intro systemique 8fev2010
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Luc Rambaldi PragmaCoachRhne-Alpes & Auvergne Sige social : GEOLOCALE Le Cros 03120 LE BREUIL France
Tl/fax : 04 70 99 23 88 Mobile : 06 83 892 893 [email protected] www.pragmacoach.com rseau social : www.ecosystemic.net
MANUEL D'INTRODUCTION GLOBALE LA SYSTMIQUEISSU DES FORMATIONS PRAGMACOACH :
Vise Systmique
COMPRENDRECOMMENT S'ORGANISE
CE QUE NOUS MODLISONS,POUR VISER O ET
DANS QUELLE DIRECTIONAGIR
D V E L O P P E M E N T S Y S T M I Q U E
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Introduction globale la Systmique 2
INTRODUCTION : PENSER GLOBALEMENT, AGIR LOCALEMENT 3
Faire connaissance 5
RECONNATRE UN SYSTME 6Le 1er niveau : percevoir les vnements comme systmiques par nature 6
Le 2e niveau : comprendre le systme comme un modle 8
CAUSALITS, ORGANISATION, FINALITS 11Une histoire de causes 11
Une histoire de processus en boucles 15
Une histoire de finalits 16
QUELQUES RGLES DU JEU DANS LES SYSTMES 18Quelques rgles du jeu gnriques 18
Rgles du jeu spcifiques 19
Quand les rgles du jeu changent 20
LES TATS INTERNES DE BASE DUN SYSTME 21Confort dans le systme 21
Stress dans le systme 22
Systme en crise 22
Le systme qui merge 23
Dissolution du systme 23
Conditions pour quun systme puisse voluer en se rorganisant 24
MODLISER / OBSERVER UN SYSTME 25Eduquer lObservActeur 25
LES INTGRATIONS PISTMOLOGIQUES SUCCESSIVES 26
LINDIVIDU DANS LES SYSTMES HUMAINS 29Potentiel systmique et contraintes 29
Les expriences et les visions individuelles et collectives 31
La boucle constructiviste visions / expriences 32
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Introduction globale la Systmique 3
INTRODUCTION : PENSER GLOBALEMENT, AGIR LOCALEMENTLa systmique est tour tour une science, un mode de pense, un outil de tra-
vail, un cadre propice au changement, un levier pour apprendre, une mtho-
dologie prcise... Tous les livres et articles sur le sujet laissent une foule de
questions ouvertes. Alors prenez ce manuel comme un document de travail
contenant quelques repres centraux, parmi de nombreux autres possibles.
La systmique est une approche crative : elle cre des processus, elle cre
des liens, elle cre des processus et des liens pour crer des processus et
des liens. Depuis plus dun demi-sicle quelle volue en tant quapproche
formelle (sur des bases beaucoup plus anciennes) nous ne faisons que com-
mencer lutiliser.
Lobjectif de cette formation est que vous puissiez relier les concepts et
attitudes systmiques votre propre rservoir dexpriences. Ainsi, vous
apprendrez :
Percevoir des systmes en action dans le flot des vnements et
observer avec pertinence la faon dont ils fonctionnent
Comprendre ce qui les fait voluer ou ce avec quoi ils se limitent,
pour viser o, quand et comment vous pouvez utiliser votre crati-
vit pour transformer les systmes.
Note aux PNLiens certifis (ou en cours)
Si vous vous formez en PNL, gardez-la bien vos cts. La systmique
gnrale sait trs bien pointer De Quoi il sagit, et Quoi Faire. Mais la PNL,
qui en est issue, est devenue lapproche-experte pour rpondre la question :
OK, et Comment faire concrtement maintenant ?. A condition de librer
cette PNL des nombreux malentendus et du scientisme strile que beaucoup
de ceux qui la vendent ont vhiculs depuis les annes 80, force digno-
rer la Systmique dont elle est issue, et de prfrer faire de largent plutt que
dtre rigoureux, cratif et honnte intellectuellement.
A mon sens, pour voluer loin, nous serons amens de plus en plus recon-
natre la complmentarit de ces approches (qui de toutes faons appartien-
nent au mme systme de pense).
Dans ce manuel, vous rencontrerez la nominalisation Systme un peu par-
tout. Cest volontaire. Cest un terme gnrique. Vous nen tes plus votre
galop dessai avec les concepts et les techniques de changement, puisque
vous tes certifi(e) en PNL (ou bientt !). Vous savez ce quest un modle,
vous savez voquer des expriences-cls, vous savez aussi aller chercher une
reprsentation et fertiliser avec elle une situation qui a priori navait rien
voir avec cette ressource.
Derrire le contenu de ce que vous faites, il y a une structure, ou plus exac-
tement un systme, un systme daction trs riche. Eh bien, ce que vous
trouverez dans ce document nest pas un recueil dexemples ; il contient es-
sentiellement des lments de structure. Les processus dont il est question
peuvent tout aussi bien parler dune personne que dun organe, dune foule
que dun parti politique, dune quipe que dune culture, dune population
de microbes que dune entreprise, dun couple que dun projet, dune scien-
ce que dune fourmilire, dune plante que de ce merveilleux petit animal
quest le ver de terre.
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En fait, nous nous intressons aux processus complexes que nous cherchons
modliser pour les transformer, et souvent voluer avec eux. Et comme
nous le verrons, la modlisation systmique est justement une approche
transversale qui permet de comprendre et dagir avec pertinence, plongs
que nous sommes dans de trs divers systmes complexes. Mais tous ces
systmes peuvent tre compris sur la base de modles volutifs et cratifs,
issus dun modle de base que nous appellerons le systme gnral (cest
le nom qui lui a t donn par lingnierie des systmes complexes).
Au fil de votre lecture, vous aurez besoin de vous reprsenter ce que vous
lisez, (cest dire vous en crer un modle), pour comprendre le processus
dont il est question. Laissez alors votre esprit remplacer le mot systme
par limage de votre famille, par celle dune personne particulire, ou encore
de votre quipe de travail. A vous de voir. Vous pourrez aussi relire le tout
en remplaant cette image par dautres, ce sera tout aussi valable, et encore
enrichissant.
A chaque page, un ou plusieurs processus systmiques sont prsents. A vous
de faire correspondre chaque page tout ce qui pourra venir ainsi enrichir
votre rfrence interne (votre rservoir de reprsentations utiles disponi-
bles), puisque cest encore de cela dont il sagit.
Enfin, vous trouverez des redondances dans cette prsentation, parce que
la redondance est une caractristique cruciale des systmes autonomes qui
apprennent (les systmes vivants ; ce quelle leur cote en rendement ner-
gtique, elle leur rend bien en robustesse et en crativit) ; et cette prsenta-
tion ne sera pas linaire, parce que la connaissance est trs loin dtre une
suite ordonne dinformations univoques : elle est elle-mme un systme
complexe.
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Faire connaissance
avec un systme
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RECONNATRE UN SYSTME
Nous utiliserons le terme systme 2 niveaux :
Le 1er niveau : percevoir les vnements comme systmiques par nature
Ce niveau consiste faire comme si le systme tait bien, dans sa nature et
dans ses processus, tel que nous le percevons et concevons. En quelque sorte,
nous acceptons momentanment et pragmatiquement de confondre la carte
et le territoire rel que cette carte reprsente. Pas de panique, cest ce que
les sciences ont fait majoritairement jusqu une priode trs rcente et con-
tinuent amplement faire. Ce comme si est un dmarrage, une hypothse
ncessaire, pour toutes nos connaissances. Pour nous systmiciens, cest
un premier instrument de base pour modliser. Un modle tant un artfact
destin interagir plus intelligemment, pas la ralit. Mais ce point sera le
thme du second niveau de dfinition du mot systme.
Objectif
Notre objectif est de faciliter lapproche des phnomnes que nous tudions,
pour parvenir comprendre les liens, les units relies entre elles, la struc-
ture dynamique qui anime tout cela de faon globale, cest--dire les patterns
qui dfinissent le systme et sa faon de fonctionner.
Attention, cette simplification nest quun objectif intermdiaire vise
pdagogique. Justement, lune des vertus de la Systmique est de sortir des
habitudes simplificatrices abusives des dmarches analytiques que nous
connaissons tous ; en effet, ces habitudes ont montr leurs limites, leur in-
capacit rpondre aux enjeux poss par nos socits modernes (ou mme
par nos dveloppements personnels), et mme, leur nocivit pour tout ce qui
concerne les phnomnes cologiques et les situations complexes (notam-
ment conomiques et anthropo-sociaux). Nocivit non pas en elles-mmes,
mais lorsquelles ont cru quelles se suffisaient elles-mmes, et quaprs
elles, il ny avait rien.
A ce premier niveau, nous allons dcouvrir ce qui fait la richesse dune
science ingnieriale, la Cyberntique (et sa pertinence pdagogique) qui,
reste mi-chemin entre les dmarches analytiques de lancien systme de
sciences mais tout en jetant des pavs dans la marre, a t plus tard englobe
et recadre par la pense systmique et les sciences de la complexit.
Dans un second temps, au second niveau, nous largirons ce cadre pour
passer la systmique au sens le plus moderne : la pense complexe et les
modlisations possibles qui en mergent.
Ainsi, nous apprenons faire de la pense systmique une saine habitude,
trs constructive, qui nous permet progressivement de :
dpasser (et non pas rejeter) les tendances anciennes (analytiques)
qui, employes seules et non comme constitutifs de systmes de
pense plus larges, disjoignaient les lments et rompaient les
liens, dcoupaient le vivant, figeaient le dynamique, niaient le
complexe ;
commencer voir ce qui fait la richesse spcifique aux systmes
vivants, leur nature, leur crativit, leurs contraintes cologiques,
leurs volutions, leur autonomie, leurs organisations et leurs lo-
giques propres, leurs proprits mergentes, leurs interdpendan-
ces... et pourquoi pas aussi leur posie !
nous forger une vision la fois globale et locale, gnrale et sp-
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cifique, conceptuelle et oprationnelle, transversale et prcise,
descriptive et prdictive ;
comprendre o sont les limites et blocages, mais aussi les possibles
et les ressources ;
viser o, quand et comment faire levier pour permettre au systme
de changer ;
mesurer ces changements.
Cet apprentissage nous permet aussi :
de comprendre les logiques interactionnelles, les enjeux de la
communication, et
de distinguer les diffrents types de changements.
Caractristiques gnrales des systmes autonomes
Lorsque nous dsirons modliser un systme complexe (lexprience dune
personne, une famille, une quipe, une entreprise, un mouvement culturel, ...),
nous employons une matrice vierge, appele systme gnral, qui nous in-
dique dj les questions auxquelles nous avons besoin de rpondre pour que
notre modle soit appropri notre projet modlisateur.
Ces considrations se regroupent sous 3 dimensions complmenaires :
Celle qui concerne lexistence et la nature du systme (la dimen-
sion ontologique) ;
Celle qui caractrise ce que fait le systme (la dimension fonction-
nelle ou synchronique) ;
Et celle qui sintresse la faon dont le systme se transforme
dans le temps (son histoire et son exprience, son devenir, sa di-
mension diachronique).
Conqurants de limprobable
Dun point de vue classique, les systmes vivants sont hautement impro-
bables. Nous entendons par l que si on laissait le hasard se charger de les
constituer, ils ne natraient jamais par simple inadvertance ou heureuse con-
jonction : il ny aurait ni plantes, ni animaux, ni microbes, ni socits, ...
Pour illustrer ce point, voici un petit exemple. Mettons dans un bocal environ
60 kilogrammes de matires organiques (dj des lots dimprobable dans
locan des particules physiques), ainsi quun peu de matires minrales.
Secouons le tout vigoureusement pour bien mlanger... Mme avec les do-
sages les plus prcis, nous nobtenons jamais ainsi un tre humain. Pour tre
plus exact, nous avons bien une chance dy arriver, mais elle est infrieure
1 sur 1 milliard de milliards... Autrement dit, gagner le 1er prix la loterie
nationale est un jeu denfant ct.
On peut renouveler lexprience avec dautres systmes : par exemple en
posant 200 personnes dans un btiment, on nobtient pas instantanment une
entreprise, seulement une foule ; jusqu ce que certaines personnes - ces
systmes improbables mais dont on compte plus de 6 milliards de reprsen-
tants sur notre petite plante - crent puis stabilisent et fassent voluer entre
elles des interactions qui, elles, vont progressivement faire natre un nouveau
systme social complexe. Mais ces interactions qui sorganisent ne sont ni
codes dans un quelconque patrimoine a priori des composants matriels
de ces personnes (cest pourquoi les dmarches analytiques ont un peu de
mal les voir), ni le fruit du hasard.
Donc, quand un systme nat, cest tout simplement une petite merveille
dimprobabilit. Faire ensuite des statistiques normatives sur les tres
vivants, pour constater une horlogerie prvisible comme on le fait en
psychologie sociale, par exemple, cest (parfois) utile, mais dun point de
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vue cration, en fait, cest un peu comme arriver aprs la bataille. Et cest
l que les approches analytiques de la modlisation sont incapables de crer
des modles appropris la complexit. En effet, elles cherchent rduire
tout objet ses lments constitutifs pour mieux les tudier. Or, ce qui
permet aux systmes vivants de se crer et de se maintenir malgr leur si
immense improbabilit, ce sont les proprits mergentes qui apparaissent
diffrents niveaux dorganisation, chaque fois que les interactions se
complexifient entre les lments constitutifs.
Les dmarches analytiques ne peuvent donc tudier srieusement que les
systmes probables. Quand elles tentent de connatre un systme vivant, la
seule chose quelles sachent faire, cest, en quelques sorte, le dcouper, donc
le... tuer !
Cest la raison pour laquelle nous sommes trs forts, aujourdhui, pour d-
couper les choses et les tres vivants, pour les expliquer (cest--dire les
faire entrer dans nos modes de pense). Mais nous sommes toujours inca-
pables de faire le chemin dans lautre sens, cest--dire de rcrer de toutes
pices un tre vivant partir de ses plus petits constituants physiques (mme
le clonage nest pas une cration de toute pice, cest la demande polie des
processus naturels de se reproduire eux-mmes une fois encore lidenti-
que). Cest dire le gouffre de connaissance dont souffre par nature le mode
de pense analytique dans lequel notre culture a baign si longtemps.
Cest aussi la raison pour laquelle les robots les plus intelligents crs se-
lon un mode de pense analytique ont toujours eu des comportements dune
si grande pauvret crative et adaptative que les tres humains que lon juge
(souvent un peu vite) comme des dbiles mentaux sont dinimaginables g-
nies compars eux. La seule activit laquelle ils excellent, cest - quel
hasard ! - le calcul analytique... Ainsi, lavenir de lIntelligence Artificielle
lui-mme passe par la modlisation des systmes complexes.
Les systmes vivants, les systmes autonomes, les systmes sociaux ne
peuvent donc trouver des rponses scientifiques la richesse de leurs exis-
tences, aujourdhui, que par le biais de modles systmiques, les modles de
la complexit.
Le 2e niveau : comprendre le systme comme un modle
Le systme nest quun modle
Lobservateur est le modlisateur, et son modle lui est intimement
li
La Systmique est un modle qui permet de crer et transformer
des modles.
Le systme nest quun modle
Nous en avons fini avec le vieux mythe selon lequel nous aurions t
dhumbles tmoins nous activant percevoir la ralit telle quelle est.
Et son cortge de scientistes fbriles, dobscurantistes incurables et de gou-
rous indlicats.
La carte est dfinitivement diffrente du territoire. Le systme tel que nous le
percevons nest quune carte. Cette carte nat bien de notre interaction avec
un quelque chose, mais ce quelque chose reste inaccessible la percep-
tion directe pour peu que cette expression ait un sens. Autrement dit, les
sciences des systmes ont montr avec beaucoup de finesse et de rigueur que
lobjectivit nest quune simplification facile, mais risque, une approxi-
mation qui nest valable que pour faciliter certaines choses - mais qui rend la
gestion des situations modernes parfois inextricable, comme le savent tant de
managers par exemple. Lobjectivit est en fait un pur produit de la subjecti-
vit de penseurs, comme Descartes par exemple, dont nous avons hrit des
idologies scientifiques et culturelles. Librs de ce mythe, reconnaissons
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que cest aussi un raccourci cognitif bien pratique dans la vie quotidienne !
Les scientifiques ont reconnu quils ne savent pas plus que monsieur-tout-le-
monde ce quest cette hypothtique ralit quils modlisent, mais ils savent
mettre jour ce quelle nest pas.
Que faire alors ?
Limiter nos efforts crer des modles capables de :
Comprendre assez clairement des phnomnes issus dun tissu
dinteractions perues comme complexes et de transformations
incessantes ;
Reprer des rgularits qui permettent danticiper, dcider, choisir
orienter les processus de faon pragmatique, responsable, finali-
se ;
Crer ou reproduire des phnomnes complexes, les orienter, et
dialoguer avec eux, au lieu de les dissquer et de chercher vaine-
ment les contrler.
Et, du mme coup :
Nous librer du joug du sens commun trop souvent assimil
au bon sens. Un enjeu culturel pour bien des questions crucia-
les, pour les gnrations futures... comme pour nous-mmes ds
aujourdhui.
Crer un modle systmique permet de percevoir et observer, comprendre et
relier, dcider et choisir, orienter et transformer des phnomnes complexes.
En particulier, tous les phnomnes vivants tant complexes (et non compli-
qus comme les dmarches analytiques se contraignaient les considrer), la
systmique est lapproche intgrante qui permet enfin :
de nous intresser eux en tant que tels, au lieu de nous intresser
des miettes ; de retrouver une cohrence et une ouverture l o
lon ne savait que manipuler pour disjoindre ;
de nous reprer et de nous positionner dune manire certes parfois
un peu utilitaire, mais aussi crative, pragmatique, efficace, res-
pecteuse des systmes en jeu et cologique.
Enfin, et cest le point suivant, le modle systmique laisse toute sa place
la responsabilit du modlisateur. Ce qui nest pas une mince affaire ! Les
sciences analytiques se cachaient derrire leur objectivit idologique-
ment prcieuse pour faire passer leur carte pour la ralit, et leurs drapages
pour des sacrifices ncessaires une recherche dsintresse, tout en niant
que leurs valeurs, motivations, intuitions (parfois) et comportements ont tou-
jours tenu la part principale dans leurs modles. Utiliser loutil linguistique
des Prsuppositions en PNL peut dailleurs tre trs instructif sur ce point.
A linverse justement, des approches pragmatiques telles que la PNL, ne
sur un terreau systmique fertile, mettent en avant la co-responsabilit des
acteurs, dans toute interaction.
Lobservateur est le modlisateur
Si tu veux voir, apprend agir, nous suggre Heinz von Frster, lun des
grands noms de la systmique (disparu pendant lt 2002).
Percevoir est un processus actif, et non passif comme on la cru un moment
et comme le sens commun le prsuppose encore dans notre culture.
En particulier, nous sommes tous responsables de ce que nous percevons
parce que :
nous percevons en fonction de notre organisation systmique in-
terne, et notamment pour lexprimer en termes PNL nous ba-
sons notre exprience sur les 3 familles de processus avec lesquels
nous crons les jeux de la vie quotidienne dont nous sommes les
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(co-)auteurs : Slections, Gnralisations, Distorsions ; (cest du-
moins une faon utile de voir les choses) ;
nous percevons en fonction de notre faon dinteragir avec ce sur
quoi nous focalisons notre attention. Et, dailleurs, cette faon
dinteragir dpend pour une part considrable de nos slections,
gnralisations et distorsions.
Autrement dit pour faire un petit rappel sur les croyances en PNL (= les
auto-rfrences en systmique) ce que nous disons percevoir nous ap-
prend dabord sur notre propre exprience interne et nos propres patterns
interactionnels (o nos propres finalits jouent un rle considrable, avec une
marge de manuvre insouponne sur lissue de nos modles).
Puisquil nous faut inter-agir pour percevoir, et donc a fortiori pour donner
un sens, nous participons crer un contexte qui modifie la fois notre
propre comportement, mais aussi celui de ce que nous tudions. Les physi-
ciens les plus avancs ont fait une belle crise existentielle quand ils se sont
eux-mmes confronts cela au dbut du XXe sicle.
Dune part, lobjet de notre tude va prendre une forme qui
correspond la marge de manuvre que nous lui offrons, mais
aussi,
Dautre part, il va nous donner des informations que nous ne
saurons pas percevoir ni relier des lments de notre exprience
de faon suffisante pour leur donner un quelconque sens.
Pour dire Cest un systme qui..., jai donc besoin de me rfrer mes
propres repres internes et interactionnels. Le modle que je vais crer
pour comprendre ce que je perois sera donc diffrent de celui quune autre
personne crera. Ni lun, ni lautre ne sera a priori plus vrai que lautre,
car l nest pas la question.
La question est : Quel genre de repres et quel genre dinteractions vont
nous offrir le plus de possibilits pour mettre jour avec le plus de richesse
et de pertinence des ressources qui permettront dagir efficacement, avec
cologie, et de changer ?. Il y a srement des formulations plus simples ou
des variantes, mais le sens global de notre modlisation tient peu prs ici,
lorsque nous sommes des systmiciens de seconde gnration, cest dire
qui utilisent le terme systme aux 2 niveaux simultanment.
La Systmique est un modle qui permet de crer et transformer des modles
Aujourdhui, nous avons besoin de crer des modles capables de sadapter
aux mutations permanentes, dintgrer des rsultats nouveaux ; capables de
dcrire des processus de transformation, des interactions complexes, des
phnomnes mergents, capables de dboucher sur de laction concrte et
prcise ; et, enfin, des modles transversaux pour articuler des lments trs
divers dans une vision globale du changement.
Les concepts et mthodes analytiques (qui ont souvent driv en idologie)
ont la particularit de disjoindre, disoler, de figer, de simplifier, nous lavons
vu. On ne peut donc pas leur demander de modliser les phnomnes vivants
et hypercomplexes qui, au contraire, sont faits de liens, dinteractions, de
structures dynamiques.
Les modles systmiques ont intgr des concepts et des reprsentations qui
ont toujours chapp ou ont t vacus par lapproche analytique. Feed-
back, finalits, proprits mergentes, complexit, dialogique, tout cela vient
enrichir nos possibilits et rendre compte de faon satisfaisante des phno-
mnes lis la communication, lorganisation vivante et aux formes de
changement.
En dcoulent enfin de vritables mthodologies relationnelles, innovantes,
enfin moins idologiques (Voil ce que les choses sont) et trs pragma-
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tiques (Voici comment nous pouvons envisager les choses pour parvenir
...). En sciences humaines, les outils de la systmique vont :
de la rsolution de problmes complexes au management des va-
leurs ;
du dveloppement personnel lapprentissage organisationnel ;
du transfert dexpertises une nouvelle thique des interventions
dans les systmes humains.
Et en plus dapprendre une nouvelle mthodologie, plus intgre, cohrente
et ouverte, plus rigoureuse aussi sur les phnomnes complexes et chan-
geants, nous apprenons ceci : notre base conceptuelle et mthodologique
nest elle-mme quun modle ; avec ses prsuppositions, ses caractris-
tiques, ses limites et ses potentiels, avec son interdpendance vis--vis de
lexprience personnelle et collective de ceux qui la font, qui la font vivre,
qui lutilisent et la transmettent. Tous les modles abords dans cette intro-
duction sont dailleurs concerns !
Voyons maintenant, en nous reportant au schma synthtique propos au
dbut de ce manuel, quelques dimensions commencer nous reprsenter
pour crer, formaliser, transformer un systme en tant que tel. Quelques
points de grammaire et de vocabulaire de base du systmicien, en somme.
Mais aucun texte, quil soit technique ou potique (ou les 2 !) nest rducti-
ble la grammaire ou au vocabulaire quil emploie.
CAUSALITS, ORGANISATION, FINALITS
Lun des points qui a le plus fait basculer les conceptions et les mthodes
dun mode de pense rductionniste un mode constructiviste fut llargis-
sement du concept de causalit.
Une histoire de causes
Linaire...
Dans les conceptions classiques qui imprgnent encore le sens commun
(coutez ou lisez les journaux, feuilletez des papiers crits par des psys
classiques), tout phnomne a Une Cause.
Quelque chose est forcment arriv dans le pass pour que tel vnement se
produise maintenant. Si cette cause se produit encore, le mme vnement
va survenir nouveau. Et si cet vnement survient, cest que la cause est
passe par l. Simple, nest-ce pas ?
Alors, sur cette base, observer et tudier un phnomne a consist mettre
jour une chane de Causes Effets. Ceci obligeant dailleurs distinguer
des variables et les isoler trs artificiellement (Toutes choses gales
par ailleurs), pour rpondre la question Quest-ce qui est la cause de
quoi ?.
Les mthodologies du changement se limitaient rechercher des causes
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pour les reconnatre. Puis, de deux choses lune :
Soit la cause est enfouie dans le pass et on ne peut plus y toucher
(Vous avez vcu ceci et cela, donc vous tes aujourdhui comme
ceci. Acceptez-le). Le jeu consiste alors inventer toutes sortes de
rationalisations pour accepter, avec une trs hypothtique (et par-
fois dangereuse) sagesse, des faits sur lesquels nous navons
plus de prise. La psychanalyse sest embourbe, entre autres mar-
cages, dans ce jeu strile.
Soit la cause est encore prsente et/ou susceptible de se reproduire,
et alors le jeu consiste lliminer ou extraire lobjet ou la per-
sonne du milieu dans lequel cette cause a lieu. Cest--dire aussi
retirer une opportunit adaptative et, dans de nombreux contextes
humains, arracher une personne au milieu cologique dont elle a
merg. Les thrapeutes systmiques connaissent par cur les
consquences humaines de ce type de solutions. Curieusement,
lorsquil sagit dagir sur des systmes humains, le comportemen-
talisme le plus totalitaire rejoint ici son ennemie de toujours : la
psychanalyse la plus irresponsable.
Tout cela a dbouch sur une conception trs trique, sclrosante, particu-
lirement rigide et profondment dresponsabilisante du changement... et de
lthique.
Cette conception a encore toutefois une valeur lorsque lon veut intervenir
sur des phnomnes mcaniques simples (ou compliqus, mais en tout cas
dcomposables en parties sans trop les perdre), diffrentes chelles. Mais
pour concevoir et russir lvolution dun phnomne vivant (indcoupable
par nature sans nier tout ce qui fait de lui un systme vivant), nous avons
besoin dautre chose.
... ou Circulaire
La causalit circulaire a fait son apparition de faon formelle dans le champ
scientifique en Cyberntique. Elle a concern dabord la biologie, larme-
ment, lanthropologie, puis linformatique qui en est ne. Elle a permis de
commencer rendre compte de phnomnes organiss, de plus en plus com-
plexes.
Un vnement a une consquence sur un autre (Cause effet). Cet autre
affecte directement le milieu dans lequel il sinsre, et notamment les condi-
tions qui ont produit le premier vnement. Ceci modifie les consquences
qui adviennent alors, etc.
Autrement dit, chaque action peut tre indiffremment Cause ou Effet, elle
est produite par des conditions quelle transforme en retour.
Cest la naissance du Feed-back (phnomne mergeant dailleurs sponta-
nment des systmes vivants).
La temprature baisse dans votre appartement ; le chauffage se dclenche. La
temprature remonte alors ; ce qui conduit le chauffage se couper ; et donc
la temprature baisse. Ce processus est bien connu (cest celui du thermos-
tat). Dans une version un peu plus complexe, notre systme hormonal se r-
gule de cette manire. Ainsi que toutes nos relations, sur un mme principe.
La causalit circulaire fait apparatre les processus de Feed-Back (FB). Dis-
tinguons-en 2 sortes :
Le FB ngatif tend stabiliser le phnomne qui la produit (cest
le principe du thermostat). Contrairement ce que pourrait sug-
grer le terme ngatif, ce type de FB est indispensable pour
stabiliser les patterns selon lesquels sorganisent toutes les formes
de vie.
Le FB positif tend amplifier le phnomne qui la produit (princi-
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pe dun conflit partir dune simple maladresse de communication,
ou de la naissance dune ide compltement nouvelle partir dun
petit vnement imprvu et anodin).
Ainsi, la causalit circulaire cre des processus qui prennent leur indpen-
dance vis--vis des ventuelles chanes de causalits linaires qui peuvent
survenir tout autour deux. Elle fait natre sans quil y ait besoin dune
intention consciente quelconque un phnomne que lon peut commencer
distinguer de lapparent chaos ou train-train qui lenvironne. Un systme
est en train dmerger, constitu dunits et dactions relies entre elles par
causalit circulaire.
De univoque multiple
Un seul vnement semble suffire, dans des systmes trs simples, pour que
sen produise systmatiquement un autre. Toutefois, cest oublier le rle de
toutes les conditions du contexte qui permettent cette cause dadvenir.
Tout lment du contexte peut tre considr comme une sorte de cause
avec un degr dimpact plus ou moins important sur le phnomne que
lon tudie. La Cause est en fait une abstraction dsignant un vnement
qui merge de la conjonction de plusieurs actions.
En systmique, on nisole plus un objet des conditions dans lesquelles on le
trouve. Cet objet, cette action ne sortent pas de la Cuisse de Jupiter, mais des
interactions multiples qui se trament dans un environnement bien singulier.
Les modles systmiques cherchent donc percevoir, concevoir, voire repro-
duire le plus richement possible les interactions qui ont permis cet objet de
se constituer comme tel, cette action davoir lieu comme telle.
Externe...
Cest bien connu, ce qui arrive et qui ne nous convient pas, cest toujours
de la faute de tel vnement ou de telle personne ! Une cause extrieure
nous-mme !
Plus srieusement, tout systme merge dun environnement dont il fait
partie. En retour, chacune de ses actions transforme, dans une certaine mesu-
re, cet environnement, donc nouveau lui-mme, donc cet environnement...
Quand on considre un systme, il est donc important de garder un il sur
ce qui se passe autour de lui, ce qui sy trouve, et limpact que cela a direc-
tement sur lui.
Dans interdpendance, il y a dpendance. Un systme est toujours sou-
mis des vnements dont lorigine ou la responsabilit lui chappent, et
il ne doit pas trop les nier sil veut survivre. Il doit apprendre faire avec.
Cest cela, pour un systme, lart de sorganiser de faon apprendre
sadapter. Cest peut-tre mme un moteur de vie.
Or, comme on le voit, les vnements externes (qui ont lieu dans lenvi-
ronnement de ce systme) renvoient aussi immdiatement, et conjointement,
au royaume de la causalit circulaire que nous venons daborder plus haut.
Et donc une causalit interne.
... et interne
Une fois quun processus sentretient ou samplifie lui-mme (causalit cir-
culaire), il instaure ses propres rgles du jeu. Les parties qui le constituent,
les actions qui ont lieu en son sein crent un rseau dinteractions rapidement
complexe (cest--dire qui ne peut tre dcompos pour tre compris, par
opposition ce qui est compliqu), et ce par causalit circulaire. Chaque
action a un impact sur les autres, et ce dune faon relativement stable. Les
phnomnes qui ont lieu au sein du systme lui confrent donc une certaine
autonomie de fonctionnement et de devenir par rapport aux causalits ex-
ternes. Cest la naissance de lautonomie ! Bienvenue ce nouveau-n ! Sou-
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haitons-lui une longue et belle vie, lui qui merge dans les systmes vivants
et complexes sans prvenir et si spontanment...
Dans les systmes humains, la causalit interne est lorigine de la respon-
sabilit. Vous nagissez pas parce que ceci ou cela est arriv autour de vous ;
vous agissez parce que vous avez fait telle et telle choses avec ce qui est ar-
riv dans votre environnement. Vous ntes pas ballot(e) par les vents ; vous
dcidez vous-mme de la direction que vous allez prendre, ventuellement
en utilisant la force du vent dans la direction que vous avez choisie. Parce
que vous tes un systme vivant, auto-organis.
Petits exemples de causalits internes et dautonomie
Un merveilleux petit exemple est celui des cellules : cest lhistoire de pro-
cessus qui ont merg dans un milieu marin il y a un certain nombre de mil-
lions dannes... Des tres vivants, apparemment simples si on les compare
nous, mais dj particulirement complexes si on les compare au monde
minral, ont progressivement stabilis, pour vivre, certains patterns. Parmi
ces patterns, lintressante constitution dune membrane leur a permis de
refermer et protger dautres patterns contre les perturbations extrieures.
La membrane a ainsi ouvert la voie une immense crativit au sein de
processus qui nauraient jamais pu se maintenir autrement. Ces petits tres
ont pu inventer une petite cuisine interne bien eux, dans le relatif havre
de paix constitu lintrieur de la membrane. Aujourdhui encore, nous
savons tous quil est plus facile de crer des relations constructives avec des
amis, sur des thmes culturels varis et de faon conviviale, lorsque nous
sommes installs bien au chaud dans nos maisons, labri des prcipitations
hivernales du dehors.
Eh bien, ces petits tres ont ainsi accd une autonomie de fonctionnement
interne et dinvention, autonomie nouvelle et qui tait partie pour durer...
Mais non contents de seulement se consituer un petit chez eux (tout de
mme, une simple membrane, ce nest pas une forteresse lpreuve de
tout !), ils ont export leur savoir-faire dans les nouveaux contextes quils
pouvaient ainsi soffrir dexplorer (parfois pour assurer leur survie dans un
environnement qui ne leur faisait pas de cadeau). Aussi, ce petit milieu int-
rieur, la fois proche du milieu marin originel et plein des fruits de nouvelles
et incessantes exprimentations, a pu conqurir des milieux qui - a priori -
ntaient pas des exemples dhospitalit. Des milieux aquatiques sans sel,
ou encore des milieux privs deau et soumis aux rayonnements intenses du
soleil. Comment ont-ils conquis ces nouveaux espaces ? En emmenant avec
eux le milieu intrieur marin dont ils avaient besoin, bien protg dans leurs
bagages.
Cette petite histoire a srement de trs nombreuses morales. Mais parmi el-
les, suggrons celle-ci : en stabilisant les patterns quil invente, un systme
vivant dveloppe une forme dautonomie vis--vis des contraintes de son
environnement (et notamment des causalits externes), en les quilibrant par
tout un nouveau monde de causalits internes dfinies par son organisation,
organisation dont il est lui-mme responsable.
Prenons un autre exemple, souvent cit : donnez un impact sur une boule
de billard (systme physique simple), et elle va partir dans la direction cor-
respondante, avec une vitesse proportionnelle la force que vous lui aurez
communique. Donnez maintenant un coup de pied dans un chien qui se
repose paisiblement, et bizarrement il va prendre une direction oppose
celle quaurait pris la boule de billard, probablement pour se jeter sur vos
mollets ; ventuellement, mme, avec une force plus grande que celle que
vous lui aurez communique. Parce quil se joue, dans une certaine mesure,
de la causalit externe, l o la boule na pas cette opportunit.
Et dailleurs, votre pied nest pas responsable du bruit qumet le chien
cet instant, ni de cette curieuse pression dans sa mchoire. Mais vous tes
responsable de ne pas avoir distingu un phnomne physique simple dun
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systme vivant auto-organis. :-) (Faisons vite passer notre culture une
pense systmique, avant que des consquences inattendues du compor-
tement ignare de nos socits, consquences beaucoup plus douloureuses
que la morsure dun chien, ne nous dpassent. Cest lun des enjeux cachs
majeurs du dveloppement durable... Profitons-en pour indiquer ou rappeler
que cest pour contribuer ce dveloppement durable que nous mettons un
cours systmique gratuit disposition de tous sur le site internet www.i-
systemique.org partir de fin mai 2006).
Une histoire de processus en boucles
La causalit circulaire referme les processus sur eux-mmes. Cest dire
quils sinfluencent eux-mmes en premier lieu. Ils restent insrs dans un
environnement, un systme plus large dont les processus les englobent et les
dpassent, mais ils semblent prendre leurs aises avec la fatalit mcaniste des
phnomnes physiques non-organiss.
Ds que la boucle est boucle, le phnomne prend une identit propre.
Bientt, il utilise les vnements externes et internes pour les intgrer dans
ses propres processus. Mme des vnements dsorganiss (le bruit dans
la thorie de linformation) peuvent tre dtourns pour servir lorganisa-
tion (par exemple, beaucoup de choses trs utiles ont t inventes suite des
erreurs ou des vnements fortuits). Alors, la fois :
lorganisation les transforme ;
elle en cre dautres ;
elle se produit elle-mme.
Dans le contexte dune entreprise, par exemple, cest une formidable oppor-
tunit de cration de valeur nouvelle. Les perturbations font dexcellents
amis des entrepreneurs, mais le rouleau compresseur des sciences de gestion
traditionnelles, relai local dune culture analytique globale, a tout fait pour
leur faire oublier ce point sans lequel ils nexisteraient dailleurs pas en tant
quentrepreneurs !
Un simple tourbillon dans une rivire est dj un phnomne qui se pro-
duit lui-mme. Cest probablement la forme de systme auto-organis la plus
primaire et aussi la plus gnrique.
Plus loin dans lhistoire de lorganisation de la complexit physique, puis
biologique et sociale, les systmes humains (vous, moi, vos quipes, votre
milieu culturel, ...) sorganisent et organisent, se transforment et transfor-
ment dune manire extraordinairement riche, droutante, parfois destruc-
trice, mais, semble-t-il, lgrement majoritairement cratrice.
Pour explorer beaucoup plus loin que ces quelques lignes cette histoire de
processus qui se bouclent sur eux-mmes, faisant ainsi natre des systmes
nouveaux, lisez les 4 tomes de La Mthode compils par le gnie con-
ceptuel et la curiosit que jespre infatigable dEdgar Morin (ditions du
Seuil).
Retenez, en attendant, ce principe simple (mais pas simpliste - mfions-
nous des principes simples pris hors du contexte qui leur rend leur lgitime
dimension complexe) :
Ds que vous commencez maintenir une forme de relation avec une
ou plusieurs personnes, alors vous introduisez pour cela des processus de
feed-back positifs et ngatifs, et donc des rgles du jeu. Vous crez alors
un nouveau systme humain susceptible de faire merger des possibilits
nouvelles (et aussi des contraintes), dont vous tes un sous-systme actif et
co-responsable. Ce systme ne vous appartient pas, mais vous pouvez orien-
ter son devenir si vous avez suffisamment de flexibilit pour vous adapter
ses rgles du jeu dont certaines vous chappent forcment et les faire
voluer.
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Introduction globale la Systmique 16
Une histoire de finalits
Proprit et ncessit des systmes
Lorsque la cyberntique est venue donner un nouveau souffle larme-
ment amricain durant la seconde guerre mondiale, on sest aperu quune
simple boucle de FB pouvait rendre une machine intelligente. Si un canon
tait capable de percevoir langle derreur de sa vise, et dutiliser cette
information pour rduire cet angle, alors ce bte canon devenait du mme
coup capable de focaliser lui-mme son comportement vers latteinte de
sa cible.
Jusqu la cyberntique, le fait quun systme ait une ide de ce quil vou-
lait obtenir, que ses actions soient diriges vers un but, relevait grosso modo
de croyances religieuses. La science ne pouvait accepter lide de finalit
dans ses concepts.
Lide de feed-back a permis de dmystifier lide de finalit, et de lintro-
duire comme une proprit mergente dun systme.
Un systme boucl a au moins un comportement global orient vers un
but.
Dans lexemple du canon, le but nest ni inscrit dans lun de ses lments
individuel, ni observable en tant que tel. Ce but atteindre est programm
par un pattern qui relie entre eux les constituants physiques du canon, parmi
lesquels son organe de perception (lappareil qui mesure langle dcart
entre la trajectoire de tir et celle de lavion), et la boucle de FB qui permet
la partie mobile du canon de modifier sa position selon cette information ; et
ce, jusqu ce que langle derreur soit quasi-nul.
Notons toutefois ceci : dans le cas dune machine non-vivante
(canon, ordinateur), lintelligence comportementale de cette ma-
chine a t pralablement dcide et programme, dune manire
ou dune autre, par un systme humain. La machine nest pas auto-
organise ; elle dpend de rgles du jeu tablies lextrieur delle-
mme. Elle nest quune extension comportementale et cognitive
de ses concepteurs - et de leurs finalits eux !
A lchelle humaine, le principe de finalit lie aux FB reste valable, mais
la complexit augmente un tout petit peu, ce qui lui donne dailleurs sa
pleine dimension : quelques milliards de cerveaux et de corps, lintrieur
desquels quelques centaines de milliards de cellules elles-mmes des sous-
systmes bien vivants samusent crer entre eux une quantit bien plus
grande encore de boucles, sorganisent en rseaux dinteractions boucles
qui, dans le temps, amplifient et rgulent les phnomnes quils crent ou
avec lesquels ils interagissent... Respirez ! A lchelle de la biosphre, pour
linstant, a a lair de fonctionner.
Les finalits sont multiples, se croisent et se transforment, mais elles sont
bien prsentes. Parmi cette complexit, on peut apprendre distinguer loca-
lement des buts qui mergent de lexprience interne et relationnelle des
personnes et des groupes plus larges.
La notion dobjectif si chre la PNL est directement issue de la systmique
(comme presque toute la PNL dailleurs, sauf les drapages de ses vendeurs
indcrotables). Si vous voulez orienter un systme selon un but construc-
tif :
Crez des relations dans ce systme ;
Avec des boucles de FB ;
Et des repres (critres) observables de lintrieur du systme ;
Correspondant un objectif, ayant un sens pour quelquun.
Vous induirez ainsi des processus qui sagenceront plus facilement, de faon
faire merger des comportements une finalit globale. Raliser un objectif
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structur selon des critres prcis, ce nest donc pas de la magie : cest orga-
niser les lments pertinents pour quun systme complexe oriente lui-mme
ses processus en boucle, dans une direction voulue.
Cest en quelque sorte en duquant un systme (en lui apprenant percevoir
et utiliser certains lments, sur la base de ceux qui le constituent dj), quil
devient capable de raliser des objectifs efficacement. Ceci est valable pour
une personne, pour une quipe ou une famille, pour une entreprise, pour un
rseau international, pour toute une culture.
Intressons-nous maintenant certaines caractristiques qui constituent un
systme. En effet, cest en apprenant focaliser notre attention sur ces l-
ments que nous apprenons en mme temps quoi en faire et comment attein-
dre des buts avec ce systme.
Cest en apprenant formaliser des systmes en les observant, en en per-
cevant des lments pragmatiquement pertinents au regard de nos finalits
propres, et en agissant avec eux que lon devient systmicien. Cest un
processus boucl et finalis, auto-organisateur !
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Introduction globale la Systmique 18
QUELQUES RGLES DU JEU DANS LES SYSTMES
Tous les systmes partagent certaines rgles, quils mettent en uvre de
faons diverses, en fonction de leur nature et de leur rpertoire de possi-
bilits (flexibilit). Dans les systmes humains, et quel que soit le niveau
dducation culturel et intellectuel, ces rgles du jeu sont essentiellement
inconscientes.
Il est utile den mentionner quelques-unes.
Les rgles du jeu gnriques : elles sont indispensables tout sys-
tme sil veut survivre.
Les rgles du jeu spcifiques : issues de la crativit de chaque
systme, elles sont souvent cres comme des moyens au service
des rgles gnriques.
Quelques rgles du jeu gnriques
Un systme a besoin :
De se maintenir, de rester stable, y compris lorsque les conditions
externes sont changeantes ou tendent menacer la prennit des
processus sur lesquels il est bas. Les enjeux sont tout simplement
son identit et sa scurit.
De souvrir (physiquement et informationellement) sur son en-
vironnement, pour changer des ressources et produits. Les enjeux
de ces interactions de fait sont aussi son identit, mais aussi son
volution, sa capacit dadaptation, donc nouveau sa scurit et
sa survie.
Stabiliser un systme : lhomostasie
Si une personne, une famille ou une quipe est dstabilise, vous nobtien-
drez delle quelque chose de bon que si vous lui permettez de retrouver un
minimum de repres. Trouvez-en vite quelle soit capable de sapproprier
(synchronisation) et utiles pour vos objectifs de travail. Sinon, elle risquerait
de se braquer et se prcipiter sur les premiers repres venus (mme fort peu
rationnels)...
Les programmes de changement ont mme tendance, bien malgr eux, bra-
quer compltement les systmes en crise. Avant de leur dire que votre boulot
est de les amener devenir encore quelque chose dautre que ce quils sont
aujourdhui (ils ne savent dj plus trop o ils en sont !), aidez-les retrou-
ver des repres simples et forts pour leur identit actuelle.
Autrement dit, dans ce cas, vous allez permettre un systme de changer, en
commenant par se scuriser en se stabilisant.
Stimuler un systme : la morphognse
Si une personne, une famille ou une quipe ronronne dans les habitudes,
alors, pour voluer et survivre plus long terme, elle va avoir besoin dap-
prendre enrichir ses reprsentations, ses repres, remettre en question
ses comportements. Poussez-la dcouvrir quelle ne sait pas encore ce
quelle ne peut ignorer plus longtemps (cest le stade consciemment incom-
ptent si propice pour engager un travail, en PNL notamment).
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Introduction globale la Systmique 19
Rgles du jeu spcifiques
Selon la faon dont un systme a systmatis ses comportements, ses per-
ceptions, ses modes de dcision, selon ses boucles de feed-back qui tendent
amoindrir certains phnomnes et en amplifier dautres, apparaissent des
logiques qui lui sont propres.
Par exemple, certaines quipes vacuent systmatiquement les sujets (et
parfois les personnes) qui pointent des conflits. Cest un moyen dvacuer
avec elles les questions qui menacent la stabilit ambiante. Cest aussi un
bon moyen de se scuriser moindre frais... mais seulement court terme.
Mais de dgraissage frntique en dgraissage frntique, il ne reste au bout
du compte plus beaucoup de ressources. Pour sen sortir, un systme a donc
besoin de rompre avec cette logique pour passer des patterns plus riches,
plus intgrs, sachant dailleurs mieux profiter de la diversit, et plus long
terme.
Illustration dans une ONG
Voici un autre exemple qui illustre comment une logique merge dans un
systme et en administre, en retour, la vie quotidienne. Il sagit dune grande
association qui a une activit internationale de dveloppement (humanitaire)
avec dimportantes ressources potentielles, mais qui est arrive un stade
charnire de son histoire quelle na pas su grer de faon crative ; elle sest
installe depuis dans une crise qui lui semble sans issue, vue de lintrieur :
1. La structure globale a enregistr une perte financire impor-
tante.
2. Deux services distincts tentent donc chacun de sauver les
meubles.
3. Chacun des 2 renforce les projets sous sa responsabilit, de
crainte de les voir rduits ou menacs.
4. Chaque service peroit alors lautre comme cherchant acca-
parer les budgets, son dtriment.
5. Il multiplie donc ses efforts, partage de moins en moins ses infor-
mations et rduit les communications avec lautre.
6. Chacun valide ainsi son point de vue selon lequel lautre pr-
pare quelque chose et veut prendre le pouvoir son dtriment.
7. Conflits et rtentions dinformation nuisent rapidement la qua-
lit, lavancement et le renouvellement des projets, ce qui minimise
donc encore progressivement les ressources disponibles.
8. Devant ce manque de ressources et les attitudes rciproques, cha-
cun renforce ses opinions et ses comportements ; toute tentative de
solution propose par lun (audits, formations, rsolutions de pro-
blmes avec des chapelets dexperts, etc.) est perue comme une
manuvre par lautre partie. Ceux qui ne jouaient pas encore le jeu
finissent par tre persuads leur tour du manque de loyaut ou de
comptences des uns ou des autres et prennent parti. Le problme
devient global, et cest toute lentit qui finit par mettre son exis-
tence en question lors dune assemble gnrale extraordinaire.
Dans ce type de situations, trs frquentes diffrentes chelles et sous
diffrentes formes parfois trs cratives (ou parfois dune banalit dconcer-
tante), la boucle est boucle :
Certains FB ngatifs bloquent les solutions et le changement de
fonctionnement
Tandis que dautres FB, positifs, amplifient les tensions, les dys-
fonctionnements et les difficults financires, jusqu la crise et au
risque de dissolution du systme dans son entier.
Deux logiques circulaires peuvent tre explicites :
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Introduction globale la Systmique 20
Une logique de pnurie : les personnes et les quipes ragissent
un manque de ressources par une attitude qui consiste prsuppo-
ser cette pnurie et se jeter avant les autres sur la plus grosse part
du gteau restant.
Un consultant systmique qui expliciterait cette logique (dans un cadre de
travail clairement dfini) semploierait recadrer le fonctionnement du sys-
tme vers une logique de cration de valeur nouvelle.
Une logique de comptition : chacun ragit aux difficults en
bloquant les ressources des autres parties, afin de tirer sa propre
pingle du jeu. Cette logique est couramment associe la logique
de pnurie dans les organisations.
Un consultant systmique peut semployer dpasser cette logique de com-
ptition, et instaurer des modes relationnels qui vont mettre en lumire les
ressources collectives disponibles, dans une logique de coopration.
Certains objectifs bien viss, ou certains (re-)cadrages, permettent de mettre
en place des interactions nouvelles dans un systme humain ; elles instaurent
une logique nouvelle qui rend souvent inutile ou drisoire une stratgie de
rsolution de problme formelle. Car rpondre directement une rgle du jeu
en jouant cette rgle du jeu, mme avec lintention de la rsoudre, ce serait
encore la valider. Au contraire, la systmique est une mthodologie capable
de transformer les modles en sortant de leur logique. On prfre ainsi dis-
soudre un problme que le rsoudre, cest plus efficace et plus... rigoureux.
Quand les rgles du jeu changent
Deux types de changements trs diffrents dans leur nature peuvent se pro-
duire dans un systme.
Changement I
Le systme maintient sa logique en trouvant de nouvelles faons de prser-
ver son fonctionnement et ses repres actuels. Cest le changement adaptatif.
Il est utile pour enrichir lexprience. En contrepartie, si un problme nat de
lorganisation actuelle, les changements I ne vont faire quadapter le systme
au problme, cest--dire repousser sa rsolution et rajouter une couche.
Changement II
Le systme remet en question et dpasse une rgle du jeu. Il passe dune
logique ancienne une autre toute neuve (et jusqualors pas mme envi-
sage, inconnue), et il recadre ses repres connus. Ce type de changement
narrive pas volontairement, car les rgles sont rarement aptes se dpasser
elles-mmes. Cest en gnral lintervention dun vnement extrieur ou
inattendu, dune surprise ou dune maladresse (!) qui permet de passer dun
monde lautre.
Les systmiciens dsignent par solutions paradoxales les techniques qui
consistent surprendre le systme par des actes qui vont contre-courant
de ce quoi il sattend ( contre-courant des interactions quil sest habitu
mettre en place dans sa logique). Ses modes de ractions nayant pas prise
sur cette situation incongrue, il doit en inventer dautres, organiser des
comportements ou des modes de perception nouveaux et qui recadrent de
fait son fonctionnement actuel.
Une rgle retenir
Les systmes ont besoin de maintenir une forme de stabilit, et en mme
temps de souvrir constamment de nouveaux modes de fonctionnement,
pour voluer conjointement avec leurs environnements. Exercice dlicat et
sans fin (sauf dissolution du systme...).
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Introduction globale la Systmique 21
Une tude a t ralise auprs de certaines entreprises parmi les plus flo-
rissantes et innovantes. Malgr des conditions de dpart souvent difficiles et
hsitantes, ou des crises dans leur histoire, ces entreprises ont atteint un ge
honorable et une capacit se renouveler en restant elles-mmes auxquels
peu parviennent (ce qui ne veut pas dire que ce quelles font soit toujours
conforme des valeurs cologiques ou humanistes...).
De cette tude a merg une petite phrase qui suggre lgamment une faon
de sy prendre pour raliser ce dlicat et perptuel exercice :
Prserver lessentiel, stimuler le progrs. (Collins & Porras, Bties pour
durer, Ed. First, 1996). Cest simple, mais profond.
Autrement dit, on prserve lidentit du systme, tout en changeant cons-
tamment ses faons de faire.
Voici donc maintenant un principe retenir, principe plus facile appliquer
si lon garde en tte la petite phrase qui prcde.
Les solutions dhier sont les problmes daujourdhui.
Bien souvent, un systme a russi quelque chose dans un contexte et un
moment donn, et a appris. Mais le simple fait de maintenir cette faon de
faire, alors que le contexte a continu dvoluer depuis, cre un dcalage,
source de premier choix pour gnrer du stress et des crises.
Le systme a besoin dapprendre quil est autre chose que ses compor-
tements (tiens, un prsuppos de la PNL !). Ds lors, il peut apprendre
prserver son essence (son identit), tout en transformant ses faons de faire,
et notamment en remettant dans le pass les solutions du pass, pour mieux
crer maintenant.
LES TATS INTERNES DE BASE DUN SYSTMELe systme vivant est comme organique. Mme une famille ou une PME a
des caractristiques systmiques dun tre vivant. Selon les interactions entre
ses sous-systmes, et sa capacit rpondre de faon crative en interne
des perturbations externes, il va vivre diffrents types dtats internes,
comme tout tre vivant.
Confort dans le systme
Les perturbations externes ou internes ont dj une rponse organisation-
nelle. Pas besoin daller en inventer dautres. Tant que les vnements restent
proches de ceux-ci, le systme reste en pleine possession de ses moyens, et
a toute une gamme de modes de fonctionnement disponibles, avec la facult
de crer des variantes (changement I).
Le systme se trouve dans sa zone de comptence. Cest un tat prcieux
auquel revenir frquemment. Toutefois, cest aussi le rsultat dapprentissa-
ges antrieurs. Peut-tre est-ce utile de se mettre ponctuellement dans des
situations de stress volontaires pour continuer apprendre, ne serait-ce
que pour profiter de la flexibilit actuelle pour sautoriser anticiper se-
reinement, pendant que cela est possible, sur des scnarios qui pourraient
changer grandement les conditions.
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Introduction globale la Systmique 22
Stress dans le systme
Les conditions externes ou internes au systme poussent un ou plusieurs
sous-systmes la limite de leur propre zone de manuvre. Ne pouvant
pas aller plus loin (plus de flexibilit), la structure actuelle entre les parties
du systme impose aux autres sous-systmes de compenser, damortir, puis-
quils sont interdpendants, solidaires.
Le systme cherche donc un mode de fonctionnement :
Bas sur son organisation actuelle ;
Permettant ponctuellement dencaisser la perturbation.
Il sagit dun changement I, adaptatif, qui augmente la flexibilit du systme
jusqu un certain point (il est dans sa zone de tolrance). Au-del dun
seuil, le systme devra revoir partiellement son organisation (changement
II), sil veut viter de se retrouver dans un tat de crise, dangereusement
proche, cette fois, des limites globales de son fonctionnement.
Le stress stimule donc la crativit. Toutefois, il ne la stimule que si le sys-
tme a encore une marge de manuvre assez large. Sinon, au contraire, le
stress bloque sa crativit, le systme se braque ; il cherche par tous les
moyens revenir aux repres anciens qui lui restent (logique prioritaire de
protection de son identit connue, faute de savoir sy prendre autrement), et
se dbarrasser du problme, quitte le nier ou jeter le bb avec leau du
bain.
Le stress est cumulatif. En effet, si un sous-systme arrive aux limites de sa
zone de confort, dautres sous-systmes doivent sadapter. Si survient alors
une autre source de stress, mme dune nature trs diffrente, la marge de
manuvre globale des sous-systmes est dj bien rduite.
Cest ainsi que de petites perturbations, dhabitude facilement encaissa-
bles, peuvent suffire pour dclencher des crises profondes.
Dans une optique pdagogique (au sens large du terme), nous utilisons n-
cessairement, lors de nos interventions :
des temps dans la zone de confort pour y puiser ressources et mo-
tivations agrables,
des temps de stress pour crer des tensions propices lappren-
tissage,
et des temps protgs pour que les systmes aient le temps de di-
grer le stress, dapprendre et dlargir leur zone de confort, avant
de repartir se confronter une nouvelle perturbation.
Systme en crise
Le systme est arriv au bout de ses capacits dadaptations sur la base
de son organisation actuelle. Sil veut survivre, il a besoin de changer les
rgles du jeu, de passer de nouvelles formes dorganisation. Et relativement
vite, parce que mme si une crise peut durer, ce nest plus quune stabilit
instable.
Quest-ce qui fait quil ne sy soit pas pris plus tt ? Parce quun systme
commence par percevoir et agir en fonction de ses repres actuels. En effet,
comment utiliser une information quil na pas encore appris se reprsen-
ter ?
La crise, pour un systmicien, est encore un tat potentiellement riche en
ressources. Intervenir dans un systme en crise est certes dlicat, mais en
mme temps, avec un peu de mthode, il ne peut plus quavancer, que crer
un avenir diffrent de ce quil a vcu jusque-l. Alors pas la peine de se pres-
ser et de vendre un programme de changement, puisquil y aura forcment
changement. Il est plus utile de conduire le systme et ses acteurs :
reconnatre des ressources qui leur sont propres (prserver
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lidentit, stabiliser et rassurer le systme par homostasie),
pour mieux abandonner - parfois sans avoir besoin de lannoncer
comme tel - des structures et habitudes comportementales de-
venues obsoltes,
et reconstruire une structure souvent plus simple vivre (elle tait
devenue complique, force de petites adaptations aux stress), et
qui laisse plus de champ aux nouvelles ressources mises jour
comme tant lessence du systme.
Le systme qui merge
Des interactions nouvelles commencent se boucler sur elles-mmes. Le
processus devient autonome, avec sa propre enveloppe. On commence
le distinguer de lextrieur comme tel (identit en rfrence externe : par
exemple, reconnaissance dun Etat par les autres nations). On commence
sy sentir attach - ou membre - de lintrieur (le systme se cre son identit
en rfrence interne).
Les rgles du jeu sont encore en devenir ; le systme est dans une phase
de ttonnements et dbullition, au cours de laquelle il se joue lui-mme
souvent quitte ou double. Sil parvient dgager quelques axes stables et
produire des ressources nouvelles qui vont pouvoir prendre le relai de sa
source de dpart, alors il a des chances de russir (survivre).
Cette stabilit nest pas forcment celle sur laquelle il capitalisera par la
suite. Elle est dabord une tape ncessaire. Il met aujourdhui en uvre
des solutions originales qui, si elles portent dj une marque de fabrique
propre ce qui restera son identit, devront nanmoins tre dpasses en tant
que solutions, pour quil sadapte sa propre croissance, et la mutation de
son environnement face cette croissance.
Enfin, ce sont les essais-et-erreurs qui lui permettent de dgager des boucles
de FB ngatives et positives, ce dont il a besoin pour apprendre et voluer.
La cration du systme par lui-mme (cest un systme vivant) est une
phase haut risque parce que ce quil cre est improbable et ne deviendra
commun (peru comme normal) que plus tard, lorsque les patterns auront
t stabiliss par des stratgies dorganisation (comme les micro-stratgies
cognitives qui intressent tant la PNL). Statistiquement, un systme vivant
est hautement improbable, cest dire que si lon ne fait rien dorganisateur,
il na quasiment aucune chance de natre par hasard. Il nat parce que des
boucles de FB se crent. Son existence nest pas vidente a priori. Elle le
devient plus tard.
Un couple, une famille, une quipe, une entreprise, tous ces systmes qui
font tellement partie de notre quotidien quon les assimile des acquis, sont
en fait des systmes ns malgr une probabilit statistiquement terriblement
insignifiante quils voient le jour.
On devrait apprendre cela aux professionnels et aux institutions senses
accompagner linnovation et la cration dentreprises. Cela viterait aux
pionniers en herbe, aux voyageurs de limprobable, de sentendre dire si
souvent : Votre projet ne rentre pas dans nos cases ; a ne sest jamais fait,
il ny a donc pas de raison que a se fasse. Faites quelque chose qui existe
dj, et nous pourrons vous soutenir.
Heureusement que les systmes se crent eux-mmes, de fait, leurs propres
finalits, et sorganisent souvent pour les raliser en tenant eux-mmes les
ficelles qui leur passent sous la main.
Dissolution du systme
Le systme arrive au bout de son organisation.
Soit il ne dpasse pas une crise majeure : alors, il se laisse balayer
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par des conditions environnementales pour lesquelles son organi-
sation interne nest pas faite et ne peut apprendre suffisamment vite
ltre. Ou encore, il stouffe lui-mme, parce quil ne parvient
pas utiliser des lments externes nouveaux susceptibles de pro-
duire un dclic cratif dans son fonctionnement (pas assez de FB
positifs). Ou enfin, il implose, parce quil narrive pas quilibrer
les FB positifs (crateurs dcarts et dinstabilits potentielles)
avec des FB ngatifs (stabilisants).
Soit il ne parvient pas se renouveler ; mme remplacer des sous-
systmes ne suffit plus. Alors, ses capacits sadapter, agir,
apprendre ne lui permettent plus de rester en phase avec son
environnement, ce systme plus large auquel il appartient. Aussi,
lenvironnement rorganise partiellement son fonctionnement, et
rpartit ses ressources diffremment. Ce qui acclre le processus
(selon une boucle amplificatrice de FB positif). Plus rien ne main-
tient le systme tel quil tait. Ses lments vont tre rinvestis
dans des processus diffrents. A lchelle de ce systme, cest la
mort. A lchelle du systme plus large et des interactions qui con-
tinuent de crer et de transformer, justement, cest la vie.
Conditions pour quun systme puisse voluer en se rorganisant
La rorganisation totale dun systme, cest... sa dissolution.
La rorganisation qui nous intresse donc, lorsque nous intervenons dans un
systme, est une rorganisation partielle (elle prserve lidentit quelle
fait voluer). Attention : ces principes formuls de faon tranquille sont des
cls forte valeur ajoute dans une gestion du changement au sein des orga-
nisations. Sachez-le.
On veille dabord prserver un ple de stabilit (homostasie) :
quest-ce qui na pas besoin de bouger, et qui permettra de garder
des repres pendant la transition amorce ? Sur quelle partie stable
du btiment pourra-t-on focaliser lattention des acteurs cha-
que fois quils ressentiront le besoin de se rassurer, de sentir quils
font encore partie de quelque chose qui existe ?
On peut alors transformer une autre partie de ce systme (mor-
phognse) : proposer de nouveaux modes interactionnels qui vont
susciter de nouvelles expriences individuelles et collectives, des
expriences capables de crer un lan dans une nouvelle direction,
et donc de sextraire danciens modes de fonctionnement (sur le
principe qui consiste penser quun sous-systme ne peut pas
tre la fois au four et au moulin...). Il arrive aussi que lon mette
le systme (ou un sous-systme) en crise momentane, afin que
le problme devienne plus difficile maintenir que la solution
adopter.
Les PNLiens avancs reconnatront dans ces 2 points une forme subtile de
synchronisation / conduite, base sur :
le respect inconditionnel du systme,
ainsi que sur le prsuppos selon lequel le comportement et les l-
ments de la structure sont distincts de lidentit du systme.
Souvenez-vous que la PNL est une approche systmique. Ses principes sont
systmiques, et pour les comprendre et les gnraliser, la pense systmique
devient vite une ressource prcieuse pour lacteur. Sans quoi la PNL ne se-
rait quun amas de techniques certes puissantes mais incapables de retrouver
lintelligence qui leur donne un sens et une porte, voire une lgitimit.
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MODLISER / OBSERVER UN SYSTME
Eduquer lObservActeur
Lobservateur est un systme. Or, un systme ne peroit que certaines in-
formations (note aux PNLiens : information est une nominalisation, un
objet mental pratique, et non une ralit relle). En fait :
il nobserve que ce quil est capable de se reprsenter et
il ne prend conscience - au plus - que de ce qui a un sens pour
lui.
Crer un critre, cest donner du sens une reprsentation (ou, dit autrement,
appelons critre une reprsentation concrte - quelque chose que vous
voyez, par exemple - qui sort du flot de tout ce que vous voyez, entendez et
ressentez, parce quelle veut dire quelque chose pour vous ; par exemple, ce
que vous voyez est un sourire et, linverse de la couleur de la cravate qui
de la personne qui vous sourit, couleur qui ne signifie rien pour vous et que
vous avez peine remarque, ce sourire, lui, veut dire quelque chose dim-
portant pour vous : grce ce sourire, vous vous sentez apprci(e) par cette
personne, par exemple).
LobservActeur en systmique apprend distinguer et reconnatre certains
phnomnes comme des critres (il leur donne du sens, alors quil nen
donne pas dautres informations potentielles), critres qui lui indiquent que
le systme est comme ceci et pas comme cela, quil fonctionne de telle faon
et pas de telle autre. Il apprend :
donner un sens nouveau et dynamique
ce quil apprend, en mme temps, percevoir localement, dans un
contexte dinteractions global.
Lensemble de ses critres sont donc un peu son tableau de bord, ce qui lui
permet de savoir o il en est, et de dcider du sens quil compte donner ce
quil est en mesure dobserver.
Finalement, dun certain point de vue, la systmique nest quun outil forma-
teur pour les personnes. Etre systmicien, cest en quelque sorte avoir appris
percevoir/se reprsenter des phnomnes dune faon plus dynamique,
plus cohrente, plus globale, plus ouverte et plus crative que ce que notre
culture nous invits faire de prime abord. De prime abord, parce que cest
quand mme dans ce contexte culturel que la systmique a merg et com-
menc se diffuser. Notre culture est en train de se transformer elle-mme,
notamment selon un axe systmique.
Certains types dinterventions sur les systmes (entreprises, familles, insti-
tutions, couples, ...) semploient simplement apprendre aux acteurs ob-
server les vnements et les comportements sous un jour systmique. Cest
une forme de recadrage. Et cest souvent trs efficace (ce mot efficace
prsuppose que lobservateur-modlisateur - qui attend cette efficacit - a
une finalit).
Enfin, tout observActeur peroit et agit en fonction de ce quil fait des infor-
mations, donc en fonction de ses propres filtres. Cest ce que lon appelle
les rsonances. Elles sont lies son histoire, mais ny sont pas rductibles ;
elles mergent du systme Observateur/Observ. Les reconnatre (dabord
par auto-observation), cest apprendre aller trs loin dans la modlisation.
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LES INTGRATIONS PISTMOLOGIQUES SUCCESSIVES
La systmique vient sinsrer dans une longue dmarche de construction
pistmologique. Pour faire bref, par pistmologie, nous entendons la
dmarche qui vise questionner les fondements de nos perceptions, actions
et comportements, de nos concepts, raisonnements et dcisions.
Dans un sens fort, le terme pistmologie reprsente en quelque
sorte la science de la science (ou la connaissance de la connais-
sance chre Edgar Morin).
Dans un sens plus restreint, galement trs utile, une pistmologie
est un systme de pense adopt un moment donn et dans un
contexte donn.
La systmique est par nature prcieuse pour faire voluer nos pistmologies,
puisquelle questionne les fondements, logiques, rgles du jeu, contextes,
liens ... et cela de faon transversale, cest dire applicable des situations
et des domaines de recherche ou dintervention trs varis.
Elle est aussi elle-mme une pistmologie, lpistmologie systmique,
qui est la plus aboutie que nous adoptions dans nos cultures occidentales,
semble-t-il, en ce dbut de XXIe sicle en tout cas.
En fait, elle arrive comme les dernires tapes en date dans lvolution de
nos systmes de pense et daction, et sera peut-tre elle-mme son tour
intgre un systme plus large et plus riche encore.
La 1re tape : lobservation brute
Je suis rceptif ce que mes sens me permettent de me crer comme repr-
sentations, au fil de mes interactions. Mais je ne sais pas encore donner de
sens ce que je perois.
La 2e tape : la pr-logique
Jobserve certaines rgularits (je me cre des corrlations, des liens, no-
tamment grce aux quivalences complexes chres aux PNLiens avancs)
et je les utilise comme points de repres pour dcider et agir. Ce dbut de
cohrence me permet de men sortir.
La 3e tape : la logique analytique
Je spare ce que jobserve en units qui ont un sens a priori pour moi, ou que
japprends de mes pairs comme en ayant un.
Je peux alors relier ces units de sens entre elles par des causes--effet : cest
dire que je cherche, petit morceau par petit morceau, connatre ce quoi
je parviens donner un sens.
Note : derrire des airs trs dductifs, la pense analytique con-
traint en fait ceux qui sen rclament faire de sacres inductions
pour sen sortir, pour tirer le minimum vital de sens dont ils ont
besoin. Mais comme ils ne reconnaissent gnralement pas cette
phase dinduction, ils ne pensent pas prendre des prcautions.
Et lon aboutit souvent des conclusions philosophiques de haute
voltige, et des glissements scientistes, de la part de scientifiques
pourtant confirms.
Dans ce mode de pense, jai besoin de dcouper mes perceptions, de me
reprsenter virtuellement des units, units que je suppose exister isolment
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(ce qui duque ma capacit de distinction), avec des proprits intrinsques
(identit, poids, caractre, prix, ...). Ensuite, les choses senchanent logi-
quement les unes aux autres.
Si je dveloppe certaines capacits intellectuelles trs loin, je me dote par
exemple des outils mathmatiques classiques et je croise de nombreuses
chanes causales et de nombreuses units de sens, de faon reconstituer un
puzzle de choses compliques. Je confonds dailleurs encore le compliqu
(rductible, si lon sen donne les moyens, des units simples) et le com-
plexe (irrductible, mais mon bagage conceptuel ne sait pas encore quoi faire
avec a).
Toutefois, ma vision mcaniste et parcellise des objets, des vnements,
des comportements minterdit de reproduire des comptences qui existent
dans la nature depuis bien longtemps, ou de les changer sans les dtruire. Je
parviens les intellectualiser, raisonner, et cest ce qui me permet de me
faire une place sociale dans une culture pour laquelle cest encore lun des
critres perus explicitement comme les plus importants.
Note : Do une source, dailleurs, de dcalages entre lintellectua-
lisation et les comptences relles sur des terrains complexes ; en
effet, les proprits matresses de ces terrains, mergentes, interac-
tionnelles, chappent la perception un tantinet obscurantiste issue
du formatage rductionniste. Ce poids culturel (heureusement en
cours de mutation, semble-t-il) est donc trs important dans les d-
cisions, dans la validation des connaissances, et dans les compor-
tements affichs comme rationnels. Rationalit autoproclame
(autovalidation que lon retrouve, diffrentes proportions, dans
tous les systmes de pense qui, souvenons-nous, ont besoin de co-
hrence pour perdurer) par un systme de pense qui ne peroit pas
ses propres limites pistmologiques ; mais ces limites commence-
ront apparatre trs nettement au niveau dintgration ultrieur.
La 4e tape : la logique Cyberntique
Je me rends de plus en plus compte que les interactions sont beaucoup plus
riches que de simples chanes de causalits linaires. En particulier, chaque
changement de comportement au sein dune unit de sens se rpercute, de
diffrentes manires, sur de nombreux autres lments, et vient un moment
donn affecter mme ce qui avait dclench ce changement.
Percevoir des causes--effet reste utile, mais ma vision qui slargit com-
mence percevoir que les chanes causales se referment en se bouclant sur
elles-mmes.
Note : La linarit perue au niveau antrieur ntait en fait quun
aveuglement momentan d un zoom. Le grand angle - qui
serait aussi aveuglant que le zoom sil tait employ seul, comme
lont dmontr malgr elles les dmarches purement holistiques
- vient complter et recadrer leffet zoom. En sassociant entre
eux, ces 2 modes de perception senrichissent mutuellement et
font natre la premire vision systmique moderne, la fois glo-
bale et locale, donc beaucoup plus pertinente que tout ce qui avait
t institutionalis jusque-l dans lhistoire de notre culture.
Des vnements semblent pouvoir se passer de faon autonome sans avoir
besoin dune intervention extrieure. Le monde est finalement plus intres-
sant quun jeu de dominos, et peupl dtres plus cratifs et plus surprenants
que des automates.
Les comportements ne sont plus isols, mais en les comprenant dans leur
contexte, ils laissent dcouvrir un sens trs riche qui chappait une obser-
vation moins subtile.
Le monde commence mapparatre selon des logiques circulaires qui sont
en elles-mmes la source de phnomnes qui ne peuvent exister que par
elles.
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Je peux mme commencer reproduire certaines conditions pour obtenir
pragmatiquement certains rsultats. Lre cyberntique est aussi lre du
contrle. Non plus au sens sclrosant et vain auquel je me rattachais fbrile-
ment lorsque jtais dans le mode de pense uniquement analytique, mais au
sens oprationnel. Je peux aussi dpasser les symptmes pour mintresser
aux patterns dont ils sont issus (patterns et non seulement causes). Les solu-
tions passent par une perception des patterns.
Enfin, lorganisation dynamique qui relie des lments dans un domaine par-
ticulier semble tre tout aussi applicable des domaines trs diffrents. Des
principes valables en management le sont aussi en psychiatrie, en biologie,
en informatique, en musique, en art martial, en famille et pour russir ses
examens !
Cest comme si jaccdais une grille de lecture interactionnelle des ph-
nomnes, travers laquelle je peux observer, comprendre dinnombrables
phnomnes comme faisant partie dun mme monde. Adapter mes outils
tel ou tel type dintervention devient assez facile intellectuellement, et re-
lativement rapide en pratique. Chaque lment de mon exprience devient
valorisable plus dun titre, et une source inpuisable dapprentissages et d