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Recollection de carême dans l’ « esprit des psaumes » Denise Catherine Il ne s’agira pas de faire une étude des psaumes, ni même de prendre en compte tout ce qui est exprimé dans les psaumes, mais plutôt de faire ensemble un bout de chemin à partir de quelques aspects épinglés dans les psaumes. Je vous propose de cheminer c'est-à-dire que nos rencontres ne seront pas le tout de ce chemin mais à la fin de chacune de nos rencontres je vous proposerai de reprendre certains passages bibliques ou autres dans la prière tout au long des jours qui suivront afin de permettre à la grâce de Dieu d’opérer en nos vies son œuvre de conversion et d’amour. Vous voici prévenus ! Si quelqu’un parmi nous ne veut pas être dérangé dans ses habitudes il peut encore choisir de renoncer à participer à ces rencontres… Lorsque nous ouvrons le livre des psaumes et nous risquons à une lecture suivie, il y a fort à parier que chacun se trouve vite dérouté par ce qui apparaît comme un grand pêle-mêle : aux cris de joies succèdent des appels au secours, des thèmes différents se succèdent et s’enchevêtrent, lutte et paix se côtoient… Ce qui fait qu’au premier abord on ne voit pas bien où cela va nous mener. A travers tout cela, il y a pourtant bel et bien un chemin cohérent à parcourir et que l’on peut discerner en regardant le départ et l’arrivée c'est-à-dire le 1 er et le dernier des psaumes : Psaume 1 : deux catégories sont mises en présence : l’homme qui suit la loi du Seigneur et qui est comblé de bénédictions et le « méchant » appelé aussi le « pécheur », « l’impie » qui lui, court à sa perdition en s’opposant au juste et à Dieu lui-même. Ces deux catégories apparaissent inconciliables et opposées l’une à l’autre. Il ne faut pas seulement y voir la présentation de deux camps ennemis. Mais c’est là aussi l’image de ce qui se passe dans notre cœur à chacun et que Saint Paul décrit dans l’épître aux Romains (7, 14-23) : « Nous savons, certes, que la loi est spirituelle : mais moi, je suis charnel, vendu comme esclave au péché. Effectivement, je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais. Or, si ce que je ne veux pas, je le fais, je suis d’accord avec la loi et reconnais qu’elle est bonne ; ce n’est donc pas moi qui agis ainsi, mais le péché qui habite en moi. Car je sais qu’en moi – je veux dire dans ma chair – le bien n’habite pas : vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais. Or, si ce que je ne veux pas, je le fais, ce n’est pas moi qui agis, mais le péché qui habite en moi. Moi qui veux faire le bien, je constate donc cette loi : c’est le mal qui est à ma portée. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, en tant qu’homme intérieur, mais dans mes membres, je découvre une autre loi qui combat contre la loi que ratifie mon intelligence ; elle fait de moi le prisonnier de la loi du péché qui est dans mes membres. » C’est ce que nous appelons aussi la présence du vieil homme et du nouvel homme en chacun de nous. Chacun d’eux veut défendre son territoire et notre cœur est le champ qu’ils se disputent ! Psaume 150 : plus rien de tout cela. Aucune opposition. Tout est unifié dans la louange adressée à Dieu. « Tout ce qui respire loue le Seigneur ! » (Ps 150, 5c) Nous avons là, dans ces deux psaumes, l’image de ce que nous sommes et de ce vers quoi nous allons. En résumé : En moi se côtoie celui qui croit en Dieu, veut le suivre et se donner à lui et celui qui s’oppose à Dieu et même le combat. Je veux bien suivre le Seigneur, faire ce qui est bien… mais je constate que vouloir faire le bien ne suffit pas à me permettre de le faire car le mal que je ne voudrais pas faire je le fais bel et bien ! Nous sommes donc tous pris, saisis dans ce combat intérieur. C’est là notre condition humaine d’hommes pécheurs appelés à la sainteté et pas encore saints mais bel et bien en marche vers cette sainteté. C’est dans ce cadre que se déroule, se déploie tout le livre des psaumes. Or le carême est un temps qui nous est donné pour avancer sur notre chemin de sanctification et durant ces trois rencontres je voudrais m’arrêter à trois aspects exprimés dans les psaumes et qu’il est peut être bon d’approfondir en ce temps de carême que nous vivons. Trois thèmes sur lesquels je vais m’arrêter pour baliser un parcours spirituel

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Recollection de carême dans l’ « esprit des psaumes » Denise Catherine

Il ne s’agira pas de faire une étude des psaumes, ni même de prendre en compte tout ce qui est exprimé dans les psaumes, mais plutôt de faire ensemble un bout de chemin à partir de quelques aspects épinglés dans les psaumes.Je vous propose de cheminer c'est-à-dire que nos rencontres ne seront pas le tout de ce chemin mais à la fin de chacune de nos rencontres je vous proposerai de reprendre certains passages bibliques ou autres dans la prière tout au long des jours qui suivront afin de permettre à la grâce de Dieu d’opérer en nos vies son œuvre de conversion et d’amour. Vous voici prévenus ! Si quelqu’un parmi nous ne veut pas être dérangé dans ses habitudes il peut encore choisir de renoncer à participer à ces rencontres…

Lorsque nous ouvrons le livre des psaumes et nous risquons à une lecture suivie, il y a fort à parier que chacun se trouve vite dérouté par ce qui apparaît comme un grand pêle-mêle : aux cris de joies succèdent des appels au secours, des thèmes différents se succèdent et s’enchevêtrent, lutte et paix se côtoient… Ce qui fait qu’au premier abord on ne voit pas bien où cela va nous mener. A travers tout cela, il y a pourtant bel et bien un chemin cohérent à parcourir et que l’on peut discerner en regardant le départ et l’arrivée c'est-à-dire le 1er et le dernier des psaumes :

Psaume 1 : deux catégories sont mises en présence : l’homme qui suit la loi du Seigneur et qui est comblé de bénédictions et le « méchant » appelé aussi le « pécheur », « l’impie » qui lui, court à sa perdition en s’opposant au juste et à Dieu lui-même. Ces deux catégories apparaissent inconciliables et opposées l’une à l’autre. Il ne faut pas seulement y voir la présentation de deux camps ennemis. Mais c’est là aussi l’image de ce qui se passe dans notre cœur à chacun et que Saint Paul décrit dans l’épître aux Romains (7, 14-23) :« Nous savons, certes, que la loi est spirituelle : mais moi, je suis charnel, vendu comme esclave au péché. Effectivement, je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais. Or, si ce que je ne veux pas, je le fais, je suis d’accord avec la loi et reconnais qu’elle est bonne ; ce n’est donc pas moi qui agis ainsi, mais le péché qui habite en moi. Car je sais qu’en moi – je veux dire dans ma chair – le bien n’habite pas : vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais. Or, si ce que je ne veux pas, je le fais, ce n’est pas moi qui agis, mais le péché qui habite en moi. Moi qui veux faire le bien, je constate donc cette loi : c’est le mal qui est à ma portée. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, en tant qu’homme intérieur, mais dans mes membres, je découvre une autre loi qui combat contre la loi que ratifie mon intelligence ; elle fait de moi le prisonnier de la loi du péché qui est dans mes membres. » C’est ce que nous appelons aussi la présence du vieil homme et du nouvel homme en chacun de nous. Chacun d’eux veut défendre son territoire et notre cœur est le champ qu’ils se disputent !

Psaume 150 : plus rien de tout cela. Aucune opposition. Tout est unifié dans la louange adressée à Dieu. « Tout ce qui respire loue le Seigneur ! » (Ps 150, 5c)

Nous avons là, dans ces deux psaumes, l’image de ce que nous sommes et de ce vers quoi nous allons.En résumé : En moi se côtoie celui qui croit en Dieu, veut le suivre et se donner à lui et celui qui s’oppose à Dieu et même le combat. Je veux bien suivre le Seigneur, faire ce qui est bien… mais je constate que vouloir faire le bien ne suffit pas à me permettre de le faire car le mal que je ne voudrais pas faire je le fais bel et bien ! Nous sommes donc tous pris, saisis dans ce combat intérieur. C’est là notre condition humaine d’hommes pécheurs appelés à la sainteté et pas encore saints mais bel et bien en marche vers cette sainteté. C’est dans ce cadre que se déroule, se déploie tout le livre des psaumes. Or le carême est un temps qui nous est donné pour avancer sur notre chemin de sanctification et durant ces trois rencontres je voudrais m’arrêter à trois aspects exprimés dans les psaumes et qu’il est peut être bon d’approfondir en ce temps de carême que nous vivons. Trois thèmes sur lesquels je vais m’arrêter pour baliser un parcours spirituel

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qui veut être au service de notre sanctification. Il est bien clair que ce n’est pas là tout ce qui est dit dans le livre des psaumes et que cela relève d’un choix que je fais pour nous en ce temps de carême 2011. Le carême est un temps de « mise à l’épreuve » et je voudrais ce soir que nous méditions ensemble sur le thème de « l’épreuve ». La prochaine fois nous nous arrêterons sur le thème de la mort pour la vie et enfin notre dernière rencontre se fera autour de celui de la foi.

Paul Beauchamp écrit dans le vocabulaire de théologie biblique (col 283) que « l’homme biblique (donc le psalmiste aussi !) est toujours en face de ses ennemis ». Il lutte sans cesse avec des adversaires tant extérieurs qu’intérieurs. « Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, ceux qui me détestent sans motif ; ils sont puissants, ces destructeurs qui m’en veulent injustement […] Tu me sais insulté, déshonoré, couvert de honte ; tous mes adversaires sont devant toi. L’insulte m’a brisé le cœur et j’en suis malade ; j’ai attendu un geste, mais rien ; des consolateurs, et je n’en ai pas trouvé. Ils ont mis du poison dans ma nourriture ; quand j’ai soif, ils me font boire du vinaigre. » (Ps 69 (68), 5 . 20-23) Nous ne sommes pas différents d’eux : qui d’entre nous n’a pas de problème ? Qui n’a pas rencontré peines et difficultés dans son passé ? Qui peut être assuré d’un avenir sans agitation ni ébranlement ? Les épreuves sont constitutives de notre condition humaine.

L’épreuve n’est ni « étrange » ni « anormale », nous précise saint Pierre : « Bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’anormal. » (1Pi 4, 12) Et pourtant nous ne courons pas après ! Nous n’aimons pas les épreuves. Nous ne sommes pas persuadés que nous en avons besoin, ni qu’elles nous sont utiles ! Pourquoi ? A cause du sens que nous mettons dans ce mot « épreuve ». Nous y associons la notion de souffrance. Et c’est effectivement dans la souffrance que nous passons des épreuves (rappelons nous les examens que nous avons du passer les uns ou les autres, les entretiens d’embauche…), nous avons souvent tremblé et sué ! Or le sens fondamental du mot « épreuve » dans la Bible est plus ample que cela. L’épreuve est liée à la notion de « preuve ». On éprouve la résistance des matériaux qui doivent faire leur preuve. L’homme aussi doit donner ses preuves : « faites vous-mêmes votre propre critique, voyez si vous êtes dans la foi, éprouvez-vous. » (2 Co 13, 5). Le but de l’épreuve, sa « raison d’être » est de permettre de faire ses preuves.« Mettre à l’épreuve » c’est « chercher à connaître la réalité profonde au-delà des apparences incertaines. » (VTB, art épreuve, col 296) C’est donc prouver la valeur, les qualités d’une chose ou d’une personne. C’est examiner, vérifier, sonder les reins et les cœurs, affiner comme on affine l’or et l’argent en le faisant passer par le feu.« Dieu, tu nous as examinés, affinés comme on affine l’argent. Tu nous as menés dans un piège, tu as surchargé nos reins ; tu as permis qu’on nous traite en bête de somme. Nous sommes entrés dans le feu et dans l’eau, mais tu nous as fait sortir pour un banquet. » (Ps 66 (65) 10-12) Vous remarquerez la fin : c’est pour sortir pour un banquet !

Il nous faut bien distinguer l’épreuve de la tentation : L’épreuve est orientée vers la vie tandis que la tentation conduit à la mort : « Heureux l’homme qui endure l’épreuve, parce que, une fois testé, il recevra la couronne de la vie, promise à ceux qui L’aiment. Que nul, quand il est tenté, ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Car Dieu ne peut être tenté de faire le mal et ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’entraîne et le séduit. Une fois fécondée, la convoitise enfante le péché et le péché, arrivé à maturité, engendre la mort » (Jc 1, 12-15) L’épreuve est un don de grâce, la tentation une invitation au péché. « Si la Bible distingue cette épreuve particulière qu’est la tentation, c’est parce qu’elle semble s’infléchir obscurément vers le mal. Ici intervient le Tentateur. Ce n’est plus Dieu qui tente » (VTB, art épreuve, col 296). C’est donc volontairement que je laisse de côté l’aspect de la souffrance due au péché : Tentés, nous succombons et commettons le péché. Plus d’une fois le psalmiste se trouve dans cette situation ! Cf le psaume 51 (50), admirable prière dans laquelle le psalmiste reconnaît sa faute et demande à Dieu le pardon. Il reconnaît que seul Dieu peut venir purifier son cœur (verset 12 : « Crée pour moi un cœur pur, Dieu : enracine en moi un esprit tout neuf. ») et lui rendre la joie, celle « d’être sauvé » (verset 14). Dans ce cas le seul remède est la reconnaissance de notre péché (l’aveu), l’expression de notre repentance (acte de contrition) et le recours à la miséricorde du Seigneur (notre Amen à l’absolution et le ferme propos de tout faire pour

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réparer et ne pas recommencer). Je n’insiste pas bien que le recours au sacrement de la réconciliation soit essentiel dans notre chemin de sanctification. Je m’en tiens donc à ce que j’appelle les épreuves distinctes des tentations.

Les situations d’épreuves qui touchent le psalmiste sont multiples et variées de même celles qui nous touchent sont très diverses : problèmes de santé, difficultés économiques ou politiques, les séparations conjugales ou familiales, les échecs, les contrariétés, les humiliations, les persécutions, la prison, les malheurs de la guerre, les violences, les accidents, les décès, les doutes, le grand âge, la solitude, les angoisses, le chômage… Les épreuves ont de multiples visages et peuvent êtres physiques ou psychiques, toucher à notre vie sociale ou familiale, à notre vie spirituelle… La liste pourrait s’allonger à l’infini ! Tout peut devenir épreuve.

Face aux épreuves il convient de s’ancrer profondément dans une certitude : Dieu étant Amour rien de ce qui me fait souffrir n’est voulu par Dieu. Cependant ces situations qui me font souffrir sont permises par Dieu puisque rien de ce qui advient, n’advient sans que Dieu ne le sache. Les épreuves ont donc une raison d’être. Pour ne pas nous affoler, ne pas nous aigrir face aux épreuves, avoir le courage de les vivre en demeurant ouverts à la vie, il convient de percevoir ne serait ce qu’un peu les finalités qu’elles visent, ce vers quoi elles veulent nous orienter et nous conduire même si très souvent nous n’arrivons pas à le voir au moment même où nous traversons une épreuve. Il nous faut très souvent du recul pour relire le chemin parcouru « grâce à cette épreuve » (cf les fleurs qui ont pu pousser grâce à ce « fumier » et qui n’auraient jamais pu être sans ce fumier là qui n’a ni valeur, ni intérêt en soi)

- les épreuves que nous traversons peuvent être d’ordre pédagogique : c’est ce qu’exprime l’auteur de l’épître aux hébreux : « C’est pour votre éducation que vous souffrez. C’est en fils que Dieu vous traite. Quel est en effet le fils que son père ne corrige pas ?[…] Nous avons eu nos pères terrestres pour éducateurs, et nous nous en sommes bien trouvés ; n’allons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre au Père des esprits et recevoir de lui la vie ? Eux, en effet, c’était pour un temps, selon leurs impressions, qu’ils nous corrigeaient ; lui, c’est pour notre profit, en vue de nous communiquer sa sainteté. Toute correction, sur le moment, ne semble pas sujet de joie, mais de tristesse. Mais plus tard, elle produit chez ceux qu’elle a ainsi exercés, un fruit de paix et de justice. » (Hé 12, 7 . 9-11). Une pédagogie pour notre sanctification ! Cet aspect est très présent dans les psaumes : le psalmiste sort de l’épreuve avec un « esprit brisé » (Ps 51 (50), 19) c'est-à-dire dans une plus grand humilité.

- les épreuves peuvent être d’ordre apostolique. Le psalmiste est raillé, on se moque de lui, de sa piété. « C’est à cause de toi que je supporte l’insulte, que le déshonneur couvre mon visage, et que je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère […] J’ai pleuré et jeûné, cela m’a valu des insultes. J’ai revêtu le sac de deuil, je suis devenu leur fable. Les gens assis à la porte jasent sur moi, et je suis la chanson des buveurs. » (Ps 69 (68) 8-9. 11-13). Dans l’AT vous pouvez relire les passages nombreux du livre de Jérémie où le prophète ce plaint de tout ce qui lui arrive à cause de sa mission de prophète. (ex. Jr 15, 10 : « Quel malheur, ma mère, que tu m’aies enfanté, moi qui suis, pour tout le pays, l’homme contesté et contredit. Je n’ai ni prêté ni emprunté et tous me maudissent »). Dans le NT, un bon exemple est saint Paul qui décrit abondamment toutes les épreuves qu’il a du traverser. (cf 2 Co 11, 24-28 : « Des juifs, j’ai reçu cinq fois les trente neuf coups, trois fois j’ai été flagellé, une fois, lapidé, trois fois, j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit sur l’abîme. Voyages à pied, souvent, dangers des fleuves, dangers des brigands, dangers de mes frères de race, dangers des païens, dangers dans la ville, dangers dans le désert, dangers sur mer, danger des faux frères ! Fatigues et peine, veilles souvent ; faim et soif, jeûne souvent ; froid et dénuement ; sans compter tout le reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les églises. »)Ces épreuves, saint Paul ne les voit qu’à la seule lumière du Christ : sa souffrance est une communion à la passion du Christ, un gage de communion à sa résurrection (2 Co 4, 10-11 : « Sans cesse nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps. Toujours, en effet, nous les vivants, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre existence mortelle. »)

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C’est dans la faiblesse de l’épreuve que se déploie la puissance du Ressuscité (2 Co 12, 9 : Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse »)Il y a là un grand mystère : ces épreuves ont une grande fécondité apostolique. L’épreuve assimile l’apôtre à son maître lui-même éprouvé pour la mission, c'est-à-dire que le disciple n’est pas au dessus du maître. C’est cela prendre sa croix et se mettre à sa suite ! « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » (Mc 8, 34)

- d’autres épreuves sont d’ordre mystique. Les « amis de Dieu » vivent l’épreuve des purifications dont nous parle Saint Jean de la Croix. Elles appartiennent au mystère de notre communion au Seigneur Crucifié. Elles sont « rédemptrices » car elles sont jointes à celles du Seigneur. Pensons à François d’Assise, Padre Pio, Marthe Robin et plus généralement à tous ceux qui vivent, de façon cachée, l’offrande totale de leur vie… Mystère de co-rédemption que je n’aborderai pas ici mais qui est bel et bien réel. N’allez pas croire que ceci ne soit que pour quelques uns, choisis au milieu de tous : « Tout homme participe d’une manière ou d’une autre à la Rédemption. Chacun est appelé, lui aussi, à participer à la souffrance par laquelle la Rédemption s’est accomplie. Il est appelé à participer à la souffrance par laquelle toute souffrance humaine a aussi été rachetée. En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la souffrance humaine jusqu’à lui donner valeur de Rédemption. Tout homme peut donc, dans sa souffrance, participer à la souffrance rédemptrice du Christ. » (Lettre apostolique de Jean-Paul II, Le sens chrétien de la souffrance, de 1984, cerf, p. 52)

Face aux épreuves, une réaction courante est de se poser des questions à cause du caractère douloureux de l’épreuve. « Qu’ai-je fais au bon Dieu pour que cela m’arrive à moi ? » L’épreuve me semble alors injuste et disproportionnée, imméritée, intolérable, incompréhensible, scandaleuse, absurde…« Si Dieu est bon, pourquoi permet-il tout cela ? » Nous soupçonnons Dieu de ne pas être un bon père, de ne pas être aussi puissant qu’on le dit… Le problème c’est qu’il n’est certainement pas ni père, ni puissant tel que nous l’imaginons ou le rêvons ! Sa Toute Puissance est une toute puissance d’Amour c'est-à-dire une toute puissance désarmée et liée par nos libertés. Une toute puissance qui œuvre pour la vie !Nous voulons toujours savoir « pourquoi », savoir les causes. Or dans l’évangile, le Seigneur nous renvoie toujours au « pour quoi » en deux mots, nous orientant vers la finalité, ce vers quoi cela veut nous conduire, vers l’avenir. « Ses disciples lui posèrent cette question : « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? » Jésus répondit : « Ni lui ni ses parents. Mais c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » » (Jn 9, 2-3)Ceci ne supprime pas bien sûr le mystère du « pourquoi ». Même Jésus a repris le psaume 22(21) : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » mais c’est un autre sujet ! Rappelons-nous la phrase de Claudel : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, il est venu la remplir de sa présence. »

Voyons l’attitude du psalmiste : il se tourne vers le Seigneur, lui fait confiance, il remet sa cause entre les mains de Dieu. Le psalmiste sait que le Seigneur ne restera pas sourd à sa prière. Pourquoi ? Parce que Dieu est fidèle. Il ne rejette jamais celui avec qui il a fait alliance. Est-ce que nous le croyons ? De plus Dieu est celui qui sauve et fait miséricorde, le rocher sur lequel nous pouvons nous appuyer ! « Seigneur, voici ma prière ; c’est le moment d’être favorable ; Dieu dont la fidélité est grande, réponds moi, car tu es le vrai salut […] Réponds-moi, Seigneur, car ta fidélité est bonne ; selon ta grande miséricorde, tourne-toi vers moi. » (Ps 69(68) 14 . 17) Celui de qui tout vient, œuvre résolument pour la vie, sollicitant notre réponse et notre choix libre : « Vois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, […] Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui. » (Dt 30, 15 . 19b-20a)Or seuls les humbles font totalement confiance. Toute notre vie spirituelle consiste à entrer dans la confiance de l’enfant : « En vérité, je vous le déclare, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3) La petite Thérèse disait : « C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour ». ( Lettre 197, du 17 septembre 1896 à sœur Marie du Sacré Cœur, dans Lettres, course de géant, cerf/DDB 1977, p.360)

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A ses sœurs elle dira : « Ne croyez pas que lorsque je serai au Ciel je vous ferai tomber des alouettes rôties dans le bec… Ce n’est pas ce que j’ai eu ni ce que j’ai désiré avoir. Vous aurez peut-être de grandes épreuves, mais je vous enverrai des lumières qui vous les feront apprécier et aimer. Vous serez obligées de dire comme moi : « Seigneur, vous nous comblez de joie par tout ce que vous faites » (Derniers Entretiens du 13 juillet 1897, dans J’entre dans la vie, cerf/DDB 1973, p.75) Le curé d’Ars n’a pas dit autre chose lorsqu’il a demandé l’amour des croix : « Il faut demander l’amour des croix : alors elles deviennent douces. J’en ai fait l’expérience : Pendant 4 ou 5 ans j’ai été calomnié, bien contredit, bien bousculé. Oh ! J’avais des croix… j’en avais presque plus que je n’en pouvais porter ! Je me mis à demander l’amour des croix… alors je fus heureux. Je le dis vraiment : il n’y a de bonheur que là… » (Saint Jean-Marie Vianney, cité par Bernard Nodet dans « Jean-Marie Vianney curé d’Ars, sa pensée son cœur », éditions Mappus, 1960, p.184) «Les croix, transformées dans les flammes de l’amour, sont comme un fagot d’épines qu’on jette au feu et que le feu réduit en cendres. Les épines sont dures, mais les cendres sont douces. » (Idem p. 185) Mgr Bagnard commente ceci en écrivant : « La croix est légère quand elle est accueillie et aimée ; elle écrase, au contraire, quand elle est refusée. […] l’amour des croix apprend à grandir « dans » et « par » la douleur. […] Bien des manifestations dépressives ont pour origine le refus d’accueillir la réalité dans les formes où elle nous blesse. Se raidir, c’est souvent se condamner à être brisé par l’épreuve, ou à s’effondrer devant ce qui, de toute façon, s’impose ! La croix du Christ nous donne le secret : l’épreuve, au lieu d’abattre, fait grandir ! » (Mgr Bagnard, Le Curé d’Ars, portrait d’un pasteur, Ed Tempora, 2009, p. 82)

L’épreuve nous pousse à rejoindre l’humilité obéissante et disponible de Jésus, à vivre une totale dépendance vis-à-vis de l’Esprit Saint qui rend possible ce qui nous est humainement impossible, à entrer enfin dans une confiance inconditionnelle envers le Père. N’oublions jamais que ce qui est en jeu c’est notre sanctification !

Acte d’Espérance :

Mon Dieu, j’espère avec une ferme confianceque vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ,votre grâce en ce monde et le bonheur éternel dans l’autre,parce que vous l’avez promis et que vous tenez toujours vos promesses.

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Meximieux – 31 mars 2011 / l’épreuve

« Nous savons, certes, que la loi est spirituelle : mais moi, je suis charnel, vendu comme esclave au péché. Effectivement, je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais. Or, si ce que je ne veux pas, je le fais, je suis d’accord avec la loi et reconnais qu’elle est bonne ; ce n’est donc pas moi qui agis ainsi, mais le péché qui habite en moi. Car je sais qu’en moi – je veux dire dans ma chair – le bien n’habite pas : vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais. Or, si ce que je ne veux pas, je le fais, ce n’est pas moi qui agis, mais le péché qui habite en moi. Moi qui veux faire le bien, je constate donc cette loi : c’est le mal qui est à ma portée. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, en tant qu’homme intérieur, mais dans mes membres, je découvre une autre loi qui combat contre la loi que ratifie mon intelligence ; elle fait de moi le prisonnier de la loi du péché qui est dans mes membres. » (Rm 7, 14-23)

« Tout ce qui respire loue le Seigneur ! » (Ps 150, 5c)

« Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, ceux qui me détestent sans motif ; ils sont puissants, ces destructeurs qui m’en veulent injustement […] Tu me sais insulté, déshonoré, couvert de honte ; tous mes adversaires sont devant toi. L’insulte m’a brisé le cœur et j’en suis malade ; j’ai attendu un geste, mais rien ; des consolateurs, et je n’en ai pas trouvé. Ils ont mis du poison dans ma nourriture ; quand j’ai soif, ils me font boire du vinaigre. » (Ps 69 (68), 5 . 20-23)

« Bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’anormal. » (1Pi 4, 12)

« Faites vous-mêmes votre propre critique, voyez si vous êtes dans la foi, éprouvez-vous. » (2 Co 13, 5).

« Dieu, tu nous as examinés, affinés comme on affine l’argent. Tu nous as menés dans un piège, tu as surchargé nos reins ; tu as permis qu’on nous traite en bête de somme. Nous sommes entrés dans le feu et dans l’eau, mais tu nous as fait sortir pour un banquet. » (Ps 66 (65) 10-12)

« Heureux l’homme qui endure l’épreuve, parce que, une fois testé, il recevra la couronne de la vie, promise à ceux qui L’aiment. Que nul, quand il est tenté, ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Car Dieu ne peut être tenté de faire le mal et ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’entraîne et le séduit. Une fois fécondée, la convoitise enfante le péché et le péché, arrivé à maturité, engendre la mort » (Jc 1, 12-15)

« C’est pour votre éducation que vous souffrez. C’est en fils que Dieu vous traite. Quel est en effet le fils que son père ne corrige pas ?[…] Nous avons eu nos pères terrestres pour éducateurs, et nous nous en sommes bien trouvés ; n’allons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre au Père des esprits et recevoir de lui la vie ? Eux, en effet, c’était pour un temps, selon leurs impressions, qu’ils nous corrigeaient ; lui, c’est pour notre profit, en vue de nous communiquer sa sainteté. Toute correction, sur le moment, ne semble pas sujet de joie, mais de tristesse. Mais plus tard, elle produit chez ceux qu’elle a ainsi exercés, un fruit de paix et de justice. » (Hé 12, 7 . 9-11).

« C’est à cause de toi que je supporte l’insulte, que le déshonneur couvre mon visage, et que je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère […] J’ai pleuré et jeûné, cela m’a valu des insultes. J’ai revêtu le sac de deuil, je suis devenu leur fable. Les gens assis à la porte jasent sur moi, et je suis la chanson des buveurs. » (Ps 69 (68) 8-9 . 11-13).

« Quel malheur, ma mère, que tu m’aies enfanté, moi qui suis, pour tout le pays, l’homme contesté et contredit. Je n’ai ni prêté ni emprunté et tous me maudissent » (Jr 15, 10)

« Des juifs, j’ai reçu cinq fois les trente neuf coups, trois fois j’ai été flagellé, une fois, lapidé, trois fois, j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit sur l’abîme. Voyages à pied, souvent, dangers des fleuves, dangers des brigands, dangers de mes frères de race, dangers des païens, dangers dans la ville, dangers dans le désert, dangers sur mer, danger des faux frères ! Fatigues et peine, veilles souvent ; faim et soif, jeûne souvent ; froid et dénuement ; sans compter tout le reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les églises. » (2 Co 11, 24-28)

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« Sans cesse nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps. Toujours, en effet, nous les vivants, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre existence mortelle. » (2 Co 4, 10-11)

« Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12, 9)

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » (Mc 8, 34)

« Tout homme participe d’une manière ou d’une autre à la Rédemption. Chacun est appelé, lui aussi, à participer à la souffrance par laquelle la Rédemption s’est accomplie. Il est appelé à participer à la souffrance par laquelle toute souffrance humaine a aussi été rachetée. En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la souffrance humaine jusqu’à lui donner valeur de Rédemption. Tout homme peut donc, dans sa souffrance, participer à la souffrance rédemptrice du Christ. » (Lettre apostolique de Jean-Paul II, Le sens chrétien de la souffrance, de 1984, cerf, p. 52)

« Ses disciples lui posèrent cette question : « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? » Jésus répondit : « Ni lui ni ses parents. Mais c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » » (Jn 9, 2-3)

« Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, il est venu la remplir de sa présence. » (Claudel)

« Seigneur, voici ma prière ; c’est le moment d’être favorable ; Dieu dont la fidélité est grande, réponds moi, car tu es le vrai salut […] Réponds-moi, Seigneur, car ta fidélité est bonne ; selon ta grande miséricorde, tourne-toi vers moi. » (Ps 69(68) 14 . 17)

« Vois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, […] Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui. » (Dt 30, 15 . 19b-20a)

« En vérité, je vous le déclare, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3)

« C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour ». ( Thérèse de Lisieux, Lettre 197, du 17 septembre 1896 à sœur Marie du Sacré Cœur, dans Lettres, course de géant, cerf/DDB 1977, p.360)

« Ne croyez pas que lorsque je serai au Ciel je vous ferai tomber des alouettes rôties dans le bec… Ce n’est pas ce que j’ai eu ni ce que j’ai désiré avoir. Vous aurez peut-être de grandes épreuves, mais je vous enverrai des lumières qui vous les feront apprécier et aimer. Vous serez obligées de dire comme moi : « Seigneur, vous nous comblez de joie par tout ce que vous faites » (Derniers Entretiens du 13 juillet 1897, dans J’entre dans la vie, cerf/DDB 1973, p.75)

«Les croix, transformées dans les flammes de l’amour, sont comme un fagot d’épines qu’on jette au feu et que le feu réduit en cendres. Les épines sont dures, mais les cendres sont douces. » (Saint Jean-Marie Vianney, cité par Bernard Nodet dans « Jean-Marie Vianney curé d’Ars, sa pensée son cœur », éditions Mappus, 1960, p.185)

« Il faut demander l’amour des croix : alors elles deviennent douces. J’en ai fait l’expérience : Pendant 4 ou 5 ans j’ai été calomnié, bien contredit, bien bousculé. Oh ! j’avais des croix… j’en avais presque plus que je n’en pouvais porter ! Je me mis à demander l’amour des croix… alors je fus heureux. Je le dis vraiment : il n’y a de bonheur que là… » (Idem, p.184)

« La croix est légère quand elle est accueillie et aimée ; elle écrase, au contraire, quand elle est refusée. […] l’amour des croix apprend à grandir « dans » et « par » la douleur. […] Bien des manifestations dépressives ont pour origine le refus d’accueillir la réalité dans les formes où elle nous blesse. Se raidir, c’est souvent se condamner à être brisé par l’épreuve, ou à s’effondrer devant ce qui, de toute façon, s’impose ! La croix du Christ nous donne le secret : l’épreuve, au lieu d’abattre, fait grandir ! » (Mgr Bagnard, Le Curé d’Ars, portrait d’un pasteur, Ed Tempora, 2009, p. 82)

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La mort pour la vie

Peut être que certains se disent : « quelle drôle d’idée de vouloir nous faire méditer sur la mort ! » Serions nous appeler à être comme ce chartreux qui avait sur son bureau un crâne humain sur le front duquel était gravés ces mots : « aujourd’hui c’est moi et demain ce sera toi ! ». Appelés à être chartreux ? Je ne pense pas ! En tous cas pas pour la majorité d’entre nous. Par contre la réalité de la mort nous concerne tous, indirectement (par le biais des défunts que nous connaissons) et même directement puisque cette réalité fait partie intégrante de chacune de nos vies. Tous un jour nous mourrons ! Nous le savons, mais nous préférons souvent laisser cette idée de côté parce qu’elle éveille en nous des peurs, des appréhensions, des révoltes.

- La mort, que certains prennent pour une condamnation relève plus d’une constatation : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. » (Gn 2, 16-17) « A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu a été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras. » (Gn 3, 19) Depuis le péché originel la mort est le sort commun à tous les hommes riches ou pauvres, petits ou grands, hommes ou femmes, beaux ou moches… « Ne te réjouis pas de ce qu’un autre soit mort ; souviens-toi que tous, nous devons mourir. » (Si 8, 7) la mort est « le chemin de tout le monde » dit David à Salomon au moment où il lui fait ses dernières recommandations avant de mourir (cf 1R 2, 2) La mort est donc le sort commun à tous les hommes. Face à cela nous pouvons nous établir dans une résignation désabusée : C’est comme çà ! Nous n’y pouvons rien ! Et ce n’est pas faux. Nous n’avons en effet aucune prise sur la vie et la mort. N’en déplaise à certains « apprentis sorciers » qui sous couvert de connaissances scientifiques se prennent pour Dieu, maître de la vie et de la mort. (Mais cela est un autre sujet !).Dans la bible, on le sait et on le dit ! Le psalmiste est de ceux là.

- Quelle conception a-t-il de la mort ? - Un vide, une fin

Le mort « n’est plus rien » (Ps 39 (38), 14). Le psalmiste croit qu’il y a un au-delà où quelque chose de l’homme demeure. C’est le « shéol ». Mais ce qui perdure est présenté comme une ombre, quelque chose d’inconsistant, une sorte de « zombi » plongé dans le séjour des morts appelé aussi « le silence » « Si le Seigneur ne m’avait secouru, le Silence devenait bientôt ma demeure » (Ps 94 (93) 17, cf note l de la TOB : « c'est-à-dire le séjour des morts, les enfers ») à ne pas confondre avec l’enfer, état de damnation, de séparation radicale et définitive de Dieu. « Ce ne sont pas les morts qui louent le Seigneur, eux qui tous descendent au Silence. » (Ps 115 (113 B) 17) Le shéol est un lieu de ténèbres et d’oubli « Dans la Tombe peut on dire ta fidélité, et dans l’Abîme dire ta loyauté ? Ton miracle se fera-t-il connaître dans les Ténèbres, et ta justice au pays de l’Oubli ? » (Ps 88 (87) 12-13)Pour le psalmiste tous les morts sont rassemblés en ce lieu là où leur existence n’est plus qu’un « sommeil » « Regarde, réponds-moi, Seigneur mon Dieu ! Laisse la lumière à mes yeux, sinon je m’endors dans la mort, » (Ps 13 (12) 4). Là il n’y a plus ni espérance, ni connaissance de Dieu, on ne loue plus le Seigneur « Chez les morts, on ne prononce pas ton nom. Aux enfers, qui te rend grâce ? » (Ps 6, 6). Dieu même les oublie ! « On me compte parmi les moribonds ; me voici comme un homme fini, reclus parmi les morts, comme les victimes couchées dans la tombe, et dont tu perds le souvenir car ils sont coupés de toi. » (Ps 88 (87) 5-6)

- Une ennemieL’homme qui est un être vivant fait pour la vie, sent dans la mort comme une « force ennemie ». Et le psalmiste ne manque pas de la personnifier « Ils sont parqués aux enfers comme des brebis ; la Mort les mène paître » (Ps 49 (48) 15) de décrire son action dès ici bas, sur terre « Les liens de la mort m’ont enserré, les torrents de Bélial m’ont surpris, les liens des enfers m’ont entouré, les pièges de la mort étaient tendus devant moi. » (Ps 18 (17) 5-6) [« Bélial » personnifie la mort (note d TOB), traduit par « du diable » par saint Jérôme]

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La mort est perçue par le psalmiste comme une réalité qui le met en danger et contre laquelle il va mener une lutte angoissée tout au long de sa vie, priant le Seigneur de l’éloigner le plus longtemps possible. Vivre de long jour apparaît comme une bénédiction, mourir jeune est une malédiction.Pas très optimiste notre ami ! « Telle est la perspective désolante qu’ouvre la mort à l’homme pour le jour où il doit être « réuni à ses pères » (Gn 49, 29) Les images ne font ici que donner une forme concrète à des impressions spontanées qui sont universelles et auxquelles s’en tiennent beaucoup de nos contemporains. » (VTB, art mort, col 655)

- Nous faisons bel et bien partie de ces « contemporains » dont on parle dans le VTB ! Pourquoi donc tant de trouble soulevé en nous à l’idée qu’un jour il nous faudra mourir, que peut-être un de nos proches nous sera ravi par la mort ?

Saint Augustin nous donne un début d’explication : « Mon cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Dieu » c’est-à-dire que nous sommes faits pour la Vie. Pour la vie avec Dieu, en Dieu certes mais bien pour la Vie et cela est profondément inscrit dans nos cœurs. La mort en tant que confrontation brutale à la non vie nous fait saisir toute notre fragilité, notre incapacité à conduire et gérer notre existence selon notre propre désir. Une évidence s’impose à nous : quelque chose nous échappe et nous échappera toujours. Nous sommes mortels et pourtant appelés à la Vie Eternelle.

Cependant ceci le psalmiste n’en a pas encore accueilli la pleine révélation. L’affirmation de la foi en la résurrection n’apparaît que bien plus tardivement. Pas avant le 2ème siècle avant la venue de Jésus-Christ. (Sg 3-5 (texte des années 50 avant Jésus Christ), Dn 12, 2 « (à la fin des temps) Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle, ceux-là pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. » (texte de 164 environ avant Jésus Christ), 2 M 7 = martyr des 7 frères (texte de 160 environ avant Jésus Christ).Il y a bien quelques versets de psaumes qui semblent laisser une porte ouverte vers cette affirmation de foi. Mais ce ne sont là encore que quelques portes légèrement entrebâillées : (Ps 16 (15), 10 « car tu ne m’abandonnes pas aux enfers, tu ne laisses pas ton fidèle voir la fosse »; 49 (48), 16 « Mais Dieu rachètera ma vie au pouvoir des enfers ; oui, il me prendra » ; 73 (72), 23-24 « car je suis toujours avec toi : tu m’as saisi la main droite, tu me conduiras selon tes vues, tu me prendras derrière la Gloire »). Le psalmiste perçoit bien qu’il y a un problème dans sa vision de la mort. Qu’elle est en contradiction avec une aspiration à la vie qui est profondément inscrite en lui mais il n’en est qu’à la dimension de l’espoir c'est-à-dire la supposition que cela pourrait être ainsi mais non encore la certitude que c’est réellement ainsi (espérer c’est être sûr de ce que l’on espère, il n’y a pas place pour le « peut être » dans l’espérance. Or souvent nous confondons espoir et espérance !) . « J’ai bon espoir qu’il fasse beau demain » = « peut être qu’il fera beau demain ! ». Or l’Espérance est une certitude. Mais une certitude portant sur quelque chose que nous ne voyons pas et ne possédons pas encore. Souvent nous sommes comme Thomas : « si je vois, je crois ». Traduisez : « si je vois, j’espère ! ». Or ce que nous espérons nous ne le possédons pas encore ! « Voir ce qu’on espère n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec persévérance » (Rm 8, 24b-25)

- Pour nous, il en va tout autrement : le Christ est venu ! Pour le chrétien la résurrection donc la Vie Eternelle est une certitude de foi. Elle relève aussi de l’Espérance : la certitude que cela est réellement. L’aspiration légitime qui habite le cœur de tout homme à vouloir « demeurer toujours » n’a aucun sens et relève de l’absurde en dehors de la résurrection. Certains croient en la réincarnation, autre manière de concilier la mort et le fait de continuer à vivre. Ceci ne rend pas compte du fait que chacun est unique. Nul n’est la continuation d’un autre ! Nous croyons que chaque être humain vit pour toujours c’est-à-dire que les défunts que nous pleurons sont toujours vivants ! Le croyons nous vraiment ?

Au moment de la séparation d’avec un être cher, nous pouvons adopter 3 attitudes : refuser, subir ou assumer.

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- refuser : c’est se cacher la réalité de ce qui est. Nous ne pouvons pas longtemps enfouir une telle blessure sans qu’elle ne s’envenime en amertume destructrice qui petit à petit empoisonne notre vie. On ne peut pas vivre uniquement en évoquant le passé avec regret. Il s’agit d’arriver à relire le passé pour rendre grâce.

- subir c’est se laisser écraser, renoncer à notre qualité de fils et de filles du Très Haut pour devenir esclaves. Nous démissionnons, laissant l’Espérance au placard. Croyant ainsi trouver la paix, nous voici réduits à l’état de fétus de paille sans ancrage qui se laissent ballotter à tous vents de doctrines : Ceci ou cela ? Peu importe !... Nous sommes alors saisis par l’ « àquoibonite » (= à quoi bon … !)

- assumer c’est savoir en qui nous avons mis notre confiance, notre Espérance « Maudit (est), l’homme qui compte sur des mortels : sa force vive n’est que chair […] Béni (est), l’homme qui compte sur le Seigneur : Le Seigneur devient son assurance. » (Jr 17, 5 . 7).

- Voyons l’attitude de Jésus face à sa mort :+ Il a pleuré Lazare ! (cf Jn 11 « Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Judéens qui

l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla. Il dit : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. » Alors Jésus pleura et les Judéens disaient « Voyez comme il l’aimait ! »)La séparation est douloureuse. Il ne s’agit pas d’avoir honte ou de nier cette douleur là. Marie a eu le cœur transpercé mais elle n’était pas effondrée : elle était debout au pied de la croix ! (Jn 19, 25 « Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala »)

+ Jésus a « assumé » sa mort :Il l’a annoncée et à aucun moment il ne s’est masqué la réalité de sa mort prochaine (cf. les

trois annonces de la passion dans l’évangile de Marc : 8, 31 ; 9, 31 ; 10, 34).« Puis il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que trois jours après, il ressuscite. Il tenait ouvertement ce langage. Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre ; il lui dit : « Retire-toi ! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » » (Mc 8, 31-33).

Jésus a frémi devant la mort : Au jardin de Gethsémani : « Il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Et il commença à ressentir frayeur et angoisse. » (Mc 14, 33) (« tristesse et angoisse » en Mt 26, 37). « Alors lui apparut du ciel un ange qui le fortifiait. Pris d’angoisse, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre » (Lc 22, 43-44)« Maintenant, mon âme est troublée, et que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu. » (Jn 12, 27 ; cf note w TOB : Jn note ici le trouble que Jésus éprouve devant sa mort prochaine. En revanche, il ne racontera pas l’agonie à Gethsémani […] Il est surtout porté à souligner la parfaite obéissance de Jésus qui, en glorifiant le Père, entre avec une souveraine liberté dans sa Passion)

Jésus a même supplié le Père de le préserver de la mort : « Père, si tu veux écarter de moi cette coupe » (Lc 22, 42a)

Mais à chaque instant il s’est remis entre les mains du Père et a accueilli sa volonté, sûr de son Amour sans fin pour lui-même et pour tous les hommes. « Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise ! » (Lc 22, 42b)

+ Jésus nous dévoile le sens que peut avoir la mort pour nous. Lui qui a offert sa vie pour le rachat de nos péchés et nous a ouvert le chemin vers le Père.Avec Jésus nous avons l’assurance que la mort n’est pas qu’un passage obligé que nous devons subir (comme l’animal que l’on mène à l’abattoir !) mais la mort est le signe d’un passage que chacun est appelé à vivre pas seulement à la fin de sa vie terrestre mais aussi dès maintenant, dès ici bas afin d’avoir la Vie en plénitude, dès maintenant. Jésus s’est fait obéissant jusqu’à la mort (Ph 2, 8 « il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix ») afin de triompher de la Mort. Il nous

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entraîne avec lui dans sa résurrection. Le croyons-nous ? Avons-nous fondé notre foi sur cette assurance, cette certitude que le Christ est ressuscité et que nous avons déjà la Vie en abondance ? Nos « petites morts » quotidiennes faites de tous nos petits renoncements (renoncer a être aimé, consolé, regardé, considéré…) nous préparent à la mort qui est passage en Dieu.

- La prière de Jésus demandant à son Père d’être préservé de la mort a été exaucée. « C’est lui qui, au cours de sa vie terrestre, offrit prières et supplications avec grands cris et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de sa soumission. Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et, conduit jusqu’à son propre accomplissement, il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel » (Hé 5, 7-9) (cf note d TOB : « La Passion y est décrite comme une offrande suppliante toute pénétrée du respect de la volonté de Dieu. L’auteur affirme à la fois que cette prière fut exaucée et que le Christ dut souffrir et obéir. L’exaucement consiste en une transformation qui s’opère à travers la mort même. L’obéissance aboutit à une glorification). La Mort n’a plus aucune prise sur nous, le péché est vaincu et nous pouvons dire avec saint Paul : « Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché et la puissance du péché, c’est la loi. Rendons grâce à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. » (1 Co 15, 55-57) Et voici que Jésus Christ nous montre que quand nous aimons assez pour donner notre vie, comme lui, nous entrons dans la vie éternelle et nous ne descendons pas dans la Mort. Gabriel Marcel a écrit : « Dire à quelqu’un : Je t’aime, c’est lui dire : Toi, tu ne mourras pas. » L’Amour est plus fort que la Mort.Nous sommes face à un paradoxe : la croix est le lieu où l’humiliation et la faiblesse de Jésus apparaissent extrêmes et pourtant c’est là que Jésus est vainqueur et glorifié. La croix est le lieu d’une naissance et non d’une fin. Dans notre expérience humaine, la mort se présente comme une rupture, une séparation. En Jésus Christ, son sens est inversé, notre regard est réorienté : la mort est l’entrée dans la pleine communion avec notre Dieu. De nécessité angoissante, la mort est devenue passage dans la béatitude. C’est ainsi que Paul en arrive à désirer s’en aller pour être avec le Christ : « Je suis pris dans ce dilemme : j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, et c’est de beaucoup préférable, mais demeurer ici-bas est plus nécessaire à cause de vous. » (Ph 1, 23-24)Comme à Marthe, Jésus veut s’adresser à chacun de nous : « Je suis la Résurrection et la Vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais, Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26)

Croire en Jésus voici le chemin qui ouvre à la Vie Eternelle, mais également garder sa parole : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » (Jn 8, 51) Garder sa parole c’est la faire nôtre, sans trier ni édulcorer l’exigence d’amour à laquelle Jésus nous exhorte. Rappelons nous le récit du jeune homme riche (Mc 10, 17-22 et //) « Que dois je faire pour avoir la Vie Eternelle ? » Il observe déjà la loi… « Jésus le regarda, et se prit à l’aimer ; il lui dit : « Une seule chose te manque ; va ; ce que tu as vends le, donne le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis moi. » »Il s’agit de renoncer à tout. Quand l’heure de la mort vient, n’est ce pas là le moment où tout est laissé ? Renoncer à tout, même à rester avec ceux qui nous sont chers (combien de fois certains tardent à faire le passage parce qu’ils sentent que l’entourage n’est pas près ou parce qu’ils ne veulent pas lâcher prise !). Renoncer à notre vie, nos attaches d’ici bas…

Or c’est en perdant notre vie que nous la gagnons. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera » (Mc 8, 34-35)Se renier soi-même… Qu’est ce à dire ? Longtemps je me suis rebellée contre l’idée de me renier moi-même, jusqu’au jour où j’ai saisi qu’il ne m’était pas demandé de me laisser dépouiller comme un oignon qui, une fois débarrassé de ses diverses couches n’existe plus, mais bien de me laisser dépouiller comme une rose qui s’épanouissant, va perdre un à un ses pétales pour ne laisser apparaître que son cœur, le lieu même de sa fécondité, le lieu d’où jailli l’amour, le lieu où Dieu réside et procure la Vie.

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C’est sur ce chemin que nous sommes appelés à marcher durant tout ce temps de carême. En regardant droit devant, sans jamais nous retourner afin de ne pas succomber à la tentation de regretter les quelques pétales perdus en chemin. C’est ce chemin de dépouillement qui m’a bouleversée dans le film « la liste de Schindler » relatant des événements survenus lors de la dernière guerre mondiale. Au début, lorsque son comptable juif a demandé à Schindler pourquoi il ne voulait pas se risquer à prendre un couple de juifs dans son usine, il a répondu : « parce que c’est trop dangereux pour moi ! ». Puis à la fin, le même homme, apparaît totalement transformé, ne pensant plus qu’aux autres et pleurant de ne pas avoir donné plus pour sauver d’autres personnes du génocide. Chemin remarquable de décentrement de soi. Voilà l’œuvre de la grâce en nous, si nous y consentons : Nous faire passer du souci de soi au souci de l’autre qui devient alors plus important à mes yeux que moi-même, c’est mourir à soi-même !Se renier soi même c’est se vider de soi afin d’accueillir l’autre : mettre de côté ma manière de penser, de faire, de voir les choses pour être attentif à la manière de penser, de faire, de voir les choses, d’être de l’autre… Ce sont là bien des morts que nous avons à vivre et qui nous permettent de goûter dès ici bas à la vraie Vie.Et n’oublions jamais que l’extrême dépouillement de Jésus n’a pas été un anéantissement mais une glorification. Ainsi en va-t-il aussi pour nous !

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Meximieux – 4 avril 2011 / la mort pour la vie

« Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. » (Gn 2, 16-17)

« A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu a été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras. » (Gn 3, 19)

« Ne te réjouis pas de ce qu’un autre soit mort ; souviens-toi que tous, nous devons mourir. » (Si 8, 7)

« Si le Seigneur ne m’avait secouru, le Silence devenait bientôt ma demeure » (Ps 94 (93) 17)

« Ce ne sont pas les morts qui louent le Seigneur, eux qui tous descendent au Silence. » (Ps 115 (113 B) 17)

« Dans la Tombe peut on dire ta fidélité, et dans l’Abîme dire ta loyauté ? Ton miracle se fera-t-il connaître dans les Ténèbres, et ta justice au pays de l’Oubli ? » ( Ps 88 (87) 12-13)

« Regarde, réponds-moi, Seigneur mon Dieu ! Laisse la lumière à mes yeux, sinon je m’endors dans la mort, » (Ps 13 (12) 4)

« Chez les morts, on ne prononce pas ton nom. Aux enfers, qui te rend grâce ? » (Ps 6, 6)

« On me compte parmi les moribonds ; me voici comme un homme fini, reclus parmi les morts, comme les victimes couchées dans la tombe, et dont tu perds le souvenir car ils sont coupés de toi. » (Ps 88 (87) 5-6)

« Ils sont parqués aux enfers comme des brebis ; la Mort les mène paître » (Ps 49 (48) 15)

« Les liens de la mort m’ont enserré, les torrents de Bélial m’ont surpris, les liens des enfers m’ont entouré, les pièges de la mort étaient tendus devant moi. » (Ps 18 (17) 5-6)

« Telle est la perspective désolante qu’ouvre la mort à l’homme pour le jour où il doit être « réuni à ses pères » (Gn 49, 29) Les images ne font ici que donner une forme concrète à des impressions spontanées qui sont universelles et auxquelles s’en tiennent beaucoup de nos contemporains. » (VTB, art mort, col 655)

« Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle, ceux-là pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. » (Dn 12, 2)

« Voir ce qu’on espère n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec persévérance » (Rm 8, 24b-25)

« Maudit (est), l’homme qui compte sur des mortels : sa force vive n’est que chair […] Béni (est), l’homme qui compte sur le Seigneur : Le Seigneur devient son assurance. » (Jr 17, 5 . 7).

« Puis il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que trois jours après, il ressuscite. Il tenait ouvertement ce langage. Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre ; il lui dit : « Retire-toi ! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » » (Mc 8, 31-33).

« Il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Et il commença à ressentir frayeur et angoisse. » (Mc 14, 33)

« Alors lui apparut du ciel un ange qui le fortifiait. Pris d’angoisse, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre » (Lc 22, 43-44)

« Maintenant, mon âme est troublée, et que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu. » (Jn 12, 27)

« Père, si tu veux écarter de moi cette coupe » (Lc 22, 42a)

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« Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise ! » (Lc 22, 42b)

« C’est lui qui, au cours de sa vie terrestre, offrit prières et supplications avec grands cris et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de sa soumission. Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et, conduit jusqu’à son propre accomplissement, il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel » (Hé 5, 7-9)

« Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché et la puissance du péché, c’est la loi. Rendons grâce à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. » (1 Co 15, 55-57)

« Je suis pris dans ce dilemme : j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, et c’est de beaucoup préférable, mais demeurer ici-bas est plus nécessaire à cause de vous. » (Ph 1, 23-24)

« Je suis la Résurrection et la Vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais, Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26)

« En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » (Jn 8, 51)

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera » (Mc 8, 34-35)

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L’acte de foi

Nous nous sommes arrêtés sur deux notions, celle de l’épreuve et celle de la mort pour la vie. Beaucoup de choses ont été dites et j’ai bien conscience de n’avoir fait qu’effleurer ces sujets. Depuis notre dernière rencontre j’ai vécu une petite récollection au Foyer Sacerdotal durant laquelle quelques éléments sont venus parler un peu plus encore à mon cœur et je voudrais, avant d’aborder le thème de ce soir, vous partager certains éléments susceptibles de nous aider à mieux entrer encore dans les deux méditations précédentes.

Un rappel fondamental : Dieu veut notre Bonheur. Il ne veut que cela et tout ce qu’il permet dans nos vies, il ne le permet qu’en vue de nous conduire au Bonheur. Pour accueillir toutes choses dans la paix et ne pas nous tromper de combat il faut avoir à cœur une distinction fondamentale : celle qu’il y a entre le Mal et le Malheur. Ce sont deux réalités qu’il faut apprendre à distinguer :- le Mal est ce qui fait mal. Le Malin est bien le prince du Mal. Mais au delà de lui il y a tout ce dont je vous ai déjà parlé et qui vient nous faire du mal, nous faire souffrir. Il vient de l’extérieur… et souvent je n’y peux rien (maladie, séparation…)- le Malheur quant à lui c’est l’enfermement dans ce qui fait mal. Là j’ai ma part. Cela ne vient pas « simplement » de l’extérieur. Mais selon mes réactions, mon attitude, les choix que je pose je peux contribuer à mon malheur.Tous nous sommes confrontés à ce qui fait mal, et objectivement bien des choses peuvent venir nous faire mal. Nul n’échappe dans sa vie, à ce qui fait mal. Et le Seigneur veut nous accompagner dans nos épreuves, dans la traversée de ce qui nous fait mal. Par contre il veut nous arracher au malheur c'est-à-dire à l’enfermement dans ce qui fait mal. Le plus souvent le drame vient de notre enfermement dans ce qui fait mal c'est-à-dire dans le malheur. Dieu ne permet pas cela. Il combat à nos côtés pour nous en arracher mais encore faut il que nous acception d’entrer avec lui dans ce combat ne serait ce qu’en lui présentant ce qui nous fait mal, en rejetant ce qui nous fait mal et en nous attachant fermement à lui qui seul connaît le vrai chemin du Bonheur.

Donc l’expérience du Bonheur n’est pas l’expérience de l’absence de ce qui fait mal, mais bien le refus de s’enfermer dans ce qui fait mal. Ainsi la joie véritable n’exclut pas la souffrance, elle la traverse. C’est ce qui permet de ne pas être écrasé mais bien de demeurer debout comme Marie au pied de la croix.C’est dans cet éclairage là, me semble-t-il que nous pouvons mieux comprendre cette demande de Jean-Marie Vianney portant sur l’amour des croix. Ce n’est pas une demande d’avoir des croix. Que ce soit bien clair. Mais sachant fort bien que les croix touchent tout homme, il ouvre là le chemin qui permet de les vivre sans être détourné d’un chemin de Bonheur vrai. Demander l’amour des croix, c’est demander la grâce de vivre toutes choses avec le Seigneur pour ne pas se laisser enfermer dans le malheur !C’est ce qu’a vécu mère Teresa de Calcutta (une bienheureuse du 20° siècle !) :Cf p.249, 256 et 258 de Les écrits intimes de « la sainte de Calcutta », où l’on découvre combien était lourde l’épreuve qu’elle a traversée en vivant une nuit de la foi qui a duré plusieurs années :

- « Non, Père, je ne suis pas seule. – J’ai Ses ténèbres – j’ai Sa souffrance – j’ai ce terrible désir de Dieu – d’aimer sans être aimée. Je sais que j’ai Jésus – dans cette union ininterrompue – car dans ma volonté, mon esprit est fixé sur Lui et dans Lui seul. » (lettre au père Neuner, 23 octobre 1961)

- Le secret : suivre Jésus, non le précéder ! « Quant à moi – je remercie Dieu que nous ayons reçu l’ordre de suivre le Christ. – Puisque je n’ai pas à le précéder, même dans les ténèbres le chemin est sûr. Lorsque certains jours sont plus pénibles que d’autres – je reste juste là comme un tout petit enfant et j’attends patiemment que la tempête s’apaise. » (lettre au père Picachy, 1er septembre 1961)

- Dans une des ses instructions à ses sœurs du 17 mai 1981 : « Un jour j’ai vu une Sœur qui sortait faire son apostolat avec une triste mine, alors je l’ai appelée dans ma chambre et je lui ai demandé : « Que

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nous a dit Jésus, de porter la Croix devant Lui ou de Le suivre ? » (cf Mt 16,24) Avec un grand sourire, elle m’a regardée en disant : « De Le suivre. » Alors je lui ai demandé : « Pourquoi essayez-vous de Le devancer ? » Elle a quitté ma chambre en souriant. Elle avait compris ce que signifiait suivre Jésus. »

- «J’en suis venue à aimer les ténèbres » = titre du chapitre 10 de ce livre. « Pour la première fois en 11 ans – j’en suis venue à aimer les ténèbres. – Car je crois maintenant qu’elles sont une petite, toute petite part des ténèbres et de la souffrance de Jésus sur terre. Vous m’avez appris à les accepter comme un « côté spirituel de ‘‘votre œuvre’’ », ainsi que vous l’avez écrit. Aujourd’hui vraiment j’ai ressenti une joie profonde – que Jésus ne puisse plus endurer l’agonie – mais qu’Il veuille l’endurer en moi. – Plus que jamais je m’abandonne à Lui. – Oui – plus que jamais je serai à Sa disposition. » (lettre au père Neuner, très probablement du 11 avril 1961)

La souffrance acceptée, c'est-à-dire accueillie dans la force du Christ est une force rédemptrice ! Mère Teresa a mis un certain temps pour le comprendre… A plus forte raison, nous faut il aussi beaucoup de temps avant de comprendre ceci, de l’intégrer dans notre vie.

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J’en viens à notre thème de ce soir : l’acte de foi.Dans cette marche vers le Bonheur que le Seigneur veut pour nous, il convient de nous rappeler qu’il y a toujours 3 acteurs : le Seigneur, l’adversaire et nous. - Le Seigneur qui veut notre Bonheur et œuvre toujours en vue de celui-ci - Satan qui lui veut notre Malheur et fera tout pour que nous nous enfermions dans ce qui nous fait mal - Et nous qui avons à déterminer entre les mains de qui nous choisissons de mettre notre confiance. « Pour persévérer malgré les épreuves et espérer parvenir au but, il faut avoir confiance. Mais à qui se fier ? » (VTB, art Confiance, col. 153)Une caractéristique de l’attitude du psalmiste est justement d’affirmer sa confiance en Dieu. Dans tous les psaumes de supplication, après avoir décrit ce qui lui fait mal, il affirme sa confiance en Dieu et combien il lui remet sa cause. (cf Ps 3).

« Mais toi, Seigneur, tu es un bouclier pour moi ; tu es ma gloire, celui qui relève ma tête. A pleine voix, j’appelle le Seigneur : il m’a répondu de sa montagne sainte. Je me suis couché et j’ai dormi ; je me suis réveillé : le Seigneur est mon appui. Je ne crains pas ces gens si nombreux postés autour de moi.Lève-toi, Seigneur ! Sauve-moi, mon Dieu ! toi qui frappes tous mes ennemis à la mâchoire et casses les dents des méchants.Auprès du Seigneur est le salut, sur ton peuple, la bénédiction ! » (Ps 3, 4-9)

Le thème de la confiance est un thème transversal du psautier c'est-à-dire qui traverse tout le livre des psaumes ! Le psalmiste est celui qui, quoi qu’il arrive, a su ancrer sa confiance en Dieu et en Dieu seul.

Foi et Confiance sont deux réalités intimement liées l’une à l’autre. Faire confiance au Seigneur c’est mettre notre foi en lui. C’est pourquoi je m’arrête sur ce point maintenant.

Notre foi est exprimée en français par le terme « je crois », c’est par cela que débute notre credo. Or ce terme en français laisse place à un doute : « je crois qu’il est en France » veut dire, « il me semble qu’il est en France », « peut être qu’il est en France ». Rien de tel en hébreu où le mot foi est exprimé principalement par deux racines : « Aman » » et « Batah » :

- Aman : implique avant tout l’idée de fermeté, de solidité, de sûreté. C’est de là que nous vient le mot « amen ». Dire « amen » c’est proclamer que nous tenons pour vrai ce qui vient d’être dit. Pour nous, chrétiens, Dieu ne trompe pas, ne déçoit pas. Notre Dieu est un Dieu de vérité, de fidélité, de parole. Nous pouvons compter sur lui, Nous appuyer sur sa parole. Dieu est cet « Amen ». cf la note i de la TOB sur Is 65, 16a : « Amen : capable de porter, solide, digne de foi, vrai. L’amen dit par les hommes garantit le sérieux de leurs serments : Nb 5, 22 (« Cette eau qui porte la malédiction va

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pénétrer dans tes entrailles pour faire enfler ton ventre et dépérir ton sein. » Et la femme répondra : « Amen, amen »), etc. ; dit par Dieu il exprime l’infaillibilité de ses promesses, cf 1 R 1,36 (« Benayahou, fils de Yehoyada, répondit au roi : « Amen ! Ainsi parle le Seigneur, le Dieu de mon seigneur le roi. » )Les évangiles synoptiques reprennent plus de 50 fois ce mot notamment dans la formule « amen, je vous le dis », et dans l’évangile de Jean il est redoublé afin de renforcer l’affirmation. C’est dire l’invitation forte qui est faite à nous appuyer sur Dieu en nous appuyant sur sa parole. Lorsque nous disons avoir la foi cela revient à dire que nous misons notre vie sur le Seigneur et que nous nous fions à sa parole.

Dieu est il celui en qui nous mettons toute notre confiance, en toutes circonstances ? Dans toutes les dimensions de notre vie de famille, notre travail, nos soucis, nos joies, nos peines… vers qui nous tournons nous en premier pour prendre appui ?

-Batah : quant à lui rééquilibre la dimension statique de « Aman ». C’est un aspect complémentaire de la foi qui est plus dynamique et traduit l’élan de l’acte de foi. Il revient plus de 100 fois dans les psaumes de confiance. La foi n’est donc pas seulement une confiance résignée mais une confiance dynamique et joyeuse, un élan de vie. Il s’agit d’un mouvement vers Dieu, un mouvement de remise de soi en Dieu.C’est donc par la foi que nous pouvons nous tirer du malheur en nous remettant en Dieu.

Dans la Bible les grands hommes de foi sont ceux qui ont cru aux promesses que Dieu leur a faites. Voyons ce qui se passe pour Abraham :Tout commence par une parole que Dieu lui adresse : « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction » (Gn 12, 1-2). Dans cette Parole il y a l’indication de ce que le Seigneur veut qu’il fasse (l’appel = « pars » !) et une promesse de bénédiction. Vous remarquez que rien ne lui est dit sur la façon dont ceci se fera, ni même quand cela sera. Abraham s’appuie uniquement sur cette parole et à travers elle sur celui qui a promis et qui seul peut accomplir ce qu’il a promis. C’est une alliance que Dieu conclut ainsi avec Abraham. Vous remarquerez que c’est Dieu qui a l’initiative et qui appelle Abraham à s’engager sur ce chemin de foi. Face à cet appel, Abraham a la liberté de dire oui en posant l’acte de foi ou bien de refuser. Dans la suite du texte nous voyons qu’il choisit d’obéir à Dieu. Il aurait pu discuter avec Dieu. Abraham en est fort capable (cf le passage de Sodome et Gomorrhe en Gn 18).

« Abraham se tenait encore devant le Seigneur, il s’approcha et dit : « Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ! Vas-tu vraiment supprimer cette cité, sans lui pardonner à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? Ce serait abominable que tu agisses ainsi ! Faire mourir le juste avec le coupable ? Il en serait du juste comme du coupable ? Quelle abomination ! Le juge de toute la terre n’appliquerait-il pas le droit ? Le Seigneur dit : « Si je trouve à Sodome cinquante justes au sein de la ville, à cause d’eux, je pardonnerai à toute la cité »Abraham reprit et dit : « Je vais me décider à parler à mon Seigneur, moi qui ne suis que poussière et cendre. Peut-être sur cinquante justes en manquera t-il cinq ! Pour cinq, détruiras-tu toute la ville ? » Il dit : « Je ne la détruirai pas si j’y trouve quarante-cinq justes. »Abraham reprit encore la parole et lui dit : « Peut-être là s’en trouvera-t-il quarante ! » Il dit : »Je ne le ferai pas à cause de ces quarante. »Il reprit : « Que mon Seigneur ne s’irrite pas si je parle : peut être là s’en trouvera t-il trente ! » Il dit : « Je ne le ferai pas si j’y trouve ces trente. »Il reprit : « Je vais me décider à parler à mon Seigneur : peut être là s’en trouvera-t-il vingt ! » Il dit : « Je ne détruirai pas à cause de ces vingt. »Il reprit : « Que mon Seigneur ne s’irrite pas si je parle une dernière fois : peut-être là s’en trouvera-t-il dix ! – « Je ne détruirai pas à cause de ces dix. »Le Seigneur partit lorsqu’il eut achevé de parler à Abraham et Abraham retourna chez lui. (Gn 18, 22-33)

Mais non ! Au moment où Abraham est suscité pour l’acte de foi, il ne discute pas, il consent à l’appel de Dieu sur lui. Il choisit d’entrer dans une obéissance sans condition et cela va engager toute son existence.

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Dieu procède de la même manière pour chacun de nous et il est bon de temps à autre, de relire notre façon de répondre aux sollicitations de Dieu : sommes nous toujours prompts à lui dire oui ? Ou sommes nous plutôt du genre à discuter avec lui en cherchant à négocier « les conditions d’application », voulant finalement faire entrer Dieu dans notre volonté propre ou sommes nous prêts à acquiescer sans réserve, sans condition ?Dieu a fait alliance avec chacun de nous et il est bon de faire mémoire de la promesse que Dieu nous a faite, en particulier cette promesse radicale au Bonheur qui oriente toutes les autres promesses que Dieu a pu nous faire. C’est en nous appuyant sur cette promesse que nous pouvons poser des actes de foi dans notre vie pour répondre à ses appels qui peuvent être divers et variés : appel au pardon alors que ceci nous semble impossible à vue humaine, appel à la joie alors que tout voudrait nous amener à être tristes ou désespérés, à la confiance là où nous avons été trahis, à la paix là où nous sommes bouleversés, à la confiance là où nous avons peur, à l’abandon là où nous voudrions tout mener de front par nous-mêmes…

Il s’agit donc bien de se mettre à l’écoute de Dieu. C’est là un préalable nécessaire à l’acte de foi.- Pour écouter il convient d’abord de tendre l’oreille : « la nuque raide » dans la bible veut

désigner cette « arthrose cervicale » qui empêche de tendre l’oreille, d’être attentif à ce que le Seigneur me dit.

- En général, Dieu nous parle à travers divers canaux car rares sont ceux qui sont « branchés en direct » ! Les canaux sont divers : sa parole (la Bible), les événements de notre vie, l’enseignement de l’Eglise…

Pour Ecouter Dieu, il convient donc + de fréquenter la Parole de Dieu. Pas seulement avoir une Bible dans sa bibliothèque,

mais l’ouvrir, la lire, la méditer, l’étudier comme vous le faites déjà.+ de veiller à savoir, à comprendre ce que l’Eglise nous enseigne. Pour cela il faut

apprendre à aimer l’Eglise, à cultiver notre amour de l’Eglise. Tant de voix veulent nous faire douter de cette Eglise ! Avec Internet, il est tellement facile d’avoir accès aux textes dans leur intégralité. Veiller à ne pas « gober » purement et simplement ce que les médias nous en transmettent… Très souvent des phrases sont isolées, sorties de leur contexte et finalement leur sens est dénaturé !

+ de relire les événements de notre vie pour y discerner quelle est la volonté de Dieu qui se manifeste là. - Ceci ne peut en aucune façon se faire seul : La parole de Dieu ne peut être bien comprise qu’en Eglise, un discernement ne peut être avisé que dans la mesure où je ne discerne pas seule d’où non seulement l’intérêt mais la nécessité d’être accompagné spirituellement. Bien sûr chacun a l’Esprit en son cœur mais, à la voix de l’Esprit bien d’autres voix se mêlent : celle de l’adversaire, mes propres désirs ou mes blessures (ma psychologie) et il faut apprendre à les distinguer car il s’agit bien de se mettre à l’écoute de la voix de Dieu ! (cf Abdel Aziz)

Une fois la voix de Dieu entendue et discernée, il s’agit de poser un acte de foi.

C’est bien ce que fait Pierre dans le récit de la marche sur les eaux : Mt 14, 28-29 : « Pierre lui dit : Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » « Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. »Mais tout ne finit pas là ! Il nous faut poursuivre le récit : Mt 14, 30-31 « Mais, devant la violence du vent, il eut peur et, commençant à couler, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » »

Après avoir poser l’acte de foi, il s’agit de demeurer dans la foi !Le plus grand obstacle au chemin de foi est le doute, particulièrement celui qui surgit au cœur des épreuves que nous traversons. Satan aime à semer le doute. Il se complaît à le semer dans nos cœurs parce qu’il sait que c’est le plus sûr moyen de nous couper de Dieu, de nous empêcher de garder notre regard fixé sur le Christ au moment où nous traversons la fournaise de l’épreuve. Alors comme Pierre nous coulons. Satan veut nous noyer !

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Le seul moyen de tenir bon est de nous appuyer sur les promesses de vie que Dieu nous a faites et de poser un acte de volonté qui consiste à refuser d’écouter tous les mensonges de l’accusateur du genre : - Pourquoi choisir de lui faire à nouveau confiance ? Tu vois bien. Il t’a trahi une fois, il te trahira encore, il te trahira toujours ! - Pourquoi choisir de pardonner ? Ce n’est pas juste, il doit payer ! - Pourquoi choisir de demander pardon ? De toute façon tu recommenceras encore !... Toutes ces suggestions et bien d’autres encore qui veulent nous empêcher de poser un véritable acte de foi qui est abandon et confiance dans les promesses de Dieu. « Résistez au diable et il fuira loin de vous » (Jc 4, 7) Pour cela il nous faut utiliser le bouclier de la foi pour éteindre tous les traits enflammés du malin (Eph 6, 16 « Prenez surtout le bouclier de la foi, il vous permettra d’éteindre tous les projectiles enflammés du malin »).

Il y a donc un véritable combat à mener pour demeurer dans la foi. Mais il ne faut pas se tromper d’arme pour mener ce combat !Si nous y allons avec nos pauvres forces, nous sommes sûrs d’être vaincus !Ecoutons saint Paul dans son épître aux Ephésiens : « Revêtez l’armure de Dieu pour être en état de tenir face aux manœuvres du diable. […] Saisissez donc l’armure de Dieu, afin qu’au jour mauvais, vous puissiez résister et demeurer debout, ayant tout mis en œuvre. Debout donc ! à la taille, la vérité pour ceinturon, avec la justice pour cuirasse et comme chaussures aux pieds, l’élan pour annoncer l’Evangile de la paix. Prenez surtout le bouclier de la foi, il vous permettra d’éteindre tous les projectiles enflammés du Malin. Recevez enfin le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu. » (Eph 6, 11 . 13-17)

Je voudrais conclure cette intervention en méditant avec vous le chapitre 2 du livre de l’ecclésiastique (= Siracide 2), texte merveilleux qui dit profondément ce que j’ai essayé de balbutier au cours de nos trois rencontres.

1 Mon fils, si tu aspires à servir le Seigneur, prépare ton âme à l’épreuve.2 Fais-toi un cœur droit et résolu, ferme, qui ne chancelle pas, ne change pas au gré du vent ! ne te trouble pas au moment de la détresse.3 Attache-toi à lui, ne t’en écarte pas, s’attacher au Seigneur = mettre sa foi en lui ! tu finiras tes jours dans la prospérité. promesse4 Tout ce qui t’advient, accepte-le, ni refuser, ni subir mais accepter = assumer dans les revers de ton humiliation sois patient !5 car c’est au feu qu’on éprouve l’or, les amis de Dieu sont éprouvés ! (cf Thérèse d’Avila) et au four de l’humiliation, ceux qui sont agréés de Dieu.6 Aie confiance en Dieu et il te viendra en aide, suis une voie droite et espère en lui.7 Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous détournez pas, de peur de tomber.8 Vous qui craignez le Seigneur, ayez confiance en lui, votre récompense ne vous fera pas défaut.9 Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur la prospérité, la joie perpétuelle et la miséricorde.10 Regardez les générations passées et voyez : relecture, faire mémoire Qui a mis sa confiance dans le Seigneur et a été déçu ? Qui a persévéré dans la crainte du Seigneur et a été abandonné ? Qui l’a invoqué et en a été méprisé ?11 Car le Seigneur est compatissant et miséricordieux, il remet les péchés et sauve au moment de la détresse.12 Malheur aux cœurs lâches et aux mains sans courage, au pécheur qui chemine sur deux routes.13 Malheur au cœur sans courage, qui n’a pas confiance, pour cela il ne sera pas protégé.

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14 Malheur à vous qui avez perdu la persévérance ; que ferez-vous quand le Seigneur vous examinera ?15 Ceux qui craignent le Seigneur ne désobéissent jamais à ses paroles, ceux qui l’aiment observent ses voies.16 Ceux qui craignent le Seigneur recherchent son bon plaisir, ceux qui l’aiment se nourrissent de sa loi.17 Ceux qui craignent le Seigneur ont toujours le cœur prêt, devant lui il s’humilient et disent :18 « Nous tomberons entre les mains du Seigneur et non entre les mains des hommes ; car telle est sa grandeur, telle aussi sa miséricorde. »

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Meximieux – 14 avril 2011 / l’acte de foi

Les écrits intimes de « la sainte de Calcutta », p. 249, 256 et 258

« Non, Père, je ne suis pas seule. – J’ai Ses ténèbres – j’ai Sa souffrance – j’ai ce terrible désir de Dieu – d’aimer sans être aimée. Je sais que j’ai Jésus – dans cette union ininterrompue – car dans ma volonté, mon esprit est fixé sur Lui et dans Lui seul. » (lettre au père Neuner, 23 octobre 1961)

« Quant à moi – je remercie Dieu que nous ayons reçu l’ordre de suivre le Christ. – Puisque je n’ai pas à le précéder, même dans les ténèbres le chemin est sûr. Lorsque certains jours sont plus pénibles que d’autres – je reste juste là comme un tout petit enfant et j’attends patiemment que la tempête s’apaise. » (lettre au père Picachy, 1er septembre 1961)

« Un jour j’ai vu une Sœur qui sortait faire son apostolat avec une triste mine, alors je l’ai appelée dans ma chambre et je lui ai demandé : « Que nous a dit Jésus, de porter la Croix devant Lui ou de Le suivre ? » (cf Mt 16,24) Avec un grand sourire, elle m’a regardée en disant : « De Le suivre. » Alors je lui ai demandé : « Pourquoi essayez-vous de Le devancer ? » Elle a quitté ma chambre en souriant. Elle avait compris ce que signifiait suivre Jésus. » (Instructions à ses sœurs du 17 mai 1981)

« Pour la première fois en 11 ans – j’en suis venue à aimer les ténèbres. – Car je crois maintenant qu’elles sont une petite, toute petite part des ténèbres et de la souffrance de Jésus sur terre. Vous m’avez appris à les accepter comme un « côté spirituel de ‘‘votre œuvre’’ », ainsi que vous l’avez écrit. Aujourd’hui vraiment j’ai ressenti une joie profonde – que Jésus ne puisse plus endurer l’agonie – mais qu’Il veuille l’endurer en moi. – Plus que jamais je m’abandonne à Lui. – Oui – plus que jamais je serai à Sa disposition. » (lettre au père Neuner, très probablement du 11 avril 1961)

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« Pour persévérer malgré les épreuves et espérer parvenir au but, il faut avoir confiance. Mais à qui se fier ? » (VTB, art Confiance, col. 153)

« Amen : capable de porter, solide, digne de foi, vrai. L’amen dit par les hommes garantit le sérieux de leurs serments : Nb 5, 22, etc. ; dit par Dieu il exprime l’infaillibilité de ses promesses, cf 1 R 1,36. » (note i dans la TOB sur Is 65, 16a)

« Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction » (Gn 12, 1-2).

« Pierre lui dit : Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » « Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. Mais, devant la violence du vent, il eut peur et, commençant à couler, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » » (Mt 14, 28-31)

« Résistez au diable et il fuira loin de vous » (Jc 4, 7)

« Revêtez l’armure de Dieu pour être en état de tenir face aux manœuvres du diable. […] Saisissez donc l’armure de Dieu, afin qu’au jour mauvais, vous puissiez résister et demeurer debout, ayant tout mis en œuvre. Debout donc ! à la taille, la vérité pour ceinturon, avec la justice pour cuirasse et comme chaussures aux pieds, l’élan pour annoncer l’Evangile de la paix. Prenez surtout le bouclier de la foi, il vous permettra d’éteindre tous les projectiles enflammés du Malin. Recevez enfin le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu. » (Eph 6, 11 . 13-17)

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Siracide 2 :

1 Mon fils, si tu aspires à servir le Seigneur, prépare ton âme à l’épreuve.2 Fais-toi un cœur droit et résolu, ne te trouble pas au moment de la détresse.3 Attache-toi à lui, ne t’en écarte pas, tu finiras tes jours dans la prospérité.4 Tout ce qui t’advient, accepte-le, dans les revers de ton humiliation sois patient !5 car c’est au feu qu’on éprouve l’or, et au four de l’humiliation, ceux qui sont agréés de Dieu.6 Aie confiance en Dieu et il te viendra en aide, suis une voie droite et espère en lui.7 Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous détournez pas, de peur de tomber.8 Vous qui craignez le Seigneur, ayez confiance en lui, votre récompense ne vous fera pas défaut.9 Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur la prospérité, la joie perpétuelle et la miséricorde.10 Regardez les générations passées et voyez : Qui a mis sa confiance dans le Seigneur et a été déçu ? Qui a persévéré dans la crainte du Seigneur et a été abandonné ? Qui l’a invoqué et en a été méprisé ?11 Car le Seigneur est compatissant et miséricordieux, il remet les péchés et sauve au moment de la détresse.12 Malheur aux cœurs lâches et aux mains sans courage, au pécheur qui chemine sur deux routes.13 Malheur au cœur sans courage, qui n’a pas confiance, pour cela il ne sera pas protégé.14 Malheur à vous qui avez perdu la persévérance ; que ferez-vous quand le Seigneur vous examinera ?15 Ceux qui craignent le Seigneur ne désobéissent jamais à ses paroles, ceux qui l’aiment observent ses voies.16 Ceux qui craignent le Seigneur recherchent son bon plaisir, ceux qui l’aiment se nourrissent de sa loi.17 Ceux qui craignent le Seigneur ont toujours le cœur prêt, devant lui il s’humilient et disent :18 « Nous tomberons entre les mains du Seigneur et non entre les mains des hommes ; car telle est sa grandeur, telle aussi sa miséricorde. »