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Recueil des nouvelles du concours 2017 Par les médiathèques de St Père en Retz et Chauvé

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Recueil des nouvelles du concours 2017 Par les médiathèques de St Père en Retz et Chauvé

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Sommaire

Recueil des nouvelles du concours 2017 .................................................................................................................. 1

Premier rendez-vous par C. Bouyer................................................................................................................... 4

Fossé générationnel par S. Debbache ............................................................................................. 5

Le voyage par M. Boivin ......................................................................................................................... 6

Cloud par C. Laborde-Sylvain ........................................................................................................................ 7

Chapitre unique par J-M. Cens ............................................................................................................... 8

Depuis l’enfer par R. Reuche ............................................................................................................................. 9

Histoire de vocabulaire, en vers ! par C. Bourez .............................................................................................. 11

Une saine intégration par V. Andrieux ............................................................................................................... 12

A la recherche de mon ours polaire par N. Schurmann ....................................................................................... 13

A l’abordage moussaillon ! par A. Beuque ........................................................................................................ 14

Chasseur digital par R. Taraud .............................................................................................................................. 15

La canne de Jeanne par M. Renault ....................................................................................................................... 16

Une amitié connectée par M-H. Foucher ................................................................................................................ 17

Aller à la ligne par S. Deschère ............................................................................................................................ 18

Les galériens par D. Toucanne............................................................................................................................... 19

Levez le pied ! par A. Lesage ................................................................................................................................. 20

Le rendez-vous par M.Caneele .............................................................................................................................. 21

Rupture numérique par T. Mériaud ......................................................................................................................... 22

Ado par S. Gehan ................................................................................................................................................ 23

Amour virtuel par L. Benslilmane ........................................................................................................................... 24

La salle d’arcade par S. Grudé ................................................................................................................................. 26

Le sceptre de l’émoticône par T. Frezes .................................................................................................................. 27

Avant de dormir par A. Herbiet............................................................................................................................... 28

Jack l’intrépide par L. Frezes ................................................................................................................................... 30

Le tour du monde d’Olaf par G. Le Diagon .............................................................................................................. 31

L’histoire de Rolland par M. Le Diagon.................................................................................................................... 32

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Catégorie Adultes

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Premier rendez-vous par C. Bouyer

C’est Lucas qui me l’avait donné. « Tiens, je ne m’en sers plus. Si tu veux, on va ensemble acheter une carte

sim, comme ça, je pourrais t’appeler directement et puis, je vais te montrer comment surfer sur le web. » Je l’avais dévisagé. Il m’aurait parlé chinois, cela m’aurait fait le même effet. Il a repris : « Papi… C’est un téléphone portable ! Un smartphone avec grand écran et navigation intuitive ! Tu peux aussi télécharger ton journal ». Je l’ai regardé. J’ai enlevé mes lunettes pour mieux le dévisager. Non, il était vraiment sérieux. J’ai baissé les yeux sur l’appareil en question. Je l’ai palpé, retourné, et puis j’ai écouté Lucas, attentivement. J’ai écouté ses explications. J’ai pris des notes. Le bouton marche-arrêt, le volume sonore, les contacts, décrocher, raccrocher et il est arrivé aux SMS : « Tu vois Papi, entre potes on ne se téléphone pas. On s’envoie des messages, pour tout, pour rien, discrètement » fit-il en me faisant un clin d’œil. C’est à cet instant-là que j’ai eu l’idée.

J’ai attendu l’ouverture de la médiathèque le mardi suivant. Je m’étais inscrit à un atelier informatique. Je crois que je n’avais pas fourni un tel effort de concentration depuis, depuis… je ne sais même plus. J’ai tout noté : comment ajouter mes pages web en favoris, ouvrir un compte de messagerie, où stocker mes photos, la géolocalisation, ce qu’était un blog, chez quel fournisseur d’accès être hébergé, envoyer un e mail… Je suis rentré, quatre heures plus tard, fourbu mais heureux. Ça y’est, mon plan allait fonctionner.

Je me suis assis dans mon fauteuil préféré, j’ai lancé le moteur de recherche… et j’ai trouvé ce que je cherchais. Patiemment, avec application, j’ai créé mon compte mais sur la rubrique « Sélectionnez votre avatar », j’ai paniqué ! Il y avait là une page entière d’illustrations, de personnages, d’animaux, de fleurs… En bon fureteur et fin limier, j’ai trouvé ce qu’il me fallait. Oui, ça c’est tout moi ! Un foulard délavé noué sur le front, une barbichette bien taillée et les yeux noirs. Confiant, j’ai renseigné mes données personnelles. J’ai cliqué sur « Publier ».

On m’a appelé pour dîner.

***

Elle avait d’abord cru à un canular. Cela faisait longtemps qu’elle était inscrite sur ce site. Mais, c’est la signature qui l’avait intriguée « Jack Sparrow ». Aucune piste. Aucun indice. Elle avait questionné son entourage, rien non plus. Rien ne pouvait l’éclairer sur l’identité de cet admirateur. A la fois tentée, séduite et curieuse, elle avait décidé de se rendre au rendez-vous. Après tout, elle n’avait rien à craindre. Le banc, près de la fontaine, à 15h30 mercredi 12, au Jardin Botanique. Le ciel était sans nuage. Elle avait juste pris une veste, au cas où.

***

Depuis que je l’avais croisée, j’étais semblable à un nomade, attiré dans un royaume dont je ne voudrais plus m’échapper, à la fois angoissé et heureux de ressentir cette étincelle dans mon cœur. J’avais surtout soigné mon dernier SMS, pour le rendez-vous. Quelques émoticônes bien choisies : un arbre, un soleil, une fleur. Un cœur… je n’avais pas osé.

Personne ne m’a vu sortir. La concierge me télésnobait, les yeux rivés sur son écran. Elle était là, assise, ses cheveux sagement couronnés en un chignon, sur sa nuque frêle. Je me suis approché. J’ai ôté mon chapeau. « Jeanne, je suis votre pirate… » Elle a levé les yeux. Le soleil la gênait un peu. Elle m’a souri. « Henri, ça me fait plaisir de vous voir ! » Je me suis assis près d’elle. Nous sommes restés là, à discuter comme de vieux amis. Quand il fut l’heure de rentrer, elle a saisi sa canne et moi la mienne et nous avons pris ensemble le chemin de notre maison de retraite. Demain, je lui prendrais peut-être la main…

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Fossé générationnel par S. Debbache

-T'as bien compris ? Tu sauras l'allumer ? OK, parfait. J'vais t'montrer comment ça marche. Faut aller sur internet, perso j'utilise Mozilla. Tu cliques sur la barre d'recherche, et tu rentres "Facebook". Ouvre la page maintenant. On va t'créer un profil. - Mais… À quoi ça sert ? C'est si utile que ça ? Je ne pense pas que ce soit de mon âge… - Mais si ! Y a pas d'âge pour savoir utiliser un PC. Comment tu fais pour chatter avec tes potes ? Enfin, discuter avec tes amis ? - Ben… Ils n'ont pas ces trucs informatiques. - Ah bon ? Pas grave, on pourra discuter ensemble, c'est pas cool ? Donc là, on s'occupe de ton profil. C'est quoi ton adresse mail déjà ? [email protected], ça fait bolos ! Faut mettre des adresses cools, la mienne c'est [email protected]. Maintenant, choisis un mot de passe. Pas trop long, pour t'en souvenir, mais pas trop court non plus. Sinon tu t'feras hacker ton compte par des pirates. Maintenant ta date de naissance… - Des pirates ? Mais de quoi tu parles ? Je ne comprends pas la moitié de ce que tu me racontes. - T'occupe, c'est créé. Faudra qu'tu mettes une photo de toi et une de couverture, ça claque. Et après tu racontes un peu ta life : c'que tu manges, c'que tu fais… Tout ça quoi ! C'est mis sur le cloud, hébergé quelque part aux States ou ailleurs, et tes copains peuvent voir c'que tu fous. Même à l'autre bout du monde ! Moi, c'que j'kiffe, c'est faire ma fureteuse. J'regarde c'que font les gens, les trucs qu'ils postent, qu'ils likent. Tu piges ? On continue. Faudra pas qu't'oublies d'ajouter tes amis, et moi bien sûr. Tu vois, ça c'est une fenêtre de chat. Pour discuter. Tu peux écrire, et mettre des émoticônes. C'est les p'tites têtes que tu vois, là en bas. Bon, après tu vas apprendre plein d'autres choses. Ça peut remplacer les journaux, par exemple ! Il y a plein d'infos. Par contre, tu feras gaffe aux canulars. Bon, j'crois qu'on a fait l'tour. J'te l'mets en favori, c'est plus pratique. Connecte-toi souvent hein, surtout si j't'envoie des messages. - Tu sais, on n'en a jamais eu besoin pour l'instant. On n'est pas forcé de s'y mettre. - Oula ! Môssieur a peur que l'on bouscule ses p'tites habitudes ? C'est le progrès ! Tu vas quand même pas rester au vingtième siècle. Et t'oublieras pas de télécharger l'appli sur ton smartphone. Sur ton appareil nomade quoi, s'tu veux qu'je parle comme un vieux croûton ! - Mais je n'en ai pas. - Quoi ?! T'as pas de smartphone ? Et ben voilà, moi qui t'cherchais un cadeau de Noël. Ça remplacera les habituelles chaussettes. - Je ne sais pas si ça vaut le coup. Après je vais me retrouver à télésnober tout le monde. Un peu comme toi lors du dernier dîner d'ailleurs… - Sympa, j'te remercie. Je te donne un cours entier sur les nouvelles technologies, et voilà comment tu m'récompenses. Chapeau ! À table, j'le regarde que quand c'est important, môssieur. - J'ai l'impression que c'est très souvent important. - Bref. On va pas épiloguer là-dessus. Avant d'éteindre l'ordi, tu veux pas que j'te montre mon 1 dernier avatar sur WoW ? J'me suis fait un orc hyper bourrin, il déchire ! - On n'irait pas prendre l'air plutôt ? Ça fait un moment qu'on est ici, j'ai envie de m'aérer l'esprit. - Avec tous les nuages qu'il y a dehors, tu es sûr ? On est mieux ici, tous les deux, on s'éclate. - Allez mamie, s'il te plaît ! J'ai mal aux yeux à force de fixer l'écran. Puis il fait super beau dehors, tu dis n’importe quoi. - pfff, d’accord mon choupinou. J’aurai au moins le droit de jouer à Pokemon GO ?

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Le voyage par M. Boivin

Un jour sans soleil, au ciel empli de nuages, Valbert regardait l’écran de son téléphone intelligent, télésnobant son groupe d’amis avec lequel il déambulait sur la rue Principale de son village natal. Il était en lien avec une jeune femme de son âge, avec qui il prévoyait souper le soir même, la rencontrant pour la première fois. Jusqu’ici, il ne connaissait que son avatar et ce qu’elle avait bien voulue lui dire sur le site où il l’avait rencontrée. Cette dernière lui confirma qu’elle serait présente et à l’heure au rendez-vous, accompagné d’un émoticône lui faisant un clin d’œil. Comme il rangeait son téléphone, en racontant à ses amis comment il avait connu cette jeune femme, il trébucha, soudainement, sur un caillou, avant de tomber dans un trou béant, se trouvant sur une partie de la route en construction…

Il s’éveilla quelques heures plus tard, sur le pont d’un immense bateau de bois, avec une douleur lancinante à la tête. Se relevant péniblement, il tentait de comprendre comment il était arrivé en ces lieux quand, tout à coup, il fut abordé par le capitaine du navire. « Vous voilà enfin réveillé la belle au bois dormant ! Comment suis-je arrivé ici, lui demanda-t-il. Des hommes vous ont emmené et je vous ai acheté pour faire partit de mon équipage. Je me présente, le grand pirate Barbe Blanche. » Croyant à un canular fait par ses meilleurs amis pour souligner ses trente ans, il rit à gorge déployée, jusqu’à ce que ledit pirate lui mette un sabre sur la gorge en lui demandant ce qu’il trouvait aussi drôle…

Ainsi se retrouva-t-il, malgré lui, un membre de l’équipage de ce grand pirate écumant les sept mers, menant une vie de nomade, pillant les bateaux qu’ils rencontraient, gardant les meilleures prises pour les vendre comme esclave. Contre le fait qu’il le laisse en vie, qu’il lui donne quelques piécettes de cuivres par semaine, qu’il l’héberge et qu’il le nourrit, il accepta de travailler sur le pont et dans les cuisines du navire. Il passa donc plusieurs mois en pleine mer, naviguant, pillant, nourrissant les esclaves, préparant les repas et frottant le pont, jusqu’au jour où le bateau jeta l’ancre dans une petite ville portuaire.

Voyant une auberge, il y entra afin d’obtenir des renseignements sur cet endroit. Il apprit qu’il se trouvait dans la ville portuaire de Jézonde, se trouvant être dans la région du royaume de Bhêl, dirigé par le roi du même nom. C’est à ce moment qu’il réalisa que, sans savoir comment, il avait voyagé dans le temps vers l’époque du moyen-âge et des pirates, son époque favorite. Curieux de nature, et en bon fureteur, il sut rapidement tout ce qu’il y avait à savoir sur la région, et même, par-delà la mer des Andes. Lorsque le bateau du pirate Barbe Blanche appareilla, il refusa de les suivre, demeurant en ville, heureux d’avoir à nouveau les pieds sur la terre ferme…

Après avoir navigué durant des mois dans les eaux des sept mers, il voyagea de ville en ville et de village en village, vivant plusieurs grandes aventures, rencontrant plusieurs personnes vraiment intéressantes, apprenant sur la nature et la magie. Le temps passa et cela faisait désormais plus de deux ans qu’il avait atterrit sur le pont du navire du grand pirate Barbe Blanche et un peu plus d’un an qu’il voyageait à travers terres, champs et forêts. Il en avait presqu’oublié son monde, quand il vit à nouveau un trou sans fond s’ouvrir devant lui. Le même genre de trou dans lequel il était tombé cet après-midi-là…

Sachant par instinct que de le traverser le ramènerait à son monde d’origine, il se demandait s’il souhaitait bien rentrer chez lui ou s’il préfèrerait demeurer dans cette époque qu’il avait tant aimée et imaginée. Depuis son arrivée en ces lieux, il vivait des aventures magnifiques. Cependant, il repensa à ses parents, sa sœur, ses amis et toutes les autres personnes qui devaient être blessé par sa disparition et qui souhaitaient surement son retour depuis le tout début…

Il sauta donc, abandonnant ce monde de rêve pour eux, dans le trou sans fond qui s’était formé devant lui, et s’éveilla lentement à l’hôpital, après qu’il soit demeuré dans le coma près de deux ans…

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Cloud par C. Laborde-Sylvain Sylvie est devant son ordinateur lorsque Greg rentre du collège:

-bonjour maman ! Claironne-t-il en entrant dans la pièce. Elle ne bouge pas, les yeux rivés sur son écran. Ah bravo ! Ma mère me télésnobe maintenant !

Elle tourne alors la tête vers son fils, en lui disant qu’elle ne l’a pas entendu arriver.

-je vois ça. Tu as l’air très occupée pour quelqu’un qui ne voulait pas entendre parler d’internet. J’aurais dû t’envoyer un émoticône sur Messenger, tu m’aurais répondu de suite. S’esclaffe-t-il. Ne faisant aucun commentaire sur cette dernière phrase, Sylvie invite son fils à la rejoindre :

-Au lieu de raconter n’importe quoi, viens plutôt voir. Ta sœur a déposé des photos sur son cloud, elle a l’air de bien s’amuser en Espagne.

-Waouh ! Un cloud ! Et tu sais ce que c’est toi ?

-je parle anglais je te signale : un cloud est un nuage. Dit Sylvie en gardant son sérieux.

-oui, et un avatar est simplement un homme bleu. La raille-t-il. Elle ne répond pas, se lève et se dirige vers la cuisine. Greg s’installe sur le fauteuil pour jeter un œil aux photographies de sa sœur. A peine assis, un message s’affiche sur l’écran : « Félicitations ! Vous êtes notre grand gagnant… » Il ferme la fenêtre sans en avoir lu le reste de son contenu. Sylvie revient avec un plateau. Il l’informe de faire attention car, parfois, ce sont de vraies publicités, mais souvent, ces « jeux » sont des canulars. Il est plus sûr de ne pas y répondre car on ne sait jamais ce qui peut y être hébergé. De nombreux pirates se servent de ce genre d’attaques pour entrer dans les ordinateurs fixes ou nomades des utilisateurs et se servir de diverses données personnelles.

-j’ai trouvé pourquoi il est si long ton ordi maman ! Il fallait juste faire une mise à jour de ton fureteur ! Pardon de ton navigateur ! Ajoute-t-il devant son air dubitatif. Du coup, j’ai dû tout fermer avant la mise à jour et le redémarrer.

-et comment je vais retrouver le cloud de ta sœur ? Demande-t-elle.

-t’inquiète ! Je te l’ai mis en favori. Devant l’expression interrogative de sa mère, Greg ajoute : laisse tomber maman, je t’expliquerai. Si on goûtait plutôt ?

Sylvie dépose alors le plateau sur la table du salon : thé et jus de fruits accompagnent les biscuits qu’elle a préparés cette après-midi. Ils ne manquent pas de faire rire son adolescent de fils, puisqu’ils ont la forme de nuages.

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Chapitre unique par J-M. Cens

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Depuis l’enfer par R. Reuche

Cela faisait bien des années que le diable n’avait pas vu la lumière du jour, et qu’il stagnait en Enfer,

dans son pays d’infortune. Ce drôle de pays où le sol n’est que terre infertile. Où des ébullitions de laves

jaillissent de séismes continus. Où le ciel rouge sanguin tonne de ces orages incessants qui percent les

nuages charbonneux. Où les maisons ne sont que ruines d’amiantes et de soufre. La dernière terre pour

héberger les voyous, les bourreaux, les errants, les pirates, ou les âmes nomades torturées en quêtes

d’apaisement…

Un petit matin, un jeune homme est arrivé en Enfer. Il était mort à l’aube, dans sa tentative de fuite

d’un braquage mal négocié. En bon petit voyou aux airs de brute derrière son petit cœur fissuré, il fut

envoyé ici. Le diable aimait son allure de loubard, sous laquelle se cachait l’espièglerie d’un type

malchanceux. C’est décidé, ce gars serait son favori. C’est cet homme là, qui lui raconterait les dernières

nouvelles de la vie sur Terre. Ça faisait tellement longtemps que le diable n’en avait plus entendu parler.

Le jeune homme s’exécuta à l’ordre du chef des ténèbres qui lui demandait de raconter la vie sur

Terre : « Il y a sur Terre, dit le jeune homme, une invention révolutionnaire : internet. Grâce à elle, tous les

hommes peuvent communiquer entre eux. Mieux, chacun peut avoir accès à l’essentiel de l’information. Et

le transmettre. Que ce soit des articles ou des vidéos. Dès qu’il se passe quelque chose de terrible sur terre,

chacun peut réagir. Ainsi, parait-il, que d’ici une dizaine d’années, il n’y aura plus aucuns problèmes. Car

maintenant tout le monde peut prévenir le danger grâce à internet. Et surtout, les gens peuvent se trouver,

se rassembler, discuter, et chercher des solutions à ces problèmes. Et ça, en étant dans des pays différents.

Internet va unifier les hommes ».

Le diable était là, bien embêté. Il existait donc une invention qui finirait par unir les hommes et

anéantir les causes du mal. Il aurait aimé croire à un canular, mais le fureteur était bien renseigné. Il lui

fallait une solution. Détourner l’attention des hommes des articles, ou vidéos qui dénonçaient l’œuvre du

mal. Mais, cela marcherait-il ?

Voici, qu’après une nuit à se torturer l’esprit, le diable avait une idée. Il renvoya le jeune homme sur

terre, et depuis sous Enfer souterrain, lui ordonna de détourner les hommes de l’information. Il fallait les

attendrir.

Ainsi, est apparut sur le net, la première vidéo de chat. Ce fut une grande réussite. Le « Chat qui

saute sur le radiateur » devint en quelques jours la page la plus consultée du web. Les hommes et les

femmes s’empressaient de commenter avec des « Trop mignon », « Tu es très drôle petit chat », et toutes

sortes d’émoticônes aux formes improbables. Devant le succès de la vidéo, d’autres avatars postèrent à leurs

tours des extraits de chats qui firent sensations. Puis, vinrent les chiens, les lapins, les chevaux, et toutes

sortes d’animaux, en effet boules de neiges.

Chaque homme voulait sa part de buzz. Son instant de gloire. Sa réussite. Et chacun fit part de sa

créativité pour inventer de nouvelles vidéos à sensation, de nouveaux articles racoleurs. Et ça marchait, car

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les hommes étaient prêts à se télésnobber pour découvrir « Le type qui pète sur un briquet », ou celui qui

« fait de la musique avec des pates alphabets ».

Quand au diable, au fond de son Enfer, il était fier. Grâce à lui chaque personne sur Terre peut avoir

à tout moment accès à l’essentiel de l’information. Et le transmettre.

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Histoire de vocabulaire, en vers ! par C. Bourez

« Qu’est-ce donc cette génération qui nous télésnobe ?

Télésnober, d’ailleurs, c’est quoi ? » « C’est évident !!! c’est pianoter sur un écran,

Sans prêter aucune attention, A ceux présents autour de soi. »

Tu as vingt ans, et moi soixante ans bien sonnés, Me dis-tu, aujourd’hui, que je suis « hors d’âge »,

Que je manque d’actualité. Ai-je la tête dans les nuages,

Au lieu d’avoir, sur terre, les pieds ?

J’aimais bien les contes du passé : Pirates et princesses, au bal se rencontraient,

Et souvent, l’histoire s’achevait Après un nouvel avatar,

À la table d’un grand banquet. Crois-tu au canular, si je dis tout autant

Que dans ces histoires dépassées, Tout aussi bien, l’on hébergeait

Sédentaires et nomades, sans autre jugement.

Mais rien ne sert de se tourner Avec regrets vers le passé.

Prenons en mains notre avenir Il promet de nouveaux empires.

Alors…… Je cherche mon émoticône favori Pour signer ce soir mon message,

Car, moi aussi, bien que « hors d’âge » Hi, Hi, Hi, Hi,

Je suis une fureteuse à la page !!!

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Une saine intégration par V. Andrieux

Sur cette planète fort différente de la Terre, Eva disposait d’un avatar lui permettant d’entrer en

contact avec les indigènes nomades de ce monde. Quand on lui avait proposé cette mission elle avait tout

d’abord cru à un canular. Officiellement, elle dépendait de la Directrice du projet d’intégration de cette

population, officieusement, elle jouait le pirate pour le Chef de l’armée qui souhaitait avoir accès à la plus

grande mine d’uranium, située justement là où vivaient en ce moment les autochtones. Tous les soirs Eva

enregistrait son expérience du jour dans le nuage dédié au service, et terminait sa contribution par un

émoticône adapté à ses sentiments du moment. Cet espace de stockage était partagé par tous les membres de

cette Direction.

La favorite de Léa était la fille du roi de ce peuple, Aila, avec laquelle elle était devenue amie. En

effet, Léa se comportait comme une fureteuse dans cet univers : elle voulait tout découvrir de ses habitants,

de la faune et de la flore. Mais arriva ce qui devait arriver : une fois elle manqua de peu son hélicoptère de

retour et se retrouva en pleine nature hostile, au milieu des dangers de la nuit. Alors la princesse intervint,

éloigna les animaux de la forêt qui voulaient l’attaquer et l’amena au village, où elle lui proposa de

l’héberger jusqu’au lendemain. Léa tenta de télésnober Aila pendant le repas du soir, pour avertir ses

collègues de sa mésaventure, mais elle s’arrêta vite car elle voyait qu’elle incommodait tout le monde. Elle

devait s’adapter aux rituels de ses hôtes et non l’inverse.

La suite s’imposa comme une évidence : Léa se prit d’affection pour cette espèce complètement en

phase avec son environnement. Elle décida donc de cesser d’alimenter en informations le Chef de l’armée et

de s’impliquer à fond dans le projet d’intégration. L’enjeu était passionnant : il s’agissait de mettre en place

un mode de communication efficace entre les deux catégories de population vivant sur la planète pour un

jour habiter vraiment ensemble. Ainsi la Directrice de la mission mit en place une sorte d’école pour les

habitants volontaires, afin de les ouvrir à notre civilisation. La réciproque viendrait rapidement mais il fallait

d’abord dépasser l’obstacle de la langue, la leur étant à présent maîtrisée par les seuls agents qui, comme

Léa, disposaient d’un avatar et passaient la majeure partie de leur temps à leurs côtés.

La Directrice gagna au final son bras de fer avec le Chef de l’armée et réussit par là-même à éviter la

guerre entre les deux parties. Après tout on trouvait de l’uranium ailleurs dans le cosmos… Pas des

populations aussi intéressantes !

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A la recherche de mon ours polaire par N. Schurmann

Comme chaque soir depuis plusieurs semaines, je suis impatiente de rentrer chez moi, de m’installer confortablement devant mon ordinateur avec une boîte de biscuits et un thé à la menthe, de cliquer sur l’un de mes favoris et de me connecter enfin à « Destinations-de- rêves.com ». Déception : pas de messages. Cela fait maintenant 6 mois que je suis inscrite sur ce forum de discussion et je n’ai toujours pas la moindre photo de « Keenanoam » à me mettre sous la dent. Juste l’ours polaire coiffé d’un sombrero et agitant un drapeau suisse qui lui sert d’avatar. Après toutes nos conversations sur les destinations de nos rêves, la Nouvelle-Zélande pour moi, le Canada pour lui, je pense au moins mériter autre chose que quelques émoticônes en signature de ses nombreux messages. Et pourtant, ça n’a pas été faute de lui demander de me faire parvenir son portrait. Il trouve toujours une excuse, plus ou moins valable, pour y échapper. Il n’a même pas daigné me faire parvenir une adresse e-mail privée, je le contacte systématiquement par le biais du forum. Plus le temps passe et plus je sens venir le coup fourré. Peut-être que je regarde trop la télévision, mais j’ai bien peur de me retrouver tantôt à la une de l’un des épisodes de l’émission « Catfish » sur MTV. Emission qui met en lumière de nombreuses personnes victimes de canulars sur Internet, à la merci d’individus sans scrupules qui s’inventent des profils afin d’arnaquer d’autres internautes trop crédules. Je ne suis pourtant pas naïve… mais je me surprends à être chaque jour un peu plus impatiente que la veille de me loguer sur le forum pour voir s’il m’a répondu… et s’il m’a enfin envoyé une photo. Qu’elle est loin l’époque où je n’étais qu’une fureteuse, qui lisait les messages des autres membres tout en évitant de publier mes avis, mes envies et mes différents commentaires pourtant toujours très affutés.

Keenanoam m’a contactée un jour, en me disant avoir craqué sur la photo de mon séjour au Nicaragua que j’utilisais comme avatar à l’époque… Je le comprends parfaitement, ce paysage est magnifique ! Et depuis, il est devenu mon âme-sœur de voyages et peut-être plus si affinités. Mais pour ce faire, je voudrais quand même savoir quelle tête il a. Après tout, je lui ai bien envoyé une photo moi. Je suis devenue tellement accro que même en plein apéro avec mes copines, il m’arrive de les télésnober pour garder un œil sur mon portable.

Mais aujourd’hui, j’en ai assez de ce nuage noir qui obscurcit mon éventuel avenir avec lui et je prends les choses en main. Toujours pas de cliché ? Ok, alors j’attrape mon clavier et tape « découvrir l’identité d’un profil » dans mon moteur de recherche. S’il ne veut pas m’aider, je vais me transformer en petit pirate informatique afin de le débusquer, où qu’il se cache et qui qu’il soit. Après deux heures de recherches et de lecture intensive, j’en arrive à la conclusion que tout cela va être bien moins aisé que je ne le pensais. Sans photos, sans autorisations, sans même une adresse e-mail, c’est mission impossible de lui mettre la main dessus. Mais je ne me sens plus le courage d’attendre son bon vouloir pour enfin avoir des réponses à mes questions.

J’aurais préféré garder toute cette histoire pour moi et n’en toucher mot à personne mais si je veux atteindre mon but, je suis dans l’obligation de demander de l’aide. Et qui pourrait m’aider dans ma quête mieux que mon meilleur ami, Thierry, un as de l’informatique que j’ai hébergé sur mon canapé pendant des semaines. Il a désormais repris sa vie de nomade et je n’ai pas d’autre moyen de le contacter que de lui envoyer un mail. Je n’ai pas la moindre idée d’où il se trouve en ce moment. Il pourrait aussi bien squatter sa chambre d’enfant chez ses parents que faire du couchsurfing à l’autre bout du monde. Maintenant que j’y pense, je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis fort longtemps… et je n’en ai pas pris ni donné non plus, trop obnubilée par Keenanoam pour prendre le temps de le faire. J’envoie donc un petit appel au secours à Thierry, sans trop en dire afin d’être certaine de piquer sa curiosité : « Au secours stop. Besoin de tes lumières stop. Contacte-moi ASAP stop. »

Il me répond en moins de dix minutes, manifestement très intéressé et impatient d’en savoir davantage : « Dis m’en plus !Suis à dispo ! » Le sourire aux lèvres, je m’apprête à lui répondre quand je remarque sa signature… Un ours polaire portant un sombrero avec à la main un drapeau suisse !!!

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A l’abordage moussaillon ! par A. Beuque

Les élèves étaient affairés à résoudre l'exercice sur leurs terminaux individuels lorsque l'énoncé disparut du tableau numérique, supplanté par une étrange suite d'émoticônes. S'ils crurent d'abord à un canular, aucune des tentatives menées pour réinitialiser l'interface ne fonctionna. Ce n'est qu'en constatant que leurs smartphones affichaient désormais les mêmes icônes chatoyantes qu'ils comprirent que leur classe subissait une attaque informatique, et qu'ils devraient l'affronter seuls. En effet, le matin même, leur professeur affaibli par un virus saisonnier leur avait annoncé sa défection par visioconférence. Mais l'absence de l'enseignant n'était plus synonyme de relâche depuis l'extension du protocole NumériClasse, impulsé par les pédagogues las de se faire télésnober à longueur de journée. Équipés de terminaux personnels, les élèves pouvaient travailler en nomade. Aussi, ce matin-là, leur enseignant n'avait eu qu'à leur transmettre des problèmes de proportionnalité, une biographie numérique d'Edward Teach à synthétiser et quelques exercices de programmation, et s'engager à se connecter ponctuellement pour répondre à d'éventuelles questions. « Ce n'est pas une suite aléatoire, murmura Tom en inspectant les émoticônes. Je crois qu'il s'agit d'un message ! » Son décryptage fut aussitôt entrepris : moniteur, nuage, tête de mort... La signification en était douloureusement explicite : le serveur de la classe était sur le point d'être hacké. « Si nous n'intervenons pas rapidement, le nuage sera siphonné et tout notre travail perdu, résuma sombrement Arthur. » Les élèves conjuguèrent leurs efforts pour activer le protocole de dépannage, mais celui-ci était mystérieusement inaccessible. En parallèle, plusieurs fureteurs déployés en quête d'informations relayèrent la même difficulté : la classe était totalement isolée du réseau extérieur. Que faire ? Quitter la classe pour trouver de l'aide IRL ? Le temps qu'ils reviennent, leur serveur serait tombé. Coupés du réseau et des savoirs accumulés, les élèves ne pouvaient s'en remettre qu'à leurs neurones, leur principale ressource hors-ligne... « Le processus de réinitialisation est entamé ! Rugit Tom, impuissant. Le maliciel remonte nos favoris pour effacer tout le travail effectué jusque-là ! » Le temps pressait : les élèves mirent à profit leurs connaissances pour tenter d'identifier et neutraliser le maliciel. Mais, faute d'avoir localisé sa source, ils ne parvenaient qu'à ralentir son inexorable progression au sein du serveur. Une question particulière animait Sarah : de toute évidence, le maliciel était hébergé au cœur du système. Comment avait-il pu s'y installer, en dépit des nombreuses protections prises à l'accès ? Animée par une intuition soudaine, elle encouragea ses camarades à concentrer leurs efforts pour isoler un seul et unique fichier. La plupart ne comprenaient pas le sens de sa requête, mais ils acceptèrent de tenter la manœuvre. Or, sitôt que le fichier dédié à la biographie Edward Teach fut neutralisé, le maliciel, semblable à un poulpe privé de tête, se réduisit à ses tentacules désoeuvrées. Celles-ci furent méthodiquement traquées et détruites. Les élèves achevaient de nettoyer le serveur lorsque l'avatar de leur professeur leur apparut sur le tableau numérique. « Je vous adresse toutes mes félicitations ! S'enthousiasma-t-il. Vous avez réussi ce test en un temps record ! Vgilance, réactivité, esprit d'équipe... Je vous annonce officiellement que vous venez de valider votre année ! Vivement l'an prochain, pour de nouvelles simulations en temps réel... » Ébranlés mais soulagés par cette issue favorable, les élèves adressèrent un regard éloquent en direction de Sarah, dont l'inspiration les avait tirés de l'ornière. « Mais comment as-tu compris d'où venait la faille ? L'interrogea Tom, admiratif. -Il faut bien avouer que la postérité a plutôt retenu d'Edward Teach son surnom, sourit-elle modestement. Ça aurait pu être une coïncidence, bien sûr... Mais tout de même, nous envoyer, un tel jour, un livre numérique sur la vie d'un célèbre pirate... »

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Chasseur digital par R. Taraud

Camille s’apprête à affronter un de ces lundis d’automne habituels dans de mauvaises dispositions. Après son trajet quotidien, le même depuis vingt ans, de Bouguenais à son bureau en centre-ville de Nantes, c’est la mine blafarde qu’elle pousse la porte. « Salut Camille ! T’as passé un bon week-end ? » Julien, son collègue, est déjà arrivé. Il n’attend même pas la réponse et propose : « T’as pas une tête à répondre oui. On va causer à la salle de pause si tu veux.

— Non, on va aller dehors plutôt, répond Camille. J’ai pas envie de croiser l’autre fureteur de chef pour qu’il se mêle de ce qui ne le regarde pas. »

Les deux collègues sortent sur le toit-terrasse resté accessible principalement à destination des fumeurs. Tout en sortant sa cigarette électronique, Camille commence à raconter son week-end : « Tu sais que mon fils est du genre…geek. Je t’en ai souvent parlé. Avant, je passais mon temps à gueuler qu’il était tout le temps devant son ordi. Alors quand il m’a demandé un nouveau téléphone pour faire le tour des lieux publics, j’ai d’abord cru à un canular avant qu’il ne m’explique que c’était pour chasser des bestioles virtuelles. »

Camille tire une taffe de son e-cigarette, crache un énorme nuage et reprend : « Après avoir trouvé l’idée débile, je me suis finalement dit que ça le ferait bouger plutôt qu’il reste planté devant son écran dans sa chambre. Alors j’ai accepté. Je lui ai offert son téléphone et pendant un temps c’était bien : il revenait en fin d’après-midi ravi d’avoir capturé ses machins au nom imprononçable et, m’a- t-il dit, il s’était fait un super pote de chasse, un vrai dans la vraie vie, pas seulement un avatar de forum de jeux vidéo !

— Et bien, répond Julien, tout ça ne semble pas mal, non ? Qu’est ce qui s’est passé ? — Sa nouvelle passion prenait de plus en plus de place. Il passait son temps les yeux rivés sur son téléphone.

Du coup, il me télésnobait tout le temps, fallait que je répète toujours dix fois la même chose, et encore, quand il était à la maison. Avec ce téléphone, je n’ai réussi qu’à transformer un geek sédentaire en geek nomade. J’ai fini par lui envoyer des SMS lui indiquant qu’on passait à table, ça en devenait plus efficace. Il me renvoyait souvent un pauvre émoticône qui rigole ou qui tire la langue, mais au moins ça le faisait venir.

— Écoute, dit Julien, tu sais comment sont les gamins, ils se passionnent pour un truc, puis dans quelques mois ça changera, tu verras.

— Mouais, le problème c’est que ce week-end ça a viré au grand n’importe quoi. Il m’a demandé si je pouvais héberger son pote favori pour la nuit car ils voulaient passer leur samedi soir ensemble. J’ai dit oui et figures-toi qu’ils se sont barrés à trois heures du matin, sous prétexte que certains Poké-trucs n’apparaissent que la nuit ! Le pire, c’est que j’ai dû aller les chercher au commissariat, parce que – accroche-toi bien – ils sont allés chasser sur la piste de l’aéroport ! Ils se sont fait chopper par les types de la sécurité et puis les flics ont traité mon fils comme un terroriste ou un pirate de l’air. »

Camille ferme les yeux à l’évocation de cette idée et poursuit : « Non mais tu te rends compte, Julien ! Julien ? ». En ouvrant les yeux, elle constate que Julien ne l’écoute plus. Il est au milieu de la terrasse, glissant frénétiquement ses doigts sur son téléphone. Un Pokémon rare vient d’apparaitre sur son écran. Il ne veut pas le rater.

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La canne de Jeanne par M. Renault

Entre deux bouchées de crêpe au Nutella, j’observais Marc qui me télésnobait allègrement, les yeux scotchés sur son smartphone. Cette petite crêperie bretonne à laquelle nous étions fidèles, avait abrité notre premier rendez-vous, dans un ciel sans nuage. Mais, depuis quelque temps, elle n’était plus que le témoin muet d’un amour agonisant ! Gratifiant ce malappris d’un bref salut, je prétextai une course urgente et me dirigeai vers le comptoir pour régler l’addition… Le lendemain, je me rendis à Nantes pour prendre le train, en direction de Paris… Ma grand-mère, une veuve surnommée la nomade, en raison de ses nombreux déménagements, m’avait proposé de m’héberger dix jours, dans son appartement du quinzième arrondissement. Ainsi, je pourrais en toute quiétude, admirer les beautés culturelles de la capitale. Affichant un large sourire, elle m’attendait de pied ferme, sur le quai de la gare Montparnasse. Son visage rond, pétillant, et un léger tic évoquant des clins d’œil, lui donnaient une allure joviale d’émoticône. Quelques jours plus tard, tandis qu’elle prenait le thé chez sa copine favorite, en fin d’après-midi, j’explorai, près de chez elle, une ruelle sans issue. Près d’une boutique, un homme assis lisait, à- demi dissimulé par la végétation, tel un espion. La perspective ne me permettait pas de distinguer son visage. Au dessus de lui, était fixée une enseigne sur laquelle était inscrit : « PEBROK». Elle représentait un petit homme bedonnant coiffé d’un chapeau haut de forme. Une lavallière rouge ornait son cou et il arborait un superbe parapluie vermillon. Il portait une redingote bleue, un pantalon clair et des chaussures noires. Ce personnage semblait sorti d’un roman de Charles Dickens, une sorte de Monsieur Pickwick qui aurait trop abusé des bons petits plats du restaurant d’à côté. La présence d’un parapluie jaune fixé par une barre métallique, sur la devanture, attira mon attention. La toile fine laissait passer la lumière et l’ombre du feuillage se dessinait sur le tissu. Le terme «PEBROK» devait être un mot humoristique et argotique qualifiant les objets proposés dans ce magasin… Discernant une sonnette, je m’exécutai, avide d’en savoir plus. Personne ne répondit. Après une seconde tentative, un homme brun m’ouvrit la porte. Je cédai au désir irrépressible de balayer du regard, ce lieu insolite, observant les choses dans leurs moindres détails. Des parapluies ouverts multicolores étaient suspendus au plafond, par le manche. Certains, vus en contre-plongée, ressemblaient à des Montgolfières ! Quelques tissus étaient agrémentés de motifs floraux ou d’une reproduction picturale d’œuvre de Maître. Les plus raffinés visaient une clientèle de dandys exigeants. Une vaste gamme s’offrait aux enfants: héros de film d’animation, tête de pirate, décors féériques… Sur certaines étoffes, dansaient des notes de musique. Harmonieusement, des ombrelles blanches guettaient le soleil. L’une d’entre elles était ornée d’une allégorie évoquant un humain à tête de lion… L’homme qui me parut d’abord, être un genre d’histrion, s’avéra très intéressant. Il m’expliqua qu’il s’agissait d’un avatar, une sorte d’incarnation d’un dieu hindou. Il me présenta aussi une collection représentant des visages de Bouddha puis il me fit un discours pertinent sur la restauration ou la fabrication d’un parapluie. Il me proposa, alors, de visiter l’atelier. En fureteuse avisée, je le suivis. Soudain, une femme au regard perçant entra subrepticement, lui glissa quelques mots à l’oreille et disparut. Trois ouvrières s’activaient autour des machines à coudre. Plusieurs pièces détachées attendaient une renaissance. Fascinée par la verve du marchand qui paraissait faire, ici, la pluie et le beau temps, je lui donnai la carte d’une amie de mon frère: Cécile Pleu, Designer Textile- Rue De la Goutte d’Or. Je choisis un joli modèle qui ferait office de canne pour Jeanne, ma grand-mère. L‘objet présentait un pommeau à tête de cheval, qui pourrait lui assurer une bonne préhension de la main. Mais le surlendemain, un appel téléphonique de mon père me glaça d’effroi… En allant réparer un meuble dans mon salon, il avait découvert un vrai capharnaüm. Mon appartement avait été visité par des cambrioleurs ! Philippe étant un spécialiste des blagues en tous genres, je crus d’abord à un canular. De retour chez moi, je m’aperçus, après expertise, que les malfrats n’avaient rien dérobé. Que cherchaient-ils, exactement? Très vite, Jeanne m’informa à ce sujet. Elle m’expliqua que saisissant son parapluie pour tapoter l’arrière-train de son chat indiscipliné, elle avait raté sa cible. Le pommeau s’était brisé contre un guéridon, dévoilant un sachet de drogue, dissimulé à l’intérieur… S’étant rendu compte de leur méprise et ne possédant que l’adresse figurant sur mon chèque, les scélérats avaient fait le voyage jusqu’en Bretagne pour récupérer l’objet du délit ! Visiblement, ce parapluie devait être destiné à un trafiquant ou un dealer et il m’avait été vendu par erreur… Le commissaire de police Tristan Lavag nagea longtemps en eaux troubles, dans les abysses de cette enquête, mais il parvint brillamment à démanteler le réseau.

Titre: La canne de Jeanne: clin d’œil à Georges Brassens : La cane de Jane

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Une amitié connectée par M-H. Foucher

Je m’appelle Vanille. J’ai dix ans. Eh oui, ce n’est pas un canular. Mon père est un paysan breton et il a rencontré ma maman à Madagascar lors d’un séjour organisé par la chambre d’agriculture. Aussi, quand j’ai montré le bout de mon nez, il leur a paru évident de choisir le nom de cette orchidée malgache que les français apprécient tant. Ils ont pensé sans doute, que de m’attribuer ce drôle de prénom me permettrait d’incarner comme un trait d’union entre leurs deux pays. L’histoire s’est avérée un peu plus compliquée.

Pour commencer, lorsque je suis né un beau jour de mai à la maternité de Brest (mais non, il ne pleut pas toujours en Bretagne…), mes grands-parents paternels, d’abord ravis d’apprendre mon arrivée, ont failli s’étouffer avec leur kouign aman quand ils ont appris comment mes parents avaient choisi d’appeler leur petite fille. Il est certain que ce prénom ne faisait pas partie des favoris pour une famille qui a à cœur de perpétuer la culture bretonne, tant au niveau de la langue que des traditions. Mes parents, encore sur leur petit nuage, ne voyaient pas en quoi cela posait problème.

Les mois ont passé, mes grands-parents se sont habitués à mon prénom et m’ont entouré de leur affection. J’adorais leur rendre visite à la ferme. Mon grand-père m’emmenait voir les poules, les lapins. Il me laissait caresser les veaux qui venaient de naître. Cet univers me fascinait. Une fois mes bottes enfilées, c’était parti pour la découverte… Une vraie fureteuse, toujours en quête d’une nouvelle aventure.

Mais une autre étape importante se rapprochait. Après un bel été où nous avions notamment hébergé pour la première fois mes grands-parents paternels (ravis d’apprendre à me connaître autrement qu’à travers un écran d’ordinateur), je devais faire ma première rentrée scolaire.

Même si je redoutais ce moment, je n’imaginais pas tous les avatars que j’allais subir. Et tout ça à cause de mon prénom…Ce fût tout d’abord la rencontre avec mon institutrice. Celle-ci ne pût s’empêcher de faire remarquer à mes parents que c’était un drôle de prénom… ça commençait bien ! Heureusement, mes camarades de classe furent plus gentils et très rapidement, les récréations furent le théâtre de parties de cache-cache et de colin-maillard, de chasses aux trésors où je jouais toujours le rôle du pirate sans doute à cause de la couleur de ma peau un peu plus foncée que celle des bretons pure souche…

Malheureusement, un autre souci ne tarda pas à faire son apparition. Un « grand » me repéra sur la cour de récréation et décida de faire de moi son souffre-douleur. Dès qu’il le pouvait, il me poussait pour me faire tomber, il incitait ses camarades à se moquer de mon prénom, de ma couleur de peau, de mes cheveux. Tout était bon pour me faire pleurer. Heureusement, ma maitresse comprit rapidement ce qui se passait. Afin de mettre fin aux agissements de mon bourreau, elle décida de l’attaquer sur son propre terrain. Elle avait remarqué qu’il possédait un téléphone portable dernier cri. Et malheureusement pour lui, elle était férue de toutes les nouvelles technologies et notamment de tout ce qui concernait l’informatique nomade. Elle avait remarqué que lorsqu’il n’était pas occupé à me harceler, il passait son temps sur son téléphone, télésnobant alors même ses meilleurs camarades. Je ne sais pas comment elle s’y prit, mais elle réussit à pirater son téléphone. Elle installa un virus qui en empruntant l’apparence d’émoticônes, lui fit perdre notamment tous les niveaux qu’il avait atteints dans les différents jeux dont il était si accro. Il était complètement dégoûté. Voyant cela, « l’institutrice hacker »lui proposa de voir si elle pouvait faire quelque chose pour récupérer ses données perdues. Pendant qu’elle remettait en bon état de marche le précieux joujou du garçon, elle en profita pour évoquer avec lui son comportement avec moi. Il était tellement content qu’il accepta de revoir son attitude et promit d’être désormais beaucoup plus gentil avec moi. Le temps passa et bizarrement, nous sommes devenus très proches. Il continue de me protéger un peu comme un grand frère. Il est devenu au fil du temps mon confident. Mon ancienne maitresse nous a dévoilé il y a peu la supercherie. On a bien ri et finalement on peut aujourd’hui lui dire merci.

Sans elle, l’histoire aurait été moins belle.

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Aller à la ligne par S. Deschère

Augustine est impatiente d’arriver chez elle pour utiliser sa nouvelle acquisition, un ordinateur portable. Elle en a besoin pour le concours de nouvelles auquel elle a envie de participer. Selon le vendeur, c'est le meilleur matériel nomade pour une personne de son âge. Augustine lui avait demandé conseil ne sachant pas lequel prendre tant il y en avait dans le rayon.

Au marchand qui voulait lui expliquer le mode d'emploi, elle avait répondu : « Malgré mes 90 ans, je sais envoyer des SMS avec des émoticônes, je saurai sûrement me servir d’un ordinateur ». Après tout, elle avait tapé à la machine dans son jeune temps, cela ne doit pas être plus compliqué, pensa-t-elle.

Arrivée chez elle, elle déballe l’appareil et tout ce qui va avec : câbles, souris et mode d’emploi. Mais face à tout ce matériel, elle est soudain perplexe. Par quoi commencer ? Comment démarrer ? Elle n’a pas cette capacité de fureteuse qui lui aurait sans doute permis de comprendre cette machine. Assise devant ce mystère technologique, elle a soudain l’idée de génie : faire appel à Charlie, son petit-fils favori.

Elle lui envoie aussitôt un SMS : « Peux-tu venir, je n’arrive pas à mettre en route mon nouvel ordinateur☹ ». Même si Charlie pense que sa grand-mère lui fait un canular (à son âge, acheter un ordinateur, quelle idée !), Augustine sait qu’il ne résistera pas à son appel. Elle l’avait hébergé pendant ses premières années d’université. Cela avait créé un lien particulier entre eux.

Il arrive une demi-heure plus tard. Augustine embrasse à peine son petit-fils et l’entraine aussitôt dans le salon où trône sa nouvelle acquisition. Charlie n’en revient pas : sa grand-mère s’est ofert le dernier modèle de sa marque préférée, « la pomme », une merveille. « Quel bel objet ! » dit-il à sa grand-mère. Il met rapidement l’appareil en route sans utiliser le mode d’emploi, remarque Augustine, impressionnée.

« Mamie, il faut te créer un avatar pour éviter qu’un pirate ne te vole tes données stockées sur ton nuage ». Mais quelle mouche a piqué Charlie se demande-t-elle en écarquillant les yeux. En quelle langue me parle-t-il ?

« Je ne comprends rien à ce que tu me racontes, Charlie. Quel charabia ! Et arrête de jouer avec ton téléphone, j’ai l’impression que tu me snobes ». Il la regarde en riant et lui dit :

« Ah non mamie, je ne te snobe pas, je te télésnobe ! ».

Augustine soupire. Décidément, ce XXIème siècle est bien surprenant : les machines paraissent plus intelligentes que l’homme, elle ne comprend plus le vocabulaire utilisé autour d’elle et les jeunes en apprennent à leurs aînés !

Alors, elle demande à Charlie de remettre l’ordinateur dans sa boite. Il peut l’emmener, elle lui ofre. Il n’en revient pas mais il se dépêche de tout remballer avant que sa grand- mère ne change d’avis.

Après le départ de son petit-fils, Augustine monte dans son grenier. Elle ouvre une armoire aussi vieille qu’elle et en extirpe une petite valise. Elle s’installe sur la table de la salle à manger, ouvre la mallette et en sort une superbe machine à écrire. Quel bel objet, se dit-elle en admirant la Remington qu'elle avait chinée chez un brocanteur. Elle n’avait pas eu de mal à la choisir, il n’y en avait qu’une seule sur l’étal.

Elle insère une feuille blanche dans la machine. Elle laisse courir ses doigts sur les touches et commence à taper sa nouvelle. Finalement, cette machine à écrire n’est autre que l’ancêtre de l’ordinateur nomade et bien plus simple à utiliser, pensa-t-elle en poussant le rouleau pour aller à la ligne.

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Les galériens par D. Toucanne

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Levez le pied ! par A. Lesage

- . Vous venez pour la première fois, c’est ça ? demande le psychanalyste. « C’est ça », répond le nouveau patient, un homme entre deux âges nerveux, fatigué, visiblement venu

chercher de l’aide. « Je suis en proie à un rêve récurrent qui me pourrit la vie ». - Racontez-moi ça, voulez-vous ? » l’invite le psy en préparant bic et bloc-notes. « Je fais ce même rêve depuis un mois environ, depuis que j’ai perdu mon emploi, en fait, commence

l’homme. Toutes les nuits. Et lorsque je me réveille, je suis anéanti, vidé d’énergie. » « Dans ce rêve, je n’ai pas d’habitation fixe, je suis un nomade. Un peu ici, un peu là, un peu n’importe où. Et

je n’ai pas vraiment d’occupation non plus. Je suis fureteur à mes heures, en quête de bonnes affaires, de bons tuyaux à revendre, et un peu pirate aussi : je n’hésite pas à m’approprier ce qui ne m’appartient pas pour en faire mon profit. »

L’homme s’interrompt un instant, désemparé, puis dit avec une certaine véhémence : « Je me demande pourquoi je rêve ça ! Je suis chômeur, mais honnête, vous savez ! »

- Continuez, je vous prie, dit aimablement le médecin sans quitter des yeux son calepin. Douché, le patient reprend sa narration : « Dans ce rêve je rencontre un matin, après avoir passé la nuit

Dieu sait où, un homme qui semble s’intéresser beaucoup à moi. Il me dit qu’il ne veut plus me voir végéter ainsi et qu’il va m’héberger. Je le suis et je me retrouve soudain, avec lui, sur une sorte de gros nuage douillet. Mon bienfaiteur, vêtu désormais à l’indienne, joue de la flûte. Il me dit qu’il est Krishna, un avatar de Vishnou, le protecteur de l’univers et que je serai désormais son favori ; je n’aurai ainsi plus jamais besoin de rien. Mais avant que je me remette de ma – plutôt bonne - surprise, le nuage crève et je me réveille, trempé de sueur et désillusionné : je comprends alors que ce rêve est comme une sorte de canular que me monte l’existence. »

L’homme en a terminé. Il se tait, accablé. - J’imagine que depuis votre perte d’emploi, vous passez votre vie sur Internet, finit par déclarer le psy

après avoir longuement contemplé son carnet. Des jeux par ci, des vidéos par là, les réseaux sociaux, les blogs des uns et des autres, les sites de tout et de rien, etc.

- Comment le savez-vous ? demande l’autre interloqué. - Eh bien levez le pied ! assène le médecin sans répondre, mais en brandissant sa liste de mots. Nomade,

fureteur, pirate, héberger, nuage, avatar, favori : vous êtes complètement obsédé par le web et tout ce qui s’y rapporte. Cessez de « fureter » du matin au soir sur la toile, et je vous garantis que votre rêve prendra fin ! Tenez-moi au courant d’ici un mois. Je n’ai rien à ajouter. »

Un mois plus tard, le psychanalyste reçoit le mail suivant ;

« Cher docteur, Comme convenu je reviens vers vous ce jour pour vous dire que vous aviez raison. Ayant mis de côté mon

ordinateur les quatre dernières semaines, j’ai retrouvé un sommeil normal, nécessaire à mes efforts de réinsertion. Soyez-en remercié, par Vishnou !

Signé : le favori de Krishna. PS : Je vous ai aperçu hier alors que j’allais récupérer mon ordinateur. Vous étiez en compagnie d’une bien

jolie dame qui vous agrippait tandis que vous la télésnobiez copieusement, les yeux rivés sur votre téléphone intelligent. Aussi un seul conseil, docteur : levez le pied, ou je vous garantis que votre rêve prendra fin !

Je n’ai rien à ajouter. » [Message terminé par l’émoticône clin d’œil]

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Le rendez-vous par M.Caneele

Jean-Marc arpentait les rues du centre-ville à la recherche d’un cadeau original. Abonné à un journal, il avait déposé une petite annonce matrimoniale. Son cœur s’était presque emballé quand il eut rapidement une réponse par SMS d’une femme qui correspondait exactement à ses attentes.

Il échangeait depuis deux semaines des messages à l’aide de son smartphone avec celle qui était devenue sa favorite. Au début de leur histoire, Jean-Marc croyait à un canular. Qui pouvait s’intéresser à lui ? Il était pratiquement chauve, quelques cheveux garnissaient les côtés de son crâne. Au fil des messages qui se succédaient, il ne douta plus : une femme l’aimait vraiment. Il chassa très vite de son esprit l’encombrante greluche qu’il avait décidé d’héberger depuis cinq ans et qui les trois quarts du temps jouait en ligne sur l’ordinateur. Un jour, exaspéré, il avait discrètement installé un programme pirate pour qu’elle n’accède plus à son compte de jeux, plus d’avatar ridicule à l’écran.

Aujourd’hui, Jean-Marc avait un premier rendez-vous avec sa dulcinée dans un restaurant fréquenté par des gens chics, cela le rendait heureux. Un cadeau, ça fait toujours son petit effet, songea- t-il. Même s’il n’avait pas le profil d’un fureteur de magasin, il se soumit à l’exercice. Après quinze minutes de marche, il n’avait toujours pas d’idée de cadeau. De gros nuages menaçants défilèrent dans le ciel, sur un trottoir un nomade jouait de l’harmonica. Il jeta un coup d’œil sur sa montre, son amoureuse devait l’attendre. Alors, il entra dans une bijouterie et opta pour un présent classique qui plairait à coup sûr à une femme. Son téléphone vibra, il le sortit de son veston et ne prêta plus attention à son environnement : il était en train de télésnober le vendeur qui lui adressait la parole. C’était elle. Elle écrivit qu’elle avait jeté toutes les affaires de son mari qu’elle ne supportait plus. Cela le fit sourire, au moins, elle sait ce qu’elle veut, pensa-t-il. Il lui répondit.

- Monsieur, vous souhaitez quelque chose ? Monsieur, vous m’entendez ?

Jean-Marc redressa la tête et enfin désigna du doigt une bague surmontée d’un diamant qu’il paya sans sourciller.

Arrivé au restaurant, il chercha du regard sa promise. Mais il ne la vit pas, trop de monde dans la salle. Alors, il lui envoya un SMS avec à la fin, une émoticône en forme de cœur. Une seconde plus tard, une main se leva. Elle était là, le dos tourné. Jean-Marc se précipita et sortit l’écrin de sa poche. Elle tourna la tête à droite et ce fut le visage de sa propre femme qu’il découvrit.

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Rupture numérique par T. Mériaud

Avec ma gueule d’avatar

J’ai beau te faire tous les canulars

Je reste ton préféré, ton favori

Dans tes messages tout le temps c’est écrit,

Tu voulais m’héberger, que je stoppe ma balade

Mais tu sais, je serais toujours un nomade

Pire, un pirate !

Tu restes fureteuse et peu aventureuse,

Mais moi sur l’écran, je cours la bloggeuse

Tu t’invites sur ma page, sur mon nuage,

Alors je déconnecte, je dégage

Je te télésnobe et te laisse là, aphone

Comme une pauvre émoticône…

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Ado par S. Gehan

Léa s’ennuyait. Chez elle, l’ennui était comme une seconde nature. Elle poussa un soupir et elle se

jeta en travers de son lit. Elle se mit à textoter avec sa copine favorite : Jade. Plein de SMS truffés de faute

et d’émoticônes. Au bout de quelques minutes, elle fût mieux, presque sur son petit nuage, les yeux rivés à

son téléphone. Puis elle s’ennuya de nouveau. Elle jeta son téléphone sur sa couette, son regard s’attarda

quelques instants sur les lézardes au plafond, elle se retourna, Johnny la toisait : tellement beau ! Johnny

Depp, le pirate des Caraïbes… son attention quitta le poster grandeur nature de sa star préféré.

Bon c’était décidé : elle allait faire ses devoirs ! Mais avant elle alluma le PC portable. Elle fit défiler

la liste de ses sites préférées. Captivée par les nouvelles croustillantes du Web, elle devint très vite une

fureteuse du net, dénichant quelques ragots à raconter demain au collège. Quoi ? Kim Kardashian quittait

kanye West ! Elle fonça avertir Jade ! La réponse ne se fit pas attendre. C’était un canular ! Dépitée, Léa

reprit son voyage nomade sur les autoroutes de l’internet. Pas grand-chose à se mettre dans la rétine. Elle lut

en diagonale un article au sujet de James Cameron qui allait réaliser « Avatar 2 » ! Elle demanderait à sa

mère la permission d’y aller avec ses copines.

Elle allait refermer l’écran du PC quand elle vit un lien hébergé sur le site de Jeremstar relatif à

l’émission de télé-réalité « les Anges » ! Une saison 11 allait être programmée ! La onzième saison ! C’était

trop bon !

Quand la porte de sa chambre s’ouvrit, Léa ne l’entendit pas. Si elle avait quitté l’écran de son PC,

elle était retournée s’allonger sur son lit et elle échangeait maintenant via l’application « SNAPCHAT »

avec sa copine Mina. « Les Anges » saison 11 ! Sa mère lui demanda où elle en était dans ses devoirs. Léa

se mit à la télésnober, complètement déconnectée de la réalité. « Léa ! Léa ! Léa !!! » Quand sa maman se

mit à s’égosiller, elle releva enfin la tête.

- Quoi ???

- Tes devoirs. Tu n’as encore commencé ?

- C’est bon je vais les faire ! Maugréa t-elle. Cinq minutes, quoi !

- Cinq minutes ? Tu sais quelle heure il est ?

- Non.

- Il est 19h !!!

Léa s’ennuyait, mais elle venait de passer deux heures sans que le temps ne paraisse s’écouler.

C’était décidé ! Elle allait faire ses devoirs. Mais avant elle allait manger. Puis il faudrait qu’elle aille

annoncer la bonne nouvelle sur « Instagram ». Mince ! Elle avait oublié sa page « Facebook » ! Ses devoirs

attendraient…

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Amour virtuel par L. Benslilmane

La sonnerie de son téléphone le tira de son profond sommeil, le soleil amorçait sa montée dans le magnifique ciel

bleu de cette belle journée de printemps. Il se leva difficilement, mit son t-shirt en motif de pirate et se dirigea vers

la salle de bain. Il se barbouilla le visage et retrouva un peu de tonus. Aussitôt habillé, il prit son smartphone et

regarda le profil Facebook de la fille qui hantait toutes ses pensées de jeune homme encore imberbe et découvrant

les joies et les tristesses de l’amour. Il aimait bien jouer au fureteur et lisait scrupuleusement le moindre de ses

statuts. Son avatar était un coucher de soleil sur la côte sud de la France, il aimait bien cette photo et c’était l’une de

ses favorites mais eut préféré que cela soit une photo de son visage. Il vit qu’elle était toujours célibataire, ce qui le

contenta et le mit sur un petit nuage. Il sortit de sa chambre et alla embrasser son jeune oncle qui hébergeait

quelques temps chez eux. Il se pressa sur la table où le petit déjeuner était servi, sa mère lui parlait mais il l’a

télésnobait, les yeux toujours rivés sur son smartphone, il reçut un message. Un émoticône en forme de sourire de

son ami qui lui demandait au passage s’ils pouvaient se voir pour réviser avant les partiels. Son ami connaissant aussi

son amour secret, lui fit un petit canular, il lui dit qu’elle avait acceptée de sortir avec l’un de leurs camarades. Notre

jeune homme le contredit vigoureusement en lui donnant comme preuve le fait qu’elle n’ait rien mentionnée dessus

sur son profil Facebook. Son ami lui rétorqua que le garçon avec qui elle avait accepté de sortir n’avait pas de profil

Facebook, il suivait juste son père là où le boulot les amenait, une vie de nomades comme les aiment les filles. Le

jeune homme furieux de ce revirement soudain du destin contre sa petite personne, prit son téléphone et le la lança

violemment par terre, ce qui eut pour effet de le briser en mille morceaux, de faire un boucan énorme et de réveiller

le pauvre Tristan, le chat de la maison… qui se précipita vers le jardin et se baigner au soleil par cette belle matinée !

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Catégorie 12 – 16 ans

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La salle d’arcade par S. Grudé

- Trois sur vingt en math ? Tu n'as pas révisé : Matthias tu es encore allé traîner à la salle d'arcade ! me hurla ma mère.

Je ne pouvais pas le nier. La salle d'arcade ouverte il y a 2 jours m'avait envoûté. Les vieux jeux vidéo ornés de joysticks aux couleurs vives me font tourner la tête. Les dessins pixelisés et les anciennes musiques me fascinent. Je n'arrête pas d'y penser. Après l'école, je suis Maxime pour aller dormir chez lui comme convenu avec ma mère et la sienne. On mange, puis on va discuter dans sa chambre.

- Je ne sais pas ce qu'elle lui reproche, à cette salle d'arcade ! commençai-je pendant que Maxime envoyait des messages et des émoticônes en rafale.

- Par exemple, le jeu Hell in Red, on peut prendre plein d'avatars !

- Mmh... fit Maxime en guise de réponse.

- D'ailleurs tu sais qu'ils vont remplacer les vieux jeux pourris par des nouveaux ? Avais-je bien entendu ? N'était-ce pas un canular comme Maxime a l'habitude d'en faire ? Allaient-ils vraiment héberger de nouveaux jeux ?

- C'est vrai ? Quelles sont tes sources ? Maxime, qui m'ignorait totalement, fit un selfie pour l'envoyer sur internet.

- Arrête de me télésnober !

-Quoi ? Fit Maxime, tu peux parler français ?

-Je te signale que je ne fais pas que jouer à des jeux, répliquai-je.

La soirée se finit sans qu'aucun de nous ne dise un mot. Le lendemain matin, c'était le week-end et la salle d'arcade ouvrait à 14h. Je quittai la maison de Maxime pour rejoindre la mienne pendant qu'il mettait des amis Facebook en favoris. Je rentrai à pieds. Au début, il faisait beau, mais quand de gros nuages noirs commencèrent à menacer le ciel, je décidai de me dépêcher. J'ai pu atteindre ma maison sans qu'une seule goutte ne tombe. Je déposai mes affaires et pris mon manteau pour repartir. J'ai abandonné un petit moment le mode normal pour pouvoir héberger le mode fureteur. Je me dirigeai vers la salle d'arcade pour en savoir plus. Arrivé là-bas, je fis semblant de jouer à un jeu. En fait, je ne faisais pas semblant : je n'ai pas résisté. J'avais pris le pirate et commencé ma partie. C'est là que j'ai vu un des nouveaux jeux. L'invasion avait commencé. Je vis également la queue monstrueuse qu'il y avait derrière ce jeu. Ils avaient tous été hypnotisés. Je vis que c'était un simulateur de vie réelle. On incarnait un nomade qui devait survivre en toutes circonstances. Je fis l'inventaire des choses qui avaient changées, quand je vis le propriétaire de la salle sangloter. Je lui demandai ce qu'il se passait quand il me répondit :

-C'est la mairie. Elle veut m'enlever tous mes jeux neufs. Ce sont de vrais pirates ! Mais je ne vais pas fermer, ça non !

J'étais heureux, véritablement heureux. À l'avenir, je n'irais que ponctuellement à la salle.

-19/20 en math ? Ça c'est du progrès ! Bravo Matthias !

J'étais comme... sur mon petit nuage.

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Le sceptre de l’émoticône par T. Frezes

Il était une fois, un pirate moderne qui parcourait le monde à la recherche de trésors de toutes sortes sur une superbe goélette. Depuis un certain temps, ce fureteur était en train de chercher le sceptre de l’émoticône qui donnait le pouvoir de faire des personnages de pixels terriblement puissants. Ces personnages n’avaient aucun défaut car ils vous obéissaient au doigt et à l’œil (Si, bien sûr, c’était vous qui les aviez fait venir et que vous teniez le sceptre dans votre main!). Ils étaient en fait tout électriques !

Le pirate télésnobait tous les soirs sur son portable pour voir si quelqu’un parlait du sceptre, jusqu'au jour où il reçut l’information tant espérée par un nomade. Celui-ci disait l’avoir aperçu dans une grotte au bord de la plage mais ne pouvait pas le prendre car il était férocement gardé par des personnages de pixels. Le pirate eut une idée : « si ces personnages sont électriques, ils doivent être sensibles à l’eau ! C’est une très bonne nouvelle ! Je demande où est cette grotte, je prends mon sceptre des nuages et j’y vais !».

Le pirate, par l’intermédiaire d’un avatar, lui demanda donc où se trouvait ce lieu. Quand le nomade lui répondit, il lui cita l’information : il était à la plage d’Arsie et il était extrêmement bien caché. Le pirate partit immédiatement à l’endroit indiqué pour vaincre les gardiens, seulement armé de son sceptre des nuages. Arrivé devant eux, il fut d’abord rassuré que ce ne soit pas un canular. Puis, il invoqua un nuage de pluie.

Les gardiens, frappés par l’eau, partirent en fumée et le pirate put enfin acquérir ce nouveau sceptre. Il retourna à son bateau et fit apparaitre une nouvelle armée grâce à l’objet magique. C’est ainsi qu’il fut le plus puissant et riche du monde mais son armée restait toujours sensibles à l’eau !

Le pirate trouva alors un moyen très efficace de protéger son équipage de l’eau : il leur fit porter un parapluie et un imperméable!

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Avant de dormir par A. Herbiet

Me voici comme chaque soir normal dans mon lit à essayer de trouver un sommeil que l’on croit impossible à atteindre. Mais finalement on se réveil en ne se souvenant de presque rien et voulant retourner au pays des rêves.

Il est impossible pour moi, Alice Sanson de ne jamais penser à certaine choses avant de dormir. Par exemple je repense souvent à ce moment ou Rose m’a renversé des pâtes sur la tête devant tout le monde à la cantine, ou encore ce moment ou quelqu’un avait dit que je l’aimait à un garçon dont j’étais tombée amoureuse par ce fureteur de Maël. C’est uniquement ça... des moments gênants.

Un bruit résonne pour couper le silence et les souvenirs défilants. C’est mon téléphone, il est toujours avec moi, mes amis les moins proches me disent que je les télésnobe. Je ne sais pas ou ils ont trouvé ce mot mais je pense qu’ils ont tort. Je suis (du moins je pense) juste une adolescente normale. Je prends mon portable, j’ai reçu un sms «J’arrive pas a dormir et toi ?» conclu d’un émoticône avec des cernes. C’est ma meilleure amie, une fille infatigable et optimiste au doux nom de Camille qui m’envoie ce présent. Je me hâte de lui répondre «Moi non plus, dur non ?» pour répondre correctement je rajoute un smiley en forme de lune. Un autre «ting» retenti, je li sans questions «Essai. En plus demain on a contrôle de maths matin !!» il n’y a rien après. Je lui envoie un «bonne nuit et bonne chance et éteins mon téléphone à coque rose.

Je replonge sous ma couette après cette plate discussion. Sa chaleur m’enveloppe tout doucement, le marchant de sable va passer. Enfin...si ce moustique arrêtait de faire du bruit le marchant de sable passerait ! Je jette mon oreiller en l’air mais raté ! Il tourne autour de ma tête. «Pirate !» j’hurle mais cela ne le fit que tourner plus vite. D’ailleurs pourquoi ce mot ? Ah, on a vu ce film. Une saga d’aventure. Je balance mon oreiller. Je l’ai finalement eu, ce vilain moustique.

Ma couette chaude et moelleuse m’attend. Je m’écroule et repense à aujourd’hui, à hier, à avant-hier. Tout les jours de cette semaine. Ce que j’ai demain. À cette formule de maths impossible à apprendre.

Je regarde par la fenêtre, les nuages cachent la lune mais sa légère lueur les traverse pour arriver sur une pille de livre que je n’ai toujours pas lue. Je rallume ma lumière. Ce moustique m’a fait passer l’envie de dormir donc je vais lire. Je ne pense pas que ce soit raisonnable mais ça m’occupera.

Je prends le 1er livre de la pile. Un classique de Shakespeare : Roméo et Juliette. Ma prof de français voulait nous instruire en nous faisant lire un pavé. Que de canulars sur la romance ce livre ! Comme si tout était toujours si parfait ! Rendu au environ des 4/5 du livre je tourne page après page et lis mot après mot je sens la tristesse me parvenir. Le monde de la littérature est trop parfait.

Finalement arrivée à la dernière page, je repose le livre, essuie une larme qui doit être d’ennui ou de tristesse et éteins la lumière.

Ma couette est chaude, la lune brille, mon téléphone n’émet aucun signaux, aucun moustique ne vient oser m’affronter. Ni livre d’amour et de romance délirante ni souvenir dramatique ne pourront m’empêcher de dormir.

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Catégorie jeunes

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Jack l’intrépide par L. Frezes

Jack était un pirate intrépide, malin et rusé comme un renard. C’était le favori de la reine Elisabeth II d’Angleterre .Elle aimait les pierres précieuses surtout les émeraudes et les saphirs qu’elle portait sur ses couronnes.

Jack rapportait chaque jour les plus belles pierres. La reine voulait l’héberger pour le remercier et être sûre d’avoir toutes les richesses d’Angleterre.

Un matin Jack avait lu dans un journal que le plus beau des saphirs se trouvait sans doute au sommet de la montagne au nuage rose. Ce nuage était un gaz qui empêchait les gens de voir les petits objets. De plus, un géant gardait le trésor. Personne n’avait réussi à le vaincre. Jack l’intrépide partit affronter le géant. Il était tellement fureteur et rusé qu’il réussit à passer dans le nuage et à voler le saphir au géant. Il rentra vite au château et offrit le saphir à la reine. Elle crut que c’était un canular mais Jack lui raconta ses aventures et elle finit par le croire. Elle demanda à son bijoutier de mettre la nouvelle pierre sur sa couronne.

Le lendemain, le saphir avait de nouveau disparu : le bijoutier l’avait englouti car il sentait trop la barbe à papa ! Le nuage rose était en fait des fumées de barbe à papa et Jack fut chassé pour avoir gardé ce secret ! Il est devenu nomade.

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Le tour du monde d’Olaf par G. Le Diagon

Non loin d’ici il y a très longtemps, il y a dans un petit hameau une petite maison. Et dans cette

maison, je suis un petit garçon nommé Olaf qui fait beaucoup de bêtises. J’ai 6 ans. Je suis grand

comme trois pommes et je vis avec ma mère “Siboulette”. Mon père est parti depuis 11 ans. On ne l’a

jamais revu ! Roméo, le chien de la famille, passe ses journées à ronfler dans sa niche.

Ce que je n’aimais pas c’était les pirates, des grands pilleurs des mers. Un jour la nuit tombée, on

enleva ma mère. Moi, dans l’autre salle, j’étais caché. Ouf ! Et ils ont dit qu’ils reviendraient. Moi et

Romeo on s’est dit que les pirates naviguent sur l’eau. Du coup nous nous sommes dit que nous allions

faire le tour du monde pour retrouver les pirates. Comme les pirates sont un peu nomades, je fonce à

l’aéroport. Je prends l’avion pour 11 h de vol. Le vol est très mouvementé, il y a beaucoup de nuages

crient les passagers. L’avion fait même des loopings et au bout d’un moment l’avion brûle. C’est

pourquoi je prends un parachute. Ouf je tombe dans de la paille ! Vite après j’appelle un taxi. Je répète

3 fois l’appel mais il me télésnobe ! Tant pis je vais chercher quelqu’un qui veut bien m’héberger.

Enfin au chaud dans une chambre, je me prépare pour demain. Le lendemain je me suis levée tôt pour

aller juste en face de la maison. Il y a des véhicules à louer pour aller à Tahiti. J’en prends un et arrivé

au bord de l’eau il y a une ville. Je prends le meilleur capitaine du port. Il s’appelle Jiboulé. Il a un

pistolet et un couteau. Je pense tout de suite que c’est un pirate. J’ai cherché si sur son bateau il y avait

des preuves. J’ai été un peu fureteur, sauf au bout d’un moment j’ai vu des émoticônes comme ceux

de ma mère du coup je me suis dis que c’était mon père. Mon père ma expliquait qu’il avait réussi à

s’échapper du bateau mais qu’il n’avait pas assez d’argent pour revenir. Et il dit : « Mais où est ta

mère ? » « les pirates ! Ils l’ont kidnappée ! ». Tout à coup on a entendu : « Pirates a bâbord ! », je me

suis dis « à l’attaque ! »Avec la longue vue j ai vu ma mère. Après une longue heure de bagarre on s’est

tous retrouvés et on s’est fait un gros câlin. Et j’ai été le favori de ma mère et de mon père. On a eu

toutes sortes d’avatar au cours de ce voyage !

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L’histoire de Rolland par M. Le Diagon

Les nomades sont des gens qui se déplacent en fonction de leur mode vie, il peut y en avoir sur terre mais aussi en mer ... Les pirates sont de grands nomades des mers, avec leurs bateaux ils sillonnent les mers .

"A propos savez-vous comment Rolland est devenu célèbre à Pornic?"

"NON !"

Et bien je vais vous raconter son histoire .

Rolland avait un bateau il s' appelait l'Animal. Son équipage n' était pas bien grand. Il y avait Conor, Meiline, Abékée et Finn ils étaient toujours ensemble. Rolland avait un animal favori (un animal totem) comme tout son équipage. Rolland avait un faucon, Conor un loup, Meiline un panda, Abéké une panthère et Finn un chat sauvage.

Quand ils arrivèrent au port de Pornic, ils cherchèrent un hébergement et ils trouvèrent enfin quelqu'un qui voulut bien les héberger. Il s'appelait Zérif. Après avoir mangé, l'équipage allat se coucher dans les chambres d'amis, mises à leurs dispositions. Ils s'endormirent comme des souches. Zérif lui qui était un petit fureteur allat mettre son nez dans les bagages de ses hôtes. Le chat de Finn qui ne dormait pas, aimait bien se balader. Le chat le vit faire et miaula à la mort. Tout l'équipage sortit en trombe dans le couloir et tandis que son équipage entourait Zérif, Rolland lui postillonna à la figure. "Alors cette histoire de nous héberger par pur gentillesse c'était un canular !"

Eux qui voulait être au calme c'était raté ! Alors Rolland décida de reprendre la mer. Mais le lendemain de gros nuages s'amoncelaient au dessus de leurs têtes. Ils semblaient leur interdire de partir en mer ...Rolland demandat à son faucon de voler haut pour voir si il y avait une éclaircie plus loin, il revint et fit non de la tête .Puis après de longue réflexion Rolland déclara qu'ils allaient partir et l'on vit sortir du port l'Animal...

Peut-être pour aller cacher leurs trésor ...?

Et voilà c'était l'histoire de Rolland le pirate !

"Et bien au moins vous ne m'aurait pas télésnobé pendant 10 minutes" fit le papy à ses petit-fils et à ce moment là l'un d'eux nommer Gabin s'écria : "j'ai reçu un e-mail de maman ! je reconnait son avatar et elle m'a mis pleins d'émoticones!