cheval du maroc magazine

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# 1 OCTOBRE NOVEMBRE  2015

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Cheval du Maroc, Numéro 1, du Magazine Clin d’œil Magazine Maroc leader de la presse équestre au Maroc. Contient le sommaire du dernier et des anciens numéros de ce magazine traitant principalement d'équitation éthologique, parage naturel, Photos et vidéos, articles exclusifs, petites annonces chevaux, jeux et concours, archives,

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Page 1: Cheval du maroc Magazine

#1OCTOBRENOVEMBRE 2015

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8e salon du cheval d’el jadida

Par le Prince Chérif Moulay Abdellah Alaoui, Président de la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres

Placé sous le Haut Patronage de sa

Majesté le Roi Mohammed VI que

Dieu le glorifie, le Salon du Cheval

d’El Jadida contribue, chaque

année depuis 2008, au développe-

ment de la filière équine dans le

Royaume. En quelques éditions,

cette manifestation s’est érigée en un lieu de rencon-

tres incontournables pour les professionnels. Plu-

sieurs activités liées au cheval y sont organisées dans

le cadre de compétitions, d’exhibitions nationales et

internationales de très haut niveau.

L’édition 2015 aura lieu du 13 au 18 octobre. Le pro-

gramme d’animations reste dans la ligne directrice

d’un salon professionnel dans lequel se mêlent judi-

cieusement des activités équestres ludiques, cultu-

relles, artistiques, sportives et récréatives.

L’importance et la diversité des métiers liés au cheval

et leurs retombées bénéfiques sur le secteur écono-

mique ont motivé le thème de cette huitième édition:

le cheval, arts et métiers. Il traduit le souhait d’offrir

aux professionnels du secteur une plate-forme de dis-

cussions et d’échanges.

Le Salon du Cheval et la filière équine, au Maroc, ne

peuvent se développer convenablement que si le

Salon acquiert une notoriété internationale. C’est

pourquoi le Salon du Cheval a fait de la coopération

internationale un axe de développement majeur.

Ainsi, l’invité d’honneur de cette année est le Portu-

gal. La participation de ce pays au Salon du Cheval

d’El Jadida est une occasion pour renforcer les liens

de coopération existant entre les deux pays dans le

domaine du cheval et représente pour le Portugal

l’opportunité de faire connaître sa tradition équestre,

au Maroc.

« Le Salon du Cheval a fait de la coopération internationale un axe de développement majeur »

u

Page 3: Cheval du maroc Magazine

#61

7«Notre devoir,

c’est de transmettre notre patrimoine équin

à la jeunesse afin d’en assurer sa pérennité»

Par El Habib Marzak, commissaire

du Salon du Cheval

Le grand huit O

n appelle ça varier les plaisirs.Après un brillant exercice destyle, en langue française, l’andernier, c’est en langue arabeque le Docteur El Habib Mar-

zak a présenté la 8e édition du Salon du Chevaldans le cadre moderne et luxueux du Sofitel TourBlanche de Casablanca où le ban et l’arrière bande la presse marocaine s’étaient pressés. Après une entrée en matière ciselée de AzizAkhannouch, Ministre de l'Agriculture et de laPêche Maritime, El Habib Marzak, commissairedu salon, a dressé le bilan des précédentes édi-tions, pointé les retombées économiques et baliséles ambitions du prochain Salon du Cheval qui setiendra au nouveau Parc des Expositions d’El Ja-dida, du 13 au 18 octobre prochain.

PLACÉ SOUS LE SIGNE DES ARTS ET MÉTIERS, LA HUITIÈME ÉDITION DU SALON DU CHEVAL PERMETTRA À L’ÉVÉNEMENT MAJEUR DE LA FILIÈREÉQUINE MAROCAINE DE PRENDRE UNE NOUVELLE DIMENSION. LE GRAND RASSEMBLEMENT INTERNATIONAL DU CHEVAL INAUGURERA, EN EFFET, LE NOUVEAU PARC DES EXPOSITIONS D’EL JADIDA, JOYAU LOVÉ ENTRE LA FORÊT ET LA MER.

Aziz Akhannouch, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, El Habib Marzak, commissaire du salon du Cheval d'El Jadida et Omar Skalli,Directeur Général de la Société Royale d'Encouragement du Cheval (SOREC), réunis avec le comité de pilotage de l'événement, autour des vainqueurs de la Tbourida lors de la clôture de la 7e édition (ci-dessus).

C’est au Sofitel Tour Blanche, à Casablanca, que les mêmes protagonistes ont lancé la 8e édition (ci-dessous) qui se déroulera au nouveau Parc des Expositions. 

Le chiffre

La phrase

>>

PAR JÉRÔME LAMY, À CASABLANCA

Nombre d’hectaresdédiés à la Tbourida

dans le nouveauParc des Expositions

PHOTOS DR

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#62

8e salon du cheval d’el jadida

u

Les ambitions du Salon du Cheval de contribuerau développement de la filière équine au Royaumese manifestent dans le choix du thème. En mettanten lumière les arts et métiers, après le tourismeéquestre lors de la précédente édition, le Salon duCheval rappelle que la filière équine doit devenirun véritable levier dans le secteur des emplois enmilieu rural. «L’idée, c’est de mettre en exergue l'im-portance des métiers liés au cheval et de leurs rôlestrès positifs pour l'économie nationale» a préciséAziz Akhannouch. Et le public ne s’y trompe pas. «Nous sommes pas-sés d’un total de 120000 visiteurs, pour la premièreédition, en 2008, à une affluence record de 260000personnes, l’an dernier» a précisé El Habib Marzak.«Le salon véhicule un immense capital immatérielavec la valorisation de la culture cheval au Marocet la promotion de ce patrimoine. Le salon parti-cipe au développement des compétences et à latransmission aux générations futures du savoir-faire et de la passion. Le salon, qui a pris une vraiematurité, participe au développement du monderural à travers le cheval.»Et à la sauvegarde de l’artisanat qui entre aussidans le champ culturel marocain. «Avant la pre-mière édition du Salon, le métier de sellier avaitpresque disparu» a expliqué El Habib Marzak.«Aujourd’hui, les vendeurs d’harnachements éques-tres ont retrouvé le sourire avec des chiffres d’affairesen augmentation. Idem pour les vendeurs de fusils,de costumes traditionnels.»

Pour la Tbourida, l’impact auprès du public estcharnel et affectif. «C’est la raison pour laquellenous avons mis en place une zone de 7 hectares dé-diée à la Tbourida, afin d’accueillir les sorbas desdifférentes régions du Royaume» a confié AzizAkhannouch. «La Tbourida, c’est notre grain debeauté, nous, les Marocains» a poursuivi El HabibMarzak. «C’est l’histoire d’amour de tout le peu-ple marocain. C’est notre art équestre national, parexcellence. Seize régions marocaines participerontaux formidables démonstrations de Tbourida.»Pas de changenemnt, en revanche, dans la pro-grammation des compétitions et des shows féé-riques qui sont la signature du grand événementd’El Jadida. Le Championnat international ducheval barbe, le Championnat national du chevalarabe-barbe, la coupe des éleveurs marocains dechevaux arabes, le concours international de mo-dèles et allures du pur-sang arabe (show A), leconcours international de sauts d'obstacles CSI 1*et le concours international de sauts d'obstaclesCSI 3*W, qui constitue la troisième étape du Mo-rocco Royal Tour, sont ainsi proposés à un publicgâté. «Il convient de ne pas oublier les activitéséquestres artistiques, culturelles et récréatives quimettront au premier plan le cheval barbe, élémentdu patrimoine culturel marocain» a précisé ElHabib Marzak.Dernière nouveauté, le Salon du Cheval a décidéde mettre le Portugal, à l’honneur. Histoire de pla-cer le cap à l’international...

Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le RoiMohammed VI, le Salon du Cheval est devenu unévénement majeur de la rentrée, sur la scène na-tionale et internationale. Non seulement la pré-sence régulière de sa majesté le Roi MohammedVI, de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan etde SAR le Prince Moulay Rachid offre une vraierésonance au Salon du Cheval, mais la qualité deschampionnats et concours a, aussi, permis à cetévénement de devenir un rendez-vous sportif in-contournable des compétiteurs de très haut ni-veau. Reste que la nouveauté, grande étape majeuredans l’histoire du Salon du Cheval, est le démé-nagement de la manifestation au nouveau Parcdes Expositions d'El Jadida. Pour la première foisdepuis sa création en 2008, le Salon du Cheval nesera plus organisé dans l’hippodrome PrincesseLalla Malika. «Cela illustre la volonté de placer cetévénement majeur dans les meilleures conditionstechniques possibles pour mieux présenter la filièreéquine et contribuer à l'accélération de son déve-loppement» a déclaré Aziz Akhannouch, le minis-tre de tutelle de la filière. «D’une superficie de 46hectares, le Parc des Expositions permettra de pro-mouvoir l’authenticité du patrimoine équin natio-nal.» A noter que tout a été pensé pour accueillirles visiteurs dans les meilleures conditions. Ainsiqu’en atteste la création d’un parking pouvant ac-cepté plus de deux mille véhicules.

EL JADIDA (hippodrome Princesse LallaMalika).- SAR le Prince Moulay Rachid, entouré d’une Sorba de Tbourida composée de 15 cavaliers, lors de la septième édition du salon du Cheval d’El Jadida.

PHOTOS DR

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8e salon du cheval d’el jadida

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PAR IMANE CHARHADDINE, À EL JADIDA

jean PiStre: «un eSPaCe à L’éCheLLe de La PaSSion du MaroC Pour Le ChevaL»

Quelles sont les particularités du travail architectu-ral sur le chantier marocain ?Le Maroc est un pays où le poids de la tradition etle savoir-faire artisanal sont très forts et aussi trèsvalorisés. C’est en même temps un pays ouvert à latechnologie et aux solutions innovantes. Nousavons ressenti et très bien vécu cette double di-mension tout au long des études et du chantier. Ceprojet, avec d’un côté ses halls ultra-modernes de85 mètres de largeur sans poteaux, aux façades enverre sérigraphiées et de l’autre les bâtiments desfonctions-support en enduit de couleur bleu Ma-jorelle incarne cette dualité. Pendant la construc-tion elle-même, la cohabitation des charpentiersavec leurs immenses grues de levage et des arti-sans maçons ou menuisiers reflétaient exactementl’âme de ce pays.

Que promet l’inauguration du Parc des Expositionsd’El Jadida aux visiteurs du Salon du Cheval ?Le public va découvrir d’abord d’immenses es-paces: le parvis d’accueil, les allées ombragées, lesaires pour la Tbourida et les pavillons d’exposi-tions eux-mêmes; des espaces à l’échelle de la pas-sion du Maroc pour le cheval et de l’ambition de ceParc pour l’activité économique du pays. Il vaaussi découvrir un espace qui nous tient beaucoupà cœur, les pergolas, vaste promenade, le long deshalls. Il s’agissait de créer de l’ombre sans obscur-cir et d’assurer une ventilation naturelle pour évi-ter la chaleur. Ces immenses ombrelles en formed’arcs couvertes de lames d’aluminium parallèles,dont l’espacement est calculé pour le meilleuréquilibre ombre-lumière, sont inspirées des cir-culations ombragées des souks que l’on rencontredu Maroc jusqu’à la Syrie. Ensuite, le public dé-couvrira aussi un travail spécifique que nousavons mené sur l’évocation contemporaine de latradition graphique marocaine.

Cheval du Maroc.- Comment est venue la proposi-tion de collaborer sur le projet du Parc des Exposi-tions d’El Jadida ?Jean Pistre.- Nous avons été sélectionnés par laSOREC et son directeur Omar Skalli pour parti-ciper à un concours international d’architecture.La SOREC avait apprécié nos travaux sur le Parcdes Expositions de la Porte de Versailles à Paris.A El Jadida, nous étions en présence d’un site im-mense à restructurer et reconstruire par phasessuccessives. Notre démarche architecturale était àla fois de réaliser un outil d’expositions très per-formant et d’offrir au public des lieux conviviaux,de qualité avec une forte identité. Ce concours,que nous avons mené avec notre ami architecteOmar Alaoui, nous a passionnés. Mettre en œuvrenotre savoir-faire en matière de Parc des Exposi-tions, nous a permis de plonger à la fois dans laculture marocaine et de découvrir l’univers de cetévènement incroyable qu’est le Salon du Cheval.

Parlez-nous du déroulement des travaux au Parc desExpositions d’El Jadida...Le projet du Parc des Expositions avait été conçupour un autre site à El Jadida, et c’est au momentdu démarrage des travaux que des problèmes ad-ministratifs, plus l’opportunité d’un meilleur site,l’ont fait déménager. La conception modulaire,faite de halls parallèles reliés d’un côté par unevaste promenade piétonne et de l’autre par unezone logistique, a permis que ce déménagementse réalise sans modification et donc sans perdretrop de temps. La bonne volonté et le sens del’adaptation ont permis que l’ouverture du Salondu Cheval 2015 ait lieu au Parc des Expositions,même si beaucoup de travaux resteront à finaliser.

Un joyau et des promesses. Le Parcdes Expositions d’El Jadida, vé-ritable pépite architecturale, pro-met une révélation exclusive quisera découverte lors de la hui-

tième édition du Salon du Cheval (13 au 18 octo-bre 2015). Sa conception est le résultat d’unecollaboration des plus fructueuses, entre deux ca-binets d’architectes aussi passionnés qu’inspirés:le cabinet d’Omar Alaoui de Casablanca, et celuide Valode et Pistre de Paris (dont les bureaux sontégalement présents en Pologne, en Chine et enRussie).Né il y a trente ans de l’amitié entre Denis Valodeet Jean Pistre, le cabinet de Valode & Pistre a re-joint l’équipe de travail suite au choix de la SORECet de son directeur, Omar Skalli. A l’aune de ma-gnifiques réalisations dans plus d’une vingtaine depays, ce cabinet a démontré que son équipe est ca-pable de faire de l’architecture un métier de créa-

tion technique; c’est aussi une occasiond’approche sociologique quelque

soient le lieu et la culture. Jean Pistre a accepté de ré-pondre à nos questions et de

parler du nouveau Parc des Ex-positions d’El Jadida qui pour-

rait accueillir prochainement leSalon de l’Automobile de Casa-blanca et des spectacles interna-

tionaux. Retour sur un projetexaltant.

JEAN PISTRE, UN DES ARCHITECTES DU NOUVEAU PARC DES EXPOSITIONS D'EL JADIDA, INAUGURÉ À L'OCCASION DU SALON DU CHEVAL, DÉCRYPTE SA RÉALISATION ENTRE POIDS DE LA TRADITION MAROCAINE, SAVOIR-FAIRE ARTISANAL ET OUVERTURE INNOVANTE SUR LA MODERNITÉ.

PHOTOS DREL JADIDA (Parc des Expositions).- Le public ne manquera pas d’être surprispar les immenses espaces, ainsi que le montrent la vue aérienne et l’aire de Tbourida.

«Notre démarche architecturale était à la fois de réaliser un outil d’expositions très performant avec une forte identité»précise l'architecte Jean Pistre. >>

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#64

8e salon du cheval d’el jadida

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Pouvez-vous citer quelques exemples de cette miseau goût du jour de la tradition graphique maro-caine?Quelques exemples, les sérigraphies des mursrideaux entrelacés d’octogones et de carrés qui re-constituent des étoiles, les murs de clôtures qui,par un effet d’optique en se déplaçant, recon-stituent des étoiles à partir de carrés, ou encore,les entrées des halls qui sont signalées par desportes dont la silhouette est une retranscriptioncontemporaine de l’arc outrepassé marocain.Enfin, le public découvrira le restaurantpanoramique, depuis lequel on aperçoit la mer, enforme de disque posé sur le toit du 1er hall.

Il y a le public, mais il y a aussi les utilisateurs et lesorganisateurs d’expositions...C’est le sujet le plus technique du dossier car nousavons mis au point un véritable outil d’expositionscapable d’accueillir tous les évènements possibles,autant d’expositions classiques que de grandsspectacles ou évènements spécifiques comme leSalon du Cheval. Les grands halls de 85 mètres delargeur sans poteaux offrent une liberté totaled’implantation et d’organisation des évènements.Les charpentes peuvent supporter des charges im-portantes : 200 kilos sur une maille de 3 mètres,soit un total d’environ 200 tonnes par hall. Celapermet de suspendre tout ce qui est nécessaire àl’installation de stands ou de spectacles. Au sol desregards permettent les branchements d’eau, d’élec-tricité et de téléphone sur une trame de 6m X 9m.L’ensemble de ces dispositifs situe le nouveau Parcdans les meilleurs standards internationaux.

Si vous deviez qualifier votre expérience au Marocen tant que cabinet international ?Tout d’abord, le Maroc est un pays très attachantpar sa culture et par la qualité spontanée des rela-tions humaines quotidiennes. Le contexte étaitdonc très positif et nous avions déjà pu l’apprécierlors d’autres projets que nous avons déjà réalisésici. Ensuite, et c’est le plus important pour nousarchitectes, il y a une très grande curiosité et ou-verture d’esprit, tant pour les concepts nouveauxque pour les innovations techniques. Donc, mêmesi les sujets administratifs freinent parfois le bondéroulement des opérations, le dynamisme et l’en-gagement des responsables y pallient largement.Nous commençons de nouveaux projets en parti-culier dans l’hôtellerie et nous sommes donc trèsheureux et honorés de pouvoir continuer nos ex-périences marocaines.

Vue sous la pergola.

Nichée au cœur de lamédina de Marrakech,la sellerie de la famille

Chraïbi Kaadoud donne rendez-vous aux équidés pour se parerdes meilleurs équipements pourmonter à cheval. Artisanat poin-tilleux interpelant plusieurs sa-voirs et savoir-faire, la sellerierecèle aujourd’hui l’image d’unhéritage intergénérationnel quis’est transmis entre, au moins ,quatre générations dans cette il-lustre famille aux racines fassies-marrakchies.On découvre la sellerie de la fa-mille Chraïbi Kaadoud aprèsavoir traversé la place JemaaElfna, les souks des Semmarines,Jloud et autres commerçants deproduits essentiellement dédiésaux artistes. Cette boutique, dontl’ouverture remonte aux âges del’arrière grand-père, a choisi deconserver ce patrimoine plutôtque de se convertir à un com-merce pour touristes. Ici, le cheval a encore le droit dese profiter des meilleures étoffes,et on en offre. Tous prix, toutescouleurs et tous styles confondus,ici le choix se veut non exhaustifquant aux produits et équipe-ments de selleries  : selles detoutes tailles, ceintures, ficelles,pose-pieds et autres sont les of-frandes de cette caverne d’AliBaba aux mille et une couleurs.

Dirigée, aujourd’hui, par Moha-med Chraïbi Kaadoud, fils et ex -apprenti du domaine, la boutiqueconserve son authenticité et re-trouve vie depuis que sa Majestéle Roi Mohamed VI a redonné dusouffle à l’activité équestre auMaroc. «Peu de gens s’intéres-saient jusque là à l’équitation àcause du caractère élitiste qu’on luiconnaît» dit Mohamed, proprié-taire et artisan. «Aujourd’hui, l’ac-tivité devient plus accessible auxdifférentes couches de la popula-tion et n’est plus réservée auxhautes classes sociales. Le com-merce reprend un nouvel essor, ré-généré par un retour versl’équitation».

Les matières premières ne man-quent pas de diversité dans le do-maine de la sellerie  : cuir detoutes les qualités, bois (servantde supports ou d’interfaces in-ternes), fils de toutes les couleurs(avec un inéluctable penchantpour le jaune doré) ou tissus develours de toutes les couleurs. «Ils’agit d’une activité artisanale quifait travailler plusieurs fournis-seurs, et fait partie d’une chaîne devaleur non négligeables dans le sa-voir-faire manuel» précise Moha-med. «Nos clients sont surtout descavaliers de la Tbourida ou desamateurs férus de l’équitation, entoute liberté. Il faut savoir que cer-taines personnes s’offrent cesachats sans avoir de cheval, toutsimplement à titre décoratif.»Est-ce à penser que cela convertitl’art de la sellerie à une autreorientation : celle de la décorationd’intérieur au-delà de la dimen-sion usuelle des selles et autreséquipements? Conversion, déna-turation ou diversification ? «Lasellerie reste avant tout un artdont l’exploitation ne peut être li-mitée» assure Mohamed. «Au-jourd’hui elle connaît de nouvellesinspirations et intègre les nouvellestechnologies pour une meilleureproduction, sans pour autant nierla valeur du travail manuel.»Un patrimoine national à préser-ver...

iLS font de La réSiStanCe en Médina de MarrakeCh

SeLLerie

PAR IMANE CHARHADDINE, À MARRAKECHPas spécialement spacieuse, laboutique Chraïbi Kaadoud re-connue comme unique sellerie dela médina (et de la ville) abrite unnombre incalculable d’articles.Elle fait travailler cinq personnessur place mais le travail exige laparticipation d’artisans externes(femmes au foyer pour les brode-ries, artisans de cuir pour le per-fectionnement, etc...).

L’art de la sellerieconverti à la décorationd’intérieur ?

«Nos clients sont surtout  des cavaliers de Tbourida» dit Mohamed Chraïbi Kaadoud, fier de ses selles (médaillon)

PHOTOS DR

Page 7: Cheval du maroc Magazine

artS équeStreS de MarrakeCh :

une voLtige SouS LeS feux de La raMPe

RÉINSERTION SOCIALE, DÉVELOPPEMENT ARTISTIQUE, PROMOTION DE L'UTILISATION

DU CHEVAL BARBE, L'ÉCOLE DES ARTS ÉQUESTRESDE MARRAKECH COMPILE LES AVANTAGES.

RIEN D'ÉTONNANT QU'ELLE DEVIENNE LA FIGUREDE PROUE DU PÔLE ÉQUESTRE, APPELÉ À VOIR

LE JOUR DANS LE NOUVEL HIPPODROME

DE MARRAKECH.

PHOTOS DR

PAR IMANE CHARHADDINE, À MARRAKECH

Page 8: Cheval du maroc Magazine

#66

arts équestres de marrakech

Panama aux couleurs de la SORECvissé sur la tête, cravate rose à poisbordeaux, pantalon foncé, le doc-teur Mohamed Chakdi en impose.Ses épaules sont aussi larges queson sourire. Sa poignée de main

est franche et assurée. Le directeur du Haras Na-tional de Marrakech n’est pas stressé par leconcours inter-régional des chevaux arabe-barbequi se déroule, dans d’excellentes conditions, auharas de la ville Rouge. Pas davantage par la ré-pétition du spectacle des arts équestres de Marra-kech programmée en clôture du concours, afin depeaufiner les derniers détails avant le salon duCheval.Reconnu comme l’un des cinq prodigieux harasnationaux du Royaume, le Haras National deMarrakech rayonne aujourd’hui sous une étoileparticulière : celle d’une mise en place d’une in-frastructure académique pour les arts équestres.Projet des plus ambitieux, l’école du spectacleéquestre du Haras National de la ville rouge estaujourd’hui une niche qui interpelle plus d’un in-tervenant. Normal qu’on lui offre tous les moyensnécessaires pour faire proliférer son excellence.Entre la Société Royale d’Encouragement du Che-val (SOREC), l’Association Marocaine d’Aide auxEnfants en Situation Précaire (AMESIP) et les in-tervenants sportifs, artistiques et éducatifs de pre-mier plan, l’école dédiée aux Arts Equestres joueun double rôle artistique et social qui force l’ad-miration.

L’école des Arts Equestres a pour ambition de créerune dynamique socio-économique autour du che-val barbe, en initiant le jeune public, en contri-buant à la réinsertion de jeunes en situationdifficile, d’où la précieuse collaboration avecl’AMESIP. «On ouvre aussi nos portes aux jeunesqui ne sont pas en difficulté» précise Khalil Réda,responsable de l’école et fondateur de l’école desArts Équestres des Frères Réda, à Namur, en Bel-gique, en 1992, avec son frère Chkinbo. «L’idéed’un mélange des jeunes d’horizons différents au-tour du cheval est une belle idée. L’objectif, c’est decréer un vrai centre de formation marocain des artséquestres reconnus à l’étranger.» Celui qui se félicite de son retour au Maroc poursemblable projet ne manque pas d’ambitions: «onpeut devenir une référence pour Bartabas, Cavaliaet Apassionata, les trois grandes troupes mondialesde spectacles équestres.» Et le docteur Chakdi depréciser : «Plusieurs jeunes ont déjà réussi leur ré-insertion sociale en trouvant du travail ici ou mêmeà l’étranger» se félicite-il. «A ce moment-là, notremission est remplie. L’école leur a donné des atouts,de la visibilité mais surtout la confiance en un nou-veau démarrage. Il faut savoir que nous travaillonsl’esprit autant que le corps puisque nous dispensonsdes cours de langues étrangères et des cours d’ex-pression scénique comme au théâtre.»

C’est sous l’égide du Docteur Mohamed Chakdique le Haras National de Marrakech poursuit sonessor. Les efforts du directeur et son implicationont valu à ce haras la création et le développementd’un projet d’envergure nationale et internatio-nale, en faveur de l’activité équestre. Si l’on parle du cheval en tant que symbole em-blématique de l’identité arabe à travers les mythes,les croisades et même les activités commercialeset marchandes, un gros plan particulier s’impose :celui que l’on ajuste sur le cheval barbe.«Le chevalbarbe est un patrimoine unique qu’il convient demettre en valeur» dit le Docteur Chakdi, vétéri-naire. «Membre fondateur de l’Organisation Mon-diale du Cheval Barbe (OMCB), dont Omar Skalliassure actuellement la Présidence, le Maroc lanceune grande stratégie nationale dédiée à son déve-loppement et à sa valorisation. Le projet de l’écoledes arts équestres est d’en faire une vitrine de l’uti-lisation du cheval barbe afin de créer une dyna-mique sociale et économique tout en valorisantl’ancrage identitaire.»

«Plusieurs jeunes ont déjàréussi leur réinsertion socialeen trouvant du travail ici ou même à l’étranger.notre mission est remplie. L’école leur a donné de la visibilité et la confiance. Il faut savoir que nous travaillons l’esprit autant que le corps puisque nous dispensons des cours de languesétrangères et des cours d’expression scénique.»

Docteur Mohamed Chakdi

A Caen (photo de droite), lors des Jeux Équestres Mondiaux ou à El Jadida, (photos du centre) lors du Salon du Cheval, la troupe des arts équestres de Marrakech a fait l’unanimité. Au grand plaisir du docteur Mohamed Chakdi, (ci-dessus) directeur du Haras National de Marrakech et de Khalil Reda, responsable de l’école des arts équestres.

Page 9: Cheval du maroc Magazine

arts équestres de marrakech

#67

Ce n’est pas Chakir Sahar qui dira le contraire.Acrobate ambulant de la célèbre Place JemaaElfna, élève des arts équestres de Marrakech, il estaujourd’hui une des figures de proue de la grandetroupe Cavalia, basée à san Francisco, aux Etats-Unis et à Winnipeg, au Canada. «Son exemple estune récompense et un moteur pour aller plus loin»confie le Docteur Chakdi. «Il faut savoir que pourlancer l’école, nous sommes allés recruter PlaceJemaa Elfna où les qualités des acrobates sont re-connues dans le monde entier. Souvent, on me de-mande pourquoi l’école des arts équestres est baséeà Marrakech, non pas ailleurs dans le Royaume.Voilà la réponse !»Et si l’acrobatie est la signature de l’école, elle apour ambition de servir de vitrine qui permettraà la fois une avancée pour le rayonnement inter-national du Royaume en matière de spectacleéquestre, et une mise en valeur du cheval barbe etde l’arabe barbe, races locales constituant unefierté identitaire. Les apprentis de l’école sont re-crutés suite à une présélection de l’AMESIP, unefois recrutés ils sont sous l’orientation pédago-gique d’une équipe aux compétences reconnues :Khalil, Eric, Gilles et Ali. Ces mentors permettent aux jeunes apprentis demaîtriser à la fois le dressage, la voltige et la li-berté, à travers des stages et des activités réguliè-rement amorcés, à la fin desquels chaque apprentichoisit son orientation et en fait une spécialité.

La double dimension artistique et sociale donneà l’Ecole une envergure mais aussi une adhésionexterne de différentes parties prenantes. La réin-sertion sociale ne devient plus une finalité en soi,mais un moyen de redonner espoir à une tranchesociale de la population ne croyant plus aux hori-zons d’un quelconque avenir. Formée actuellement de six membres et quatre as-pirants, la troupe de l’Ecole des Arts Equestres duHaras National de Marrakech sera présente auSalon du Cheval 2015. Un spectacle dont les pré-parations remontent à plus d’un an réjouira doncle public sur place, mettant en avant l’apprentis-sage et les performances artistiques de chaquemembre de la troupe. On découvrira un spectacle dont le réalisateur estGilles Audejean, le costumier Laurent Lamoureuxet dont l’encadrement général est assuré par le pro-fessionnel Khalil Réda. Et comme la sécurité et larégularité des enchainements sont des indéfecti-bles priorités, le réalisateur Gilles Audejean a ima-giné un spectacle à numéro introductif, dont lesmodalités sont à caractère évolutif alternant à lafois voltige classique et cosaque. Une double piste a été prévue en guise d’équipe-ments de logistique (13 mètres sur 22 mètres) per-mettant d’exalter le public avec une chorégraphieoù musiques, figures, évasions et splendeurs pa-trimoniales se conjugueront en toute authenticité.

«C’est avant tout un numéro évolutif, aux perspec-tives intéressantes, qui pourra servir de base pourde nouveaux spectacles» confie Gilles Audejean,directeur artistique, respecté en France. L’inauguration du nouvel hippodrome de Marra-kech ne manquera pas de jouer le rôle d’un miroirgrossissant et d’un incubateur. «Dans ce même lieuunique, on va réunir un pôle équestre qui sera la vi-trine de toute la filière» précise le docteur Chakdi,avec impatience et gourmandise. «On retrouveranon seulement l’école des arts équestres, mais aussiune école de poneys, un club de tourisme équestre,une académie de Tbourida et un centre de trek».Histoire de donner naissance aux carrefours ducheval que le directeur général de la SOREC,Omar Skalli, appelait de ses vœux dans notre der-nière édition (clin d’œil #40) où des foires de che-vaux permettant de valoriser les produits duterroir et le travail des artisans auraient toute leurplace.Vivement la suite...u

«pour lancer l’école, nous sommesallés recruter Place Jemaa Elfna où les qualités des acrobates sont reconnues dans le monde entier. Souvent, on me demandepourquoi l’école des arts équestres est basée à Marrakech?Voilà la réponse !»

PHOTOS DR

Page 10: Cheval du maroc Magazine

#68

morocco royal tour

abdeSLaM Se fait un PrénoMA

bdeslam Bennani Smirès est unhomme occupé. Entre son hôtel, leSelman Marrakech, Holinco, la hol-ding familiale qu’il a intégré, la ren-trée des classes d’Ameer, son amourde fils (4 ans), et les stages de

l’équipe nationale du Maroc de sauts d’obstacles, ilcompte son temps libre comme on compte ses der-niers dirhams, à la fin des vacances. Quand on lui aproposé de déjeuner pour prendre langue au sujet ducheval au Maroc, il a fait le ménage dans son emploidu temps avec une diligence qui trahit une passion...Pas seulement parce qu’il porte la politesse commeune élégance et une éducation.

EL JADIDA (Hippodrome Princesse Lalla Malika).- Abdeslam Bennani Smirès sur Mowgli des Plains, lors du MoroccoRoyal Tour. «Ce cheval a été mon professeur. Il m’a apporté toute son expérience. On a formé très rapidement un vrai couple» dit-il.

Morocco Royal Tour:un plateau très relevé !

C réé en 2010 sur Hautes Instructions de Sa Majesté LeRoi Mohammed VI, présidé par Charif Moulay Abdel-lah Alaoui, le Morocco Royal Tour sera clôturé, à El Ja-

dida, du 15 au 18 octobre, dans le cadre du Salon du Cheval. Leschevaux et les cavaliers seront affûtés après les deux premièresétapes à Tétouan (2-4 octobre) et Rabat (8-11 octobre).Organisé par la Fédération Royale Marocaine des Sports Éques-tres, l’Association du Salon du Cheval d’El Jadida et la GardeRoyale, le Morocco Royal Tour figure parmi les grandes compé-titions du calendrier équestre mondial. Il comprend cette annéeun concours de saut d’obstacles international CSI3*W de 24épreuves, avec 12 épreuves comptant pour la Longines RankingList FEI, dont trois Grands Prix CSI3*W qualificatifs pour laCoupe du monde.Depuis sa création, le Morocco Royal Tour attire chaque annéedes cavaliers reconnus de plus d’une vingtaine de pays, avec laparticipation de stars internationales médaillées aux Jeux olym-piques, aux Jeux Équestres Mondiaux et dans leurs champion-nats continentaux. Ainsi, le Morocco Royal Tour pourra comptersur la présence du cavalier belge Constant Van Paesschen, récentvainqueur du Grand Prix dominical de Chantilly. Les SuissesPius Schwizer, classé numéro un mondial pendant quelques moisen 2010, et Nadja Peter Steiner sont attendus. Le Saoudien Ab-dullah Sharbatly, vice-champion du monde en 2010 et médailléde bronze par équipes aux Jeux olympiques d’été de 2012 à Lon-dres sera également présent. u

ABDESLAM BENNANI SMIRÈS SERA UNE DES GRANDES ATTRACTIONS DE LA FINALE DU MOROCCO ROYAL TOUR

QUI SE DÉROULERA À EL JADIDA (15-18 OCTOBRE) DANS LE CADRE DU SALON DU CHEVAL. ISSU D'UNE FAMILLERECONNUE ET RESPECTÉE DANS LE MONDE DES AFFAIRES,

IL A RÉUSSI À SE FRAYER UN CHEMIN DANS LE CERCLE FERMÉDE L'ÉQUITATION MONDIALE. «IL A LES QUALITÉS POUR ÊTREDANS LES MEILLEURS MONDIAUX. IL A UNE FORCE MENTALEEXCEPTIONNELLE QUI LUI PERMET D’ÊTRE TRÈS RÉGULIERDANS LES GRANDES COMPÉTITIONS» DIT MARCEL ROZIER.

RETOUR SUR UNE TRAJECTOIRE ÉTONNANTE AVEC UN GARÇON BIEN NÉ ET BIEN ÉLEVÉ.

PAR JÉRÔME LAMY, À CASABLANCA

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morocco royal tour

#69

On peut même parler d’amour, de relation char-nelle. D’ailleurs, cet été, il n’a pas hésité à déclarersa flamme, sur facebook, à.. son cheval, Mowglides Plains, au lendemain de son titre de vice-champion du Maroc de sauts d’obstacles. Il n’a paschipoté à l’instant de s’éloigner deux années duSelman Marrakech pour se consacrer exclusive-ment à son sport malgré la désapprobation fami-liale.Pourtant, dire qu’Abdeslam, né à Casablanca, en1983, est tombé dans la marmite tout petit serait,sinon une contre-vérité, au moins une exagérationinutile. C’est en lui offrant un cheval en plastiqueque ses parents - Najat et Abderrahmane - ont in-volontairement nourri la future addiction. «C’étaitmon doudou, il ne fallait me le retirer pour rien aumonde» se souvient Abdeslam. «Et dès que jevoyais une calèche, à Marrakech, je perdais la rai-son. Il fallait absolument que je caresse les chevaux.C’était une attirance instinctive.»

Et si les parents ne poussent pas le petit Abdeslamdans les écuries, ils finissent pas céder à ses de-mandes incessantes. Et l’accompagnent, chez So-lange et Mohammed El Yassini, à La FermeÉquestre dar Bouazza. A l’époque, elle ne se trou-vait pas exactement à Dar Bouazza mais à proxi-mité du futur Morocco Mall. Abdeslam a cinq ansquand il commence à monter lors d’initiations loi-sirs. Il monte ses gammes du trot au galop. «Mes pa-rents étaient effrayés» se souvient-il. «Ils ont toutessayé pour que je mette un terme à cette expérienceà nulle autre pareille. J’ai une attitude très différenteavec mon fils, Amir. Je le mets au contact des che-vaux. Mais je ne le pousse pas.» Rien d’étonnantqu’il monte déjà, à poney. Rien d’étonnant, nonplus, qu’Abdeslam n’ait pas cédé aux appréhen-sions familiales. Loin s’en faut ! Au contraire, àl’âge de 9 ans, il prend la direction de l’Ancienneroute d’El Jadida et du club l’Etrier de Casablanca.

Naturellement, il intègre son école d’équitation,EquiMajic. «C’est à ce moment que je suis tombéamoureux du saut d’obstacles» confie-t-il. «Et cesentiment ne m’a plus quitté jusqu’à aujourd’hui. LeClub de l’Etrier occupe une grande place dans moncœur et dans mes souvenirs d’enfance. Ce sport et ceclub ont été mon grand équilibre dans la vie.»En 2001, c’est même l’équilibre parfait. «A la sur-prise, générale, et en premier lieu à la mienne, j’aiobtenu mon bac, à Lyautey avec mention très bien»précise Abdeslam. «Et la même année, j’ai été sacréchampion du Maroc juniors de sauts d’obstacles.»N’empêche, l’équilibre ne tarde pas à être rompu.Et la balance penche pour la première fois de l’au-tre côté. Celui de la Suisse où Abdeslam sort di-plômé de l’Ecole Hôtelière de Lausanne aprèsquatre années d’études. Quatre années loin des écuries, loin du bruit dessabots, des barrières qui tombent. «Pendant qua-tre ans, je ne suis pas monté une seule fois sur uncheval» confirme Abdeslam. «J’ai écouté mes pa-rents qui m’ont demandé de privilégier mes études,mon avenir. Je ne voulais pas leur causer de soucis,créer un conflit. J’ai eu la chance d’avoir une enfanceheureuse, paisible au sein d’une famille extraordi-naire. C’était le moment de rendre un peu à mes pa-rents...»Quand il rentre à Casablanca, diplôme en poche,au crépuscule de l’année 2004, il passe par le clubl’Etrier avant de regagner le domicile familial. Onexagère à peine... «J’ai repris tout de suite» avoueAbdeslam. «Pendant trois années, j’en ai bavé. Jen’ai jamais possédé beaucoup de bases techniques.J’ai souvent monté à l’instinct. Après une telle in-terruption, cette assise technique m’a cruellementfait défaut.» Jamais ô grand jamais, Abdeslam n’aeu envie de tout plaquer et de se concentrer sur leprojet du Selman dont il assume la paternité de lasignature autour de l’élevage de pur-sang arabes«malgré les réticences de mon père et surtout les avisnégatifs de consultants en hôtellerie qui ne compre-naient pas grand chose.»Abdeslam s’accroche. «Les mauvaises perfor-mances me motivaient encore davantage» confie-t-il. «A l’époque, il n’y avait pas d’instructeursqualifiés, au Maroc. Il fallait s’entraîner seul. Çarendait le défi encore plus vertigineux. Heureuse-ment, j’ai eu la chance de pouvoir acheter un chevalmagnifique, Lorenzo. C’est lui qui m’a remis enselle.»Ça tombe bien. C’est le bon moment. Le Maroc estdébarrassé du virus de la peste équine qui avaitisolé ses cavaliers. «A force de se battre les unscontre les autres dans des concours locaux à causedu blocage sanitaire, les cavaliers marocains avaientfini par stagner» dit Abdeslam. «D’ailleurs, nouscommençons seulement à relever la tête et à devenir une grande nation équestre».

«L’équitation et le club de l’Etrier, à Casablanca,

ont été mon grand équilibre dans la vie.»

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morocco royal tour

Surtout, le travail énorme entrepris par le PrinceMoulay Abdellah, à la tête de la Fédération RoyaleMarocaine des Sports Équestres (FRMSE) porte sesfruits. «C’est un grand président de la FRMSE» as-sure Abdeslam avec beaucoup de respect dans lavoix. «En fait, c’est un très grand manager qui pos-sède une vision extraordinaire du développementde notre sport pour les dix prochaines années. C’estson ouverture vers l’international, sa gestion et sastratégie qui font la différence et nous permettentde grandir. En plus, il faut tenir compte qu’il n’estprésident que depuis trois ans. J’ai été témoin destrois dernières années mais aussi des quinze précé-dentes. En trois ans, on a réussi à faire ce qu’onn’avait pas fait en quinze ans. Et si on n’avait rienchangé dans notre politique, on ne l’aurait pas faitdans les trente prochaines années.»Impossible de citer toutes les vertus cardinales dela stratégie du Prince Moulay Abdellah. AbdeslamBennani Smirès pointe l’encadrement sportif. «LaFRMSE a recruté deux experts, Philippe Rozier etOlivier Desutter» se félicite-t-il. «Philippe est en-core cavalier. c’est une chance. On est la seule équipeau monde à posséder un entraîneur qui évolue en-core dans l’élite. Quand il est arrivé, je trouvais saprésence incroyable. Juste faire un stage avec Phi-lippe Rozier aurait été un rêve. C’était une référencepour moi, une star. On le voyait à la télé. Je l’ima-ginais inaccessible. Et c’est devenu notre coach...»Un entraîneur dont la première décision, au débutde l’année 2012, a été de faire table rase du passépour repartir sur de nouvelles bases. «Il a décidéde rencontrer tous les cavaliers marocains intéresséspar le haut niveau et de leur faire passer un test»explique Abdeslam. «Il ne voulait pas être enfermédans une sorte de casting des anciens cavaliers fé-déraux. Il suffisait de venir avec ou sans son chevalpour avoir sa chance.»

Abdeslam ne manque pas de saisir la sienne. Il faitpartie des dix cavaliers sélectionnés par PhilippeRozier sur la cinquantaine observée. Le jeune di-plômé de Lausanne est le seul non professionnelde la liste communiquée par le fils de Marcel Ro-zier. «J’étais flatté et surtout très surpris» avoue Ab-deslam. «Philippe m’a précisé que j’avais du talent etune base mentale très intéressante. Je ne l’ai pas for-cément cru tout de suite mais je me suis dit pour-quoi, après tout... En fait, il préférait lancer desnouveaux jeunes plutôt que des cavaliers plus che-vronnés mais avec de mauvaises habitudes.»A l’évidence, Philippe Rozier mise sur la créationd’un mini-centre de formation, stratégie maintesfois éprouvée. Abdeslam ne s’en plaint pas. Il faitnaturellement partie du groupe des cavaliers quePhilippe Rozier convoque pour un stage en Es-pagne. Il ne traverse pas seul le Détroit de Gil-braltar: il fait la route avec son nouveau cheval,Mowgli des Plains, qui avait déjà eu ses heures degloire avec le cavalier Patrice Planchat. Pour Abdeslam Bennani Smirès , ce n’est pas en-core la consécration, mais ça y ressemble fran-chement. Quand il participe au Sunshine Tour, àJerez de la Frontera, en clôture du premier stagenational mené par Philippe Rozier, il n’avait en-core jamais participé à une épreuve de Grand-Prix. «J’étais totalement novice et ça a créébeaucoup de jalousie et d’animosité» avoue-t-il.«Mais ça fait partie du sport de haut niveau. Si jen’étais pas capable de gérer ça, je n’avais rien à faireavec des champions.» Son seul talent n’est pas quemental. Lors du Sunshine Tour, où il concourtpour la première fois avec des barres de 1m45, Ab-deslam Bennani Smirès est seulement devancépar... Kebir Ouaddar. «Mowgli des Plains a été monprofesseur» lance-t-il. «Il m’a apporté toute son ex-périence. On a vite formé un vrai couple.»

Il serait plus juste de parler de trio entre Abdes-lam, Mowgli et Philippe d’autant plus fusionnelqu’Abdeslam prend la première décision impor-tante de ses jeunes années d’adulte. Il quitte leMaroc pour se consacrer à sa passion équine, àBois-le-Roi, en région parisienne, chez la familleRozier. «Je ne regrette pas une seule seconde» pré-vient-il. «La décision était d’autant plus difficile àprendre que mes parents étaient clairement opposésà cette idée.» Pour son père Abderrahmane,homme d’affaires reconnu et respecté qui fut Pré-sident de la Confédération Générale des Entre-prises du Maroc (CGEM) de 1988 à 1994, la pilulene passe pas.Abdeslam doit faire beaucoup de pédagogie, jouersur la corde sensible et trouver des trésors d’argu-ments. «Finalement, je l’ai convaincu et il m’a mêmeencouragé à aller au bout de mes rêves, peut-être aubout d’un certain égoïsme. Je venais de réaliser leprojet de l’Hôtel Selman que j’ai fait de A à Z. J’étaiscomplètement cramé. Il n’y a pas que le businessdans la vie. Cette expérience m’a fait avancer au ni-veau de la force mentale, de la confiance en moidans des proportions qu’on ne peut pas imaginer. Jesuis revenu plus fort. Je me suis enrichi humaine-ment. J’ai fait la rencontre de personnes exception-nelles. Aujourd’hui, j’ai plus de crédibilité pourmotiver, drainer, convaincre mes équipes. Danstoutes les formations professionnelles de cadres aux-quelles j’ai participé, on faisait le parallèle entre lebusinessman et le sportif de haut niveau. Ce n’estpas un hasard.»Il n’y a pas davantage de hasard au niveau sportif.Les retombées sont plus palpables. Elles sontmême assez exceptionnelles. Presqu’un an, seule-ment, après son premier stage auprès de PhilippeRozier, Abdeslam Bennani Smirès obtient sa qua-lification pour les Jeux Équestres Mondiaux, de

Caen. «Après ce premier stage, per-sonne n’aurait pu imaginer un tel scé-nario possible» lance Abdeslam. Laquestion de son retour au Maroc nese pose même pas. La réponse estune évidence. Il rempile pour uneannée, à Bois-le-Roi, chez les Rozier,pour préparer la grande messe mon-diale de l’équitation. Sa progression est vertigineuse. Le 5décembre 2013, Abdeslam BennaniSmirès prend la troisième place duPrestige Trophy (CSI 2*), lors de la5e édition du Gucci Paris Masters.Nelson Pessoa, l’immense star brési-lienne de l’équitation mondiale, estsous le charme. «Il est venu me félici-ter, je n’oublierai jamais ce moment-là» confie-t-il. Le 12 juin 2014, deuxmois avant les Jeux Mondiaux, Ab-deslam Bennani Smirès va encoreplus haut. Il remporte le Prix E.Le-clerc de sauts d'obstacles, comptantpour le Global Champions Tour deCannes, une des épreuves les plusprestigieuses au monde.

CASABLANCA (Villa Blanca).- Abdeslam Bennani Smirès ne regrette pas d’avoir consacré deux années de sa vie à l’équitation.

«Je suis revenu plus fort. Je me suis enrichi humainement. Aujourd’hui, j’ai plus de crédibilité pour motiver, drainer, 

convaincre mes équipes» assure-t-il

PHOTO ABDOU  ZAROUALI

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Il rejoint Kebir Ouaddar dans le cercle très fermédes cavaliers marocains s’étant adjugé uneépreuve cinq étoiles. «C’est dommage qu’il soitamateur et qu’il n’ait été professionnel que deuxannées dans sa carrière» avoue Marcel Rozier. «Ila les qualités pour être dans les tous meilleursmondiaux. Il a une force mentale assez exception-nelle qui lui permet d’être très régulier dans lesgrandes compétitions, de faire avec ce qu’il a à sadisposition sans gamberger. Il a aussi une qualitéd’écoute assez unique. C’est une vraie éponge. Et,enfin, il possède les bases d’une équitation par-faite.»C’est aux Emirats-Arabes Unis, en tournée avecKebir Ouaddar, sous la houlette de Marcel Ro-zier, qu’Abdeslam s’est qualifié pour les Jeux Mon-diaux. «Autant Philippe Rozier est mon mentor,autant Philippe est celui qui a eu l’audace de croireen moi; autant je lui dois tout, autant Marcel Ro-zier est celui qui m’a donné le plus de déclics» avoueAbdeslam. «Il possède une vraie finesse, une ma-nière unique de faire passer les messages. Sesconseils sont gravés dans ma mémoire. KebirOuaddar lui doit une grande partie de sa réussite.En fait, la beauté de leur relation, c’est que chacunrend l’ascenseur à l’autre. Quand ils se sont ren-contrés, Kebir Ouaddar était bloqué aux portes duhaut niveau et Marcel était moins considéré dansle monde de l’équitation, il était sur une sorte depente descendante.»Abdeslam est sans doute le témoin numéro un del’évolution du couple Ouaddar-Rozier et de l’as-cension unique du cavalier de Sa majesté le RoiMohamed VI. «J’ai rencontré Kebir pour la pre-mière fois, en 1993, j’avais à peine plus de dix ans»se souvient Abdeslam. «Je l’admirais. C’était lastar marocaine. Il remportait toutes les épreuves,au Royaume. Je faisais ma compétition, le matin,et j’attendais le soir pour avoir la chance de le voirà l’œuvre. Il me laissait monter avec son chevalavant ses épreuves. C’était tellement gentil et hu-main de sa part. Ça ne s’oublie pas. Kebir a tou-jours partagé, il a toujours essayé d’aider tout sonentourage.»

Vingt ans plus tard, en 2013, Abdeslam sera un ob-servateur privilégié du premier sacre de KebirOuaddar sur Quickly. «J’ai vibré avec lui, j’ai pleuréavec lui, j’ai vécu des moments uniques avec lui» ditAbdeslam, visiblement ému. «Il faut se souvenirque Kebir a beaucoup souffert lors des ses premièrescourses avec Quickly. Tout le monde se moquait delui. Tout le monde disait péjorativement: qui est cecavalier? Quand il gagné, tout le monde a retournésa veste et est venu le féliciter. Lors de son premiersuccès, Kebir est parti avec le dossard numéro un etpersonne ne l’a rattrapé. Il sortait de nulle part ets’est imposé devant les 140 meilleurs cavaliers mon-diaux. Et, dans les écuries, j’entendais: qui est ce ca-valier marocain mais, cette fois, avec du respect etde l’admiration dans l’intonation. Kebir n’est pasquelqu’un de plat ou quelqu’un qui a une vie plate.Il a sa folie à lui. Vivre toute cette aventure à sescôtés a été une leçon de vie. Avant l’éclosion de Kebir,le Maroc n’était pas considéré dans l’équitation dehaut niveau. Quand on gagnait, parfois, il n’y avaitmême pas l’hymne marocain...»

S’il retentit à Rio, lors des prochains JO, Abdeslamne sera pas là. Pour la première fois, il n’escorterapas la destinée du frère ainé. «C’est évidemment unregret» dit-il. «Mais je n’ai pas perdu espoir pour lesJO de Tokyo, en 2020. C’est un rêve plus qu’un ob-jectif. Ça passe par une qualification par équipes.Pour cela, on doit rattraper notre retard sur leQatar.» Abdeslam a rattrapé assez facilement letemps perdu dans le business. «Je dois remercierma sœur saïda qui a travaillé pour deux durant mesabsences» confie Abdeslam. «Je lui dois beaucoup.Quand j’ai eu besoin de ma famille, elle a toujoursrépondu présente.»Celui qui véhicule la réputation d’être un des céli-bataires les plus recherchés du Maroc construirabientôt la sienne. «Je ne suis pas encore prêt» dit-il.«J’ai une vie si remplie. J’ai déjà rencontré plusieursâmes soeurs. Quand je me suis consacré au cheval,ça a cassé une belle histoire. Je suis persuadé qu’onne choisit pas. Que tout est écrit.»Un peu comme la relation entre un cavalier et soncheval...

On n’arrête plus Ali Al Ahrach et son nouveau cheval, Fiston. Le so-ciétaire du Royal Club Equestre du Détroit de Tanger s'est ad-jugé le Grand Prix SM le Roi Mohammed VI de sautsd'obstacles, comptant pour le championnat du Maroc séniors,

organisé au Royal Complexe des sports équestres et Tbourida Dar Es-Salamà Rabat, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Al Ahrach asuccédé au palmarès de cette prestigieuse compétition à Abdelkebir Ouad-dar, vainqueur en 2014, après avoir bouclé les deux manches de cette épreuveen 82 sec 54/100è, avec un total de 17,34 points de pénalités. Ali Al Ahrach a devancé de justesse Abdesslam Bennani Smirès associé àMowgli des Plains et El Ghali Boukaa sur Cool Running. «Al Ahrach arécupéré son nouveau cheval, Fiston, seulement quatre semaines avantles championnats du Maroc» a précisé Olivier Desutter, l’adjoint dePhilippe Rozier, à la tête de l’équipe nationale. «Cela situe donc la por-tée de cet exploit et le potentiel du nouveau couple d’autant que Ali estun cavalier très jeune et très prometteur.»

J. L.

« Nelson Pessoa est venu me féliciter. je n’oublierai jamais ce moment-là »

PARIS (Tour Eiffel).- Bellecomplicité entre Kebir Ouaddaret Abdeslam Bennani Smirès lors du CSI 5* Paris Eiffel 2014. «Il faut se souvenir que Kebir a beaucoup souffert lors des sespremières courses avec Quickly.Tout le monde se moquait de lui...» confie Abdeslam qui a été un grand témoin de l’ascension fulgurante de Kebir Ouaddar.

LISBONNE (Coupe des nations 2014).- Dans le sillage de Philippe Rozier, Kebir Ouaddar,le Colonel Hassan Jabri, Leina Benkhraba et Abdeslam Bennani Smirès (de gauche à droite)obtiennent leur qualification pour les Jeux Équestres Mondiaux de Caen.

PHOTOS DR

Philippe Rozier et Olivier Desutter, (ci-contre) les deux experts de la FRMSE, attentifs aux belles performances de Ali Al Ahrach, (ci-dessus) PHOTOS DR

Ali Al Ahrach a trouvé son Fiston

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Page 14: Cheval du maroc Magazine

GÉRARD RIVASES, JOCKEY STAR DU HARAS ROYAL LES SABLONS,

AVEC SES 4000 VICTOIRES DES DEUX CÔTÉS DE LA MÉDITERRANÉE, SERA UNE DES TÊTES

D’AFFICHE DU PLUS GRAND MEETING DE L’ANNÉE, QUI RÉUNIRA

LES 20 ET 21 NOVEMBRE, À L'HIPPODROME ANFA DE CASABLANCA, LES PUR-SANG ARABES

ET ANGLAIS DE RENOMMÉES INTERNATIONALES. PASSIONNANT.

GÉRARD RIVASES, JOCKEY STAR DU HARAS ROYAL LES SABLONS,

AVEC SES 4000 VICTOIRES DES DEUX CÔTÉS DE LA MÉDITERRANÉE, SERA UNE DES TÊTES

D’AFFICHE DU PLUS GRAND MEETING DE L’ANNÉE, QUI RÉUNIRA

LES 20 ET 21 NOVEMBRE, À L'HIPPODROME ANFA DE CASABLANCA, LES PUR-SANG ARABES

ET ANGLAIS DE RENOMMÉES INTERNATIONALES. PASSIONNANT.

CASABLANCA (Hippodrome Anfa).- A l’image de ce magnifique emballage final dans le somptueux hippodrome de Casablanca-Anfa, en plein cœur de la capitale économique, les courses marocaines sont très populaires au delà des frontières du Royaume. «La médiatisation des courses hippiques, au Maroc, joue un rôle capital pour notre développement»dit Gérad Rivases, ci-dessous qui brandit un trophée. «Je vis au quotidien cette montée en puissance incroyabledes courses au Maroc. Aujourd'hui, le haras royal est très

attractif dans le monde entier. Tous mes amis, en France, suivent désormais les courses 

marocaines. Je suis conscient de la chance que cela représente.»

Page 15: Cheval du maroc Magazine

«gagner une CourSe au MaroC eSt PLuS fort qu'à ChantiLLy !»

gérard rivaSeS :

meeting international de courses de pur-sang 2015

hippodrome casablanca anfa / 20-21 novembre

PHOTOS DR

PAR JÉRÔME LAMY, À CASABLANCA

Page 16: Cheval du maroc Magazine

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courses hippiques

Septembre. L’été s’étire sur Casa-blanca et le soleil lèche les TwinTowers avec une gourmandisenon feinte. Il reste quelques jourspour s'alanguir au rythme desvagues, le long de la côte. Dans lequartier d’Anfa, Gérard Rivases,

jockey star du Haras Royal Les Sablons, estdéjà en piste, tour après tour, sur un hippodromedont il connait les moindres contours, les moin-dres pièges. «Même en vacances dans ma cabanedu Cap-Ferret, l'entretien physique est important»dit celui qui n’hésite pas, avant ses épreuves, àfaire un sauna ou courir autour de l’hippodromepour maintenir son poids fétiche de 54 kgs.Le mois d'octobre pointe le bout du museau, an-nonciateur d'une nouvelle grande et belle saisonéquine, pour décupler une force et une motiva-tion de jeune premier, à la découverte d’uneconcurrence nouvelle. Le jour se lève. A 66 ans,l'intensité d'une passion dévorante perdure.Comme à ses toutes premières heures, Gérard Ri-vases, star des jockeys, s'applique au sacro-saintentrainement matinal. Un acte de foi et d'amour magnifié par la force dutemps et l'expertise nourrie depuis les années 70lorsque son premier entraîneur Domingo Perea,lui fit connaître son homologue marocain, encharge des chevaux de feu le Roi Hassan II. Gé-rard Rivases ne tarde pas à rejoindre le HarasRoyal. Et la magie opère rapidement. En 1972, ilremporte le Grand-Prix Mohammed V des pur-sang arabes. «C’est le prince héritier, qui deviendraSa Majesté Mohammed VI le Roi du Maroc, quim’avait remis le Trophée» se souvient Gérard. «Lesouvenir est ancré dans ma mémoire comme unedate inoubliable dans ma vie d’homme et dejockey.» Un eldorado marocain sur les hippodromes deSouissi Rabat et d'Anfa Casablanca, qui seconjugue au présent d'une vie de jockey jalonnéed'innombrables victoires sous la casaque royale.Et au passé d’une carrière en tous points uniquepar sa qualité et sa longévité.Gérard passe une enfance heureuse. Il la partageentre le boulevard de la Plage du Cap-Ferret etParis où il chope son accent de titi. Le virus ducheval, il l’attrappe, à 4 ans, au contact d’ un onclerompu au monde des courses qui le traîne surl’hippodrome de Saint-Cloud, dans l’Ouest pari-sien.

Dix ans, plus tard, à 14 ans, c’est le temps de l’ap-prentissage avec Domingo Perea. Il suffira dequelques mois d’entraînement, à Gérard, pourplanter sa première victoire, sur l’hippodrome duTremblay (1965)... à 80 contre 1.C’est en 1974 qu’il entre dans la lumière. En si-gnant la seconde place, à Chantilly, le 9 juin, dansle Prix du Jockey Club - course la plus importantede l’époque après Le Prix de l’Arc de Triomphe etLe Prix de l’Amérique -, Gérard Rivases signe unexploit retentissant. En selle sur Dankaro, chevalappartenant à Marcel Boussac, il fait le bonheurde son entraîneur Roger Poincelet. D’autant qu’ilremporte la même année, sur l'hippodrome deLongchamp, le mythique Prix Lupin (2100 mè-tres), ancien prix de l'Empereur. Si la dernière édition du Prix Lupin s’est déroulée,en 2004, la carrière de Gérard Rivases n’a pas delimites. En France, il montera les chevaux de Mar-cel Boussac, Guy de Rothschild, le baron de Rédé,puis David de Rothschild avant d’entamer une car-rière vertigineuse, au Maroc où il remporte prèsde 3500 succès sur les 4000 qui ont jalonné sonparcours exceptionnel. Son activité récente est à la hauteur de sa carrièreglorieuse. Il accumule les succès, au Royaume. En-core aux premières loges du classement desjockeys au Maroc en 2015, il s’est imposé deux fois,à Casablanca, associé à Radan (Prix Blinis/Pur-sang anglais de 3 ans) et Badawa (Prix Nisrine –la plus belle du jour), deux sujets entraînés par JoëlSeyssel, entraîneur du Haras Royal Les Sablons,surnommé Le Sorcier.Gérard Rivases, garde un oeil affûté, aiguisé,rompu à l'exercice de précision. Prêt à concourir età conquérir de nouveaux trophées. Le meeting despur-sang anglais et arabes, retransmis en direct surEquidia les 20 et 21 novembre prochain, ouvre jus-tement une nouvelle saison de haute volée et l'ap-pétence d’un champion aux 4000 victoires dontl’ambition est intacte. «Je suis prêt» dit-il, avec lesyeux d’un enfant qu’il n’a jamais cessé d’être et unaccent de titi parisien à couper à la cravache.Compétiteur de marque et adversaire de hautrang, Gérard Rivases attend avec impatience que lanouvelle saison s'ouvre et que les pur-sang arabeset anglais de renommées internationales se re-trouvent sur le pré pour en découdre le temps d'unweek-end où le vétéran tricolore ne visera qu’uneseule et unique place: la première. Rencontre avec l’inoxydable Gérard Rivases.

Porter pour cette nouvelle saison les couleurs duHaras Royal Les Sablons est un grand honneur...C'est mon métier depuis de longues années. C'estun immense honneur. Sa Majesté le Roi Moham-med VI aime beaucoup ses chevaux et y porte uneattention toute particulière. C'est une grandechance de les monter, dans d'excellentes condi-tions.

Des couleurs qui vous ont porté vers de grandes vic-toires et des souvenirs heureux...J'ai eu la chance de vivre des épreuves et des mo-ments exceptionnels en gagnant tous les grandsprix. J'ai eu aussi la chance de monter des chevauxd'exception dont Gaia, Garrogorille, Galveston.Sa Majesté le Roi Mohammed VI partage cettepassion. Nous avons vécu de beaux et magnifiquessuccès. 1000 victoires sous le règne de feu le RoiHassan II et 2500 sous celui de Sa majesté le RoiMohammed VI.

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CASABLANCA (Hippodrome Anfa).- Gérard Rivases, qui félicite son cheval, 

après une victoire: une image maintes fois revue ces dernières années

sur les hippodromes du Royaume.«Porter les couleurs du Haras Royal 

Les Sablons est un grand honneur» dit-il.«C'est mon métier depuis de longues années. 

C'est un immense honneur. J'ai eu aussi la chance de monter des chevaux d'exception

dont Gaia, Garrogorille, Galveston. Nous avons vécu de magnifiques succès: 1000 victoires sous le règne de feu le Roi 

Hassan II et 2500 sous celui de Sa majesté Le Roi Mohammed VI.»

CASABLANCA (Hippodrome Anfa).- Gérard Rivases, 50 ans de carrière et de succès

Page 17: Cheval du maroc Magazine

#75

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Meeting international des courses de pur-sang, à l’Hippodrome de Casablanca-Anfa.- Vendredi 20 novembre: Pur-sang arabes. Samedi 21 novembre: Pur-sang anglais. Retransmis en direct sur Equidia

La médiatisation des courses hippiques au Marocavec les directs sur Equidia et le numérique joueun rôle capital à la mondialisation des épreuves...Incontestablement ! Et personnellement, je vis auquotidien cette montée en puissance incroyabledes courses au Maroc. Aujourd’hui, le HarasRoyal Les Sablons est très attractif dans le mondeentier. Tous mes amis en France suivent désor-mais les courses marocaines. Je suis conscient dela chance que cela représente. Gagner une courseau Maroc est plus fort qu'à Chantilly !

Quel est votre objectif pour le meeting internationaldes courses de pur-sang arabes et anglais organisé,cette année les 20 et 21 novembre, à Casablanca?Gagner, c'est ce qu'il y a de plus beau. Il y a uneémotion particulière et une grande envie. Ce sontdes courses de grande intensité. On se remet tou-jours en questions. Je cours pour gagner. La mo-tivation est toujours là et je sais l'importance deporter les couleurs de Sa Majesté et de tout leRoyaume. Au Maroc, mon bonheur est total. Et jerêve toujours d'être devant. Les adversaires sontune grande source de motivation.

A trois ans seulement, Amenvol entraîné par Jean-Claude Pecout, fait partie des prétendants...C'est un beau cheval. Son propriétaire AzzedineSedrati est plein de convictions, il s'investit totale-ment pour avoir les meilleurs chevaux et rivaliseravec le Haras Royal. En 2011 Skylor, monté parAbdelkader Kandoussi, s'était illustré pour rem-porter la 12e édition du Grand Prix. Azzedine Se-drati y croit. C'est un grand monsieur du mondehippique. Son entraîneur fait partie des tous meil-leurs et la compétition nous a souvent amenés àde fortes oppositions et à des finishes haletants.

Billabong, pur marocain, monte en puissance...Billabong entraîné par Pascal Bary et monté parStéphane Pasquier, est un cheval dur, né et élevéau royaume. Son propriétaire, Abdelouahed ElAlami, a de grandes ambitions pour lui. Il vautmieux que sa récente sixième place en Europe. Onne refait pas la course. En tout cas, sur la ligne dedépart, tout le monde pourra saisir sa chance...

« Amenvol est un beau cheval. Son propriétaireAzzedine Sedrati s'investit totalementpour avoir les meilleurschevaux et rivaliseravec le haras royal. C'est un grand monsieurdu monde hippique. Son entraîneur,Jean-Claude Pécout, faitpartie des tous meilleurset la compétition nous a souvent amenés à de fortes oppositionset à des finishes haletants...»

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Page 18: Cheval du maroc Magazine

#76

haras national d’el jadida

PAR IMANE CHARHADDINE, À EL JADIDA

MohaMMed ouSSidhouM dévoiLeLe nouveL haraS d’eL jadida !

C’est au milieu d’une grandeagitation aussi bruyante quepoussiéreuse, que nousavons découvert les travauximpressionnants du chantier

du Haras National d’El Jadida. Bruits de machinesà la puissance du cheval de Troie, hurlements desouvriers dans tous les sens, espaces fichtrementgarnis de briques, de fils et autres matériels deconstruction, le tout au sein d’une tornade pous-siéreuse que le vent marin adoucit sans en atté-nuer les échos. C’est dans cette ambiance auxanimations constructives que l’équipe de Chevaldu Maroc a été accueillie par Mohammed Oussi-dhoum, le Directeur du Haras d’El Jadida.Ce jeune fou fieffé des chevaux, vétérinaire de for-mation et désormais juge A à l’ECAHO (Euro-pean Conference of Arab Horse Organisation),est aujourd’hui à la tête d’un des cinq haras na-tionaux du Royaume, celui d’El Jadida (on compteen plus celui de Meknès, Bouznika, Marrakech etOujda). Cet homme épris des animaux a eu soncoup de foudre pour le cheval durant ses annéesde formation. Aujourd’hui, il dirige, avec ses col-laborateurs et dans sa circonscription hippique,toute une structure réssuscitée par la SOREC pourle développement stratégique de la filière équine,et ce avec une passion qui ne manque pas d’échap-per autant à ses mots qu’à ses actes. A l’occasiondu Salon du Cheval, la SOREC donne rendez-vous aux amoureux des chevaux pour découvrirun haras dont l’infrastructure ne fait pas de com-promis avec la perfection : elle l’incarne. C’est grâce à cet homme et à toute l’équipe qu’ildirige, que la SOREC a pu faire renaître le HarasNational d’El Jadida, haras dont la constructionremonte à l’époque du protectorat. Alors que le sa-blier se déversait avec toujours plus de pression,nous avons retrouvé Mohammed Oussidhoum etson équipe du chantier en pleine course contre lamontre. Peu de temps restant avant l’inauguration duHaras National d’El Jadida, énormément de tra-vaux encore à faire, un compte à rebours des plusstressants et par-dessus tout, un Salon d’envergureinternationale prévu pour sa huitième édition du13 au 18 octobre prochain. Malgré toutes cescontraintes, cet homme aussi généreux qu’acharnéa accepté de nous offrir un peu de son temps pré-cieux pour nous parler de l’infrastructure duHaras et des activités afférentes.

Cheval du Maroc.- Qui est Mohamed Oussidhoum,l’homme à la tête du Haras National d’El Jadidadont tout le monde attend l’inauguration ?Mohammed Oussidhoum.- Un simple monsieurqui aime son travail et dont le concours de cir-constances a fait qu’il a atterri à El Jadida avec safamille depuis quelques années. Je suis vétérinairede formation, j’ai fait mes études à l’Institut Agro-nomique et Vétérinaire Hassan II à Rabat et j’ai eumon diplôme en 1994. Après avoir eu mon di-plôme j’ai directement intégré le Haras Nationalde Bouznika. Mon arrivée en tant que directeurdu Haras National d’El Jadida est un pur concoursde circonstances. Je jouis d’une maîtrise techniqueassez conséquente et je suppose que cette expé-rience m’a valu le mérite mais surtout la respon-sabilité de cette position. Nous nous sommesinstallés ma famille et moi à El Jadida en 2012, uneannée avant le début de la reconstruction de ceHaras.

Quelles différences voyez-vous entre les Haras Na-tionaux du Royaume ?Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’exer-cer mon métier dans tous les Haras Nationaux duRoyaume. Disons déjà que nous en avons cinqdont on peut être bien fiers : Meknès, Bouznika,Oujda, Marrakech et celui là même d’El Jadida. Ettous sont inscrits aujourd’hui dans la stratégie deremise à niveau dans laquelle s’est engagée laSOREC. Le Haras Régional de Meknès est re-connu comme étant un bijou national. Il est à lafois un haras régional et une jumenterie quiconstituent une réelle plateforme pour les éleveursmais également une fierté de la ville et de la ré-gion, ne serait ce que pour sa richissime histoire.Il est l’un des plus anciens du Royaume (construitentre 1914 et 1920) et le plus appropriés à illustrerla noblesse de la filière équine au Maroc. Il faut sa-voir que le Haras Régional et la Jumenterie deMeknès s’étalent sur une grandiose superficie de67 hectares dont 30 sont consacrés à l’Hippo-drome. Ce dernier est déjà le théâtre de coursesdepuis quatre ans déjà.

Le Haras National de Bouznika a une valeur affec-tive pour vous... Le Haras de Bouznika a une valeur émotionnelle,puisque c’est le premier Haras où j’ai travaillé aprèsavoir été diplômé. C’est sur place que j’ai pu met-tre en pratique mes apprentissages, développermes compétences et aussi découvrir la dimensionmanagériale que je ne connaissais pas encore surun terrain aussi exigeant qu’un Haras National.

Globalement, chaque haras a sesspécificités...Que ce soit sur le plan de l’his-toire, de la superficie ou deséquipements, vous avez raison.Et ils sont tous aussi indispensa-bles les uns que les autres, que cesoit pour les amoureux du che-val ou pour les gens non spécia-lement sensibilisés à l’amour del’activité équine.

Racontez-nous votre expériencedans le Haras de Bouznika ?Ce fut ma première expérienceprofessionnelle. J’ai intégré leHaras National de Bouznika entant que vétérinaire. Comme jel’ai précédemment mentionné,mon sujet de thèse m’a permisde maitriser les principes del’échographie, ce qui m’a facilité la pratique del’échographie gynécologique chez la jument: étu-dier l’état de la jument. Est-elle dans son cycle ?Est-elle en chaleur ? Est-elle gestante ou non? A-t-elle déjà ovulé ou pas encore ? Est-ce que la ma-trice est propre ou pas ? Nous recevions, si messouvenirs sont bons, entre 15 et 30 juments parjour, et ce de février à juin de chaque année.

Le Haras National d’El Jadida prend forme de jouren jour depuis 2013. Que pensez-vous de cette struc-ture soumise à votre direction ? Avant de répondre à cette question, je tiens à sa-luer vivement les efforts déployés par la SOREC età sa tête son Directeur Général, Monsieur OmarSkalli, pour la remise à niveau de ses infrastruc-tures en particulier et le développement de la fi-lière équine en général. Il s’agit d’une réellevalorisation du rôle du cheval dans l’économie na-tionale mais également un engagement dans la dé-mocratisation de cette activité à fort potentiel.

RENCONTRE AVEC LA CHEVILLE OUVRIÈRE DU NOUVEL HARAS NATIONAL D'EL JADIDA. OUTRE SA CASQUETTE DE DIRECTEUR, MOHAMMED OUSSIDHOUM EST AUSSI UN JUGE RESPECTÉ, SPÉCIALISÉDANS LE PUR-SANG ARABE, ET UN AMOUREUX DE LA FILIÈREÉQUINE QU'IL DYNAMISE AUX CÔTÉS DE LA SOREC.

Page 19: Cheval du maroc Magazine

haras national d’el jadida

#77u

Vous considérez-vous comme un cavalier ? Je ne vous cache pas que le travail occupe énor-mément de temps dans ma vie. Il empiète mêmesur ma vie privée et familiale. Toutefois, dès quej’ai la possibilité de monter à cheval, je ne la ratesous aucun prétexte. Je ne dirai pas que je suis uncavalier confirmé, ce serait trop prétentieux toutde même. Je fais parfois des randonnées à chevalavec des amis et aussi de l’endurance.

Et qu’en est-il de la carrière du juge MohammedOussidhoum ? La carrière de juge est une autre casquette, maisreste toujours inscrite dans le cadre de l’activitééquine. Il s’agit de l’ECAHO (l’European Confer-ence of Arab Horse Organizations) où l’on devientjuge spécialisé dans le pur-sang arabe. Là, je viensd’avoir mon statut de Juge A en Pologne.

Et si l’on enlevait la casquette de directeur de HarasNational d’El Jadida et celle de juge pour ne parlerque de Mohamed Oussidhoum, l’homme ?Vous savez, chacun est à soi même le plus éloigné.Mais si je suis obligé de répondre, je dirai que jesuis un passionné du travail, que j’aime ma famillemême si je ne passe pas beaucoup de temps avecelle. Je suis une personne très pointilleuse et jepeux parfois même être enquiquineur. Je supposeque c’est dû à mon côté perfectionniste qui veutque tout soit exactement comme il faut. Si je de-vais parler des qualités, je dirais que je suisquelqu’un de modeste et curieux qui aime beau-coup apprendre. Je me permets aussi de mettre ladimension de la compétence et de l’expérienceprofessionnelle dans la même liste.

Si vous deviez avoir un cheval à vous, quelle racechoisiriez vous ? Question très difficile, ce n’est pas si accessible quecela d’avoir un cheval. (Rires !) Mais si je devaischoisir, je dirai un barbe ou un pur-sang arabe.

Parlez-nous de votre amour pour le cheval... Héri-tage familial ou passion personnelle ?Sincèrement, personne dans ma famille n’est éprisdes animaux en général, encore moins par le che-val, si ce n’est ma femme qui est également vétéri-naire. Ma passion pour le cheval s’est révélée lorsde la préparation de mon projet de thèse docto-rale, qui portait sur l’échographie du boulet et dupaturon chez le cheval. Cet amour pour cet ani-mal aussi noble que fier a pris davantage d’am-pleur lors d’un stage que nous avons effectué auniveau de l’Ecole Royale de Cavalerie, à Témara.Pendant six mois, nous avons eu la chance de pra-tiquer l’équitation dans les règles de l’art. Ce futinoubliable, avec un régime militaire, j’ai été initiéaux pratiques de l’équitation : terrains variés sansétriers, sauts d’obstacles, concours complet, etc…Mais cela n’a duré que six mois : Comme quoi,toute bonne chose a une fin. (Rires !)

Quels seront les grands atouts du nouvel haras d’ElJadida qui promet de devenir une des grandes fier-tés de la filière équine marocaine?Ce Haras, construit en 1931 par le protectoratfrançais, sera un vrai joyau. Tout a été démoli et lareconstruction a commencé depuis les fondations.Quatre entreprises mènent en parallèle l’activitéde construction et chacune s’occupe d’un voletparticulier : bâtiments, aménagements extérieurs,espaces verts et paddocks. Au niveau de la struc-ture, il faut admettre qu’elle est très bien équipéeet surtout bien fonctionnelle : 4 écuries pour lesétalons, 2 écuries pour les juments, un pôle éle-vage armé de son équipe et de son système infor-matique pour traiter tous les dossiers des chevauxet répondre aux doléances des éleveurs, un com-plexe de reproduction, des paddocks de détente,des aires d’exercices des étalons pour assurer leurbien être, etc….

«je tiens vivement à saluer les efforts déployés par la SOREC pour lE développement de la filièreéquine. Il s’agit d’une valorisation du rôle du cheval dans l’économie nationale mais aussi un réel engagement dans sa démocratisation.»

Le Haras d’El Jadida(perspective), dessiné par les soins de l’architecte du projet, Monsieur Mohammed Hariri,sera un merveilleuxoutil de travail pour son directeur Mohammed Oussidhoum (ci-contre et ci-dessus)

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Page 20: Cheval du maroc Magazine

#78

femme et cheval

«Deux hommes ont changé ma vie, Christian, mon mari, et Omar Skalli qui a rendu mon rêve réalité, je leur dois une grandereconnaissance.»

Désormais, elleremplit les pa-piers administra-tifs ou les fichesd’immigration,

aux aéroports, avec un plaisir nonfeint. A la rubrique profession, elleécrit : jockey. Forcément, ça attise lacuriosité de ses interlocuteurs. C’estque Bouchra Marmoul est la pre-mière femme-jockey professionnelle,au Maroc !Et si elle est devenue spécialiste descourses sur plat, elle n’a pas moins dûsauter de nombreux obstacles pourépouser la carrière. On citera pêle-même le sexisme de la profession, lesblessures physiques, le frein familial,la barrière sociale, le défi sportif, lechoc culturel... «Avoir affronté toutesces difficultés est sans doute ma plusbelle victoire» confie Bouchra.Dire que rien ne la prédestinait à pa-reil job est un euphémisme. Celle quia désormais les lignes d’arrivéescomme horizon a passé une enfancesans perspective. Rachid, le papa, estmenuisier quand Saida, la maman,est femme au foyer. Rachid se batpour élever ses deux filles et ses qua-tre garçons. Bouchra est scolarisée àl’école primaire Bahbha située dansle village El Ghorba, près d’El Jadidaoù elle est née au printemps 1991.Le déménagement de la famillel’éloigne de l’école secondaire. Fautede moyens de transports, il faut mar-cher plusieurs kilomètres, quatre foispar jour, pour étudier. Elle ne rêvepas encore de galoper mais d’un vélopour rouler. Il ne viendra pas. Ellejette l’éponge, à 13 ans, et se déscola-rise. Son rêve de devenir vétérinaire,pour assouvir sa passion des ani-maux, s’envole. Il lui semblait plusutile d’aider Saida, à la maison. «Mesparents ne m’ont rien demandé, j’aitoujours pris mes décisions seule»avoue-t-elle.Elle devient employée de maisonchez les amis de la famille. L’adoles-cence file, à Douar Gharbia, où ellegrandit, juste derrière l’hippodromeLalla Malika. Un douar qui a vu naî-tre une kyrielle de jockeys, qui ontpeuplé les écuries du Royaume, àl’instar de Saïd Madihi. «El Jadida,c’est un peu la Normandie française»dit Bouchra. «J’ai grandi dans cetteambiance de chevaux et de coursesqui ont lieu, chaque mercredi, à l’hip-podrome Lalla Malika. Je les regar-dais passer. Mon souhait, c’était de lescaresser, même pas de les monter.»

Celle qu’il faut désormais appelerBouchra Marmoul-Vaugeois s’estdonnée les moyens de ses ambitions.Elle s’est entraînée en montant troischevaux le matin, avant de s’occuperde leur entretien l’après-midi. Sur-tout, elle a appellé la SOREC (SociétéRoyale d’Encouragement du Cheval)pour devenir jockey. La réponse estpolie mais pas celle espérée. On l’invite à envoyer un courrier.Elle l’adresse à Omar Skalli, le direc-teur général. Non seulement, c’est leboss mais il possède, également, uneouverture d’esprit et une vision no-vatrice de l’évolution de la filièreéquine. «J’ai toujours pensé qu’il étaitdommage que le Maroc ne possèdepas de jockeys féminines» dit OmarSkalli. «Et Lara Sawaya qui organise,chaque année, à Casablanca, uneétape de l’épreuve Sheikha FatimaBint Moubarak Ladies World Cham-pionship, me l’a souvent rappelé...»Bonne pioche pour Bouchra.Quelques jours plus tard, elle estconvoquée, à l’ancien siège de laSOREC, à Rabat, dans le Haut-Agdal. Le test passé avec le respon-sable technique des courses est uneformalité. Elle obtient sa licence, enfévrier 2014 et entre dans l’histoire.«Deux hommes ont changé ma vie,Christian, mon mari, et Omar Skalliqui a rendu mon rêve réalité, je leurdois une reconnaissance totale» ditBouchra.Les jockeys ne tarderont pas à la luiaccorder, aussi. Dès sa premièrecourse de pur-sang arabes, à l’hippo-drome Souissi, à Rabat, elle surprendson monde en s’offrant une sixièmeplace sur douze partants. «Ma pre-mière jument de course s’appelaitLalla Saïda, je m’en souviendrai toutema vie» dit Bouchra. Elle oublieravite son échec dans sa deuxièmecourse, à Casablanca. D’ailleurs, laSOREC n’hésite pas à l’engager audépart de la manche marocaine del’épreuve Sheikha Fatima Bint Mou-barak Ladies World Championshipoù 13 filles de 52 pays se disputent letitre mondial. «Quand j’ai vu les fillesseller, monter leur cheval, je n’ai pasété impressionnée...» confie-t-elle.

SabotS aiguiLLeSFEMME DE MÉNAGE PUIS FEMME D’ÉCURIE,BOUCHRA MARMOUL EST AUJOURD’HUI

LA PREMIÈRE FEMME-JOCKEY DU ROYAUME.LA DOUKKALIE A MÊME REMPORTÉ UNE ÉPREUVE

MONDIALE, À VARSOVIE, AVANT L’ÉTÉ...

A l’automne 2008, quelques se-maines avant le premier Salon duCheval d’El Jadida, son destin bas-cule. Christian Vaugeois, un éleveurde la ville, a besoin de Rachid pourla construction de son stand. Le ren-dez-vous a lieu en présence deBouchra, qui profite de ses faiblescapacités en Français, pour lui de-mander du travail. Il a bon cœur etl’emploie comme femme de ménage.«Comme j’aime les animaux, je mesuis vite familiarisée avec cet envi-ronnement» se souvient Bouchra. «Jevoulais tout apprendre sur les che-vaux. J’étais si curieuse..»

Son employeur décèle des aptitudesrares et lui donne sa chance. Trèsvite, il la dispense des tâches ména-gères et la charge de s’occuper desécuries. Femme de ménage, Bouchradevient «garçon d’écurie». Christianlui apprend à dresser les chevaux et àles monter. «Les débuts ont été labo-rieux» avoue Bouchra. «Mes parentsétaient choqués. Ils avaient peur pourmoi. Quand je me suis fracturée laclavicule en chutant, il ont voulu quej’arrête ! Je me suis accrochée...».Christian lui apprend aussi la languefrançaise. Il a fini par l’épouser, cetété...

PAR JÉRÔME LAMY

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Que ce soit, à Abou Dhabi, avec les meilleurs jockeys du monde (1) ou le SheikhMansoor et Lara Sawaya,l’organisatrice du Mondial(4), ou à Londres (3 et 4), Bouchra Marmoul a parfaitement représenté le Maroc. Elle a même trouvé le temps de faire du tourisme dans la capitale anglaise  (2).

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club cheval

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CAVALIER ÉMÉRITE, ARCHITECTE RECONNU, GHALI CHAOUI PRÉSIDE AUX DETINÉES DE L’ETRIER DE CASABLANCA

DEPUIS DEUX ANS. RENCONTRE AVEC UN JEUNE DIRIGEANT QUI NE MANQUE NI D’AMBITIONS, NI D’IDÉES POUR CONSTRUIRE UN AVENIR À LA HAUTEUR DU PASSÉ GLORIEUX DE L’ETRIER.

Elle aurait eu tort de l’être. Malgré lestress de l’événement, elle s’adjuge uneétonnante troisième place. «Il faut savoirque la Sud-coréenne Keumjoo Lee, qui s’estimposée, comptait 300 victoires à son pal-marès, et sa dauphine, l’Allemande TamarHofer, 150.» A Londres, en avril 2014,lors de l’épreuve suivante, elle fait sonbaptème de l’air. Elle quitte le Marocpour la première fois, découvre un autrepays, fait un peu de tourisme et monte ànouveau sur la troisième marche du po-dium, sur l’hippodrome de Newbury. C’est suffisant pour obtenir une invita-tion pour participer à la finale, à AbouDhabi, en novembre dernier. La chances’arrête au tirage au sort. Elle hérite d’uncheval très difficile. «Je suis sortie desboîtes en quatrième position, et j’ai gardécette place jusqu’au bout» expliqueBouchra, pas peu fière du chemin par-couru.La progression de la Doukkalie n’a pas delimites. Montant le cheval Wasilew, elles’est imposée, au mois de mai, à Varsovie,lors de la manche polonaise de la SheikhaFatima Bint Moubarak Ladies WorldChampionship. Du coup, Bouchra va, en-core, représenter le Maroc à la finale duMondial qui aura lieu au mois de no-vembre prochain à Abou Dhabi. «Le lieusera le même mais mes ambitions serontdifférentes» glisse Bouchra.La jeune championne qui n’oublie pasd’être une jeune femme de son époqueaurait tort de ne pas voir la vie en lettresmajuscules. Une semaine après son sacrepolonais, elle a réalisé un petit exploit surun 1900m, à Casablanca-Anfa. Elle adompté Hyssorova, sa jument réputée co-riace. Elle a surtout résisté à un faux-dé-part. «J’ai été la première à réussir àm’arrêter, ce qui m’a permis d’économiserma jument et prendre un belle quatrièmeplace» précise Bouchra.Autant de résulats probants devraientfinir par convaincre les écuries maro-caines de lui faire confiance. C’est songrand combat. C’est aussi celui de laSOREC qui va lui offrir un stage. «Je re-mercie Zakaria Loi, Stéphanie des écu-

ries Laraki et Tarik de l’écurie Zarganequi m’ont donné ma chance et des

conseils» dit Bouchra. «J’aigagné en confiance, en expé-

rience, en force, en souplesse.Et je ne rêve que d’avoirl’occasion de le prouver.Pour l’instant, ce métier achangé ma vie, il m’a ou-vert sur le monde mais il

ne me permet pas encorede payer mes factures.»

L’eLdorado du ChevaL

L’étrier de CaSabLanCa,

RABAT (Dar Essalam).- Vainqueur de l'épreuve 1.15 du CSI 1* du Morocco Royal Tour2015 , à Rabat, du prix SAR la Princesse Lalla Asmaa 2015, et de la Coupe du Maroc (catégorie A) de sauts d’obstacles, en 2014, Ghali Chaoui, le Président du club de l’Etrier de Casablanca, est un des meilleurs cavaliers marocains.

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Bouchra Marmoul et Omar Skalli.

PAR IMANE CHARHADDINE, À CASABLANCA

Page 22: Cheval du maroc Magazine

#80

club cheval

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Bienvenue dans le nec plus ultra. llus-tre adresse des équidés de Casa-blanca et sa région depuis les annéescinquante, le club équestre l’Etrierest reconnu comme l’une des meil-

leures adresses pour les férus du cheval à travers leRoyaume. Entre les grands noms qui s’y sont for-més, les infrastructures qui ne cessent de se réno-ver et la permanente amélioration des prestations,le Club l’Etrier ne cesse d’être sous les feux de larampe. Beaucoup admettent avoir aimé l’équita-tion grâce à ce lieu aux recoins paisibles et auxchevaux sublimes. Cheval du Maroc s’est offertune échappée sur place pour rencontrer le prési-dent aux efforts applaudis, Ghali Chaoui. Cavalier émérite de sauts d’obstacles, GhaliChaoui a posé son nom au palmarès de la Coupedu Maroc (catégorie A) de sauts d’obstacles, en2014, sur le cheval Quatro Louvo et du prix SARla Princesse Lalla Asmaa, en 2015, devant Ali AlAhrach. Avec Mohamed Azzoum, Badr Khiati etSamy Colman, il a remporté, aisément, cet été lafinale du championnat du Maroc des clubs, devantle club d'Oued Ykem de Soukaina et... KebirOuaddar. Surtout, Ghali vient de signer un exploiten remportant, avec Quatro Louvo, l'épreuve 1.15du CSI 1* du Morocco Royal Tour, à Rabat !Architecte reconnu, Ghali Chaoui préside auxdestinées de l’Etrier de Casablanca depuis deuxans. Rencontre avec un jeune président qui nemanque ni d’ambitions, ni d’idées pour construireun avenir à la hauteur du passé glorieux del’Etrier.

Cheval du Maroc.- Etes-vous un passionné du chevalou seulement un responsable administratif ?Ghali Chaoui.- Je suis un réel passionné de che-vaux, je monte à cheval depuis l’âge de dix ans ausein même du Club l’Etrier à Casablanca. En qua-lité de cavalier amateur, j’ai déjà participé à denombreuses compétitions, à la fois nationales etinternationales. Pour revenir au Club et à ma po-sition sur place, la présidence de l’Etrier constituedavantage un devoir qu’un statut. J’ai grandi ausein de ce club, j’y ai appris à aimer les chevaux etles approcher. Ce lieu m’a offert de très beaux mo-ments qui restent indélébiles. Par conséquent il estnormal de vouloir accomplir le maximum dechoses possibles pour améliorer le club, lui consa-crer autant de temps possible et de m’y engager : ily a avant tout une histoire d’amour qui m’y lie.

Pouvez-vous nous parler de la création de cette belleadresse équine qui date des années cinquante ? C’est en effet l’un des plus beaux clubs équestresdu Royaume, grâce à ses installations respectantles normes internationales et son histoire. Ce cluba été un incubateur qui a produit de grands cham-pions de l’équitation. Nous avons la chance d’avoirpour adresse la ville de Casablanca, capitale éco-nomique du Royaume. Ceci draine un grandnombre de cavaliers disposés à investir pour réus-sir dans ce sport. Nous recensons aujourd’hui en-viron 500 adhérents et attestons une capacitéd’accueil de 200 chevaux.

L’école d’équitation EQUIMAJIC connaît un grandsuccès. D’où est-venue l’idée de créer une école ? Lors de mon arrivée à la tête de l’Etrier de Casa-blanca, nous avons vite constaté les membres ducomité et moi-même, l’intérêt d’avoir une forma-tion de qualité si l’on veut améliorer la position del’Etrier, et donner une crédibilité à notre forma-tion de cavaliers champions. Equimajic, l’écoled’équitation du Club, est placée sous l’égide deMajid Jaidi, qui est lui-même un cavalier profes-sionnel. Son expérience, son équipe qualifiée etses compétences lui permettent aujourd’hui d’ap-porter un excellent accompagnement en matièrede formation de nos futurs champions.

Comment jugez-vous le le développement de l’acti-vité équestre?L’activité équestre connaît un réel essor depuisl’arrivée à la tête de la Fédération Royale Maro-caine des Sports Equestres de Cherif Moulay Ab-dellah Alaoui. En effet, lors de ces dernièresannées, tout a été mis en place en faveur d’unmeilleur positionnement du Maroc à l’échelle in-ternationale. Et, aujourd’hui, le Maroc est consi-déré comme une nation équestre majeure àtravers le monde. La FRMSE gère les activités dela Tbourida, d’endurance, de sauts d’obstacles, dudressage et du reining. Le monde des chevaux decourses et de l’élevage connaît également unenette avancée grâce à la Société Royale d’Encou-ragement du Cheval dirigée de main de maîtrepar Omar Skalli. D’importantes infrastructuressont nouvellement réalisées afin de permettre auxprofessionnels et amateurs d’évoluer dans lesmeilleures conditions.

La valeur ajoutée de l’Etrier, c’est le bien-être deschevaux et des membres... Le bien-être des chevaux passe obligatoirementpar la qualité des infrastructures mises à disposi-tion. Cela va des écuries jusqu’aux pistes de tra-vail, où il est impératif de respecter les normesinternationales. Les chevaux sont des animaux ex-trêmement sensibles qui nécessitent une attentioncontinue et particulière. Nous essayons égalementde former et de sensibiliser le personnel sur lessoins quotidiens à prodiguer à nos chevaux.Quant aux membres du Club l’Etrier, ils sont ac-cueillis dans un cadre bien agréable, en plein cen-tre de Casablanca, donc l’accès ne doit pas poserde problèmes. Nous avons plusieurs catégories demembres : les cavaliers, les propriétaires de che-vaux mais aussi des membres qui viennent seule-ment pour profiter du spectacle et de l’expérienceunique qu’offre le cheval.

Ghali Chaoui vient de signer un bel exploit en remportant, avec son magnifique cheval 

Quatro Louvo, l'épreuve 1.15 du CSI 1* du Morocco Royal Tour, à Rabat, (photo du haut).Histoire de montrer l’exemple au sein de l'Etrier 

qui est un des meilleurs clubs formateurs où les petits sont chouchoutés.

PHOTOS DR

«L’activité équestre connaît un réel essor depuis l’arrivéeà la tête de la FRMSE de Cherif Moulay Abdellah Alaoui. En effet, lors de ces dernières années, tout a été mis en place en faveur d’un meilleur positionnement

du Maroc à l’échelle internationale. Et, aujourd’hui, le Maroc est considéré comme une nation équestre majeure à travers le monde.»

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un artiSte aMoureux du ChevaL !MohaMed Mourabiti

PHOTOS A.  MOKHTARI

PAR IMANE CHARHADDINE, À TAHANAOUT

TAHANAOUT (Al Maqam).-Pour notre séance photos,le peintre Mohamed Mourabiti a accepté de faire visiter son atelier... à son cheval barbe.Document unique...

AL MAQAM N’EST PAS SEULEMENT

UNE RÉSIDENCE D’ARTISTES OÙ IL FAIT BON

SE RENDRE POUR RENCONTRER LE DÉLICIEUX

MOURABITI. AL MAQAM EST AUSSI

LE ROYAUME DES CHEVAUX : CINQ

SPLENDIDES BARBES AUSSI PUISSANTS

QUE MAJESTUEUX. «QUAND J’ÉTAIS ENFANT,

JE RÊVAIS DE DEUX CHOSES : LE LUTH ET LE

CHEVAL» CONFIE LE CÉLÈBRE PEINTRE

QUI A DÉCIDÉ DE JOUER LA CARTE

DU TOURISME ÉQUESTRE.

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#82

star et cheval

u

En voila un nomqui ne manquepas d’avoir aumoins une réso-nance dans la

région de Marrakech TensiEl Haouz  : Sidi MohamedMourabiti. Certains le connaissent sousla casquette de l’artiste dontles expositions sont toutsimplement immanquables.D’autres sursautent en en-tendant son nom et mêmel’admirent quand on men-tionne le concept d’une rési-dence d’artistes, Al Maqam.D’autres encore s’émoustil-lent à décrire son amabilité,sa convivialité et son sens del’humour. Mais qui connaîtsa passion légendaire pourles chevaux, excepté sesproches ?C’est ce que MohamedMourabiti nous a laissé dé-couvrir lors d’une entrevue :le cheval est une passion in-time dont les racines re-montent au plus jeune âge.Artiste peintre et sculpteurde renommée internatio-nale, Mohamed Mourabitiest natif de Marrakech.Après avoir grandi à Casa-blanca, un retour auxsources l’a convoqué à laterre des chants nocturnes,à la ville de l’art et de l’éva-sion, sa natale douce Marra-kech.

Il a trouvé un blanc qui réussit à donner de l’éclatà la lumière de ses tableaux. Par la couleur, sou-vent rouge brique, les toiles de Mourabiti ren-voient à la ville rouge de Marrakech, non loin deTahanaout et de sa résidence d’artistes.

Al Maqam n’est pas seule-ment une résidence d’ar-tistes où il fait bon se rendrepour rencontrer Mourabitiou pour se délecter de l’airdu temps. Al Maqam estaussi le royaume des che-vaux  : cinq splendidesbarbes aussi puissants quemajestueux. «Quand j’étaisenfant, je rêvais de deuxchoses : le luth et le cheval»confie-t-il.Aujourd’hui, à peine 40 ansrévolus, cet artiste féru deformes et de chants ances-traux collectionne déjà plu-sieurs instruments des plusgrands compositeurs, et achoisi d’abriter au sein de sarésidence ces charismatiquesbarbes si distingués. Entre la sensibilité dont ilsfont preuve à l’égard de ceuxqu’ils sentent proches et lagrâce de leurs gestes, Mou-rabiti est sous le charme.«Les chevaux sont des êtresd’une infime sensibilité aveclesquels le comportement sedoit d’être sincère et interac-tif» confie-t-il. «Je m’en oc-cupe et je les chéris comme onchérit une personne proche,tellement ils ne laissent au-cune place à l’indifférence.Ivresse et sensibilité sont lesmaîtres mots qui régissentcette relation de l’artiste Mo-hamed Mourabiti avec sesquatre étalons et une ju-ment.

Son retour et son installation à la périphérie de laville, loin de l’agitation urbaine et plus exactementdans la région de Tahanaout, ont permis d’offrirune proximité à ses amis et admirateurs sans pourautant le contraindre à abandonner la quiétudequ’il a choisi d’habiter, Al Maqam. Mentionnonsque Mohamed Mourabiti a mené une longue car-rière dans le monde de l’entreprise, avant de déci-der de démissionner, du poste de directeurgénéral, pour se consacrer entièrement à l’art. Il ad’ailleurs soufflé sa quinzième bougie de contri-bution sur la scène artistique marocaine et inter-nationale. Ses œuvres ont intégré plusieurscollections publiques et privées parmi lesquelles:le Musée national d’Amman, le Musée FAAP deSao Paulo, la Fondation Sachoua Foundation àLondres ou la Fondation Viscusi Anthony Margoà New York.Les tableaux de Mourabiti se caractérisent par uneéconomie dans l’utilisation des couleurs. Dans sesdernières peintures, il a évolué vers des tons pluscristallins, moins fougueux.

La concrétisation d’une passion enfouie depuisson jeune âge permet à l’artiste d’inculquer à sesenfants l’amour de ce noble animal. Il n’en de-meure aucunement possessif. Mohamed envisaged’offrir prochainement à ses invités la possibilitéde monter à cheval, lors de leurs séjours à Taha-naout. Son idée est d’un romantisme digne d’unartiste comme lui : s’offrir des randonnées à che-val au lever et au coucher du soleil. «Évidemment,je pense surtout aux couples mais je ne priverai per-sonne de ce plaisir» dit-il avec la générosité d’uneâme sensible, qualité qu’il nous confie retrouverchez les chevaux . Vivement donc le tourisme équestre à la modeMourabiti qui fera renaître de si exceptionnellestraditions, notamment les balades à cheval noc-turnes et matinales. Si l’essor du tourisme vert estaujourd’hui une réalité au Maroc, on n’est pas in-quiet pour le tourisme équestre. Surtout si despersonnes aussi engagées que l’artiste MohamedMourabiti acceptent de relever le défi avec autantd’amour et de dévouement.

on n’est pas inquiet pour le tourisme équestre. Surtout si des personnes

aussi engagées que l’artisteMohamed El Mourabiti

acceptent de relever le défiavec autant d’amour et de dévouement.

Vivement un tourisme équestre à la mode

Mourabiti.

PHOTOS A.  MOKHTARI

TAHANAOUT (Al Maqam).-Mohamed Mourabiti partage

avec sa fille, Chérifa, la passion pour ses quatre étalons 

et une jument qui ont fait de la résidence d'artistes 

leur royaume.

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