rapport planète vivante 2012

168
Rapport Planète Vivante 2012 Biodiversité, biocapacité : faisons les bons choix

Upload: wwf-france

Post on 10-May-2015

1.542 views

Category:

Documents


3 download

DESCRIPTION

Découvrez le Rapport Planète Vivante 2012. Ce rapport biannuel, produit en collaboration avec la Société Zoologique de Londres et le Réseau Empreinte Ecologique Globale, est, à ce jour, l’étude la plus complète sur la santé de la planète. Le rapport indique que la pression croissante que l’Humanité exerce sur les ressources naturelles menace sérieusement la santé de notre planète. Il explique en particulier le phénomène d’accaparement des terres via lequel les pays industrialisés se procurent des terres arables dans les pays pauvres, au détriment de ces derniers. Dans ce rapport, le WWF souligne que le modèle « business as usual » n’est plus possible mais que des solutions existent.

TRANSCRIPT

  • 1.Rapport PlanteVivante2012 Biodiversit,biocapacit:faisons lesbonschoix

2. WWF Le WWF est lune des organisations indpendantes pour la conservation de la nature les plus importantes et les plus exprimentes au monde. Elle compte prs de 5 millions dadhrents et un rseau mondial actif dans plus de 100 pays. La mission du WWF est de stopper la dgradation de lenvironnement naturel de la plante et de construire un avenir o les humains vivent en harmonie avec la nature, en conservant la diversit biologique mondiale, en assurant une utilisation soutenable des resources naturelles renouvelables et en promouvant la reduction de la pollution et du gaspillage. Zoological Society of London (ZSL) Fonde en 1826, la Socit Zoologique de Londres (Zoological Society of London- ZSL) est une organisation internationale dducation et de protection de la nature. Sa mission est de promouvoir et dobtenir la protection des animaux et de leurs habitats travers le monde. ZSL gre le Zoo de Londres et le Zoo de Whipsnade, effectue des recherches scientifiques lInstitut de Zoologie et est actif mondialement dans le domaine de la protection de la nature. Global Footprint Network (GFN) Le GFN propose lEmpreinte cologique comme outil de mesure de la durabilit afin de promouvoir une conomie durable. Le rseau, en accord avec ses partenaires, coordonne la recherche, dveloppe des standards mthodologiques et fournit une comptabilit des ressources aux dcideurs, afin daider lconomie humaine oprer dans les limites cologiques de la Terre. Agence spatiale europenne (ASE) LASE est la passerelle dont sest dote lUnion europenne pour accder lespace. Son objectif est de faonner le dveloppement des capacits spatiales europennes et de sassurer que les investissements spatiaux continuent bnficier aux citoyens de lEurope comme ceux des autres rgions du globe. LASE est une organisation internationale comptant 19 Etats membres. En coordonnant les ressources financires et intellectuelles de ses membres, lASE la capacit de mettre en oeuvre des programmes et des activits qui vont au-del de la capacit dun seul tat. Tous les programmes de lASE ont comme but den savoir plus sur la Terre, son environnement spatial immdiat, le systme solaire et lunivers en gnral. WWF International Avenue du Mont-Blanc 1196 Gland, Suisse www.panda.org Zoological Society of London (ZSL) Socit zoologique de Londres Regents Park, Londres NW1 4RY, Royaume-Uni www.zsl.org/indicators www.livingplanetindex.org Global Footprint Network (GFN) 312 Clay Street, Suite 300 Oakland, California 94607, USA www.footprintnetwork.org Agence spatiale europenne (ASE) ESA HQ Mario-Nikis 8-10 rue Mario Nikis 75738 Paris Cedex 15 France Design by millerdesign.co.uk Photo de couverture : KARI, ESA ISBN 978-2-940443-46-8 3. Contributeurs Rdactrice en chef : Monique Grooten Rdacteurs principaux: Rosamunde Almond, Richard McLellan, quipe ditoriale: Nigel Dudley, Emma Duncan, Natasja Oerlemans et Sue Stolton. Relecteurs externes: William F. Laurance, FAAAS (Distinguished Research Professor and Australian Laureate, Centre for Tropical Environmental and Sustainability Science (TESS) et School of Marine and Tropical Biology, James Cook University, Cairns, Australie; et Prince Bernhard Chair for International Nature Conservation, Universit dUtrecht, Utrecht, Pays-Bas). Pita Verweij (Copernicus Institute of Sustainable Development, Facult Gosciences, Universit dUtrecht, Pays-Bas). Zoological Society of London (ZSL): Louise McRae et Ben Collen (responsable de section : Indice plante vivante); avec Stefanie Deinet, Peter Hill, Jonathan Loh, Jonathan E. M. Balillie et Victoria Price. Global Footprint Network (GFN): Gemma Cranston (responsable de section : Empreinte cologique); avec Mathis Wackernagel, Michael Borucke, Alessandro Galli, Kyle Gracey, Katsunori Iha, Joy Larson, Scott Mattoon, David Moore, Juan Carlos Morales et Pati Poblete. Responsables de sections: Neil Burgess, Antje Ahrends, Nirmal Bhagabati, Brendan Fisher, Emily McKenzie et Kirsten Schuyt (Services cosystmiques); Jessica Battle (Ocans); Carina Borgstrom- Hansson (Villes); Ashok Chapagain (Empreinte eau); Bart Wickel et Lifeng Li (Eaux douces); Elaine Geyer-Allely (Population et developpement); Rod Taylor et Therese Tepe (Forts); et Nicholas Sundt (Changements climatiques). Remerciements particuliers, pour relectures et contributions : Naikoa Aguilar-Amuchastegui, Keith Allott, Jason Anderson, Victor Anderson, Simon Anstey, Alberto Arroyo-Schnell, Mike Baltzer, Adam Barlow, Eugenio Barrios, Andreas Baumueller, Karin Bilo, Gianfranco Bologna, Bruce Cabale, Sandra Charity, Boping Chen, Sarah Christie, Jason Clay, Carol Day, Adrian Dellecker, Kristina Van Dexter, Cristina Eghenter, Wendy Elliott, Helen Fox, Neva Frecheville, Erik Gerritsen, Aimee Gonzales, Johan van de Gronden, May Guerraoui, Lasse Gustavsson, Pablo Gutman, Chris Hails, Ray Hilborn, Reinier Hille, Ris Lambers, Richard Holland, Jeff Hutchings, Colby Loucks, Andrea Kohl, Jim Leape, Lou Leonard, Aimee Leslie, Jonathan Loh, Imke Luebbeke, Gretchen Lyons, Lszl Mth, Anne Meikle, Sergy Moroz, Sally Nicolson, Stuart Orr, Anouk Pasquier, Helen Pitman, Mark Powell, Gerry Ryan, Anke Schulmeister, Alfred Schumm, Claudia Schweizer, Stephan Singer, Samantha Smith, Gerald Steindlegger, Paul Sunters, Jon Taylor, Michele Thieme, Samuel Turvey, Niall Watson, George White, Luke Wreford, Julia Young et Natascha Zwaal. Agence spatiale europenne (ASE) : Robert Meisner (responsable de section); avec Rosita Suenson, Bernhard von Weyhe, Nadia Imbert-Vier, Roberto LoVerde et Chiara Solimini. 4. Introduction Agence spatiale europenne: observer la Terre depuis lespace 4 La Terre a besoin de plus despace, par Andr Kuipers 5 Agir pour prserver une plante vivante, par Jim Leape 6 Sept milliards de demandes, une seule plante 8 Les chiffres retenir 12 Chapitre1:ltatdelaplante 14 LIndice Plante Vivante 16 Introduction lEmpreinte cologique 36 Population, urbanisation et dveloppement 52 LEmpreinte eau 62 Chapitre2:pourquoiilfautsenproccuper 68 Faire le lien entre biodiversit, services cosystmiques et tres humains 70 Forts74 Eaux libres 82 Ocans84 La rue sur les terres 88 Chapitre3:quelavenirdevantnous? 90 Les impacts du changement climatique 92 Le rle prcieux des scnarios 98 La projection de lEmpreinte cologique lhorizon 2050 100 Modliser le capital naturel Sumatra 101 Le Modle Forts vivantes 102 Chapitre4:Lesbonschoixpouruneplantevivante 104 Remarques finales 124 AnnexeS 126 Annexe 1 Indice Plante Vivante: notes et tableaux 128 Annexe 2 Empreinte cologique 135 Annexe 3 Glossaire des termes et abrviations 146 Rfrences 153 Tabledesmatires 5. Contributeurs Rdactrice en chef : Monique Grooten Rdacteurs principaux: Rosamunde Almond, Richard McLellan. Equipe ditoriale : N igel Dudley, Emma Duncan, Natasja Oerlemans et Sue Stolton. Rdacteurs externes: William F. Laurance, FAAAS (Distinguished Research Professor and Australian Laureate, Centre for Tropical Environmental and Sustainability Science (TESS) and School of Marine and Tropical Biology, James Cook University, Cairns, Australia; and Prince Bernhard Chair for International Nature Conservation, Utrecht University, Utrecht, the Netherlands). Pita Verweij (Copernicus Institute of Sustainable Development, Faculty of Geosciences, Utrecht University, the Netherlands). Zoological Society of London (ZSL): Louise McRae et Ben Collen (section leads: Living Planet Index); avec Stefanie Deinet, Peter Hill, Jonathan Loh, Jonathan E. M. Balillie et Victoria Price. Global Footprint Network (GFN): Gemma Cranston (section lead: Ecological Footprint); avec Mathis Wackernagel, Michael Borucke, Alessandro Galli, Kyle Gracey, Katsunori Iha, Joy Larson, Scott Mattoon, David Moore, Juan Carlos Morales et Pati Poblete. Responsables de sections : Neil Burgess, Antje Ahrends, Nirmal Bhagabati, Brendan Fisher, Emily McKenzie et Kirsten Schuyt (ecosystem services); Jessica Battle (marin); Carina Borgstrom-Hansson (cities); Ashok Chapagain (Water Footprint); Bart Wickel et Lifeng Li (freshwater); Elaine Geyer-Allely (population and development); Rod Taylor et Therese Tepe (forts); et Nicholas Sundt (changement climatique). Remerciements particuliers, pour rvisions et contributions : Naikoa Aguilar-Amuchastegui, Keith Allott, Jason Anderson, Victor Anderson, Simon Anstey, Alberto Arroyo-Schnell, Mike Baltzer, Adam Barlow, Eugenio Barrios, Andreas Baumueller, Karin Bilo, Gianfranco Bologna, Bruce Cabale, Sandra Charity, Boping Chen, Sarah Christie, Jason Clay, Carol Day, Adrian Dellecker, Kristina Van Dexter, Cristina Eghenter, Wendy Elliott, Helen Fox, Neva Frecheville, Erik Gerritsen, Aimee Gonzales, Johan van de Gronden, May Guerraoui, Lasse Gustavsson, Pablo Gutman, Chris Hails, Ray Hilborn, Reinier Hille, Ris Lambers, Richard Holland, Jeff Hutchings, Colby Loucks, Andrea Kohl, Jim Leape, Lou Leonard, Aimee Leslie, Jonathan Loh, Imke Luebbeke, Gretchen Lyons, Lszl Mth, Anne Meikle, Sergy Moroz, Sally Nicolson, Stuart Orr, Anouk Pasquier, Helen Pitman, Mark Powell, Gerry Ryan, Anke Schulmeister, Alfred Schumm, Claudia Schweizer, Stephan Singer, Samantha Smith, Gerald Steindlegger, Paul Sunters, Jon Taylor, Michele Thieme, Samuel Turvey, Niall Watson, George White, Luke Wreford, Julia Young et Natascha Zwaal. Agence spatiale europenne : Robert Meisner (section lead); with Rosita Suenson, Bernhard von Weyhe, Nadia Imbert-Vier, Roberto LoVerde et Chiara Solimini 6. Rapport PlanteVivante 2012 Biodiversit,biocapacit: faisonslesbonschoix~ 7. WWF Rapport plante vivante 2012 page 4 Agence spatiale europenne: observer la Terre depuis lespace En participant cette anne pour la premire fois la rdaction du Rapport Plante Vivante, lAgence spatiale europenne (ESA) dmontre son engagement en apprendre davantage sur la Terre, son environnement spatial immdiat, le systme solaire et lunivers, pour le plus grand bnfice de la plante et de ses habitants. Coordonne par la Direction des programmes dobservation de la Terre, sa flotte croissante de satellites dlivre un flux continu de donnes essentielles la comprhension et lanalyse de ltat de la plante, de mme quau suivi des changements sy droulant. La vocation initiale de lESA, dfinie en 1977 loccasion du lancement de son premier satellite mtorologique, consiste observer la Terre depuis lespace. Tout en continuant mettre au point des satellites aptes faire progresser la mtorologie, lagence articule aujourdhui son action autour de la comprhension du fonctionnement systmique du globe et de la manire dont les activits humaines perturbent les processus naturels. Les satellites sont les seuls appareils pouvoir surveiller la Terre sous toutes ses dimensions. Les instruments spatiaux sensibles quils emportent recueillent des donnes prcises permettant de dmler la complexit de notre plante et de dpister les changements en cours, en particulier ceux induits par les effets du changement climatique. Si les dcouvertes ainsi ralises profitent bien entendu la recherche europenne, les dcideurs y trouvent aussi une masse dinformations utiles pour relever les dfis du changement climatique, crer les conditions dun avenir durable et rpondre aux catastrophes naturelles ou anthropiques. Les missions les plus ardues de lESA, les satellites ERS (Europeen Remote Sensing) et Envisat, ont apport un regard neuf sur plusieurs composantes de la Terre. Mettant chacune en jeu une srie dinstruments spcifiques, elles ont permis de mieux comprendre les phnomnes de la pollution atmosphrique et des trous dozone, dtablir une cartographie du niveau et de la temprature des surfaces ocaniques, de suivre lvolution de la couverture glaciaire aux ples et dobserver lvolution du mode doccupation des sols. Les missions Earth Explorer abordent des questions scientifiques dimportance cruciale: la gravit de la Terre, la variation de lpaisseur des glaces, le cycle de leau, le champ magntique, le vent, le rle des nuages dans lquilibre nergtique du globe, ou encore le cycle du carbone. Paralllement, lESA dveloppe la srie de missions Sentinel dans le cadre du Programme europen de surveillance globale pour lenvironnement et la scurit. Les donnes collectes par ce moyen servent non seulement aux applications environnementales les plus varies (suivi de la biodiversit, des ressources naturelles, de la qualit de lair, des mares noires, des cendres volcaniques), mais aussi soutenir les oprations daide humanitaire et les interventions 8. Prface et rsum page 5 LaTerreabesoindeplus despace Jeter un coup dil mon hublot pour observer la Terre fait partie de mon quotidien dastronaute. Et pourtant, pouvoir le faire me donne limpression dtre quelquun de privilgi. PromISSe est ma seconde mission dans lespace. Cette fois, je sjournerai cinq mois bord de la Station spatiale internationale, contre seulement onze jours lors de ma premire aventure en 2004. Onze jours qui ont suffi changer ma vie. Car la vue de la Terre depuis lespace offre une perspective vraiment unique. Notre plante est un endroit la fois beau et fragile, protg par une mince couche atmosphrique indispensable la vie sur Terre. Ses forts, aussi vastes soient-elles, y semblent si petites quelles ne paraissent gure mriter notre attention. Cest cette vision, et la prise de conscience qui la accompagne, qui mont incit devenir ambassadeur du WWF. Les recherches actuellement menes par lAgence spatiale europenne visent en savoir plus sur ltat de sant de notre plante. Parmi toutes les menaces planant sur elle, certaines sont visibles lil nu, dautres ne le sont quau travers de statistiques dcrivant la nature, la localisation et les causes des changements luvre sur le globe. Ce que jai pu voir dans lespace figure dans les pages qui suivent. Dans cette neuvime dition du Rapport Plante Vivante, les indices majeurs rvlent la persistance de pressions insoutenables sur la plante. Nous savons maintenant que la demande de ressources naturelles (poissons, bois duvre et produits alimentaires, pour ne citer quelles) a atteint un tel niveau que la reconstitution de stocks durables ne peut plus tre envisage. Jai compris que ce qui mtait le plus cher se trouvait sur cette plante, et sur elle seule. Elle est ma maison, celle de ma famille et de mes amis, mais aussi de quelque 7 milliards dautres tres humains. Elle abrite aussi les forts, montagnes, savanes, ocans, lacs et fleuves les plus grandioses, sans oublier toutes les espces possibles et imaginables qui sen sont appropri une parcelle pour vivre. Oui, notre globe est majestueux, mais il est aussi fragile. Nous avons de quoi sauver notre maison et protger notre vaisseau plantaire. Dans notre intrt, certes, mais galement dans celui des gnrations futures. Car les solutions mettre en uvre sont tout sauf inconnues. Chacun de nous peut apporter sa propre contribution en faisant de meilleurs choix quant au mode de gouvernement, de production et de consommation. Oui, lavenir que nous rservons la plante est bel et bien entre nos mains. AndrKuipers Astronaute, Agence spatiale europenne AndrKuipers/ESA 9. WWF Rapport plante vivante 2012 page 6 Agirpourprserverune plantevivante Qui, parmi nous, nest jamais tomb sur une collection de graphiques (missions de carbone, dforestation, puisement des ressources hydriques, surpche) prouvant grand renfort de dtails quel point nous exploitons toujours plus les ressources de la Terre et compromettons du mme coup sa rsilience? Cette dition 2012 du Rapport Plante Vivante nous en dit plus sur la faon dont se conjuguent les effets de notre action: il passe ainsi en revue les diverses pressions exerces sur la plante et value la dgradation de ltat de sant des forts, fleuves et ocans dont dpend directement notre existence. Ce quil faut bien comprendre, cest que nous vivons en ralit comme si nous disposions dune plante supplmentaire porte de main: nous consommons en effet moiti plus de ressources que la Terre nen fournit. Sauf changement de cap imminent, ce pourcentage devrait continuer augmenter un rythme tel que lexistence de deux plantes ne permettrait pas de rpondre nos besoins lhorizon 2030. Et pourtant, le moment est venu de faire un choix. Nous sommes mme de crer un avenir prospre o la nourriture, leau et lnergie seraient accessibles en quantit suffisante aux 9, voire peut-tre 10 milliards dtres humains appels se partager la surface du globe en 2050. Nous pouvons produire la nourriture quil nous faut sans pour autant tendre lempreinte de lagriculture, cest--dire sans dtruire davantage de forts, ni consommer plus deau et de produits chimiques. Les solutions sont chercher dans la rduction des dchets (qui engloutissent aujourdhui une part non ngligeable des produits agricoles alimentaires), lemploi de meilleures semences et de techniques de culture plus perfectionnes, la restauration des capacits de production des terres dgrades, et aussi la modification des rgimes alimentaires, qui passe notamment par labaissement de la consommation carne dans les pays les plus riches. Nous pouvons garantir la disponibilit de ressources en eau adquates sans pour autant renoncer prserver ltat des fleuves, des lacs et des zones humides do elles viennent. Lamlioration des techniques dirrigation et de la planification des ressources hydriques fait partie de ces solutions permettant de renforcer lefficacit de notre usage de leau. Mais il nous faut surtout instaurer des rgimes de gestion de leau fdrant le plus grand nombre possible de parties prenantes et garantissant la bonne gouvernance WWF-Canon/www.ateliermamco.com 10. des systmes vivants hautement complexes et remarquablement riches en biodiversit que sont les bassins versants. Nous pouvons satisfaire lintgralit de nos besoins nergtiques en valorisant des sources telles que le vent et la lumire solaire, la fois propres et abondantes. Encore faut-il, cependant, en faire beaucoup plus avec lnergie que nous exploitons: le seul fait daugmenter lefficacit de nos btiments, de nos vhicules et de nos usines conduirait diviser par deux la quantit dnergie totale consomme. Si nous parvenons raliser ces conomies, les sources renouvelables suffiront couvrir nos besoins, condition dintensifier le dploiement des technologies et de mettre fin aux 700milliards de $ de subventions qui nous maintiennent enchans au ptrole et au charbon. Le mois de juin 2012 verra les nations du monde entier, les dlgus dentreprises et un vaste ventail de reprsentants de la socit civile converger vers Rio de Janeiro pour assister la Confrence des Nations unies sur le dveloppement durable. Vingt ans aprs lvnement mmorable quest rest le Sommet de la Terre, il sagit l dune opportunit exceptionnelle, non seulement pour connatre le sens de marche de notre monde, mais aussi pour dcider de lavenir que nous souhaitons lui rserver. Ce rendez-vous est le moment pour que les gouvernements ngocient le virage de la durabilit. Il est loccasion unique de renforcer les coalitions dacteurs engags dans ce changement: ainsi les gouvernements de rgions telles que le Bassin du Congo ou lArctique doivent-ils sefforcer de grer leurs ressources communes; les villes, de rivaliser dinventivit pour rduire leurs missions de carbone et crer des espaces urbains plus vivables; les entreprises, sans renoncer leur statut de concurrents, de runir leurs forces pour promouvoir la durabilit de leurs chanes dapprovisionnement et proposer des produits incitant les consommateurs limiter leur consommation de ressources; les fonds de pension et fonds souverains, dinvestir dans les emplois verts. Ces solutions, au mme titre que celles abordes dans la prsente dition du Rapport Plante Vivante, dmontrent une fois de plus la ncessit que chacun de nous agisse pour prserver une plante vivante. Une plante abritant assez de nourriture, deau et dnergie pour tous, en plus dcosystmes dynamiques regorgeant de vie sa surface. JimLeape Directeur gnral WWFInternational 20 ans aprs lvnement mmorable quest rest le Sommet de la Terre, il sagit l dune opportunit exceptionnelle, non seulement pour connatre le sens de marche de notre monde, mais aussi pour dcider de lavenir que nous souhaitons lui rserver Prface et rsum page 7 11. WWF Rapport plante vivante 2012 page 8 Septmilliardsdedemandes, uneseuleplante Au milieu de limmensit de lunivers, une mince couche de vie enveloppe une plante. Limite par les roches en dessous, par lespace au-dessus, des millions despces diffrentes sy dveloppent. Ensemble, elles forment les cosystmes et habitats caractristiques de la plante Terre, eux-mmes pourvoyeurs dune multitude de services dont les tres humains, et plus gnralement la vie, sont tributaires. Mais la consommation de ressources par lhomme, en perptuelle augmentation, exerce dsormais des pressions extrmes sur la biodiversit. Les menaces planant sur la continuit des services cosystmiques risquent de nuire non seulement la biodiversit, mais aussi lavenir, la sant et au bien-tre de notre propre espce. Cette neuvime dition du Rapport Plante Vivante documente lvolution de ltat de la biodiversit, des cosystmes et de la pression humaine sur les ressources naturelles; elle explore aussi les implications de ces changements pour la biodiversit et les socits humaines. Le rapport souligne la possibilit dinflchir les tendances actuelles, condition de placer le monde naturel au cur de nos choix conomiques, de notre modle de dveloppement et de nos modes de vie. Le Chapitre 1 prsente ltat de la plante tel quil ressort des mesures ralises au moyen de trois indicateurs complmentaires. Bas sur les donnes de populations despces beaucoup plus nombreuses que par le pass, lIndice plante vivante rvle toujours un dclin global de 30% de ltat de sant de la biodiversit depuis 1970 (Figure 1). Cette tendance est commune aux trois grands groupes dcosystmes: terrestre, deau douce et marins, tout en tant plus marque pour les espces deau douce, dont les populations enregistrent un recul moyen de 37%. Lindice des eaux douces tropicales accuse une baisse encore plus prononce (70%). Dans lensemble, lindice tropical global seffondre de 60% par rapport 1970, quand dans le mme temps, celui des rgions tempres progresse de 30%. Ce chiffre ne constitue toutefois pas la preuve dun meilleur tat de sant de la biodiversit en zone tempre, lindice tempr masquant des pertes historiques considrables antrieures aux premires analyses. LvolutiondelEmpreintecologiquetmoignedunetendancepersistante la surconsommation (Figure 2). En 2008, anne la plus rcente pour laquelle les donnes existent, lempreinte sest avre tre plus de moiti suprieure la biocapacitdelaTerre,cest--direlasurfacedeterrespermettantdeproduiredes ressources renouvelables et dabsorber les missions de CO2.1 Laugmentation de lempreinte carbone est une des causes majeures du dpassement cologique, terme utilis pour dcrire ce qui se passe lorsque, une chelle globale, lempreinte cologique dpasse la biocapacit. Croise avec les dynamiques dmographiques et urbanistiques, lanalyse rcemment mene sur les tendances de consommation dans les BRIICS2, ainsi quauprs de catgories de revenu et de niveaudedveloppementdivers,confirmelimportancedurisquedaugmentation exponentielle de lempreinte cologique de lhumanit dans les dcennies venir. lIndice plante vivante rvle toujours un dclin global de 30% de ltat de sant de la biodiversit depuis 1970 12. 0 1 2 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Valeurdel'indice(1970=1) Anne 0 1 2 1961 1970 1980 1990 2000 2008 NombredeplantesTerre Anne Figure 1 : Indice plante vivante (WWF / ZSL, 2012) Figure 2 : Empreinte cologique globale (Global Footprint Network, 2011) Une nouvelle analyse des tendances de consommation dans les pays BRIICS (Bresil, Russie, Inde, Indonsie, Chine, Afrique du Sud), de mme que dans des groupes de revenus et de dveloppement diffrents, couple aux tendances de population et durbanisation, souligne linquitante possibilit dune augmentation de lempreinte de lhumanit dans le futur. LEmpreinte eau de production donne une seconde indication sur lordre de grandeur de la demande humaine de ressources renouvelables. Pour la premire fois, le rapport comprend une analyse de la disponibilit en eau des principaux bassins hydrographiques du globe tout au long de lanne. Selon ses conclusions, pas moins de 2,7 milliards dindividus vivent dj dans des bassins versants connaissant de graves pnuries hydriques pendant au moins un mois par an. Le Chapitre 2 met en vidence les interactions entre la biodiversit, les services cosystmiques et les tres humains. Les impacts des activits anthropiques sur trois cosystmes (forestiers, deau douce et marins) y sont examins en dtail, en plus dune analyse des services cosystmiques quils fournissent. Les usages concurrents des ressources naturelles, quillustrent les pressions commerciales sur la terre agricole dans les pays en dveloppement, sont galement traits. Notes Indice Plante Vivante global Intervalle de confiance Prface et rsum page 9 13. WWF Rapport plante vivante 2012 page 10 Si le Rapport Plante Vivante offre un aperu de ltat de sant de la plante, le WWF va cependant au-del des analyses chiffres pour mieux apprhender les attentes et les luttes, les exigences et les apports des socits humaines, responsables des changements sur Terre. Cest prcisment cette rflexion laquelle nous invite lagricultrice kenyane Margaret Wanjiru Mundia, au Chapitre 2 du prsent rapport. A loppos de cette perspective personnelle, nous profiterons de la vue du globe tel que les splendides images de lAgence spatiale europenne (ASE) nous le donnent voir. Le Chapitre 3 cherche savoir quoi le futur pourrait ressembler. Les effetspossiblesduchangementclimatiqueysontabordsetdiffrentsscnarios dcrits, notamment pour lEmpreinte cologique. Ces analyses rvlent les consquences graves et potentiellement catastrophiques du maintien des tendances existantes (business as usual). En particulier, laccroissement continu des missions de gaz effet de serre fera irrversiblement basculer le monde vers une lvation moyenne des tempratures largement suprieure 2C, synonyme de dysfonctionnements majeurs pour la quasi-totalit des cosystmes globaux, et de perturbations du dveloppement et du bien-tre humain. Il va de soi que dans sa forme actuelle, le systme de dveloppement humain, caractris par une consommation effrne et une forte dpendance vis--vis des combustibles fossiles, est insoutenable si lon tient compte de la croissance dmographique et de labsence de gestion et de gouvernance globale des ressources naturelles. Nombreux sont les pays et les populations tre dj confronts aux risques entrans par lrosion de la biodiversit, la dgradation des services cosystmiques et le changement climatique, et notamment: la rarfaction des ressources alimentaires, hydriques et nergtiques, la vulnrabilit accrue aux catastrophes naturelles, les risques sanitaires, les mouvements de population, et les conflits autour des ressources. Ces risques sont supports de manire disproportionne par les individus les plus dmunis, alors mme que ces derniers contribuent pour une faible part, en termes relatifs, lEmpreinte cologique de lhumanit. Bien quil soit parfois possible dexploiter les moyens technologiques pour remplacer certains services cosystmiques et attnuer les impacts du changement climatique, les problmes ne feront en ralit que saggraver et se propager si nous continuons sur notre lance. Les conomies mergentes risquent fort de voir compromises leurs aspirations de meilleures conditions de vie, les pays et communauts haut revenu de constater la dgradation de leur bien-tre. Les gouvernements et entreprises les plus conscients de lenjeu ont entrepris des efforts pour amoindrir ces risques, par exemple en stimulant lessor des nergies renouvelables, lefficacit nergtique, des modes de production plus respectueux de lenvironnement et un dveloppement plus inclusif sur le plan social. Malgr cette bonne volont, les tendances et dfis exposs dans ce rapport montrent que la majeure partie du travail reste faire. Dans ces conditions, comment enrayer le dclin de la biodiversit, revenir une Empreinte cologique compatible avec les limites plantaires, et ralentir efficacement la manifestation des changements climatiques anthropiques en en prvenant les impacts les plus nfastes? A fortiori, comment parvenir ces rsultats tout en garantissant un accs quitable aux ressources naturelles, la nourriture, leau et lnergie une population de plus en plus nombreuse? Les gouvernements et les entreprises les plus conscients de lenjeu ont fait des efforts pour amoindrir ces risques, par exemple en stimulant lessor des nergies renouvelables 14. Le Chapitre 3 fournit plusieurs solutions notre porte: des scnarios alternatifs bass sur lvolution des rgimes alimentaire et larrt de la dforestation et de la dgradation forestire, illustrent les options immdiatement applicables pour rduire le dpassement cologique et attnuer les changements climatiques dangereux. Ces solutions sont tudies plus en dtail dans le Chapitre 4, consacr linitiative One Planet dont lobjectif est de grer le capital naturel (biodiversit, cosystmes et services cosystmiques)dansleslimitescologiquesdelaTerre.Endehorsdesmesures de prservation et de restauration grande chelle, cette dmarche se propose de rechercher, au niveau du systme de production et de consommation tout entier, les meilleurs choix permettant dencourager la prservation du capital naturel, de rorienter les flux financiers et dassurer une gouvernance des ressources plus quitable. La conversion ce nouveau paradigme constitue assurment un dfi de taille, dans la mesure o elle impose des dcisions difficiles et des compromis dlicats. Nos scnarios prouvent toutefois quil est possible de rduire lEmpreinte cologique, de mme que les tendances climatiques, en exploitant les connaissances et les technologies actuelles. Et par l mme, de nous engager sur une voie conduisant des socits humaines prospres, durables et quitables. Le rapport Plante Vivante et le sommet Rio +20 Parmi les accords de rfrence conclus lchelle internationale pour rpondre aux dfis de notre plante, certains datent de la runion organise Rio de Janeiro il y a tout juste vingt ans. Les responsables politiques du monde entier avaient alors sign la Convention sur la diversit biologique et la Convention- cadre des Nations unies sur le changement climatique, tout en mettant en route le processus de ngociation de la Convention sur la lutte contre la dsertification. A lpoque, le message port par le sommet avait acquis toute sa force lorsque les 193 Etats membres des Nations unies staient rsolus mettre fin la pauvret, protger la biodiversit et rduire les missions de gaz effet de serre en sengageant en faveur des Objectifs du millnaire pour le dveloppement. En juin 2012, Rio +20 valuera les avances ralises depuis lors et identifiera les nouvelles mesures indispensables pour remdier aux problmes urgents en matire de scurit environnementale, dquit et de gestion des ressources. Le Rapport Plante Vivante communique des informations importantes aux acteurs de ce rendez- vous incontournable; les dlgus la confrence sont par ailleurs invits lire le rsum spcialement prpar pour eux (www.panda.org/lpr). les 193 Etats membres des Nations unies se sont rsolus mettre fin la pauvret, protger la biodiversit et rduire les missions de gaz effet de serre en sengageant en faveur des Objectifs du millnaire pour le dveloppement Prface et rsum page 11 15. WWF Rapport plante vivante 2012 page 12 Chapitre1:ltatdelaplante La biodiversit est globalement en dclin LIndice plante vivante global a recul de presque 30% entre 1970 et 2008. Lindice tropical global a chut de 60% pendant la mme priode. Lindice tempr global a progress de 31%, mais ce chiffre masque des extinctions massives antrieures 1970. Les indices terrestre, eau douce et marin globaux se sont tous contracts, le deuxime enregistrant le dclin le plus prononc (37%). Lindice eau douce tropical accuse une baisse encore plus marque (70%). La demande de lhumanit sur la plante excde loffre LEmpreinte cologique de lhumanit tait plus de moiti suprieure la biocapacit de la Terre en 2008. Au cours des dernires dcennies, lempreinte carbone est une cause majeure de ce dpassement cologique. La biocapacit par habitant est passe de 3,2 hectares globaux (hag) en 1961 1,8 hag en 2008, malgr laccroissement simultan de la biocapacit globale totale. La tendance une consommation croissante chez les catgories haut revenu du monde entier et en particulier dans les BRIICS, conjugue la dynamique dmographique positive, fait apparatre des signes inquitants quant au risque daugmentation prochaine des empreintes. Les bassins versants connaissent pour beaucoup une pnurie en eau Lexamen mensuel de la raret montre que nombre de bassins hydrographiques semblant fournir de leau en quantit suffisante sont en ralit surexploits et ne remplissent donc plus totalement leurs fonctions cosystmiques critiques. 2,7 milliards de personne vivent dans des bassins qui connaissent des pnuries deau svres au moins 1 mois par an. Chapitre2:pourquoiilfautsenproccuper Notre prosprit, notre sant et notre bien-tre sont tributaires des services cosystmiques Une forte proportion des zones les plus riches en biodiversit assurent aussi dimportants services cosystmiques comme le stockage du carbone, la fourniture de bois de chauffage, deau douce et de ressources halieutiques. Or les activits humaines contribuent mettre en pril leur perrenit. La dforestation et la dgradation forestire reprsentent aujourdhui quelque 20% des missions anthropiques de CO2, en ce compris la disparition des sols forestiers. Dans le monde, seulement un tiers des fleuves de longueur suprieure 1000km ne sont pas canaliss et dpourvus de barrage sur leur cours principal. leschiffresretenir 16. La multiplication par prs de cinq des prises halieutiques marines globales, qui sont passes de 19 millions de tonnes en 1950 87 millions de tonnes en 2005, sest traduite par la surexploitation de nombreuses pcheries. La frquence et la complexit de la comptition pour lusage des sols vont se renforcer mesure que la demande des populations humaines va crotre. Partout dans le monde en dveloppement, on assiste un afflux sans prcdent dinvestisseurs trangers soucieux de scuriser laccs des terres voues produire des denres agricoles et des biocarburants. Ladestructiondelabiodiversitetdesservicescosystmiquescorrespondants touche principalement les pauvres dont la survie dpend de ces services. Chapitre3:quelavenirdevantnous? Les scnarios reprsentent le futur sous la forme dune multiplicit dalternatives plausibles Les dcennies qui nous prcdent ont t plus chaudes que nimporte quelle autre priode de mme dure au cours des 400 dernires annes. La limitation du rchauffement climatique moyen 2C par rapport au niveau prindustriel nest plus gure envisageable qu la condition de rduire les missions dau moins 80% par rapport leur niveau maximal. La poursuite de la hausse des missions est de nature compromettre la ralisation de cet objectif dans chaque grande rgion considre sparment dici 2040. Le dclin de lIndice plante vivante et lexpansion de lEmpreinte cologique soulignent la ncessit de politiques plus durables. De ce point de vue, les scnarios peuvent nous aider faire des choix plus clairs lavenir. Les scnarios mettent en lumire limportance de la protection de la biodiversit pour sauvegarder les services cosystmiques. Chapitre4:Lesbonschoixpouruneplantevivante Des solutions existent pour vivre selon les moyens dune seule plante Le capital naturel (biodiversit, cosystmes et services cosystmiques) doit tre prserv et, si besoin est, son rle de pivot des conomies et des socits humaines restaur. Linitiative One Planet du WWF propose des modes de gestion, de gouvernance et de partage du capital naturel compatibles avec le respect des limites cologiques de la Terre. 16 bons choix , inspirs de linitiative globale One Planet, sont dcrits et assortis dune srie dobjectifs prioritaires destins en favoriser la mise en uvre. Prface et rsum page 13 17. design note: Check for gutter and re- peat image if necessary chapitre1:LtatdeLa pLante~ Cette photo montre le paysage mticuleusement cultiv des communauts autonomes dAragon (ouest) et de Catalogne, au nord-est de lEspagne. De nombreuses cultures peuvent tre observes, y compris du bl, de lorge, des fruits et des lgumes. La forme circulaire de nombreux champs rvle lutilisation dirrigation par pivot central, o un puit for au centre de chaque cercle fournit de leau via un circuit darrosage. 18. KARI 19. JurgenFreund/WWF-CanonWWF-Malaysia/RaymondAlfredJurgenFreund/WWF-Canon LindicepLantevivante Pour mesurer les changements affectant ltat de la biodiversit plantaire, lIndice plante vivante suit leffectif de populations despces de vertbrs issues de diffrents biomes et rgions de faon calculer la variation moyenne de leur abondance au cours du temps. LIndice plante vivante agrge des donnes provenant de plus de 9 000 programmes de suivi de la faune sauvage faisant appel des modes opratoires trs diffrents (comptage individuel des animaux, pigeage photographique, tude des sites de nidification et des traces danimaux). Image principale: Chercheur et ours polaire, Svalbard, Norvge. Bas : Des gardes baguent un poussin de fou brun. Image de pige camra dun Rhinocros de Sumatra, Borneo. Marquage dun requin-baleine, Donsol, Sorsogon, Philippines. 20. JonAars/NorwegianPolarInstitute/WWF-Canon 21. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 18 suivideLabiodiversit mondiaLe La complexit de la biodiversit globale est telle quun tat des lieux complet de sa sant est presque mission impossible. Mais de la mme faon quun indice boursier reflte la tendance du march en agrgeant les variations dun panier de valeurs regroupant une slection dentreprises donnes, lvolution de labondance (par le calcul du nombre total dindividus dune population donne) dune slection despces permet dobtenir un indicateur suffisamment fiable pour valuer la situation cologique de la plante. LIndice plante vivante suggre qu lchelle du globe, les populations de vertbrs taient en moyenne un tiers plus petites en 2008 quelles ne ltaient en 1970 (Figure 3). Ce rsultat repose sur la dynamique dmographique de 9 014 populations de 2 688 espces de mammifres, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons, formant un ventail sensiblement plus large que celui des prcdentes ditions du Rapport Plante Vivante (WWF, 2006b ; 2008b ; 2010a). 0 1 2 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Valeurdel'indice(1970=1) Anne Figure 3: LIndice plante vivante global. Lindice enregistre un dclin denviron 30% entre 1970 et 2008, selon les tudes menes sur 9 014 populations de 2 688 espces doiseaux, mammifres, amphibiens, reptiles et poissons). Le graphique est construit en retenant un intervalle de confiance de 95% : cela signifie que la probabilit que le domaine dlimit par les courbes suprieure et infrieure abrite effectivement la valeur de lIndice Plante Vivante slve 95%. Lcart entre les courbes est dautant plus grand que la tendance sous-jacente ayant servi leur trac est variable (WWF/SZL, 2012.). Indice Plante Vivante global Intervalle de confiance -28% 22. Chapitre 1 : ltat de la plante page 19 Les populations de lIndice plante vivante (IPV) sont rparties par zone gographique (rgion tempre ou tropicale) et par cosystme (terrestre, eau douce ou marin). Cette classification sapplique aux populations plutt quaux espces, ce qui explique que certaines espces apparaissent dans plusieurs indices. A titre dexemple, des espces comme le saumon, qui comprennent des populations deau douce et marines, ou encore les espces migratrices habitant la fois des zones tropicales et tempres, donnent lieu un examen distinct. Les populations ne sont jamais comptabilises en double. Les catgories ainsi constitues sont la base des indices tempr et tropical, mais aussi des indices terrestre, eau douce et marin, sur lesquels repose le calcul de lIndice plante vivante (Figure 4). Notons que les populations de lindice tempr sont plus nombreuses que celles de lindice tropical: pour que la surreprsentation des populations des zones tempres nintroduise pas de biais analytique dans lindice global, il a donc t dcid dattribuer un poids gal aux indices tropical et tempr dans celui-ci (lannexe 1 fournit plus de dtails ce sujet). Par ailleurs, chaque population dune espce terrestre ou deau douce est classe par domaine biogographique en fonction de son aire de distribution. Cette subdivision supplmentaire rend possible le calcul dindices par domaine, ralis en affectant la mme pondration chaque espce, lexception du domaine palarctique o, pour la premire fois, chaque famille se voit attribuer une pondration identique. Ce choix mthodologique se justifie l encore par la volont de rduire le biais analytique en faveur des espces doiseaux, pour lesquelles le volume de donnes est sensiblement plus lev que celui des autres espces de ce domaine. Figure 4: Transformation des tendances pour les populations en Indice Plante Vivante Les populations de vertbrs taient en moyenne un tiers plus petites en 2008 quelles ne ltaient en 1970 Population 3 Population 2 Espce 3 Espce 2 Tropical eau douce Tropical terrestre tempr eau douce tempr marin tempr terrestre tropical tempr IPV eau douce IPV marin IPV terrestre Espce 1 Population 1 IPV GLOBAL Tropical marin 23. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 20 DcodagedelIndicePlanteVivante LIndice plante vivante est un indicateur composite mesurant lvolution des effectifs des populations sauvages en vue de mettre en vidence la dynamique gnrale de ltat de la biodiversit globale. Or la tendance caractrisant une population donne traduit seulement lvolution de lespce correspondante lintrieur dun primtre gographique dfini. Cest pourquoi la cration dun indice fiable impose la collecte de donnes sur le plus large ventail despces et de populations possible lchelon du globe. Si certaines populations ont vu leur effectif saccrotre au cours de la priode de suivi, dautres ont en revanche enregistr le mouvement inverse. En moyenne cependant, les dynamiques ressortent davantage en baisse quen hausse, si bien que lindice enregistre globalement un dclin. Figure 7 : Albatros hurleur galement appel Grand Albatros (Diomedea exulans), le Bird, Gorgie du sud, Atlantique du sud Cette population est en dclin rgulier depuis 1972. Lune des principales causes de cette volution semble tre la mortalit accidentelle provoque par les palangres: les oiseaux y restent en effet accrochs et finissent par prir noys. Parmi les mesures proposes pour sauvegarder lespce, il a t suggr de concevoir et dutiliser des palangres capables dattnuer ce risque. Note: Bas sur des donnes non publies du programme de suivi long terme 2012 du Centre de recherche britannique sur lAntarctique britannique - (British Antarctic Survey). Figure 5 : Thon rouge du Nord (Thunnus thynnus), Atlantique Ouest Lintensit de sa pche est lorigine dun croulement catastrophique de sa population depuis les annes 1970. La valeur commerciale trs leve du thon rouge ayant entretenu sa surpche, lespce tout entire est dsormais menace dextinction. Note : Les donnes proviennent de la Commission internationale pour la conservation des thonids de lAtlantique (CICTA) (Safina et Klinger, 2008). 0 60 000 20041971 Biomassedustock dereproducteurs (tonnes) Figure 6 : Loutre dEurope (Lutra lutra), Danemark Aprs deux dcennies deffondrement des populations dans les annes 1960 et 70, lamlioration de la qualit de leau et le contrle de lexploitation ont contribu leur restauration au Danemark entre 1984 et 2004, mais galement dans plusieurs autres pays. Note: Les donnes sont issues de Normander et coll., 2009. 0 450 20041984 Nombredeloutres 0 1 800 20101972 Tailledelapopulation (couplesreproducteurs) 24. Vue den bas de la silhouette dun plongeur et dun espadon voilier (Istiophorus albicans) attaquant un ban dallaches, sardinelles rondes (Sardinella aurita) au large de la pninsule de Yucatan, Mexique. naturepl.com/DougPerrine/WWF-Canon 25. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 22 Laccroissement rcent de leffectif moyen des populations ne doit pas ncessairement sanalyser comme la preuve dun meilleur tat de sant des cosystmes temprs par rapport aux cosystmes tropicaux. Lvolution de lIndice plante vivante tempr fait en effet intervenir quatre phnomnes : le choix dune anne de rfrence rcente ; la diversit des trajectoires propres aux diffrents groupes taxonomiques ; les succs notables enregistrs en matire de conservation ; et la stabilit relative rcemment constate chez les populations despces. Si la priode de rfrence sexprimait non en dcennies mais en sicles, lindice tempr prsenterait probablement un dclin au moins aussi marqu que celui relev pour les cosystmes tropicaux au cours du dernier demi-sicle ; de mme, lindice tropical se caractriserait certainement par une variation beaucoup plus lente avant 1970. La restauration rcente des populations de certaines espces tempres drive aussi defforts de conservation. Cest notamment le cas des oiseaux des milieux humides aux Etats-Unis (BirdLife International, 2008), des oiseaux nicheurs au Royaume-Uni, des oiseaux marins et des oiseaux hivernants au Royaume-Uni (Defra, 2010), mais aussi de certaines populations de ctacs, comme celle de baleines borales (Balaena mysticetus) de lArctique occidental : son effectif, estim entre 1 000 et 3 000 individus au moment de linterdiction de la chasse commerciale la baleine, est depuis remont environ 10 545 membres selon les tudes de 2001 (Angliss et Outlaw, 2006). 0.0 1.0 2.0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Anne 1970 1975 Valeurdel'indice(1970=1) Figure 8 : Les Indices plante vivante tropical et tempr Lindice tropical est calcul en prenant en compte les populations despces terrestres et deau douce des domaines afrotropical, indo-pacifique et notropical, ainsi que les populations despces marines peuplant la zone comprise entre les tropiques du Cancer et du Capricorne. Lindice tempr est pour sa part calcul en considrant les populations despces terrestres et deau douce des domaines palarctique et narctique dune part, les populations despces marines habitant au nord du tropique du Cancer et au sud du tropique du Capricorne dautre part. Lindice tropical global affiche un dclin suprieur 60% au cours de la priode 1970-2008. Lindice tempr global sinscrit en hausse denviron 31% dans le mme temps (WWF/SZL, 2012). Lesindicesplantevivantetropicalettempr LIndice plante vivante tropical a chut de plus de 60% entre 1970 et 2008, quand lIndice plante vivante tempr progressait de 30% pendant la mme priode (Figure 8). Cette volution divergente concerne les mammifres, les oiseaux, les amphibiens et les poissons ; les espces terrestres, marines et deau douce (Figures 9 11) ; et tous les domaines biogographiques tropicaux et temprs (Figures 16 20). Malgr lampleur des mutations ayant affect la biodiversit avant 1970, les donnes antrieures cette date sont insuffisantes pour en rendre compte avec prcision : cest pourquoi il a t choisi de retenir lanne 1970 pour rfrence de calcul de lindice et de lui attribuer arbitrairement la valeur 1. Nanmoins, comme nous le verrons en dtail dans les pages suivantes, la dynamique des diffrentes populations a subi des variations considrables, tant entre les espces elles-mmes quentre les espces partageant les mmes grands habitats. Indice Plante Vivante tropical Intervalle de confiance Indice Plante Vivante tempr Intervalle de confiance +31% -61% 26. Chapitre 1 : ltat de la plante page 23 Lindiceplantevivanteterrestre LIndice plante vivante terrestre a connu une baisse de 25% entre 1970 et 2008 (Figure 9a). Son calcul repose sur lexamen de 3 770 populations appartenant 1 432 espces doiseaux, mammifres, amphibiens et reptiles peuplant les habitats temprs et tropicaux les plus varis (forts, prairies et zones arides). Durant la priode tudie, lindice terrestre tropical a chut de prs de 45%, tandis que lindice terrestre tempr a gagn environ 5% (Figure 9b). Figure 9 : LIndice plante vivante terrestre (a) Lindice terrestre global perd 25% entre 1970 et 2008 ; (b) Lindice terrestre tempr enregistre une augmentation voisine de 5%, tandis que lindice terrestre tropical fond denviron 44% (WWF/SZL, 2012). 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Anne 1970 1975 Valeurdel'indice(1970=1) 1.0 0.00.00.0 1.01.01.01.0 2.02.02.0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Anne 1970 1975 Valeurdel'indice(1970=1) 0.0 1.0 2.0 Indice Plante Vivante terrestre global Intervalle de confiance Indice Plante Vivante terrestre tempr Intervalle de confiance Indice Plante Vivante terrestre tropical Intervalle de confiance -25% +5% -44% 27. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 24 Lindiceplantevivantemarin Cet indice sest contract de plus de 20% entre 1970 et 2008 (Figure 10a). Lindice marin est calcul partir des donnes de 2 395 populations appartenant 675 espces de poissons, oiseaux marins, tortues marines et mammifres marins habitant les cosystmes plagiques, ctiers et de rcifs coralliens des zones tempres et tropicales. La moiti environ des espces comprises dans cet indicateur sont exploites des fins commerciales. Les cosystmes marins sont ceux pour lesquels la dynamique des espces tropicales et tempres est la plus divergente : en effet, lindice marin tropical dgringole dapproximativement 60% entre 1970 et 2008, alors mme que lindice marin tempr progresse de moiti environ durant la mme priode (Figure 10b). Cependant, lcroulement attest des espces marines et ctires des zones tempres au cours des sicles passs (Lotze et coll., 2006 ; Thurstan et coll., 2010) ne doit pas faire oublier que la valeur de rfrence retenue pour le calcul de lindice marin tempr en 1970 est trs infrieure Figure 10 : LIndice Plante Vivante marin (a) Lindice marin global prsente un dclin proche de 22% entre 1970 et 2008 ; (b) Lindice marin tempr connat un accroissement denviron 53%, alors que lindice marin tropical subit une chute denviron 62% (WWF/SZL, 2012). 0.0 1.0 2.0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 20081970 1975 Valeurdel'indice(1970=1) 0.0 1.0 2.0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 20081970 1975 Anne Valeurdel'indice(1970=1) Indice Plante Vivante marin tempr Intervalle de confiance Indice Plante Vivante marin tropical Intervalle de confiance Indice Plante Vivante marin global Intervalle de confiance -22% +53% -62% Lgende 10 a Lgende 10 b 28. Chapitre 1 : ltat de la plante page 25 celle de lindice marin tropical. Dans ce contexte, laccroissement relatif des populations marines tropicales observ depuis cette date doit plutt sinterprter comme un lger redressement partir des niveaux historiquement les plus faibles. Lindiceplantevivantedeaudouce Parmi tous les biomes, lIndice plante vivante deau douce est celui dont la baisse a t la plus prononce. Il repose sur les donnes de 2 849 populations de 737 espces de poissons, oiseaux, reptiles, amphibiens et mammifres habitant les lacs, fleuves et marais deau douce des rgions tempres et tropicales. Dans lensemble, lindice deau douce global diminue de 37% durant la priode 1970-2008 (Figure 11a). La dgradation de lindice deau douce tropical est encore plus marque, pour atteindre 70%, soit le plus fort recul de tous les indices biomiques ; dans le mme temps, lindice deau douce tempr grimpe de 35% (Figure 11b). Figure 11 : LIndice Plante Vivante eau douce (a) Lindice eau douce global prsente un dclin de 37% entre 1970 et 2008 ; (b) Lindice eau douce tempr sinscrit en hausse denviron 36%, alors que lindice eau douce tropical affiche une baisse voisine denviron 70% (WWF/SZL, 2012). 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Anne 1970 1975 Valeurdel'indice(1970=1) 0.0 1.0 2.0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Anne 1970 1975 Valeurdel'indice(1970=1) 0.0 1.0 2.0 Indice Plante Vivante eau douce global Intervalle de confiance Indice Plante Vivante eau douce tropical Intervalle de confiance Indice Plante Vivante eau douce tempr Intervalle de confiance -37% +36% -70% Lgende 11 a Lgende 11 b 29. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 26 0 1200 201020071970 1978 Tigre de Sumatra 2010 Tigre du Bengale (populations de lInde) exempledetendancesdepopulations 300 625 500 19991996 1997 1998 Tigre de MalaisieTigre de MalaisieTigre de MalaisieTigre de Malaisie (1997-98) 0 1 2 Anne Valeurdel'indice(1980=1) 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 Indice Plante Vivante pour le tigre (1980 - 2010) -70 % 30. Chapitre 1 : ltat de la plante page 27 Leffectif des tigres (Panthera tigris) est son niveau le plus bas de tous les temps. LIndice Plante Vivante de lanimal met en vidence le dclin rapide de ses populations, avoisinant en moyenne 70% au cours des 30 dernires annes. A lorigine de ce phnomne, la lutte pour lespace livre contre le tigre dans des rgions abritant une densit de peuplement humain parmi les plus leves au monde : laire de distribution du tigre sest ainsi rduite comme peau de chagrin pour ne plus reprsenter que 7% de sa superficie initiale (Sanderson et coll., 2006), contraignant lUICN inscrire le flin parmi les espces en danger sur sa Liste Rouge (UICN, 2011). Selon les estimations ralises dans le cadre du Programme Global de Restauration du Tigre, il ne resterait plus quentre 3 200 et 3 500 spcimens adultes ltat sauvage (Initiative mondiale pour la sauvegarde du tigre, 2011). Lespce est confronte plusieurs menaces : braconnage, abattage servant de reprsailles, perte de lhabitat et disparition des proies constituant son rgime alimentaire dun bout lautre de sa zone de rpartition. Les chutes deffectifs les plus marques rapportes ces dernires annes sont intervenues en dehors des aires protges (Walston et coll., 2010). L o les actions de prservation ont t les plus vigoureuses, les populations sont en revanche plus stables, voire en augmentation. Soucieux de renverser la tendance de ce dclin brve chance, la plupart des organismes de conservation, dont le WWF et le ZSL, concentrent aujourdhui leurs efforts dans les derniers habitats de prdilection de lanimal. A lchelle mondiale, lobjectif consiste doubler le nombre de tigres ltat sauvage dici 2022, pour le porter au minimum 6 000 individus. etudedecas:lestigres 2010 Tigre de lAmour Sites suivis Zones de conservation prioritaires Aire de rpartition actuelle Figure 12: Evolution des populations du tigre (Panthera tigris), aire de distribution et priorits de conservation (a) Rpartition actuelle du tigre et dynamique rcente des populations. Les aires colores correspondent respectivement aux zones actuelles de rpartition de lanimal (vert clair) (UICN, 2011) et aux espaces de conservation prioritaires (vert fonc) ; les points rouges indiquent les diffrentes populations suivies (les priodes temporelles et les aires mdians surveilles varient dune tude lautre ; les points mldians Sumatra, en Malaisie et en Chine du Sud reprsentent toute la sous-espce suivie sur plusieurs sites, et les graphiques montrent les variations de populations pour cinq des sous-espces de tigre. Les deux lignes de tendance sur le graphique du Tigre du Bengale estiml en Inde montrent le rsultat de deux mthodes de suivi ; (b) LIndice Plante Vivante des tigres. Il mesure la variation moyenne de leffectif de 43 populations entre 1980 et 2010 (les six sous-espces sont affectes dune pondration identique). Faute de donnes suffisantes sur les populations au cours des annes 1970, lanne 1980 constitue la rfrence de mesure et se voit attribuer le chiffre 1). (WWF / SZL, 2012) 31. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 28 Les populations de ctacs deau douce connaissent un dclin acclr. Les dauphins et marsouins qui les composent se rencontrent dans certains des plus grands fleuves au monde, comme le Gange, lIndus, le Yangtze, le Mkong et lAmazone, dont les rives abritent pas moins de 15% de la population humaine du globe. Le dveloppement des infrastructures (barrages, digues et rservoirs), la capture accidentelle dans les filets de pche, les collisions avec les navires, la surexploitation des pcheries et la pollution sont responsables du recul rapide dune grande partie des populations de dauphins de rivires ces trente dernires annes, poussant mme lextinction fonctionnelle vraisemblable dune espce, le dauphin du Yangtze ou baiji (Lipotes vexillifer) (Turvey et coll., 2007; Figure 13). Les populations du dauphin de lIrrawaddy (Orcaella brevirostris), qui se rencontre la fois dans les habitats marins et deau douce, nchappent pas cette tendance. A linverse, la dynamique positive caractrisant les populations du dauphin de lIndus (Platanista minor) est vraisemblablement attribuable linterdiction de sa chasse et limmigration de dauphins depuis les rgions priphriques (Braulik, 2006). Des donnes supplmentaires mriteraient cependant dtre recueillies sur cette espce, comme sur les autres ctacs deau douce, pour dissiper les incertitudes leur sujet. Ltat actuel des connaissances appelle cependant une action urgente pour viter lextinction de ces animaux charismatiques et encore mal connus. Etudedecas:lesdauphinsderivire Ltat actuel des connaissances appelle une action urgente pour viter lextinction de ces animaux charismatiques et encore mal connus 32. Chapitre 1 : ltat de la plante page 29 Figure 13 : Evolution des populations de ctacs deau douce et aires de rpartition Rpartition actuelle des espces de ctacs deau douce et dynamique rcente des populations de six espces. Les aires colores correspondent aux zones de peuplement actuelles (UICN, 2011) ; les graphiques montrent les tendances des populations de chaque espce. 0 20 10 3000 2000 20101980 19901990 Dauphin du Gange 0 500 19901970 1980 Dauphin de Chine ou Baiji 1990 2000 Dauphin du YangtsDauphin du Yangts 500 20001990 exempledetendancesdespopulations gange indus yangtze mkong amazone 1992 1998 2004 2010201020102010 2016 0 50 300 Dauphin de lIrrawaddyDauphin de lIrrawaddy 33. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 30 Leffondrement rapide des pcheries de morue de lAtlantique (Gadus morhua) est dsormais bien document (p.ex. Roberts 2007). Objet dune convoitise universelle des fins commerciales, lespce est intensment exploite depuis plusieurs sicles (Thurstan et coll., 2010). Son importance conomique explique aussi que lon dispose dune masse de donnes nettement plus volumineuse que pour la plupart des autres espces, ce qui a permis de calculer son Indice plante vivante depuis les annes 1960. Dans certaines zones, les informations remontent mme encore plus loin dans le temps : cest notamment le cas des bancs de la Nouvelle-cosse au Canada, pour lequels des informations ont t collectes ds le XIXme sicle. LIndice Plante Vivante de la morue de lAtlantique rvle une chute moyenne de 74% des populations au cours des 50 dernires annes (Figure 14a). LAtlantique nord-ouest apparat comme la rgion la plus touche : la biomasse du stock de Nouvelle-cosse slve aujourdhui moins de 3% de son niveau prindustriel (Rosenberg et coll., 2005, et Figure 14). La plupart des estimations portant sur lvolution de labondance des stocks halieutiques font cependant abstraction des donnes historiques long terme : cette lacune est dautant plus prjudiciable lanalyse que la pche commerciale est une activit pratique depuis plusieurs centaines dannes (Rosenberg et coll., 2005) et que la dtermination dobjectifs de restauration pertinents est subordonne la connaissance des niveaux historiques. En effet, il ne suffit pas de savoir que des espces comme la morue taient autrefois beaucoup plus abondantes : encore faut-il que les efforts mens pour reconstituer les pcheries prennent pour rfrence le niveau des stocks initiaux, et non celui observ ces dernires dcennies. etudedecas:lamoruedelatlantique 0 1 2 19751970 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 Anne 1960 1965 Valeurdel'indice(1970=1) 74%Les popuLations de morues de LatLantique ont chut en moyenne de 74 % au cours des 50 dernires annes Indice Plante Vivante pour la Morue de lAtlantique Intervalle de confiance Figure 14a: Indice Plante Vivante de la morue de lAtlantique Il mesure la variation moyenne de leffectif de 25 stocks pour chaque population entre 1960 et 2010. En attribuant le chiffre 1 lanne 1960, prise ici pour rfrence, la valeur finale de lindice stablit seulement 0,26, dont on dduit un dclin moyen de 74% de lespce (WWF/SZL, 2012). -74% 34. Chapitre 1 : ltat de la plante page 31 Figure 14b : Evolution des populations de morue de lAtlantique Rpartition de la morue de lAtlantique et rythme dvolution de ses populations. Les aires colores, qui correspondent laire de distribution de lespce, se caractrisent par une intensit variable en fonction de la probabilit de sa prsence (cration laide dAquaMaps : Aquamaps, 2010) ; les disques symbolisent les diffrentes populations tudies (la couleur employe dpend de leur taux de variation respectif). La longueur des sries temporelles est comprise entre 11 et 50 ans au cours de la priode 1960-2010. 0 1 400 1 200 800 400 20001850 1900 1970 Biomasse(enmilliersdetonnes) Eleve : 1 Faible : 0 Probabilit de prsence Figure 14c : Estimations de la biomasse reprsente par les populations de morue des bancs de Nouvelle-cosse. Le point bleu indique lestimation ralise en 1852 ; la ligne pointille noire exprime la capacit estime de cet cosystme marin, reconstitue partir des donnes de la fin du XXme sicle ; enfin, la ligne rouge correspond lestimation de la biomasse totale des spcimens adultes entre 1970 et 2000 (figure reproduite avec lautorisation de Rosenberg et coll., 2005, complte par les entretiens individuels mens avec Andrew Rosenberg et Karen Alexander). En dclin Stable En augmentation Dynamique de la population En regardant en arrire dans le temps 35. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 32 Lesdomainesbiogographiques Lvolution rgionale de la biodiversit permet dapprhender ltat des populations animales dans les diffrentes rgions de la plante. Les populations terrestres et deau douce se rpartissent entre cinq domaines biogographiques (Figure 15), dont trois sont essentiellement tropicaux (indo-pacifique, afrotropical et notropical) et deux largement temprs (palarctique et narctique). Malgr le peu de donnes disponibles sur la rgion antarctique, qui empche la cration dun indicateur spcifique au domaine, lIndice Plante Vivante inclut les populations despces y vivant. Les domaines temprs se caractrisent par des dynamiques relativement stables, alors que les domaines tropicaux enregistrent un dclin rapide. Les indices palarctique et narctique ont subi de faibles variations entre 1970 et 2008 (Figures 16 et 17), probablement sous leffet des mesures de protection environnementale et de conservation dployes depuis le dbut de cette priode. Considres sparment, les diffrentes populations du domaine palarctique ont volu de manire divergente: si certaines, limage des oiseaux marins et des oiseaux deau hivernants, ont connu une augmentation de leur effectif (exemple de plusieurs populations doiseaux sauvages au Royaume- Uni: Defra, 2010), dautres, en revanche, comme lantilope saga (Saiga tatarica) (Milner-Gulland et coll., 2001) et les amphibiens du centre de lEspagne (Bosch et Martinez-Solano, 2006), connaissent un dclin marqu. L encore, la dynamique des oiseaux deau tend en partie sexpliquer par lefficacit de la protection dont ils bnficient depuis 1970. Linterprtation de ces rsultats appelle nanmoins une grande prudence: la proportion des donnes recueillies en Europe tant sensiblement plus leve que celles venant dAsie septentrionale, il nest pas impossible que lexamen des volutions pays par pays mettent en lumire dimportants contrastes. Les indicateurs tropicaux ont volu en sens oppos: lindice afrotropical a ainsi perdu 38% de sa valeur, lindice notropical 50% et lindice indo-pacifique 64% (Figures 17, 18 et 19). Une telle dynamique traduit la disparition massive des habitats (notamment forestiers) dans chacun des domaines, induite par lexploitation forestire, la densification des populations humaines et les mutations agricoles, industrielles et urbaines (Craigie et coll., 2010; Norris et coll., 2010; EM, 2005; FAO, 2005; Hansen et coll., 2008). La couverture forestire tropicale a connu son recul le plus rapide en Asie sud-Est entre 1990 et 2005, avec une perte estime 0,6-0,8% par an (FAO, 2005; Hansen et coll., 2008). La diminution de lindice notropical reflte galement le dclin dramatique des effectifs damphibiens, dcims, dans bon nombre de cas, par la propagation de maladies fongiques. 36. MichelRoggo/WWF-Canon Rserve de la Fort du Rio Negro, Amazonie, Brsil. Fort inonde durant la saison des pluies. Vue arienne de la vgtation flottante. 37. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 34 tendancesdelabiodiversitautourduglobe NARCTIQUE ANTARCTIQUE PALARCTIQUE INDO-PACIFIQUE NEOTROPICAL AFROTROPICAL Tropique du Cancer Tropique du Capricorne Figure 15: Les domaines biogographiques du globe Quest-ce quun domaine biogographique ? Les domaines biogographiques sont des rgions caractrises par lassociation despces dtermines. Ils forment de vastes territoires la surface de la Terre, isols les uns des autres par des obstacles majeurs la migration vgtale et animale (ocans, grands dserts et hautes chanes de montagnes), entre lesquels les espces terrestres voluent de faon relativement distincte au cours de longues priodes de temps. 38. Chapitre 1 : ltat de la plante page 35 0 1 2 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 Anne 1970 1975 Valeurdel'indice(1970=1) Figure 16 : LIPV narctique INDO-PACIFIQUE 0 1 2 1980 1985 1990 1995 2000 2005 20081970 1975 Anne Valeurdel'indice(1970=1) Figure 20 : LIPV indo-pacique 0 1 2 1980 1985 1990 1995 2000 2005 20081970 1975 Anne Valeurdel'indice(1970=1) Figure 19 : LIPV afrotropical -6% 0 1 2 1980 1985 1990 1995 2000 2005 20081970 1975 Anne Valeurdel'indice(1970=1) Figure 18 : LIPV notropical -50% -38% -64% 0 1 2 1980 1985 1990 1995 2000 2005 20081970 1975 Anne Valeurdel'indice(1970=1) Figure 17 : LIPV palarctique +6% 39. LempreintecoLogique LEmpreinte cologique value la pression exerce par lhumanit sur la biosphre en comparant sa consommation aux capacits de rgnration de la Terre, ce que lon appelle la biocapacit. Cet indicateur repose sur le calcul de la somme de la surface requise pour produire les ressources consommes par les socits humaines, de la surface occupe par les infrastructures et de la surface forestire ncessaire la squestration du CO2 non absorb par les ocans (voir Galli et coll., 2007 ; Kitzes et coll., 2009 ; et Wackernagel et coll., 2002). Les lumires brillantes de Chicago la nuit consomment dnormes quantits dlectricit, Illinois, Etats-Unis dAmrique. 40. NationalGeographicStock/JimRichardson/WWF-Canon 41. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 38 pourmesurerLademande deLhumanit Des comptes nationaux dEmpreinte cologique sont tablis en intgrant les ressources consommes dans chaque pays, puis agrgs afin dobtenir lEmpreinte cologique globale. Les lments analyss comprennent les produits agricoles et halieutiques destins lalimentation humaine ou dautres usages, le bois de construction, les paturages et les cultures fourragres. Les rejets de CO2 constituent lheure actuelle le seul dchet analys (Figure 21). La biocapacit mesure la capacit de la nature produire des ressources renouvelables, offrir de lespace lhabitat humain et fournir des services dabsorption de dchets (tel que le stockage du carbone) : elle reprsente par consquent un vritable rfrentiel cologique auquel lEmpreinte cologique peut tre compare. Notons ce propos que lEmpreinte cologique ne prend pas directement en compte la consommation de ressources en eau, qui est en revanche une composante intrinsque de la biocapacit : en effet, la pnurie et la pollution hydriques exercent un impact direct sur la disponibilit et ltat de la biocapacit. LEmpreinte cologique et la biocapacit sexpriment toutes deux dans la mme unit : lhectare global, dont la productivit est gale la productivit moyenne mondiale des surfaces biologiquement productives. En 2008, la biocapacit totale de la Terre slevait ainsi 12,0 milliards de hag, soit 1,8 hag par personne, tandis que lEmpreinte cologique de lhumanit atteignait 18,2 milliards de hag, soit 2,7 hag par personne. En dautres termes, il fallait cette date une anne et demie la plante pour rgnrer lintgralit des ressources renouvelables consommes par les tres humains en une anne. Figure 21 : Empreinte cologique globale par composante de 1961 2008 La principale composante de lEmpreinte cologique est lempreinte carbone (55%) : au niveau national, elle compte en effet pour plus de la moiti de lEmpreinte cologique dans le quart des pays tudis, et en constitue le premier facteur dans la moiti environ des pays constituant lchantillon (Global Footprint Network, 2011). 0 1 2 1961 1970 1980 1990 2000 2008 Empreintecologique (ennombredeplantesTerre) Anne Terrains btis Surfaces de pche Forts Pturages Terres cultives Empreinte carbone 42. Chapitre 1 : ltat de la plante page 39 Carbone Elle est calcule partir de la surface forestire ncessaire la squestration des missions de CO2 issues de la combustion des nergies fossiles, dduction faite de la fraction absorbe par les ocans. Pturages Elle est calcule partir de la surface servant faire patre le btail lev pour sa viande, son lait, sa peau et sa laine. Terrainsbtis Elle est calcule partir de la surface terrestre accueillant les infrastructures humaines, en particulier les transports, les habitations, les installations industrielles et les rservoirs pour lhydrolectricit. Forts Elle est calcule partir de la surface forestire fournissant le bois de construction, le bois pulpe et le bois de chauffage. Surfacesdepche Elle est calcule partir de lestimation de la production primaire ncessaire la survie des poissons et autres animaux marins comestibles, sur la base des donnes comptabilisant les prises despces marines et deau douce. Terrescultives Elle est calcule partir de la surface affecte aux cultures assurant la production de denres alimentaires et de fibres pour lhomme, ainsi que daliments pour les animaux, de cultures olagineuses et de caoutchouc. Terrescultives Elle est calcule partir de la surface affecte aux cultures assurant la production de denres alimentaires et de fibres pour lhomme, ainsi que daliments pour les animaux, de cultures olagineuses et de caoutchouc. Figure 22 : Chaque activit humaine se traduit par lexploitation de sols biologiquement productifs et/ou de zones de pche. LEmpreinte cologique se dfinit comme la somme de ces composantes, indpendamment de leur localisation. dcodagedelempreintecologique Figure 22 : Dcodage de lEmpreinte cologique 43. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 40 0 1 2 3 3.5 2.5 1.5 0.5 1961 1970 1980 1990 2000 2008 Hectaresglobauxparhabitant Anne Dpassementcologique Surface x BioproductivitBIOCAPACIT = (OFFRE) Population xEMPREINTECOLOGIQUE = (DEMANDE) Intensit delempreinte Consommation x parhabitant Figure 23 : Evolution de lEmpreinte cologique et de la biocapacit par personne de 1961 2008 La diminution de la biocapacit par habitant est principalement due laugmentation de la population mondiale : les ressources terrestres doivent ds lors tre partages entre un plus grand nombre dtres humains. Laccroissement de la productivit de la plante ne suffit pas compenser la demande de cette population croissante (Global Footprint Network, 2011). quentend-onpardpassementcologique? La consommation annuelle de ressources du monde naturel par lhumanit excde la capacit annuelle de la Terre les renouveler depuis les annes 1970. Ce dpassement cologique sest de plus en plus aggrav au point datteindre un dficit de 50% en 2008 : autrement dit, il faut dsormais une anne et demie la plante pour rgnrer les ressources renouvelables consommes par les tres humains en une anne et absorber les rejets de CO2 mis dans le mme temps. Comment cela est-il possible sachant quil ny a quune seule Terre ? La rponse est simple : aussi facilement quil est possible de retirer dun compte bancaire une somme dargent suprieure au total des intrts produits, lexploitation dune ressource renouvelable peut seffectuer un rythme excdant celui de sa rgnration. Tout comme un retrait peut occasionner un dcouvert bancaire, la surexploitation dune ressource naturelle aboutit tt ou tard son puisement. Si, lheure quil est, les individus parviennent gnralement se rabattre sur une source de substitution, au rythme de consommation actuel, non seulement aucune ressource nchappera au tarissement, mais certains cosystmes seffondreront probablement avant mme que celle-ci ne disparaisse compltement. Les effets des missions excessives de gaz effet de serre, devenues impossible absorber intgralement par la vgtation, sont dj visibles : llvation de la concentration atmosphrique de CO2 entrane en effet la monte des tempratures globales, le changement climatique et lacidification des ocans, qui, par contrecoup, accentuent les menaces pesant sur la biodiversit, les cosystmes et mme les ressources dont lhumanit dpend. 1,5 an temps quiL faut La pLante pour rgnrer Les ressources renouveLabLes consommes par Les tres humains en 2008 44. Chapitre 1 : ltat de la plante page 41 Figure 24: Les facteurs cls de lEmpreinte cologique et de la biocapacit (Global Footprint Network, 2011). Evolutiondelabiocapacit etdelEmpreintecologique LEmpreintecologiqueestinfluenceparleshabitudesdeconsommation et lefficacit avec laquelle sont fournis les biens et services. Le dficit grandissant de la biocapacit, autrement dit lexploitation des ressources un rythme mettant en pril leur rgnration, peut tre attribu llargissement simultan de deux fosss: dune part, celui sparant les rythmes de consommation dj levs des progrs de lefficacit, facteur daugmentation de lempreinte individuelle; de lautre, celui existant entre la croissance dmographique et lextension de la capacit de la biosphre, source dune diminution de la biocapacit par personne. Lescomposantesdelabiocapacit La surface bioproductive : Il sagit de la surface occupe par les terres agricoles, les pturages, les surfaces de pche et les forts. La bioproductivit par hectare : La productivit dune surface donne est susceptible de varier dune anne sur lautre tout en dpendant dune pluralit de facteurs (types dcosystme, mode de gestion, tat gnral, pratiques agricoles, mtorologie). Bien que lon puisse envisager dlever la productivit pour renforcer la biocapacit, cette solution se solde le plus souvent par une augmentation de lEmpreinte cologique. Cest ainsi, par exemple, que la hausse des rendements entrane par lagriculture intensive en nergie et le recours massif aux engrais chimiques saccompagne dune augmentation du volume dintrants et des missions de CO2. LesfacteursclsdelEmpreinte cologique La croissance dmographique : Laccroissement du nombre de consommateurs est lun des facteurs primordiaux de la progression de lempreinte globale. Les projections font tat dune population mondiale comprise entre 7,8 et 10,9 milliards dhabitants lhorizon 2050, avec pour estimation mdiane un chiffre lgrement suprieur 9,3 milliards (ONU, 2010). La dmographie affecte galement la biocapacit disponible pour chaque personne. La consommation de biens et de services par personne : Les populations consomment des quantits diverses de biens et de services, notamment en fonction de leur niveau de revenu. Lintensit dempreinte: Lefficacit caractrisant la conversion des ressources naturelles en biens et services a un impact sur la dimension de lempreinte de chaque produit consomm. Les variations sont plus ou moins importantes selon le pays. 45. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 42 CartographiedelEmpreintecologique Figure 25: Evolution de lEmpreinte cologique par habitant Carte de lEmpreinte cologique nationale par personne (a) en 1961 et (b) en 2008 (Global Footprint Network, 2011). Au niveau national, lEmpreinte cologique a dans lensemble connu une augmentation au cours des dernires dcennies. La Figure 25 montre successivement lEmpreinte cologique nationale moyenne par personne en 1961 (anne de cration des comptes nationaux dEmpreinte cologique) et 2008. Hectares globaux par habitant1 1 - 2 2 - 3 3 - 5 5 - 8 Donnes insuffisantes 1961 46. 0 2 4 6 8 10 12 Empreintecologique(enhagparpersonne) Chine Jordanie Equateur Thailande CostaRica Turquie Serbie AfriqueduSud Bolivie Iran Papouasie-Nouvelle-Guine Argentine Bosnie-Herzgovine Roumanie Botswana Liban Mauritanie Brsil Panama Paraguay Vnzuela Libye Ukraine Chili Mexique Bulgarie Hongrie Malaisie Pologne Lettonie Isral Turkmnistan Bilorussie ArabieSaoudite Portugal Kazakhstan Japon Croatie Nouvelle-Zlande Lithuanie Russie Italie IleMaurice Allemagne Coredusud Slovaquie Royaume-Uni Estonie Espagne Norvge France Grce Suisse Uruguay Slovenie RepubliqueTchque Austriche MacedoineARYM Mongolie Oman Sude Singapour Finlande Irelande Pays-Bas Canada Australie Belgium EtatsunisdAmrique Danemark EmiratsArabesUnis Kowet Qatar achaquepayssonempreinte LEmpreintecologiquevariefortementsousleffetduncertain nombre de facteurs : pays de rsidence, quantit de biens et de services consomms, ressources exploites, et dchets gnrs par la fourniture des biens et services considrs. A titre dexemple, si toute lhumanit vivait comme un Indonsien moyen, la biocapacit plantaire ne serait exploite quaux deux tiers ; si lon prenait pour rfrence un Argentin moyen, une demi-plante supplmentaire serait ncessaire pour couvrir la totalit des besoins humains ; enfin, si chacun des habitants du globe consommait autant quun Amricain moyen, pas moins de quatre Terres devraient tre disponibles pour pouvoir rgnrer les besoins annuels de lhumanit . Figure 26 : Empreinte cologique par pays, par personne, en 2008 Ce graphique comparatif englobe tous les pays comptant plus dun million dhabitants pour lesquels existent des donnes compltes (Global Footprint Network, 2011). Note Terrains btis Surfaces de pche Forts Pturages Terres cultives Empreinte carbone 47. Palestine Timororiental Afghanistan Hati rythre Bangladesh Rwanda Pakistan RpubliquedmocratiqueduCongo Npal Malawi Mozambique Zambie Burundi Inde Ymen Angola Tajikistan Kenya Philippines Togo Lesotho Congo Cameroun Guine-Bissau Indonesie SierraLeone Ethiopie Madagascar Zimbabwe Tanzanie Cambodge SriLanka Liberia Kyrgyzstan Laos CoreduNord Maroc Bnin Rpubliquecentrafricaine Vietnam Gambie Irak RpubliqueDominicaine Gorgie Nigria Somalie Swaziland Syrie BurkinaFaso Sngal Nicaragua Ouganda Soudan Algerie Guine Jamaque Honduras Armenie Ghana Tunisie Guatemala Colombie Albanie Gabon Ouzbkistan Mali Tchad Cuba Birmanie Azerbadjan Salvador Perou Namibie Egypte Moldovie dansquellemesurelempreintecologiquedun paysest-elleinuenceparlescomportements individuels? Lampleur de lEmpreinte cologique individuelle dpend bien entendu du niveau de dveloppement et de richesse, mais galement des choix individuels portant sur la nature des aliments, des produits achets et du mode de dplacement. Les dcisions des gouvernements et des entreprises sur la taille de lEmpreinte cologique ne doivent cependant pas tre sous-estimes : force est de reconnatre que les individus nexercent la plupart du temps aucun contrle direct sur lempreinte des terrains btis, de mme que sur le mode de production dlectricit ou lintensit de la production agricole. Cette fraction de lEmpreinte cologique peut nanmoins tre module par des mcanismes aussi divers que lengagement politique, lessor des technologies vertes et de linnovation, voire toute forme de mobilisation contribuant un vritable changement social. Les mondes politique et conomique ont donc un rle de premier plan jouer pour rduire lEmpreinte cologique de chaque personne. si chaque habitant du gLobe consommait autant quun amricain moyen, iL faudrait pas moins de 4 terres pour satisfaire Les besoins annueLs de Lhumanit La moyenne mondiale de lempreinte cologique tait de 2.7 hag par personne en 2008 48. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 45 20081 1 - 2 2 - 3 3 - 5 5 - 8 Donnes insuffisantes Hectares globaux par habitant 49. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 46 Cartographiedelabiocapacit La biocapacit prend en compte les surfaces biologiquement productives lchelle mondiale, ainsi que leur productivit respective. La Figure 27 prsente la biocapacit totale de chaque pays du globe; la Figure 28, les dix premiers pays par limportance de leur biocapacit par habitant. Ce rang drive en gnral de trois facteurs: ltendue de la couverture forestire (cas du Gabon, de la Bolivie et du Canada), la surface de pturages (exemples de la Mongolie et de lAustralie) et aussi la faiblesse relative de leur populations, notamment dans les grands pays. Figure 27: Biocapacit totale par pays en 2008 Elle est exprime en hectares globaux (Global Footprint Network, 2011). Notes1 000 million 100 - 1 000 million 10 - 100 million10 million Donnes insuffisantes 50. 0 5 10 15 20 25 30 Nombredhectaresglobauxdisponiblesparpersonne Eritre MacedoineARYM Grce CostaRica BosnieHerzegovine Laos SierraLeone Cted'Ivoire Cameroun Allemagne Honduras Pologne Qatar Equateur Oman Mozambique Birmanie Ukraine Mali Zambie Roumanie Nicaragua Soudan Malaisie Slovnie Bulgarie Panama RpubliqueTchque Hongrie Slovaquie Madagascar Croatie Guine Liberia Angola France Venezuela RpubliquedmocratiqueduCongo Tchad Turkmenistan Austriche Bilorussie Guinea-Bissau Irelande Kazakhstan Papouasie-Nouvelle-Guine Chili Botswana Perou EtatsunisdAmrique Colombie Lithuanie Danemark Mauritanie Norvge Russie Lettonie Argentine Namibie Rpubliquecentrafricaine Estonie Sude Brsil Uruguay Nouvelle-Zlande Paraguay Finlande Congo Australie Canada Mongolie Bolivia Gabon achaquepayssabiocapacit La plupart des pays prsentant une biocapacit leve possdent une empreinte nationale relativement limite : cest le cas de la Bolivie, dont lempreinte par tte slve seulement 2,6 hag, contre une biocapacit par habitant gale 18 hag. Relevons nanmoins avec intrt quune fraction de cette biocapacit est exporte du fait dtre exploite par dautres nations, en particulier celles dont lEmpreinte cologique excde la biocapacit. Les Emirats arabes unis (EAU) fournissent ce titre une illustration extrmement parlante : lEmpreinte cologique dun citoyen mirati atteint en effet 8,4 hag, alors mme que le pays prsente une biocapacit par habitant des plus rduites (0,6 hag). En dautres termes, les habitants des EAU dpendent de ressources dautres nations pour satisfaire leurs besoins. A mesure que les ressources deviennent plus rares, la comptition pour leur contrle sintensifie : il est donc difficile de penser que lcart entre les pays riches en ressources et ceux qui en sont dpourvus nait aucune rpercussion gopolitique lavenir. Figure 29 : Biocapacit par pays, par personne, en 2008 Ce graphique comparatif englobe tous les pays comptant plus dun million dhabitants pour lesquels existent des donnes compltes (Global Footprint Network, 2011). Notes Terrains btis Surfaces de pche Forts Pturages Terres cultives 51. Singapour Palestine Jordanie Irak Isral Hati Jamaque Liban Pakistan Afghanistan Bangladesh Kowat Burundi SriLanka Inde Rwanda Kenya Npal RpubliqueDominicaine Tajikistan leMaurice Algrie Syrie Japon Ymen Philippines CoreduNord Salvador EmiratsArabes Ethiopie ArabieSaoudite Egypte Libye Malawi Togo Maroc Cuba Zimbabwe Azerbaijan coreduSud Armenie Ouganda Lesotho Iran Timororiental Chine Albanie Uzbekistan Tunisie Swaziland Benin Cambodge Tanzanie Pays-Bas Guatmala Vietnam Nigeria Italie Gambie Gorgie Thailande Suisse AfriqueduSud Ghana Portugal Turquie Indonesie Kyrgyzstan Moldovie Belgique Royaume-Uni Somalie BurkinaFaso Sngal Serbie Mexique Espagne Figure 28 : Les dix premires biocapacits nationales en 2008 Dix pays reprsentaient eux seuls plus de 60% de la biocapacit totale de la Terre en 2008. Parmi eux figuraient cinq des six pays dsigns par lacronyme BRIICS : le Brsil, la Russie, lInde, lIndonsie et la Chine (Global Footprint Network, 2011). Reste du monde Brsil 15.4% Chine 9.9% Etats-Unis 9.8% Russie 7.9% Inde 4.8% Canada 4.2% 38.8% Rpublique dmocratique du Congo 1.6% Australie 2.6% Indonesie 2.6% Argentine 2.4% La moyenne mondiale de la biocapacite tait de 1.8 hag en 2008 52. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 49 53. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 50 Afrique du Sud = 36% Chine = 29.6% Indonsie = 15.7% Inde = 12% grosplansurlesconomiesmergentes: lesbriics Lexpansion conomique rapide du Brsil, de la Russie, de lInde, de lIndonsie, de la Chine et de lAfrique du Sud, appels BRIICS, mrite une attention particulire pour son effet sur lEmpreinte cologique et les pressions quelle engendre sur la biocapacit. La dynamique dmographique soutenue, conjugue laugmentation de la consommation moyenne par habitant, induit actuellement de profondes mutations conomiques dont le signe le plus tangible est un rythme de croissance largement suprieur celui des pays haut revenu. Si les BRIICS devraient normalement en retirer des avantages notables sur le plan social, la question de la durabilit de ce processus mrite en revanche dtre souleve. La Figure 30 met en vidence la dynamique de consommation luvre dans les BRIICS en dcomposant lEmpreinte cologique en cinq catgories de dpenses directes pour un individu ou un rsident moyen (formant la consommation des mnages) : nourriture, logement, transport, biens et services. (Pour en savoir plus sur les modles CLUM [Matrices dutilisation des sols pour la consommation, en anglais Consumption Land Use Matrix] ayant servi laborer ces figures, veuillez vous reporter au glossaire situ en fin de rapport). Les citoyens des BRIICS bas revenu se distinguent par la proportion leve de leurs besoins alimentaires dans lEmpreinte cologique : au Brsil, en Inde et en Indonsie, la nourriture compte en effet pour plus de la moiti de lEmpreinte cologique des mnages. La fraction restante se divise de manire presque gale entre les biens, le transport et le logement. Au fur et mesure de lenrichissement des BRIICS, et de laugmentation concomitante de lEmpreinte cologique, leurs modes de consommation se rapprochent de ceux des pays haut revenu : ce phnomne sobserve dj en Afrique du Sud et en Chine, o les pourcentages de chaque catgorie tendent sharmoniser, signe de lindustrialisation et de la progression du pouvoir dachat. Les conomies des briics se dveLoppent rapidement La question est de Le faire de manire soutenabLe 54. Chapitre 1 : ltat de la plante page 51 Russie = 61.2% Brsil = 40.8% USA =100% Figure 30 : Dcomposition de lEmpreinte cologique par habitant des BRIICS en pourcentage de celle des Etats-Unis, en 2008. La figure est base sur les dpenses directes par catgorie : nourriture, logement, transport personnel, biens et services (Global Footprint Network, 2011). Rpartition de lempreinte cologique par habitant Services Biens de consommation Transports Habitat Nourriture 55. prendreencompte LapopuLationetLa consommation Il va de soi que laugmentation de la population mondiale aura une incidence profonde sur la biodiversit et sur la taille de lEmpreinte cologique. Mais nen dduisons pas pour autant que lvolution de leffectif humain est la seule variable prendre en compte : ce serait l oublier que leffet de la dmographie sur ltat de la plante fait galement intervenir dautres facteurs, comme la consommation individuelle de biens et services, lutilisation des ressources ou encore la production de dchets qui en resulte. Les pages suivantes se penchent prcisment sur la relation existant entre la dynamique dmographique, lempreinte cologique et la biodiversit. Nanjing Road, Shanghai, Chine. 56. SusettaBozzi/WWF-China 57. WWF Rapport Plante vivante 2012 page 54 Population,urbanisation etdveloppement La dynamique des populations humaines est un lment dterminant des pressions exerces sur lenvironnement. Or leffectif total de la population mondiale, qui en constitue lun des principaux indicateurs, a plus que doubl depuis 1950: de 7 milliards dhabitants en 2011, il devrait se hisser lgrement au-dessus de 9,3 milliards dhabitants en 2050 (estimation mdiane de lONU, 2010). Les projections laissent penser que laccroissement proviendra avant tout des pays prsentant le plus fort taux de fcondit, principalement situs en Afrique et Asie, mais aussi en Amrique latine et en Amrique du Nord (FNUAP, 2011; Figure 31). 0 12 000 000 10 000 000 8 000 000 6 000 000 4 000 000 2,000,000 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100 Anne 1950 1960 Nombredhumains(milliers) Figure 31: Croissance de la population rgionale et globale entre 1950 et 2100 Projection de la population rgionale (variante moyenne calcule entre 1950 et 2011) (FNUAP, 2011). En 2011, la population mondiale a franchi la barre des 7 milliards dhabitants. Lestimation des taux de natalit suggre que lAsie restera la rgion la plus peuple du XXIme sicle; de son ct, lAfrique gagnera du terrain en voyant leffectif de sa population multipli par plus de trois, passant de 1 milliard en 2011 3,6 milliards en 2100. Le rythme de croissance du continent africain atteint en effet 2,3% par an, soit plus du double du taux asiatique (1% par an). Laccroissement dmographique devrait cependant connatre un ralentissement aprs 2050. Notez que dans cette figure lAsie inclut le Moyen-Orient, et lOcanie est prsente sparment. Population,revenuetEmpreintecologique A lchelle plantaire, la population et lempreinte moyenne par habitant sinscrivent toutes deux en hausse depuis 1961, mais la contribution relative de chacune delles lextension de lEmpreinte cologique globale varie selon la rgion (Figure 33). La plus forte progression de lempreinte individuelle enregistre entre 1961 et 2008 la t dans lUnion europenne et la zone regroupant le Moyen-Orient et lAsie centrale (augmentation respective de 1,2 et 1,1 hag par personne). Le faible accroissement relev en Amrique du Nord (0,6 hag par habitant) na pas empch la rgion de conserver lempreinte la plus le