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Institut pour le Développement Forestier. Contact : [email protected]
nettoiement des parcelles
Remise en état de~s parcelles sinistrées par broyage Philippe Van Lerberghe (1), Olivier Lanter (2)
En cas de chablis plus ou moins bien expfo,ités, les quantités de rémanents et résidus aug
mentent considérablement. Dans ce contexte, le broyage lourd est une méthode expéditive
qui présente divers avantages, malgré un coût très élevé.
e broyage lourd est l'une
des méthodes actuelle
ment envisagées pour la
remise en état des par
celles sinistrées après chablis,
qu'elles aient fait l'objet ou non
d'une exploitation préalable plus ou
moins rationnelle. Si sa mise en
œuvre risque d 'être fortement
conditionnée par l'instauration de
mesures financières régionales d'ac
compagnement (susceptibles de
compenser le manque de rentabilité
économique de ces opérations de
déblaiement classiquement déjà très
coûteuses}, elle dépendra surtout de
la disponibilité régionale de maté
riels à capacité de coupe suffisante.
Cet article tente de faire le point sur
les caractéristiques techniques des
matériels utilisables sur chantiers
après chablis, expose les forces et
faiblesses de la méthode du broya
ge, en analyse le coût selon le type
de chantier à déblayer et expose les
premiers itinéraires envisageables
pour la reconstitution de nouvelles
plantations forestières .
• Les broyeurs lourds
à axe horizontal Le choix d'un modèle spécifique de
broyeur est directement condition
né par les dimensions (diamètre et
longueur) et le volume des réma-
nents. Lors de la remise en état
d'un chantier sinistré par une tem
pête, la présence simultanée de
chandelles et de volis non exploi
tés, de souclhes mal arasées et de
galettes racinaires plus ou moins
abondantes oblige le forestier à
recourir à dies broyeurs dont la
capacité de •coupe est très élevée.
Ainsi, l'usage des broyeurs lourds
à axe horlzoJiltal s'impose.
Les broyeurs lourds sont des maté
riels de déchiquetage qui réduisent
les rémanents en fragments et qui
agissent par la masse (coupe par
percussion o•u martelage) de leurs
pièces travaiUantes. Les possibilités
de broyage en diamètre sont quasi
illimitées ; toutefois, en conditions
optimales d'IUtilisation, le diamètre
maximum dc~s rémanents pouvant
être dégradés varie selon le modèle
et la marque de 8 à 40 cm.
Le travail suit le même principe que
les broyeurs à axe vertical (gym
broyeur) si ce n'est que le plan de
rotation des pièces coupantes est
vertical, l'arbre d'entratnement (ou
rotor) étant, lui, horizontal.
Les conditions d'utilisation d'un
broyeur et le résultat du travail sont
fonction des pièces travaillantes.
Selon les organes de coupe, on dis
tingue deux types de broyeurs à
axe horizontal :
- le broyeur à mart.eaux mobiles:
des axes amovibles qui portent des
marteaux mobiles sont fixés, par
divers dispositifs, sur le rotor hori
zontal. Ces axes sont généralement
montés sur le pourtour de disques
pleins alignés perpendiculairement à
1 'arbre principal. Cette disposition
particulière définit des logettes à
l'intérieur desquelles les marteaux
peuvent pivoter de 360° autour de
Le brryeur loutd à axe horizontal et à marteaux mobiles est peu ou pas adapté au déblaiement des parcelles sinistrées.
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leur axe, de façon à pouvoir s'esca
moter en cas d 'obstacle trop coriace.
Les pièces travaillantes sont fabri
quées en acier de haute qualité ;
elles sont de forme et de d imen
sions variables et leur poids avoisi
ne 2 kg. Pour pouvoir remplacer un
marteau abfmé, il est nécessaire de
procéder à l'extraction de l'axe de
maintien de l'ensemble des pièces
de coupe escamotables, ce qui
n'est pas toujours aisé. La mise en
rotation du rotor est assurée par la
prise de force du tracteur à une
vitesse avoisinant les 2000
tours/minute.
Ce type de broyeur est peu ou pas
adapté à la remise en état des
chantiers après chablis car sa
capacité de broyage se limite à des
rémanents (principalement des
volis) de 8 à 15 cm de d iamèt re
Lt broyeur lourd à axe horizontal et à dents fixes est préconisé pour le brt'Jjage des rémanents a;~rès chablis.
maximum. Ce matériel est conçu
pour effectuer du débroussaillage
de taillis à bois non commerciali
sables, la préparation de terrain après
coupe rase classique, le dégagement
des parcelles plantées, le fauchage
des accotements, la maintenance des
pare-feu et des layons de chasse,
l'élimination de la végétation sous
les lignes à haute tension.
Éléments const itutifs d'un broyeur lourd
• Le châssis : bâti monobloc à blinda
ge très robuste (fabriqué dans des
aciers à haute limite élastique) qui sup
porte les pièces principales du
broyeur, à savoir le rotor, les points
d'attelage et les transmissions;
• le rotor : arbre horizontal cylindrique
sur lequel sont fixées, par divers dis
positifs, les pièces travaillantes. Il est
mis en rotation par la prise de force du
tracteur ou de moteurs hydrauliques
indépendants. Cet axe tubulaire est
creux de façon à canaliser l'inertie du
rotor sur sa circonférence;
• les pièces travalllantes : montées
sur le rotor le long de ses génératrices,
elles sont de deux types, à savoir les
marteaux et les dents ;
• les poulies et courroies : l'entraîne
ment du rotor se fait, à l'un et/ou à
l'autre extrémité (lorsqu' il se fait aux
deux extrémités, le couple est mieux
réparti et le broyeur moins tirant), par
deux poulies équipées de 3 à 10 cour
roies trapézoïdales qui assurent une
transmission souple et fiable. En l'ab
sence de poulie de tension, les courroies
et pou!lies principales sont surdimension
nées, c:e qui évite de retendre périodi
quement les courroies. La protection de
ces éléments est assurée par un carter
qui s'ouvre facilement par simple desser
rage de boulons. Certains modèles sont
équipés d'un tendeur à vis ;
• les J)allers et leurs supports : situés
à chaque extrémité du rotor, Ils assu
rent sa. fixation au châssis. Il s'agit de
roulements à grande vitesse et pouvant
accept:er des charges très importantes.
Ils son1t d'une importance capitale pour
la longévité du broyeur et doivent être
d'unE:! exécution particulièrement
robuste. Les paliers sont montés avec
un moyeu de centrage ajusté dans le
châssis pour éviter le desserrage des
fixations et la détérioration du châssis ;
• le c:apot : certains modèles dispo
sent dl' un capot arrière qui, en position
fermée, permet d'améliorer la qualité
du broyage ; en général, l'opérateur
procède à un premier passage avec le
capot ouvert afin qu'un maximum de
matière soit au contact du rotor ; un
second passage avec capot abaissé
assure un broyage plus fin parce que la
matière reste plus longtemps au
contact du rotor ;
• les patins d'appui : ils assurent la
garde au sol du broyeur et limitent
ainsi l'usure des organes de coupe due
au contact avec le sol ; plusieurs épais
seurs de patins utilisables suivant les
chantiers à effectuer permettent de
régler la hauteur de travail ;
• la barre de poussée hydraulique :
sert de butoir pour le rabattage de la
végétation sur pieds {destruction des
chandelles et des taillis non commer
cialisables) ;
• le réglage hydraulique : certaines
marques de broyeurs proposent le
réglage hydraulique du 3e point, ce
qui permet à l'opérateur de moduler
l'orientation du broyeur en fonction du
travail à réaliser.
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Caractéristiques des Jroyeurs lourds à dents fixes
Marque AHWI FAf
Modèle UZM 580 UMH DT250
Puissance absorbée {min.-max.) {CV) 160/350 220/260
Largeur de travail (mm) 2 300 (2 600) 2410
Largeur hors tout (mm) 2 700 3000
Diamètre du rotor {mm) 580 470
Profondeur de travail (mm) lOO à 150 50 à 100
Vitesse de rotation (tr/min.) 1 300 1 300
Régime prise de force (tr/min.) 1000 1000
Nombre de dents 48 96
Nombre de courroies 2x3 2 X. 5
Poids (kg) 3 lOO 3 500
HUET Plaisance SEPPI ~ulpement
FORJCOM ATILA H 800 FORST dt
450 max. 180/600 150/280
2 500 2000 2 500
3 500 2850 2900
1 300 600 610
400 100
1 100 2 200 1 520
1000 1000
120 60 42
2 chaînes triplex 2x5à2x10 2x5
4400 4200 3 630
végétation de surface. Dans ce cas,
l'usure des organes de coupe est
plus rapide, particulièrement en
terrain siliceux. Monté sur tracteur
à chenilles, il peut s'utiliser pour
l'entretien et le reprofilage léger
des voiries forestières.
Le porteur à chenilles ECO ME CA est capable de délivrer unt~ puissance hydraulique de 600CV
Ces outils sont portés par des trac
teurs puissants à pneus ou à che
nilles et actionnés soit par la prise
de force so i t par un moteur
hydraulique. La puissance du trac
teur doit être supérieure à 180 CV
pour une largeur de broyage d'en
viron 2 rn et elle peut aller jusqu'à
600 CV pour certains modèles à
chenilles. - le broyeur à dents fixes : le
rotor horizontal porte sur tout son
pourtour des étriers • porte- dent"·
Sur chaque étrier est enchâssée,
par soudure ou boulonnage, une
dent conique en acier dur spécial.
La durée de vie des pièces d'usure
est augmentée grâce à des pas
tilles en carbure de tungstène. La
vitesse de rotation du rotor est
proche de 1300 à 1600
tours/minute. Si elle est plus faible
que celle d'un broyeur à mar
teaux, son couple est nettement
supérieur.
Compte temu de la robustesse des
rotors, ce matériel ne craint pas le
travail dans des terrains encombrés
de rémanentts de grosses dimen
sions, de souches et de galettes
racinaires. Il est parfaitement
adapté à la remise en état des
chantiers ii\près chablis car sa
capacité de coupe va jusqu'à 40
cm de diamètre. Il est capable non
seulement de réaliser un déchique
tage des souches et des racines
jusqu'à une profondeur de 20 cm
mais aussi, un travail du sol super
ficiel avec incorporation de la
Les porteurs peuvent travailler,
dans le sens de la pente, jusqu'à
30 % de pente.
Suivant le modèle, le prix du broyeur
varie entre 120 000 et 300 000 F HT
Les modèles adaptés aux situations les
plus rudes sont bien sOr les plus chers
mais le résultat de leur travail et leur
rendement est sans égal. A titre
d'exemple, le prix actuel d'un che
ni/lard de 300 CV est de 1 400 000 F HT
et il s'élève à 1 BOO 000 F HT pour un
modèle hydraulique de 600 CV, type
ECOMECA.
Forêt-entreprise n ° 135/2000 41

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• Intérêt du broyage lourd
L'exploitation t raditionnelle des
forêts récupère moins de 2/3 de la
biomasse produite. Le reste se
trouve sous forme de branches et
de cimes (± 20 %) et de souches
(± 1 5 %). En cas de chablis plus ou
moins bien exploités, ces quantités
augmentent considérablement.
Dans ce contexte, le broyage lourd
est une méthode expéditive qui
présente divers avantages.
• Il contribue à l'élimination des
rémanents qui sont une gêne
pour la reconstitution et l 'entre
tien du peuplement suivant : en
réalisant plusieurs passages, le
broyeur arrive à déchiqueter tout le
bois et laisse sur le sol une couche
assez importante de fragments de
bois plus ou moins mélangés à la
terre. le t ravail se fait dans la direc
tion préférentielle de la chute des
arbres. Sur terrain en pente, le
broyage des arbres tombés en
« courbe de niveau » est d i fficile,
voire irréalisable.
• Il convient en par ticulier au
déblaiement des parcelles de
bols non marchands et laissées
en l'état : les fortes proportions de
Essence Scolytes concernés (sous-cortlc.wx)
~ ..:. "-0
Lorsque le broyage des parcelles sinistrées porte sur la totalité de la mrfoce, il est possible d'envisager une recomtitution en plein.
bois non exploités et leurs grosses
dimensions ne constituent pas une
limite technique au passage d 'un
broyeur lourd à dents sur porteur.
Néanmoins, les coOts élevés de ce
type d ' intervention impliquent la
mise en place de mesures finan
cières régionales d'accompagne
ment, q ue ce soit au titre de la pro
tection des forêts contre les incen
dies, des risques phytosanitaires,
Pirl lies d'esullnqe ol de muse)
ou tout simplement de la reconsti
tution d 'une ressource en bois de
qualité.
• Il contribue à la diminution des
populati ons d'Insectes xylo
phages : dans le cas des résineux,
les rémanents et les jeunes peuple
ments cassés non exploités consti
tuent des sites privilégiés pour le
développement des scolytes sous
corticaux qui peuvent attaquer par
la suite les peuplements sains voi
sins. Le broyage p eu t s'uti liser
comme méthode de lutte préventi
ve avec pour but de diminuer le
nombre de sites potentiels de
reproduction des insectes. Pour
être efficace, il doit être effectué
avant l'envol de masse (essaimage)
de la génération fi lle des lieux de
développement vers les peup le
ments environnants .à protéger. S'il
est diffici le d'estimer la vitesse
actuelle de colonisation et le niveau
futur des populations, il est recom
mandé de diminuer le plus rapide
ment possible la quantité de maté
riel ligneux disponible.
• Il contribue à la diminution des
risques d'Incendie : l'importance
actuelle des chablis a des répercus
sions sur les départs et la propaga
tion des incendies. En effet, le volu-
Pirtodes ..tiqWites de lutte pmentlve pu broy•se
Typographe 1re génération : mi-avril à début juin avant mi-avril et jusqu'à fin juin
Epicéa ze génération : début juillet à fln aoOt si la 1re génération est absente
Chalcographe 1re génération : début à mi-mars avant début mars et jusqu'à fln juin ze génération : fin juin si la 1re génération est absente
Cryphale 1re génération : début mars à début mai avant fin février et jusqu'à fin juin
Sapin ze génération : début juillet à début aoOt si la 1re génération est absente
Curvidenté 1re génération : fin mars à fin avril avant mi-mars et jusqu'à fin juin ze génération : début juillet à fln aoOt si la 1re génération est absente
Hylésine Une seule génération : début mars à fin avril avant fin février
Hylésine mineur Une seule génération: début avril à mi-mai avant fin mars
Pin Sténographe 1re génération : début à fln avril avant fln mars et jusqu'à début juillet ze génération : mi-juillet à mi-aoat si la 1re génération est absente
Acuminé Une seule génération : fin mars à ml-mai avant mi-mars
42 Forêt - entreprise n ° 135/2000

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me de matière végétale sèche sus
ceptible de prendre feu est très
important et le travail des pompiers
est rendu difficile par une mauvaise
accessibilité des massifs forestiers.
Le broyage doit se concentrer pré
férentiellement dans les zones de
chablis non exploités où le risque
d 'incendie est élevé.
• Il évi te les pertes de place
contrairement au déblaiement avec
mise en andains de souches et de
rémanents d 'exploitation, la remise
en état par broyage des parcelles
sinistrées peut porter sur la totalité
de la surface ; elle permet alors une
reconstitution en plein d 'un nou
veau peuplement.
• Il accélère la décomposition bio·
logique des rémanents : plus le
rémanent est petit, plus sa dégra
dation est rapide. Même grossier, le
broyage assure une mise en contact
entre le sol et les rémanents ,
laquelle est indispensable pour
toute décomposition d 'un matériau
ligneux.
• Il limite le tassement du sol : le
scalpage de la couche superficielle
du sol dO au patinage des roues
(mauvaise adhérence) ou au glisse
ment des chenil les (changements
de direction) et le compactage sont
atténués par la présence d 'une
couche de broy~t.
• Il peut contribuer au niveUement
et à l'ameublissement du sol sur
une profondeur de 5 à 15 cm par
incorporation plus homogène des
fragments de bois.
• Il contribue à la maîtrise de la
concurrence des adventices her·
bacées : la couche de broyât rem
plit les mêmes fonctions qu'un
mulch organique en empêchant le
développement momentané de la
végétation herbacée indésirable
susceptible de coloniser la parcelle
récemment plantée.
• Il permet de conserver temporal-
nettoiement des parcelles
rement un .apport homogène de
matière org:anlque mlnérallsable,
utile sur les. sols les moins riches
chimiquement ; au contraire, l'an
dalnage év.acue la matière orga
nique d'une partie du terrain et la
concentre sur une autre.
• Limites du broyage lourd
Néanmoins, il convient d'être
prudent quant à la recommanda
tion systématique de cette tech
nique eu ég;ard aux conséquences
écologiques, encore mal con
nues, de J.a présence en plein
d'une couche de broyât de 10 à
15 cm (jus•qu'à 30 cm) d'épais
seur à la surface du sol.
Conséquences biologiques Un broyage lourd en plein avec
ameublissement des premiers cen
timètres de sol n'est pas favorable à
De plus, il faut s'attendre à un rôle
négatif sur l'enracinement des
éventuels semis naturels pouvant
apparaître sur la parcelle.
Enfin, face à l'inquiétude légitime de
la colonisation possible de la couche
de broyât par des populations abon
dantes de rongeurs tels les campa
gnols des champs et terrestre, la
mise en œuvre d'une lutte intégrée
au moyen de prédateurs généralistes
(buses, chats sauvages, fouines ... )
peut aussi s'env isager, après
réflexion sur l'éventualité de mise en
place de mesures de protection des
espèces (3) non protégées.
Conséquences sur les propriétés du sol Sur le plan thermique, on peut s'at
tendre à une relative isolation de la
surface du sol avec réd~ction des
échanges par conduction (positifs le
jour et négatifs la nuit).
Sur le plan hydrique, cette couche
La création d'une couche de broyât de 10 à 15 cm d'épaisseur à la miface d'un sol hydromorphe risq!le d'accentuer la mauvaise aération liée à l'engorgement temporaire du soL
la reprise des rejets de souches des
peuplements feuillus et à l'installa
tion d 'espèces semi-llgneuses et
ligneuses susceptibles de créer une
ambiance fc•restière et de jouer le
rôle de végétation d'accompagne
ment bénéfique pour la croissance
de plants forestiers à Installer.
possède une capacité de rétention,
facteur positif en fin d'hiver, à tem
pérer par le fait que la restitution de
l'eau peut être plus difficile que
dans un sol. En été, le caractère
hydrophobe du matériau {écorces
de résineux : voir l'expérience des
substrats horticoles) et son pouvoir
Forêt -e ntreprise n ° 1 3 5/2 0 0 0 43

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nettoiement des parcelles
d 'interception à l'égard des pluies
estivales (en conditions de forte
évaporation) sont plutôt défavo
rables. Les aspects quantitatifs de
ces phénomènes sont toutefois
inconnus. Par contre. on décon
seillera avec certitude cette tech
nique sur sol hydromorphe car le
mulch peut provoquer un engorge
ment temporaire du sol , et une
mauvaise aération est préjudiciable
aux racines des plants.
Sur le plan chimique, on prévoit
que, dans les premiers temps, la
phase thermique de décomposition
de la matière organique va consom
mer beaucoup d'oxygène et aug
menter le taux de co2 de 1 'atmo
sphère du sol, ce qui sera néfaste
pour l'activité de la flore bactérien
ne. L'oxydation de la lignine va libé
rer des composés phénollques
solubles (dont quinones), dont on
doit redouter les propriétés toxiques
pour la microflore fongique (dont les
mycorhizes), la flore bactérienne, et
certains semis (les espèces y sont
plus ou moins sensibles). Certains de
ces composés peuvent accentuer la
podzolisation, s' ils sont libérés en
grande quantité. L'effet dépendra
aussi de la sensibilité du type de sol
(teneur en fer libre).
Il faut cependant insister sur le fait
que ces prévisions sont des estima
tions à dire d 'expert, fondées sur
l'extrapolation de connaissances
fragm•entaires, car une telle situa
tion n 'a pas été observée in situ
auparalvant, ni caractérisée scientifi
quement : les interactions multiples
qui existent dans les sols peuvent
atténuer les phénomènes décrits
plus haut, ou moins vraisemblable
ment les accentuer. Il serait donc
intéressant de profiter de ces condi
tions pour faire des observations et
des mesures, et mieux comprendre
ainsi l•es mécanismes de régulation
des écosystèmes forestiers.
En général, on peut attendre une
réduction des risques si la couche
organique est mélangée avec la
partie supérieure du sol. La viabilité
des semis ou des plants, tant par la
rédud:ion de l 'obstacle mécanique
que par la neutralisation partielle du
risque chimique, devrait alors en
être augmentée.
Conséquences phytosanitaires Il existe aussi des risques phytosa
nitairtes liés au Fomes ( Ungulina
annosa).
Dans fe cas des parcelles infectées
avant le broyage, le champignon
n'est pas éradiqué par cette tech
nique de déblaiement. La contami
nation du peuplement futur reste
possible car les spores peuvent se
disséminer par l'intermédiaire du
broyât (milieu humide), puis infec
ter des souches saines arasées. Un
b r oyëtge profond des souches
réduira les risques de dissémination
des spores mais n 'éliminera en
aucun cas le risque d'infestation.
Sur parcelles non infectées, une
couche saine de broyât fait office
d ' écran et protège les souches
broyées à ras du sol. Quant aux
risques de contamination aérienne
des fragments de bois , ils sont
d 'autant plus faibles que le broyage
est réalisé fin.
• Coûts indicatifs et
variantes d'utilisation Au regard de l'expérience toute
récente de quelques entreprises de
travaux de reboisement sur un
nombre encore lîmité de chantiers,
le prix d'un broy~ge lourd en cas
de chablis peut doubler en compa
raison du déblaiement d 'une coupe
rase trad itionnelle qui varie de
2 500 à 4 000 F HT par hectare.
Les prix annoncés s'entendent pour:
- un rendement moyen observé
compris entre 1 et 2 ha/jour (6 à
8 heures de travail) selon le degré
d'encombrement des parcelles et
un minimum de 20 ha nécessaires
pour faire déplacer un combiné de
broyage lourd ;
- le déblaiement de parcelles sinis
trées à base de bois frais d 'épicéa,
de sapins ou de pins. Il faut prévoir
Coûts indicatifs du bray age lourd en plein après chablis t'ésineux
Type de c~Mntier
Chantier après exploitation rationnelle
Chantier après exploitation forcée (Incomplète)
Cuildfrlsdques
(/) des rémanents ~ 15 cm Présence de galettes radnaires
15 cm < (/) des rémanents ~ 40 cm Présence de galettes raclnalres
Chantier avec peuplement non exploité Parcelle laissée en l'état
44 F o r êt - e n t r e p r i s e n ° 1 3 5 1 2 0 0 0
Prix (f) HT i l'hectare
Nombre de galettes < 300
Nombre de galettes > 300
Nombre de galettes < 300
Nombre de galettes > 300
6000à 7000
7000à8000
9000à 10000
10000à11000
1 2 000 et plus

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une augmentation du prix H.T. à
l'hectare de 20 % pour le douglas
ou lorsque les bois sont secs;
actuellement. aucun chiffre n'est
disponible pour la remise en état
des parcelles à base de feuillus ;
- le déchiquetage des rémanents
de surface et des souches non déra
cinées à 5-15 cm de profondeur et
l'ameublissement superficiel du sol
par incorporation du broyât.
Il est légitime d'espérer encore une
diminution prochaine des coûts
indicatifs actuels de deux façons d if
férentes.
Réaliser un travail de broyage « moins propre »
« La forêt n'est pas un jardin, on ne
cherche pas à y faire pousser des
fleurs • ! Le déblaiement doit princi
palement s'envisager de manière à
retrouver des conditions de chan
tier similaires à celles observées en
cas d'exploitation normale, hors
chablis. L'opérateur du tracteur à
nettoiement des parcelles
Ceci reviendrait à ne déblayer que
50 % de la surface totale mais ne
réduirait pas !forcément les coûts de
moitié. En effet, la difficulté d 'ouvrir
des bandes au milieu de bois enche
vêtrés fait diminuer le rendement
machine par rapport au broyage en
plein. La diminution du coût du
déblaiement lors d'un broyage par
tiel ne dépass:erait pas 30 %.
Enfin, si le bwyage en plein large
ment développé îci est un'e solution
possible en parcelles résineuses, il
ne faut pas oublier les possibilités
de broyage localisé d 'andains de
rémanents mtissés dans le cas de
faible encombrement. Cette tech
nique semble néanmoins être peu
prisée des prraticiens qui semblent
préférer la vieille méthode des
andains « nature l) ,
• Gérer la couche de broyât
avant plantation
Monté sur la flèche d'une pelle hydrauliquè à chenille, le godet permet de réaliser un décapage mécanique de la place foture du plant.
chenilles devra surtout travailler en Après déblaiement en plein de la
avançant sans trop araser, son
objectif étant uniquement de rabais
ser tout ce qui dépasse à la surface
du sol, à savoir les souches de plus
de 20 cm de hauteur, les galettes
racinaires et les volis encombrants.
Par ailleurs, l'avantage cultural d'un
broyage moins intensif est double :
le repérage ultérieur des souches
évitera de les remonter accidentel
lement lors d'un labour ou d'un
sous-sciage et l'usure des outils de
coupe sera plus lente, en particulier
sur les sols siliceux très abrasifs.
Réaliser un broyage partiel Plutôt que d'envisager un broyage
en plein, une variante possible
consisterait à broyer des bandes de
4 m de large, espacées de 8 m
d 'axe en axe et le long desquelles
on planterait dans la souille coloni
satrice de l'interbande non broyée.
parcelle, il reste au forestier à envi
sager une préparation du sol garan
tissant la mi:se en place rapide et
efficace d'une nouvelle plantation,
saine et vigoureuse, prête pour une
sylviculture cilynamique. La recons
titution doit 5e faire par voie artifi
cielle au moyen de plants issus de
pépinière. Al!l préalable, il est impé
ratif d'aider le jeune plant forestier à
s'affranchir de la présence de la
couche de fragments de bois.
Diverses méthodes sont envisa
geables, selon que le forestier
cherche à dégager le trou ou la
ligne de plantation.
Sur le trou de plantation Le décapage mécanique de la place
du plant peurt s'effectuer au moyen
d'un godet monté sur pelle hydrau
lique à chenilles (ou sur pelle arai
gnée dans le cas des parcelles à
pente > 30 %), d'une dent de
déchiquetage type « Becker » ou
mieux, d'une dent de cultisous
solage. Ces outils poussent latérale
ment les obstacles de surface, sur
une profondeur de quelques centi
mètres (5 cm maximum). De cette
façon, le broyât est éloigné de la
proximité du plant. Ce décapage
peut être complété , grâce aux
mêmes outils, par un travail du sol
localisé en potet de 200 à 500 litres
environ (culti sous-sciage) ; le
temps de plantation sera alors divi
sé par deux grâce à l'ameublisse
ment préalable du sol.
On peut expérimenter une prépara
tion localisée du sol au moyen
d'une tarière animée par la prise de
force d'un tracteur. Selon le modèle
utilisé, la mèche ouvre un trou
cylindrique dans le sol en rejetant
les déblais en cordon concentrique
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ou réalise un simple ameublisse
ment par malaxage. Dans ce der
nier cas. le broyât est d irectement
incorporé au sol.
On peut aussi envisager de réaliser
un décapage manuel à la houe
forestière juste avant la plantation.
Dans ce cas. il faudra prendre en
compte cette opération dans la
rémunération du planteur pour que
le travail soit effectué correctement.
Sur les lignes de plantation Le décapage mécanique des futures
lignes de plantation est une opéra
tion qui a l'avantage de pouvoir
mêm•e type que celles qui équi
pent classiquement les chasse
neige. Certains trains d 'outils parti
culiers utilisés sur les sols sableux
d'Aquitaine et montés sur tracteur
à row~s fonctionnent déjà selon ce
principe.
On peut aussi envisager de réal iser
un décapage au moyen d'une lame
de g •erbage sur débusqueuse.
Classiquement, le bouclier avant
sert à augmenter la stabilité de la
machine pendant le treuillage lors
de la vidange des bois et à gerber
les grumes à l'arrivée sur la place
de dépôt. Occasi onnellement ,
Le déblainnent des rémanents par un bull équipé d'une lame droite doit être évité en raison des risques élevés de décaper les horizons superficiels du soL
être combinée avec un travail du
sol par ripper. Néanmoins. le risque
de bouleverser les horizons superfi
ciels des sols est élevé.
Classiquement. il peut être réalisé
au moyen d'une lame droite sur
tracteur à chenilles montée en
angledozer (horizontale et inclinée
par rapport à l'axe du tracteur).
L'évacuation des matériaux se fait
au fur et à mesure de l'avance
ment. la charge de la lame étant
rejeté en un cordon latéral de
faible taille. On peut imaginer
d'équiper un tracteur forestier
d'une étrave en forme de • V • du
cette lame peut aider au nivelle
ment des ornières d'exploitation
mais il faut se rappeler qu'elle ne
peut remplacer la lame d'un bou
teur (angledozer). n'ayant pas été
conçue pour cela.
• Ouverture de
cloisonnement culturaux Après exploitation, la présence de
semenciers viables. en nombre
suffisant (environ 50 tiges/ha) et
bien répartis sur la parcelle ou
46 F o r ê t - e n t r e p r i s e n ° l 3 5 1 2 0 0 0
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FAE FAE. ltalia Sri EVL Vla V. lnama, 23 CP 61 - 3801 3 Fondo (Tn) ltalia Tel : +39 463 83 02 22 - Fax : +39 463 83 02 12
7, boulevard Carnot prolongé - 51310 Esternay Tel: 03 26 81 59 26- Fax : 03 26 80 45 62
HUET E.TRS SA
Plaisance Equipement
Rue des Boussines, 48 6960 Vaux-Chavanme (Belgique) Tel : +32 86 45 58 86 - Fax : +32 86 45 !58 87
Plaisance Equipement Montigny - 54540 Badonviller Tel : 03 83 42 15 79 - Fax : 03 83 45 24 21
Idem
SE.PPl SE.PPI M. Sri - GmbH Conscience Ch. 1-39052 Caldoro - Ka.ltern (Bz) ltaly 3, rue des jardins - 10000 Troyes Tel : +39 0471 96 35 50- Fax : +39 0471 96 25 47 Tel : 03 25 49 93 63 - Fax : 03 25 49 93 66
situés à proximité (moins de
50 rn, pou r les conifères) peut
am ener le forestier à choisir la
régénération naturelle comme
situées entre les cloisonnements
successifs ;
- éventuellement, accéder à la par
celle de maniière à compléter artlfi-
mode de reconstitution. ciellement la régénération naturelle
Dans ce cas, un broyage lourd en dans les zones non colonisées par
plein des rémanents est totale- les semis naturels;
ment déconseillé car si la régéné
ration est acquise avant déblaie
ment, la mise à nu de la parcelle
aura pour effet de la détruire. Par
ailleurs, nous savons déjà qu'en
présence d 'une épaisse couche
de broyât , il sera difficile pour
une graine d 'atteindre facilement
Je sol et se développer correcte
ment.
Su r parcelles résineuses après
exploitation traditionnelle, on peut
alors envisager d'ouvrir des cloison
nements sylvicoles (culturaux) tous
les 6 à 8 m d'axe en axe au moyen
- atteindre facilement les semis et
les plants pour les aider à sortir de
la végétation concurrente avec un
minimum de dégagements ;
-ultérieurement, assurer l 'exploita
tion des bois initialement conser
vés sur pied ;; il s'agit alors de faci
liter l'extraction des arbres dépéris
sants ou sans valeur et les nou
veaux chablis tout en préservant
les semis naturels ou les jeunes
plants installés.
L 'ouverture de cloisonnements
culturaux perut s'envisager égale
ment dans le cadre d 'une reconsti-
d 'un broyeur lourd qui travaille tution artificielle. Dans ce cas, leur
dans le sens de chute des arbres.
Ces cloisonnements assurent l'ac
cessibilité de la parcelle et leur rôle
est donc cultural. Dans ce cas, on
les utilise pour :
-suivre l'évolution de la régéné
ration naturelle qui pourrait s'ins
taller dans l es inters bandes
rôle est de permettre la pénétra
tion dans la parcelle d'une pelle
hydraulique équipée d'un godet,
ou d'une deJnt ; il s'agit alors de
réaliser, dans chaque inter bande,
une préparation localisée du sol en
potets travaillés qui s'alignent le
long des cloiisonnements en vue
d 'installer une plantation à faible
densité, chaque plant introduit
devant être impérativement proté
gé contre les dégâts du gibier. •
Remerciements
Les auteurs souhaitent vivement
remercier les personnes qui ont
contribué à enrichir cette synthèse
en faisant part de leurs idées, de
leurs connaissances et de leur expé
rience, à savoir : Luc Bouvarel et
jacques Rideau (CRPF Limousin),
Cécile Maris (CRPF Aquitaine), Alice
Billard (stagiaire FIF au CRPF Rhône
Alpes) , Gérard Armand (FVFE.),
jacques Becquey, François Charnet,
Dominique Merzeau et Philippe
Riou-Nivert (IDF).
(1) Ingénieur à I'IDF. (2) Étudiant en mastbre sciences forestières, Engref Nancy. (3) Ne concerne ni le ebat sauvage ni la buse qui sont déjà des espèces protégées (NDLR).
Forêt-entreprise n ° 135/2000 47