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Rapport du Secrétariat

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Rapport duSecrétariat

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Cette section contient une synthèse des principalesquestions soulevées par les ministres lors des quat-re tables rondes.

Les ministres de la santéappellent à l’action

Les ministres ont reconnu à l’unanimité qu’ilest temps de faire figurer la santé mentale surl’agenda de la santé et de donner la priorité

aux énormes problèmes de santé mentale dansl’action gouvernementale. Le fait que les pays aientà faire face à d’autres problèmes de santé avec unbudget de la santé limité ne saurait désormaisempêcher d’agir. Des faits nouveaux montrent defaçon convaincante qu’il existe des solutions d’unbon rapport coût/efficacité dans tous les contex-tes. De nombreuses stratégies, approches et inter-ventions se sont dégagées et sont appliquées dansle cadre de multiples petits projets à travers lemonde. Il faut les évaluer et faire connaître large-ment les résultats pour pouvoir les inclure dans lesprogrammes nationaux de santé mentale. Lesministres ont fait part de leur volonté d’affronterles besoins urgents de la population de leur payssur le plan de la santé mentale.

Contexte actuelde la santé mentale

Les ministres ont souligné qu’il était impor-tant de situer la santé mentale dans lecontexte social pertinent puisqu’elle est

conditionnée par toute une série de facteurs dansles différents pays. Une grande partie du monde setrouve face à des réformes économiques et à uneévolution sociale rapide, notamment une transitionéconomique qui s’accompagne de taux de chômageinquiétants, d’un éclatement de la famille, d’uneinsécurité personnelle et d’une inégalité des reve-nus. La pauvreté reste une réalité dans bien desrégions du monde et elle touche surtout les fem-mes. De nombreux pays sont confrontés à l’insta-bilité politique, aux troubles sociaux et à la guerre.On compte d’importantes populations de réfugiéstraumatisés et de personnes déplacées dans leurpropre pays qu’il faut réinstaller, bien souvent dansdes pays qui n’ont que peu de ressources pour lefaire. La propagation du VIH/SIDA a eu de trèsgraves conséquences économiques et sociales pour

de nombreux pays, où bien des gens ont besoin desoins et d’appui. Les femmes sont soumises à detrès fortes pressions du fait même qu’elles sontdésavantagées par leur appartenance sexuelle, etbeaucoup d’entre elles sont victimes de violencesphysiques et sexuelles, d’où des taux élevés dedépression et de troubles anxieux. Les jeunes, enparticulier les enfants des rues et ceux qui sontexposés à la violence, se trouvent face à un risqueélevé d’abus de certaines substances, notammentl’alcool. Les populations indigènes et d’autresgroupes connaissent des bouleversements sociaux,qui s’accompagnent d’une augmentation des suici-des. Dans de nombreuses régions du monde, lessystèmes de soins de santé mentale sont mal orga-nisés et souffrent d’un financement insuffisant.

Pris ensemble, ces préoccupations constituent labase de l’examen des problèmes de santé mentalepuisqu’elles sont au cœur même des mutationssociales d’aujourd’hui. Les ministres ont égalementfait ressortir certains aspects plutôt positifs duchangement, en particulier la sensibilisation crois-sante, le recul des préjugés et la mise au pointd’approches mondiales des problèmes de santémentale et de leur prévention. Ils ont évoqué l’en-gagement enthousiaste des gouvernements et descommunautés dans les activités organisées autourdu thème de la santé mentale à l’occasion de laJournée mondiale de la Santé 2001.

Eviter la stigmatisation et lesviolations des droits de l’homme

A plusieurs reprises, les ministres ont lancéun appel urgent à l’action de manière à pré-venir la stigmatisation, la discrimination et la

violation des droits des personnes atteintes de mal-adie mentale, autant de problèmes qui compromet-tent toute la chaîne des soins. Ainsi, la stigmatisa-tion alimente la discrimination pratiquée vis-à-visdes troubles mentaux par les systèmes d’assurance-maladie lorsqu’il s’agit de couverture médicale. Ilest nécessaire de s’attaquer au problème de la stig-matisation institutionnalisée des personnes attein-tes de maladie mentale, un processus exacerbé parle fait que les hôpitaux psychiatriques sont généra-lement à l’écart de la collectivité. En incluant lesservices de santé mentale dans les hôpitaux géné-raux et les dispensaires communautaires, on acontribué à inscrire la santé mentale dans l’action

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générale de santé. On peut gagner en efficacité enutilisant d’anciens hôpitaux psychiatriques pour lessoins de santé généraux. Appliquer des normesminimales concernant l’infrastructure et la presta-tion de soins de qualité, en s’appuyant sur unelégislation actualisée, est une étape essentielle dansla protection des droits des personnes atteintes demaladie mentale. Chose essentielle, il faut combat-tre les préjugés dont font preuve tous les profes-sionnels de santé, y compris les agents de santémentale.

Etant donné que la discrimination dont sont victi-mes les patients vient en grande partie du manqued’information sur les causes, la fréquence et lespossibilités de traitement des maladies mentales, ilfaut mener une action détaillée d’information etd’éducation auprès des hommes politiques, desdécideurs, des prestateurs de services, du grandpublic et des médias afin d’atténuer les préjugés.Les médias ont un grand pouvoir car ils peuventsoit renforcer soit minimiser le phénomène d’ex-clusion. Ils doivent être associés aux campagnesdestinées à éliminer les stéréotypes négatifs etencourager les changements d’attitude. Lesconsommateurs, les familles et leurs organisationsainsi que des modèles de rôle bien visibles ont étéjugés déterminants pour les efforts visant à atté-nuer les préjugés. Les campagnes d’éducation doi-vent être accompagnées par la mise en place deservices ou leur amélioration.

Pour sensibiliser aux problèmes de santé mentaleet surmonter l’ignorance, la superstition ou descroyances traditionnelles erronées, il faut adopterdes approches multisectorielles et associer, entreautres acteurs, les écoles, le système pénal et judi-ciaire, les agences pour l’emploi ainsi que les servi-ces chargés du logement et de l’aide sociale.

Améliorer les politiques et lesservices de santé mentale

Passage aux soins communautaires etintégration de la santé mentale dansles systèmes de soins de santéprimaires nationaux

Les ministres ont examiné les stratégies quipermettraient de faire progresser les soins desanté mentale au-delà de la simple reconnais-

sance de l’égalité entre troubles mentaux et trou-bles physiques. Ils ont reconnu que les soins desanté mentale devaient être intégrés dans le systè-me général de soins. Ils ont souligné à plusieursreprises le rôle important des soins de santé pri-maires dans la prestation des services de santémentale, même dans les pays où les soins sont trèsspécialisés. Cette intégration dans les soins desanté primaires est conforme au mouvement mon-dial dans lequel se sont engagés de nombreux payspour transférer les soins de santé mentale deshôpitaux psychiatriques vers la communauté. Pourque ce transfert se fasse, il faut maintenir les bud-gets voire les accroître ; il faut mettre en place deséquipes de santé mentale où seront représentéesplusieurs disciplines ; les besoins des groupes parti-culièrement vulnérables doivent être pris en char-ge moyennant des soins supervisés ; les communau-tés doivent avoir accès à des centres de crise pourla prise en charge des épisodes aigus ; enfin, il fauts’assurer l’appui très large de la population pourles soins communautaires. Ce transfert des soinsfacilite d’autre part la collaboration avec les orga-nisations non gouvernementales, les servicessociaux et d’autres agents communautaires, dontbeaucoup sont motivés pour combler une partie dudéficit de services.

Coûts du traitement

Le traitement des problèmes de santé mentale doitêtre abordable pour tous ceux qui en ont besoin.La pauvreté étant un facteur de risque pour lestroubles mentaux, il faut maintenir le principed’un traitement équitable pour les pauvres. Lesministres se sont inquiétés du fait que l’accès auxpsychotropes de base, particulièrement en milieurural, était une question qui faisait intervenir plu-sieurs disciplines ; des stratégies permettant deréduire les coûts, notamment l’achat en gros de

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psychotropes essentiels, devraient être envisagéespar des groupes de pays et au niveau régional.

Financement des soins

Le financement des soins de santé mentale com-munautaires, en particulier des soins complets àtous ceux qui en ont besoin, est un défi pour tousles pays. Les problèmes de santé mentale ayant desramifications intersectorielles, il a été suggéréd’asseoir aussi le financement des services sur unebase intersectorielle ; il faudrait trouver desmoyens de surmonter les obstacles à cet égard.

Ressources humaines

De nombreux ministres ont observé que lemanque de ressources humaines pour les soins desanté mentale était dû en partie à « l’exode descerveaux ». Aussi, des programmes durables de for-mation aux soins de santé mentale devraient-ilsêtre mis en place à divers niveaux de la prestationdes services. Il est essentiel de définir des catégo-ries d’agents de santé qui peuvent être formés àl’administration de médicaments psychotropes etaux interventions psychosociales dans le respect denormes de qualité raisonnables. Il a été jugéimportant, pour éviter les taux élevés de surmena-ge, de protéger les professionnels de santé mentalequi travaillent dans des conditions difficiles. Enfin,le besoin de former du personnel en matière derecherche dans les pays en développement a étésouligné.

Tradipraticiens et guérisseurs

Dans de nombreux pays, une grande partie dessoins communautaires de santé mentale est enréalité assurée par des tradipraticiens et des guéris-seurs. On manque de données satisfaisantes sur lespratiques des guérisseurs et des tradipraticiens etpeu de programmes parviennent à établir des liensde collaboration entre les systèmes de médecinetraditionnelle et moderne. Il convient de procéderd’urgence à des recherches sur ces aspects et dedéterminer l’efficacité des pratiques traditionnel-les.

Participation de l’usageret de la famille

Pour jouer le rôle d’agents de soins primaires, lesfamilles doivent avoir accès sans restriction auxsystèmes de soutien, y compris l’éducation et laformation. Les consommateurs/usagers et leursassociations peuvent s’avérer des plus utiles enassurant l’éducation des malades, en fournissant unsoutien à leur entourage et en contribuant à l’éla-boration des politiques.

Services répondant aux besoinsparticuliers des femmes

Tous les participants ont reconnu l’importance desquestions liées aux sexospécificités dans les soins desanté mentale. La prestation des services doit tenircompte des besoins de santé et de santé mentaledes femmes qui résultent de la discrimination dontelles font fréquemment l’objet. Les besoins desanté mentale des victimes d’actes de violencefamiliale ou sexuelle, en particulier, nécessitent desinterventions spéciales. Une formation spéciale doitêtre donnée aux agents de santé pour leur permett-re de faire face à ces problèmes de façon satisfaisan-te. Des mesures préventives s’imposent pour rédui-re la fréquence de l’usage abusif de l’alcool et desdrogues, deux facteurs courants qui favorisent lescomportements violents chez les hommes.

Stratégies de pays

Les Ministres ont fait part de l’évolution et desapproches récentes en matière de soins de santémentale dans leurs pays. Il s’agit notamment despoints suivants :

Décentralisation des services de santé mentale :

■ Réduction de l’importance des hôpitaux psychia-triques et mise en place de services de santémentale communautaire, avec des lits dans leshôpitaux généraux.

■ Mise en place d’un financement approprié pourles services communautaires.

Intégration des soins de santé mentale aux soinsde santé primaires :

■ Formation de professionnels des soins de santé etd’agents paraprofessionnels.

■ Formation des praticiens traditionnels aux soinsde santé mentale.

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Amélioration des services de santé mentale :

■ Incorporation d’une dimension sexospécifiqueaux politiques de santé mentale.

■ Utilisation d’unités de santé mentale mobiles pourdesservir les zones rurales et peu accessibles.

■ Intégration d’une composante de santé mentaleaux modules de soins essentiels.

■ Utilisation de la télépsychiatrie pour former etconsulter les agents de santé mentale dans leszones rurales et dans les zones d’habitat dispersé.

■ Surveillance de la qualité des soins et des viola-tions des droits fondamentaux.

Dispositions juridiques en faveur des soinsde santé mentale :

■ Révision des dispositions juridiques régissant lessoins donnés aux personnes atteintes de troublesmentaux.

■ Réduction de la stigmatisation dont sont victimesles personnes atteintes de troubles mentaux.

■ Promotion de la participation des médias.

■ Encouragement des groupes d’auto-assistance etde consommateurs, des associations familiales etdes ONG pour promouvoir la santé mentale.

■ Remplacement des dénominations susceptiblesde favoriser l’exclusion par des dénominationsneutres.

Mise en œuvre d’approches plurisectorielles pourla santé mentale :

■ Collaboration avec les secteurs de l’éducation, del’emploi, de la protection sociale et avec d’autressecteurs.

■ Mise en place de partenariats avec les entrepriseset les syndicats.

■ Amélioration des possibilités d’emploi offertesaux femmes pour leur donner un certain pouvoiréconomique et réduire les niveaux de stress.

■ Intégration des programmes de santé mentaleaux initiatives de prévention de la violence.

Répondre aux besoins desgroupes spéciaux

Les groupes et actions ci-après ont été spé-cialement cités par de nombreux ministrescomme nécessitant une attention immédiate

et particulière :

Populations rurales, éloignées etdispersées

Les besoins non satisfaits et les difficultés liées à lafourniture de services de santé adéquats aux popu-lations rurales et dispersées ont été notés.

Services destinés aux enfants etaux adolescents

Les besoins des enfants ont été privilégiés. Il estessentiel, pour assurer le développement normalde la santé et de la santé mentale des enfants, deveiller à la nutrition maternelle et aux besoinsmultiples de la mère et de son nouveau-né avant etaprès l’accouchement. Les enfants d’âge scolaireconstituent un groupe aisément accessible pour lesservices de santé mentale. Les activités scolaires desanté mentale servent à promouvoir la santé men-tale, à canaliser les interventions préventives, et àaméliorer la connaissance des troubles mentaux etde ceux qu’ils affectent. L’introduction des agentsde santé dans les écoles permet aussi le dépistageet le traitement précoces des troubles psychia-triques souvent non diagnostiqués des enfants etdes adolescents. Les enfants et les adolescents sonten outre très exposés au risque de toxicomanie etde comportement suicidaire, qui requièrent desactivités de prévention et d’éducation durables.Une réponse aux besoins spéciaux des enfants desrues et des orphelins du SIDA a été jugée capitale.

Populations réfugiées, déplacées,autochtones et victimesde catastrophes

Du fait des guerres, des catastrophes et des dépla-cements de populations, quantité de personnessont atteintes de graves problèmes de santé menta-le auxquels les pays ne peuvent faire face faute deressources suffisantes et de personnel qualifié. Leschangements sociaux et économiques ont unimpact destructeur sur la santé mentale des popu-lations autochtones, situation que les pays recon-naissent mais sont incapables de résoudre entière-ment.

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Domaines nécessitant le soutienet la collaboration de l’OMS

Les ministres ont défini la manière dontl’OMS pourrait apporter un soutien tech-nique aux pays au niveau mondial/régional et

au niveau même des pays.

Au niveau mondial, l’OMS devrait :

■ continuer de mener des campagnes mondiales desensibilisation ;

■ fournir des estimations par sexe des taux d’inci-dence et de prévalence, et de la charge de morbi-dité liée aux troubles mentaux ;

■ effectuer des études sur les déterminants desproblèmes de santé mentale et les facteurs quiinfluent sur les résultats dans le domaine de lasanté mentale, y compris les systèmes de soutienspirituel ;

■ promouvoir et soutenir l’évaluation des pro-grammes ;

■ publier des informations (en particulier à l’usagedes responsables politiques et des décideurs)concernant la charge de morbidité, les détermi-nants des problèmes de santé mentale et les solu-tions existantes ;

■ rassembler des informations sur l’efficacité desinterventions, en particulier pour ce qui est de laprévention, du traitement et de la satisfaction desmalades ;

■ actualiser les guides et les matériels relatifs à laprévention et au traitement des troubles men-taux et aux soins dispensés aux malades ;

■ inclure davantage de psychotropes dans la listedes médicaments essentiels et concevoir des stra-tégies pour assurer l’approvisionnement continuen médicaments essentiels d’un prix abordable ;

■ établir des réseaux régionaux et mondiaux ;

■ mobiliser un appui financier pour les program-mes de santé mentale.

Au niveau national, l’OMS devrait :

■ soutenir la mise au point de bases de donnéesnationales sur les troubles mentaux propres àétayer l’élaboration des politiques et desservices ;

■ fournir des matériels et des guides pour des cam-pagnes d’éducation communautaire, de sensibili-sation et de lutte contre la stigmatisation ;

■ collaborer avec les pays à la mise en œuvre deprogrammes destinés à remédier aux dommagespsychologiques causés par les guerres et lesconflits ;

■ fournir des compétences techniques pour le ren-forcement des capacités de recherche et d’éva-luation ;

■ aider à formuler des politiques et des plans desanté mentale, et à former différentes catégoriesde professionnels de santé pour encadrer la pres-tation des soins de santé mentale ;

■ assurer la fourniture de médicaments psychotro-pes essentiels ;

■ aider à résoudre le problème des pratiques tradi-tionnelles dangereuses ;

■ aider à mobiliser des ressources pour les pro-grammes nationaux.

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Un nouveau départ

Senateur the Hon. Phillip C. Goddard

Ministre de la santéBarbade

Allocutionen plénière

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Monsieur le Président, Madame le Directeurgénéral, Mesdames et Messieurs lesMinistres, Mesdames et Messieurs, j’ai l’hon-

neur et le plaisir de vous présenter les pointssaillants des tables rondes ministérielles sur la santémentale qui ont eu lieu le mardi 15 mai.

Je voudrais dire tout d’abord que les ministres ontété absolument unanimes à évoquer l’importancede la santé mentale pour le développement sanitai-re et humain et l’insuffisance relative des investis-sements dans ce domaine des services de santé. Del’avis de l’un de nos pairs, « nous avons trop long-temps occulté ce sujet ». Selon un autre « notreinquiétude à l’égard des maladies infectieuses nedoit pas nous détourner des problèmes de santémentale ». Un autre encore a déclaré « nous devonstrouver dans nos budgets limités une part à allouerà la santé mentale ».

Aussi n’est-il pas surprenant que tous les ministresse soient félicités que l’Organisation mondiale dela Santé ait inclus ce sujet dans le programme desanté mondial. Les discussions, dans leur immensemajorité, ont témoigné du fait qu’aucune sphèredu comportement humain n’échappe à l’influencede la santé mentale et que, sans la santé mentale, lasanté ne peut exister.

La priorité absolue, pour les ministres, est de sen-sibiliser davantage l’opinion. Les décideurs au seindes gouvernements et la société civile doiventprendre conscience de l’énormité et de la com-plexité du fardeau économique que constituent lesmaladies mentales et de la nécessité d’accroître lesressources consacrées à leur traitement. Selon unautre ministre, nous devons « dissiper le pessimis-me injustifié qui entoure le traitement des troublesmentaux ». Les ministres ont effectivement recon-nu qu’il existe des technologies nouvelles fondéessur des données scientifiques. Beaucoup d’entreelles sont aujourd’hui financièrement accessibles àla plupart des pays.

Nous devons également reconnaître que la pauvre-té et les troubles mentaux se renforcent mutuelle-ment. Si la pauvreté est souvent un déterminantpuissant des maladies mentales, il n’est pas moinsvrai que les troubles mentaux peuvent aggraver lapauvreté. De nombreuses familles privées de sou-tien peuvent sombrer dans une pauvreté profonded’où il leur est difficile, voire impossible, de s’ex-tirper.

Les ministres ont reconnu que les préjugés associésà la maladie mentale sont un grave obstacle dans lamesure où ils empêchent notamment les gens desolliciter des soins. Les professionnels de santé nesont pas à l’abri des effets de ces préjugés, qu’ilsdoivent surmonter pour gérer efficacement lessoins à leurs malades. Les préjugés peuvent aussiavoir des effets insidieux sur la politique de santé,en amenant par exemple les assureurs à dénier auxmalades mentaux l’égalité des droits. La connais-sance de la maladie mentale doit commencer tôt etun ministre a estimé que, pour aider à faire évoluerles attitudes, la santé mentale devait figurer dansles programmes scolaires.

Les ministres ont évoqué la nécessité de solutionscommunautaires au problème des soins auxmalades mentaux dispensés dans des établissementscentralisés d’un autre âge. « Les établissements desanté mentale ont trop longtemps été maintenus àl’écart, dans des zones reculées, oubliées de tous »a dit un ministre, « il faut les ramener au cœur deszones habitées ». Et, a-t-il ajouté, « les servicessitués dans les hôpitaux généraux et les dispensai-res ne souffrent pas des mêmes préjugés que lesvieux hôpitaux psychiatriques ».

Cette relocalisation des soins au cœur de la com-munauté nécessite naturellement des structuresnouvelles et une formation appropriée des dispen-sateurs de soins de santé mentale. Les ministresont reconnu que des interventions factuelles dansla communauté appellent des connaissances parti-culières et des compétences nouvelles. Cet effortmassif, qui suppose la mobilisation des agents desoins de santé primaires pour dispenser les soins desanté mentale, constitue un défi pour lequel lesministres souhaitent bénéficier du soutien del’Organisation mondiale de la Santé, en particulierpour la formation des dispensateurs de soins desanté ruraux.

Dans leur ensemble, les ministres ont reconnuqu’un approvisionnement régulier en médicamentspsychotropes était d’une importance fondamentalepour la prestation de soins appropriés. De nom-breuses idées ont été lancées dans ce contexte, ycompris l’achat conjoint de médicaments par desentités régionales pour réduire les dépenses despays à titre individuel. Ils ont également reconnuque, dans bien des pays, les guérisseurs et les tradi-praticiens étaient nettement plus nombreux que

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les agents de santé mentale et qu’ils soignaient unepart importante de la population. On connaît malleur efficacité, cependant, en particulier là où trai-tements traditionnels et modernes coexistent.L’Organisation mondiale de la Santé a été priée deconcevoir des méthodes pour étudier ces phéno-mènes et aider à la réalisation des recherchesnécessaires. Dans ce contexte, on a aussi évoquéles études destinées à fournir des données épidé-miologiques nationales et à évaluer les services, ycompris la satisfaction des usagers.

Les ministres de pays ou de régions en proie à desguerres ont parlé de la nécessité d’associerl’Organisation mondiale de la Santé au rétablisse-ment de la santé mentale des populations traumati-sées. Outre l’aide requise pour déployer des inter-ventions appropriées, ces pays ont besoin de straté-gies et de techniques pour faire face au problèmedes nombreuses personnes déplacées victimes d’ac-tes de violence.

La violence, hélas, affecte également les pays enpaix. Dans de nombreux pays, on observe une aug-mentation alarmante des actes de violence à l’en-contre des femmes. Les ministres ont maintes foisindiqué que la violence familiale devait être consi-dérée comme une épidémie et qu’il convenait del’éradiquer. Outre les dommages physiques et lestraumatismes dus à la violence familiale, elle a aussides effets majeurs sur la santé mentale qui sontsouvent plus préjudiciables et durables que lestraumatismes physiques. Le taux élevé de dépres-sion et de troubles anxieux chez les femmes entémoigne. Les ministres souhaitent mieux com-prendre les problèmes de santé mentale fondés surle sexe. Ils sont tous convenus que des stratégies àcourt et à long terme doivent être élaborées pourmettre fin à la violence à l’encontre des femmes,de leur famille, du tissu communautaire et, endéfinitive, de leur pays.

Les débats, lors des tables rondes, ont parfois ététrès animées et instructifs. Ils ont suscité un vifintérêt.Vous trouverez dans le rapport, que je vousinvite à consulter, le compte rendu complet desquestions examinées.

Je dirai pour conclure que les ministres aussi sont àl’écoute d’autrui, et ils se sont engagés à renforcerle rôle central que jouent les malades et leurfamille dans le traitement des maladies mentales.Je rappellerai également l’émouvant récit, que

nous avons entendu à la première séance plénière,d’une mère aux prises avec les effets de la schizo-phrénie dont son fils était atteint. Nous l’avons sui-vie lorsqu’elle a décrit son traumatisme et son lentrétablissement. Nous avons partagé sa joie lors-qu’ils ont entamé ensemble le processus de sonrétablissement et qu’il a obtenu son premieremploi.

Permettez-moi, Madame, en notre nom à tous, devous dire combien nous avons été attentifs à votremessage.

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Réaffirmer l’engagement enfaveur de la santé mentale

Déclarations desDirecteurs etConseillersrégionaux

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Bureau régional pour l’Afrique

Dr Ebrahim M. Samba

Directeur régional

Dr Custodia Mandlhate

Conseiller régional, Santé mentale

La situation concernant la santé mentale enAfrique est véritablement très grave. La pau-vreté, les troubles civils, les conflits armés,

l’alcoolisme et la toxicomanie sont reconnuscomme figurant parmi les principales causes desproblèmes mentaux qui préoccupent sérieusementun certain nombre de pays de notre Région. Il vasans dire que la pandémie de VIH/SIDA aggrave lasituation, renforçant considérablement les problè-mes psychosociaux existants et suscitant chez lespersonnes affectées des besoins sans précédent entermes de soutien, de conseil et de soins.

En Afrique, les turbulences politiques occupentune place particulière au nombre des facteursresponsables de problèmes mentaux. Alors quenous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale dela Santé, une vingtaine des 46 pays de notreRégion sont en proie à des troubles civils d’uneforme ou d’une autre qui ont fait au moins10 millions de réfugiés, auxquels s’ajoutent plus de30 millions de personnes déplacées dans leur prop-re pays.Toutes ces personnes, spécialement lesfemmes, les enfants et les personnes âgées parmielles, sont soumises à un grave stress physique,psychologique et émotionnel.

En Afrique, comme ailleurs, les problèmes men-taux sont encore un fardeau occulté. Leur coûtéconomique et social inclut : la perte de produc-tion due aux décès prématurés (par suicide, parex.) ; la perte de productivité des malades men-taux au chômage, sous-employés ouinemployables ; la perte de productivité des mem-bres de la famille qui dispensent les soins ; le coûtdes accidents provoqués par les personnes pertur-bées psychologiquement ; les dépenses directes etindirectes des familles qui soignent des maladesmentaux. Si on ajoute à cela le fardeau émotionnelincalculable et la baisse de la qualité de vie desmembres de la famille des personnes atteintesd’une maladie mentale, on apprécie mieux l’am-pleur du problème.

Dans la plupart des pays de la Région de l’Afrique,les programmes de santé mentale se limitent à dessoins curatifs médiocres, d’ordinaire dispensés dansdes hôpitaux délabrés, éloignés des zones résiden-tielles. Dans ces conditions, l’accessibilité et l’ac-ceptabilité des traitements sont des plus probléma-tiques. Il en résulte des taux d’abandon très élevéset tout suivi en externe est sérieusement compro-mis. Dans les pays où des services sont dispensés,ceux-ci sont destinés principalement aux adultesprésentant des troubles psychiatriques majeurs, lesbesoins des enfants n’étant pas pris en compte.

L’effet généralisé de l’exclusion sociale due auxpréjugés et à la discrimination empêche en outreles gens de reconnaître leurs problèmes de santémentale, d’en parler à autrui et de se faire soigner.

La situation n’est pas facilitée par la faiblesse, voirel’inexistence, des politiques, programmes et dispo-sitions législatives voulues pour affronter le problè-me dans nombre de nos pays.

Une enquête récente réalisée dans les 46 pays denotre Région montre par exemple que la moitiéd’entre eux seulement disposent de politiques desanté mentale et de lutte contre les toxicomanies.

Bien que 74 et 71 % des pays respectivementsoient dotés de programmes de santé mentale etd’une législation dans ce domaine, ce n’est le casque depuis assez récemment – cinq ans au plus.Certaines des statistiques les plus inquiétantesissues de l’enquête concernent le financement :84 % des pays consacrent moins de 1 % de leurbudget de santé total (généralement 10 % oumoins du budget national) à la santé mentale.

Le rapport contient néanmoins des notes positives,à savoir qu’il existe des politiques pharmaceutiqueset des listes actualisées de médicaments essentielsdans 93 % des pays ; que 64 % des pays y ont éga-lement inclus des médicaments contre des mal-adies telles que l’épilepsie, la dépression et lestroubles majeurs comme les psychoses.Malheureusement, la plupart des personnes quiont besoin de ces médicaments n’ont pas lesmoyens de se les procurer en raison de leur coûtprohibitif. La situation est particulièrement graveen zone rurale où les antidépresseurs, les anti-convulsivants et les antipsychotiques sont rarementdisponibles. Pour ce qui est de l’accès, les pays ontavantage à mettre les traitements généraux pour

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les maladies mentales à la disposition de l’ensem-ble de la population. Ils doivent donc intégrer lasanté mentale dans la santé générale, spécialementau niveau des soins de santé primaires.

Tout cela montre clairement que nos pays doiventaccorder un rang plus élevé à la santé mentale dansl’échelle de leurs priorités sanitaires en allouant lesfonds nécessaires et en établissant les orientationset le cadre juridique appropriés pour traiter ceproblème.

Nous demandons donc aux particuliers, auxfamilles, aux communautés et aux gouvernementsde mettre cette année à profit pour s’employer àfaire mieux connaître la santé mentale et pour éta-blir des bases solides en vue de faire évoluer l’étatde la santé mentale dans notre Région.

Un bon départ a été pris à Windhoek en 1999 avecl’adoption par nos ministres de la santé de la stra-tégie régionale pour la santé mentale.

Cette stratégie constitue un outil que les EtatsMembres peuvent utiliser pour définir les prioritéset élaborer et appliquer des programmes à diversniveaux du système de santé, en privilégiant l’ac-tion aux niveaux du district et de la communauté.

Le but de la stratégie pour la santé mentale et laprévention et la réduction des toxicomanies estd’aider à prévenir et combattre les troubles men-taux, neurologiques et psychosociaux, et d’aiderainsi à améliorer la qualité de vie des populations.Les moyens d’y parvenir incluent la formulation etle renforcement des politiques nationales de santémentale et l’élaboration et la mise en œuvre deprogrammes dans tous les Etats Membres de laRégion de l’Afrique.

Tout en adoptant et en appliquant la stratégierégionale, les Etats Membres doivent intégrer lasanté mentale et la prévention des toxicomaniesdans leurs services de santé nationaux. Les effetsseront les suivants :

■ réduction de l’incidence et de la prévalence decertains troubles mentaux et neurologiques (épi-lepsie, dépression, arriération mentale et trou-bles psychosociaux résultant de catastrophes duesà l’homme) et d’autres maladies répandues ;

■ accès équitable à des soins mentaux, neurolo-giques et psychosociaux d’un bon rapport coût-efficacité ;

■ adoption progressive de modes de vie sains ;

■ amélioration de la qualité de vie.

Les progrès des sciences et de la médecine per-mettent aujourd’hui de diagnostiquer et de traitercorrectement les troubles mentaux au moyen demédicaments ou de thérapies de brève durée ou del’association de ces deux approches.

Il incombe donc à tous collectivement, en particu-lier aux gouvernements, de prendre les mesuresappropriées pour accroître l’accès aux soins ; demieux sensibiliser le public aux traitements effica-ces ; de généraliser le recours à des services com-munautaires efficaces ; de veiller à ce que les genspuissent bénéficier de conditions socio-écono-miques favorables là où ils vivent et d’inclure lasanté mentale dans les programmes de santé géné-raux.

Face à ces difficultés, l’OMS s’engage à continuerd’aider les Etats Membres à élaborer des politiquesfondées sur des données factuelles, et des straté-gies efficaces qui aideront nos populations à attein-dre le niveau de santé le plus élevé possible.

Non à l’exclusion, oui aux soins.

C’est le défi que nous nous sommes fixé!

Bureau régionalpour les Amériques

Dr George Alleyne

Directeur régional

Dr Caldas de Almeida

Coordinateur régional, Santé mentale

L’Organisation panaméricaine de la Santé, leBureau régional de l’OMS pour lesAmériques (OPS/OMS) et les pays des

Amériques s’emploient ensemble depuis desdécennies à promouvoir la santé mentale et à amé-liorer les soins de santé mentale dans la Région.

Ces efforts ont débouché sur des progrès impor-tants, en particulier après la Déclaration deCaracas de 1990, y compris la mise en place dansplusieurs pays de politiques nationales, de plans etde dispositions législatives dans le domaine de lasanté mentale ; l’élaboration de services commu-nautaires novateurs de santé mentale, et la promo-

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tion de programmes spécialisés dans le traitementdes troubles les plus répandus.

Bien que ces progrès constituent des étapes impor-tantes, nous reconnaissons qu’il reste encore beau-coup à faire pour extraire la santé mentale de l’étatde négligence dont elle a toujours fait l’objet dansle monde, et pour prendre en compte les besoinsde santé mentale de toutes les populations desAmériques. Beaucoup de problèmes subsistent.

Ces dernières années, par exemple, la connaissancedes problèmes de santé mentale et la mise au pointde nouveaux traitements plus efficaces ont fait desprogrès spectaculaires. Pourtant, malgré l’existen-ce de traitements efficaces contre la plupart destroubles mentaux, des millions de personnesatteintes de dépression, de schizophrénie, d’épilep-sie et d’autres troubles aux conséquences dévasta-trices restent privées de ces traitements.

De même, tandis que la preuve de l’efficacité éco-nomique supérieure des services communautairescomplets par rapport aux modèles centralisés plusanciens ait été faite, et que les premiers aient lapréférence des malades et des familles, les soins desanté mentale restent le plus souvent centrés dansde vieux établissements, à l’écart du système desanté général et de la communauté.

Face à ces réalités, et aux données récentes mon-trant la véritable dimension de l’impact des trou-bles mentaux, on a davantage pris conscience de lanécessité de mobiliser toute la société civile, ycompris les décideurs, les professionnels, les usa-gers, les familles et les ONG, pour faire évoluer lasituation.

Les initiatives et les manifestations consacrées parl’OMS à la santé mentale en 2001 ont amorcécette urgente mobilisation au niveau mondial etelles ont déjà relevé le niveau de la santé mentaledans le programme politique mondial.

L’OPS/OMS et les pays des Amériques ont colla-boré avec enthousiasme à ces initiatives et, saisis-sant l’occasion exceptionnelle de la conjonction en2001 de la Journée mondiale de la Santé, del’Assemblée mondiale de la Santé et du Rapportsur la santé dans le monde, se sont fermementengagés à renforcer la coopération technique dansle domaine de la santé mentale.

A partir d’une évaluation de la situation actuelle,on a décidé d’accorder la priorité dans la Régionaux objectifs suivants :

■ mettre en œuvre des politiques et des plansnationaux de santé mentale destinés à :a) restructurer les services de santé mentale, en

vue d’élaborer des services communautairescomplets et d’intégrer tous les moyens etprogrammes nécessaires pour répondre auxdifférents besoins des populations ;

b) dispenser les traitements essentiels contre lestroubles mentaux les plus répandus, en parti-culier la dépression ;

c) mettre au point des interventions de préven-tion et de promotion de la santé ;

■ créer/réviser des dispositions législatives sur lasanté mentale intégrant les principaux élémentsde la politique de santé mentale, et donner desconseils de base pour protéger les droits des per-sonnes atteintes de problèmes mentaux ;

■ sensibiliser davantage l’opinion et combattre lespréjugés liés aux troubles mentaux ;

■ réduire les inégalités et se pencher sur les pro-blèmes de parité pour s’assurer que : a) les popu-lations défavorisées, les réfugiés et les victimesde catastrophes ont accès à des services répon-dant à leurs besoins particuliers ; b) les servicesde santé mentale sont à égalité avec les autrestypes de services ;

■ promouvoir la formation des professionnels desanté à la santé mentale ;

■ améliorer la surveillance et l’évaluation de lamise en œuvre des plans de santé mentale ;

■ accroître la participation des usagers et desfamilles aux soins de santé mentale.

Pour atteindre ces objectifs, les actions suivantessont spécifiquement privilégiées dans la coopéra-tion technique avec les pays :

■ collecte et diffusion d’informations sur la santémentale ;

■ renforcement de la capacité des pays à planifier,gérer et évaluer les services de santé mentale ; et

■ diffusion de lignes directrices sur les interven-tions économiquement efficaces et l’élaborationd’expériences novatrices.

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L’instauration de partenariats dans les domaines dela formation, de la recherche et de l’élaborationdes politiques est un autre élément clef de la stra-tégie définie. La conférence « Mental Health in theAmericas : Partnering for Progress », prévue pournovembre 2001, cherchera à promouvoir ces par-tenariats, en tirant profit de l’élan créé par lesinitiatives de l’OMS.

Bureau régional pour laMéditerranée orientale

Dr Hussein A. Gezairy

Directeur régional

Dr Ahmad Mohit

Conseiller régional, Santé mentale et Toxicomanies

Le choix de la santé mentale comme thèmede l’année 2001 reflète l’importance, de plusen plus reconnue, du rôle de la santé mentale

dans la vie quotidienne de l’être humain. Noustenons à dire à cette occasion que, contrairement àl’idée répandue, la santé mentale n’est pas réser-vée au traitement des malades mentaux. La santémentale concerne tous les aspects de la vie quoti-dienne, émotionnels, intellectuels et comporte-mentaux. La santé mentale régit la qualité de nosrelations avec autrui, nos liens familiaux, le milieuprotecteur que nous offrons à nos enfants pourleur épanouissement, les sociétés où chaque mem-bre est respecté et soigné, les sociétés civiles quiacceptent les différences d’opinion. La santé men-tale englobe donc la vie culturelle, les traditions,les aspirations religieuses et la vie spirituelle d’unepopulation tout en influant sur ces aspects.

Les pays de la Région OMS de la Méditerranéeorientale bénéficient de liens familiaux solides,d’une cohésion sociale et de croyances spirituelleset religieuses susceptibles d’exercer une influencepositive sur la santé mentale de la population. LaRégion se heurte néanmoins à des problèmes quipeuvent être nuisibles pour la santé mentale. Notrepopulation, qui est très jeune, s’interroge sur sonavenir incertain. Les jeunes reçoivent des messagesculturels contradictoires qui les obligent à conciliertraditions et modernité, suscitant dans bien des casun stress insurmontable. Les vagues de migrationet l’urbanisation sauvage, avec la pauvreté et laperte de capital social qui s’ensuivent, pèsent lour-

dement sur les infrastructures ainsi que sur la capa-cité des personnes à faire face. Plusieurs pays de laRégion sont aux prises avec la guerre, l’occupa-tion, les sanctions et les conflits internes, et lesmillions de réfugiés présents dans différentes par-ties de la Région mettent à rude épreuve le tissusocial des sociétés dans lesquelles ils vivent tout ensubissant les conséquences de leur non-assimilationdans une culture étrangère. S’ajoutent à cela lesproblèmes existants ou nouveaux des personnesâgées, des femmes et des enfants, « doublementvulnérables » aux problèmes de santé mentale.

Les maladies plus particulièrement observées dansla Région sont la dépression, l’épilepsie, les trou-bles chroniques et le suicide, en augmentation dansde nombreuses parties de la Région. La toxicoma-nie est un problème de santé mentale et de déve-loppement majeur dans la Région, qui a de gravesconséquences pour la santé publique comme lerisque accru d’infection à VIH et d’autres infec-tions véhiculées par le sang.

Ces 15 dernières années, pour répondre auxbesoins de la population, les pays de la Région dela Méditerranée orientale ont adopté des program-mes nationaux de santé mentale. L’intégration dela santé mentale dans les systèmes de santé exis-tants, y compris les soins de santé primaires, cons-titue l’approche stratégique de tous ces program-mes. La plupart des programmes nationaux desanté mentale élaborés en collaboration entrel’OMS et les Etats Membres ont donc pour objec-tif de mettre au point des systèmes qui permettentcette intégration. Ces programmes qui ont été misà l’essai dans les pays de la Région OMS de laMéditerranée orientale au cours de la décennieécoulée ont bénéficié d’occasions favorables etaffronté un certain nombre d’obstacles. Ces pro-grammes aboutiront ou échoueront selon qu’ilsparviennent ou non à saisir ces occasions et à sur-monter ces obstacles.

Dans certains pays tels que l’Arabie saoudite,Bahreïn, Chypre, le Pakistan, la République isla-mique d’Iran et la Tunisie, la santé mentale estintégrée dans les systèmes de santé généraux dansau moins une zone du pays ou à l’échelle nationale.D’autres pays tels que l’Egypte, la Jordanie et laRépublique du Yémen ont déjà mis en place danscertaines zones des projets d’intégration de lasanté mentale. C’est ainsi qu’il existe des program-

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mes scolaires de santé mentale en Egypte, auPakistan, dans la République islamique d’Iran et enTunisie. Le Pakistan et la Tunisie ont égalementmodernisé leur législation. Le Soudan, tout enmodernisant le programme de santé mentale,recourt aussi aux tradipraticiens. Chypre, le Libanet le Maroc sont des exemples de pays qui utilisentefficacement les ONG. En Afghanistan, un coursde trois mois débouchant sur un diplôme a étécoordonné par le Bureau régional de l’OMS pourla Méditerranée orientale en collaboration avec sesdeux voisins, la République islamique d’Iran et lePakistan. Ce modèle a servi récemment à la forma-tion d’un nouveau groupe, cette fois par lesinstructeurs formés précédemment, dans une per-spective d’autosuffisance. L’expérience del’Afghanistan pourra inspirer les pays dans unesituation comparable.

Au niveau régional, une importante manifestationde sensibilisation en faveur de la santé mentale aété organisée en liaison avec les ministres de lasanté de la Région ou leurs représentants, et unedéclaration à l’appui de la santé mentale a étésignée pendant la session du Comité régional de1997 à Téhéran, République islamique d’Iran. Unprogramme de développement de la santé mentaleen 10 points a ensuite été proposé et les EtatsMembres ont été invités à choisir sur une liste uncertain nombre d’activités et à entreprendre leurmise en œuvre dans leurs pays respectifs.

En ce début de millénaire, les pays en développe-ment sont aux prises avec un certain nombre deproblèmes sensibles et de défis qui affectent tousles aspects de la santé, y compris la santé mentale.L’explosion démographique, l’urbanisation sauva-ge, la pénurie de ressources humaines, de donnéesfiables et d’approches systématiques pour la presta-tion des services de santé et le transfert desmalades en font partie, en même temps que diversproblèmes culturels. Il est par ailleurs juste de direque, depuis les années 50, l’attitude générale vis-à-vis de la santé mentale évolue tant dans les pays endéveloppement que dans les pays industrialisés, enraison notamment de la conjonction de nombreuxfacteurs tels que les progrès scientifiques et tech-nologiques et les transformations socio-écono-miques. L’adoption d’une définition plus précise etglobale de la santé mentale, les nouvelles décou-vertes scientifiques concernant l’étiologie et letraitement des maladies mentales, et la possibilité

de renvoyer un nombre considérable de maladesdans leur foyer ou dans leur communauté figurentau nombre de ces facteurs. L’une des retombéesmajeures de cette évolution est l’amélioration sen-sible de la coordination entre les services de santégénéraux et les services de santé mentale.L’intégration de la santé mentale dans les systèmesde soins de santé primaires est l’un des principauxrésultats de cette coordination.

En conclusion, nous devons nous engager à conti-nuer de développer la santé mentale dans laRégion et de collaborer avec les Etats Membres àla fourniture des soins de santé mentale minimumpour tous. Notons aussi qu’à ce stade du dévelop-pement nous devons évaluer nos programmes avecréalisme et définir les défis existants, nos atouts etles opportunités qui nous sont offertes, ainsi queles obstacles que nous devrons surmonter. Ce n’estque par une démarche complète de ce type et enconnaissant bien les besoins réels et les caractéris-tiques de chaque pays et de chaque communautéque nous serons capables d’assurer à nos popula-tions un niveau de santé mentale acceptable.

Bureau régional pour l’Europe

Dr Marc Danzon

Directeur régional

Dr Wolfgang Rutz

Conseiller régional pour la santé mentale

Une action s’impose

La dépression ainsi que la morbidité et lamortalité liées à la dépression sont au centredu programme de santé mentale du Bureau

régional de l’OMS pour l’Europe. La situationdans ce domaine n’est pas homogène dans toute laRégion. Dans certains pays, on a constaté une bais-se des taux de suicide et de prévalence de ladépression alors que dans d’autres, les taux dedépression sont en hausse mais les taux de suicidesont stables ou diminuent. Dans d’autres encore,les deux taux sont en augmentation. Parmi les rai-sons expliquant ces différences figurent les dispari-tés dans l’accès aux services de santé mentale ainsique dans la qualité des services assurant le diagnos-tic, le traitement et le suivi des troubles dépressifs.

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Dans un certain nombre de pays confrontés à destransitions sociales rapides, les taux de mortalitésont en hausse. Il est possible d’établir un lienentre ces taux et le stress social, le sentimentd’impuissance et la perte d’identité qu’entraînentdes changements brusques, perturbateurs et pro-fonds au niveau des revenus, de l’emploi, desconditions de vie et des croyances d’un grandnombre de personnes qui n’ont aucun moyen d’yrésister. Ces changements peuvent représenterune dangereuse menace pour la santé mentale enfavorisant une augmentation de l’abus d’alcool,des dépressions, des suicides, de la violence, desaccidents ainsi que des maladies cardio- et céré-brovasculaires. La violence familiale est un problè-me majeur qui ne cesse de s’aggraver dans les paysen proie à une transition rapide ou à des conflitsarmés. Il en va de même de la violence sexuellequi concerne de manière disproportionnée lesfemmes et les filles.

Des études ont montré qu’en Europe occidentale,une personne sur quatre a besoin d’un traitementpsychiatrique au cours de sa vie, la proportionétant même d’une sur trois dans certains pays.Quinze à 20 % des adolescents souffrent de pro-blèmes mentaux. Le nombre de contacts avec lesservices de santé ne reflètent pas nécessairementavec précision l’incidence des problèmes mentaux,puisque la majorité des personnes nécessitant dessoins de santé mentale n’y font pas appel.

Comme dans d’autres Régions de l’OMS, de nom-breux pays européens consacrent moins de 3 % deleurs budgets de santé aux soins de santé mentale,bien que les problèmes de santé mentale puissentfacilement représenter entre un tiers et la moitiéde l’ensemble des coûts des soins de santé.

Développement des services de santé mentale et obstacles à leur mise en place

Dans certains pays d’Europe de l’Est, plus de 50 %de l’ensemble des patients sont encore soignésdans de grands hôpitaux psychiatriques.L’exclusion et la discrimination liées aux maladiesmentales rendent extrêmement difficile une inter-vention précoce, en particulier dans les zones rura-les.Toutefois, la plupart des Etats Membres s’ac-cordent sur la nécessité de passer des services enhôpitaux psychiatriques à des services au sein de la

communauté, et sur la participation active du per-sonnel aux soins de santé mentale.

Une législation obsolète en ce qui concerne lesdroits des médecins et des patients ainsi que l’ab-sence ou l’insuffisance d’une couverture sociale,pour les soins ambulatoires sont souvent à l’originedes obstacles rencontrés en Europe. En outre, letransfert des services hospitaliers vers des lieuxréservés aux consultations externes se révèle com-plexe, en particulier du point de vue du finance-ment.

Dans les pays européens, des groupes minoritairesassez importants souffrent de la pauvreté et de pri-vations, ce qui explique le grand nombre de per-sonnes plus vulnérables aux troubles mentaux ouaux troubles du comportement. Puisque c’est nonseulement le degré de pauvreté mais aussi le fossétoujours plus profond séparant riches et pauvres ausein de la société qui agissent comme des détermi-nants majeurs, de nombreuses personnes sontexposées au risque de troubles mentaux dans lessociétés européennes inégalitaires.Vaincre la pauv-reté permettra peut-être d’améliorer la santé men-tale, mais cela ne suffira pas ; une répartition pluséquitable des richesses reste le défi à relever pourtous les pays.

L’exclusion et les violationsdes droits de l’homme

Dans certains pays, des changements positifs ontprogressivement été apportés, notamment sous laforme de réformes législatives, pour réduire l’ex-clusion et les violations des droits de l’hommedont sont victimes les personnes atteintes de trou-bles mentaux. Ces réformes prennent en comptele droit à la liberté et à l’autonomie ainsi que ledroit à la santé et aux soins. Les importantes mani-festations de la Journée mondiale de la Santé 2001dans toute l’Europe ont renforcé ces efforts.Partout, les initiatives des médias destinées à sensi-biliser le public et à améliorer la qualité des infor-mations disponibles sur les questions relatives à lasanté mentale se sont multipliées et l’élan ainsicréé devrait être soutenu au cours des prochainesannées.

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Réponse du Bureau régional de l’OMSpour l’Europe

Ayant constaté que près de 40 % des EtatsMembres européens ne disposent pas de plannational en matière de santé mentale approuvé parle gouvernement, le Bureau régional de l’Europe aaidé bon nombre de ses Etats Membres à établir ouà renforcer leurs plans. Il poursuit ses activités decollaboration technique avec les Etats Membrespour réduire la mortalité prématurée dans les paysen transition et en proie à des conflits, lutter cont-re l’exclusion et les violations des droits de l’hom-me et les éliminer, freiner l’augmentation des casde dépression et de suicide, et atténuer les inciden-ces des disparités entre hommes et femmes enmatière de santé mentale. On s’attache notammentà aider les pays à poursuivre des réformes psychia-triques par la mise en place de services de santémentale au niveau communautaire et l’utilisationdu système de soins de santé primaires avec la par-ticipation active des consommateurs et desfamilles.

Parmi les moyens utilisés pour rassembler desinformations fiables dans les pays, promouvoir etmener à bien la recherche et établir des lignesdirectrices sur divers aspects de la santé mentalefigure la mise en place de groupes spéciaux, char-gés notamment de la mortalité prématurée, desévaluations au niveau national et d’audits de lasanté mentale, et de la lutte contre l’exclusion. Lestravaux de ces groupes spéciaux contribueront àévaluer la situation dans les pays, recenser les prin-cipaux déterminants des problèmes mentaux dansdivers groupes de population et évaluer leur inci-dence, analyser les obstacles à l’amélioration desservices, concevoir des interventions et des straté-gies appropriées et assurer la mise en œuvre et lesuivi des programmes nationaux de santé mentale.Les groupes spéciaux ont aussi pour objectif d’éva-luer différents modèles d’interventions en vued’activités de promotion, de prévention et desoins, et de diffuser aux Etats Membres des infor-mations reposant sur des bases factuelles concer-nant les stratégies et approches qui ont porté leursfruits.

Prenons par exemple l’importance des liens exis-tant entre les problèmes de santé mentale et la vio-lence, l’alcoolisme et le suicide chez les hommes.Le bureau régional de l’OMS pour l’Europe ras-

semble des informations sur ce phénomène et metau point des stratégies d’intervention appropriéesreposant sur différents modèles. Les facteurs quiprotègent les femmes en périodes de changementet de transition et qui font qu’elles affrontentmieux de telles situations sont aussi à l’étude. Lacapacité qu’ont les femmes de participer à desréseaux d’entraide sociale pour garder le sens de lamaîtrise de leur destin et de demander de l’aide encas de besoin peut fournir un modèle utile pour leshommes.

De la même façon, des recherches entreprises dansles pays d’Europe occidentale sont utilisées pouraider les pays d’Europe de l’Est à comprendre lesprocessus sociopsychologiques complexes queconnaissent actuellement leurs populations. Onespère que le fait de promouvoir les pratiques quiconsistent à conserver des liens familiaux forts, àentretenir de solides réseaux de parents et d’amis,et à préserver les croyances spirituelles et religieu-ses protégera certaines de ces sociétés en situationde détresse sociale des principaux problèmes desanté mentale. Le Bureau régional pour l’Europecontinuera à promouvoir une collaboration bilaté-rale et multilatérale, y compris l’échange de don-nées d’expérience entre les pays d’Europe de l’Estet d’Europe occidentale, dans un souci de respectmutuel.

Une réunion ministérielle européenne aura lieucette année pour donner une nouvelle direction etde nouveaux conseils au programme de santé men-tale du Bureau régional pour l’Europe et pourdégager un consensus sur ses orientations straté-giques générales.

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Bureau régional pour l’Asiedu Sud-Est

Dr Uton Muchtar Rafei

Directeur régional

Dr Vijay Chandra

Conseiller régional, Santé et Comportement

Les populations des pays Membres del’Organisation mondiale de la Santé de laRégion de l’Asie du Sud-Est ont été affectées

de tout temps par de nombreuses maladies trans-missibles. Certaines de ces maladies ont été effica-cement combattues tandis que d’autres continuentde poser de graves problèmes de santé publique. Ilapparaît néanmoins de plus en plus clairement queles maladies non transmissibles, troubles mentauxet neurologiques inclus, sont aussi une cause desouffrances inouïes et de décès dans la Région. Onestime à 450 millions dans le monde le nombre despersonnes atteintes de troubles mentaux et neuro-logiques ou de problèmes psychosociaux liés à laconsommation d’alcool et de drogues. NotreRégion, qui compte une importante proportion deces personnes, supporte donc une double charge demorbidité – due aux maladies transmissibles et auxmaladies non transmissibles. En outre, avec unepopulation de plus en plus nombreuse et de plus enplus âgée, les pays Membres seront aux prises avecun nombre toujours croissant de malades atteintsde troubles mentaux et neurologiques. Ainsi que l’adit le Directeur général, le Dr Gro HarlemBrundtland, «Beaucoup de ces personnes souffrentseuls et, par-delà la souffrance et le manque desoins, il y a les préjugés, la honte, l’exclusion et,plus souvent qu’on veut bien le savoir, la mort».

Les programmes de santé mentale, dans les paysMembres de la Région de l’Asie du Sud-Est, se sontgénéralement concentrés sur la psychiatrie hospita-lière. On prend cependant conscience dans ces paysde la nécessité de privilégier les programmes com-munautaires de santé mentale. Le Bureau régionalde l’OMS pour l’Asie du Sud-Est s’emploie surtoutà aider les pays Membres à élaborer des program-mes communautaires de santé mentale ainsi que desprogrammes destinés à prévenir les dommages dusà l’alcoolisme et à la toxicomanie. Les programmesseront adaptés aux problèmes particuliers à chaquesexe et aux différentes cultures et ils toucheront

toutes les couches de la population, y compris lesgroupes marginalisés.

La mise en œuvre des projets et programmes com-munautaires de santé mentale se heurte à de nomb-reux obstacles. Si certains pays se sont dotés d’unepolitique de santé mentale, la mise en œuvre laisseà désirer. Il est urgent de sensibiliser les gouverne-ments à l’importance de la santé mentale et à lanécessité de définir clairement les buts et les objec-tifs des programmes communautaires de santémentale. Les services de santé mentale doivent êtreintégrés dans le système général des soins de santéprimaires. En même temps, on devra élaborer desprogrammes communautaires novateurs et pro-mouvoir des travaux de recherche sur les problè-mes pertinents et les pratiques traditionnelles. Il estimportant d’éduquer et d’informer les communau-tés au sujet des troubles mentaux et neurologiquesafin de dissiper les nombreux mythes et malenten-dus concernant ces maladies. Et il faut surtout met-tre fin aux préjugés et à la discrimination associésaux maladies mentales.

Le Bureau régional élabore des stratégies pour lesprogrammes communautaires qui reposent sur lescinq éléments suivants :

Disponibilité

Des services répondant au moins aux besoins mini-mums des populations atteintes de troubles men-taux et neurologiques devraient être disponibles,quel que soit l’endroit où vivent les malades. Lesprincipales questions sont les suivantes : quels sontles services minimums requis et qui les dispensera ?

Acceptabilité

Une partie importante de la population dans lespays continue de perpétuer les superstitions et lesidées fausses concernant les maladies mentales etneurologiques. Beaucoup attribuent ces maladies àdes «esprits malins». Aussi ces personnes préfè-rent-elles consulter des sorciers et des guérisseursalors même que des services médicaux appropriéssont disponibles. Il est important d’informer et d’é-duquer les populations sur la nature des maladiesneuropsychiatriques.

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Accessibilité

Les services doivent être disponibles, et de surcroîtau moment opportun pour la communauté. Si untravailleur doit renoncer à son salaire journalier etcouvrir une distance importante pour aller consul-ter un médecin qui ne reçoit que quelques heurespar jour, il est peu probable qu’il sollicitera ces ser-vices.

Médicaments d’un prix abordable

Les médicaments sont fréquemment hors de portéedes pauvres.Tout doit être fait pour assurer unapprovisionnement ininterrompu en médicamentsessentiels d’un prix raisonnable. La politique desprix du gouvernement et le rôle de l’industriepharmaceutique dans la distribution et l’établisse-ment des prix deviennent donc déterminants.

Evaluation

Ces programmes étant nouveaux, il est importantde les évaluer en permanence pour s’assurer qu’ilssont pertinents et économiquement efficaces. Lesprogrammes en cours doivent être modifiés sur labase d’évaluations impartiales.

Les soins de santé mentale, contrairement à denombreux autres domaines de santé, n’exigentgénéralement pas une technologie coûteuse. Ilsdemandent en revanche le déploiement judicieuxde personnels convenablement formés à l’identifi-cation des maladies, à l’utilisation de médicamentsrelativement bon marché et à la fourniture enexterne d’un soutien psychologique.Toutes les per-sonnes concernées doivent surtout collaborer étroi-tement pour relever les défis multiples que pose lasanté mentale.

Bureau régional pourle Pacifique occidental

Dr Shigeru Omi

Directeur régional

Dr Helen Herrman

Conseiller régional (par intérim), Santé mentale

Toute la santé repose sur la santé mentale.Les données scientifiques et la recherche sou-lignent aujourd’hui les liens indissociables qui

existent entre la santé mentale et la santé phy-sique. Parallèlement à l’amélioration de la santéphysique observée dans la Région du Pacifiqueoccidental, la santé mentale a régressé au cours deces 50 dernières années.

Les facteurs sociaux et économiques ont eu deseffets négatifs importants sur le niveau de la santémentale. Les troubles mentaux et neurologiquescomprennent des troubles tels que la dépression,l’anxiété, la toxicomanie et la pharmacodépendan-ce, des troubles moins courants mais handicapantstels que la schizophrénie ; l’épilepsie et la démen-ce, et les incapacités intellectuelles. Le suicide estun problème important en rapport étroit avec lasanté mentale.

Selon certaines estimations, la charge de morbidi-té liée aux troubles mentaux dans la Région duPacifique occidental est supérieure à ce qu’on obs-erve dans d’autres parties du monde. Dans lespays relativement nantis de la Région, les troublesmentaux représentaient 27 % de la charge demorbidité en 1999, contre 15 % dans les autrespays.

Les obstacles à l’amélioration de la santé mentaleincluent la pauvreté, l’éclatement des familles,l’urbanisation sauvage, les catastrophes et lesconflits armés et les problèmes résultant de lasituation des réfugiés et des personnes déplacées,ainsi que les attitudes et les connaissances des com-munautés, le manque d’attention consacrée auxpolitiques de santé, le rang de priorité insuffisantdes services et la prestation surannée et inadéquatedes services, à quoi s’ajoute la faiblesse des liensavec les ressources communautaires.

Deux orientations stratégiques principales sontproposées dans la Région du Pacifique occidentalpour améliorer la santé mentale. Premièrement,

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l’application, pour la promotion de la santé menta-le et la prévention et du traitement des maladies,de l’approche fondée sur la santé publique. Cetteapproche repose notamment sur des actions inter-sectorielles destinées à promouvoir la santé menta-le (législation, politique suivie, et formation despersonnels), la collecte et la diffusion des donnéessur les effets qu’exercent sur la santé mentale lesdécisions prises dans ces domaines, en particulierla prévention des troubles dans les groupes à hautrisque (comme les personnes dont la consomma-tion d’alcool est préjudiciable et les jeunes mèresayant des antécédents de dépression), et l’organisa-tion de services de santé acceptables, accessibles etefficaces.

Deuxièmement, l’intégration des services de santémentale dans les services de santé généraux et la commu-nauté élargie. Des services intégrés de bonne qualitéassureront (a) la reconnaissance précoce et le trai-tement des problèmes de santé mentale et destroubles mentaux, et (b) la continuité des soins àproximité du foyer, de la famille et du lieu de tra-vail pour ceux qui présentent des incapacités per-sistantes. Pour dispenser des services de qualité, ilest nécessaire de mieux sensibiliser la communautéet de réduire les préjugés et la discrimination àl’encontre des personnes atteintes de troublesmentaux et de leur famille ; de faciliter et d’accélé-rer l’accès au traitement et aux soins ; d’améliorerla prestation et l’organisation des services de santémentale ; d’instaurer une protection juridiqueappropriée ; de former des personnels aux compé-tences requises en santé mentale ; de fixer des nor-mes pour les services et leur accréditation ; d’in-clure un soutien aux usagers et aux familles, auxassociations d’entraide et de sensibilisation dans letraitement et la planification ; de créer une culturede recherche et d’évaluation concernant les pro-grammes et les services ; et de veiller aux aspectspsychosociaux des soins de santé.

Pour améliorer la santé mentale et faire face auxproblèmes liés aux troubles mentaux, le Bureaurégional de l’OMS pour le Pacifique occidental etleurs partenaires devront prendre des mesuresconcertées, et ce à plusieurs niveaux – sensibilisa-tion, politique et interventions – dans les paysindustrialisés comme dans les pays en développe-ment. Le Bureau du Pacifique occidental travailleradonc avec les pays et d’autres partenaires pour :

■ analyser la situation et élaborer des politiques etdes programmes qui reflètent les perspectivesémergentes dans le domaine de la santé mentale ;

■ élaborer la technologie requise pour les pro-grammes de prévention, de traitement et deréadaptation ;

■ intégrer les soins de santé mentale dans les soinsde santé généraux ;

■ privilégier les soins communautaires de santémentale aux dépens des services hospitaliers ;

■ élaborer une culture de recherche et d’évalua-tion ;

■ inclure la santé mentale dans les programmes depromotion de la santé.

Le Bureau régional de l’OMS pour le Pacifiqueoccidental et l’OMS se sont engagés à mettre ceséléments en pratique en collaboration avec lesEtats Membres et d’autres partenaires, dans lecadre d’une stratégie de santé mentale convenue.

D E C L A R AT I O N S D E S D I R E C T E U R S E T C O N S E I L L E R S R E G I O N A U X

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Réponse de l’OMS à l’appeldes ministres en faveur

d’une action

Dr Benedetto Saraceno

DirecteurDépartement de la Santé mentale et des ToxicomaniesOrganisation Mondiale de la SantéGenève

Conclusion

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C’est avec une profonde satisfaction que nousassistons à l’émergence d’un extraordinairemouvement pour l’amélioration de la santé

mentale aux niveaux international et national. Cemouvement fait suite à une série de manifestationsqui se sont déroulées tout au long de 2001 àl’OMS et dans différents pays. Jamais auparavant lasanté mentale n’avait reçu autant d’attention enune même année, et jamais auparavant ce problè-me de santé critique n’avait suscité pareil senti-ment de solidarité ni mobilisé autant de monde.Des organisations non gouvernementales, des enti-tés du secteur privé, des universitaires, des grou-pes professionnels et les médias ont manifesté ledésir de s’associer avec les gouvernements et lasociété civile pour accroître l’accès aux soins desanté mentale et développer les moyens permet-tant de faire face aux besoins de santé mentale detous.

L’une des manifestations récentes les plus détermi-nantes dans l’émergence de cette réaction mondia-le en faveur de la santé mentale est sans nul doutele consensus auquel sont parvenus une centaine deministres de la santé au sujet du rang de priorité àdonner aux besoins de santé mentale de leur popu-lation dans la mesure où ils menacent le bien-êtrede secteurs importants de leur population et com-promettent le développement socio-économiquede leur pays. Ils n’ont pas dissimulé que, pour eux,les tables rondes sur le thème de la santé mentaleétaient « depuis longtemps nécessaires » et « historiques »parce que « nous avons trop longtemps occulté ce sujet »,et que « notre préoccupation pour les maladies infectieu-ses ne doit pas nous détourner des problèmes de santémentale… nous devons trouver, dans nos budgets limités,une part pour la santé mentale ». Ce nouvel engage-ment politique constitue un important tremplinpour l’accélération de l’action de santé mentale.

Les raisons qui ont poussé l’OMS à focaliser l’at-tention sur la santé mentale sont multiples et biendécrites dans les différentes sections du présentouvrage. Il convient de citer d’une part la chargeépidémiologique alarmante et l’augmentation pré-vue de l’incidence et de la prévalence des troublesmentaux, neurologiques et comportementaux, ledéficit considérable de traitement et, surtout lespréjugés d’une ampleur épidémique et les viola-tions des droits fondamentaux des personnesatteintes de troubles mentaux. On dispose d’autre

part de données scientifiques solides pour étayerl’action nécessaire. Il existe désormais des médica-ments psychotropes ayant moins d’effets indésira-bles pour traiter différents troubles invalidants telsque la schizophrénie et la dépression. On connaîtmieux leur mode d’action et leurs indications ontété définies systématiquement et communiquéesaux personnels médicaux spécialisés et non spécia-lisés. Des recherches ont porté sur les interven-tions psychologiques en cas de dépression et on arecueilli des informations sur leur taux de succès.On a étudié attentivement l’efficacité d’une modi-fication de l’environnement familial pour réduireles résultats négatifs chez les personnes atteintes detroubles tels que la schizophrénie. On a aussi faitd’énormes progrès dans la définition des meilleursmoyens de dispenser ces traitements dans lecontexte des soins de santé primaires, et aussi prèsque possible des communautés où vivent les gens.

Les données factuelles remplacent effectivementl’idéologie et la tradition et beaucoup de person-nes sont convaincues par toutes ces nouvellesinformations que la pratique de la santé mentalepeut maintenant s’appuyer sur des bases scienti-fiques. Mais le passage véritable des connaissancesà l’action est lent et inégal dans les pays. Des étu-des faites récemment par le Département de laSanté mentale et des Toxicomanies de l’OMS mon-trent qu’un tiers au plus des personnes atteintes deschizophrénie bénéficient d’un traitement. Le défi-cit de traitement est probablement bien supérieurcar les calculs reposent sur des études effectuéesdans des pays où les soins de santé mentale sontplus aisément accessibles. Le cas de l’épilepsieillustre aussi parfaitement le déficit de traitement.De 60 à 90 % des épileptiques pouvant être soi-gnés sont privés de soins, et 5 % au plus des per-sonnes atteintes de troubles dépressifs ont accès àun traitement dans les pays ayant de maigres res-sources. De plus, même lorsque des traitementssont accessibles, les gens restent longtemps sans sefaire soigner parce qu’ils craignent d’être rejetéspar les agents de santé, la communauté et la socié-té en général. Or le taux de prévalence des trou-bles mentaux ne peut baisser tant que le déficit detraitement n’est pas réduit.

Ces faits appellent une réponse appropriée desgouvernements. On peut opérer un réel change-ment à condition de réorienter les services,

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d’utiliser les technologies disponibles et de pro-mouvoir les politiques de santé publique. Il étaitdonc temps que l’OMS stimule et catalyse uneréaction collective en faveur de l’action de santémentale en présentant les données factuelles à lacommunauté internationale, aux gouvernements etau public. C’est ce que nous avons tenté de faire aumoyen des messages diffusés le 7 avril pour laJournée mondiale de la Santé à tous les secteurs de lasociété.

C’était aussi l’objectif des tables rondes ministé-rielles que nous avons organisées cette année pen-dant l’Assemblée mondiale de la Santé pour susciterl’intérêt et la motivation des ministres de la santéafin qu’ils inscrivent avec détermination la santémentale dans les programmes de santé et de déve-loppement de leur pays. Les résultats des tablesrondes de l’Assemblée étaient très encourageants.Plus de 130 ministres de la santé de toutes lesrégions du monde se sont réunis et ont affirmécollectivement leur engagement politique à prend-re en compte les besoins des populations dans cedomaine. Ils ont souligné au cours de leurs discus-sions leurs forces et leurs faiblesses en la matière.Ils ont aussi lancé un appel ferme en faveur d’unsoutien international en précisant les domainesprioritaires nécessitant un soutien technique inten-sifié de l’OMS. En réponse à ces requêtes, nousproposons une stratégie mondiale de la santé men-tale pour assurer que l’OMS au Siège, dans lesrégions et dans les pays aide efficacement les pays àréaliser leurs buts nationaux dans le domaine de lasanté mentale. La stratégie comprend quatre pilierssuivants :

■ générer des informations et les diffuser large-ment ;

■ aider les pays à élaborer leur politique, leurs pro-grammes et leurs services ;

■ promouvoir la recherche et renforcer le poten-tiel de recherche national ;

■ renforcer l’action de sensibilisation et la protec-tion des droits fondamentaux.

Le premier pilier concerne deux élémentsessentiels : l’un d’eux vise à accroître sensiblementla quantité et la qualité des données à la dispositiondes décideurs et des dispensateurs de services surl’expérience scientifique et programmatique inté-ressant les soins de santé mentale, la promotion et

la prévention dans ce domaine. Nous pensons quemême si une petite partie seulement des connais-sances existantes sont mises à la disposition deceux qui planifient et dispensent les services, l’im-pact sera considérable. Le deuxième élémentconcerne l’énorme déficit de connaissances relati-ves à l’état de la santé mentale dans les pays et lemanque d’informations sur la capacité des pays àprendre en compte les facteurs qui influent sur lasanté mentale. Les pays devront bénéficier d’unsoutien intensifié pour se doter de systèmes d’in-formation nationaux et recueillir des données fia-bles sur les systèmes de santé mentale et leur sur-veillance, l’évaluation de la prestation des serviceset la collecte de données épidémiologiques debase. On veillera en particulier à ce que ces effortssoient compatibles avec les systèmes d’informationplus vastes du secteur de la santé, et rattachés à cessystèmes.

Le deuxième pilier de la stratégie remédiera à lasituation actuelle, c’est-à-dire plus de 40 % despays privés de politique de santé mentale et plusde 30 % sans programme de santé mentale. Mêmeles pays dotés d’une politique de santé mentalenégligent hélas souvent certains des groupes lesplus vulnérables. C’est ainsi que plus de 90 % despays n’ont pas de politique de santé mentale cou-vrant les enfants et les adolescents. Il est doncindispensable de fournir aux pays un soutien com-plet pour qu’ils puissent se doter d’une politiqueet de services de prévention, de traitement et desurveillance des troubles mentaux. L’élaborationde ce soutien devra s’accompagner d’une aidetechnique aux pays, à leur demande, pour la plani-fication et le financement de systèmes de santémentale complets. Les éléments essentiels inclu-ront les dispositions législatives, la planification desservices en particulier l’intégration de la santémentale dans le système de santé publique élargi,le développement des ressources humaines, les ser-vices à l’usage des populations particulièrementvulnérables comme les femmes, les enfants, lespersonnes âgées, les réfugiés, les adolescents et lespersonnes atteintes de maladies physiques chro-niques et/ou d’incapacités, et la qualité des soins.

Le troisième pilier de la stratégie concerne la recher-che et le soutien aux pays pour qu’ils renforcentleur potentiel de recherche. Ce sont le constat dela grande faiblesse du potentiel de recherche dans

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la plupart des pays et la sérieuse pénurie de cher-cheurs qualifiés, spécialement dans les pays aurevenu faible ou moyen, qui nous ont amenés àconsidérer la recherche comme l’un des 4 piliersde notre stratégie. Or c’est là un élément critiqueet essentiel du développement des systèmes desanté. La plupart des recherches en cours sur lasanté mentale sont faites dans de rares pays richeset nous savons qu’il est peu probable que les résul-tats concernant les pays riches soient valables outransposables dans les pays pauvres. C’est un fac-teur qui explique pour une large part l’absence depolitiques de santé mentale localement pertinenteset fondées sur des données factuelles et de pra-tiques reposant sur les résultats des recherchesopérationnelles. Pour améliorer la performance etl’efficacité des services et étendre les connaissancesconcernant les causes, les mesures de prévention etles traitements possibles, il est indispensable d’en-courager et de soutenir les pays pour qu’ils établis-sent les infrastructures qui leur permettent dedisposer d’un potentiel de recherche durable.

Le quatrième pilier concerne le maintien essentiel del’action de sensibilisation en faveur de la santémentale aux niveaux international, régional etnational. En établissant des relations de partenariatavec des gouvernements, des ONG et des groupescommunautaires, les pays bénéficieront d’une aidepour l’élaboration de leur importante action desensibilisation qui leur permettra d’inscrire la santémentale dans le programme public, de promouvoirla connaissance accrue et l’acceptation de person-nes atteintes de maladies mentales, de promouvoirla législation pour la protection des droits fonda-mentaux des personnes atteintes de maladies men-tales, de réduire les effets répandus de l’exclusionsociale résultant des préjugés et de la discrimina-tion et de l’existence de nombreux établissementspsychiatriques surannés. La réduction de l’exclu-sion et de la discrimination aidera les personnesatteintes et leur famille à avoir une vie meilleure etplus productive et elle encouragera les personnesqui en ont besoin à solliciter des soins.

Le processus systématique de sensibilisation qui adébuté avec la campagne pour la Journée mondialede la Santé « Non à l’exclusion, oui aux soins »continuera de servir de tremplin pour générerl’enthousiasme, inciter les gens à tenir compte desbesoins des familles et des usagers dans la politique

suivie, la législation et la prestation des services ; etveiller à ce que la riposte du système de santémentale réponde aux besoins réels des personnesatteintes de maladies mentales.

Si on peut déjà observer les effets bénéfiques decette stratégie, on s’attend à un impact beaucoupplus considérable au cours de ces trois à cinq pro-chaines années. Pour mieux évaluer l’impact de cesactivités, un mécanisme systématique et intégréd’évaluation est actuellement mis en place. Nouspensons que nous ne pouvons allouer de façonoptimale nos ressources limitées qu’en évaluant enpermanence les résultats de notre travail, qu’il s’a-gisse de la recherche, de l’élaboration des poli-tiques, des programmes ou des services, ou de lasensibilisation. Il en est de même des pays.

En conclusion, l’OMS souhaite rendre hommageaux ministres de la santé qui ont lancé un appelferme en faveur de l’action de santé mentale pen-dant l’Assemblée mondiale de la Santé en 2001. Enalignant nos orientations stratégiques sur leurs pré-occupations et leurs priorités, nous voulons nousassurer que nous partageons la même vision de l’a-venir et les mêmes objectifs et qu’ils suivent desvoies réalistes et réalisables. Nous demandons àtous ceux qui partagent ce point de vue de s’asso-cier à nous dans l’amélioration de l’accès et de laqualité des soins de santé mentale pour tous ceuxqui ont beaucoup trop attendu.

S A N T E M E N TA L E : A P P E L A L’ A C T I O N

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Liste des participants aux tables rondes

Annexe

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S A N T E M E N TA L E : A P P E L A L’ A C T I O N

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TABLE RONDE – Sa l le VI I

Président M Phillip Goddard (Barbade)

Modérateurs Professeur Jill Astbury (Australie)Professeur Arthur Kleinman (Etats Unis d’Amérique)

Afrique du Sud Dr M.E.Tshabalala-Msimang

Allemagne Mme U. Schmidt

Belgique Mme Magda Aelvoet

Burkina Faso M Pierre Tapsoba

Cameroun M U. Olanguena Awono

Chili Dr Carmen López

Danemark M Arne Rolighed

Dominique Dr John Toussaint

Equateur Dr Patricio Jandriska

Ethiopie Dr Menilik Desta

Fidji M Pita K. Nacuva

Hongrie M Gyula Pulay

Lesotho M T. Mabote

Maroc M Thami El Khyari

Mexique Dr Julio Frenk Mora

Mongolie Professeur P. Nymadawa

Namibie Dr Libertina Amathila

Népal M Ram Krishna Tamrakar

Oman Dr Ali Bin Mohammed Bin Moosa

Pakistan Dr A.M. Kasi

Paraguay Dr Martin Chiola

Pologne Professeur Grzegorz Opala

Qatar Dr H.A.H. Al Binali

République de Corée Dr Kyeong Ho Lee

Saint-Kitts-et-Nevis M Earl Martin

Saint Marin M Romeo Morri

Sénégal M Abdoul Aziz Diop

Singapour Professeur Ee Heok Kua

Slovénie M Dorjan Marusic

Turquie Professeur Orhan Canbolat

Zambie Dr L. Mumba

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A N N E X E

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TABLE RONDE – Sa l le X I I

Président M. Lyonpo Sangay Ngedup (Bhoutan)

Modérateurs Dr J. López-Ibor (Espagne)Dr Sylvia Kaaya (République-Unie de Tanzanie)

Angola Dr Albertina Hamukwaya

Bélarus Dr Igor Zelenkevich

Bosnie-Herzégovine Dr Zeljko Misanovic

Botswana Mme Joy Phumaphi

Brésil Dr João Yunes

Brunéi Darussalam M Ahmad Matnor

Emirats arabes unis M Hamad Abdul Rahman Al-Madfaa

Etats-Unis d’Amérique M Tommy Thompson

Gabon M Faustin Boukoubi

Grèce Professeur Christina Spyraki

Grenade Dr Clarice Modeste-Curwen

Guatemala M Mario Bolaños Duarte

Haïti Dr Henri-Claude Voltaire

Israël Dr A. Leventhal

Jordanie Dr S. Kharabseh

Libéria Dr Peter S. Coleman

Madagascar Professeur Henriette Ratsimbazafimahefa

Maldives M Ahmed Abdullah

Nicaragua Dr Mariángeles Argüello

Norvège M Tore Tønne

Ouganda Dr C. Kiyonga

Pérou Dr Eduardo Pretell Zárate

Republique démocratique du Congo Professeur Mashako Mamba

République démocratique populaire lao Dr Boungnong Boupha

Rwanda Dr Ezéchias Rwabuhihi

Samoa M M. Siafausa Vui

Sierra Leone Dr I.I.Tejan Jalloh

Slovaquie M Svätopluk Hlavacka

Sri Lanka M W.D.J. Seneviratne

Suisse Mme Ruth Dreifuss

Yémen Dr Abdul Nasser Ali Al-Munibari

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S A N T E M E N TA L E : A P P E L A L’ A C T I O N

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TABLE RONDE – Sa l le XVI I

Président Mme Annette King (Nouvelle-Zélande)

Modérateurs Professeur Julian Leff (Royaume Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord) Dr Lourdes Ignacio (Philippines)

Algérie Dr M. Abdelmoumène

Arabie saoudite Dr Mohamed Abdullah Al Shawoosh

Bahamas Dr Ronald Knowles

Bangladesh M Sheikh Fazlul Karim Selim

Canada M A. Rock

Chine Dr Peng Yu

Chypre M Frixos Savvides

Côte d’Ivoire Professeur Raymond Abouo N’Dori

Cuba Dr Carlos Dotres Martínez

Egypte Professeur Ismail Sallam

Ex-République yougoslave de Macédoine Dr Muarem Nedzipi

Fédération de Russie Professeur V.N. Krasnov

France Dr Bernard Kouchner

Gambie M Y. Kassama

Géorgie Dr A. Gamkrelidze

Inde Dr C.P.Thakur

Iran (République islamique d’) Dr Mohammad Farhadi

Japon M Jungoro Kondo

Mali Dr Fatoumata Traoré Nafo

Mozambique Dr Francisco Ferreira Songane

Myanmar M Ket Sein

Niger M Assoumane Adamou

Nigéria Professeur A.B.C. Nwosu

Panama Dr Fernando Gracia García

Papouasie-Nouvelle-Guinée M Ludger Mond

Pays-Bas Dr E. Borst-Eilers

Portugal M José Manuel Boquinhas

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord Mme Jane Hutt

Tunisie Dr H. Abdessalem

Uruguay Dr E.Touyá

Viet Nam Professeur Pham Manh Hung

Zimbabwe Dr Timothy J. Stamps

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A N N E X E

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TABLE RONDE – Sa l le XVI I I

Président Professeur M. Eyad Chatty(République arabe syriènne)

Modérateurs Dr Vikram Patel (Inde)Mme Paula Mogne (Mozambique)

Argentine Dr Hector Lombardo

Australie Professeur John Mathews

Autriche Professeur Reinhart Waneck

Bahreïn Dr Faisal Radhi Al-Mousawi

Bénin Professeur G. Ahyi

Bolivie Dr Guillermo Cuentas-Yáñez

Colombie Sra Sara Ordoñez Noriega

Croatie Dr A. Gilic

Finlande Dr Jarkko Eskola

Ghana Dr Richard W. Anane

Guinée Dr Mamadou Saliou Diallo

Guinée-Bissau Dr Francisco Dias

Honduras Dr Plutarco Castellanos

Islande M David Gunnarsson

Indonésie Dr Achmad Sujudi

Iraq Dr Omid Midhat Mubarak

Italie Dr F. Oleari

Jamaïque M John Junor

Malaisie M Chua Jui Meng

Maurice M Ashok Kumar Jugnauth

République dominicaine Sra Angela Caba

République populaire démocratique de Corée M Ri Si Hong

République tchèque Professeur Bohumil Fise

République Unie de Tanzanie Mme Anna M. Abdallah

Roumanie Dr Daniela Bartos

Sainte-Lucie Mme Sarah Flood Beaubrun

Soudan Dr Ahmed Bilal Osman

Suède M Lars Engqvist

Tchad Mme Fatimé Kimto

Thaïlande Dr Winai Wiriyakitjar

Tonga Dr V.T.Tangi

Trinité-et-Tobago Dr Rampersad Parasram

Venezuela Dr María Lourdes Urbaneja Durant

Yougoslavie Dr M. Kovac

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Pour toute information supplémentaire concernant ce document veuillez contacter :

Meena Cabral

Département de la Santé mentale et des Toxicomanies

Maladies non transmissibles et Santé mentale

Organisation mondiale de la Santé

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Tél. : +41 22 791 3616 ou +41 22 791 3622

Fax : +41 22 791 4160

Courrier électronique: [email protected]

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La capacité d’entretenir avec le groupe et le milieu où elle vit

des relations propices à un bien-être subjectif,

au développement optimal et

au meilleur usage possible de ses aptitudes mentales,

à la réalisation de buts individuels et collectifs conformes à la justice,

et au respect et au maintien des principes

de l’égalité fondamentale témoigne,

pour la personne, d’une bonne santé mentale.

Organisation mondiale de la SantéDépartement de la Santé mentale et des Toxicomanies

Avenue Appia 20CH-1211 Genève 27

SuisseTél : +41 22 791 21 11Fax : +41 22 791 41 60

Courrier électronique : [email protected] internet : www.who.int/mental_health W

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