de la rentabilit des actifs, les premiers dveloppements du march des capitaux peuvent favoriser lactivit bancaire par la symtrie dinformation mais, une tape ultrieure, au fur et mesure que ce march se dveloppe, les marges dintrt peuvent se rtrcir, surtout si le march des capitaux se renforce au dtriment de lactivit bancaire. Concernant les variables exognes, Ho et Saunders (1981) supposent quelles affectent positivement et plus significativement les marges dintrt en comparaison avec leffet des dterminants managriaux. En revanche, certains auteurs comme Guru et al (2002) et Ben Naceur (2003), insistent sur limpact positif majeur des variables organisationnelles ou managriales.

3. Hypothses de recherche et dmarche conomtrique Le survol de la littrature thorique et empirique sur les dterminants de la rentabilit bancaire, mesure tantt par le rendement sur actifs, tantt par les marges dintrt, permet de formuler certaines hypothses propos des liens de causalits possibles entre la rentabilit des banques et ses facteurs explicatifs fondamentaux. 3.1. Hypothses de recherche Au niveau des variables endognes, organisationnelles ou managriales, les contraintes associes lefficience de la gestion au sein de la firme bancaire supposent la matrise des cots un niveau optimum. Nous supposons alors que plus les charges dexploitation bancaire augmentent plus la rentabilit se dgrade et, de ce fait, une meilleure gestion des charges peut aboutir des niveaux trs levs de la performance bancaire. Cependant, des frais de gestion levs associs des niveaux de rentabilit proportionnellement plus levs sont souhaitables en matire de gestion bancaire. Les spcialistes du contrle de gestion bancaire supposent un niveau du coefficient dexploitation de lordre de9

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70% en tant que norme maximale quil ne faut pas dpasser pour avoir de meilleurs rsultats. Par ailleurs, pour faire face lincertitude de faillite, la thorie financire propose de prserver des fonds de garantie sous forme de capitaux propres. Les banques les mieux capitalises sont censes tre capables dassurer des fonds de prvention afin dviter tout risque de lincertain. En effet, les banques prfrent, de faon endogne, conserver plus de capitaux pour percevoir des crdits additionnels. Le ratio du capital est suppos alors avoir un effet positif sur la performance bancaire. Nous supposons galement lexistence dune relation positive et statistiquement significative entre la distribution des crdits et la rentabilit des banques. La lutte contre le risque de faillite coexiste avec lincitation augmenter le risque de lala moral. Les crdits bancaires sont offerts des clients solvabilit incertaine. La relation dagence suppose alors la constitution des provisions et le support dune monte des crances douteuses. Cependant, les crdits restent la principale source du rsultat bancaire. Ils permettent daugmenter les revenus et donc les profits et les marges dintrt. Toutefois, lcart entre les emplois et les ressources bancaires peut inverser lhypothse suivant laquelle la monte des crdits distribus amliore la rentabilit bancaire. Laccentuation de la distribution des crdits devrait probablement tre complte par une politique de recherche des ressources. Par ailleurs, les mouvements de regroupement et de fusion-acquisition poursuivies par certaines banques marocaines sont susceptibles dlargir leurs parts de march et donc leurs profits. Cependant, en matire dconomie industrielle, les banques petite taille, notamment dans les pays en voie de dveloppement, sont susceptibles de raliser plus dconomies dchelle, et donc plus de profits en comparaison avec les grandes banques. La taille de la banque pourrait alors affecter ngativement la rentabilit bancaire au Maroc. Concernant les variables de la structure macro-financire, au niveau de la taille du secteur bancaire, plus le secteur est puissant, plus il affirme sa domination de la carte conomique. Le large financement de lconomie reflte la capacit du systme satisfaire les besoins des acteurs conomiques. La taille du secteur est cense profiter aux diffrents intervenants et suppose alors une association positive avec la profitabilit de la banque. Cependant, llargissement du secteur suppose plus de concurrents et une recherche croissante de la ralisation des tailles defficience, ce qui peut affecter ngativement les revenus dintrt. De ce fait, moins le march est concurrentiel, plus les profits voluent. Concernant la concentration bancaire, elle est associe des faibles taux de dpts et des taux de crdit levs, ce qui pourrait10

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probablement limiter lextension des marges dintrts. Toujours dans le cadre de la structure macro-financire, llargissement des parts de march peut tre la rsultante dune tendance la diffusion et lamlioration de la qualit de linformation. Le march des capitaux incite les emprunteurs, les dposants et dautres partenaires sinformer sur la firme bancaire et ses rsultats. La performance au niveau des rsultats passs et prsents incite ces acteurs devenirs des clients potentiels, et permet alors la banque damliorer ses rsultats futurs. Nanmoins, llargissement du march de capitaux au dtriment du march bancaire peut affecter ngativement la rentabilit, refltant alors une relation de substituabilit. Finalement, du ct des variables macro-conomiques, la croissance conomique, du fait de son effet stimulant sur la richesse nationale, est suppose ici favorable lamlioration de la rentabilit des banques. La croissance conomique, en sintensifiant, permet de canaliser des ressources financires en provenance des mnages et des entreprises et dveloppe ainsi les transactions avec les institutions bancaires. La richesse accumule grce la croissance conomique incite consommer, pargner et investir davantage, et consquemment augmenter les profits et les marges dintrt bancaires. Linflation quant elle, est associe lextension et la survaluation des charges bancaires, mais le gonflement de ces dernires est souvent rcupr sur les dposants et les emprunteurs. Linflation entrane plus de charges dinvestissement mais galement des taux de crdit levs, et donc plus de revenus dintrt et de profits. Cette hypothse laisse penser quune rduction considrable et rapide des taux d'inflation pourrait probablement induire une baisse des revenus en affectant la liquidit et la solvabilit des institutions financires. 3.2. La dmarche conomtrique partir des tudes sur la rentabilit dun certain nombre de systmes bancaires des pays systme financier dvelopp et des pays mergents, notre papier est essentiellement focalis sur lanalyse empirique de limpact des mutations managriales, macro-conomiques et macro-financires sur la performance des banques marocaines. Pour tenter de rpondre nos questions de recherche, nous avons procd la collecte de donnes statistiques concernant les institutions bancaires marocaines prises isolment au lieu de travailler sur les rsultats agrgs du systme bancaire du pays. La priode sur11

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laquelle les donnes statistiques agrges sont observes, soit une quinzaine dannes (voir annexe A), limite en fait lanalyse conomtrique de sries temporelles sur la base des donnes du systme bancaire consolid. La priode couverte par notre tude (1993-2006) concide bien avec les programmes majeurs de rforme et de libralisation touchant aussi bien le secteur rel que le secteur financier. La dmarche conomtrique que nous avons pouse est celle des techniques danalyse de donnes de panel combinant les effets temporels et individuels, ce qui permet daugmenter le nombre dobservations. Les principales banques dont les donnes statistiques sont plus ou moins disponibles et puises dans leurs rapports annuels sont au nombre de cinq (voir annexe A). En fait, elles forment lessentiel du tissu bancaire marocain. Il sagit particulirement de deux banques prives (BMCE Bank [bmce], Attijariwafa [tjw]), dune banque caractre semi-public (Groupe Banques Populaires [bp]) et de deux filiales trangres (BMCI [bmci] et Crdit du Maroc [cdm]). Quant aux donnes brutes relatives aux variables exognes aux banques, elles ont t extraites des tableaux de bord de lconomie marocaine, des Indicateurs de Dveloppement dans le Monde (World Development Indicators, Banque Mondiale) et des rapports de Bank Al-Maghrib (Banque Centrale du Maroc). Les donnes tant observes sur la mme priode, lchantillon est dit cylindr (voir nos donnes annuelles reprsentes graphiquement en annexe A et les diverses sources des donnes en annexe B). Conformment aux dveloppements prcdents sur la littrature thorique et empirique, la rentabilit bancaire est mesure de deux faons, tantt comme rentabilit des actifs et tantt comme marge dintrt. De mme, en ligne avec notre survol de la littrature, les variables explicatives ont t scindes en trois sous-ensembles : i) quatre variables managriales ou organisationnelles ; ii) deux variables exognes caractre macro-conomique ; iii) quatre variables refltant la structure macro-financire. Le tableau 1 prsente la mesure des diverses variables dpendantes et explicatives de notre modle et lannexe A retrace lvolution de ces mmes variables sur la priode 1993-2006.Tableau N1 : Mesure des variables dpendantes et explicatives

Mesure de la rentabilit bancaire comme variable dpendanteLa rentabilit des actifs roa = rsultat net total actifs La marge dintrt pnbactf = produit net bancaire total actifs 12

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Les dterminants managriauxLes charges dexploitation bancairefgactf = charges gnrales total actifs crdactf = crdits total actifs

Les crdits bancaires

La taille de la banque log actf = log (total actifs )

Les capitaux propres kxactf = capitaux propres total actifs

Les dterminants macroconomiqueslogpib = Log (PIB rel par tte)La taille du secteur bancaire actfpib = total actifs du secteur bancaire PIB La taille du march de capitaux mkxpib = capitalisation boursire PIB La croissance conomique Linflation inf = taux dinflation La concentration bancaire conc = total actifs de (BMCE + BP + TJW) total actifs bancaires La taille relative du march de capitaux par rapport au secteur bancaire mkxactf = capitalisation boursire total actifs bancaires

Les dterminants macro-financiers

La priode sur laquelle les donnes sont disponibles tant relativement courte, la trimestrialisation des donnes annuelle a t mene en vue dlargir lchantillon. Nous recourons dans ce cadre la formule utilise par Mansouri (2004). Pour chaque variable Z annuellement observe, nous associons une quantit q telle que:q = 4 Z t [0.50( Z t 1 ) + 3Z t + 0.50( Z t +1 )] : la valeur lanne Zt courante, (Zt-1) : la valeur lanne antrieure, (Zt+1) : la valeur lanne ultrieure.

(1)

Les estimations des valeurs de la variable pour le premier (Z1), deuxime (Z2), troisime (Z3) et quatrime trimestres (Z4) seront conduites comme suit:Z1 = 4[ Z t q].[(Z t 1 ) + 0.625Z t 0.625(Z t 1 )]

Z 2 = 4[Z t q].[( Z t 1 ) + 0.875Z t 0.875( Z t 1 )]Z 3 = 4[Z t q].[Z t + 0.125( Z t + 1 ) 0.125Z t ]

Z 4 = 4[Z t q].[Z t + 0.375( Z t + 1 ) 0.375Z t ]

Z1 : la valeur au premier trimestre Z2 : la valeur au deuxime trimestre Z3 : la valeur au troisime trimestre Z4 : la valeur au quatrime trimestre

(2) (3) (4) (5)

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Au lieu de travailler sur cinq banques et pour une dure limite quatorze ans, il est dornavant possible dlargir cet chantillon 240 observations (soit (14 2) X 4 X 5). Autrement dit, la trimestrialisation nous a permis de passer de 14 ans 48 trimestres (4x14 4x2) et enfin 240 observations (48x5), ce qui correspond la multiplication du nombre de trimestres par le nombre de banques, les trimestres variant de T1 :1994 T4 :2005. La modlisation par le biais de donnes de panel htrognes suppose lidentit des coefficients i pour tous les individus (i = ) alors que les constantes individuelles Ci diffrent pour chacun dentre eux. Dans la littrature, la modlisation approprie utilise est une fonction linaire. Nous adoptons alors la formulation linaire de Bourke (1989) comme suit:n y it = c i + i .x it + it 1 yit : la variable

expliquer xit : la variable explicative

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i [1;n] , t [1;T ] c i R, i R

La relation conomique mise en vidence travers ce modle nest alors cense diffrer pour tous les individus quau niveau des constantes introduites dans le modle. Il reste maintenant choisir entre un modle effets individuels fixes ou alatoires. Le premier se caractrise par des constantes Ci dterministes alors que, pour le deuxime, les effets individuels ne sont plus des paramtres, mais des variables alatoires possdant une distribution commune pour tous les individus. Nous avons procd dans un premier lieu lestimation dun modle inter(Between Model) et dans un deuxime lieu lestimation dun modle intra (within model). En analysant les variances des erreurs des modles Between et Within, le test spcifique de Haussman rvle quil nexiste aucun risque li lutilisation dun modle effets fixes (pour des dtails sur lconomtrie des donnes de panel, voir Dormont, 1989). Si lestimateur des effets fixes (fixed effects estimator) est efficace, il nest pas aussi convergent que lestimateur des effets alatoires (random effects estimator) dans le cas o le test de Haussman rejette lestimateur des effets fixes. Le modle effets fixes scrit alors:y it = c i + .x it + it

yit : la variable explique xit : la variable explicative

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i [1;n] , t [1;T ] c i R, = cte

Pour lestimation de la fonction de la rentabilit des banques au Maroc, nous adoptons la mme dmarche et les mmes spcifications conomtriques que Samy Ben Naceur (2003). Ce choix sexplique principalement par la quasiressemblance des deux conomies en matire du degr de prdominance conomique du secteur bancaire. Il y a lieu de noter cependant que contrairement Ben Naceur (2003), dont le modle estim est bas sur des donnes dimension annuelle et sur une analyse effets alatoires, les rsultats de notre analyse sont issus de lestimation dquations sur des donnes frquence trimestrielle et en optant pour une analyse effets individuels fixes. Pour estimer notre modle effets fixes, nous avons utilis la mthode SUR (The Seemingly Unrelated Regression method). Cette mthode, appele galement Rgression multivarie ou la mthode de Zellner, sapplique un systme o chaque quation a une variable endogne gauche et uniquement des variables exognes droite. Comme dans le cas dune rgression standard, les rsidus sont supposs non corrls avec les variables exognes. Chaque quation de ce type de systme peut tre estime par une rgression, quation par quation. Nanmoins, si les rsidus sont corrls, la mthode SUR est plus efficiente parce quelle prend en considration la matrice entire des corrlations de toutes les quations. Lestimateur SUR minimise le dterminant de la matrice des covariances. Chaque itration SUR permet de restimer les paramtres aprs avoir transform les quations en vue dliminer lautocorrlation des rsidus. Le modle utilis ici pour estimer le degr dinfluence des dterminants slectionns sur la rentabilit bancaire au Maroc peut tre prsent sous la forme suivante:Perit = f (CB it + M t + SFt ) i [1;5] , t [1994 : 1; 2005 : 4]

(8)

o: - Perit mesure la performance alternative pour la banque i durant la priode t (ROAit ,ou, PNBACTFit); - CBit reprsente la matrice des variables dterminant les caractristiques internes des banques pour la banque i et pour la priode t (FGACTFit, CRDACTFit, KXACTFit, LOGACTFit) ; - M t est considre comme la matrice des variables reprsentant le contexte macroconomique commun toutes les entreprises15

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bancaires (LOGPIBt , INFt) ; - SFt est la matrice des indicateurs qui mesurent la structure macrofinancire commune toutes les banques en priode t (ACTFPIBt , CONCt , MKXPIBt , MKXACTFt). En procdant ainsi, nous estimons la fonction de la performance bancaire en deux tapes. Premirement, nous estimons la profitabilit bancaire exprime par le ratio de la rentabilit des actifs (quation 9). Deuximement, nous testons la sensibilit des marges dintrt aux variations des variables explicatives de la rentabilit bancaire (quation 10). Les spcifications linaires peuvent tre alors formules comme suit:ROAit = c i + 1t fgactf it + 2t kxactf it + 3t crdactf it + 4t log actf it + 5t log pibi t+ 6t inf i t + 7t actfpibit + 8t conc it + 9t mkxpibit + 10t mkxactf it + it i [1,5] , t [1994 : 1,2005 : 4]

(9)

PNBACTFit = c i + 1t fgactf it + 2t kxactf it + 3t crdactf it + 4t log actf it + 5t log pibi t + 6t inf i t + 7t actfpibit + 8t concit + 9t mkxpibit + 10t mkxactf it + it

i [1,5] , t [1994 : 1,2005 : 4]

(10)

Dans la section qui suit, nous prsentons nos rsultats empiriques issus des quations (9) et (10) tout en interprtant les rsultats obtenus. Ensuite, dans les deux dernires sections de la prsente tude, nous tenterons de formuler des implications de politique conomique tout en concluant et en prsentant quelques lments sur les perspectives de recherche en la matire. 4. Rsultats empiriques et interprtations Nous prsentons ici les rsultats empiriques concernant les dterminants de la rentabilit telle quelle est mesure par les deux indicateurs ci-dessus explicits savoir le rendement sur actifs (profitabilit) et les marges dintrt. Les interprtations des rsultats obtenus nous permettront dexpliciter le signe et lampleur des relations estimes. 4.1. Les rsultats empiriques concernant les dterminants du rendement sur les actifs16

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Lvolution du rendement sur les actifs (en pourcentage de lactif) et de ses dterminants potentiels est reprsente graphiquement en annexe A. Les rsultats empiriques ressortis du premier modle (quation 9) sont reports dans les tableaux 2 et 3. La rentabilit des actifs (roa), comme premire variable managriale (voir graphique I-1 en annexe A), est affecte ngativement par les charges gnrales des banques (fgactf) de notre chantillon (le graphique 1.1 en annexe A retrace lvolution de fgactf sur la priode retenue). Ce rsultat suggre que les profits des banques peuvent tre ngativement affects par les dpenses de structure. Suivant nos estimations (tableau 2), une hausse des frais gnraux dun point de pourcentage des actifs entranerait court terme une chute du rendement de 0,06 point de pourcentage des actifs, soit 0,66 point de pourcentage des actifs long terme (tableau N3). En fait, les coefficients dexploitation des diffrentes banques de notre chantillon, et mme du secteur bancaire dans son ensemble, ne dpassent pas les bornes de 60%; normes considres acceptables en matire de gestion des firmes bancaires. Cette constatation sera confirme lors de lanalyse empirique de leffet positif des dpenses dexploitation sur la marge globale bancaire (tableaux 4 et 5), indiquant ainsi que les tablissements bancaires marocains matrisent leurs dpenses.

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Tableau n 2: Rsultats de lestimation en donnes de panel de lquation du rendement sur actifs (ROA) pour les cinq banques de lchantillon ; modle effets fixesretards FGACTF TS KXACTF TS CRDACTF TS LOGACTF TS INF TS LOGPIB TS MKXACTF TS MKXPIB TS ACTFPIB TS CONC TS ROAt1 TSEffetsfixesci: _BMCE: _BMCI: _BP: _CDM: _TJW: 59.64145 59.82041 59.50872 59.77113 59.6018

(t) 0.091422 (4.82147) 3.343256 (8.78663) 3.184168 (3.0427) 0.080983 (5.97380) 0.097632 (6.68367) 0.093906 (9.31016) 0.23630 (8.78611)

(t1) 0.109377 (4.6636) 5.197851 (7.2553) 0.209384 (6.251) 11.14938 (8.68320) 0.074272 (3.85168) 0.069331 (3.135471) 0.034419 (3.688148) 0.131222 (4.745065) 1.699237 (31.35189)

(t2) 1.705138 (3.98451) 0.091041 (5.8581) 5.058164 (5.7033) 0.047553 (3.30242) 0.036699 (2.20897) 0.04656 (2.74427) 0.755542 (8.45996)

(t3) 0.20659 (2.35968)

(t4)0.060165 (2.84769) 0.070222 (2.78009) 0.067847 (5.12615) 4.831299 (3.715669) 0.149127 (5.58033) 0.18448 (5.362325) 0.161034 (6.057249) 0.310493 (2.78573)

(t5) 0.053178 (2.6095) 0.004543 (3.82207) 1.114249 (9.801978)

(t6) 0.790341 (8.05169)

(t7)

(t8) 0.294145 (3.887498)

(t9) 0.135615 (2.82891)

Statistiquepondre:Logdevraisemblance=409.2857 Statistiquesnonpondres: R2=0.988789 R2ajust=0.985691 DW=1.819563

Standarderrordelargression=0.045643 Sommedescarrsdesrsidus=0.316662 Nombretotaledupanel:240

Tableau n3 : les effets LT des variables indpendantes sur la rentabilit des actifs Variable i associs ROAi , t 1 =0.9090

i associs aux variables indpendantes= 0.060165 0.000911 0.004543 0.149457 0.050496 7.738347 0.094863 0.11948 0.059487 0.00939

Effet LT =

i(variables indpendantes) [1 i ( ROAi , t 1)]0.661517317 0.010016493 0.049950522 1.643287521 0.555206157 85.08352941 1.043023639 1.31368884 0.654062672 0.10324354

Fgactf Kxactf Crdactf Logactf Inf Logpib Mkxactf Mkxpib Actfpib Conc

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Selon nos rsultats empiriques (tableaux 2 et 3), les fonds propres (kxactf), comme deuxime variable managriale, ont un effet ngatif sur la rentabilit des actifs. A court terme, toute augmentation des capitaux propres dun point de pourcentage des actifs induirait une baisse de la rentabilit bancaire denviron 0,001 point de pourcentage des actifs, soit 0,01 point de pourcentage des actifs long terme (Tableaux 2 et 3). Thoriquement, les banques les mieux capitalises accdent facilement aux fonds de financement sur le march parce quelles sont moins risques et plus solvables. En fait, la rglementation prudentielle impose aux banques un niveau minimum de couverture des emplois par des ressources stables. Cependant, la politique de surcapitalisation a provoqu une dgradation de la rentabilit des banques de notre chantillon. Autrement dit, les banques marocaines sont plus proccupes par leur solvabilit future que par lamlioration de leurs rsultats prsents, constatation rellement observe au niveau des rendements sur capitaux (roe) du systme bancaire, suprieurs mme ceux enregistrs dans certains pays industrialiss. Les rsultats de notre modle empirique rsums dans les tableaux 2 et 3 montrent que le volume des crdits distribus (crdactf) est favorable la profitabilit des banques. A court terme, une hausse des crdits bancaires dun point de pourcentage des actifs induirait une amlioration de la profitabilit des banques denviron 0,005 point de pourcentage des actifs, soit lquivalent dune amlioration de 0,05 point de pourcentage des actifs long terme. Cette variable managriale constitue alors une source importante des profits lre de lintermdiation comme celle de la libralisation financire. Nos rsultats empiriques reports dans les tableaux 2 et 3 indiquent quil existe une relation ngative entre la taille de la banque (logactf), comme dernire variable organisationnelle, et la rentabilit des actifs. A court terme, une hausse de la valeur des actifs de 1% entranerait court terme une dgradation des rendements bancaires denviron 0,0015 point de pourcentage des actifs, ou de 0,017 point de pourcentage des actifs long terme. La tendance amliorer le niveau dconomies dchelle est source de charges et a tendance diminuer les profits. Ces rsultats conomtriques refltent la ralit bancaire marocaine o les vnements de regroupement avaient initialement une tendance amliorer les profits, mais, ultrieurement, ils tendent les affecter ngativement. Du reste, note rsultat empirique cadre avec la thorie conomique qui prdit que les conomies dchelle ont des effets stimulants sur

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les profits des petites banques et un impact ngatif sur la profitabilit des banques grande taille comme celles qui composent notre chantillon. Ltude empirique de limpact de lenvironnement macro-financier sur la rentabilit des actifs des banques marocaines de notre chantillon a galement induit des rsultats mitigs court comme long terme (tableaux 2 et 3). Suivant nos estimations, la taille du secteur bancaire (actfpib) nest pas favorable laugmentation des profits bancaires, suggrant quen gnral, les conomies dchelle ne sont pas favorables lamlioration de la profitabilit des banques. Comme on peut le comprendre travers les tableaux 2 et 3, une hausse de lactif consolid des banques marocaines dun point de pourcentage du PIB entranerait court terme une baisse du rsultat net bancaire denviron 0,06 point de pourcentage des actifs, soit lquivalent dune baisse de 0,65 point de pourcentage des actifs long terme. Puisque les banques marocaines regorgent de liquidits sous-exploites dans un contexte o les demandes de crdits sont assujetties des garanties draconiennes, les possibilits damlioration de la rentabilit globale ne seront que limites. Une banque est capable dlargir sa part de march si ses produits sont diffrencis de ceux de ses concurrents. Mais, ce rapport positif entre la part de march et la profitabilit peut faire dfaut si la demande de march est peu proportionnelle la taille de la banque, ce qui est le cas du march de crdit au Maroc pour la priode tudie. Suite cette ralit, la politique de la concurrence au sein du secteur bancaire naurait probablement aucun effet stimulant sur les profits. Ceci expliquerait le fait que les mouvements de concentration (conc) sont plus bnfiques lamlioration des profits des banques marocaines. Loccupation de la part majeure du march bancaire par un nombre restreint dacteurs bancaires a donc un effet stimulant sur les profits bancaires au Maroc. En effet, selon nos estimations empiriques (tableaux 2 et 3), une intensification de la concentration dun point de pourcentage du total des actifs du systme bancaire entranerait court terme une amlioration de la profitabilit des banques denviron 0,001 point de pourcentage des actifs, soit 0,01 point de pourcentage des actifs long terme. Le dveloppement du march de capitaux (mkxpib), son tour, a un effet positif sur laugmentation des profits bancaires. Llargissement du march de capitaux offre aux tablissements bancaires lopportunit damliorer leur rentabilit totale, notamment travers lamlioration de la qualit de linformation qui leur permet daugmenter le volume potentiel de la clientle,20

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amliorant ainsi lactivit bancaire et la rentabilit des actifs. Nos estimations reportes aux tableaux 2 et 3 rvlent quune extension des marchs de capitaux dun point de pourcentage du PIB induirait court terme une amlioration du rendement bancaire denviron 0,12 point de pourcentage des actifs, correspondant 1,31 point de pourcentage des actifs long terme. Cet effet se trouve invers si on mesure lintensit des marchs de capitaux par le rapport entre la capitalisation boursire et lactif consolid des banques (mkxactf). Dans ce cas de figure, lextension des marchs de capitaux au dtriment de lintermdiation financire nuit la profitabilit des banques. En effet, comme on peut le comprendre travers nos rsultats empiriques (tableaux 2 et 3), une hausse de la capitalisation boursire dun point de pourcentage de lactif consolid des banques entranerait court terme une baisse de la profitabilit bancaire de presque 0,095 point de pourcentage des actifs, soit 1,04 point de pourcentage des actifs long terme. Ce rsultat empirique suggre que lexpansion du march financier, en surpassant de trop le march bancaire, aurait des effets ngatifs sur les profits bancaires travers lorientation des oprateurs vers des financements moins coteux et plus avantageux quoffrent des marchs de capitaux jouissant de plus en plus dune symtrie dinformation favorable. La flambe de la bourse des valeurs de Casablanca depuis 2003 confirme cet tat de fait. Enfin, en ce qui concerne les variables macro-conomiques, la croissance conomique et linflation semblent affecter positivement le rendement sur actifs des banques de notre chantillon. La croissance conomique (Logpib) du pays a dimportantes incidences positives, long terme, sur la performance des secteurs dactivit, y compris le secteur bancaire. A court terme, une croissance du PIB rel par tte de 1% induirait une amlioration de la profitabilit bancaire de 0,077 point de pourcentage des actifs court terme, soit lquivalent de 0,85 point de pourcentage des actifs bancaires long terme (voir tableau N3). Il semble que les banques marocaines ont profit de la restructuration de lconomie nationale par des politiques de rformes structurelles du secteur et lintroduction de nouvelles techniques et technologies en vue damliorer les niveaux de bancarisation qui sont encore des niveaux faibles. Limpact positif de linflation (inf) va dans le sens de nos hypothses de dpart. Une hausse du taux dinflation dun point de pourcentage entranerait une amlioration du rendement bancaire de 0,05 point de pourcentage des actifs court terme et de 0,56 point de pourcentage des actifs bancaires long terme. Laugmentation du niveau gnral des prix a permis aux tablissements bancaires de raliser des21

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profits substantiels malgr la situation conomique critique du Royaume. Les tensions inflationnistes produisent une extension et une survaluation des charges bancaires, mais ce sont les dposants et les emprunteurs qui supportent de telles charges en dernier ressort. Linflation entrane plus de charges dinvestissement mais galement des taux de crdit levs et donc plus de revenus dintrt et de profits. Les rsultats empiriques concernant les dterminants des marges dintrt Lvolution des marges dintrt (en pourcentage de lactif) et de ses facteurs explicatifs potentiels est reprsente graphiquement en annexe A. Les rsultats empiriques concernant les dterminants de cette variables sont reports dans les tableaux 4 et 5. Du ct des dterminants organisationnels, nos rsultats rvlent que les frais dexploitation bancaire (fgactf) affectent positivement les marges dintrt. Nos estimations (tableaux 4 et 5) indiquent quune augmentation des frais gnraux dun point de pourcentage des actifs induirait court terme une amlioration des marges dintrt denviron 0,07 point de pourcentage des actifs, soit 1,05 point de pourcentage des actifs la longue (tableaux 4 et 5). Une politique de dpenses situes au voisinage de 60% du produit net bancaire (PNB) entrane pour les banques des bnfices plus avantageux, refltant ainsi une matrise des frais de fonctionnement. Autrement dit, des frais dexploitation plus levs auront leffet de produire des marges d'intrt croissantes. Ces rsultats indiquent que les banques marocaines de notre chantillon transfrent une part de leurs dpenses la charge de leurs emprunteurs et dposants. Les diffrences dans les charges dexploitation peuvent entraner, de ce fait, des diffrences dans le volume des affaires ou dans la gamme et la qualit des services offerts. La ralisation de marges bancaires excdentaires devrait tre, suivant nos rsultats, stimule par une augmentation du niveau des charges gnrales dexploitation. La thorie de la finance associe le risque de faillite aux banques moins capitalises. Suite nos estimations, les capitaux propres (kxactf), comme seconde variable organisationnelle, ont un effet ngatif sur les marges dintrt. Conformment nos estimations (tableaux 4 et 5), une amlioration de la valeur des fonds propres dun point de pourcentage des actifs entranerait court terme, une baisse des marges dintrt de 0,01 point de pourcentage des actifs, quivalent une baisse de ces marges de 0,17 point de pourcentage long terme. La politique de respect des normes internationales en matire de22

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prvention contre le risque dinsolvabilit a incit les banques marocaines augmenter leurs volumes de capitaux, ce qui a dgrad le volume des crdits accords aux particuliers et donc la marge des intrts perue.Tableau n 4: Rsultats de lestimation en donnes de panel de lquation de la marge dintrt bancaire (PNBACTF) pour les cinq banques de lchantillon ; modle effets fixesretards FGACTF TS KXACTF TS CRDACTF TS LOGACTF TS INF TS LOGPIB TS MKXACTF TS MKXPIB TS ACTFPIB TS CONC TSPNBACTFt1

(t)0.524288 (13.9840) 0.049733 (5.884047) 1.098049 (6.03893) 0.08799 (4.90436) 2.624223 (5.73620) 0.042935 (4.50048) 0.061468 (5.22963) 0.050174 (5.91532) 0.108031 (4.42195)

(t1)1.052208 (12.12058) 0.118308 (7.124425) 0.011595 (4.39002) 2.423319 (5.946302) 0.035221 (4.209916) 1.027038 (4.77529) 0.01421 (8.75213) 0.048527 (11.1843) 2.013329 (35.40324) 52.31296 52.25376 52.28021 52.1602 52.35006

(t2)0.739652 (9.23321) 0.105563 (5.984905) 0.015763 (3.47712) 1.587698 (4.29434) 0.025951 (5.27470) 0.010459 (5.84308) 0.004046 (2.02262) 1.35955 (16.3239)

(t3) 0.051209 (3.38581) 0.008272 (3.314061) 0.010725 (3.42372) 0.006366 (4.066563) 0.00961 (2.84235) 0.032043 (4.63220)

(t4)0.264982 (4.16586) 0.033097 (2.053824) 0.775342 (2.789022) 5.122974 (5.983071) 0.114076 (6.02580) 0.143935 (5.970768) 0.007834 (1.86509) 0.0932 (5.35030) 0.463155 (8.034019)

(t5)0.121719 (3.047042) 0.03019 (3.26490) 0.36846 (2.11512)

(t6) 0.398772 (6.48729)

(t7) 0.277167 (5.69654)

(t8)

(t9) 0.060532 (4.26134)

TS Effetsfixesci: _BMCE: _BMCI: _BP: _CDM: _TJW:

Statistiquepondre:Logdevraisemblance=634.9748 Statistiquesnonpondres: R =0.999089 R2ajust=0.998764 DW=1.667622 2

Standarderrordelargression=0.021114 Sommedescarrsdesrsidus=0.06375 Nombretotaledupanel:240

Tableau n5 : les effets LT des variables indpendantes sur la marge dintrt bancairevariable

i associs pnbactft 1 = 0.934797 i associs aux variables indpendantes =Effet LT =

i(variables indpendantes) [1 i ( pnbactf )]1.05008972 0.173519623 0.062941889 2.215450209 1.327162861 103.065181 0.873134672 1.201999908 0.80431882 0.480269313

fgactf kxactf crdactf logactf Inf logpib mkxactf mkxpib actfpib conc

0.068469 0.011314 0.004104 0.144454 0.086535 6.720159 0.056931 0.078374 0.052444 0.031315

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Ces conclusions peuvent tre expliques en partie par les distorsions causes par un systme rgulateur inadquat qui autorise les banques faibles continuer exercer leurs activits ainsi que par des garanties gouvernementales tendues qui encouragent le transfert des risques excessifs entre les banques. Les niveaux levs des rendements sur capitaux, roe, comme dans le cas de la rentabilit des actifs, semblent confirmer nos rsultats empiriques. Traditionnellement, les banques sont des intermdiaires entre prteurs et emprunteurs. Plus les dpts se transforment en emprunts, plus les marges d'intrt et les profits slvent. Conformment aux apports thoriques, la politique de crdit procure aux banques marocaines plus de marges dintrt. Le ratio de liquidit, calcul en rapportant les dpts aux crdits (dpts/crdits), reste toujours suprieur 100%, voire 140%, ce qui montre que les banques marocaines ont pu faire face aux demandes de remboursement des dposants. Contrairement aux rendements sur actifs, les marges dintrt semblent rpondre positivement au renforcement des conomies dchelle mesures par le logarithme nprien de lactif bancaire (Logactf). Laugmentation de cette variable managriale sense mesurer la taille de la banque, semble profiter aux banques marocaines qui viennent dachever des mouvements massifs de rformes et de diversifier leurs produits, ce qui a induit une hausse de leurs revenus dintrt, plus que proportionnelle laugmentation des charges. Nos estimations (tableaux 4 et 5) indiquent quune augmentation de lactif des banques de 1% entranerait court terme, une amlioration des marges dintrt denviron 0,0015 point de pourcentage de lactif bancaire contre 0,022 point de pourcentage de ce mme actif long terme. Lanalyse comparative des volutions du produit net bancaire (PNB) et des charges gnrales dexploitation montre que le PNB augmente en moyenne des taux dpassant laugmentation des dpenses de structure. Si le mouvement de concentration et de regroupement (conc), comme variable macro-financire, est favorable au rendement sur actifs (profitabilit) des banques marocaines, il constitue au contraire, une source de dgradation des marges dintrt, indiquant que la concurrence bancaire est plus bnfique en matire de marges dintrt que de profitabilit. Suivant nos estimations rsumes dans les tableaux 4 et 5, le renforcement de la concentration bancaire dun point de pourcentage des actifs induirait une dgradation des marges dintrt de 0,03 point de pourcentage des actifs court terme, soit une dgradation des marges dintrt de 0,48 point de pourcentage des actifs.

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Par ailleurs, si laugmentation de la taille de chaque banque (logactf) de notre chantillon est un facteur dapprciation de la marge dintrt, la recherche des tailles defficience et donc llargissement de la taille du secteur bancaire (actfpib) semble constituer un facteur qui entrave les marges dintrt. Nos estimations reportes dans les tableaux 4 et 5 rvlent en effet quune hausse de lactif consolid des banques marocaines dun point de pourcentage du PIB induirait court terme une baisse des marges dintrt de 0,05 point de pourcentage des actifs, soit une dgradation de ces marges de 0,80 point de pourcentage des actifs la longue. Enfin, llargissement du march de capitaux semble affecter positivement les marges dintrt bancaires au Maroc. Le march de capitaux, semble-t-il, offre au march bancaire lopportunit damliorer sa rentabilit, ce qui montre lexistence dune complmentarit entre les deux marchs. En effet, suivant nos estimations, une amlioration de la taille du march des capitaux, mesure par le ratio au PIB de la capitalisation boursire (mkxpib), dun point de pourcentage, induirait court terme, une hausse des marges dintrt denviron 0,08 point de pourcentage des actifs court terme et de 1,20 point de pourcentage des actifs long terme (voir tableaux 4 et 5). La transformation croissante du systme financier marocain en march bas sur la finance directe semble cependant dgrader les marges dintrt bancaires. Les banques marocaines deviennent ces dernires annes de plus en plus concurrences par la finance de march, ce qui rduit, en consquence, leurs marges d'intrt. Suivant nos estimations, une hausse du rapport entre la capitalisation boursire et lactif consolid des banques dun point de pourcentage entranerait une baisse des marges dintrt denviron 0,06 point de pourcentage des actifs court terme et de 0,87 point de pourcentage des actifs la longue. Concernant les variables macro-conomiques, et comme dans le cas o la rentabilit bancaire est mesure par le rendement sur actifs, les marges dintrt, conformment la thorie, subissent linfluence positive de la croissance conomique (logpib) et de linflation (inf). Selon nos estimations (tableaux 4 et 5), une hausse du PIB rel par tte de 1% entranerait une amlioration des marges dintrt denviron 0,07 point de pourcentage des actifs court terme et de 1,03 point de pourcentage des actifs long terme. Quant linflation, elle cre les conditions pour des cots levs mais elle produit galement des marges bancaires proportionnellement plus substantielles. En ligne avec nos estimations reportes dans les tableaux 4 et 5, une augmentation du taux dinflation dun point de pourcentage induirait court terme, une amlioration des marges25

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dintrt denviron 0,09 point de pourcentage des actifs court terme et de 1,32 point de pourcentage des actifs la longue.

5. Implications de politique conomique Notre tude analytique et empirique sur les dterminants de la rentabilit bancaire au Maroc nous a permis de dduire une srie de rsultats empiriques tantt corroborant tantt contredisant les prdictions de la thorie conomique et financire en la matire. Limpact ngatif des fonds propres sur les deux mesures de la rentabilit serait probablement d la tendance excessive des banques marocaines assurer leur solvabilit long terme, relguant ainsi au second plan la ralisation de meilleures performances court terme. Dailleurs, nombreuses sont les tudes qui ont remarqu que les ratios de solvabilit bancaires locaux varient gnralement aux alentours de 15 % et sont suprieurs ceux observs dans les pays industrialiss. Par ailleurs, mme si les crdits ont un effet stimulant sur la rentabilit au Maroc, les niveaux levs des ratios de liquidit qui dpassent, pour la majorit des cas, les frontires de 140%, expliqueraient le fait que les tablissements bancaires ne profitent pas de la surliquidit du march. Les banques hsitent distribuer des crdits par crainte de ne pas recouvrir les fonds distribus et tomber ainsi dans la crise dilliquidit. La nature des dpts majorit de courte dure oblige les banques ne pas prendre le risque de sengager dans des financements moyen et long terme et assurer des fonds de garantie afin de pouvoir faire face dventuelles faillites. En plus, la demande faible du march marocain, due essentiellement au faible pouvoir dachat des mnages, image de linsolvabilit, accentue le risque pour ces institutions et limite la politique du crdit. Une telle politique limite est galement associe une faible couverture du territoire national. Les niveaux encore levs des taux de crdit accentuent ce phnomne. Cette ralit peut tre ajoute un faible encouragement de lpargne, d des taux dintrt sur les dpts encore faibles et, jusqu une date rcente, des frais de dossier plus ou moins levs. Le taux de bancarisation qui se situe encore au voisinage de 30%, affecte ngativement le niveau des parts de march. Une politique de renforcement de la bancarisation permettra certainement aux banques daugmenter leur26

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profitabilit. Parmi les politiques suivies par les banques pendant les quatre dernires annes, on peut citer la construction dagences bancaires additionnelles travers le territoire national en vue de couvrir des zones anciennement prives du service bancaire. Cette stratgie est trs puissante du fait quelle permettra dlargir les segments de la clientle bancaire et les branches dactivit auparavant non accessibles aux oprations bancaires. La politique daugmentation du volume de la clientle ncessite des dpenses massives. Les coefficients dexploitation de certaines banques marocaines ne dpassent pas les 45 %, ce qui reflte la ngligence dun certain nombre de facteurs organisationnels indispensables lamlioration de la performance bancaire. Les dpenses lies la formation du personnel et la restructuration de la rpartition des ressources humaines en sintressant plus au recrutement des cadres tendance majeure des nouvelles stratgies des banques marocaines permettent daugmenter ce ratio en profitant des avantages que procurent llargissement des parts de march et le perfectionnement de la gestion interne. A titre dexemple, certaines banques donnent plus dimportance la formation de leurs personnels par linstauration des acadmies de formation continue. Cette politique motive le personnel et lincite travailleur plus pour le compte de son tablissement. Malgr ces immenses efforts de restructuration, dautres politiques sont souhaitables. Il serait judicieux daugmenter le volume des charges lies essentiellement laugmentation des taux de bancarisation et en parallle, des dpenses concernant le dveloppement des ressources humaines devraient tre engages sans que le coefficient dexploitation dpasse les limites de 70% selon les rgles en matire du contrle de gestion bancaire. Laugmentation des parts de march et des marges dintrt ncessite un intrt grandissant pour la fonction commerciale. Le service commercial et marketing permet de convaincre les entreprises et de nouer des relations de confiance et de fidlisation avec les clients. Il permet aussi didentifier et de diversifier les services et les produits adapts cette clientle, amliorer leur qualit, adapter leurs prix au niveau de vie des particuliers et rpondre aux attentes des investisseurs, des pargnants et dautres partenaires. La diversification des produits bancaires est lun des dfis du service commercial et de marketing. Il aide largir les domaines et les segments dintervention de la banque afin daugmenter les parts de march et mme des revenus dintrt. Loffre de cet ensemble de services doit aller en symbiose27

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avec linnovation au niveau des moyens de communication entre la banque et sa clientle tels que le tl - banking et linternet - banking. Le service de contrle de gestion ncessite galement beaucoup dintrt. Il permet la banque de contrler son activit de faon permanente, de programmer des politiques comptitives plus cohrentes, de cibler les domaines dactivit et les services les plus rentables et de rechercher alors le personnel qualifi et adapt ce type de dfis. Il serait opportun de sintresser plus la ralisation des rsultats court terme et de rduire limpact des politiques de solvabilit excessive par la recherche de ressources plus stables et lencouragement des pargnes longue dure, lexploitation de lpargne existante et la distribution des crdits pour lamlioration du niveau des investissements. Pour diminuer les taux de crdit et lever les taux de dpts et donc augmenter les revenus dintrt, louverture du march de nouveaux concurrents nous semble la meilleure solution. Les dernires rformes entrent dans le cadre de cette vision. Elles permettent aux entits internationales dacqurir des parts dans les institutions locales. La multiplication des zones offshore permet mme certaines banques trangres dimplanter leurs filiales sur le territoire national. Laccentuation des transactions avec la clientle est aussi permise par la facilit des modalits douverture des comptes au sein de la banque et de rduction des frais lis aux oprations bancaires politique dj adopte par certaines banques via des facilits douverture des comptes zro dirham et la possibilit de versements et de retraits partir de lensemble des agences de la banque sans frais auxiliaires. Les retraits et les versements des fonds ainsi que les virements bancaires lintrieur de lagence sont des sources de la multiplicit des dplacements et des freins lacclration des oprations commerciales et financires. Cest ce niveau que rside le rle des cartes bancaires qui permettent lacclration de ces oprations et donc de lactivit relle. Les politiques de bancarisation doivent aussi tre instaures en parallle avec lassociation des comptes sur carnets des cartes de guichets automatiques en vue de faciliter les oprations de retrait pour ce type de clientle.28

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La diffusion de linformation financire par le biais des exigences de la bourse des valeurs de Casablanca devrait renforcer limage de la banque en tant que source de financement de premier ordre des particuliers et des entreprises et comme stimulant de lactivit relle. Le financement des investissements productifs au profit de lindustrie, du commerce et des services est source de croissance. On ne peut pas en revanche trop miser sur la sphre financire puisquelle a souvent prouv quelle est lorigine dinstabilit. Les investissements caractre financier sont une cible prfre des mouvements de spculation et des comportements de mfiance de la part des oprateurs, ce qui les rend plus vulnrables tout changement de la conjoncture. Il importe galement de prendre en considration le risque li au financement des secteurs sensibles tels que lagriculture et le tourisme qui dpendent des changements climatiques, du contexte national et mondial et de la politique de lEtat en la matire. Lengagement des banques dans le financement du secteur immobilier devrait coexister avec une politique de garantie et de contrle de lEtat car la flambe des cours des produits de ce secteur rsultat des comportements de spculation est sense produire des effets nfastes sur lactivit de ces tablissements et mme sur lconomie en gnral. Enfin, nous concluons cet ensemble de suggestions en remarquant que la matrise des charges lies laugmentation de la taille de la banque permet de limiter leffet des dsconomies dchelle associes en conomie industrielle, aux grandes firmes bancaires. 6. Quelques conclusions et perspectives Notre analyse en donnes de panel nous a permis destimer les relations entre la rentabilit bancaire (mesure par les rendements sur actifs et les marges dintrt) et une varit de facteurs potentiellement explicatifs classs en variables organisationnelles, macro-financires et macro-conomiques, pour un chantillon cylindr de cinq banques exerant au Maroc pour une priode rcente stalant de 1993 2006. Du cot des variables organisationnelles, dabord, nos rsultats estims ont donn deux effets opposs des charges gnrales sur la rentabilit des actifs et sur les marges nettes dintrt. Si les frais gnraux entrainent une

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dgradation des profits bancaires, ces dpenses de structure permettent damliorer les gains des marges sur intrt. En outre, la politique de la matrise des normes internationales en matire de solvabilit et de liquidit, sous limpulsion des autorits supranationales, a provoqu des effets ngatifs sur la rentabilit bancaire. La surcapitalisation des banques marocaines a entran une situation de surliquidit qui na profit de ce fait ni la rentabilit globale ni aux marges dintrt bancaires. La politique de crdit des banques marocaines est favorable leurs rsultats au niveau tant des profits que des marges dintrt. Les tablissements bancaires semblent capables de maintenir les crdits non rentables ainsi que les crances douteuses et en souffrance des niveaux bas, ce qui leur a permis de raliser des marges dintrt et des profits croissants. Lanalyse de limpact des variables macro-financires sur la rentabilit bancaire au Maroc suscite deux observations fondamentales. Premirement, lextension de la taille du march des capitaux et le mouvement de la libralisation a permis aux banques de glaner des marges dintrt et des profits substantiels. Deuximement, les banques ont souffert, par la suite, dune augmentation de la taille du march des capitaux, plus rapide que celle de lactif des banques, rendant ainsi le march des capitaux et le secteur bancaire plus antinomiques que complmentaires. Du ct des dterminants macroconomiques, la rentabilit des banques marocaines, quelque soit sa mthodologie de mesure, rpond positivement la croissance conomique et au climat inflationniste. Le PIB affiche des effets stimulants de la rentabilit des banques marocaines, confirmant ainsi les clairages thoriques et l'inflation est lorigine de laugmentation des dpenses de structure mais aussi de la ralisation de marges dintrt et de profits bancaires levs. Si notre papier prsente des rsultats empiriques actualiss, explore des pistes de recherche auparavant sous-exploites et analyse le comportement dun chantillon de banques marocaines pour une priode marque par le passage effectif de lintermdiation bancaire la libralisation financire, llargissement de cet chantillon lensemble des banques exerant au Maroc et pour une priode plus longue, est trs souhaitable. Une telle extension permettra plus dclaircissement sur les politiques bancaires et leurs interactions avec les politiques conomiques globales ainsi que sur leurs liens avec les dveloppements observs au sein de la bourse des valeurs de Casablanca.30

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Il importe galement de sintresser aux dterminants qualitatifs potentiels de la rentabilit des banques comme le statut de la banque (publique, semipublique ou prive, nationale ou trangre), la structure et le degr de qualification de son personnel, limportance confre aux cadres par rapport aux autres membres du staff ; le type dactivit (domestique ou internationale), le mode de collecte des ressources (par rseau de guichets ou sur les marchs de capitaux interbancaire, montaire ou obligataire), le niveau de dveloppement financier, la rglementation, le degr de libralisation de lconomie nationale, etc. La tche nest pas du tout facile au niveau tant de la collecte des donnes que des estimations et tests ncessaires. Nous esprons quand mme collecter, quantifier et introduire ces divers facteurs qualitatifs dans un modle empirique estimer dans le cadre dune recherche ultrieure. Rfrences bibliographiques - Abreu, M. et Mendes, V. (2002). Commercial Bank Interest Margins and Profitability: Evidence from E.U Countries, Porto Working paper series. - Anghbazo, L. (1997). Commercial Bank Net Interest Margins, Default Risk, Interest-Rate Risk, and Off-Balance Sheet Banking 1989-2003, Journal of Banking and Finance, Vol.2, pp.155-87. - Barajas, A., Steiner R. et Salazar, N. (1999). Interest Spreads in Banking in Colombia 1974-96, IMF Staff Papers, Vol. 46, pp.196-224. - Bashir, A. (2000). Assessing the Performance of Islamic Banks: Some Evidence from the Middle East 1993-1998, Papier prsent la 8me Confrence de l'Economic Research Forum (ERF), Amman, Jordanie, novembre. Voir: www.erf.org.eg - Beckmann, R. (2007). Profitability of Western European Banking Systems: Panel Evidence on Structural and Cyclical Determinants; Discussion Paper Series N2: Banking and Financial Studies, No 17/2007. - Ben Naceur, S. (2003). The determinants of the Tunisian banking industry profitability: Panel evidence 1980-2000. Papier prsent la 11me Confrence de l'Economic Research Forum (ERF), Marrakech, novembre. Voir: www.erf.org.eg

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- Bourke, P. (1989). Concentration and other Determinants of Bank Profitability in Europe, North America and Australia, Journal of Banking and Finance. - Dormont, B. (1989). Introduction lEconomtrie des Donnes de Panel: Thories et Applications des Echantillons dEntreprises, Editions du Centre de la Recherche Scientifique, Paris. - Demergu-Kunt, A. et Huizinga, H., (2001). Financial Structure and Bank Profitability 1990-1997, in Asli Demirgu-Kunt and Ross Levine (eds.), Financial Structure and Economic Growth: A Cross-Country Comparison of Banks, Markets, and Development, Cambridge, MA: MIT Press. - Guru B., Staunton, J. et Balashanmugam, M. (2002). Determinants of Commercial Bank Profitability in Malaysia 1986-1995, University Multimedia working papers/2002. - Ho, T. S. et Saunders, A. (1981). The determinants of bank interest margins: theory and empirical evidence. Journal of Financial and Quantitative Analysis, vol. 16, n 4, pp. 581-600. - Mansouri, B. (2004). Impact du taux de change rel sur les exportations : arguments empiriques pour les sous-secteurs exportateurs marocains, papier prsent au colloque du Rseau Economies Mditerranennes et du Monde Arabe (EMMA), Madrid, juin. - Molyneux, P. et Thornton, J. (1992). Determinants of European bank profitability 1986-1989: A note, Journal of Banking and Finance, Vol. 16. - Rouabah, A. (2006). La sensibilit de lactivit bancaire aux chocs macroconomiques: une analyse de Panel sur des donnes de banques luxembourgeoises 1994-2005, Banque Centrale du Luxembourg, Cahier dtudes n 26, mai. - Short, B. K. (1979). The Relation Between Commercial Bank Profit Rates and Banking Concentration in Canada, Western Europe and Japan, Journal of Banking and Finance, Vol. 3.

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Annexe A : Reprsentation graphique des donnes annuelles utilises

I.

Evolution des variables expliques

Graphique I-1: Evolution des rendements sur les actifs, roa (% de l'actif) 2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 ROABMCE ROABMCI ROABP ROACDM ROATJW

Graphique I-2: Evolution du produit net bancaire, pnbactif (% de l'actif) 0.065 0.060 0.055 0.050 0.045 0.040 0.035 0.030 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 PNBACTIFBMCE PNBACTIFBMCI PNBACTIFBP PNBACTIFCDM PNBACTIFTJW

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II-

Evolution des variables explicatives

1. Evolution des variables managriales

Graphique 1.1: Evolution des frais gnraux, fgactif (% de l'actif) 4

3

2

1

0 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 FGACTIFBMCE FGACTIFBMCI FGACTIFBP FGACTIFCDM FGACTIFTJW

Graphique 1.2: Evolution de l'actif des banques (millions de dirhams)

160000 140000 120000 100000 80000 60000 40000 20000 0 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 AC TIF_BMC E AC TIF_BMC I AC TIF_BP AC TIF_C D M AC TIF_TJ W

34

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Graphique 1.3: Evolution des crdits distribus, crdactif (% de l'actif) 80 70 60 50 40 30 20 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 CRDACTIFBMCE CRDACTIFBMCI CRDACTIFBP CRDACTIFCDM CRDACTIFTJW

Graphique 1.4: Evolution des fonds propres, kxactif (% de l'actif) 13 12 11 10 9 8 7 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 KXACTIFBMCE KXACTIFBMCI KXACTIFBP KXACTIFCDM KXACTIFTJW

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2. Evolution des variables macro-financires

Graphique 2.1: Evolution de l'actif consolid des banques, actfpib (% du PIB)

120 110 100 90 80 70 60 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06ACTIF (% du PIB)

Graphique 2.2: Evolution de la concentration (%) 74 72 70 68 66 64 62 60 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 CONC (%)

36

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Graphique 2.3: Evolution de la capitalisation boursire, mkxactif (% de l'actif consolid)

80

60

40

20

0 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 MKXACTIF (% actif)

Graphique 2.4: Evolution de la capitalisation boursire, mkxpib (% du PIB)

100

80

60

40

20

0 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 MKXPIB (% du PIB)

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3. Evolution des variables macro-conomiques

Graphique 3.1: Evolution du taux de croissance du PIB rel per capita, tcpibrpc (%)

15

10 5

0 -5

-10 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 tcpibrpc

Graphique 3.2: Evolution du taux d'inflation (%) 10 8 6 4 2 0 -2 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 INF (%)

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Annexe B : Sources des donnes statistiques Les rapports annuels des banques exerant au Maroc. Les rapports annuels de Bank Al-Maghrib (banque Centrale), 1990-2006. Les rapports sur la politique montaire, Bank Al-Maghrib. Les rapports annuels sur le contrle, lactivit et les rsultats des tablissements de crdit, Direction de la Supervision Bancaire, Bank Al-Maghrib. Statistiques montaires, Direction des Etudes et des Relations Internationales, Bank Al-Maghrib. Les rapports sur lvolution de lconomie marocaine, direction du Trsor et des Finances Extrieurs, Ministre des finances. Magazine Al-Maliya, Ministre des Finances. Tableaux de bord annuels de lconomie marocaine (1980-2007), Ministre des finances. World Development Indicators, CD-ROM, Banque Mondiale, 2006. Marrakech le 14 septembre 2008.

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