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L’ACCÈS AUX SOINS DES PLUS DÉMUNIS Rapport d’activités des projets belges 2011 © Viviane Joakim

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Rapport Projets Belges 2011

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Page 1: Rapport Projets Belges 2011

L’ACCÈS AUX SOINS DES PLUS DÉMUNIS

Rapport d’activités des projets belges 2011

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 2

>> Nos bailleurs de fonds L’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI), la Fondation Roi Baudoin, M. Roland Gillot pour le NIF Trust, la Loterie Nationale, le SPP Intégration Sociale, le Fonds d’impulsion à la politique des immigrés, l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes, Gastvasthuiszuster steunfonds.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 3

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION ...................................................................................................... 5

LA LIGNE SANTÉ - PRÉCARITÉ ............................................................................ 7

QUELQUES CHIFFRES CLEFS ............................................................................ 10

PROJETS A BRUXELLES ..................................................................................... 15

1. Consultations pour les personnes Sans Domicile Fixe ........................................................ 15 1.1 Consultation médicale au SAMU social (rue des Petits Remparts) : ..................................... 16 1.2 Participation au Plan hiver du SAMU social : ......................................................................... 17 1.3 SOS Accueil : Un hébergement pour les bénéficiaires de l’accueil ....................................... 20

2. Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) ............................................................. 22 2.1 L’accueil .................................................................................................................................. 22 2.2 La consultation sociale ........................................................................................................... 23 2.3 La consultation médicale ........................................................................................................ 25 2.4 Le soutien social ..................................................................................................................... 27 2.5 La consultation psychologique ............................................................................................... 27 2.6 Activités menées en 2011 en parallèle des consultations ...................................................... 28

3. Consultations de spécialistes pour les plus précaires......................................................... 32

4. PARLE AVEC ELLE, un espace d’écoute pour se sentir mieux .......................................... 34

PROJETS A ANVERS ........................................................................................... 35

1. Consultations pour les personnes Sans Domicile Fixe ........................................................ 35

2. Centre d’accueil de soins et d’orientation ............................................................................. 39 2.1 L’accueil .................................................................................................................................. 39 2.2 Le Service Social .................................................................................................................... 40 2.3 Le Service Médical ................................................................................................................. 41 2.4 Les Services psychologique et psychiatrique......................................................................... 44 2.5 Le travail multidisciplinaire...................................................................................................... 46 2.6 Activités menées en 2011 en parallèle des consultations ...................................................... 46

LE TRAVAIL BÉNÉVOLE ...................................................................................... 48

PRIORITÉS 2012 ................................................................................................... 50

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ........................................................... 51

REMERCIEMENTS ................................................................................................ 53

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 4

ANNEXES .............................................................................................................. 56

1. Le cadre législatif de l’accès aux soins ................................................................................. 56

2. L’accès aux soins en pratique ................................................................................................. 57

3. Comment aider Médecins du Monde? .................................................................................... 59

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 5

INTRODUCTION

L’accès aux soins en Europe et en Belgique est un droit humain fondamental1. Il doit être

garanti à chacun, quel que soit son statut administratif ou ses ressources financières.

Médecins du Monde travaille depuis plus de quinze ans auprès des exclus des soins en Belgique. Notre objectif est d’offrir des soins mais aussi de rouvrir le droit des personnes afin qu’elles aient un accès durable aux soins de santé. En effet, souvent, les personnes en situation précaire ne parviennent pas à accéder aux soins sans aide préalable, pour de multiples raisons dont les plus fréquentes sont :

- Les obstacles administratifs, - Le coût des soins et des médicaments, - La barrière de la langue - Et les discriminations auxquelles elles sont souvent confrontées.

L’année 2011 fut, pour Médecins du Monde, une année importante où les activités se sont consolidées et diversifiées. Dans ce rapport, nous ferons le bilan de nos différents lieux de consultations

2:

- Les lieux d’hébergement des personnes sans-abri à Bruxelles et à Anvers (surtout lors des

dispositifs hivernaux) ;

- Les CASO (Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation) à Bruxelles et à Anvers ;

- Les consultations de spécialistes au sein de la clinique Baron Lambert (Iris Sud) ;

1 La Constitution belge déclare : «Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. A cette fin, la loi, le

décret ou la règle (…) garantissent (…) les droits économiques, sociaux et culturels (…). Ces droits comprennent notamment (…) le droit à la sécurité sociale, à la protection de la santé et à l’aide sociale, médicale et juridique» (article 23). Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels dit : «Les états parties (…) reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre» (article 12). 2 Nous avons divisé ce rapport en deux : activités à Bruxelles et activités à Anvers.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 6

- Un cabinet dentaire avec le Clos Ste-Thérèse ;

- Le projet Parle avec Elle au sein de l’Asbl NASCI.

Au niveau interne, pour la première fois depuis quinze ans, un membre du personnel de santé a été agressé dans un de nos centres. Cet incident a fortement marqué les équipes et démontre la nervosité des patients face à la saturation de l’ensemble des soins de première ligne. Malheureusement, c’est l’offre qui détermine notre activité et non la demande. Malgré ces événements, nos équipes de bénévoles et salariés ont pu être réactives face à une série d’événements et lancer de nouvelles initiatives dont un Plan hiver à Anvers, le projet SOS Accueil, des interventions dans des bâtiments vides occupés. Cette année a également initié une meilleure récolte des données et une harmonisation de nos modes d’interventions et de nos outils. Nos chiffres, exposés dans ce rapport, le prouvent. En cette Année européenne du volontariat, je voudrais plus particulièrement remercier l’ensemble des personnes qui font de Médecins du Monde la démonstration que l’exclusion n’est pas une fatalité, mais qu’il y a moyen de la combattre ! Tous les jours, nos équipes font face à cette équation insoluble : ce sont justement les personnes exclues des soins qui ont le plus besoin de soins dans notre société. Et malheureusement, leur nombre ne cesse de croître… Nous sommes là tous les jours pour rappeler cette équation et tenter ensemble de la résoudre. Bonne lecture, Stéphane Heymans - Responsable des projets en Belgique pour Médecins du Monde

Médecins du Monde travaille au quotidien, au travers de 200 programmes de santé, auprès des personnes confrontées à de multiples facteurs de vulnérabilité dans 11 pays européens. Si vous désirez plus de détails sur les chiffres communiqués, n’hésitez pas à nous contacter.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 7

LA LIGNE SANTÉ - PRÉCARITÉ

Médecins du Monde est actif sur Bruxelles depuis 1996 dans différents lieux de consultations médico-psycho-sociales. Pour compléter ces lieux de consultation, nous avons ouvert depuis 2007 un CASO (Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation)

3.

Notre mission est de soigner, mais aussi d’ouvrir l’accès aux personnes fragilisées à des soins durables et de mener une «réintégration médicale». Vous trouverez ci-dessous un aperçu des différents projets de Médecins du Monde en Belgique : >> Consultations mobiles auprès des populations sans-abri

CONSULTATIONS DANS LES CENTRES D’HÉBERGEMENT D’URGENCE A BRUXELLES :

- Consultations médicales de première ligne au SAMU social (avec l’ajout d’un volet infirmier

en 2011) ;

- participation aux Maraudes du Samu Social ;

- consultations préventives au Samu Social en journée : dépistage VIH, dépistage FARES,

Orientation planning familial ;

- consultations infirmières et médicales dans le cadre du dispositif Plan hiver organisé par le

Samu Social (d’octobre à mars).

CONSULTATIONS DANS LES CENTRES D’HÉBERGEMENT D’URGENCE A ANVERS : Consultations médicales et paramédicales dans les trois centres du dispositif hivernal anversois :

- Burcht/Slachthuislaan,

3 Cette ouverture s’est faite via la reprise des anciens projets de Médecins Sans Frontières.

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- dans le centre de jour De Biekorf,

- et dans le centre De Steenhouwer.

Ces consultations continueront après la fin du dispositif hivernal. Ces consultations devront à l’avenir se développer et s’intensifier grâce au partenariat avec la STIB en début de négociation et au lien avec la SNCB via l’opération Hope in stations. >> Consultations au Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO)

CENTRE D’ACCUEIL, DE SOINS ET D’ORIENTATION A BRUXELLES ET A ANVERS : Consultations de première ligne d’accès aux soins (un centre à Bruxelles et un autre à Anvers). Le CASO sert de «dernier filet» pour des soins de première ligne et/ou prend en charge les patients pour lesquels l’accès aux soins n’est pas possible. Les médicaments sont également donnés gratuitement lorsque les soignants estiment que les patients n’ont pas les ressources nécessaires pour se les procurer. C’est dans cette structure qu’un travail de récupération et d’ouverture des droits se fait afin de réintégrer la personne à la médecine générale de première ligne. >> Consultations de deuxième ligne CONSULTATIONS DE SPÉCIALISTES :

- Consultations de deuxième ligne (par des médecins de douze spécialités présents une fois

par semaine) à la clinique Baron Lambert à Bruxelles et consultations en dentisterie au

«Clos Sainte-Thérèse», à Saint-Gilles ;

- Consultations de deuxième ligne à faible prix, via trois hôpitaux d’Anvers, pour les

personnes n’ayant pas encore accès aux soins. Ces consultations ont débuté le 1er

avril

2012.

Ces divers projets forment une ligne de soins cohérente (cf. figure page suivante). Nous avons, tout d’abord, les consultations mobiles situées dans d’autres institutions (le Plan hiver, Samu Social…), ce qui nous permet de rencontrer un certain public qui n’arrive pas toujours au CASO (manque de connaissance, horaires incompatibles, public nécessitant une approche proactive…). Ensuite, chaque patient qui n’a pas accès aux soins durables est référé à un des CASO. Ces derniers sont des centres d’expertise sur l’accès aux soins et permettent un travail à long terme. Enfin, nous avons les consultations de deuxième ligne via les consultations de spécialistes qui permettent un dépannage jusqu’à ce que le patient ait accès aux soins durables via les structures classiques.

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Ligne de soins des projets de Médecins du Monde Cette ligne de soins a deux avantages : 1. avoir des points d’entrée diversifiés pour la patientèle (consultations le soir ou la journée, dans des lieux divers où des exclusions diverses coexistent…), permettant d’avoir une vision globale sur l’exclusion des soins et de toucher un public différent ; 2. une prise en charge globale du patient via l’accès à la deuxième ligne et à la santé mentale et via un service multidisciplinaire au niveau du CASO. Au sein de cette ligne de soins, le CASO de Bruxelles et le CASO d’Anvers (COZO) jouent un rôle primordial. Dans ces lieux, sont mis en place une réorientation et une réintégration aux soins. Les structures CASO de Bruxelles et d’Anvers existent depuis 1996. Elles ont d’ailleurs été le modèle du Relais Santé développé à Liège. Elles ont acquis une expertise considérable et développé une série d’outils adéquats pour ce public. Médecins du Monde, par ces divers lieux de consultations, veut aussi être un baromètre de l’accès aux soins qui informe les autorités locales, régionales et fédérales des nouvelles catégories d’exclus des soins de santé et des nouvelles problématiques de santé publique des populations en situation précaire.

CASO / COZO Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation Approche globale : consultations sociale,

médicale et psychologique

Consultations médicales au sein des hébergements pour sans-abri

Consultations médicales et infirmières dans le cadre du Plan hiver

Consultations dans d’autres structures ou ambulatoires

POPULATION EN SITUATION PRÉCAIRE

POPULATION EN SITUATION

PRÉCAIRE

OBJECTIF : Réintégrer le patient dans le système de soins et le référer dans les structures classiques STRUCTURES CLASSIQUES

Consultations de spécialistes : psychiatre, gynécologue…

Projet de consultations médicales mobiles

L I G N E DE S O I N S S A N T E -

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 10

QUELQUES CHIFFRES CLEFS4

En 20115, 9 328 consultations médicales, 4 330 consultations sociales et 947 consultations

psychologiques ont été offertes par les équipes de MDM aux publics précarisés en Belgique. De manière générale, les activités des CASO sont restées assez stables. C’est l’offre qui détermine l’activité plutôt que la demande. En revanche, les activités des dispositifs hivernaux ont explosé : lancement du Plan hiver à Anvers, 37% de consultations supplémentaires pour le dispositif bruxellois, lancement de SOS Accueil…

4 Les chiffres indiqués couvrent l’entièreté de la durée des dispositifs hivernaux (jusque mars 2012 inclus).

5 Il est difficile de comparer les chiffres de 2011 et 2010 car le système de base de données a changé entre-temps.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 11

En 2011, nous avons soigné un total de 4 002 patients. La grande majorité de ces personnes (82 %) n’ont pas accès aux soins médicaux et cela pour diverses raisons : cf. tableau ci-dessous.

On constate que les personnes en séjour illégal sont en général les plus touchées par l’exclusion des soins médicaux. Elles représentent 61 % des patients vus en consultation médicale pour l’ensemble de nos projets.

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Cette année – et plus particulièrement pendant l’hiver 2011-2012 – nous avons vu une augmentation des demandeurs d’asile présents à nos consultations. La plupart d’entre eux étaient des demandeurs d’asile non désignés, c’est-à-dire des personnes qui n’ont pas reçu de place en structure d’accueil à cause d’une saturation de Fedasil (l’Agence fédérale par l’accueil des demandeurs d’asile). Ces personnes sont en séjour légal mais n’ont aucune couverture santé. Ainsi, huit ONG (CIRE, Vluchtelingwerk Vlaanderen, Oxfam, Convivial, Unicef, 11.11.11, Médecins du Monde, Caritas) ont démarré ensemble l’initiative SOS Accueil : une structure d’accueil d’urgence temporaire dans laquelle MDM prend en charge le volet médical. Les équipes bénévoles de MDM y ont réalisé 711 consultations médicales.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 13

MDM ne veut pas créer de circuits (para)médicaux en parallèle. Notre objectif est de réintégrer au plus vite les personnes exclues des soins dans les systèmes classiques de santé. Cette année, cela s’est avéré plus difficile qu’auparavant. Le temps de prise en charge a été plus long, le coût des médicaments plus important et le nombre moyen de consultations par personne plus élevé : 2,43 consultations par personne (entre 1,63 et 3,59). L’accès aux soins particulièrement difficile pour les demandeurs d’asile non désignés se manifeste par le nombre encore plus élevé de consultations par personne (3,59) par rapport aux autres projets de MDM.

Un peu plus d’un tiers (36 %) des patients de MDM sont originaires des pays du Maghreb. Puis, ce sont les personnes provenant de l’Afrique subsaharienne qui sont les plus nombreuses (22 %), suivies par les citoyens de l’Union européenne (19 %) et les Européens hors de l’UE (9 %). Les Belges défavorisés constituent 8 % de tous nos patients. On note de sensibles différences parmi les nationalités les plus représentées dans les différents projets.

87 % de nos consultations sociales tentent de régler des problèmes d’accès aux soins tandis que 7 % des personnes consultent nos assistants sociaux pour une aide sociojuridique.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 14

Lors des consultations psychologiques, les psychologues diagnostiquent le plus souvent des syndromes de stress post-traumatique sont le plus souvent diagnostiqués. En effet, beaucoup de nos patients ont été traumatisés dans leur pays d’origine et/ou durant le trajet de migration et/ou durant leur séjour en Belgique.

Les pathologies que nous rencontrons sont assez similaires à celles constatées dans un centre médical classique. Cependant, nos médecins ont noté une prévalence des pathologies liées à la précarité et aux mauvaises conditions de vie, d’hygiène et de travail. Les problèmes dermatologiques arrivent ainsi en troisième lieu (13 %), peu après les problèmes ostéo-articulaires (14 %) et ceux respiratoires (15 %). Il faut noter aussi la présence importante de problèmes de santé mentale parmi nos patients (10 %).

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 15

PROJETS A BRUXELLES

1. Consultations pour les personnes Sans Domicile Fixe

À Bruxelles, de plus en plus de personnes vivent en situation de rupture de logement ou vivent dans des logements instables. La question du logement est depuis longtemps très problématique pour la population précarisée, et également pour les populations en mouvement (travailleurs saisonniers, demandeurs d’asile déboutés, demandeurs d’asile non désignés, personnes en séjour illégal…) qui n’ont pas facilement accès à un logement. Selon les chiffres fournis par La Strada à partir d’un dénombrement fait en novembre 2010 (maison d’accueil, service d’urgence, rue), il y aurait près de 2 000 personnes sans-abri à Bruxelles. Ce n’est qu’une estimation bien sûr, mais ce chiffre est en nette augmentation depuis 2 ans. Les consultations médicales de Médecins du Monde se déroulent dans les endroits où les personnes se trouvent (lieu d’accueil, abri d’urgence…). Cela nous permet d’avoir une approche proactive de la santé et d’aller vers les gens.

Il est important d’insister sur le caractère d’urgence des projets. Leur mise en œuvre est conçue comme un dépannage pour un public déstructuré par leur séjour en rue, et non comme un circuit alternatif se substituant aux médecins généralistes de la région bruxelloise.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 16

1.1 Consultation médicale au SAMU social (rue des Petits

Remparts)6

Les consultations de Médecins du Monde se déroulent dans les locaux du SAMU social : un lieu d’accueil, de mise à l’abri d’urgence, de repos et de travail psychosocial pour les personnes sans domicile fixe. Les médecins généralistes bénévoles de Médecins du Monde sont présents en moyenne 3 à 4 soirs par semaine, durant toute l’année. Certains soirs, les médecins participent à la maraude avec les infirmiers du SAMU social.

L’horaire de la consultation, la gratuité et la localisation stratégique en plein centre-ville permettent de garantir un seuil d’accessibilité très bas. L’objectif est d’améliorer et de garantir l’accès aux soins pour les personnes sans domicile fixe. Il est intéressant de noter que les pathologies de santé mentale sont les plus nombreuses dans ce lieu de consultation.

6 Tous les médecins n’utilisent pas le système informatique, il est donc probable que ces chiffres soient quelque peu sous-

évalués.

11,1%

7,0%6,4%

5,3% 5,3%

0,0%

2,0%

4,0%

6,0%

8,0%

10,0%

12,0%

séquelles traumatiques

infection respiratoire

aiguë

névrose, état anxieux

arthrose syndrome dépressif

SAMU Social Petit Rempart Top 5 de pathologies

Page 17: Rapport Projets Belges 2011

Rapport d’activités des projets belges – 2011 17

1.2 Participation au Plan hiver du SAMU social

Cette année, la population cible a été accueillie dans un centre de nuit, situé au 139 rue Royale à 1000 Bruxelles. Médecins du Monde participe au Plan hiver en mettant à disposition des professionnels de santé dans ces structures. MDM y mène des actes curatifs, mais aussi préventifs (diffusion d’informations médicales, distribution de préservatifs, collaboration avec le FARES pour la prévention de la tuberculose…).

Le centre a ouvert le 15 novembre 2011 à la Rue Royale proposant d’abord 80 places pour atteindre une capacité maximale d’accueil de 380 places au début du mois de janvier. Puis, face à la vague de froid entre fin janvier et mi-février 2012, un dispositif humanitaire a vu le jour en urgence, permettant d’ouvrir des places supplémentaires à la chaussée de Charleroi (comptant plus de 260 places). Nous avons mis en place dans ce centre trois soirs de consultations par semaine. Les consultations paramédicales ont débuté le 15 novembre 2011 et ont été assurées tous les soirs, 7 jours sur 7, jusqu’au 31 mars 2012, date de fermeture officielle du centre d’hébergement. Chaque soir, au moins trois fois par semaine, une équipe de bénévoles composée de 1 à 2 accueillants, 1 à 3 infirmiers et 1 médecin était présente pour assurer ces soins. Afin d’approfondir le profil social des occupants du Plan hiver, une étude a été menée auprès des sans-abri qui souhaitaient y participer. Cette enquête a été également encodée dans Sphinx au début du mois d’avril 2012 et son analyse est en cours. Les patients reçus en consultation

au Plan hiver sont des sans-abri vivant à Bruxelles, provenant d’horizons sociaux et de pays différents (d’origine belge à 21 %, des pays du Maghreb à 44 %). Un groupe important de personnes sans-abri proviennent des autres pays de l’Union Européenne (19 %).

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 18

Les patients hébergés dans le centre à la rue Royale sont tous de sexe masculin (seuls les hommes sont acceptés dans ce centre d’hébergement) et âgés en moyenne de 37,5 ans, le plus jeune patient ayant 16 ans et le plus âgé, 83 ans. Au centre à la chaussée de Charleroi, un étage était réservé aux femmes sans-abri. Au total, 41 femmes se sont présentées aux consultations de MDM.

Il est intéressant de noter la faible représentation des personnes de plus de 50 ans dans ces dispositifs. Ceci est dû à deux facteurs :

- le public migrant ou en errance est souvent jeune, entre 20 et 35 ans ;

- de manière générale, le public vivant en rue a une plus faible espérance de vie.

Nous retrouvons les grandes pathologies classiques de la précarité et de la vie en rue : problème respiratoire, problème dermatologique et problème ostéo-articulaire. Nous avons également observé un nombre important de problèmes psychologiques.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 19

Un peu plus de la moitié de patients (52 %) n’a aucun accès aux soins. 29 % a une mutuelle de santé (carte SIS) et 10 % a obtenu une carte médicale. Seulement 5 % des patients sans abris bénéficient d’une aide médicale urgente. Il est paradoxal de constater que malgré les critères de vulnérabilité de cette population, l’accès effectif aux soins de santé reste aussi complexe. Peu de mesures proactives existent en Belgique pour supprimer une série de barrières (notamment la barrière administrative).

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 20

1.3 SOS Accueil : Un hébergement pour les bénéficiaires de

l’accueil7

Depuis 2008, la Belgique connaît une crise de l’accueil pour les demandeurs d’asile et les autres groupes bénéficiaires. En 2011, plus de 3 000 personnes n’ont pas eu de place d’accueil et sont donc théoriquement dans la rue. Pour le seul mois d’octobre 2011, il y a eu 1 044 personnes en situation de non-désignation. Ces non-désignations concernent tout le monde : des hommes et des femmes et même des enfants. Le secteur humanitaire et associatif (8 ONG : CIRE, Vluchtelingwerk Vlaanderen, Oxfam, Convivial, Unicef, 11.11.11, Médecins du Monde, Caritas) a pu construire une large coalition se mobilisant contre la mise à la rue de milliers de demandeurs d'asile et bénéficiaires de l’accueil. Ainsi un accueil de nuit d’une capacité de 150 personnes a été créé. Cet accueil de nuit s’est aussi accompagné d’un suivi sociojuridique. Médecins du Monde s’est chargé du volet médical de ce projet.

Au total, 718 consultations ont été réalisées auprès de 198 bénéficiaires, parmi lesquels 42 femmes. 9,5 % des soins médicaux et paramédicaux ont été dispensés à des enfants de moins de 5 ans.

7 Bénéficiaires de l’accueil : demandeurs d’asile, familles en séjour illégal, mineurs non-

accompagnés.

0

10

20

30

40

50

60

70

<1 an

1 à 9

10

à 19

20

à 29

30

à 39

40

à 49

50

à 59

60

à 69

70+

Projet SOS Accueil en hiver 2011 - 2012

aide médicale à 198 demandeurs d'asile non désignés

femmes

hommes

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 21

De nouveau, les problèmes psychologiques étaient fréquents et omniprésents. Souvent, nous étions leur premier contact avec un professionnel de santé belge. Les consultations étaient longues et les attentes des patients importantes.

« Samira semble très jeune, trop jeune pour être enceinte de 6 mois de son deuxième enfant. Et pourtant, la voilà à la consultation paramédicale de ce soir avec des crampes abdominales. Cela ne fait que 4 jours qu’elle vient d’arriver du Pakistan, avec son mari et sa petite fille âgée de 14 mois. Depuis le début de sa grossesse, Samira n’a subi qu’un seul examen clinique sans toutefois avoir eu accès à un examen échographique ou sanguin. De plus, son premier enfant est né deux mois trop tôt. Bien que sa tension artérielle et sa glycémie semblent normales, nous décidons quand même d’accompagner le couple à l’hôpital le soir même. Le médecin de garde partage notre inquiétude et décide de faire admettre la maman de crainte de risques éventuels liés à sa grossesse. » FRANK, INFIRMIER BÉNÉVOLE À SOS ACCUEIL

Les références (réorientations des patients notamment vers les structures mentionnées dans le tableau ci-dessous) forment une part importante de nos projets. Au niveau de SOS Accueil, outre les difficultés liées à la référence en tant que telle, s’ajoutait la difficulté du manque total d’accès aux soins pour cette population. En effet, elle se trouve en séjour légal, mais elle n’est plus prise en charge médicalement par Fedasil. Il a donc fallu trouver des solutions ad hoc pour chacune des références.

Structures Nombre de références

CASO (Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation)

30

LA FONTAINE (gale) 13

FARES (TB) 1

ATHENA 6

ELISA 7

O.N.E. 3

Planning familial 1

ULYSSE (suivi psy) 8 (mais seulement 5 ont été acceptées)

TRANSIT (toxicomanes) 2

Urgences CHU St-Pierre 6

Page 22: Rapport Projets Belges 2011

Rapport d’activités des projets belges – 2011 22

2. Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO)

Le CASO est ouvert à toute personne rencontrant des difficultés dans l’accès aux soins de santé. Quiconque éprouvant des difficultés pour se faire soigner peut se présenter lors d’une des consultations, qu’il soit une personne en séjour irrégulier, une famille qui demande l’asile, une personne en situation précaire, un ressortissant européen sans assurance maladie valable… L’objectif n’est pas de remplacer les structures de soins classiques, mais bien d’informer les patients sur leurs droits et obligations, de les aider à exercer ces droits de façon autonome et de les accompagner dans leurs démarches. Dès que possible, les patients sont orientés vers la structure de soins la plus adaptée. Nous constatons régulièrement que l’impossibilité d’orienter le public vulnérable fréquentant le CASO vers une offre de soins augmente avec le nombre de vulnérabilités accumulées par la personne. Afin de faire face à toutes ces vulnérabilités et aux besoins du patient, le CASO a donc décidé de travailler en équipe interdisciplinaire en abordant le patient dans sa globalité. Cette démarche se retrouve tant dans la

trajectoire du patient au sein du CASO (assistant social, médecin, psychologue), que dans son suivi (possibilité de co-consultations, réunion d’équipe pluridisciplinaire, débriefing…) et toujours avec l’utilisation d’un dossier par patient, commun à tous les soignants. Les interprètes font également partie intégrante de la consultation. L’offre du CASO consiste donc en un suivi social, médical et psychologique, complété par un suivi spécialisé et juridique en dehors du CASO. Le défi consiste à créer une synergie entre les différentes disciplines et non à les juxtaposer. La volonté d’appliquer ce type d’approche ne manque pas dans le réseau de soins. Cependant, l’expertise et les moyens manquent souvent pour la mettre en pratique.

2.1 L’accueil

L’accueillant(e) occupe un rôle central puisqu’il/elle est la première personne de contact pour les visiteurs. Il/elle a une influence non négligeable sur la qualité de la prise en charge du patient au cours de son trajet au CASO. Le patient est plus serein s’il se sent accueilli et à sa place. L’accueillant(e) veille à recevoir le patient chaleureusement et à lui expliquer le déroulement de la consultation. S’il n’y a pas de possibilité d’être reçu au CASO au moment de la demande, il/elle l’oriente vers notre partenaire médical, le poste de garde Athéna. En 2011, plus de 1 200 réorientations ont malheureusement été comptabilisées, faute de places suffisantes en consultation. L’accueillant(e) veille aussi au bon déroulement de la consultation et à rendre le temps d’attente des patients agréable (proposer des dessins pour les enfants, rester accessible afin de fournir un espace de parole, proposer du thé et du café…). Il/elle est également attentif aux éventuelles difficultés des patients et signale les difficultés perçues à l’assistante sociale (anxiété, crainte, barrières linguistiques…). Au total, près de 3 900 contacts ont été établis par l’équipe d’accueillants.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 23

Refus : - En moyenne, 47 % des patients reçus sont refusés au cours de l’année ;

- Des références (réorientations du patient vers un autre interlocuteur) sont faites lors des

refus pour cause de consultations complètes (essentiellement Athéna, urgences dentaires,

urgences hospitalières). Lors des consultations les plus lourdes et sur avis de l’assistante

sociale, certaines références ont pu être accentuées telles que le CPAS, les médecins

conventionnés avec les CPAS, l’ONE, les plannings familiaux…

La région d’origine des patients au CASO est représentée dans le graphique ci-dessous.

2.2 La consultation sociale

L’objectif principal du CASO est de rendre l’accès aux soins effectif, c’est-à-dire s’assurer que la personne sera reçue par un médecin et recevra un traitement adéquat. Dans cette logique, toute personne qui se présente au CASO est reçue d’abord par une assistante sociale. Après une analyse de sa situation et de ses besoins, l’assistante sociale évalue les possibilités d’accès aux soins et d’orientation directe vers le système de soins existant. Quelques exemples :

- Un patient avec mutuelle a des problèmes financiers. Il est redirigé vers une maison

médicale au forfait.

- Un patient pouvant bénéficier d’une aide médicale au CPAS est orienté et soutenu dans ses

démarches.

- Un patient bénéficiant d’une carte médicale du CPAS est orienté vers un médecin

conventionné avec le CPAS.

0

100

200

300

400

500

600

Nombre et type de consultations par mois au CASO Bruxelles

consultations psychologiques

consultations sociales

consultations médicales

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Dans 457 cas, le patient n’a pas bénéficié d’une consultation médicale ou psychologique au CASO car l’assistante sociale a pu trouver une solution, notamment dans le réseau de soins en tenant compte de la situation administrative de la personne. Parce qu’il n’est pas toujours possible de trouver une solution immédiate, l’assistante sociale a la possibilité d’orienter le patient vers la consultation médicale et, si nécessaire, vers l’équipe de psychologues. Le suivi du patient est alors assuré au CASO tant que l’accès aux soins n’a pu être mis en place et qu’une orientation adéquate vers le réseau de soins n’est pas encore possible. Au-delà des questions premières d’accès aux soins, l’assistante sociale est attentive aux autres besoins et demandes des patients (aide juridique, soutien alimentaire, problème de factures, demande de cours de français…) et les oriente vers les structures compétentes. Au total 2 510 consultations sociales ont eu lieu en 2011 sur un total de 4 917 consultations au CASO à Bruxelles. Dans 90 % des cas, les personnes venaient voir un assistant social pour régler un problème d’accès aux soins. Environ 5 % consultaient pour obtenir une aide sociojuridique.

Cette année, nous avons constaté des difficultés ou des dégradations ainsi qu’une complexification des procédures pour bénéficier de l’aide médicale urgente dans certains CPAS. De manière très sommaire nous avons identifié certains problèmes auxquels notre service social est souvent confronté :

1. L’appel à un traducteur n’est pas systématique.

2. L’accessibilité des assistants sociaux par téléphone est compliquée.

3. La question de la preuve d’identité devient prépondérante et motive des refus d’acter la

demande avant même d’approfondir la situation sociale de la personne.

Exemples : un homme indien s’est vu refuser d’acter la demande, car la photo sur son

document d’identité n’était pas claire.

Une femme marocaine s’est retrouvée dans la même situation, car l’ambassade lui a remis

un document sans photo.

4. La solidarité des compatriotes et des membres de la famille (considérés comme non-

débiteurs alimentaires par les institutions belges) est utilisée pour refuser une aide médicale

urgente.

Exemple : un jeune homme marocain s’est vu refuser une aide médicale urgente, car son

frère travaille.

5. Certains CPAS atteignent des délais de traitement hors des limites légales.

Exemple : un patient a attendu deux mois et demi pour se voir octroyer une Aide médicale

Urgente (AMU) de deux semaines.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 25

6. La question du sans-abrisme liée à la compétence territoriale des CPAS devient un véritable

problème.

Exemple : un homme palestinien qui dort à la Gare du Midi s’est vu refuser l’aide sociale car

l’assistante sociale doutait de sa condition de sans-abris (il était propre) et de l’endroit où il

se trouvait dans les moments de fermeture ou nettoyage.

Un homme a été envoyé dans différents CPAS car l’espace qu’il occupe dans la gare n’est

pas fixe et que la gare se trouve elle-même sur trois territoires communaux.

Ce critère de résidence pour un public qui a justement de moins en moins accès à une

résidence stable devient un problème récurrent.

2.3 La consultation médicale

Au regard des informations reçues de l’assistante sociale, le médecin soigne et évalue les besoins du patient en fonction des possibilités d’accès aux soins. Lorsque l’accès aux soins est possible, il transmet les informations nécessaires au nouveau lieu de soins.

- Profil des patients

960 patients sont venus pour la première fois au CASO, 229 patients avaient déjà consulté au CASO. Les hommes sont plus nombreux que les femmes aux consultations médicales (74 %) et une vaste majorité des personnes (80 %) a entre 20 et 50 ans, un âge actif sur le marché du travail.

- Pathologies médicales

Les pathologies généralement rencontrées lors des consultations médicales du CASO sont similaires à celles d’un cabinet de médecine générale.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 26

Notons la place des affections dermatologiques (7,6 %), des problèmes psychologiques ou

psychiatriques (10,2 %), des problèmes dentaires (6,6 %).

Si l’on regroupe les affections liées au stress : douleurs épigastriques et ulcères, douleurs

musculaires et dorsales, angoisse, dépression, nous arrivons à un total de 16 % des consultations.

L’importance des problèmes ostéo-articulaires (13,7 %) peut s’expliquer par leur chronicité d’une

part, par les mauvaises conditions de travail et de vie d’autre part.

- Médicaments

Au total, lors des consultations médicales, MDM paie ou fournit les médicaments prescrits dans 88 % des cas.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 27

«Autour de moi beaucoup de gens se méfient. On te dit qu’il faut que tu te méfies, comme tu n’as pas de papiers, pas de travail, des gens qui travaillent pour la police. Méfie-toi des assistantes sociales, m’a-t-on-dit. Donc tu traines et à la longue, tu attrapes quelque chose. En tout cas, tu n’as pas la chance de profiter de quoi que ce soit. Je ne devrais pas dire «profite», on ne profite jamais. Parce qu’on ne profite pas quand on est malade.» MARIE-ROSE, 40 ANS, SENEGAL

2.4 Le soutien social

Un accueil efficace permet de faire face à des situations de plus en plus complexes administrativement, au temps de consultation sociale très chargé, à l’augmentation du nombre de patients ne parlant pas français, néerlandais ou anglais et améliore l’effectivité des orientations. Une bénévole est donc présente pour assurer une explication claire et précise des démarches à entreprendre afin de concrétiser l’orientation préconisée par l’assistante sociale. Ce maillon permet donc à l’assistante sociale de se recentrer exclusivement sur l’analyse des besoins du patient lors de sa consultation et de se décharger du volet plus administratif. Quelques exemples :

- L’assistante sociale indique au patient que l’aide médicale peut être obtenue, elle lui

explique en quoi cela consiste. La personne de soutien au pôle social explique en détail au

patient les démarches à suivre pour l’obtenir (fonctionnement du CPAS, prise de rendez-

vous…).

- L’assistante sociale détecte des besoins alimentaires et d’hygiène. La personne du soutien

social est chargée de trouver des endroits de référence proches du lieu de vie de la

personne et organise cette référence, c’est-à-dire un rendez-vous pour cette réorientation

sociale ou médicale.

Plus d’une dizaine d’accompagnements des patients les plus précarisés dans les lieux de référence (CPAS,…) ont été réalisés par notre bénévole. Cette fonction permet d’assurer une référence effective et de s’adapter au mieux aux besoins et difficultés du patient. Faisant partie intégrante de l’équipe, cette personne est toujours bien informée des difficultés du patient et des aides nécessaires à lui apporter. En cas de difficultés à mettre en place un suivi social adapté, elle alerte les personnes concernées pouvant aider ou intervenir.

2.5 La consultation psychologique

Confrontés à des patients en souffrance psychologique, les assistantes sociales et les médecins du CASO ont la possibilité de faire appel aux psychologues de l’équipe. Les psychologues analysent les besoins du patient, orientent au besoin vers une structure partenaire et en fonction des possibilités d’accès aux soins du patient. Ils veillent toujours à travailler en collaboration étroite avec les équipes sociales et médicales. Certains patients ont été orientés vers un psychiatre pour une prise en charge médicamenteuse. Un psychologue est toujours présent dans les locaux lors de la consultation. Il offre son soutien en étant présent lors de cette dernière (co-consultation) ou en établissant un premier contact avec le patient afin d’organiser un rendez-vous ultérieur. L’appel à des interprètes est aussi une pratique largement utilisée afin de bien comprendre la demande du patient. Plus d’une dizaine d’accompagnements des patients les plus précarisés dans les lieux de référence ont été effectués.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 28

Concernant les 354 consultations psychologiques, les diagnostics se répartissent comme suit :

«J’ai suivi Y. pendant quelques mois. Y. est une jeune femme, africaine, jolie, toujours bien habillée. Au début elle parlait difficilement, mais au fil des consultations la confiance avec l’équipe psycho-médico-sociale s’est installée, le courant est bien passé et elle a commencé à s’exprimer de façon cohérente. Et pourtant, elle souffre d’une maladie psychiatrique qui fait qu’elle n’est jamais seule. Depuis que «les voix» sont apparues dans sa vie elle n’en a jamais parlé à personne, en Afrique c’était impensable et en Belgique elle n’en a jamais eu l’occasion… Elle est toute seule ici, sans domicile fixe, elle loge chez des gens pendant quelques jours puis se fait rejeter parce qu’elle crie toutes les nuits dans ses cauchemars et ses hallucinations. Elle a été violentée dans son enfance, puis dans son adolescence. Ces souvenirs sont vifs, brûlants, ils ne la laissent pas une minute en paix. Les consultations prennent du temps, il y a beaucoup de silences. Elle n’a jamais eu l’occasion de soigner sa maladie, ni construire sa vie car elle met toute son énergie dans la survie, elle est exténuée. Ici, au CASO, elle a trouvé un endroit accueillant, elle vient aux rendez-vous, elle dit des choses qu’elle n’a jamais dites, elle accepte de se faire aider. Le CASO est un lieu, une équipe formidable. Nous travaillons avec des gens qui ont été rejetés d’innombrables fois et il est crucial de pouvoir leur offrir cet endroit d’écoute et de pouvoir leur garantir qu’on ne les lâchera pas avant d’avoir trouvé une solution à leur problème d’accès aux soins. Il y a toujours des gens à qui l’on s’attache même si on sait qu’il ne faut pas et ce n’est pas toujours évident de les lâcher au moment venu…» ALEXIA VANDENBROUCKE, MEDECIN BENEVOLE CASO

2.6 Activités menées en 2011 en parallèle des consultations

>> Contacts externes Le Réseau santé mentale en exil dont nous faisons partie a finalisé un guide sur L’Accès à la santé mentale en région bruxelloise pour personnes exilées à destination du réseau associatif. L’équipe du CASO a maintenu sa présence stratégique dans différents groupes de réflexions : CBAR, comité de vigilance (rédaction d’un argumentaire à destination des travailleurs sociaux), Coordinations sociales des CPAS de Schaerbeek (relevé des problématiques d’accès aux soins) et de Saint-Gilles (outils d’information pour les nouvelles personnes régularisés) et Medimmigrant (problématique du CPAS de 1000 Bruxelles). L’équipe a pu se lancer en 2011 dans de nouveaux groupes de travail tels que celui du CIRE et FCSS – Fédérations des Centres de Service Social – (dysfonctionnements des CPAS), Pigment (visibilité des problèmes d’accès aux soins et amélioration).

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Des présences ponctuelles lors de colloques et tables rondes ont pu être assurées afin de mettre en avant notre expertise en matière d’accès aux soins de santé pour un public précarisé. Toujours pour répondre à la saturation de nos consultations et à l’orientation parfois inutile de certains patients dans nos services, tous les appels (même pour des demandes d’horaires…) émanant de services extérieurs passent dorénavant par le service social. Ce nouveau fonctionnement permet un soutien du réseau extérieur (possibilité de références directes, explication des droits…). Des rencontres régulières ont eu lieu avec le Setis afin d’améliorer notre collaboration avec leurs interprètes lors des consultations. >> Sensibilisation, formation à l’accès aux soins L’équipe pluridisciplinaire du CASO a animé neuf séances d’informations cette année : trois pour l’équipe de l’Entraide des Marolles, l’équipe de terrain d’Infirmiers de Rue et les équipes du Plan hiver de Médecins du Monde ; les autres pour des groupes mixtes issus du réseau associatif francophone et néerlandophone (Pigment, CAW, Éducateur de rue, Maisons médicales, Plannings familiaux, SESO, Caritas, Croix-Rouge, CIRE…). >> Actions juridiques En 2011, 14 recours individuels ont été soutenus par notre équipe contre la pratique de refus systématique d’aide médicale urgente du CPAS de Bruxelles pour des familles en séjour irrégulier. Le CPAS de 1000 Bruxelles refuse toujours d’accepter les demandes d’aide médicale urgente des familles avec enfants mineurs en séjour irrégulier, renvoyant la compétence à Fedasil dans le cadre de l’Arrêté Royal de 2004 sur l’aide matérielle. Même si nous comprenons certains arguments du CPAS de Bruxelles (sa localisation centrale fait qu’il est plus sollicité que les autres CPAS mais il doit fonctionner avec les mêmes moyens que les autres), nous ne comprenons pas que des familles soient otages de ces discussions sur les compétences. Les accompagnements au CPAS se sont donc renforcés, les premiers recours au Tribunal du travail ont été introduits par les patients. Le CASO assure les consultations de médecine générale auprès

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 30

d’un public non-prévu initialement, ce qui ne fait que saturer davantage nos consultations. Nous espérons une amélioration de la situation en 2012. >> Nouveaux européens Les CPAS appliquent de manière disparate la législation en matière d’accès aux soins pour les Européens. Ils n’ont que peu de moyens pour répondre à la vérification d’assurabilité des personnes dans leurs pays d’origine et renvoient donc facilement les personnes à se responsabiliser, c’est-à-dire à faire les démarches nécessaires eux-mêmes et à payer les frais de santé sans être remboursés. Certains CPAS, comme celui de St-Gilles, nous ont fait part d’une augmentation des demandes pour les ressortissants de Roumanie, Bulgarie et Pologne. Les exigences du CPAS en matière d’orientation vers la commune pour des personnes qui n’entrent pas dans les conditions de séjour ont augmenté et parallèlement l’aide médicale urgente pour des personnes européennes en séjour irrégulier tend à se complexifier. >> En matière de sécurité Le personnel du CASO a vécu plusieurs incidents de violence au cours de l’année 2011. Des agressions verbales, psychiques et physiques nous ont contraints à fermer nos consultations pendant plusieurs semaines (du 17 octobre au 18 novembre) afin de sécuriser nos locaux, prendre contact avec divers services pour des échanges de bonnes pratiques en matière de sécurité et pour diminuer la pression vécue par les travailleurs. Deux causes de violence ont été identifiées. Il s’agit, d’une part, des personnes dépendantes aux benzodiazépines qui réagissent violemment lors que nous leur annonçons que nous ne prescrirons pas ce type de médicaments et que nous ne leur en délivrerons pas. Notons qu’aucune institution en région bruxelloise ne fait de suivi des personnes en séjour irrégulier dépendantes aux benzodiazépines. D’autre part, l’affluence de personnes en grande précarité (non désignées, vivant dans la rue, troubles de la santé mentale…) devant nos portes lors de l’ouverture de nos consultations et les refus que nous devons leur signifier faute de place rendent celles-ci extrêmement tendues. >> Saturation de l’offre de première ligne La saturation des maisons médicales sur le territoire de 1000 Bruxelles trouve un écho auprès de nombreux acteurs et bénéficiaires. Celles-ci ainsi qu’Athéna, Médecins du Monde et Fedasil entre autres mènent une réflexion à ce sujet. Un contrat de quartier a été élaboré par l’Entraide des Marolles pour mener une enquête sur l’accessibilité aux soins des personnes et l’amélioration du système. Au cours du premier trimestre, on observe une saturation des services de santé mentale. La référence de nos patients dans le circuit de soins psychologiques a été difficile. Les psychologues du CASO ont donc pallié ces difficultés de référence en suivant plus longtemps les patients ou en sollicitant différents services. Athéna, le poste de garde avec lequel nous collaborons, diminue le nombre de patients référés par nos soins à un tarif négocié. Ils ne peuvent plus assurer un bas prix de consultation pour autant de patients qu’avant.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 31

Deux ans d’errance

«Nous connaissons Monsieur R. depuis mai 2011. C’est un Pakistanais d’une quarantaine

d’années, qui s’exprime dans un anglais rudimentaire, et se présente chez nous avec des plaintes

diverses, peu spécifiques.

Dès la deuxième consultation, il évoque des voix intérieures, apparaît comme peu structuré.

L’assistante sociale mentionne qu’il a eu un moment d’absence lors de la consultation sociale.

Cette histoire d’absences se confirme au fil des consultations, et nous décidons de mettre le patient

sous médication antiépileptique et de prévoir une mise au point à l’hôpital St-Pierre. L’assistante

sociale met en route une procédure pour qu’il puisse bénéficier de l’aide médicale urgente. Des

rendez-vous sont pris, au CPAS et à l’hôpital, mais le patient ne s’y présente pas.

Il réapparaît en juillet, sans médicaments, très déstructuré, ayant fait plusieurs crises d’épilepsie.

Nous lui redonnons le traitement et prévoyons de le revoir après avoir pris contact avec l’hôpital.

Mais, à nouveau, il ne se présente pas et nous n’avons pas de moyen d’entrer en contact avec lui.

En janvier 2012, nous sommes recontactés par un service d’hébergement qui nous parle d’un

homme au comportement agressif, vu également aux urgences psychiatriques et considéré là

comme un «psychopathe simulateur». Vérification faite, il s’agit bien du même patient.

Auprès de l’hôpital, nous apprenons que ce patient est connu depuis 2010 comme ayant un

problème d’épilepsie non clarifié, mais aucune mise au point n’a eu lieu, car le patient n’a pas

d’accès aux soins. L’hôpital n’est pas prêt à hospitaliser ce patient pour faire cette mise au point, ni

même à considérer les multiples défaillances qui ont fait que jusqu’à présent son problème n’a pas

pu être résolu : il doit se présenter aux consultations avec une prise en charge, comme tous les

autres patients.

Nous décidons alors de prendre les choses en main dès que le patient se représente : la

médication sera donnée de nouveau, en insistant sur le fait de la prendre régulièrement, un

accueillant bénévole l’accompagnera au CPAS pour qu’il puisse faire une demande de carte

médicale. Le premier rendez-vous avec l’accueillant échoue et il s’avère que le patient a perdu ses

médicaments entre-temps. Un second rendez-vous, après un deuxième passage en consultation,

réussit et par chance le CPAS accorde aussitôt une carte médicale. Le patient est inscrit dans une

maison médicale et s’y rend le lendemain. Il prend ses médicaments. Un contact est pris avec le

médecin de la maison médicale, pour expliquer à celui-ci l’importance de suivre activement ce

patient, et de ne pas hésiter à nous recontacter en cas de problème.

Nous espérons que grâce à la mise en place de ce suivi, le patient pourra, après deux ans

d’errance et de plaintes non ou mal prises en compte, voir son problème élucidé et suivre un

traitement adéquat enfin mis en place.»

Dr PIERRE RYCKMANS, SALARIE AU CASO

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 32

3. Consultations de spécialistes pour les plus précaires

L’objectif de cette consultation est d’offrir des soins de seconde ligne aux personnes en situation précaire. Les consultations sont organisées à Bruxelles à la fondation Baron Lambert (Hôpitaux IRIS Sud) qui met ses locaux à disposition de Médecins du Monde tous les jeudis soirs. Les patients sont généralement référés par le CASO de Bruxelles et celui d’Anvers, le SAMU social, SOS Accueil, les maisons médicales… L’offre de consultations de médecins spécialistes permet de garantir la continuité des soins à l’égard de personnes qui ne disposent pas encore du droit aux soins durables. La mission s’est poursuivie en 2011 en intégrant une nouvelle spécialité : la kinésithérapie. Spécialités offertes en 2011 : ophtalmo (33 % des consultations), gynéco (14 %), ORL (13 %), kiné (11 %), dermato (9 %), chirurgie (9 %), urologie (6 %) et médecine interne (5 %). Environ un tiers (33 %) des bénéficiaires de ces soins spécialisés sont des femmes et le groupe d’âge de 30 ans à 50 ans est le plus représenté (62 % des consultations).

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 33

Environ un tiers (33 %) des bénéficiaires de ces soins spécialisés sont des femmes et le groupe d’âge de 30 ans à 50 ans est le plus représenté (62 % des consultations).

Administrativement, 42 % sont des personnes sans titre de séjour légal, 31 % des demandeurs d'asile, 12 % des Belges ou étrangers en situation régulière et pour 15 % d’entre eux le statut reste inconnu. Le graphique ci-dessous montre la région d’origine de ces patients.

En partenariat avec le Clos Sainte-Thérèse à Bruxelles, Médecins du Monde offre également des consultations dentaires depuis fin de l’année 2009. La consultation rencontrant un très grand succès, l’équipe de dentistes bénévoles a été renforcé notamment grâce à la société de médecine dentaire. Malgré cela, nous ne pouvons pas toujours répondre à la demande.

«C’est la première fois que je viens ici. Ma mère a du diabète et de la tension. Rien n’est jamais

gratuit, c’est ça le problème. Moi je gagne 1 200 euros, c’est rien ça. Je nourris quatre personnes,

avec ma maman, cela fait cinq personnes. Puis il y a l’école, les enfants. Si j’avais assez d’argent,

je ne viendrais pas ici. Pour ma maman, je veux payer les médicaments.» PRADA, 40 ANS, KOSOVO, vient consulter pour sa mère Prana.

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<1 1 à 9

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Mission spécialiste 2011

Hôpital Iris Sud - Polyclinique Baron Lambert320 consultations aux exclus des soins

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 34

4. PARLE AVEC ELLE, un espace d’écoute pour se

sentir mieux

Depuis des années, Médecins du Monde a constaté l’existence d’un écart entre l’offre de soins

psychologiques, médicaux, les soins pré, péri, postnataux et les besoins des femmes en situation

précaire. Le projet Parle avec Elle tente de réduire cet écart via une écoute active et, si nécessaire,

une orientation vers un service de première ligne (service de soins de santé, de santé mentale,

service juridique...) au sein de l’Asbl NASCI.

Toute femme bénéficiaire de l’Asbl NASCI et qui ressent le besoin d’être écoutée est la bienvenue.

Elle sera prise en charge, quel que soit :

- son statut de séjour : ressortissante belge, demandeuse d’asile, sans-papiers…,

- sa nationalité d’origine (maghrébine, africaine, brésilienne, européenne),

- l’ampleur ou la source de ses revenus,

- ou encore le suivi qu’elle pourrait recevoir ailleurs.

Leurs situations, leurs histoires sont toutes différentes. Que ce soit pour se sauver d’un mariage

forcé ou simplement dans l’espoir de jours meilleurs, elles se retrouvent chez NASCI parce qu’elles

sont dans des situations de vulnérabilité extrême (sans document d’identité, sans logement, sans

travail ou sans revenu).

En 2011, le projet n’était actif qu’au sein de l’Asbl NASCI avec la présence de bénévoles-

écoutantes de Médecins du Monde quatre fois par semaine. Les temps d’écoute et de parole ont lieu

le mardi et jeudi pendant que les femmes inscrites font la file pour recevoir du matériel, tels que des

vêtements, des poussettes, des produits d’hygiène, des jouets. En attendant leur tour, les bénévoles

les approchent pour établir un contact afin de leur donner la possibilité de parler de leur quotidien et

des difficultés qu’elles doivent affronter. Le jeudi après-midi toute femme ayant des enfants, inscrites

ou pas chez NASCI, peut venir pour prendre un café, manger un morceau de gâteau, se retrouver

autour d’une grande table, parler, partager son expérience.

Une base de données a été mise en place à partir de mai 2011 de manière à garder des données sur les femmes écoutées. Cependant, l’équipe de Parle avec Elle ne l’a pas systématiquement utilisée. A la fin de l’année 2011, une coordinatrice de projet a été engagée pour réorienter ce projet suivant la volonté du Conseil d’Administration exprimée en 2010. Depuis la création de la base de données de Parle avec Elle, en mai 2011, et jusqu’à la mi-

décembre, les bénévoles ont inscrit 96 rencontres.

Parfois, il s’agit de la même femme écoutée plusieurs fois. Sur les 96 écoutes réalisées pendant

sept mois, seulement cinq personnes ont été référées au CASO.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 35

PROJETS A ANVERS

1. Consultations pour les personnes Sans Domicile Fixe

Médecins du Monde – en collaboration avec le centre Steenhouwer – a organisé pour la première fois à Anvers des consultations avec des médecins et des infirmiers pour les personnes au logement précaire. Le but n'est pas de remplacer les structures existantes, mais d’atteindre et soigner sur place ceux qui ont difficilement accès aux soins au sein des structures ordinaires. Chaque année le CPAS et la ville organisent avec le CAW (Centrum Algemeen Welzijn) un dispositif spécifique pour l’hiver dans différents centres d'accueil à Anvers. L’objectif de ce dispositif est de garantir aux sans-abris un accueil aussi bien le jour que la nuit. Médecins du Monde a ouvert des consultations dans trois centres d'accueil différents pour pouvoir toucher le plus grand nombre de personnes possible : 1/ Le Centre Steenhouwer fonctionne avec une équipe de soins déjà bien structurée constituée d’infirmiers et des pédicures. Pour l’hiver, un infirmier supplémentaire et un médecin sont venus la renforcer. Les infirmiers salariés de cette équipe de soins ont coaché tous les infirmiers du dispositif d’hiver de Médecins du Monde. 2/ Le Centre d’accueil de nuit Biekorf à Anvers offre aux SDF toxicomanes ou avec des problèmes psychiatriques la possibilité d’avoir un abri de nuit. Au cours du Plan hiver, la capacité du centre d'accueil de nuit a été augmentée atteignant 60 lits et un accueil de jour a été mis en place. Médecins du Monde y a tenu des consultations une fois par semaine, toute la journée du jeudi. 3/ Le Shelter 68, un bâtiment offrant 80 lits a été mis à disposition par la ville d’Anvers pour les personnes sans papiers et les SDF européens. Le CAW De Terp assure l'organisation de l'accueil et Médecins du Monde a offert des consultations deux soirs par semaine (le mardi et le vendredi). La majorité des personnes fréquentant ces différents centres ont des problèmes d’accès aux soins. En effet, 62 % des patients vus aux consultations médicales pendant le Plan hiver à Anvers n’ont aucune couverture médicale. 27 % des patients ont une carte SIS et seuls 3 % ont une carte médicale du CPAS pour couvrir les frais médicaux. 4 % des patients bénéficient d’une aide médicale urgente (Arrêté royal : Aide Médicale Urgente (AMU) de 1996).

Les personnes en précarité de logement qui n'ont pas d'accès aux soins de santé réguliers peuvent être référées vers le service de soins (para-)médicaux du Biekorf et du Steenhouwer (pendant la journée) ou vers le CASO d’Anvers (Médecins du Monde).

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 36

L’objectif premier des consultations de Médecins du Monde est d’offrir les premiers soins pour limiter les conséquences médicales du manque de logement en hiver et réduire le recours non indispensable aux services d'urgence. Concrètement dans chacun des centres d'accueil, un local est préparé pour y effectuer les consultations. Dans chacun des espaces de consultation, il y a du matériel médical et des médicaments essentiels à disposition (stéthoscope, tensiomètre, thermomètre, bandages et autre matériel pour les soins). Les accueillants ouvrent un dossier pour chaque patient. Les patients que nous voyons aux consultations médicales du Plan hiver à Anvers ont plus au moins le même profil que ceux du Plan hiver à Bruxelles. L’âge moyen atteint presque 40 ans et 3 % des patients sont des femmes sans abris.

Page 37: Rapport Projets Belges 2011

Rapport d’activités des projets belges – 2011 37

La région d’origine est représentée dans le graphique ci-dessous. On constate que 24 % des patients sont de nationalité belge et que 19 % des patients proviennent d’autres pays de l’Union européenne. Au total, le groupe provenant de l’Union européenne (43 %) est le plus important, suivi par les personnes venant des pays du Maghreb (33 %).

L’équipe (para-)médicale se compose de professionnels salariés et bénévoles: 6 médecins, 15 infirmières, 6 accueillants et 3 personnes pour le bureau d'enregistrement. L'infirmier offre les premiers soins au patient. Il/elle fait une première sélection et décide si le patient doit être vu par le médecin. Quand c’est nécessaire et possible, nous orientons les patients vers le système de santé ordinaire. Pour les personnes sans accès aux soins (notamment les personnes en séjour illégal), une plage de consultation spécifique a été ouverte au CASO d’Anvers, le mardi après-midi. Cela permet de leur offrir un entretien avec le service social. Les médicaments et les dossiers sont chaque fois transportés d'un centre d'accueil à un autre afin de garantir une certaine continuité des soins et ainsi éviter les abus. Le personnel des centres ne désirait pas disposer d’une pharmacie, car il craignait des demandes incessantes des résidents des centres d’hébergement (et des problèmes de sécurité). Après chaque consultation, l’équipe (l’accueillant, les infirmiers et le médecin) fait un debriefing afin d’échanger les informations importantes sur le déroulement de la soirée. Les données sociales et médicales ont été encodées avec le logiciel Sphinx. Les codes CISP (Classification Internationale des Soins Primaires) sont utilisés pour encoder les pathologies rencontrées. On constate que les pathologies liées à la précarité et à la vie dans la rue ressortent fortement : problèmes dermatologiques, problèmes ostéo-articulaires, problèmes respiratoires.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 38

«Je vois ici chaque semaine une vingtaine de personne sans abris, certaines d’entre elles reviennent chaque semaine avec de terribles maux de dents. Tout ce que je peux leur donner ce sont des calmants. C’est terriblement frustrant pour un médecin de ne pas pouvoir référer ces personnes vers un dentiste car ils n’ont pas de couverture sociale. Nous devons urgemment trouver une solution.» Dr JAN, MEDECIN BENEVOLE, PLAN HIVER

«J’ai mieux pris conscience de l’importance des consultations durant l’hiver suite à ma rencontre avec Irma. Cette femme est sans abris depuis longtemps et réside en rue ou dans les centres d’urgence. Elle a une carte SIS et peut donc avoir accès à un médecin. Mais elle ne le fait pas. Notre présence dans le centre lui a permis d’avoir un contact avec un professionnel de santé. Elle toussait beaucoup depuis quelques semaines et nous avons pu diagnostiquer une infection pulmonaire. Grâce aux consultations, Irma a reçu un traitement.» KATHLEEN DEBRUYNE, ACCUEILLANTE ET COORDINATRICE PROJET ANVERS

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2. Centre d’accueil de soins et d’orientation

Le CASO d’Anvers est ouvert à toute personne rencontrant des difficultés dans l’accès aux soins de santé dans la ville d’Anvers. Quiconque éprouvant des difficultés pour se faire soigner peut se présenter lors d’une des consultations, qu’il s’agisse d’une personne en séjour irrégulier, une famille qui demande l’asile, une personne en situation précaire, un ressortissant européen sans assurance maladie valable…

2.1 L’accueil

Comme à Bruxelles, l’accueil est un poste clef pour gérer les consultations libres du lundi et jeudi. En effet, nous sommes confrontés à une saturation de nos consultations et nous sommes obligés de refuser beaucoup de patients. Les temps d’attente sont longs et peuvent être source de nombreuses frustrations. L’accueillant est la personne clef pour gérer ces situations. Les bénévoles de Médecins du Monde qui gèrent l’accueil n’ont pas la tâche facile et sont aussi parfois frustrés par leurs propres limites. Leur tâche en cas de refus est d’offrir une oreille attentive afin que ces personnes se sentent écoutées. Les accueillants sont formés et connaissent un minimum les possibilités sociojuridiques d'accès aux soins et quelques lieux de références en cas d’urgence. Il est également important que les accueillants aient une bonne connaissance de la carte sociale anversoise afin de rediriger de manière effective certaines personnes avec d’autres demandes. Nous accueillons des patients de nombreuses nationalités. Tous les collaborateurs sont formés aux soins dans différentes langues (néerlandais, français, anglais, allemand, espagnol, italien, arabe, berbère, serbo-croate...), mais aussi à travailler avec des interprètes au téléphone.

30% de nos patients au CASO Anvers proviennent de l’Afrique subsaharienne, 22% des pays Maghreb, 16% des pays européens hors de l’Union européenne et 14% des pays asiatiques.

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2.2 Le Service Social

En 2011, 1 820 consultations sociales ont eu lieu pour 791 patients. Parmi eux, 591 patients ou 75% étaient de nouveaux patients qui se présentaient pour la première fois au CASO au cours de l’année 2011. La vaste majorité des patients du CASO d’Anvers viennent parce qu’ils n’ont pas accès aux soins de santé du système classique. Le CPAS d'Anvers pose de plus en plus de conditions pour accorder l'aide médicale d'urgence aux personnes en séjour illégal. Cela a pour conséquence une augmentation des demandes et aussi une complexification des dossiers. Ce manque d’accès nous amène aussi à devenir le médecin généraliste pour toute une série de patients.

La première étape de la consultation sociale consiste à écouter l'histoire du patient et à définir son statut administratif. Nous pouvons ainsi analyser le problème du patient et établir un plan d'action avec lui afin de faciliter son accès aux soins.

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Il est primordial d’encourager l’autonomie du patient. Nous souhaitons éviter toute situation de dépendance. Parfois, une simple écoute et une réorientation peuvent suffire. Exemple de patient se présentant à la consultation : Kamal vient d’Espagne. Sa mère l’envoie chez son père à Anvers. Ils n’ont pas titre de séjour légal. Il a été diagnostiqué avec une syphilis et chlamydia. Le CPAS n’a pas voulu le prendre en charge car il fallait d’abord vérifier que Kamal n’avait pas d’assurance en Espagne pour couvrir ses frais de santé. Cette procédure dure tellement de temps que MDM décide de le prendre en charge vu l’urgence et le risque pour la santé publique. Les assistants sociaux doivent avoir une connaissance juridique suffisante en matière de séjour et assistance médicale en Belgique. Le service social du CASO d’Anvers est l'un des rares spécialistes dans ce domaine à Anvers. Les autres organisations de premières lignes font donc souvent appel à nos services et référèrent leurs demandeurs au CASO d’Anvers. Trois quarts des patients du CASO d’Anvers sont des personnes sans titre de séjour légal. À Anvers, les possibilités de références pour ce public sont extrêmement limitées. Afin de prendre en charge les patients aux problèmes de santé mentale, nous avons développé un suivi psychosocial au sein des activités du CASO d’Anvers. Un assistant social assure une vision d’ensemble des patients ayant un problème de santé mentale. Ces dossiers sont évidemment traités avec l’équipe de psychologues, mais aussi de manière multidisciplinaire. Cette méthode permet un travail en profondeur et nous donne l’occasion de travailler en synergie.

Entre mai et décembre 2011, 72 patients ont été enregistrés, dont 52 ont eu un entretien. Parmi ceux-ci, 31 dossiers (42% des enregistrements, 60% des entretiens) ont été menés à terme en 2011 : 16 patients ont été complètement redirigés, 3 ont été partiellement redirigés, 6 ont déménagé ou ont abandonné et 6 autres ont été perdus de vue. 21 dossiers n’ont pas été clôturés en 2011.

2.3 Le Service Médical

En 2011, il y a eu 1 097 consultations médicales pour 562 patients. 407 patients (72%) étaient de nouveaux patients en 2011 et ils ont reçu un total de 730 consultations (66,5%). 64% des patients ne sont venus qu’une seule fois voir le médecin, 31%, entre 2 et 5 fois et 5% a consulté entre 6 et 15 fois. Les soins médicaux sont dispensés par 12 médecins bénévoles dont la plupart sont médecins généralistes. Chaque médecin tient au moins deux consultations hebdomadaires au CAZO Anvers. Les patients sont vulnérables à plusieurs égards car ils ont plusieurs pathologies. Au vu de la précarité de leur statut de séjour, le médecin doit également s'occuper des nombreuses tâches administratives dans l'espoir d'obtenir pour eux l'accès aux soins de santé. Les consultations sont

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souvent longues et intenses (en moyenne 40 minutes par patient), on ne peut donc s'occuper que d'un nombre limité de patients par bloc de consultation. Si on observe les diagnostics individuels rapportés par les médecins, on constate l’importance du diabète (14% des diagnostics posés). Les maladies chroniques engorgent de manière structurelle notre lieu de consultation et nous remarquons à Anvers une forte augmentation de celles-ci notamment dues aux difficultés d’accès aux soins. L'augmentation du nombre de diabétiques dans le monde se reflète donc également au sein de nos consultations. Il s’agit d'une augmentation extrêmement importante et préoccupante. De plus, le traitement à l’insuline est inaccessible financièrement à ces patients. En 2012, un projet sera développé à Anvers pour traiter les patients diabétiques de manière globale. Il sera axé sur la prévention (alimentation saine et exercice) et le curatif (suivi médical). Les suivis de grossesse (5% des consultations) démontrent bien la problématique spécifique des femmes enceintes à Anvers et leur manque d’accès effectif aux soins. Le graphique suivant montre les diagnostics par catégorie. Pour chaque consultation, on a

seulement tenu compte de deux diagnostics. Les catégories plus représentées sont les pathologies

endocrinologiques (14%), les problèmes ostéo-articulaires (12%), cardio-vasculaires (11%) et

psychologiques (11%).

Les maladies dentaires sont probablement sous-représentées. Une des explications est que les patients sont déjà informés à l’accueil que nous n'avons pas de dentistes au CASO d’Anvers. L’accueillant (sans enregistrer le patient) réfère donc ces patients aux cabinets dentaires prêts à les recevoir à un coût modéré.

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Nous essayons au maximum de responsabiliser les patients concernant les médicaments, mais souvent nous devons faire du dépannage vu les situations de grande précarité. Notre propre pharmacie est composée de médicaments offerts ou donnés par «Pharmaciens sans Frontières» ou des échantillons. Si le médicament n’est pas disponible, Médecins du Monde prend en charge le paiement du traitement (grâce au soutien financier du Fonds de Soutien des Gasthuis zusters.

De tous les médicaments prescrits, Médecins du Monde en paie plus que la moitié (52%) et dans 35% des cas, MDM donne directement le médicament. À cela s'ajoutent les paiements des médicaments psychiatriques prescrits par notre psychiatre bénévole.

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2.4 Les Services psychologique et psychiatrique

En 2011, 66 patients ont reçu un soutien psychologique au CASO d’Anvers. 43 patients ont été reçus lors d’une des 350 consultations psychologiques et 31 patients ont été vus 243 fois par le psychiatre bénévole. Au total, nous avons fait 593 consultations psychologiques et psychiatriques. Le CASO d’Anvers dispose d'un service psychologique complet avec une équipe composée d’un responsable expérimenté, cinq psychologues ou psychothérapeutes bénévoles et un psychiatre bénévole. Les médecins généralistes du CASO d’Anvers sont confrontés à des patients qui présentent de graves problèmes psychologiques ou psychosomatiques tels qu’insomnie, douleurs intenses, stress et anxiété liés notamment à leur condition de vie. L’équipe du service psychologique est spécialisée dans le diagnostic et le traitement des patients atteints de syndrome de stress post-traumatique complexe et chronique (SSPT), souvent associé à la dépression. Les SSPT constituent d’ailleurs de loin le premier diagnostic (62%) posé lors des consultations psychologiques à Anvers.

Les patients aux problèmes de santé mentale sans accès aux soins médicaux s’adressent au

CASO d’Anvers et y reçoivent une assistance sociale et médicale. Depuis le mois de mai 2011, ils

ont pu très vite obtenir un entretien psychosocial, afin d’être orientés plus rapidement et plus

efficacement (cf. le graphique Trajet psycho-social).

Au niveau du service médical, un médecin bénévole s’est spécialisé dans les problèmes

psychologiques. Les patients peuvent le rencontrer tous les mois. Ce médecin a traité 14 patients

lors de 34 consultations. Parmi eux, huit patients auraient eu besoin d’être renvoyés vers un

psychiatre, mais ils n’y avaient pas eu accès. Le psychiatre bénévole du CASO d’Anvers a, pendant

l’année 2011, tenu des consultations et entretiens avec les patients. Malheureusement, en 2012, il a

pris sa retraite. A partir de septembre il n’a plus accepté de nouveaux patients et a mis

progressivement un terme à ses consultations.

Cette année, l'équipe a été renforcée par une infirmière psychiatrique. Ses connaissances et ses

compétences nous ont permis d’élargir le champ des possibilités de l'équipe de psychologues. Elle

accompagne certains patients dans les différents services et organisations mais aussi dans des

visites à domicile.

L'accès aux soins de santé mentale est complexe à Anvers. Le fonctionnement du secteur est très

spécifique. Malgré les efforts qui ont été faits, le secteur de la santé mentale est parfois encore

insuffisamment adapté pour que les patients du CASO d’Anvers (et de manière générale la

population migrante) soient reçus ou pris en charge. En 2011, nous avons effectué 35 références

réussies.

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Grâce à la coopération des services publics de santé mentale (DGGZ) et des Maisons Médicales,

un psychologue travaille au sein des maisons médicales De Regent en ’t Spoor. Si un de nos

patients reçoit du CPAS, via l'aide médicale d’urgence, une garantie pour l’assistance médicale,

nous pouvons le renvoyer vers une Maison Médicale de la commune où il habite. Cette collaboration

permet une prise en charge multidisciplinaire mieux adaptée.

Pour pouvoir aussi impliquer des psychothérapeutes privés dans ce groupe de travail, beaucoup

d'énergie a été investie dans la coopération avec le BIPE (Institut Belge de Psycho traumatologie.

Nous espérons que l'organisation d'une journée d'étude réunissant les psychologues et les

thérapeutes en mars 2012 et la création d’un réseau de thérapeutes produiront leurs fruits en 2012.

Les patients qui ont de graves problèmes de SSPT sont souvent trop instables et épuisés pour être

rapidement réorientés. Par conséquent, une partie considérable des patients restent en

accompagnement pendant longtemps.

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2.5 Le travail multidisciplinaire

Une des caractéristiques clefs du travail des CASO est le travail multidisciplinaire et le secret

professionnel partagé. C’est une plus-value pour le patient de recevoir l’assistance des différentes

disciplines qui ne se juxtaposent pas les unes aux autres mais agissent en synergie.

Après chaque plage de consultation, un débriefing est organisé entre les différents intervenants de

la consultation. Grâce à ce processus, les intervenants se connaissent mieux et appréhendent le

patient dans sa totalité. Par exemple, si un médecin veut prescrire des médicaments – qui doivent

être pris régulièrement – et que l’entretien social a montré que la personne était sans abri, dans ce

cas, une solution globale est trouvée afin qu’il n’y ait pas de rupture de traitement.

Chaque cas de patient aux problèmes de santé mentale est aussi examiné pendant le débriefing. Il

entre alors dans un parcours psychosocial.

Pendant les réunions hebdomadaires de l'équipe, les dossiers des patients complexes sont discutés

sous l’angle social, psychologique et médical. Chaque discipline se complète afin d’apporter la prise

en charge la plus adéquate du patient.

2.6 Activités menées en 2011 en parallèle des consultations

Un service comme le CASO d’Anvers ne peut pas fonctionner de façon isolée. Vu notre objectif de réorientation vers le système de santé classique, nous nous devons d’être en contact permanent avec l’extérieur. De plus, Médecins du Monde a besoin de partenaires pour son plaidoyer politique, mais aussi pour imaginer des partenariats opérationnels. Par conséquent, cette année nous nous sommes investis dans différents lieux de coordination et de concertation :

- Concertation santé et bien-être d'Anvers-Nord,

- Concertation sur le travail de Rue,

- Concertation secteur : les réfugiés et les sans-papiers,

- Concertation paramédicales,

- Concertation locale pour la politique sociale de santé et CPAS d'Anvers,

- Concertation De Overzet,

- Concertation au sein de la plateforme pour les femmes enceintes au niveau d’Anvers.

Autres contacts extérieurs qui ont retenu notre attention : - Réunion avec le Poste de Garde de Médecins Généralistes et le parti Groen : 23 mars 2011,

- Séminaire sur les Roms dans l’enseignement : présentation du service CASO d’Anvers de

Médecins du Monde : 1er

avril 2011,

- Assistance pour les migrants sans-papiers dans la cafeteria du CAW d’Anvers : 5 avril 2011,

- Poste de Garde de Médecins Généralistes : présentation de Médecins du Monde et du

CASO d’Anvers: 3 mai 2011,

- Moment Infos l'article 107 GGZ : 21 octobre 2011,

- Table-ronde sur les Soins de santé primaires : 26 octobre 2011,

- CLB consultation de direction avec le CPM: propositions et collaboration avec le CASO

d’Anvers de Médecins du Monde : 9 décembre 2011.

2011 a, une nouvelle fois, été une année difficile. L’organisation du travail avec les bénévoles venait

à peine de se mettre sur pied quand de nombreux nouveaux bénévoles nous ont rejoint. En outre, le

soutien et le coaching ont aussi demandé beaucoup d'énergie aux collaborateurs fixes.

La demande a été tellement grande que nous avons d’abord augmenté le nombre des consultations

pour offrir chaque jour des consultations sociales et médicales.

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«Il y a 2 ans, je me suis enfuie de la maison. Mon mari me battait, m’humiliait, je ne pouvais pas continuer de cette manière. Je ne comprends pas très bien comment tout s’est passé, mais mon mari m’a obtenu un visa pour les Pays-Bas, il s’est porté garant pour l’obtention de ce visa et nous sommes partis ensemble. Ensuite, je me suis enfuie vers la Belgique. Pourquoi la Belgique? Je pensais qu’en tant que femme seule, j’avais plus de chances de m’en sortir en Belgique et je voulais m’éloigner suffisamment de mon mari. Entre-temps, nous avons divorcé, mais je ne peux plus retourner au Maroc. Mon mari m’y rendra la vie impossible, de même que mon frère qui ne veut plus me voir à cause de la honte que je lui ai causée par la séparation. J’ai encore trois sœurs au Maroc. Avec l’une d’entre elles, j’ai parfois un contact par téléphone. Elle ne m’a pas abandonnée. Mais elle ne peut pas m’aider non plus, elle vit là-bas dans une petite maison avec ses enfants et dispose de très peu de moyens. Puisque mon mari a apparemment signé une caution, le CPAS ne veut pas m’aider, cette caution est valable deux ans (encore quelques mois et ensuite, je peux introduire une demande). En Belgique, j’ai aussi rencontré beaucoup de difficultés. En tant que femme seule, je n’avais pas d’argent ni personne pour me soutenir. J’ai donc accompagné des hommes marocains qui me payaient pour des services sexuels. Heureusement, j’ai été découvert Gh@pro [ndlr. association d’aide aux prostituées], où j’ai trouvé une aide médicale et qui m’a toujours soutenue. Maintenant, j’ai arrêté tout cela, car j’ai rencontré un Serbe qui vit ici sans papiers et sans argent. J’attends un enfant de lui. Je suis tellement heureuse d’encore pouvoir être enceinte à mon âge. On m’a toujours dit que je n’aurais pas d’enfant à cause d’un fibrome et de kystes dans mon ventre. J’ai une seule amie ici. Elle a un médecin à Hasselt. Pourquoi si loin d’Anvers ? Je n’en sais rien, mais lorsqu’elle se rendait chez son médecin, je l’accompagnais. Je ne devais payer que 15 euros pour une consultation. Je suis allée à l’hôpital une fois à cause de fortes douleurs au ventre et de saignements (je n’étais pas encore enceinte à ce moment), mais on m’y a dit tout de suite ne pas pouvoir m’aider, puisque je n’avais pas d’argent et pas de papiers. Heureusement, j’ai découvert Médecins du Monde. Ici, je trouve de l’aide. L’assistante sociale m’a appris que je pouvais m’adresser au CPAS. Mais là, on a refusé de m’aider. C’est à mon ex-mari de tout payer, puisque lors de la demande du visa, il a signé un document certifiant qu’il paierait tout [ndlr. prise en charge]. Mais mon mari n’est plus mon mari, il habite au Maroc, comment peut-il payer le médecin et tout le reste ? Je viens maintenant depuis 10 mois chez Médecins du Monde. Vous m’avez toujours très bien aidée et grâce à vous, je peux maintenant m’adresser à Samik [ndlr. centre de suivi pour femmes enceintes à Anvers]. J’y vais toutes les semaines, ma grossesse y est suivie, mais je dois continuer à venir chez vous pour les analyses, ils ne réalisent pas de prises de sang. J’ai un peu peur aussi, ma première grossesse est tout de même tardive, j’espère que tout continuera à bien aller et que j’aurai un enfant en bonne santé. » MALIKA, PATIENTE DU CASO D’ANVERS

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LE TRAVAIL BÉNÉVOLE

2011 fut l’année européenne du bénévolat. Il nous semblait donc important de terminer ce rapport annuel par quelques mots les concernant. Nous avons fortement augmenté le nombre de bénévoles en 2011. Ainsi, plus de 250 bénévoles ont participé à nos activités de soins.

PROFIL NOMBRE

Accueillants 79

Médecins 56

Infirmiers 79

Spécialistes 22

Autres 22

Psychologues 12

TOTAL 277

Le volontariat fait partie intégrante de la charte et de l’identité de Médecins du Monde.

Nous voulons être un lieu où les professionnels de santé, mais aussi d’autres professions expriment leur solidarité. Le travail avec des volontaires amène certaines difficultés notamment pour la continuité de l’information, mais ils nous amènent aussi beaucoup de richesse. Via ce réseau de professionnels de santé et d’autres domaines, nous ne sommes pas coupés des réalités. Nos centres de consultations ne sont pas des îlots de médecine pour pauvres, mais nous sommes constamment reliés à d’autres pans de la société civile. Un va-et-vient continuel de personnes décide de s’engager et de mettre toutes leurs compétences et expériences à améliorer l’accès aux soins. Ce type d’engagement amène une diversité de points de vue et permet à la société civile de s’impliquer dans certaines problématiques de santé et précarité. De plus, de manière tout à fait concrète, certains patients sont référés vers les cabinets des médecins bénévoles. Médecins du Monde veut continuer dans cette voie et être l’association où s’expriment les solidarités et l’engagement des professionnels de santé et d’autres domaines !

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Météos changeantes « Par une journée ensoleillée de la fin du printemps 2011, j’accompagne une dame et sa petite fille dans un CPAS. L’accueillant du CPAS explique, de manière assez rude, à la dame qu’ici on ne parle que le français et le néerlandais. Pas la peine d’attendre si ce n’est pas le cas. La dame comme moi se débrouille en anglais et j’interviens pour dire que j’aiderai à traduire. L’accueillant remet alors en bougonnant un numéro d’attente à la dame. L’assistante sociale qui ouvre l’entretien en français opte rapidement pour l’anglais. Nous parlons donc à trois en anglais et en français. La fillette a reçu de l’assistante sociale un crayon et une feuille de papier et dessine des arbes enchevêtrés. A un moment, elle pousse la feuille et le crayon vers moi. J’ajoute quelques lignes droites et repasse la feuille à la demoiselle. Celle-ci s’applique un instant en tirant la langue à tracer d’autres droites. Instituteur dans une vie antérieure, avant de devenir bénévole pour Médecins du Monde, j’imagine bien l’effort de concentration que cela exige de l’enfant. Elle abandonne et se remet à dessiner des courbes croisées. Tandis que les trois adultes continuent à parler en anglais et français, elle continue à me passer régulièrement sa feuille de dessins et réessaye les lignes droites. Au moment de se quitter, la fillette offre la feuille à l’assistante sociale qui l’accepte en lui disant «Thank you». Dehors, il fait doux et je me sens bien. Quatre personnes autour d’une table échangeant ensemble malgré les difficultés de communication. De plus, les paroles de conclusions de l’assistante sociale laissent espérer que la dame obtiendra l’aide médicale du CPAS. Dans ma tête, le ciel se plombera quelques semaines plus tard lorsque j’apprendrai le refus du CPAS. Fin de l’hiver 2012, après quelques jours de soleil, voilà qu’en ce matin de début mars il s’est remis à neiger. J’accompagne un homme au CPAS. Nous sommes seuls dans la salle d’attente. Un des murs vitré donne sur les toits et jardins. L’homme s’est levé pour se poster devant la fenêtre et contemplant les flocons, il soupire : «And now, the snow !». Je le rejoins. A deux nous regardons la neige tomber et il se met à parler. Il est jeune, la trentaine. Il a quitté, adolescent, un pays en guerre et qui l’est toujours. Il se met à raconter son enfance, son adolescence, les raisons pour lesquelles il a quitté son pays, … sa vie. Il me dit aussi que pour le moment, ça va, il dort au SAMU. Mais le matin, il faut sortir et traîner toute la journée, sans but, dans les rues. La neige recouvre peu à peu tout. Personnellement, je n’aime pas la neige : c’est mouillé, c’est froid, ça gomme les couleurs. Mais je sais que désormais une nouvelle image négative s’associera, pour moi, aux flocons : les pages blanches de la vie des sans-papiers, sans-abri, obligés d’errer sans but toute la journée dans les rues de nos villes. Mais dans ma tête, c’est soleil et ciel bleu, Médecins du Monde. L’homme que j’accompagne a reçu un rendez-vous la semaine prochaine pour venir chercher sa carte médicale. Il pourra vivre de manière un peu plus autonome, retrouvant cette part de la dignité de toute personne humaine inscrite dans l’article 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. » ERIC, BENEVOLE, SERVICE SOCIAL DU CASO

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 50

PRIORITÉS 2012

>> Prévention Nous devons renforcer le volet prévention dans chacune de nos consultations avec en priorités :

- La couverture vaccinale (adulte : tétanos, grippe ; enfant : vaccins pour enfant), - La maladie infectieuse (TB/ VIH/ Syphilis…), - L’accès aux soins, - Les assuétudes (alcool, tabac…), - L’hygiène de vie.

Une approche communautaire et de une approche liée aux genres pourront aussi être développées notamment au travers du projet Parle avec elle. >> Augmenter le nombre de lieux de consultations

Afin d’avoir une vision d’ensemble de cette population sans-abri ou mal-logée, nous devons ouvrir des centres de consultations dans d’autres lieux (centre de jour pour sans-abri, approche mobile dans les gares…). Cela permettra d’augmenter nos contacts avec ce public et toucher des individus qui ne vont même plus dans les centres d’hébergement d’urgence (car il y a trop de règles ou que les chiens ne sont pas acceptés). >> Ouverture d’un centre de consultations en Wallonie

En 2011, certains contacts ont été pris en Région wallonne afin d’ouvrir un lieu de consultations. Ces

démarches seront concrétisées en 2012.

>> Concrétisation d’un projet de consultations de spécialistes à Anvers

Un nouveau lieu de consultations de spécialistes, en collaboration avec les Gasthuis Zuster, sera

opérationnel au début de l’année 2012 et permettra de compléter l’offre de soins dans la ville

d’Anvers.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 51

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Durant l’année 2011, Médecins du Monde a constaté une recrudescence de la précarité et une complexification des dossiers à Bruxelles et à Anvers. Le nombre moyen de consultations par patient a augmenté, ce qui prouve les difficultés grandissantes à la réorientation vers le système de santé classique. Les patients en séjour irrégulier voient les procédures administratives et les conditions d’octroi de l’Aide médicale Urgente

8 se complexifier. Quant aux demandeurs d’asile, ils continuent à se voir

exclure d’un système d’accueil saturé et se retrouvent sans accès aux soins. De nouvelles catégories de personnes exclues de tout système, comme les Européens, saturent nos centres de consultations. Cette complexité est due aux personnes présentant elles-mêmes des problèmes multiples, mais aussi à des barrières administratives qui, soit ont toujours été là, soit se recréent. L’accès aux soins primaire est difficile mais reste encore possible notamment par une utilisation (abusive ?) des services d’urgence qui restent malheureusement trop souvent les seules possibilités d’accès aux soins de santé pour cette population. En revanche, l’accès aux soins secondaire et donc le suivi (notamment des maladies chroniques) devient quant à lui de plus en plus complexe. Le poids administratif des différentes procédures, mais aussi la discrimination existante en fonction du lieu de résidence sont des barrières considérables pour le suivi de certains de ces patients. Ce système basé sur les lieux de résidence n’est pas adapté aux personnes en précarité de logement qui souvent déménagent tous les trois mois. L’accès aux soins en Belgique reste segmenté, non harmonisé et donc peu pratique pour les professionnels de santé de première ligne, pourtant des acteurs- clefs pour une prise en charge précoce et continue des patients. Les barrières administratives rendent l’accès effectif aux soins complexe pour les patients en situation précaire qui cumulent en plus d’autres barrières (culturelles, sociales…). Cela empêche la prise en charge de certaines pathologies qui s’aggravent et peuvent même être un risque pour la santé publique. Par exemple, comment soigner une syphilis si la procédure d’ouverture des droits prend un mois ? Quatre changements primordiaux dans le système actuel sont nécessaires : >> Renforcer l’offre de soins de santé de première ligne

Grâce à :

- Un renforcement de l’offre de soins de première ligne et un renforcement de l’offre de

services de santé mentale dans certains quartiers des grandes villes qui concentrent la

majorité de la population en situation précaire.

- La mise à disposition de services d’interprètes et de médiateurs interculturels accessibles à tous les professionnels de santé (services mobiles qui se déplacent jusqu’aux lieux de soins).

8 Aide Médical Urgente (AMU) est le système qui organise l’accès aux soins des personnes en séjour illégal.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 52

>> Améliorer la formation des professionnels de santé

Pendant la formation de base et la formation continue des professionnels de santé, intégrer les volets suivants :

Les compétences culturelles,

Le travail multidisciplinaire,

Les inégalités sociales,

L’épidémiologie et pathologies dans les pays étrangers. >> Mettre en place des programmes spécifiques de prévention

Au travers de la mise en place des programmes d’information et de sensibilisation qui ciblent spécifiquement les migrants. Par exemple, le diabète et les femmes maghrébines. La mise en place de politiques spécifiques de prévention pour les personnes en précarité de logement résidant dans les centres d’hébergement d’urgence. Par exemple, l’accès à la vaccination contre la grippe. >> Simplifier l’accessibilité du système sanitaire (accès à la première ligne) Via :

- Une individualisation des droits aux soins de santé qui ne dépendrait pas de la résidence de la personne. Cette individualisation permettrait d’enlever le caractère discriminatoire des pratiques différentes entre les autorités locales et permettrait de s’adapter à la réalité des personnes en précarité de logement qui déménagent de manière régulière.

- Un transfert de compétence du système d’accès aux soins aux acteurs classiques de

santé en Belgique et une rationalisation des différents systèmes. Aujourd’hui, certains systèmes d’accès subsidiaire sont gérés par le SPP intégration sociale via Fedasil ou via les CPAS. Médecins du Monde estime que ces compétences devraient être moins segmentées car il est impossible pour un professionnel de santé de s’adapter à ces nombreux dispositifs. Il serait intéressant que les acteurs classiques de santé (ministère de la Santé, mutuelles…) soient aussi impliqués dans ces systèmes subsidiaires car ils ont plus de compétences médicales.

MDM souhaite une société où la santé n'est pas un luxe. Nous voulons un système de santé fondé sur la solidarité, l'égalité des droits pour tous et l'équité dans l'accès aux soins. Un système où la protection de la santé et l'accès effectif aux soins pour tous sont garantis, sans aucune discrimination.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 53

REMERCIEMENTS

En Belgique, un accès aux soins effectif et de qualité n’aurait pu être une réalité pour bon nombre des patients de Médecins du Monde en 2011 sans la précieuse collaboration de : >> Nos bénévoles

- Bruxelles :

MISSION AUPRÈS DES SANS-ABRIS (SAMU social, Plan Hiver Rue Royale, Plan Hiver Chaussée de Charleroi) :

Accueil : Manon Cools, Christine Delannay, Michel Hoedmakers, Adélaide Lamy, Myriam Rosseau,

Clothilde Bodson, Helene Bouvy, Clotilde Bruter, Gaelle David, Eline De Cooman, Marthe De Krahe, Deborah De Smet, Eloise Dhuy, Nathalie Dombard, Laurence Flament, Sarita Gaul, Stéphanie Gillet, Camille Hatte, Pauline Makoutsing, Eric Morel, Roberta Mucci, Iga Niznik, Jennifer Rodriguez Anta, Bernadette Schlit, Agnes Steyaert, Diego Legua, Elise Stouffs, Mickaël Brisson, Victoria Royston, Marie-Claire Umwali, Charlotte Marchal.

Infirmiers : Agnès Bernard, Thierry Bosman, Elizabeth Ceuterick, Colette Charles, Catherine Convié,

Béatrice De Jaer, Myriam De Krahe, Claire De Passemar, Wilfried Desrumaux, Claire Dierick, Virginie Dion, Marina Dujardin, Lucy Edwards, Isabelle Frey-Robouch, Sarah Le Bihan, Béatrice Lemercier, Pascale Lobet, Thérèse Meurice, Françoise Peerboom, Flor Supo, Talat Tunbekici, Claudine Wante-Nuttin, Lounbna Azghoud, Caroline Constandt, Julien Demeuldre, Geneviève Dereeper, Nizar Ghaddhab, Nadia Gilles, Hugo Morizeau, Alima Nana Awa, Gaelle Oudaer, Brigitte Papeians, Thierry Van Der Ghinst, Bruno Van Lier, Christiane Dubois, Stéphanie Callens, Elena Corongiu, Catherine Bullman, Béatrice Reininger, Véronique De Jamblinne, André Herry, Magali Noirfalise, Bénédicte Grimonpont, Patrick; Rossignol, Benoit Kervyn.

Médecins : Jacques De Vriendt, Joke Hertogen, Guy Kervyn, Raphael Nardone, Salwa Othman,

Marieke Priem, Michel Schaar, Ruth Temmerman, Rita Vanobberghen, Vermeulen Michel ; Hans De Wauters, David Van Osta, Paul Thomas, Bruno Giacomo, Philippe van Vlaenderen,Jean-Christophe Berton, Alain François Bleecks,

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 54

Enquêteurs : François Audrey, Laurie Daffe, Eline de Cooman. Encodeurs : Sonia Ntwa Wamo, Kei Sawada, Manon Muyle, Laurelie Di Filippantonio. Coordinateurs : Julien Delannoy, Laura Venencie, Marithé Wameso, Sandrine Henrard.

CENTRE D’ACCUEIL, DE SOINS ET D’ORIENTATION (CASO) :

Médecins : Docteurs Christiane Tennstedt, Christophe Barbut, Françoise Tennstedt, Harry De Wilde,

Jacques Scarcez, Jean-Christophe Berton, Marie-Antoinette Millet, Mireille Leyens, Michel Verras, Guy Capelle, Mima De Flores, Michel Vermeulen, Irène Ottenhof, Jacqueline Foidart, Michèle Szyper, Michel Gillieaux

Assistante sociale : Isabelle Caugant Accueillants : Anifa Katangaza, Francis Perrichon, Laurène Laroche, Eric Shillings, Albert Lambert,

Béatrice Lejeune, Jacques Dumond, Pascale Vandevelde Psychologues : Cécile Foucart, Chloé Nadeau, Rosario Pelaez, Tatiana Costa Trinidad, Julien

Dupuis, Claude Dufrane, Delphine Della Gaspera Assistants sociaux : Nicole Van Oosterrwijck, Grégory Meurant, Véronique Guillaud Personnes en soutien social : Eliane Kestens, Eric Schillings

MISSION CONSULTATIONS DE SPECIALISTES :

Accueil : May-Lis Bertin, Claudine Verly, Marc Engels, Evelyn Titeca, Irma Bellis-Scheer, Denise

Tenzer-Baillon, Anne Expeels Médecins bénévoles : Docteurs Baillon, Vandeputte, Reignier, Von Waldburg, Lejeune, Parres,

Bruyns, De Gennaro, Thielemans , Javdani, Lebrun, Geerts , Blondiau, Brouwez, Simon, Chevalier, Maskens , Nagant.

Coordinateur : Etienne Verhoeven

MISSION PARLE AVEC ELLE :

Marie Umererwa, Monique Petruszka, Patricia Bernaert, Sylvie Decker PROJET SOS ACCUEIL :

Accueil : Aurélie Bayet, Caroline Buschen, Sylvie Decker, Eloise Dhuy, Camille Hatte, Michel Hubert,

Henri Kevers, Angelina Le, Julie Lenain, Loucine Mardikian, Mylène Maussire, Idir Oudaha, Jennifer Rodriguez, Dominique Roly, Eric Schillings, Bérengère Soulier, Franck Philippe Timbal, Thyl Van Gyzeghem

Infirmiers : Stéphanie Callens, Yasmina Coomans, Catherine Convié, Elena Corongiu, Marie

Derenne, Carine Gosselet, Marie Grenez, Isabelle Robouch, Fanny Saporito, Franck Vanbiervliet, Isabelle Vasseur, Myriam

Médecins : Docteurs Gabriel Cascaval, Jérôme Duisit, Baudry Gubin, Rabhi Hamza, Guy Kervyn,

Loubna Sattar, Françoise Tennstedt, Julie Vanderbroeck, Céline Vanschepdael. Coordinateurs : Virginie Bodart, Jozef Fleury-Berthiaume, Anne-Françoise Maes, Karine Soulignoux Garde malades : Daniel Cabello Llamas, Mathilde Corre, Cécile Daron, Blandine De Mahieu, Valérie

De Montblanc, Laureline De Wind, Lucila Farée, Marie Martin, Hanna Morhun, Adrien Ndema, Nina Parmentier, Virginie Pochat, Evelyne Seret, Floriane Todoroff, Manuella Verbeke, Silvia Vincitorio, Katia Xenophontos. RAPPORT ANNUEL, MISE EN PAGE ET CORRECTIONS :

Barbara Vivarelli, Clémence Morinière

- Anvers : MISSION AUPRÈS DES SANS-ABRIS : Accueil: Marc Bolsens, Brahim Siraj, Hedwig Sillen, Marijke Smits, Kathleen Debruyne, Ouafa Yacine

Infirmiers : Valerie Huygen; Miejeanne Van Herreweghe; Lieve De Weerdt ; Elke Van de Sompel ;

Ingrid Wynants ; Marc Heymans, Magda Faelens, Miriam Manti, Tine Crikemans, Ilse van Remortel , Els Bonet, Judith Vanhecke

Infirmiers De Steenhouwer : Kristien van Remoortele, Gert Leyse, Elke Schmelzer Médecins: Docteurs Filip Goossens, Charlotte Pauwels, Anthony Swolfs, Jan-Edmond Theerens,

Yves Biot, Simonne Blanche Enregistrement Sphynx: Mieke Bervoets, Tatjana Breukink, Mike De Cuyper

CENTRE D’ACCUEIL, DE SOINS ET D’ORIENTATION (CASO)

Accueil : Christiane Descamps, Leo Haenen, Ingrid Vanhauwaert, Miejeanne Van Herreweghe, José

Verweirde, Dominique Wirtz Infirmiers : Alice Gommeren, Cindy De Roeck Médecins : Docteurs Rein Barbe, Lianne Vos, Luc Bruyndoncx, Eric De Groote, Lode Gepts,

Françoise Leynen, Marlies Torfs, Stefan Van Bragt, David Van Osta, Roland Van Cleempoel, Hans Wauters,

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 55

Ineke Plaetinck, Liesbeth Van Gestel

Psychologues : Lieve Sels, Jan Cuyckens, Dr Paul Derkinderen (psychiatre), Anja Pluym, Lin

Pannier, Dalida Sadat, Saskia Daems, Kris Van Cappellen Assistant sociaux : Jef Renders, Erna De Bock, Eva Van De Poel, Martine Van Eekert Aide à la mise en page : Henriette Lebacq

>> Nos partenaires

- Bruxelles : Pharmaciens Sans Frontières, Clinilabo, PMG Athena, les CPAS de la Région bruxelloise, les Maisons Médicales de la Région bruxelloise et la Fédération des Maisons Médicales, le CIRE, la cellule médicale de Fedasil, le Setis, le comité de vigilance, la CASS de Schaerbeek et de Saint-Gilles, Ulysse, le centre médico-psychologique du service social juif, Anaïs, le centre de santé mentale de St-Gilles, le service d’aide aux victimes, le Méridien, l’ASBL l’Eté, le PTC, l’ONE, Kind & Gezin, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, le Siréas, Vlaams Minderheden Centrum, Medimmigrant, Exil, D’Ici et d’ailleurs, le SMES-Belgique, Rivage, la Gerbe, BIPE, ACT on Life, le SAMU Social, Infirmiers de Rue et tous les différents services et prestataires de soins qui ont accepté nos patients. Nous sommes également en contact avec divers partenaires pour les sans-abris à Bruxelles (Diogènes, La Fontaine, Pierre d’Angle, Dune...) et participons à la plate-forme de la Strada. Le SAMU social est un partenaire privilégié. Un partenariat médical a également été mis en place fin février 2012 avec la Maison médicale Botanique pour le Plan hiver. FARES (un bus de dépistage de la tuberculose a stationné une matinée dans la Rue Royale) et le centre Elisa. Parle avec Elle est actif dans les locaux de l’Asbl NASCI (centre de l’aide à l’enfant), Rue d’Anethan 4 à 1030 Bruxelles (www.nascivzw.be).

- Anvers : WGC De Regent, WGC ’t Spoor, Free Clinic, Gh@pro , Helpcenter; VRGT, Wijkverpleegcentrum Sint Andries en Inloopcentrum De Steenhouwer, DGGZ Andante, Sociaal-artistiek project Madam Fortuna: samenwerkingsverband mee afgesloten, Cultuursensitieve Zorg Antwerpen…

>> L’équipe salariée Coordination des projets belges : Stephane Heymans, Dr. Kathia Van Egmont

Projet à Bruxelles : Sophie Bleus, Amy To, Guerline Nizet, Sophie Damien, Natacha Dewitte, Dorothée

Bertrand, Aimable Ndayambaje, Dr. Pierre Ryckmans

Projet à Anvers : Kathleen Debruyne, Kaat Anthuenis, Marijke Smits, Ouafa Yacine, Dr Greet Erven, Hild

Meylemans, Jenny

Au siège : Anne Pierson, Catherine Eeckhoudt, Candice Socquet, Joel Quenum, Asma Al Badaoui, Ann

Saunders, Steffi Tison, Donatienne Baise, Pierre Verbeeren, Edith Hesse, Francois Fille, Elodie Richard, Michel Reuss, Catherine Lucet, Morgane Hamonet, Caroline de France

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 56

ANNEXES

1. Le cadre législatif de l’accès aux soins

Médecins du Monde plaide pour un accès aux soins de qualité pour toute personne qui réside sur le territoire belge, quel que soit son statut légal. La Belgique fait partie des meilleurs élèves de la classe européenne en la matière En effet, une majorité de la population a un accès théorique aux soins. Un aperçu… >> Les ressortissants belges ou avec un titre de séjour assimilé Ces personnes relèvent de l’assurance maladie obligatoire par l’intermédiaire d’une mutualité ou de la caisse auxiliaire d’assurance maladie invalidité. Pour les personnes qui rencontrent des difficultés financières substantielles, le CPAS peut contribuer en tout ou en partie à la prise en charge des frais médicaux (prise en charge du 1/3 payant). >> Les personnes sans titre de séjour Lorsqu’elles sont indigentes et non couvertes par une assurance dans leur pays d’origine, ces personnes ont droit à l’Aide Médicale Urgente (AMU)

9, que ce soit pour des soins préventifs ou

curatifs. Ce droit est octroyé par le CPAS après une enquête sociale. Si le CPAS l’octroie, celle-ci lui est remboursée à 100 % par l’État fédéral (SPP Intégration Sociale) au CPAS. >> Les demandeurs d’asile Ces personnes ont droit à une aide matérielle de la part de Fedasil ou un de ses partenaires. Cette aide prévoit l’hébergement, l’alimentation, mais également un accompagnement médical, psychologique, social et juridique. Les personnes accueillies au sein d’une structure d’accueil sont accompagnées par le médecin du centre. Celles qui se trouvent en dehors d’un centre bénéficient uniquement de la prise en charge médicale de Fedasil. Les frais de santé des demandeurs d’asile sont pris en charge par le SPP Intégration Sociale. >> Les autres cas Les personnes détentrices d’un titre de séjour provisoire (visa touriste, européen depuis moins de 3 mois sur le territoire …) doivent faire appel, en cas de maladie, à l’assurance maladie dans leur pays d’origine et/ou leur assurance voyage et/ou leur garant. Les personnes sous recevabilité 9ter (régularisation médicale) peuvent faire appel au CPAS pour une prise en charge financière et médicale.

9 Comme décrit dans l’article 57, paragraphe 2 de la loi organique des CPAS du 8 juillet 1976 et

l’Arrêté royal du 12 décembre 1996.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 57

2. L’accès aux soins en pratique

>> Accès difficile à l’information Le public rencontré par les équipes de Médecins du Monde n’est que très peu, voire pas du tout informé des procédures décrites ci-dessus. Les personnes en situation de séjour précaire et leur entourage sont souvent freinées dans leur recherche d’une aide médicale par la peur d’être dénoncées ou se heurtent à la méconnaissance de certains services en matière d’accès aux soins. Ces patients peuvent alors différer leurs soins faute d’une prise en charge adéquate. Ainsi, ce qui commence comme un problème bénin peut devenir une pathologie extrêmement grave, avec des conséquences négatives pour la santé du patient et des traitements plus onéreux. De nombreux demandeurs d’aide s’expriment difficilement dans nos langues nationales, ce qui ajoute une barrière supplémentaire dans l’accès à l’information. D’autre part, les prestataires de soins prêts à aider des patients en situation précaire font face à des difficultés administratives. On ne demande pas uniquement aux médecins et psychologues de connaître leur propre métier, on exige également d’eux une bonne maîtrise du droit belge des étrangers. Par ailleurs, la dénomination «Aide médicale Urgente» engendre une interprétation restrictive non prévue dans la législation et porteuse de mauvaise information. >> Procédures administratives complexes et lentes Pour les personnes sans titre de séjour qui font appel à l’aide médicale urgente, la législation prévoit une enquête sociale du CPAS afin de vérifier que les conditions d’aide sont bien remplies. Malheureusement, le temps entre la demande d’aide et la réponse médicale des personnes sans papiers dépasse souvent un mois. Pour bénéficier de cette aide, le patient doit introduire une attestation médicale qui témoigne de la nécessité d’être soigné. Cette première consultation n’est pratiquement jamais remboursée et de nombreux prestataires de soins ne connaissent pas la procédure. Pour les demandeurs d’asile, le fonctionnement reste compliqué. Un appel à la cellule médicale de Fedasil doit se faire pour chaque acte de soins, rendant un suivi régulier et efficace plus complexe. >> Absence d’un cadre cohérent concernant l’assurance maladie et la libre circulation de ressortissants européens De nombreux migrants en situation de grande précarité et issus d’Etats membres de l’Union européenne n’ont pas les moyens d’avancer les frais de soins de santé qui ne seront remboursés que plus tard par l’assurance de leur pays d’origine. D’autres ressortissants européens ne sont plus en ordre avec leur assurance dans leur pays d’origine. L’information concernant les conditions de remboursement dans le pays d’origine reste floue et peu accessible. Les patients appartenant à ces catégories ne peuvent s’affilier à une mutuelle belge tant qu’ils ne bénéficient pas d’un droit de séjour, ni faire appel, dans un premier temps, à l’Aide Médicale Urgente. >> Vulnérabilités spécifiques Dans le cadre de ses consultations, le CASO est témoin d’une série de vulnérabilités inhérentes au public qu’il accueille et qui complexifie grandement un accès aux soins effectif. En voici quelques-unes rencontrées fréquemment.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 58

- Vulnérabilités sociales

Problèmes de langue, faible scolarisation, analphabétisme ;

Ressources financières incertaines et précaires ;

Logement précaire et/ou mouvant ;

Méfiance et peur ;

Manque de sécurité juridique ;

Isolement, manque de réseau, méconnaissance des droits.

- Vulnérabilités médicales

Non priorisation de la santé ;

Risque de complication d’épisode de maladie et de chronicité.

- Vulnérabilités psychologiques

Isolement ;

Groupe à risque (situation dans le pays d’origine, parcours migratoire, précarité dans le pays d’arrivée) ;

Troubles et pathologies spécifiques ;

Rapport différent à la santé mentale et à la langue.

Plus d’informations sur le cadre juridique concernant l’accès aux soins et la réalité concrète de cet accès sur www.huma-network.org.

>> Santé mentale Suite à des troubles en santé mentale, une personne a perdu tous ses droits. Elle n’a pas renouvelé son document de séjour à la commune, n’a plus payé ses cotisations de mutuelle et s’est retrouvée à la rue sans traitement ni suivi. >> Saturation du réseau de soins Un patient mutualisé ne parvient pas à faire face à ses frais de soins. Il ne peut payer une consultation chez un médecin généraliste, et la maison médicale au forfait de son quartier est saturée.

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Rapport d’activités des projets belges – 2011 59

3. Comment aider Médecins du Monde?

>> Devenez bénévole Médecins du Monde recherche constamment des bénévoles pour mener à bien ses missions en Belgique. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez plus d’informations. Actuellement, nous recherchons en particulier : des médecins généralistes, des spécialistes (dentistes, psychiatres), des psychologues. D’autres profils sont recherchés, consultez régulièrement la rubrique recrutement sur notre site Internet www.medecinsdumonde.be. >> Soutenez Médecins du Monde par un don Soutenir mensuellement Médecins du Monde, c’est choisir de vous engager en faveur des plus démunis. C’est un geste de solidarité précieux, car grâce à vous, Médecins du Monde peut construire des projets dans la durée. Si le cumul de vos dons mensuels atteint 40 € ou plus par an, vous recevrez automatiquement une attestation fiscale l’année qui suit votre versement. Médecins du Monde adhère au code de déontologie de l’Association pour une Ethique dans les Récoltes de Fonds (AERF). Cette association veille au respect de l’éthique dans la récolte de fonds. >> Organisez une action de solidarité Individuellement ou avec votre entreprise, école, club de sport… lancez un défi sportif, organisez un événement ou une collecte pour aider Médecins du Monde. Créez une page d’action personnelle en ligne pour récolter des dons et faire connaître votre action ! En savoir plus : http://mdm.jeveuxaider.be/pp/index.php?lang=fr >> Créer un partenariat avec votre entreprise Vous êtes salarié dans une entreprise ? Proposez à votre direction de devenir l’un de nos partenaires : un événement ou le parrainage d’une mission avec une communication commune, l’organisation d’une tombola au profit de Médecins du Monde, etc. Prenez contact avec Pierre Verbeeren, Directeur général, au 02 648 69 99 ou par e-mail : [email protected].

MERCI !

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Médecins du MondeRue de l’Eclipse, 6 – 1000 Bruxelles (Au 01/09/12 : rue du Botanique, 67-75 – 1210 Bruxelles)Tél. +32 (0)2 648 69 99Fax. +32 (0)2 648 26 [email protected] : BE26 0000 0000 2929

coordinateur des projets belgesStéphane [email protected]él. +32 (0)470 04 56 49

caso bruxellesRue d’Artois, 46 – 1000 Bruxelles (Au 01/09/12 : rue du Botanique, 67-75 – 1210 Bruxelles)Tél. +32 (0)2 513 25 [email protected] : Natacha Dewitte, Sophie Damien

caso anversVan Maerlantstraat, 56 – 2060 AnversTél. +32 (0)3 231 36 [email protected] : Kathleen Debruyne

Editeur responsable : Pierre Verbeeren - Rue Antoine Bréart, 77 - 1060 Bruxelles - Date de publication : mai 2012

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