renouvellement urbain a bab ezzouar

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  • 7/25/2019 Renouvellement Urbain a Bab Ezzouar

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    Rpublique Algrienne Dmocratique et PopulaireMinistre de lenseignement suprieur et de la recherche scientifique

    Universit Mentouri de ConstantineFacult des sciences de la terre

    Dpartement darchitecture et durbanisme

    OPTION : Habitat et Environnement Urbain

    N dordre :..

    Srie :

    Mmoire en vue de lobtention du diplme de magistre en architecture et urbanisme

    THEME :

    Pour une approche de renouvellement urbain

    -Cas de la ZHUN de Bab Ezzouar-

    Prsent par : BENAMEUR Amina Hadia

    Sous la direction de : DrFOURA Yasmina(M.C)

    Membres du jury:

    Prsident : Prof SAHNOUNE Tayeb Professeur U.M.CRapporteur : Dr FOURA Yasmina M. Confrences U.M.CExaminateur : Dr MEGHRAOUI Nacera M. Confrences U.M.CExaminateur : Dr ROUAG Djamila M. Confrences U.M.C

    -2010-

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    Glossaire:

    AADL : Agence dAmlioration et de Dveloppement du Logement

    ANRU : Agence Nationale pour la Rnovation Urbaine

    APC : Assemble Populaire Communale

    CDC : Caisse des Dpts et Consignations

    CERTU : Centre dEtude sur les Rseaux, les Transports et les Constructions Publiques

    CIAM : Congrs International darchitecture Moderne

    CNERU : Centre National dEtudes et de Ralisations Urbaines

    COMEDOR :Comit permanent dEtudes et de Dveloppement dOrganisation etdamnagement de lagglomration dAlger

    DDE : Direction Dpartementale de lEquipement

    DIV : Dlgation Interministrielle la Ville

    GIP : Groupement dIntrt Public

    GPV : Grand Projet de Ville

    GPU : Grand Projet Urbain

    GUP : Gestion Urbaine de Proximit

    HBM : Habitation Bon March

    HLM : Habitation Loyer Modr

    ILN : Immeuble Loyer Normal

    OPGI : Office de Promotion et de Gestion Immobilire

    PIC : Programme dInitiative Communautaire.SEAAL : Socit des Eaux et dAssainissement dAlger

    RGPH : Recensement Gnral de la Population et de lHabitat

    TOL : Taux dOccupation par Logement

    TOP : Taux dOccupation par Pice

    USH : Union Sociale pour lHabitat

    ZHUN : Zone dHabitat Urbain Nouvelle

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    Sommaire :

    Introduction gnrale . I

    Problmatique...... II

    Mthodologie dapproche VIII

    Chapitre I : Le phnomne des grands ensembles, de lutopie sociale la

    relgation

    Introduction.... 01

    1.1.Emergence des grands ensembles : Jalons historiques. 02

    1.1.1.Les idaux hyginistes : Avnement des utopies urbaines 03

    1.1.2.La charte dAthnes : Une assise idologique 04

    1.1.3.Le grand ensemble : De lidologie au pragmatisme.. 061.2.Les grands ensembles aujourdhui : une urbanit avorte .. 12

    1.2.1.Un modle qui na pas pris. 12

    1.2.2.Uniformit et monotonie ... 13

    1.2.3.Monumentalisation et gigantisme .. 14

    1.2.4.Absence de densit. 15

    1.2.5.La notion de quartier : Une ide vide de sa substance. 16

    1.2.6.Le parcellaire : Ou lincohrence pour principe... 17

    1.2.7.Des espaces illisibles : Des espaces vides de sens .. 18

    1.2.8.La Vgtation : une proccupation de second plan. 21

    1.2.9.Un stationnement envahissant..... 22

    1.2.10.Linscurit ou la stigmatisation des grands ensembles.. 23

    Conclusion. 25

    Chapitre II : Les ZHUN, gense insouciante de grands ensembles

    problmatiques

    Introduction.. . 26

    2.1.Les ZHUN : chronique dun chec annonc 27

    2.1.1.Lhabitat dans lAlgrie coloniale .. 27

    2.1.2.Avnement de larchitecture standardise . 28

    2.1.3.Le plan de Constantine : un dessein politique 30

    2.2.Lhabitat au lendemain de lindpendance .. 31

    2.2.1.Aux origines de la crise : une conjonction de facteurs... 32

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    2.2.2.Lhabitat : Une non priorit.... 32

    2.2.3.La prise de conscience : une industrialisation tous azimuts ... 33

    2.2.4.La question de lhabitat : un arsenal lgislatif.... 35

    2.2.5.Les ZHUN : La planification son paroxysme.. 36

    2.2.6.Le changement de cap : de nouvelles stratgies .... 41

    2.2.7.Les survivances du volontarisme : Le programme quinquennal 2005-2009 ..... 43

    2.3.Lhabitat de masse en Algrie : Un paradigme tranger dans un contextespcifique. 44

    2.3.1.Un environnement chaotique.. 46

    2.3.2.Une dgradation prmature .. 47

    2.3.3.Une gestion dfaillante et disparate ... 47

    Conclusion 50

    Chapitre III : La rsidentialisation : Rfrent actuel des oprations de

    renouvellement urbain

    Introduction ... 51

    3.1.Dfinition(s) et principes gnraux : Une dfinition progressive et extensive 52

    3.1.1.Lmergence du concept : un croisement dinfluences... 54

    3.1.2.En dfinitive : quest-ce que la rsidentialisation ?............................................ 59

    3.2.Dispositifs spatiaux et types de rsidentialisation... 59

    3.3.Les dbats actuels autour du concept de rsidentialisation...... 61

    3.3.1.Quelle taille pour les units rsidentielles cres ?............................................. 62

    3.3.2.La rsidentialisation doit tre adapte chaque situation... 62

    3.4.La gestion urbaine de proximit (GUP) : Complment incontournable de larsidentialisation... 63

    3.4.1.Les effets facilitant de la rsidentialisation sur la gestion.. 64

    3.4.2.Les problmes de gestion gnrs par la rsidentialisation 64

    3.5.La rsidentialisation en actions... 65

    3.5.1.Teisseire: la concertation au cur de laction. 65

    3.5.2.La Thibaude: une dmarche de requalification pour toute la ville..... 69

    3.5.3.Aulnay-sous-Bois : De la cit la rsidence........... 74

    3.6.Premiers effets et enseignement les plus significatifs. 78

    Conclusion .. 80

    Chapitre IV : Le renouvellement urbain dans les grands ensembles :Un

    renouveau des politiques de la ville

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    Introduction... 81

    4.1. Renouvellement urbain et rsidentialisation.... 82

    4.2. Des grands ensembles la recherche durbanit.. 83

    4.2.1.Hypothses pour une transformation urbaine .... 83

    4.2.2.Quelles procdures pour des transformations ?.................................................. 83

    4.3. La ville renouvele : entre tentation librale et pragmatisme urbain... 85

    4.3.1.Dfinition et acceptions associes au renouvellement urbain.... 86

    4.3.2.Le renouvellement urbain, une action spontane de lvolution urbaine ?......... 87

    4.3.3.Le renouvellement urbain, une action volontariste des pouvoirs publics....... 88

    4.3.4.Champs dintervention du renouvellement urbain ..... 89

    4.3.5.Les objectifs du renouvellement urbain...... 89

    4.3.6.Actions du renouvellement urbain ..... 90

    4.3.7.Conditions de russite des oprations de renouvellement urbain ...... 92

    4.3.8.Le dveloppement durable : Une exigence du renouvellement urbain 93

    4.4. A ltranger : dautres alternatives se profilent .. 94

    4.4.1.En Grande-Bretagne : Des dmolitions radicales .. 94

    4.4.2.En Allemagne : Des thrapies douces ... 97

    4.5. En Algrie : Amorce dun renouvellement urbain .... 99

    4.5.1.Le Grand Projet Urbain dAlger (GPU) ............. 99

    4.5.2.Stratgie dintervention sur les grands ensembles dhabitat Alger : bilan desoprations vcues.. 99

    Conclusion 104

    Chapitre V : Prsentation du cas dtude

    Introduction... 106

    5.1. Choix du cas dtude : Bab Ezzouar une ZHUN emblmatique.............. 106

    5.2. Prsentation de la ZHUN de Bab Ezzouar... 108

    5.2.1.Formation et transformation ..

    110

    5.2.1.1.Apparition du noyau 1870.... 110

    5.2.1.2.Priode entre 1870 et 1962 .. 110

    5.2.1.3.Priode entre 1962 et 1968... 111

    5.2.1.4.Priode entre 1984 et 1995... 112

    5.2.1.5.La priode allant de 1995 2009.. 113

    5.2.2.Situation et accessibilit.... 114

    5.2.3.Caractristiques morphologiques .. 116

    5.2.3.1.Site dimplantation .. 117

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    5.2.3.2.Contraintes et servitudes . 117

    5.2.3.3.Pollution et nuisances . 117

    5.2.3.4.Superficie et densits .. 119

    5.2.4.Parcellaire et statut du sol.. 121

    5.2.5.La gestion urbaine Bab Ezzouar. 122

    5.2.5.1.Entretien, structures organisatrices et responsabilits . 122

    5.2.5.2.Problmes de gestion.... 123

    5.2.6.Aspects du mouvement associatif ..... 125

    5.2.6.1.La participation citoyenne dans une opration pilote Bab Ezzouar.. 125

    5.3. Lenqute sociologique... 127

    5.3.1.Droulement de lenqute.. 127

    5.3.2.Prsentation des cits..... 130

    5.3.2.1.Situation et limites : Entre centralit et priphrie... 130

    5.3.2.2.Accessibilit : Deux dispositifs pnalisants.. 134

    5.3.2.3.Rseau viaire : Des chemins de grues prennises............ 135

    5.3.2.4.Circulation et stationnement : Conflits entre piton et automobile... 137

    5.3.3.Caractristiques du tissu : Une configuration gnratrice de ruptures .. 139

    5.3.3.1.Le plan masse : Entre absence de composition et dstructuration.... 140

    5.3.4.Equipements et activits 144

    5.3.4.1.Equipements : Une offre rpondant trs faiblement aux besoins .. 1445.3.4.2.Commerce : Une dynamique en expansion . 145

    5.3.4.3.Services : Une amlioration remarque mais encore insuffisante.... 146

    5.3.5.Typologies du cadre bti : Prminence de la tour et de la barre.. 148

    5.3.5.1.Les barres. 148

    5.3.5.2.Les tours .. 149

    5.3.5.3.La faade : Objet de tous les outrages.. 151

    5.3.5.4.Le logement : Entre inadaptation et insalubrit 154

    5.3.6.Stratgies dappropriation : Entre adaptation aux besoins et contournement desnormes.... 157

    5.3.6.1.Transformations internes : Une qute de confort lgitime.... 157

    5.3.6.2.Relations intrieur /extrieur : Des pratiques la limite de la lgalit.. 158

    5.3.6.3.Formes de rsidentialisation : Des initiatives balbutiantes ...... 160

    5.3.6.4.Espaces extrieurs : Entre abandon et excs dappropriation.. 161

    5.4. Traitement du questionnaire ... 162

    5.4.1.Spcificits du peuplement. 162

    5.4.1.1.Structure familiale et origine : Des urbains plus nombreux.. 162

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    5.4.1.2.Taille des mnages : Une volution en marche. 163

    5.4.1.3.Structure par ge : Une population assez jeune.... 164

    5.4.1.4.Formation : Une population assez fortement diplme. 165

    5.4.1.5.Activit/Emploi : Une mixit apprcie 165

    5.4.2.Parcours rsidentiel . 166

    5.4.2.1.Statut doccupation du logement : La location, une formule encore trsrpandue... 166

    5.4.2.2.Sdentarit /mobilit : Une population installe depuis longtemps.. 167

    5.4.2.3.Priode pour laquelle les mnages veulent rester dans leur logement. 167

    5.4.3.Les formes de sociabilit 168

    5.4.3.1.Relations de voisinage : Une proximit sans intimit... 168

    5.4.3.2.Lieux de rencontre avec les voisins/amis : Une absence despaces

    pnalisante...169

    5.4.3.3.Sentiment de solidarit : Une valeur trs ancre... 170

    5.4.4.Les espaces de lhabit... 171

    5.4.4.1.Achats quotidiens : Des liens fonctionnels avec lespace de la cit.. 171

    5.4.4.2.Stationnement du vhicule : Le royaume de la dbrouille 172

    5.4.4.3.Lieu ou se droulent les loisirs : Privilge du domicile.... 172

    5.4.5.Perceptions et reprsentations du cadre de vie... 173

    5.4.5.1.Opinions concernant la cit : Des cits dprcies 173

    5.4.5.2.Opinions concernant limmeuble : Des immeubles critiqus 1735.4.5.3.Opinions concernant le logement : Des logements investis.. 174

    5.4.5.4.Mnages ayant procd des modifications lintrieur du logement... 176

    5.4.5.5.Transformations effectues dans le logement depuis linstallation. 176

    5.4.5.6.Sentiment de chez soi : Une difficult dappropriation trs marque... 177

    5.4.5.7.Sentiment dinscurit : Une peur au potentiel ambigu 178

    5.4.6.Aspects de la rsidentialisation : Des espaces amendables 179

    5.4.6.1.Les lments pouvant amliorer la cit : Des attentes diverses mais

    complmentaires.179

    5.4.6.2.Les lments pouvant amliorer limmeuble : Lenjeu des espacesintermdiaires. 180

    5.4.6.3.Opinions concernant la pose ventuelle dune clture pour la cit 181

    5.4.6.4.Opinions concernant la mise en place dun systme de tri slectif desdchets. 182

    5.4.7.Les formes de participation : Une citoyennet prsente mais peu visible.. 183

    5.4.7.1.Appartenance une association, comit de quartier, club sportif ou autre... 183

    5.4.7.2.Volont de participation la requalification de la cit..................... 184

    5.4.7.3.Types de participation... 185

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    5.4.7.4.Volont de participer au montage dun ventuel projet de rsidentialisation pourla cit .. 186

    5.4.7.5.Participation aux dernires lections communales .. 187

    5.4.8.Les relations aux puissances tutlaires : Des prrogatives mconnues et desresponsabilits ignores 188

    5.4.8.1.Responsabilit de lentretien de la cit. 188

    5.4.8.2.Responsabilit de lentretien des parties communes de limmeuble ... 188

    5.5. Traitement du questionnaire adress aux acteurs techniques.. 189

    5.5.1.Analyse des entretiens raliss... 189

    Conclusion .... 197

    Chapitre VI : Recommandations et perspectives

    6.1.Quelles formes de rsidentialisation des cits Soummam et Rabia Tahar ? Desobjectifs urbains, patrimoniaux et sociaux .. 198

    6.1.1.Donner de la cohrence et intgrer la ville.. 199

    6.1.2.Qualifier lespace urbain de voisinage... 201

    6.1.3.Lespace rsidentiel : Rhabiliter, Recomposer, dlimiter. 204

    6.1.4.Revaloriser limage du quartier : le rtablir dans la considration. 207

    6.1.5.Rpondre la demande de scurisation : recrer le sentiment de chezsoi .. 209

    6.1.6.Prenniser les actions de rsidentialisation : assurer la participation et grerefficacement.. 210

    6.2.Options de mise en uvre de la rsidentialisation : Dun tat des lieux unedmarche dynamique et stratgique. 212

    6.2.1.La ncessaire mais difficile inscription de la rsidentialisation dans un projeturbain Une dmarche qui ne peut tre que partenariale et qui doit tre

    pilote.. 212

    6.2.2.Une dmarche qui ne peut tre que partenariale et qui doit tre pilote 213

    6.2.3.La ncessit dun diagnostic prcis et partag pour adapter lopration ausite. 214

    6.2.4.Formaliser lengagement des partenaires.. 216

    6.2.5.Une dmarche progressive et volutive.. 218

    6.2.6.Une participation indispensable pour russir le projet 218

    6.2.7.Structurer la dmarche dans le temps 220

    6.2.8.Assurer une gestion post-oprationnelle efficiente. 220

    6.2.9.Renouveler et adapter les moyens de la gestion 221

    6.2.10.Des moyens de financement tourns vers lavenir 222

    6.3.La rsidentialisation : une opportunit pour le passage dune gestion classique unegouvernance urbaine stratgique et de proximit... 223

  • 7/25/2019 Renouvellement Urbain a Bab Ezzouar

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    Conclusion gnrale..... 225

    Bibliographie.... 229

    Annexe... 233

  • 7/25/2019 Renouvellement Urbain a Bab Ezzouar

    10/261

    Index des figures, tableaux, graphiques, cartes et photos :

    Liste des figures :

    Figure

    n

    Intitul Page

    n1 Le Corbusier, les trois tablissements humains. 52 Lunit dhabitation horizontale de Le Corbusier. 53 Lunit dhabitation de Firminy-Vert (France). 74 Lunit dhabitation verticale de Le Corbusier. 75 Immeuble Nid dabeille Casablanca, (Maroc) en 1952. 86 La cit de la Muette Drancy (France) lpoque de sa construction la fin des

    annes 1930.8

    7 La cit du Haut du Livre Nancy (France), les deux barres les plus longues deFrance.

    15

    8 La ligne crnele dun Tanji Pusan (Core du Sud), grand ensemble monumental. 159 La cit Diar El Mahoul. 28

    10 La cit Diar Essaada. 2811 La cit Climat de France, Bab El Oued, Pouillon. 29

    12 la cit La Concorde, Birmandrais. 2913 Une des barres de la cit les Dunes, El Harrach. 3114 Les tapes de la rsidentialisation. 6015 Schma dune unit rsidentielle. 6216 Le fil Vert. Source : Plan local durbanisme /Ville de Grenoble. 6717 Principes de la rsidentialisation de lilot des Buttes Teisseire, Grenoble. 6718 Plan initial en 1997. 7119 Plan densemble du projet. 7120 Aulnay-Sous-Bois, les Merisiers. 7421 Aulnay-Sous-Bois, les Merisiers. 7522 Aulnay-Sous-Bois, les Merisiers. 7623 Aulnay-sous-Bois, Quartiers Nord / La cit de la Rose des Vents rsidentialise. 7624 Vue arienne du quartier avant les dmolitions. 9525 Master plan du projet. 95

    26 et 27 Londres.Stonebridge. 9628 et 29 Berlin.Marzahn 9830 et 31 Barre (R+4) 150

    32 Tour (R+7,R+9) 15133 Plan F3 9me tage (tour) 15634 Plan Plan F3 4me tage (barre) 156

    35 Plan F2 7me tage (tour) 15636 Plan F4 3me tage (barre) 156

    Liste des tableaux:

    Tableaun

    Intitul Page n

    1 Situation du programme de logements en 1977 342 Statut juridique des terrains Bab Ezzouar 1224 Caractristiques des immeubles 1505 Caractristiques du logement 155

  • 7/25/2019 Renouvellement Urbain a Bab Ezzouar

    11/261

    Liste des graphiques :

    Graphiquen

    Intitul Page n

    1 Evolution du TOL de 1966 2009 44

    2 Nombre de logements par cit 1193 CES des diffrents quartiers de Bab Ezzouar 1194 COS des diffrents quartiers de Bab Ezzouar 120

    Liste des cartes :

    Carten

    Intitul Page n

    1 Situation du village retour de la chasse. Source 1092 Bab Ezzouar en 1870 110

    3 Bab Ezzouar entre 1870 et 1962 1114 Bab Ezzouar entre 1962 et 1968 1125 Bab Ezzouar entre 1984 et 1995 1136 Limites et accessibilit la ZHUN de Bab Ezzouar 1167 Caractristiques du sol Bab Ezzouar 1188 Situation des deux cits dans la ZHUN de Bab Ezzouar 1319 Plan masse de la cit Soummam 132

    10 Plan masse de la cit Rabia Tahar 13311 Relation des cits leur contexte urbain 13512 Rseau viaire de Bab Ezzouar 13613 Equipements et activits Bab Ezzouar 147

    Liste des photos :

    Photon

    Intitul Page n

    1 Vue arienne de lUSTHB. 1082 Faade Nord-est de l'htel Mercure 1093 Lotissement Douzi 1144 Cit de la rconciliation nationale (AADL 2) 114

    5 et 6 Une voirie interne dlabre ponctue de nombreux nids de poules 137

    7 Chemin trac spontanment par les habitants 1388 Les automobilistes nhsitent pas envahir trottoirs et alles bordant les immeubles9 et 10 Le stationnement envahit tous les espaces 13811et 12 Rptitivit des blocs de btiments, vides urbains et absence de repres, inexistence

    des trottoirs.139

    13 et 14 Des espaces rsiduels vides, disproportionns et dqualifis o samonclentdtritus, sacs plastics..

    139

    15 Les terrains vagues se transforment en tendues boueuses ds les premires pluies 14116 Certaines pratiques culturelles (schage des peaux de mouton) ne trouvent pas

    despace pour saccomplir141

    17 Un espace impraticable pied . 14218 Les pins de la cit Soummam amliorent significativement le paysage 142

    19 Le suprmarch de la cit Rabia Tahar, peu frquent et mal achaland 14420 La crche de la cit Rabia Tahar ,unique quipement de proximit recens 144

  • 7/25/2019 Renouvellement Urbain a Bab Ezzouar

    12/261

    21 March informel quotidien 14522 Commerces en RDC la Soummam 14523 Commerces en RDC Rabia Tahar 14524 Cachet rsidentiel la cit Rabia Tahar. 14625 Une entre dimmeuble marque par les habitants qui ont amnag une sorte

    dauvent avec des plantes grimpantes

    152

    26 Toutes sortes de motifs et de couleurs pour les ferronneries en faade 15227et 28 Matelas , linge tendu, et paraboles ornent les faades des immeubles cause

    notemment de labsence de terraces accessibles dans la conception153

    29 Les murs des btiments servent de panneaux publicitaires pour les commerants dela cit Rabia Tahar

    153

    30 Des tours poses au hasard sans relle conception ou composition urbaine, desespaces rsiduels entre les blocs nayant aucune vocation.

    153

    31 Vide sanitaire transform en logement la cit Soummam 15532 Entre dimmeuble la cit Soummam 15533 Clture lgre autour de lespace intermdiaire attenant au logement du RDC 15834 Lespace intermdiaire servant de dpotoir 15835 Construction dun escalier pour lamnagement dune entre privative 15936 Amnagement dune entre publique pour un appartement en RDC servant de fond

    de commerce (salon de coiffure).159

    37 et 38 Pratiques rurales en pied dimmeuble 15939 et 40 Pose de clture autour dun immeuble ou dun groupe dimmeubles la cit Rabia

    Tahar161

    41 et 42 La cloture dlimite et marque la transition vers les espaces intmdiaire et permetlamnagement dun parking lusage des locataires du groupe dimmeubles.

    161

    43 et 44 Les espaces xtreiurs ou rsiduels sont investis par des barques pour la vente decigarettes ou encore linstallation de petits quipements pyants de loisirs pour les

    jeunes (babyfoots).

    162

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    Introduction gnrale :

    Sans nul doute, l'un des moteurs essentiels de la production de la ville algrienne contemporaine

    rside dans l'rection sur une vaste chelle de cits dhabitat collectif inspires du modle des

    ZUP franaises et rebaptises ZHUN, terme aujourdhui charg dun pouvoir rpulsif certain.

    Pourtant, il parait rducteur daffirmer aujourdhui que les ZHUN taient une mauvaise solution

    bien que cette allgation comporte une large part de vrit, car le problme de lhabitat en

    Algrie trouve ses origines dans un processus complexe caractris par une convergence de dfis

    voire de difficults auxquels les pouvoirs publics devaient faire face avec des moyens limits.

    La conjoncture de crise du logement qui a prvalu ds les premires annes de lindpendance et

    qui na cess de saggraver depuis a plac la production du logement dans une logique

    implacable durgence exclusivement quantitative, les ensembles collectifs caractre socialraliss postindpendance et qui sinscrivent dans la ligne du plan de Constantine sont

    aujourdhui rejets pour leur densit de population ,leur aspect sale et dgrad ,lexigit de leurs

    logements, ltat dabandon dans lequel se trouvent les espaces extrieures et le dficit en

    quipements.

    La particularit des difficults que posent les grands ensembles dhabitat collectif en Algrie

    rside dans le fait que la conception architecturale et urbaine a vis une occidentalisation de

    lhabitat par la gnralisation de son industrialisation introduite de faon brutale par lutilisationde procds et de techniques importes avec une typification excluant ainsi toute spcificit du

    modle culturel et du mode de vie algriens et dfiant parfois mme climat et site.

    Si la grande majorit des grands ensembles se caractrise par le dnuement et la dsolation-

    avatars du mouvement moderne-elle se distingue aussi et surtout par une conception sgrgative

    o le bti est form surtout de barres organises de faon discontinue entre lesquelles se

    dploient de nombreux vides urbains caractriss par labsence damnagement et donc de

    repres.La ralisation depuis les annes soixante-dix, des zones dhabitat urbain nouvelles, de

    conception architecturales et urbanistiques dsavoues depuis longtemps par la pratique

    occidentale 1 continue dtre en Algrie la seule alternative pour sortir de lenclave de la

    situation de crise qui prvaut, travers tout le pays.

    Ces cits dortoirs ,rejetes en priphrie ,mal intgres ,sous-quipes ,constitues de sries

    prototypes de btiments paralllpipdiques en R+4 et R+5 ,sans composition urbaine sur

    lespace dnud du site , font du conflit quelles gnrent entre les usagers et leur cadre de vie

    1Cf. Henri Lefebvre.Le droit la ville. Paris : Le Seuil, 1968.

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    une question majeure qui doit tre au centre des proccupations des politiques, techniciens et

    autres citoyens et qui sont partie prenante dans la construction dun vritable projet de socit

    avance socialement et prospre conomiquement.

    Cette question est dautant plus prgnante quelle est dactualit, car si nombre de quartiers

    rencontrent des problmes dordre urbain, conomique et social et constituent une vritable

    bombe retardement linstar du modle des ZHUN -entre autres lorigine de la rvolte

    populaire dOctobre 1988- nous voici encore aujourdhui devant un phnomne analogue o le

    schma se rpte inlassablement. En effet, les nouvelles cits AADL ont reproduit quasiment les

    mmes effets formels et fonctionnels nfastes de la procdure ZHUN, et mme si la crise du

    logement a t attnue, quasiment toutes les cits souffrent de leur non achvement et de

    labsence de structures daccompagnement : manque flagrant dinfrastructures scolaires, de

    centres culturels de proximit, de centres de formation professionnelle pour les jeunes chmeurs,

    despaces vertsetc.Dans ce mme registre, les promoteurs privs, nouvel acteur collectif

    sur le march de l'habitat, avancent de nombreux arguments pour justifier l'impossibilit de

    proposer des logements corrects: main-duvre peu qualifie, dfaillance des entreprises de

    ralisation, absence de suivi et de contrle, etc.

    Ds lors la question de la dgradation et de la spirale de dqualification se pose aussi bien pour

    les cits construites dans les annes soixante-dix que pour les nouveaux programmes dhabitat.

    A ltranger, la situation des grands ensembles dans leur berceau dorigine nest gure plus

    enviable, ces formes urbaines qui semblaient la meilleure solution la crise du logement sont

    moins adapts aux volutions rcentes de la socit. En effet les dysfonctionnements dordres

    urbain et social qui taient sous-jacents mergent aujourdhui avec force.

    Larchitecture de ces quartiers fait donc lobjet de nombreuses critiques, cette forme -considre

    comme rvolue- a donc motiv de premires formes d interventions urbaines en sattachant en

    particulier rhabiliter le bti indpendamment de la question sociale, ces actions trop cibles,

    nont pas apport les rsultats attendus et lon sest mis afficher des objectifs trs significatifsen engageant de nouvelles vagues de rhabilitation qui ne sont plus axes sur le logement lui-

    mme, mais bien sur le logement dans son environnement.

    Ces interventions ce sont donc engages dans un processus dvolution particulier de la pratique

    urbanistique : le concept dersidentialisation.

    Problmatique :

    En France, le terme de rsidentialisation apparat la fin des annes 1990 (dans certainesrevues spcialises ds le milieu de la dcennie) et se dveloppe normment partir de 2000

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    avec une multiplication de projets de rsidentialisation qui ont rencontr lengouement et

    ladhsion de nombreux acteurs. En effet, on parle de rsidentialisation dans de nombreux

    domaines comme lamnagement urbain, la politique de la ville ou la scurit.

    Si le terme est rcent, le sens quil vhicule nest pas si nouveau puisque un certain nombre

    darchitectes-urbanistes en dfendaient le principe depuis longtemps.

    Les premires oprations de rsidentialisation qui avaient pour principal objectif de donner une

    identit des ensembles sociaux , en redcoupant lespace, en assurant de meilleures transitions

    entre les espaces privs et les espaces publics et en recrant une forme durbanit- sachvent

    aujourdhui, ce recul relatif peut dores et dj donner lieu quelques analyses.

    Les enseignements qui peuvent en tre tirs constitueraient les fondements dune approche

    renouvele et efficiente pour enrayer la spirale de dqualification voire de dsaffection dontsouffrent les grands ensembles particulirement les ZHUN-en Algrie.

    La rponse la question de la prise en charge du devenir des grands ensembles appelle

    aujourdhui une nouvelle interrogation formule par lensemble des professionnels de

    lamnagement : comment dpasser la situation actuelle, quelle volution est aujourdhui

    permise pour les grands ensembles ? Face la dgradation et la dsaffection de ces quartiers,

    trois hypothses se prsentent :

    Lhypothse apocalyptique :dont le droulement suppose dassumer lide que les tours et les

    barres des cits ont t construites pour une dure limite, le temps dabsorber une trop forte

    pression sur le march des cits est le symptme dune baisse croissante de la pression entrainant

    dirrmdiables difficults de gestion, amenant lus et professionnels quitter le terrain ;laissant

    derrire eux le bidonville sinstaller sur les ruines de la cit. Quitte, dailleurs trouver l la

    fondation dun prochain dveloppement de la ville..

    Lhypothse Zup zro 2: qui suppose de considrer ltat initial des cits comme un tat

    dachvement et par la remise neuf des parties aujourdhui dgrades, tenter de figer les citsdans leur situation originelle retrouve. Et ainsi repartir comme si de rien ntait. Ceci revient

    nier en bloc lhistoire du dveloppement des villes et, comme on le ferait dobjets, intgrer

    dans le construit les notions de renouvellement du march par obsolescence de certains

    composants qui seraient priodiquement remplacs. Le modle initial serait ainsi reconduit.

    2NORDEMANN.F, REBOIS.D, Rhabilitation, des centres anciens aux grands ensembles , TAn 348, Juin-Juillet 1983, p.118.

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    Lhypothse urbaine :qui affirme sa volont de dpasser les handicaps lis la formation des

    grands ensembles en assumant leur possible intgration la ville, moyen et long terme.

    Considrer lpisode des grands ensembles comme un moment dans lhistoire du tissu des

    villes : celui-ci est alors vu comme un morceau de ville, qui se dveloppe ensuite par addition,

    substitution, dtournement assumer lide que celui-ci a pu marquer positivement le

    dveloppement urbain.

    Dans cette optique, diffrentes pratiques damnagement urbain se sont dveloppes sur le

    terrain, ces dernires annes dans de nombreux pays, elles sont motives par une mme

    proccupation, la recherche de solutions aux problmatiques socio conomiques et structurelles

    des espaces dqualifis des grands ensembles.

    Aprs une succession, voire la superposition, des expertises contradictoires qui prtendaient

    rsoudre les problmes de pratiques et dusages sociaux en les rduisant une question de forme

    en soulevant au passage de srieux doutes : est-ce vraiment en transformant physiquement

    les ensembles de logements collectifs quon peut esprer rparer les erreurs du pass et

    redonner droit de cit ces espaces dvaloriss. ?3, lon a finalement consacr le recours la

    rsidentialisation comme remde possible la spirale de dqualification que connaissent les

    quartiers des grands ensembles et au malaise de ceux qui y vivent . Nanmoins, le constat perdure de

    linfinie varit des situations observes et de la difficult den tirer une conception (et donc une

    politique) porte gnrale.

    La conception des grands ensembles comme des plaques tectoniques autistes leur environnement,

    monofonctionnelles et rsistantes la transformation, en a empch toute volution naturelle et

    adaptation un contexte social et urbain spcifiques. LAlgrie, nest pas en reste quant aux

    difficults souleves par ces quartiers, consquence directe dune politique qui est aujourdhui

    considre comme un chec rdhibitoire. Le lourd hritage de cette inertie doit tre gr

    aujourdhui, dans un temps marqu par la pnurie de logements.

    cet gard, il est utile dnumrer les carences et les manques lorigine du rejet de cette forme

    urbaine qui pourtant a suscit beaucoup despoirs.

    En effet, alors quils taient lorigine conus comme des lieux privilgis de lexpression des

    relations sociales, les espaces publics des grands ensembles de dimensions inhumaines,

    indiffrencis et sans identit sont aujourdhui dlaisss, rejets, non appropris ou au contraire

    excessivement appropris, appartenant la fois tous et personne.

    3

    PANERAI.P, in GEOFFROY.G, ODDOS.E.La rsidentialisation en questions. Lyon : CERTU, 2007, Coll. Dbats, n53 .

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    Dun autre cot, labsence de rgles de vie collective et culturelle ainsi que le repli des habitants

    stigmatisent des relations sociales de moins en moins harmonieuses notamment cause de la

    restriction voire la disparition despaces communautaires favorisant le partage et le respect

    mutuel. De fait, lapparition dune logique de scurisation par la mise en place de systmes

    dfensifs et dissuasifs (barreaux aux fentres, cltures, portes dimmeubles scurises) vient

    corroborer ce propos.

    Enfin, Linefficacit des modes de gestions qui sexpriment par une dfaillance dentretien et des

    interventions isoles qui ne sinscrivent pas dans une dmarche globale articulant diffrentes

    chelles et prenant en compte les court et long termes constitue une entrave supplmentaire la

    prennit des interventions.

    La dmarche de rsidentialisation tente dapporter des rponses ce type de problmes et dessolutions visant amliorer le cadre de vie dans les quartiers des grands ensembles, mais elle ne

    trouve utilement place que dans un projet global. En accompagnement doprations de

    restructuration dun quartier, de rhabilitation, de transformation dusage, elle saffirme comme

    un des facteurs dune dmarche de requalification qui saura entretenir la diversit de ses moyens

    dintervention et demeurer capable dvolutions comme de continuits.

    Daucuns y voient un processus de clture, visant sparer physiquement lespace public,

    extrieur, et un espace privatis , proximit immdiate de limmeuble dhabitation, etrserv ses occupants. Cependant la question est plus complexe et les buts poursuivis sont

    multiples. La requalification de limage, que ce soit celle de btiments ou, globalement, dun

    quartier en est une motivation profonde. Les grands ensembles pourront alors tre compris

    comme composantes part entire de la ville de demain.

    Les projets de rsidentialisation dvelopps au cours de ces dernires annes ont connu des

    destins divers, parfois heureux, parfois caricaturaux, voire dramatiques et ont, dans certains cas,

    livr une image drisoire dun processus plus complexe. Les expressions de la rsidentialisation

    sont certes multiples, mais elles nont de sens quattaches une situation locale et ses

    dimensions urbaine et sociale propres cette situation.

    Le projet de rsidentialisation est un des leviers dune transformation profonde et durable de

    lespace du quartier et de ses relations avec le contexte urbain. Elle trouve galement de

    nouvelles rsonances dans la globalit de lespace urbain.

    Rinventer, au sein de chaque grand ensemble, la diversit des lieux, dans leur nature, leur

    perception, leur usage est une juste proccupation, condition den reconnatre les dimensions

    vritables.

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    La conjugaison dobjectifs si diffrents dans leur nature et si proches par leurs interactions fait de

    la rsidentialisation une dmarche dlicate mettre en uvre. Lobservation critique des

    premires ralisations de ce genre nest donc pas superflue, dautant que de nombreux projets

    devraient dvelopper lavenir cette conception.

    De fait, si la rsidentialisation en tant que principe damnagement reste inconnu de la pratique

    urbanistique en Algrie, il nen reste pas moins que ces dernires annes, une prise de conscience

    relle et les prmices dune politique nationale damlioration du cadre bti orientes vers les

    pratiques du renouvellement urbain commencent se mettre en branle.

    Nanmoins, si ces actions se concentrent encore sur une conception assez limitative de

    lintervention urbaine sur les quartiers dhabitat collectif (il sagit en gnral de projets ponctuels

    de densification dcids au gr dopportunits foncires, ou encore doprations

    dembellissement du cadre de vie sans relle assise stratgique) et sont considres comme de

    vastes oprations de repltrage qui ne prennent pas en considration les dimensions sociales et

    mme environnementales dont la rsidentialisation est intrinsquement porteuse , il y a fort

    parier que ce concept finisse par se frayer une place de premier ordre au sein des futures

    politiques urbaines en Algrie.

    Ainsi, face aux problmes que posent aujourdhui les grands ensembles, il est fondamental de

    sinterroger sur les options dadaptation de projets de rsidentialisation en vitant uneapplication standardise et transposable linfini dans le processus de requalification des

    cits dhabitat collectif dans le contexte algrien.

    Objectifs :

    Ce travail fait le point sur un concept la rsidentialisation-une procdure dernire ne du long processus

    de rflexion engage depuis plus de trente ans ltranger sur le devenir dune forme urbaine aussi

    emblmatique que sont les grands ensembles, cette recherche porte donc sur une tentative dclairage et

    de comprhension des principes daction constituant les pratiques de rsidentialisation au sein de projets

    de renouvellement urbain en tentant dvaluer les possibilits dadaptation et dlaboration dune

    approche spcifique de rsidentialisation un contexte aussi particulier et complexe que peut ltre la

    situation algrienne, et ce comme tentative de rponse lchec de la politique des ZHUN, cette

    forme dvoye des grands ensembles.

    Au cours de cette recherche, il sagira daborder les principales questions autour du thme de la

    rsidentialisation pour le rendre plus intelligible et faciliter la conduite de telles dmarches. En

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    dautres termes il sagit dun travail thorique dans un souci de vulgarisation dun concept qui

    nest pas si nouveau que a mais qui na pas encore trouv dcho dans notre pays.

    Nanmoins, ceci na pas pour seule finalit de produire des recettes ou dinventorier des normes,

    Il ne sagit pas, de produire une vision rglementaire de la rsidentialisation, mais de sattacher

    confrer du sens un terme et des pratiques que lon peut considrer comme composantes de

    dmarches de projet urbain. De fait, lobjectif de ce travail est de produire un point de vue

    critique et prospectif.

    En effet, llaboration dune approche de renouvellement urbain axe sur la rsidentialisation

    relve dune complexit extrme qui ne peut tre traite de faon exhaustive et aboutie dans le

    cadre de cette recherche, cest pourquoi, il est ncessaire de la restreindre des aspects qui

    permettent de dfinir les axes importants que comporte la mise en uvre de toute opration de

    rsidentialisation.

    En effet, plusieurs objectifs, non limitatifs, peuvent tre avancs autour de lide de

    rsidentialisation :

    La clarification des enjeux, des modes de faire, des rles et des responsabilits, au

    travers dexemples tangibles.

    Partager et resituer les acquis, et les doutes aussi, dont peuvent tmoigner tous les acteurs

    de la rsidentialisation dans des contextes o ce concept a pu tre mis lpreuve de laralit du terrain : municipalits, lus et services techniques, services de ltat, urbanistes

    et architectes

    Faciliter la comprhension des actions de Gestion Urbaine de Proximit, qui se

    traduisent souvent par la gestion, la rationalisation des responsabilits et le meilleur

    agencement des interventions,

    Identifier les consquences les plus emblmatiques des actions de rsidentialisation :

    privatisation des espaces de pied dimmeuble, clatement de la taille des cits en petitesentits de logements..etc.

    Mesurer les impacts des actions de rsidentialisation sur les habitants et notamment leur

    degrs dimplication et dappropriation de leur nouveau cadre de vie posteriori.

    Rendre compte des modles dadaptation de la rsidentialisation aux diffrentes formes

    urbaines (tours, barres)

    Rendre compte de limportance des facteurs de temps et de mmoire dans limplication

    affective des habitants par rapport aux espaces collectifs et leurs lieux de vie quotidiens.

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    Hypothses :

    1. La rsidentialisation apporte-t-elle une valeur ajoute aux stratgies qui lont prcde, et

    quelles sont les conditions incontournables pour sa mise en uvre efficiente afin que les

    projets de rsidentialisation puissent constituer le fondement dune nouvelle approche

    visant transformer lchec des grands ensembles en moindre mal en misant sur une

    politique urbaine qui sinscrit dans une vritable continuit et une cohrence densemble.

    En effet, Face la constatation de la massification du discours sur la ncessit de renouveler les

    modalits dintervention, les exigences pour que les amnagements raliss soient prennes et

    contribuent la qualit urbaine des cits doivent tre anticipes, car chaque projet ncessite une

    connaissance fine du site, il requiert un rel travail de terrain permettant de recenser dune part

    les dysfonctionnements urbains et dautre part les pratiques et les usages sociaux. De plus de

    nombreuses interventions conduisent des rsultats insuffisants car menes par coups et de

    manire isole voire cloisonne.

    2. Limplication des usagers et la participation citoyenne engagent-t-elles la russite dun

    projet de rsidentialisation en favorisant le sentiment dappartenance, de chez soi et donc

    la contribution la vie du quartier ?

    Touchant au contexte immdiat de lespace domestique, le processus de rsidentialisation ne

    peut se passer dune relation profonde lhabitant. Celle-ci sexprime dabord dans lobservation

    et la connaissance objectives qui prennent en compte les pratiques quotidiennes des habitants, au

    prsent mais aussi, dans une certaine mesure, au futur. Car lvolution inluctable des modes de

    vie en gnral ou de ceux induits par le projet restent anticiper.

    3. Les acteurs en charge de la gestion urbaine sont-ils en mesure dassumer les exigences de

    qualit et de prennit que le processus particulier de rsidentialisation requiert.

    Lorganisation et la coordination des diffrents acteurs publics et privs sont-elles

    envisageables notamment au contact mme des ralits du quotidien et de la proximit ?

    En effet une gestion urbaine de proximit inhrente au projet de rsidentialisation est une

    opportunit pour la remise en cause des pratiques ayant actuellement cours. Elle mobilise une

    pluralit dacteurs avec des domaines comptences diffrencis mais toujours en interaction.

    Ainsi, chaque partenaire doit dvelopper ses propres stratgies dactions en fonction de sa

    culture professionnelle, de son organisation interne, de ses capacits dadaptation mais doitgalement tre en mesure de travailler en partenariat de faon transversale et dcloisonne.

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    Mthodologie :

    Trois angles dapproche pourraient guider cette dmarche de questionnements sur les possibilits

    et les conditions dune mise en place efficace de la dmarche de rsidentialisation dans un

    contexte aussi spcifique que peut ltre le contexte algrien, le projet urbain permet dinscrire

    les dmarches de rsidentialisation sur le long terme pour aboutir finalement une relle

    volution et un renouvellement de ces espaces en prenant en compte leurs traitements dans une

    triple dimension : sociale, urbaine et gestionnaire.

    Dans un premier temps, dun point de vue thorique, il sagit dentreprendre une brve

    rtrospective en effet lhistoire des grands ensembles constituant le matriau pour la

    construction dun sujet de recherche autonome- de lmergence du phnomne des grands

    ensembles, leurs caractristiques, leur volution, leur remise en cause et enfin la place quilsoccupent dans le paysage urbain daujourdhui, cet aspect des choses bien que maintes fois

    explor, trouve toute son utilit et savre ncessaire une analyse conceptuelle autour des

    questions lies au terme de rsidentialisation en tant que telle : utopies sociales, habitat collectif,

    dysfonctionnements urbains et sociaux, requalification, renouvellement urbain, gestion urbaine

    de proximitetc.

    Aprs ce premier niveau de rflexion, et dans un souci de cohrence, le travail sest orient sur

    lexploration des alternatives mises en place pour tenter denrayer le phnomne dedqualification et de dsaffection que subissent les grands ensembles et dont le plus important

    est le renouvellement urbain avec en perspective lengagement dune rflexion approfondie sur

    ce qui constitue le cur de cible de ce travail ; savoir une diffusion du concept de

    rsidentialisation travers ses origines, ses objectifs, ses enjeux et le potentiel de renouveau dont

    il est porteur.

    Dans un troisime temps, sur le plan pratique et dans le souci de rpondre aux questionnements

    soulevs plus haut, la recherche est circonscrite au contexte algrien en faisant ressortir lesspcificits de la problmatique des ZHUN dans le vaste champ des difficults communes cette

    forme urbaine universelle. Cette partie constitue un complment indispensable qui dresse le

    cadre de ltude travers une recherche analytique sappuyant sur un cas dtude en

    loccurrence la ZHUN de BAB EZZOUAR-pour esquisser une valuation de la situation au

    niveau local par rapport aux objectifs thoriques fixs et aux rsultats obtenus en termes de

    rsidentialisation pour des oprations phares et qui constituent une rfrence pour les

    professionnels de lamnagement.

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    De fait, il sagit dune pratique volutive axe sur une analyse thorique que vient complter un

    travail de terrain.

    Afin de pallier une documentation assez restreinte, le recours lenqute directe auprs des

    diffrents habitants, et lobservation en site auront t ncessaires.

    Cela fait, ltape suivante aura t le dpouillement et lorganisation des donnes recueillies

    prsentes ensuite sous formes de photos, de tableaux et de figures pour tre ensuite exploites

    dans une modeste tentative de proposition pour la rsidentialisation du cas dtude.

    Enfin, en dernier lieu la synthse de cette recherche se veut une amorce de rflexion la lumire

    de laquelle il est souhait une prise de conscience quant aux dbats contemporains qui agitent

    les diffrents acteurs et parties prenantes dune bonne gouvernance urbaine et dont la

    participation citoyenne et la gestion de proximit constituent des opportunits pour un renouveau

    des politiques de la ville dans notre pays et contribuer ainsi louverture de nouveaux horizons

    par lintroduction dune dimension plus humaine , ouverte aux ralits mondiales et consciente

    des dfis qui lattendent.

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    Chapitre I :Le phnomne des grands ensembles, de lutopie sociale la

    relgation

    Introduction :

    De lurbanit, cette qualit essentielle reconnue aux lieux, il est aujourdhui question comme

    dune ncessit : la ville prive durbanit est celle qui a perdu tout rapport avec ses habitants. La

    notion durbanit est donc au cur des proccupations et des critiques acerbes que suscitent les

    territoires hrits de lapplication massive des prceptes-quoique dvoys- de lurbanisme

    moderne.

    Ainsi, les grands ensembles ne parviennent plus faire ensemble,en manque durbanit, ils se

    distinguent par une structure architecturale et urbaine atypiques et singulires qui polarise denombreux dysfonctionnements urbains et sociaux.

    En effet, trs rapidement ces nouveaux quartiers en rupture totale avec lurbanisation

    environnante perdent leur crdit dorigine et se voient refuser le statut de ville.

    De fait, le rejet des barres et des tours est la partie la plus vidente du malaise engendr par une

    forme urbaine et architecturale qui, paradoxalement, a fait lobjet dun accueil enthousiaste.

    Demble, il est possible de stigmatiser de nombreuses carences apparues ds la priode de

    construction de ces grands ensembles. Cest dans lurgence que leur dification sentame, sansrflexion approfondie et en nenvisageant quune fonction essentielle de lhabitat : loger. Ctait

    occulter quavoir un toit na jamais suffi pour habiter, cest--dire pour investir ses propres

    valeurs et expriences en vue dune appropriation de lespace de vie.

    Pour tenter de comprendre les mcanismes de cette volution dune situation de consensus

    idologique et dune convergence politique une situation de dgradation et de crise, un bref

    rappel historique constitue un pralable indispensable pour situer le contexte conomique, social

    et politique de lpoque de leur construction dans un premier temps, ainsi que lidentification des

    facteurs ayant prcipit lapparition des indigences qui sy sont dveloppes par ailleurs . Ce

    faisant, il permet de saisir la complexit des relations quentretiennent une socit et son

    environnement bti.

    Il sagit ici dune tentative circonscrite aux lments les plus significatifs susceptibles

    dapporter un clairage par rapport aux objectifs de cette recherche- de comprhension du

    concept de grand ensemble afin de permettre danticiper leur volution et le rle qui leur sera

    dvolu dans la ville de demain.

    1.1.Emergence des grands ensembles : Jalons historiques

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    Lapparition des grands ensembles constitue laboutissement dune longue volution de la

    pense urbaine, des modalits de production de la ville et des conditions dutilisation du cadre

    habit.

    Passant du modle de la ville classique la planification moderne, le dix-neuvime sicle a

    marqu une phase de transition significative dans lhistoire de lurbanisme4.

    Le passage du XIXeau XXeau sicle marque peut tre la plus saisissante rupture que lhistoire

    de larchitecture (comprise selon le sens commun du terme) ait connue depuis quelle est ne

    avec lapparition des villes dans les empires et les cits tats de lantiquit et depuis que pour

    loccident, elle est redevenue consciente delle mme .. 5.

    En effet, de profondes mutations bouleversent la ville du dix-neuvime sicle, consquence

    directe de la rvolution industrielle, la morphologie des villes a connu une volution plus rapide

    et dautant moins contrle que jamais au cours de son histoire.

    Cette dernire sillustre non seulement dans la structure des villes mais aussi dans les modes de

    pense et de conception. En effet, la production du cadre bti nobit plus aux lois de la

    composition urbaine et de lart urbain hrits des lumires6, mais plutt aux impratifs dun

    capitalisme effrn qui a entrain ltalement des villes en raison notamment du dveloppement

    des moyens de transport.

    De fait, lon assiste en quelques dcennies seulement lavnement dun paysage urbain

    caractris par une dsorganisation fonctionnelle et formelle gnralise rsultant de la

    juxtaposition et de la superposition des tissus anciens mdivaux et classiques lapparition de

    priphries constitues de quartiers ouvriers o logements ctoient usines et entrepts.

    .Ce noyau a une structure qui sest forme auparavant, il renferme les principaux

    monuments -glise ou palais- qui souvent dominent encore le panorama de la ville, mais il

    devient subitement le centre dune agglomration humaine beaucoup plus grande, les rues sont

    trop troites pour contenir un trafic en expansion, les maisons sont trop petites et trop

    compactes pour abriter sans inconvnients une population plus dense () la priphrie nestpas un fragment de la ville dj constitu comme les agrandissements baroques ou mdivaux

    ,mais un espace libre o sadditionnent un grand nombre dinitiatives indpendantes . partir

    4BOUCHERIT.S.Lutilisation du projet urbain dans la requalification des grands ensembles (un passage dunegestion traditionnelle vers une gestion stratgique).Magistre en Urbanisme et Architecture. Constantine :Universit Mentouri de Constantine, 2005,p.5.5

    FREITAG.M,Architecture et socit.

    Bruxelles : Saint MartinLettre vole, 1992,

    in SAIDOUNI.M.

    Elmentsdintroduction lurbanisme : histoire, mthodologie, rglementation, Alger: Casbah, 2000, p.252.6Mouvement philosophique qui domine le monde des ides en Europe au XVIIIe sicle.

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    dun certain nombre ,ces initiatives se fondent en un tissu compact qui na cependant t ni

    prvu ni planifi7

    Sur les plans politique et intellectuel, la ville de lge industriel est le lieu dun riche

    foisonnement dides mais aussi de conflits sociaux naissants, en effet, elle constitue le lieu

    privilgi o se ctoient les symboles du dveloppement et de la modernit, mais aussi les

    retombes ngatives des grandes mutations tant conomiques que techniques de la socit :

    lexplosion dmographique, la pousse brutale de lurbanisation, le changement du rapport au

    temps et au travail, la mercantilisation des rapports sociauxetc.

    Laccumulation des effets pervers du progrs entrainera rapidement la dgradation des

    conditions sanitaires et dhygine de populations entasses dans des bouges8, la prolifration

    dpidmies meurtrires qui ont ravag lEurope occidentale font prendre conscience de la

    prcarit des conditions de vie dans les quartiers populaires et ont donn lieu de vifs dbats

    idologiques sur la ncessit et les modalits dintervention susceptibles dendiguer le

    phnomne.

    1.1.1. Les idaux hyginistes : Avnement des utopies urbaines

    Dans le contexte chaotique de la ville de lge industriel, intervenir devient une ncessite et

    polarise lattention des intellectuels en premier lieu, ainsi sont apparues les utopies urbaines du

    dix-neuvime sicle.Les efforts des personnes prives en faveur du logement ouvrier permettent des avances

    considrables. Le mouvement philanthropique exprimente de nouveaux modes doccupation,

    comme la cooprative dhabitation, et institue les premires socits but non lucratif.

    Cest ainsi que les utopistes de la fin du XVIIIe jusquau dbut du XXe sicle ont propos

    dabord des organisations spatiales innovantes pour la collectivit. Pour ce faire, la normalisation

    de lespace, le contrle de la ville travers le rglement urbain deviennent une proccupation de

    premier plan exprime notamment dans les uvres de Fourier, Owen, Cabet ou encore Godin et

    Garnier et qui tmoignent dun vif dsir dun espace standardis et dune ville fortement

    rglemente, saine et maitrise.9

    Paralllement la recherche de lhygine physique, se dveloppe la notion dhygine sociale ou

    morale. Un habitat sain pour tous devrait garantir la formation et lducation de la masse des

    citadins. Les cits ouvrires ou patronales cristallisent la notion de plan type : lespace fait de

    7BENEVOLO.L.Histoire de la ville. Paris: Parenthse, 1983, p.15.8

    GRAFFLY.R.Logement social et Etats-providence europens [en ligne].Centre dEtudes et de Recherches deScience Administrative - CERSA / CNRS-UMR, 2009.9CHOAY.F.Lurbanisme : utopies et ralits, Paris : Le Seuil, 1979, p.53.

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    parcelles alignes sur un mode rcursif et marqu par quelques btiments centraux symboliques

    garantit un minimum de vie en communaut.

    Au vingtime sicle, ce mme schma prend une toute autre ampleur. Les problmes quantitatifs

    imposent limmeuble collectif sous forme de cits jardins, dHabitations Bon March (HBM)

    ou dHabitation Loyer Modr (HLM), pour finalement aboutir aux grands ensembles

    dhabitat, alliant la rglementation et les procds techniques industrialiss.

    Plus tard, la crise du logement engendre par le contexte historique conscutif la fin du

    deuxime conflit mondial a prcipit les vnements en justifiant la mise en application grande

    chelle des principes fonctionnalistes exprims dans la Charte dAthnes dans un style

    totalisant, paternaliste et rglementaire .10

    1.1.2. La charte dAthnes : Une assise idologique

    Le mouvement moderne travers luvre crite de Le Corbusier et les travaux des Congrs

    Internationaux dArchitecture Moderne (CIAM) constitue le substrat idologique dune pense

    qui prconise une nouvelle forme urbaine adapte au dveloppement des techniques et

    lampleur des oprations.

    Les CIAM ont servi de caisse de rsonnance aux ides de Le Corbusier, qui ntaient pas

    seulement les siennes mme si son influence y a t dcisive. Rsume dans la charte

    dAthnes, manifeste de larchitecture moderne publie en 1942 et considre comme le rfrent

    absolu en matire durbanisme moderne , la doctrine des CIAM a sans doute constitu au XXe

    sicle lun des modles urbains les plus influents. Sa volont dlibre duniversalisme, son

    humanisme et son progressisme affichs ont jou un rle dterminant dans son expansion.

    La charte dAthnes proposait didentifier puis de considrer sparment dans lespace les

    principales fonctions urbaines (travailler, se divertir, circuler, habiter) en affirmant que soleil,

    verdure et espace taient les trois premiers matriaux de lurbanisme.11

    De fait, un nouveau modle de ville est cre pour le bien de la collectivit et dans lequel lelogement est privilgi et la nature largement introduite.

    .la charte propose la cration despaces libres en partant des possibilits offertes par la

    technique pour lever des constructions hautes qui implants grande distance lune de lautre,

    librent le sol en faveur de larges espaces verts. Cependant aucun espace public accueillant la

    10CASTRO.R, in RIBOULET.P.Quelles nouvelles formes urbaines et architecturales pour les grands ensembles,

    Actes du sminaire de lassociation URBAPONTS tenu le 9 Novembre 2000.p.13.11JEANNERET.C-E dit LE CORBUSIER La charte dAthnes. Paris : Seuil, 1971in TOBELEM-ZANIN.F.Laqualit de vie dans les villes franaises.Rouen : Publications universitaires Rouen-Havre, 1995, p.24-30.

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    vie urbaine et ses vnements forts nest voqu dans le systme sauf sous la forme de grands

    parcs urbains.12.

    Figure 1 : Le Corbusier, les trois tablissements

    humains. Source F.L.C/Adagp.Figure 2 : Lunit dhabitation horizontale de Le

    Corbusier. Source F.L.C/Adagp,

    Dans les annes trente et quarante, en France, en Italie, aux Pays Bas et mme en Grande

    Bretagne, les programmes de logements de ce type se multiplient.

    Au sortir du deuxime conflit mondial, de grands travaux de reconstruction des villes dtruites

    par les bombardements et lurgence de production de logements prcipitent lapplication massive

    des prceptes de la charte dAthnes, de nouveaux procds dans le domaine de la construction

    sont mis au point : la prfabrication et lindustrialisation en sont la pierre angulaire.

    Cette conjonction de facteurs historiques conomiques et socitaux a donc favoris la naissance

    de cits en barres et en tours amnages en priphrie, assujettie la logique rigide dun zoning

    spatial bas sur une discrimination des activits humaines : travailler, circuler, habiter, se

    distraire, chaque fonction rclamant son espace propre. La rue traditionnelle fait place un

    amnagement d'units largement ouvertes, sur des espaces libres o la nature fournira le cadre

    ncessaire au dveloppement de la personne humaine. Les espaces verts reprsenteront eux

    seuls 72 % de la surface du terrain utilis. La voie d'accs y pntrera pour s'y intgrer, et non

    pour y matrialiser comme autrefois, l'alignement des immeubles. Dans cet ensemble baign de

    lumire et o la libert de vie reste entire, la densit d'occupation sera plus forte que dans

    certaines de nos villes, o le contour au sol des immeubles s'aligne sur les irrgularits de forme

    12Ibidem.

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    des lots. Et cependant la famille y trouvera le cadre naturel le plus propice son

    panouissement. Tels sont les signes tangibles d'un humanisme moderne 13

    1.1.3. Le grand ensemble : De lidologie au pragmatisme

    Les grands ensembles sont la matrialisation de la convergence de plusieurs doctrinesurbanistiques qui ont trouv chez les dcideurs et les professionnels de lpoque un cho

    extraordinaire. Toutefois, les conceptions du mouvement moderne ont t accapares et

    dvoyes de leurs objectifs premiers, il en est sorti une vulgate de lespace moderne devenu le

    paradigme de toute dmarche urbanistique .14

    Pour certains les thses de Le Corbusier ont avant tout servi les penses technicistes offrant

    ainsi aux pouvoirs publics et autres acteurs de la ville un argumentaire implacable, car

    indubitablement, les grands ensembles sont le produit non pas dun libralisme conomique maisont bien vu le jour dans des contextes o le rle de ltat est prminent, en effet, les logiques de

    contrle et de planification de la part de la puissance publique ont systmatiquement prsid

    leur construction. De plus, ils apparaissent comme une solution arrivant point nomm dans des

    contextes de destruction lie des conflits, de crises importantes, de pnurie de logement. Ils

    cristallisent, enfin, la foi un refus de la pauvret et de la misre sociale et une aspiration des

    conditions de vie acceptables .15

    13SPINETTA.A : secrtaire dtat franais la construction et au logement de1956 1957 , extrait du discoursprononc lors de la visite de lunit de voisinage de Beaulieu, Saint-Etienne, 1953, in PAQUOT.T, FOURCAUT.A.

    Les mmoires des trente glorieuses ,Urbanisme,

    Janvier-Fvrier2002, n322, p.39.14DUFAUX.F, FOURCAUT.A.Le monde des grands ensembles, Paris: Craphis, 2004, p.56.

    15Ibid.

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    Figure 3 : Lunit dhabitation de Firminy-Vert (France).

    Source F.L.C/Adagp.

    Figure 4 : Lunit dhabitation verticale de Le

    Corbusier. Source F.L.C/Adagp,

    1.1.3.1.Tentative de dfinition

    Le Grand ensemble savre difficile saisir en raison de labsence de consensus autour de

    sa dfinition, l'expression elle-mme pose problme: elle dsigne en mme temps une forme (les

    barres et les tours), une taille de plus de 500 ou 1000 logements16, une localisation en banlieue

    ou sur le territoire de la ville-centre, mais en rupture avec celle-ci, un mode de conception

    globale avec des quipements prvus ou construits et un zonage privilgiant l'habitat seul.

    L'expression apparat pour la premire fois dans le titre d'un article de l'urbaniste Maurice

    Rotival dans L'architecture d'aujourd'hui de juin 1935 intitul Les grands ensembles dsigns

    comme un des lments structurant de lurbanisme progressiste, qui trouve son organe de

    diffusion dans un mouvement international ; le groupe des CIAM .17

    Dans les annes cinquante, l'expression se gnralise ; les btiments sont dsigns par leur

    nouveaut - villes nouvelles, cits nouvelles, cits satellites, ville neuve, unit d'habitation ou de

    voisinage. Quoi quil en soit, une certaine adhsion gnrale semble se former autour de la

    dfinition suivante : le terme grand ensemble dsigne des groupes dimmeubles locatifs de

    grandes dimensions, implants dans zones damnagement ou primtre dexpansion urbaine

    spcialement dlimites 18

    Aujourdhui, ce type dhabitat est appel habitat social , habitat collectif , habitat de

    masse, citsetc.

    16

    Limite fixe pour les Zone Urbaniser en Priorit(ZUP) en France en 1959.17PAQUOT.T, FOURCAUT.A, op.cit.,p.40.18CHOAY.F, MERLIN .P.Dictionnaire de lurbanisme et de larchitecture, Paris : PUF, 2005, p.320.

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    Figure 5 :Immeuble Nid dabeille Casablanca,(Maroc) en 1952. Source :IFA

    Figure 6 :La cit de la Muette Drancy (France)

    lpoque de sa construction la fin des annes

    1930.Source :Shoshany.C

    1.1.3.2.Caractristiques gnrales:Une opposition la ville classique

    Les grands ensembles sont le rsultat dune pense qui prnait la fois la collectivisation du

    foncier et lautonomie du bti et de la voirie, et prparait lclatement du tissu. Ce serait le

    point extrme daboutissement du processus de dsintgration de lurbain 19.

    Concrtement ce systme prvoit des constructions hautes qui, implantes grande distance

    lune de lautre, librent le sol en faveur de larges surfaces vertes 20,et lirrigation du territoire

    par sept types de voies, dfinies par leur usage fonctionnel et circulatoire, mais nvoque aucun

    espace public accueillant la vie urbaine et ses vnements forts, sauf sous la forme de grands

    parcs urbains.

    Ce faisant ,Les notions de rues, places, espace public avec tout ce quelles intgrent de signifiant

    et de complexe comme support de la vie publique sont abolies dans les grands ensembles,

    dsormais remplaces par les rues intrieures, la rue clate en voiries diffrencies et en

    rues intrieures, la rue ne devant plus tre un corridor, le corridor devient la rue 21, en effet,

    les plans masse dsignent lespace public en terme de vide. De plus le schma sur lequel repose

    le fonctionnement des grands ensembles leur est propre, conu indpendamment du tissu urbainexistant.

    De fait, de vastes tendues de terre sont dgages lcart des centres villes sur lesquelles sont

    implantes suivant la logique du zoning des barres et des tours, cette approche implique une

    19BERNIER.N,Les espaces extrieurs des grands ensembles ; comment assurer larticulation entre espaces publicset privs dans les oprations de renouvellement urbain, Master en Urbanisme et Territoires, Paris : Paris XII, 2007,

    p.21.20CHOAY.F, MERLIN .P,loc.cit.21Ibid.p.142.

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    distribution de lespace en secteurs consacrs une vocation unique, la ville, son histoire ses

    rapports sociaux en sont dfinitivement exclus.

    Ainsi, les tissus composant les grands ensembles caractriss par la juxtaposition dunits bties

    et du rseau viaire sopposent radicalement limbrication et la cohsion du bti et du non bti

    des tissus de la ville classique.

    Le grand ensemble : Un paradigme nouveau

    Les grands ensembles sont le rsultat dun processus de rationalisation qui rompt avec les

    techniques, matriaux et styles du pass, faisant table rase de la dimension historique et de

    lhritage du phnomne urbain : Les grands ensembles sont des modles architecturaux de

    type nouveau, sans aucune rfrence historique22.

    Par souci dhygine dordre et de fonctionnalit, les reprsentants du mouvement moderne ontinstaur leurs principes propres en matire darchitecture et durbanisme, ceux-ci constituent

    lexpression dune volont dinnovation absolue sillustrant par :

    La rupture avec les styles et les traditions du pass

    La cration dun nouveau vocabulaire architectural : toits-terrasses, murs rideaux,

    pilotisetc.

    Lutilisation de nouveaux matriaux : acier, bton, ce qui a permis datteindre des

    possibilits structurales infinies (notamment la construction en hauteur) Lutilisation de procds et techniques industriels et lintroduction de notions de

    prfabrication et de standard.

    Le rejet de lornementation : larchitecture moderne se veut pur voire dpouille

    exclusivement productrice de formes et de volumes.

    Lmergence de nouveaux paradigmes : tels que la machine habiter de Le

    Corbusier ou la notion d aesthetics of number de Aldo Van Eyck.23

    La ville est alors un objet dont les composants standardiss sont rpartis dans lespace selon unordre fonctionnel et gomtrique, cette idologie de la table rase -o la ville fonctionnelle

    devait se substituer lobsolte ville classique- bien quissue dune rflexion scientifique et non

    dnue dintrt sapparente plus une approche planificatrice qu une vritable composition

    urbaine.

    22

    BOUCHERIT.S., op.cit.,p.10.23CAPANNANI.L.Habitat collectif mditerranen et dynamique des espaces ouverts, Laboratoire ACS-Universitde Paris VIII, 2002, p.5.

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    Les thories fonctionnalistes et lamnagement rationnel de lespace ont eu pour effet de

    propager rapidement lutilisation de procds de production mcaniques et simplifis qui ont

    permis dindustrialiser le secteur du btiment. Au-del de lutilisation systmatique de matriaux

    nouveaux tels que le bton et lacier, il sagissait dannexer les mthodes de lindustrie en

    sappuyant sur une analogie avec le dveloppement des secteurs de pointe tels que lautomobile

    et laronautique. A chaque niveau dintervention sur le bti, les lments semboitant les uns

    aux autres vont constituer une chaine complte du pilier la ville 24

    La forme : Expression dune volont implacable

    Lapplication plus ou moins rigoureuse des nouvelles thories urbaines du mouvement moderne

    a dtermin pour une large part la forme des premiers grands ensembles.

    Les constructions se dveloppent en hauteur, poses sur pilotis pour valoriser les espacesextrieurs et permettre une libration maximale du sol entrainant ainsi la disparition du rapport

    entre faades et rues, les btiments noccupent plus quune faible partie du sol ( peine 10%),

    isols les uns des autres et implants sur un tapis de verdure car dsormais rien ne doit tre reli

    rien, lunit dhabitation na pas de sol, elle le refuse, elle sen carte, se penche sur pilotis,

    sabstrait 25

    La recherche de la puret formelle a quant elle engendr des formes standard et homognes : de

    masses rectangulaires toitures plates. Les espaces sont dnus de symboles ou de rfrencesquelconques. Il nya pas de hirarchie, ni dentre daxe ou dlment dappel et enfin pas de

    limites. Les faades sont constitues de fentres isoles sur des murs qui ne sont plus que des

    crans et multiplies linfini, la gomtrie qui ordonne le modle progressiste est trs

    lmentaire. Elle consiste essentiellement disposer des lments cubiques ou

    paralllpipdiques selon des lignes droites qui se coupent angle droit 26

    Les barres et les tours dessinent ainsi la ville, avant les rseaux et les rues, la trame viaire ntant

    conue que dans une perspective purement circulatoire.

    Il sagit en quelque sorte dune ngation du sol, conduisant la constitution dun lot vertical

    .La composition densemble relve en fait dune pratique picturale, ne faisant pas rfrence

    lenvironnement. Dsormais vue vol doiseau, la ville est une maquette : collection dobjets

    que lon manipule comme des briquets sur un prsentoir 27.

    LHabitat : une fonction prminente

    24Techniques & Architecture, Novembre 1979, n327, p.73.25

    CASTEX.J, PANERAI. Ph, DEPAULE.J-C.Formes urbaines, de lilot la barre

    , Paris : Dunod, 1980, p.140.26CHOAY.F,op .cit.,p.215.27CASTEX.J, et al., op.cit. ,p.132.

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    La question du logement ayant pris une place primordiale pour les raisons voques plus haut,

    lon esquisse la structure des premiers grands ensembles en privilgiant le modle dhabitat

    propos par Le Corbusier. Celui-ci dtermine un lment initial : la cellule dhabitation faisant

    partie dun ensemble : lunit dhabitation. Les immeubles se dveloppent en hauteur ils

    comportent toujours un minimum de quatre niveaux au dessus du rez-de-chausse, et sont

    souvent disposs en querre, en quiconque ou en toile.

    Lalignement le long des voies de communication est aboli, librant ainsi le sol dautres fins, la

    rue et le parcellaire disparaissent au profit des barres et des tours. Les espaces extrieurs doivent

    tre libres car est privilgi lespace de la vue dgage depuis le logement, assurant la

    circulation de lair, de la lumire, du soleil Lespace doit tre libr sous limmeuble supprimant

    ainsi les logements en rez-de-chausse et le rapport du passant est rduit la simple

    contemplation Il ny a donc pas de transition entre lespace extrieur et limmeuble.

    La sparation des flux : Primat de lautomobile

    En 1963, un rapport du Ministre britannique des transports a galement eu une influence

    dterminante sur les concepteurs des grands ensembles28. Il propose lassociation du plan masse

    et du trafic, travers une sgrgation des trafics et une hirarchisation des voies. Il tablit la

    ncessit de sparer, dans les secteurs forte valeur urbaine, le trafic des automobiles de celui

    des pitons, dans une perspective de rationalit et de scurit. Les pitons et les cycles sont en

    consquence moins pris en compte dans la conception des quartiers. Ce dispositif - le plus

    souvent termin en impasse dans des parkings ciel ouvert -influe directement sur les flux de

    circulation en sparant les voies rapides des rues de desserte des quartiers mais aussi et surtout

    en rservant des itinraires spcialiss, souvent dnivels aux pitons.

    Lautomobile constitue dlibrment le seul accs aux grands ensembles et le seul lien entre les

    logements et le monde extrieur pour des quartiers conus sans pitons, sous linfluence dun

    modle amricain associant automobile et modernit29.

    1.2.Les grands ensembles aujourdhui : une urbanit avorte

    1.2.1. Un modle qui na pas pris

    28BERNIER.N, op.cit. , p.22.29Ibid.p.24.

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    Toute ville est la trace de modles urbains historiques lis aux conditions culturelles ,techniques

    ,conomiques de leur production, mais surtout porteurs de signification ,capables de servir dans

    le temps des usages trs diffrents. Malgr leurs carences, les grands ensembles nchappent

    pas cette rgle. Mais , la diffrence des autres quartiers dune ville, leur sens nest pas

    rechercher dans un systme de valeurs urbaines et architecturales que le temps et lusage auraient

    valids (un modle qui aurait pris),mais justement il se rduit signifier ses conditions de

    production sans avoir permis lappropriation du projet appropriable, avec le temps.

    Le modle du grand ensemble ne se donne pas tant lire travers son rseau despaces publics

    dans la richesse des relations entre dedans et dehors ,dans les squences dvnement urbains

    quil provoque ,mais il se donne lire comme une trame de zonage simple lusage du

    planificateur ,comme un plan masse homogne refltant la prsence dun architecte en chef,

    comme une rptition architecturale rentable pour les bureaux dtudes et efficace pour les

    pouvoirs publics, comme un assemblage de panneaux lourds aux joints grossiers facilement mis

    en place par une main duvre dqualifie.

    Une premire carence est sans doute sa coupure du reste de la ville, son indiffrences vis--vis

    des autres quartiers, son plan masse autonome, sans continuit avec le tissu qui lentoure. Ce

    sont des quartiers conus de manire autarcique 30 , en opposition complte avec

    lenvironnement urbain et dont la seule fonction est dhabiter. Ces cits dortoir pour pouvoir

    accder dautres activits nont aucune autre possibilit que de communiquer avec les

    alentours. Ce sont des poches immenses de quartiers privs, entours par la ville, ses voies, ses

    espaces, qui ont un statut public. Il ny a rarement pas plus dune entre par grand ensemble. Une

    grande voie irrigue la priphrie du grand ensemble et les voies de distribution ne sont que des

    boucles et des impasses, la voirie nobit aucun dessin rat ionnel. Les voies priphriques de

    ces grands ensembles sont une vritable frontire entre deux mondes ; on ne les traverse pas,

    mais on les contourne ou on sy perd .31

    Une seconde faiblesse est celle de sa volumtrie ,et du jeu spatial limit quelle induit :unelogique rptitive de barres et de tours discontinues dont la liaison est assure par des dessins en

    plan de grandes figures gomtriques simples (carr, rectangle,.) qui le font ressentir

    comme une succession dobjets poss cote cote ,sans capacit induire des espaces publics,

    des continuits bties, des squences urbaines. La ville classique est une dialectique de pleins et

    de vides, le grand ensemble est un grand vide indiffrenci sur lequel sont poss les btiments.

    30

    GONIN.J.La rsidentialisation des grands ensembles, Rapport de Mmoire de fin dtudes en architecture eturbanisme. Marseille : ENSA de Marseille-Luminy, 2006, p.19.31Ibid.

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    Enfin, la structure du plan masse induit un dcoupage du grand ensemble en sous-ensembles :

    le modle type, cest un grand axe central autoroutier qui distribue des tranches de logement

    dont il est toujours malais de reprer le dcoupage ailleurs que sur plan .32

    La notion de quartier, ensemble rsidentiel structur autour de btiments publics, despaces

    collectifs hirarchiss pour tre reprables est inexistante dans le grand ensemble et ce contraste

    entre la ville existante et les nouveaux quartiers est galement renforc par lloignement

    physique des grands ensembles.

    1.2.2. Uniformit et monotonie

    Paradigmes de lapplication de procds industriels et dune standardisation de la conception et

    de la ralisation, les grands ensembles ont constitu la solution en termes de quantits aux

    problmes damnagement, niant ainsi les notions de qualit architecturale et urbanistique etfaisant table rase de lhritage du pass et des spcificits de chaque site. Mais, les grands

    ensembles, c'est aussi une volont dimposer une procdure normative qui a durablement

    marqu les dispositifs institutionnels et politiques dont les grands ensembles sont la fois

    l'espace stratgique de dploiement et le lieu symbolique dont ils tirent l'argument de leur utilit

    sociale des diffrents contextes dans lesquels ils ont t massivement appliqus.

    De fait, uniformisation, monotonie et absence dharmonie composent lespace et le paysage

    urbain des grands ensembles.La typologie architecturale est ainsi conditionne par le diktat de lindustrialisation qui permet de

    produire sur un plan purement technique nombre dlments entrant dans le procds

    constructifs modernes, dans ce sens la banalit et la monotonie sont aussi bien imputables au

    manque dimagination et de savoir faire des concepteurs quaux contraintes des techniques de

    prfabrication elles mmes 33

    La notion despace public support de lurbanit et indispensable la vie communautaire de la

    cit, a elle aussi disparu. Dsormais ces espaces sont disposs mais mal dfinis et mietts,

    exempts de tout symbole ou lments dorientation et sans aucun repaire, ne faisant aucune

    rfrence historique ou culturelle.

    En effet, lapplication dvoye des recommandations de la charte dAthnes a conduit la

    notion de perte de lieu, remplace par lespace standard et universel, par le non-lieu et le

    nulle part mal accepts par les habitants.

    32

    Ibid.p.21.33BONACORSI.G,Lanalyse urbaine : morphologie et architecture,Actes du colloque international tenu Oranen Dcembre 1987, Alger: ENAG, 1989, p.286.

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    Ainsi, le processus de rationalisation a laiss dans la ville et dans les grands ensembles la

    trace physique de ses limites :

    La mort de lespace public

    Lmergence dun espace continu, monotone et sans qualit, sans rfrences historiques.

    La prminence dune logique de sectorisation

    La perte de la notion de lieu

    La monotonie est bel et bien prsente et les diffrents volumes ny changent rien. Il est vrai qu

    lchelle dune maquette ces blocs ne sont pas monotones, mais cest lchelle du piton que

    sont perue la monotonie des faades, la pesanteur quelles dgagent par leur taille, et non le

    skyline quelles dcrivent. Dsormais au lieu de linconvnient de la salet et du dsordre,

    nous avons maintenant lennui de lhygine. Le taudis matriel a disparu, cest fait, mais quest

    ce qui la remplac ?rien que des milliers de nulle part organiss et personne ne sent quil

    est quelquun dhabitant quelque part 34

    1.2.3. Monumentalisation et gigantisme

    Constituant jusqu' 80 % du parc de logements de certains pays35et marquant visuellement de

    leur monumentalit les banlieues contemporaines, les grands ensembles sont des constructions

    caractrises par une taille importante des programmes-souvent plus de mille logements-qui faitfigure d'exception dans l'histoire du logement social, autant que par leur architecture de tours et

    barres.

    Figure 7 : La cit du Haut du Livre Nancy (France), Figure 8 : La ligne crnele dun Tanji Pusan

    34VAN EYCK .A, in JENKS.C.Mouvements modernes en architectures. Wavre : Mardaga, 1987, p.463.35GEOFFROY.G, ODDOS.E.La rsidentialisation en questions, Lyon : CERTU, 2007, p.91.

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    les deux barres les plus longues de France.

    Source : SKe

    (Core du Sud), grand ensemble monumental.

    Source Thierry.B

    De fait, il y a eu avec la production des grands ensembles, une monumentalisation du logement

    travers ces mmes tours et ces barres36. Historiquement, la forme urbaine a toujours hirarchis

    les difices de telle sorte que le logement soit soumis ldifice communautaire : la mairie, lethtre, le lieu de culte, laffaire prive tait subordonne laffaire collective, curieusement

    avec les grands ensembles, on procde une sorte de sublimation de lentreprise publique du

    logement, sa monumentalisation, et une affaire prive (le logement) est paradoxalement place

    dans des tours monumentales.

    En consquence, le caractre impersonnel et le gigantisme du cadre de vie sont mal ressentis par

    les habitants des grands ensembles. En effet, ce milieu urbanistique programm, rduit le rle de

    lhabitant celui de consommateur, qui subit les revers dun urbanisme de contraintes. Cedernier se soucie peu de ses dsirs et souhaits. Cette situation a invitablement provoqu une

    appropriation inattendue.

    1.2.4. Absence de densit

    Tout espace urbain est caractris par des lments de nature diverse mais spcifiques qui

    constituent sa personnalit. Ces lments sont perus par leur nature propre, leur forme qui les

    identifie dans le tissu urbain et par leur rptition, leurs liens gographiques et fonctionnels qui

    assurent lhomognit du cadre de vie. Dans lespace du grand ensemble, cette relation estcompltement rompue.

    Le credo du Mouvement moderne, lespace libre , sest matrialis de faon dramatique dans

    les oprations de construction des grands ensembles. Les espaces extrieurs y sont bien plus

    importants que dans la ville classique.

    Sur le plan spatial, lespace des grands ensembles est caractris par labsence de densit. Bien

    que lhabitat collectif discontinu reprsente en gnral une part importante des surfaces bties

    dune ville, le caractre morphologique des grands ensembles prsente de trs faibles densits.Ce nest pas tant la densit, moyenne et souvent faible, qui le montre, mais plutt les emprises au

    sol trs faibles. Alors que dans la ville classique prs de 40% du sol est bti, cette

    proportion tombe environ 15% dans les grands ensembles . Lespace libre atteint donc

    85 % dans certains cas emblmatiques.37

    De plus, le dcoupage fonctionnel des activits de la ville qui correspond un zonage rigide des

    fonctions et une simplification extrme des mcanismes de la cit, fait que chaque fonction

    36

    PINSON.D. La monumentalisation du logement, larchitecture des ZUP comme culture .Les cahiers de larecherche architecturale, 1996, n38-39, p.15.37GEOFFROY.G, et al.,loc.cit.

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    correspond un espace urbain. Cette logique de schmatisation extrme a provoqu donc une

    fragmentation de lespace de la ville, qui se conoit dsormais par la juxtaposition de zones

    monofonctionnelles. Dans ce contexte, les grands ensembles sont souvent coups de la ville.

    1.2.5. La notion de quartier : Une ide vide de sa substance

    Par leur logique de production, dorganisation et leur degr dquipement, les grands ensembles

    nont pu intgrer la notion de quartier. Cette dernire renvoie essentiellement la diversit des

    services proposs, qui lui procure une certaine autonomie par rapport au centre de

    lagglomration, la notion de proximit dans lusage et la diversit fonctionnelle et formelle.

    Dans ce sens, le vritable confort des logements, la richesse et la quantit des espaces libres,

    les facilits de dplacement lintrieur des nouveaux quartiers de la ville et surtout de ceux qui

    sont mieux quips, plus anims, particulirement au centre ville.. 38

    Dans ces quartiers, les quipements ont en gnral t peu nombreux au dpart. Destins

    uniquement lhabitat, leurs espaces nont bnfici que de quelques quipements

    daccompagnement. Ces derniers sont souvent issus de programmes administratifs et grilles

    dquipement ne prsentant aucune diversit fonctionnelle, ni animations.

    Des amliorations progressives ont eu lieu mais les localisations sont frquemment

    illogiques et les choix inadapts aux besoins et aux usages.

    Une carence supplmentaire est souligner : lhtrognit entre quipement et logement. Ontrouve des variantes sur la manire dont leur rapport a t conu. Quelquefois les quipements

    sont regroups lextrieur des logements, coups par une route sur un modle de sgrgation

    pure et simple. Dautre fois, la technique du saupoudrage a conduit disperser les logements.

    Mais il ny a jamais de liaison physique, structurelle, entre lquipement et lespace rsidentiel.

    Une mme htrognit se retrouve dans la manire dont les espaces libres sintgrent au

    bti.

    1.2.6. Le parcellaire : Ou lincohrence pour principe

    Les modes de production de lhabitat de type collectif exigent dnormes terrains pour favoriser

    la construction en masse de logements par lutilisation du chemin de grue, limplantation de

    rseaux divers..etc.

    Le parcellaire est une contrainte car il est dcoup et redcoup, pour pouvoir construire de

    grandes oprations il faut tenter de sen affranchir en combinant les lots pour en crer de plus

    38MICHEL.J-B,Architecture de lhabitat urbain (la maison, le quartier, la ville).Paris : Bordas, 1980, p .93.

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    vastes. Dans le cas spcifique des grands ensembles ces parcelles accueillent en plus des

    btiments, des voies, des espaces extrieurs, et dautres dispositifs issus du domaine public.

    Lorganisation foncire est souvent passe par plusieurs stades successifs. Avant la construction

    du grand ensemble, le foncier tait en gnral dcoup selon lusage du sol qui

    prexistait, en gnral des espaces agricoles. Le dcoupage suivait les limites physiques

    (parcelles cultives, chemins.etc.). Ce dcoupage antrieur a t en gnral compltement

    effac lors de la construction des quartiers.

    La situation parcellaire des grands ensembles est le plus souvent complexe, rendant

    difficile toute volution. En effet ceux-ci souffrent de structures foncires paralysantes

    39dues notamment aux emprises trop proches des btiments interdisant toute intervention.

    On est loin de la situation du tissu urbain classique dans lequel chaque espace correspond

    un usage dfini et o la proprit du sol appartient cel