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1 Récit de vie : Mireille Miltsztayn une travailleuse de la WOL dans la zone interdite des Ardennes pendant la Seconde Guerre Mondiale

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Récit de vie : Mireille Miltsztayn une

travailleuse de la WOL

dans la zone interdite des Ardennes pendant la Seconde

Guerre Mondiale

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Sommaire

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Avant – propos

En mai 2018, dans le cadre d’un projet interdisciplinaire consacré aux

travailleurs de la WOL, les élèves de Première Gestion Administration du

lycée Jean Moulin de Revin ont rencontré la nièce d’une déportée. Mireille

Miltsztayn, qui porte le même prénom que sa tante, leur a raconté ce récit de

vie. Lors de cette rencontre unique, Mireille leur a confié la difficulté de se

construire en portant l’identité d’une tante qu’elle n’a jamais connue.

Comment peut –on se construire lorsque l’on porte un prénom hommage

s’interroge Mireille ?

En septembre 2018, l’enseignante de français de cette classe a proposé aux

élèves, désormais en Terminale, de poursuivre le travail en l’incluant dans

l’objet d’étude « Identité et Diversité ». Il fallait comprendre le parcours de

Mireille jeune déportée dans la Rafle des Ardennes et saisir ce roman familial

qui a permis à Mireille, sa nièce, de se construire.

« Le roman familial » qui participe à la construction de l’identité

individuelle, comporte des silences, des non-dits lorsque la charge

émotionnelle et la peur sont trop fortes. Cependant ce mode de transmission

permet non seulement de laisser une trace dans le cercle familial mais se

pose également comme un témoin incontestable de l’Histoire.

Ainsi se construit la mémoire collective, celle qui permet, par exemple de

continuer à faire vivre Chaya / Mirla, née à Ilza en Pologne le 10 février 1923.

Son prénom signifie « la vie » en Yddish.

Nous vous invitons à partager son récit de vie.

Les Terminales Gestion - Administration

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Photo de Mireille en 1943

Je m’appelle Chaya Mirla Miltsztayn, je suis née le 10 février 1923 à Ilza en Pologne, et je

suis juive.

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Mes parents, mon frère et moi avons quitté la Pologne pour la France environ 2 ans après

ma naissance en 1925, pour fuir les pogroms, ces persécutions violentes contre juifs. Un

pogrom signifie saccage des biens, destruction de l’habitat, humiliations et assassinats,

ceci avec la complicité des instances politiques en place. Nous sommes partis pour sauver

notre vie et assurer notre tranquillité.

Annette, Maurice et Rosette, mon frère et mes sœurs sont nés à Paris après notre arrivée.

Nous habitons à Paris , Passage Prévost dans le 13ème.

Photo du Passage Prévot situé à Paris 13ème ( aujourd’hui démoli)

Pour une intégration rapide, j’abandonne mon prénom Chaya Mirla pour un prénom

français, Mireille. J’abandonne aussi le nom de ma mère : RUBINOVITZ, que je porte

puisque mes parents ont contracté un mariage religieux. Je m’appelle désormais MIREILLE

MILTSZTAYN. Mon père, Jacob, ma mère, Sarah, mes frères et sœurs et moi sommes

considérés comme des réfugiés.

Le 1 er septembre 1939, la guerre est déclarée. Hitler, en Allemagne et Pétain, en France,

sont au pouvoir.

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En 1940, l’agriculture ardennaise est sous contrôle des nazis. 129 chefs de culture

allemands prennent en charge les fermes ardennaises. Le 4 octobre 1940, les première lois

anti-juives sont mises en place. Elles ont pour but d’exterminer la race juive. Nous sommes

le 14 mai 1941, la première « rafle » a eu lieu. C’est la convocation du « Billet Vert ». Ces

« billets verts » sont envoyés à tous les juifs étrangers mâles. Ceux qui se rendent à la

convocation sont arrêtés.

C’est le cas de mon frère aîné Gabriel qui se fait appeler Marcel.

Nous sommes le 16 juillet 1942, la rafle du Vel d’Hiv a eu lieu et des milliers de juifs sont

arrêtés par la Gestapo.

Ma famille et moi, nous nous sommes cachés dans la blanchisserie de celle qui sera je

l’espère, ma belle-sœur Lucienne Daniel. Elle se situe au 16, Rue Moulin des Prés, Paris 13

ème.

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Photo de la blanchisserie en 1942

Je suis à gauche, Lucienne à droite, derrière mon frère aîné Marcel

Lucienne nous rapporte à manger car nous devons rester cachés.

Nous pouvons nous faire arrêter à tout moment.

Désormais, les jours, nos jours, sont comptés. Mon père découvre un prospectus avec une

annonce pour travailler en tant qu’ouvrier agricole dans le Rethélois, dans les Ardennes.

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Mon père Jacob, Ma mère Sarah Mon frère Maurice et moi partons pour les Ardennes,

dans le village de Faillicourt.

Marcel lui doit rester caché après son évasion du camp de Beaune la Rolande suite à la

convocation du « Billet Vert ». Mes deux plus jeunes sœurs Annette et Rosette restent

également à Paris.

Fraillicourt dans les années 1940

Nous ramassons des pommes de terre, des betteraves dans les champs. Nous portons des

sacs de blé de 50 kilos. Les journées de travail durent 12 heures.

Jacob

Mon

moMon

Maurice

moiMireil

le

S Sarah

arah

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Quelques temps après, lors d’un bal clandestin, je rencontre un violoniste polonais, donc

catholique, Victor, j’ai 19 ans …

Ce samedi soir, ma vie a changé. Nous sommes tombés amoureux, c’est le COUP de

FOUDRE.

Nous avons dansé sur le « Tango jalousie ». Nous promettons de nous revoir. Victor, mon

premier et unique amour.

Le matin du 04 janvier 1944, le chef de culture allemand nous demande de nous rendre à

l’appel en portant pour la première fois notre étoile jaune. Mon père veut se présenter

seul. Mais, je décide de me présenter avec lui pour ne pas le laisser partir seul.

Nous sommes le 4 janvier 1944. Papa et moi partons pour Drancy, dans un camp avec

beaucoup de monde.

Nous sommes le 20 janvier 1944, papa et moi montons dans des wagons à bestiaux pour

Auschwitz, dans le convoi N° 66.

Nous arrivons dans la nuit du 22 janvier 1944. Je suis assassinée dès mon arrivée au camp.

Je ne sais pas où est mon père.

J’ai écrit 3 lettres à ma mère, mes sœurs, mon frère et surtout à Lucienne, la blanchisseuse

qui est la seule à pouvoir nous aider.

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Lettre n° 1 de Mireille

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Lettre 1 : départ de la gare de Charleville

Mes très chers tous,

De Rethel, on nous a mené à Charleville.

Je suis dans un café avec un gendarme fr. mes

bagages sont dans les wagons à bestiaux.

J’aurai fuit si papa le ferait avec moi mais comme

ça…

Maurice et maman y aurons peut être échappé. Tant

mieux pour eux.

Je crois que nous partons sur Drancy.

Je crois que maman et le petit sont à Fraillicourt.

Je ne peux en mettre d’avantage, je crois que je perds

la tête.

Adieu, mes adorés.

Ne pleurez pas. Ayez courage les enfants nous nous

reverrons.

Pauvre maman elle ne le supportera pas. Elle ne sait

même pas ou nous sommes.

Encore des bises de votre sœur qui vous aime

Mireille

Papa vous embrasse.

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Nous sommes le 22 février 1946 et je suis alors déclarée « toujours pas

rentrée ».

Nous sommes le 13 février 1952, je suis déclarée « disparue ».

Il faudra attendre l’arrêté du 18 septembre, 1995 publié au journal

officiel n°296 du 21 décembre 1995 page 18496, pour que figure la mention

« Mort en déportation » sur les actes de décès.

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Acte de disparition

Photo du mur au mémorial de la Shoah

Mémorial de la Shoah, 17 rue

Geoffroy L’Asnier à Paris.

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Photo de la plaque commémorative de Seraincourt en Octobre 2013

Á droite mon frère Maurice qui avait 16 ans en 1944

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Remerciements

Mireille Miltsztayn et Christine Dollard – Leplomb . Mai 2018

Rencontre pour notre travail sur les Identités de Mireille et Mireille. Décembre 2018

Photo

La classe de TGA et l’équipe enseignante qui l’a accompagnée remercient vivement Madame

Mireille Miltsztayn pour les nombreuses photographies mises à notre disposition, ainsi que

Madame Christine Dollard –Leplomb

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Récits de vie de Marie Jelen fille d’un

travailleur de la WOL

dans la zone interdite des Ardennes pendant la Seconde

Guerre Mondiale

Marie Jelen.

La famille Jelen, composée d’Icek Jelen, de sa femme Estera Rachzela et de leur fille Marie a vécu un

destin tragique. Les parents sont nés en Pologne et ont vécu à Paris. Le père possédait une boutique

de tailleur qui a malheureusement fermée à cause du statut des juifs. Icek a été transféré en tant que

travailleur agricole dans les Ardennes dans le cadre de la WOL.

Marie Jelen née le 20 octobre 1931 a été arrêtée, ainsi que sa mère, en juillet 1942 lors de la rafle du

Vél d’Hiv. Elle a été internée au Vélodrome d’hiver où elle y écrit sa première lettre. Estera fut

séparée de sa fille le 31 juillet 1942 lorsque les enfants furent transférés au camp de Pithiviers. Marie

perdit alors sa mère, envoyée à Drancy puis déportée à Auschwitz où elle fut assassinée. A travers

ses lettres elle raconte les conditions de vie dans le camp de Pithiviers. Marie Jelen rédige et envoie

sa dernière lettre le 18 septembre 1942 avant sa déportation à Auschwitz où elle est gazée le 23

septembre 1942. Elle allait sur son onzième anniversaire.

« Mon cher papa, il y a très longtemps que je ne t’ai pas écrit parce que j’attendais la permission

d’écrire des lettres. Tu vas pouvoir m’envoyer une réponse dans l’autre enveloppe. Je voudrais si tu

peux que tu m’envoies ma photo, celle de maman et la tienne. Il y a très longtemps que je ne tai pas

vu, j’espère que je te reverrai bientôt. Essaye de me faire sortir, ainsi je serai avec toi. Ici je perds

toutes mes forces, j’ai beaucoup maigri, je suis encore malade. J’ai attrapéune autre maladie, la

varicelle. Il y a des gens qui disent qu’on va libérer les enfants qui ont moins de 16 ans. J’espère que

j’aurai la réponse le plus tôt possible. Sois en bonne santé, surtout ne tombe pas malade comme moi

je fais. Ne t’ennuie pas comme moi carje pleure souvent en pensant à toi. Ta petite fille qui t’aime et

qui t’embrasse bien fort. Marie. »

Son père qui part à sa recherche en 1943 échappe ainsi à la rafle des Ardennes. Icek referra sa vie et

gardera les lettres de Marie dans son portefeuille où son fils les trouvera et les mettra en ligne après

sa mort.

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photo

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Récits de vie de la famille Lisopravski

travailleurs de la WOL

dans la zone interdite des Ardennes pendant la Seconde

Guerre Mondiale

La famille Lisopravski.

Mendel Lisopravski est né en Pologne en 1904. En 1928 il vient en France pour trouver une

meilleure condition de vie qu’en Pologne puis devient boulanger. Mendel s’installe à Paris

dans le 11e arrondissement et il rencontre Rywka sa femme, née en Pologne. A la fin des

années 1930 il a l’occasion d’acheter un fond de commerce pour sa boulangerie. Les

Lisopravski ont quatre enfants : Rosa née en 1933, Paulette née en 1934, Simon-Samek né

en 1935 et Daniel né en 1939. Ils ont l’habitude de partir en vacances à Berk et font des

balades dans le parc Montsouris avec leurs nièces et neveux.

Mendel Lisopravski apprend par l’Union Générale des Israélites de France que les juifs qui

viennent travailler dans les Ardennes bénéficieront d’une protection pour leur famille contre

les rafles et les déportations. Il décide donc de s’engager dans la WOL. Sa femme l’y rejoint,

les enfants sont envoyés dans la Sarthe près de Madame Veron. Puis les parents Lisopravski

demandent dans plusieurs courriers à ce que les enfants les rejoignent à Poix-Terron dans

les Ardennes.

Le 4 janvier 1944 se déroule la rafle des Ardennes, Mendel, Rywka Lisopraski montent dans

un camion allemand qui les conduira à la gare de Charleville. Rywka laisse à l’institutrice de

Poix-Terron ses documents personnels.

Avec 245 juifs Ardennais et de la WOL ils sont envoyés vers le camp de Drancy. Puis ils seront

transférés à Auschwitz dans des wagons à bestiau avant d’y être exterminés.

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photos

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L’histoire de la WOL

À partir de 1940, l'agriculture ardennaise est totalement sous contrôle de

l'administration allemande nazie.

Abréviation de WirtschaftsoberleitUng, direction des services agricoles, la W.O.L.

désigne l’administration allemande nazie, filiale de l’Ostland, qui dirigeait en zone

interdite française les exploitations agricoles, sur le modèle expérimenté en

Pologne.

Les terres y sont confisquées aux cultivateurs, le but inavoué étant l’annexion.

En effet, les Ardennes évacuées en mai et juin 1940, deviennent de ce fait « prises

de guerre » au terme de la convention de Genève.

Au total 129 chefs de culture allemands prennent en charge 8900 fermes

ardennaises regroupées en 200 exploitations, soit 50% de la surface des terres du

département.

La W.O.L., chargée du ravitaillement, devient donc toute puissante au point de

pouvoir embaucher des juifs étrangers, partout frappés d’interdiction de travailler

et d’internement.

Au début, la main d’œuvre se compose de prisonniers de guerre français et nord-

africains ainsi que des propriétaires eux-mêmes rentrant d’exode, contraints pour

certains de devoir cultiver leurs propres terres.

5000 ouvriers polonais catholiques déportés de Pologne rejoignent la WOL en

1942- 1943 ainsi que 600 juifs étrangers environ résidant à Paris.

Ils ont des permissions, certains n’en reviennent pas, certains sont arrêtés ou

quittent les Ardennes en fraude.

Lors de la rafle finale du 4 et 6 janvier 1944, sur le total des présents, 223 sont

déportés, et 110 sont sauvés par des Ardennais.

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Être juif.

Il est difficile de définir ce que c’est que d’être juif. A l’origine il désigne un peuple, les

Hébreux, qui vivait entre 2000 av. J.-C. et 70 av. J.-C. au Moyen-Orient et parlaient une

langue « sémitique ». Ce peuple devient le premier à ne croire qu’en un seul Dieu appelé

Yahvé : c’est la naissance du judaïsme. Les royaumes hébreux sont sans cesse attaqués par

les empires voisins et craignent de perdre leur identité. Cela les pousse à écrire leurs

croyances et leurs traditions dans un livre appelé la Bible.

Mais en 70 av. J.-C. les Romains détruisent leur royaume et leur Temple sacré. Les juifs sont

forcés de se disperser petites communautés tout autour de la mer Méditerranée. On appelle

cela une diaspora.

Or, dans une Europe devenue chrétienne et profondément intolérante en matière de

religion, les juifs étaient souvent persécutés et mis à l’écart. Pour survivre pendant des

centaines d’années à ces injustices, les juifs se sont appuyés sur la solidarité de leur

communauté, renforçant ainsi leur identité. Au fil du temps ces communautés juives se sont

intégrées avec plus ou moins de succès aux nations en construction. Car les préjugés

construits pendant des siècles à propos des juifs restent très vivants au XIXe et au XXe et

alimentent l’antisémitisme.

Être juif c’est donc une identité composée d’un mélange de croyances, de pratiques

religieuses, de langue et d’origine sans qu’aucun de ces critères ne soit réellement

obligatoire.

Certains hommes politiques utilisent et nourrissent cet antisémitisme pour parvenir au

pouvoir. C’est notamment le cas d’Hitler qui fait des juifs les responsables de tous les

malheurs de l’Allemagne. L’antisémitisme est au cœur de l’idéologie du parti nazi qui voit

dans les juifs une race inférieure et nuisible. Ainsi durant la Seconde guerre mondiale les

nazis décident l’extermination complète des juifs d’Europe. Ce génocide porte le nom de

Shoah en hébreu, ce qui signifie « catastrophe ».

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Epilogue : Et aujourd’hui ?

La France malade de L’Antisémitisme

A Auschwitz nous avons vu et appris tellement sur le drame de la Shoah… Que s’est-il passé

vraiment dans ce camp ?! Des personnes ont été choisies pour aller là-bas, elles ont été

maltraitées et humiliées. Elles ont perdu la vie, sauvagement. Pourquoi pour rien … Ce sont

toutes ces personnes, ces visages que l’on connaît maintenant, et dont vous avez lu le récit

dans ce livret… Au-delà de ce travail d’histoire commencée, pour nous à la Kazerne Dossin à

Malines et au Jûdenlager des Mazures situé à deux pas de notre lycée, nous nous sommes

interrogés ! Et nous avons découvert dans un autre travail plus contemporain qu’aujourd’hui

encore la société rejette et bafoue…avec sauvagerie. L’ANTISEMITISME VIT ENCORE.

Voici notre réquisitoire pour réfléchir ensemble sur des préjugés tenaces et ses

conséquences… et surtout pour agir ensemble. Pour que ces récits de vie brisée n’aient pas de

fin…

« Vous pensez que de nos jours l’Antisémitisme n’existe plus ?! Mais cela est faux ! Nous

avons constaté une hausse de 74% des préjugés et des actes antisémites en France en

l’espace de seulement 2 ans !

Un français sur cinq pense que les juifs ont de l’argent. Pourtant c’est une affirmation que

rien ne vient étayer !! On dit que « la finance mondiale serait dans les mains des juifs ? »

Faux ! C’est l’obsession des antisémites seulement. Ce sont des PREJUGES ! Il faut savoir

que la fortune juive la plus importante dans le classement mondial arrive à 1284ème place

et pourtant ce sont des Rothschild !!!!

Les préjugés sont tenaces mais il ne faut rappeler que les actes et les paroles antisémites

sont durement réprimés par la loi. Trop de gens l’ignore, MAIS on peut risquer par exemple

d’être condamné à 45 000 euros d’amende ou à un an de prison pour de la provocation à la

discrimination à la haine ou à la violence raciste. Oui, la justice condamne encore, de nos

jours, des personnes coupables d’apologie ou de négation des crimes perpétrés lors de la

Shoah. Tout cela semble invraisemblable mais certains pensent que tout cela n’a pas existé

ou que les juifs auraient pu mourir plus nombreux encore !

En fait, l’antisémitisme est minimisé souvent. Au départ, ça commence par des mots et cela

doit faire rire … des blagues déplacées il y en a. Mais après les mots, ça finit par des crachats,

des coups et du sang, voire pire comme disent les associations dans leurs spots… Souvenez-

vous ,par exemple, du destin tragique d’Ilan Halimi, séquestré et torturé à mort par le « gang

de barbares » qui était persuadé qu’il était riche parce que Juif ! Et là nous découvrons

écœurés que sa mémoire a encore été bafouée ! Pour lui rendre hommage des personnes de

toutes religions avaient pourtant planté des arbres, mais ils ont été coupés le mercredi 13

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février 2019. Un arbre abattu un autre sectionné deux jours avant la cérémonie annuelle qui

lui rend hommage tous les ans !

Alors, que faire ? Il faut lutter en créant des projets pour la tolérance et pour faire éclater le

rejet. C’est ce qu’on fait des lycéennes comme nous Yasmine et Syrine, en créeant « le jardin

de la paix » à Menton pour défendre le brassage des cultures. Des arbres symboles de deux

communautés sœurs poussent côte à côte. Elles ont raison, c’est le rejet de la différence qui

au cœur du problème qui touche les juifs, et depuis des siècles, il faut absolument lutter

contre cela ! Les tags antisémites reviennent sur les devantures des restaurants, les croix

gammées recouvrent le visage de Simone Veil et on doit regarder cela en se taisant ? NON !

Les solutions sont là à porter de main pour agir quotidiennement : dénoncer les propos

haineux sur les réseaux sociaux est un premier pas, rebondir dans notre environnement, au

lycée, dans les groupes d’amis quand les propos deviennent pesants est un pas plus grand !

Pour nous, ne plus laisser circuler les paroles et les écrits antisémites c’est déjà une vraie

première étape. C’est le terreau fertile qui nourrit nos projets et qui permet de transmettre

puis de faire changer.

Ce livre c’est un cri hommage qui raisonne « Plus jamais, plus jamais, plus jamais ÇA ! »

Réquisitoire écrit collectivement par les élèves de 1ère Bac Professionnel Restauration

du Lycée Jean Moulin en juin 2019.