rencontre avec cécile foltzer -...

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Rencontre avec Cécile FOLTZER Cécile est qualifiée pour les championnats du monde universitaires 2018 (WUOC), du 17 au 21 juillet en Finlande. Après une première expérience internationale en 2015, lors de la Coupe d’Europe Juniors en Allemagne, elle a été sélectionnée aux championnats du monde juniors (JWOC) en Suisse, en 2016 ; aux WUOC en Hongrie, la même année ; à deux épreuves de coupe du monde, en Lettonie, en 2017. Elle est étudiante à Besançon, en kinésithérapie, achevant sa 2 ème année. A gauche, lors des WUOC en Hongrie, en 2016. A droite, lors des JWOC en Suisse, en 2016. Bonjour Cécile, merci d’accepter de répondre à ces quelques questions ! Elles sont destinées à te faire connaître et comprendre davantage le milieu de la CO de haut niveau, notamment et surtout par les étudiants et orienteurs qui ne sont pas comme toi, sportif de haut niveau. Bonjour bonjour ! C'est avec grand plaisir que je réponds à ces quelques questions. En espérant pouvoir éclairer certaines de mes connaissances sur mon parcours et ma vie sportive... Tu as pris une licence de course d’orientation en 2012, à seulement 15 ans, ce qui est très tard. Comment as -tu finalement découvert l’activité ? En effet, 15 ans dans le monde de la CO c’est tard et il y a de quoi fournir du travail pour combler ce retard ! J’ai découvert la CO en classe d’activité physique pleine nature en 4 ème , au collège Victor Hugo de Besançon. Nous avions, tous les mercredis matin, quatre heures de sport en extérieur, dont la CO faisait partie. Lors d’un championnat académique, nous avons décroché notre place pour les championnats de France UNSS. Petit à petit, j’ai commencé à vraiment m’investir dans l’activité au côté d’une amie (Léa Martinet Jeannin) puis nous avons décidé de nous licencier en club, en début de classe de seconde.

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Rencontre avec Cécile FOLTZER

Cécile est qualifiée pour les championnats du monde universitaires 2018 (WUOC), du 17 au 21 juillet en

Finlande. Après une première expérience internationale en 2015, lors de la Coupe d’Europe Juniors en Allemagne, elle a

été sélectionnée aux championnats du monde juniors (JWOC) en Suisse, en 2016 ; aux WUOC en Hongrie, la même

année ; à deux épreuves de coupe du monde, en Lettonie, en 2017. Elle est étudiante à Besançon, en kinésithérapie, achevant sa 2

ème année.

A gauche, lors des WUOC en Hongrie, en 2016.

A droite, lors des JWOC en Suisse, en 2016.

Bonjour Cécile, merci d’accepter de répondre à ces quelques questions ! Elles sont destinées à te faire connaître et comprendre davantage le milieu de la CO de haut niveau,

notamment et surtout par les étudiants et orienteurs qui ne sont pas comme toi, sportif de haut niveau.

Bonjour bonjour !

C'est avec grand plaisir que je réponds à ces quelques questions. En espérant pouvoir éclairer certaines de

mes connaissances sur mon parcours et ma vie sportive...

Tu as pris une licence de course d’orientation en 2012, à seulement 15 ans, ce qui est très tard. Comment as-tu

finalement découvert l’activité ?

En effet, 15 ans dans le monde de la CO c’est tard et il y a de quoi fournir du travail pour combler ce retard ! J’ai découvert la CO en classe d’activité physique pleine nature en 4ème

, au collège Victor Hugo de Besançon. Nous avions, tous les mercredis matin, quatre heures de sport en extérieur, dont la CO faisait partie.

Lors d’un championnat académique, nous avons décroché notre place pour les championnats de France

UNSS. Petit à petit, j’ai commencé à vraiment m’investir dans l’activité au côté d’une amie (Léa Martinet Jeannin)

puis nous avons décidé de nous licencier en club, en début de classe de seconde.

La ville de Besançon, malgré sa dimension mesurée, présente la particularité de posséder deux clubs de CO de

très haut niveau : celui dans lequel tu es licenciée, OTB, et… l’autre, Balise 25. Aux derniers championnats de France des clubs, OTB se classe 2

ème et Balise 25, 7

ème, c’est dire le niveau très élevé. Existe-t-il un bisontin qui ne

connait pas l’existence de ce sport ? Comment choisit-on celui dans lequel on prend une licence, quand on

découvre la CO, à 10, 15, 30 ou 60 ans ? Le site d’OTB : http://s357010962.onlinehome.fr/

Bien qu'il existe deux clubs de CO à Besançon, certaines personnes ne connaissent pas la CO. On ne peut pas

les blâmer pour ça, il est un peu difficile de développer un sport qui n'est déjà pas populaire à la base lorsque la

visibilité n'est pas suffisamment grande. Le fait que les deux clubs travaillent séparément ne permet pas non plus

de créer une réelle visibilité pour notre si beau sport ! Lorsque l'on choisit son club, soit l'on se renseigne sur les spécificités propres à chaque club, leurs manières

de fonctionner… soit on choisit parce qu’il y a les copains qui sont déjà licenciés dans tel ou tel club, ce qui fut

mon cas.

Dès 2015, tu as participé à ta première compétition internationale. Avec une telle progression, il est facile

d’imaginer que tu étais déjà très sportive avant la CO. Il semble notamment que tu apprécies les efforts longs, de

type trail : rien qu’en 2017, tu en as couru 5 ou 6, de 17 à 36 kms. Peux-tu nous préciser les sports que tu pratiquais

effectivement avant la CO ? Facile d'imaginer mais non véridique. J'ai pratiqué la danse sur glace pendant 6 ans et 1 semaine de ski

alpin jusqu'en 5ème. J'ai commencé le sport en 4

ème, donc en même temps que la CO.

Lorsque j'ai intégré le club d’OTB avec mon amie, j'ai commencé à vraiment m'entraîner dans une logique

d'attente de résultats. Bien sûr je n'étais pas seule, j'ai été beaucoup épaulée et guidée par Johann TINCHANT

dans un premier temps (à qui je dois mon entrée dans le haut niveau) puis par Vincent COUPAT (à qui je dois ma

progression dans le haut niveau).

NB : Johann a participé aux JWOC en 2001, et aux EOC en 2008 ; Vincent participera à ses 9ème

WOC, cet été

en Lettonie.

Les études médicales et paramédicales ne sont pas réputées pour laisser beaucoup de temps libre aux

étudiants. Comment parviens-tu à concilier les cours et révisions avec tout le volume d'entraînement nécessaire

pour évoluer à haut niveau ? Par exemple, quand places-tu tes séances dans la journée ? Tu pourrais peut-être devenir la future kiné de l’équipe de France ? ☺

Pour être honnête ce n’est vraiment pas facile et ça me demande beaucoup d’énergie ! L’année dernière a été

une année assez éprouvante car j’ai essayé de continuer à m’entrainer quatre fois par semaine tout en préparant le

concours pour entrer à l’école de kiné. Généralement je m’entraîne le soir après les cours, parfois entre midi et deux. La plupart du temps je

m’arrange pour travailler au maximum dans mes temps libres de la journée, à savoir le midi ou je mange très

rapidement pour me remettre au travail. J’aime fonctionner comme cela pour que le soir, après l’entrainement, je

puisse rentrer chez moi, me doucher, manger et me coucher tôt.

Future kiné de l’équipe de France ? Je ne pense pas pour l’instant mais c’est sans aucun doute un job en or !

Pour l’heure j’imagine plutôt travailler dans un centre de rééducation ou dans un cabinet pour poursuivre le sport de haut niveau.

Le fait que tu poursuives tes études à Besançon, c’est-à-dire éloignée des pôles France Elites de Saint-Etienne

ou Jeunes de Clermont-Ferrand, n’est peut-être pas non plus un facteur facilitant. Avais-tu envisagé de faire les

études de kiné plus proche du pôle ? Comment parviens-tu à trouver des séances de qualité pour progresser ? Peut-

être grâce à ton club, Orientation Team Besançon ou alors en rejoignant dès que possible les stages HN du groupe

France ? En effet j’aurais aimé être plus proche d’un pôle mais les circonstances de mon parcours post-bac ont été

telles que je n’ai pas eu cette opportunité. Mais j’aime beaucoup ma vie en Franche-Comté, alors j’essaye de mettre en place diverses stratégies pour parvenir à progresser malgré tout.

Les séances de qualité pour progresser sont assez rares, je m'entraîne parfois avec le club d’athlétisme de Montbéliard (avec Ophélie Boxberger, qui est très largement au-dessus de mon niveau :D) et la plupart du temps

ce sont les courses qui me permettent de progresser (trail et course sur route) http://mba.athle.com/

L’OTB propose trois séances de qualité par semaine, malheureusement je ne peux en faire qu’une seule le mardi soir. C’est bien souvent une séance physique pour travailler la vitesse et c’est souvent la séance la plus amusante de la semaine, avec les copains !

Aussi, j’ai rejoint au mois de janvier le team O2 Score. Pour faire vite, c’est une entreprise qui propose un appareil qui permet de mesurer le taux d’antioxydants dans le corps et donc d’adapter son entraînement au quotidien. De plus ce team est composé « d’experts » dans différents domaines, ce qui nous permet de prendre part

à des stages d’entrainements. https://o2score.ch/

Tu es donc qualifiée pour les WUOC 2018, qui se dérouleront maintenant dans 4 semaines environ. Ce seront

tes deuxièmes, puisque tu étais déjà des précédents, en 2016, en Hongrie, tout comme Chloé, Loïc, Arnaud,

Adrien, Quentin, qui seront aussi à nouveau dans la sélection 2018. Tu avais notamment couru la longue distance

(24ème) et le sprint (43ème). Quel souvenir gardes-tu des WUOC 2016 ?

Je dirais : un très bon souvenir. :) Et j’ai hâte d’y retourner !

A trois semaines de l’évènement, comment te prépares-tu physiquement et techniquement ? Peux-tu nous

donner un aperçu détaillé de ta prochaine semaine, par exemple ?

Actuellement je suis dans deux semaines pendant lesquelles je m’entraîne beaucoup, pour m’habituer à

enchainer les séances intenses. Puis, la semaine avant les WUOC sera plus calme avec seulement une séance

d’intensité. J’essaye aussi de me préparer techniquement, en réalisant des exercices de simulation tracés sur les

anciennes cartes des lieux des futures compétitions.

Quels sont tes points forts en course, et aussi les points sur lesquels tu t’appliques encore à progresser ?

En course d’orientation, mon point fort c’est la course et mon point faible l’orientation, ce qui fait de moi une bonne coureuse de premier relais et de longue distance !

Samedi 23 juin, lors du championnat de France longue distance dans le Vercors, tu as réalisé une très belle

performance (classée 3ème, toute proche d’Isia BASSET et Amélie CHATAING au chrono). https://helga-o.com/webres/index.php?lauf=2380#D21E

Mais tu es parfois aussi très proche sur le format moyenne distance ou sprint. Sélections sprint 2018 :

http://cn.ffcorientation.fr/circuit/26670/ http://cn.ffcorientation.fr/circuit/26165/

Championnat de France moyenne distance 2018 : http://cn.ffcorientation.fr/circuit/26535/

Tu vas courir les trois courses individuelles lors des WUOC. Quelle est le format qui te convient le mieux ?

Comme je l’ai dit précédemment, mon profil (pour diverses raisons) est plutôt celui d’une coureuse de longue

distance et c’est aussi quelque chose que j’adore faire ! C’est un format qui demande de l’endurance et une capacité à savoir débrancher et rebrancher le cerveau, lorsque l’on quitte un chemin ou que l’on arrive dans une approche de poste plus « tricky ».

Malgré tout, j’attends aussi avec impatience le sprint, car je n’ai jamais eu l’occasion de pouvoir faire un bon sprint en compétition et j’espère que celui-ci sera le bon !

La moyenne distance, bien que je la travaille, est le format qui reste difficile pour moi : la rapidité

d’exécution qui est nécessaire pour être chez les meilleures n’est pas encore arrivée chez moi. Je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à faire pour combler le retard que j’ai pris en commençant la CO si tard.

Tu es également licenciée avec le club suédois OK Linné. Peux-tu nous dire pourquoi tu as choisi celui-ci, ce

qu’il t’apporte, les liens que tu as avec lui, la fréquence des séances que tu vas effectuer en Suède ?

Ja, jag kan ! Je dirais un concours de circonstances : lorsque j’ai arrêté mon DUT en GEA (ma première

expérience universitaire, avant les études de kiné), je suis partie en tant que jeune fille au pair pendant cinq mois,

à Uppsala en Suède, pour me consacrer à l’entrainement. Ce sont des membres du club qui m’ont « engagée »

dans leur famille. Aujourd’hui je n’ai aucun regret de courir pour OK Linné car la plupart des coureurs sont

maintenant de bons amis ! Je ne monte pas souvent en Suède : peut-être deux fois par ans, mais je suis partie en stage avec eux cet hiver

pendant une semaine au Portugal et ce n’était que de la qualité (Merci Albin Ridefeld) !

Même si maintenant pratiquement autant de femmes que d’hommes pratiquent une activité physique, le

monde du sport compétitif, et celui du haut niveau est encore très masculin. La course d’orientation n’échappe pas à ce phénomène, avec 3100 femmes licenciées contre 4600 hommes, et

un écart encore plus net lors du nombre d’inscrits lors des grands championnats. Quel regard portes-tu sur cela ? As-tu par exemple constaté qu’il est plus difficile de convaincre des amies que

des amis de découvrir la CO, ou bien de convaincre des filles qui ont déjà fait de la CO en découverte, de participer

à une compétition ? As-tu des idées pour y remédier ? Quel message pourrais-tu communiquer aux filles, toi qui

pratiques à haut niveau ?

La chasse au trésor est accessible à tout le monde :D

Non sans rire ? Ce n’est pas une question que je me suis réellement posée. La seule chose que j’ai pu

constater, lorsque j’étais en Suède, c’est qu’il est nettement plus facile de s'entraîner et de progresser lorsque nous

sommes un bon groupe de filles, et qu’il y a de la densité et différents niveaux. Je ne pense pas qu’il y ait de remède magique pour augmenter le nombre de licenciées en course

d’orientation mais une chose est sûre : si la CO était plus valorisée et enseignée comme un sport à part entière

dans les écoles, comme en Suisse, le nombre d’adhérents augmenterait certainement.

Championnat de France de sprint, à Rennes, en octobre 2017

Lors des championnats de France universitaires, auxquels tu as participé en 2016 et en 2018, le coach de la

délégation Franc-Comtoise, Jean-Luc TINCHANT, parvient tout de même presque toujours à composer deux

équipes de 2 filles et 2 garçons, malgré le fait que 4 filles ne soit pas systématiquement licenciées en club. Tu te

retrouves ainsi avec des filles beaucoup moins expérimentées que toi. Que leur apportes-tu pendant ce week-end ?

C’est plutôt l’inverse : qu’est-ce qu’elles m’apportent ? La plupart du temps ce sont des ami(e)s que je

sollicite pour passer un bon week-end entre copains. Elles me permettent de me rappeler que le sport de haut niveau c’est bien, mais se faire plaisir avec les amis

c’est bien aussi. Cela permet également de reprendre les bases de la CO, car au final se préparer pour aller courir

est devenu un rituel, et le fait qu’elles me posent des questions me permet de me repositionner sur pourquoi je fais

telle ou telle chose de cette manière et pourquoi je ne changerais pas ceci ou cela…

La seule chose que j’ajouterai pour terminer : j’espère que les copains, les amis et la famille seront à fond

derrière notre petite délégation française, (petite par la taille mais grande par l’esprit) autant qu’ils soutiennent la France pendant la coupe du monde de pied-ballon :D

Merci Cécile ! Bonne fin de préparation pour les championnats du monde universitaires !