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Consommer moins, consommer mieux : comment accélérer la transition énergétique Rapport EnerCamps : constats, idées et propositions issus du terrain - Juin 2013

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Les Enercamps, Tour de France organisé par Schneider Electric, pour contribuer au débat national sur la transition énergétique est désormais bouclé. Une synthèse des discussions a été réalisée et a été remise officiellement au Gouvernement par Jean-Pascal Tricoire, Président Directeur général de Schneider Electric.

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C onsom m er m oins, consom m er m ieux : com m ent accélérer la transition énergétique Rapport EnerCamps : constats, idées et propositions issus du terrain - Juin 2013

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Sommaire

Message de Jean-Pascal Tricoire P r é s i d e n t D i r e c t e u r G é n é r a l , S c h n e i d e r E l e c t r i c

Méthodologie EnerCamps en chiffres Synthèse du rapport

C h a p i t r e 1 Constats et convictions issus des EnerCamps 1. Tous les participants sont unanimes : " il ne faut pas oublier que ce sont les hommes qui font la

transition énergétique " 2. Une évidence partagée par tous : " Nous avons besoin d'un cadre d'action incitatif, adapté aux

réalités du terrain " 3. Un levier perçu comme incontournable : " une technologie au service de l'homme " 4. Une attente du public : " un État exemplaire ", et qui " facilite les échanges de bonnes pratiques "

C h a p i t r e 2 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique 1. Simplifier l'accès aux économies d'énergie par les utilisateurs 2. Faire monter en compétence les consommateurs et la filière 3. Mettre en œuvre un cadre réglementaire incitatif 4. Un acteur public engagé

A n n e x e s Les nouveaux métiers de la gestion d'énergie Tableau de résumé des EnerCamps Comptes-rendus des EnerCamps

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M e s s a g e d e J e a n - P a s c a l T r ic o ir e P ré s id e n t D ire c te u r G é n é ra l, S c h n e id e r E le c tric

Le sujet de la transition énergétique ne peut être débattu sans parler d’une révolution en cours : la convergence de deux mondes, celui de l’énergie et celui du numérique. Cette convergence est un formidable levier pour non seulement consommer moins d’énergie, mais surtout pour mieux la consommer. Ce potentiel n’est pas une hypothèse, c’est une réalité ! Les solutions techniques existent. Elles démontrent des économies d’énergie moyennes de 30% avec des retours sur investissement dès 3 ans. Les ressources humaines pour la mettre en œuvre sont là avec les 400 000 personnes qui composent la filière éco-électrique française. Alors, si cette transformation est en marche, où se trouve l’enjeu ? L’enjeu, c’est d’agir sans plus attendre pour accélérer cette

transformation ! Les bénéfices en effet sont considérables : plus de confort pour les consommateurs, plus de sécurité pour le réseau et les utilisateurs, plus d’économies sur la facture, plus d’indépendance énergétique, plus d’emplois et, au final, des avantages pour tous. Comment s’y prendre ? C’est la question que nous avons voulu poser en région à tous les acteurs du terrain, membres de cette filière éco-électrique, mais également utilisateurs ou tout simplement citoyens sensibles à cet enjeu. Schneider Electric a ainsi organisé un tour de France de débats, baptisés les EnerCamps, autour de la thématique " Energie : consommer moins, consommer mieux ", relayés sur internet et les réseaux sociaux. A l’occasion de ces réunions participatives, toutes labellisées dans le cadre du débat national, nous avons recueilli des retours d’expérience, des avis, des demandes et des idées d’actions. C’est la richesse de ces échanges que nous avons restituée dans ce document. Pour en optimiser la prise en compte dans le projet de loi de programmation sur la transition énergétique, nous les avons traduits sous la forme de 12 propositions. Celles-ci s’adressent à toutes les parties prenantes, acteurs privés comme sphère publique. Elles mettent ainsi en évidence des besoins :

• de simplification ; • de développement de compétences ; • d’un cadre réglementaire incitatif ; • d’un acteur public pleinement engagé, aux côtés des acteurs de la filière.

Schneider Electric, en tant qu’acteur majeur du secteur, s’engage à être parmi les premiers contributeurs de cette transformation. J e a n - P a s c a l T r i c o i r e Président Directeur Général, Schneider Electric

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M é t h o d o lo g ie

Le tour de France de l’efficacité énergétique initié par Schneider Electric a reposé sur six rencontres informelles en région : les EnerCamps. Un EnerCamp est un atelier participatif de deux heures réunissant des personnes issues de la filière, des institutions, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de la presse, de la blogosphère et de la société civile, pour échanger, débattre, émettre des idées et des propositions. Il se déroule en deux étapes. D’abord, les participants réunis sont invités à se présenter et à donner trois mots clefs qui définissent, selon eux, le thème " Energie : consommer moins, consommer mieux ". Ces mots clefs sont inscrits par les animateurs sur des post-it, eux-mêmes assemblés en nuages de mots en fonction de thèmes qui se définissent donc petit à petit. Après quoi les participants sont invités à venir inscrire sur des tableaux blancs les thèmes qu’ils souhaitent voir aborder lors des tables rondes, ou à enrichir un thème précédemment inscrit. Une fois que les thèmes des quatre tables rondes sont définis, les participants sont invités à choisir leur table ronde et à échanger pendant quarante minutes. Chaque groupe doit, en amont, se choisir un rapporteur. Son rôle sera de présenter à l’ensemble du public, à l’issue des ateliers, un bref compte-rendu des principaux axes abordés lors du débat, ainsi que des propositions formulées. Un secrétaire de rédaction (membre de l’équipe d’organisation) est chargé de prendre en note l’ensemble des échanges et de rédiger une synthèse. Chaque synthèse (voir annexes) est ensuite publiée sur le site internet de Schneider Electric et sur les réseaux sociaux (Hub Viadeo " Gestion de l’énergie et performance des bâtiments ") afin d’être consultée ou commentée par tous. C’est sur la base de ces discussions et de ces synthèses que ce rapport a été écrit. Il convient de noter qu’il est le fruit d’échanges vivants entre des participants dont la répartition par type de population est par définition aléatoire, de même que, s’agissant d’une synthèse, ce document est par définition non-exhaustif.

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L e s E n e r C a m p s e n c h if f r e s

300 participants

Villes participantes

Répartition par type de participants

5 régions

6 villes

6 spécificités régionales

dans le domaine

de l’énergie (Recherche et développement, basse tension, véhicule électrique, automatismes, réseaux intelligents, pilotage intelligent des bâtiments)

3000 visiteurs uniques sur la page web

des EnerCamps

Institutionnels (dont élus,

mairies, CCI, etc.) 18%

Académiques 11%

Étudiants 3%

Acteurs privés 48%

Société civile (citoyens et

associations) 12%

Media (presse et blogs)

8%

Angers

Paris (Rueil-Malmaison)

Lyon (Saint-Priest)

Grenoble (Eybens)

Nice (Carros)

Angoulême

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S y n t h è s e d u r a p p o r t

Schneider Electric s’est engagé de deux manières dans le débat français sur la transition énergétique : au niveau national, dans les instances représentant les entreprises et, au niveau régional, à travers un tour de France auprès des corps intermédiaires de la gestion intelligente de l’énergie, des utilisateurs et des citoyens sensibles à cet enjeu. Ce tour de France, baptisé les EnerCamps, s’est organisé sous la forme d’ateliers participatifs sur le thème " Énergie : consommer moins, consommer mieux ". Cette démarche s’inscrit en support de l’initiative proposée par le Gouvernement et a reçu le label " débat sur la transition énergétique ". Elle a pour objectif de faire remonter des expériences du terrain, des idées et des demandes sur la réduction et l’optimisation de la demande énergétique. Ces EnerCamps en région se sont déroulés dans 6 villes de France : Grenoble (Eybens), Angers, Nice (Carros), Angoulême, Lyon (Saint-Priest) et Paris (Rueil-Malmaison), de mars à mai 2013. Ils se sont prolongés sur internet, via le hub Viadeo de Schneider Electric, le compte Twitter de l’entreprise et son site Internet. Les EnerCamps ont réuni plus de 300 participants et 3000 internautes. La richesse de ces débats est aujourd’hui synthétisée dans ce rapport. Le premier chapitre rassemble et synthétise les discussions des différents EnerCamps autour de quatre parties :

• la place centrale de l’individu dans la transition énergétique ; • le besoin d’un cadre législatif volontariste et souple ; • l’intérêt d’une technologie efficace et adaptée aux utilisateurs ; • et l’exemplarité de l’État dont le rôle est central dans le partage d’expériences positives.

Le deuxième chapitre traduit, sous la forme de 12 propositions, ces discussions pour en optimiser la prise en compte dans le cadre du futur projet de loi de programmation sur la transition énergétique. Elles ont été sélectionnées en fonction de leur faisabilité et de leur moindre coût. Leur mise en œuvre relève en effet d’une véritable urgence, car c’est aujourd’hui qu’il faut agir pour accélérer la transition énergétique dont nous avons besoin. 12 propositions pour accélérer la transition énergétique 1 . S i m p l i f i e r l ’ a c c è s a u x é c o n o m i e s d ’ é n e r g i e p a r l e s u t i l i s a t e u r s P r o p o s i t i o n n ° 1 : Simplifier encore la technologie pour rendre les utilisateurs acteurs de leur consommation P r o p o s i t i o n n ° 2 : Créer une plate-forme digitale unique afin d’optimiser toutes les démarches relatives à un projet de performance énergétique

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P r o p o s i t i o n n ° 3 : Accompagner les collectivités locales et territoriales dans la mise en œuvre de leur démarche de performance énergétique P r o p o s i t i o n n ° 4 : Dans les critères des appels d’offre publics, mettre en exergue le coût total de possession, lorsqu’il s’agit de projets visant la réduction des consommations d’énergie, et lever les freins juridiques aux montages innovants en la matière (CPE, CREM, etc.) 2 . F a i r e m o n t e r e n c o m p é t e n c e s l e s c o n s o m m a t e u r s e t l a f i l i è r e P r o p o s i t i o n n ° 5 : Lancer une campagne d'information nationale qui mette le consommateur et tous les acteurs de l’efficacité énergétique au centre du débat sur la transition énergétique P r o p o s i t i o n n ° 6 : Rendre plus attractifs les nouveaux métiers de l'énergie auprès des jeunes en valorisant les débouchés offerts P r o p o s i t i o n n ° 7 : Accompagner les professionnels et les entreprises vers les nouveaux métiers nécessaires à la transition énergétique 3 . M e t t r e e n œ u v r e u n c a d r e r é g l e m e n t a i r e i n c i t a t i f P r o p o s i t i o n n ° 8 : Rendre obligatoire l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments tertiaires sans plus attendre P r o p o s i t i o n n ° 9 : Mettre en place un système de signal tarifaire pour récompenser les comportements vertueux, et sanctionner le gaspillage énergétique 4 . U n a c t e u r p u b l i c e n g a g é P r o p o s i t i o n n ° 1 0 : Faire adopter par 100% des mairies et des préfectures une démarche de maîtrise de leur consommation énergétique P r o p o s i t i o n n ° 1 1 : Mettre en place un Comité stratégique de l’efficacité énergétique avec un responsable des consommations énergétiques de l’Etat P r o p o s i t i o n n ° 1 2 : Piloter la transition énergétique selon un processus d'amélioration continue pour s’adapter en permanence à la réalité du terrain et aux avancées technologiques

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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C h a p itre 1

C o nstats e t convictions issus des EnerCam ps

Ra ppo rt Ene rC am ps - Ju in 2 0 1 3 I  7

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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1 . L e s p a r t ic ip a n t s s o n t u n a n im e s : " i l n e f a u t p a s o u b lie r q u e c e s o n t le s h o m m e s q u i f o n t la t r a n s it io n é n e r g é t iq u e "

a . " A d a p t o n s la f o r m a t io n d e s p r o f e s s io n n e ls d e l 'é n e r g ie " Les participants ont commencé par constater que les filières techniques sont aujourd’hui largement déconsidérées par les pouvoirs publics comme par le grand public. Comme le faisait remarquer un représentant de collectivité territoriale lors de l’EnerCamp de Grenoble, " la France donne l’impression de ne pas comprendre l’importance de s’appuyer sur ses experts techniques, qui sont pourtant le maillon central de la transition. Le désamour des étudiants pour cette filière porteuse est aussi préoccupant pour eux – qui délaissent une filière d’avenir au profit de châteaux en Espagne – que pour nous – qui ne disposons pas des spécialistes dont nous avons besoin ". Il convient donc de revaloriser ces filières, fortement créatrices d’emplois non délocalisables sur tous les territoires, et d’orienter les étudiants vers des métiers d’avenir souvent méconnus ou peu valorisés, alors que les besoins et les débouchés sont immenses. La discussion s’est ensuite portée sur le fait qu’aujourd’hui, l'énergie avance au rythme du numérique. Les professionnels de la filière doivent donc pouvoir adapter, réévaluer et développer leurs compétences tout au long de leur carrière grâce à la formation continue : " La majorité des électriciens aujourd'hui ne proposent pas les solutions intelligentes simplement parce qu'ils ne les comprennent pas " (EnerCamp d’Angers). Ces professionnels, qui sont les premiers contacts des consommateurs, doivent être en mesure de proposer les meilleures solutions de réduction de la consommation d'énergie en fonction des avancées technologiques, de maîtriser et d'expliquer leur fonctionnement, et d'accompagner les utilisateurs pour en assurer le bon usage. Pour les participants, il s’agit donc de faire évoluer les compétences et les réflexes des professionnels de la filière afin d’assurer une véritable adaptation aux nouveaux outils et aux nouveaux besoins qu’implique la transition énergétique. Pour ce faire, la formation initiale doit être pensée à l'aune des enjeux d'économie d'énergie et des nouvelles technologies qui se développent. L'État et les entreprises doivent travailler ensemble afin de définir ce que sont les nouvelles compétences et créer les nouveaux métiers adaptés à ces enjeux.

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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b . " P e r s o n n e n e s a it c e q u 'e s t l 'é le c t r ic it é . . . L e s é c o n o m ie s d 'é n e r g ie n 'e n p a r lo n s p a s ! " " On rentre chez soi, on actionne l'interrupteur et il y a de la lumière, mais personne n’imagine ce qu’est l’électricité " : c’est le constat unanime d’un des ateliers tenus à Grenoble. Alors qu'un travail de grande ampleur a été effectué sur des sujets comme la sécurité routière, notamment à travers les grandes campagnes de communication annuelles, les participants constatent que l'énergie n’est pas encore perçue comme un enjeu sur lequel une action individuelle est possible. " Et les économies d'énergie sont perçues comme des contraintes qui, si elles sont appliquées, diminuent le confort de ceux qui les font " : c’est l’idée du pull-over à mettre plutôt que d’augmenter la température . A Grenoble, un installateur a d’ailleurs ajouté : " mes enfants sont les premiers à couper le robinet d'eau lorsqu'ils se lavent les dents mais ils laissent toutes les lumières allumées. Il suffirait de pas grand-chose pour leur donner ce réflexe ". L'éducation des nouvelles générations, dès le plus jeune âge, pour apprendre à mieux consommer l'énergie est ainsi reconnue comme indispensable. Le groupe de participants a par ailleurs souligné le fait qu’un enfant devrait apprendre la valeur de l'énergie aussi bien via le système éducatif que via le discours et les comportements de ses proches. Ainsi, " pourquoi ne pas créer un Arte de l’Energie qui permettrait d’apporter l’information vraie, celle des experts et non des publicitaires ? " a-t-il été proposé lors de l’EnerCamp d’Angers. Par ailleurs, le retour d’une expérience menée par une participante en région parisienne est apparue comme une bonne pratique potentiellement généralisable : " Dans le cadre de la copropriété dont je m’occupe, j’ai effectué un véritable travail de pédagogie pour expliquer concrètement les avantages des solutions d’efficacité énergétique, en termes de coût, de réduction sur la facture, etc. et le tout, sans faire appel à des arguments moraux. Cette démarche a fonctionné puisque les solutions ont été acceptées par les co-propriétaires ". Il semble donc nécessaire de communiquer sur les avantages et les intérêts concrets des solutions au service de l'efficacité énergétique, et notamment sur la réduction de la facture énergétique. Car, pour s'opérer à grande échelle, la transition énergétique doit s'appuyer sur un mouvement de grande ampleur où chacun contribue à la réduction de la demande.

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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2 . U n e é v i d e n c e p a r t a g é e p a r t o u s : " N o u s a v o n s b e s o in d 'u n c a d r e d 'a c t io n in c it a t if , a d a p t é a u x r é a lit é s d u t e r r a in "

a . " T r o u v o n s u n é q u il ib r e e n t r e r é g u la t io n , in c it a t io n e t s o u p le s s e " Dans toutes les discussions, les participants ont systématiquement évoqué le rôle central du cadre d’action politique. Par exemple, lors de l’EnerCamp de Grenoble, où il était évident que le cadre réglementaire " doit être la transposition législative d'une vision stratégique de l'Etat, claire et simple ". Selon l’avis général, ce cadre d’action doit être stable et lisible pour être efficace. Et tous s’accordent sur la nécessité de s’inscrire en rupture totale avec " les effets de mode qui influencent habituellement les réglementations " (EnerCamp d’Angoulême). Les différentes directions données, coup sur coup, dans le domaine du photovoltaïque ont notamment été citées comme emblématiques. Plus globalement, les participants soulignent une " tradition française de la complexité " ; celle-ci rend souvent " les mesures incompréhensibles pour le plus grand nombre et difficiles à appliquer pour les autres " (EnerCamp de Rueil-Malmaison). De plus, comme évoqué lors de l’EnerCamp de Nice, " la réglementation ne peut pas venir d'en haut et s'appliquer à l'échelon local sans prendre compte des spécificités et donc des besoins particuliers localement ". Ainsi, aux yeux des participants, il s’agit davantage de définir un cap et des grands axes qui donnent suffisamment de souplesse pour ne pas entraver le bon fonctionnement du marché. Un développeur de softwares présent à Rueil-Malmaison a souligné que " les méthodes anglo-saxonnes devraient nous inspirer dans la mise en œuvre de la transition énergétique : elles permettent d’intégrer des phases d’itérations, d’incrémentation et d’adaptation, tellement plus souples et efficaces que nos méthodes cartésiennes ". Dans le prolongement de cette idée, l'évaluation des politiques publiques dans le temps est un outil nécessaire permettant d'adapter la réglementation en fonction des résultats obtenus. Cette action publique plus pragmatique permettrait par ailleurs d’encourager la mutualisation des ressources au niveau local : " Même dans un quartier comme l’éco-vallée où toutes les entreprises sont engagées dans une démarche active de développement durable, il est encore trop complexe de mutualiser les ressources énergétiques parce que l’on se trouve dans un no-man’s land administratif " (EnerCamp de Nice).

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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Si les participants ont rappelé l’importance de l’échelon local, ils n’ont pas oublié que " la France ne devait pas chercher seule à répondre au défi énergétique qui lui est posé ", mais qu’en revanche, " si elle devait montrer l'exemple grâce à un cadre fort, elle ne pouvait pas négliger ses partenaires, notamment européens " (EnerCamp d’Angoulême).

b . " N o u s a v o n s b e s o in d 'u n c h e f d 'o r c h e s t r e p o u r p ilo t e r la t r a n s it io n é n e r g é t iq u e " Un des participants de l’EnerCamp de Grenoble, appuyé par son groupe, a regretté que l’on ait " bien souvent l’impression qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. " En ce sens, de nombreux participants aux EnerCamps ont émis le souhait que la politique française de transition énergétique soit pilotée par une instance disposant de pouvoirs réels et assurant la bonne mise en œuvre d’une véritable ambition nationale dans tous les domaines de la transition. " Si l’on avait un chef d’orchestre pour piloter la transition énergétique dans tous ses aspects, on pourrait au moins garantir un cadre d’action cohérent ". Les participants ont notamment souligné qu’elle devrait surtout pouvoir impulser une dynamique, s’assurer de la cohérence des actions menées localement avec la stratégie, contrôler la bonne application des mesures nationales, et assurer la pédagogie. Cette conviction s’appuie également sur des retours d’expérience et avis sur les dernières mesures réglementaires, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la RT 2012 : " Les attestations de prise en compte de la réglementation thermique, demandées au moment du dépôt de permis de construire et à l’achèvement des travaux, ne garantissent pas son respect. Le contrôle prévu après la livraison du bâtiment n’est pas sérieux ; on n’aura pas moyen de vérifier que la réglementation est bien appliquée " (EnerCamp d’Angers).

c . " I l f a u t s a n c t io n n e r c e u x q u i n e f o n t p a s d 'e f f o r t . . . E t e n m ê m e t e m p s r é c o m p e n s e r c e u x q u i e n f o n t ! " Beaucoup de discussions sur la régulation se sont concentrées sur la fiscalité, très largement perçue comme un des outils permettant d’accélérer la transition énergétique. Les participants ayant débattu de ce sujet ont également insisté sur le fait que pour être efficace, cette dernière devait être " simple, compréhensible, et cohérente avec celle des autres pays " (EnerCamp de Grenoble). Le sujet a véritablement polarisé les échanges, notamment sur la question de l’équilibre entre incitation et coercition. Comme le disait un participant de l’EnerCamp de Lyon, " la fiscalité doit à la fois permettre de récompenser les bonnes pratiques et l’exemplarité. En même temps, dissuader les citoyens ou les entreprises d’enfreindre les règles définies ". Au cours d’un atelier à Rueil-Malmaison, un blogueur a évoqué la théorie américaine des " Nudges1 ", politique ni interventionniste, ni dérégulatrice et qui permet un bénéfice collectif : " Dans un quartier, une plate-forme en ligne permettrait de voir la consommation de ses voisins, en fonction d'une moyenne du quartier, avec une représentation symbolique de type smiley qui pousserait, par pression sociale, à des comportements plus efficaces au plan énergétique ".

1 Nudge = litt. " petit coup de coude ", " de pouce ". Outils non contraignants, persuasifs, mais non intrusifs, pour influencer les choix individuels complexes

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Un élu présent lors de l’EnerCamp de Nice a enfin évoqué le fait que " la fiscalité devrait idéalement pouvoir accompagner un retour sur investissement suffisamment rapide pour favoriser la mise en place rapide de la gestion intelligente de l'énergie ". Néanmoins, le tarif de l’énergie est resté, à l’EnerCamp de Nice, une question en suspens. En effet, un atelier dédié au prix de l’énergie n’a pas permis de voir émerger un consensus sur la question de la nécessité ou non de l’augmenter. Un participant issu d’une entreprise privée y expliquait, en ce sens, " que l’augmentation du prix permettrait de forcer les changements de comportement ", quand un opposant lui objectait que cette augmentation " aggraverait la difficulté des ménages dont l’énergie est un poste déjà considérable tout comme le déficit de compétitivité français ". Par ailleurs, des voix se sont exprimées en faveur de la mise en place d’une taxe sur l’énergie, qui ait à la fois un effet dissuasif, et permette dans le même temps de rassembler des fonds afin de favoriser le développement de certaines solutions au service de l’efficacité énergétique.

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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3 . U n l e v i e r p e r ç u c o m m e in c o n t o u r n a b le : " u n e t e c h n o lo g ie a u s e r v ic e d e l 'h o m m e "

a . " A r r ê t o n s d e c r o i r e q u e t o u t d o i t e n c o r e ê t r e in v e n t é : le s s o l u t i o n s s o n t l à " Les nouvelles technologies de l'énergie (outils de mesure et pilotage, etc.) sont clairement identifiées par les participants comme le moyen pour réduire les consommations énergétiques, dès maintenant, sur le neuf comme l’ancien. " Le parc immobilier existant illustre bien la notion de passoire énergétique pour lequel les nouvelles technologies de l’énergie apportent des solutions concrètes et opérationnelles " (EnerCamp d’Angoulême). Lors d’un atelier à Lyon, il est ressorti qu’en apportant l'information utile, les nouvelles technologies permettraient de connaître les postes de consommation, d'en comprendre les excès, de repérer les incohérences et de piloter l’équilibre entre ressource et demande. " Avant toute chose, il y a l’information, car ce qui n’est pas mesuré n’existe pas " (EnerCamp d'Angoulême). En ce sens, elles sont un outil d'aide à la décision et à l'action. Soit pour agir au quotidien, grâce à des outils de mesure en temps réel. Soit en amont, grâce à des outils capables de prévoir les économies effectuées si l'utilisateur recourt à celles-ci. Un cas emblématique évoqué à Lyon : celui du " bâtiment tertiaire dont les 15 étages sont éclairés alors que les techniciennes de surface font le ménage à un seul niveau à la fois... ". Les nouvelles technologies offrent en effet la possibilité de rendre les bâtiments intelligents en leur apportant une part d'automatisation, que ce soit dans les bâtiments industriels et tertiaires, ou dans les bâtiments résidentiels. A Grenoble, un architecte a souligné l’importance de prendre en compte l'héritage, qu'il soit physique (les infrastructures dans lesquelles elles s'intègrent) ou comportemental. " C’est pourquoi il est indispensable de recourir à des nouvelles technologies auto-adaptatives comme pour les variateurs de vitesse " (EnerCamp d’Angers). " C’est comme pour les ABS dans les voitures qui sont aujourd’hui de série. Il faudrait rendre également systématiques ces nouvelles fonctionnalités dans les bâtiments " (EnerCamp de Nice).

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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Ce constat s’appuie en effet sur les limites du comportement humain et de sa bonne volonté : " La volonté seule des hommes est largement insuffisante, il faut passer par l'automatisation. Dans 10-20 ans, on fera tout par automatisme dans les éco conception " (EnerCamp de Lyon).

b . " O n p e u t d é v e lo p p e r t o u t e s le s t e c h n o lo g ie s q u e l 'o n v e u t , s i p e r s o n n e n e s a it le s u t i l is e r c e la n e s e r v ir a à r ie n " Les participants ont souvent tenu à rappeler – et cela en particulier à Lyon – que le rôle de l’homme reste central : " Ce sont les individus qui sont les seuls à pouvoir faire changer les choses. On peut développer toutes les technologies que l'on veut, si personne ne sait les utiliser, cela ne servira à rien ! ". Ils ont à ce titre soulevé l’importance de l’adaptation de la technologie qui, via internet et les appareils mobiles connectés, doit faciliter le dialogue " homme-machine ". Des applications mobiles lui permettent par exemple de gérer sa consommation à distance. " Il faudrait par exemple s’inspirer d’applications qui donnent l'information dont nous avons le plus besoin en temps réel, comme le ' quantified self ' (par exemple, les applications spécialement conçues pour permettre aux diabétiques de maîtriser leur taux d’insuline), que l’on pourrait développer de manière massive dans le domaine de la maîtrise de l’énergie " (EnerCamp de Lyon). Les participants n’ont par ailleurs jamais quitté leur point de vue d’utilisateurs, et ont tenu à rappeler que les technologies devraient toujours pouvoir fournir à l'utilisateur l’information de manière simple et intuitive - en l’occurrence sur leur consommation énergétique grâce à des unités de mesure concrètes (traduction en euros, ou en toute autre forme de mesure qui soit compréhensible par tous). Un parallèle a notamment été effectué avec la facture d’électricité qui reste trop complexe à comprendre : " Qui dans cette salle est aujourd’hui capable de comprendre à première vue sa facture d’électricité ? " (EnerCamp d’Angoulême). De la même manière, lors de l’EnerCamp de Rueil-Malmaison, une personne qui se heurtait à l’incompréhension de son fils a ainsi expliqué qu’il avait " développé un système de référentiel pour lui expliquer la consommation d'eau de sa douche en bouteilles d'eau. Depuis c’est lui le moteur de la famille ! ". En ce sens, un autre participant de cet EnerCamp a évoqué les solutions utilisées en Scandinavie qui permettent de symboliser le niveau de consommation énergétique des maisons à l’aide de tableaux très simples utilisant les codes couleur rouge, orange et vert. " Se dire que l'on veut changer sa manière de consommer, c'est une première étape que l'on peut franchir simplement. Mais faire en sorte de trouver les bonnes informations auprès de la personne adéquate, cela relève plus du vœu pieu aujourd'hui ! " (EnerCamp de Rueil-Malmaison). Les échanges ont en effet montré que l'appropriation passe par l'aide à la découverte et à l'utilisation. L'utilisateur devrait donc pouvoir trouver une information simple sur la disponibilité des solutions existantes, de même que les professionnels doivent pouvoir l'accompagner dans son utilisation, qui relève bien trop souvent " du parcours du combattant " lorsqu'il est novice dans le domaine. A Grenoble, un professionnel de la filière a ajouté que lorsque l’on " regarde la success story d’Apple, qui a largement contribué à l’engouement (ou plutôt à l’addiction !) du public pour les nouvelles technologies en utilisant intelligemment les codes du design et de l’ergonomie – même dans ses technologies elles-mêmes – on se dit que c’est ce qu’il faut pour que les solutions de gestion de l’énergie deviennent plus populaires ". Son exemple, corroboré par de nombreuses autres interventions, montre bien que les technologies devraient être développées selon un design et une ergonomie simple et compréhensible – alors que ces outils restent encore trop souvent peu attractifs.

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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En résumé, et de manière humoristique, certains ont rappelé qu’il ne faut pas oublier que " nous avons tous une GTB (gestion technique du bâtiment) en nous " (EnerCamp de Rueil-Malmaison), mais qu’il " faut faire en sorte que les gens puissent en prendre conscience et qu’on leur donne les clefs pour la maîtriser ".

c . " . . . s a u f q u 'e n F r a n c e n o u s p ê c h o n s b ie n t r o p s o u v e n t a u n iv e a u d e l ' in d u s t r ia l is a t io n d e s f r u its d e l a r e c h e r c h e " " Nous sommes à une période charnière, un nouveau ' siècle des lumières ', et pour que cette mutation se fasse correctement, il faut laisser libre court à la créativité qui est à la base de tout changement. Il faut créer le bouillonnement, encourager les idées, car toutes les idées pour accompagner le changement n’ont pas encore été trouvées " (EnerCamp d'Angers). Les participants ont tenu à saluer le fait que, comme dans tous les secteurs qui en dépendent, l'évolution technologique est rapide, mais que c’est la diffusion des fruits de cette dernière qui semble encore manquer. " Parce que contrairement aux idées reçues nous sommes très créatifs, mais nous devons admettre notre manque de sens pragmatique… Les américains sont beaucoup plus forts que nous dans cette mise sous incubateur, puis de taylorisation de leurs pépites technologiques ". D’autre part, ils se sont rejoints sur le fait que la traduction de la recherche en développement passait en partie par l'investissement et les choix stratégiques des pouvoirs publics, en ce qu’ils peuvent favoriser le développement de secteurs plutôt que d’autres. En revanche, ils ont également souligné que la mutualisation et la complémentarité des politiques et des financements, notamment au niveau européen, était nécessaire. Ce type de complémentarité des politiques permettrait de s’assurer que les pépinières d’idées, y compris si elles ne sont pas considérées comme stratégiques, trouveraient à une échelle plus large les fonds nécessaires à leur développement et à l’industrialisation de l’innovation. Enfin, faciliter la recherche et sa mise en application sont, aux yeux des participants, une des priorités à donner à la transition énergétique. D'une part, il s'agirait pour eux de simplifier " les démarches administratives qui semblent n’exister que pour freiner la recherche " (EnerCamp de Nice).

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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4 . U n e a t t e n t e d u p u b l i c : " u n É t a t e x e m p la ir e " , e t q u i " f a c il it e le s é c h a n g e s d e b o n n e s p r a t iq u e s "

a . " L 'É t a t d o it s 'a p p liq u e r à lu i - m ê m e le s m e s u r e s d e l 'e f f ic a c it é é n e r g é t iq u e " Dès l’EnerCamp de Grenoble, les participants se sont posé la question : " quel est l'intérêt de demander à quelqu'un de réduire sa consommation si, en passant devant un bâtiment la nuit, il voit que toutes les lumières sont allumées ? ". Ils ont ainsi noté, au fil des échanges, que " les mesures et actions demandées au grand public ne peuvent être suivies et appliquées si l'Etat qui les met en place ne se les applique pas d'abord à lui-même ". Aussi sont-ils convaincus que, pour favoriser le changement de comportement des acteurs et les inciter à agir, l'Etat doit être exemplaire en matière d'efficacité énergétique. Ils ont ajouté que cela devrait s'appliquer aux bâtiments existants comme aux nouvelles constructions commandées par l'Etat. Cela montrerait sa volonté d’améliorer l'efficacité énergétique de son parc immobilier. Par ailleurs, un ingénieur de bureau d’étude présent à Lyon a complété : " il faudrait même que les appels d'offres qui proviennent de l’Etat intègrent cette dimension ". Il est nécessaire, à leur sens, que les citoyens puissent voir et comprendre qu'à tous les échelons, l'Etat s'efforce de rendre ses bâtiments moins consommateurs d'énergie grâce aux nouvelles technologies de l'énergie. " Pourquoi ne pas utiliser des technologies qui permettent en plus de montrer, à travers des écrans, les économies réalisées ? " (EnerCamp de Lyon). D’ailleurs lors de l’EnerCamp de Rueil-Malmaison, un élu a ajouté que " cette exemplarité doit également s'appliquer aux représentants des pouvoirs publics qui devraient être sensibilisés aux comportements éco-citoyens ".

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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b . " L e s b o n n e s p r a t iq u e s is s u e s d u t e r r a in d o iv e n t p o u v o ir é m e r g e r " La gérante de la co-propriété de Rueil-Malmaison a ajouté que " le succès de son opération de pédagogie aurait pu être valorisée afin de permettre sa diffusion au moins à l’échelle de la ville, car les expériences positives doivent être valorisées et échangées à tous les échelons. " Cette discussion a permis de montrer concrètement la possibilité de réduire la consommation énergétique par l’échange : " des réseaux physiques et virtuels pourraient être développés. A travers ces réseaux, les solutions opérationnelles et éprouvées seraient connues du plus grand nombre et donc déployées plus largement. " (EnerCamp de Lyon). C’est la diffusion lente et naturelle de l’information qui fait germer l’envie du changement chez les utilisateurs et leur donne les clefs pour l’opérer. Un technicien de l’EnerCamp de Rueil-Malmaison a par ailleurs tenu à rappeler que " si l’internet régit aujourd’hui nos vies, il est passé par des phases de découvertes – son incroyable essor dans les années 2000 n’a d’abord été qu’une bulle, car les utilisateurs et le grand public n’étaient pas prêts. Il a fallu attendre encore quelques années pour que la révolution s’opère. " Tous se sont ainsi accordés à dire que le changement de paradigme se ferait lorsque les signaux seront suffisamment forts pour que le public puisse se l’approprier : " il faut commencer à une petite échelle, par de petites actions et non pas viser tout de suite une rupture radicale ". C’est le constat fait à Nice : des initiatives locales naissent des expérimentations positives dont les autres acteurs publics peuvent s’inspirer pour créer, au final, un effet de masse critique.

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C ha p it r e 1 . Constats et convictions issus des EnerCamps

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C ha p it r e 2 . 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique

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C h a p itre 2

12 propositions pour accélérer la tran sitio n énergétique en s’appuyant sur le levier de l ’efficacité énergétique

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C ha p it r e 2 . 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique

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P r é a m b u le L'ensemble des mesures proposées ci-dessous est issu des échanges et convictions débattus lors des EnerCamps. Schneider Electric a souhaité formaliser ces idées pour qu'elles soient prises en compte dans le projet de loi de programmation sur la transition énergétique, ou impulsées par la filière éco-électrique (entreprises et industriels impliqués sur toute la chaîne de valeur : concepteurs et fabricants de solutions, intégrateurs et installateurs de ces solutions, prestataires de services, etc.). Leur mise en œuvre relève d’une véritable urgence, car c’est aujourd’hui qu’il faut agir pour accélérer la transition énergétique dont nous avons besoin. C'est une sélection des idées les moins coûteuses et les plus faciles à implémenter que vous trouverez ci-dessous sous la forme de 12 propositions, qui concernent à la fois le secteur public et le secteur privé.

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C ha p it r e 2 . 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique

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1 . S im p lif ie r l 'a c c è s a u x é c o n o m ie s d 'é n e r g ie p a r le s u t i l is a t e u r s

P r o p o s it io n n ° 1 : S im p lif ie r e n c o r e la t e c h n o lo g ie p o u r r e n d r e le s u t i l is a t e u r s a c t e u r s d e l e u r c o n s o m m a t i o n Les individus exigent que le pilotage des énergies soit simple, ingénieux et accessible. C'est la technologie proposée par les acteurs de la filière qui doit se mettre au service de l'Homme et non pas l'inverse, en étant obéissante et en fournissant une information compréhensible par tous, pour voir, comprendre et agir.

P r o p o s it io n n ° 2 : C r é e r u n e p l a t e - f o r m e d ig it a le u n iq u e a f in d ’o p t im is e r t o u t e s le s d é m a r c h e s r e la t iv e s à u n p r o je t d e p e r f o r m a n c e é n e r g é t iq u e Accélérer la mise en œuvre des projets d’efficacité énergétique, sur tous les territoires, en faisant bénéficier les porteurs de projets de mesures incitatives, telles que la simplification des démarches administratives (notamment l’obtention des CEE), de recherche de financement et de demande de permis de construire, la mise en relation avec les acteurs de l’efficacité énergétique référencés par une institution indépendante qui veille au respect des principes de libre concurrence, la facilitation de la réalisation des travaux, etc.

P r o p o s it io n n ° 3 : A c c o m p a g n e r l e s c o l l e c t i v i t é s l o c a l e s e t t e r r it o r ia le s d a n s la m is e e n œ u v r e d e le u r d é m a r c h e d e p e r f o r m a n c e é n e r g é t iq u e Les collectivités territoriales ont besoin d’assistance et de conseil afin :

• d’opérer un diagnostic énergétique de leur parc existant ; • de rechercher le montage des financements ; • et éventuellement de coordonner la réalisation des travaux avec une entité tierce.

A terme, le secteur privé pourra réaliser ces missions. Mais, dans un premier temps, un acteur public en région aura la légitimité nécessaire auprès des collectivités.

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C ha p it r e 2 . 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique

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P r o p o s it io n n ° 4 : D a n s le s c r it è r e s d e s a p p e ls d ’o f f r e p u b lic s , m e t t r e e n e x e r g u e le c o û t t o t a l d e p o s s e s s io n , lo r s q u ’i l s ’a g it d e p r o je t s v is a n t la r é d u c t io n d e s c o n s o m m a t i o n s d ’é n e r g i e , e t l e v e r l e s f r e i n s ju r id iq u e s a u x m o n t a g e s in n o v a n t s e n la m a t iè r e ( C P E , C R E M , e t c .) Les donneurs d’ordre devront s'efforcer de raisonner en termes de coût total d’énergie sur l’ensemble de la tenue des projets. Les acteurs des collectivités pâtissent d'une trop grande ségrégation entre les investissements et les coûts de fonctionnement. Dans le cadre des marchés publics ayant trait à des actions d’efficacité énergétique des bâtiments publics, en particulier, il conviendrait donc de pouvoir déroger à l’article 10 du Code des Marchés publics : " La rémunération des prestations d'exploitation ou de maintenance ne peut en aucun cas contribuer au paiement de la construction ", afin de permettre le montage de ces projets.

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C ha p it r e 2 . 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique

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2 . F a ir e m o n t e r e n c o m p é t e n c e le s c o n s o m m a t e u r s e t la f i l iè r e

P r o p o s it io n n ° 5 : L a n c e r u n e c a m p a g n e d 'in f o r m a t io n n a t io n a le q u i m e t t e le c o n s o m m a t e u r e t t o u s le s a c t e u r s d e l ’e f f ic a c it é é n e r g é t iq u e a u c e n t r e d u d é b a t s u r la t r a n s it io n é n e r g é t iq u e Le public manque d’informations sur la transition énergétique. Une campagne publique doit être lancée pour parler simplement et concrètement de cette thématique en véhiculant les messages suivants : " l’individu en est l’acteur par ses usages et ses comportements, chez lui comme au travail ; il peut dès aujourd’hui agir pour vivre mieux tout en préservant son portefeuille et son environnement ; les solutions pour piloter les consommations existent, elles sont simples, efficaces et rentables dès 3 ans ; il est accompagné pour les mettre en œuvre par l’État, les régions, les filières professionnelles. " Cette démarche de pédagogie doit avoir un effet de masse critique. Pour atteindre cet objectif, la campagne doit être répétée dans le temps, et s’adresser à l’individu aussi bien dans son univers personnel que dans son univers professionnel.

P r o p o s it io n n ° 6 : R e n d r e p lu s a t t r a c t if s le s n o u v e a u x m é t ie r s d e l 'é n e r g ie a u p r è s d e s je u n e s e n v a lo r is a n t le s d é b o u c h é s o f f e r t s Les formations initiales pour les métiers de l'énergie doivent être davantage valorisées en mettant en perspective les débouchés et la pérennité des emplois. La montée en puissance de l’apprentissage est un levier majeur de cette valorisation.

P r o p o s it io n n ° 7 : A c c o m p a g n e r l e s p r o f e s s i o n n e l s e t l e s e n t r e p r i s e s v e r s le s n o u v e a u x m é t ie r s n é c e s s a ir e s à la t r a n s it io n é n e r g é t iq u e Avec la transition énergétique, et sous l’impulsion de la filière, des métiers vont se renouveler, d’autres vont émerger ; par exemple : Directeur de la stratégie énergétique, Gestionnaire d’énergie senior, Pilote technique, Conseiller, Spécialiste multi-énergies . Ces métiers permettront de répondre aux nouveaux besoins pérennes et durables liés au développement du marché de la gestion intelligente de l’énergie. La filière doit donc poursuivre et amplifier son action pour faire monter en compétence les professionnels sur les nouveaux métiers de l’énergie.

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3 . M e t t r e e n œ u v r e u n c a d r e r é g le m e n t a ir e in c it a t if

P r o p o s it io n n ° 8 : R e n d r e o b lig a t o ir e l ’a m é lio r a t io n d e la p e r f o r m a n c e é n e r g é t iq u e d e s b â t im e n t s t e r t ia ir e s s a n s p lu s a t t e n d r e Cette mesure vise à accélérer la mise en œuvre des travaux d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments tertiaires pour pouvoir les piloter via des solutions d’efficacité énergétique active. La réduction des coûts de fonctionnement des bâtiments financera les investissements nécessaires à leur réalisation. Cette mesure est prévue dans la loi depuis 2009 (Article L111-10-3 du Code de la construction et de l’habitation), pour rendre obligatoire cette amélioration d'ici 2020.

P r o p o s it io n n ° 9 : M e t t r e e n p la c e u n s y s t è m e d e s ig n a l t a r if a ir e p o u r r é c o m p e n s e r le s c o m p o r t e m e n t s v e r t u e u x, e t s a n c t io n n e r le g a s p il la g e é n e r g é t iq u e Le levier du signal prix, financier ou fiscal, est reconnu majoritairement comme l'un des outils les plus efficaces d'incitation ; il est l'outil adéquat pour permettre un changement de comportement significatif. Compte tenu des échecs successifs de la taxe carbone et l’intégration du bonus-malus dans la loi Brottes, le dispositif devra être pensé pour être compatible avec la Constitution.

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C ha p it r e 2 . 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique

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4 . U n a c t e u r p u b l i c e n g a g é

P r o p o s it io n n ° 1 0 : F a ir e a d o p t e r p a r 1 0 0 % d e s m a ir ie s e t d e s p r é f e c t u r e s u n e d é m a r c h e d e m a ît r is e d e le u r c o n s o m m a t io n é n e r g é t iq u e L'exemplarité des pouvoirs publics est attendue comme un symbole de leur implication. Cet engagement permet d’impulser une dynamique vertueuse et prouve aux citoyens que des solutions pour piloter leurs consommations sont faciles à mettre en place. Les collectivités disposent de la moitié du parc tertiaire et sont un acteur majeur de la transition : il s'agit donc de commencer par équiper et piloter intelligemment le premier des bâtiments publics à l'échelle locale pour être visible par tous, pour démontrer leur engagement dans une démarche responsable. Cette mesure devra également concerner les bâtiments des services déconcentrés de l’Etat. Pour que le coût financier et le temps d’implication ne soient pas un frein à la mise en œuvre, le niveau d'implication peut varier : du simple affichage des courbes de consommations corrigées du climat, à un pilotage en temps réel des consommations, en passant par une gestion environnementale complète et continue comme celle de l'ISO 50001 ou du Contrat de Performance Energétique.

P r o p o s it io n n ° 1 1 : M e t t r e e n p la c e u n C o m it é s t r a t é g iq u e d e l ’e f f ic a c it é é n e r g é t iq u e a v e c u n r e s p o n s a b le d e s c o n s o m m a t io n s é n e r g é t iq u e s d e l ’E t a t Le Comité stratégique des industries et des technologies de l’efficacité énergétique réunit les représentants de l’Etat et de la filière éco-électrique afin de poser le cadre stratégique global pour opérer la transition énergétique. Son rôle est de définir et de déployer la stratégie pour opérer la transition énergétique, d’assurer la cohérence entre les compétences des collectivités territoriales et sa propre politique, de contrôler les résultats des actions menées, de piloter les campagnes d’information. Le comité nomme en son sein un Responsable de la consommation énergétique globale de l’Etat chargé de réduire la consommation énergétique des bâtiments de l’administration centrale et des services déconcentrés de l’Etat et d’en assurer le suivi.

P r o p o s it io n n ° 1 2 : P i lo t e r la t r a n s it io n é n e r g é t iq u e s e lo n u n p r o c e s s u s d 'a m é lio r a t io n c o n t in u e p o u r s ’a d a p t e r e n p e rm a n e n c e à la r é a lit é d u t e r r a in e t a u x a v a n c é e s t e c h n o lo g iq u e s La transition énergétique est un sujet de longue haleine qui nécessite une approche pragmatique en fonction des réalités du terrain et des avancées technologiques. Il semble donc plus réaliste d'engager cette transformation suivant des cycles courts (3 ans). Dans chaque cycle, il s’agit de mesurer annuellement les progrès réalisés sous la forme d’un baromètre permettant de réadapter les actions à l’issue de la période.

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C ha p it r e 2 . 12 propositions pour accélérer la transition énergétique en s’appuyant sur le levier de l’efficacité énergétique

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Annexes

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Annexes

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Annexes

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L e s n o u v e a u x m é t ie r s d e la g e s t io n d e l 'é n e r g ie

Directeur de la stratégie énergétique Il a en charge la stratégie globale de l’entreprise sur le plan énergétique : quelles énergies utiliser ? Comment optimiser les consommations ? Comment valoriser les certifications ? Cette responsabilité est essentielle pour permettre une analyse permanente du comportement énergétique du groupe. Cette fonction est nouvelle aujourd’hui, comme l’était la fonction de Directeur du développement durable hier. Gestionnaire d'énergie senior Il assure la mise en place et le respect de la stratégie énergétique de l’entreprise. A cet effet, il pilote, supervise et met en place des plans d’actions préventives et correctives tant au niveau de la gestion de l’énergie d’un site que des comportements des usagers. Pi lote technique Il s’occupe de gérer le fonctionnement d’un process ou d’un bâtiment. Il pilote au quotidien des activités précises pour optimiser la performance de façon ciblée. Il est sous la responsabilité du gestionnaire d’énergie. Conseil ler Pour les sites de plus petite taille n'ayant pas de gestionnaire d'énergie ou de pilote technique, il faut des spécialistes externes pour les accompagner sur différents sujets, comme par exemple :

• l’analyse et l’amélioration de la performance énergétique du bâtiment et l’optimisation continue des consommations ;

• l’aide à la certification des bâtiments (ISO 50001 par exemple) ; • la sensibilisation et la formation régulière des utilisateurs ; • la conduite du changement.

Spécialiste multi-énergies Aujourd’hui, les compétences de la filière électrique sont distinctes de celles du génie climatique, et réciproquement. Pour tous les métiers du bâtiment (bureaux d’étude, metteurs en œuvre, exploitants), il est nécessaire de faire évoluer les spécialités pour leur donner cette double compétence.

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Annexes

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T a b le a u d e r é s u m é d e s E n e r C a m p s

V i l l e D a t e N o m b r e d e p a r t i c i p a n t s T h è m e s a b o r d é s

G r e n o b l e ( E y b e n s )

1 4 m a r s 2 0 1 3 6 6 • Appropriation par les usagers • Développement de la compétitivité du territoire français • Énergie : levier d’externalités positives pour le

développement durable • S’appuyer sur notre héritage pour préparer l’avenir

A n g e r s 2 7 m a r s 2 0 1 3 3 9 • Interdépendance de l’efficacité énergétique et de l’économie : le cadre législatif

• L’optimisation des systèmes de production de biens ou de services et de l’habitation

• Innovation créative et innovation comportementale N i c e ( C a r r o s ) 1 1 a v r i l 2 0 1 3 5 6 • Favoriser les processus de recherche et d’innovation

• Eduquer, former et informer pour mettre en œuvre le nouveau paradigme énergétique

• Actionner maintenant le levier de l’efficacité et de l’optimisation énergétique

• Développer une politique tarifaire et des mesures incitatives pour changer les comportements

A n g o u l ê m e 1 6 m a i 2 0 1 3 4 4 • La pédagogie et l’information réelle • L’accès à l’efficacité énergétique : complémentarité des

leviers du passif et de l’actif, promotion de la rentabilité des investissements et diffusion des bonnes pratiques

• Réglementation, cadre législatif et valorisation

L y o n ( S a i n t -P r i e s t )

2 3 m a i 2 0 1 3 5 5 • Donner envie, informer, sensibiliser les entreprises et les particuliers pour faire évoluer les usages

• Technologie : appropriation et conception • Encourager la convergence et les synergies entre les

différents acteurs de la filière au profit de l’utilisateur • Ressources limitées et illimitées : quelles sont les limites de la

planète ?

P a r i s ( R u e i l -M a l m a i s o n )

2 9 m a i 2 0 1 3 4 3 • Comment modifier l'image des économies d'énergie ? • Quelle conduite du changement ? • Accompagnement, formation et solutions

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Annexes

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C o m p t e s - r e n d u s d e s E n e r C a m p s

E n e r C a m p d e G r e n o b l e ( E y b e n s ) – 1 4 m a r s 2 0 1 3 A t e l i e r 1 : " L ’ a p p r o p r i a t i o n p a r l e s u s a g e r s d e l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e c o m m e l e v i e r m a j e u r d e l a t r a n s i t i o n é n e r g é t i q u e " Le groupe a insisté pour recentrer le débat sur le levier de l’efficacité énergétique, dont les retours d’expérience montrent qu’il fonctionne d’ores et déjà sur le terrain. Une première partie des discussions a permis de constater que les solutions techniques sont là. Cependant, celles-ci sont trop décorrélées des usagers et insuffisamment conçues pour pouvoir être correctement appropriées. Dans ce cadre, la question critique est : comment créer de l’appétence ? Et le pendant de cette question est : comment évaluer l’appropriation des solutions et cadres d’action proposés en se donnant la capacité de revenir en arrière ? La deuxième partie du débat a porté sur les retours de bonnes pratiques au niveau de la région comme dans d’autres territoires (expérimentation de RTE en Bretagne, collectif de copropriétaires, concours de l’Ademe des familles à énergie positive, etc.). Cela a permis de mettre en évidence le fait que les solutions collectives donnent les meilleurs résultats. La nécessité de ne pas automatiser les solutions fait également l’objet d’un constat unanime : trop automatiser deviendrait à terme contre-productif et déresponsabilise les usagers. La troisième partie du débat s’est concentrée sur les solutions à mettre en œuvre qui ont ensuite été présentées par le porte-parole de l’atelier. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Faire de la pédagogie auprès des individus et des organisations publiques comme privées en utilisant les canaux des écoles, des familles, de l’enseignement supérieur, etc.

2. Utiliser les nouvelles technologies pour informer et préserver la liberté d’action des usagers afin de garantir l’efficacité des solutions : passer du concept de bâtiment intelligent à celle de bâtiment obéissant.

3. Valoriser l’effort individuel dans un résultat collectif qui constitue un véritable réseau social physique. Cela induit de passer de la notion de malus à celle de bonus afin de générer un véritable cercle vertueux.

4. Encourager l’évaluation des outils, des pratiques et des décisions politiques en utilisant pour cela les réseaux sociaux virtuels, notamment pour partager les bons comme les mauvais retours d’expérience.

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R a p p o r t E n e r C a m p s - J u i n 2 0 1 3 I 3 1

A t e l i e r 2 : " D é v e l o p p e r l a c o m p é t i t i v i t é d u t e r r i t o i r e f r a n ç a i s e n f a i s a n t d e l a g e s t i o n i n t e l l i g e n t e d e l ’ é n e r g i e u n s e c t e u r s t r a t é g i q u e " Cet atelier a débuté sur un constat. Celui de la montée de la précarité énergétique. Mais il manque un cadre politique volontariste pour permettre de dynamiser la filière de la gestion intelligente de l’énergie, vecteur d’un meilleur partage de l’énergie. Les participants ont insisté sur la nécessité de s’affranchir des dogmes établis en matière énergétique. Cela permettrait de qualifier objectivement les postes réels d’économies d’énergie dans ce cadre politique. Ils ont également insisté sur la stabilité du cadre réglementaire en s’appuyant sur l’exemple du photovoltaïque, pénalisé par trop de retours en arrière. Face au coût croissant de l’énergie, un changement de modèle économique doit s’opérer et des incitations doivent être mises en œuvre pour valoriser la non consommation d’énergie. Au-delà du soutien public, les promesses de retour sur investissement sont tellement " inestimables " que, si on en fait bien la pédagogie, elles peuvent pousser toutes les parties prenantes à s’engager dans l’efficacité énergétique. Enfin, ces incitations doivent être pensées dans un système où la mutualisation des ressources et des équipements entre acteurs privés et publics est encouragée. La diffusion des expériences est également un levier majeur, selon les participants. Il faut essaimer les pratiques locales, nationales, européennes et internationales comme, par exemple, le Contrat de Performance Énergétique de la ville de Domène. Le dernier levier à actionner est la formation. Les compétences ne sont pas encore suffisamment au rendez-vous et nécessitent d’inventer un modèle complémentaire public / privé, crucial si on veut être compétitifs et créer des emplois durables. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Mettre en œuvre un cadre politique volontariste et stable qui encourage la gestion intelligente de l’énergie. 2. Encourager les mutualisations pour mieux partager cette ressource. 3. Faire la pédagogie de la gestion intelligente de l’énergie pour " faire savoir " que les solutions existent pour moins

consommer. 4. Créer un réseau d’échange de bonnes pratiques locales, régionales, nationales, européennes et internationales. 5. Accélérer la formation des acteurs de l’efficacité énergétique.

A t e l i e r 3 : " F a i r e d e l ’ é n e r g i e u n l e v i e r d ’ e x t e r n a l i t é s p o s i t i v e s p o u r l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e " Les participants à cet atelier sont d’abord revenus sur la perception de l’énergie et de son utilité sociétale : a-t-on besoin de toute cette énergie pour vivre ? Jusqu’à quel point cesse t-elle d’être une nécessité pour devenir superflue ? Pourquoi énergie et consommation sont perçues comme nocives alors que ce n’est pas forcément le cas ? Il se sont ensuite interrogés sur la contradiction apparente entre énergie et développement durable : si les ressources naturelles (soleil, vent, eau, etc.) sont inépuisables et représentent un potentiel énorme, pourquoi économiser l’énergie ? Après cette remise en cause des fondamentaux du débat, les participants se sont ensuite attachés à rappeler qu’il n’y a pas de civilisation sans énergie et à définir comment l’énergie peut maintenant être un levier de développement durable. L’énergie génère des externalités positives au plan sociétal (valeurs d’usages et fonctionnalités, emplois locaux, développement de l’économie, réduction des inégalités, meilleure partage des ressources, etc.) et environnemental, participant d’un véritable changement de modèle. Les participants ont souligné deux barrières majeures à la mise en œuvre d’un système énergétique à externalités positives : l’éducation et la fiscalité. En matière d’éducation, il s’agit de redonner de la valeur à l’énergie en créant une prise de conscience. Si en matière de fiscalité, le schéma fonctionne en théorie sa mise en œuvre pratique est " catastrophique " car les mesures sont trop complexes même si tout le monde s’accorde à dire que les taxes sont nécessaires.

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P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l : 1. Eduquer les nouvelles générations pour changer les habitudes et influencer les comportements. 2. Responsabiliser et donner la possibilité d’agir grâce sur ce que l’on consomme grâce à des outils de mesure et de

contrôle. 3. Développer l’outil fiscal pour pousser la transformation des comportements.

A t e l i e r 4 : " S ’ a p p u y e r s u r n o t r e h é r i t a g e p o u r p r é p a r e r l ’ a v e n i r é n e r g é t i q u e " Les participants ont commencé par souligner l’importance des valeurs de respect (respect de l’environnement, respect des personnes, etc.) et de solidarité, sur lesquelles cette discussion doit s’appuyer. Ils ont ensuite débattu de l’échelle d’action, considérant que si l’on peut poser une ambition au niveau mondial, c’est d’abord à l’échelle locale qu’il faut réfléchir à l’avenir. Les participants se sont accordés à dire qu’une loi de programmation issue du haut ne serait pas efficace par rapport à cet enjeu. Une meilleure connaissance des besoins à l’échelle locale et du poids des héritages est ainsi nécessaire. La ville de demain est en effet basée sur la compréhension de la ville d’aujourd’hui : ses infrastructures, son héritage patrimonial mais surtout les comportements de ses usagers qui, eux, " évoluent plus vite que le bâtiment ". Dans la foulée, les participants à l’atelier ont mis l’accent sur la notion de qualité de vie dans la ville de demain et sur la question de faire vivre une population plus nombreuse dans des espaces de plus en plus restreints. La dernière partie du débat a tourné autour de la nécessité de garder le contrôle sur les nouvelles technologies. En effet, si celles-ci peuvent permettre de " consommer moins, consommer mieux ", il n’en demeure pas moins que le développement de la technique doit prendre en compte les besoins des personnes et leurs spécificités. Pour conclure, le groupe s’est interrogé sur le débat de la transition énergétique : faut-il la mener en douceur ou bien la brusquer compte tenu de notre retard ? P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Prendre en compte la dimension " utilisateur " ainsi que ses besoins dans le développement des nouvelles technologies de l’énergie pour garder la maîtrise des outils et ne pas en être prisonnier.

2. Adapter la réglementation aux besoins et aux spécificités locaux et non développer une réglementation générale descendante.

3. Prendre en compte l’héritage, notamment celui des comportements, dans la mise en œuvre des solutions de gestion intelligente de l’énergie à l’échelle locale.

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E n e r C a m p d ’ A n g e r s – 2 7 m a r s 2 0 1 3 A t e l i e r 1 : " I n t e r d é p e n d a n c e d e l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e e t é c o n o m i q u e : l e c a d r e l é g i s l a t i f " Le groupe a commencé par un constat : la consommation d’énergie mondiale explose, alors que les ressources se raréfient. Le prix des énergies ne va cesser d’augmenter dans les années à venir, mais est-elle vraiment assez chère pour accélérer le changement ? Tous les participants se sont ensuite accordés sur un point : le cadre législatif existe, la volonté politique est réelle. Mais le seul levier est le prix du kWh, alors que le cadre juridique issu du Grenelle émanait d’une demande sociale. Pour autant, la réglementation tend vers plus d’obligations de mesure des consommations énergétiques, jusque dans le résidentiel. Le groupe a ensuite noté l’inadaptation du cadre juridique aux petites structures (PME/PMI) qui n’ont pas assez bénéficié du CPE (Contrat de Performance Energétique) et où le poste énergétique est souvent un poste de frais généraux géré par la comptabilité. Le premier problème est donc la gestion en amont de l’énergie, et surtout le manque d’accompagnement des petites structures. Il faut aujourd’hui faciliter la mise en place des CPE et des PPP (Partenariats Public-Privé) au niveau local. Par ailleurs, les façons de produire de l’énergie ont éclaté : chacun peut être producteur, ce qui implique d’améliorer les structures de ces nouveaux réseaux, en impliquant une nouvelle donnée : la qualité de l’énergie. Le groupe a ensuite insisté sur la nécessité d’installer des technologies d’assistance à la mesure de la consommation pour permettre sa maîtrise (notamment des indicateurs de consommation chiffrés en euros) : les mesures sont en place mais pas la prise de conscience au sens large, d’où le besoin d’un cadre législatif. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Aller plus loin dans les contraintes/incitations normatives avec un cadre législatif renforcé, mais avant tout plus simple et plus efficace.

2. Conscientiser l’impact économique via une présence systématique et pérenne de systèmes intelligents de mesure en temps réel des consommations avec traduction monétaire des seuils.

3. Améliorer la mutualisation des moyens par métiers et par énergie pour regrouper le potentiel d’achat. 4. Engager une rénovation en matière d’efficacité énergétique du parc ancien, avec la mise en place d’un objectif

planifié et un retour économique financier assuré. A t e l i e r 2 : " O p t i m i s a t i o n d e s s y s t è m e s d e p r o d u c t i o n d e b i e n s o u d e s e r v i c e s e t d e l ’ h a b i t a t i o n " Une première partie de la discussion a porté sur les étapes nécessaires au contrôle intelligent de l’énergie : comprendre les besoins, mesurer la consommation, analyser les données et disposer d’indicateurs simplifiés compréhensibles par tous et indiquant le gain issu d’un changement de comportement (en confort, en euro, etc.). Les participants ont ensuite souhaité discuter de la vérification des actions menées dans le cadre défini par la loi (notamment avec la RT 2012) car celle-ci est aujourd’hui trop administrative et devrait passer davantage par la mesure des changements effectifs (par exemple via la photographie thermique d’un bâtiment). Le groupe a ensuite débattu de la barrière technologique relative aux systèmes intelligents qui, s’ils sont indispensables, ne sont pas autosuffisants (dimension humaine nécessaire). Cela peut passer par la simplification de ces systèmes (notamment grâce à internet et aux appareils mobiles connectés), le développement de technologies auto-adaptatives (à l’image des variateurs de vitesse), et l’accompagnement des utilisateurs.

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Le groupe a enfin insisté sur l’adaptation de la filière à travers, d’une part, de nouvelles formations et de nouveaux métiers et, d’autre part, l’adaptation des formations existantes et l’accompagnement des professionnels dans l’enrichissement de leurs compétences. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Rendre les indicateurs de consommation suffisamment lisibles par les utilisateurs, notamment grâce à une indication du gain issu d’un changement de comportement (confort, euros, etc.).

2. Se fixer des objectifs de performance qualitatifs et/ou quantitatifs pour engager l’action. 3. Améliorer l’adaptabilité des technologies au niveau de compétence de ses utilisateurs et le dialogue

homme/machine pour en simplifier l’usage et démystifier ces technologies. 4. Adapter la filière aux évolutions technologiques en créant de nouveaux métiers et en adaptant les formations et

compétences existantes. 5. Accompagner l’utilisateur dans l’utilisation de ces nouvelles technologies pour en faciliter l’utilisation et

l’appropriation. A t e l i e r 3 : " I n n o v a t i o n c r é a t i v e e t i n n o v a t i o n c o m p o r t e m e n t a l e " Le groupe a débuté par un constat : nous parlons de transition énergétique, nous sommes à une période charnière, un nouveau " siècle des lumières " et pour que cette mutation, se fasse correctement il faut laisser libre court à la créativité qui est à la base de tout changement. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous sont bridés. Il faut créer le bouillonnement, encourager les idées car toutes les idées pour accompagner le changement n’ont pas encore été trouvées. Ce besoin d’innovation pour construire et accompagner cette transition doit faire face à des freins très puissants : les groupes de pression et une règlementation trop stricte. Pour ne pas brider la créativité, il faut plus de liberté et redéfinir le cadre. La transition énergétique passera par une évolution des comportements aussi bien par les échanges de bonnes pratiques, les initiatives locales, les formations, les soutiens financiers, la responsabilisation de chacun, et la valorisation de la créativité de l’innovation. Le groupe a également insisté sur l’aspect local et plus particulièrement le rôle des PME-PMI. Les PME-PMI représentent une grande part de notre système économique, elles sont malheureusement trop souvent mises de côté au profit des grands groupes, hors l’innovation, les bonnes pratiques, la créativité viennent souvent d’initiatives locales de PME-PMI vertueuses. Il est donc primordial d’encourager la recherche et l’innovation de ces entreprises. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Elargir le cadre règlementaire pour encourager la créativité, notamment en dépassant les lobbies et en sortant l’énergie des contraintes politiques.

2. Favoriser les initiatives locales, encourager les PME- PMI, notamment à travers la co-construction, l’économie circulaire et la mutualisation des besoins.

3. Professionnaliser les formations, créer des pôles d’excellence et encourager le changement en intégrant la notion de transition énergétique dans l’éducation.

4. Agir maintenant pour demain en soutenant les investissements à court terme pour réaliser des économies à long terme.

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E n e r C a m p d e N i c e ( C a r r o s ) – 1 1 a v r i l 2 0 1 3 A t e l i e r 1 : " F a v o r i s e r l e s p r o c e s s u s d e r e c h e r c h e e t d ’ i n n o v a t i o n p o u r a c c é l é r e r l a t r a n s i t i o n é n e r g é t i q u e " Les participants à cet atelier ont commencé par constater la nécessité d’avancer, dans le même temps, sur deux piliers distincts mais complémentaires – et même interdépendants :

• La recherche fondamentale : investir intelligemment pour encourager le développement de solutions nouvelles ; • La recherche appliquée et l’innovation : capitaliser sur les connaissances acquises pour permettre l’innovation

concrète, à savoir l’industrialisation des fruits de la recherche. Le groupe s’est entendu sur la nécessité d’opérer des choix stratégiques en matière de recherche sans pour autant délaisser des pépinières d’idées. Mais pour obtenir ce subtil équilibre, sans que cela représente un coût qui n’est pas soutenable aujourd’hui, il faut pouvoir se reposer aussi sur un niveau plus global – et notamment celui de l’Union Européenne – qui permet de compléter efficacement les politiques nationales. Favoriser la mutualisation des ressources et des idées pour irriguer les différents projets permet également de ne pas se priver d’autres sources d’innovation et de maximiser les résultats. Certains participants ont insisté sur l’importance de simplifier les démarches administratives relatives à l’attribution et l’obtention des financements pour les chercheurs. Il faut enfin, pour tout le groupe, favoriser la créativité, à la fois dans le système éducatif et universitaire, mais aussi dans la société : c’est le fait de remettre l’idée de plaisir à la création et à l’innovation au cœur du dispositif, en favorisant le développement de méthodes participatives. Le sujet du stockage de l’énergie a permis d’illustrer, tout au long de l’atelier, ces discussions sur la recherche fondamentale et appliquée. Parallèlement, le cas des bâtiments pour lesquels les solutions existent est venu concrétiser la problématique de l’industrialisation des innovations. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Simplifier les systèmes de financement de la recherche afin de permettre aux chercheurs de se focaliser sur leurs travaux.

2. Accompagner l’industrialisation des innovations dans le domaine de l’énergie. 3. Favoriser la mutualisation et jouer la complémentarité des politiques et des financements au niveau régional,

national, européen et global. 4. Eduquer et former à l’innovation et à la créativité dans la société comme dans le système éducatif via par exemple

des serious games, un véritable management de l’innovation, etc. A t e l i e r 2 : " E d u q u e r , f o r m e r e t i n f o r m e r p o u r m e t t r e e n œ u v r e l e n o u v ea u p a r a d i g m e é n e r g é t i q u e " Le groupe a insisté pour centrer le débat sur la formation aux enjeux de la consommation énergétique des jeunes générations qui représentent la société future. Le groupe à également fortement débattu sur le besoin de mettre en place une information claire sur l’orientation, auprès des étudiants à partir du collège ; ils ont insisté notamment sur la valorisation des débouchés à l’issue des filières techniques énergétiques, afin de les orienter vers des métiers parfois peu considérés ou connus. Il s’est également focalisé sur la volonté de redéfinir la filière de l’efficacité énergétique afin d’adapter les formations initiales et continues aux enjeux industriels et économiques actuels.

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Les intervenants ont finalement exprimé leur souhait de favoriser les échanges entre le secteur privé et l’éducation nationale. Enfin, la discussion s’est conclue sur la nécessité de rendre tangible la dépense énergétique en information notamment sur la consommation des bâtiments et, en premier lieu, celle des bâtiments publics. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge à mieux consommer grâce à la mise en place d’enseignements spécifiques ainsi que par l’apprentissage de gestes concrets au quotidien.

2. Revaloriser les filières techniques en informant les jeunes de manière transparente sur les besoins et débouchés réels des filières en rapport avec l’efficacité énergétique. Communiquer sur la mesure de la consommation des bâtiments et rendre obligatoire l’affichage de celle-ci, notamment dans les bâtiments publics.

3. Rendre les autorités publiques exemplaires en matière d’usages et de consommations énergétiques. A t e l i e r 3 : " A c t i o n n e r m a i n t e n a n t l e l e v i e r d e l ’ e f f i c a c i t é e t d e l ’ o p t i m i s a t i o n é n e r g é t i q u e " Les participants ont commencé par évoquer le lien entre l’utilisateur et les technologies : l’utilisateur est au centre même si le groupe s’est accordé à reconnaître que tout faire reposer sur " sa seule volonté " ne suffit pas. Dès lors, la technologie doit être pensée pour aider l’utilisateur à mieux comprendre et à agir, voire à le faire à son insu de manière automatisée. Ensuite, le groupe a insisté sur le fait que la maîtrise de l’énergie est déjà opérationnelle et que l’on peut la mettre en œuvre dès aujourd’hui. Il a également, à ce sujet, évoqué la question du retour sur investissement et celui-ci doit être suffisamment rapide pour pouvoir favoriser la mise en place de la maîtrise intelligente de l’énergie. Dans un troisième temps, les participants se sont accordés à dire qu’il est nécessaire de sensibiliser les utilisateurs grâce à des indicateurs et à un monitoring intelligent, fournissant de l’information qualifiée pour l’aider à comprendre et à prendre des décisions. Puis, ils ont également insisté sur le besoin d’adopter une vision stratégique globale, de développer des mesures incitatives - fiscales ou tarifaires – mais également de mettre en place des mesures très concrètes, à l’échelle d’un bâtiment voire à une plus petite échelle, pour favoriser les petites actions concrètes. Enfin, le dernier point du débat a porté sur l’exemplarité (pouvoirs publics, industries, etc.) pour montrer l’exemple et initier le mouvement. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Sensibiliser l’utilisateur et lui donner les moyens de savoir ce qu’il fait ou ce qu’il pourrait gagner en optimisant sa consommation énergétique, notamment au travers d’indicateurs qui fournissent l’information sur la consommation, la retraduisent (en euros, en arbres sauvegardés, etc.) ou permettent de la simuler simplement.

2. Intégrer systématiquement les technologies au service de l’efficacité énergétique (capteurs, etc.) en encourageant les industriels à les intégrer automatiquement dans tous les équipements et bâtiments.

3. Développer une réglementation adaptée et incitative pour favoriser la mise en place des solutions au service de l’efficacité énergétique.

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A t e l i e r 4 : " D é v e l o p p e r u n e p o l i t i q u e t a r i f a i r e e t d e s m e s u r e s i n c i t a t i v e s p o u r c h a n g e r l e s c o m p o r t e m e n t s " De nombreux participants à cet atelier étaient des acteurs privés dont les activités concernaient soit la production – notamment d’énergies renouvelables ou encore issues des filières de revalorisation énergétique - soit l’efficacité énergétique notamment dans le bâtiment ou à l’échelle d’éco-quartier. Les participants ont exprimé des positions divergentes sur la nécessité ou pas d’augmenter le prix de l’énergie. Certains sont tenants d’une augmentation nécessaire du prix de l’énergie pour opérer des changements de comportements, mais aussi pour dégager des ressources afin de développer d’autres solutions et rendre attractives les mesures d’efficacité énergétique ainsi que les énergies nouvelles. D’autres, au contraire, se plaçant du point de vue du citoyen ou des acteurs industriels, ont exprimé la nécessité de maintenir l’avantage compétitif français et de ne pas accroître la charge du budget énergétique des particuliers, tout en incitant à de meilleurs comportements. Des voix se sont du reste exprimées en faveur de mesures incitatives et pour la mise en œuvre de mesures réglementaires qui encouragent un meilleur partage de l’énergie et des ressources. Une autre partie des discussions a enfin porté sur la nécessité de penser le cadre d’action d’une manière plus globale et cohérente. Les décisions publiques ad hoc ont eu des conséquences parfois contre-productives. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Mettre en place une politique tarifaire cohérente, inscrite dans la durée. 2. Développer des mesures d’incitation – de type bonus/malus ou autres. 3. Penser la politique tarifaire et énergétique en harmonie avec les mesures mises en place dans les autres pays. 4. Préparer le cadre réglementaire permettant l’utilisation mutualisée des ressources énergétiques.

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E n e r C a m p d ’ A n g o u l ê m e – 1 6 m a i 2 0 1 3 A t e l i e r 1 : " L a p é d a g o g i e e t l ’ i n f o r m a t i o n r é e l l e s o n t i n d i s p e n s a b l e s p o u r o p é r e r l a t r a n s i t i o n é n e r g é t i q u e " Le groupe a d’abord insisté sur le fait que les solutions technologiques pour opérer la transition énergétique existent déjà, pour ensuite évoquer les actions à mettre en œuvre afin d’en faciliter l’usage, tout en insistant sur la difficulté de changer les comportements. Mais une large partie des échanges a porté sur la problématique de l’appropriation de la technologie. Celle-ci se confronte à la méconnaissance des utilisateurs et des professionnels de la filière, d’où la nécessité de former ces deux types d’acteurs de manière cohérente pour en assurer la compréhension. Le groupe a ainsi insisté sur le besoin d’adapter la formation des professionnels pour l’adapter aux nouvelles solutions d’efficacité énergétique (formation initiale et continue) comme du public dès le plus jeune âge (montrer aux enfants, former le corps enseignant à ces enjeux). Outre la formation en tant que telle, apporter l’information aux utilisateurs par la communication est crucial pour sensibiliser le public et s’assurer qu’il puisse juger de la pertinence de ces technologies. Pour cela, il faut, d’une part, apporter l’information utile à la compréhension des enjeux énergétiques par des experts et non uniquement les médias ou la publicité dont le discours peut-être contre-productif. Et ce, pour permettre de développer une culture réflexe de l’économie d’énergie (à l’instar de l’économie d’eau). Mais également l’information nécessaire à la banalisation de ces solutions pour en faire comprendre les avantages et les démystifier (indicateurs de consommation en €, comparaison de consommation réelle, pédagogie, etc). D’autre part, diffuser les bonnes pratiques pour engager un processus d’apprentissage collectif. Les participants ont enfin insisté sur l’exemplarité des acteurs (collectivités locales, industries) et sur le besoin de recourir aux nouvelles technologies pour sensibiliser les individus (internet, mobile). P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Fournir des outils offrant l’information de consommation réelle des appareils (indicateurs concrets) pour engager la modification des comportements.

2. Communiquer auprès du grand public sur les enjeux réels liés à l’énergie et sur les possibilités d’action, notamment grâce aux nouvelles technologies (mobile, internet).

3. Recourir à l’enseignement, qu’il s’agisse d’adapter la formation de la filière aux nouvelles solutions (formation initiale et continue), ou de former les individus dès le plus jeune âge à l’école.

4. Diffuser les bonnes pratiques afin de montrer que les solutions assurant la transition énergétique existent. 5. Obliger les fournisseurs d’énergie et les fabricants d’appareils à apporter l’information juste sur la consommation

énergétique et développer une méthode de certification de cette information.

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A t e l i e r 2 : " L ’ a c c è s à l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e : c o m p l é m e n t a r i t é d e s l e v i e r s d u p a s s i f e t d e l ’ a c t i f , p r o m o t i o n d e l a r e n t a b i l i t é d e s i n v e s t i s s e m e n t s e t d i f f u s i o n d e s b o n n e s p r a t i q u e s " Le deuxième atelier a commencé par souligner l’importance de la rénovation des bâtiments existants (efficacité énergétique passive). Il a souligné la résonnance que cette notion pouvait avoir en Charente, dont le parc extrêmement vieillissant illustre l’image de " passoire énergétique " (cf. carte de France thermographique) - même si cela vaut sur tout le territoire. Pourtant, les moyens d’action simples et peu onéreux pour réaliser d’importantes économies d’énergie existent ; certaines initiatives locales devraient pouvoir être déployées au niveau national. Les participants ont ensuite souligné la nécessité d’encourager le deuxième pilier de l’efficacité énergétique, celui de l’actif, qui passe par la mise en place de solutions utilisant les nouvelles technologies. En rendant l’information disponible et en permettant de contrôler les appareillages énergivores, ces solutions permettent de réduire fortement les dépenses énergétiques des bâtiments. Comme dans le passif, des mesures simples et peu onéreuses par rapport au retour sur investissement sont déjà à la disposition des citoyens et des professionnels. Le groupe s’est par ailleurs accordé sur la complémentarité des deux leviers de l'efficacité énergétique que sont le passif et l'actif. Tous deux dépendent également d’une phase cruciale de chiffrage et de contrôle, car " ce qui n’est pas mesuré n’existe pas " : cela passe par des bilans (prise de conscience des dépenses vs. économies possibles), de la visibilité en temps réel, etc. Toutes ces mesures permettant d’atteindre l’efficacité énergétique des bâtiments sont valables aussi bien pour le tertiaire que pour les secteurs industriels ou le parc de bâtiments du service public : la démarche doit être holistique. Les participants sont enfin tombés d’accord sur le fait que ces deux volets d’action reposaient en majorité sur des bonnes pratiques, et qu’il était nécessaire de diffuser ces dernières via des experts et prescripteurs indépendants. C’est le rôle de l’Etat et des collectivités locales, qui doivent pouvoir s’emparer de ces sujets en toute objectivité, en évitant les effets de mode et les faux débats, et qui ont toute légitimité auprès du public et des professionnels. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Charger les administrations de faire connaître les bonnes pratiques. 2. Désigner un organisme centralisant les subventions des différentes entités administratives, qui avancerait ces

crédits de manière immédiate, afin que les particuliers comme les entreprises n’aient pas à s’endetter initialement. 3. Investir de manière simple à la fois dans la rénovation du parc existant, comme dans le pilier actif pour réaliser des

économies significatives. 4. Donner aux citoyens les moyens d’établir des bilans et de contrôler les dépenses énergétiques de leurs bâtiments

pour les responsabiliser et engager une prise de conscience. A t e l i e r 3 : " C o n s o m m e r m i e u x , c o n s o m m e r m o i n s : r é g l e m e n t a t i o n , c a d r e l é g i s l a t i f e t v a l o r i s a t i o n " Tous les participants se sont mis d’accord sur le fait que le cadre législatif est là, et va dans le bon sens, mais devrait être amendé sur plusieurs points, que ce soit sur le volet coercitif ou incitatif. Par ailleurs, les participants se sont accordés à dire que si la réglementation est déjà en place, elle se doit d’être avant tout applicable au niveau local, d’imposer l’optimisation, et toute action doit obligatoirement avoir comme l’un de ses objectifs premiers la création d’emplois. Ils ont évoqué les 30 projets de méthanisations qui ont été acceptés et sont en cours en région Poitou Charentes. Certaines sociétés font également de la micro méthanisation, ou encore travaillent sur les produits bio-sourcés (tels que la fibre de lin).

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Le groupe a constaté qu’en France, la réglementation est insuffisante principalement sur le volet économique, et n’a pas pris toute la mesure des possibilités de valorisation de l’écologie durable. Il faut, selon eux, optimiser l’incitation fiscale, insuffisante aujourd’hui, tant pour les particuliers qui n’ont pas assez d’aides, que pour les industriels qui eux recherchent avant tout un retour sur investissement. Ensuite, les participants ont discuté de favoriser l'innovation et la recherche grâce à une réglementation et un cadre législatif adaptés, et ce, afin d’éviter l’importation de matière premières ou l’exportation de déchets recyclables. Enfin, le groupe est revenu sur les clivages politiques et notamment sur le sujet de la taxe carbone (UMP) et de la Contribution Energie (PS) élargie aux autres énergies. La taxe carbone est en cours pour les poids lourds, mais cela reste insuffisant, ce qui nécessite de revoir son périmètre d’application. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Mettre en place et redéfinir le périmètre d’action de la taxe carbone. 2. Instaurer une justice sociale écologique et intégrer le principe de solidarité économique géographique dans

l’hexagone. 3. Organiser des rencontres et des sessions de travail avec les acteurs concernés ou désireux de l’être. 4. Encourager les projets pilotes innovants, en instaurant éventuellement un quota de projets pilotes annuels par

département. 5. Favoriser la mise en place de moyens qui pourraient déboucher sur une émulation des pratiques et, a minima, sur une

compréhension de textes souvent techniques.

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EnerCamp de Lyon (Saint-Priest) – 23 mai 2013 A t e l i e r 1 : " C o m m e n t d o n n e r e n v i e , i n f o r m e r , s e n s i b i l i s e r l e s e n t r e p r i s e s e t l e s p a r t i c u l i e r s p o u r f a i r e é v o l u e r l e s u s a g e s ? " Le groupe a commencé par un constat : toute la technologie existante ou à venir ne pourra pas faire baisser la consommation énergétique si les comportements n’évoluent pas. Les usages peuvent modifier 50% de la consommation énergétique, tout n’est pas automatisable. Les hommes sont la clé de la transition énergétique. Le débat s’est ensuite poursuivi autour de la question : faut-il passer par la contrainte pour faire prendre conscience à chacun qu’il en va de leur responsabilité ou est-il possible de donner envie aux citoyens d’agir? A l’unanimité le groupe a préféré croire en l’homme en passant par des moyens intelligents d’information et de sensibilisation. Le dictat financier ou les quotas ont été des solutions écartées assez rapidement pour laisser place à un dialogue sur les moyens à mettre en œuvre pour responsabiliser chacun. Les participants se sont accordés sur l'information qui doit être compréhensible : si l'utilisateur a conscience de sa consommation énergétique en temps réel et des solutions qu’il peut avoir pour la faire baisser, il aura la possibilité d’évoluer. Le groupe a ensuite échangé sur la nécessité de diffuser des bonnes pratiques afin de rassurer et d’encourager les démarches responsables. En effet, les technologies de gestion de l’énergie nécessitent d’importants investissements à court terme. De ce fait, le consommateur a besoin de comprendre quelle est la rentabilité de son investissement a court/moyen terme et de se sentir soutenu dans sa démarche. Les participants ont conclu en se disant que l'atelier avait principalement abordé la consommation énergétique et les usages des individus mais que l’optimisation énergétique passera aussi par les usages des entreprises. Celles-ci devront allier compétitivité, responsabilité individuelle et responsabilité collective. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Informer sur les consommations, les coûts énergétiques de chacun en donnant des éléments d’échelle concrets. 2. Inciter les changements de comportements grâce à des " crédits énergie, une carte de fidélité énergétique ". 3. Donner envie en récompensant les bons usages. 4. Encourager les raisonnements d’économie à moyen long terme vs. les investissements à court terme. 5. Partager les bons usages, informer ses pairs grâce à des plate-formes technologiques d’échange.

A t e l i e r 2 : " L a t e c h n o l o g i e a u s e r v i c e d e s u s a g e s : a p p r o p r i a t i o n e t c o n c e p t i o n " Les participants ont d'abord évoqué la nécessité de recourir à la technologie pour opérer la transition énergétique : la modification des comportements des utilisateurs doit être accompagnée par la technologie notamment grâce une part d'automatisation. Celle-ci permettrait de diminuer la consommation d'énergie inutile (éclairage de tous les étages d'un bâtiment lors de l'entretien, par les femmes de ménage, d'un seul étage). Le groupe a ensuite débattu de la conception de ces technologies, parfois difficiles à utiliser, et du besoin de développer un design (ergonomie) adapté aux usages et aux utilisateurs. Dans ce cadre, les participants ont également échangé sur la nécessité de ramener le développement des technologies au besoin réel. Un autre point abordé a été l'importance, pour l'appropriation des outils, de laisser leur maîtrise à l'utilisateur. Cela passe par le design, l'information et le recours aux nouvelles technologies (internet, applications mobiles offrant une information en temps réel sur le modèle du quantified self). Cela nécessite de définir les informations pertinentes et de les rendre compréhensibles. Les participants ont ensuite débattu de l'évolution rapide des technologies face à l'inertie des usages qui nécessite de chercher une solution afin que les bâtiments puissent s'adapter à ces nouvelles technologies.

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Enfin, le groupe a conclu ses échanges sur le besoin, soit de donner envie, soit d'obliger le recours à ces technologies (favoriser l'accès à la propriété assurer l'utilisation des technologies, systèmes normatifs, etc.). P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Fournir l'information pertinente à l'utilisateur et la rendre accessible, transparente et gratuite pour le responsabiliser, notamment via une technologie au design (ergonomie) simple et attractif.

2. Adapter les fonctionnalités et la consommation des objets aux besoins réels pour diminuer la consommation énergétique.

3. Développer la domotique dans l'habitat ainsi que les automatismes dans les bâtiments industriels et tertiaires, notamment pour automatiser les bons usages et éviter la consommation énergétique inutile.

4. Inciter à améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments existants. 5. Développer une normalisation perceptible et compréhensible relative à l'efficacité énergétique dans le neuf et

l'existant avec une cohérence internationale, notamment à l'échelle européenne. A t e l i e r 3 : " E n c o u r a g e r l a c o n v e r g e n c e e t l e s s y n e r g i e s e n t r e l e s d i f f é r e n t s a c t e u r s d e l a f i l i è r e a u p r o f i t d e l ’ u t i l i s a t e u r e s t n é c e s s a i r e " Le groupe a beaucoup insisté, en ouverture des discussions, sur le déphasage entre les process de production et la réalité d’utilisation, ce qui génère des coûts à perte. Cet état de fait résulte, d’une part, d’un manque de vision sur le coût total de possession entre l’achat et l’exploitation et, d’autre part, de services trop dissociés. Les participants ont ainsi convergé vers le manque actuel de synergie entre les différents corps de métiers : d’un côté, les acteurs du process dont l’intérêt réside essentiellement dans le bon fonctionnement de l’outil ; de l’autre, les industriels soumis à des impératifs d’innovation technologique et d'efficacité énergétique ; par ailleurs, les acheteurs insuffisamment formés ; enfin, les sous-traitants qui disposent de solutions mais restent en attente d’objectifs intégrant la globalité des contraintes. Il a par ailleurs été souligné que les donneurs d’ordre public sont les premiers à ne pas encourager cette synergie et cette convergence d’objectifs. Le troisième diagnostic formulé par le groupe a porté sur la formation des acteurs, à la source de cette absence de synergie. Les formations, principalement techniques, sont encore trop cloisonnées et les enseignants ne connaissent pas suffisamment la réalité de l’entreprise. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Imposer aux constructeurs des obligations d’information sur le coût total de possession (achat + exploitation). 2. Imposer, dans les marchés publics, des critères d’information sur le coût total de possession. 3. Encourager les projets collaboratifs via un système d’intéressement et de partage des coûts de R&D. 4. Encourager fortement les stages d’immersion en entreprise, lors des formations initiales, y compris pour le corps

enseignant afin d’assurer en continu l’adéquation avec la réalité du marché. A t e l i e r 4 : " R e s s o u r c e s l i m i t é e s e t i l l i m i t é e s : q u e l l e s s o n t l e s l i m i t e s d e l a p l a n è t e ? " Le groupe a commencé par faire un état des lieux général de la situation : une augmentation constante de la population, une consommation énergétique à l’avenant, et un épuisement des ressources historiques.

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Si le consensus est accepté sur le fait que d’autres ressources sont disponibles, des dissensions apparaissent lorsque la question de leur exploitation se pose. Le manque de développement des technologies d’exploitation des ressources existantes est un point crucial. Citant Lavoisier et les premiers et deuxièmes principes de la thermodynamique, les participants se sont accordés sur le fait que ce n’est pas tant la planète qui risque d’être en difficulté que les populations impactées par le choc d’une pénurie de ressources. La question démographique a également été évoquée. Les participants ont admis que la concentration et le stockage de l’énergie sont des moyens de pallier cette potentielle pénurie. Continuer à travailler sur l’efficacité énergétique et le stockage tout en finançant la recherche pour apprendre à maîtriser d’autres énergies sont les conditions sine qua non d’une meilleure gestion de l’équilibre entre ressources existantes limitées et ressources non exploitées. Le groupe s’est accordé sur le fait qu’en amont, le manque de mesure est un frein à cette optimisation de la gestion des ressources. Pouvoir mesurer l’empreinte écologique et énergétique de chacun devrait être une évidence. Le travail sur l’amélioration des outils de mesure est donc un chantier participant de cet objectif. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Instaurer des quotas de carbone par habitant en insistant sur une cohérence au niveau international. 2. Mesurer plus efficacement l’empreinte individuelle de chacun. 3. Instaurer une taxation sur la consommation de CO2.

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EnerCamp de Paris (Rueil-Malmaison) – 29 mai 2013 A t e l i e r 1 : " C o m m e n t m o d i f i e r l ' i m a g e d e s é c o n o m i e s d ' é n e r g i e ? " Les participants ont d'abord constaté que l'image des économies d'énergie était négative car liée à des investissements que l'on ne comprend pas toujours et qui freinent les actions. Ils ont ensuite échangé sur le discours à tenir auprès du grand public. Un discours d'alerte basé sur la morale est moins efficace qu'un discours sur l'offre de solutions et les avantages qui y sont liés. Le groupe a ensuite échangé sur le besoin de mesurer la consommation, notamment via le développement de standards de mesure et d'un référentiel afin de comparer les avantages liés à l'installation de solutions d'efficacité énergétique. Ils ont également évoqué la ventilation des informations issues de cette mesure pour connaître dans le détail les postes de consommation. Cela permettrait de hiérarchiser l'intérêt des économies d'énergie. Par ailleurs, notant un déficit d'information sur les solutions ou son caractère trop théorique, le groupe a relevé le besoin de communiquer et d'expliquer les intérêts concrets pour l'individu (notamment financiers : économies issues de l'investissement, etc.) liés à la mise en place de solutions d'efficacité énergétique. Cela pourrait passer par une personne capable d'apporter une solution globale et de faire comprendre ces solutions à travers un discours compréhensible par tous (référentiel, échelle de valeur, standard pour la comparaison) ou grâce à une communication sur les expériences positives. Les participants ont également discuté de l'accompagnement des individus, notant qu'un plan d'action et que le partage de l'information favorise le changement de perception. Cela peut passer par la contrainte à travers la réglementation. Mais cela n'est pas forcément coercitif, comme le montre l'exemple des outils de modélisation de la consommation ou des nudges (exemple de système numérique permettant une comparaison entre les foyers d'un quartier sur la base d'une moyenne). P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Rendre attractives et compréhensibles les économies d'énergie, notamment en quittant le discours moral. 2. Développer un métier de coordinateur énergétique centralisant les compétences et l'offre de solutions globale. 3. Communiquer sur les solutions existantes. 4. Produire un discours clair sur la rentabilité des investissements. 5. Partager les expériences positives (réglementation, solutions, bonnes pratiques).

A t e l i e r 2 : " Q u e l l e c o n d u i t e d u c h a n g e m e n t p o u r f a v o r i s e r l a t r a n s i t i o n é n e r g é t i q u e ? " Le groupe est parti du constat que le seul moyen d’opérer la transition énergétique était de mener une véritable politique de conduite du changement, en fonctionnant de manière pragmatique et systématique. Il ne faut pas attendre d’ " épiphanie " de la transition énergétique ; celle-ci naîtra de choix politiques forts suivis d’un processus de travail lent et rigoureux. Pour les participants de l’atelier, mener cette politique passe avant toute chose par la désignation d’une instance décisionnaire qui donne la direction générale et soit maître de tous les aspects du processus (planification, communication, contrôle, suivi, etc.) afin d’en assurer la cohérence et la simplicité, nécessaires à une bonne appropriation par le public. Le groupe a notamment proposé que cette instance s’inspire des techniques anglo-saxonnes utilisées dans le monde du développement informatique, et en particulier de la « méthode agile ». Celle-ci repose notamment sur des phases itératives, qui partent d’une planification initiale, passent ensuite par la réalisation des solutions, la mesure de leur efficacité, et enfin procède à leur amélioration jusqu’à obtention de l’optimum. Le grand public se retrouvant trop souvent seul face au défi de la baisse de sa consommation énergétique, sans conseil sur les solutions (souvent simples) à mettre en place, le groupe a également souligné l’importance de la diffusion de l’information, qui doit passer par une communication plus ciblée et plus claire (campagnes nationales, disponibilité de l’offre de solutions,

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programmes éducatifs pour la jeunesse, etc.). Celle-ci doit faire partie des compétences de l’instance décisionnaire, et doit également pouvoir reposer sur l’exemplarité des pouvoirs publics comme des entreprises. Les participants ont enfin débattu des vertus d’un système de bonus / malus, qui doit permettre de récompenser les bonnes pratiques et l’exemplarité d’une part, ou de dissuader les citoyens ou les entreprises d’enfreindre les règles définies. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Désigner un pilote de la politique de conduite du changement dans tous ses aspects et sur le long terme. 2. Recourir à la « méthode agile », qui passe par des phases itératives (planification, réalisation, mesure et amélioration

continue des résultats jusqu’à obtention de l’optimum). 3. Diffuser l’information et communiquer de manière claire et ciblée. 4. Se reposer sur l’exemplarité des pouvoirs publics et des entreprises. 5. Développer les nouveaux métiers de l’efficacité énergétique. 6. Instaurer des systèmes de bonus / malus dans tous les domaines de la transition énergétique.

A t e l i e r 3 : " A c c o m p a g n e m e n t , f o r m a t i o n e t s o l u t i o n s " Les participants ont commencé par faire un état des lieux des solutions et accompagnements des particuliers et des professionnels par les pouvoirs publics dans leur gestion de l’énergie, avec un constat : les solutions existent, certaines méritent d’être amendées, beaucoup sont à créer. Les participants sont d’accord pour affirmer qu’aujourd’hui, personne ne sait matérialiser l’énergie qu’il consomme. Il faut impérativement sortir de ce flou en trouvant des moyens de matérialiser l’énergie, par exemple en euros (ex : changer le DPE qui mesure en kw/h/m2/an en Euros/h/m2/an) afin de toucher à l’aspect comportemental de la consommation. En effet, ce ne sont pas les bâtiments qui consomment mais les personnes qui y évoluent. La sensibilisation à la problématique environnementale et écologique doit commencer dès l’enfance, et doit se poursuivre ensuite. Avec l’écologie, une nouvelle filière a été créée, mais le côté essentiel de l’efficience (différente de l’efficacité) n’est pas encore assez prégnant. La mutualisation des coûts et des moyens est évoquée comme une solution d’avenir. Deux types de mutualisation sont possibles : horizontale, sur le modèle des intercommunalités, et verticale avec une action en amont sur le fournisseur et en aval avec la domotique. C’est un moyen d’apporter de la valeur ajoutée au grand public, qui veut avant tout de la simplicité et un ROI rapide. Pourtant, le manque d’information des particuliers est criant. Aussi la proximité doit être un élément essentiel. La réalité politique est opposée à la réalité du terrain. Les volontés sont là, les mises en application le sont moins. Les participants veulent alerter sur la crédibilité nécessaire dont participe une pérennité des engagements, et sur le déficit de confiance de la population. On note déjà une baisse d’engagement des citoyens sur le geste pourtant intégré qu’est le tri sélectif. L’incitation fiscale – tout comme les autres mesures d’incitation - ne doit pas être une mesure qui saute d’un mandat à l’autre et se reforme différemment ensuite, elle doit être constante, pérenne, et surtout simple. P r o p o s i t i o n s i s s u e s d u g r o u p e d e t r a v a i l :

1. Aider le grand public à une meilleure compréhension de la notion d’efficience énergétique pour un résultat immédiat avec un investissement nul.

2. Poursuivre et enrichir l’éducation des plus jeunes dans une dynamique entretenue de manière permanente en valorisant les gestes écologiques et responsables, en poursuivant l’éducation sur la matérialisation de l’énergie et en s’appuyant sur les réseaux sociaux.

3. Créer un poste " d’assistant social de l’énergie ", non délocalisable, qui sur un périmètre précis accompagnerait et donnerait de la cohérence aux diagnostics et solutions proposées.

4. Lancer un Grand Emprunt de la transition énergétique.

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