rencontre-débat #1 iteem / beez&co - le compte-rendu
DESCRIPTION
Le mouvement BEEZ&CO s'est allié avec l'Iteem dans le cadre d'une expérience pédagogique innovante. Lors de leur première discussion, des professionnels et des étudiants ont réfléchi ensemble à ce qui fait notre capacité et notre volonté à entreprendre une démarche d'innovation. Il en est ressorti une conclusion sur les meilleures pratiques à adopter pour améliorer la synergie entre innovation, adaptation et motivation.TRANSCRIPT
RENCONTRE-DEBAT ITEEM 2014
DOCUMENT BEEZ&CO – LA GLOBOSPHERE 1
COMPTE-RENDU 24 JANVIER 2014 PERSONNES PRESENTES :
CHRISTOPHE DELABAERE Consultant en management, Delabaere Partner
THIBAULT GUILLAUMONT Co-‐fondateur
Holusion
FRANCKY DURANT Chef d’entreprise Angibaud
ISABELLE NORMAND Design the Planet
Création de possible PASCAL FOURNIER Consultant en organisation Pôle Emploi
ERIC ANDRE Directeur du Développement et des Relations Entreprises
Ecole Centrale de Lille
CHRIS DELEPIERRE Expert consultant en RSE MIK Partners
RENCONTRE-DEBAT ITEEM 2014
DOCUMENT BEEZ&CO – LA GLOBOSPHERE 2
SUJETS DE LA REUNION Le débat s’organise autour de 3 axes : l’innovation, l’adaptation et la motivation. Ces trois sujets ne sont pas des entités à part mais bien des domaines qui interagissent ensemble. Le but de notre discussion est donc d’échanger autour des expériences des décideurs et de pouvoir en tirer des best practices pour améliorer la synergie entre ces trois points.
L’INNOVATION NECESSITE UNE ADAPTATION C’est Christophe qui fut le premier à prendre la parole, déterminé, avec comme idée que ce qui devait être le pilier pour innover était le client. De son expérience, trop nombreux sont les ingénieurs qui partent tête baissée dans leurs idées, qu’ils trouvent « géniales », sans amener de réflexion en profondeur sur le fait qu’elles soient bien adaptées au marché et répondent à un besoin réel. Cette approche est typiquement française : on veut faire le meilleur produit, qui ne servira peut-‐être pas, mais les équipes d’ingénieurs veulent créer leur « merveille ». Au contraire, nos voisins de Grande Bretagne ont, eux, une approche du « juste nécessaire ». Peut-‐être trouver une solution de juste milieu ?
« Créer une innovation sans écouter le marché,
c’est soit un coup de poker, soit une grosse
erreur »
RENCONTRE-DEBAT ITEEM 2014
DOCUMENT BEEZ&CO – LA GLOBOSPHERE 3
Isabelle et Thibault rejoignent bien ce point de vue orienté client. Si nous n’écoutons pas le retour des personnes sur le terrain (que ce soit le client lui-‐même, les commerciaux…) nous n’avons pas cette sensibilité au besoin. Et c’est ce besoin qui crée l’innovation. À partir de là, comme nous en a fait part Isabelle, « Tout est innovation ». Comme exemple nous pouvons citer l’expérience de Thibault chez Siemens, en Chine. Il parle d’amélioration continue : tout ce qui ne sert pas au client, l’entreprise peut s’en débarrasser. Le reste, il faut l’améliorer. Chaque interaction avec le client devient donc une source d’innovation. Pascal, lui, est très axé sur la façon de communiquer. Selon lui, si on ne donne pas de sens aux choses que l’on fait, on a peu de chance de motiver à innover et à donner envie de changer. Venant d’une organisation telle que Pôle Emploi, avec une certaine inertie au changement, voici une vision de l’innovation très intéressante. ! L’innovation prescrite : pour impliquer
les collaborateurs, il faut travailler sur la ligne managériale et donner des objectifs.
! L’innovation des acteurs : les collaborateurs sont la source des idées pour innover, par leurs retours de leurs expériences sur le terrain. Cette innovation est dure à appliquer réellement dans une grande structure telle que Pôle Emploi (4500 acteurs).
COMMENT INDUIRE LE CHANGEMENT EN ENTREPRISE ? Le point de vue de Francky sur le changement est très intéressant. Travaillant dans le milieu du champagne, un métier de tradition, avec des processus anciens et des rituels, adapter les métiers de la fabrication et de la gestion logistique est très difficile. Ce sont des métiers qui ont toujours fonctionné ainsi, alors pourquoi les changer ? Par exemple, les dirigeants ne voient pas l’intérêt d’installer un ERP. Le changement arrive aussi par le fait que beaucoup de travailleurs partent en retraite, il est difficile de garder le savoir-‐faire et les techniques. Aussi, pour savoir comment changer le métier correctement, il faut voir comment les commerciaux vivent l’expérience terrain et comment les clients utilisent les produits. Les commerciaux doivent savoir comment remonter l’information et faire en sorte que les supérieurs ne les filtrent pas. Cette vision rejoint celle de Christophe sur l’importance du contact avec le client, et celle de Pascal sur le fait qu’il faut donner du sens aux messages que l’on veut passer. L’expérience d’Éric illustre ces propos dans un contexte différent, dans l’école Centrale de Lille. Entouré d’ingénieurs et de personnes techniques, lui étant issu d’école de commerce et ayant une expérience professionnelle dans le marketing, il a de suite été sensible aux besoins en communication de l’École. Avec ses différences de vision par rapport à ses collaborateurs, il a dû exprimer son opinion de façon à sensibiliser ses interlocuteurs aux besoins qu’il a sentis, ce qui n’est pas toujours une tâche aisée.
« Tout ce qui ne sert pas au client, l’entreprise
peut s’en débarrasser. Le reste, il faut l’améliorer. »
RENCONTRE-DEBAT ITEEM 2014
DOCUMENT BEEZ&CO – LA GLOBOSPHERE 4
Comme Chris l’a fait remarquer, le changement est plus facile à apporter dans une petite structure, comme les Start up. Une Start up a besoin d’être agile, afin de trouver un modèle économique adéquat et viable. Et cette idée rejoint les opinions précédentes : il faut être à l’écoute de l’environnement. Accompagner le changement dans une entreprise est une chose, mais dans certains cas, cela s’avère encore plus difficile. Pascal nous a parlé des difficultés rencontrées lors de la fusion ANPE et les Assedic. Les stratégies de communication, de management, les processus, étaient complétement différents au sein des deux entreprises. Il a fallu donner du sens pour faire converger ces deux organisations. Il s’agit d’un processus long, et comme l’a fait remarquer Chris, le changement est quelque chose qui se voit sur le long terme. Christophe, lui, voit le changement comme quelque chose de plus pragmatique : « les faits, rien que les faits ». Le changement s’accompagne avec des méthodologies rigoureuses, et tout dépend des intentions de la direction et de sa flexibilité.
« Le changement doit être une évolution et pas
une révolution »
RENCONTRE-DEBAT ITEEM 2014
DOCUMENT BEEZ&CO – LA GLOBOSPHERE 5
Isabelle, dans ses propos, nous dit bien que le changement, pour qu’il soit bien intégré, doit être une évolution et pas une révolution. Il ne faut pas vouloir avancer trop vite, mais bien étudier les habitudes des employés, et essayer de simplifier la vision des dirigeants (carte culturelle, spirale dynamique). Pour innover de façon continue, il faut détecter les propagateurs.
FAUT-IL S’APPUYER SUR UN LEADER POUR CONDUIRE LE CHANGEMENT ? Nous avons ici plusieurs visions du leader. Selon Chris, un leader représente la vision, la passion. Selon Pascal, un leader apporte une notion de pouvoir, d’influence, et de leaders négatifs. Ces leaders négatifs sont des points clés pour Francky, car si on ne les écoute pas, on peut se tromper dans les décisions que l’on souhaite prendre. Il faut oser dire qu’un projet ne va pas marcher, prendre le recul nécessaire pour écouter des opinions négatives et savoir agir en conséquence.
« Employee First
Customer Second »
RENCONTRE-DEBAT ITEEM 2014
DOCUMENT BEEZ&CO – LA GLOBOSPHERE 6
Isabelle aborde un point de vue complètement différent. Elle parle de co-‐leadership. Si on est tous un peu leader, impliqué, tout devient plus facile et les choses avancent. Chris partage cette vision : dans ce cas le manager devient facilitateur. Thibault conclut cette discussion par une phrase très pragmatique : « Les managers sont là pour faire leur boulot de manager ».
LE MOT DE LA FIN, PAR LES ETUDIANTS DE L’ITEEM Nous avons vécu l’organisation de cette discussion comme un challenge. Contacter des décideurs d’âges, d’expériences et d’horizons différents, les faire se rencontrer et échanger leurs idées, a été un travail de réflexion pendant plusieurs séances de travail. Nous remercions donc ces décideurs d’avoir bien voulu participer à cet évènement, et d’avoir joué le jeu du débat. Nous en retenons des idées très intéressantes, comme les points sensibles sur lesquels jouer pour innover : le sens, la culture de l’entreprise, l’environnement et les employés de l’entreprise. Pouvoir confronter nos connaissances théoriques des gourous du management aux opinions de professionnels a été une expérience très enrichissante. Nous remercions aussi BEEZ&CO, et principalement Caroline Valent, pour nous avoir permis de créer ce projet, de nous avoir ouvert sur « le business sous un autre regard ». Nous sommes sortis de notre vision étudiante, nous avons pu rencontrer des décideurs, et vivre avec eux une expérience d’égal à égal.