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RAPPORT
POUR UN CONCEPT CANTONAL
EN MATIERE DE REMISE DE
MATERIEL STERILE
AUX PERSONNES
TOXICODEPENDANTES
REL’IER Anne DENTAN
Geneviève ZIEGLER
SERVICE DE LA
SANTE PUBLIQUE Janine RESPLENDINO
Lausanne, le 31 janvier 2000
Version 2001, corrigée
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Table des matières
1. Introduction
2. Situation actuelle dans le canton
2.1. Historique
2.2. Données chiffrées
2.3. Pratiques actuelles
2.4. Nuisances
2.5. Récupération du matériel usagé
3. Consultation
4. Synthèse des propositions
5. Recommandations et budget
6. Bibliographie
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1. Introduction
La démarche qui sous-tend la remise du matériel stérile aux toxicodépendants mérite
d’être rappelée. L’apparition du sida, dans les années 80 et les découvertes scientifiques quirapidement sont diffusées mettent les responsables de la santé publique (et notamment les
Médecins cantonaux, responsables de la lutte contre les épidémies) face à une nouvelle
problématique. Il s’agit depuis plusieurs années de lutter contre la toxicodépendance,
notamment par des offres diversifiées de réhabilitation (centres résidentiels, traitements
médicaux ambulatoires, prises en charge socio-éducative) permettant aux toxicodépendants de
se soigner. Avec l’apparition du sida, on découvre rapidement qu’un des vecteurs de
l’épidémie est la seringue, souvent utilisée par plusieurs toxicodépendants.
Les études1
ont montré que les toxicodépendants avaient un taux de prévalence VIH,
d’hépatite B et C plus important que la population générale. Remettre du matériel d’injection
aux toxicodépendants permet d’œuvrer sur plusieurs plans:Ø Les toxicodépendants ont droit – au même titre que toute autre personne – à des soins de
base: le matériel stérile représente un moyen de lutter contre les abcès, les infections, les
phlébites. Ils ont droit à une prévention de qualité et pertinente pour eux.
Ø La toxicodépendance est un phénomène transitoire même si elle dure; le but de la
réduction des risques et des dommages pour la santé est aussi de maintenir le
toxicodépendant dans le meilleur état de santé possible, pour le moment où il sortira de sa
dépendance.
Ø Pour se débarrasser de sa dépendance, un consommateur de drogues illégales doit avoir un
état de santé suffisamment bon. Etre atteint d’une hépatite ou du sida n’est pas toujours
motivant pour viser l’abstinence.
Ø La remise de ce matériel est un moment privilégié pour engager un dialogue, créer un lien,
une relation de confiance qui, ultérieurement, lors d’une décision de traitement, peut
s’avérer très utile.
Ø Les toxicodépendants ne vivent pas hors du monde. Un bas taux de prévalence du sida et
des hépatites diminue à la fois le risque de transmission au sein de la population des
toxicomanes et le risque de transmission à d'autres groupes de population par le biais de la
transmission sexuelle.
La politique promue en Suisse concernant les drogues illégales prévoit quatre piliers: la
prévention, la prise en charge, la répression et la réduction des risques/aide à la survie. Laremise de matériel stérile entre dans le cadre du quatrième pilier, au même titre que l’accueil
dans les centres à bas seuil, les soins primaires, parfois le logement. Cette mesure est efficace
pour la lutte contre deux graves maladies transmissibles (le sida/VIH et l’hépatite B/C) et, à
ce titre, en accord avec une politique cohérente en matière de santé publique.
Les intervenants et les responsables de la santé publique reconnaissent que cette solution
comporte des ambiguïtés: donner le matériel qui permet l’injection d’un produit toxique est
une solution qui pose problème sur le plan éthique. Mais on sait bien, en la matière, qu'il faut
admettre de vivre avec certaines contradictions.
1 Voir Bibliographie, point 6
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Cette mesure de santé publique s'est heurtée à certaines remarques concernant la sécurité
publique. Citons les deux plus importantes:
- Certains sont mal à l’aise avec une mesure (parmi d’autres) qui peut avoir un effet attractif
dans les agglomérations, pour les consommateurs et donc les dealers.
- Les seringues ne sont pas toujours récupérées dans les récipients ad hoc et dès lorsreprésentent un danger de piqûre (mais, sauf exception, pas de danger de contamination
par le VIH) pour les enfants et les professionnels des déchets (routes, parcs, toilettes
publiques, ramassage des ordures, conducteurs de bus, notamment).
Dans notre canton, la remise de matériel d’injection a été officialisée en 1996 par une décision
du Conseil d'Etat, puis des Recommandations émanant du Médecin cantonal. Un suivi a été
mis en place, mais certains l’ont jugé insuffisant. En outre, diverses réclamations ont été faites
concernant notamment la présence de seringues sales sur la voie publique, dans les parcs et
dans les immeubles.
Au vu des remarques, interventions, articles de presse, intervenus durant l'année 1999, il
devenait urgent de revoir l’ensemble du problème sur le plan cantonal.Le Service de la santé publique, par le Médecin cantonal, a entrepris une réflexion à ce sujet
afin de parvenir à un Concept cantonal en la matière. Les collaboratrices de Rel’ier, structure
de coordination dans le domaine de la toxicomanie, ont été activement associées à la
démarche.
Il a été décidé de procéder en plusieurs étapes, en vue de recueillir un maximum
d’informations pertinentes et d’aller dans le sens d’un consensus.
La première étape a consisté à réunir l’ensemble des intervenants remettant du matériel
stérile afin de connaître leurs pratiques, leurs principes, ainsi que les problèmes et lacunes
qu’ils relèvent.
Une deuxième rencontre a réuni l’ensemble des personnes constituant – au sens large – le
réseau dans le domaine de la toxicomanie: institutions de prise en charge, de prévention,
centres d’accueil, centres résidentiels, associations, justice, police, autorités locales et
autorités sanitaires. Dans ce cadre, une information a été donnée et les remarques de chacun
relevées.
A noter que cette démarche qui a duré plusieurs mois a certainement provoqué des réflexions
et entraîné des changements. C’est donc dans un contexte interactif que se situe ce rapport.
Le présent document représente la troisième étape: il vise à synthétiser l’ensemble des
informations recueillies, à en faire l’analyse et à proposer des recommandations et un budget.
Il sera remis au début de l’année 2000 à la Commission cantonale de prévention et de lutte
contre les toxicomanies qui l’examinera et le remettra au Chef du Département de la santé etde l’action sociale.
Une quatrième phase, après validation politique des propositions, pourra être la mise en
place du concept: plan d’action, contacts avec certaines autorités, mise sur pied d’une
formation ad hoc, principes concernant la remise et l’échange de matériel, information et
formation des professionnels des déchets, mise au budget.
Nous espérons ainsi répondre aux remarques faites durant ces derniers mois, tant en termes
d’information que de nouvelles propositions apportant ainsi des solutions satisfaisantes pour
l’ensemble des partenaires concernés et les personnes toxicodépendantes.
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2. Situation actuelle dans le canton
Ce chapitre propose un état des lieux de la remise de matériel stérile dans le canton, à partir
des données existantes et de celles recueillies auprès des intervenants réunis par nos soins,
pour décrire leur pratique et les problèmes soulevés (rencontre du 21 septembre 1999).
Nous avons complété ce tableau par d'autres informations touchant la récupération des
seringues usagées en ville de Lausanne. La gestion de ce problème est assumée par le
"Groupe de travail seringues". De son côté, le Service d'assainissement a également pris des
initiatives de façon à mieux coordonner la récupération des seringues sales dans les espaces et
lieux publics.
Enfin, nous livrons une estimation du nombre de cas où une personne s'est blessée au contact
d'une seringue sale.
2.1. Historique
• La vente de seringues stériles dans les pharmacies vaudoises sans ordonnance médicale aété autorisée en juillet 1990 par le Département de l'intérieur et de la santé publique.
• A partir de 1993, des seringues sont remises au cas par cas par les intervenants en contactavec la rue (Mère Sofia, Pastorale de la rue, Rel'Aids, puis médecin de rue).
• Simultanément le Rel'Aids réalise une enquête2
auprès des pharmaciens avec un objectif de sensibilisation sur leur rôle d'agents de prévention.
• En août 1994, le Commandant P. Aepli de la Police cantonale émet une nouvelle règle
(Instruction de Police Judiciaire, IPJ) par laquelle les seringues stériles découvertes lors decontrôles policiers doivent êtres laissées à leur détenteur, tandis que les seringues sales
doivent être saisies.
• En janvier 1996, l'adoption du rapport préavis no 119 par le Conseil communal lausannois
concrétise le projet d'une remise organisée de matériel d'injection à Lausanne.
• Le 28 février 1996, le Conseil d'Etat fait connaître ses critères pour la vente libre en
pharmacie et la distribution gratuite de matériel d'injection aux toxicomanes.
• Le 20 mars 1996, conformément à la décision du Conseil d'Etat, le Médecin cantonal
édicte les Principes3
d'application et la procédure pour l'accréditation des institutions
remettant des seringues stériles.• Dès avril 1996, la commune de Lausanne finance l'achat de matériel d'injection
(seringues, eau distillée, ascorbine, tampons désinfectants) ainsi que des préservatifs et
des lubrifiants.
• Les institutions remettant des seringues à Lausanne sont:
- jusqu'à février 1998, la Pastorale de rue, relayée jusqu'à mai 1999 par le Distribus,
puis, à partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, par le Passage,
2 Toxicomanie et pharmacies, situation dans le canton de Vaud , Marro JJ, André G, Gervasoni JP et alii,
Institut universitaire de médecine sociale et préventive, Association le Relais, Cah Rech Doc IUMSP, no 114,Lausanne, 1994 3 Annexe I, principes concernant la distribution de seringues stériles (mars 1996)
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- jusqu'en automne 1998 la médecin de rue,
- la Soupe Populaire4,
- le bus Fleur de pavé5.
Parallèlement la Commune de Lausanne a mis sur pied un "Groupe de travail seringues"
dont la mission consiste à suivre l'expérience et à réagir aux difficultés qui peuventsurvenir. Ce groupe de travail, dirigé par le Secrétaire général de la Sécurité sociale et de
l'environnement, est composé des intervenants de terrain, de représentants de
l'administration communale et du corps de police, de la Société des pharmaciens de
Lausanne et environs, du Service de la santé publique et de Rel'ier.
• Dès 1996, ACT (Action Communautaire et Toxicomanie, Vevey) remet de façonindividualisée du matériel aux usagers qui le demandent.
• Dès son ouverture en octobre 1997, Zone Bleue, à Yverdon, fait de même.
2.2. Données chiffrées
Le tableau en annexe II6
présente les données générales recueillies par l'IUMSP jusqu'à fin
1998 dans le canton de Vaud.
L'essentiel de la remise se réalise à Lausanne. Par ailleurs, la répartition est très inégale dans
le reste du canton puisque Zone bleue en distribue plus des deux tiers à elle seule.
Lausanne Reste du canton
ACT
Zone Bleue
Rel'Aids
Nombre de seringuesremises en 1998
524'960 37'056 seringues
(dont 28'526 à Zone Bleue)
On ignore les répercussions exactes de la remise de matériel d'injection sur les ventes
actuelles en pharmacies dans le grand Lausanne, faute de données systématiques. L'enquête
précitée de 1994 auprès des pharmaciens faisait état de 13'627 seringues vendues dansl'ensemble du canton, dont 9'089 seringues seulement pour le grand Lausanne. A cette époque
déjà, on notait une concentration à Lausanne: mais dans ce cas il s'agissait de la demande (les
seringues étant achetées) et non pas de l'offre, répartie dans presque l'ensemble du canton à
des conditions de vente analogues.
4 Jusqu'à l'été 1999, la Soupe Populaire était un lieu important de remise de matériel d'injection. Avec
l'ouverture du Passage, un remaniement du dispositif lausannois a fait de la Soupe un lieu de dépannage. Durant
l'automne 1999, la Soupe Populaire a introduit ce changement de façon progressive (information aux usagers,
remise de seringues pour la nuit uniquement).5
Le Bus Fleur de pavé s'adresse aux femmes pratiquant la prostitution de rue. Dans ce contexte,l'essentiel du travail de prévention passe notamment par la remise de préservatifs et de lubrifiants.6 Annexe II, état des lieux fin 1998 (IUMSP)
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La couverture horaire actuelle7
figure dans le tableau suivant.
A Lausanne, l'accès à du matériel d'injection gratuit est possible toute la journée au Passage
avec deux points de dépannage, respectivement en soirée à la Soupe populaire ainsi que la
nuit à Fleur de Pavé.Zone Bleue et ACT ont des horaires qui couvrent largement la journée, sauf le week-end.
Dans le reste du canton, il faut se rendre en pharmacie.
Lausanne Yverdon
Zone Bleue
Riviera
ACT
Morges
Entrée de secours
Le Passage: 9h. - 19h.
Toute la semaine, y compris le
dimanche
11h. à 18h.
lundi à jeudi
11h. à 16h.
vendredi
10h. à 12h.
13h.30 à 18h.
lu, ma, je, ve
14h. à 18h.
mercredi
présence dans la
rue
Vente de boîtes
flash:
18h. à 20h.
lundi à vendredi
16.00 à 18.00
dimanche
Soupe Populaire: 19h. à 21h.30
lundi, mercredi, jeudi, vendredi
Fleur de pavé: 22h. à 02h.
mardi, jeudi, vendredi
2.3. Pratiques actuelles
Les intervenants de terrain8
remettant du matériel stérile ont été invités à une réunion le 21
septembre 1999 afin de communiquer leur expérience.Dans un premier tour de table, des informations factuelles concernant les modalités de remise
du matériel, le retour des seringues usagées et le financement ont été recueillies.
Un second tour de table a permis d'aborder les problèmes rencontrés, à partir des contextes de
travail régionaux et d'émettre quelques propositions.
Le cadre de la discussion a été posé en début de rencontre. Si la nécessité de remettre du
matériel d'injection stérile aux personnes toxicodépendantes dans une visée de prévention et
de réduction des risques sanitaires est maintenant reconnue, des points de divergence
7Données valables en décembre 1999
8 Annexe III, liste des personnes présentes et condensé de la séance du 21 septembre 1999
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subsistent en ce qui concerne les modalités de cette remise. Dans cette perspective, un concept
cantonal de remise de matériel d'injection devrait inclure trois axes, à savoir:
• une accessibilité au matériel stérile sur l'ensemble du territoire vaudois,
• des conditions de remise de matériel stérile comparables dans les régions,
• un juste équilibre entre logiques de santé et de sécurité publiques.
Un condensé des données recueillies durant cette séance figure en annexe III. En synthèse, on
relèvera :
Ø Modalités de remise dans les différents sites du canton
• Toutes les structures remettent des seringues plus les accessoires nécessaires pour une
injection propre (ascorbine, tampons).
• D'une manière générale, toutes les structures accompagnent la remise de matériel d'un
discours préventif, notamment avec des informations sur les risques d'infection pour le
sida et les hépatites, les modes d'injection ainsi que le retour du matériel usagé. Cette
remise est intégrée à l'ensemble des prestations de chaque structure, comme une manière
complémentaire d'offrir une aide, un soin.
• Toutes les structures ont cherché des moyens pour se familiariser à ce type d'intervention;
la formation s'est réalisée à l'interne, selon des modalités propres à chacune.
• La quasi-totalité des intervenants concernés a une formation dans l'action sociale ou
éducative plutôt que dans le domaine sanitaire.
Ø Modalités de retour des seringues usagées
• Toutes les structures remettent aux usagers des sanibox (boîte de récupération des
seringues) avec une injonction pour le retour des seringues usagées.
• Aucune structure ne soumet la remise du matériel stérile à l'exigence de l'échange.
• On ne dispose pas de données chiffrées sur le retour, mais d'estimations à partir des
sanibox rendus. On déplore aussi l'absence de données récentes sur la vente et le retour en
pharmacies.
•
A Lausanne, le Passage a organisé des actions de récupération avec les propres usagers àpartir de l'été 1999.
• Seul le Groupe d'usagers nouvellement créé9
en 1999 prône une exigence du retour,explicite et ferme.
Ø Financement
• Le coût de la remise de matériel d'injection n'apparaît qu'à travers les frais de matériel; le
travail en tant que tel n'est comptabilisé nulle part, puisqu'il est considéré comme une
prestation intégrée à d'autres.
9 Il rassemble des consommateurs dépendants, des ex-consommateurs et des intervenants intéressés.
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• Seules les structures lausannoises disposent d'un financement spécifique pour le matériel;
les autres structures le prennent sur leur budget de fonctionnement. En conséquence,
l'offre n'est pas identique partout (ACT ne distribue pas d'eau stérile, trop coûteuse).
Ø Problèmes soulevés par les intervenantsLes intervenants ont soulevé principalement deux problèmes: l'accès au matériel stérile et le
retour des seringues usagées.
• L'accès au matériel stérile
Dans toutes les régions périphériques, les pharmacies sont le seul recours, ce qui pose les
problèmes de la couverture horaire (pas de couverture la nuit, ni le week-end) et du besoin
d'anonymat expliquant la réticence à se rendre dans une pharmacie où l'on est connu.
• Le retour du matériel usagé
Le retour des seringues sales par le biais des sanibox est plus ou moins entré dans les mœurs.
Le problème réside dans les injections "sauvages10
", dont les facteurs explicatifs sont les
suivants: les personnes sont sans domicile fixe; elles se font une première injection sur place
pour "tester" le produit; ou encore, n'étant pas domiciliées à Lausanne, elles réalisent le shoot
en ville.
Le problème est devenu plus aigu avec l'épidémie de cocaïne.11
L'usage compulsif de cette
substance a entraîné une augmentation massive des injections intraveineuses quotidiennes,
assorties d'états de stress chez les consommateurs. Les conséquences sont graves tant du point
de vue de la santé des usagers (mauvaises conditions d'injection, système veineux trèsendommagé) que des nuisances publiques (seringues sales dans les espaces publics).
Un autre facteur explicatif, relevé par tous les intervenants, est celui de l'intervention
policière. La police agit conformément aux directives: elle ne confisque que les seringues
usagées, mais interpelle les consommateurs au nom du produit qu'ils pourraient détenir sur
eux, dans le but de poursuivre les trafiquants. Selon les intervenants, cela incite les personnes
toxicodépendantes à se débarrasser de leur matériel au plus vite.
10Injections faites dans les espaces publics ou privés (allées d'immeubles, etc.) souvent sous stress.
11 Journal Le Temps, 20 septembre 1999: Ce phénomène nous touche pour la première fois mais il est
bien connu à l'étranger , Dr J. Besson, chef de la division d'abus de substances, Lausanne. On prend plus derisques: on n'attend plus d'avoir une seringue propre pour s'injecter ou on accepte plus facilement des relations
sexuelles sans préservatif", Ch. Mani, responsable du bus de prévention du sida, Genève.
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Synthèse des informations recueillies selon les trois axes précités
Lausanne Reste du canton
ACCESSIBILITE Plusieurs points de remise de
matériel, bien identifiés
Accès inégalement réparti:
Remise à Yverdon et sur la Riviera
Sinon, accès en pharmacies.
Problèmes relatifs:
- à l'anonymat
- à la couverture horaire
CONDITIONS DEREMISE
Tous les intervenants:
- dispensent un message préventif
- remettent le matériel sans conditions (pas d'échange exigé )
Différences:
- dans le caractère systématique du message préventif (à cause de la
pression des circonstances pratiques)
- dans les pratiques
- dans les sources de financement
- dans l'attitude des polices locales face aux consommateurs de drogues
EQUILIBRE
santé/sécurité publiques
- seringues sales dans espaces
publics
- insuffisance du retour du
matériel usagé
Certains ajustements ont déjà été
réalisés, la réflexion est en cours
Pas de problème signalé
2.4. Nuisances
Le fait que des seringues sales soient abandonnées dans les espaces publics entraîne desrisques objectifs d'accidents (blessure au contact d'une seringue sale mais, sauf exception,
pas de contamination). Cette situation provoque parallèlement une insécurité subjective dans
la population. La police est régulièrement interpellée par des plaintes.
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Par ailleurs, on a aussi entendu des rumeurs concernant le nombre élevé d'accidents, touchant
notamment les enfants. Durant l'été, cette situation a été fortement médiatisée12
.
Il est difficile d'estimer le nombre de situations d'exposition suite à contact/blessure avec une
seringue sale. Nous avons recueilli les informations suivantes13
pour 1999:
- Médecine 2 (CHUV): traite les situations de son service de consultation ainsi que cellesprovenant des Urgences du CHUV. En 1999 (janvier-octobre), 3 cas, dont un pour lequel
une prophylaxie post-exposition (PEP) a été mise en place.
- Hôpital de l'Enfance (en lien avec le service de pédiatrie du CHUV): une dizaine de
situations par année.
- Deux médecins privés lausannois spécialistes de ce type de maladies infectieuses : ils
reçoivent de 0 à 5 cas par an.
Dans chaque cas, la procédure est la suivante: sérologie des hépatites B et C ainsi que du virus
VIH, avec répétition à 3, 6 et 9 mois; vaccin (ou rappel) contre le tétanos; vaccin contre
l'hépatite B. Selon la situation, mise en place éventuelle d'un traitement PEP. Pour toutes les
personnes concernées, la charge émotionnelle liée aux risques potentiels d'infection estlourde.
2.5. La récupération du matériel usagé – Gestion du problème à Lausanne
Cette question est centrale dans les problèmes qui ont été soulevés. Malheureusement, il est
très difficile de documenter objectivement cet aspect par manque d'information. Cependant,
on peut constater deux éléments: d'une part la récupération dans les lieux de remise est en
augmentation, d'autre part les montants concernant le transport des sanibox des pharmacies à
l'Usine d'incinération ont augmenté, passant d'environ Fr. 7000.- à Fr. 20'000.- par an.
Lors de la rencontre avec les intervenants, le problème des seringues sales et des nuisances au
niveau de l'ordre public n'est pas apparu comme un problème dans les régions (hors
Lausanne). Notamment Zone Bleue, qui, proportionnellement, remet le plus grand nombre de
seringues, n'a jamais été interpellée sur ce point.
A Lausanne, la question est traitée dans le cadre du ''Groupe de travail seringues''. Par
ailleurs, la question a été récemment discutée entre le Service de la santé publique et des
services administratifs de la Ville.
La récupération du matériel usagé a donné lieu à diverses initiatives discutées dans le Groupe
de travail seringues:• des containers spéciaux ont été disposés en différents endroits de la ville,
12 L'Illustré du 14.7.1999 fait paraître un reportage photographique très contesté (clichés de toxicomanes
pris au téléobjectif) sous le titre "Lausanne, carrefour de la drogue". Dans le courant de l'été, suite à une
recrudescence des plaintes, la police municipale assurera une présence systématique durant plusieurs semaines
sur la Place Saint-Laurent (stationnement permanent de 4 policiers). Voir à ce sujet les journaux 24 Heures des
28-29 août et du 3 septembre 1999, ainsi que Le Temps du 3 septembre 1999.13
Ces chiffres ne comptabilisent pas les blessures dues à un contact avec une seringue sale dans le cadre
de l'activité professionnelle en milieu hospitalier.
Sources: M. Galland, (infirmier à Médecine 2); Dr Cheseaux (Chef de la policlinique de l'Hôpital de l'Enfance etdu service de pédiatrie du CHUV; M. Chave médecin généraliste et spécialiste des maladies infectieuses, Dr
Jaccard, médecin généraliste et spécialiste des maladies infectieuses.
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• des affichettes et des papillons d'information (localisation des poubelles) ont été
distribués dans tous les lieux de remise,
• depuis l'été 1999, le Passage a initié des actions de récupération des seringues usagées.
Cette initiative a eu plusieurs effets positifs, complémentaires de l'objectif initial de
récupération: d'une part, elle a provoqué une prise de conscience des usagers quimesurent les nuisances dues aux seringues jetées dans les espaces publics; le mot
d'ordre du retour du matériel usagé est ainsi relayé par les consommateurs auprès de
leurs pairs; d'autre part, des contacts informels ont été initiés par le Passage avec les
responsables des services concernés par les seringues usagées (voirie, parcs et
promenades, TL).
La remise de matériel stérile aux toxicodépendants a aussi posé des problèmes aux
responsables et collaborateurs de certains services de la ville de Lausanne, plus
particulièrement Parcs et promenades (division Entretien) et Assainissement (Centre de
ramassage). Plusieurs contacts ont eu lieu avec le Service de la santé publique à des finsd'information et de recherche de solutions.
Le 24 novembre 1999, à l'initiative du Service d'assainissement, une rencontre a eu lieu
réunissant les responsables de l'Usine d'incinération des ordures ménagères du Vallon, du
Centre de ramassage des ordures ménagères, de Routes et voiries, de Parcs et promenades, du
Secrétariat général de la Direction de la Sécurité sociale et de l'environnement, de la Police
judiciaire de Lausanne, l'Ingénieur communal de sécurité, de la Police de sûreté vaudoise, des
Transports lausannois, de Securitas et du Passage, ainsi que le Service de la santé publique.
Cette rencontre a permis de présenter les arguments de santé publique et de faire le point sur
les risques encourus par les collaborateurs de ces différents secteurs. Un travail de
coordination des informations de sécurité reste à faire. Le Service de la santé publique s'est ditprêt à intervenir en tant que conseil auprès des responsables et des collaborateurs ou pour
toutes démarches visant à améliorer la sécurité.
Rel'ier et le Service de la santé publique étudient la publication d'une brochure abordant ces
questions.
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3. Consultation
La seconde étape de la démarche a consisté à réunir l'ensemble des personnes constituant le
réseau large autour de la toxicomanie (institutions de traitements ambulatoires et résidentiels,
justice, police, autorités sanitaires, commissions ad hoc) ainsi que les autorités locales
concernées14
. Cette rencontre a eu lieu le 22 novembre 1999 dans les locaux du Bâtiment
administratif de la Pontaise.
Les informations recueillies lors de la rencontre avec les intervenants ont été communiquées
dans la première partie de la séance. Mme la Dresse Monnat du Centre St Martin, Mme la
Dresse Dubois Arber et M. Tillmanns ont fait des exposés pour introduire la discussion.15
La
deuxième partie avait pour objectif de recueillir les avis et propositions des participants
concernant les questions soulevées.
Ce chapitre reprend les principaux points de vue exprimés lors de la discussion.Personne ne remet en cause la légitimité d'une remise de matériel stérile aux personnes
toxicodépendantes. La question au centre du débat est plutôt celle du "comment". Quelle
relation tirer entre le nombre de seringues distribuées, les effets escomptés, les conséquences
positives pour les consommateurs dépendants, les effets secondaires négatifs au plan de la
santé et de la sécurité publiques? Les lignes qui suivent reprennent en synthèse l'essentiel des
avis et problèmes évoqués. Nous les livrons tels qu'exprimés lors de la séance.
Ø ''La remise trop généreuse de seringues stériles à Lausanne a engendré des effetsnégatifs''.
Ce problème serait caractérisé par deux facteurs, à savoir:
• ''Le trafic s'est concentré à Lausanne''
Les principaux arguments évoqués sont les suivants:
- La pratique lausannoise est une pratique irresponsable et même fautive. Elle doit être
modifiée dans le sens d'une pratique restrictive (M. Rodieux, Président du tribunal de
district 16
).
- Le remarquable dispositif social en matière de toxicomanie de la ville de Lausanne
produit des effets indirects fâcheux, avec un effet attractif pour les consommateurs venant
d'autres villes ou régions. Lausanne est une ville où l'on vient chercher le produit, dessoins, des conseils et des seringues. Cela a favorisé une concentration des
consommateurs, ce qui n'a pas échappé aux dealers, créant une augmentation du trafic.
- Une remise de matériel trop complaisante attire des consommateurs extérieurs,
notamment d'autres cantons. La provenance extérieure devrait être un critère limitant
dans la remise de matériel d'injection.
14
Annexe IV: liste des personnes présentes15Annexe V: tableaux de l'IUMSP
16 Annexe VI: prise de position de M. Rodieux
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- Au vu des chiffres connus, il y aurait 30% de seringues non récupérées pour un volume
mensuel de 40'000 seringues; cela porte préjudice au reste de la population; la police qui
se trouve au bout de la chaîne reçoit des plaintes; d'où l'importance de trouver des
solutions équilibrées qui tiennent compte des deux impératifs de santé et de sécurité
publiques. • ''La remise de matériel a des conséquences négatives auprès des consommateurs
dépendants''
- Les messages préventifs se limitent à une perspective épidémiologique et négligent
l'objectif de l'abstinence.
- Le poids accordé à la remise de seringues éloigne de l'objectif d'abstinence posé par le
Conseil d'Etat.
- On est arrivé au contraire du résultat escompté. Il y a 10 ans, l'héroïne était inhalée et lacocaïne sniffée. Actuellement les toxicomanes s'injectent non seulement de l'héroïne, mais
de la cocaïne et de la méthadone.
Ø ''Les problèmes lausannois d'ordre public sont une réalité urbaine incontournable''
- La corrélation entre lieu de remise et lieu de trafic n'est pas toujours exacte; le
déplacement du Distribus des Terreaux à la Place du Tunnel n'a pas entraîné le
déplacement des dealers.
- Les problèmes auxquels Lausanne est confrontée sont les mêmes que ceux qui se posent
dans les autres villes de Suisse.
Ø ''La remise de seringues stériles inclut un temps social d'accompagnement ainsi
qu'une vision à long terme''
- C'est à travers la régularité des contacts que s'instaure un accompagnement basé sur la
confiance réciproque qui, à terme, permet l'intégration au réseau de soins.
- Il est nécessaire de remettre le matériel de façon individualisée, tenant compte de la
situation personnelle de chaque consommateur avec un message systématique sur la
nécessité du retour du matériel usagé.
- L'"effet cocaïne" a des répercussions graves sur la santé des usagers (conduites à risques,négligences vis-à-vis des seringues sales).
- Le problème des injections ''sauvages'' soulève la question de l'utilité d'un lieu d'injection.
- La remise de seringues stériles ne s'est pas réalisée de façon linéaire: au début, la
distribution a été généreuse car il s'agissait d'encourager les consommateurs dépendants
à de nouvelles pratiques. Cette étape est aujourd'hui achevée et il est possible de
réorienter les modalités de la remise (ce qui s'est passé avec la Soupe Populaire qui est
devenu un site de dépannage).
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14
Ø ''La récupération des seringues doit être liée à la responsabilisation des usagers''
- La remise sans conditions des seringues déresponsabilise les consommateurs de drogues.
- Il est utile de collaborer avec des personnes toxicodépendantes-relais dans la remise et la
récupération du matériel d'injection.
- Les actions de récupération initiées par le Passage sont utiles avec, notamment, les effets positifs du message de récupération dispensés par les pairs.
Ø ''La prison se trouve en décalage par rapport à la remise de seringues propres''
On ne distribue pas de seringues propres en prison: comment concilier la volonté de santé
publique avec la logique du contexte carcéral ? La remise de seringues dans ce milieu poserait
un certain nombre de problèmes:
- la seringue en prison favoriserait les pratiques d'injection, alors que, faute de seringues,
d'autres pratiques sont en cours,
- quelle serait la responsabilité de la prison en cas d'overdose ?
- n'y a-t-il pas de risque d'incitation à l'injection pour des personnes non-consommatrices
dans un milieu particulièrement touché par les problèmes de toxicodépendance?
Durant cette discussion, les problèmes d'ordre public ont été fermement posés par les
représentants de la justice et de la police, pour l'essentiel en relation avec le contexte
lausannois.
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4. Synthèse des propositions
Au cours des deux rencontres mentionnées (septembre et novembre 1999), dans le cadre du
"Groupe de travail seringues" de la ville de Lausanne ainsi que lors de la rencontre organisée
par le Service d'assainissement, des propositions ont été émises, dont certaines déjà mises enpratique. On peut les regrouper comme suit.
Ø Diversifier les sites de remise de seringues
La remise de matériel d'injection a été initiée puis portée par des intervenants du secteur
socio-éducatif. Il est indispensable que les acteurs du secteur sanitaire se sentent aussi
concernés. Par ailleurs, la nécessité de prendre en compte les ressources des usagers a aussi
été soulignée à plusieurs reprises. Les propositions ont été les suivantes:
- Encourager dans le canton la remise de seringues dans les centres médico-sociaux (CMS)
ou les hôpitaux (pour exemple la proposition faite par l'hôpital de zone de la Vallée deJoux d'assurer une fonction de dépannage).
- Soutenir les pharmacies favorables à la remise gratuite de matériel d'injection.
- Promouvoir, cadrer et reconnaître la remise de seringues réalisée par des pairs17
; renforcer
le travail de proximité.
- Installer des automates dans les gares.
- Envisager un lieu d'injection.
Ø Modalités de remise- Etre plus attentif à la provenance des personnes et limiter le nombre de seringues en
fonction de ce critère.
- Unifier les pratiques.
Ø Récupération des seringues usagées
- Soutenir les actions de ramassage initiées par le Passage; assurer la coordination avec les
services concernés (voiries, bus, police).
- Multiplier les lieux où il est possible de ramener les seringues sales; donner des"quittances de retour" dans les lieux où ces seringues sont ramenées, y compris pour la
police lorsqu'il y a confiscation.
- Mettre des bacs de récupération dans les bus et dans les toilettes publiques.
Ø Financement
- Nécessité d'un financement cantonal qui assure une égalité de traitement sur l'ensemble du
territoire.
17
Déjà maintenant, des consommateurs dépendants, sur la base d'un contrat de confiance avec lesintervenants, remettent de cas en cas du matériel d'injection à des personnes qu'ils connaissent ou avec qui ils
habitent.
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16
- Nécessité d'un monitorage de toutes les structures de façon à évaluer le volume du
matériel distribué pour l'établissement d'un budget cantonal, ainsi que pour les
comparaisons intercantonales.
- Mise sur pied d'une formation au niveau cantonal (jusqu'à présent, formations dispersées,
réalisées à l'interne, selon les moyens des structures).
Ø Les problèmes résumés dans la synthèse de la rencontre avec les intervenants étaientles suivants:
- Lausanne, Yverdon et la Riviera remettent des seringues selon des modalités propres à
chaque région. Par contre, le reste du canton n'est pas couvert, à savoir: l'Ouest (tenir
compte du rôle que peut jouer Genève), le Nord Vaudois et la Vallée de Joux, le Pays d'En
haut, le Chablais. Des solutions légères et décentralisées devraient être envisagées.
- La disparité de l'offre est fonction de la disparité des financements; actuellement, seule la
ville de Lausanne assure le financement spécifique du matériel et la coordination de la
remise au niveau de l'agglomération.
- Le problème de la récupération des seringues usagées semble être un problème
lausannois; il n'a été signalé ni à Yverdon, ni sur la Riviera.
La rencontre du 22 novembre 1999 a particulièrement mis en évidence des points de
divergence concernant les modalités de remise de seringues. Les représentants de la police
comme ceux de la justice ont insisté pour une remise plus restrictive, et une pratique basée sur
l'échange strict. On peut se demander si cette attente se justifie dans les lieux où la
distribution de seringues, moins importante compte tenu du plus petit nombre d'usagers, n'a
pas provoqué d'effets négatifs du point de vue de l'ordre public (Yverdon, Riviera).En ce sens, la mise en place d'un dispositif cantonal, "officialiserait" la remise de seringues
propres partout dans le canton, risque de provoquer des réticences et des craintes (à propos de
surgissement de nouveaux points de trafic; de la peur d'une attitude laxiste à l'égard des
consommateurs de drogues dures). C'est pourquoi, il est impératif que le canton édicte des
recommandations claires et garantisse une coordination de l'ensemble du dispositif.
Enfin, signalons que les deux moments clefs dans la démarche sont des jalons: de la première
rencontre initiée en septembre à celle du mois de novembre, du temps s'est écoulé et des
initiatives ont été prises par différents acteurs.
Par ailleurs, le fait de poser le problème au niveau cantonal a permis de rassembler les
intervenants sur des questionnements communs: prise en compte de contextes et de pratiques
professionnelles différents. La démarche aura eu le mérite de décloisonner ces pratiques etsurtout d'en parler, favorisant en cela un regard critique. En ce sens, la "situation actuelle"
décrite sous point 2 a probablement évolué.
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5. Recommandations et budget
Pour obtenir une meilleure répartition des services et un accès plus équitable à du matériel
d'injection stérile pour les toxicodépendants, il faut:
- Reconnaître le problème sanitaire posé.
- Mettre en place un financement cantonal pour tout le dispositif, couvrant en premier
lieu les régions du canton, puis l'agglomération lausannoise. Ce financement devraitcouvrir à la fois le matériel remis, le transport et l'incinération, la formation des
intervenants et la coordination.
Ø Accessibilité
1. Adapter le dispositif dans les régions du canton de façon souple, en délégant cette
mission, soit aux commissions "drogues" régionales quant elles existent, soit aux
centres spécialisés.
2. Encourager la remise gratuite de matériel par Entrée de secours à Morges, par le
travailleur de rue de Prilly ou par d'autres initiatives locales.
3. Stimuler le milieu médical (médecins, infirmières), notamment les permanences,
centres médico-sociaux (CMS), hôpitaux de zone, etc. à remettre du matériel à titre de
dépannage.
4. Soutenir (information, transmission des évaluations) les pharmacies intéressées à
remettre gratuitement du matériel, en particulier hors de l'agglomération lausannoise.
5. Poursuivre la réflexion concernant la remise de matériel en milieu carcéral, en tenant
compte des problèmes particuliers, en collaboration avec le Service de Médecine et de
Psychiatrie pénitentiaires (SMPP). (Il convient de rappeler que l'Office fédéral de la
santé publique a recommandé de rendre disponible des seringues en milieu carcéral).
6. Renforcer les liens avec des usagers "relais", connus des intervenants, et susceptibles
de remettre du matériel à d'autres. Définir des critères pour cette remise.
Ø Conditions de remise comparables
7. Mettre à disposition une offre homogène quant au matériel (seringues, eau stérile,
désinfectant, acide ascorbique, préservatifs, lubrifiant). Continuer la réflexion sur le
type de matériel à remettre.
8. Le dialogue accompagnant la remise de matériel devrait systématiquement
comprendre un message de prévention sanitaire (hygiène d'injection, soins nécessaires,
retour du matériel usagé), une incitation à modifier les habitudes de consommation
(injection) au profit de modalités moins dangereuses et le rappel de l'offre en
traitements. Tenant compte de ce qui précède, les intervenants jugent de l'adéquation
de ce message à la situation de terrain.
9. Proposer l'échange (n+2) à tous les intervenants remettant des seringues.
10. Chaque structure devrait se positionner sur les modalités de retour du matériel usagé,
en exigeant des toxicodépendants des garanties que les seringues sont récupérées dansles endroits prévus à cet effet.
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18
11. Mettre sur pied une formation pour les personnes habilitées à remettre du matériel
stérile, exigée pour tous et assurée par un financement cantonal sur l'hygiène
d'injection et la relation d'aide dans ce contexte
12. Instaurer une coordination cantonale.
13. Maintenir un partenariat avec les usagers (par leur Groupe) dans le cadre de cettecoordination.
14. Mettre sur pied un protocole cantonal pour la récolte globale d'informations
statistiques. Cette mesure permettra un suivi du dossier pour l'ensemble des
partenaires et pour les autorités.
Ø Sécurité publique
15. Police: ne plus confisquer les seringues usagées.
16. Encourager le retour et le ramassage du matériel usagé de diverses manières: par des
messages de prévention, le soutien à des initiatives comme celle du Passage(ramassage par les usagers, sensibilisation et responsabilisation).
17. Formaliser des recommandations pour les responsables des différents corps de métiers
confrontés au ramassage (assainissement, voirie, TL, etc.) informations, vaccins et
formation des collaborateurs.
Pour réaliser ces objectifs, il paraît nécessaire de modifier les Recommandations du Médecin
cantonal de mars 1996 pour y intégrer:
- La nécessité de statistiques cantonales (y.c. les ventes en pharmacies).
- La formation de tous les intervenants.
- La participation à une coordination cantonale.
- La mise à jour d'une liste des lieux accrédités pour la remise de matériel stérile.
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19
Enfin, pour que ce document soit complet, nous présentons un projet de budget global, à
prendre en charge par le Service de la santé publique, selon des modalités qui restent encore à
préciser.
Frais d’acquisition dumatériel
2001 2002 Commentaires
A.C.T., Vevey 5'000 10’000
Entrée de secours, Morges 5'000 10’000 Zone Bleue, Yverdon 5'000 20'000
Lausanne 150'000 300'000 1ère
année : moitié
du coût
2ème
année : total ducoût
Matériel remis
occasionnellement
(pharmacies, hôpitaux, CMS,permanences)
3’000 4’000
Sanibox et transports de
déchets spéciaux
20'000 22’000 Ce montant est
actuellement déjà
pris en charge par le
Service de la santé
publique
Incinération 1’000 1’000 Ce montant est
variable selon les
quantités.
Frais de coordination : 1 à 2
rencontres par an
500 500
Formation 5000 5000 Mise sur pied d’une
formation et d’un
perfectionnement à
prévoir encollaboration avec
une institution
compétente dans ce
domaine Statistiques IUMSP 10’000 10’000 Evaluation
quantitative et
qualitative.
Total Fr. 214'500 Fr. 382’500
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20
Commentaires
- Les chiffres en italiques correspondent à des estimations.
- L'évolution du budget comprend d'une part l'intégration progressive des frais de matériel
payés actuellement par la Ville de Lausanne, d'autre part, une élévation des frais dans les
zones périphériques, qui devrait être définitivement stabilisée à partir de 2003-2004.
- Ce budget ne comprend pas les coûts en ressources humaines. Nous considérons que cet
aspect est intégré dans les activités courantes des centres d'accueil et que, si nécessaire,
une participation communale devrait être envisagée
- L'Etat, par le Service de la santé publique, finance déjà l'achat et le transport des sanibox
pour les pharmacies. Il finance également Zone Bleue, Entrée de secours et ACT pour une
part de leur budget, mais sans avoir jamais pris en compte l'achat du matériel stérile remis
aux toxicodépendants.
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6. Bibliographie
Concernant les prévalences VIH et hépatites:
Scheitlin T, Joller-Jemelka H, Grob P. "Hepatitis und HIV-Infektionen bei Benützer und
Benützerinnen illegaler Drogen." Schweiz. Med. Wschr 1992;122: 1432-1445.
Nelles J, Waldvogel D, Maurer C et al. "Pilotprojekt Drogen und HIV-Prävention in den
Anstalten in Hindelbank. Evaluationsbericht." OFSP, Bern, 1995.
Généralités sur la réduction des risques en Suisse chez les consommateurs de drogue:
Huissoud T, Gervasoni J-P, Benninghoff F, Dubois-Arber F. "Epidémiologie de la
toxicomanie dans le canton de Vaud et évaluation des nouveaux projets financés par le
canton de Vaud depuis 1996. Lausanne", Institut universitaire de médecine sociale et
préventive, 1998 (Raisons de santé, 20a).
Dubois-Arber F, Jeannin A, Spencer B, Meystre-Agustoni G, Haour-Knipe M, Moreau-Gruet
F, Benninghoff F, Paccaud F. "Evaluation de la stratégie de prévention du sida en Suisse sur mandat de l'Office fédéral de la santé publique : sixième rapport de synthèse 1996-1998",
Lausanne : Institut universitaire de médecine sociale et préventive, 1999.
Dubois-Arber F, Jeannin A, Spencer B. "Long term global evaluation of a national AIDS
prevention strategy: the case of Switzerland", AIDS; 1999, 13: 2571-2582.
Marro J-J, André G, Gervasoni J-P et alii, Institut universitaire de médecine sociale et
préventive, Association le Relais, Cah Rech Doc IUMSP, no 114, Lausanne 1994
''Toxicomanie et pharmacies, situation dans le canton de Vaud"