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Page 1: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal
Page 2: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 2

SIGLES ET ABREVIATIONS 4 PREMIERE PARTIE : 6 I. CONTEXTE 7 II. LES ATTENTES DE VECO 9 III. LES RESULTATS 10 3.1. LES ENJEUX SOCIOECONOMIQUES 10 3.2. LES ACTEURS ET LEURS RELATIONS 11 3.3. LES GOULOTS D’ETRANGLEMENT 13 IV. CONCLUSION/ RECOMMANDATIONS 15 V. RECOMMANDATIONS GENERALES (RG) 17 DEUXIEME PARTIE : 18 I. CONTEXTE DE L’ETUDE 19 1.1. CONTEXTE GENERAL 19 1.2. RAPPEL DES OBJECTIFS DE L’ETUDE 21 1.3. PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE 24 1.4 APPROCHE, DEMARCHE METHODDOLOGIQUE 25 1.4.1. DEMARCHE 25 1.4.2. LA DELIMITATION DE LA FILIERE 27 1.4.3. DEROULEMENT DE LA MISSION 28 II. CARACTERISATION DES ZONES D’ETUDES CIBLEES 29 2.1.LA ZONE DE PRODUCTION/TRANSFORMATION : REGION DE KOLDA 29 2.2.LA ZONE DE PRODUCTION : REGIONS DE KAOLACK ET DE FATICK 31 2.3. ZONE DE COMMERCIALISATION ET DE CONSOMMATION 33 III. CARTOGRAPHIE DE LA FILIERE 34 3.1. LES PRODUCTEURS 34 3.2. LES TRANSFORMATEURS 35 3.3. LES COLLECTEURS 35 3.4. LES OPERATEURS ECONOMIQUES 36 3.5. LES INTERMEDIAIRES 36 3.6. LES EXPORTATEURS 37 3.7. LES IMPORTATEURS 37 3.8. LES TRANSPORTEURS 37 3.9. LES ACTEURS INDIRECTS 37

SOMMAIRE

Page 3: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 3

IV. RESULTAT DES ENQUETES AU NIVEAU DE LA PRODUCTION 42

4.1. LA PRODUCTION 42 4.2. ITINERAIRE TECHNIQUE 43 4.3. ANALYSE FINANCIERE 46 4.4. IMPACT DE LA CULTURE DE SESAME

47 4.5. LES CONTRAINTES ET GOULOTS D’ETRANGLEMENT

48 V. LES RESULTATS DES ENQUETES 51 5.1 LA COLLECTE PRIMAIRE 51 5.2 ETUDE DE MARCHE 53 5.3 L’EXPORTATION 55 5.4 L’ANALYSE FINANCIERE 55 5.5 CONTRAINTES ET GOULOTS D’ETRANGLEMENT 55 VI. LES RESULTATS DES ENQUETES AU NIVEAU DE LA TRANSFORMATION 56 6.1. LES PRODUITS 57 6.2. LA TRANSFORMATION ARTISANALE DU SESAME 59 6.3. TYPOLOGIE DES ACTEURS/TRICES DE LA TRANSFORMATION 64 6.4. IMPACT DE LA TRANSFORMATION 65 6.5. LES CONTRAINTES A LA TRANSFORMATION 66 VII. ANALYSE DES RESULTATS ET LECONS APPRISES 68 7.1. FACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES 68 7.2. PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE 70 7.3. CONTRAINTES, OPPORTUNITES ET GOULOTS D’ETRANGLEMENTS 71 VIII. RECOMMANDATIONS GENERALES (RG) 73 TROISIEME PARTIE : 74 I. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES OPERATIONNELLES 75

Page 4: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 4

7A MAREWE : Appui à l’Auto formation des Adultes Appliqués à l’Action par Alternance et en Alternative

AAJAC/COLUFIFA : Association Africaine de la Jeunesse Agricole et Culturelle/Comité de Lutte pour la Fin de la Faim

AFDI : Agriculteurs Français et Développement International

ANCAR : Agence National du Conseil Agricole

ASSOLUCER : Association de lutte Contre l’Exode Rurale

CAPEC : Caisse Populaire d’épargne et de Crédit

CERAAS : Centre d’Etude Régional pour l’Amélioration de l’Adaptation à la Sécheresse

CESAO : Centre d’Etudes Economiques et Sociales

CLC : Comité Local de Concertation

CLCOP : Cadre local de concertation des Organisations Paysannes

CR : Communauté Rurale

CRS : Catholic Relief Services

DCR : Diagnostic Comparatif Rapide

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

EGAN : Entente des Groupements Associes de Nganda

EGAT : Entente des Groupements Associes de Toubacouta

ENSA : Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie

FADECBA : Fédération des Associations de Développement Communautaire du Balantacounda

FENPROSE : Fédération Nationale des Producteurs de Sésame

FNRAA : Fonds National de Recherche Agricole

GADEC : Groupe d’Action pour le Développement Communautaire

GDS : Gouvernement du Sénégal

GEC : Groupement d’épargne et de Crédit

SIGLES ET ABREVIATIONS

Page 5: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 5

GIE : Groupements d’Intérêt Economique

GPF : Groupements de Promotion Féminine

ISRA : Institut Sénégalais de Recherche Agricole

ITA : Institut de Technologie Alimentaire

LVC : Lien Ville Campagne

MAH : Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique

OCB : Organisations Communautaires de Base

OMD : Objectifs du développement du Millénaire

OP : Organisations de Producteurs

PAGERNA : Projet Assistance-Conseil à la Gestion et à la Protection des Ressources Naturelles au Sénégal

POGV : Projet d'Organisation et de Gestion Villageoises (POGV II) à Thiès

PRIMOCA : Projet Intégré de la Moyenne Casamance

PROMER : Promotion des Micro Entreprises Rurales

RBE : Revenu Brut d’Exploitation

RBE : Résultat Brut d’Exploitation

RNE : Résultat Net d’Exploitation

SDDR : Service Départemental du Développement Rural

SDE : Service Déconcentrés de l’Etat

SFD : Société de Financement Décentralisée

UCAD : Université Cheikh Anta Diop

UMEC : Union des Mutuelles d’Epargne et de Crédit

UNICOM : Unité de Communication

Page 6: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 6

PREMIERE PARTIE

Page 7: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 7

I. CONTEXTE L'agriculture constitue l’un des secteurs les plus importants de l'activité économique au Sénégal, elle occupe 65 à 70% de la population active, répartie en 480.000 exploitations, mais ne contribue qu’à hauteur de 20% du PIB. Son taux de croissance est de 1.3% comparativement au taux national qui est de l’ordre de 6.%. Le gouvernement du Sénégal conscient de ces enjeux, fait de la sécurité alimentaire un des objectifs majeurs pour assurer les bases du développement économique et social. Cette volonté politique a été exprimée à travers le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DRSP), par une option de modernisation et d’intensification des productions agricoles, de résorber le déficit vivrier pour une meilleure sécurité alimentaire, d’identifier les filières porteuses de progrès. De manière plus spécifique, le GDS, à travers l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) et d’autres partenaires au développement, a mis en place un programme de recherche sur des spéculations adaptées à la sécheresse et à la dégradation des sols. Le sésame (sesamum indicum) de la famille des pédaliacées, offre les conditions techniques et économiques adéquates pour répondre à ces préoccupations et satisfaire cette vision. . Son développement devrait contribuer à l’augmentation rapide des revenus de ruraux ; il s’adapte aux conditions de toutes les régions agro climatiques du Sénégal. L’environnement technique, économique et social lui est favorable ; le gouvernement du Sénégal en a fait un programme national et s’est engagé à l’étendre dans toutes les régions du Sénégal ; un dispositif technique et institutionnel est mis en place et un accompagnement technique est envisagé avec l’appui des partenaires. Des résultats importants ont été obtenus avec les institutions de recherche et particulièrement le CERAAS qui a renforcé les capacités des acteurs ; la demande est très forte au niveau international même si sa consommation nationale est assez faible ; les organisations de producteurs s’intéressent de plus en plus à la commercialisation et à l’accès aux informations malgré des contraintes réelles. La région de Kolda constitue une zone privilégiée de production/transformation avec la présence de AAJAC COLUFIFA et ASSOLUCER qui ont joué un rôle déterminant dans le développement de la filière ; Des partenaires techniques et financiers y ont accompagné la filière à travers le renforcement des capacités des acteurs, l’appui technique et institutionnel et l’intermédiation. La zone dispose d’unités de transformation modernes à Faoune dans le département de Sédhiou pour le compte de AAJAC et d’unités artisanales gérées par ASSOLUCER.

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Rapport Final 8

La région de KAOLACK et de FATICK constituent des zones potentielles de production ou des expériences intéressantes ont été conduites avec un opérateur averti "SIMEX" qui avait mis en place un dispositif opérationnel d’encadrement et de gestion de la production ; en lieu et place d’organisations de producteurs, des opérateurs privés se constituent et contrôlent la production. Cette zone est identifiée comme étant une zone d’avenir pour le sésame grâce à plusieurs facteurs parmi lesquels l’expertise des producteurs, le développement des organisations, l’engouement des acteurs et particulièrement des opérateurs privés et l’intérêt des importateurs. La zone dispose d’une importante unité de groupage avec une soufflerie qui permet de traiter le sésame avant l’exportation.

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Rapport Final 9

II. LES ATTENTES DE VECO VREDESILANDEN (VECO) est une ONG internationale qui s’active au Sénégal depuis 1990 dans le domaine de la lutte contre l’insécurité alimentaire. Dans le cadre de la mise en œuvre de son ambition de " soutenir les exploitants familiaux organisés au nord et au sud afin qu’ils puissent de manière digne et viable bâtir leur existence sur la base d’activités agricoles durables", VECO a choisi entre autres filières de s’intéresser au Sésame. C’est pourquoi, cette étude doit renseigner l’organisation internationale VECO sur les enjeux socioéconomiques de la filière sésame, les goulots d’étranglement et les acteurs dans leur forme et niveau d’organisation et dans les types de relations qu’ils établissent. En effet, elle doit apporter des réponses claires aux questions suscitées par le développement de la filière et un argumentaire solide pour justifier de la pertinence d’un tel choix ou sa remise en question. Cet argumentaire devra être le fruit d’une réflexion commune et d’échanges fructueux entre l’ensemble des acteurs qui sont parties prenante dans la filière. Par ailleurs, VECO attend de cette étude des recommandations opérationnelles, appropriées par les acteurs parce que traduisant leur volonté et qui garantissent par conséquent la viabilité et l’efficacité des actions prévues. Cependant, il faut souligner que la première étape nous a permis de nous rendre compte des limites objectives de l’étude. En effet, pendant la phase préparatoire et lors de la revue secondaire, les responsables de programmes et des centres de recherche nous ont fait part de l’absence de base de données sur les producteurs ou de recensement qui nous aurait permis de faire un échantillonnage correct .Néanmoins ils nous ont indiqué des personnes ressources et des organisations intervenant dans la filière et à tous les niveaux (production, transformation et commercialisation) pour nous permettre de discuter des questions liées à la filière et de disposer de renseignements sur les cibles potentiels. Une documentation constituée de rapports annuels et de mémoire de stage et de cours sur le sésame nous a été fournie. C’est pourquoi l’étude qui était conçue avec une démarche d’échantillonnage scientifique et rigoureuse, est passée d’abord par une phase exploratoire. Le cabinet CIG a mis son personnel à contribution pour identifier les cibles à enquêter et leur administrer des questionnaires. Les experts ont conduit les enquêtes qualitatives et organiser les focus groupes pour créer une dynamique de concertation sur les principaux enjeux, les contraintes et le niveau d’organisation des acteurs.

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Rapport Final 10

III. LES RESULTATS Les résultats ainsi obtenus sont le fruit d’informations quantitatives et qualitatives obtenues lors d’enquêtes, d’interview et de débats facilités par le cabinet CIG et entretenus par les acteurs ; des outils performants de recherche et des méthodes efficaces de participation ont été mis en œuvre pour permettre aux acteurs de donner leurs points de vue et suggestions et leur assurer une meilleure appropriation des résultats pour plus d’engagement dans la mise en œuvre des recommandations. 3.1. LES ENJEUX SOCIOECONOMIQUES L’engouement des acteurs et la recherche de profit ont mis en évidence des enjeux importants tant sur le plan de l’organisation des acteurs que sur le plan économique et financier.

o Les systèmes de production bénéficient d’un encadrement faible; les semences ne sont plus un matériel végétal testé et suivi mais des graines tout venant ; l’accès aux intrants est géré par des intermédiaires qui cherchent à contrôler la production, la viabilité de tels systèmes de production pourrait être compromise ;

o l’organisation et la gestion de la production font défaut, l’absence d’un centre

de groupage et de gestion de la production donne aux intermédiaires l’occasion de spéculer au détriment des producteurs ;

o les producteurs ne sont pas organisés autour de la filière ; ils se sentent

concurrencés par leur organisation mère, l’absence d’une telle organisation, affaiblit la capacité de négociation des acteurs ;

o le manque d’informations sur les cours du marché et la non-implication dans

la détermination du prix justifient aussi la faible capacité de négociation des acteurs ;

o la culture du sésame participe largement à la sécurité alimentaire des

ménages ruraux ciblés et des groupes vulnérables (défavorisés et/ou marginalisés) dans les régions de Kaolack, Fatick et Kolda de par la vente des produits et la consommation de l’huile dans certaines zones ; c’est ainsi que cette année (avec le retard accusé par la commercialisation de l’arachide) les ménages ont pu saisir cette opportunité de création de revenus complémentaires avec la commercialisation du sésame ;

o la lutte contre l’exode rural et l’émigration avec la dotation de moyens de

production aux jeunes n’est pas prise en compte. Cependant la culture du sésame occupe les paysans pendant une période qui était destinée aux voyages ;

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Rapport Final 11

o la participation à la diversification de l’agriculture que la lettre de politique du développement rural décentralisé du Sénégal place comme une priorité; elle est complémentaires des autres spéculations et occupe une place secondaire dans les systèmes de culture : il ne les concurrence point.

o la participation à la protection de l’environnement et singulièrement la lutte

contre la dégradation des sols dans la mesure où le sésame est une plante rustique qui s’adapte même dans des sols abandonnés par d’autres spéculations comme l’arachide; il s’y ajoute que sa culture n’entraîne pas une dégradation des sols ;

o le financement de la production, la rémunération des agents et la répartition

de la valeur ajoutée sont assurés par les opérateurs privés etc. 3.2. LES ACTEURS ET LEURS RELATIONS La typologie des acteurs permet d’identifier l’ensemble des agents intervenant dans la filière (au niveau de la production, la transformation et la commercialisation des producteurs, des collecteurs, des intermédiaires et des exportateurs, des distributeurs et des consommateurs) ; néanmoins, l’étude a révélé que ces fonctions ne sont plus exclusives à une catégorie d’acteurs du fait d’une faible organisation de la filière et de la recherche de gains sur tous les segments. Le GDS intervient dans la filière à travers le Ministère de l’Agriculture et ses services déconcentrés. Un programme est crée au sein du ministère pour promouvoir la filière ; D’importants efforts sont faits et des acquis non négligeables sont réalisés. Le programme utilise faiblement pas les services déconcentrés pour relayer son action ; certaines actions telles que la distribution de semences et d‘intrants sont menées directement avec les agents de la filière. Les services déconcentrés ont des problèmes de contrôle et de suivi. Le programme doit assurer plus de suivi au niveau du segment de la commercialisation et de la consommation pour établir plus de partenariat entre les acteurs. Les organisations d’appui AAJAC et Assolucer sont les principales organisations faîtières de la région de Kolda qui ont pour mission d’appuyer leurs membres producteurs et de développer la filière. Elles sont aidées en cela par le CRS et d’autres partenaires étrangers. Leur action repose sur des paysans contacts qui constituent des intermédiaires et relais pour l’encadrement et la gestion de la production. L’enjeu financier est tel que ces organisations sont quelques fois perçues comme des concurrents de leurs propres membres. Les fonctions de collecte et de commercialisation se développent au détriment des fonctions organisationnelles.

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Rapport Final 12

Les agents de la filière • Les producteurs disposent d’un encadrement minimum ; certains sont

membres d’organisations mais ne se sentent pas liés pour la commercialisation ; d’autres indépendants sont pré-financés par des opérateurs privés avec lesquels ils signent des protocoles de cession qui ne les lient pas. Ils gèrent individuellement leur production et contractualisent de façon indépendante avec d’autres; les producteurs ne sont pas encore dans des organisations spécifiques capables de gérer la production et de développer leurs capacités de négociation.

• Les collecteurs représentent des organisations telles AAJAC et

ASSOLUCER ou travaillent pour des intermédiaires commis par les exportateurs nationaux ou étrangers. Ils connaissent généralement la zone ou s’appuient sur des personnes ressources du terroir. Leur fonction n’est pas aisée d’autant plus qu’il n’existe pas de centre de groupage Dans la zone de production de KAOLACK, l’Association Nationale des Conseillers Ruraux (ANCR) en relation avec la Direction de l’Agriculture et de l’ISRA a mis en place un dispositif organisationnel de collecte primaire à travers des Foyers au niveau des villages, des UNIONS et au niveau des communautés rurales.

• Les intermédiaires : ils représentent des exportateurs sur le terrain et sont

de plus en plus concurrencés par des opérateurs privés de mieux en mieux organisés pour négocier directement avec les exportateurs.

• Les opérateurs économiques : ce sont des personnes physiques (‘MBEMBA

DRAME dans la zone de Sédhiou) ou (morales UNASEC (dans la zone de Kaffrine ), utilisant des fonds propres ou des fonds de partenaires , ils profitent de leur expérience dans la filière pour se positionner ; ils élaborent des stratégies de fidélisation de leur clientèle, pré-financent la production et cherchent à la contrôler.

• Les exportateurs : ils sont installés à Dakar au Sénégal et quelque fois à

Banjul en Gambie ; Elles sont en relation avec les importateurs dans les pays de destination à travers le NET ou TRADE POINT ; ils profitent de l’environnement du marché et bénéficient des services des entreprises de fret pour convoyer leurs produits.

• Les importateurs : nous disposons de peu d’informations sur les

importateurs ; cependant, ils sont exigeants sur la qualité, le type et réclament la certification des services techniques.

• Les transporteurs interviennent dans le convoyage de la production ; ils

sont souvent assistés par un convoyeur à la charge de l’acheteur ; ils sont rémunérés 15000 francs la tonne (UNASEC). Les collecteurs et ou les comités de gestion des foyers assurent le transport du bord champ au point de collecte et sont rémunérés à 10.000 francs la tonne. La manutention est à la charge de l’opérateur pour 10.000 francs la tonne.

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Rapport Final 13

• Les distributeurs : l’absence de réseau de distribution du sésame dans les zones de commercialisation et de consommation freine la pénétration du produit au niveau des grandes surfaces et au niveau des populations.

• Les consommateurs : les populations des zones urbaines ne connaissent

pas bien le sésame ; dans certaines zones comme celle de AAJAC, les graines et les produits transformés sont destinés à la vente et à l’exportation. Cependant dans la zone de ASSOLUCER, les ménages sont consommateurs de l’huile de sésame et les services de transformation leur sont assurés.

Les acteurs directs agents de la filière et indirects (GDS, les Centres de recherche, les ONG ) n’ont pas un cadre de concertation à la base capable de rendre cohérentes leurs actions et créer des synergies ; La FENPROSE n’est pas opérationnelle pour combler cette défaillance elle a été crée en juin 2003 par les associations AAJC, FADERBA, ASSOLUCER, EGAT, L’ONG 7 AMAREWE et les groupements de producteurs de sésame de BIGNONA etc ; pour servir de cadre de concertation et d’harmonisation des politiques et des prix au niveau locale. Un bureau national a été mis sur place et présidée par Madame Constante COLY de la fédération des producteurs de BIGNONA. Selon Monsieur Aly Ségnane producteur et membre fondateur de la FENPROSE. ‘’Depuis l’assemblée générale aucune réunion n’a été tenue faute de siège et de moyens ; c’est pourquoi, elle n’a pas mené d’actions concrètes ‘’ La mission du GDS est bien définie même si elle rencontre des difficultés liées à l’inexpérience des acteurs et à la faiblesse des moyens disponibles. 3.3. LES GOULOTS D’ETRANGLEMENT

o Au Niveau de la Production / Transformation

• Difficultés d’accès aux moyens de production comme la terre, les techniques de production, les intrants agricoles et les équipements adéquats pour les producteurs ;

• le bas niveau et même l’absence de structuration et d’organisation des

producteurs dans la zone de production et l’absence d’un centre de groupage et de gestion de la production ;

• l’inefficacité ou l’inexistence d’un système de suivi en dehors de la zone de

transformation ;

• l’absence d’une démultiplication des formations reçues sur le sésame afin d’assurer la formation permanente des producteurs ;

• l’inefficacité de la FENPROSE à créer un cadre de concertation et à assurer

la fonction organisationnelle de coordination, de gestion stratégique et d’appui.

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Rapport Final 14

o Au Niveau De La Commercialisation Du Sésame Graine

La commercialisation primaire du sésame est caractérisée par l’intervention massive des collecteurs qui sont en fait des " banas bana" qui agissent chacun en fonction de ses intérêts, de façon non concertée et qui envahissent toutes les zones de production sans se soucier des intérêts des producteurs. Par ailleurs on peut identifier :

• l’inexistence d’un système mis en place par les producteurs/trices pour la

commercialisation de leur production (collecte primaire) ; • le faible niveau d’information des producteurs/trices sur les différents marchés

(local, national, international) ;

• les faibles capacités de négociations pour un prix juste pour les producteur/productrices ;

• la faible connaissance du produit et de ses qualités dans les communautés à

la base.

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Rapport Final 15

IV. CONCLUSION/ RECOMMANDATIONS La filière sésame est une opportunité réelle pour le programme de diversification des cultures engagé par le GDS dans le contexte actuel de lutte contre la pauvreté et de promotion de la sécurité alimentaire ; l’environnement économique, technique et financier est favorable à son développement ; néanmoins, les mécanismes opérationnels qui permettent de gérer cette filière et d’assurer une juste rémunération des agents ne sont pas au point. L’étude a montré que la filière sésame offre des perspectives intéressantes dans la lutte contre la pauvreté du fait qu’elle génère des emplois et des revenus financiers au niveau des jeunes et des femmes en milieu rural; elle participe ainsi à la combinaison de services financiers additionnels, des biens de consommation et des biens de qualité qu’elle procure au ménage. L’étude a aussi montré, qu’au niveau de tous ses segments, il y’a des contraintes majeures qui, si elles ne sont pas levées, risquent de compromettre le rôle important que le sésame peut jouer dans l’économie de notre Pays, dans la sécurité des ménages et dans la santé des populations. Ces contraintes, pour les dénouer de façon efficace doivent être embrassées de façon globale et non pas sectorielle. L’étude a aussi identifié dans la zone de production/transformation qui correspond à la Région de Kolda, des Organisations Paysannes relativement bien structurées qui ont joué un rôle de premier plan dans le développement de la filière depuis la réintroduction du sésame au Sénégal. Il s’agit de AAJAC COLUFIFA et de ASSOLUCER. Leur intervention repose sur des relais appelés "paysans contacts" qui assurent la collecte primaire et l’encadrement. Ils cherchent à assurer la redistribution des moyens et à contrôler la production. Ces organisations sont en concurrence avec des opérateurs privés dans la gestion de la production et la commercialisation. Au niveau de la zone de Kaolack, les producteurs de sésame ne sont pas organisés de façon spécifique autour de cette activité : la plupart de ces producteurs appartiennent à des Organisations qui ne sont pas ou sont très peu impliquées dans la filière. Mais il existe des Organisations telles que l’Union des Groupements Associés du Niombato (UGAN) dont le niveau d’organisation et les mécanismes d’intervention peuvent garantir un succès réel dans le développement de la filière au niveau de sa zone d’intervention et même au-delà. Dans la zone de Nioro, cette union d’association du nom de UGAN, a un dispositif technique et de financement et des mécanismes d’intervention tels qu’elle peut accompagner le développement de la filière. Au niveau de la zone commercialisation /consommation l’engouement est à l’exportation ; la demande est très forte au niveau du marché extérieur ; les principaux problèmes des exportateurs sont l’accès à un produit de qualité en quantité suffisante et l’absence d’information sur le marché local. La consommation locale est marginalisée.

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Rapport Final 16

Au niveau de la zone de consommation, le sésame est très peu connu ; cependant l’équipe de recherche a rencontré les responsables et animateurs du programme LIEN VILLE CAMPAGNE pour partager leur vision stratégique et savoir en quoi, leur dispositif et les mécanismes d’intervention permettent de prendre en charge une bonne pénétration dans le marché et une appropriation du produit par les communautés à la base. C’est pourquoi, l’étude suggère des recommandations pour mieux organiser cette filière porteuse de beaucoup d’espoir et garantir son efficacité tant du point de vue de l’impact sur les acteurs à la base que du point de vue des orientations du GDS.

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Rapport Final 17

V. RECOMMANDATIONS GENERALES (RG)

- Consolider l’implication de l’Etat et de ses démembrements que sont les SDE et les collectivités locales afin de renforcer l’environnement institutionnel, fiscal, juridique, programmatique et infrastructurel qui permettra d’appuyer la filière dans un cadre organisé, maîtrisé et efficace ;

- développer et renforcer la recherche dans le domaine de l’amélioration du

matériel végétal, des techniques de production, de la mécanisation du semis, de la fertilisation ;

- développer la politique de production de semences initiée par le CERAAS et

appuyée par le programme national du sésame ;

- institutionnaliser un système de suivi et d’évaluation permanente en mettant d’avantage à contribution les compétences des DRDR et de l’ANCAR. Cela permettra aux producteurs de bénéficier de l’assistance technique nécessaire à la filière et de disposer de données statistiques fiables qui font défaut à tous les niveaux de la filière ;

- promouvoir un cadre de concertation qui permette d’harmoniser les prix et les

démarches des acteurs ;

- créer les conditions qui doivent permettre aux SFD relevant des OP impliquées dans la filière d’avoir les moyens de financer les besoins des producteurs pour la production et la commercialisation primaire.

- renforcer les capacités des organisations telles AAJAC, ASSOLUCER, UMEC

et UGAN pour leur permettre de développer la filière sésame et de permettre aux producteurs de bénéficier d’une juste rémunération de leurs travaux.

Page 18: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 18

. DEUXIEME PARTIE

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Rapport Final 19

I. CONTEXTE DE L’ETUDE 1.1. CONTEXTE GENERAL L'agriculture constitue l’un des secteurs les plus importants de l'activité économique au Sénégal; elle occupe 65 à 70% de la population active, répartie en 480.000 exploitations, cependant ne contribue qu’à hauteur de 20% du PIB ; Sa faible productivité est largement due entre autres à (1) la faiblesse et la variabilité de la pluviométrie avec onze (11) sécheresses en 20 ans et (2) la surexploitation et la dégradation continues des terres ; Elle constitue l’ossature des économies rurales locales. Pour corriger ces dysfonctionnements structurels et conjoncturels et mieux lutter contre la pauvreté, le Gouvernement du Sénégal (GDS) a décliné sa Lettre de Politique de Développement Institutionnel du Secteur Agricole selon les quatre (4) Objectifs Stratégiques du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) pour plus de cohérence, de synergie et de convergence; ces stratégies mettent l’accent sur la nécessité d’améliorer la redistribution des fruits de la croissance vers les plus défavorisés en leur offrant un meilleur cadre d’épanouissement social en augmentant durablement leurs revenus. Cette stratégie du DSRP et de la politique agricole est aussi en parfaite cohérence avec les Objectifs du développement du Millénaire (OMD) ; plus spécifiquement elles appuient la lutte contre l’extrême pauvreté et la faim, la promotion du genre et la responsabilisation des femmes, la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle, la préservation d’un environnement durable et le développement d’un partenariat global pour le développement.

• Au niveau du contexte de politique agricole

La sécurité alimentaire reste un des objectifs majeurs du Gouvernement du Sénégal pour assurer les bases d’un développement économique et social durable. Le monde rural représente plus de 65 % de la population sénégalaise soit 6 millions d’habitants (FNUAP, 1998). Malgré un fort exode rural, sa population continue de croître de 2,9 % l’an. Aujourd’hui, 88 % des ménages ruraux sont agricoles, c’est-à-dire pratiquant l’agriculture (production végétale) et l’élevage (Ministère de l’Agriculture/FAO, 1999). Cependant, comparées à la croissance démographique, les performances agricoles du Sénégal sont en baisse depuis vingt ans. Ainsi le taux de croissance qui se situe au-dessus de 6% prouve que la croissance n’est pas portée par le secteur agricole dont le taux est de 1.3% donc inférieur au taux de croissance démographique estimé à 2,7%. La volonté politique de l’état de lutter contre cette situation de pauvreté a été exprimée à travers le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DRSP), par une option de modernisation et d’intensification des productions agricoles, de résorber le déficit vivrier pour une meilleure sécurité alimentaire, d’identifier les filières porteuses de progrès afin de satisfaire les besoins nationaux et assurer une exportation vers les marchés extérieurs et enfin de créer les conditions d’une valorisation de la production par le développement de la transformation

Page 20: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 20

Dans le cadre de la mise en œuvre de cette vision, le Gouvernement sénégalais a opté pour une politique de diversification agricole basée sur la promotion ou la relance de certaines spéculations susceptibles de contribuer à la satisfaction des besoins vivriers d’une part, et de conquérir le marché extérieur pour l’amélioration des revenus des producteurs et la rentrée de devises d’autre part. De manière plus spécifique, le GDS, à travers l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) et d’autres partenaires au développement, a mis en place un programme de recherche sur des spéculations adaptées à la sécheresse et à la dégradation des sols, comme le sésame (sesamum indicum) de la famille des pédaliacées, qui s’adapte pratiquement à toutes les régions agro-climatiques du Sénégal. Au plan technique les acquis en matière de recherche sur le sésame se traduisent par :

• Une synthèse de connaissances élaborée. Une synthèse sur la culture du sésame a été produite (Diouf, 1999) et un (1) guide de production à l’usage des techniciens est en préparation ;

• un matériel végétal diversifié et amélioré. Des collections de 7 puis de 56

variétés dont certaines à haut rendement ont été mises en place pour le remplacement des mélanges variétaux très peu performants qui étaient utilisés en milieu paysan ;

• un paquet technique défini surtout la réponse du sésame à la fertilisation

Pour la fertilisation, la dose optimale de 80 kg ha-1 N6K20P10 a été recommandée (Konaté, 2001 ; Bèye, 2003 ; Ndiaye et al., 2003) même si la rentabilité économique de l’apport d’engrais n’a pas encore été établie

• une expertise en matière de recherche sur le sésame est développée. 3

projets élaborés et financés (Ceraas, 2000 ; 2001 ; 2002) dont un au niveau sous-régional (ISRA-Sénégal, NARI-Gambie et Cirad-France) et 2 au niveau national, 6 ingénieurs agronomes formés et 9 chercheurs impliqués.

• Une technicité des producteurs et rendements améliorés. Le transfert de

techniques culturales à 146 techniciens du développement et 144 producteurs de 1999 à 2004. ce qui a permis d’améliorer les connaissances des producteurs.

Par ailleurs, les tests variétaux ont permis d’augmenter les rendements en graines de 300 à 800 kg ha-1 en milieu paysan assisté.

Page 21: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 21

• Au niveau du Contexte socioéconomique

Cette intervention autour de la situation socio-économique va s’occuper des subventions des semences et matériel agricole, de la fixation des prix de certaines spéculations, de l’assainissement du marché, de l’organisation des acteurs à travers des organisations faîtières et encadrement technique par les ONG de plus en plus intéressés à accompagner les filières. Il va permettra une ‘caractérisation socio-économique et une étude diagnostique de la production été faite pour déterminer la place de la filière dans 17% des superficies cultivées’ (Diop, 2000 ; Mbaye, 2003 ; Ndiaye et al., 2004). Au Sénégal, malgré quelques contraintes pédoclimatiques, techniques et socio-économiques, elle est économiquement plus rentable que l’arachide et le coton du fait de ses exigences faibles (Mbaye, 2003). Il va développer un partenariat avec les institutions de recherche et de formation (Isra, ITA, ENSA, UCAD), les organisations non gouvernementales (CRS, VSF, Gadec), les organisations paysannes (CNCR, AAJAC/Colufifa, EGAT, EGAN, FADECBA, Kawral Féddé, UNICOM) et les structures d’encadrement et d’orientation (MAH, ANCAR, FNRAA, ex projet PRIMOCA) à travers des conventions de partenariat. Par ailleurs, ce partenariat a été développé aux niveaux régionaux (Niger, Burkina Faso, Gambie, Mali) et international (Inde) dans le cadre de projets (3) en cours.

1.2. RAPPEL DES OBJECTIFS DE L’ETUDE L’objectif général de l’étude est de contribuer à promouvoir la sécurité alimentaire par l’appui au développement de filières agricoles compétitives et maîtrisées par les populations bénéficiaires. Les objectifs spécifiques sont : OS1 : Identifier les enjeux socio-économiques de la filière sésame (de la production à la consommation) Une filière décrit :

(i) Les agents et les fonctions qu’ils remplissent aux différents stades, de la production à la commercialisation, pour amener le produit du producteur au consommateur ;

(ii) les relations et les flux de produits, d’information et de fonds entre les divers types d’agents

Les enjeux socio-économiques de la filière sésame sont entre autres :

- la sécurité alimentaire des ménages ruraux ciblés et des groupes vulnérables (défavorisés et/ou marginalisés) dans les régions de Kaolack, Fatick et Kolda;

- l’accroissement des revenus des ménages ruraux pauvres grâce à la création

de créneaux stables et efficients pour la commercialisation du sésame sur le marché international ;

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Rapport Final 22

- la lutte contre l’exode rural et l’émigration avec la dotation de moyens de

production aux jeunes ; - la participation à la diversification de l’agriculture que la lettre de politique du

développement rural décentralisé du Sénégal place comme une priorité ; - l’appui aux groupes vulnérables grâce un renforcement de leurs moyens

d’action ; - la protection de l’environnement et singulièrement la lutte contre la

dégradation des sols dans la mesure où le sésame est une plante rustique qui s’adapte même dans des sols abandonnés par d’autres spéculations comme l’arachide ; il s’y ajoute que sa culture n’entraîne pas une dégradation des sols ;

- le financement des produits, la rémunération des agents et la répartition de la

valeur ajoutée etc. OS2 : Déterminer les goulots d’étranglement, les potentialités et perspectives de développement pour le sésame ; Le développement de la filière sésame renferme des potentialités de développement certaines par la main d’œuvre importante notamment de jeunes et de femmes qu’elle peut absorber et aussi par les effets d’entraînement sur le développement des autres filières du transport, du commerce et de la transformation qu’elle produit. La prise en compte de l’importance de la culture et de son adaptation aux sols et aux conditions climatiques permet de déceler des perspectives qui sont : - la vulgarisation de la culture du sésame dans le pays ; - la mise en place de points de vente et de stratégies de promotion ; - l’amélioration du niveau de vie des producteurs par l’augmentation de leur

pouvoir économique ; - etc. Un certain nombre de goulots d’étranglement que seule une étude approfondie de la filière peut déceler empêche les populations de tirer tous les bénéfices escomptés. La promotion de cette filière ne peut aboutir à l’atteinte de la sécurité alimentaire que si les goulots d’étranglement sont identifiés et dénoués.

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Rapport Final 23

OS3 : Identifier les acteurs/actrices intervenant dans la filière sésame Les acteurs de la filière se définissent comme toutes les personnes physiques et/ou morales qui interviennent dans la filière depuis la production jusqu’à la commercialisation. Il s’agira de comprendre dans les zones de production, de transformation et de commercialisation/consommation ciblées, quels sont les acteurs qui s’investissent dans la filière. Leur identification permettra de connaître leur niveau d’organisation et leur pouvoir d’action pour que VECO puisse mettre en œuvre les axes de renforcement organisationnel et de développement institutionnel qui leur sont destinés. La perspective de promouvoir l’agriculture durable, par l’appui au développement de la culture du sésame, détermine les besoins en renforcement des capacités des acteurs.

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Rapport Final 24

1.3. PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE Dans cet environnement, l’étude pilote sur la filière sésame se doit de répondre à une problématique contextuelle qui porte sur la pertinence du choix de la filière sésame comme axe d’intervention et opportunité de contribuer à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire. Autrement dit, il s’agira, au regard d’un contexte marqué par la vulnérabilité des systèmes de production, une pauvreté persistante des ménages ruraux et en rapport avec la stratégie de croissance accélérée du GDS, de voir quels sont les déterminismes socioéconomiques, organisationnels et techniques qui fondent la pertinence d’une telle option? C’est pourquoi, la construction de nos itinéraires de recherche nous a emmené à considérer une approche globale de la filière ; et nous a imposé une démarche qui suive :

• une logique horizontale considérant les différentes étapes d’un processus de production, transformation et commercialisation et ;

• une logique verticale qui établit et analyse la distribution des acteurs, leurs

relations et leur niveau d’organisation De façon plus concrète, l’étude doit nous renseigner tout au long du processus de recherche sur les enjeux socioéconomiques, les goulots d’étranglement, et les acteurs dans leur forme et niveau d’organisation et dans les types de relations qu’ils établissent. Il s’agit de trouver des réponses précises à des questions clés qui permettent de construire un argumentaire sur la pertinence de la filière sésame dans la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire. - quelle est la place du sésame dans nos systèmes de culture ? - le système de production garantit t-il une production performante ? - les itinéraires techniques sont ils maîtrisés ? - l’environnement institutionnel et technique est il propice ? - l’environnement économique est il favorable ? en quoi peut on l’apprécier. - la détermination du prix et les mécanismes mis en place, permettent ils au

producteur de bénéficier d’une juste rémunération de son travail ? - quelle est la part de marché du sésame dans notre production ? - Comment sont organisés les acteurs ? - en quoi ces organisations peuvent elles satisfaire les besoins des acteurs ? - les conditions de succès sont- elles garanties par l’encadrement du sésame ? - comment sont organisés les autres acteurs de la filière au niveau de la

transformation et de la commercialisation? - le produit a t-il pénétré les communautés ? - qu’est qui peut en assurer la réalisation ? - l’exportation a t-elle un environnement favorable pour satisfaire les exigences

des importateurs ? etc.

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Rapport Final 25

Autant de questions dont les réponses claires et sans équivoques permettent de faire des choix stratégiques et de définir les modalités d’intervention. La problématique posée par cette étude et la question de recherche que nous avons formulée induit une approche participative et globale et une démarche itérative et interactive pour mieux appréhender les questions qualitatives et quantitatives. Les résultats ainsi obtenus permettront de renseigner les acteurs et de définir une stratégie cohérente et efficace. 1.4. APPROCHE DEMARCHE METHODOLOGIQUE Le cabinet CIG a conduit cette étude avec une équipe pluridisciplinaire composée de techniciens avertis des questions de développement agricole et doublés d’une longue expérience de la culture du sésame, de spécialistes en approches participatives et en genre pour répondre aux exigences de cette étude. Le cabinet a associé à leur demande, les deux chargés de programme de VECO (agriculture durable et Renforcement de capacités) à tout le processus d’enquêtes et de recherche. Leur rôle a été déterminant dans les échanges et dans le recadrage des interventions. . Conscient des enjeux économiques de la culture du sésame et des orientations stratégiques de l’état en matière de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, nous nous sommes préoccupés dès le début d’identifier les acquis et de comprendre la perspective du gouvernement pour le développement de la filière. Par ailleurs notre approche de la filière s’est voulue globale et participative, c‘est à dire intégrant l’environnement technique, économique et financier et impliquant les acteurs dans tout le processus de recherche et d’analyse. Notre approche a suivi :

• Une logique horizontale qui cherche à comprendre le fonctionnement des systèmes de production de sésame et la place du sésame dans les systèmes de culture et ses impacts sur le ménage ;

• une logique verticale qui identifie les acteurs et analyse leurs relations et leur

capacité productive, organisationnelle. 1.4.1. Démarche Notre démarche a reposé essentiellement sur trois éléments :

• La recherche d’informations : CIG a mis à contribution son personnel et des enquêteurs pour collecter le maximum de données quantitatives et qualitatives.

Au niveau de Dakar et Thiès, les experts ont rencontré les Responsables de Programme et les institutions de recherche et des personnes ressources pour accéder à la revue documentaire mais aussi échanger sur la mission et les enjeux de la filière.

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Rapport Final 26

Au Niveau de chaque zone, une équipe, deux experts (01 facilitateur et 01 assistant) et d’un chargé de programme VECO a conduit des entretiens semi structurés lors d’interview avec des personnes ressources et des responsables d’organisations ou ç travers des focus groupes. Le repérage des personnes ressources clés concernées s’est fait non seulement, à partir des informations recueillies à Dakar mais aussi avec l’appui des services techniques et des programmes intervenant dans les zones respectives. En l’absence de données exhaustives et d’une liste des producteurs ou des organisations de producteurs, ‘équipe n’a pas pu utiliser une technique d’échantillonnage stratifié à fraction sondée constante, mais s’est appuyée sur les informations fournies pour mener une recherche exploratoire. Cette technique d’échantillonnage dirigé nous a permis d’accéder aux producteurs et aux ménages et de leur soumettre les questionnaires élaborés à cet effet. Pour la zone de commercialisation /consommation de Dakar et Pikine, les enquêteurs et animateurs de CIG ont été chargés d’explorer la zone et d’identifier les autres acteurs pour établir une base de sondage. Il est ressorti de ces travaux qu’en dehors de quelques sociétés d’exportations, une seule grande surface SAHM fait du sésame, les rares pâtisseries qui connaissent le produit ne l’utilisent qu’en des circonstances particulières. Il n’existe pas de distributeurs et les populations ne connaissent pas bien le produit. C’est pourquoi, l’équipe a opté pour rencontrer tous les exportateurs, la société de Son hm, l’ambassade d’inde et les Cadres Locaux de Concertation dans la communauté de Pikine pour apprécier les leviers sur lesquels VECO pourrait intervenir pour participer au développement de la filière.

• L’analyse participative des données

Notre démarche part de la construction d’une question de recherche qui nous a permis de d’élaborer une méthodologie:d’analyse qui s’articule sur quatre phases :

Phases Objectifs Méthode de collecte et d‘analyse

Délimitation de la filière

Identification des acteurs et de leurs fonctions

Estimation de prix et quantités

Construction de graphes et flux

Revue documentaire Entretiens et enquêtes

préliminaires

Typologie des acteurs Analyse des stratégies Enquêtes auprès des

acteurs sur la bas d’un sondage dirigé

Analyse économique et financière

Analyse des revenus et marges et analyse de la

valeur ajoutée

Entretiens avec les acteurs et relevés de prix sur le

marché

Analyse organisationnelle

Compréhension des relations entre les acteurs et

des mécanismes qui régissent ces relations

Entretiens au près de personnes ressources ; Focus groupes avec des

représentants de segments différents.

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Rapport Final 27

• La formulation de recommandations :

Les recommandations faites par le cabinet sont de deux ordres :

• Les recommandations générales RG qui interpellent tous les acteurs et concernent des questions globales pour lesquelles VECO n’est pas obligatoirement compétent et ;

• les recommandations spécifiques opérationnelles RSO pour les

quels VECO oit intervenir. Nous avons identifié les actions à faire et proposé des modalités de mise en œuvre.

Nous devons nos résultats l’engouement des acteurs à participer aux échanges semi structurés et à l’efficacité des outils utilisés pour susciter un débat contradictoire entre les acteurs et nous permettre d’apprécier les enjeux et les goulots d’étranglement. 1.4.2. La délimitation de la filière : Nous, nous intéressons dans la présente étude au sésame, à l’organisation de la production de graine tant du point de vue de sa capacité productive que du point de vue des enjeux socioéconomiques; nous nous sommes intéressés à certaines caractéristiques comme un arbre à problème telles que : - la hauteur de la filière en prenant en compte des actions menées dans les

activités de production dans les zones spécifiques en considérant les agents dans leurs différentes formes, dans leurs différentes formes d’organisation ainsi que leurs relations ;

- sa largeur c'est-à-dire les différents sous systèmes tels la production artisanale,

la production industrielle, les marchés formels et les marchés informels, le sésame dans les kiosques, la micro entreprise et dans les grandes surfaces ;

- son épaisseur : l’intérêt du sésame est tel que nous avons découvert des

acteurs ayant des fonctions diverses ; la fonction de producteur n’exclut pas de se constituer en un opérateur privé chargé de financer la production et d’assurer l’approvisionnement en engrais et intrants, collecter et de vendre.

En identifiant l‘ensemble des acteurs intervenant dans la filière, nous avons essayé de les rencontrer individuellement, mais aussi de créer les conditions d’échanges et de discussions pour mieux appréhender les goulots d’étranglement et les types de relations qu’ils établissent :

- l’analyse organisationnelle pour comprendre les fonctions des organisations faîtières et la confusion des rôles ;

- l’analyse financière et comptable pour comprendre les charges, la

détermination des prix et la rémunération des agents.

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Rapport Final 28

Au niveau de chaque étape, l’équipe a créé un espace de concertation et d’échanges des acteurs, de recherche de données et d’analyse participative, d’évaluation des acquis et de détermination des goulots d’étranglements. Nous avons non seulement utilisé les outils des métiers de la facilitation (discussion ciblée, ateliers paysans etc.) pour conduire de façon efficace les processus mais aussi les outils de recherche participative (de questionnaires et de guides d’entretien) pour mieux appréhender les questions aussi bien quantitatives que qualitatives. Nous avons utilisé des revues documentaires exhaustives pour cerner la problématique globale; les questions soulevées par des revues documentaires ont constitué le fil conducteur des entretiens semi structurés avec les personnes ressources dépositaires d’informations ou en charge de la conduite du programme. C’est ainsi que les responsables de l’ISRA, du CEERAS, et du programme nous ont particulièrement intéressés et nous ont permis de corriger nos questionnaires et nos cibles sur le terrain. Par ailleurs nous avons tenu avec VECO un travail préliminaire de recadrage afin de comprendre leurs motivations et s’assurer de l’ensemble des préoccupations. Pour chacune de ces étapes, nous avons procédé d’une démarche opérationnelle qui nous a permis de cerner les questions qui lui sont attribuées en délimitant :

- la typologie des acteurs, - l’analyse organisationnelle et ; - l’analyse financière.

1.4.3. Déroulement de la mission La méthode s’est déroulée en 07 étapes

o Le contact avec le commanditaire : il nous a permis de préciser avec le commanditaire ses attentes et les modalités de travail ;

o la revue documentaire et l’entretien avec les responsables de programmes ; nous avions tenu à rencontrer les responsables du CEERAS et du programme national en l’occurrence Macoumba Diouf et Magueye Thioune ;

o la confection des outils et la planification de l’étude ; o la collecte des données et des informations dans les zones de

production/transformation et à Dakar ; o la synthèse et l’exploitation des données ; elle s’est déroulée en atelier

interne au niveau du bureau avec l’ensemble des acteurs impliqués (experts et enquêteurs) ;

o Le dépôt du rapport provisoire et la tenue d’une réunion de partage sur le rapport pour susciter des remarques, et le feed back de VECO ;

o Le dépôt du rapport final intégrant les remarques.

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Rapport Final 29

II. CARACTERISATION DES ZONES D’ETUDES CIBLEES Le développement de la culture du sésame au Sénégal et son exploitation économique ont démarré en Moyenne Casamance et ont été diffusés très rapidement à partir de 1994 vers le Nord du Pays dans les Régions de Kaolack, Fatick et Tambacounda. Nous avons observé deux zones distinctes caractérisées par des schémas d’organisation, de méthodes d’introduction et de diffusion différentes liées aux contextes socio économiques respectifs, aux enjeux de cette culture dans ces zones, aux objectifs des acteurs qui interviennent dans cette filière. Ces zones sont aussi caractérisées par des situations agro-climatiques très différentes. Un trait commun est cependant la place du sésame dans l’exploitation agricole, qui, pour des raisons objectives est considérée par les producteurs comme une culture complémentaire ne rentrant pas en concurrence avec les autres spéculations telles que les céréales et l’arachide. 2.1 . LA ZONE DE PRODUCTION/TRANSFORMATION : REGION DE KOLDA Cette zone correspond aux aires d’intervention de AAJAC/COLUFIFA et de l’ASSOLUCER et d’autres OP dans la Région de Kolda et les Départements de Bignona et de Ziguinchor. Dans cette zone qui bénéficie de beaucoup d’atouts sur le plan agro climatique (pluviométrie abondante, sols très peu dégradés, durée de l’hivernage satisfaisante…), la réintroduction et le développement de la culture du sésame ont été réalisés par des organisations paysannes avec comme objectifs la sécurité alimentaire et l’amélioration des revenus des membres de ces organisations paysannes. L’objectif visé par les OP à travers la promotion de cette culture était de mettre à la disposition des populations rurales de l’huile et du tourteau de très bonne qualité à un coût supportable par leurs revenus ; en d’autres termes, "les produits de qualité doivent d’abord être consommés par ceux qui les produisent". Il ne s’agissait pas d’un objectif commercial, et cette politique était incompatible avec la gestion rentable de la filière même si elle a un contenu très noble. En effet, le dilemme était, non seulement d’offrir des prix d’achat équitables aux producteurs pour l’achat de la production, mais en même temps, de commercialiser les produits finis et semi-finis à des prix inférieurs à ce que l’on trouve habituellement sur le marché pour des produits similaires. Cette option est remise en cause par l’intérêt grandissant manifesté par plusieurs opérateurs (exportateurs) agissant sans harmonie ni concertation au risque de déstabiliser définitivement la filière.

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Rapport Final 30

AAJAC/COLUFIFA (Association Africaine de la Jeunesse Agricole et Culturelle/Comité de Lutte pour la Fin de la Faim) et ASSOLUCER (Association pour la Lutte Contre l’Exode Rurale) qui ont joué un rôle pilote dans le développement de la culture du sésame avaient envisagé ce développement à travers un système auto géré par les membres ; ceci se ferait en privilégiant la transformation de la production en huile alimentaire et en tourteau pour l’autoconsommation locale, d’où la nécessité de faire évoluer parallèlement à l’augmentation de la production, la capacité de transformation pour faire face à la demande de services. Toute la philosophie des OP pionnières et toutes leurs actions étaient strictement orientées vers l’amélioration de la situation économique et sociale des membres, autrement dit, des producteurs. Cette attitude est compréhensible si on fait référence au statut d’Association des OP qui ont piloté cette filière dans cette partie du Pays. Dans cette zone où la tradition associative est une caractéristique fondamentale, ce sont des OP bien structurées et bien ancrées qui ont réintroduit le sésame et l’ont développé à travers leurs démembrements jusqu’à la base. Elles ont élaboré les politiques et défini les stratégies en ce qui concerne la filière et jouent le rôle d’interface entre les producteurs et les opérateurs d’une part, et d’autre part les bailleurs de fonds qui ont pour objectif d’appuyer au développement du sésame. Plusieurs partenaires ont accompagné cette filière depuis les années 90 :

• OXFAM/ Belgique : développement de la production, amélioration de la capacité de trituration par la mise en place d’unités artisanales, recherche agricole, recherche /action ;

• Primoca : renforcement des capacités, développement de la production,

développement de la capacité de trituration par la mise en place d’une unité d’extraction d’une capacité de 700Kg /heure, recherche variétale.

• Projet d’appui aux ONG : amélioration de la capacité de production par

l’acquisition d’équipements agricoles et d’intrants, appui à la mise en place d’un système de commercialisation, de transport et de groupage, renforcement des capacités…

Actuellement, le CRS appuie de façon substantielle AAJAC/COLUFIFA et ASSOLUCER qui représentent les OP les plus engagées dans le développement de la filière sésame dans cette zone. Cet appui concerne entre autres :

- le renforcement des capacités ; - l’appui à la mise en place d’un système et de moyens de suivi ; - l’information sur le cours du sésame ; - les contacts entre les agents de la filière…

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Rapport Final 31

Avec le développement de la production de sésame dans cette zone, beaucoup d’autres intervenants ont fait leur apparition, attirés par les profits offerts par l’exportation de la graine de sésame. Il s’agit de collecteurs, d’intermédiaires et d’opérateurs capables d’offrir des prix plus attractifs aux producteurs et essayant même de fidéliser ces derniers par le biais d’aides diverses pendant les périodes de soudure ; autant de pratiques qui leur permettent d’écumer la production et qui sont considérées par les pionniers comme étant des armes de concurrence déloyale de nature à compromettre les efforts en orientant la quasi-totalité de la production en sésame graine vers l’exportation au lieu de satisfaire en priorité la capacité de transformation disponible au niveau des unités de trituration du sésame. Dans une stratégie de survie, face à cette situation, les OP se réorientent progressivement vers les marchés d’exportation de ‘sésame graine’ au risque de cumuler les fonctions de plusieurs agents à la fois. Cette zone est plus facilement accessible à partir de la Gambie et c’est ce qui explique en partie le fait que les exportateurs basés à Banjul en font leur zone de prédilection pour leur intervention. 2.2. LA ZONE DE PRODUCTION : REGIONS DE KAOLACK ET DE FATICK Cette zone qui correspond aux Départements de Kaffrine, de Nioro, la partie Sud-est du Département de Foundiougne et le Sud du Département de Kaolack est caractérisée par une situation agro climatique instable ; elle est, depuis plusieurs décennies, marquée par une faible pluviométrie souvent mal répartie dans l’espace et le temps, une dégradation des sols exacerbée par une désertification accélérée ; en somme un ensemble de conditions désavantageuses sur le plan agronomique, mais qui ne sont pas en fait des facteurs pouvant empêcher le développement de la culture du sésame qui a la capacité de s’adapter aux conditions climatiques extrêmes et donner des résultats satisfaisants compte tenu de sa rusticité et de ses exigences modestes en terme de pluviométrie et de fertilité de sol. Nous pensons au contraire qu’il est très pertinent d’introduire et de développer le sésame dans cette zone pour apporter un élément de diversification capable de générer des revenus supplémentaires pour tous les acteurs de la filière. Dans cette partie du Sénégal, le développement de la culture du sésame a démarré vers les années 1995-96 avec l’intérêt croissant noté pour cette culture. C’est à l’initiative de la Société de droit privé SIMEX-SA que la culture a été développée et organisée avec l’appui des services techniques de l’Agriculture. La seule préoccupation de ces initiateurs était d’organiser et de canaliser la production de façon à satisfaire leurs ambitions mercantiles, nonobstant les aspects liés à la durabilité et la structuration efficace de la filière, de même que les préoccupations de producteurs en termes de productivité et de revenus.

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Rapport Final 32

Cette zone reste caractérisée actuellement par beaucoup d‘intervenants individuels ou organisés qui sont des collecteurs et des intermédiaires qui défendent chacun leur stratégie et leurs intérêts ; ces individuels et organisations occupent progressivement la place des opérateurs tels que SIMEX qui avaient dans un premier temps tenté de mettre en place un système d’encadrement et d‘appui aux producteurs en impliquant les services départementaux de l’Agriculture ; ce qui a amené la SIMEX à se retirer de l’encadrement car ne se sentant pas en mesure de fidéliser les producteurs même encadrés par elle. La zone ayant été identifiée comme étant une zone d’avenir pour le sésame grâce à plusieurs facteurs parmi lesquels l’expertise des producteurs et l’existence d’une importante unité de groupage avec une soufflerie qui permet de traiter le sésame avant l’exportation En tout état de cause, il existe un tissu d’organisations diverses qui sont accompagnées par des partenaires ; même si elles sont peu impliquées dans la filière mais elles n’en sont pas moins des atouts sur lesquels on peut s’appuyer pour développer la filière dans cette partie du Sénégal. Ce sont :

• des personnes morales de droit privé qui sont conscientes des enjeux du sésame comme l’UNASEC (Union Nationale de Sésame-culteurs) installée a Kaffrine qui s’appuie sur l’Association Nationale des Conseillers Ruraux (ANCR) pour distribuer les semences et canaliser la production de sésame. Il s’agit d’une organisation à vocation nationale qui épouse les contours de l’ANCR et qui a mis en place des foyers de producteurs de sésame regroupant des villages d’une même CR ayant des affinités et des intérêts communs. Ces foyers se regroupent à l’échelle d’une CR pour constituer une Union Locale qui est parallèle au CLCOP ;

• des OP bien structurées comme l’UGAN (Union de Groupements Associés du

Niombato) qui compte 8 000 membres dont 3200 sont actifs avec 80% de femmes. L’UGAN dispose d’instances et d’organes qui fonctionnent correctement ainsi que de plusieurs partenaires qui les soutiennent dans leurs activités parmi lesquels on peut citer : Le PROMER, CARITAS, AFDI, le CESAO, le PAGERNA, l’ANCAR ;

L‘organisation a mis en place un GEC (Groupement d‘Epargne et de Crédit) pour faire face aux besoins en micro crédit de ses membres. Même si une partie de ses membres exploitent le sésame, cette organisation ne s’est pas encore impliquée dans la filière à laquelle elle peut beaucoup apporter compte tenu de son niveau d’organisation, de son expérience et de sa crédibilité.

• des organisations paysannes qui sont impliquées dans la filière mais qui n’ont pas été prises en compte dans l’échantillon de l’étude comme EGAT (Entente des Groupements Associés de Toubacouta) ainsi que d’autres OP des zones de Nganda et Koungheul ;

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Rapport Final 33

• des organisations locales suscitées par des projets comme le POGV pour accompagner le développement des villages de sa zone d’intervention comme les CVD (Comité Villageois de Développement) et les CIVD (comité inter villageois de développement) que certains opérateurs privés tentent d’impliquer dans la production dans le Département de Nioro étant donné le vide crée<par le retrait de SIMEX – SA de l’encadrement de la filière dans cette zone. Ces organisations ne sont pas prises en compte dans l’étude car, au cours de l’entretien que nous avons eu avec les agents du SDDR de Nioro, ces tentatives n’ont pas donné de résultats ;

• les sections villageoises qui relèvent l’UNCAS (Union Nationale des

Coopératives Agricoles du Sénégal) 2.3. ZONE DE COMMERCIALISATION ET DE CONSOMMATION Cette zone correspond à la Région de Dakar. Cette zone était considérée comme un lieu de distribution, de consommation de l’huile de sésame, et des produits dérivés ; les prospections faites avant les enquêtes qualitatives ont montré que la consommation de sésame est très marginale dans cette zone. Cependant, des produits de confiserie contenant du sésame font l’objet d’une importation par certaines grandes surfaces comme le supermarché SAHM qui met sur le marché de l’huile importée de Chine. Les pâtisseries, les boulangeries et les confiseries n’utilisent pas le sésame pour améliorer la qualité nutritive de leurs produits. Il s’agit plutôt d’une zone où sont installées les sociétés qui exportent le sésame.

- SIMEX-SA qui est une filiale du groupe AIGLON basé à Genève en Suisse et qui intervient sur la sésame au Sénégal depuis 1994 ;

- La SEPROCA (Sénégalaise de Production et de Commercialisation Agricole ; - A.T.&C SARL qui est un cabinet d’ingénierie et d’étude pour le

Développement Agro-Trading-Représentation ; - la Société New Bridge.

Ces Sociétés sont approvisionnées par de multiples intermédiaires qui traitent directement avec des collecteurs et des rabatteurs qui utilisent tous les moyens pour qui leur permettent de contrôler le marché de la collecte du sésame au détriment des producteurs. L’étude a montré que la consommation du sésame et de ses produits dérivés n’est pas répandue dans cette agglomération qui recèle un important potentiel de consommateurs étrangers et nationaux. L’introduction du sésame dans le circuit de distribution et de consommation offrira des perspectives intéressantes en terme de débouché pour le sésame et ses produits dérivés.

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Rapport Final 34

III. CARTOGRAPHIE DE LA FILIERE La filière sésame est caractérisée par une production de graine qui subit différente formes de transformation et divers usages aussi bien dans les ménages que dans la communalisation; ils sont en fait situés dans les différents niveaux et qui entrent dans des relations en établissant un faisceau de flux de services, de flux financiers et de flux de communication. Le sésame est cultivé pour sa graine contenue dans une capsule déhiscente. La graine de sésame contient environ 53% de matière grasse et plus de 25% de protéine, avec des variations importantes selon la variété, les conditions du milieu et le niveau de maîtrise des techniques de production. La graine de sésame n’est pas attaquée par "aspergillus flavus1" qui sécrète l’aflatoxine. La revue documentaire ne nous a pas permis d’identifier les acteurs et nous n’avons pas pu obtenir du programme national une liste exhaustive ; cependant notre démarche exploratoire nous a permis d’utiliser des canaux d’informations et de remonter la filière pour obtenir des informations sur chaque niveau de segment. Par ailleurs, l’enquête s’est beaucoup inspirée des données quantitatives tirées de la revue documentaire pour compléter les données spécifiques issues des enquêtes. Une base de données a été réalisée pour constituer une annexe du rapport. 3.1. LES PRODUCTEURS

Ce sont des producteurs individuels organisés ou non, appartenant ou non à une Organisation Paysanne impliquée ou non dans la filière. Ce sont aussi des GIE ou des GPF qui exploitent des champs collectifs dont le but est de renforcer les caisses de ces groupements. La surface moyenne par producteur est de l’ordre de 0,5Ha dans la zone de transformation/production alors qu’elle est de l’ordre de 1Ha dans la zone de Kaolack/Fatick. Il y’a toutefois de gros producteurs qui consacrent des surfaces importantes à la culture du sésame. Les producteurs réservent en général leurs propres semences qui sont complétées par les mises en place faites dans le cadre du programme national depuis qu’il existe. Les producteurs : ils sont soient membres dans des organisations de base ou des producteurs individuels. Dans tous les cas ils assurent une fonction de production et disposent d’un encadrement minimal et d’une assistance multiforme. 1 Aspergillus flavus: Champignon parasite qui attaque l’arachide et qui sécrète une toxine qui s’appelle aflatoxine qui déprécie la qualité de la graine et du tourteau d’arachide

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Rapport Final 35

3.2. LES TRANSFORMATEURS

Les transformateurs sont localisés dan la zone de Kolda. Il s’agit essentiellement de deux OP :

• AAJAC/COLUFIFA qui dispose d’un parc de 2 (deux) presses artisanales d’une capacité de 700Kg/H. Cette organisation a créé une cellule recherche/action dont l’objectif est de créer des produits dérivés pour valoriser davantage le sésame.

• ASSOLUCER qui dispose d’une presse artisanale de 50Kg/H et d’une

soufflerie manuelle pour le nettoyage du sésame. Certains ménages dans la Région de Kaolack qui ont vu l’introduction d’un prototype de presse à l’échelle familiale. NB : L’usine de la SONACOS située à Ziguinchor pourrait être configurée pour triturer le sésame. 3.3 . LES COLLECTEURS

Ils sont très nombreux dans la filière et constituent un facteur de déstabilisation. Il y’a deux catégories de collecteurs qui ont été identifiés par l’étude :

- les collecteurs individuels qui sont de petits hommes d’affaire connus dans les villages et les marchés hebdomadaires où ils interviennent. Leur rôle est d‘acheter la production bord champ et font le groupage primaire au niveau des villages centres ou des chefs lieux de marchés hebdomadaires. Ces collecteurs agissent par opportunité et collaborent directement avec les opérateurs économiques moyennant une marge de 10F/Kg. Ils sont souvent pré financés par les opérateurs et procèdent à la distribution des semences et d’autres aides destinées à fidéliser les producteurs.

- les collecteurs relevant des OP faîtières comme AAJAC et

ASSOLUCER dans la Région de Kolda : au niveau de cette Région il y a un système de collecte Organisé et coordonné par les OP. Cette organisation comprend essentiellement des points de collecte qui sont implantés par ces Organisations et qui sont gérés par une équipe dans laquelle le Paysan Contact joue un rôle central. Il reçoit et justifie le financement, il est en même temps responsable des stocks collectés. Les OP peuvent pré financer la collecte si elles disposent de Fonds de Roulement. Dans d’autres cas elles sont financées par les exportateurs si la confiance règne ou jouent les intermédiaires auprès de ceux-ci et récoltent des dividendes.

Page 36: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 36

3.4. LES OPERATEURS ECONOMIQUES

Les opérateurs privés sont des agents organisés, disposant d’un fonds de campagne et assurant seuls ou par l’intermédiaire de partenaires locaux ou étrangers les fonctions de financement de la production, de collecte de la production, de groupage et de distribution et ou de commercialisation. Il s’agit de personnes physiques ou morales qui saisissent l’opportunité et profitent de leur expérience et de leur relations dans la filière pour se positionner dans une zone et jouer le même rôle que les OP et le font peut être mieux. Ils procèdent au groupage de la collecte, participent au reconditionnement et à l’acheminement au port d’exportation qui est soit Dakar soit Banjul en Gambie. Les frais de transport qui sont évalués à 15FCFA/Kg sont pris en charge par l’exportateur qui prend livraison des produits au niveau du magasin de groupage géré par l’opérateur. Ils travaillent avec un réseau de collecteurs et mettent en œuvre diverses stratégies de fidélisation des producteurs pour atteindre leurs objectifs de collecte déterminés par les contrats signés avec les exportateurs ou les intermédiaires qui les représentent. Ils ont la possibilité de réunir les moyens financiers nécessaires grâce à leur crédibilité au niveau des banques ou des exportateurs. Dans la zone de Kaffrine, l’UNASEC (Union Nationale des Sésameculteurs) se positionne comme opérateur et met en place un système d’organisation qui épouse les contours de l’ANCR mais qui relève sur le plan organique et hiérarchique de l’UNASEC qui est une personne morale de droit privé. 3.5. LES INTERMEDIAIRES

Les intermédiaires sont des représentants d’exportateurs ou d’importateurs qui jouent des fonctions de collecteurs ou d’opérateurs privés chargés de négocier et d’assurer le groupage et le convoyage. Il s’agit d’agents privés qui jouent le rôle d’intermédiaires entre les exportateurs et les opérateurs d’une part, et d’autre part les organisations paysannes faîtières qui ont mis en place un système de collecte. Leur rôle est d’identifier les zones de production et les stocks disponibles ; ils tissent les liens de partenariat et peuvent négocier à la place de l’exportateur. Les intermédiaires perçoivent une commission payée par l’exportateur au prorata des quantités achetée. L’image d’opulence renvoyée par ces intermédiaires justifie le désir des opérateurs et des OP de les contourner pour travailler directement avec les exportateurs.

Page 37: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 37

3.6. LES EXPORTATEURS

Ce sont des Sociétés privées basées à Dakar et à Banjul. Elles sont en relation avec les importateurs qui sont au Japon, en Inde, en Europe, au Maroc et en Egypte. A la suite de plusieurs tentatives de jouer un rôle dans l’encadrement des producteurs afin d’organiser la collecte en leur faveur, certaines Sociétés comme la SIMEX se sont finalement retirées de ce secteur pour des raisons diverses telles que les difficultés de faire respecter les engagements de certains producteurs quand il s’agit de livrer la production. Ces agents qui sont seuls à maîtriser les données des marchés internationaux, déterminent les prix FOB et par ricochet, les marges des autres agents et même les prix au producteur. 3.7. LES IMPORTATEURS Les importateurs sont des opérateurs privés installés dans les zones urbaines, disposant de partenaires extérieurs. Ils explorent des opportunités et, établissent des contrats et assurent la vente. Ils ont des partenaires dans des zones de production et veillent à la disponibilité des produits Il n’y a pas beaucoup d’informations concernant les importateurs qui sont basés au Japon, en Inde ou à Genève comme la Société AIGLON dont la SIMEX, qui est le plus gros exportateur de sésame au Sénégal jusqu’en 2003, est une filiale. 3.8. LES TRANSPORTEURS Les transporteurs interviennent dans le transport secondaire entre les magasins de groupage gérés par les opérateurs et qui se trouvent au niveau Départemental ou au niveau du siège des OP comme Faoune et Médina El Hadj Souané dans le Département de Sédhiou. Le transport est actuellement informel et est rémunéré à raison de 15 000 francs cfa par tonne. 3.9. LES ACTEURS INDIRECTS

Il s’agit des acteurs qui ne tirent pas directement des revenus financiers de la filière mais ils appuient au développement de la filière au bénéfice des autres agents de la filière :

• le GDS qui crée un environnement favorable au développement de la filière qui est érigé en Programme National. Les problèmes fondamentaux ayant trait à la recherche et à la mise en place d’un capital semencier de qualité avec des variétés qui répondent aux exigences de la demande sont pris en charge par le Programme ;

• les ONG et les bailleurs de fonds qui appuient la filière en aval en vue de

l’augmentation de la production par l’amélioration de la productivité, le renforcement des capacités des producteurs et des OP ;

• les distributeurs : ils sont localisés dans les zones de consommation finale et

approvisionnent les grandes surfaces et les kiosques ;

Page 38: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 38

• les consommateurs sont les communautés et les populations qui utilisent le

sésame pour la nourriture, les cosmétiques ou pour la santé.

Tableau 1 : Sex ratio des membres ‘O’P rencontrés Source : Base de données annexes

Hommes Femmes Total

Membres OP 302 346 648

Membres

47%

53%

HommesFemmes

Page 39: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 39

Graphique 1 : Filière

Producteurs

Collecteurs Collecteurs Collecteurs

Opérateurs Opérateurs

Intermédiaires

Exportateurs / importateurs

Distributeurs

Consommateurs

Page 40: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 40

Tableau 2 : Agents et fonctions dans la filière

NIVEAU FONCTIONS

TECHNIQUES

AGENTS PRODUITS

PRO

DU

CT

ION

-Production

-nettoyage sommaire

-première mise en

sac ;

-commercialisation

-producteurs individuels

-groupements de producteurs

Sésame graine

sommairement nettoyé,

mis en sacs

CO

LL

EC

TE

-collecte

-stockage

-transport

-commercialisation

-Associations, AAJAC,

ASSOLUCER, -SIMEX

-intermédiaires ;

-Exportateurs individuels ;

-Banabanas

Sésame graine sommairement nettoyé dans de nouveaux emballages

TR

AN

SFO

RM

AT

ION

-transformation

-conditionnement

-commercialisation

-Associations d’appui :

AAJAC, ASSOLUCER

-GIE de transformation

-transformateurs individuels

-huile, tourteau, pâte

CO

MM

ER

CIA

LIS

AT

ION

-achat

-stockage

-nettoyage industriel

(soufflage)

-emballage

-exportation

-producteurs ;

-collecteurs ;

-transformateurs ;

-SIMEX ;

-collecteurs individuels

-sésame graine ;

-huile, tourteau, pâte

-Sésame graine emballé

Page 41: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 41

Tourteau

Coût transformé

PRODUCTION TOTALE Producteurs

INDIVIDUELS, GROS PRODUCTEURS, OCB

COLLECTE

OPERATEURS OP

(collecteurs)

TRANSFORMATION

OP

EXPORTATION SOCIETES D’IMPORT-EXPORT

AUTOCONSOMMATION

Ménages

Huile

Page 42: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 42

IV. RESULTATS DES ENQUETES AU NIVEAU DE LA PRODUCTION 4.1. LA PRODUCTION Ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est que la forme actuelle d’exploitation de la culture du Sésame au Sénégal a été initiée et développée par AAJAC/COLUFIFA à partir de 1984. La réintroduction de la culture du Sésame au Sénégal a été faite de façon accidentelle et les systèmes et techniques de production et d’extraction de l’huile sont des répliques des pratiques qui avaient cours en Gambie et qui avaient montré leurs limites tant au plan des performances des producteurs qu’au plan de la qualité de l’huile et du tourteau. Depuis son introduction, la zone de la Région naturelle de la Casamance a été une zone de diffusion où la culture du Sésame s’est développée de façon exponentielle autour d’un point focal constitué par le Département de Sédhiou. Si on parle d’introduction accidentelle, c’est parce que le terrain était vierge et qu’il n’y avait aucun soubassement scientifique et technique tant sur le matériel végétal que sur les techniques de production. Cette situation a longtemps limité les possibilités d’amélioration des performances techniques qui permettront de relever le niveau de la filière et de satisfaire la demande en quantité en qualité. Du fait des modalités de son introduction, on a constaté une très grande variabilité du Sésame, surtout de la couleur, ce qui permet de conclure très probablement à un mélange de génotypes. Le Sésame est actuellement cultivé avec des techniques très approximatives et très variables. On trouve des cultures sur sols plats, des cultures sur sols billonnés. On trouve des semis à la volée ou en lignes à intervalles variables ; des semis sur sols labourés et bien préparés ou des cas où le labour n’a servi qu’à enfouir les adventices. L’époque de semis est aussi extrêmement variable en ce qui concerne les dates que chaque paysan choisit en fonction de son calendrier. L’effet de la densité de semis est très marqué avec des répercussions importantes sur la fertilité individuelle des plants de sésame et sur le niveau productif. De tous les facteurs de technique culturale la date de semi semble être celui qui est le plus déterminant sur le niveau qualitatif et quantitatif de la production. Il a été constaté que le semis du sésame est fait une fois terminé celui de toutes les autres cultures et donc à une époque plus tardive que celle considérée comme optimale. Le sésame, dans le contexte actuel de la diversification de notre agriculture, est considéré par les producteurs comme une culture complémentaire qui peut procurer des revenus supplémentaires aux producteurs en comblant leur calendrier d’occupation et permet une utilisation à bon escient des terres marginalisées.

Page 43: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 43

Au niveau de la zone de production/transformation, la filière a bénéficié depuis 1993 d’appuis conséquents de la part de plusieurs bailleurs de fonds parmi lesquels on peut citer : OXFAM/Belgique. PRIMOCA de Sédhiou, CRS…, et de la part de l’Etat qui a initié un important programme d’appui au développement de la filière. Plusieurs experts Sénégalais et étrangers ont entrepris des recherches sur les techniques et itinéraires de production et le matériel végétal. Les activités de recherche développées par le CERAAS sur les variétés locales ou introduites ainsi que sur les techniques culturales sont en train de poser des jalons importants quant au développement des performances de cette culture dans le contexte de notre agriculture. En plus la filière a bénéficié d’appuis importants dans la facilitation de l’accès aux facteurs de production tels que l’engrais, les semences et les équipements agricoles, mais aussi dans la capacité de transformation avec l’installation d’une unité d’extraction et de presse artisanale au niveau de la zone de production/transformation. Comme nous avons eu à le constater, cet appui avait pour objectif principal d’augmenter la production et la capacité de transformation à travers le renforcement des capacités des producteurs et des OP dans des domaines tels que les techniques de production, la capacité organisationnelle, la planification et le suivi évaluation. Tous ces efforts ont eu pour effet l’augmentation très sensible des surfaces et de la production de sésame aussi bien dans la zone de transformation que dans la zone de production. Cependant on ne peut pas en dire autant des rendements dont les enquêtes réalisées au niveau des producteurs montrent qu’elles donnent une moyenne de 350 à 450 KG /HA. 4.2 ITINERAIRES TECHNIQUES La gestion de la culture au sein de l’exploitation familiale L’itinéraire de production mis en œuvre par le producteur dépend de son niveau de maîtrise technique et de ses moyens de production. Au niveau des deux zones de production que sont la Région Kolda et celle de Kaolack/Fatick les itinéraires suivis par les producteurs de sésame sont semblables. Le sésame est cultivé avec des techniques, très variées qui révèlent un certain nombre d’insuffisances que dévoile le niveau des rendements obtenus par les producteurs dont la majorité n’utilisent pas l’engrais pour le sésame.

Page 44: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 44

Tableau 3 : Ratio Superficie pour la culture du Sésame/superficie emblavée Source : Enquêtes Cabinet CIG. cf. base de données annexée

Surface totale emblavée Superficie sésame Effectif enquêté

Superficie 220,5 ha 109 ha 48

- Le choix des semences -

Au niveau des zones de production des Régions Centre les producteurs sont très peu impliqués dans le choix des semences qui sont le plus souvent distribuées dans le cadre du programme national par l’intermédiaire des SDDR ou bien par des opérateurs privés. Dans la Région de Kolda il y a une tradition de réserves personnelles des semences que vient compléter toute dotation supplémentaire. Les semences sont habituellement gardées dans des bidons hermétiquement fermés après y avoir ajouté de la cendre. Ce qu’il faut souligner c’est le fait que ces producteurs, bien au fait de la préférence des exportateurs, choisissent le type de sésame en fonction de sa destination : le sésame blanc pour l’exportation et le sésame brun pour la transformation.

- Le choix du sol et la préparation du lit de semis

Le sésame préfère un sol plat, profond et riche mais l’étude a montré qu’il est le plus souvent cultivé sur des sols marginalisés car les sols qui présentent les meilleures qualités sont réservées pour les cultures de rente comme l’arachide et le coton, et les cultures vivrières. Dans la zone sud, la préparation du sol se fait par un billonnage ou un labour souvent précédé par un désherbage sommaire pour réduire les adventices. Dans la zone centre cette préparation se fait avec un passage croisé avec la houe sine, car les sols sont plus légers et l’enherbement moins important pendant la période de semis.

Superficie

67%

33%

Surface emblavée

Superficie sésame

Page 45: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 45

- Les semis Les semis sont étalés dans le temps en fonction de la zone écologique. Ils s’étalent de Juin à début septembre même si on sait que la date de semis du sésame est très déterminante des rendements. Les semis s’effectuent soit à la main soit avec un semoir super éco équipé d’un disque de 8 trous après avoir pris la précaution de mélanger les semences avec du son, de la cendre ou du sable fin pour réduire la densité de semis.

- L’entretien des cultures Il s’agit des opérations de démariage, de sarclo binage, de repiquage et de protection phytosanitaire. Le démariage est une opération effectuée par tous les producteurs. Il est fait entre 15 et 20 jours après la levée en laissant dans les poquets 1 à 3 pieds ; l’opération est faite au cours du premier sarclage. Le repiquage est possible pour combler les lignes manquantes. Le deuxième et le troisième sarclo binage sont faits au besoin.

- La récolte La détermination de la date de récolte est en fonction du jaunissement soit des feuilles de la base soit des capsules situées au bas de la tige. Dans cette appréciation, toute erreur est fatale et risque d’occasionner une mauvaise qualité du sésame en terme de teneur en matière grasse et en protéine. La récolte se fait tôt le matin avec une faucille, un coupe-coupe ou tout autre objet tranchant.

- Le séchage Après la récolte, les plantes sont laissées pendant 48 heures au soleil avant de les mettre en petites bottes de taille réduite qui sont à leur tour mises en meule en tenant compte de la nécessité d’une bonne circulation du vent. Pour ce faire les botes doivent être maintenues debout pour éviter des pertes de graines après la déhiscence des capsules de sésame. Il est préférable de disposer la meule sur une bâche pour éviter la souillure des graines au moment du battage. Il est important de bien protéger la meule car le sésame est très attaqué par les " wang" (Afanus Sordidus) qui sucent complètement l’huile contenue dans la graine. Les méthodes de lutte utilisées par les producteurs pour l’arachide sont valables pour le sésame.

- Le battage du sésame Il s’agit d’une opération simple qui consiste à renverser les bottes de sésame, à les secouer vigoureusement et à les battre avec un bâton.

- Le vannage C’est une opération en plusieurs étapes :

• la séparation des feuilles et des graines par vannage ; • le nettoyage qui s’effectue soit avec un tamis à petites mailles soit

avec un van.

Page 46: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 46

4.3 ANALYSE FINANCIERE Il s’agit d’une tentative de détermination du cash flow généré par l’exploitation d’un hectare de sésame en fonction de l’itinéraire de production le plus répandu qui exclut l’utilisation d’engrais. Hypothèses

- prix bord champ : 200FCFA/Kg - coût un homme/jour : 500FCFA - coût de location d‘une paire de bœufs avec une charrue : 3000FCFA/J - coût des semences : 500FCFA/Kg - coût de location d’un cheval avec une houe sine : 2000FCFA/J - frais de commercialisation : 10FCFA/Kg - location semoir : 3 000FCFA/J

Scénario où le terrain est préparé avec un double passage à la houe sine

- passages croisés avec la houe sine (2j): 3 000 x 2 =6 000 - semences (4kg/Ha) =4x500 = 2 000 - semis au semoir (1)j :3000 x1 = 3 000 - 1er sarclo binage à la houe sine (1j): 2000x1 = 2 000 - 1er passage manuel et démariage (7hommes/jour) : 7x500 = 3 500 - 2eme sarclo binage à la houe sine (1j) : 1x 2000 = 2 000 - 2eme passage manuel (4 homme/jour) : 4x 500 = 2 000 - récolte (15 homme/jour) : 15x 500 = 7 500 - battage (10 homme/jour) : 10 x500 = 5 000 - vannage et conditionnement (10homme/jour) :10 x 500 = 5 000 - frais de commercialisation (10F/kg) : 500x 10 = 5 000

Total des charges = 43 000 Revenu brut : 200x500 =100 000 CASH FLOW : 57 000 Ce compte d’exploitation montre que la culture du sésame est rentable avec un revenu équivalant à 57% du revenu brut avec un rendement très moyen qui résulte des techniques de production appliquées et du potentiel des semences utilisées entre autres.

Page 47: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 47

4.4. IMPACTS DE LA CULTURE DE SESAME, LES REVENUS DES PRODUCTEURS ET/OU DES MENAGES

- Les quantités produites et les rendements obtenus dans les zones de

production ciblées.

Il sera très difficile pour la mission de se prononcer sur des données comme les quantités produites ainsi que sur toutes les autres données relatives aux aspects quantitatifs en ce qui concerne le sésame. C’est le cas en ce qui concerne les rendements, les quantités exportées et les quantités autoconsommées … Les données statistiques que nous avons pu obtenir sur le terrain ne semblent pas correspondre à la réalité car au niveau des SDDR on se base sur les quantités distribuées pour estimer les surfaces cultivées sans tenir compte des réserves personnelles de semences faites par les producteurs. Ceci est dû à une défaillance de suivi surtout au niveau des services décentralisés de l’Etat et l’ANCAR. Au niveau des OP cette situation est en train de trouver une solution avec l’appui du CRS qui est en train d’aider à la mise en place d’un système de suivi au niveau de AAJAC/COLUFIFA et ASOLUCER ; mais ces Organisations ne pourront au mieux faire des prévisions que sur le programme qu’elles gèrent directement. Une autre réalité brouille encore les données quantitatives, ce sont les exportations qui passent par la Gambie et qui concernent une très grande part de la production faite au Sénégal. Pour ce qui est des rendements, on note une moyenne entre 300 et 500 Kg au niveau du commun des producteurs ; cependant dans des conditions de production maîtrisées des tests ont montré des rendements proches de 1000KG. Cela montre l’importance de la marge de progression de la productivité avec les variétés en question si les techniques de production disponibles sont maîtrisées.

Page 48: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 48

Tableau 4 : Evolution des superficies, rendements et production Source : Rapport de stage de MKane/Direction Agriculture

95/96 96/97 97/98 98/99 99/00 2000- 2001

2001-2002

2002- 2003

2003-2004

2004- 2005

2005-2006

Superficies (ha)

5 820 6 180 9 340 2 550 5 486 1 615 7 850 7 132 22 062 43 402 77 739

Production (T)

2 111 2 494 4 216 1 086 1 104 1000 3 591 2 410 15 912 24 308 55 000

Rendement (kg / ha)

363 404 451 425 201 409 457 338 721 560 707,5

4.5 . LES CONTRAINTES ET GOULOTS D’ETRANGLEMENT IDENTIFIES PAR LES PRODUCTEURS/TRICES

Le processus et les conditions d’introduction et de diffusion du sésame expliquent les contraintes soulevées par les producteurs et par les Organisations Paysannes pendant l’enquête sur le terrain. Ces contraintes sont exprimées en terme de :

• Difficultés d’accès aux moyens de production comme la terre, les techniques de production, les intrants agricoles et les équipements adéquats pour les producteurs.

- l’accès à la terre : le problème de l’accès à la terre pour les femmes est

récurrent mais il se pose avec moins d’acuité par rapport aux autres cultures car le sésame permet de valoriser les sols marginaux qui sont en général occupés par ces femmes ;

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

80 000

Superficies Production Rendement

95/9696/9797/9898/9999/002000/20012001-20022002-200332003-20042004-20052005-2006

Page 49: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 49

- l’accès aux semences de qualité : le problème des semences pures de qualité répondant à la demande se pose avec beaucoup d’insistance car on assiste à une pollution variétale qui, si elle n’est pas corrigée, représente une menace grave sur le développement de la filière ;

- l’accès aux engrais : même si le sésame est peu exigeant, sa pratique ne

peut se soustraire des exigences de la fertilisation si on veut atteindre un seuil de productivité satisfaisant ;

- l’accès aux équipements adéquats : cette question se pose en terme

d‘accès mais aussi en terme de disponibilité ; la mécanisation du semis doit trouver une solution technique adaptée au sésame car les pratiques de semis exécutées par les producteurs ne sont pas efficientes et ne permettent pas de respecter les normes de densité de semis ;

- l’accès au crédit : c’est en fait le problème central car, de sa solution

dépendent les questions liées à l’accès aux intrants, aux équipements et même au crédit de commercialisation ;

- l’accès aux techniques de production : absence d’un système de

renforcement des capacités qui permet d’améliorer les techniques de production et le niveau de formation/information des producteurs de sésame.

• Le bas niveau et même l’absence de structuration et d’organisation des

producteurs dans la zone de production.

Dans la Région de Kolda, il y a des organisations paysannes suffisamment bien structurées, fortes et témoignant d’une grande expérience dans le développement communautaire et sur la culture du sésame. C’est le cas de AAJAC/COLUFIFA et ASSOLUCER qui sont des fédérations de GIE et de GPF qui sont les pionniers du sésame en moyenne casamance. Ces Organisations ont bénéficié d’appuis substantiels qui leur ont donné un certain niveau de développement institutionnel qui mérite cependant d’être consolidé.

Dans les zones de Kaolack et Fatick même s’il y a des Organisations Paysannes, elles ne sont pas impliquées ou ne s’identifient pas à la culture du sésame. Dans tous les deux cas il sera nécessaire de consolider les organisations paysannes autour de la filière afin que les producteurs profitent mieux des retombées de la filière.

Dans tous les cas, la grande majorité des OCB à la base sont informelles et n’ont pas un statut juridique qui leur permet d’être éligibles au crédit.

Page 50: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 50

• L’inefficacité ou l’inexistence d’un système de suivi en dehors de la zone de transformation

Au niveau de la zone de transformation, le CRS appuie AAJAC et ASSOLUCER dans la mise en œuvre d’un système d’auto suivi évaluation qui fait intervenir des animateurs de zone, des paysans contacts qui sont des relais et un coordonnateur au niveau central. Ce n’est pas le cas dans la zone de Kaolack et dans la zone de Fatick caractérisées par un vide organisationnel en ce qui concerne les producteurs de sésame. Il y a cependant, dans tous les cas de figure, des lacunes dans le suivi de la filière sésame en général et en particulier, du programme national de sésame qui doit être suivi par les SDDR et l’ANCAR.

• L’absence d’une démultiplication des formations reçues sur le sésame afin d’assurer la formation permanente des producteurs.

Le CERAAS a fait des efforts notoires dans la recherche et la formation des techniciens des SDDR, de l’ANCAR et des autres intervenants de la filière, mais cela ne s’est pas traduit par l’amélioration de la productivité du sésame au niveau du producteur. Les basses performances enregistrées en terme de rendements témoignent du niveau de formation et d’information des producteurs que seuls les OP peuvent prendre en charge de façon efficace.

• Les relations qui existeraient avec la FENPROSE

La FENPROSE est la Fédération Nationale des Producteurs de Sésame constituée par des Organisations Paysannes qui sont impliquées dans la filière. Le but de cette fédération est de créer un cadre de concertation qui permet de prendre des décisions et des orientations consensuelles qui doivent faire avancer la filière dans le sens des intérêts des producteurs. Cependant, depuis sa création, elle est restée en l’état et ne fonctionne pas comme souhaité et son impact n’est pas senti par les producteurs.

Page 51: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 51

V. LES RESULTATS DES ENQUETES AU NIVEAU DE LA COMMERCIALISATION DU SESAME La commercialisation primaire du sésame est caractérisée par l’intervention massive des collecteurs qui sont en fait des "banas banas" qui agissent chacun en fonction de ses intérêts, de façon non concertée et qui envahissent toutes les zones de production sans se soucier des intérêts des producteurs. Ces collecteurs sont en rapport avec des intermédiaires et des opérateurs qui travaillent pour les importateurs basés à Dakar et à Banjul. Ce désordre est la menace la plus grave qui risque de compromettre les perspectives qui s’offrent à cette filière. Les prix aux producteurs ne sont pas harmonisés ni concertés et font l’objet d’un marchandage qui tourne toujours en défaveur du paysan qui réagit en fonction de l’acuité de ses besoins financiers. 5.1. LA COLLECTE PRIMAIRE

Le sésame est directement acheté par les collecteurs qui interviennent librement et de façon informelle dans toutes les zones de production. Les collecteurs individuels agissent par opportunité et ne relèvent d’aucune Organisation. La commercialisation primaire est cependant organisée dans les zones d’intervention de AAJAC et de ASSOLUCER qui sont appuyées par le CRS. Ces organisations ont mis en place un réseau de points de collecte gérés par un comité mis en place en concertation avec l’OCB qui abrite le point de collecte. Ce comité est dirigé par le Paysan contact qui est un relais. Il est responsable de la programmation, des finances et des stocks. Les activités du comité sont suivies par un Agent de promotion (animateur) qui est supervisé et contrôlé par un Superviseur qui fait partie de l’équipe de direction de l’OP. Le comité perçoit une commission de 10F sur chaque Kg collecté et livré et l’OCB qui abrite le point de collecte 5F/Kg.

Dans la région de Kaolack, la commercialisation est organisée dans le Département de Kaffrine par l’UNASEC qui a créé des foyers regroupant plusieurs villages et qui sont fédérés au niveau de la CR en UNION. Le foyer est géré par un comité composé d’un Président, d’un Secrétaire et d’un Trésorier ; c’est ce comité qui effectue les opérations de collecte est responsable devant l’UNASEC quant aux fonds et aux stock achetés. Ce comité est aussi responsable de l’évacuation des stocks au magasin central de Kaffrine. Cette commission perçoit une marge de 15FCFA/Kg dont les 5F rembourse le transport primaire et les 10F représentent la rémunération du comité.

Page 52: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 52

• Le niveau d’information des producteurs/trices sur les différents marchés (local, national, international)

Les informations sur la filière sont détenues par les exportateurs qui ont les capacités et les moyens de chercher l’information à travers l’Internet ou par l’intermédiaire de leurs réseaux. Pour des raisons stratégiques ces informations ne sont pas partagées avec les autres acteurs. En effet, il n’existe pas de cadre de concertation qui puisse permettre de tels échanges qui sont profitables à tous, en particulier les producteurs et les opérateurs qui sont les acteurs les plus pénalisés par ce déficit.

• Les capacités de négociations pour un prix juste pour les

producteur/trices

L’étude a montré :

- des producteurs dont le niveau d’organisation et de structuration est relativement faible voir inexistant ;

- l’absence de système de groupage géré par les producteurs et pouvant leur

permettre de garder le sésame en attendant les conditions favorables du marché ;

- l’absence d’un fonds de roulement permettant aux OP de financer de façon

autonome la commercialisation primaire et de s’affranchir des intermédiaires et des exportateurs qui déterminent les règles du jeu dans les transactions financières.

Autant de contraintes qui réduisent à néant la capacité de négociation des producteurs et de leurs organisations. La collecte est assurée comme nous l’avons dit par divers acteurs. Au niveau de la zone de ASSOCUCER et de AAJAC, elle est assurée par le paysan contact ; la tache est rémunérée à 5 francs le kilogramme ; le paysan contact dispose d’une logistique composée de bascule, de tamis pour enlever les impuretés et de bâche qui lui est offerte par ASSOLUCER.

Page 53: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 53

5.2. ETUDE DE MARCHE Les résultats obtenus sont très faibles , Au niveau des grandes surfaces de Dakar les produits sésame ne sont pas bien représentés dans les rayons ; il n’existe pas de distributeurs , SAHM importe de l’huile de sésame de la chine tandis que les autres n’en font point. Certaines pâtisseries l’utilisent mais dans des proportions très faibles et se plaignent du manque de distribution. Tableau 5 : Répartition des charges et de la valeur ajoutée pour une tonne

de sésame Source : Mémoire de stage de madame Mkane

Acteurs Charges VA

Frs / Tonne

% Frs / Tonne

% Sous filière A

Producteur 35 535 38 144 465 54

AP / ONG 21 095,7 22 3 904,3 1,5

Transformateur industriel

37 705 40 118 699,3 44,5

Producteur 35 535 37 144 465 72

AP / ONG 21 095,7 22 3 904,3 2

Transformation semi-industrielle

40 285 41 51 244,3 26

Sous filière B

Producteur 35 535 36 144 465 45

AP / ONG 21 096 21 3 904,3 1

Intermédiaire 20 462 20 24 538,5 8

Société de négoce 23 000 23 149 500 46

Sous filière C

Producteur 35 535 36 144 465 45

AP / ONG 21 095,7 21 33 904,3 10

Société de négoce 43 000 43 144 500 45

Sous filière D

Producteur 35 535 45 114 465 33

Page 54: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 54

Acteurs Charges VA

Frs / Tonne

% Frs / Tonne

%

Banabanas 0 0 7 500 2

Intermédiaire 20 462 26 72 039 21

Société de négoce 23 000 29 149 500 44

Sous filière E

Producteur 35 535 58 114 465 67

Banabanas 0 0 7 500 4

Exportateurs individuels

25 268 42 49 732 29

Commentaires de la source : Dans l’ensemble, les sociétés de négoce touchent les valeurs ajoutées les plus élevés ; 44 à 46 % des valeurs ajoutées des sous filières où elles sont présentes alors que leurs charges ne sont pas toujours les plus importantes. Parallèlement, les transactions directes avec les sociétés de négoce rapportent plus aux AP:/ ONG que celles avec les intermédiaires. Leur valeur ajoutée dans le premier cas est de 10 % de celle de la sous filière C contre 1 % seulement dans la sous filière B. Sous filière A : La sous filière C est donc plus intéressant pour les producteurs dans la mesure où, si les prix sont intéressants au niveau de la commercialisation par les AP / ONG, les prix d’achat à la collecte primaire de ses dernières le seront aussi. La sous filière A serait également intéressant pour les producteurs si la transformation se développe.

Page 55: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 55

5.3. L’EXPORTATION

- Les exportateurs sont organisées en Sociétés commerciales qui jouent le lus souvent le rôle d’intermédiaire. Certains utilisent le NET à travers le Trade Point pour identifier des partenaires ;

- Les pays de destination sont principalement l’Inde, le Japon et ISRAEL ; leur

exigence est surtout dans la couleur et la propreté ; les principales contraintes qu’ils nous ont soulignées, c’est la difficulté de disposer d’un stock important dans un centre de groupage ; c’est pourquoi, ils sont obligés de négocier avec plusieurs intermédiaires.

5.4. L’ANALYSE FINANCIERE Dans la zone de Kaolack, la collecte est assurée par des lecteurs engagés par les opérateurs qui travaillent avec les foyers mis en place par l’ANCR ; Ces collecteurs sont rémunérés pour payer le transport du bord champ jusqu’au point de collecte et de la collecte au point de groupage. Ainsi, nous avons :

Zone de Kolda Zone de Kaolack Bana bana Prix du kilogramme producteur 200f/kg 225 240 collecte 5f/kg francs - 00 soufflage 25f/kg - 25f/kg transport 5f/kg 5f/kg 5f/kg manutention A négocier 10francs/kg A négocier convoyage 150kg 150f/kg 150/kg

NB : au cours de l’étude, nous avons cherché à avoir le prix du marché local ; mais nous avons compris que le niveau d’organisation de la filière est tel, que les produits sont vendus au bord champ ; ils ne sont pas présents ailleurs et c’est ce prix qui est adopté. 5.5. CONTRAINTES ET GOULOTS D’ETRANGLEMENT Les principales contraintes au niveau de la commercialisation sont exprimées à travers :

- La faible capacité de négociation du fait d’un manque d’informations sur le marché national et international ;

- l’absence d’un centre de groupage pour faciliter l’accès au produit et

harmoniser les prix ;

- les produits souffrent souvent d’impuretés que les acheteurs tolèrent souvent jusqu’à 3% ce qui à une incidence sur le prix d’achat.

Page 56: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 56

VI. LES RESULTATS DES ENQUETES AU NIVEAU DE LA TRANFORMATION Jusqu’en 1996 la production de sésame était essentiellement auto-consommée directement, ou transformée en huile avec des presses artisanales qui donnaient une huile de mauvaise qualité et présentaient de nombreuses difficultés dans l’entretien. En plus, les presses artisanales qui avaient une capacité de 50 KG/Heure pour un parc de deux unités, offraient une capacité totale de 100KG/H soit moins d’une tonne par jour. La Gambie n’offrait pas mieux car quasiment toutes les presses étaient tombées en panne et privaient les producteurs de toute la frange frontalière de la possibilité de transformer leur production en huile. C’est pourquoi les appuis dont la filière a bénéficiés à partir de 1993 étaient axés sur l’amélioration de la production et aussi l’amélioration de la capacité de transformation pour permettre d’absorber l’augmentation de la production dont la quasi totalité étaient autoconsommée en huile. La production contrôlée est passée de 93/94 de 80 T à 720 T en 96/97 et une unité d’extraction d’une capacité de trituration de 700KG/Heure, modulable et pouvant fonctionner en continu est mise en place par AAJAC/COLUFIFA en même temps qu’une presse artisanale dans l’Arrondissement de TANAFF, ceci avec l’appui de ses partenaires. Les structures de transformation qui existent actuellement sont les suivantes :

• L’unité industrielle de Faoune qui a une capacité de 700KG/H (AAJAC) ; • La presse artisanale de Saré Doro Thiam dans l’Arrondissement de Médina

Yoro Foula Département de Kolda (AAJAC) : capacité de 50KG/H ;

• La presse artisanale de Sansankoutoto dans l’Arrondissement de Tanaff (AAJAC) capacité de 50KG/H ;

• La presse artisanale de Médina El Hadji Souané dans l’Arrondissement de

Diendé (ASSOLUCER) capacité de 50KG/H et une soufflerie manuelle pour le nettoyage du sésame ;

• La soufflerie de Kaolack qui a une grande capacité et qui a été installé par la

SIMEX dans la zone pour traiter le sésame avant l’exportation.

Page 57: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 57

6.1. LES PRODUITS La graine de sésame La majorité de la production de sésame est utilisée dans l’alimentation et, est en grand partie, consommée dans les Pays d’origine. Seulement une partie infime est destinée à un usage industriel. La graine de sésame, légèrement grillée, est consommée directement après broyage, en mélange avec le sucre ou le miel. La réduction de l’humidité par le rôtissage prévient les moisissures et la rancidité. Elle est utilisée dans la confiserie, la biscuiterie et la pâtisserie. La graine blanche est préférée et considérée de meilleure qualité pour ce type d’utilisation ; les graines noires étant plus amères lorsqu’elles sont consommées entières. La décortication donne un produit moins amer et donc plus agréable au palais ; cependant cette opération réduit considérablement la teneur en minéraux, en calcium et en oxalates mais a peu d’effet sur la teneur en huile et en protéines. Plusieurs procédés chimiques ou mécaniques existent pour opérer le décorticage. La méthode la plus simple et la plus couramment utilisée est de faire tremper les graines propres dans l’eau durant une nuit. Après quoi les graines sont précautionneusement frottées entre les doigts afin de détacher la cuticule de l’amande. Après séchage le tout est passé à travers un tamis approprié pour une séparation parfaite. L’huile de sésame Par traitement à froid, on obtient une huile peu aromatique, amère, très stable, directement consommable pour l’alimentation. L’extraction à chaud ou par un solvant donne une huile industrielle utilisée en margarinerie, savonnerie, et pour la préparation des peintures. Extraite par un alcool, elle trouve un usage en pharmacie et dans la préparation d’insecticides. En parfumerie elle sert d’huile d’enfleurage. L’huile de sésame est en effet remarquablement stable grâce à la présence d’antioxydants naturels spécifiques : sésamol, sésaminol et tocophérols ; la teneur en chlorophylle de l’huile brute semble également jouer un rôle antioxydant si l’huile est stockée dans l’obscurité. L’huile de sésame est utilisée pour les fritures et pour l’assaisonnement. L’huile de sésame est l’une des rares huiles qui peut être consommée sans être raffinée; c’est pourquoi elle est très populaire dans de nombreux Pays du Tiers-monde où elle est considérée comme la reine des huiles végétales.

Page 58: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 58

Le tourteau de sésame Le tourteau résiduaire a une grande valeur nutritive pour l’alimentation des vaches laitières. Après traitement il peut également constituer un complément nourrissant dans l’alimentation humaine. Les tourteaux varient de couleur (du jaune clair au gris-noir), suivant la couleur des graines traitées. Les graines noires fournissent un tourteau plus amer. La composition des tourteaux est très variable suivant le type de graine utilisée, mais également suivant la méthode d’extraction pratiquée. Si le tourteau est destiné à l’alimentation humaine, il est préférable de décortiquer les graines avant l’extraction de l’huile pour obtenir un produit à goût moins amer. Le décorticage réduit considérablement la teneur en fibres et accroît l’appétence, la digestibilité et la teneur en protéines. Localement le tourteau est consommé tel quel en cas de disette. Après traitement, le tourteau de sésame peut constituer un élément important dans la préparation d’aliments à haute teneur en protéines pour prévenir les carences dans les Régions sous alimentées. En alimentation animale, la digestibilité élevé et les propriétés diététiques du tourteau de sésame en font un remplaçant du tourteau de lin, même si un usage excessif peut provoquer des troubles qui seraient dus à la présence d’oxalate de calcium accumulé dans le spasmoderme de la graine. A la différence de la majeure partie des tourteaux qui sont plus riches en phosphore qu’en calcium, le sésame contient un plus fort pourcentage de calcium et n’a donc pas l’effet acidogène (action sur la réserve alcaline du sang) que l’on attribue au tourteau de soja, d’arachide, de coton ou de maïs. La fraction la plus importante du tourteau de sésame est cependant représentée par les protéines. Sa teneur en méthionine dépasse du double celle du soja et du lin ; ce pourcentage est évalué à 2,7% ; il n’est donc inférieur qu’à celui du tournesol décortiqué. D’autre part la fraction protéinique du tourteau de sésame ne contient qu’un faible taux de lysine, acide aminé essentiel et limitant pour la croissance (2,8% contre 6,4% du tourteau de soja). De ce fait, une alimentation où l’apport protéinique est essentiellement fourni par le tourteau de sésame doit être complétée par du tourteau de soja, coton ou arachide ou tout autre aliment riche en lysine (farine de viande ou de poisson…). Vu sa teneur en graisse généralement élevée, le tourteau de sésame rancit facilement et prend alors une odeur forte. Le tourteau de sésame est à ranger parmi les meilleurs concentrés, non seulement à cause de ses caractéristiques biologiques, mais aussi à cause de ses propriétés diététiques. Il est indiqué pour tous les animaux d’élevage, pour l’engraissement des bovins, pour les vaches laitières, les veaux, les bœufs de trait, les chevaux, les ovins et la volaille.

Page 59: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 59

Chez les vaches laitières, on conseille de ne pas dépasser 2 kg de tourteau par tête et par jour sous peine de voir le beurre devenir plus mou. Chez les porcs à l’engraissement le sésame doit disparaître dans l’alimentation dans la dernière période de l’engraissement parce que l’huile de sésame agirait défavorablement sur le lard en le rendant fluide et mou. Il peut également entraîner des déficiences en zinc chez les poulets à l’engraissement. 6.2. LA TRANSFORMATION ARTISANALE DU SÉSAME Il est important de souligner que l’introduction des presses de sésame était due à la volonté des OP de permettre aux producteurs de sésame de transformer leur production en huile et tourteau pour l’autoconsommation, car le but visé n’était pas d’orienter la production vers une filière d’exportation. Cette forme de transformation caractérisée par un procédé d’extraction à froid2 permet d’obtenir en plus de l’huile, du tourteau de la pâte pour la fabrication du savon artisanal. L’extraction artisanale de l’huile de sésame est faite avec des presses importées du Japon ou bien de l’Italie, ce qui posait avec toute son acuité le problème des pièces de rechange, et même du simple entretien de ces appareils. Dans la zone de production/transformation, le parc est constitué de deux presses à moteur diesel de marque japonaise et d’une presse de marque italienne fonctionnant avec un groupe électrogène qui fait en même temps marcher un filtre à papier. Le processus d’extraction dont tout est fait manuellement comprend deux phases essentielles qui sont l’extraction de l’huile brute et le filtrage. L’extraction de l’huile brute Le sésame est d’abord bien nettoyé pour enlever les impuretés et les corps étrangers de nature à endommager la presse ou la qualité de l’huile. Le sésame est ensuite humidifié avec de l’eau pour faciliter le travail de la presse. Le sésame subit une forte pression grâce à une vis d’Archimède qui tourne à une vitesse moyenne dans un cône. Le processus d’extraction qui nécessite l’humidification du sésame produit une huile brute de couleur sombre qui renferme une quantité d’eau résiduelle et des impuretés. L’huile brute est récupérée dans un bac situé en dessous de la presse et mise en décantation avant le filtrage. Le filtrage Le procédé de filtrage qui avait cours avant l’intervention du Primoca faisait bouillir l’huile brute ajoutée à une quantité d’eau dans une marmite afin de faire précipiter les impuretés. L’huile filtrée qui est alors récupérée contient un résidu de matières et une infime quantité d’eau résiduelle qui limitent la durée de conservation de l’huile extraite. De plus, ce procédé pouvait présenter des risques pour la consommation humaine si l’équilibre de l’huile était rompu par un excès de température. 2 Le sésame graine est trituré sans subir un traitement pour élever la température

Page 60: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 60

Ces limites ont été à l’origine de l’introduction de filtres à papier qui permettent d’obtenir une huile plus raffinée, plus pure et plus claire qui n’est pas altérée par la longue conservation. Graphique 2 : Répartition des coûts pour transformation semi industrielle Source : Rapport mémoire de stage MKane

entretien-réparation

2%gaz oil10%

conditionnement35%

conducteur6%

gardien21%

autres dépenses26%

La transformation industrielle du sésame Il est un peu inadéquat de parler d’extraction industrielle, car l’unité en question fonctionne suivant les mêmes principes que l’extraction artisanale et avec le même processus qui au bout donne les mêmes types de produits, avec des innovations de taille que sont :

• Deux presses à vis parallèles plus puissantes ayant chacune une capacité de 350KG/H ;

• l’introduction de la soufflerie couplée avec un sas à deux niveaux qui permet

d’éliminer toutes les impuretés ;

• la fluidification de l’approvisionnement du système de transfert du sésame et

de l’huile brute qui réduit la main d’œuvre nécessaire au fonctionnement l’unité ;

• l’introduction d’un système de filtrage qui permet d’obtenir une huile naturelle

dépourvue de toute impureté ;

• tout le système fonctionne avec l’énergie électrique fournie par un groupe électrogène très puissant.

L’unité peut fonctionner avec un effectif de neuf (9) personnes et peut marcher en continu, ce qui double sa capacité en cas de besoin.

Page 61: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 61

Tableau 6 : Mode de transformation du sésame Source : Enquêtes Cabinet CIG cf. base de données annexée

Type transformation Artisanale Industrielle Pas de réponse Total

Nombre de producteurs Enquêtés

13 producteurs 6 producteurs 31producteurs 50 producteurs

Graphique 3 : Répartition des dépenses pour transformation industrielle Source : Rapport de stage MKane

entretien-réparation

24%

gaz oil18%

conditionnement21%

conducteur14%

gardien20%

autres dépenses3%

13

6

31

05

101520253035

Type transformation

Artisanale

Industrielle

Pas de réponse

Page 62: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 62

Tableau 7 : Compte d’exploitation des transformateurs pour une tonne de sésame Source : Rapport de stage Mkane

EMPLOIS RESSOURCES industrielle Semi

industrielle

industrielle Semi

industrielle

Consommations intermédiaires

203 611 232 140 Vente 357 500 410 000

Approvisionnement 175 745 175 745 Huile 312 500 350 000

Transformation 27 866 33 595 Tourteau 45 000 60 000

Commercialisation 0 22 800 Prestations de service

150 000 55 000

Valeur ajoutée Brute 303 889 232 860

Rémunération personnel

5 415 261

RBE 298 474 232 599

TOTAL 507 500 465 000 TOTAL 507 500 465 000

Le système de troc Il s’agit d’un système qui s’est développé avec l’installation de l’unité de trituration de Faoune qui permet d’avoir une huile de qualité supérieure à celle qu’on obtenait avec les presses artisanales non équipées d’un système de filtrage. Ave ce système, le producteur a la possibilité d’échanger directement son sésame contre un équivalent en huile. L’inconvénient au niveau du producteur c’est que le tourteau n’est pas restitué et fait partie de la transaction et l’étude a montré que les paysans s’en détournent au profit du système de prestation de service avec lequel il obtient son huile et son tourteau. Les différents produits existants, développés, et la présentation des produits En plus de l’huile, du tourteau et de la pâte à savon obtenus avec le sésame, d’autres produits alimentaires et cosmétiques sont dérivés du sésame. AAJAC/COLUFIFA, à travers sa cellule Recherche/Action a fait des travaux intéressants qui lui ont permis de mettre au point 19 produits parmi lesquels les plus avancés sont :

Page 63: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 63

• La pâte de sésame

Les graines de sésame sont grillées et traitées pour enlever la pellicule avant d’être pilées pour donner de la pâte qui remplace valablement la pâte d’arachide dans les préparations culinaires.

• La farine de sésame Trempées dans de l’eau puis brossées pour enlever la pellicule protectrice, les graines sont séchées et pilées pour donner une farine très riche qui peut remplacer la farine d’arachide.

• Le gâteau de sésame Il s’agit d’un gâteau très riche fait avec des graines de sésame, du miel, de l’huile, du sucre et de l’eau.

• Savons de bain, de nettoyage, de lessive Cette activité permet de valoriser la pâte obtenue après le filtrage de l’huile brute. La savonification se fait avec de la soude et du sel comme dans la fabrication du savon artisanal avec les autres graisses.

• La crème de massage La crème de massage est faite avec des produits dérivés du sésame et du beurre de karité et permet de lutter contre la douleur et certaines maladies de la peau.

• Le sirop de sésame C’est un produit médicamenteux qui permet de soigner plusieurs maladies parmi lesquelles on peut citer : le rhum, les parasites, la tension artérielle, l’hémorroïde, les règles douloureuses, les douleurs post accouchement…

• Le pain de sésame Il s‘agit d’un pain extrêmement riche composé de graines de sésame, de la farine , de lait, de fruits, de sucre, d’huile, d’œuf, de bicarbonate et de la levure.

• Le beignet de sésame La composition est presque la même que le pain de sésame ; seules les techniques de préparation sont différentes.

• Le nététou de sésame Le sésame est bouilli et lavé après refroidissement et bien malaxé pour enlever la pellicule. On fait bouillir une deuxième fois avant la fermentation. La cellule Recherche/Action a aussi travaillé sur les mets comme le "laakh", le "thiakry" etc… Elle travaille aussi sur le chocolat de sésame, les crêpes de sésame, les croquettes de sésame…

Page 64: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 64

6.3. TYPOLOGIE DES ACTEURS/TRICES DE LA TRANSFORMATION Le premier acteur de la transformation est la ménagère, car si le sésame a continué à figurer parmi les spéculations en tant que culture dérobée, c’est grâce à ses utilisations multiples au niveau du ménage surtout sur le plan culinaire, (mais aussi en pharmacopée) que les ménagères de la zone de Production/Transformation maîtrisaient avant la réintroduction du sésame par les Organisations Paysannes. Il s’agit surtout de la pâte et de la farine de sésame qui rentre dans l’alimentation humaine. La transformation du sésame en huile a été prise en charge par deux OP dans la zone de production : AAJAC/COLUFIFA et ASSOLUCER qui sont deux organisations bien structurées qui ont joué un rôle très important dans le développement de la filière en moyenne casamance. La cellule Recherche/Action de Faoune dont le but est de lutter contre la faim et la malnutrition est la seule structure connue qui intervient dans ce domaine. Elle a été créée en 1988 par AAJAC/COLUFIFA pour diversifier l’utilisation du sésame et valoriser davantage les sous produits. C’est dans ce cadre que certains produits ont été améliorés et d’autres mis au point en s’inspirant des pratiques traditionnelles. Au niveau de l’organisation cette activité est dévolue aux femmes. La cellule est gérée par un bureau composée de :

- une coordonnatrice ; - une coordonnatrice adjointe ; - une trésorière ; - une vendeuse.

La cellule dispose d’un certain nombre d’équipements lui permettant de faire correctement son travail (four, broyeur, centrifugeuse et divers équipements). L’étude a montré que la cellule est surtout orientée vers la production, nonobstant les activités de recherche et de formation qui lui permettront de lutter contre la malnutrition et d’avoir un impact au niveau des ménages. L’intérêt général qui est visé par la cellule doit l’inciter à mettre en œuvre une stratégie qui permettra de former et d’informer les femmes de telle sorte que les ménages s’approprient ces progrès pour améliorer leur alimentation avec des produits de grande qualité à leur portée.

Page 65: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 65

6.4. IMPACT DE LA TRANSFORMATION SUR REVENUS DES PRODUCTEURS ET SUR LES MENAGES Dans la zone de transformation nous avons pu nous rendre compte que l’impact de la transformation sur les ménages est relativement faible. L’impact de la transformation sur les revenus des producteurs/trices et ou ménages. L’étude a montré que, les produits de transformation devraient être destinés à l’amélioration de la qualité de l’alimentation: , au niveau des ménages

• Il s’agit de l’huile qui est une denrée utilisée quotidiennement et surtout pendant les grandes occasions comme la Tabaski, la Korité et les autres fêtes religieuses ou traditionnelles. La transformation artisanale directe ou le système de troc leur permet d’être autosuffisants en cette denrée ;

• Il s’agit de la pâte et de la farine de sésame qui rentre directement dans

l’alimentation humaine

• Il s’agit aussi du tourteau qui est rendu au producteur après l’extraction de l’huile, qui est un élément de choix dans l’alimentation des animaux et de la volaille. Même dans certains cas, ce tourteau nettoyé et traité peut rentrer dans l’alimentation humaine.

La transformation permet de faire des économies financières sur des denrées chères et très utilisées dans les ménages ; elle permet aussi de recycler le tourteau dans les activités génératrices de revenus comme l’embouche bovine, ovine, porcine ou l’élevage de la volaille. Au niveau de AAJAC, la cellule de recherche action s’active sur la transformation du sésame en 19 sous produits ; Néanmoins nous avons remarqué que dans les ménages visités notre équipe a été servie en arachide grillées au lieu de graines de sésame grillées ; les autres produits aussi tels le savon, l’huile, le sirop etc. ne sont pas utilisés dans les ménages parce que jugés très chers par rapport aux produits qui les concurrencent sur le marché. A l’analyse, il faut se convaincre que la cellule recherche/action est plus orientée vers la recherche de gains c'est à dire pour un marché autre que les ménages ; ce qui n’est pas conforme à l’esprit d’une cellule recherche dans une organisation de base. Au niveau de la zone de ASSOLUCER, où le matériel de transformation est artisanal, les populations consomment l’huile de sésame qu’ils troquent avec la quantité correspondante en graine; les services de transformation sont payés aussi avec les graines.

Page 66: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 66

Tableau 8 : Répartition de la récolte au niveau des 50 producteurs enquêtés

au niveau local Source : Enquêtes cabinet CIG cf base de données annexées

Quantité vendue

Quantité consommée

Quantité transformée Autres

Total

Récolte 13194,5 tonnes 779 tonnes 1725 tonnes 286,5 tonnes

15 985 tonnes

6.5. LES CONTRAINTES A LA TRANSFORMATION Le secteur de la transformation du sésame en huile est menacé par le développement de l’exportation de la matière première qui a abouti au changement même du comportement des OP et des producteurs qui s’oriente davantage vers la vente du sésame. En plus, il y’a des contraintes spécifiques qui risquent de compromettre le secteur de la transformation :

• Au niveau de la trituration artisanale:

- matériel obsolète ; - absence de pièces de rechange le matériel étant importé ; - enclavement des lieux d’implantation des presses par rapport aux

producteurs ; - la basse qualité de l’huile obtenue avec des presses non dotées de

filtre ; - un bas taux d’extraction qui augmente le rapport sésame/huile ; - teneur en huile élevée du tourteau qui provoque le rancissement et

limite la durée de conservation ; - baisse de la fréquentation des presses par les producteurs qui sont

courtisés par les collecteurs et autres rabatteurs

13194,5

7791725 286,5

02000400060008000

100001200014000

Récolte

Quantité vendueQuantité consomméeQuantité transforméeAutres

Page 67: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 67

• Au niveau de l’unité d’extraction de Faoune o absence de pièces de rechange le matériel étant importé ; o un bas taux d’extraction qui augmente le rapport sésame/huile ; o la mévente de l’huile produite au niveau de l’usine ; o difficulté d’atteindre un seuil de rentabilité.

• Au niveau de la cellule Recherche/Action les contraintes sont nombreuses :

- le bas niveau des ressources humaines ; - le manque d’équipements modernes et adaptés ; - le défaut de moyens financiers permettant de se consacrer à la

recherche ; - l’inexistence d’analyse et de certification des produits par des

institutions habilitées et compétentes ; - l’inexistence d’une promotion pour les produits dérivés du sésame - l’inexistence d’un programme de recherche qui définit les

orientations et les moyens de mettre en adéquation ce volet avec les besoins réels des ménages surtout en terme de formation/information.

• Au niveau des ménages qui utilisent le sésame comme produit alimentaire,

la contrainte essentielle se traduit en manque de formation/information sur les nouveaux produit et sur les améliorations faites sur les produits qu’elles ont l’habitude de préparer et qui sont entre temps améliorés par la cellule de l’AAJAC.

Page 68: Rapport Etude filière Sésame au Sénégal

Rapport Final 68

VII. ANALYSE DES RESULTATS ET LEÇONS APPRISES 7.1 . FACTEURS SOCIOECONOMIQUES Le choix du sésame comme l’une des spéculations retenues pour diversifier notre agriculture est opportun car malgré les conditions qui ont prévalu lors de sa réintroduction, la filière sésame au Sénégal est aujourd’hui porteuse d’enjeux très important sur le plan socioéconomique et sur le plan financier. L’émergence de cette filière, qui emporte un engouement très important tant au niveau des producteurs que des autres acteurs, s’est accompagné de l’émergence de nouveaux agents économiques et de nouvelles opportunités. L’étude a identifié des impacts significatifs au niveau de tous les segments et des acteurs de la filière. Au niveau de l’exploitation familiale La culture du sésame :

• a permis d’améliorer le temps de travail et de combler le calendrier d’occupation de la main d’œuvre de l’exploitation agricole qui est valorisée à travers des activités génératrices de revenus ;

• en tant que culture de diversification, son introduction dans le système

d’exploitation a permis de sécuriser la production agricole et les revenus familiaux ;

• a contribué à améliorer la qualité de l’alimentation avec un apport de produits

alimentaires de bonne qualité ; • a participé à l’amélioration de la situation financière de l’exploitation familiale

en générant directement des revenus financiers et en introduisant au sein du foyer des aliments comme l’huile, le tourteau et autres dont l’achat aurait provoqué des déboursés de sommes importantes.

Au niveau des opérateurs dans la filière Les opérateurs sont des personnes physiques ou morales qui interviennent dans la collecte du sésame à un niveau intermédiaire. Ils travaillent avec des collecteurs qui jouent le rôle de rabatteurs au niveau des producteurs qui possèdent du sésame. Ils financent la collecte, distribuent des semences et des aides pendant la période de soudure, organisent le groupage, la conservation et l’acheminement vers l’importateur avec qui ils ont un contrat. L’opérateur occupe à ce titre une place stratégique qui lui permet de proposer les prix aux producteurs et de définir la marge des collecteurs (de l’ordre de 10f/Kg). Les opérateurs que nous avons rencontrés au cours de la mission s’en tirent visiblement bien sur le plan financier même s’ils ne sont pas allés jusqu’à nous donner des montants. Ils peuvent gagner au moins 50F sur chaque Kilo de sésame collecté ; ce qui explique les efforts qu’ils font pour fidéliser les producteurs dans la zone où ils interviennent.

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Rapport Final 69

La filière a développé l’émergence de cette nouvelle classe d’hommes d’affaire capables de mettre en œuvre un jeu de relations qui leur permet d’avoir les moyens financiers nécessaires pour avoir une place de choix dans la filière. Au niveau des organisations paysannes

• La filière a offert l’occasion aux Organisations Paysannes faîtières la possibilité de mieux aider les organisations de base et leurs membres de mieux bénéficier des résultats obtenus sur la filière tant au plan technique, organisationnel, financier, suivi évaluation, renforcement des capacités même si l’étude a soulevé des limites objectives qui justifient la consolidation des acquis dans les domaines de leur développement institutionnel ;

• l’appui que les OP qui interviennent dans la filière ont reçu a eu pour résultat

l’amélioration de leur niveau institutionnel et du niveau général de leurs ressources humaines, ce qui est nécessaire si ces OP veulent continuer à porter des projets et des programmes au bénéfice de leurs membres et réaliser les résultats attendus ;

• le sésame a participé au rayonnement de certaines Organisation comme

AAJAC/COLUFIFA et ASSOLUCER qui sont des organisations dont l’activité essentielle tourne autour du sésame qu’elles ont contribué à développer dans le département de Sédhiou ;

• le développement de la production de sésame a multiplié les intervenants qui

sont considérés par les OP comme des concurrents déloyaux qui viennent profiter du fruit de leurs efforts et qui finalement adoptent les mêmes comportements que ces derniers et se positionnent dans la filière comme des intermédiaires. Dés lors leurs intérêts rentrent en conflit avec ceux de leurs membres.

Dans l’économie locale La filière participe à l’amélioration de l’économie rurale de par les emplois qui sont générés dans l’agriculture et le commerce, et des revenus qu’elle permet de distribuer dans les villages.

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Rapport Final 70

7.2 PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE L’étude a pu montrer que au-delà de certaines limites tant au plan des performances des producteurs, qu’au niveau de l’organisation globale de la filière, le sésame va continuer de se développer du fait qu’il permet de trouver des solutions à des problèmes fondamentaux qui se posent au niveau du monde rural qui est à l’origine de son développement. Si on considère les acquis et les enjeux socioéconomiques et financiers portés par cette filière, tant au plan de l’exportation vers des pays comme l’Inde, le Japon et l’Europe où la demande est très importante, qu’au plan de la transformation qui en dehors de l’huile et du tourteau, offre une gamme importante de produits alimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques et industriels, la filière offre des perspectives intéressantes qui sont autant de défis à relever dans le cadre de l’appui à son développement :

• l’amélioration quantitative et qualitative de la production de sésame pour la satisfaction de la demande intérieure et extérieure ;

• l’augmentation du niveau de développement économique et social de tous les

acteurs de la filière ;

• l’amélioration du niveau de contribution du sésame à la lutte contre la pauvreté à travers les emplois et les ressources supplémentaires qui seront générées ;

• l’amélioration de la sécurité alimentaire au niveau des exploitations familiales

grâce à la gamme très large de produits de transformation qui introduit au sein du foyer des aliments de très grande qualité pour l’homme et pour les animaux ainsi que des matériaux et des résidus pour la fertilisation des sols ;

• une implication beaucoup plus forte des femmes et des jeunes dans les

activités de production et de transformation si on sait que le sésame est une culture facile étant peu exigeante et contraignante en terme de main d’œuvre ou d’équipements agricoles.

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Rapport Final 71

7.3. CONTRAINTES, OPPORTUNITES ET GOULOTS D’ETRANGLEMENT Malgré les efforts déjà accomplis ou en cours, et malgré l’engouement de tous les acteurs de la filière que nous avons rencontrés au cours de l’étude, et le contexte politique et institutionnel favorable avec la décision du GS d’en faire un programme, l’étude a montré qu’il subsistent des contraintes de tailles au niveau de tous les segments de la filière. Si elles ne sont pas levées, elles risquent de compromettre la participation de la filière à la lutte contre la pauvreté et pour la sécurité alimentaire. Il s’agit de contraintes :

• Techniques

- bas niveau de productivité des parcelles de sésame ; - bas niveau de la production par rapport à la demande globale ; - faible maîtrise technique du processus de transformation et de

l’entretien des presses et de l’unité industrielle de Faoune. • Organisationnelles

- les producteurs de sésame n’ont pas leur propre système d’organisation dans la zone centre (Kaolack, Fatick) ;

- Aucune organisation des acteurs (confusion des rôles, absence de cadre de concertation) ;

- Pas de règles consensuelles respectées par les acteurs de la collecte primaire (intervention tous azimuts des intermédiaires et de leurs collecteurs).

• Institutionnelles

- implication superficielle des services décentralisés de l’Etat dans le suivi du programme.

• Au niveau du renforcement des capacités

- Les techniques de production ne sont pas maîtrisées par les producteurs ;

- Dans la zone de transformation/production, les OP n’ont pas une dynamique organisationnelle ‘impliquante’ ; elles ont des difficultés liées à la planification de leurs acticités, à la conception de projets et à la capacité de négociation et à la recherche de fonds.

• Au niveau du suivi-évaluation de la filière par les OP dans les nouvelles

zones de diffusion

Il y a ici un vide quasi-total car il n’y a aucun dispositif qui permette de suivre le programme, d’assister techniquement les producteurs et de recueillir des données fiables susceptibles d’alimenter une base de données.

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Rapport Final 72

• Au niveau de la promotion des produits dérivés du sésame

- Aucune politique de promotion au niveau local pour permettre aux ménages d’être informés des possibilités alimentaires offertes par le sésame ;

- Aucune politique de promotion de distribution et de la

consommation au niveau des zones urbaines

• Question spécifique du genre (place et rôle dans la filière)

Dans la zone pionnière du sésame cette culture a toujours été considérée comme celle des "paresseux" ou celle des femmes. Si elle jouit de cette considération c’est uniquement à cause des facilités offertes par sa conduite. La femme occupe donc naturellement une place très importante dans cette filière surtout au niveau de la production car elle permet aux femmes qui la pratiquent d’avoir une source de revenus supplémentaires, mais aussi de disposer au niveau de leur foyer de sources d’alimentation de nature à améliorer très sensiblement la nutrition au niveau du foyer. Les femmes et les jeunes jouent déjà un rôle très important dans la production, mais cette couche de la population pourra jouer un rôle aussi important au niveau de tous les segments de la filière surtout au niveau de la transformation. Il sera toutefois nécessaire de renforcer leurs capacités et de consolider leurs organisations de sorte qu’elles soient en mesure de prendre en charge cette participation dans tous ses aspects.

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Rapport Final 73

VIII. RECOMMANDATIONS GENERALES (RG) Les recommandations en vue du développement de la filière sésame vont très certainement au-delà des objectifs de VECO Sénégal car elles ont une orientation qui englobe l’ensemble des acteurs principaux de la filière que sont l’Etat, les ONG les Organisations Paysannes, les opérateurs économiques, les producteurs, les transporteurs et les exportateurs. Le développement de la filière concerne tous les segments et nécessite : Pour l’état : La consolidation de l’implication de l’Etat et de ses démembrements que sont les SDE et les collectivités locales afin de renforcer l’environnement institutionnel, fiscal, juridique, programmatique et infrastructurel qui permettra d’appuyer la filière dans un cadre organisé, maîtrisé et efficace.

Pour la recherche : Le développement et le renforcement de la recherche dans le domaine de l’amélioration du matériel végétal, des techniques de production, de la mécanisation du semis, de la fertilisation ; en somme tout ce qui peut contribuer à l’amélioration de la productivité et qui doit aider à satisfaire la demande globale en quantité et en qualité. Développer la politique de production de semences initiée par le CERAAS et appuyée par le programme national du sésame. Pour les DRDR : Institutionnaliser un système de suivi et d’évaluation permanente en mettant à contribution les compétences des DRDR et de l’ANCAR dont la présence dans la filière n’est pas sentie sur le terrain. Cela permettra aux producteurs de bénéficier de l’assistance technique nécessaire et à la filière de disposer de données statistiques fiables qui font défaut à tous les niveaux de la filière. Pour la FENPROSE : Créer un cadre de concertation qui permette d’harmoniser les prix et les démarches des acteurs. Pour les OP : Créer les conditions qui doivent permettre aux SFD relevant des OP impliquées dans la filière d’avoir les moyens de financer les besoins des producteurs pour la production et la commercialisation primaire.

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Rapport Final 74

TROISIEME PARTIE

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Rapport Final 75

I. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES OPERATIONNELLES

L’étude a montré que la filière sésame offre des perspectives intéressantes dans la lutte contre la pauvreté car elle peut générer des emplois et des revenus financiers au niveau des jeunes et des femmes en milieu rural; elle participe aussi à la lutte pour la sécurité alimentaire grâce à une importante gamme de produits de qualité dont l’utilisation doit être développée au sein des ménages. L’étude a cependant montré, qu’au niveau de tous ses segments, il y a des contraintes majeures qui, si elles ne sont pas levées, risquent de compromettre le rôle important que le sésame doit jouer dans l’économie de notre Pays. Cependant ces contraintes, pour les dénouer de façon efficace, doivent être appréhendées de façon globale et non pas sectorielle. L’étude a aussi identifié dans la zone de production/transformation qui correspond à la Région de Kolda des Organisations Paysannes relativement bien structurées qui ont joué un rôle de premier plan dans le développement de la filière depuis la réintroduction du sésame au Sénégal. Il s’agit de AAJAC/COLUFIFA et de ASSOLUCER. Au niveau de la zone de Kaolack, les producteurs de sésame ne sont pas organisés de façon spécifique autour de cette activité, mais la plupart de ces producteurs appartiennent à des Organisations qui ne sont pas ou sont très peu impliquées dans la filière sésame. Mais potentiellement une Organisation comme l’UGAN peut, dans certaines conditions, jouer un important rôle et porter la filière au niveau de sa zone d’intervention et même au-delà. RSO1 : Appuyer à l’émergence et à la consolidation d’organisations de producteurs à la base comme de GPF et des GIE.

Elles seront dotées de personnalité juridique, de structures et d’organes qui fonctionnent correctement de telle sorte qu’elles pourront prétendre au crédit pour financer la production (les intrants et les équipements) et la commercialisation primaire (fonds de collecte). Actions à mener

1. appuyer à la réalisation d’un diagnostique organisationnel pour identifier les

organisations et leurs statuts ;

2. appuyer à la réalisation d’un programme de renforcement organisationnel RSO2 : Appuyer les Organisations faîtières identifiées à la mise en place d’un Système de suivi évaluation efficace.

Ce système permettra de consolider l’assistance et la formation des producteurs d’une part, et d’autre part la collecte de données statistiques fiables en vue d’une évaluation des résultats de la filière.

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Rapport Final 76

Ce système qui va s’appuyer sur les ressources humaines à la base va mettre l’accent sur le suivi participatif qui impliquera davantage les producteurs et développera leur sens de responsabilité dans la gestion et la réussite des activités. Les animateurs de ce système auront besoin de capacités renforcées pour développer leurs aptitudes tant sur le plan technique que dans le domaine de l’animation et d’autres axes à identifier.

Actions à mener

1. appuyer la réalisation d’un diagnostique institutionnel pour identifier les mécanismes existant et leurs contraintes ;

2. appuyer l’organisation d’atelier de renforcement des capacités en Suivi

évaluation participatif ;

3. accompagner les organisations dans la mise en place d’un mécanisme de suivi évaluation participatif opérationnel et transparent.

RSO3 : Appuyer à la re-dynamisation et au redéploiement des SFD

Ces SFD existent au niveau des zones d’intervention des OP identifiées (CAPEC, GEC) pour q’elles soient en mesure de prendre en charge les besoins financiers au niveau de la production et au niveau de la commercialisation primaire. Actions à mener :

1. améliorer les capacités financières de ces SFD en mettant en place un fonds de garantie qui va sécuriser leurs emprunts,

2. renforcer les capacités des structures et des instances dirigeantes en

dynamique organisationnelle et en gestion du crédit par l’organisation d’atelier de formation au niveau de chaque Organisation.

RSO4 : Appuyer à la création d’un cadre de concertation Cette concertation doit exister entre les organisations paysannes qui interviennent dans la filière d’une part, et d’autre part entre elles et leurs partenaires. Ce cadre permettra aux acteurs d’avoir le même niveau d’informations sur la filière, d’harmoniser les démarches et favorise le consensus autour des enjeux de celle-ci. Ce cadre permettra de réorganiser la filière et de maximiser les retombées au niveau de tous les segments. Actions à mener : VECO va organiser un atelier de restitution qui sera un cadre d’échange et de réflexion entre les différents partenaires et constituera en même temps un premier jalon pour la mise en place d’un cadre de concertation.

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Rapport Final 77

RSO5 : Appuyer à la création de systèmes de groupage Ce projet de groupage permettrait de nettoyer, de conditionner et de conserver le sésame collecté. Ces centres seront placés sous la gestion des OP et seront des instruments qui leur permettront d’avoir une capacité de négociation renforcée et de réaliser l’objectif d’une juste rémunération des efforts des producteurs. Actions à mener : Pour ce faire, VECO négociera avec les >Organisations faîtières et à travers un protocole de partenariat la mise en place d’un mécanisme transparent impliquant les acteurs à la base RSO6 : Appuyer à la promotion des produits Sésame dans la zone de

consommation Cette promotion passe par les Organisations urbaines comme les CLC afin de les rendre mieux à même de réaliser les objectifs du programme LVC en ce qui concerne le sésame. Actions à mener : Il s’agira entre autre

1. d’appuyer les CLC à l’élaboration d’un plan de formation et de renforcement de capacités en Marketing des produits à promouvoir ;

2. appuyer les CLC dans l’organisation de séminaires en lobbying’ plaidoyer et

marketing pour renforcer l capacités des animateurs. RSO7 : Appuyer le volet recherche/action

La cellule de recherche/action de AAJAC/COLUFIFA ne répond pas à des préoccupations des communautés de base mais plutôt à une volonté de chercher des gains et créer des revenus. Actions à mener :

1. asseoir un programme de recherche orienté vers les besoins spécifiques des communautés de base ;

2. appuyer la structure pour la réalisation d’un diagnostique en vue d’identifier

les besoins en consommation des ménages ;

3. aider à l’organisation d’un atelier pour l’élaboration d’un plan stratégique de la cellule Recherche/Action comprenant les thématiques, les programmes, les acteurs, les moyens à mettre en œuvre et les résultats attendus.

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Rapport Final 78

RSO8 : Appuyer à la démultiplication des résultats de la recherche sur le sésame Ce travail aidera à la consolidation des passerelles entre la recherche et le développement en favorisant les échanges entre chercheurs et acteurs de la filière, mais aussi en appuyant la conception et la mise en œuvre de programmes de renforcement des capacités des OP et de leurs membres avec un processus qui met en avant la capacitation de relais issus de la communautés et aptes à démultiplier les formations reçues. Actions à mener : Il s’agira pour VECO :

1. en relation avec les institutions de recherche, promouvoir au niveau local des forums d’échange entre les différents acteurs ;

2. aider les OP à implanter et à suivre au moins deux parcelles témoins par zone

écologique ;

3. l’identification des sites fera l’objet d’un consensus et reposera sur un certain nombre de critères.