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RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN Analyses et propositions du Analyses et propositions du Forum Euro-Méditerranéen des Instituts Economiques Forum Euro-Méditerranéen des Instituts Economiques Heba Handoussa, Economic Research Forum, Egypte Jean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France Coordonnateurs Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier de la Commission des Communautés Européennes. Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que les auteurs et ne reflètent pas l’opinion officielle de la Commission. Septembre 2003 Institut de la Méditerranée FEMISE C A I SS E D EP A R G N E PROVENCE - ALPES - CORSE 2003

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Page 1: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN

Analyses et propositions duAnalyses et propositions duForum Euro-Méditerranéen des Instituts EconomiquesForum Euro-Méditerranéen des Instituts Economiques

Heba Handoussa, Economic Research Forum, EgypteJean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France

Coordonnateurs

Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier dela Commission des Communautés Européennes. Lesopinions exprimées dans ce texte n’engagent queles auteurs et ne reflètent pas l’opinion officielle dela Commission.

Septembre 2003

Institut de la Méditerranée

FEMISE

C A I S S E D E P A R G N EPROVENCE - ALPES - CORSE

2003

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Heba HANDOUSSA, Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte

Jean-Louis REIFFERS, Institut de la Méditerranée, France

Sergio ALESSANDRINI, Istituto d’Economia, Universita Luigi Bocconi, Italie

Aziz Al KAZAZ, Deutches Orient Institut, University of Hamburg, Allemagne

Bruno AMOROSO, Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark

Slimane BEDRANI, Centre de Recherches en Economie Appliquée pour le Développement, Algérie

Driss BEN ALI, Centre d’Etudes Stratégiques, Université Mohammed V, Maroc

Agnès CHEVALLIER, Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales, France

Michael GASIOREK, Sussex University, Royaume-Uni

Mohieddine HADHRI, Centre d’Etudes Méditerranéennes et Internationales, CETIMA, Tunisie

Hanaa KHEIR ELDIN, Faculty of Economics and Political Studies, Cairo University, Egypte

Alejandro LORCA CORRONS, Universidad Autonoma de Madrid, Espagne

Samir MAKDISI, Economics Department, American University in Beirut, Liban

Tuomo MELASUO, University of Tampere, TAPRI, Finlande

Seyfeddin MUAZ, Royal Scientific Society, Jordanie

Yilmaz ÖZKAN, Center for Mediterranean Studies, Turquie

Meine Pieter Van DIJK, Economic Faculty, Erasmus University, Hollande

Septembre 2003

Ce rapport a été présenté au Steering Committee du FEMISE,réuni à Marseille le 28 juillet 2003.

Membres du Steering Committee :

RAPPORT FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN

Avec la contribution de :

Frédéric Blanc Institut de la Méditerranée, France

Yasmin Fahim Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte

Nathalie Grand Institut de la Méditerranée, France

Maryse Louis Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte

Diaa Nour El Din Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte

Nathalie Roux Centre d’Economie et de Finances Internationales, France

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TABLE DES MATIERES

A/ SIX ORIENTATIONS PRINCIPALES POUR LE DÉVELOPPEMENT

I- Couvrir les besoins en emplois, une nécessité impérieuse . . . . . . . . . . . . . . p.1a- Un problème qui ne réside plus dans l’évolution démographique mais dans la structure de la population. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.2b- Une transition démographique largement entamée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.2c- Un objectif central, obtenir une croissance sensiblement plus forte et créatrice d’emplois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.5d- Un besoin de nouveaux emplois considérable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.6

II- Consolider un actif, la stabilisation macro-économique . . . . . . . . . . . . . . . p.8a- Une macroéconomie stabilisée qui a pu, jusqu’ici, résister aux chocs . . . . . . . . . . . p.8b- Des contraintes et des rigidités contre-productives à long terme qui pèsent sur l’action des gouvernements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.14c- La stratégie de l’Etat employeur en dernier ressort, des effets de long terme néfastes qui pèsent sur les capacités de croissance futures . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.17

III- Améliorer la vitalité de la croissance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.19a- Privilégier l’action sur la productivité globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.19b- Accélérer la mise en oeuvre des réformes nécessaires pour modifier le régime de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.23

IV- Conforter la compétitivité dans les échanges de biens et services et l’attractivité des capitaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.30a- Les échanges de biens : l’ouverture des PM progresse, particulièrement avec l’UE, mais les échanges ne sont pas assez diversifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.31b- Les échanges de services : des avantages comparatifs aujourd’hui limités dans les services commerciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.33c- La décennie manquée en matière d’IDE, un déclin de l’attractivité comparée qui semble se corriger actuellement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.35d- Etude d’un cas : un secteur menacé, le textile-habillement en Méditerranée . . . . . p.40

V- Modifier une dynamique du marché du travail freinée par la structure de l’em-ploi, l’inadéquation de la formation et la législation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.53

VI- Contrôler le développement de la pauvreté, une contrainte absolue. . . . . p.56a- Une pauvreté qui ne s’étend pas mais qui gagne en profondeur . . . . . . . . . . . . . p.56b- La lutte contre la pauvreté et les performances des économies . . . . . . . . . . . . . . p.59c- La migration dans les pays du Sud de la Méditerranée, conséquence de la pauvreté et du chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.60d- La question de l’emploi des femmes et de leurs revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.64

B/ MONOGRAPHIES SUR LA SITUATION MACRO-ECONOMIQUE DES PM . . . . . . . . . . . . . . . . p.69

Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.143Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.143Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.147

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RAPPORT FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN

Septembre 2003RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Le développement des sociétés méditerranéennes

dans les prochaines années va devoir s’organiser

autour de l’articulation d’un impératif et d’un actif.

L’impératif est de répondre aux besoins d’emplois

considérables des 15 prochaines années. L’actif,

qui s’est construit tout au long des années 90 au

prix de lourds efforts, est la stabilisation macroé-

conomique pour laquelle les performances des PM

sont à l’égale des meilleurs pays en développe-

ment et des nouveaux candidats. A l’évidence,

cette stabilisation n’a pas permis la revitalisation

des sociétés méditerranéennes. Mais, sans elle,

aucune construction n’est possible. Sans elle, on

peut se demander comment les PM auraient pu

résister aux nombreux chocs externes qu’ils ont

subis ces trois dernières années.

Selon le Femise, cette articulation est possible en

suivant six grandes orientations :

√ couvrir les besoins en emplois,

√ consolider la stabilisation macroéconomique,

√ améliorer la vitalité de la croissance,

√ conforter la compétitivité dans les échanges

et l’attractivité des capitaux,

√ modifier la dynamique des marchés du travail

freinée par la structure de l’emploi, l’inadé-

quation de la formation et la législation,

√ contrôler le développement de la pauvreté.

Le problème des besoins en emploi

n’est plus une question démographique, contin-

gente aux diverses hypothèses que les spécialistes

peuvent faire et, donc, discutables. C’est un fait

qu’illustrent parfaitement deux simples chiffres :

en 2000, la population des moins de 15 ans, ceux

qui chercheront bientôt une activité, s’élève à plus

de 80 millions de personnes et dépasse la popula-

tion active qui représente, elle, près de 74 millions

de personnes.

Les PM sont en effet indiscutablement entrés en

phase de transition démographique. Les taux de fer-

tilité ont baissé, comme le rythme de croissance de

la population. Mais, la transition n’étant pas ache-

vée, la population active ne suit pas la même ten-

dance et son taux de croissance augmente toujours.

L’existence d’une population active nombreuse,

assortie d’une transition démographique rapide,

peut fort bien être transformée en avantage écono-

mique puissant, notamment par le jeu du cycle

épargne-investissement. C’est d’ailleurs ce qui

explique en partie le « miracle asiatique » dans les

années 70-80. Mais, il est alors indispensable que

la vitalité des économies soit suffisante pour offrir

les postes de travail nécessaires à la transformation

de la population « jeune » en population « active »,

des postes suffisamment productifs pour que cet

accroissement de l’emploi ne se fasse pas au détri-

ment du salaire réel ni de la compétitivité.

Pour les PM, on peut évaluer l’ampleur du défi que

représente la couverture des besoins en emplois.

Dans les quinze prochaines années, compte tenu

de la structure actuelle de la population et des

marchés du travail, il faudra près de 34 millions

de nouveaux postes pour ne pas dégrader la

situation existante pourtant déjà préoccupante.

L’amélioration nécessaire des taux d’activité, rela-

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tivement bas dans la plupart des PM, accroît enco-

re l’effort puisque atteindre le taux d’activité

moyen de l’Union réclamera 50,3 millions

d’emplois supplémentaires.

Parvenir à cet objectif ne pourra se faire

sans poursuivre la stabilisation macroécono-

mique. Les PM ont maintenant acquis une véri-

table maîtrise de leurs grands équilibres, notam-

ment dans le contrôle de l’inflation et du déficit

budgétaire (à l’exception du Liban et de la

Turquie). Les politiques monétaires rigoureuses

employées s’avèrent saines et leur permettent

d’éviter le recours au seigneuriage. Malgré des

taux de chômage encore importants et des taux de

croissance du PIB positifs mais insuffisants vis-à-

vis du besoin de création d’emploi, la région dispo-

se là d’un véritable actif qu’il faut absolument

préserver pour bâtir une stratégie de développe-

ment soutenable. Atout acquis par un chemine-

ment progressif, ce qui l’a ancré dans les pratiques

gouvernementales, il a permis aux PM de préser-

ver leur cohésion sociétale malgré la succession de

chocs internes (sécheresses) et externes (diminu-

tion du tourisme, hausse des cours du pétrole)

qu’ils viennent de subir en peu de temps.

La consolidation de cet actif va nécessiter en pre-

mier lieu de repenser l’action des gouvernements

sur le plan de la structure budgétaire et de leurs

stratégies d’emplois dans le secteur public.

La fiscalité est un point où les PM peuvent res-

taurer certaines marges de manœuvre sans

remettre en cause la stabilisation macro-écono-

mique, car les principales rigidités auxquelles ils

doivent faire face peuvent rapidement être réso-

lues. Côté recettes, la perte due à l’abaissement

des droits de douanes semble parfaitement soute-

nable en regard des expériences de la Jordanie et

de la Tunisie, où l’augmentation de l’activité liée à

l’ouverture engendre les recettes fiscales compen-

sant les pertes inititales. Encore faut-il que le sys-

tème fiscal combine de manière optimale la fiscali-

té directe et indirecte. Côté dépenses, on ne peut

ignorer le poids de la situation politique qui

implique un montant de dépenses de défense gros-

sièrement équivalent aux investissements étran-

gers entrant dans la région. S’y ajoute celui de la

dette externe, dont le paiement du service ôte des

circuits économiques locaux d’importants mon-

tants financiers. Toutefois, la plus grande contrain-

te entièrement du ressort des PM reste la charge

que représentent les salaires des emplois publics.

Dans les PM, l’emploi public civil atteint presque

17% de l’emploi total (contre 11% en moyenne

dans le monde) et les salaires versés absorbent

près de 27% des dépenses publiques totales. Mais,

plus que le poids que cela représente dans le bud-

get, c’est la stratégie même de l’État

employeur en dernier ressort qui pose, à

terme, plus de problèmes qu’elle n’en résout

dans la situation des PM, notamment en biaisant les

marchés du travail et en entraînant des effets néga-

tifs dans la sphère réelle. D’une part, les salaires

offerts dans la fonction publique sont nettement

plus élevés que dans le secteur privé, ce qui draine

les plus hautes qualifications vers les administra-

tions et prive le secteur privé en général, les sec-

teurs nouveaux en particulier, des ressources

humaines nécessaires à leur compétitivité. D’autre

part, en cas de ralentissement économique, un tel

niveau de dépenses courantes, qui ne peut être

réduit, oblige à baisser les dépenses d’investisse-

ment et/ou à recourir à l’endettement public.

En second lieu, il reste encore deux points néga-

tifs du point de vue macroéconomique auxquels il

faut rapidement remédier : la fragilité structu-

relle de la méthode d’équilibrage des comptes

extérieurs et la faiblesse de la croissance.

Au niveau des comptes extérieurs, les PM expéri-

mentent toujours un déséquilibre commercial. Ce

n’est pas le déficit qui pose problème. Il est sou-

vent le lot des pays en transition et correspond à

un déficit d’épargne qui traduit notamment le fait

que la population est jeune et l’écart de dévelop-

pement à combler important. Mais, il est compen-

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sé dans les PM par des recettes hautement vola-

tiles : le tourisme et les transferts de revenus des

émigrés, tandis que l’investissement étranger est

très faible. Il est clair qu’en cas de choc, cette

façon d’équilibrer le compte extérieur nécessite un

choix, cornélien dans la position des PM, entre un

ajustement réel par la dépression de la demande

interne et le chômage, et un ajustement nominal

par l’inflation, ce qui est une remise en cause de la

discipline macro-économique chèrement acquise.

Sur le plan de la croissance, le problème est que les

PM ne disposent d’aucune marge de manœuvre

pour améliorer à la fois la situation de l’emploi et la

productivité, les taux moyens actuels n’étant que

légèrement supérieurs à ceux de la croissance de la

population active. Dans ce schéma, il est presque

fatal d’opposer l’emploi et la productivité du travail,

c’est-à-dire que la productivité du travail doit qua-

siment stagner si l’on ne veut pas subir de hausse

du chômage. Il y a trois principales raisons à cette

faiblesse, qui requièrent chacune un ensemble

d’évolutions : (i) une accumulation du capital enco-

re insuffisante que l’on pourrait corriger en déve-

loppant l’épargne et en améliorant sa transforma-

tion en investissement, (ii) une allocation du capi-

tal qui ne se réalise pas dans les emplois les plus

productifs, ce qui demanderait des évolutions des

cadres institutionnels et des pratiques visant à

ralentir la substitution du capital au travail, (iii) une

contribution du progrès technique très faible qui

appelle la mise en place d’une « économie de la

connaissance », où se mêlent innovation et éduca-

tion, apte à agir sur la productivité globale.

Améliorer la vitalité de la croissance

est donc indispensable pour desserrer l’étau dans

lequel les PM sont pris. Compte tenu des besoins en

emplois, l’enjeu est d’augmenter la croissance

autour de 6-7%. A ce niveau, la substitution du

capital au travail qu’expérimentent les économies

industrialisées et ouvertes est possible, la vitalité

du système permettant d’absorber les effets de

l’ajustement sans que soient nécessaires les inter-

ventions pour limiter l’impact sur l’emploi. Sans nul

doute, ce sont ces effets sur l’emploi que redoutent

le plus, à juste titre, les PM. Et c’est pourquoi il est

nécessaire de privilégier l’action par la produc-

tivité globale puisqu’il s’agit du moyen d’accroître

la production par tête sans substituer de façon exa-

gérée du capital au travail. Quatre voies se déga-

gent pour augmenter le rythme d’accumulation du

capital, le diriger vers des emplois plus productifs et

élever la productivité globale des facteurs (c’est-à-

dire la contribution du progrès technique) : (i) l’in-

novation et l’amélioration de la qualité des produits,

(ii) l’amélioration de l’organisation interne des

entreprises, (iii) le développement d’externalités

dans des domaines donnés avec l’incitation des

pouvoirs publics, (iv) l’amélioration continue des

facteurs, notamment du travail par l’éducation et la

formation tout au long de la vie.

Dans le même temps, il faut accélérer la mise en

oeuvre des réformes dans les domaines où sont

entravés les éléments indispensables à l’objectif de

revitalisation de la croissance, soit le droit de pro-

priété et essentiellement dans le domaine du fon-

cier, l’efficacité et la transparence des administra-

tions —en particulier les douanes—, le cadre

concurrentiel et l’établissement de tribunaux spé-

cialisés. L’accélération est nécessaire car le proces-

sus de réforme a certes été entamé depuis long-

temps, mais il est moins rapide et surtout moins

visible que dans d’autres régions, notamment les

pays en voie d’adhésion. Ceci place les PM dans

une situation difficile dans la mesure où les efforts

d’assainissement réalisés ne sont pas valorisés à

leur niveau réel dans la vision que les agents se

font de la région. En découle une moindre attracti-

vité relative alors que les PM jouent une stratégie

de croissance par l’ouverture, sans doute aucun la

seule capable de permettre d’atteindre leurs objec-

tifs de développement.

De fait, la quatrième grande orientation

pour le développement des PM est l’amélioration

de leur compétitivité dans les échanges de

biens et services et de l’attractivité des capitaux.

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Depuis 1990, les PM ont, en général, accru leur

ouverture et ont recentré leurs échanges sur l’UE.

Cet engagement géographique a comme consé-

quence un faible développement des échanges

intra-méditerranéens et l’accentuation des avan-

tages comparatifs. La position commerciale est en

constant déficit, tant vis-à-vis de l’UE que du reste

du monde.

Les PM possèdent encore des avantages coûts,

essentiellement du fait du coût du travail. Mais cet

avantage est menacé sur deux plans. D’une part, il

est à la merci de la concurrence croissante d’autres

pays dont les coûts sont plus faibles. D’autre part,

il n’est bâti que sur la modération salariale, ce qui

le rend très fragile d’autant qu’en l’absence de gains

de productivité du travail, chaque augmentation a

un impact négatif direct sur la compétitivité. Les

avantages hors coûts sont quant à eux peu déve-

loppés et la structure des échanges est trop spécia-

lisée et mal adaptée à la demande mondiale. A nou-

veau, les exemples de la Jordanie et de la Tunisie

sont particulièrement riches d’enseignements dans

la mesure où ils montrent que la voie de la diversi-

fication est possible et porteuse de succès. Il est

alors clair que le chemin vertueux de la croissance

par l’ouverture impose de passer d’une compétitivi-

té fondée sur la faiblesse des coûts en travail à une

compétitivité fondée sur la qualité et la diffé-

renciation des produits, ce qui demande, là

aussi, d’importants gains de productivité.

Sur le plan de l’Investissement Direct

Etranger, de nombreuses réformes ont été entre-

prises durant la dernière décennie afin d’améliorer

l’attractivité de la zone. Du point de vue des légis-

lations maintenant en place, le climat des investis-

sements s’est nettement amélioré dans la région.

Mais, cela ne s’est pas accompagné de la même

progression au niveau des flux qui continuent à

fluctuer selon les années, reflétant une attention

des investisseurs portée sur des opportunités par-

ticulières, et non sur la région en tant que telle.

Ces mêmes chiffres montrent que les flux suivent

une tendance de progression certes, mais bien

inférieure à la croissance générale, ce qui a conduit

à la baisse de la part relative de la région : son

attractivité diminue non pas intrinsèquement,

mais relativement à celles d’autres régions en

développement.

L’ancrage externe que constituent les accords

d’association n’a de même pas réussi à

rendre la région plus attractive auprès des

investisseurs européens. Malgré la proximité

géographique, ceux-ci restent plus enclins à inves-

tir dans les pays candidats ou dans le continent

sud-américain. Il apparaît même que la région

séduit davantage les investisseurs américains

auprès desquels la part que représentent les PM

dans les flux d’investissement est plus de deux fois

plus élevée que celle qu’ils représentent dans les

flux européens. Pour le Femise, une stratégie

visant à renforcer la capacité de la région à attirer

ces capitaux doit conjuguer la stabilisation macro-

économique et plusieurs éléments comme une

approche commune pour défragmenter les mar-

chés locaux, la diversification de la sphère produc-

tive, la rationalisation et la simplification des pro-

cédures ou encore la création de bureaux de pro-

motion en Europe.

Pour que la stratégie extérieure et la

redynamisation de la croissance aient un impact

maximum en termes de création d’emploi, il va

être nécessaire de modifier la dynamique

actuelle des marchés du travail, sur laquelle

pèsent la structure de l’emploi, l’inadéquation de la

formation et certains aspects des législations. En

premier lieu, le secteur agricole représente encore

plus de 17% des emplois. Il est inéluctable que

l’ouverture des PM va favoriser un rapprochement

des structures sectorielles avec celles des pays

européens, ce qui sous-entend une diminution

importante de l’emploi agricole. Cela va accroître

encore les fortes tensions que connaissent les mar-

chés du travail, puisque les besoins évalués plus

haut correspondent aux emplois supplémentaires

nécessaires sans tenir compte des éventuelles des-

tructions dues aux évolutions sectorielles.

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En second lieu, afin d’endiguer le chômage, un

effort doit être porté sur la formation, dans son

adéquation aux besoins d’un secteur privé sur

lequel les PM vont de plus en plus s’appuyer. Bien

que le nombre d’années d’étude ait très fortement

augmenté ces vingt dernières années, bien que les

formations de haut niveau soient performantes,

bien que les dépenses publiques dans l’éducation

soient importantes, les taux d’illettrisme restent

souvent élevés et les jeunes, y compris les diplô-

més, sont proportionnellement plus touchés par le

manque d’emploi. Cela traduit un manque de dis-

positifs permettant l’acquisition des savoirs de

base pour l’ensemble de la population, y compris

les adultes, de dispositifs permettant la formation

tout au long de la vie professionnelle, de disposi-

tifs permettant d’organiser les informations afin de

bien cerner les problèmes de court terme.

Enfin, sur le plan des législations, le principal pro-

blème réside en la dualité des économies, entre

secteur public et secteur privé, entre secteur for-

mel et secteur informel, dualité qui affaiblit

nombre de dispositions sociales parce qu’elle en

facilite le contournement et en accentue finale-

ment les effets pervers.

Emploi, croissance, ouverture sont au

cœur de la question du développement car leur

bonne articulation peut être mise au service de la

sixième grande orientation : l’absolue contrain-

te de lutte contre la pauvreté. Les PM sont loin

d’être la région la plus touchée, puisque « seule-

ment » 2% de la population est sous la barre sym-

bolique du dollar par jour. Cela reste cependant

une illusion dans la mesure où c’est près de 30%

de la population, soit 72 millions de personnes, qui

vivent avec moins de 2 dollars par jour. Ce qui est

particulièrement préoccupant, c’est que cette pro-

portion est aujourd’hui identique à celle qui préva-

lait en 1987. 15 années de stabilisation écono-

mique et de réformes ont certes réussi à fixer le

problème, mais n’ont pu y apporter de solution

satisfaisante. Plus loin, l’atonie qui frappe ces

sociétés entraîne l’aggravation du phénomène pour

ceux qui sont touchés : la proportion de ceux qui

sont considérés comme pauvres reste stable, mais

le chemin qu’il leur faudra parcourir pour sortir de

ce statut devient plus long. Un autre facteur pré-

occupant est que la situation moyenne rend mal

compte d’une autre coupure dans les PM, entre

rural et urbain, le premier secteur étant plus parti-

culièrement touché, ce qui constitue un facteur de

déséquilibre grandissant.

Il se dégage clairement trois chantiers prioritaires

pour s’attaquer au problème. En premier lieu, les

programmes de lutte doivent être remodelés afin

de mieux prendre en compte l’aspect multidimen-

sionnel du problème —problème qui est bien au-

delà du simple transfert de revenus—, afin de

mieux atteindre les populations concernées à

l’échelon local, afin de mieux analyser leur

impacts.

En second lieu, la question de l’émigration et de

ses relations avec la pauvreté doit être réintégrée

dans les débats, particulièrement ceux du partena-

riat. La situation actuelle, qui favorise l’émigration

clandestine (puis la vie clandestine), est domma-

geable pour les deux parties de la Méditerranée,

alors même que la quasi parfaite complémentarité

des deux situations démographiques plaiderait

objectivement pour une démarche visant à organi-

ser des flux migratoires régulés.

En dernier lieu, les PM doivent se poser la question

des conséquences du faible taux d’activité des

femmes sur leur dynamique socio-économique.

D’une part, l’exemple de l’Asie du Sud-Est indique

qu’il y a là une source de croissance non mobilisée

au niveau macro-économique. D’autre part, c’est

une source de revenu qui manque également au

niveau des ménages et que l’on ne peut s’empê-

cher de rapprocher de la dynamique préoccupante

de la pauvreté.

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Le présent rapport expose la position du FEMISE

sur la situation économique des pays de la

Méditerranée et le défi que représente l’arrivée

massive sur le marché du travail de millions de

jeunes dans les deux prochaines décennies.

La présentation se focalise sur ce défi en raison de

son ampleur : comme le montre la première par-

tie, ce ne sont pas moins de 34 millions d’emplois

nouveaux qui sont nécessaires d’ici à 2020, sim-

plement pour ne pas aggraver une situation déjà

préoccupante. Il faudrait en fait créer plus de 50

millions d’emplois pour d’atteindre le taux d’activi-

té moyen des pays de l’Union. Pour y parvenir, il

est nécessaire que le régime de la croissance fasse

preuve d’une vitalité qu’aucun des partenaires

n’expérimente aujourd’hui. La question qui se pose

alors est celle de la possibilité de modifier le régi-

me de croissance des Partenaires Méditerranéens

(PM) pour atteindre un double objectif, aujourd’hui

apparemment contradictoire : d’une part créer les

emplois nécessaires, d’autre part améliorer la

compétitivité internationale tout en distribuant

davantage de revenus, notamment par le canal de

la productivité des facteurs.

La mise en parallèle des besoins de croissance et des

régimes de croissance effectivement en place dans

les PM montre que l’accumulation de capital ou de

travail, si elle ne se couple pas avec la recherche sys-

tématique de progrès techniques et de nouvelles

externalités (aménagement du territoire, fourniture

de biens publics de qualité, éducation, etc.), ne pour-

ra pas répondre aux nouvelles demandes de travail.

Cela ne peut se traduire que par une hausse des taux

de chômage et une montée de l’instabilité sociale

dans les PM.

Ce rapport présente ainsi dans sa première partie

les cinq autres grandes orientations nécessaires au

développement des PM, compte tenu du statut de

« priorité absolue » de la couverture du besoin en

emploi : (i) valoriser les efforts considérables faits

par les PM en matière de stabilité macro-écono-

mique, ce qui constitue à la fois l’actif incontes-

table que les PM ont réussi à construire dans la

dernière décennie et le socle nécessaire à une

croissance soutenable et forte ; (ii) retrouver une

vitalité de la croissance suffisante, notamment en

agissant sur l’amélioration de la productivité glo-

bale et accélérant la mise en place des réformes

nécessaires à la modification du rythme actuel ;

(iii) poursuivre la stratégie d’ouverture, en axant

les efforts sur la diversification, la compétitivité et

l’attraction des capitaux pouvant financer les

efforts ; (iv) apporter les modifications structu-

relles aux marchés locaux du travail, prioritaire-

ment sur les points qui freinent leur capacité de

création de nouveaux emplois (le poids de l’emploi

public, la formation et certains aspects de la légis-

lation) ; (v) réduire la pauvreté qui enferme les

économies dans un véritable carcan, tant écono-

mique que social, ce qui ne peut s’envisager qu’en

portant attention aux mouvements humains entre

les deux rives de la Méditerranée et au statut de

l’activité des femmes.

Puis, dans sa deuxième partie, le rapport 2003

présente les forces et les faiblesses des PM dans le

contexte de ces orientations principales et les der-

nières avancées de 2002-2003.

Heba Handoussa, Economic Research Forum, EgypteJean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France

Coordonnateurs

Septembre 2003

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Heba Handoussa, Economic Research Forum, EgypteJean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France

Coordonnateurs

Septembre 2003

I- Une nécessité impérieuse, couvrir les

besoins en emplois

L’objectif premier du Partenariat est littérale-

ment l’établissement d’une zone de paix et

de prospérité. Cet objectif généreux a pris

cette année encore plus de relief dans la

région. Il revêt un aspect sociétal fondamen-

tal : le maintien de la cohésion des sociétés

composant la région. Sur les rives sud, il

s’est transformé aujourd’hui en besoin d’em-

ploi. Au sommet de la pyramide des besoins

humains se trouve en effet le besoin de

reconnaissance et, ce besoin, la société

moderne l’octroie par le travail.

Pour bien appréhender l’ampleur de la tâche,

il faut prendre en compte, outre la situation

actuelle des marchés de l’emploi :

(i) les spécificités de la transition démogra-

phique en Méditerranée,

(ii) l’évolution des taux de participation, des

femmes qui ont toutes raisons d’aug-

menter dans des proportions voisines de

celles observées dans les pays méditer-

ranéens de l’UE depuis ces 20 dernières

années,

(iii) le potentiel, en termes de productivité,

d’une population active sensiblement

plus nombreuse.

Tableau 1 : Population, structures par âge et taux de croissance de la populationdes PM en 2001

PopulationCroissance annuellemoyenne (1)

Structure selon l'âge(% population)

TotaleDont moinsde 15 ans 1980-2001 2001-2015

moins de15 ans 15-64

65 ans etplus

Algérie 31 040 10 181 2,4 1,5 32,8 62,5 4,7

Chypre 759 172 1,0 (2) 0,6 22,7 65,9 11,4

Egypte 65 336 24 566 2,2 1,5 37,6 59 3,4

Israël 6 509 1 849 2,4 1,5 28,4 61,8 9,8

Jordanie 5 182 2 052 4 2,2 39,6 57,7 2,7

Liban 4 385 1 232 1,8 1,2 28,1 65,4 6,5

Malte 395 76 1,0 (2) 0,4 19,2 68,2 12,6

Maroc 29 170 9 218 1,9 1,4 31,6 63,3 5,1

AutoritéPalest. 3 299 1 537 3,7 (2) 3,3 46,6 50,1 3,3

Syrie 16 720 6 772 3,1 2,1 40,5 56,4 3,1

Tunisie 9 674 2 893 2 1,3 29,9 63,9 6,2

Turquie 68 618 20 517 1,9 1,1 29,9 64,7 5,4

Total PM 241 087 81 064 2,4 1,5 33,6 61,7 4,7

Sources : Eurostat, programme Medstat base newcronos ; World Developement Indicators 2003,Human development Report 2003(1) : Les taux de croissance annuels moyens sont les taux de croissance exponentiels(2) : Croissance moyenne pour la période 1975-2001

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a- Un problème qui ne réside plus dans

l’évolution démographique mais dans la

structure de la population

Les 12 PM représentent en 2001 une popu-

lation de plus de 240 millions de personnes,

soit 3,9% de la population mondiale

(tableau 1).

Deux traits principaux ressortent du tableau

précédent : d’une part, les taux de croissan-

ce de la population totale ont nettement

chuté et les prévisions pour la période 2001-

2015 montrent une poursuite du mouvement

qui est principalement dû à une diminution

de la fécondité ; d’autre part, le nombre de

jeunes est extraordinairement important : en

2001 plus de 80 millions de personnes auront

besoin d’un emploi dans les 15 ans. C’est évi-

demment la contrainte majeure des sociétés

méditerranéennes.

La première remarque indique que les PM ont

largement entamé leur transition démogra-

phique, ce qui permet d’envisager une quasi-

stabilisation de la population des PM à l’hori-

zon d’une vingtaine d’années. La seconde

amène à souligner la faiblesse du taux d’ac-

tivité moyen, surtout vis-à-vis de la structu-

re de la population. Ainsi, aujourd’hui, la

population active (ceux qui ont un emploi ou

ceux qui se déclarent au chômage) est infé-

rieure à la population des moins de 15 ans,

celle qui sera en âge de travailler d’ici à

2020. Autrement dit, les caractéristiques

actuelles des structures productives des PM

ne permettent pas d’envisager l’emploi des

nouveaux arrivants sur le marché du travail.

b- Une transition démographique large-

ment entamée

La transition démographique se décline de

manière tout à fait classique en trois

phases :

(i) la première phase se caractérise par

l’amélioration des conditions de santé qui

induit une baisse du taux de mortalité

infantile et une hausse de l’espérance de

vie. Toutefois, non seulement la popula-

tion croît toujours rapidement, mais les

pays subissent un alourdissement du

taux de dépendance (rapport de la popu-

lation des classes d’âge non actives, les

moins de 15 ans et les plus de 65 ans, et

Tableau 2 : Les marchés du travail des PM

Année Populationactive

Emplois Chômage Tauxd'activité(1)

Algérie 2000 8 154 5 726 2 428 41%

Chypre 2001 315 303 12 62%

Egypte 1999 18 616 16 750 1 481 48%

Israël 2000 2 435 2 221 214 54%

Jordanie 2001 998 852 147 32%

Liban 1997 1 362 1 246 116 47%

Malte 2001 156 146 10 49%

Maroc 2002 10 870 9 555 1 315 53%

Syrie 2001 5 457 4 844 613 55%

Tunisie 1997 2 978 2 504 475 49%

Turquie 2000 22 263 20 579 1 453 47%

Total PM 73 606 64 725 8 264 48%

(1) : Rapport de la population active sur la population en âge de travailler.Source : ILO, 2003, site Internet à partir des instituts nationaux de statistiques.

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de la population en âge de travailler) du

fait d’une augmentation relative de la

population jeune. Il s’agit d’une situation

extrêmement délicate qui ne peut évo-

luer dans le sens du développement, que

si la fécondité baisse ;

(ii) dans la deuxième phase, les taux de

fécondité diminuent à leur tour et la

population des moins de 15 ans qui a

rapidement crû pendant la première

phase commence à entrer dans la popu-

lation active, ce qui entraîne une baisse

du taux de dépendance, dans le mesure

où le pays arrive à fournir une activité

aux nouveaux entrants. Dans cette

situation, la question majeure est d’of-

frir du travail aux jeunes ;

(iii) dans la troisième phase, les taux de

natalité et de mortalité sont stabilisés,

tandis que l’espérance de vie continue à

augmenter. Du fait d’une population

vieillissante, le taux de dépendance

remonte, ce qui pose la question de la

couverture sociale et du financement

des retraites, mais les jeunes peuvent

trouver du travail.

La force de la pression que va exercer la

transition démographique sur les économies

des PM dépend principalement de deux fac-

teurs : d’une part la rapidité de la transition

qui indique la durée de la pression exercée

par les jeunes générations (moins de 15 ans)

qui se joignent à la population active et à qui

il faudra fournir un emploi, d’autre part, le

degré de dépendance qui en donne l’intensi-

té et mesure l’effort que doit consentir une

économie pour assurer l’entretien des moins

de 15 ans et des plus de 65 ans. Ces deux

éléments déterminent largement le mode de

gestion de la transition envisageable et les

gains en termes de croissance qu’il est

nécessaire de dégager.

Pour ce qui est de la durée, bien qu’il existe

une forte hétérogénéité entre les PM, les pré-

visions de croissance de la population

publiées par l’ONU font état d’un net change-

ment qui va s’accentuer dans les 20 pro-

chaines années. Ainsi, la population de

Chypre et Malte devrait se stabiliser dans une

vingtaine d’années, mais il faudra attendre

une décennie supplémentaire pour voir ce

phénomène se produire en Tunisie, au Liban,

en Turquie, au Maroc, en Algérie et en Israël.

Par contre, la Jordanie, l’Egypte et la Syrie

sont nettement en retard et la population ne

commencera à décroître qu’à partir de 2050.

Toutefois, dans tous ces pays, les taux d’ac-

croissement chutent rapidement.

Cela est dû pour l’essentiel à l’évolution des

taux de fertilité. Ceux-ci ont été réduits de

moitié entre 1980 et 2000 pour l’Algérie, le

Maroc, la Syrie et la Tunisie, de 30 à 40%

pour l’Egypte, le Liban, la Jordanie et la

Turquie, de 20% pour Chypre et seulement

de 5% pour Israël ou Malte.

De plus, l’espérance de vie a augmenté dans

les PM, de 10 ans en moyenne (traduisant

l’amélioration des systèmes de santé et des

conditions sanitaires). Cet allongement de la

durée de vie a toutefois été notablement plus

important pour les hommes que pour les

femmes (12,3 ans en moyenne), la région

Figure 1 : Espérance de vie dans les PM

0 20 40 60 80

Algérie

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

Syrie

Tunisie

Turquie

TSO*

Moyenne

1975-1980 Féminin 1975-1980 Masculin

2000-2005 Féminin 2000-2005 Masculin

Source : Arab World Competitiveness Report,2002-2003Notes : * Territoires Sous Autorités PalestiennesTurquie, chiffres 2001.

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souffrant encore de taux de mortalité mater-

nelle relativement hauts, ce qui réduit l’espé-

rance de vie des femmes (figure 1).

Mais, cette transition démographique enta-

mée n’empêche pas que la population active

va continuer de croître pendant plus d’un

demi-siècle (figure 2).

Il apparaît ainsi que les PM se trouvent tous entre

la première et la deuxième phase de transition

démographique. Ce qui veut dire qu’ils doivent à

la fois supporter les coûts d’un taux de dépen-

dance plus grand (en proportion, il y aura plus de

moins de 15 ans, ce qui suscitera des dépenses

de scolarité, et davantage de plus de 65 ans ce

qui engendrera des dépenses de santé) et offrir

sensiblement plus de postes de travail aux jeunes

qui arrivent à l’âge actif. Néanmoins, on peut dis-

tinguer à nouveau 3 groupes :

(i) un premier groupe est formé de Chypre

et Malte, qui sont plus avancés, enregis-

trent des taux de dépendance faibles

mais qui vont augmenter entre 2000 et

2030 du fait du vieillissement de la

population.

(ii) Un deuxième groupe est constitué de

l’Algérie, Israël, le Liban, le Maroc, la

Tunisie et la Turquie qui vont voir leur

taux de dépendance diminuer sur les

trois prochaines décennies à mesure

que les jeunes entreront dans la

population en âge de travailler et à

condition qu’ils puissent trouver un

emploi. Israël présente, cependant, la

Figure 2 : Transition démographique en Méditerranée (taux de croissance de lapopulation totale et active et tendance)

1

1,5

2

2,5

3

3,5

4

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

Population totalePopulation active totale

Tendance de la croissance de la population totaleTendance de la croissance de la population active

Source : World Population Prospects : The 2002 Revision Population Database, United NationsPopulation Division, calculs Institut de la Méditerranée.

Figure 3 : Évolution des taux de dépendance des PM

-50

-40

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

Chypre

Malte

Isra

ël

Alg

érie

Lib

an

Tunis

ie

Turq

uie

Maro

c

Jord

anie

Egypte

Syrie

1980/2000 2000/2030

Le taux de dépendance se définit ici comme le rapport de la population 0-14 ans et +65 ans sur lapopulation 15-64 ans. Ici nous donnons la variation du taux de dépendance en pourcentage.Sources : World Population Prospects : The 2002 Revision Population Database, United NationsPopulation Division, calculs Institut de la Méditerranée.

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-5-

particularité d’enregistrer une popu-

lation de plus de 65 ans très impor-

tante, relativement aux autres pays

de ce groupe.

(iii) Enfin, un troisième groupe comprend

l’Egypte, la Jordanie et la Syrie. Ces

pays verront leur taux de dépendance

se maintenir voire s’accroître car la

part des populations âgées augmente

tandis que les populations jeunes

demeurent une composante impor-

tante (figure 3).

c- Un objectif central, obtenir une crois-

sance sensiblement plus forte et créatri-

ce d’emplois

La problématique a donc évolué. Le problème

crucial des PM aujourd’hui est plus de parve-

nir à gérer de manière optimale à moyen et

long terme les conséquences de l’évolution

de la structure de leur population, qui est

très jeune, que la recherche du contrôle de

l’évolution de leur démographie.

La croissance de l’économie peut être forte-

ment dynamisée du fait de l’existence d’une

force de travail importante. Mais, ce « demo-

graphy gift » doit se réaliser dans un régime

de croissance nouveau qui doit solliciter

davantage l’accumulation (ce qui nécessite

une augmentation des taux d’épargne et une

meilleure transformation de l’épargne en

investissements) et la productivité du travail

(par amélioration de la qualité du travail,

meilleure combinaison avec le capital, etc.).

Emploi et croissance, effet « volume » versus

effet « qualité »

Le miracle asiatique des années 1970-1980,

découle en partie d’une transition démogra-

phique rapide. Grâce à une population active

nombreuse (« effet volume ») et des taux de

dépendance bas impliquant un fort taux

d'épargne, il a été possible de réaliser une

accumulation du capital soutenue et les taux

de croissance que l’on connaît. Or, la spécifi-

cité de la transition démographique en

Méditerranée est qu’elle sera plus longue que

celle des autres pays émergents, notamment

des pays d’Asie. Les études montrent même

que si la région Afrique du Nord-Moyen

Orient avait connu une transition démogra-

phique aussi rapide que celle de l'Asie de l'Est

et du Sud-Est, elle aurait enregistré des taux

de croissance de 1 point par an supérieurs à

ceux obtenus entre 1965 et 1990, conduisant

à un niveau du PIB par tête de 28% supé-

rieur à ce qu’il était en 1990 (Williamson et

Yousef, 2002). Toutefois, la durée de l’effort

requis et son ampleur peuvent ruiner les

conséquences positives attendues de l’effet

« volume », pour deux raisons principales :

(i) plus la part des populations dépendantes

(moins de 15 ans et plus de 65 ans)

dans la population en âge de travailler

(15-64 ans) est élevée, plus les capaci-

tés d’épargne et donc d’investissement

sont affaiblies, ce qui va peser sur l’ac-

cumulation. Cet effet, bien que transitoi-

re, rend la croissance de l’économie tri-

butaire des entrées de capitaux étran-

gers ou de l’épargne du gouvernement.

(ii) Plus inquiétant, l’amélioration du niveau

d’éducation peut être ralentie par la fai-

blesse des salaires réels, faiblesse

qu’expérimentent actuellement les PM.

Il existe de forts risques d’éviction,

notamment au détriment des femmes.

La « qualité » du facteur travail dispo-

nible peut donc être également négati-

vement influencée si l’effet volume est

trop important, ou dure trop longtemps,

phénomènes qui pourrait se traduire par

un appauvrissement des populations.

C’est la qualité de la main d’œuvre futu-

re qui est ici en jeu et les gains de pro-

ductivité potentiels.

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Ceux-ci dépendent en effet directement du

niveau d’éducation qui, s’il diminue ou s’il ne

progresse plus, peut avoir des conséquences

néfastes sur d’une part, la compétitivité et la

croissance qui peut provenir de l’ouverture

et, d’autre part, la progression des salaires

réels donc la demande interne, l’investisse-

ment, le progrès technique et à nouveau la

qualité de la main d'œuvre.

Ainsi, pour que le « gift » démographique se

matérialise, il est indispensable qu’il se déve-

loppe dans une économie disposant d’une

vitalité suffisante pour offrir les postes de

travail nécessaires et, de surcroît, que les

postes de travail soient suffisamment pro-

ductifs pour permettre une augmentation des

salaires réels sans que la compétitivité de

l’économie ne soit entamée.

d- Un besoin de nouveaux emplois

considérable

Compte tenu de la situation démographique

des PM (tableau 1) et de celle des marchés de

l’emploi (tableau 2), il est possible d’évaluer le

besoin minimal pour que la situation actuelle

ne se dégrade pas davantage. Pour cela, on

utilise les prévisions de croissance de la popu-

lation totale et de la population active 2000-

2010 provenant de l’ILO, et 2000-2020 prove-

nant des Nations-Unis. L’hypothèse qui est

faite est que ce seuil minimal est celui qui

maintient le niveau du taux d’emploi actuel

(c’est-à-dire le rapport du nombre d’emploi

sur la population active).

En un peu plus de 15 ans, les PM devront

donc créer près de 34 millions d’emplois nou-

veaux, dont la majorité avant 2010, à la seule

fin de ne pas dégrader la situation actuelle.

Lorsque les offres d’emplois ne sont pas suf-

fisantes ou suffisamment attractives, une

frange croissante de la population renonce à

chercher un emploi dans le secteur formel et

se tourne vers le secteur informel. Ce méca-

nisme a souvent été considéré comme

moins négatif qu’il n’y paraît car il permet

une certaine flexibilité. Cependant, il reflète

comme il entraîne la paupérisation croissan-

te de la population et celle de l’Etat. De plus,

il finit par transformer les économies où il

constitue une part importante de l’activité

(c’est le cas des PM) en économies à deux

vitesses. La croissance n’est pas un objectif

en soit, la répartition équitable des gains de

la croissance est limitée par la difficulté à

opérer les transferts nécessaires (assiette

fiscale étroite, etc.).

Tableau 3 : Besoins minimums d’emplois dans les PM 2010-2020 pour stabiliser lasituation

Nombre d'emplois nécessairesPopulation de 15 et plus Population active Emplois au maintien du taux

d'emploi 20002000 2010 2020 2000 2010 2020 2000 2010 2020

Algérie 19 681 25 181 30 107 8 154 11 765 12 474 5 726 8 262 8 759Chypre 499 562 713 312 346 445 300 333 428Egypte 40 258 51 079 68 034 19 215 25 201 32 329 17 289 22 675 29 088Israël 4 487 5 533 6 2™80 2 435 3 111 3 408 2 221 2 838 3 109Jordanie 3 024 4 084 5 363 956 1 385 1 711 815 1 181 1 459Liban 3 091 3 802 3 401 1 492 1 926 1 610 1 365 1 762 1 473Malte 313 337 346 155 163 171 145 153 160Maroc 19 608 24 921 28 553 10 260 13 309 15 015 9 019 11 699 13 199Syrie 9 565 13 495 17 570 5 195 7 822 9 629 4 611 6 943 8 547Tunisie 6 494 7 726 9 061 3 215 4 002 4 406 2 702 3 364 3 704Turquie 47 164 55 951 66 042 22 263 26 653 31 174 20 579 24 637 28 816TotalPM

154 185 192 672 235 470 73 651 95 684 112 372 64 772 83 846 98 742

Sources : calculs Institut de la Méditerranée à partir de ILO, 2003, site internet, World PopulationProspects : The 2002 Revision Population Database, United Nations Population Division. La populationactive des PM en 2000 a été recalculée sur la base des taux de croissance actuels.

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Selon le Femise, l’objectif doit correspondre à

une franche et générale progression des taux

d’activité, qui ne peuvent, qui ne doivent pas

demeurer identiques à ceux de 2000.

Pour calculer les besoins de création d’emploi

permettant une amélioration de la situation

générale, trois scénarios ont été retenus[1],

qui permettent d’obtenir une fourchette pour

le nombre d’emplois à créer.

(i) L’hypothèse basse est une croissance

des taux d’activité moyens pour

atteindre le niveau des pays du Sud de

l’Europe, notamment ceux qui ont

rejoint l’Union Européenne dans les

années 80. Comme les PM, ils ont fait le

choix de l’ouverture et du rapproche-

ment avec l’Union européenne. Avec le

rattrapage économique, leurs taux d’ac-

tivité ont augmenté, surtout celui des

femmes, pour se rapprocher des taux

moyens de l’ensemble de l’Union

Européenne. Ceci équivaut a une pro-

gression du taux moyen de 48% à 51%,

comparable à ce que les pays du sud de

l’Europe ont réalisé entre 1980 et 2001.

(ii) L’hypothèse intermédiaire est celle de

taux d’activité se situant, en 2020 au

niveau de l’Union Européenne. Il s’agit

cette fois de faire progresser le taux

d’activité de 48% à 56%.

(iii) L’hypothèse haute consiste à retenir les

taux d’activité enregistrés par les pays

de l’Est en moyenne. Là, le taux moyen

devrait progresser de 48% à 58%. Cette

hypothèse extrême est intéressante

dans la mesure où un parallèle a été fait

systématiquement, récemment, entre la

situation des PM et celle des pays de

l’Est dans le cadre de l’accélération des

négociations d’adhésion dont ces der-

niers ont bénéficié (Femise, 2003).

En fonction de l’hypothèse retenue sur l’amélio-

ration du taux de participation, il ne s’agit plus

de devoir créer 33,9 mais entre 41,9 et 53,8

millions d’emplois d’ici 2020. Ceci représente

une hausse de 50 à 83% de l’emploi actuel.

Il est important de noter que ces premières

estimations ne tiennent pas compte de la

tendance à la baisse de l’emploi agricole qui

pose une très importante difficulté supplé-

mentaire (émigration, développement du

chômage urbain, etc.).

Modifier sans délais le régime de croissance est

donc une nécessité si l’on souligne que créer

20 millions d’emplois avant 2010 ne permettra

pas de réduire les taux de chômage actuels,

lesquels restent très élevés : de 9% à 12%

pour l’Egypte, Israël, le Maroc, la Syrie, la

Turquie, de 15% pour la Tunisie et la Jordanie

Tableau 4 : Besoins d’emplois en Méditerranée à l’horizon 2020 pour améliorer lasituation

Emplois en 2020 nécessaires pour atteindre un taux d’activité de …48% à créer 51% à créer 56% à créer 58% à créerEmploi

en 2000

(taux actuel) (hyp. 1 : sud del’Europe)

(hyp. 2 : UnionEuropéenne)

(hyp. 3 : Pays candidats)

Algérie 5 726 8 759 3 033 10 833 5 107 11 794 6 068 12 157 6 431Chypre 300 428 128 428 128 428 128 428 128Egypte 17 289 29 088 11 800 31 366 14 077 34 149 16 860 35 198 17 910Israël 2 221 3 109 888 3 109 888 3 195 974 3 294 1 073Jordanie 815 1 459 644 2 344 1 529 2 552 1 737 2 630 1 815Liban 1 365 T1 473 108 1 594 229 1 736 370 1 789 424Malte 145 160 15 166 21 180 36 186 41Maroc 9 019 13 199 4 180 13 199 4 180 14 002 4 983 14 432 5 413Syrie 4 611 8 547 3 936 8 547 3 936 8 700 4 089 8 967 4 357Tunisie 2 702 3 704 1 002 3 903 1 200 4 249 1 547 4 380 1 677Turquie 20 579 28 816 8 237 31 280 10 701 34 055 13 476 35 102 14 523Total PM 64 772 98 742 33 970 106 768 41 996 115 041 50 269 118 562 53 791

Page 18: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-8-

et de près de 30% pour l’Algérie. Et encore, il

est probable que ces taux sous-estiment l’am-

pleur du phénomène du fait de la non prise en

compte du secteur informel de l’économie.

II- Un actif à consolider, la stabilisation

macro-économique

Dans les années 80, les PM ont été confron-

tés à de graves crises d’endettement exté-

rieur liés à de forts déficits budgétaires et de

balances des paiements. Il a fallu plus de

quinze ans au prix de plans de stabilisation

rigoureux pour remédier à cette situation. Le

coût fut une diminution importante de l’équi-

pement public, la relative stabilisation du

pouvoir d’achat des fonctionnaires, le renon-

cement au rôle contra-cyclique du budget de

l’Etat, la fin du recours au seigneuriage. A

l’exception de la Turquie et du Liban, qui ont

subi des circonstances exceptionnelles, cet

actif a pu être préservé malgré des chocs

internes (sécheresses) et externes (diminu-

tion des recettes touristiques, augmentation

du prix du pétrole) de grande ampleur.

Il reste que, dans le contexte de la croissan-

ce de la demande d’emplois, de la persistan-

ce des poches de pauvreté, du besoin crois-

sant de couverture sociale (notamment pour

les personnes âgées), les budgets de l’État

seront à nouveau sollicités de façon croissan-

te. Ce phénomène apparaît nettement en fin

de période et présente des difficultés qui

appellent des évolutions structurelles pro-

fondes (assiette fiscale, recouvrement des

impôts, etc.)

La position du Femise est que tout doit être

mis en œuvre pour consolider un actif (la sta-

bilité macroéconomique) acquis au prix de

lourds efforts et qui est un atout aujourd’hui

pour les PM, relativement à d’autres zones

(en particulier les pays engagés dans le pro-

cessus d’adhésion).

a- Une macroéconomie stabilisée qui a

pu, jusqu’ici, résister aux chocs

La gestion macroéconomique plus rigoureuse

qui a pu être installée dans la plupart des

pays de la région (à l’exception de la Turquie

et du Liban), se caractérise par :

(i) des taux d’inflation relativement faibles

depuis le milieu des années 90,

(ii) des déficits budgétaires qui sont à des

niveaux acceptables (à l’exception du

Liban et de la Turquie), avec, cepen-

dant, un dérapage en fin de période

dans certains pays (Egypte, Maroc),

(iii) des équilibres des comptes extérieurs

qui dépendent fortement des transferts

de revenus des travailleurs émigrés, des

recettes touristiques et des concours

publics de la communauté internationa-

le, les investissements directs et de por-

tefeuille étant des facteurs équilibrants

notablement insuffisants,

(iv) des politiques monétaires rigoureuses

encouragées par des mécanismes d’an-

crages relatifs des taux de change, qui

ont de moins en moins recours au sei-

gneuriage pour financer le budget de

l’Etat,

(v) des taux de chômage importants, qui,

compte tenu de la croissance encore

considérable de la population active,

constituent une contrainte lourde que

le Femise considère comme détermi-

nante dans les années à venir, du fait,

d’une part, de la jeunesse de la popu-

lation concernée (le chômage des

jeunes, y compris diplômés, devient

une préoccupation majeure dans les

PM) et, d’autre part, du contexte inter-

national actuel.

Cette exigence de stabilisation macroécono-

mique a été obtenue de façon progressive et

paraît désormais solidement ancrée dans les

Page 19: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-9-

Agrégats macroéconomiques en Méditerranée

Sources : World Bank, WDI 2002 cédérom (i) ; FMI, SFI mars 2003 cédérom (ii) ; Medstat Eurostat (iii) ; Banques Centrales(iv) ; Offices nationaux de statistiques (v), EIU 2002 (vi), Ministère des Finances (vii), Calculs IM (viii), prévisions de la BanqueMondiale, on line WDI 2003 (ix), BMCE Bank Maroc.0 : sauf indication contraire, les ratios PPM sont calculés à partir de la somme des valeurs nominales converties en $. 1 :médiane des pays considérés. 2 : hors Turquie. 3 : hors Liban. a : 2000, b : 2002, c : 1998-2001, d : 1998-2000, e : 2001.

Tau

x de

crois

sance

(

% a

nnuel

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)1995-1

998

(ii)

Tau

x de

crois

sance

( %

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moy.

)1998-2

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Tau

x de

crois

sance

( %

annuel

moy.

) 2002

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atio

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$2001

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Tau

xd'in

flat

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%)

1995-1

998

(iii)

Tau

xd'in

flat

ion (

%)

1998-2

001

(iii)

Tau

x d'in

flat

ion

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2002

(iii)

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(% P

IB)

2001

(vi)

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budgét

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(% P

IB)

2002

(vi)

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%2,6

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)4,1

%(i

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%3,0

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0,0

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%4,7

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%2,7

%2,8

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-3,5

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%3,2

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(iv)

20131

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%3,4

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%(i

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,0%

-3,9

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3,3

%0,5

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3,5

%(i

x)4308

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,8%

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6,9

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ii)4,5

%(i

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2002

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2002

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%1/2

Page 20: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-10-

pratiques gouvernementales. Deux points

noirs persistent cependant.

En premier lieu, la faiblesse du taux de crois-

sance du PIB qui n’est que légèrement supé-

rieure à la croissance de la population active

qui avoisine 3% par an. Ceci constitue une

difficulté récurrente du panorama macroéco-

nomique dans la mesure où la sphère réelle

de l’économie ne peut absorber les chocs

internes (mauvaises récoltes) ou externes

(baisses des recettes touristiques, de trans-

ports, évolutions des prix des produits pri-

maires, faiblesse de la croissance européen-

ne) qu’au prix d’une augmentation sensible

du chômage. En second lieu, la fragilité de

l’équilibre des comptes extérieurs, au

moment même où la région s’insère dans la

zone de libre-échange et subit, pour les pays

les plus avancés, une concurrence accrue sur

ses productions locales.

La faiblesse de la croissance a plusieurs

causes qui, chacune, requièrent un ensemble

d’évolutions appropriées :

(i) une accumulation du capital encore insuf-

fisante pour espérer entrer dans un pro-

cessus de rattrapage (les taux d’investis-

sements sont de 20,3% en 2001 en

moyenne dans les PM à comparer aux

26% des pays en voie d’adhésion et aux

taux d’investissement supérieurs à 30%

au moment du décollage des pays du

Sud-Est asiatique) et qui sont plutôt en

diminution en fin de période. Cette insuf-

fisance de l’accumulation du capital

nécessiterait, à la fois un développement

de l’épargne et une meilleure transforma-

tion de l’épargne en investissements (cer-

tains pays à l’instar du Maroc sont dans

une situation de sur-liquidité qui manifes-

te à la fois un manque de dynamisme du

système financier, un manque de projets

d’entreprises et des défaillances du cadre

institutionnel –capacités de recouvrement

des créances notamment),

(ii) une allocation du capital défaillante en

ce qu’elle ne va pas dans les emplois les

plus productifs. Cela est le signe d’un

dysfonctionnement du marché du capi-

tal encore largement sollicité par les

entreprises publiques. Là encore, des

évolutions des cadres institutionnels et

réglementaires sont nécessaires, mais

freinés par le niveau du chômage qui

encourage toutes les pratiques offi-

cielles et non officielles visant à ralentir

la substitution du capital au travail. Le

résultat est une progression à peu près

nulle de la productivité du travail depuis

le début des années 90,

(iii) une contribution très faible du progrès

technique à la croissance (la productivi-

té globale des facteurs ne progresse que

dans les pays les plus dynamiques,

Tunisie, Jordanie), ce qui signifie, à la

fois, un manque d’innovations, des pro-

grès organisationnels insuffisants et des

processus d’amélioration continue des

facteurs de production par apprentissa-

ge (croissance endogène) peu perfor-

mants. Un des remèdes possibles ici, tel

que promu par la Banque Mondiale, est

le développement accéléré de ce qu’il

est convenu d’appeler « l’économie de

la connaissance », type d’économie

pour laquelle la région est sensiblement

en retard (Reiffers, Aubert, 2002).

En second lieu, le compte extérieur est dans

une situation de grande fragilité du fait de la

persistance d’un déficit commercial mal com-

pensé, ou compensé par des ressources for-

tement soumises aux aléas de la conjonctu-

re. Ce déséquilibre commercial est naturel

pour des pays en transition. Le déficit

d’épargne auquel il correspond traduit le fait

que la population est jeune et l’écart de

développement à combler important.

Page 21: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-11-

La difficulté de la situation actuelle tient au

fait que le bouclage de la position extérieure

s’effectue pour l’essentiel à partir de deux

ressources hautement volatiles : les trans-

ferts de revenus des émigrés en Europe et le

tourisme. Il est à noter, par ailleurs, que le

niveau de la dette extérieure et l’importance

des remboursements annuels du principal de

cette dette rendent aujourd’hui le transfert

public extérieur net onéreux négatif pour

l’ensemble des PM (le transfert public exté-

rieur net gratuit est faible à l’exception

d’Israël et de l’Egypte). Cette fragilité, qui

met les PM à la merci des évènements

conjoncturels, et qui suppose que la

Communauté internationale intervienne ex

post, au coup par coup, et de manière mas-

sive lorsqu’une difficulté apparaît, ne pourra

être corrigée que de deux façons :

(i) grâce à une amélioration de la compéti-

tivité des exportations par une plus

grande diversification, des remontées

en gamme et des politiques commer-

ciales plus agressives,

(ii) grâce à une augmentation de l’attracti-

vité vis-à-vis des investissements

directs et des investissements de porte-

feuille qui ont le double avantage de

contribuer au bouclage du compte exté-

rieur et d’augmenter la productivité.

Les composantes de la croissance du PIB

sous l’effet de la persistance d’une conjonc-

ture défavorable

Plusieurs évènements majeurs ont marqué les

deux dernières années et fragilisent la situa-

tion des PM malgré les progrès antérieurs.

(i) L’économie mondiale s’est caractérisée

par un fort ralentissement. La croissan-

ce mondiale n’a été que de 2,2% en

2001 et est évaluée à 2,8% en 2002,

des taux très inférieurs aux 4,7%

atteint en 2000. Symptomatique de la

mauvaise conjoncture, le commerce

mondial a lui aussi ralenti, se contrac-

tant de 0,1% en 2001 après avoir pro-

gressé de 12,6% en 2000, ce qui ne

s’était pas produit depuis 20 ans. De

plus, la croissance de l’Union

Européenne, l’un des principaux parte-

naires des PM, continue son affaiblisse-

ment, avec des taux de 1,4% en 2001

et 0,9% en 2002 en sensible retrait par

rapport aux 2,8% et 3,5% de 1999 et

2000. Cette tendance et sa probable

poursuite en 2003 sont de lourds handi-

caps pour les PM où la demande exter-

ne est devenue motrice, compte tenu du

niveau des élasticités revenus.

(ii) La chute des recettes touristiques, déjà

considérable, se prolonge également.

Après une timide reprise fin 2002, la

tendance semble à nouveau négative

en 2003.

(iii) Les prix du pétrole demeurent à des

niveaux élevés, ce qui a sans ambiguïté

des effets négatifs pour les pays impor-

tateurs que sont la plupart des PM.

Mais, les effets sont également contras-

tés pour les pays exportateurs, dans la

mesure où les niveaux élevés créent des

nécessités d’ajustement de l’émission

monétaire domestique et des chocs en

retour de la demande mondiale.

Bien que les PM aient prouvé leur attache-

ment à l’adoption de politiques économiques

saines ne remettant pas en cause la poursui-

te de la transition, la persistance d’une

conjoncture économique franchement défa-

vorable renforce lourdement les contraintes

qu’ils subissent.

En analysant la dynamique des composantes

du produit intérieur brut des PM, on voit

qu’ils ont jusqu’à maintenant absorbé les dif-

férents chocs par une combinaison de

Page 22: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-12-

moyens sans utiliser de façon excessive le

crédit et le déficit budgétaire. Toutefois, la

poursuite de la mauvaise conjoncture les

oblige à procéder à quelques changements

dans les orientations politiques précédem-

ment choisies :

(i) certains assouplissent les politiques : en

Israël, c’est le secteur public qui accroît

les dépenses en 2002 pour pallier la

baisse de la consommation privée et de

l’investissement fixe, ce qui ne suffit pas

à éviter une croissance négative comp-

te tenu de la baisse des exportations.

Pour la Tunisie qui s’appuyait jusque-là

sur la demande externe pour nourrir sa

croissance, la baisse des exportations

(–0,6%) a entravé l’effort d’investisse-

ment et a nécessité une croissance

importante de la consommation

publique pour soutenir l’activité. La

Turquie accompagne largement son

rebond économique avec un taux de

croissance de la consommation publique

deux fois plus élevé que celui de la

consommation privée. La Tunisie a ainsi

clairement fait le choix d’un lissage du

cycle tandis que les deux autres PM

interviennent pour limiter l’impact très

négatif sur la sphère réelle de situations

très particulières ;

(ii) d’autres accentuent la rigueur : Chypre,

l’Egypte et le Maroc qui avaient refusé

en partie l’ajustement réel et utilisé la

consommation publique comme princi-

pal moteur de la croissance en 2001,

sont revenus à des politiques plus

saines en 2002, en réduisant ou conte-

nant fortement son taux de croissance ;

(iii) d’autres enfin maintiennent la rigueur :

l’Algérie et la Syrie ont bénéficié du prix

élevé des hydrocarbures. La contribu-

tion de la consommation privée est

faible. La croissance est tirée par les

investissements fixes mais essentielle-

ment publics, ce qui ne permet pas un

véritable décollage de leurs économies.

L’évolution des balances des paiements

En 2001, la position de la balance des biens

et services des PM s’est améliorée, sauf pour

la Tunisie et la Jordanie. Le déficit, hors

Israël, a été réduit des deux tiers et de plus

de 46%, avec Israël. Ce résultat n’est pas

franchement positif car il provient :

(i) d’une amélioration du solde de la balan-

ce des biens due au ralentissement de la

consommation privée et de l’activité éco-

nomique dans les PM qui ont entraîné

une baisse des importations plus impor-

tantes que le tassement des exporta-

tions. Les premières ont chuté de -14%

en 2001 alors qu’elles s’accroissaient de

18% en 2000. Les secondes ont stagné

en 2001 (+0,9%) après avoir crû de

12% en 2000. Ainsi, c’est davantage la

Tableau 5 : Décomposition de la croissance des PM en 2001 et 2002

2000-2001 Algérie Chypre Egypte Israël Liban Malte Maroc Syrie Tunisie Turquie

Produit Intérieur Brut 2,1% 4,1% 3,5% -1,1% 1,3% -0,8% 6,5% 3,4% 4,8% -7,5%Consommation Privée 7,6% 3,4% 1,3% 1,7% 8,8% -0,6% 10,8% -0,8% 5,2% -9,2%Consommation Publique 0,9% 10,6% 3,8% 4,0% -1,9% 7,2% 13,8% 8,6% 6,2% -8,5%Investissement fixe 1,2% 2,3% 7,4% -7,5% -6,5% -12,5% 3,1% 8,0% 3,9% -31,5%

=Demande Intérieure Totale 10,0% 3,2% 2,5% 1,5% 5,0% -6,6% 10,7% 2,0% 5,8% -15,7%Exportations de biens et services -9,8% 4,8% 3,3% -13,3% 11,4% -15,5% 4,7% 13,1% 12,2% 7,4%Importations de biens et services 1,2% 0,9% -0,4% -2,1% 5,3% -7,1% 6,1% 11,3% 4,4% -9,1%

2001-2002 Algérie Chypre Egypte Israël Liban Malte Maroc Syrie Tunisie Turquie

Produit Intérieur Brut 2,4% 2,2% 3,2% -1,1% 1,0% 3,0% 1,7% 7,8%Consommation Privée 2,7% 2,4% 3,5% -1,0% 2,7% 2,0% 3,4% 2,0%Consommation Publique 2,5% 2,5% 5,0% 5,4% 2,5% 4,6% 4,5% 5,4%Investissement fixe 7,3% 10,3% 0,6% -8,8% -4,2% 3,2% -0,9% -0,8%

=Demande Intérieure Totale 3,4% 0,8% 1,5% -1,3% -1,6% 2,4% 0,5% 9,4%Exportations de biens et services 1,9% -6,0% -7,8% -4,8% -4,8% 2,2% -0,6% 11,0%Importations de biens et services 7,7% -1,8% -6,0% -1,9% -5,5% 0,5% -1,7% 15,7%

Sources : Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Malte, Tunisie, Turquie, Eurostat, programme Medstat,Jordanie et Liban, Banque Mondiale, Maroc, Ministère des Finances.

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-13-

conjoncture défavorable qui entraîne un

effet paradoxalement positif, qu’une

amélioration structurelle.

(ii) Du maintien de l’excédent des services

à un niveau suffisant, malgré la faibles-

se de l’activité touristique, mais en repli

de 8,5% en 2001 alors qu’il avait aug-

menté de 54,9% entre la première et la

deuxième moitié des années 1990. La

baisse des recettes touristiques est par-

ticulièrement marquée pour Israël

(–43%) et explique la dégradation du

compte des services en Jordanie. Ces

influences ont été compensées en gran-

de partie par la très forte amélioration

de la situation marocaine (+33% de

recettes touristiques).

L’effet équilibrant des transferts de fonds des

travailleurs s’est maintenu ainsi que celui des

transferts de fonds sans contrepartie. Les

premiers ont particulièrement bénéficié à la

Jordanie et les seconds à la Turquie. Au total

les comptes courants nets d’Israël, de

l’Egypte, du Maroc et de la Turquie se sont

améliorés de façon spectaculaire. Mais,

excepté pour le Maroc, il faut bien retenir

qu’il s’agit d’un effet conjoncturel dû à la

récession économique.

Le climat d’incertitude a pesé lourdement

sur les comptes financiers. L’Egypte mise à

part, tous les PM ont subit une fuite des

capitaux à court terme. Le déficit des inves-

tissements de portefeuille s’est creusé dra-

matiquement entre 2001 et 2000 : hors

Israël, le solde de ce compte est passé de

+188 à –3 679 millions de dollars. Ce résul-

tat est entièrement imputable à la situation

turque puisque le solde de ses opérations

après avoir atteint +1 022 millions en 2000

a chuté à –4 575 millions de dollars.

Il ne faut probablement pas espérer d’amé-

lioration en 2003 car, bien que la succession

de chocs intervenus en 2001 ait été excep-

tionnelle, les PM subissent le ralentissement

de la conjoncture européenne qui a des

effets très profonds dans la mesure où leurs

économies sont très ouvertes et dépendent

largement de leurs débouchés sur les mar-

chés européens. De plus, en 2002, les

recettes touristiques ont chuté de 10 à 15%

pour tous les PM, sauf la Jordanie (+12%) et

la Turquie (+5%) et les conséquences du

conflit en Irak seront multiples, notamment

par le biais des prix du pétrole et de la bais-

se des activités touristiques.

Certes, une amélioration du solde courant

peut provenir des transferts des émigrés suite

à la hausse des prix du pétrole, mais le résul-

tat net pour la plupart des PM est incertain

car la facture pétrolière s’alourdit d’autant.

Toutefois, la saison agricole a été bonne en

2002 et a eu des retombées très positives

sur la situation des pays du Maghreb.

De fait, la fragilité structurelle des comptes

externes des PM persiste. Elle tient au fait,

d’une part, que le bouclage de la position

extérieure s’effectue pour l’essentiel à partir

de deux ressources hautement volatiles –les

transferts de revenus des émigrés en

Europe et le tourisme–, d’autre part, que

l’exposition aux fluctuations de la conjonctu-

re internationale et européenne est crois-

sante en raison du choix d’ouverture auquel

ils se sont résolus.

Il faut également souligner qu’une très gran-

de partie des fragilités structurelles du comp-

te externe provient des relations avec l’UE.

Étant donné l’engagement des PM vis-à-vis

de l’UE, le bouclage du compte externe est

l’élément économique principal permettant

de juger de la qualité du système d’interdé-

pendendance qui s’est développé entre les

PM et l’UE. Pour donner l’enjeu de façon sim-

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-14-

plifiée, l’objectif est de parvenir à ce que la

forte proximité géographique et humaine qui

lie l’UE aux PM et qui se manifeste par l’im-

migration, le tourisme et, plus généralement

la mobilité des personnes, soit sous-tendue

par un système d’interdépendance écono-

mique cohérent et de même ampleur.

b- Des contraintes et des rigidités

contre-productives à long terme qui

pèsent sur l’action des gouvernements.

La réforme fiscale est un passage obligé pour

les PM, (i) parce qu’ils doivent trouver des

ressources en remplacement des recettes

des droits de douanes, (ii) parce que la struc-

ture actuelle du budget ne leur permet pas

une action contra-cyclique efficace et

(iii) parce que les mesures palliatives de

court terme sont contraires à l’objectif de

croissance soutenue et stable de long terme.

Les taxes sur le commerce international

continuent en effet de constituer une part

importante des ressources budgétaires

totales de la majorité des PM : elle est certes

marginale en 2002 pour Israël, et Malte (1%

pour le premier, 4% pour le second), elle

oscille entre 10% et 14% pour l'Algérie,

l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et la

Turquie et atteint 28% au Liban (source FMI,

GDF et instituts nationaux). Il s’agit donc d’un

poste important pour les PM auquel il faudra

trouver un substitut, puisqu’il est voué à se

marginaliser du fait des engagements pris.

Cependant, on constate que les économies

jordanienne et tunisienne, qui sont parmi les

plus dynamiques de la zone, ont vu cette

part diminuer des deux tiers en une décen-

nie (11,6% et 10% des recettes totales res-

pectivement, en 2002 contre 28% en 1993).

Cela tend à indiquer que l’accélération de la

croissance du fait de l’ouverture des écono-

mies des PM peut compenser la perte de

cette ressource, notamment parce que

l’augmentation de l’activité engendre celles

d’autres ressources fiscales. De plus, le cas

de ces deux pays indique que la diversifica-

tion de la production aidant, l’intensification

des échanges permet de diminuer non seu-

lement la forte dépendance des équilibres

budgétaires vis-à-vis des prix des produits

des matières premières tels que le pétrole

mais aussi le phosphate, mais également la

volatilité des termes de l’échanges. Le

mécanisme ici est le suivant : la diversifica-

tion, qui se traduit pour les PM par une mon-

tée en gamme de leurs produits compte

tenu de leur structure initiale, permet

d’améliorer le pouvoir d’achat des exporta-

tions et ainsi d’importer du matériel incor-

porant plus de progrès technique, donc

théoriquement plus cher mais également

plus productif, ce qui renforce, toutes

choses égales par ailleurs la compétitivité de

la production locale.

Les PM sont également pénalisés par un sys-

tème de taxes directes et indirectes qui n’a

pas atteint sa pleine rentabilité. Ces sys-

tèmes n’ont été mis en place que récemment

sauf pour Chypre, Israël, Malte et la Turquie.

Les États se privent là d’un montant de

recettes considérable puisque :

(i) les gouvernements ont choisi d’exclure

de la TVA nombre de produits de base

afin de ne pas aggraver la pauvreté ; le

prix de certains produits, comme les car-

burants au Maroc, est également sub-

ventionné ; dans ce contexte, la crois-

sance de la population sans progression

franche du niveau de vie peut altérer

l’équilibre budgétaire, parce que la crois-

sance de la consommation se porte, en

volume, sur les produits de bases exoné-

rés de TVA (absence de rentrées fiscales)

et les produits subventionnés (augmen-

tation des dépenses publiques) ;

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(ii) la part du secteur informel dans l’écono-

mie grève également les recettes fiscales

par définition, notamment parce que les

systèmes de perception ne permettent

pas un suivi efficace de la situation de la

base fiscale, par ailleurs étroite.

On s’aperçoit de plus que dans les pays où la

réforme fiscale est la plus achevée, les marges

de manœuvre des gouvernements sont large-

ment moins dépendantes des rentrées ponc-

tuelles comme les recettes des privatisations,

par exemple, qui sont aléatoires et non renou-

velables et ne doivent donc jamais être consi-

dérées comme une ressource du budget. Les

ressources sont plus prévisibles et créent

moins de distorsions entre les agents ou entre

les secteurs. Ainsi, le système fiscal devient

plus équitable. L’action de l’Etat peut être

envisagée sur le long terme et ne nécessite

pas d’amendements fréquents en cours

d’exercice en cas de conjoncture adverse, tou-

jours dommageables à l’investissement en

capital et à la crédibilité de la capacité du gou-

vernement à piloter l’économie.

Du côté des dépenses, les tensions politiques

récurrentes pèsent lourdement sur les

marges de manœuvre des gouvernements.

Officiellement, les dépenses de défense

demeurent plus importantes que celles

d’éducation ou de santé au Liban (9% des

dépenses totales), en Israël (18% des

dépenses totales) et en Jordanie (24% des

dépenses totales). En Egypte et au Maroc,

elles représentent entre 10 et 15% des

dépenses totales. Une véritable intégration

commerciale de la zone, qui consacrerait une

réelle volonté politique d’aplanir les divers

conflits qui minent la région, permettrait

d'éviter que la défense absorbe 10,8% des

dépenses totales effectuées par ces sept

pays. Pour avoir un ordre d’idée des masses

en jeu, ramener ce taux à 5% (c’est approxi-

mativement la part dans les dépenses totales

de la Tunisie ou d’un pays comme la France)

dégage un montant approximatif de 9,5 mil-

liards de dollars par an, de l’ordre de gran-

deur du montant total des IDE reçus annuel-

lement ces deux dernières années.

Le poids de la dette externe est également

un frein à la croissance pour les PM, à l’ex-

ception de Chypre, Israël et Malte. Ils doi-

vent dégager un solde primaire fortement

positif afin d’honorer le service de la dette.

Ainsi, une grande part des ressources fis-

cales n’est donc pas réinjectée dans l’écono-

mie. Le poids de la dette interne est égale-

ment préoccupant. Découlant des déficits

budgétaires, elle draine l’épargne domes-

tique et les devises disponibles. Ainsi la

dette interne représente 78% de la dette de

la Turquie, 67% de celle du Maroc, 65% en

l'Egypte ou 57,5% en Tunisie. Par contre, ce

rapport ne s'élève qu'à 20% pour la

Jordanie. Le Liban a quant à lui réduit sa

dette domestique qui de 92% en 1993

atteint 54% en 2002. Réduire la dette inter-

ne est donc indispensable pour dynamiser

l’investissement, réduire l’effet d’éviction du

secteur privé et alléger les incertitudes qui

pèsent sur la balance des paiements. Cela

est particulièrement urgent pour la Turquie

ou le Liban dont les systèmes bancaires sont

très exposés étant donné leur niveau d’im-

plication dans le financement de la dette

publique (respectivement 65% et 80% des

créances bancaires sont de la dette

publique).

Le problème est que l'effort d'assainissement

repose essentiellement sur la gestion budgé-

taire d’autant que les PM se refusent à utili-

ser le seigneuriage. Les conditions écono-

miques ne contribuent pas à cet effort du fait

des taux d'intérêt réels trop élevés et de l'in-

suffisance de la croissance. Une amélioration

très significative est observable en 2002. Elle

provient cependant plus d'une hausse de l'in-

Page 26: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-16-

flation qui réduit les taux d'intérêt réels que

d'une baisse des taux d'intérêt nominaux.

Reste que les économies les plus diversifiées

et les plus avancées dans les réformes budgé-

taires sont celles qui ont le mieux contrôlé

l'évolution de leur solde budgétaire : Chypre,

Israël, la Jordanie, Malte et la Tunisie. Pour les

autres celui-ci reste dominé par les prix pétro-

liers (Algérie, Syrie) ou la saison agricole

(Maroc) et très sensible à la conjoncture éco-

nomique (Egypte, Liban, Maroc, Turquie).

Or, les capacités des gouvernements à lisser

le cycle économique vont encore être mises à

l’épreuve en 2003 (comme elles l’ont été en

2001), à cause des nombreux chocs interve-

nus et de leur persistance. Il leur faudra

notamment faire face :

(i) à des besoins en devises plus impor-

tants du fait de la dégradation des

comptes externes provoquée par la

hausse des prix pétroliers et la perte

d’un partenaire commercial important,

notamment pour la Jordanie ;

(ii) à un ralentissement de la croissance

consécutif à la baisse persistante du

tourisme. Israël, le Maroc, la Tunisie et

la Jordanie devraient pouvoir absorber

le choc sans difficulté majeure, d’autant

que les pays ont anticipé le manque de

devises potentiel. Ils ont donc émis des

titres de dette souveraine et obtenus

des taux intéressants (400 millions

d’euros à 230 points de base —pdb—

pour le Maroc, 750 millions d’euros à

153 pdb pour Israël, 500 millions d’eu-

ros à 300 pdb pour la Tunisie). La situa-

tion sera beaucoup plus difficile pour la

Turquie et le Liban dont la soutenabilité

de la dette est assurée par les aides

internationales et, pour le premier, par

le recours au secteur bancaire domes-

Encadré 1 : Croissance et soutenabilité des déficits publics et de la dette publique.CEMAFI, université de Nice, France.

L’étude de la soutenabilité de la politique budgétaire et de la dette publique en Tunisie a été menée selon deux des troisméthodes identifiées dans la littérature, à savoir, (a) la méthode « comptable » qui consiste en des évaluations pas àpas, année par année, et qui permet des simulations pour le futur proche (notons que c’est la méthode suivie par lesexperts du FMI pour leurs études-pays) ; (b) la méthode « actuarielle », inspirée des travaux de B.Trehan (1988) etC.E.Walsh (1991) et des études économétriques de C.E. Quintos (1995) ou de plusieurs papiers de S.van Wijnbergen(seul ou avec d’autres auteurs).

(a) Résumé très succinct de la mise en oeuvre de la méthode « comptable » : à partir de la contrainte budgétaire défi-nie comme suit : Bt - Bt-1 = Dt + r Bt-1, et en exprimant ces grandeurs en proportion du PIB, désormais désignées pardes lettres minuscules, il s’agit de vérifier la stabilité de la dette publique à savoir bt = bt-1, quel que soit t (i.e. au boutd’un certain temps, c’est à dire en régime permanent). Cette condition s’écrit : dt = - (r – n) / (1 +n) bt, expressiondans laquelle n désigne le taux de croissance nominal de l’économie et dt le solde budgétaire primaire nécessaire chaqueannée pour maintenir le taux d’endettement public constant à son niveau courant.

L’application de cette méthode pour la Tunisie entre 1986 et 2000 montre qu’à l’exception des années 1991 et 1995,les déficits budgétaires primaires réalisés ont été inférieurs aux seuils critiques de soutenabilité dt.

(b) Résumé très succinct de la mise en oeuvre de la méthode « actuarielle » : cette méthode est basée également surl’étude de la contrainte budgétaire du secteur public exprimée de la façon suivante : Bt = (1+ rt ) Bt-1 - SURPt , expres-sion dans laquelle Bt représente les titres de la dette publique à la date t et SURPt le surplus primaire, différence entreles recettes publiques Tt et les dépenses Gt ; r est le taux de rendement réel des titres publics. Par récurrence, en résol-vant récursivement par substitution, on obtient la contrainte budgétaire « actuarielle » inter-temporelle de l’Etat :Bt = Et (SURPt+j / (1 + r)j+1) + Et limN ( BN+1 / (1 + r)N+1)

A partir de cette approche, et après avoir procédé très rigoureusement à un certain nombre de tests économétriquessophistiqués, il a pu être montré que l’élasticité de long terme des dépenses publiques par rapport au PIB, pour le casde la Tunisie, est largement supérieure à celle des recettes et que la Tunisie apparaît comme un pays structurellementdéficitaire, ce qui ne joue pas en faveur d’une soutenabilité faible mais tend à prouver que la politique budgétaire estnon soutenable.

Plusieurs autres traitements économétriques ont été menés et d’autres sont en cours pour étayer cette conclusion, quia le mérite de faire apparaître un résultat différent de celui obtenu par la méthode comptable. Il s’agira alors d’expli-quer pourquoi les deux méthodes utilisées conduisent à un diagnostic différent.

Recherche financée par le Femise et dirigée par le CEMAFI, université de Nice, France. Référence FEM21-39Titre : Dépenses Publiques, Croissance et Soutenabilité des Déficits et de la Dette Extérieure : Etude du Rôle de l'Etat dans six PaysMéditerranéens Partenaires de l'Union Européenne (Egypte, Israël, Liban, Tunisie, Turquie)Date prévue de fin des travaux : avril 2004

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-17-

tique avec des conséquences très néga-

tives sur la croissance, pour le second

par un plan de restructuration de la

dette (Bellocq, 2003).

Deux éléments peuvent alléger la contrainte

en termes de besoins de financement de

l'économie :

(i) il faut poursuivre la restructuration du

système bancaire et sa privatisation,

pour le rendre plus compétitif et plus

efficace dans l'allocation des ressources

en réduisant l'asymétrie d'information.

Un accroissement de la concurrence

permettra l’apparition de nouveaux pro-

duits sans lesquels il est difficile de

financer la croissance : des prêts à long

terme, orientés plus vers l’investisse-

ment et moins vers le commerce, par

exemple ;

(ii) il faut ouvrir les marchés financiers afin

de permettre un recours aux fonds

internationaux. Cette politique présente

un risque de déstabilisation à court

terme du fait de la volatilité des capi-

taux drainés. Cependant, les études

montrent qu'accepter cette volatilité de

court terme peut être porteur de forts

gains à moyen terme. De plus, l'effet

dynamisant sur l'économie et notam-

ment sur l'investissement privé domes-

tique des investissements de porte-

feuille semblerait aussi puissant que

celui des IDE (Sadik et Bolbol, 2001).

Par ailleurs, ces marchés hautement concur-

rentiels permettent également une meilleure

allocation des ressources. Toutefois, le dan-

ger est que la concurrence devient mondiale

en termes de stabilité macroéconomique, de

crédibilité des politiques économiques, de cli-

mat des affaires et des coûts de transaction,

éléments dont dépend le degré de volatilité

des investissements. Il est alors indispen-

sable de créer les infrastructures de contrôle

et de gestion des institutions travaillant dans

ce domaine pour éviter les crises lorsque cela

est possible.

c- La stratégie de l’Etat employeur en

dernier ressort, des effets de long terme

néfastes qui pèsent sur les capacités de

croissance futures

Enfin, une autre contrainte lourde entame les

budgets des PM : les salaires des emplois

publics. En moyenne, l’emploi public civil

représente presque 17% de l’emploi total

(tableau 5), alors que la moyenne mondiale

se situe à 11%. Malgré un intérêt croissant

pour le secteur privé, les emplois publics res-

tent en effet attractifs pour une grande par-

tie de la population. Les salaires publics sont

toujours considérés comme plus élevés, mal-

gré leur faible niveau intrinsèque, que dans

le privé, spécialement pour les bas niveaux

de qualification. De fait, le revenu total issu

des emplois publics dépasse effectivement

les salaires peu élevés, car il existe une gran-

de variété de primes et indemnités dont le

montant peut atteindre 70% du salaire de

base. S’y ajoutent d’autres avantages en

nature, comme des horaires moins impor-

tants, des vacances supplémentaires et des

taxes sur les revenus moins élevés que dans

le secteur privé.

Ce mouvement d’accroissement de l’emploi

public a été initié par l’effort mené pour

améliorer les services sociaux (santé, édu-

cation et protection sociale), conduisant à

une amélioration significative des indica-

teurs en ces domaines (santé tout particu-

lièrement). Mais, il s’est rapidement traduit

par un embonpoint et une rigidité du secteur

public, un grand pourcentage de postes

redondants et une marginalisation du sec-

teur privé. En Egypte par exemple, il avait

été estimé que les doublons dans les entre-

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prises publiques représentaient 10% des

effectifs, mais cette part serait en pratique

plus proche de 35%. Au Maroc, 23% des

entreprises publiques affichent des résultats

très bas, 36% font des pertes et les 14 plus

grandes entreprises publiques totalisent une

perte annuelle atteignant plus de 2% du PIB

en 1992. En Algérie, ce ne sont pas moins

d’un demi million d’emplois qui ont été sup-

primés entre 1990 et 1998. Autant d’indica-

teurs qui militent pour la suppression des

emplois redondants. Mais cela nécessiterait

un consensus politique et un climat social

apaisé compte tenu des implications sociales

d’un tel mouvement.

Pourtant, à l’exception d’Israël et la Turquie,

le poids des salaires dans le budget contraint

fortement la capacité de réaction du gouver-

nement en cas de baisse de l'activité.

Cette part représente encore plus de 46%

des dépenses totales de la Jordanie (bien que

l’emploi public ne représente que 15% de

l’emploi total, les salaires publics représen-

tent 14,4% du PIB), 35% de celles du Maroc

et de la Tunisie, 25-30% de celles de Chypre

et Malte et 20% de celles de l'Algérie, de

l'Egypte, du Liban.

Outre le poids qu’elle représente, ce type de

dépense évolue de façon contra-cyclique.

Ainsi, en cas de crise, le gouvernement, en

acceptant de se comporter comme l'em-

ployeur en dernier ressort, alourdit ses enga-

gements et renforce les rigidités car il lui est

difficile de réduire la part de l'emploi public

une fois la crise passée.

De fait, l’accroissement de l'emploi public en

cas de crise produit exactement l'effet inver-

se à celui recherché sur la croissance,

notamment en biaisant le fonctionnement du

marché du travail, mais également en

entraînant des effets négatifs dans la sphère

réelle.

(i) La concurrence sur le marché du travail

est atténuée car les jeunes détenant un

diplôme se réfugient dans des situations

d'attente.

(ii) Une déconnexion entre les besoins en

termes de compétences du secteur

privé et les formations offertes apparaît.

C’est ce qui explique en partie que, mal-

gré une augmentation du niveau d’édu-

Tableau 6 : L’emploi dans le secteur public des PM en 1999

Administrations Secteurs SociauxForcesarmées

Total

% del’emploitotal

Générales Centrales Santé Education

Total del’emploi

civil

Algérie 8,7 4,9 7,5 3,8 24,9 2,7 27,6Egypte 7,2 11,1 3,8 3 25,1 3,1 28,2Jordanie 3,3 3,3 6,5 2 15,1 10,3 25,4Liban 1,1 1,6 5 0,5 8,2 6,9 15,1Maroc 2,9 1,7 3,2 0,5 8,3 2,7 11,0Ter. Palest. 16,6 7,6 2 26,2 Na 26,2Syrie 4,2 1,2 7,1 1,1 13,6 Na 13,6Tunisie 5,2 0,9 5,4 1,9 13,4 1,5 14,9PM 6,2 3,5 5,8 1,9 16,9 4,5 20,3

Source : ERF, 2000 à partir de données Banque Mondiale

Tableau 7 : La part des salaires dans lesdépenses des gouvernements des PM

(% des dépenses publiquestotales)

1995 2001

Algérie 24,0 19,4Chypre 28,6 26,52

Egypte 17,1 19,41

Israël 15,3 15,1Jordanie 45,7 46,1Liban 21,2 22,63

Malte 33,2 30,72

Maroc 34,2 36,33

Tunisie 31,1 34,64

Turquie 26,9 17,3PM 27,7 26,8

1. 1997, 2. 1998, 3. 1999, 4. 2000.Source : FMI, Governance Finance StatisticsYearbook, 2002.

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cation de la main d’œuvre de 180%, la

plus rapide progression jamais enregis-

trée ailleurs, la croissance économique

soit restée insuffisante pour répondre à

celle de la population (Keller, Nabli,

2002, Elbadawi, 2002).

(iii) Les gouvernements sont, de plus, rela-

tivement impuissants à maîtriser l'évo-

lution des salaires. La conséquence peut

en être un accroissement des pressions

sur la demande interne, donc sur l'infla-

tion, sur les comptes externes, déjà fra-

gilisés par le contexte économique

international, et sur les besoins de

devises. La transmission des hausses

salariales venant du secteur public

accroît de plus le coût de la main

d'œuvre pour le secteur privé. Les

investissements étrangers peuvent éga-

lement avoir ce type d'effet, mais ils

sont censés améliorer la productivité en

contrepartie. Ainsi, l'avantage compara-

tif des PM en termes des coûts de la

main-d’oeuvre disparaît progressive-

ment, sans développer un avantage en

termes de productivité, tandis que la

cherté du travail pèse sur le développe-

ment du secteur privé.

(iv) En cas de ralentissement économique,

cette configuration oblige les autorités à

puiser dans les dépenses prévues pour

l'investissement. Or, le rythme de crois-

sance et les gains de productivité néces-

saires pour contenir et réduire le chô-

mage actuel ne peuvent être obtenus

sans l'épargne publique. Quand les

capacités d'investissement des gouver-

nements sont réduites, ils doivent alors

recourir à l'endettement, interne et

externe, avec les effets négatifs évo-

qués précédemment. Mais, du point de

vue des flux financiers extérieurs, la

situation des PM n’est guère florissante.

Les IDE, qui peuvent avoir un impact

positif sur l'économie, peinent toujours

à se développer. Les prêts bancaires ne

cessent de diminuer en raison des incer-

titudes dans la région et les investisse-

ments de portefeuille sont limités par le

manque de profondeur et de liquidité

des marchés financiers des PM.

III- Améliorer la vitalité de la croissance

a- Privilégier l’action sur la productivité

globale

Autour de 3% de croissance du PIB en

moyenne (ce qui correspond à la croissance

de la population active qui est de 2,8%), il

est illusoire de penser que les PM puissent

obtenir des augmentations significatives de

Encadré 2 : Segmentation du marché du travail en Egypte

L'intervention de l'Etat sur le marché du travail a engendré une forte segmentation, notamment en Egypte. Le gouver-nement a aboli le plan d'emploi garanti pour les détenteurs d'un diplôme de l'enseignement secondaire et de l'ensei-gnement supérieur au début des années 1990. Cependant, ceux qui peuvent attendre préfèrent s'inscrire au chômagecar ils croient pouvoir obtenir un emploi dans le secteur public à terme. Il existe donc un réservoir de main-d'œuvreinemployée exigeant un salaire relativement élevé, au delà des possibilités offertes dans le secteur privé. Cet attentis-me constitue une perte nette pour la société qui ne peut bénéficier des externalités dues à l'emploi dans des activitésprivées d'une force de travail mieux qualifiée. Le gouvernement y perd également dans la mesure où il finance l'éduca-tion puis l'attente de cette population, puis lui offre des emplois dont la productivité est relativement moindre ce quigrève les capacités de croissance de l'économie.

Distribution de l'emploi par niveau d'éducation :

Sources : Bridsall et O'Connell, 1999.

Secteur Inférieur au niveauintermédiaire

Niveauintermédiaire et

supérieur

Diplômeuniversitaire et

supérieurGouvernement 7,4 47,2 55,6Entreprises publiques 5,3 15,8 14,7Secteur agricole 57,6 9,6 2,6Secteur non agricole 29,7 24,5 23,0Tous secteurs 100 100 100

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-20-

la productivité du travail par substitutions

massives du capital au travail.

Les PM se trouvent face à une difficile combi-

naison d’objectifs qui consiste à arriver à

concilier :

(i) la stabilisation de la situation macro-

économique ;

(ii) l’ouverture et l’accroissement de la

compétitivité pour conserver/gagner

des parts de marchés ;

(iii) le maintien de l’ordre social par l’élar-

gissement de la couverture sociale, la

résorption des poches de pauvreté et

d’illettrisme et l’augmentation des

revenus.

Comment restaurer les marges de

manœuvre permettant de concilier ces trois

objectifs ? L’idéal serait que les pays puis-

sent accroître la productivité des facteurs et

accumuler plus de capital (aspect compétiti-

vité de la croissance) sans que cela se fasse

au détriment de l’accroissement de l’utilisa-

tion du facteur travail.

Dans ce contexte, la substitution du capital

au travail, qui est le lot des économies

ouvertes, industrialisées et flexibles, suppo-

se une vitalité suffisante des économies

pour absorber les effets des ajustements.

Condition qui n’est pas satisfaite dans les

PM et qui explique la difficulté de pénétra-

tion de la discipline du marché, contrariée

par toutes sortes d’interventions (souvent

de fait), visant à limiter ses effets sur le

chômage.

La modification du régime de croissance lui-

même est donc impérative, ce qui implique

d’agir sur la productivité globale des facteurs

(PGF) et sur l’augmentation continue de

l’amélioration de la qualité des facteurs

(croissance endogène : cf. encadré 4).

Cet impératif de modification du régime de

croissance suppose :

√ une accumulation accrue du capital,

mais d’un capital plus productif et, ici,

l’investissement direct étranger est un

apport décisif ;

√ une amélioration continue du travail

(capital humain) par l’élévation du niveau

de formation et une bonne adéquation

entre la formation et les emplois ;

√ une augmentation de la Productivité

Globale des Facteurs (progrès technique

au sens Solow) qui est précisément le

moyen d’augmenter le produit par tête

sans substituer de façon exagérée du

capital au travail.

Au vu des résultats, on observe, d’une part,

que l’augmentation de la productivité du tra-

vail est faible dans les PM, ce qui entraîne

mécaniquement une baisse de la compétitivi-

té lorsque les salaires augmentent, d’autre

part, que la contribution de la productivité

globale à la croissance du produit est faible,

voire négative.

Les PM enregistrent peu de revenus addition-

nels par tête lorsqu’ils mobilisent de nou-

veaux facteurs de production. Cette absence

de progrès technique rend donc la croissance

étroitement dépendante du taux d’accumula-

tion du capital.

On peut évoquer ici plusieurs voies à explo-

rer pour remédier à cette situation :

√ la première est l’innovation et l’amélio-

ration de la qualité des produits,

√ la deuxième est les progrès qui peu-

vent être réalisés dans l’organisation

interne des entreprises et, en particu-

lier, dans l’optimisation de la combinai-

son productive (consommations inter-

médiaires, capital, travail) ;

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Encadré 3 : La Productivité Globale des Facteurs dans les PM

La mesure de la Productivité Globale des Facteurs (PGF) est la méthode économétrique la plus simple et la plus usitéepour évaluer les performances passées et futures de croissance d’une économie, ses capacités de rattrapage vis-à-visd’autres économies et les différences de niveau de revenu et de croissance.

La PGF se calcule à partir de la décomposition des trois principaux éléments de la croissance que sont l’accumulation ducapital, l’accumulation du travail et le progrès technique. Ces sources identifiées, le résidu est interprété comme lamesure de la PGF.

L’intérêt de la notion est essentiel. Mais, la méthodologie souffre cependant de plusieurs limites qui tiennent à la fois à laméthode (donner un pouvoir explicatif à un résidu) et aux hypothèses faites, indispensables à sa mise en œuvre, qui sont :

(i) le type de fonction de production retenu qui suppose de poser des rendements d’échelle constants, ce qui signifiequ’en présence de rendements non constants dus à la présence d’externalités, on attribue à la productivité des fac-teurs l’effet des externalités ; il est bien sûr possible de choisir une fonction de production à rendements croissantsou décroissants. Mais, dans tous les cas, cela nécessite au départ de fixer l’hypothèse voulue, en donnant unevaleur à ce paramètre ;

(ii) les valeurs de la part du capital et du travail dans la valeur ajoutée de l’économie qui doivent être fixées. Pour leséconomies développées, cela ne pose guère de problème : on mesure relativement bien le stock de capital dispo-nible à un moment donné dans une économie donnée, ce qui permet de connaître la part du capital (notée tradi-tionellement α) avec peu d’incertitudes. En pratique, elle varie entre 0,3 et 0,5 selon les pays. Mais, dans le casdes pays en développement en général et des PM en particulier, les mesures du stock de capital sont peu fiables,ce qui induit une grande incertitude sur la valeur du paramètre.

Or, il a été démontré que de légères différences dans les hypothèses précédentes peuvent entraîner de très importantesdifférences dans les résultats. Ainsi, la Banque Mondiale a calculé la croissance annuelle de la PGF pour la Corée au coursde la période 1960-1997 selon diverses hypothèses (Cf. World Bank Premnotes n°42, septembre 2000). En supposantdes rendements décroissants (paramètre 1 à 0,8) et une part du capital identique à la valeur traditionnellement utiliséepour les pays en développement (paramètre 2 à 0,3), le résultat obtenu est une croissance annuelle de la PGF de 3%.Mais, en supposant des rendements croissants (paramètre 1 à 1,2) et une part du capital plus élevée (paramètre 2 à0,5), le résultat obtenu est complètement contraire : la PGF aurait décru de 1,4% par an dans la même période.

Il est alors clair que les hypothèses faites sont essentielles. Pourquoi, par exemple, les rendements d’échelles ne seraientpas constants ? Parce que la concurrence n’est pas parfaite, ce qui est très plausible dans les pays en développement.De même, lorsque l’on se livre à une approche comparant plusieurs pays, une troisième série d’hypothèses doivent êtrefaite sur les différences dans la valeur des paramètres en chaque pays. Par exemple, dans les PM, on peut supposer quela valeur du paramètre α (la part du capital) est identique, c’est-à-dire qu’ils emploient tous peu ou prou la même tech-nologie. Comme le montre le tableau suivant, l’Algérie aurait largement dépassé le Maroc en termes performance. Mais,si l’on suppose que le paramètre est différent pour chaque pays (c’est-à-dire qu’il y a une différence dans la technolo-gie employée), le résultat s’inverse là encore.

La limite de cette méthode est que les erreurs statistiques qui sont faites aussi bien dans la mesure des valeurs descoefficients que des variables de stock de capital ou de travail déterminent la valeur finale de la PGF. La robustesse desrésultats présentés a donc été éprouvée à partir de la cohérence des valeurs produites par différents auteurs et à par-tir de données différentes.

Néanmoins, on peut tirer quelques enseignements de plusieurs estimations menées dans les PM :

(i) Tous les PM ont une PGF négative sur la période 1981-1990, c’est-à-dire pendant la période de retournement desprix du pétrole et d’entrée dans une phase de ralentissement économique important.

(ii) La contribution des facteurs à la croissance s’est modifiée pour tous les PM en faveur du travail. En Jordanie et enTurquie, l’accumulation du capital contribue toujours de manière supérieure, mais l’écart s’est réduit. Pour lesautres, la contribution du facteur travail à la croissance est devenue plus grande que celle du capital dans la pério-de 1991-1997, alors que c’était l’inverse pour la période 1970-1980. Cela illustre bien le fait qu’ils ont mis l’accentsur l’absorption des nouveaux entrants sur le marché ;

(iii) Mais, comme on l’a souligné auparavant, ce mouvement a pesé sur la compétitivité dans bien des cas. La crois-sance de la PGF est devenue négative sur la période 1991-1997 pour la Turquie et le Maroc alors qu’elle était posi-tive sur la décennie antérieure. La Jordanie et l’Algérie subissent une croissance de la PGF négative depuis au moinsdeux décennies.

Source et calculs : Sekkat (2002).

Pays Période Taux de croissance Contribution à lacroissance (αα=0,54pour tous les pays)

Contribution à lacroissance (αα différentpour tous les pays)

Production Capital Travail Capital Travail PGF Capital Travail PGFAlgérie 1960-80 6,73 7,04 2,52 3,80 1,16 1,77 4,93 0,75 1,04

1981-90 2,46 4,87 3,73 2,63 1,72 -1,88 3,41 1,12 -2,061991-97 0,83 1,02 4,27 0,55 1,96 -1,68 0,71 1,28 -1,16

Egypte 1960-80 6,77 7,95 2,20 4,29 1,01 1,46 4,53 0,94 1,291981-90 4,93 8,75 2,52 4,73 1,16 -0,95 4,99 1,08 -1,141981-97 4,86 1,28 2,84 1,23 1,31 2,32 1,30 1,22 2,33

Jordanie 1960-80 5,76 10,95 3,22 5,91 1,48 -1,63 6,57 1,29 -2,101981-90 3,19 6,99 5,04 3,78 2,32 -2,90 4,19 2,02 -3,021991-97 4,18 8,20 6,00 4,43 2,76 -3,00 4,92 2,40 -3,13

Maroc 1960-80 5,87 8,25 2,71 4,45 1,25 0,17 2,97 1,73 1,161981-90 3,57 4,95 2,46 2,67 1,13 -0,23 1,78 1,57 0,221991-97 2,36 3,59 2,61 1,94 1,20 -0,78 1,29 1,67 -0,60

Tunisie 1960-80 6,61 6,48 2,84 3,50 1,31 1,81 4,99 0,65 0,971981-90 3,72 4,60 2,78 2,48 1,28 -0,04 3,54 0,64 -0,461991-97 4,30 3,92 2,96 2,12 1,36 0,82 3,02 0,68 0,60

Turquie 1960-80 5,18 7,60 1,42 4,11 1,65 0,42 4,71 0,54 -0,081981-90 5,35 4,63 2,59 2,50 1,19 1,65 2,87 0,99 1,491991-97 3,96 5,48 3,14 2,96 1,44 -0,45 3,40 1,19 -0,64

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√ la troisième est les synergies (externali-

tés) qui peuvent être développées sur

des espaces données entre firmes avec

l’incitation des pouvoirs publics,

√ la quatrième est l’amélioration continue

de la qualité des facteurs de production

et, en particulier du travail, par le déve-

loppement du niveau de formation, l’adé-

quation de la formation aux emplois, la

formation tout au long de la vie.

Sur ces différents points, les PM sont claire-

ment en retard aujourd’hui et devront faire

un effort considérable s’ils veulent pouvoir

pénétrer dans le cercle vertueux d’une crois-

sance fondée sur l’augmentation de la pro-

ductivité et de la distribution de revenus.

C’est à ce prix qu’un régime de croissance

permettra d’absorber l’augmentation de la

population active.

Le Femise considère que la stratégie d’ouver-

ture et de libéralisation suivie est la bonne

stratégie dans la mesure où elle touche

directement au comportement des acteurs.

Bien que nécessaire pour créer nombre d’ex-

ternalités (notamment par la qualité des

biens publics, en matière d’éducation deEncadré 4 : La croissance endogène

Rapidement résumée, l’idée théorique récurrente de cette famille de modèle (basé sur les travaux Romer 1986, 1990[a])n’est pas une remise en cause du modèle canonique de Solow, mais une extension : au niveau microéconomique, c’està dire au niveau des agents, la fonction de production conserve sa forme et ses propriétés. Notamment, les rendements,à l’échelle de chaque firme, restent non croissants, ainsi que la productivité marginale du capital. De fait, il existe tou-jours un équilibre de long terme et l’on préserve les bases microéconomiques théoriques au niveau de la fonction deproduction. En repartant du modèle de Solow, Y=AKαLβ avec α+β≤1.

Mais, il existe dans la fonction agrégée, c’est à dire au niveau de l’économie toute entière, des externalités positives quisont sources de rendements croissants. Dans les travaux initiaux de Romer, chaque firme profite en fait du capital desautres firmes, par exemple par diffusion des bonnes pratiques, etc. En revenant sur une fonction de production théo-rique, au niveau de l’ensemble des firmes Y=AKαLβXχ avec α+β+χ>1.

Néanmoins, pour les firmes et les autres agents, ces externalités n’entrent pas dans leur processus d’optimisation. Enclair, ils ne perçoivent pas l’intérêt dont ils bénéficient du fait de ces externalités. L’économie atteint bien un équilibre,mais il est sous optimal. Si en effet un « planificateur social », pour reprendre les termes généralement utilisés, inter-vient pour accroître le niveau de l’externalité, soit en subventionnant ses composantes, soit en taxant ses substituts,etc., un nouvel équilibre est atteint où le nouveau taux de croissance de long terme atteint est plus élevé.

La situation actuelle est, en fait, assimilable à un problème d’hystérésis, ce que D’autume et Michel (1993) appellentune trappe de non développement. L’idée est simple : la présence d’externalités, sources potentielles de croissance, nefait pas de doute, mais leur impact sur le niveau de la croissance est soumis à un effet de seuil. En deçà de ce seuil,l’économie demeure sur un sentier de croissance stable mais faible (point E1 dans la figure 4). Lorsque le niveau d’ex-ternalité atteint ou dépasse un certain seuil (K2), les effets positifs jouent et l’économie se dirige vers un niveau decroissance de long terme plus élevé.

Autrement dit, il existe un certain nombre d’actions « publiques » et d’interactions qui modifient l’équilibre de long termeet le situe à des niveaux plus élevés.

Trappe de non développement et seuils d’externalité D’après d’Autume et Michel 1993

[a] Cf P. ROMER, "Increasing returns and long-run growth", Journal of Political Economy n°3, vol. 94, octobre 1986,pp.1002-1037 ; ROMER P., "Are nonconvexities important for understanding growth", American Economic Review n°2,vol. 80, mai 1990, pp.97-103.

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recherche et de formation), l’action de l’Etat

est trop contrainte et trop soumise aux fluc-

tuations cycliques pour être le principal

moteur de ces évolutions.

b- Accélérer la mise en œuvre des

réformes nécessaires pour modifier le

régime de croissance

La transition vers une économie de marché

réclame, en premier lieu, la mise en place

d’un cadre légal et institutionnel qui offre les

conditions d’un fonctionnement efficace des

marchés et permet aux acteurs de la société

civile d’agir au mieux de leurs intérêts. Ils

doivent particulièrement renforcer la stabilité

et la prédictibilité de l’environnement socio-

économique.

De ce point de vue, la simple modification

idéologique ne suffit pas à réussir la transi-

tion. Il apparaît qu’une certaine tradition et la

familiarité avec l’économie de marché aident

au processus. Là, certains PM comme le

Liban, le Maroc, la Syrie ou la Tunisie, dispo-

sent d’un avantage, parce qu’ils sont intégrés

dans les échanges pendant des siècles.

L’esprit commercial des phéniciens encore

présent y permettra une transition plus aisée

que dans d’autres pays qui n’ont guère connu

d’épisodes d’ouverture.

Toutefois, la transition vers le marché moder-

ne et l’adoption des réformes économiques

nécessaires ont été lentes dans la région, ce

qui a pesé sur les performances en termes de

croissance. Les infrastructures légales sont

encore en construction. Les domaines des

échanges, de l’investissement, de la concur-

rence, du droit des sociétés et du droit fiscal

sont eux aussi en cours d’adaptation et de

mise à jour. Les privatisations se font à un

Encadré 5 : Dépenses publiques et croissance : y a t’il une « taille optimale » de l’Etat ?CEMAFI, université de Nice, France.

En s’inspirant d’une approche théorique développée pour le cas des USA fin des années 90, par R.K. Vedder et L.E.Gallaway (1998), la relation entre la « taille » de l’Etat et la croissance économique a été étudiée en Tunisie, sur lestrois dernières décennies afin de voir si, pour ce pays, il était possible d’observer la « présence » d’une Courbe d’Armey(Cf. R. Armey, 1995). La construction de la « Courbe d’Armey » repose sur l’idée selon laquelle, lorsque les dépensespubliques sont faibles (ou en tous cas inférieures à un certain volume), un certain nombre de biens publics (ou de ser-vices publics) considérés normalement comme fournisseurs d’externalités positives favorables au développement dusecteur privé, le niveau du Produit global ou bien le taux de croissance de l’économie est faible ; réciproquement, lorsquele niveau des dépenses publiques est très élevé, le poids de l’Etat dans l’économie est excessif et celui-ci, détournantune trop grande quantité de richesses à son profit, pénalise le secteur privé qui ne dispose pas de moyens suffisantspour accumuler assez de ressources lui permettant d’assurer une bonne croissance économique. D’où l’idée de l’exis-tence d’un seuil de dépenses publiques G, repérable en proportion du P.I.B, qui déterminerait la proportion (G/PIB) opti-male compatible avec l’output (ou le taux de croissance) maximal.

L’idée de base de cette vision est que l’on puisse justifier le tracé d’une courbe du type ci-dessous reliant la variableexplicative (G/PIB) en abscisse à la variable expliquée (une variable « mesurant » la croissance, O pour le PIB ou g%son taux de croissance) en ordonnée.

La méthode retenue de détermination de ce seuil est une méthode économétrique qui a permis d’obtenir les meilleursajustements pour la Tunisie et pour la période 1968 à 1997, avec la relation suivante :g%= a + b (G/PIB)+ c(G/PIB)2 + d. Infl. +e. (Ip/PIB)+ g.(X*/PIB) + h.(T/PIB) + j.((G-T)/PIB)expression dans laquelle G désigne les dépenses publiques courantes, Infl. le taux d’inflation, (Ip/PIB) la part des inves-tissements privés dans le PIB, X* la croissance des exportations, (G-T) le déficit public. Le meilleur ajustement donne : g%= -0,52 + 3,26 (G/PIB) - 4,65 (G/PIB)2 + ... ce qui donne une estimation de l’ordrede 35% pour le seuil « idéal » recherché. Cet ordre de grandeur pour la Tunisie paraît tout à fait crédible, compte-tenudu rôle important joué par l’Etat dans l’activité économique.

Recherche financée par le Femise et dirigée par le CEMAFI, université de Nice, France. Référence FEM21-39Titre : Dépenses Publiques, Croissance et Soutenabilité des Déficits et de la Dette Extérieure : Etude du Rôle de l'Etat dans six PaysMéditerranéens Partenaires de l'Union Européenne (Egypte, Israël, Liban, Tunisie, Turquie)Date prévue de fin des travaux : avril 2004

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rythme lent et ne concernent généralement

que certains secteurs, et pas forcément ceux

où cela serait le plus productif (Femise,

2003). Un index des réformes structurelles[2]

dans les PM (restreint à l’Egypte, la Jordanie,

le Maroc et la Tunisie) indique bien une inten-

sification des réformes dans la deuxième moi-

tié des années 90, insuffisante toutefois rela-

tivement à l’Europe de l’Est et à l’Asie centra-

le, en retard dans les années 80, en avance

aujourd’hui (Dasgupta et Keller, 2002).

Malgré l’intention affichée de s’ouvrir et de

s’intégrer dans une économie globale, le

retard institutionnel pris peut entraver le

mouvement. Illustration de ce retard, cer-

tains PM n’ont pas modifié leurs constitutions

depuis des lustres, malgré les changements

dans le monde. Ainsi, selon sa constitution

l’Egypte reste encore aujourd’hui dans un

système de démocratie socialiste. Plus géné-

ralement et relativement aux autres sys-

tèmes, ces constitutions donnent un pouvoir

plus important à l’exécutif vis-à-vis des sys-

tèmes judiciaire et législatif.

Au demeurant, certaines facettes des sys-

tèmes socialistes mis en place ont été impor-

tantes pour les PM. Il en est ainsi, comme on

l’a souligné, de l’emploi public ou des sub-

ventions. Cela a permis le développement de

progrès réels dans la sphère sociale et la sta-

bilité politique, même si cela s’est fait au

détriment de l’efficacité des marchés. Mais,

la majorité des PM faisant le choix de la libé-

ralisation de leur économie et du retrait de

l’intervention de l’État dans certains secteurs

se pose la question du rôle des gouverne-

ments dans le bien-être des sociétés.

Dans les PM, comme dans de nombreux

autres pays en développement, les réformes

institutionnelles ne font que suivre les

réformes politiques avec un certain retard.

Sur la base d’une sélection d’indicateurs de

gouvernance concernant 8 PM (tableau 8),

on remarque que :

(i) la situation est relativement bonne et

comparable au sein des pays en termes

de « lois et ordre public » —indicateur

qui mesure la perception de l’impartiali-

té et du respect des systèmes judi-

ciaires— à l’exception du cas algérien.

Le Maroc, la Tunisie et la Syrie affichent

de très bonnes performances ;

(ii) ce n’est pas le cas en ce qui concerne les

indicateurs de « force de la loi » et « d’ef-

ficacité des gouvernements » : le score

est médiocre en Algérie, Liban et Syrie ;

Tableau 8 : Sélection de critères de gouvernance dans les PM

Lois et ordrepublic (1)

2001

Force de la loi(2)

2000-01

Efficacité desgouvernements

(2)2000-01

Indice deperception de lacorruption (3)

2001

Corruption (2)2000-01

Algérie 2 -0,97 -0,81 na -0,62Egypte 4 0,21 0,27 3,6 -0,16Jordanie 4 0,66 0,42 4,9 0,09Liban 4 -0,05 -0,02 na -0,63Maroc 6 0,46 0,10 na 0,44Syrie 5 -0,52 -0,81 na -0,83Tunisie 5 0,81 1,30 5,3 0,86

Source : UNDP 2002, Human Development Report. Notes : (1) Source : the International Country Risk Guide (mesure variant entre 0 et 6, 6 étant lameilleure situation).(2) Indicateurs subjectifs de la qualité de la gouvernance fondés sur des enquêtes menées par laBanque Mondiale (variant de –2,50 à 2,50, 2,5 étant la meilleure situation). La « Force de la loi »mesure la prédictibilité de la justice et le coût engendré par les crimes et délits. « L’efficacité des gou-vernements » mesure la qualité des administrations, les coûts de transaction, la qualité du systèmepublic de santé et la stabilité des gouvernements. (3) Source : indice de perception de la corruption de Transparency International (l’échelle varie de 0 à10, 10 étant la meilleure situation). na : non disponible.

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(iii) les mesures de la corruption dans les

administrations et le système judiciaire

semblent constituer une entrave aux

affaires en Algérie, au Liban, en Syrie,

voire en Egypte. La Tunisie et le Maroc

et la Jordanie sont épargnés par le

phénomène ;

(iv) la Tunisie a de bons scores dans tous les

critères (dépassant tous les PM), particu-

lièrement dans l’efficacité du gouverne-

ment, la positionnant parmi les pays à

hauts revenus et fort développement

humain. Le Maroc et la Jordanie réalisent

aussi de bonnes performances générales.

Encadré 6 : Les institutions intermédiaires pour la croissance des processus de gouvernance dans les Partenaires Méditerranéens.

Istituto di Studi sulle Società del Mediterraneo (ISSM-CNR), Italie.

Une réflexion générale concernant le rôle des gouvernements nationaux, dans le cadre de la globalisation et des poli-tiques de décentralisation, a initié de nouvelles approches qui dépassent la conception hiérarchique de l’Etat, fondée surle principe de l’autorité. Selon ces approches, la multiplication des acteurs et des niveaux de négociation -internatio-nal, national et local- implique un nouveau modèle de gouvernement, qu’on appelle gouvernance ou nouvelle gouver-nance ou bonne gouvernance, fondée sur des structures organisées d’interaction et de partenariat qui caractérisent deplus en plus les sociétés locales. Si le débat sur ces questions est fréquent dans les pays industrialisés, la connaissancedes structures et des stratégies de gouvernance dans les Pays en développement est plutôt faible. En effet, concer-nant ces pays, il y a peu d’analyses visant à évaluer soit les effets des réseaux sur la gouvernance, soit le rôle des« institutions intermédiaires ».

Le but du projet est d’évaluer l’efficacité des stratégies de gouvernance et l’implication de façon participative des insti-tutions intermédiaires dans la conception et dans la réalisation des stratégies de développement économique des PM.

On ne peut pas considérer la gouvernance comme un processus simplement local - c’est à dire l’exercice de l’autoritépolitique, économique et administrative pour la gestion des affaires locales. Il s’agit plutôt d’un processus multi-niveauxqui se développe à travers des réseaux territoriaux et fonctionnels : les réseaux politiques transversaux, la superposi-tion d’organismes techniques, les coalitions de distribution et les groupements organisés au niveau international, natio-nal et local. Utilisant le concept de gouvernance comme « un ensemble hétérogène de méthodes et de pratiques aptesà créer un modèle multi-niveau d’action collective qui se base sur l’interaction parmi une pluralité d’acteurs qui n’ap-partiennent ni au gouvernement ni au secteur public », le projet INGO-MED considère les mécanismes, les processus etles institutions à travers lesquelles les décisions collectives sont prises et implantées, mais aussi les citoyens, les grou-pements et les communautés qui suivent leurs idées, articulent leurs intérêts, exercent leurs droits, réalisent leurs obli-gations et concilient leurs différences. En général, la définition de gouvernance comme un ensemble varié de modèlesd’actions et de façons d’organisation pour l’exercice du gouvernement, avec des règles négociées, basé sur l’interdé-pendance des organisations et des réseaux, suppose un niveau significatif d’indépendance des réseaux à l’égard de l’Etat(Rhodes, 1997). Mais, dans ce cas, le public demeure l’institution de coordination. Il faut souligner en outre que la par-ticipation, le partenariat et l’implication des communautés accroissent la transparence, la responsabilisation, larecherche de consensus et l’équité. Les réseaux politiques [a] se situent dans ce contexte. Mais, quels sont les méca-nismes de relation, de décision et d’action parmi les différents acteurs ?

Les institutions intermédiaires jouent aussi un rôle efficace, en agissant comme des partenaires-clef des gouvernements,dans leur transition vers des formes décentralisées de gestion du pouvoir. Ces institutions, parmi lesquelles opèrent plu-sieurs acteurs, se placent dans une « méso-dimension » avec un rôle de connexion et de médiation entre deux entitésprincipales : l’Etat et l’individu. Dans ces organismes « méso-dimensionés », les relations personnelles et distinctif co-existantes et produisent un mélange de relations flexibles permettant à ces organismes d’agir comme de puissantsmécanismes d’équilibre des tensions entre le niveau macro et le niveau micro (Arrighetti & Serravalli, 1999). Leur exis-tence rend possible, d’un côté, le contrôle, la rationalisation et la planification des processus de reproduction des rela-tions économiques, sociales et politiques sur une large échelle (nationale et internationale) et, d’autre côté, la garantied’une certaine efficacité dans un contextes opérationnel.

Dans le but d’obtenir des indicateurs des processus de gouvernance, le projet INGO-MED considère deux processus spé-cifiques verticaux : (i) la gestion des services publics, en particulier la gestion des ressources hydriques,(ii) la diffusion de l’innovation. Lepremier, lié au concept des biens commun partagés, peut être représenté comme un flux du général au particulier : desressources d’eau aux utilisateurs. Le second,le processus d’innovation, démarre au contraire du niveau individuel, pourdevenir innovation partagée par la société. C’est ainsi que ces deux flux différents peuvent indiquer l’évolution de la gou-vernance dans des contextes différents.

Concernant le premier processus, il existe des fortes relations entre les aspects institutionnels, politiques et le marché.Les changements institutionnels et économiques ont entraîné une évolution des entreprises « publiques », basées surles principes d’efficacité technique, vers des entreprises « spéciales », toujours publiques mais caractérisées par l’étatjuridique, le haut niveau d’organisation et de flexibilité visant non seulement l’efficacité quantitative et qualitative maisaussi l’efficacité économique.

Le marché des services publics a été d’abord analysé à travers trois modèles différents : 1) les appels d’offre, renforçant la compétition parmi acteurs locaux et étrangers pour améliorer les services publics

locaux ;2) la stratégie du « project financing » (le financement de projet), qui implique des mécanismes de coopération parmi

les secteurs public et privé ;3) la division des différentes filières de services locaux parmi plusieurs contacteurs, chacun assurant le maximum de

l’efficacité dans son domaine.

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D’après ces modèles de marché, la gouvernance a été définie comme un « mécanisme conjoncteur », visant à la défi-nition des rôles des différents acteurs des processus de co-production des services locaux et de la gestion des servicesmêmes : les autorités locales, les entreprises, les utilisateurs et les associations d’utilisateurs, les groupes d’intérêt, lessyndicats, etc. Dans ce cas, la recherche analyse l’ensemble des outils et des mécanismes supportant l’intégration parmiles autorités locales et les autres acteurs. Les éléments clefs de ce processus sont les relations interactives parmi lesacteurs impliqués, mais aussi la connaissance intérieure et les possibilités d’innovation de production. En particulier, lessynergies de marché - associées à la politique des infrastructures - se basent sur une logique de réseau que permet unemeilleure gestion des services publics de qualité. Cette approche souligne le rôle crucial des systèmes territoriaux dansle développement de la confiance et de valeurs partagées par les acteurs économiques, institutionnels et sociaux.

Le modèle de gestion satisfaisant ces conditions c’est l’entreprise « multi-services » ou « multi-utility ». Ce modèle peutfournir simultanément le gaz, l’eau, l’électricité, la collecte et le traitement des ordures et d’autres services. Sa struc-ture d’entreprise peut bénéficier d’économie d’échelle liée à la structure de la production et à la dimension de l’organi-sation, mais aussi des économies de diversification et d’autres dues à la complémentarité des technologies.

Concernant la diffusion des processus d’innovation, la recherche se place dans le modèle de réseau, selon lequel un sys-tème productif local compétitif se caractérise par une pluralité de relation intégrées. sur ce point figurent parmi lesmodèles théoriques de références les Milieux Innovateur [Camagni, 1995], les Systèmes Nationaux et Régionauxd’Innovation [Nelson R., 1993; Braczyk H.J., 1998; Castro E.A., 1998, Cooke P., 1997; Lundvall B.A., 1988, 1992, 2002]et le récent modèle « Triple Hélice » [Etzkowitz H., 2000; Leydesdorff L.,1998, 2001]. Ils sont mobilisés pour expliquer,dans une perspective de réseau, les connexions parmi la diffusion de la connaissance (parmi une variété d’acteurs dif-férents) et les processus d’innovation. Le rôle de la connaissance formelle et informelle et aussi important, en tant queressource cruciale des processus de production et d’interaction pari acteurs différents (Kline et Rosemberg, 1986;Mansel et When, 1998; Rubenson et Schuetze, 2000)

A partir d’une approche de réseau, combinant la théorie de la croissance endogène avec l’hétérogénéité des modèles decroissance extérieure, il apparaît que les institutions intermédiaires ont une importance cruciale pour la diffusion de l’in-novation dans des contextes sociaux caractérisés par une gouvernance avancée. En supposant d’une part que les exter-nalités économiques spatiales, liées à l’hétérogénéité technologique et au processus de diffusion de l’innovation, peu-vent encourager des processus de convergence entre les régions les plus avancées et les autres, d’autre part que la fai-blesse de ce processus dépend des obstacles politiques ou de marché qui réduisent les effets de « spill-over » des pro-cessus de diffusion de l’innovation, il est clair que le développement de la gouvernance et des stratégies de réseaudeviennent un enjeu important : le développement des systèmes productifs locaux et régionaux peut être stimulé parla création de réseaux d’innovation et de connaissance. Le rôle du gouvernement devient celui de facilitatrut : une forcecatalytique qui renforce la condition innovatrice des responsabilités et qui produit des environnements aptes à amélio-rer l’efficacité des individus et des partenaires dans la réalisation de leurs objectifs.

Dans la région Méditerranéenne, les façons d’interaction des institutions internationales, nationales et régionales ne sontpas encore bien connues, en particulier en ce qui concerne les processus de diffusion de l’innovation dans les systèmesproductifs locaux. Leur appréhension doit permettre d’établir des indications et des suggestions pour l’implantation depolitiques économiques destinées à avoir un impact sur les processus de diffusion de l’innovation dans les PM parte-naires de l’Union Européenne. Une séléction de cas d’étude dans les régions du Maghre doit permettre l’analyse empi-rique des opportunités et des obstacles du développement local dans ces pays.

Notes :[a] : Par “réseaux politiques” nous entendons une gouvernance caracterisée par des rélations sociales plus ou moins stables pari les acteurs,concernant des problèmes spécifiques ou(et des programmes politiques. (Kickert et all, 1997 b)

Recherche financée par le Femise et dirigée par l’Istituto di Studi sulle Società del Mediterraneo (ISSM-CNR), Italie. Référence FEM21-36Titre : Intermediate Institutions for the Growth of "Governance" Processes in the Mediterranean Partner CountriesDate prévue de fin des travaux : avril 2004

La protection des droits de propriétés néces-

site encore des améliorations

Une bonne gouvernance doit assurer non

seulement l’existence de la propriété, mais

également la protection de ces droits et l’ap-

plication des textes (World Bank, 2002). Le

fait de passer d’une économie socialiste à

une économie de marché nécessite la créa-

tion d’un environnement libre pour contrac-

ter, imposant une profonde révision de la

législation voire sa création (Nestor, 2001).

Le système doit en premier lieu réviser le

cadre de la propriété foncière, sujet encore

délicat dans la région (Morisset et Neso,

2002). Certes, les anciens risques de natio-

nalisation/confiscation ont maintenant dis-

paru, grâce à des modifications constitution-

nelles et à la mise en place de garanties

dans les textes sur les lois d’investissement

(par exemple, des articles de la loi n°8 de

1997 en Egypte ou la loi 16 de 1995 en

Jordanie interdisent la nationalisation ou la

confiscation de la propriété privée –Radwan,

1999). Mais, parfois encore interdite ou

sujette à des restrictions pour les non rési-

dents, particulièrement dans le cas des

terres agricoles, elle reste empreinte d’une

bureaucratie particulièrement lourde et

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longue, ce qui entraîne la préférence des

investisseurs pour la location. Ainsi, en

Jordanie, l’acquisition foncière, la mise en

place de l’entreprise et la connexion des

locaux aux principaux services nécessitent

36 étapes procédurières qui représentent

une durée évaluée à 89 jours ouvrables et

un coût estimé à 11 281 dollars (Ibid 2001 ;

Cf. tableau 9). Si le Maroc offre un nombre

de procédures et un coût sensiblement

moins importants relativement à la Jordanie

comme à la majorité des autres pays en

développement, la durée reste bien excessi-

ve en regard des standards dans les pays

développés (278 jours ouvrables).

Le problème des droits de propriété a été l’ob-

jet d’une recherche menée en Asie, Afrique,

Moyen-Orient et Amérique Latine par

Hernando De Soto, montrant que l’incapacité

de certains pays à atteindre un niveau de

développement capitalistique comparable à

celui des économies avancées peut s’expliquer

par les défauts dans le système des droits de

propriété. Elle indique notamment que, malgré

la mise en place de droits formels dans les

pays en développement et les anciennes éco-

nomies socialistes, le cadre ne protège pas la

propriété des « pauvres », transformant leurs

actifs en « capital mort ». Or, le montant des

actifs des « pauvres » en Egypte par exemple,

correspondrait à 55 fois la somme des IDE, des

recettes du Canal de Suez et du Aswan Dam

(De Soto, 2000). De plus, on peut estimer que

la valeur du foncier non documenté atteint 240

milliards de dollars. De tels montants situent

l’enjeu d’un système de propriété efficace.

Un autre problème fréquent dans les pays en

développement est la protection de la pro-

priété intellectuelle. Conformément aux obli-

gations nées de leur appartenance à l’OMC,

la quasi-totalité des PM ont introduit des dis-

positions de reconnaissance et de protection

de ces droits dans leur législation. Mais,

comme cela a été souligné dans les précé-

dents rapports du Femise, c’est la mise en

application des lois qui semble poser problè-

me si l’on en croît les guides d’investisse-

ments ou certaines associations profession-

nelles des économies développées. Il faut sur

ce point noter le développement qu’ont

connu les investissements dans les secteurs

pharmaceutiques et de hautes technologies

en Jordanie après le durcissement de la loi

sur la propriété intellectuelle (EIU, 2003).

L’environnement des affaires souffre surtout

du fait des administrations

Malgré une amélioration intensive des légis-

lations concernant les IDE dans la dernière

décennie, le même constat se renouvelle

chaque année sur leur niveau insuffisant et le

déclin de l’attractivité de la région.

Pourtant, une enquête auprès des milieux

d’affaires égyptiens indiquait que la législa-

Tableau 9 : Barrières administratives à l’acquisition foncière

Accès ausite (1) ;1999

Nombre deprocédures

Durée (joursouvrables)

Coût (USdollar)

Jordanie 36 89 11 281Maroc 16 278 1 149

Moyenne* 31 334 4 723Minimum* 13 45 47Maximum* 125 985 22 523

Source : d’après Morisset et Neso, 2002.(1) Comprend l’accès au terrain, l’installation du site et la connexion aux principaux réseaux.* Calculés sur les 32 pays de l’étude.

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tion et les incitations concernant les investis-

sements étaient le facteur le moins restrictif

pour mener à bien les activités (Handoussa

et Abou Shnief, 2001).

Mais, mettre en place des exemptions de

taxes et autres dégrèvements fiscaux ne

constitue ni le seul, ni le meilleur moyen pour

attirer les investissements. Ainsi, parallèle-

ment au résultat précédent, il apparaît que

l’administration fiscale est souvent citée par

le secteur privé comme l’élément le plus

contraignant pour son développement

(Handoussa et al, 2000), alors même que le

niveau des prélèvements fiscaux et des taux

sur les revenus sont faibles en proportion du

PIB relativement aux standards internatio-

naux. Les problèmes cités concernent géné-

ralement la juridiction de la fiscalité des

sociétés, la détermination de la base fiscale,

la structure des taux d’imposition et le

manque de coordination de la fiscalité sur les

sociétés au niveau national, régional et inter-

national (ibid, 2000).

De fait, ce sont les barrières administratives,

entravant autant l’entrée que la sortie des

marchés, qui sont maintenant le principal

obstacle dans les PM, comme le suggère une

étude de Morisset et Neso (2002).

Certes la situation est comparable à celle de

la moyenne des pays en développement,

mais elle reste éloignée de ce qu’il faudrait

pour améliorer l’attractivité différentielle de

la région. D’autres secteurs de l’administra-

tion sont également considérés comme peu

facilitateurs, notamment les douanes : en

Algérie par exemple, le dédouanement

nécessite une durée moyenne de 16 jours, à

comparer avec les 3 jours nécessaires au

Maroc (depuis la refonte du système), les 8

jours nécessaires en Chine, les 11 jours

nécessaires en Inde (ERF, 2003).

Sur ce point, il est certain que la mise en

place de certaines mesures dans le cadre du

partenariat pourrait être bénéfique, notam-

ment l’introduction du document unique de

l’Union Européenne (Ghesquiere, 1998).

Certains PM ont adopté une attitude proacti-

ve dans la simplification des démarches et

l’amélioration des administrations. Au Maroc,

des Centres Régionaux d’Investissements

(en fait des « guichets uniques ») vont être

mis en place dans tout le pays en vue de

décentraliser et d’améliorer les procédures

d’enregistrement et de démarrage d’une acti-

vité (EIU, 2003). De même, la récente expé-

rience marocaine en matière de douane doit

être considérée comme un exemple dans la

région. Enfin, une amélioration notable de la

procédure administrative en matière d’inves-

tissement a suivi la mise en place des gui-

chets uniques en Tunisie (EIU, 2002).

Tableau 10 : Barrières administratives à l’investissementNombre de procédures Durée (jours ouvrables) Coût(US

dollar)1999 Entrée1 Opérations2 Entrée1 Opérations2 Entrée1 Opérations2

Egypte 10 - 52 - 943 -Jordanie 15 12 60 - -Maroc 12 5 91 63 255 1 981Tunisie 7 - 39 - 286 -

Moyenne* 11 11 68 41 504 756Minimum* 2 2 18 8 80 10Maximum* 29 26 187 122 3 040 3 186

Source: d’après Morisset et Neso, 2002.Notes : 1. Comprend l’enregistrement légal, statistique, déclaration d’embauche, de retraite ou fiscale.

2. Comprend les obligations opérationnelles d’import-export, le contrôle des changes, le paie-ment des taxes ou les inspections des services de santé ou du travail. * Calculés sur les 32 pays de l’étude.

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Autres priorités à l’agenda, le cadre de la

concurrence et les tribunaux

Ces dernières années ont connu une forte

croissance des fusions-acquisitions transna-

tionales. Ce mouvement entraîne la nécessi-

té d’accroître les possibilités de contrôle et de

surveillance des acquéreurs internationaux.

Assurer la transparence et réguler l’activité

des cartels permet de mieux protéger les

sociétés locales. Les lois sur la concurrence

jouent, en effet, un rôle important en limitant

les comportements anti-concurrentiels et les

abus de position dominante.

De telles législations sont également de natu-

re à aider les économies en développement à

se protéger des possibles effets pervers de

certains accords de l’OMC (Hoekman, 1999).

Les interactions entre le commerce et la

concurrence sont au coeur des négociations

de l’OMC depuis 1996, mais il est certain que

la meilleure façon d’œuvrer est d’inclure dans

les lois nationales des dispositions régulant la

concurrence sur le marché domestique.

D’autant que tout accord potentiel dans le

cadre de l’OMC aura un impact sur les PM,

dans la mesure où la grande majorité d’entre

eux est membre de l’organisation. Dans le

cadre de la déclaration de Doha, les pays doi-

vent principalement concentrer leurs efforts

sur la transparence, le principe de non-discri-

mination, l’équité des procédures et les provi-

sions anti-trust. La Tunisie et l’Algérie ont

promulgué des lois sur la concurrence en

1991 et 1995 respectivement. En Egypte, en

Jordanie et au Maroc, ces lois sont encore en

discussion (EIU, 2002 ; FEMISE, 2002).

Sur le plan de la justice, les principes

basiques de rapidité, de transparence,

d’équité du système, de respect des déci-

sions et de mise en application effective de la

législation constituent non seulement des

facteurs importants dans l’attractivité des

économies en développement (Nestor,

2001), mais également les fondements d’un

système démocratique.

Ce que semble indiquer l’expérience dans les

pays en développement est que la complexi-

té des procédures réduit l’efficacité des sys-

tèmes judiciaires, ce que l’on attribue princi-

palement au faible niveau de l’administration

et des ressources humaines, à l’inadéquation

des flux d’information, à la corruption et à la

faible complémentarité des institutions

(Banque Mondiale, 2002). Dans les PM, les

systèmes judiciaires souffrent d’une certaine

lenteur parce qu’ils sont saturés par le

nombre d’affaires, confrontés à la nouveauté

de certains cas et au manque d’infrastruc-

tures techniques adéquates (ERF, 2003).

En Egypte, il n’y a pas de cour dédiée aux

affaires commerciales, mais l’utilisation cou-

rante de la valeur des contrats passés pour

résoudre les conflits a prouvé son efficacité

(Radwan, 1999). Si les performances du sys-

tème jordanien sont généralement bonnes, il

n’existe pas là non plus de cour spécialisée

dans les conflits commerciaux. Au Maroc,

malgré le satisfecit adressé par le FMI à la

réforme judiciaire, des sociétés se plaignent

encore de la prédictibilité de la justice,

comme de la politique économique (EIU,

2001 et 2003). En Egypte, au Liban et au

Maroc, des juges professionnels sont requis

dans les cours de juridiction générale, même

pour traiter des cas aussi simples que l’en-

dettement. Contrairement à d’autres expé-

riences où des juges non professionnels peu-

vent remplir ce rôle, cette obligation accroît

le coût et la durée du traitement des litiges

(Banque Mondiale, 2002).

Le cadre des privatisations

Le processus ne s’est guère développé dans

la région. Au-delà de la forte résistance à

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laquelle il s’est heurté, l’expérience s’est

caractérisée par des changements dans les

stratégies, les techniques utilisées et dans

son élan.

Le bilan sur la période 1990-2000 affiche

près de 20 milliards de dollars de recettes

(hors programme turc), ce qui ne représen-

te qu’une faible part des privatisations réali-

sées par les pays en développement. Et, il

est contrasté selon les pays : Israël et

l’Egypte cumulant 75% de ces recettes (pour

une analyse plus détaillée, Cf. Femise,

2003). De fait, le nombre d’entreprises

publiques qu’il est prévu de céder est enco-

re important : 250 entreprises publiques en

Algérie, 100 en Egypte et au Maroc, 60 en

Tunisie, 20 en Jordanie (Page, 2001).

Doivent s’y ajouter quelques 45 milliards de

dollars de projets d’infrastructures pour le

secteur privé (ibid, 2001).

Dans la plupart des pays en développement

qui ont effectué des privatisations, le résul-

tat a été l’apparition d’un grand nombre de

sociétés importantes. Mais, le processus n’a

pas toujours été accompagné de l’émergen-

ce d’une culture et des structures néces-

saires à l’efficacité du secteur privé (Nestor,

2001). Si les privatisations sont accompa-

gnées voire précédées par les modifications

institutionnelles nécessaires et les politiques

économiques créant la concurrence, elles

ont alors un impact positif sur l’activité éco-

nomique dès les premières étapes (Ran,

2001). C’est ainsi que la Slovénie, la Hongrie

et la Pologne, bien qu’adoptant des

méthodes différentes, ont atteint de fort

taux de croissance.

Au niveau macroéconomique, ces modifica-

tions et ces politiques doivent viser l’efficaci-

té de l’administration fiscale, l’efficacité du

système de supervision du secteur bancaire,

la mise en place de fortes contraintes budgé-

taires, l’ajustement du système de change et

l’indépendance de la Banque Centrale.

Comme on l’a souligné plus haut, un cadre

légal facilitant l’entrée et la sortie du marché,

la promotion de la concurrence, la protection

des droits de propriété et la facilitation des

transactions financières sont également

nécessaires à l’accroissement du rôle du sec-

teur privé dans l’économie (Nabli, 2001).

Selon l’expérience des pays en transition, le

principal obstacle freinant le processus est de

laisser la gestion des entreprises publiques

aux mains des ministères (Nestor, 2001). Il

est clair que les pays dont le processus a été

le plus dynamique sont ceux qui avaient

transféré au préalable le contrôle institution-

nel des entreprises. De ce point de vue, la

meilleure solution semble la création d’une

institution spécialisée gérant l’ensemble des

entreprises qui doivent être cédées.

Malgré l’atonie du processus, les PM ont réali-

sé de nombreux efforts pour relever ces chal-

lenges institutionnels. Les programmes au

Maroc et en Tunisie ont ainsi été associés à

des réformes institutionnelles compréhen-

sibles (Nabli, 2001). La Jordanie a introduit

une loi de privatisation en 2000 qui établit un

« Haut Conseil des Privatisations ». L’Algérie a

démantelé les monopoles publics dans les sec-

teurs du gaz et de l’électricité en y autorisant

les investissements privés (EIU, 2002). De

même, la nouvelle loi algérienne sur les télé-

communications relance le processus, mais, à

l’inverse, le projet autorisant la concurrence

dans le secteur des hydrocarbures, entière-

ment public, a été annulé (EIU, 2003).

IV- Conforter la compétitivité dans les

échanges de biens et services et l’at-

tractivité des capitaux

Compte tenu de l’option choisie de relancer la

croissance par l’ouverture des économies

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-31-

méditerranéennes, l’évolution des échanges

de biens et services et l’attractivité de la

région en matière de capitaux et plus parti-

culièrement d’investissements directs étran-

gers sont décisives.

L’appréciation qui peut être portée sur cette

évolution est à la fois un indicateur des per-

formances des systèmes productifs et de l’ef-

ficacité réelle des réformes mises en œuvre.

Plus largement, elle indique comment les

sociétés méditerranéennes se présentent dans

le système marchand mondial, et met en évi-

dence les rigidités dont elles souffrent encore.

Malgré certains progrès indéniables, la diver-

sification des échanges est insuffisante, l’in-

ternationalisation des services est en deçà

des autres grandes régions et l’attractivité

d’ensemble de la zone stagne. Par ailleurs,

l’atonie de la productivité du travail rend

périlleuse pour la compétitivité les augmen-

tations de salaires.

Une des raisons de ces résultats mitigés est

le faible développement des échanges sud-

sud, qui sont très limités par les obstacles

tarifaires et non tarifaires. A cet égard, le

Femise tient à souligner à nouveau l’impor-

tance qu’il y a à accélérer la mise en œuvre

des diverses zones de libre-échange intra-

méditerranéennes.

a- Les échanges de biens : l’ouverture

des PM progresse, particulièrement avec

l’UE, mais les échanges ne sont pas

assez diversifiés

Globalement, les échanges des partenaires

se caractérisent par[3] :

√ Une croissance des échanges de mar-

chandises supérieure à la croissance du

PIB, ce qui a induit une progression des

taux d’ouverture.

√ Une orientation qui privilégie de façon

croissante l’UE. Les exportations des PM

vers l’UE ont augmenté de 7,2% en

moyenne annuelle depuis 1990 contre

4,2% vers le monde ; ainsi la part de

l’UE dans les exportations des PM est

passée de 45% en 1990 à 51% en

2001. Cette situation entraîne deux

conséquences : (i) une faible progres-

sion des échanges intra-zone au sein

des PM (de 4,5% à 5,2 % des échanges

totaux) ; (ii) une accentuation du poids

des branches d’activités pour lesquelles

ils ont des avantages comparatifs dans

les échanges avec l’Union (les PM ven-

dent 68% de leur pétrole dans l’UE,

67% de leurs articles manufacturés tan-

dis que l’UE leur fournit la plus grande

partie des produits chimiques et des

biens d’équipement).

√ Une position commerciale des PM

constamment déficitaire. Ce déficit pré-

sent sur l’ensemble de la décennie (en

moyenne 8,5% du PIB) représente 33

milliards de dollars en 2001.

√ Des avantages coûts encore substantiels

pour les PM. Les partenaires méditerra-

néens sont dans une position favorable

du fait de leur coût relatif en travail qui

constitue encore l’essentiel du coût de

production, compte tenu du niveau de

développement des systèmes productifs

concernés. Toutefois, il est important de

souligner que cet avantage est relative-

ment faible, ce qui le met à la merci de

la concurrence d’autres pays, qui ont

aujourd’hui des coûts plus faibles. De

plus, il dépend pour l’essentiel de la

modération salariale, ce qui le fragilise,

d’autant que les gains de productivité du

travail sont faibles, voire négatifs dans

la plupart des PM. Or, cela renforce

encore l’impact négatif des augmenta-

tions de salaires sur le maintien de la

compétitivité.

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-32-

√ Des avantages hors coûts insuffisam-

ment développés et une structure des

exportations souvent trop concentrée.

L’évolution généralement positive du

pouvoir d’achat des exportations et des

termes de l’échange (plus faible) est

liée, pour l’essentiel, à une appréciation

du taux de change réel plutôt qu’à une

amélioration sensible de la qualité rela-

tive des produits. Cela découle d’une

structure d’exportation relativement

mal adaptée à la demande mondiale, et

donc soumise aux aléas des effets reve-

nus et des effets prix. La diversification

des structures d’exportation, appréhen-

dée par le poids des cinq premiers avan-

tages comparatifs dans le total des

exportations fait apparaître nettement

deux grands groupes de pays : un pre-

mier groupe de pays qui sont encore

largement dépendants d’avantages

comparatifs centrés sur l’exploitation

d’une ressource naturelle ou sur une

activité traditionnelle de l’agro-alimen-

taire (fruits et légumes) ou de l’aval

industriel (textiles, habillement, en

général), dans lequel figurent notam-

ment l’Algérie et la Syrie ; un second

groupe de pays déjà fortement diversi-

fiés. Il est important de noter que les

recouvrements des avantages compara-

tifs sont relativement limités (ils tou-

chent essentiellement les textiles, l’ha-

billement et l’agro-alimentaire) et que la

progression de la diversification des

recettes d’exportations a été sensible,

sauf pour les pays dont la ressource

naturelle principale s’est appréciée en

fin de période. Elle apparaît notamment

en Egypte, en Turquie, en Jordanie, en

Tunisie.

√ Un développement des échanges intra-

branches traduisant la différenciation

des produits en progression sensible,

mais encore en retard vis-à-vis d’autres

régions. Ce développement indique à la

fois le degré d’intégration dans les mar-

chés européens et mondiaux et la capa-

cité du système productif à qualifier les

produits dans les grands secteurs indus-

triels, sur une base plus large que le

marché national. Il traduit également

les remontées en gamme qui permet-

tent de survivre à une industrie devenue

moins compétitive sur les coûts. Il est

clair que parmi les conditions qui favori-

sent le développement des échanges

intra-branches interviennent le degré

d’intégration dans le système des

échanges internationaux, les investisse-

ments directs étrangers reçus et la qua-

lité de la main d’œuvre. Comme on a pu

le voir dans le rapport Femise sur l’élar-

gissement, les PM sont en retard de ce

point de vue. Mais, on observe une sen-

sible progression en fin de période

(notamment en Jordanie, au Maroc et

en Egypte). Cette progression peut en

partie être attribuée au partenariat,

dans la mesure où elle est sensiblement

plus nette dans les relations PM/UE que

PM/reste du monde, en particulier dans

les secteurs de l’agro-alimentaire et de

l’habillement.

Le chemin vertueux de la croissance par l’ou-

verture impose de passer d’une compétitivité

fondée sur la faiblesse des coûts en travail à

une compétitivité fondée sur la qualité des

produits et la capacité à s’insérer dans des

segments de marché à partir de produits dif-

férenciés. Le passage d’une forme de compé-

titivité à une autre impose d’obtenir de signi-

ficatifs gains de productivité qui permettront

des augmentations de salaires, et de reve-

nus, ce qui, sur un marché élargi favorisera

les économies d’échelle et attirera des inves-

tissements. Or, les PM n’ont pas su générer

de gains de productivité substantiels qui

auraient pu se traduire par des hausses de

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-33-

salaire significatives sans détérioration de

leur position en matière de coûts du travail.

Cette dernière remarque est au cœur de la

problématique de la croissance des PM. Dans

un contexte de croissance forte de la popula-

tion active (près de 3% par an en moyenne

dans un environnement de chômage généra-

lisé), avec un taux de croissance du PIB voi-

sin de 3%, la croissance de la productivité du

travail doit nécessairement être égale à 0 si

l’on veut éviter une augmentation du chôma-

ge (cf. Femise, 2002).

Dès lors, comme il a été dit, ce sont les gains

de productivité globale des facteurs et les

avantages hors coûts qui peuvent être géné-

rés par des démarches qualité/innovation et

des stratégies de marché qui devront pro-

gressivement se substituer à la compétitivité

coûts.

b- Les échanges de services : des avan-

tages comparatifs aujourd’hui limités

dans les services commerciaux

Les exportations de services représentent

une part importante des échanges des PM.

Sur la période 1998-2001, 70% des expor-

tations totales de l’Egypte provenaient des

services, 46% pour la Jordanie, aux envi-

rons de 30% pour le Maroc, la Tunisie et la

Syrie.

Dans le même temps, la part de la valeur

ajoutée des services dans le PIB a générale-

ment cru durant la décennie, dépassant par-

tout les 50% en fin de période. Mais, si le

secteur des services a pris de l’importance

dans la production nationale, cela ne s’est

pas systématiquement traduit par le même

accroissement dans les échanges extérieurs.

En fait, au sein de la zone, seuls le Maroc et

Chypre ont connu une augmentation de la

part des services dans les échanges. Au

niveau régional, l’Egypte est le premier

exportateur de services avec près de 9,5 mil-

liards de dollars en 1999, les exportations

concernant le transport de personnes en

représentant 41%. Malgré des fluctuations

annuelles, le transport de personnes s’est

accru, alors que le transport de marchan-

dises s’est relativement réduit du fait de la

baisse des recettes du Canal de Suez. Le

même type d’évolution a été observé dans

d’autres PM : au Maroc, en Tunisie, en

Jordanie et en Syrie, les exportations dans le

secteur du transport de personnes ont forte-

ment progressé durant les années 90. Le

Maroc et la Tunisie ont réussi parallèlement à

maintenir une évolution croissante des

exportations de transport de marchandises.

En 1999, leurs exportations totales de ser-

vices s’élevaient à 3,1 milliards de dollars

pour le Maroc et à 2,9 milliards de dollars

pour la Tunisie. En 2001, elles atteignent res-

pectivement 4 milliards de dollars et 2,9 mil-

Tableau 11 : La part des services dans les exportations et dans le PIB pour les PMet les AC10

1994-1997 1998-2001 1990 1999Chypre 68,1 74,3 na naEgypte 70,3 69,8* 52,0 51,0Jordanie 49,8 46,3 64,0 72,0Malte 37,7 36,1 na naMaroc 24,5 29,1 50,0 53,0Syrie 29,9 28,7* 48,0 naTunisie 31,2 30,9 54,0 59,0

Valeur Ajoutée dans lesservices en % du PIB

Exportations de Servicesen % des exportations

totales

Source : WTO, International Trade Statistics 2002, World Bank, WDI 2001.* Moyenne pour 1998-2000.

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liards de dollars, alors que les exportations

de services de l’Egypte et de la Jordanie, qui

ont diminué entre 2000 et 2001, s’élèvent à

9 milliards pour le premier et 1,5 milliards de

dollars pour le second. Au niveau global, il

est clair qu’aucun PM ne joue un rôle influant

dans les exportations de services.

Cependant, si l’on exclut les pays développés

et les pays en transition de l’Europe de l’Est,

quelques PM apparaissent comme des expor-

tateurs potentiels parmi les pays en voie de

développement. Il s’agit de l’Egypte, du

Maroc et de la Tunisie. Ces pays sont classés

dans les 20 premiers PVD exportateurs dans

pratiquement toutes les activités de services.

Si l’on ne retient que l’activité transport de

personnes (qui représente 32% des exporta-

tions mondiales de services en 2001), la liste

des principaux pays exportateurs n’inclut

aucun PM, cette activité étant largement

dominée par les pays développés (aussi bien

du côté des exportations que du côté des

importations) (World Tourism Organization

1999, cité dans OMC 2000).

Les PM dépendent pourtant dans une large

mesure du marché européen pour leur activi-

té touristique : en 2001, plus de la moitié des

touristes entrés en Egypte et en Tunisie

étaient des citoyens européens (UE 15). La

part des touristes européens est de 42% au

Maroc et 12% en Jordanie (Eurostat 2002).

Dans le cas de la Jordanie, cette part était

habituellement autour de 20%. Elle s’est for-

tement réduite en 2001 probablement à

cause de l’instabilité politique de la région.

Comme dans le cas du transport de per-

sonnes, aucun PM ne figure parmi les prin-

cipaux exportateurs mondiaux pour le

transport de marchandises, qui représente

environ 23% des exportations mondiales de

services). La domination du secteur public

dans le transport aérien et maritime, l’ab-

sence de concurrence, l’inefficience des

infrastructures de transport empêchent les

PM de valoriser leur situation géographique.

Dans le domaine aérien, les principaux pro-

blèmes auxquels les PM doivent faire face

comprennent : (i) trouver les solutions

« orientées marché » pour participer davan-

tage au trafic international, sous peine

d’être complètement exclus du marché ; (ii)

chercher de nouvelles liaisons, de nouveaux

trafics, de plus grandes capacités ; (iii)

concevoir des stratégies de réduction des

coûts, de construction de nouvelles

alliances ; (iv) s’adapter aux nouvelles

Tableau 12 : Exportations de services de certains PM, par secteurs et années(millions de dollars) 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001Egypte 7 716 7 895 8 070 8 590 9 271 9 379 8 141 9 494 9 803 9 042Transport 2 882 2 869 3 165 3 202 2 869 2 524 2 494 2 658 2 645 2 738Voyage 2 165 1 927 2 006 2 684 3 204 3 727 2 565 3 903 4 345 3 800Autres services* 2 669 3 099 2 899 2 704 3 378 3 128 3 082 2 933 2 813 2 504Jordanie 1 449 1 574 1 562 1 709 1 846 1 737 1 825 1 702 1 637 1 482Transport 334 368 353 419 377 390 310 298 298 257Voyage 463 563 582 660 744 774 853 796 723 700Autres services* 652 643 627 630 726 572 662 608 616 525Maroc 2 125 2 050 2 014 2 173 2 744 2 471 2 826 3 115 3 034 4 029Transport 315 357 342 410 416 440 446 478 485 660Voyage 1 371 1 234 1 231 1 296 1 675 1 446 1 744 1 949 2 039 naAutres services* 439 459 441 467 653 585 636 688 510 naSyrie 1 281 1 595 1 863 1 899 1 792 1 582 1 666 1 651 1 700 naTransport 260 271 342 237 245 214 257 240 246 naTravel 600 1 011 1 149 1 258 1 165 1 013 1 017 1 031 1 082 naAutres services* 421 313 372 404 382 355 392 380 372 naTunisie 1 973 2 040 2 267 2 509 2 632 2 614 2 757 2 921 2 767 2 912Transport 491 521 577 598 642 644 635 599 595 638Voyage 1 174 1 225 1 417 1 530 1 588 1 543 1 657 1 827 1 682 1 751Autres services* 308 294 273 381 402 427 465 495 490 523

Source : FMI, Balance of Payments Statistics Yearbook, 2000 et base IFS online. * Y compris les services gouvernementaux.

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-35-

règles de concurrence, de subvention et

prise de participation (Al-Khouri, 2000).

Dans le domaine du transport maritime et

du transport terrestre, la piètre qualité des

infrastructures et des services constitue de

fait une barrière non tarifaire pour les

importateurs et les exportateurs (Femise,

2002). Sur ce point, une intégration régio-

nale des PM pourrait être essentielle. Selon

Al-Khouri, les réseaux de transport sud-

méditerranéens subissent des pressions

concurrentielles croissantes et la création

d’un système de transport intégré UE-PM

exigerait une étroite collaboration entre les

réseaux déjà existants et non intégrés au

sein de la région sud (Al-Khouri, 2000).

Avantages comparatifs révélés dans le sec-

teur des services

Seuls quelques pays (Egypte, Maroc et

Tunisie) ont un indicateur d’avantage compa-

ratif croissant dans le secteur des services.

La Turquie, bien qu’ayant le 24ième rang

dans la liste des principaux exportateurs de

services, a un indicateur d’avantage compa-

ratif qui évolue de façon irrégulière.

c- La décennie manquée en matière

d’IDE, un déclin de l’attractivité compa-

rée qui semble se corriger actuellement

Durant la décennie passée, les PM ont tous

implanté un certain nombre des réformes

nécessaires à l’attraction des investissements

directs étrangers, quoiqu’à des degrés divers

selon les pays. Ces réformes, combinées aux

initiatives d’intégrations régionales, avec

l’Union Européenne et avec les États-Unis ont

grandement amélioré le climat des investis-

sements dans la région.

Néanmoins, force est de constater que les

entrées de capitaux dans chacun des pays de

la région continuent de fluctuer d’année en

année, reflétant là leur dépendance envers

les opportunités dans le domaine des hydro-

carbures ou des activités reliées aux

matières premières ou encore l’approche non

systématiquement favorable à la participa-

tion étrangère tant à l’échelle nationale que

régionale.

De fait, en dépit des réformes menées, l’in-

stabilité politique, la volatilité de la croissan-

ce et, parfois, l’attitude des autorités entraî-

nent un manque d’intérêt des investisseurs

envers les pays de la région, jugeant le « cli-

mat général des affaires » moins attractif que

dans d’autres régions comme l’Est asiatique,

l’Amérique latine ou l’Europe centrale. Cela

se reflète dans les statistiques où l’on voit

que si les flux ont plus que doublé en moyen-

ne, entre les deux moitiés des années 1990,

la part que représentent les PM dans le

monde et dans les pays en développement a

baissé. Et la progression spectaculaire enre-

gistrée en 2001, où avec 5,8% des investis-

sements directs à destination des pays en

développement les PM retrouvent la part

qu’ils représentaient en 1992, demande à

être confirmée. Elle est sans doute due à la

Tableau 13 : Avantages Comparatifs Révélés dans les services commerciaux desPM, des AC10 et des pays candidats

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001Algérie 0,15 0,33 0,29 0,32 0,38 0,30 0,28 0,49 0,45 0,28 naChypre 3,27 3,51 3,52 3,65 3,65 3,41 3,39 3,64 3,82 4,07 3,96Egypte 3,28 3,54 3,48 3,53 3,74 3,76 3,64 3,64 3,71 3,63 3,56Jordanie 2,84 2,75 2,78 2,67 2,59 2,62 2,51 2,55 2,46 2,48 2,14Malte 2,04 1,82 1,99 1,97 1,85 1,97 2,08 1,97 1,94 1,71 1,89Maroc 1,36 1,68 1,59 1,30 1,20 1,36 1,24 1,34 1,41 1,50 1,82Syrie 1,06 1,32 1,53 1,78 1,67 1,45 1,33 1,68 1,49 1,31 naTunisie 1,37 1,62 1,70 1,63 1,62 1,64 1,62 1,59 1,64 1,66 1,55Turquie 1,97 1,96 2,04 1,91 2,13 1,87 2,20 2,35 1,94 2,20 1,76

Source : ERF, calculs basés sur WTO, International Trade Stastistics, 2002.

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combinaison d’une forte baisse touchant les

autres régions et d’opportunités ponctuelles

dans certains pays de la région. Dans tous

les cas, cette part reste encore inférieure à

ce qu’elle fut dans les années 1980.

En termes de distribution régionale, la répar-

tition reste toujours concentrée, mais les

zones d’attraction ont changé. Israël et la

Turquie représentent aujourd’hui près de

60% des flux entrant dans les PM (57,2%),

une part significativement plus importante

qu’au début de la décennie (45,8%). Le

Maghreb avoisine 30% avec une légère pro-

gression par rapport aux années 90-95

(28,2% contre 26,9%), tandis que le

Machrek voit son poids décliner (14,6%

contre 27,7%), essentiellement à cause de

l’essoufflement des entrées en Égypte

(–36,6% entre 1996-1999 et 2000-2001).

L’ancrage externe constitué par les accords

d’association n’a pas suscité l’intérêt marqué

des investisseurs européens.

Le rapport annuel 2002 du Femise posait la

question de savoir si les accords d’associa-

tion avaient relancé l’intérêt des investis-

seurs européens pour les PM, ce que ne sem-

blaient pas indiquer les statistiques malgré

une hausse en 2000. Cette hausse ne s’est

pas confirmée l’année dernière, alors même

Figure 5 : Part de quelques régions dans les IDE européens investis hors del’Union depuis 1995

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

PMPays CandidatsAmérique LatinePays du Mercosur

Source : Eurostat, programme Medstat, base de donnée newcronos, août 2003

Figure 4 : Part des PM dans les IDE européens depuis 1995

0,00%

0,20%

0,40%

0,60%

0,80%

1,00%

1,20%

1,40%

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

Part des PPM dans le total des IDE européensPart des PPM dans le total des IDE européens investis hors UE

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Encadré 7 : Taux de change, commerce, flux d’IDE et Partenariat Euro-méditerranéenInstitute of Money & Banking, American University of Beirut, Liban.

Depuis le début des années 1970, les pays méditerranéens (PM) ont suivi différentes étapes pour s’intégrer dans l’éco-nomie mondiale. Parmi ces étapes figurent la négociation et la signature des accords commerciaux bilatéraux avecl’Union européenne (UE). Ceux-ci visaient à améliorer l’accès des exportations des pays Méditerranéens vers les mar-chés de l’Union européenne, à promouvoir la transparence, à standardiser les procédures et les réglementations ainsique les revenus des gouvernements.

Avec la déclaration de Barcelone de 1995, la région UE-PM s’est transformée en une nouvelle zone de commerce, d’in-tégration économique et de coopération. En fait, la conférence de Barcelone cherche à créer une zone de libre-échangeeuro-méditerranéenne (ZLE)[a] à l’horizon 2010 qui encouragera les flux commerciaux dans la région, à mesure que lespays vont alléger les obstacles commerciaux et considérer le commerce comme une source de croissance. Un autre butde l’accord est d’établir une région intégrée euro-méditerranéenne de coopération économique mutuelle. La mise enplace de la ZLE nécessite, cependant, la libéralisation commerciale entre les PM de la zone. Il faut également que lesrégimes de change des PM soient compatibles avec les politiques commerciales et n’entravent pas le développement del’intégration économique et financière euro-méditerranéenne.

Bien que les pays partenaires méditerranéens (MPC) aient signé des accords bilatéraux avec l’Union européenne, beau-coup reste à faire au niveau régional pour atteindre la cible d’une ZLE euro-méditerranéenne pour 2010. Les accordsdéjà ratifiés sont ceux passés avec la Tunisie (1995), Israël (1995), le Maroc (1996) et la Jordanie (1997). Un accordprovisoire avec la Palestine a été signé en 1997. À l’exception de la Syrie avec laquelle les négociations sont en cours,l’Algérie (2002), l’Egypte (2001) et le Liban (2002) ont signé les accords, mais ne les ont pas encore ratifiés. Ceux-ciont renforcé l’importance de l’Europe pour la région méditerranéenne surtout du point de vue du commerce et des fluxde capitaux [b].

Si l’on garde ce qui précède à l’esprit, les récents évènements en Argentine et au Brésil soulignent clairement que desérieux problèmes peuvent surgir quand les pays ont des accords commerciaux sans accord de change. En particulier,on a montré que les accords commerciaux peuvent générer des flux d’échanges susceptibles d’amplifier les consé-quences de mauvais alignements du taux de change réel. C’est un point important pour le partenariat euro-méditerra-néen. En fait, alors que les accords sont faits pour accroître les échanges entre l’Europe et les MPC, certains de ces der-niers (i.e. l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie) ont ancré leur monnaie au dollar US. Étant données les évolutionsdivergentes de l’Euro et du dollar US et l’existence de mauvais alignements du change, une importante appréciationréelle de certaines monnaies des PM est apparue et il existe de bonnes raisons de croire que ces mauvais alignementsvont augmenter après l’achèvement du partenariat euro-méditerranéen. Cette étude analyse donc les difficultés qui peu-vent émerger d’un mauvais alignement des taux de change réels dans le contexte des accords commerciaux euro-médi-terranéens.

Nos premiers résultats montrent que les mauvais alignements du taux de change dans le cadre des accords euro-médi-terranéens ont en fait conduit à une réduction des échanges et à une relocalisation des investissements étrangers. Cecipourrait avoir des conséquences négatives sur la stabilité des accords commerciaux méditerranéens et pourrait condui-re dans le futur à une instabilité macro-économique dans la région. En fait, l’existence de mauvais alignements du chan-ge dans la région méditerranéenne a eu un impact direct négatif sur les IDE et sur le commerce intra-PM pendant lesdeux dernières décennies. Dans le cadre des accords de change des PM actuels, ces mauvais alignements ont été ampli-fiés dans la région euro-méditerranéenne juste après la ratification de Barcelone.

Les premiers résultats empiriques sont centrés sur l’environnement macro-économique peu stable qui a caractérisé larégion méditerranéenne. Alors que les taux de change de l’Algérie et de la Tunisie ne peuvent être qualifiés de fixes,ceux de l’Egypte, de la Jordanie, du Liban et de la Syrie ont été en général ancrés au dollar US. Cependant, le succèsde la politique d’ancrage au dollar US n’a pas été homogène dans la zone. De plus, l’ancrage au dollar US couplé à ladépréciation de l’Euro vis-à-vis du dollar US depuis son lancement en 1999 a été la principale cause de l’appréciationcontinue des taux de change réels moyens de la région avec un impact direct négatif sur les échanges et les IDE de larégion.

La région méditerranéenne a connu des épisodes similaires d’inflation élevée et de dévaluations pendant la fin desannées 1980 et le début des années 1990. Il est clair qu’une hétérogénéité existe dans les accords de change méditer-ranéens et a induit des mauvais alignements de taux de change réels au sein de la région. Les politiques monétaires etcambiaires dans la région ont longtemps ignoré cet aspect de la situation et son impact sur le commerce et les fluxd’IDE. Compte tenu de l’accroissement de l’intégration commerciale avec l’UE, le problème des mauvais alignementsintra-PM et PM-EU devrait être résolu avant la mise en place de la ZLE en 2010. Bien que les fluctuations du change réelsoient sans aucun doute la principale source des mauvais alignements, la divergence des taux d’inflation semble égale-ment y contribuer. Après la stabilisation des taux de change nominaux, les autorités de la région MED devraient essayerd’adopter une politique dotée d’un objectif central de stabilité des prix.

Les autres résultats préliminaires montrant que les mauvais alignements des taux de change peuvent être attribués à(1) les différents accords de change adoptés par les pays ; (2) les pressions macro-économiques domestiques ; (3) larécente dépréciation de la monnaie du principal partenaire commercial des PM, c’est-à-dire l’UE. Depuis son introduc-tion en 1999 pour une valeur nominale de 1,15 dollar US, l’Euro s’est déprécié de 30% pour atteindre 0,83 dollar US àla fin de 2002. En conséquence, les PM qui ont ancré leur monnaie au dollar ont, sur les trois dernières années, enre-gistré une constante appréciation de leur taux de change réel. Les fluctuations des taux de change réels ne sont pasentièrement le fruit de facteurs domestiques mais sont principalement dues à l’appréciation du dollar US vis-à-vis de lamonnaie de leurs principaux partenaires commerciaux : l’Euro. Dès qu’il y a appréciation de la monnaie d’ancrage contrecelle des principaux partenaires commerciaux des PM, la monnaie domestique des PM s’apprécie en termes réels[c]. Cecia eu un impact négatif nuisible sur les économies des PM et a provoqué une perte significative en termes d’exportationset de compétitivité. En conséquence, le choix de la future ancre pour les monnaies des PM sera une composante impor-tante de leurs politiques macro-économiques de stabilisation.

Alors que les pressions inflationnistes et macro-économiques semblent être maîtrisées dans la région méditerranéennedepuis le début des années 1990, il reste aux PM à harmoniser leurs politiques de change en prenant en considérationle fait que l’essentiel de leurs échanges se font avec l’UE et que l’Euro apparaît comme le principal concurrent du dollarsur les marchés financiers internationaux. l’Euro a non seulement prouvé être une réserve de valeur mais a assis son

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-38-

que globalement, les PM ont fortement aug-

menté leur part de marché relativement aux

autres pays en développement.

A l’inverse, l’attractivité des pays candidats a

marqué une forte reprise à mesure que les

perspectives d’adhésion sont devenues plus

réelles.

Autre constat frappant : les PM sont relative-

ment plus attractifs pour les investisseurs

américains que pour les investisseurs euro-

péens. Le tableau suivant montre en effet

qu’alors que les pays de l’Union européenne

investissent près de 4 fois plus que les inves-

tisseurs américains, les flux moyens à desti-

nation du Maghreb et du Machrek ne diffèrent

que de moins de 30% (639 millions de dollars

par an pour les US, contre 825 millions pour

l’Union). La part de marché des PM dans les

flux nord américains est ainsi plus de deux fois

plus élevée que dans les flux de l’Union.

On notera également que les flux américains

comme les flux européens sont concentrés.

Les investisseurs américains se focalisent

importance en tant que monnaie de compte et véhicule des échanges. Le rattachement du change au dollar US peutavoir été justifié avant l’introduction de l’Euro en 1999. Cependant, l’Euro offre maintenant aux pays méditerranéens unaccord de change alternatif. Avec la déclaration de Barcelone, l’approfondissement du partenariat euro-méditerranéenet la mise en place de la ZLE en 2010, les PM sont face à une opportunité unique d’adopter effectivement un accord dechange plus pertinent. Entre autres, un taux de change fixe par rapport à l’Euro ou à un panier de monnaies qui accor-derait le poids le plus fort à l’Euro pourrait être le choix Pareto optimal pour la région Méditerranéenne au moins à courtterme.

En conséquence de l’ancrage du taux de change au dollar US et du fait qu’une part importante de la dette externe desPM est libellée en dollar, le bilan type des pays méditerranéens ou celui d’une firme méditerranéenne opérant dans larégion est caractérisé en général par des structures similaires, i.e. une dette en dollar du côté des engagements et desrevenus de plus en plus largement libellés en euros du côté des recettes. La majeure partie de la dette au niveau desfirmes et des pays est libellée soit en monnaie locale soit en dollars US. Cette situation pourrait se révéler particulière-ment dommageable après la mise en place de la ZLE euro-méditerranéenne en 2010. Sur la décennie passée, la vola-tilité des taux d'intérêt et des taux de change a eu des effets négatifs sur les politiques de gestion de la dette des paysméditerranéens et sur les firmes travaillant dans les PM. Ces dernières ayant des engagements en dollars US ont souf-fert considérablement des mouvements des taux d'intérêt et des taux de change. Par exemple, la composition d’un bilantype d’une firme égyptienne est à 60-70% dominé par le dollar et la plupart de ses engagements sont envers des cré-diteurs basés aux Etats-Unis. L’histoire est à peu près identique pour une entreprise jordanienne où on peut voir que lastructure des engagements est fortement dollarisée. Les engagements et les ratios d’endettement sont similaires auLiban, en Algérie et en Syrie.

Notes :[a] La ZLE sera mise en place graduellement. Les barrières tarifaires aux échanges de produits manufacturés seront progressivement éli-minées suivant un calendrier spécifique qui est à négocier entre partenaires. Selon les accords, les partenaires s’engagent à libéraliser lespaiements courants liés aux mouvements de biens, de services, de personnes et de capital, réalisant ainsi la libéralisation complète desmouvements de capitaux dès que les conditions seront remplies. En plus de la libéralisation verticale des échanges avec l’Union européen-ne, les PM s’engagent à mettre en place une libéralisation commerciale entre eux (horizontale ou intégration Sud-Sud).[b] Barcelone est supposé accroître l’accès au marché à la fois pour les PM et pour les pays de l’UE en offrant une libéralisation graduelledes marchés agricoles européens et une libéralisation commerciale réciproque pour les biens manufacturés européens. Il offre égalementun soutien financier et économique aux PM pendant la transition de marchés protégés vers le libre-échange avec l’UE.[c] Cette tendance s’est cependant inversée depuis janvier 2003 quand l’Euro s’est apprécié face au dollar US d’à peu près 30%.

Recherche financée par le Femise et dirigée par Institute of Money & Banking, American University of Beirut, Liban. Référence FEM21-13Titre : Exchange Rates, Trade and FDI Flows and the Euro-Mediterranean PartnershipDate prévue de fin des travaux : février 2004

Tableau 14 : Part des PM dans les IDE extra-européens de l’Union et des États-Unis depuis 1995

Provenant de1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

IDE vers … US UE US UE US UE US UE US UE US UE US UETurquie 121 350 103 405 82 425 98 1 013 248 859 251 1 2 11 32 1 420Israël 260 118 208 199 22 100 1 102 225 676 -204 803 775 550 236Pays duMaghreb 30 100 525 201 698 659 1 264 520 -1 234 -61 476 771 306 584

Pays duMachrek

5 169 98 80 243 236 531 546 175 434 495 1 7 36 861 -199

Egypte -1 97 93 61 228 79 513 346 158 402 475 1 3 32 851 278Maroc 6 33 2 154 -6 470 -4 113 -39 41 6 259 22 239

PM 416 737 934 885 1 045 1 420 2 995 2 304 -135 1 028 2 025 4 493 1 749 2 041

Hors de l'UE 33 058 62 407 37 996 68 665 42 658 109 802 48 853 218 754 81 224 302 395 88 904 408 925 75 440 234 800Monde 70 392 124 099 66 490 143 393 84 449 206 573 116 854 368 197 163 801 681 841 178 613 1 028 150 127 259 432 221

Part des PMdans les IDEhors Union

1,26% 1,18% 2,46% 1,29% 2,45% 1,29% 6,13% 1,05% -0,17% 0,34% 2,28% 1,10% 2,32% 0,87%

Source : Eurostat, programme Medstat, base de donnée newcronos, août 2003

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-39-

essentiellement sur deux pays, Israël et

l’Egypte captant en moyenne les deux tiers

des flux américains (65,8%) et seulement

un tiers des flux européens (31,3%). Les

investisseurs européens affichent une nette

préférence pour la Turquie : ces trois pays

représentent dans les deux cas plus des trois

quarts des flux à destinations des PM

(76,1% des flux américains et 75,4% des

flux européens).

Éviter la course vers le bas *

(*cette section et la suivante sont basées sur une contri-

bution de Sergio Alessandrini à paraître dans l’ERF Mena

Trends 2003)

Il nous apparaît nécessaire d’attirer à nouveau

l’attention sur certains dangers que les IDE

pourraient entraîner. Certes, ces investisse-

ments peuvent permettre de développer les

infrastructures, de disposer de transferts de

technologie ou d’améliorer les capacités des

pays hôtes en termes de management, de for-

mation ou de gestion de l’environnement.

Les préoccupations sociales et la montée

des préoccupations environnementales dans

les pays développés, associées à la libérali-

sation des échanges dans le cadre de l’OMC,

ont en quelque sorte spécialisé les pays en

développement en termes d’investisse-

ments dans les activités de production à

faibles coûts, notamment de main-d’œuvre.

La recherche des coûts les plus faibles com-

prend également ceux liés à la protection de

l’environnement. Finalement, la course à

l’attraction des investissements pèse sur les

législations sociales et environnementales

que les pays en développement mettent en

œuvre. A titre d’illustration, il n’y a qu’à

poser un regard sur le jugement négatif de

nombreux « index de liberté économique »

et autres guides d’investissements sur les

législations des marchés du travail des PM,

particulièrement en ce qui concerne les pro-

cédures de licenciement ou les salaires

minimum.

S’engager dans une telle voie constituerait

cependant une grave erreur, car tant les sta-

tistiques que les analyses économiques indi-

quent que : (i) les flux d’IDE entre pays

développés sont largement plus importants

que les flux à destination des pays en déve-

loppement (70% des flux en moyenne entre

1990 et 1999, 21,9% pour 2000-2001) ;

(ii) les pays dont les législations sur le travail

sont les plus éloignées des standards élevés

qui ont cours dans les pays industrialisés ne

reçoivent qu’une très faible part des investis-

sements étrangers ; (iii) de même, les pays

dont les législations environnementales

apparaissent laxistes n’ont pas attiré plus

d’investissement (seules les activités liées à

l’exploitations des ressources naturelles sont

sensibles au laxisme en la matière).

Les éléments d’une stratégie régionale

envers les IDE

En plus d’une gestion macro-économique

rigoureuse et de la stabilité politique, plu-

sieurs points apparaissent cruciaux, pour

optimiser les stratégies mises en oeuvre par

les PM :

(i) adopter une approche commune, notam-

ment pour dépasser la fragmentation des

marchés domestiques dans la région ;

(ii) favoriser la diversification de la sphère

productive pour aller d’une industrie

fondée sur l’utilisation des ressources

vers une industrie manufacturière à plus

forte valeur ajoutée et intensive en

main-d’œuvre ;

(iii) améliorer l’éducation et la formation des

travailleurs pour réduire l’écart en

termes de capital humain dont souffre

encore la région ;

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-40-

(iv) adopter une stratégie proactive de pro-

motion des IDE, en ciblant de manière

réaliste certains secteurs ;

(v) réformer radicalement les procédures

d’autorisation des investissements en

vue de leur disparition et poursuivre les

réformes des institutions financières ;

(vi) veiller à ce que les mesures d’incitations

fiscales (notamment les zones « spécia-

lisées ») conservent leur compétitivité

vis-à-vis de celles que l’on rencontre

dans les pays concurrents ;

(vii) créer des bureaux de promotion des

investissements dans certains pays

étrangers, en collaboration avec le sec-

teur privé qui pourraient servir de point

de contact avec les investisseurs inté-

ressés et développer une activité de lob-

bying à l’attention des investisseurs

potentiels.

d- Etude d’un cas : un secteur menacé,

le textile-habillement en Méditerranée

Second secteur après l’agriculture, le textile-

habillement représente 5,7% des échanges

mondiaux en 2001 et, en 40 ans, son com-

merce a été multiplié par 60. Les USA (100

milliards de dollars), l’UE (135 milliards de

dollars) et le Japon (35 milliards de dollars)

constituent les trois grands marchés de l’ha-

billement. Les pays en développement sont

particulièrement impliqués dans la mesure

où ils représentent 50% des exportations

mondiales de textile et 70% des exportations

de vêtements. Le secteur va vivre dans les

années à venir de profonds bouleversements

qui risquent de modifier les spécialisations :

(i) la fin des accords ATV[4] suite des accords

multifibres, qui prévoient l’abolition des quo-

tas, va libérer les exportations des pays

jusque-là limitées pas les contingentements,

ce qui entraînera une croissance des

échanges mondiaux et une concurrence de

plus en plus serrée, (ii) l’adhésion de la Chine

à l’OMC et la poursuite des négociations de

DOHA, vont, dans un avenir proche, provo-

quer une réaffectation massive des res-

sources vers les centres de production qui

offrent des avantages comparatifs en terme

de prix, voire de qualité, (iii) l’érosion des

systèmes de préférence qui ont permis aux

pays en développement de maintenir artifi-

ciellement leur position concurrentielle et les

ont amenés à fonder en partie leur dévelop-

pement sur ce secteur, rendra vulnérables les

pays les plus spécialisés dans le textile-

habillement et surtout ceux qui sont les plus

impliqués dans les exportations de produits

sensibles.

Parmi les partenaires méditerranéens, la

Turquie, la Tunisie, le Maroc et l’Egypte sont

les plus concernés[5]. Ils vont devoir affron-

ter un double choc concurrentiel (i) au niveau

international, avec les producteurs asiatiques

(chinois), dont les avantages compétitifs

reposent essentiellement sur les différentiels

de coûts, et, (ii) au sein même de l’espace de

coopération industrielle qu’ils ont construit

avec les producteurs de textile européens et

où ils occupent une place de sous-traitants;

les pays accédant à l’UE (AC10), devenant

des concurrents des PM sur les éléments qui

fondent la division régionale de la production

de la filière textile : proximité géographique

et culturelle, flexibilité, réactivité et qualité.

Se pose dès lors une interrogation sur les

capacités des PM à s’adapter à la nouvelle

organisation internationale de la production

qui nécessite (i) de répondre aux exigences

de réactivité et de qualité qui leur permet-

tent de conserver leur position régionale

(ii), d’effectuer les montées en gamme

indispensables (iii) d’améliorer leur niveau

de compétitivité pour affronter la concurren-

ce internationale, (iv) de créer les conditions

d’une remontée industrielle en intégrant

plus largement les secteurs amonts de l’ac-

tivité de confection tels que la production de

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fils et filaments synthétiques, et la prise en

charge des activités d’approvisionnement et

autres services qui leur permettent de pas-

ser du statut de sous-traitant vis-à-vis des

donneurs d’ordre européens à celui de co-

traitant dont le niveau de responsabilité

dans la création de valeur ajoutée au sein de

la filière est plus élevé.

On développera ici trois points : (i) le rôle clé

de la filière textile-habillement dans le proces-

sus de croissance des PM, (ii) les risques qui

pèsent sur les PM au sein de la filière, (iii) les

enjeux liés à la régionalisation de la filière.

Le textile-habillement : une industrie qui res-

tera au cœur des résultats des PM en matiè-

re de croissance ouverte.

Le Femise considère que le positionnement

des PM dans le textile-habillement restera

très probablement encore dans les prochaines

années un élément clé d’une croissance sou-

tenue créatrice d’emplois. Plusieurs raisons

permettent d’étayer cette affirmation :

(i) la première est la place que représente

cette activité dans le système productif

en terme de valeur ajoutée et d’emploi,

(ii) la seconde est le fait que des avantages

comparatifs peuvent être dégagés dans

cette activité, y compris dans des pays

ayant atteint des niveaux de développe-

ment très sensiblement supérieurs aux

PM. C’est ainsi que l’Italie par exemple,

a encore aujourd’hui un avantage com-

paratif dans l’habillement fondé sur la

diversification des produits, le design,

l’organisation des processus de produc-

tion et de commercialisation. Ces pro-

cessus sont devenus assez performants

pour devenir des exemples universels

de développement local (districts indus-

triels en Lombardie et Vénétie notam-

ment). D’autres pays qui ont misé sur la

qualité et le luxe (France) ont égale-

ment pu développer des positions hau-

tement concurrentielles dans ce secteur,

(iii) la troisième est que quelqu’effort que

fassent les PM dans les activités techno-

logiques ou dans celles conduites dans

ce qu’il est convenu d’appeler « l’écono-

mie de la connaissance », on voit mal

comment ces activités pourraient per-

mettre de compenser des pertes d’em-

plois significatives dans la filière textile-

habillement,

(iv) la quatrième, enfin, tient au fait que si

par elle-même la branche habillement

incorpore relativement peu de technolo-

gie, son environnement organisationnel

et de distribution en incorpore beaucoup

Figure 6 : Part de l’UE dans les expor-tations des PM

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Liban

Israël

Egypte

Syrie

Turquie

Maroc

Tunisie

2001

1995

1990

Sources : Comtrade et Eurostat, programmeMedstat, calculs Institut de la Méditerranée.

Tableau 15 : Part du textile-habillementdans les importations de l’UE en prove-nance de chaque zone

1990 1995 2000 2001ExtraUE

7,1% 10,1% 8,3% 8,7%

AC10 12,6% 16,5% 10,6% 10,3%PM 19,1% 31,4% 27,6% 28,1%

Source : Eurostat, programme Medstat, base dedonnée newcronos, août 2003

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plus. Là encore l’exemple italien est par-

faitement illustratif.

Pour donner une idée de la position relative

des PM dans ce secteur, on se demandera

comment le secteur textile-habillement résis-

te à la concurrence.

Une position qui se maintient sur les marchés

internationaux, mais qui est menacée sur les

marchés de l’UE

L’examen de la concurrence à laquelle sont

confrontés les PM dans le secteur textile-

habillement fait apparaître le rôle central

joué par l’érosion des préférences sur le mar-

ché européen. Trois phénomènes se manifes-

tent, en effet, ces dernières années : (i) une

stabilité de la part des PM sur le marché

mondial, (ii) une diminution de leur position

relative sur leur plus gros marché d’exporta-

tion, le marché de l’UE, (iii) l’apparition d’un

concurrent majeur, la Chine.

La progression de la Chine sur le marché

mondial du textile-habillement (qui, en

2001, pèse pour près de 1/5 des exporta-

tions mondiales de la branche) repose aussi

bien sur les vêtements (23% des exporta-

tions mondiales) que sur les fils et tissus

(12,5%). Cependant, malgré la concurrence

chinoise, les PM ont globalement amélioré

leur position sur les marchés internationaux

et représentent, en 2001, 5,5% des expor-

tations mondiales de textile-habillement. Les

articles de l’habillement (de 7,1% en 1995 à

8,4% en 2001) constituent leur meilleure

spécialisation et progressent grâce au

Maroc, alors que la Turquie et la Tunisie

conservent les mêmes poids relatifs. Les PM

améliorent même leur position dans les

exportations de fils et tissus (de 2,7% à 4%)

essentiellement à cause des performances

des producteurs turcs.

Le textile-habillement est une spécialisation

des PM dans leurs relations avec l’UE : Les

produits textiles représentent en effet, 28%

des importations européennes issues des PM,

(tableau 20) alors que la part moyenne des

importations de textile-habillement dans les

importations européennes n’est que de 8,7%.

La stabilité de cette spécialisation régionale

contraste avec la réorientation des échanges

entre Européens et pays AC10, ces derniers

Figure 7 : Les importations européennes de textile-habillement et d’articles d’ha-billement (1995=1)Importations de Textile-Habillement Importations d’articles d’habillement

0,9

0,95

1

1,05

1,1

1,15

1,2

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

CC10

PM

Monde

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.

0,8

0,85

0,9

0,95

1

1,05

1,1

1,15

1,2

1,25

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

CC10

PM

Monde

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paraissant se dégager du textile-habillement

qui ne représente en 2001 que 10,3% des

importations européennes issues de ce grou-

pe de pays alors qu’il comptait pour 16,5%

en 1995.

Du côté des partenaires méditerranéens,

l’UE absorbe en moyenne 70% du total des

exportations de textile-habillement avec

des amplitudes importantes selon les pays.

En Tunisie comme au Maroc, le poids des

clients européens s’accentue et, avec 95%

des exportations de textile-habillement

vers l’UE, ces pays sont particulièrement

sensibles aux variations conjoncturelles de

la demande européenne. La Turquie est

plus insérée dans les échanges hors de la

zone, bien que la part de l’UE ait doublé

(de 33% à 64%) pendant la dernière

décennie. La Syrie, l’Egypte et le Liban

diversifient leurs marchés d’exportation et

se tournent plus vers les marchés interna-

tionaux et les USA.

L’érosion des préférences joue cependant un

rôle important. En effet, la croissance des

importations européennes de textile-

habillement méditerranéen ne suit pas la

progression globale des importations euro-

péennes de textile-habillement.

En 2001, la Chine surclasse déjà les parte-

naires méditerranéens sur les marchés d’im-

portations de textile-habillement des pays

européens (17% pour la Chine contre 16%

pour les PM) alors qu’en 1995 la répartition

était respectivement 13% et 17%, marquant

un recul relatif des pays méditerranéens. Les

AC10 accusent également une baisse sen-

sible en passant de 12,3% à 9,6% des four-

nisseurs de textile-habillement de l’UE.

C’est dans l’habillement que la concurrence

chinoise est la plus forte où elle progresse de

4 points de pourcentage (de 12% à 16% des

importations européennes) alors que les PM

perdent 3 points (de 24% à 21%) de même

que les AC10 (de 12,3% à 9,5%). Les PM et

les AC10 maintiennent cependant leurs posi-

tions sur les marchés des fils et tissus.

On voit donc poindre nettement une domina-

tion de la Chine au niveau mondial comme au

niveau européen. La libéralisation des

échanges après 2005, peut faire redouter un

renforcement de la concurrence chinoise en

Europe au détriment des PM. Il faut cepen-

dant souligner que d’autres cadres d’accord

régionaux ont permis de contenir la domina-

tion chinoise. Les accords USA-Mexique ont,

par exemple, permis de contrarier la péné-

tration chinoise. Entre 1995 et 2000, les

Figure 8 : Parts relatives des pays de la zone paneuroméditerranéenne dans lesexportations de produits textile-habillement

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

PM

AC10

Turq

uie

Polo

gne

Tunis

ie

Mar

oc

Tch

équie

Hongrie

Egyp

te

Slo

vaquie

Isra

ël

Slo

vénie

Litu

anie

Syr

ie

Jord

anie

Lett

onie

Mal

te

1995

2001

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.

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importations américaines de textile-habille-

ment mexicain ont progressé de 324% et les

exportations du Mexique ont globalement

augmenté de 132% passant de 5% à 13% de

part de marché mondial (Ricupero, 2003). Il

faut voir là le résultat d’une forte interpéné-

tration des entreprises fondée sur une seg-

mentation poussée des processus productifs,

la sous-traitance, l’utilisation de têtes de

pont commerciales sur les marchés améri-

cains, un sous marché intégré latino, etc..

Cet exemple prouve que l’érosion des préfé-

rences commerciales peut être contrariée par

la densification des réseaux de production et

de commercialisation au niveau régional.

Au sein de la région élargie paneuroméditer-

ranéenne, noyau dur des partenaires de l’UE

du secteur, la Turquie pèse à elle seule autant

que les 10 pays accédants. De plus, entre

1995 et 2001, les pays méditerranéens

gagnent en parts relatives sur les AC10 et

comptent pour 65% des exportations, la

Turquie en représentant la moitié. La Pologne

est le principal concurrent des PM. Il faut

cependant compter avec la Roumanie et la

Bulgarie qui progressent fortement.

Le textile – habillement, un secteur vital pour

les PM.

La figure 9 ci-dessous met en relation la part

de l’emploi manufacturier dans le secteur du

textile-habillement et le poids relatif du sec-

teur dans les exportations totales des pays

méditerranéens et des pays AC10.

(i) Pour un premier groupe de pays,

l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et la

Turquie, le textile-habillement est le

premier employeur industriel et la pre-

mière ressource d’exportation hors

pétrole. La confection représente 25%

des actifs au Maroc (95% des exporta-

tions du secteur), 35% en Tunisie (95%

des exportations du secteur), 22% en

Turquie, 6% en Jordanie. Les pays AC10

qui, bien que fortement impliqués dans

le secteur, présentent une dépendance

moins prononcée vis-à-vis du textile-

habillement (15 à 20% des emplois, 5 à

10% des exportations).

(ii) Le secteur textile-habillement crée près

du quart de la valeur ajoutée industriel-

le en Tunisie et en Syrie, 16 à 17% au

Maroc et en Turquie et 13% en Egypte.

Dans les industries des AC10 le textile-

habillement pèse en moyenne pour 7 à

8% de la création de valeur ajoutée

industrielle.

De plus, l’emploi dans le textile-habillement

est largement fourni par un secteur informel

dérégulé, composé de très petites entreprises

familiales, à emplois précaires, salaires

faibles, sans couverture sociale et peu quali-

Figure 9 : La dépendance des pays méditerranéens vis à vis du textile-habillement

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

0% 10% 20% 30% 40% 50%

% emploi manufacturier

% d

u t

ota

l export

ations

Tunisie

MarocTurquie

Egypte

Lituanie

Syrie

ChypreJordanie

Slovénie

Malte

Hongrie

Pologne

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.

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-45-

fiés. Une régression de ce secteur pourrait

donc provoquer une difficulté sociale majeure.

Que ce soit pour les Partenaires

Méditerranéens ou les AC10, la production

est en grande majorité tournée vers l’expor-

tation. La Tunisie exporte 80% de sa produc-

tion, le Maroc 50%, la Turquie 73%. L’Egypte

est plus orientée sur la demande intérieure

avec un taux d’exportation de 45%. Le même

constat peut être établi pour les AC10 qui

exportent 80% de leur production de textile-

habillement[6]. Les deux producteurs de

coton, l’Egypte et la Syrie, exportent les

matières premières mais également des

fibres végétales ; 50% des exportations de

textile-habillement de l’Egypte et 70% pour

la Syrie qui emploient respectivement 22%

et 24% des actifs.

Une compétitivité menacée

Les sources de compétitivité se forgent dans

les performances des tissus productifs locaux

et se réalisent par des parts de marchés à

l’exportation et des avantages comparatifs

correspondant à ces spécialisations. Jouent

ici les salaires et la productivité.

Les PM soutiennent difficilement la concur-

rence avec les Asiatiques du point de vue des

niveaux de salaires. Bien au-dessus des

salaires pratiqués en Asie, les PM sont toute-

fois mieux placés que la Pologne et la

Hongrie. Par contre, la Roumanie et la

Bulgarie, candidats à l’adhésion avec l’UE,

concurrencent fortement les méditerranéens,

d’autant plus que la Roumanie se révèle être

un des exportateurs les plus dynamiques au

niveau international.

Tableau 16 : Salaires journaliers endollars US 2000 dans le textile

Maroc 1,8Tunisie 1,7Egypte 1,1Pologne 2,4Hongrie 2,6Bulgarie 0,2Roumanie 1Chine 0,5Indonésie 0,4

Source : JP Morgan Werner [7].

Figure 10 : Productivité du travail et évolution des salaires en Méditerranée etdans les AC10

Evolution de la productivité du travail dans l'industrie textile des paysméditerranéens partenaires (1990=100)

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

1,20

1,40

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Algérie Egypte Israël Jordanie

Maroc Tunisie Turquie

Evolution de la productivité du travail dans l'industrie textile des pays del'élargissement (1990=100)

0,20

0,30

0,40

0,50

0,60

0,70

0,80

0,90

1,00

1,10

1,20

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Hongrie Pologne Slovénie

Evolution des salaires dans l'industrie textile des pays méditerranéenspartenaires (1990=100)

0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

3,00

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Algérie Egypte Israël Jordanie

Maroc Syrie Tunisie Turquie

Evolution des salaires dans l'industrie textile des pays de l'élargissement(1990=100)

0,00

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

1,20

1,40

1,60

1,80

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Hongrie Pologne Slovénie

Source : ONUDI, calculs Institut de la Méditerranée.

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-46-

Cependant, le coût du travail incorporé dans

un article dépend non seulement du salaire

mais du temps de production.

La figure 10 montre que parallèlement à la pro-

gression des salaires quasi générale que ce soit

en Méditerranée ou dans les pays accédants

(exception faite de l’Egypte), la productivité du

travail ne progresse pas : elle stagne au Maroc

depuis le milieu des années 90, elle faiblit en

Turquie, mais elle progresse en Egypte où, en

fin de période, elle retrouve son niveau de début

1990. Les AC10 sont sensiblement dans la

même situation. La Pologne illustre le cas ver-

tueux d’une augmentation de la productivité du

travail qui a permis une augmentation sensible

des salaires. Avec des salaires inférieurs et des

entrants moins coûteux, l’Asie propose des

articles de 50% à 60% moins chers.

On voit sur la figure 11 que : (i) la Chine et

l’Inde surclassent largement les PM et la

Pologne (ii) la Roumanie et la Bulgarie se

positionnent mieux que les producteurs

méditerranéens. Cependant, de telles com-

paraisons ne tiennent pas compte de la qua-

lité des articles et de la compétitivité hors

coût attachée aux produits mode, de bonne

qualité, confectionnés dans des matières

modernes, toutes caractéristiques qui per-

mettent de relativiser la concurrence des

producteurs spécialisés sur des articles tradi-

tionnels, produits à grande échelle et au prix

le plus bas.

Les avantages comparatifs obtenus par les

partenaires méditerranéens sur les marchés

mondiaux reflètent fidèlement leurs spéciali-

sations. En différenciant les exportations de

textile selon trois catégories de produits cor-

respondant à l’état de leur transformation

dans la chaîne de production (les matières

premières telles que le coton, les fibres et tis-

sus, et les articles d’habillement) on voit que :

(i) seules l’Egypte et la Syrie et dans une

moindre mesure la Turquie, obtiennent

des avantages comparatifs dans les

exportations de fibres textiles. Cette

tendance se renforce en Egypte et en

Syrie mais faiblit pour la Turquie. Le fait

que l’Egypte et la Syrie accentuent leurs

avantages comparatifs dans les expor-

tations de fils et tissus suggère une

amélioration des capacités industrielles

dans la transformation de la matière

première cotonnière sur place.

(ii) Les autres pays méditerranéens, plus

spécialisés dans les exportations de vête-

ments, présentent des désavantages

comparatifs importants pour les deux

premières catégories de produits, ce qui

est logique dans la mesure où ils entre-

tiennent des activités de sous-traitance

avec les producteurs européens de texti-

le desquels ils importent les fils et tissus

qu’ils transforment. On notera cependant

que les avantages comparatifs obtenus

sur les exportations d’articles d’habille-

Figure 11 : Prix moyen d’une chemise exportée vers l’UE (en euros)

Pologne

TunisieTurquieMaroc

RoumanieBulgarieChine

Inde

0

2

4

6

8

10

12

Source : Douanes, cité par Fouquin et alii, 2002.

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-47-

ment stagnent pour la Tunisie et le Maroc

et qu’ils régressent dans le cas de la

Turquie. L’Egypte, qui s’est spécialisée

dans le textile-habillement au cours de la

dernière décennie au détriment du sec-

teur des hydrocarbures, progresse sur

les 3 catégories de produits. Les exporta-

tions de vêtements représentent 14,2%

des exportations égyptiennes en 2001

(contre 3,4% en 1990) et l’indicateur

d’avantage comparatif progresse de

400% entre 1990 et 2001.

(iii) La situation des AC10 est différente :

√ parce que la spécialisation dans le tex-

tile-habillement est moins prononcée

(15% des exportations pour la

Lettonie et l’Estonie, 8% pour la

Pologne et la Slovaquie et 4% pour la

Tchéquie et la Hongrie

√ parce qu’elle est globalement stable

sur la période 1995-2001,

√ et que les avantages comparatifs sur

les marchés mondiaux sont plus

modestes. Ils s’accentuent dans les

exportations de vêtements pour la

Lettonie et l’Estonie et faiblissent pour

la Pologne et pour la Hongrie.

(iv) Une analyse plus fine de la composition

des exportations de produits amont de la

filière, qui distingue les fibres et fils

végétaux par rapport aux fibres et fils

synthétiques, met en évidence la fragili-

té de la spécialisation des producteurs

méditerranéens de textile. La Syrie et

l’Egypte n’exportent que des produits à

base de coton dont les cours mondiaux

ont baissé ces 10 dernières années.

Seule la Turquie progresse dans cet

effort de montée en gamme et les fibres

synthétiques représentent 10% de ses

exportations de textile-habillement

qu’elle destine non seulement à l’UE

mais aux partenaires de l’Europe de l’Est

et de Méditerranée. Leurs concurrents

de l’Est ont par contre mieux développé

ce type de production : la Tchéquie, avec

2,8% des exportations de textile-habille-

ment, la Slovaquie (8,8%) et la Lettonie

(5,5%) fournissent les producteurs

européens et ceux des AC10.

Les exportations des partenaires méditerra-

néens sont très concentrées sur un petit

nombre d’articles. Un indicateur de concen-

tration simple montre qu’en moyenne 3 à 6

articles composent 50% des exportations de

textile-habillement des partenaires méditer-

ranéens. La Turquie est la plus diversifiée

avec 10 articles (tableau 17).

Un tel niveau de spécialisation révèle une fra-

gilité structurelle des pays méditerranéens qui

les expose aux chocs d’après 2005 et consti-

tue un frein à leurs capacités d’adaptation.

Tableau 17 : La concentration des exportations de textile-habillement des parte-naires Méditerranéens et des pays AC10

Nombre d’articles composant 50% des exportationsPartenaires med. Pays AC10Egypte 6 Estonie 15Jordanie 3 Lettonie 10Liban 20 Hongrie 11Israël 7 Lituanie 10Syrie 4 Pologne 13Maroc 6 Slovaquie 9Tunisie 5 Slovénie 13Turquie 10 Tchéquie 22Chypre 5 -Malte 2 -

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.

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-48-

Les AC10 présentent des structures d’expor-

tations dans le textile-habillement plus

diversifiées avec 10 à 15 articles en moyen-

ne qui représentent 50% des exportations

du secteur.

La concurrence avec les AC10 ne porte pas

sur les mêmes créneaux de spécialisation,

par contre les PM sont confrontés à la

concurrence asiatique et ils le seront encore

plus sérieusement à l’avenir.

L’Asie domine les articles en maille et la

concurrence importante sur ce type d’articles

a permis la baisse des prix unitaires ces dix

dernières années. La spécialisation dans les

articles de confection de chaîne et trame joue

plus sur la différenciation des produits et est

souvent le domaine des relations de sous-

traitance et de «sourcing» avec des donneurs

d’ordre européens.

Le tableau 18 donne la part relative de cha-

cun des partenaires de la zone paneuromédi-

terranéenne sur les 5 articles d’habillement

les plus représentés dans les exportations

des PM.

(i) Le T-shirt reste une spécialité méditer-

ranéenne et représente 86% des expor-

tations de la zone paneuroméditerra-

néenne dont 60% sont turques. Le T-

shirt pèse pour 11% dans les exporta-

tions de textile-habillement turques, 7%

au Maroc, 5% en Syrie et 4% en

Tunisie. Les AC10 sont peu présents sur

ce marché mises à part la Pologne (2%

des exportations de la zone) et la

Hongrie (3,6%). La concurrence est

donc surtout à attendre du côté asia-

tique. En 2001, la Turquie est le 1er

fournisseur des européens en T-shirt

(33% des importations de l’UE) alors

que la Chine ne fournit que 9% du mar-

ché. Mais la part de la Chine dans le

marché mondial de cet article (17%)

constitue une menace évidente.

(ii) La part relative des partenaires méditer-

ranéens dans les exportations de chan-

dails, pulls baisse de 80 à 73% essentiel-

lement à cause d’un désengagement

relatif de la Turquie. La Tunisie et le

Maroc, représentant chacun environ 9%

des exportations de la zone, sont en

concurrence avec la Hongrie et la

Tableau 18 : La part relative PM dans les exportations de 5 grandes catégoriesd’articles d’habillement

Pantalon homme Pantalon femme T-shirt Chemise homme Chandail pull

1995 2001 1995 2001 1995 2001 1995 2001 1995 2001Algérie 0,0% 0,0% 0 0 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%Chypre 0,3% 0,1% 0% 0% 0,1% 0,0% 0,5% 0,5% 0,9% 0,4%Egypte 3,0% 4,1% 5% 5% 6,8% 5,0% 8,2% 4,7% 2,7% 3,8%Israël 2,2% 0,6% 2% 2% 5,8% 2,0% 0,1% 0,2% 1,0% 1,1%Jordanie 0,2% 2,7% 0% 0% 0,0% 0,5% 0,5% 7,3% 0,0% 0,1%Liban 0,0% 0,2% 0% 0% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1%Malte 4,6% 3,8% 1% 0% 0,2% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1% 0,1%Maroc 11,5% 16,2% 5% 18% 5,4% 9,6% 7,6% 16,6% 8,9% 9,4%Syrie 0,4% 0,4% 0% 0% 3,1% 1,7% 0,7% 1,1% 0,8% 1,1%Tunisie 40,5% 27,4% 16% 12% 4,9% 7,2% 14,1% 14,4% 5,9% 8,7%Turquie 14,9% 20,8% 34% 38% 61,1% 60,1% 37,1% 26,8% 60,9% 49,5%

PM 77,60% 76,30% 63,00% 75,00% 87,40% 86,20% 68,90% 71,70% 81,20% 74,30%

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.Encadré 8 : Articles de « chaîne et trame » ou articles de « maille » ?

On différencie généralement la famille des articles de « chaîne et trame » (chemises, pantalons) de celle de la « maille »(T-shirts, pulls) parce qu’elles sont issues de métiers différents : les articles de la maille sont directement tricotés à par-tir d’un fil alors que les articles de chaîne et trame sont confectionnés à partir de tissus découpés selon des patrons. Lespremiers reposent sur un savoir-faire plus simple que les seconds. Un industriel spécialisé dans la maille ne se recon-vertit pas facilement dans la confection d’articles en tissu.

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-49-

Pologne. De même que pour les T-shirts,

la concurrence asiatique est menaçante

pour les pays de la zone quand on com-

pare la place de la Chine dans le com-

merce mondial (27%) à celle qu’elle

occupe dans les importations de l’UE.

(iii) La Tunisie spécialisée dans la confection

des pantalons pour hommes (jeans),

secteur qui représente 21% de ses

exportations de textile-habillement, voit

sa part relative diminuer au profit de la

Turquie et du Maroc. Globalement, les

partenaires méditerranéens sont leader

dans les exportations de ce type d’ar-

ticles, exportations qui ont progressé de

28% entre 1995 et 2001. La concurren-

ce avec les AC10 est surtout le fait de la

Pologne. Les PM améliorent nettement

leurs positions relatives dans les panta-

lons pour femmes, catégorie d’articles

dont les exportations progressent de

64%, en passant de 61,7% à 75%. La

Turquie (38%) et le Maroc (18%) sont

les principaux producteurs.

(iv) Le maintien de la position relative des PM

dans les exportations de chemises s’ex-

plique essentiellement par le Maroc qui

passe d’une importance relative de 7,6%

à 16%. Alors que globalement les expor-

tations de cette catégorie de produits

baissent de 28% en 6 ans, seul le Maroc

augmente ses exportations. La Turquie

perd des parts relatives tout en restant le

leader avec 26,8%, mais ses exporta-

tions baissent de 80% entre 1995 et

2001. De même, la Pologne se désenga-

ge progressivement des chemises pour

hommes en se spécialisant dans la

confection de chemises pour femmes.

Une place sur la filière de production textile-

habillement qui reste stable

L’organisation de la filière textile-habillement

est fondée sur un découpage « opératoire »

de l’activité de production. La structure

input-output qui décrit les différentes activi-

tés de création de valeur ajoutée et leurs

interactions (de la conception du produit à sa

commercialisation en passant par le trans-

port) est opérationnelle (i) grâce à une struc-

ture de gouvernance au sein de laquelle la

firme dominante organise la valorisation des

différents segments de production, détermi-

ne les changements de techniques et les

rythmes de production, etc., (ii) par une

répartition spatiale des activités et (iii) dans

un cadre social et institutionnel spécifique

fondé sur les normes et les valeurs des diffé-

rents espaces d’activité des firmes[8].

Le réseau de production de textile-habille-

ment au sein de l’espace euro-méditerranéen

(cf encadré 9) repose sur la fluidité des

échanges et sur la réactivité (gestion des

stocks, respect des délais, contrôle des

démarques, etc.). Les industriels du textile-

habillement dans les pays développés jouent

la carte de l’innovation, de la créativité et de

la qualité en introduisant toujours plus de

technologies et de R&D. Il est clair qu’ils

attendent de leurs partenaires qu’ils partici-

pent activement à cette stratégie qui leur per-

met de conserver un avantage comparatif sur

l’ensemble de la filière. Au même titre que la

compétence des fournisseurs, la qualité du

réseau et sa capacité à évoluer et à s’adapter

aux changements des conditions de concur-

rence mis en place sont déterminantes.

La zone paneuroméditerranéenne est ferme-

ment défendue par les nombreux profes-

sionnels du secteur textile européen[9] qui

trouvent un immense potentiel de produc-

tion intégrant tous les stades de la filière,

avec des savoir-faire indéniables, à proximi-

té d’un bassin de 760 millions de consom-

mateurs et qui pensent qu’il faut protéger

ces liens privilégiés tissés à travers l’histoire

et les échanges. Dès lors, ces mêmes pro-

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-50-

ducteurs estiment que les systèmes de pré-

férence, qui ont permis de protéger l’activité

de confection dans les pays moins dévelop-

pés, doivent être maintenus et permettre de

jouer un jeu gagnant-gagnant entre les deux

rives. Le développement des règles d’origine

et leur adaptation à une organisation régio-

nale de la production constituent un moyen

de prolonger les systèmes de protection

après les quotas.

L’organisation de réseaux de sourcing protè-

ge les PM mais doit également leur per-

mettre des remontées industrielles. Le trafic

de perfectionnement passif qui caractérise

le réseau textile paneuroméditerranéen

pourra devenir un trafic actif à plusieurs

conditions (Falke, 2003) :

√ si le réseau permet d’organiser un

transfert de technologies,

√ si les employés sont assez bien formés,

√ s'il existe une organisation administrati-

ve efficace,

√ s’il y a dans le pays un système juri-

dique et bancaire,

√ s'il y a une production de matières pre-

mières de qualité.

Les sous-traitants pourraient alors occuper

des places plus profitables sur la chaîne de

valeur. A l’heure actuelle, la Turquie se

Encadré 9 : La filière de production textile-habillement

L’industrie textile-habillement constitue une des filières de production les plus longues et les plus fragmentées.L’industrie textile (filature, tissage ou tricotage, ennoblissement) est de type capitaliste, repose sur des technologies depointe, des efforts de créativité et se localise généralement dans les pays industriels. La confection reste une activité demain d’œuvre dans laquelle la part de l’automation est faible (la machine à coudre représente 75% du temps de fabri-cation) et se développe dans les pays qui présentent des avantages salariaux.

Mais dans le même temps que le coût de production constitue un argument déterminant de délocalisation, le client ache-teur de l’article d’habillement va jouer un rôle primordial pour certaines catégories de produits. Afin de coller à la deman-de, la stratégie de production de vêtements est de plus en plus guidée par les grands distributeurs. La fabrication neconstitue plus qu’une étape dans la chaîne de production ; la création de valeur est de plus en plus fondée sur « l’im-matériel » Le client achète une marque, une qualité, un look et le prix de vente n’est pas essentiel. Aujourd’hui, lademande liée à la mode est volatile et différenciée. Les distributeurs sortent de leurs métiers de base, deviennent don-neurs d’ordre et conçoivent leurs stratégies de « sourcing », recherche de sous-traitants extérieurs, fondées sur un arbi-trage entre prix/qualité/flexibilité et rapidité/réactivité/créativité. Le sourcing, au service du client final, (Bernard, 2003)repose sur 3 composants:

√ le rapport qualité/prix √ la disponibilité du produit √ les valeurs du consommateur (normes sociales, commerce équitable),

qui correspondent globalement à deux types de sourcing :

√ traditionnel, fondé sur des plannings à long terme, et qui s’oriente essentiellement vers l’Asie,√ de réassortiment ou de réactivité, fondé sur le court terme et pour lequel les PM ont pour l’instant un avantage com-

paratif.

Le prix reste important dans la décision de sourcing mais sa détermination repose sur le calcul du prix de revient com-plet en tenant compte de tous les coûts. La qualité du produit, (sa finition, son style, son tissu, la qualité de sa fabri-cation, etc.) constitue un critère aussi essentiel que le prix dans le choix d’un fournisseur potentiel ce qui implique denouvelles stratégies de la part des détaillants. Le choix d’un partenaire repose sur des questions qui intègrent le savoir-faire des entreprises.

La qualité est un processus qui se construit par les liens clients-fournisseurs. C’est un investissement à long terme quipeut ne pas être en relation directe avec les déterminants des coûts. De plus, la qualité des services associés, la sou-plesse et la flexibilité, le respect des quantités, et la maximisation des immobilisations des fonds de roulement déter-minent le niveau de compétitivité d’un réseau de fournisseurs. La mission d’un responsable de sourcing est de compo-ser un parc de fournisseurs qui corresponde à ces contraintes.

Ces tendances nouvelles de recherches de partenaires extérieurs reposent sur la proximité géographique et commer-ciale. La régionalisation, outre les tarifs préférentiels, permet d’activer des circuits courts, où le temps de réponse pourun réassortiment peut être inférieur à 10 jours. Les sources de complémentarités entre les différents segments de lafilière constituent le fondement du choix des partenaires des producteurs européens. Selon leur place dans la chaîne deproduction et le type de marché qu’ils visent, les importateurs de textile-habillement des pays industrialisés n’accordentpas le même poids aux critères qui fondent les décisions de choix des fournisseurs étrangers : les grossistes insistentsur l’intégration verticale, les détaillants dans les secteurs « mode » jouent sur la vitesse alors que les grands distribu-teurs se focalisent sur les coûts.

Bernard B., Responsable du sourcing chez Carrefour (8 à 10% du chiffre d’affaire dans le textile), Conférence sur l’ave-nir du Textile et de l’Habillement après 2005, Bruxelles 5-6 mai 2003.

Page 61: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-51-

démarque des autres pays méditerranéens

en se positionnant mieux sur la chaîne de

création de valeur ajoutée. On soulignera

que les donneurs d’ordre distributeurs

s’orientent aujourd’hui plus vers un partena-

riat de co-traitant qui leur permet de se

dégager de la prise en charge d’activités qui

sortent du cadre de leur métier de base. Les

AC10 paraissent mieux préparés à participer

à cette nouvelle forme d’organisation que les

PM. Si aucune incitation de part et d’autre de

la Méditerranée n’est impulsée, ces derniers

risquent dés lors de rester cantonnés dans

des taches d’assemblages et de perdre des

créneaux à plus forte valeur ajoutée.

Les pays producteurs reconnaissent la néces-

sité de cet effort d’adaptation et investissent

dans une restructuration industrielle vers

l’amont, c’est-à-dire la fabrication des

matières premières.

La figure 12 montre un effort continu de la

part de la Tunisie (+51% entre 1995-2001),

du Maroc (+45%) et de l’Egypte (+25%) à

s’équiper de machines textiles fournies à 70%

par des industriels européens. La Turquie,

représentée sur l’axe de droite pèse pour 63%

des importations de machines textiles, après

avoir compté pour plus de 80% en 1996 et

1997, elle accuse une chute importante de ses

importations ces 3 dernières années.

La division du travail du textile euro-méditer-

ranéen, structurée essentiellement avec les

pays de la rive sud, est concurrencée par les

relations étroites entre l’Europe et les AC10.

L’annexe B6 met en évidence les relations

privilégiées entre les pays du sud de l’Europe

et les deux pays producteurs de la rive sud.

La Tunisie importe entre 87% et 89% de ses

matières premières (fils et tissus) des pays

européens (France, Italie) et y réexporte

97% de ses articles d’habillement. De même,

le Maroc importe à hauteur de 80% ses fibres

et fils de l’UE (France, Espagne, Royaume-

Uni) et leur exporte 97% des vêtements

confectionnés. Ces deux pays n’exportent

pratiquement pas de fils et tissus.

Les pays à l’Est de la Méditerranée jouent

une carte plus ouverte sur l’international et

sur les relations intraméditerranéennes sous

l’égide de la Turquie.

Figure 12 : Les importations de machines textiles des Partenaires Méditerranéens(en milliers d’euros)

0

40 000

80 000

120 000

160 000

1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 0010

400 000

800 000

1 200 000

1 600 000

2 000 000

Algérie Maroc Tunisie EgypteIsraël Jordanie Syrie Turquie

Turquie (axe de droite)

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.

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-52-

(i) Le système de production textile turc est

impliqué de façon différente dans les

échanges euro-méditerranéens et le

pays joue un rôle plus actif dans la

zone : (i) la Turquie importe des fibres et

fils d’Asie (30% dans ses importations

de fibres synthétiques, 8% de Chine) et

des USA (20% des fibres végétales),

pays auquel elle destine 16,6% de ses

articles d’habillement ; (ii) l’UE (Italie et

Allemagne) fournit entre 35% et 39%

des fibres et tissus et absorbe près des

deux tiers des exportations de vête-

ments turques, (iii) et enfin la Turquie

est le seul des PM à exporter des fibres

synthétiques et fournit non seulement

les pays européens (46% des exporta-

tions) mais aussi les autres PM (et sur-

tout la Syrie), pour 13% de ses exporta-

tions, et les pays AC10.

(ii) L’Egypte, la Syrie, et la Jordanie impor-

tent des fibres synthétiques turques

(respectivement 17%, 20% et 6% des

importations de cette catégorie), les

pays européens fournissant des fibres

végétales (7%, 55%, 22%). La Syrie

fournit également les pays méditerra-

néens (30% des exportations) et sur-

tout la Turquie (20%) en fibres végé-

tales. Les pays européens absorbent

néanmoins près de la moitié des expor-

tations de fibres végétales égyptiennes

et syriennes.

(iii) Les USA importent 14% des fibres végé-

tales égyptiennes et 53% de vêtements.

(iv) La présence de la Chine est plus forte à

l’est de la Méditerranée où elle approvi-

sionne en fibres synthétiques et en

fibres végétales les pays tels que

l’Egypte, la Syrie, le Liban, Israël et la

Turquie (cf annexe B6).

(v) Par rapport aux pays AC10, le compor-

tement diffère sur plusieurs points :

(i) les relations de sous-traitance entre

les producteurs européens et ceux

d’Europe de l’Est sont plus lisibles pour

l’ensemble des pays AC10 (cf annexe

B7) : l’UE est le fournisseur principal

(entre 60% et 80% des importations)

de fibres et tissus et reçoit entre 80% et

95% des exportations de vêtements

confectionnés dans les pays AC10.

L’Allemagne et l’Italie sont les plus

concernées mais ces relations touchent

également les pays du Nord de l’Europe

(Danemark, Suède, Finlande), (ii) il y a

très peu de partenaires extra-euro-

péens, la Chine n’y intervient que mar-

ginalement, (iii) enfin, des relations de

complémentarités entre pays AC10 ten-

dent à se développer, les producteurs de

fibres et fils fournissant leurs parte-

naires de la zone.

En guise de conclusion, on indiquera que,

dans le contexte international qui se dessine

pour l’après 2005, l’Asie du sud-est et la

Chine en particulier, vont devenir des adver-

saires redoutables pour tous les acteurs de la

filière textile paneuroméditerranéenne.

(i) En effet, les producteurs européens de

fils et tissus ne sont pas à l’abri de la

concurrence asiatique. Rappelons que le

secteur textile-habillement emploie

deux millions d’actifs dans les pays

européens et que les bouleversements

dans ce secteur, très concentré territo-

rialement peuvent avoir des consé-

quences importantes en termes de bas-

sins d’emploi,

(ii) les caractéristiques du secteur étroite-

ment liées à la demande finale, vont

dans le sens d’un double mouvement de

localisation : un premier mouvement qui

répond à des considérations de coûts, un

deuxième mouvement qui repose sur la

réactivité du réseau client/fournisseur.

Schématiquement, on peut penser que

le coût n’étant pas le seul facteur sur

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-53-

lequel repose la détermination des avan-

tages comparatifs, la polarisation des

activités de production vers les pays

d’Asie après 2005 devrait être moins

massive ; pendant que les localisations

des productions traditionnelles qui

jouent essentiellement sur les prix se

regrouperaient en Asie, les pays qui sau-

ront tirer partie de leur savoir-faire et de

leur avantage de proximité/réactivité

pourraient se spécialiser dans une pro-

duction « just in time »,

(iii) la qualité des réseaux de sous-traitance

de type sourcing qui organisent la pro-

duction euroméditerranéenne est dés

lors un moyen potentiel de résister, de

part et d’autre de la Méditerranée, aux

concurrences chinoises. Cependant, les

pays du sud-est asiatique assurent de

plus en plus une production à faible coût

associée à une meilleure qualité de pro-

duit grâce aux importations de

machines textiles modernes et aux

transferts technologiques. De plus, leurs

délais de réaction vis-à-vis des don-

neurs d’ordre européens se révèlent

être de plus en plus courts ce qui accen-

tue la menace potentielle pour les

Européens et pour les méditerranéens,

(iv) les accords euro-méditerranéens doi-

vent permettre d’offrir aux partenaires

du sud les moyens financiers, technolo-

giques et de formation pour participer

de façon plus active aux adaptations

indispensables de la filière.

La réactivité et la qualité, qui constituent cer-

tainement les atouts de la zone euro-médi-

terranéenne peuvent leur permettre d’affron-

ter la concurrence chinoise à condition que

les acteurs producteurs améliorent de façon

constante leur compétitivité ;

(i) Pour les Européens, cela signifie

recherche de techniques nouvelles,

amélioration de la qualité des produits,

promotion des activités de R&D et inno-

vations, formation de personnels quali-

fiés, et recherche de partenaires exté-

rieurs compétents au sein de réseaux de

sous-traitants de qualité.

(ii) Pour les PM, qui jouent le jeu de la

recherche collective de compétitivité

avec les producteurs de textile du Nord,

il s’agit non seulement d’opérer une

montée en complexité technologique

mais aussi d’accéder à un niveau supé-

rieur de responsabilité au sein de la filiè-

re de production, ce qui exige non seu-

lement des efforts pour monter en qua-

lité et en compétence mais également

des investissements plus importants

dans l’amélioration des opérations d’ap-

provisionnement et dans la modernisa-

tion des équipements de production.

V- Modifier une dynamique du marché

du travail freinée par la structure de

l’emploi, l’inadéquation de la formation

et la législation

En premier lieu, la structure sectorielle de

l’emploi reste profondément orientée vers

l’agriculture.

On peut ainsi observer que (i) le secteur des

services se développe et représente la plus

grande part des emplois (47,7%). Chypre,

Israël, la Jordanie et Malte sont les plus

avancés de ce point de vue, avec une part

des services dans l’emploi total proche de

celle de l’Union; (ii) ce n’est pas le cas du

secteur de l’industrie qui, en moyenne, a vu

sa part baisser de 1,5 point depuis 1995

(seule la Turquie a vu une progression de

l’industrie) ; (iii) le secteur agricole repré-

sente encore en moyenne près du quart des

effectifs (mais 45,2% au Maroc et plus de

35% en Turquie) et cette part est stable

depuis 1995.

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-54-

Or, tant du point de vue de la structure que

de l’évolution, les PM font là face à un pro-

blème majeur. L’emploi agricole ne pourra

que reculer dans les années qui viennent,

notamment en raison de la mécanisation du

secteur indispensable à sa survie. Et l’évolu-

tion 1995-2001 montre l’incapacité du sec-

teur manufacturier et du secteur des ser-

vices à absorber non seulement les nou-

veaux arrivants sur le marché du travail,

mais également ceux dont les postes sont

supprimés dans le secteur agricole. De fait,

ce sont des millions de personnes qui se

retrouvent soit sans emploi, soit dans le sec-

teur informel (ESCWA, 2001). Ce qui est

extrêmement préoccupant, c’est que les

chiffres de besoin d’emplois calculés précé-

demment bien qu’impressionnants, ne pren-

nent pas en compte ce changement structu-

rel, ce qui peut faire craindre que malgré

leur ampleur, ils minimisent encore la réalité

de la situation.

Certes, on peut également remarquer le

développement du secteur des NTIC (nou-

velles technologies de l’information et de la

communication) dans certains pays de la

région. Mais, l’évolution est bien timide et ce

secteur ne pourra absorber qu’une quantité

limitée de scientifiques, techniciens, pro-

grammeurs, consultants ou formateurs. De

plus, ces secteurs ne correspondent pas à

l’orientation principale de la formation dans

les PM.

En effet, en deuxième lieu, les systèmes de

formation peinent à l’heure actuelle à réaliser

une adéquation satisfaisante de l'offre à la

demande.

(i) Le chômage, qui représente un vaste

gaspillage de capital humain, augmen-

te, surtout depuis la récession écono-

mique de 2001. Le taux moyen se situe

maintenant à environ 14%, l’un des plus

élevé dans les régions en développe-

ment (tableau 20). Encore sous estime-

Tableau 20 : Taux de chômage dans lesPM (en %)

1990 1995 2002Algérie 19,8 27,9 27,32

Chypre na 2,6 3,8Egypte 8,6 11,3 9,03

Israël na 6,9 10,3Jordanie na 14,4 15,3Liban 35,0 18,01 naMaroc 15,8 16 11,6Ter. Pales. na 18,2 25,52

Syrie na 7 11,7Tunisie na 17,8a 14,9Turqu ie 7,5 6,6 10,4PM 12,9 14,5 14,0

Sources : Eurostat, programme Medstat, basenewcronos 2003; a: INS Tunisie, 1995Notes : a. estimation; 1. chiffre 1997; 2. chiffre2001; 3. chiffre 2000

Tableau 19 : L’emploi par grands secteurs dans les PM (en %)

Agriculture Industrie Construction Services1995 2000 2001 1995 2000 2001 1995 2000 2001 1995 2000 2001

A lgérie 17,4 15,7 21,1 13,3 12,6 13,8 13,3 11,7 10,4 56,0 60,0 54,7Chypre 10,5 5,4 4,9 16,3 14,1 14,0 9,8 10,0 10,0 63,4 70,5 71,1Egypte 33,4 29,6 .. 15,6 13,4 .. 6,4 7,9 .. 44,6 49,1 ..Israël 2,9 2,2 1,9 20,7 18,0 17,5 7,2 5,3 5,2 69,2 74,5 75,4Jordanie 6,9 5,5 4,1 15,7 14,5 15,1 10,1 7,3 6,7 67,3 72,7 74,1Maroc .. 47,1 45,2 .. 13,0 12,8 .. 6,0 6,4 .. 33,8 35,5Malte 1,7 1,7 2,1 23,2 26,2 24,1 4,6 6,9 7,7 70,5 65,2 66,1Ter. Pales. 12,7 13,7 12,0 18,0 14,3 14,0 19,2 19,7 14,6 25,6 29,9 34,5Syrie 28,6 32,0 26,9 17,3 13,1 12,2 12,6 12,4 11,2 41,5 42,5 49,7Tunisie 21,9 22,1 22,0 21,8 20,5 21,7 13,2 12,7 12,2 43,1 44,7 44,1Turquie 43,4 34,5 35,4 16,2 18,2 18,3 6,1 6,4 5,3 34,3 40,9 41,0MoyenneSud-Med 23,5 25,0 23,8 16,8 14,9 15,4 11,6 10,5 9,5 44,6 46,7 47,7

Moyenne PM 17,9 19,0 17,6 17,8 16,2 16,4 10,3 9,7 9,0 51,6 53,1 54,6UE-15 5,2 4,3 4,3 21,0 19,5 19,2 7,4 7,2 7,2 66,3 68,9 69,3

Source : Eurostat, programme Medstat, base newcronos 2003.Algérie : Les chiffres pour 1995 se réfèrent à l’année 1996 (source: Statistical Yearbook, ONS, 1998);les chiffres 2000 sont ceux du premier trimestre et les chiffres 2001 ceux du troisième trimestre.Tunisie : Les chiffres pour 1995 se réfèrent à l’année 1994.

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-55-

t-il la situation, compte tenu de l’impor-

tance du sous emploi dans le secteur

informel.

(ii) Les jeunes diplômés touchés par le chô-

mage sont de plus en plus nombreux et,

proportionnellement, plus touchés que

les autres classes d’âge. En Tunisie, le

taux de chômage chez les jeunes est

ainsi évalué à 25-30%, contre 14,9%

pour l’ensemble de la population active

et, au Maroc, le taux de chômage des

jeunes dans les zones urbaines atteint

31% (contre 11,6% pour le taux

moyen). De fait, alors que le nombre

d'année d'étude a augmenté de 50% en

deux décennies dans tous les PM, les

taux de chômage, loin de diminuer, aug-

mentent rapidement indiquant, entre

autres, l’écart entre les compétences

atteintes et celles demandées.

(iii) Les taux d'illettrisme restent pourtant

élevés. L'éducation de haut niveau est

performante, mais les gouvernements

doivent également mettre en place les

dispositifs nécessaires à l’acquisition

des savoirs de base pour l’ensemble de

la population, y compris les adultes.

(iv) Le secteur privé pourrait prendre une

plus grande part dans la fourniture de

services d'éducation. Relativement à la

situation en Asie par exemple, on note

une réelle sous représentation du sec-

teur privé dans l’éducation. Or, ce sec-

teur permet généralement d’assumer

des missions différentes et complémen-

taires de celles du secteur public,

notamment la formation continue, la

formation des adultes ou encore la for-

mation des jeunes sortis du système

traditionnel.

(v) Des dispositifs permettant d’organiser la

remontée des informations vers les

décideurs sont nécessaires pour mieux

cibler les problèmes et y répondre de

manière appropriée.

(vi) Les formations proposées doivent être

mieux orientées vers la demande afin

de satisfaire les besoins du secteur privé

et l'attribution des fonds doit se faire au

moins en partie selon ce critère.

En troisième lieu, des améliorations des

législations portant sur les marchés du travail

apparaissent nécessaires.

Celles-ci sont sensiblement différentes au

sein des PM. Par exemple, le Maroc possède

une loi sur le salaire minimum, mais son

application n’est pas systématique dans le

secteur privé. Le fort taux de chômage incite

le gouvernement à autoriser les employeurs

à embaucher sous le niveau légal. En Egypte

et en Tunisie, le respect du salaire minimum

se limite au secteur public et une telle dispo-

sition n’existe pas en Jordanie.

Or, il existe des voies qui permettraient

d’améliorer la flexibilité sans remettre en

cause la dimension sociale. Ainsi, une légis-

lation du travail prévoyant des négociations

salariales collectives et une résolution rapide

et efficace des conflits pourrait améliorer le

statut des travailleurs et leur garantir des

droits minimums tout en ne pesant pas outre

mesure sur la flexibilité du marché. Mais, il

est nécessaire de garder présent à l’esprit

que les conditions qui prévalent dans les PM

ne permettent pas à ce type de mesure de

fonctionner pleinement, notamment parce

qu’elles (i) ne protègent pas les employés du

Tableau 21 : Nombre moyen d’annéesd’études dans les PM

1980 1985 1990 1995 2000Algérie 2,68 3,46 4,25 4,83 5,37Chypre 6,52 7,44 8,71 8,91 9,15Egypte 2,34 3,56 4,26 4,99 5,51Israël 9,41 9,35 9,37 9,46 9,60Jordanie 4,28 5,23 5,95 6,47 6,91Syrie 3,65 4,47 5,11 5,48 5,78Tunisie 2,94 3,34 3,94 4,53 5,02Turquie 3,41 3,69 4,15 5,12 5,29PM 4,10 4,73 5,29 5,84 6,21

Source : Banque Mondiale, WDI database

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-56-

secteur informel alors qu’ils représentent une

part importante de l'emploi dans la plupart

des PM, (ii) sont souvent contournées par les

entreprises du secteur formel domestique,

les institutions pouvant permettre de veiller à

leur respect étant souvent absentes ou peu

efficaces, (iii) sont mal perçues par les entre-

prises étrangères qui préfèrent recourir à la

main-d'œuvre la moins bien protégée, ce qui

induit des effets pervers sur la productivité

d’une part, sur la main-d’oeuvre qualifiée

d’autre part.

VI- Contrôler le développement de la

pauvreté, une contrainte absolue

a- Une pauvreté qui ne s’étend pas mais

qui gagne en profondeur

Apparemment, malgré la faiblesse de la

croissance du revenu par tête réel durant les

années 90, les PM sembleraient relativement

épargnés par la pauvreté. Mesurée en termes

de consommation ou de dépenses, elle ne

touche qu’environ 2% de la population tota-

le, ce qui représente près de 5 millions de

personnes vivant avec moins de 1 dollar par

jour (au prix 1985 PPA). Certes, c’est une

proportion considérablement inférieure à ce

que l’on observe dans les autres régions en

développement[10]. Mais, si l’on utilise

d’autres définitions de ligne de pauvreté,

l’ampleur du phénomène devient impression-

nante : on peut ainsi estimer qu’environ

72 millions de personnes dépensent moins de

60 dollars par mois, soit environ 30% de la

population totale, situation qui varie notable-

ment entre les PM.

La tendance générale est plus préoccupante

encore. Après de grands progrès au cours

des années 80, l’indice IDG[11] (1 dollar par

jour) baissant de 4,3% en 1980 à 2,4% en

1990, le mouvement s’est ralenti (1,8% en

1996) puis est reparti à la hausse (2,1% en

1998). A nouveau, un changement de défini-

tion de la ligne de pauvreté rend le mouve-

ment plus visible. La proportion des per-

sonnes vivant avec moins de 2 dollars par

jour s’élevait à environ 30% en 1987, puis a

fortement baissé pour atteindre 22,2% en

1996 —niveau similaire à celui des pays

d’Europe de l’Est et d’Asie Centrale— avant

d’augmenter à nouveau en fin de période à

29,9%, effaçant ainsi une décennie d’efforts

(Page et Adams, 2001). De plus, la « profon-

deur » du phénomène s’aggrave (tableau

22) : l’indice mesurant en pourcentage la dis-

Tableau 22 : Incidence de la pauvreté en Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie, de1981/1982 à 1998/1999

% de lapopulation

Indice deprofondeur

depauvreté

(%)

% de lapopulation

Indice deprofondeur

depauvreté

(%)

% de lapopulation

Indice deprofondeur

depauvreté

(%)

Egypte1981/82 18,2 3,5 16,1 3,1 17,2 n.a.

1990/1991 20,3 4,3 28,6 4,5 25 n.a.1995/1996 22,5 4,9 23,3 4,3 22,9 n.a.

1997 22,5 5,6 24,3 6,4 23,5 6,7Jordanie

1986/87 2,6 n.a. 4,4 n.a. 3 0,31992 12,4 3,1 21,1 5,1 14,4 3,61997 10 2,1 18,2 4 11,7 2,5

Maroc1984/85 17,3 n.a. 32,6 n.a. 26 n.a.1990/91 7,6 1,5 18 3,8 13,1 2,71998/99 12 2,5 27,2 6,7 19 4,4

Tunisie1985 4,6 n.a. 19,1 n.a. 11,2 n.a.1990 3,5 0,7 13,1 3,2 7,4 1,71995 3,6 0,7 13,9 3,1 7,6 1,6

Pays etAnnée del'enquête

Urbain Rural Total

Source : Adams et Page, 2001. n.a. : donnée non disponible.

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tance séparant les pauvres de la limite fixant

leur condition tend à s’accroître (sauf en

Tunisie).

Néanmoins, on observe une tendance plus

favorable de la distribution des revenus, atté-

nuant quelque peu les effets du ralentisse-

ment économique, la part dans le revenu des

20% les plus pauvres augmentant. De

même, les mesures de l’inégalité des revenus

réalisées à partir du coefficient de Gini

(tableau 23) semblent indiquer :

(i) une inégalité de même ampleur dans les

PM, le coefficient en fin de période variant

entre 0,35 et 0,40 ;

(ii) une inégalité moindre que dans d’autres

régions : le même coefficient de Gini

varie en Amérique Latine de 0,44 à

0,61 ;

(iii) une inégalité qui ne s’est pas dévelop-

pée, malgré l’aggravation du phénomè-

ne, sauf peut-être en Egypte.

S’il est bien difficile de conclure sur la base

des données disponibles pour ces 4 pays, on

note néanmoins que :

(i) le mouvement de légère hausse en

Egypte, tant au niveau rural qu’urbain

n’apparaît que sur l’ensemble de la

période, tandis que l’évolution globale

sur la dernière décennie est plutôt

stable, sur la base d’un mouvement

contraire entre les situations urbaine et

Tableau 23 : Distribution des dépensesdes ménages en Egypte, Jordanie,Maroc et Tunisie, de 1981/1982 à1998/1999

Egypte1981/82 0,322 0,275 n.a.1990/91 0,34 0,36 n.a.1995/96 0,331 0,235 n.a.

1997 0,385 0,321 0,35Jordanie

1986/87 0,362 0,319 0,3611992 0,406 0,33 0,41997 0,371 0,305 0,364

Maroc1984/85 0,405 0,317 0,3971990/91 0,377 0,312 0,3931998/99 0,377 0,316 0,395

Tunisie1985 n.a. n.a. 0,431990 n.a. n.a. 0,41995 n.a. n.a. n.a.

Coefficient de Gini sur les Dépensesdes Ménages

TotalPays et

Année del'enquête

Urbain Rural

Tableau 24 : Synthèse des mouvements en termes de pauvreté et d’inégalité enEgypte, Jordanie, Maroc et Tunisie, de 1981/1982 à 1998/1999

Pauvreté Inégalité Moyenne des Dépenses

(mesurée en % de lapopulation)

(measurée à partir ducoefficient de Gini)

(measurée à partird'enquêtes sur la

moyenne des dépensespar habitants)

EgypteCroissante (urbaine, rurale

et totale) Croissante (urbaine, rurale) Décroissante (urbaine,rurale)

JordanieCroissante (urbaine, rurale

et totale)Stable (total) Décroissante (totale)

MarocDécroissante (urbaine,

rurale et totale)Stable (urbaine, rurale) Croissante (totale)

TunisieDécroissante (urbaine,

rurale et totale) n.a. Croissante (totale)

Pays

Source : Adams et Page, 2001.n.a. : donnée non disponible.

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rurale, cohérent avec l’exode rurale des-

tinée à la recherche d’activité et de

revenu ;

(ii) la stabilité en Jordanie sur l’ensemble de

la période suggère que la montée de la

pauvreté est principalement imputable à

la baisse de 32% des dépenses de

consommation par tête ;

(iii) symétriquement, la stabilité affichée

pour le Maroc, conjuguée à l’amélioration

de l’incidence sur l’ensemble de la pério-

de, tend à indiquer que cette dernière

s’explique par la hausse de 21% des

dépenses par tête.

Au total, il semble bien que la principale rai-

son des mouvements observés réside dans la

dynamique des revenus disponibles.

De fait, le contexte marqué par le déclin des

salaires réels accroît la profondeur du phé-

nomène, même si on n’observe pas directe-

ment une plus grande étendue de la pau-

vreté, le revenu réel moyen augmentant, en

effet, moins vite que le coût réel d’acquisi-

tion des biens essentiels. Or, la baisse du

salaire réel dans le secteur public a été très

importante par rapport au milieu des

années 80 : en 1992, son niveau réel en

Encadré 10 : Les limes de Méditerranée. Les variables sociales du développement : santé, pauvreté et criminalité.CENSIS, Italie.

Cette étude se fonde sur la conviction que le développement économique des PM ne peut progresser que s’il existe unengagement à coopérer sur les aspects économiques mais également sociaux du développement. Cette approche pro-longe l’idée selon laquelle l’objectif principal du partenariat euro-méditerranéen –commerce et sécurité- ne peut êtremis en place sans que la priorité soit donnée à une progression du bien-être social tout autour de la Méditerranée.

En se penchant sur les différences et les déséquilibres sociaux entre les sociétés, impliquées par les limes qui traver-sent le bassin méditerranéen, l’étude a été amenée à privilégier trois facettes de l’aspect social du développement (lasanté, la pauvreté et la criminalité), afin de mesurer comment ces trois indicateurs fondamentaux de « l’état de santé »d’un pays sont affectés par les liens plus ou moins forts que les PM tissent au niveau mondial.

Au travers d’une analyse comparative avec pour point de référence l’ensemble des pays de la Méditerranée impliquésdans le Partenariat euro-méditerranéen et concernant les trois dimensions retenues (santé, pauvreté, criminalité), cetterecherche a confirmé certains faits fondamentaux :

√ après une longue période de protectionnisme, les progrès des pays en développement du bassin méditerranéen versun modèle d’économie « ouverte », avec une nouvelle approche du marché, ont souvent été accompagnés d’un fortdéclin des taux de croissance du PIB par tête, accroissant les niveaux de chômage et approfondissant la pauvreté ;

√ les programmes d’ajustement structurel qui guident les réformes depuis les années 1980 dans la zone MoyenOrient et Afrique du Nord (MENA) a permis d’obtenir des résultats importants en termes de stabilisation macro-économique mais, en même temps, a provoqué une hausse significative du chômage et de la pauvreté créant des« nouveaux pauvres » au sein de différents groupes sociaux qui sont les « victimes directes » des mesures d’ajus-tement structurel ;

√ la croissance économique qui apparaît, quand les économies en développement s’ouvrent aux marchés mondiaux etsignent des accords commerciaux multilatéraux, peut initialement générer une amélioration des indices de pauvre-té (basés sur le revenu)–comme ce fut le cas pendant les dernières années où l’économie a profité d’une périoded’expansion- mais il existe un risque de laisser des « trous » de pauvreté et d’exclusion importants dans le tissusocial, aggravant l’exclusion et les inégalités touchant de larges segments de la population, sources de tensions etde mécontentements ;

√ les résultats atteints par beaucoup de pays méditerranéens sur le plan économique, et parfois de la réduction de lapauvreté, dissimulent les profonds déséquilibres sociaux qui persistent et ne se traduisent pas par des améliorationsaussi satisfaisantes des conditions de vie des habitants ;

√ au travers des interconnections entre le crime et le développement, malgré des différences assez substantielles dansles taux de criminalité des pays, on peut voir une corrélation négative significative (et « mystérieuse ») entre l’in-cidence des offenses et la position qu’occupe un pays dans les estimations du niveau de développement au niveaumondial (telles que l’indice de développement humain (HDI) calculé par le PNUD comme indicateur proxy des pro-grès socio-économiques et civils d’un pays).

La somme de ces phénomènes amène l’analyse à confirmer qu’une hausse du PIB par tête ne s’accompagne pas auto-matiquement d’une réduction de la pauvreté vue du côté des revenus (mesurée sur la base d’un seuil de pauvreté de1 dollar par jour et par personne) et n’engendre pas une amélioration des conditions de santé de la population ni uneréduction immédiate de la criminalité et de l’insécurité sociale. De la même façon, si nous nous penchons sur l’ensembled’indicateurs ayant trait à la santé, à la criminalité et à la pauvreté, il n’est pas certain qu’ils correspondent à un niveauinférieur de « pauvreté humaine » ou à un accroissement du « développement humain ».

L’étude encourage à considérer la santé, la pauvreté et la criminalité comme les axes d’un espace à trois dimensions oùles divers pays et sous-régions de la Méditerranée peuvent être localisés et où les différents aspects du bien-être socialpeuvent être mesurés et estimés.

Recherche financée par le Femise et dirigée par le CENSIS, Italie. Référence FEM21-30Titre : The Mediterranean Limes. The social Variables of development: Health, Poverty and CrimeDate prévue de fin des travaux : octobre 2003

Page 69: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-59-

Egypte n’atteignait que 50% de son niveau

de 1982. De même, au Maroc, le niveau des

salaires publics en 1993 ne représentait que

75% de celui de 1975 et, en Jordanie, il

s’élevait à 85% du niveau de 1985. Le sec-

teur public n’est d’ailleurs pas le seul tou-

ché : en Algérie, le salaire minimum réel a

baissé de 16% par an sur la période 1989-

1992 (Ali, El Badawy, 2000). La pauvreté

est davantage prononcée dans les zones

rurales, ce qui intensifie l’exode rural, mais

la pauvreté urbaine se développe égale-

ment, touchant plus particulièrement les

actifs indépendants travaillant dans le com-

merce de détail (Bishay, 1998), et malgré

une productivité et des taux de croissance

plus élevés. Dans les zones urbaines, la

pauvreté est reliée à la segmentation du

marché du travail : comme le chômage, elle

découle de la faible capacité d’absorption

des marchés du travail des secteurs

« modernes ». Une main-d’oeuvre peu qua-

lifiée est considérée comme moins producti-

ve et rencontre plus de difficultés à entrer

dans le marché, ce qui la rend plus touchée

par le sous-emploi et la pauvreté (Nassar,

El Laithy, 2000).

b- La lutte contre la pauvreté et les per-

formances des économies

A long terme, la croissance est le détermi-

nant simple le plus important de la pauvreté.

Lorsque l’objectif est la réduction et, ultime-

ment, l’éradication de la pauvreté, il ne

semble pas y avoir de meilleur instrument

qu’une croissance soutenue et durable du PIB

par tête des économies. Les pays qui ont

obtenu les meilleurs résultats contre la pau-

vreté sont également ceux dont la croissance

a été la plus rapide (Rodrik, 1998).

Mais, si l’impact de la croissance sur la pau-

vreté est incontestable, le lien entre la crois-

sance et l’amélioration de la distribution des

revenus est beaucoup plus ambigu. Cette

ambiguïté se révèle dans de nombreux pays

à travers le monde.

Une condition importante pour lutter contre

la pauvreté est de coordonner l’action des

différentes parties prenantes dans la lutte

contre la pauvreté, gouvernementales et non

gouvernementales. Il est ainsi évident que le

manque de coordination entre ces différents

acteurs entraîne la duplication inutile des

efforts envers les pauvres, voire des initia-

tives conflictuelles (Khossaif, 1998). Cette

coordination est nécessaire à tous les

niveaux, intra-ministériel, inter-ministériel et

entre les ONG.

On notera également que, jusqu’ici, le

contrôle et le suivi des programmes de lutte

ont été particulièrement faibles, en partie à

cause des capacités institutionnelles et de

faibles ressources humaines, en partie liées à

des ressources insuffisantes. On ne trouve ici

nulle trace d’études indépendantes évaluant

l’impact et l’efficacité des programmes de

lutte contre la pauvreté.

Ainsi, l’efficacité de la lutte contre la pauvre-

té réclame rapidement la résolution des

imperfections suivantes :

(i) la capacité limitée des institutions gou-

vernementales à atteindre les pauvres à

l’échelon local ;

(ii) la capacité limitée des ONG à mettre en

place des programmes innovants et

réussis ;

(iii) le manque d’études d’impact systématiques

malgré les importants montants dépensés ;

(iv) le pourcentage élevé de projets infruc-

tueux ou abandonnés et le faible rem-

boursement des emprunts ;

(v) la multitude de pays ou d’agences dona-

teurs, mais la fragmentation et le carac-

tère partiel des contributions ;

Page 70: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-60-

(vi)le manque de ressources humaines qua-

lifiées, pour formuler, mettre en place et

assurer le suivi des programmes de

luttes.

Au total, le Femise tient à souligner l’impor-

tance qu’il y a à prendre en compte le pro-

blème d’une façon multidimensionnelle et

dans sa totalité. Des programmes correcte-

ment pensés n’arrivent souvent pas à recon-

naître que le problème est bien plus compli-

qué que le simple transfert de ressources

vers les pauvres. Ainsi, une dose de juge-

ment critique couplée à une analyse sérieuse

des déterminants de la pauvreté dans les PM

est une nécessité urgente pour permettre la

mise en place de politiques efficaces.

c- La migration dans les pays du Sud de

la Méditerranée, conséquence de la pau-

vreté et du chômage.

La migration est une conséquence de la

pauvreté et du chômage. Presque tous les

pays de la rive nord du Bassin sont devenus

des lieux d’accueil pour des milliers d’immi-

grants illégaux tandis que le public, les

autorités et les experts débattent vivement

et avec un intérêt croissant des consé-

quences. La migration provenant du

Maghreb privilégie l’Europe comme destina-

tion : celle-ci est le lieu de résidence de

80% à 90% des expatriés de cette région

(Di Magliano, 1999). Par contre, l’émigra-

tion des pays du Machrek se focalise plus

spécialement sur les autres pays arabes,

notamment les pays du Golfe, et les Etats-

Unis (Bauer et Gang, 1998).

Le mouvement d’émigration vers les pays du

nord se caractérise par :

(i) un nombre relativement important de

migrants illégaux dont la totalité s’élève-

rait à 3 millions au début de 2000 à com-

parer avec les moins de 2 millions du

début des années 1990.

(ii) Plus de la moitié de ces migrants

vivraient plus particulièrement dans les

quatre pays du Sud de l’Europe :

l’Espagne, la France, l’Italie et la Grèce

(Icduygu et Ünalan, 2000).

(iii) La majorité d’entre eux est peu ou pas

qualifiée et intègre le segment le plus

exposé du marché du travail local, se pla-

çant de fait au bas de l’échelle sociale.

(iv)La migration des plus entrepreneurs, des

plus qualifiés et des mieux éduqués, bien

qu’il s’agisse d’une petite minorité, repré-

sente une perte considérable pour le pays

d’origine qui a financé la formation de ces

travailleurs spécialisés. Le mouvement

induit une diminution des ressources

humaines du pays (fuite des cerveaux).

(v) Les migrants et leurs familles sont sou-

vent confrontés à une discrimination poli-

tique et socio-culturelle en période de

récession (Ministry of Foreign Affairs of

Sweden, 2000).

L’intégration euro-méditerranéenne nécessite

la mise en place d’une nouvelle politique

migratoire qui se concentrerait plus spécifi-

quement sur les mouvements des travailleurs

qualifiés (Garson, 1999), car il est possible

de rendre le phénomène bénéfique pour les

deux parties. D’un côté, les pays de l’Union

européenne pourraient répondre au problè-

me de baisse du nombre d’actifs que pose le

vieillissement de leurs populations en tirant

parti de programmes légaux d’immigration.

D’un autre côté, ces mêmes programmes

permettraient aux PM de :

(i) réduire à court terme leur chômage,

(ii) obtenir des devises étrangères afin de

financer leur développement (dans le cas

du Maroc, en 1997, les entrées nettes de

capitaux étrangers en provenance

d’Italie représentaient approximative-

Page 71: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-61-

ment 30 milliards de Lires en 1997 alors

que les rapatriements en devises des

travailleurs émigrés en Italie avoisinaient

les 40 milliards),

(iii) faire suivre aux travailleurs des forma-

tions professionnelles qu’ils pourront

valoriser à leur retour,

(iv)accélérer l’intégration régionale qui est

en cours avec l’Union européenne.

Cependant, l’impact sur le développement de

la contribution financière des émigrés est

très faible, car les rapatriements sont rare-

ment investis dans le processus productif et

ne participent donc pas activement à la créa-

tion d’emplois. Par ailleurs, ces transferts

peuvent creuser des inégalités de revenus au

sein de la communauté d’origine et même

induire des pressions inflationnistes qui vont

Encadré 11 : Revenus des travailleurs émigrés : pratiques des émigrés marocains au Danemark et desémigrés tunisiens en Italie.

Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark.

I- Le cas des Marocains au Danemark

a- Motifs et rationalité du rapatriement

Ils sont 8404 immigrants marocains au Danemark dont 46,6% sont des femmes. En 2001, ils représentent à peu près3% de la population immigrée et de leurs descendants venant de pays tiers (i.e. de pays hors Union européenne et noncompris les Etats-Unis et la Norvège). Bien qu’ils ne soient que le 12ème plus vaste groupe d’immigrés au Danemark,leur nombre a doublé sur les dix dernières années. Un résultat préliminaire qui ressort des 30 interviews faites jusquelà est que le montant des transferts dépend de la situation personnelle et familiale du migrant et donc que les histoiresde migration individuelles déterminent les motifs des envois. Deux tendances globales ont été discernées : d’un côté,les migrants nouvellement arrivés envoient plus d’argent et plus fréquemment que leurs prédécesseurs. Ceci est prin-cipalement dû au fait que la majorité tend à considérer leur séjour comme temporaire. En même temps, les motifs derenvois de fonds sont déterminés par la présence ou l’absence d’autres parents vivant à l’étranger. Plus il y a de migrantsqui contribuent par leurs transferts à aider la même famille marocaine dépendante, plus le montant des fonds envoyésvers le pays d’origine est faible. D’un autre côté, un séjour plus long au Danemark peut signifier un travail mieux rému-néré sur le marché du travail danois et peut, à son tour, impliquer de meilleures chances de renvoyer de l’argent pourles membres de la famille dépendants ou pour construire une maison pour la retraite. En d’autres termes, il est possiblede décrire la relation entre la phase de la migration et le revenu comme une courbe en U : un plus fort pourcentage durevenu est transféré au début et à la fin de la période de migration, alors que la période intermédiaire est caractériséepar des flux rapatriés inférieurs du fait de facteurs de reproduction et de dépenses de vie et d’habitation au Danemark.

Plusieurs éléments expliquent les variantes dans les pratiques de rapatriement. La situation socio-économique de lafamille laissée à la maison joue un rôle substantiel : en fait, dans quelques cas, les personnes interviewées étaient éco-nomiquement soutenues par la famille de retour à la maison, alors que la majorité envoie de l’argent pour aider le ména-ge des migrants et d’autres parents proches dans le pays d’origine.

Par ailleurs, le statut économique du migrant au Danemark est en corrélation directe avec les pratiques de rapatriement.Des revenus du ménage plus élevés favorisent le transfert d’un montant d’argent plus élevé. Il faut noter que, cepen-dant, les personnes les mieux éduquées de l’échantillon tendent à conserver une plus large part de leur épargne dansle pays hôte, alors que les migrants les moins éduqués transfèrent dans leur pays d’origine une part plus importante deleur revenu.

Les relations avec la famille restée au pays jouent également un rôle substantiel. Au Danemark, les liens de la « secon-de génération » d’immigrants marocains avec leurs parents et leur famille du pays d’origine tendent à se distendre.

Généralement, les rapatriements de fonds ne sont pas faits de façon régulière mais dépendent des besoins spontanésdes parents du pays d’origine ou d’évènements particuliers tels que la maladie ou le mariage. Les rapatriements attei-gnent des sommets pendant les fêtes telles que l’Aïd ou les autres évènements religieux.

Les donations comme le ‘Za’ kat’ ou la donation de la prière du vendredi à la mosquée représentent d’autres formes derapatriements qui sont envoyés via les associations de migrants aux communautés locales du Maroc. Le ‘Za’ kat’ cor-respond approximativement à 2,5% de l’épargne des ménages qui n’a pas été touchée pendant un an. Le montant pré-cis est calculé par le chef de famille et est habituellement distribué parmi les personnes dans le besoin localement. Dansquelle mesure les interviewés pris individuellement surestiment les donations du ‘Za’ kat’ est débattu entre eux.

Les rapatriements en nature représentent une autre source de flux importants, bien que plus difficiles à quantifier.L’équipement électrique neuf ou de seconde main, les vêtements usagés et les voitures sont souvent apportés au Marocpendant des séjours de vacances.

Jusqu’à il y a quelques années, l’argent envoyé pouvait être déduit des taxes sur le revenu danois (à hauteur de 10,000 DKKpar an ou 1,400 Euros). Beaucoup des interviewés expliquent le déclin des rapatriements par l’arrêt de cette politique.

b- Les modalités

Au Danemark, les marocains emploient largement le système bancaire qu’ils jugent peu coûteux et facile d’accès. Lesautres moyens de transfert d’argent, tels que la Western Union, ne sont globalement pas connu des marocains et s’ilsle sont, ils ne sont employés qu’en cas d’urgence. En dehors des transferts des banques, les migrants apportent du liqui-de pendant les visites mais généralement seulement s’il s’agit de montants importants (plus de 60,000 DKK ou8000 Euros). Les marocains demandent rarement à des amis de transporter l’argent pour eux. Quand ils sont en visite

Page 72: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

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au Maroc pour des vacances, les retraits d’argent par carte Visa ou carte de crédit sont fréquemment utilisés et préfé-rés au transport de liquide.

Un changement dans l’utilisation des canaux officiels a eu lieu à la suite des contrôles plus étroits imposés par les auto-rités sur les flux financiers vers et en provenance des pays arabes dans la foulée de la « guerre contre la terreur » décla-rée par l’administration des Etats-Unis.

c- L’impact sur le pays d’origine

L’objectif principal de l’envoi d’argent au Maroc est le soutien du ménage et d’autres proches parents et/ou l’achat d’unemaison. Mais les rapatriements ont également des conséquences sur l’environnement macro-économique. L’achat debiens est la forme d’investissement la plus courante. Les interviewés donnent peu de preuves des investissements dansles secteurs productifs. Cependant, la nouvelle phase de la recherche au Maroc se focalisera sur cet aspect.

Les rapatriements sont également investis dans les plans de retraite et certaines formes particulières d’assurance en casde décès. Les investissements dans les plans de retraite semblent être plus intéressants au Maroc qu’au Danemark –lestaux d'intérêt sont plus élevés au Maroc 7-9% relativement au Danemark, 4-5%, et les retraites sont exonérées de taxes.L’assurance vie qui en cas de décès assure le rapatriement du corps au Maroc est contrôlée par la « Banque Populaire »marocaine qui a un représentant à l’ambassade du Maroc à Copenhague. Pour souscrire à cette assurance-vie, il faut êtretitulaire d’un compte en banque à la Banque Populaire et payer une commission de 100-200 DKK (approximativement12-24 euros) par an. La nécessité d’avoir ce type d’assurance était une des principales raisons qui expliquent pourquoi,même après plusieurs années passées au Danemark, les ressortissants conservent un compte dans une banque maro-caine. Cependant, cette pratique commune pourrait changer si le cimetière musulman devient une réalité au Danemark.

Le manque d’investissements dans les activités productives est souvent relié au manque d’information concernant les oppor-tunités d’investissement et au sentiment d’insécurité dû à la situation économique et politique au Maroc. Les personnes trou-vent difficile et peu intéressant d’investir au Maroc à cause des lenteurs du système bureaucratique et de la corruption lar-gement répandue. À condition que des structures économiques incitatrices et des mécanismes légaux chargés d’éviter lafraude et la corruption existent, les migrants marocains les plus riches au Danemark envisageraient d’investir au Maroc.

II- Le cas des travailleurs tunisiens vivant en Italie : premiers résultats

Cette étude est fondée sur des interviews d’immigrants tunisiens en Italie et se focalise sur leurs pratiques d’envois de fonds, surleurs choix concernant les moyens de rapatriement disponibles et sur l’emploi par les familles du pays d’origine des fonds reçus.

Suivant les données de balance des paiements diffusées par la banque centrale de Tunisie, le rôle des fonds des immigrés méri-te une attention particulière en regard des autres postes au crédit de la balance et des données macro-économiques du pays.

La banque centrale de Tunisie a choisi de ne pas suivre les standards de présentation de la balance des paiements duFMI concernant les transferts des tunisiens vivant à l’étranger. Ceci permet de donner en une ligne l’ensemble des fluxfinanciers provenant des tunisiens immigrés. Les flux enregistrés comprennent à la fois les devises et les flux en natu-re et englobent les biens et les instruments financiers transférés par les immigrants à l’étranger pour plus d’un an (cequi serait enregistré comme des transferts unilatéraux selon l’appellation du FMI) et par les tunisiens dont le séjour àl’étranger est inférieur à un an (qui seraient comptabilisés comme des revenus du travail).

De plus, la législation tunisienne concernant le marché des devises étrangères permet l’enregistrement de flux noncomptabilisés par les autres pays (i.e. l’Italie), tels que les transferts effectués par les services postaux ou par des opé-rateurs spécialisés (i.e. la Western Union ou Money Gram).

Suivant les données de la banque centrale de Tunisie, en 2001, les entrées de fonds étaient approximativement de1,334 millions TD, dont 76% en monnaie et 24% en nature, selon les officiers des douanes. Sur les cinq dernièresannées, les entrées de fonds des travailleurs ont augmenté de 11,54% par an, avec un pic à 22,3% en 2001 et un retourà une croissance de 14,1% si les données provisoires pour 2002 sont confirmées.

Cette progression était uniquement due aux envois de fonds en valeur qui ont cru durant toute la période à un tauxatteignant 25% pour la dernière année considérée. Sur les trois dernières années prises en compte, la part des rapa-triements en nature a baissé pour s’établir à 24% de la totalité des flux en 2001.

L’importance des rapatriements des travailleurs apparaît quand ils sont comparés aux autres postes de la balance despaiements. En 2001, les revenus du travail –qui sont la majorité des flux du poste « revenus du travail »- représen-taient 7,02% des recettes totales et 8,72% des recettes courantes. Leur montant est à peu près le double de celui desIDE et équivaut approximativement à 1/7ème du total des exportations.

Rapportés aux autres postes des Comptes Nationaux, le rôle des rapatriements de fonds pour l’économie tunisienne appa-raît significatif. Ils correspondent à 4,64% du PIB, à presque 20% de l’épargne brute et à 8,87% du stock de dette externe.

Ils couvrent à peu près 32% du déficit du compte courant tunisien et sont avec le tourisme une des principales sourcesd’approvisionnement en monnaie étrangère du pays. Les entrées de revenus du travail représentent quelques 250% del’aide officielle au développement totale mais dans ce cas la proportion est en diminution et équivaut approximative-ment à 65% du service de la dette totale.

Presque 91% des rapatriements vers la Tunisie viennent des pays de l’OCDE, les 9% restant proviennent presque tousdes autres pays arabes. La répartition par continent montre que l’Europe arrive en premier avec 90% des flux, les autrestransferts provenant d’Asie (6,33%), d’Afrique (2,74%) et d’Amérique (1,29%). Les rapatriements des autres paysd’Afrique viennent presque tous de Libye, ceux d’Asie de la région des pays du Golfe, alors que les Etats-Unis et leCanada sont les deux seuls pays concernés dans l’hémisphère ouest.

Presque 80% de la totalité des rapatriements sont transférés à partir de la France, de l’Allemagne et de l’Italie. Les sor-ties de France représentent à elles seules 51% du total des transferts.

Page 73: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

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aggraver la pauvreté des familles qui ne

bénéficient pas de tels transferts.

Jusqu’ici, la question des flux migratoires

entre les deux rives n’a guère marqué l’agen-

da européen : toute discussion concernant

l’admission de migrants légaux est toujours

taboue, la préoccupation principale restant la

protection contre les mouvements de popula-

tion non contrôlés.

Or, de nombreux observateurs des sociétés

du Sud de la Méditerranée estiment qu’en fait

la répression encourage les nouveaux arri-

vants à demeurer dans la clandestinité car ils

craignent les mesures qui seront prises à leur

encontre, aussi bien d’ailleurs par les autori-

tés européennes que par celles de leur pays

d’origine en cas de retour forcé. De plus, une

telle attitude de fermeture décourage l’échan-

ge de ce qu’il y a de meilleur des deux côtés

La balance des paiements italienne comptabilise les rapatriements selon les standards du FMI, et enregistre, en 2000,un montant de 737 millions d’Euros transféré par les tunisiens vivant en Italie depuis plus d’un an. Selon le systèmeemployé par la banque centrale de Tunisie, les transferts des travailleurs en provenance d’Italie enregistrés dans labalance des paiements tunisienne s’élèvent à 137,2 millions de TDN en 2000 contre 149,9 millions de TDN en 2001, cequi équivaut à 109 millions d’Euros soit 11,29% du total des transferts de l’étranger des travailleurs tunisiens.

Les données pour les trois dernières années montrent une croissance considérable pour ce qui est de l’Italie même sicelui-ci est inférieur au taux de croissance moyen. Il faut prendre en compte le fait que la substitution de la Lire contrel’Euro a impliqué une perte pour les tunisiens en termes de taux de change.

Les tunisiens vivants légalement en Italie sont 46.494 en 2001, ce qui correspond à 3,41% du total des étrangers et, àce titre, ils représentent la sixième communauté du pays. Pendant la dernière décennie, leur nombre a cru de 1,12%ce qui est le taux le plus bas enregistré par les 25 plus importantes communautés d’étrangers d’Italie dont le taux decroissance moyen est de 2,10%. Les tunisiens séjournent en Italie principalement pour des raisons professionnelles.Presque 57% de la totalité des permis de résidence ont été délivrés à des travailleurs ayant un emploi régulier, 2.955à des immigrants en recherche d’emploi (6,44%) et 2.386 à ceux ayant une activité indépendante en Italie. La part despermis délivrés aux tunisiens employés par une compagnie italienne est presque de 9 points de pourcentage plus éle-vée que la moyenne, alors que la part des permis pour la recherche d’emploi est presque deux fois la moyenne, ce quicorrespond à 6,81% de l’ensemble des permis délivrés pour cette raison.

Les premiers résultats d’une enquête auprès des travailleurs tunisiens vivants en Sicile et à Rome suggèrent d’être par-ticulièrement attentif aux migrants les moins bien intégrés dans la société italienne. Ils sont majoritaires dans certainescommunautés et le volume de leurs transferts n’est pas négligeable (plus de 80% de leur salaire), alors que, dans cer-tains cas, les rapatriements des tunisiens riches, bien intégrés et vivants en Italie avec leur famille depuis longtempsne sont que des cadeaux, rapportés aux parents à l’occasion d’un séjour en Tunisie.

Ceux qui ne sont pas intégrés et les migrants irréguliers maintiennent des liens plus étroits avec leur communauté d’ori-gine qui donnent lieu à des transferts plus fréquents d’épargne. Les envois de fonds représentent un apport essentielde revenus aux familles vivant en Tunisie, ce qui comprend souvent la femme et les enfants, particulièrement dans lecas de travailleurs saisonniers, illégaux ou sans contrat de travail régulier.

Comme l’on montré certains spécialistes, les rapatriements qui deviennent une ressource essentielle pour les travailleursqui prospectent pour un emploi stable et ne sont pas supposés couvrir à eux seuls les besoins de la famille en Tunisie,en cas de problème. La nécessité de ne pas perdre le droit d’être considéré comme un membre de la famille et de lacommunauté est une des raison d’envoyer de l’argent.

L’analyse des moyens les plus communément utilisés pour gérer l’épargne et transférer les fonds révèle un recours limi-té aux services offerts par les banques et autres opérateurs financiers. Même si plus de la moitié des interviewés décla-rent déposer leur argent dans une banque –utilisant en majorité des comptes épargne et seulement dans peu de cas uncompte courant- les transferts sont le plus souvent faits de personne à personne en prenant le liquide ou en le confiantà un tiers de confiance. Parmi les canaux officiels, les services postaux sont l’alternative la plus souvent choisie, avecles services aux particuliers proposés par la Western Union ou Money Gram. Ces derniers sont employés s’ils sont dis-ponibles sur le lieu de résidence et seulement en cas d’urgence du fait des commissions élevées imputées. Les servicesdes banques sont presque complètement ignorés en tant que moyen de transférer de l’argent.

Seulement peu sont informés des instruments offerts par le gouvernement tunisien visant à diriger les fonds vers le sys-tème financier officiel et à promouvoir l’investissement en Tunisie grâce aux citoyens vivant à l’étranger et personne nesemble en tirer avantage.

Bien que certaines banques soient de plus en plus intéressées par le marché des fonds des travailleurs, celui-ci sembleêtre encore sous-évalué par les systèmes financiers officiels des deux pays impliqués. Pour ce qui est des besoins desmigrants, un plus fort désir de pouvoir investir dans des biens en Italie a été évoqué même par ceux qui veulent ren-trer en Tunisie par la suite et y ont prévu un investissement similaire.

Une large part des interviewés a également prévu d’investir dans des activités ayant trait aux affaires, dans un ou dans lesdeux pays. Comme nous l’avons déjà signalé, peu sont informés des incitations proposées par la réglementation tunisienne,ainsi que par les marchés financiers, la majorité d’entre eux ayant très peu de relation avec le système bancaire et financier.

Recherche financée par le Femise et dirigée par le Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark. Référence FEM21-08Titre : a Favourable Macroeconomic Environment, Innovative Financial Instruments and International Partnership to Channel Worker's Remittancestowards the Promotion of Local DevelopmentDate prévue de fin des travaux : janvier 2004

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-64-

de la Méditerranée puisque les migrants les

plus qualifiés sont plus incités à vivre en

Amérique du Nord. Il ne reste alors que les

sans-emploi, sans-qualification pour s’instal-

ler en Europe, clandestinement, créant une

situation qui, au mieux, ne favorise pas la

compréhension mutuelle, au pire, approfondi

l’incompréhension (Di Magliano, 1999).

Les migrations peuvent être considérées

comme un défi mais aussi comme une oppor-

tunité. Si l’on envisage différemment le pro-

blème, le considérant non plus comme une

source de tensions politiques, mais comme

un phénomène porteur d’intérêts réci-

proques, de nouvelles possibilités de coopé-

ration politique et socio-économique s’ouvri-

ront qui permettront de réduire les flux

migratoires illégaux et non-contrôlés et

d’éviter les pertes en capital humain qui

réduisent finalement la capacité d’attraction

des investissements (Di Magliano, 1999).

d- La question de l’emploi des femmes

et de leurs revenus

En Asie de l’Est, la baisse de la fertilité pen-

dant la phase de transition démographique a

conduit à une augmentation du taux d’activi-

té féminin, laquelle a constitué une impor-

tante source de croissance. Cette même

hausse a été expérimentée par les pays

méditerranéens de l’Europe qui ont rejoint

l’Union pendant les années 1980 : le taux

d’activité des femmes entre 1981 et 2001 est

passé, en Grèce de 25% à 38%, au Portugal

de 47% à 54% et en Espagne de 27% à 40%

(source Eurostat, programme Medtstat, base

newcronos).

Mais, malgré la baisse de la fertilité, cette

croissance de la participation féminine n’a

pas eu lieu dans les PM (ERF, 2000). Mêmes

les femmes dont le taux d’éducation est

important, celles justement dont le taux de

fertilité a le plus baissé, n’ont pas rejoint le

marché du travail dans une proportion iden-

tique à celle de l’amélioration de leur niveau

de formation. Tandis que le taux féminin

d’analphabétisme se réduisait quasiment de

moitié entre 1980 et 2001, le taux de parti-

cipation moyen dans la main d’œuvre ne pro-

gressait que de 5,2 points.

Ce taux est naturellement très bas relative-

ment à d’autres régions en développement et

surtout vis-à-vis de la situation prévalant sur

les autres rives de la Méditerranée. Il faut

Tableau 25 : Indicateurs du niveau de formation des femmes et taux de participa-tion dans la main d’oeuvre

Taux féminins d’analphabétismeTaux d’achèvement des

études primaires1995-2001

Taux de participationdes femmes en % de la

main d’œuvre1980 1990 2001 Total Féminin 1980 2001

Algérie 76,1 59 42 91 88 21,4 28,3Egypte 75,2 66 55 99 92 26,5 30,7Jordanie 46,1 28 15 104 106 14,7 25,1Israël na 12 7 na na 33,7 41,5Liban 37,1 27 19 70 na 22,6 29,9Maroc 84,6 75 63 55 47 33,5 34,8Syrie 66,2 52 38 90 86 23,5 27,3Tunisie 68,8 53 38 91 90 28,9 31,9Turquie 45,9 34 23 92 89 35,5 37,8PM 62,5 45,1 33,3 na na 26,7 31,9

Source : World Bank Development indicators, 2003Note : le taux moyen d’activité figurant dans la première partie, 25%, n’est pas calculé par la simplemoyenne non pondérée, mais par le rapport du nombre de femmes déclarées actives dans les 11 PM etde la population féminine en âge de travailler des 11 PM (équivalent à la moyenne pondérée par lapopulation), ce qui explique la différence entre les deux valeurs.

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néanmoins noter qu’une grande proportion

des femmes travaille en fait dans le secteur

informel ou dans des activités basées aux

domiciles, principalement agricoles. Mesurer

le taux de participation réel comme la contri-

bution de la population féminine à l’activité

économique n’est pas aisé (en Méditerranée

comme ailleurs). La définition de la popula-

tion active ne prend en effet pas en compte

les tâches ménagères, la garde des enfants,

ni les travaux de ferme réalisés par les

femmes. La plupart de ces activités n’étant

par ailleurs pas « marchandes », elles n’ap-

paraissent pas dans les comptes nationaux.

De plus, et cela est plus spécifique à la

région, ces activités qui représentent l’équi-

valent du quart des emplois féminins, ne

donnent pas lieu à rémunération puisqu’ils

sont exécutés au sein du cercle familial.

La part croissante des emplois féminins dans

les secteurs publics est évidente dans de

nombreux PM. Pour les femmes, il s’agit de

postes recherchés malgré les bas salaires, en

raison de la sécurité de l’emploi et du systè-

me de couverture sociale qu’ils offrent. Ainsi,

en Egypte, 55% des emplois publics sont

occupés par des femmes (48% dans l’admi-

nistration, 7% dans les entreprises

publiques ; chiffres de 1992), croissant au

rythme annuel de 5% depuis 1986 (Wadie,

1998). En Jordanie, la proportion est iden-

Encadré 12 : Quelques caractéristiques des petites entreprises et des femmes entrepreneurs en Égypte.Université du Caire, Egypte.

L’enquête concernant les Petites et Moyennes Entreprises (PME) a été réalisée en Mars et Mai 2003. Le MSES2003concernait 4958 entreprises et autant de ménages. Le premier objectif poursuivi était d’obtenir un aperçu détaillé etexact/précis de la situation des PME en Egypte, de leur dynamique, de leurs problèmes et de leurs potentialités.

Les objectifs principaux de l’enquête étaient les suivants:

a) Mieux identifier les facteurs déterminants de la compétitivité des PMEb) Suggérer comment les niveaux de gouvernement, centraux et locaux, pourraient s’impliquer, via différentes poli-

tiques, pour aider ce secteur à atteindre un plus haut niveau de revenus et de compétitivitéc) Identifier les contraintes internes et externes qui pèsent sur les PME ainsi que les relations/connexions/liens poten-

tiel(le)s avec le secteur privé moderned) Déterminer dans quelles conditions les femmes participent à ces entreprises, en incluant dans l’enquête celles qui

exercent leur activité à domicile.

Les premiers résultats de l’enquête apportent des éléments nouveaux et intéressants, notamment en ce qui concerneles thématiques sexo-spécifiques et formelles.

Les principaux résultats obtenus sont les suivants:

√ Au niveau national, les femmes entrepreneurs représentent 11% du total des dirigeants/propriétaires de PME.√ 68% des PME réalisent leurs activités dans le domaine commercial, 18% dans l’offre de services et 14% dans l’in-

dustrie.√ La majorité des chefs d’entreprises ont 40 ans ou plus.√ La majorité des hommes entrepreneurs (78%) et des femmes entrepreneurs (49%) sont mariés. Cependant, 23%

femmes entrepreneurs sont veuves ou divorcées, ce qui est un pourcentage élevé relativement à celui de leurshomologues masculins puisque seuls 1,4% d’entre eux sont dans une situation familiale similaire.

√ La différence en terme de niveau d’éducation selon le sexe est flagrante: 19% des hommes chefs d’entreprise sontillettrés, alors que le pourcentage s’élève à 39% au sein du groupe des femmes chefs d’entreprise.

√ Les entreprises dirigées par des femmes sont tendanciellement plus petites que celles dirigées par des hommes, tantdu point de vue de la masse salariale que de la valeur du capital.

√ Les femmes entrepreneurs sont plus enclines à agir de manière informelle. Elles ont tendance à moins se plier auxrègles légales et administratives de procédure, notamment en ce qui concerne les règles formelles de comptabilitéet la souscription/contribution au dispositif national de sécurité sociale.

√ Un des résultats intéressants concerne la possibilité de souscrire un crédit via les voies formelles. Les données obte-nues ont révélé que seule une minorité des entrepreneurs avaient eu accès à ce type de financement. Dans tous lescas de figure, les femmes en ont davantage bénéficié (6,9%, contre 5,3% pour les hommes).

√ La capacité à sortir de la communauté des petits entrepreneurs est très faible, voir inexistante, pour des servicescomme le management de l’information, la formation, l’assistance technique, le marketing ou les services à l’export.

√ Les entrepreneurs, quel que soit leur sexe, sont confrontés aux mêmes problèmes, parmi lesquels, pour ne citer queles plus importants: un niveau élevé d’imposition, une mauvaise gestion de l’impôt, une rentabilité limitée et unedifficulté à obtenir le capital initial.

√ Le harcèlement sur le marché est l’une des difficultés majeures rencontrées par les femmes entrepreneurs. Ce sen-timent a été clairement exprimé au cours de l’enquête, tant par les femmes que les hommes chefs d’entreprises.

Recherche financée par le Femise et dirigée par l’Université du Caire, Egypte. Référence FEM21-31Titre : The Informal Sector, Micro and Small Enterprises in MENADate prévue de fin des travaux : avril 2004

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tique alors que la part des postes occupés

par des femmes dans le secteur privé n’est

que de 40%. En Syrie, la part des femmes

dans les emplois publics est passée de

18,7% en 1980 à 40% en 1995 sous l’impul-

sion de l’État qui encourage la participation

féminine (ESCWA, 2001b). En Turquie par

contre, la proportion n’atteint que 35% (ERF,

2000), et elle est encore plus basse en

Tunisie avec 28% (ESCWA, 2001c).

Sur le plan sectoriel, les statistiques du BIT

indiquent que 70% des femmes actives sont

employées dans les services, 20% dans

l’agriculture et seulement 10% dans l’indus-

trie, plus spécialement dans le textile et l’ha-

billement. La part croissante des femmes

dans les services, au détriment du secteur

agricole, indique un accroissement du niveau

de qualification et de formation des femmes

(ESCWA, 2002). Néanmoins, elles demeurent

sous représentées relativement aux hommes

dans les emplois d’administration et de

management et leur participation aux sec-

teurs de hautes technologies est très limitée.

Si les données sur l’emploi féminin dans le

secteur informel sont très parcellaires, les

études indiquent néanmoins qu’elles sont

plus actives, possèdent un certain niveau de

compétence ou de connaissance et quelques

capitaux. La principale contrainte les empê-

chant de se transformer en entrepreneur à

haut revenu provient du manque d’accès aux

ressources financières et à la propriété des

actifs physiques nécessaires aux opérations.

Malgré une certaine croissance dans les

salaires féminins (tableau 26), ces derniers

représentent une part de la masse salariale

inférieure à celle des hommes. En Turquie,

les salaires féminins ont plus que doublé et,

dans les Territoires sous Autorités

Palestiniennes, ils ont augmenté d’environ

50% entre 1996 et 1999. Cette croissance

des salaires pourrait provenir de la modifica-

tion dans le type d’emplois occupés, des

emplois dans le secteur agricole, sans quali-

fication et généralement peu payés étant

remplacés par des emplois dans les services,

plus qualifiés et plus rémunérateurs.

Il reste important de noter que, pour la plu-

part des indicateurs, l’existence d’un biais

systématique en défaveur des femmes

indique que c’est une combinaison de facteurs

économiques, sociaux et culturels qui pèsent

en premier lieu sur le développement de l’ac-

tivité féminine, avant même la faible dyna-

mique des marchés de l’emploi dans les PM.

Tableau 26 : Croissance nominale dessalaires féminins dans quelques PM

Féminins Masculins TotalChypre (1996-2000) 21,1 19,4 20,0Egypte (1996-1999) 39,8 45,1 44,4Jordanie (1996-1999) 3,3 0,7 1,3WB & Gaza (1996-2001) 42,9 58,6 57,0Turqu ie (1996-1997) 115,2 112,7 112,0

Source: Calculs de l’ERF à partir de ILO Yearbook,2002

Encadré 13 : Les implications du Partenariat sur lesecteur agricole en Égypte.

Center of Agricultural Economic Studies, Egypte.

L’accord de partenariat EU-Egypte (EUEPA) qui a déjà étésigné par les deux parties devrait entrer en vigueur en2004. Le EUEPA nécessite que soient progressivementlevées, sur 12 ans, les barrières tarifaires et non-tarifairesdes deux parties sur leurs importations de produits indus-triels et de produits des industries agro-alimentaires.Cependant, l’accord prévoit certaines concessions sur lesexportations égyptiennes de biens agricoles vers l’Unioneuropéenne (UE) relativement aux concessions préféren-tielles comprises dans l’accord de coopération, principale-ment sous la forme de quotas plus importants exonérésde taxes, de fenêtres saisonnières plus larges et d’ajoutde nouveaux produits bénéficiant d’un traitement préfé-rentiel.

Les contraintes imposées sur les exportations égyptiennesde biens agricoles vers l’UE sont conformes à celles pré-vues par la bien connue Politique Agricole Commune(PAC), qui se déclinent en termes de limites de produc-tion, de niveau élevé de protection externe et de prix desoutien hauts. De ce fait, la PAC pourrait être un obstacleà l’obtention pour l’Egypte d’un accès complet au marchépour ses produits agricoles.

Cette étude a pour objectif d’évaluer et d’analyser leseffets statiques et dynamiques de l’insertion du commer-ce agricole dans l’Accord de partenariat EU-Egypte dupoint de vue des échanges, de l’emploi et de la produc-tion. Une attention particulière sera portée à certains pro-duits, en particulier les céréales en tant que bien pouvantêtre importés et les fruits et légumes en tant que bienspouvant être exportés du côté de l’Egypte.

Le modèle proposé ‘équilibre général calculable (EGC)souligne le rôle de l’agriculture dans l’économie égyptien-ne et plus particulièrement, il met en lumière les liensentre l’agriculture et les autres secteurs, y compris lessecteurs agro-alimentaires, qui a besoin d’intrants agri-coles et produit des outputs alimentaires agricoles ou pas.

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a- L’importance de l’agriculture pour l’économie égyptienne.

L’économie égyptienne est traditionnellement très largement dépendante du secteur agricole en tant que source decroissance et soutien du secteur non-agricole. Pendant les années 1980 et 1990, cette domination a baissé mais l’agri-culture compte toujours pour une part significative dans la croissance, les exportations et l’emploi. La part de l’agricul-ture dans le PIB est passée de 29,3% en 1970 à 18,2% en 1980 et 16,6% en 2000. La part de l’emploi agricole a dimi-nué de 35,8% en 1985 à 33,2% en 1990 et 28,1% en 2000. Le déclin relatif du rôle de l’agriculture reflète en partie laforte croissance des autres secteurs en particulier ceux des produits pétroliers, des services et de la construction. Deplus, avant le début de la réforme de la politique sectorielle dans les années 1980, ce secteur devait supporter plusieursdistorsions qui avaient un effet négatif sur son développement. Il a aussi reçu une part décroissante d’investissementspublics sur les 25 dernières années qui à leur tour n’étaient pas toujours alloués de manière optimale entre les diffé-rents sous-secteurs.

b- Principales caractéristiques de l’agriculture égyptienne

Si l’on considère les chiffres par personne, la zone des terres cultivées en Egypte avec ses 0,05 ha par tête compte parmiles plus petites du monde. La taille des fermes est restreinte et les estimations montrent que 70% des exploitations pos-sèdent moins de 0,42 ha. L’agriculture est presque entièrement dépendante de l’irrigation provenant du Nil. La bandede terre agricole de l’Egypte représente 3,3 millions d’hectares répartis en 3,0 millions d’hectares entre le bassin du Nilet le delta et quelques 80000 ha d’oasis et de terres arrosées par les pluies (rain-fed land). Sur le total des terres quis’étendent entre le basin du Nil et le delta, 2,5 millions d’ha sont des « vieilles terres » et les 0,72 millions d’ha restantsont des nouvelles terres irriguées. Sur les vieilles terres, un système de rotation des cultures élaboré est suivi. Les prin-cipales cultures d’hiver sont le blé, le berseem (trèfle d'Alexandrie) et les fèves. Parmi les cultures d’été, le maïs, le rizet le coton dominent. Les cultures maraîchères telles que les tomates, les pommes de terre, les concombres, les melonsetc. sont cultivés pendant les trois saisons.

c- Solde global des échanges agricoles

Entre 1985 et 1989, le total des échanges agricoles était en moyenne de 3,81 billions de dollars US par an, ce qui repré-sentait à peu près un tiers (34,1%) des échanges de l’Egypte, mais il a baissé en termes absolus et relatifs pour se fixeren moyenne à 3,06 billions sur la période 1990-1994 soit 25,7% des échanges du pays. Entre 1995 et 2001, bien quele total des échanges agricole a augmenté pour s’élever à 4,38 billions, sa part a diminué encore pour se fixer à 22,4%du commerce total.

Les exportations agricoles ont décru de 610 millions de dollars US en moyenne entre 1985 et 1989 à 457 millions pour1993-1994 et ont connu une légère hausse en 1995-2001 à 528 millions en moyenne. La part des exportations agri-coles a reculé de 22,7% dans la première période à 13,4% dans la seconde et 10,8% dans la troisième.Les importations agricoles se sont réduites entre les deux premières périodes de 3,20 billions de dollars US à 2,64 bil-lions mais ont cru à 3,85 billions en moyenne dans la troisième avec une part de 37,8%, de 30,1% et de 26,3% desimportations totales pour les trois périodes respectivement. L’indice des termes de l’échange, qui est le rapport de lavaleur unitaire des exportations sur celle des importations, révèle une tendance à la baisse sur la période 1995-2000par rapport à 1990-1995.

L’Egypte enregistrer toujours un large déficit agricole qui s’est creusé de 2,4 billions de dollars US en 1985-1994 à plusde 3,32 billions pour 1995-2001.

d- Tendances des exportations agricoles

L’Egypte a traditionnellement des exportations concentrées mais qui se diversifient au fur et à mesure. Dans la période1985-1989, les exportations agricoles étaient dominées par le coton qui constituait approximativement 60% de la tota-lité des exportations. Les exportations d’oranges s’élevaient à plus de 10,5% du total. Dans la période 1990-1994, lapart du coton n’a atteint que 27% du total contre 25,7% pour les exportations de riz, de pommes de terre et d’oranges.Entre 1995 et 2001,les exportations de coton se sont stabilisées à 30,0% alors que la part du riz, des pommes de terreet des oranges, productions confondues, a atteint 37,1%. Un recul peut être aussi observé pour ce qui est de la contri-bution des "autres" exportations qui passe de 43,9% à 30,2%.

Le profil d'exportation de l'Egypte est concentré non seulement en termes de biens mais aussi en termes de marchés.L'UE est le marché le plus large pour les exportations égyptiennes avec un poids de 44% du total dans la période post-accord, alors que les Etats-Unis viennent en second avec 13%. Les exportations vers les pays arabes représentent 10%du total des exportations égyptiennes. L'UE était la plus importante destination pour les exportations de coton et depommes de terre égyptiens avec des parts de 24,5% et de 80,4% respectivement, dans la période 1993-1994 et de36,2% et 81,4% respectivement entre 1995 et 2001. Il semble aussi que l'UE ait ouvert plus largement ses marchésaux exportations de coton et de pommes de terre égyptiens sur la période à la fois en termes absolus et relatifs ; lesvolumes sont plus importants et les parts plus fortes. Cependant, l'UE occupe une place mineure en tant que débouchépour le riz, les oranges et les oignons. Les pays arabes, en général, et du Golfe, en particulier, sont des marchés cru-ciaux pour les exportations de riz et d'oranges et dans une moindre mesure de pommes de terre et d'oignons.

Les exportateurs égyptiens sont toujours confrontés à des contraintes sérieuses sur les possibilités d'expansion de leursventes à l'étranger. Sur le plan domestique, celles-ci comprennent la faible qualité des intrants domestiques, les rem-boursements des droits d'importation encombrants, les régimes d'admission temporaire, une paperasse excessive, desfrais et des délais en douane et différentes inspections au cours de la réception et de l'expédition, des travailleurs malpréparés au type d'emplois offerts, des incitations insuffisantes à exporter et un manque d'accès à l'information sur lesmarchés étrangers et les produits standards.

e- Tendances des importations agricoles

Les importations agricoles égyptiennes ont cru significativement entre les périodes pre et post UR, passant de 2,6 bil-lions de dollars US en moyenne pour 1990-1994 à 3,5 billions de dollars US en moyenne pour 1995-2000 avec un tauxde croissance annuel de 5,9%. Le blé, le maïs, l'huile comestible, le sucre, le lait en poudre et la viande rouge sont lesprincipaux biens importés. Evaluées à 767 millions de dollars US, les importations de blé comptaient pour 29% du total

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des importations agricoles sur 1990-1994 mais ont régressé à 22,9% pour une valeur de 803 millions de dollars US enmoyenne sur 1995-2000. Pour ce qui est du maïs et de l'huile comestible, leurs importations ont cru en termes absoluset relatifs ; la valeur des importations de maïs sont passées de 227 millions de dollars US et 8,4% dans la premièrepériode, à 462 millions de dollars US et 12% pour la seconde. La part des importations d'huile comestible a augmentéde 8% à 9,9%.

L'Egypte dépend de différentes sources d'approvisionnement en importations de biens agricoles et alimentaires.Cependant, il y a eu une concentration en termes d'origine de chaque produit alimentaire. La provenance des importa-tions de céréales égyptiennes, en particulier, est presque exclusivement américaine qui couvre 65% de la demandeégyptienne de blé et 77% de celle de maïs (maïs jaune pour la nourriture des volailles) sur la période pre-UR (1993-1994) et 67,7 % du blé et 81,7% du maïs sur la période post-UR (1995-2001).

Recherche financée par le Femise et dirigée par le Center of Agricultural Economic Studies, Egypte. Référence FEM21-04Titre : Implications of EU - Egypt Partnership Agreement with Special Emphasis on Egyptian AgricultureDate prévue de fin des travaux : juin 2004

Encadré 14 : Intégration régionale et utilisation d’une ressource au Moyen-Orient : l’eau et le le besoin de la paix

Department of Economics, Hamburg University, Allemagne.

La pénurie d’eau a été une source récurrente de tensions entre Israël et les Etat riverains du Jourdain, tous partagentcette ressource en tant que tributaires et qu’utilisateurs ou les deux. Pourtant,les gains potentiels d’une gestion com-mune de l’eau sont substantiels et pourraient agir comme un catalyseur en faveur de la coopération pour la paix. Leprojet de recherche essaie de quantifier ces gains et de définir les stratégies pour les obtenir.

Quel plan pour l’eau?La gestion conjointe de la pénurie de ressources en eau dans le Jourdain est cruciale pour le déve-loppement futur de l’agriculture comme des implantations urbaines de la région. Notre étude ana-lyse la disponibilité, la distribution et l’utilisation de l’eau ainsi que l’impact de politiques alterna-tives de gestion de l’eau par les détenteurs de cette ressource : le Liban, la Syrie, la Jordanie,Israël et les territoires sous Autorité Palestinienne.

Partager une ressource communeLes détenteurs de cet investissement utilisent l’eau de sources proches, i.e. les rivières Yarmouck et Zarqa. De plus, Israëlet l’Autorité Palestinienne utilisent les mêmes aqueducs (aquifers) pour les nappes phréatiques. Alors que les pays enamont comme la Syrie et le Liban sont des contributeurs plus que des utilisateurs, la Jordanie, Israël et l’AutoritéPalestinienne puisent largement dans le Jourdain. Selon les standards de la Banque Mondiale, ils sont classés comme zonede stress en eau. En 2000, la disponibilité dans les territoires sous Autorité Palestinienne est même descendue en deçàdu niveau critique, alors que la Jordanie devrait atteindre ce niveau en 2020 étant donné son taux élevé de croissancede la population. De ce fait, une gestion efficace des ressources en eau est une priorité urgente. Jusqu’ici, les prix actuelsde l’eau sont symboliques dans le meilleur des cas et il n’y a pas de paiement explicite des importateurs nets vers lesexportateurs nets d’eau. En fait, une simple redistribution de l’utilisation de l’eau n’est pas suffisante puisque tous les par-tis sauf le Liban et la Syrie sont essentiellement confrontés à de sérieux manques. Donc, toute stratégie régionale viabledoit accroître l’offre actuelle d’eau et prévoir un plan cadre pour l’eau comprenant des importations de l’étranger, un recy-

clage plus intense et peut-être de nouveaux modes dedésalinisation.

Le prix de l’eauLa gestion des ressources rares nécessite des incitationsadéquates, i.e. les utilisateurs doivent payer le prix justeaux offreurs pour garantir une allocation efficace de l’eau.De ce fait, le projet devra, en plus de dresser une cartedes flux actuels et de l’utilisation économique qui est faitede l’eau, évaluer sur une grille fine de localisation dans lebassin du Jourdain la contribution économique implicite del’eau dans chaque économie, en calculant les valeurs mar-ginales des flux et des stocks d’eau spécifiques au site,

pour enfin les présenter sous la forme d’une carte de valeur de l’eau. En plus de donner une indication de la rareté rela-tive de l’eau et un point de référence pour l’évaluation coûts/bénéfices des projets de développement de l’eau, cettecarte de valeur servira dans les calculs qui déterminent la rétribution que doit l’utilisateur aux territoires qui délivrentl’eau, en permettant de quantifier les transferts implicites qui existent actuellement entre les pays. La carte pourra éga-lement être utilisée pour évaluer le coût et les implications économiques de l’épuisement des ressources des nappesphréatiques en différents lieux. Ensuite, différents modes de facturation aux utilisateurs serontcomparés, y compris ceux qui tiennent compte des dommages dus à la désalinisation. Enfin,l’étude analysera quelques conséquences des accords visant à accroître l’offre d’eau en prove-nance de sources externes.

Le principal instrument dans la réalisation de ce projet est un modèle d’équilibre spa-tial explicite (multi-biens) avec une attention spéciale accordée à l’agriculture et pour bien prin-cipal, l’eau, qui sera calibrée grâce à la création d’une base donnée extensive comprenant desinformations gracieusement fournies par des instituts de recherches (Hebrew University ofJerusalem; Applied Research Institute Jerusalem, Palestinian Authority), des consultants(EnviroConsult, Jordan; Seibersdorf, Austria) et des organisations nationales et internationales(instituts nationaux de statistiques, FAO et ICARDA).

Recherche financée par le Femise et dirigée par le Department of Economics, Hamburg University, Allemagne. Référence FEM21-02Titre : Regional Integration and Resource Use in the Middle East : Water and the Need for PeaceDate prévue de fin des travaux : mai 2004

Water use in the Jordan Valley (source: Middle East Data BanksProject, 1998)

Le Jourdain en aval dulac de Tiberiade (c)

Affluents et eaux sou-terraines (source :Seibersdorf, 2001).

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MONOGRAPHIES SUR LA SITUATION MACRO-ÉCONOMIQUE DES PM

Algérie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.71Egypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.79Israël . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.89Jordanie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.96Liban . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.105Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.110Syrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.119Tunisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.125Turquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.134

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-71-

(iv) la croissance de la productivité globa-

le des facteurs en Algérie reste néga-

tive (autour de -2% par an selon les

hypothèses faites sur l'impact du capi-

tal humain et physique, Lazare,

Callier, Khanjar, Koranchelian, 2002)

ce qui n’indique aucune amélioration

significative du régime de croissance

qui reste extrêmement dépendant de

l’accumulation.

Or, ces modifications de la structure produc-

tive et du régime de croissance sont d’autant

plus nécessaires, que, malgré des niveaux de

croissance 2002 et peut être 2003 records

dans la période récente (la croissance n’a été

supérieure à 4% qu’à quatre reprises sur les

deux dernières décennies), cela n’a pas été

suffisant pour réduire significativement le

taux de chômage, toujours très élevé (27,3%

en 2001) et frappant davantage les moins de

25 ans (le taux de chômage de cette classe

d’âge s’élève à 48,6%). De fait, les niveaux

de croissance nécessaires pour entraîner une

amélioration significative de la situation sont

estimés à 6-7% par an et semblent difficiles

à atteindre à court terme (dans la période la

plus faste que le pays ait connu, 1966-1980,

la croissance du PIB n'a jamais dépassé

6,4% par an). La structure productive actuel-

le rend de plus la croissance volatile et sou-

mise aux chocs externes. Le PIB par habitant

évolue de manière chaotique, ce qui ne per-

met pas d’amélioration dans la lutte contre la

Algérie

En 2001, la croissance du PIB a été de 2,1%

en termes réels. Elle s’est améliorée en 2002

où elle a atteint 4,1% et le gouvernement

espère maintenir ce niveau pour 2003. Mais,

le taux de croissance de l'Algérie est entière-

ment déterminé par la fluctuation des prix du

pétrole et les évolutions récentes ne mon-

trent pas d’amélioration de ce point de vue :

(i) 98% des recettes d'exportation proviennent

toujours du secteur des hydrocarbures ;

(ii) la part du secteur des hydrocarbures

dans la valeur ajoutée a encore augmen-

té entre 1998 et 2002 au détriment de

tous les autres secteurs, pour atteindre

35% contre 21,8% pour celui des ser-

vices, 8,7% pour le BTP, 8,6% pour

l’agriculture et 7% pour l’industrie ;

(iii) si la croissance 2002 dans les secteurs

autres que l’agriculture et les hydro-

carbures a été plus forte que le taux

moyen, elle provient essentiellement

des bons résultats du bâtiment (8,2%).

Certes, les services ont connu égale-

ment une croissance élevée, mais le

fait qu’elle soit inférieure à celle du BTP

(5,3%) et que l’industrie affiche de

faibles performances relatives (2,9%)

tend à indiquer que les effets de l’ou-

verture progressive de l’économie ne

se manifesteront pas avant des

restructurations profondes ;

PIB et prix des hydrocarbures (PIB, échelle de gauche, Prix du Brent, échelle de droite)

-2,2

5,1

2,4

-3,6

6,3

1,61

4,7

2,7

17

28,39

12,71

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

croissance en %

0

5

10

15

20

25

30

prix du baril en $

Pib nominal Pib hors hydrocarburesPib hors hydrocarbures et hors agriculture prix du Brent

Source : Ministère des Finances.

Valeur ajoutée dans le PIB

26,6

11,2

35,0

7,08,7

21,8

27,5

12,412,9

8,6

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Agriculture Hydrocarbures Industrie BTP Services

% 1998 2002

Source : Ministère des Finances.

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pauvreté ou contre l’illettrisme, dont le taux

demeure élevé (33% en moyenne, 42,9%

pour les femmes mais un écart avec les

hommes —24%— qui tend à se réduire).

L’administration augmente même ses effectifs

plus vite que le secteur économique, devenant

le principal employeur : la part des actifs dans

les administrations atteint en 2001 48,5%

contre 46,4% en 1997, tandis que, sur la

même période, la part du secteur économique

baisse de 49% à 47,1%. Dans le même temps,

les statistiques de l’agence nationale pour

l’emploi indiquent que la précarisation s’est

fortement accrue : la part des contrats « pré-

caires » dans les placements réalisés est pas-

sée de 45,4% à 86,5% entre 1997 et 2001.

Le gouvernement a bien lancé depuis deux

ans un vaste programme de soutien à la

relance économique (PSRE) qui, malgré sa

cherté (le déficit budgétaire est estimé à 9%

du PIB en 2003), a des effets positifs, mais

lents à se manifester sur la structure produc-

tive. L’indice de production industrielle hors

hydrocarbures reste étroitement couplé à

l’indice général de production industrielle. Or,

le secteur pétrolier n’est ni un important

pourvoyeur d’emplois, ni un vecteur de diffu-

sion de nouvelles technologies puissant. La

diversification structurelle est longue à

mettre en place et les réformes nécessaires

sont profondes, ce qui laisse à penser que

l’économie algérienne restera encore long-

temps soumise aux aléas de la conjoncture

internationale et des prix des matières pre-

mières. Toutefois, une gestion intertemporel-

le avisée de ses richesses naturelles doit per-

mettre à l’Algérie de restructurer son écono-

mie plus rapidement.

Un équilibre macro-économique contrôlé

(i) Envisagée du point de vue des échanges

de biens, la position extérieure de l’Algérie

reste dominée par la faiblesse inhérente à sa

spécialisation dans les hydrocarbures. Certes

le taux d’ouverture a progressé tout au long

de la décennie passée (de 35 à 54%) et le

solde de la balance commerciale atteint des

sommets en 2001 (+ 8,5 milliards de dollars,

dont l’essentiel, +6,5 milliards, est obtenu

dans les relations avec l’Union). Mais, 98%

des échanges proviennent des hydrocarbures

en 2001, une extrême concentration qui a

elle aussi augmenté durant les années 1990

(en 1990, la part des hydrocarbures s’élevait

en effet à 89%). Cette situation prévaut avec

l’ensemble des partenaires commerciaux :

les produits pétroliers représentent 98 % des

exportations avec l’Union Européenne, 95%

des exportations avec les autres PM et 98%

avec le reste du Monde.

De fait, l’Algérie n’a plus aucune prise sur ses

propres comptes extérieurs, qui ne dépen-

dent que des cours du pétrole et du taux de

change du dollar. Comme le prix du baril était

bas fin 2001 et début 2002 et l’évolution du

dollar défavorable, l’excédent du solde com-

mercial en 2002 s’est réduit de 23% et celui

de la balance des paiements de 61,6%. Les

importations ont en effet progressé de

18,5% tandis que les exportations sont

demeurées quasiment stables (1,8%).

La situation a quelque peu évolué du fait de

la nouvelle orientation de la politique écono-

Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-

2001, couleur foncée : 2001-2002)

2,8%

-11,7% -11,3%

-7,0%

-11,7%

-8,0%

7,6%

0,9% 1,2% 1,2%2,5%

7,3%

1,9%

7,7%

-9,8%

2,1% 2,7%2,4%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

Produit

Inté

rieu

r Bru

t

Conso

mm

atio

nPr

ivée

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

Inve

stis

sem

ent

fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

etse

rvic

es

Import

atio

ns

de

bie

ns

etse

rvic

es

Sources : Eurostat, Programme Medstat, Ministèredes Finances.

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-73-

mique. La part des produits demi-finis dans

les importations s’accroît rapidement, dyna-

misée par le nouveau tarif douanier entré en

vigueur en 2002. Celui-ci prévoit un degré de

taxation différencié selon le degré d’ouvrai-

son et une réduction globale du tarif pour les

biens destinés au secteur industriel permet-

tant d’importer des technologies relative-

ment plus performantes et d’accroître la pro-

ductivité. Mais, sur l’ensemble de la décen-

nie, on ne peut que constater une extrême

volatilité des termes de l’échange et du pou-

voir d’achat des exportations : ces deux indi-

cateurs s’établissaient respectivement à 68

et 86 en 1998, à 134 et 202 en 2001 (base

100 en 1990). De fait, la capacité d’importa-

tion devient aléatoire, alors même qu’elle

représente le facteur essentiel pouvant amé-

liorer la productivité de l’économie, compte

tenu du temps nécessaire à la restructuration

du secteur productif.

(ii) En matière de change, en 2002, le dinar

s’est apprécié de 3,2% par rapport au dollar

et s’est déprécié de 8,2% par rapport à l’eu-

ro. En termes de stratégie de change,

l’Algérie limite les fluctuations de sa monnaie

vis-à-vis du dollar. Cette politique est ration-

nelle étant donné la composition de ses

exportations presque uniquement compo-

sées de produits pétroliers. Cependant, ses

répercussions sur la compétitivité des pro-

duits algériens risquent de constituer une

limitation forte aux bénéfices issus d’une

insertion accrue dans le commerce interna-

tional et, en particulier, ceux liés à l’accord de

libre-échange avec l’UE. Si les exportations

doivent se diversifier en augmentant la part

des produits non-pétroliers, une révision de

cette politique s’impose, d’autant que le

contrôle d’un taux de change effectif est de

nature même à faciliter cette diversification.

Toutefois, compte tenu de la situation actuel-

le, il n’y a pas d’urgence pour la réforme de

la politique de change, d’autant que le taux

de change effectif réel du dirham n’a pas

cessé de se déprécier depuis une décennie au

moins (Cf. Femise, 2002).

(iii) La demande de monnaie en Algérie est

remarquablement stable malgré la volatilité

des revenus pétroliers. Cela confère au gou-

vernement un instrument de pilotage de

l'économie efficace et permet aux autorités

d’éponger en grande partie la liquidité excé-

dentaire dans les années où les prix du

pétrole sont élevés. L’inflation est donc glo-

balement bien maîtrisée, malgré les fluctua-

tions parfois très amples de la masse moné-

taire. Ces fluctuations sont dues à l’impact

des avoirs extérieurs qui ont progressé de

357% en 2000, de 70% en 2001 et de 34%

en 2002 et 43% au premier trimestre 2003

(essentiellement transformés en dépôts à

terme). Ainsi, le taux d’inflation s’établit à

1,4% en 2002 (contre 4,2% en 2001 et

18,7% en 1996). De ce point de vue, il fau-

dra toutefois suivre les effets de la relance

par le crédit qu’a impulsée le gouvernement

en 2002. La baisse des taux d'intérêt de 8-

10% en 2001 à 6,5-9% en 2002 a encoura-

gé les crédits au secteur privé. Ceux-ci, dont

la progression était jusque-là atone (+15,8%

en 2001), décollent enfin : +63% en 2002 et

+65,5% au premier trimestre 2003. Le

manque d’élasticité de l’offre pourrait en

effet conduire à une pression inflationniste

comme ce fut déjà le cas par le passé.

D’autant que s’ajoute au problème de la

Politique monétaire et inflation

14,6

-10,2

14,6

20,8

13,5

-1,8

11,7

2,6

24,9

-14

-1,4

4,3

40

-0,3

12

1,4

-20

-10

0

10

20

30

40

50

M2 Avances au secteur public Crédit à l'économiedomestique

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Banque d’Algérie, Fond MonétaireInternational, IFS avril 2003.

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-74-

réponse de l’offre celui de la gestion de

l’équilibre des comptes externes : compte

tenu de l’instabilité des recettes d’exporta-

tion, le maintien de l’équilibre pourrait néces-

siter de freiner les importations.

(iv) la politique de relance adoptée par les

autorités en 2001 s’exprime par une consom-

mation publique et un investissement très

vigoureux qui sont les principaux moteurs de

la croissance en 2001 et 2002. Elle n’est pas

basée sur le seigneuriage, les autorités pré-

fèrent emprunter et, depuis deux ans, sur les

marchés internationaux de préférence. Mais,

elles se désendettent dès que la situation

macro-économique le leur permet afin d’évi-

ter que ne se reproduise la situation expéri-

mentée en 1998-1999 où la baisse des prix

du pétrole et des recettes fiscales liées à

cette industrie les avait beaucoup fragilisées.

Elles limitent ce faisant l’effet d’éviction pré-

judiciable au développement du secteur

privé, autre explication à l’accroissement de

la part du secteur privé dans le crédit domes-

tique remarquée plus haut (de 29,4% en

2000 à 44,5% en 2002. Par contre, la stabi-

lisation de la valeur de la monnaie domes-

tique vis-à-vis du dollar induit un renchéris-

sement de la dette en euro qui atteint, en

2002, 28% de la dette totale.

La situation à moyen terme va maintenant

dépendre de la façon dont l’économie va

réagir face au plan de relance et de réforme

adopté par le gouvernement. Elle sera notam-

ment liée au mode de financement de ce plan.

Et de ce point de vue, la question qui se pose

est celle du risque de voir le gouvernement

tomber dans un cercle vicieux d’endettement

en cas de baisse des prix du pétrole comme ce

fut le cas en 1998–1999. La situation serait

sans doute même plus grave puisque que les

recettes douanières vont diminuer.

Une situation budgétaire à risques

Pour un pays disposant d’une richesse natu-

relle et qui a fondé son développement éco-

nomique sur son exploitation, la difficulté

majeure à laquelle il est exposé est celle de

la gestion intertemporelle des revenus

engendrés par cette richesse. Celle-ci étant

amenée à s’épuiser, les autorités doivent pro-

gressivement trouver des sources de revenus

Recettes

0

20

40

60

80

100

120

revenus destaxes

impots directs Droits dedouane

Impôtsindirects

dont TVA Fiscalitépétrolière

%

1995-1997 1998-2000 2001 2002

Source : Ministère des Finances.

Dépenses

40,3

15,7

24,1

14,1

4,5

37,1

17,3

23,7

14,6

3,9

33,6

15,3

27,1

14,5

4,7

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

Dépenses depersonnel

Intérêts de la dettepublique

Investissementdans les dépenses

totales

Dépensesd'éducation en %

des dépensestotales

Dépenses de santéen % des dépenses

totales

% 1995-1997 1998-2000 2001

Solde budgétaire

2,39

1,31

0,02

2,39

4,24

0,62

0

1

1

2

2

3

3

4

4

5

1997 2001 2002

%

Solde budgétaire en % PIB hors fond de régulation des recettes

Solde budgétaire en % PIB y compris fond de régulation des recettes

Endettement

1

35

13

101

22

1

20

54

64

40

1

20

80

57

41

0

102

48

40

0

20

40

60

80

100

120

Dette à courtterme/Dette totale

Service de ladette/Exportationsde biens et services

Réserves/Dettetotale

Dette totale/PIB Detteintérieure/dette

totale

% 1995 2000 2001 2002

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-75-

différentes. L’Algérie a donc adopté des plans

de relance successifs dont les effets n’ont pas

toujours été ceux attendus, notamment du

fait de l’extrême volatilité des recettes fis-

cales dont elle dispose.

En 2002, la fiscalité pétrolière représente

58% des recettes totales et 81% des recettes

de la fiscalité indirecte, contre 18,8% pour la

TVA. Les droits de douanes ne représentent

plus que 9% des recettes totales et les

impôts directs 7,2%. Jusqu’ici, la réduction

des droits de douanes qu’implique le choix

d’une politique d’ouverture a été gérée grâce

à un savant mélange de modification des

taux (3 taux selon le degré d’ouvraison du

bien importé, 5% pour les matières pre-

mières, 15% pour les demi-produits, 30%

pour les biens de consommation finale), de

changement de l’assiette et d’encourage-

ment à importer certaines catégories de

biens (nouvelle liste de produits bénéficiant

de droits allégés).

En 2002, c’est la croissance des recouvre-

ments de la fiscalité ordinaire (+20,2%) qui

a permis l’équilibrage du budget. Mais, l’ex-

position de celui-ci aux variations du prix du

pétrole reste forte et rend difficile une action

contra-cyclique à long terme.

Le risque est de retrouver une situation com-

parable à celle de 1997-1998. La baisse de la

fiscalité pétrolière due à une conjoncture

défavorable avait poussé le pays dans une

fuite en avant, finançant l’investissement par

l’endettement qui, déjà important, avait

réduit les marges de manœuvre et entraîné

le recours à de nouveaux emprunts.

Actuellement, le chômage élevé et la faibles-

se du secteur privé obligent le gouvernement

à maintenir l’investissement public à un

niveau est élevé (27,7% en 2002 des

dépenses). Mais, en même temps, les autres

dépenses sont toujours très rigides. Les inté-

rêts de la dette publique, bien que réduits,

absorbent toujours une part importante du

budget (15,3% des dépenses totales en

2001). De même, les dépenses de personnel

ponctionnent largement le budget (33,6%).

L’effort de relance du gouvernement est tel

que l’excédent budgétaire se réduit forte-

ment passant de 1,31% du PIB en 2001 à

0,02% en 2002, hors fond de régulation des

recettes (de 4,24% à 0,62% si on l’inclut).

Depuis, la soutenabilité de la dette s’est

améliorée. Le montant du service de la dette

rapporté aux exportations de biens et ser-

vices est passé de 47,5% en 1998 à 21,7%

en 2001 et le ratio des réserves sur la dette

totale de 27,5% en 1998 à 83% en 2001.

Enfin, la dette à court terme ne représente

que 1,15% du stock de dette totale.

Un rating qui handicape l’attractivité de

l’Algérie

Reprenant la méthode de classement utilisée

dans le rapport Femise 2003 sur la transition,

il est possible de situer la position de l’Algérie

relativement à d’autres régions en dévelop-

pement et à l’Union, soit sur la base de la

perception qu’elle offre aux investisseurs

étrangers (critères subjectifs généralement

retenus par les agences de rating), soit sur la

base objective de ses performances écono-

miques.

Tant du point de vue des indicateurs objectifs

que subjectifs, la position de l’Algérie est

médiocre, même vis-à-vis de la position

moyenne des PM.

Sur le plan subjectif, cette mauvaise position

est essentiellement due :

(i) aux restrictions pesant sur l’utilisation

de devises étrangères par les résidents

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et sur les possibilités de recours aux

marchés financiers. La bourse ouverte

en juillet 1999 marque un progrès, mais

son manque de profondeur traduit la

méfiance persistante envers les instru-

ments financiers.

(ii) à la perception de la garantie des droits

de propriétés, notamment en raison de

la faible indépendance du système judi-

ciaire par rapport à l’exécutif. De même,

sur le plan des droits de propriété intel-

lectuelle, c’est plus la mise en applica-

tion des textes de lois édictés qui est

mise en cause, que la qualité même de

ces lois.

(iii) à la perception générale du niveau de

démocratie et du niveau de corruption.

Une seconde caractéristique particulière de

l’Algérie est que la position subjective est

finalement assez proche de la position objec-

tive (même classe), relativement à l’écart qui

prévaut généralement dans les PM. Cette

position objective est également en retrait

par rapport aux autres PM en raison de

quatre faiblesses :

(i) un très faible niveau d’investissements

étrangers. Néanmoins, on constate une

bonne progression dans les deux der-

nières années qui reflète une franche

amélioration du cadre légal des IDE au

cours de la décennie, notamment grâce

à l’octroi du traitement national en

général (1993) et à son extension sec-

torielle récente dans des secteurs stra-

tégiques au plan national comme les

hydrocarbures (1999) ou le transport

aérien (2000). Ainsi, la position relative

de l’Algérie en termes de cadres d’in-

vestissement est jugée maintenant à

l’égale des meilleures économies mon-

diales.

(ii) Une faible ouverture aux échanges rela-

tivement à la population du pays et son

extrême spécialisation dans les hydro-

carbures.

(iii) Un poids du service de la dette toujours

élevé relativement aux échanges.

(iv) Un secteur privé qui ne dispose toujours

pas de moyen de financement propre à

son développement, la part du crédit qui

lui est octroyé étant toujours extrême-

ment faible, ce qui grève les possibilités

de diversification de la production et des

échanges.

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Algeria 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)

Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit Budgétaire

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats

Ob

jectifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

ALGERIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001

Taux d'ouverture (X+M/PIB) 35,40% 47,90% 54,30%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 59,0% 64,8% 64,5%

vers les PM 3,0% 5,6% 7,0%

vers RdM 38,0% 29,6% 28,5%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 59,7% 59,3% 59,8%

issues des PM 3,2% 5,6% 5,3%

issues de RdM 37,0% 35,1% 34,9%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 1,48 0,95 2,10

avec RdM 1,53 0,73 1,59

Soldes en millions de dollars

avec l'UE 2 498 -327 6 488

avec RdM 1 735 -1 012 2 033

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,53 0,53 0,51

vers l'UE 0,54 0,54 0,56

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations 100 75 113

Indice valeurs unitaires des importations 100 96 84

Termes de l'échange 100 78 134

Pouvoir d'achat des exportations 100 83 202

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 2,6 3,0 2,0

avec l'UE 3,9 2,9 2,7

avec RdM 0,7 1,8 3,3

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Algérie

Page 88: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-78-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 28 100 24 1 789 2 701 2 348 -1 761 -2 601 -2 324 0% 1% 0% 20% 25% 24%

1 11 11 4 13 84 34 -2 -74 -30 0% 0% 0% 0% 1% 0%

2 53 40 53 325 415 282 -272 -375 -229 0% 0% 0% 4% 4% 3%

3 11 680 8 909 18 729 109 116 135 11 571 8 793 18 595 89% 95% 98% 1% 1% 1%

4 159 352 209 -159 -352 -208 0% 0% 0% 2% 3% 2%

5 63 114 193 752 1 218 1 171 -689 -1 104 -978 0% 1% 1% 9% 11% 12%

6 70 136 109 1 501 2 205 1 914 -1 431 -2 069 -1 805 1% 1% 1% 17% 20% 19%

7 38 35 54 3 771 3 292 3 326 -3 732 -3 257 -3 272 0% 0% 0% 43% 31% 34%

8 20 12 7 302 399 417 -282 -387 -410 0% 0% 0% 3% 4% 4%

9 1 164 55 1 108 9% 0% 0% 1% 0% 0%

Total 13 127 9 357 19 175 8 777 10 782 9 836 4 350 -1 426 9 339 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 5 71 1 693 1 483 1 148 -687 -1 411 -1 147 0% 3% 0% 21% 39% 33%

1 4 1 6 34 19 -2 -34 -18 0% 0% 0% 0% 1% 1%

2 12 9 10 259 120 53 -246 -111 -43 0% 0% 0% 8% 3% 2%

3 4 932 2 605 5 359 50 55 39 4 882 2 550 5 320 99% 94% 98% 2% 1% 1%

4 60 255 174 -60 -255 -174 0% 0% 0% 2% 7% 5%

5 10 27 41 133 128 197 -123 -102 -157 0% 1% 1% 4% 3% 6%

6 11 30 16 477 577 674 -466 -547 -657 0% 1% 0% 15% 15% 20%

7 5 22 36 1 479 1 003 1 009 -1 474 -982 -972 0% 1% 1% 46% 27% 29%

8 2 6 88 126 119 -85 -120 -119 0% 0% 0% 3% 3% 3%

9 4 7 -3 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 4 986 2 770 5 465 3 251 3 782 3 432 1 735 -1 012 2 033 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 22 23 22 1 024 1 130 1 148 -1 002 -1 107 -1 126 0% 0% 0% 20% 18% 20%

1 7 7 3 6 48 15 2 -41 -12 0% 0% 0% 0% 1% 0%

2 39 29 39 62 261 217 -24 -232 -178 0% 0% 0% 1% 4% 4%

3 6 364 5 840 12 094 59 51 94 6 304 5 789 12 000 82% 96% 98% 1% 1% 2%

4 96 90 34 -96 -90 -34 0% 0% 0% 2% 1% 1%

5 53 83 135 588 1 014 896 -535 -931 -761 1% 1% 1% 11% 16% 15%

6 53 76 66 873 1 329 1 040 -819 -1 253 -974 1% 1% 1% 17% 21% 18%

7 27 3 7 2 275 2 217 2 168 -2 248 -2 214 -2 162 0% 0% 0% 43% 35% 37%

8 17 5 6 211 253 272 -194 -247 -266 0% 0% 0% 4% 4% 5%

9 1 160 48 1 111 15% 0% 0% 1% 0% 0%

Total 7 742 6 067 12 371 5 244 6 394 5 883 2 498 -327 6 488 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 6 1 72 88 52 -72 -82 -51 0% 1% 0% 26% 14% 10%

1 3 1 2 -1 1 0% 1% 0% 0% 0% 0%

2 2 3 4 4 35 12 -2 -32 -8 1% 1% 0% 1% 6% 2%

3 385 464 1 276 10 1 385 454 1 275 96% 89% 95% 0% 2% 0%

4 3 7 -3 -7 0% 0% 0% 1% 1% 0%

5 1 4 18 32 75 78 -31 -71 -60 0% 1% 1% 11% 12% 15%

6 5 29 26 152 298 201 -147 -269 -174 1% 6% 2% 54% 49% 39%

7 6 10 12 16 72 149 -10 -62 -137 1% 2% 1% 6% 12% 29%

8 1 1 3 21 27 -3 -20 -26 0% 0% 0% 1% 3% 5%

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 399 520 1 338 282 607 521 117 -87 818 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 33 132 -33 -132 0% 0% 0% 0% 33% 62%

1 0% 0% 0% 0% 0% 0%

2 3 1 -2 0% 1% 1% 0% 3% 0%

3 32 81 30 32 81 30 100% 99% 98% 0% 0% 0%

4 0% 0% 0% 0% 0% 0%

5 1 5 -1 -5 0% 0% 0% 27% 1% 2%

6 53 56 -52 -56 0% 0% 1% 45% 53% 26%

7 8 18 -8 -18 0% 0% 0% 23% 8% 8%

8 2 2 -2 -1 0% 0% 0% 5% 2% 1%

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 32 81 31 1 99 213 31 -18 -182 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;

8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS

Valeur et structure des échanges de l'Algérie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES

AC10 (***)

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-79-

Egypte

L’économie égyptienne traverse une phase

de ralentissement de sa croissance écono-

mique. Celle-ci a été divisée par 2 entre

1999 et 2002 (3,2%). L’effet de la conjonc-

ture, notamment la chute du tourisme,

explique cela en grande partie, comme le

montre l’évolution de certains secteurs clefs

de l’économie :

(i) l’hôtellerie a connu un recul très sen-

sible en 2002 de –10,9% avec après

crû en moyenne de 14,3% entre 1998

et 2001. Or, c’est un secteur capital

pour l’économie égyptienne qui repré-

senterait 7,5% du PIB et 15% de l’em-

ploi total soit plus de deux millions

d’égyptiens si l’on tient compte des

effets directs et indirects de cette acti-

vité (Tomasy, 2002),

(ii) de leur côté, le commerce (+2,7% en

2002 après +5,7% entre 1998 et

2001) et l’industrie (respectivement

+3,4% contre +6,2%) ont été dure-

ment éprouvés par le ralentissement

économique et le seront encore du fait

des adaptations que va leur demander

le passage à un régime de change

flottant.

Malgré les perturbations profondes qui ont

touché son économie (chute des recettes du

tourisme, baisse des recettes pétrolières, fai-

blesse de la conjoncture européenne), le

chômage égyptien a fait preuve jusqu’ici

d’une remarquable résistance. Les prévisions

du taux de chômage pour 2003 le situent à

10%, après être resté stable aux alentours

de 9% depuis 2001.

Toutefois, il faut bien remarquer que la ten-

dance continue à la baisse qu’il a enregistrée

de 1994 (11%) à 2000 (8,1%) semble main-

tenant définitivement brisée (chiffres

Eurostat). Plusieurs aspects du chômage et

du marché du travail peuvent en effet le lais-

ser craindre. Ainsi, la discrimination par

genre ne se réduit pas dans la dernière

décennie. Le taux de chômage des femmes

ou des jeunes est 4 fois plus élevé que celui

des hommes (25% contre 5% à peu près).

Quant au marché du travail, il apparaît

déroutant lorsque l’on observe :

(i) que les secteurs qui pèsent le plus lour-

dement dans le PIB ne sont pas les plus

dynamiques en termes de création

d’emplois. Les estimations pour 2001-

2005 de la part de la demande d’emplois

dans la demande totale pour le secteur

Croissance et dynamisme des différents secteurs

4,6

47

0,2

6,13,5

19,4

0,8

4,6

16,3

24,8

1,94,9

6,8

17

1,5

5,8

15,9

7,3

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

Agriculture Industrie, Mine etPétrole

Electricité Construction transport Trade Hotels etrestaurants

Finance Servicesgouvernementaux

% Création d'emplois prévue pour 2001-2005 Part dans le PIB en 2002

Source : Ministère du commerce extérieur égyptien, Prime Minister’s Office (2001), cité dans Radwan(2002).

Page 90: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-80-

du commerce devraient s’élever à 7,3%,

pour les services publics à 4,6% et pour

l’agriculture à 4,6% de la totalité pour

42% de l’emploi effectif en 1998. Seuls

les secteurs de l’industrie, des mines et

du pétrole devraient enregistrer une

création d’emploi importante soit 47%

de la demande totale de nouveaux

emplois (Prime Minister’s Office, 2001).

Parmi les secteurs les plus dynamiques,

si celui du tourisme pourrait créer des

besoins importants de main d’œuvre

(19,4%), ce ne sera sans doute pas le

cas de celui de la finance (0,8%). Enfin,

le secteur du BTP pourrait être large-

ment pourvoyeur d’emplois puisque ses

besoins augmenteraient de 6,1% ce qui

équivaut à peu près à sa part dans l’em-

ploi total (5,1% en 1998).

(ii) que les créations d’emplois prévues

pour 2001-2005 devraient privilégier la

main d’œuvre faiblement qualifiée. 66%

des demandes concerneraient les tra-

vailleurs ayant un niveau d’éducation

très bas, sachant lire et écrire. Dans

cette configuration,

(a) soit certains travailleurs devront

accepter des emplois pour lesquels ils

sont surqualifiés, ce qui tire les

salaires réels moyens vers le bas et

ralentie la croissance,

(b) soit il peut apparaître des goulets

d’étranglements dans certains sec-

teurs, couplés à une aggravation du

chômage des personnes très qualifiées,

mais dont les compétences ne sont pas

valorisables dans le secteur privé, et

des personnes illettrées (le taux d’illet-

trisme égyptien est de 45% avec une

importante disparité hommes-femmes,

33% vs 56%, un des plus fort des pays

méditerranéens).

Enfin, le gouvernement égyptien a officielle-

ment mis un terme à sa politique de garantie

de l’emploi pour les diplômés. Ceci ne man-

quera pas d’accroître les tensions qui pèsent

sur la population des moins de 25 ans, déjà

fortement touchée. Toutefois, cela peut être

un facteur incitateur puissant à chercher des

emplois dans le secteur privé ou à suivre des

programmes de formation complémentaires

plus appropriés aux besoins du marché.

Mais, il existe à l’heure actuelle un décalage

entre les formations proposées et les besoins

de l’économie qui limite cet effet.

Une paupérisation accrue de la population est

donc à craindre surtout pour les jeunes qua-

lifiés. De fait, en 1999, 48% de la population

urbaine était considérée comme pauvre

contre 39% en 1990 (respectivement 55%

contre 39% pour les populations rurales).

Une croissance encore insuffisante dans

un contexte de chocs externes

Ainsi, l’Egypte doit gérer une croissance du

PIB insuffisante relativement à ses besoins et

dont la structure sectorielle présente un très

important déphasage avec les caractéris-

tiques de la main d’œuvre disponible. Le

point positif qui semble montrer que l’Egypte

évolue d’un régime de croissance fondé sur

l’accumulation du capital et l’augmentation

d’une population active à qualification stable,

à un régime de croissance fondé sur le pro-

grès technique, est la contribution de la pro-

ductivité globale à la croissance. Celle-ci

semble être la plus forte parmi les PM, ce qui

manifeste une capacité à générer des reve-

nus qui devrait se confirmer dans les années

à venir, lorsque les chocs extérieurs se seront

atténués.

Cependant, l’Egypte a longtemps été écarte-

lée entre sa volonté de maîtriser l’inflation, le

poids de ses échanges de produits pétroliers

et de sa dette en dollars (40% de la dette

totale) qui lui dictaient d’ancrer la livre au

Page 91: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-81-

dollar et la part croissante de ses échanges

avec les pays européens qui plaidait pour un

ancrage à l’euro (30% de ses exports et 45%

de ses imports). Le choix du dollar a induit

des difficultés croissantes pour le gouverne-

ment à piloter son économie. En même

temps, la stratégie de dynamisation de la

croissance par le commerce n’a pas encore

porté tout ses fruits. L'économie reste très

sensible aux chocs, la croissance est insuffi-

sante et les salaires réels baissent (25% en

termes réels), la pauvreté progresse. Mais,

des nouvelles orientations de politique éco-

nomique sont intervenues, notamment la

mise en flottement du change, début 2003,

qui vont se répercuter sur la capacité de

l’économie à absorber les chocs internes et

externes et à enfin tirer pleinement parti de

l’ouverture commerciale :

(i) au sein de la balance des paiements, tra-

ditionnellement, le déficit sur les transactions

de marchandises est compensé par les

envois des fonds des travailleurs, les tran-

sactions sur les services et les autres trans-

ferts sans contreparties. En 2001 et 2002, les

comptes externes se sont améliorés para-

doxalement du fait de la situation de ralen-

tissement économique. L’excédent des ser-

vices se réduit de 17% avec le climat d’in-

certitude politique : le poste voyage chute de

-11%, celui des investissements de -28%.

Ces baisses sont compensées par une haus-

se des dépenses des ambassades étrangères

de (31%). Le déficit du compte courant ne se

monte plus qu’à 8,5 millions de dollars en

2002 et celui de la balance des paiements à

447,1 millions, alors qu’ils représentaient

encore respectivement 1 163,1 et 3 026,7

millions de dollars en 2000. Les transferts

officiels assurent l’équilibre. Au premier tri-

mestre 2003, les exportations ont crû plus

vite que les importations et l’excédent des

services s’est renforcé. Cependant, les trans-

ferts officiels chutent de 72%. Quant au tou-

risme, il reste aussi morose qu’en 2002.

(ii) Pour ce qui est de la demande interne sur

le marché des biens (cf figure suivante), mal-

gré la baisse de la croissance du PIB due aux

chocs externes de 2001-2002, les autorités

ont conservé leur politique d’austérité afin de

rétablir les équilibres macro-économiques.

En fin de période, les conditions monétaires

ont été assouplies afin de soutenir la deman-

de interne. Ainsi, la Banque Centrale a mis à

disposition des banques commerciales

437 millions d’euros au taux de 4% destinés

Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-

2001, couleur foncée : 2001-2002)

5,6%7,4%

-7,6%

7,4%

4,9%

7,4%

5,0%

-7,8%-6,0%

3,8%3,5%

1,3%

3,8% 3,3%

-0,4%

3,2%3,5%

0,6%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

Produit I

nté

rieu

rBru

t

Conso

mm

atio

nPr

ivée

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

Inve

stis

sem

ent

fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Import

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministèredes Affaires Etrangères.

Taux d'intérêt nominal et réel 1/ (mai 1991-mai 2003)

6,17

4,62

3,45

3,98

6,97

4,7

3,21

3,42

2

3

4

5

6

7

8

mai

-00

juil-

00

sep-0

0

nov-

00

jan-0

1

mar

s-01

mai

-01

juil-

01

sep-0

1

nov-

01

jan-0

2

mar

s-02

mai

-02

juil-

02

sep-0

2

nov-

02

jan-0

3

mar

s-03

mai

-03

juil-

03

Moyenne USD/EGP Moyenne XEU/EGP

1/ Basé sur les taux des T-bills à 91 jours.Source : Banque centrale d’Egypte.

Page 92: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-82-

uniquement aux crédits à la consommation

de produits égyptiens. Mais cette mesure se

heurte à la faiblesse des salaires. Le seuil

d’endettement toléré est de 25% ce qui

risque de se révéler insoutenable si l’inflation

progresse. Mais, la croissance de l’investisse-

ment reste extrêmement basse ce qui n’est

pas favorable à la productivité et à la compé-

titivité égyptiennes.

(iii) Sur le plan de la politique monétaire,

l’ancrage au dollar a amélioré la crédibilité de

la politique et la convergence du taux d'infla-

tion vers celui des Etats-Unis. Celui-ci est

passé de 25,8% en 1991 à 2,7% en 2002.

Cependant, l’effet concomitant a été une

appréciation du taux de change effectif réel

vis-à-vis des monnaies européennes notam-

ment. En 2001 et 2002, le fonctionnement du

marché des changes et de l’ancrage ont été

rendus plus souples, notamment grâce à des

révisions assez fréquentes de la parité cen-

trale. Néanmoins, cela n’a pas compensé

l’érosion de la compétitivité de l’économie

égyptienne. Les tensions sur les comptes

externes ont diminué, mais, entre 1997 et

2002, l’Egypte a perdu le quart de ses

réserves. Les autorités ont donc été forcées

d’opter pour une politique monétaire restric-

tive. En 2003, dans un contexte de change

flottant et d’absence de tensions inflation-

nistes, une baisse des taux d'intérêt (12%

actuellement) serait profitable à la croissan-

ce, mais doit tenir compte de son impact

potentiel sur les mouvements de capitaux.

(iv) La politique budgétaire est restée très

prudente en 2001 et 2002, afin de stabiliser

le déficit budgétaire qui dépasse les 5% du

PIB en 2001 et 2002 et cela malgré les

conséquences néfastes que cela a eues sur la

consommation privée et sur la croissance

(les prévisions pour 2002 étaient initialement

de 7%). Des taux d'intérêt réels élevés (6%

en 2002) et une croissance faible n’aident

pas le gouvernement à poursuivre sa poli-

tique de désendettement visant à restreindre

l’effet d’éviction dont souffre le secteur privé,

mais la tendance à la baisse se poursuit.

Ainsi la dette domestique compte pour 65%

de la dette totale en 2002 contre 73% en

2000. En prévision des impacts négatifs

potentiels sur la liquidité (-2 milliards de dol-

lars rien que pour le secteur du tourisme,

selon le Ministère du Tourisme) et pour limi-

ter le recours au marché noir, le gouverne-

ment a emprunté en devises en 2002. La

structure de la dette ne présente toutefois

Politique monétaire et inflation

11

-4

15

109

25

12

4

13

22

11

2

1113 13

3

-10

-5

0

5

10

15

20

25

30

M2 AvancesTrésor Public

Créditdomestique

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril2003, Banque centrale d’Egypte.

Taux de change

6,17

4,62

3,45

3,98

6,97

4,7

3,21

3,42

2

3

4

5

6

7

8

mai

-00

juil-

00

sep-0

0

nov

-00

jan-0

1

mar

s-01

mai

-01

juil-

01

sep-0

1

nov

-01

jan-0

2

mar

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mai

-02

juil-

02

sep-0

2

nov

-02

jan-0

3

mar

s-03

mai

-03

juil-

03

Moyenne USD/EGP Moyenne XEU/EGP

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril2003, Banque centrale d’Egypte.

Page 93: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-83-

aucun risque majeur. La solvabilité est satis-

faisante puisque le service de la dette ne

représente que 12% des exportations de

biens et services, les réserves couvrent 46%

de la dette externe et la dette à court terme

est peu importante (13,5% de la dette tota-

le en 2001).

Comme la plupart des PM (sauf Chypre,

Israël et Malte), le problème de l’Egypte est

la fragilité des ressources sur lesquelles

reposent le budget en regard de la rigidité de

ses dépenses.

Fragilité des ressources en premier lieu car

la part des impôts indirects est assez faible

(26% des recettes totales dont 46% de

TVA) comme celle des impôts directs.

L’exploitation du canal de Suez génère une

large part des ressources de l’Etat (8,6%

des ressources) soit quasiment autant que

les prélèvements sur les revenus des indivi-

dus (8,9%). Mais, les recettes de Suez sont

directement fonction du climat politique

régional. Les revenus issus des anciens

droits du seigneur, c’est-à-dire non issus de

taxes, sont encore très élevés en Egypte

(28,3% des recettes totales en 2002) ainsi

que les droits de douane (12%). En même

temps, il est difficile d’augmenter la contri-

bution des impôts sur le revenu et les

affaires dans un contexte de ralentissement

économique. Les limites que subit le gou-

vernement concernant la TVA sont iden-

tiques dans la mesure où l’accroître risque-

rait de générer une instabilité sociale.

Enfin, le bouclage du budget dépend cru-

cialement de l’aide étrangère (4,7%) par

nature incertaine.

Rigidité des dépenses ensuite car 33% des

dépenses courantes concernent le person-

nel et 26,8% des dépenses totales sont

absorbées par le service de la dette. Si dans

les périodes difficiles, des coupes sont

faites dans les dépenses d’investissement

(15,1% des dépenses totales en 2002 vs

21,9% en 1999) ce n’est pas le cas de

celles affectées à la défense qui absorbent

régulièrement autour de 10% des dépenses

totales. De ce fait, les études montrent que

globalement la politique budgétaire a eu

des effets contre-productifs importants,

notamment sur la qualité de la main-

d'œuvre et le fonctionnement du marché du

travail (Fawzy, 2002, Galal, 2002). La poli-

Evolution des réserves de change et taux de dollarisation de l’économie

14466

13644

15380

14244

15099

19801

20622

19132

17990

13750

16020

27%

26%

23%

19%

17%

18%19%

10000

12000

14000

16000

18000

20000

22000

34060 34243 34425 34608 34790 34973 35156 35339 35521 35704 35886 36069 36251 36434 36617 36800 36982 37165 37347 37530 37712

Millio

ns

de d

ollars

US

0

0,05

0,1

0,15

0,2

0,25

0,3

Dép

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n m

on

naie

s étra

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ère

s en

% d

e la

liqu

idité

tota

le 1

/ 2

/

Réserves de change Taux de dollarisation

1/ non compris les dépôts des non-résidents2/ Avant septembre 2002 le taux de dollarisation était calculé comme le ratio de la liquidité en monnaiesétrangères sur la liquidité totale. Après septembre 2002, c’est le ratio des dépôts en monnaies étrangèressur la liquidité totale non compris les dépôts des non-résidents.Source : Banque centrale d’Egypte.

Page 94: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-84-

tique économique égyptienne a jusqu’ici

échoué à créer les externalités positives qui

auraient pu induire des gains de productivi-

té aussi bien dans le secteur public que

privé (Cottenet, 2001).

La situation macro-économique de l’Egypte

risque fort d’être profondément modifiée

avec l’entrée en vigueur en janvier 2003 du

nouveau régime de change flottant, notam-

ment par :

(i) l’impact de la politique monétaire sur

l’économie maintenant qu’elle a retrou-

vé une certaine indépendance vis-à-vis

du dollar ;

(ii) l’impact sur la position extérieure : est

ce que le flottement du change permet-

tra réellement à l’Egypte de profiter de

son ouverture.

Une redéfinition de la politique monétai-

re porteuse de nombreux espoirs

L’aspect très positif du passage aux changes

flottants de janvier 2003 est qu’il a été choi-

si par les autorités et non subi suite à une

crise de balance des paiements par exemple,

ce qui lui donne une crédibilité forte de

même qu’à la politique monétaire qui va l’ac-

compagner. Ce changement prouve, en effet,

la détermination des autorités à briser avec

les anciennes pratiques qui ont empêché le

pays de véritablement tirer parti de l’ouver-

ture. Reste à savoir comment le gouverne-

ment va pérenniser ce capital.

La principale difficulté à laquelle les autorités

vont devoir faire face est la redéfinition des

instruments de leur politique monétaire. La

très importante perte de réserves de change

due à l’ancrage au dollar a entraîné la raré-

faction des devises et entravé la bonne

marche de l’économie. La dollarisation de

l’économie (cf. figure précédente) a distendu

les liens existants entre les décisions de poli-

tique monétaire et les comportements des

agents. Bien que ce soit en grande partie le

résultat de mesures disciplinaires, les prêts

sont plus systématiquement adossés à la

monnaie domestique (cf. figure suivante).

Cette situation renforce l’efficacité de la poli-

tique via le canal du crédit qui peut lui-même

servir les objectifs économiques nationaux.

En régime de change fixe, en effet, les taux

domestiques sont dictés par les taux prati-

Facilités bancaires au secteur non-gouvernemental et dépôts auprès des banques

144

162

49

210

184172

147

117

186173

223

43 4543

44

6162

4240

101

82%

88%

72%

82%

87%

99%99%

91%94%

61%

71%

107%107%

99%98%

83%

67%

54%

92%89%

0

50

100

150

200

250

300

350

Juin 1998 Juin 1999 Juin 2000 Juin 2001 Avril 2003 Juin 1998 Juin 1999 Juin 2000 Juin 2001 Avril 2003

Mill

iard

s de

Livr

es é

gyp

tien

nes

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

Prêts en monnaie locale Dépôts en monnaie locale Prêts en monnaie étrangère Dépôts en monnaie étrangère

En monnaie locale En monnaies étrangères

Secteur non-gouvernemental Ratio des prêts sur lesdépôts en monnaie locale (échelle de droite) 1/ Secteur non-gouvernemental, ratio

des prêts sur les dépôts en monnaiesétrangères (échelle de droite)

Secteur privé Ratio des prêts sur lesdépôts en monnaies étrangères

(échelle de droite)

Secteur privé Ratio des prêts sur lesdépôts en monnaie locale (échelle de

droite) 2/

1/ Non-gouvernemental y compris le secteur public, le secteur privé, le secteur des ménages et les non-résidents. 2/ Secteur privé hors secteur public.Source : Banque centrale d’Egypte

Page 95: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-85-

qués par le pays d’ancrage car toute diffé-

rence entraîne des mouvements de capitaux

qui peuvent être importants.

Le danger est que les entreprises domestiques

ont eu souvent recours aux prêts en devises

étrangères relativement moins coûteux, en

dollars en particulier. Le risque de change

auquel sont exposés ces entreprises et le sys-

tème bancaire est important dans la mesure

où la dévaluation potentielle est forte, le taux

de change réel étant encore de supérieur à son

niveau de 1990. Une étude du FMI de sep-

tembre 2002 a évalué les créances douteuses

à 14% du total des crédits des banques. Les

mécanismes de contrôle et de supervision des

opérations bancaires ne sont pas suffisam-

ment efficaces pour prévenir ce type de risque.

Des mesures de renégociation des prêts ont

été annoncées, mais celles-ci pourraient être

insuffisantes pour éviter des faillites nom-

breuses face aux conséquences conjuguées du

flottement de la monnaie, du ralentissement

de l’économie et des chocs externes.

L’activité du marché parallèle a néanmoins

diminué. La mise en flottement du change

permet a priori de répondre à l’importante

demande nationale de devises. Le prix du

dollar sur le marché parallèle s’est donc sta-

bilisé mais à un taux plus élevé que celui qui

peut être obtenu auprès des banques (6,15-

6,20 contre 5,95 LE). Cela a eu pour effet,

d’une part de réduire la spéculation, et

d’autre part de faire revenir les devises dans

le système bancaire. Les avoirs en devises

des banques ont été également nourris par

l’obligation faite aux agences de tourisme et

aux exportateurs de leur revendre leurs

recettes en monnaies étrangères. Les

besoins des importateurs ont été couverts

plus facilement.

Cependant, la confiance dans la monnaie

domestique n’est pas encore établie.

L’ancrage au dollar a permis de réduire et

stabiliser l’inflation aux alentours de 2,5%

l’an, mais ce résultat ne peut être conservé

que sous certaines conditions. Notamment

cela exclue la monétisation des déficits qui se

sont creusés ou une politique monétaire trop

expansionniste par rapport aux capacités

d’adaptation à la demande du secteur privé.

En attendant un éclaircissement du rôle de la

banque centrale, de son statut, de son degré

d’indépendance vis-à-vis du gouvernement

et de la hiérarchie de ses objectifs, le taux de

dollarisation de l’économie progresse (27,2%

en avril 2003 contre 18,5% en 1997) et le

dollar reste une valeur refuge.

Enfin, les répercussions du flottement du

change sur les équilibres externes sont les

effets les plus bénéfiques attendus, mais leur

apparition est incertaine. En premier lieu,

l’expérience prouve qu’un tel régime cam-

biaire ne garantit pas le rééquilibrage des

comptes externes. En second lieu, les expor-

tations égyptiennes souffrent d’un manque

de compétitivité ce qui limite leur expansion

et les incertitudes sur le change risquent de

décourager les investisseurs.

Les échanges de marchandises : une

amélioration structurelle favorable qui

pourrait aider à réduire le déficit

Deux tendances contradictoires s’observent

dans les échanges de marchandises de

l’Egypte depuis 1990.

D’une part, l’ouverture et la position exté-

rieure se sont nettement dégradées. Ainsi, le

taux d’ouverture est en 2001 de 6 points

inférieur à ce qu’il était en 1990 (25% contre

31% pour la somme des exportations et des

importations ramenée à la production inté-

rieure) et le déficit des échanges de biens

s’est profondément creusé pour atteindre

plus de 10 milliards de dollars.

Page 96: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-86-

D’autre part, le commerce extérieur de

l’Egypte se modifie structurellement dans un

sens favorable. En termes de produits, les

exportations se diversifient. Ainsi, la part des

produits pétroliers est passée de 67% des

exportations en 1990 à 29% en 2001, tandis

que celle des produits industriels (postes 6 à

8 de la CTCI) augmentait de 22% à 43%,

notamment grâce à la progression des

articles manufacturés (de 4 à 19% des

exportations entre 1990 et 2001).

Du point de vue géographique, il n’est pas

aisé de mettre en avant un effet du partena-

riat : la part des exportations à destination

de l’Union a certes progressé entre 1995 et

2001 (de 54% à 57%), mais est toujours

inférieure à ce qu’elle était en 1990 (59%). A

l’inverse, la part des importations euro-

péennes est en 2001 proche du niveau du

début de la dernière décennie (38%), mais

en net retrait par rapport à son niveau de

1995 (44%). En ce qui concerne les

échanges intraméditerranéens, ils ont sensi-

blement crû, tant du point de vue des expor-

tations (9% des exportations totales et 4%

des importations), mais l’essentiel de la

croissance est antérieur à 1995.

Une position globale objectivement en

retrait vis-à-vis des PM notamment sur

le plan social

A l’instar de la situation générale des PM,

l’Egypte comparée aux autres économies

dans le monde affiche une position subjecti-

ve largement sous-évaluée vis-à-vis de sa

position selon les critères économiques

objectifs. Néanmoins, de ce point de vue, elle

fait relativement moins bien que la moyenne

des PM.

Telles qu’elles sont perçues, les faiblesses

de l’économie égyptienne proviennent

essentiellement :

(i) des barrières aux échanges très éle-

vées. Plus que le taux nominal de pro-

tection qui a sérieusement baissé ces

dernières années, ce jugement de pro-

tectionnisme relève essentiellement des

procédures douanières. Celles-ci appa-

raissent compliquées et rigides, longues

et discrétionnaires. Les autorités n’ont

ainsi pas à justifier leurs décisions,

notamment dans le classement des pro-

duits dans une catégorie tarifaire et il

n’existe pas de procédure d’appel for-

melle de ces décisions.

(ii) D’une dérégulation en retrait du fait d’un

grand interventionnisme de l’État. Là

encore sont stigmatisés le manque de

transparence, la bureaucratie excessive

et l’aspect arbitraire des administrations.

Du point de vue des principaux indicateurs

macroéconomiques, la situation de l’Égypte

est dans l’ensemble moyenne, tant relative-

ment à l’ensemble des économies dans le

monde que des autres PM. Mais, dans ce der-

nier cas, les performances égyptiennes sont

légèrement en retrait sur la plupart des indi-

cateurs, sauf en ce qui concerne la dette (à la

fois le niveau d’endettement et le poids du

service mesurée relativement aux échanges)

et le financement du secteur privé, ce qui

laisse augurer de bonnes perspectives d’amé-

lioration. Restent deux grandes faiblesses :

(i) l’économie est relativement plus fermée

que la moyenne, du point de vue des

échanges relativement à la population

comme des flux d’investissement.

(ii) Mais, l’aspect le plus préoccupant

concerne la sphère sociale où l’Égypte

relativement aux autres PM est en

retard, comme le montre le niveau

faible de l’indicateur de développement

humain du PNUD ou celui de l’espéran-

ce de vie, inférieure à la moyenne des

autres PM.

Page 97: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-87-

Egypt 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)

Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit Budgétaire

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats

Ob

jectifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

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6

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9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

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2

3

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8

9

10

11

12

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14

0

1

2

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51

2

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10

11

12

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0

1

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4

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10

0

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2

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10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

EGYPTE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 30,80% 32,70% 25,10%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 59,0% 53,9% 56,9%

vers les PM 2,1% 7,2% 8,6%

vers RdM 38,9% 39,0% 34,5%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 38,0% 43,7% 37,8%

issues des PM 1,8% 2,3% 4,3%

issues de RdM 60,1% 54,0% 57,9%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 0,67 0,50 0,46

avec RdM 0,28 0,29 0,18

Soldes en millions de dollars

avec l'UE -1 277 -3 130 -3 182

avec RdM -4 456 -5 458 -7 379

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,57 0,25 0,18

vers l'UE 0,61 0,26 0,26

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations 100 121 121

Indice valeurs unitaires des importations 100 105 122

Termes de l'échange 100 116 99

Pouvoir d'achat des exportations 100 127 149

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 8,9 10,0 14,2

avec l'UE 9,8 12,0 14,4

avec RdM 6,8 8,9 12,3

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Egypte

Page 98: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-88-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 148 506 470 1 844 2 449 2 398 -1 696 -1 943 -1 927 3% 9% 10% 18% 17% 15%

1 3 11 11 94 136 170 -92 -125 -159 0% 0% 0% 1% 1% 1%

2 219 305 346 676 716 618 -457 -411 -272 5% 5% 7% 7% 5% 4%

3 3 019 2 837 1 362 138 144 228 2 880 2 693 1 134 67% 49% 29% 1% 1% 1%

4 1 3 182 469 321 -182 -468 -318 0% 0% 0% 2% 3% 2%

5 48 209 386 937 1 500 2 122 -889 -1 291 -1 736 1% 4% 8% 9% 11% 14%

6 622 1 097 953 1 544 2 260 2 135 -923 -1 162 -1 182 14% 19% 20% 15% 16% 14%

7 192 136 193 4 067 5 232 5 859 -3 875 -5 096 -5 667 4% 2% 4% 39% 37% 38%

8 190 603 895 685 1 171 1 344 -494 -568 -450 4% 10% 19% 7% 8% 9%

9 49 57 149 146 183 396 -97 -126 -247 1% 1% 3% 1% 1% 3%

Total 4 489 5 762 4 768 10 314 14 259 15 592 -5 825 -8 498 -10 823 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 44 198 185 1 211 1 717 1 865 -1 167 -1 519 -1 680 3% 9% 11% 20% 22% 21%

1 2 10 6 65 97 122 -63 -88 -116 0% 0% 0% 1% 1% 1%

2 161 135 174 596 388 430 -435 -253 -256 9% 6% 11% 10% 5% 5%

3 1 113 1 045 292 55 102 50 1 058 943 242 64% 47% 18% 1% 1% 1%

4 1 158 423 305 -158 -423 -305 0% 0% 0% 3% 5% 3%

5 10 98 132 443 522 924 -433 -423 -792 1% 4% 8% 7% 7% 10%

6 257 334 281 928 1 232 1 175 -671 -899 -894 15% 15% 17% 15% 16% 13%

7 12 33 30 2 233 2 384 3 059 -2 221 -2 351 -3 030 1% 1% 2% 36% 31% 34%

8 113 342 502 463 772 849 -350 -430 -347 6% 15% 30% 7% 10% 9%

9 35 51 44 51 66 246 -16 -15 -202 2% 2% 3% 1% 1% 3%

Total 1 748 2 245 1 647 6 204 7 704 9 025 -4 456 -5 458 -7 379 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 92 272 162 608 685 413 -516 -413 -251 3% 9% 6% 15% 11% 7%

1 2 29 34 46 -29 -34 -44 0% 0% 0% 1% 1% 1%

2 51 130 139 73 310 169 -21 -180 -30 2% 4% 5% 2% 5% 3%

3 1 882 1 635 1 036 84 42 70 1 799 1 594 966 71% 53% 38% 2% 1% 1%

4 1 24 46 16 -24 -45 -16 0% 0% 0% 1% 1% 0%

5 29 84 187 456 922 1 108 -427 -838 -921 1% 3% 7% 12% 15% 19%

6 329 634 568 515 918 786 -186 -284 -218 12% 20% 21% 13% 15% 13%

7 179 95 143 1 821 2 770 2 695 -1 642 -2 675 -2 552 7% 3% 5% 46% 44% 46%

8 71 247 372 220 390 444 -148 -142 -72 3% 8% 14% 6% 6% 8%

9 13 5 105 95 116 149 -82 -111 -44 0% 0% 4% 2% 2% 3%

Total 2 648 3 103 2 714 3 924 6 233 5 896 -1 277 -3 130 -3 182 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 11 36 123 25 47 120 -14 -11 3 12% 9% 30% 13% 15% 18%

1 1 3 4 2 -4 1 0% 0% 1% 0% 1% 0%

2 6 41 33 7 19 19 -1 22 14 7% 10% 8% 4% 6% 3%

3 24 157 34 107 24 156 -73 25% 38% 8% 0% 0% 16%

4 2 2 0% 0% 1% 0% 0% 0%

5 9 26 67 37 56 90 -28 -29 -24 9% 6% 16% 20% 17% 13%

6 36 130 104 101 109 174 -65 21 -70 38% 31% 25% 54% 34% 26%

7 1 9 20 13 78 105 -12 -69 -85 1% 2% 5% 7% 24% 16%

8 6 14 20 2 10 51 4 4 -31 6% 3% 5% 1% 3% 8%

9 1 1 1 -1 1% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 93 413 408 186 323 670 -93 90 -263 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 1 7 7 8 23 -16 6% 13% 15% 2% 4% 9%

1 14 1 2 -14 -1 -2 0% 0% 0% 68% 0% 1%

2 12 8 5 12 6 -4 2% 20% 19% 0% 2% 5%

3 3 2 4 26 -24 2% 6% 4% 0% 2% 10%

4 0% 0% 0% 0% 0% 0%

5 2 1 1 20 14 -1 -17 -12 2% 4% 3% 4% 9% 5%

6 8 23 11 3 86 71 5 -63 -60 83% 40% 26% 14% 39% 27%

7 4 3 1 75 101 -71 -97 5% 8% 8% 4% 35% 39%

8 4 9 2 8 8 -1 -4 1 2% 7% 21% 8% 4% 3%

9 1 2 11 3 -11 0% 2% 3% 0% 5% 1%

Total 10 58 43 20 217 260 -10 -160 -215 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

AC10 (**)

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

Valeur et structure des échanges de l'Egypte avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS

Page 99: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-89-

Israël

Israël a certes connu une croissance moyen-

ne de 3% depuis la deuxième moitié des

années 1995. Mais, après les résultats

records de 2000 (+7,4%), l’économie est

entrée en forte récession du fait des tensions

politiques persistantes avec les Territoires

Palestiniens, auxquelles se sont greffés

l’éclatement de la bulle sur les hautes tech-

nologies et le ralentissement de l’activité

internationale. Ainsi, en 2002 et pour la

seconde année consécutive la croissance est

négative à -1%.

Tous les secteurs de l’économie israélienne

sont touchés : la construction affiche des taux

de croissance négatifs depuis trois ans ; l’in-

dustrie a connu un retournement spectaculai-

re, après avoir atteint 14%, en 2000, avec

deux années consécutives de récession (-6,1%

en 2001 et –2,2% en 2002). De fait, depuis le

début de la crise, le PIB a régressé de 3%.

L’impact sur le chômage est naturellement

très important : le nombre de chômeurs aug-

mente d’environ 10% par an depuis 2000 et

touche, en mars 2003, 10,8% de la popula-

tion active.

Cette tendance a incité les autorités israé-

liennes à modifier le cadre légal régissant le

marché du travail, notamment pour ce qui

touche la main-d’oeuvre étrangère : les

taxes sur l’emploi de travailleurs étrangers,

qui représentent 14% de l’emploi dans le

secteur privé, ont été augmentées. Les effets

de ces mesures commencent à apparaître

dans le secteur de la construction : l’emploi

des étrangers y a diminué de 30,2% par rap-

port à 1997. Mais, cela ne relance pas la

dynamique des créations d’emplois, toujours

peu vigoureuse.

Sur le plan macro-économique, la situation

est la suivante :

(i) Le commerce extérieur, qui a été le

moteur de la croissance pendant une décen-

nie, subit depuis deux ans les effets négatifs

de la crise politique.

Entre 1990 et 2001, l’ouverture globale a

légèrement progressé pour atteindre 55,5%

de la production intérieure. La structure

générale des échanges est relativement

diversifiée et axée sur les produits indus-

triels de façon croissante, tandis que les

produits agricoles perdent du terrain (de

Composition sectorielle du PIB

14,0

7,4

-6,1

-9,3

1,0

-2,2

-4,5

-0,7

7,6

-3,6

8,0

3,3

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

Agriculture,pêche

Industrie, ycomprisénergie

Construction Total services

% 2000 2001 2002

Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministèredes Finances.

Croissance réelle 1988-2003

3,4

1,4

6,25,9

6,7

3,3

76,8

4,7

3,33

2,6

7,4

-0,9 -1

1

-2

-1

0

1

2

3

4

5

6

7

8

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

%

Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministèredes Finances.

Page 100: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-90-

8% en 1990 à 3% en 2001). Ce sont

d’ailleurs les relations avec l’Union

Européenne qui se modifient dans leur

structure : entre 1990 et 2001, la part des

produits agricoles dans les exportations

vers l’Union est passée de 17% à 7%, tan-

dis que, dans le même temps, celle des «

Machines et matériels de transport » aug-

mentait de 12% à 30%. L’orientation géo-

graphique ne laisse pas apparaître un effet

« volume » du partenariat euro-méditerra-

néen. Les exportations vers l’UE ne repré-

sentent que 27% des exportations totales,

part assez proche du niveau de 1990

(29%), mais nettement inférieure à celui de

1995 (32%). Le phénomène est identique

pour les importations en provenance de l’UE

(42% du total en 2001), en légère progres-

sion par rapport à 1990 (38%), mais en

repli sensible depuis 1995 (52%). Le déficit

de la balance commerciale demeure à des

niveaux élevés depuis 1995 (environ 8 mil-

liards de dollars), l’essentiel de ce déficit

naissant des relations avec l’Union.

Mais, depuis deux ans, les exportations de

biens et services connaissent des croissances

fortement négatives (voir figure suivante).

Plus loin, les exportations de biens manufac-

turés de haute technologie, spécialisation de

l’économie, ont de nouveau régressé de

–0,9% dans les premiers mois de 2003.

C’est également la tendance qui pèse sur les

flux financiers. Si, en 2001, les IDE se sont

maintenus (3 044 millions de dollars en 2001

contre 4 392 millions de dollars en 2000

selon l’UNCTAD), les financements bancaires

continuent d’afficher des sorties importantes

(–1 302 millions de dollars en 2001), tout

comme les investissements de portefeuille

(–910 millions en 2001 contre +2 947 en

2000) —source FMI juin 2002.

Le taux de change s’est déprécié en 2002

vis-à-vis des principaux partenaires et en

particulier du dollar, mais les exportations ne

réagissent qu’avec retard à ce type de chan-

gement et il faudra attendre fin 2003 pour en

voir les effets éventuellement bénéfiques.

Toutefois, la nature de la croissance, aux

Etats-Unis notamment, focalisée sur les

industries traditionnelles n’avantage pas

Israël dont les exportations concernent sur-

tout des produits technologiques.

(ii) Du côté de la demande interne, le seul

soutien de la croissance depuis 2000 est la

consommation publique, rendant la situation

difficile. A l’effondrement des exportations,

Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-2001, couleur foncée : 2001-2002)

5,0%

2,7%

-0,5%

4,1%2,7%

-1,1%

-7,5%

-2,1%-1,0%

5,4%4,1% 4,0%

-13,3%

1,7%

-4,8%

-1,9%

-8,8%

-1,1%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

Produit

Inté

rieu

r Bru

t

Conso

mm

atio

nPr

ivée

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

Inve

stis

sem

ent

fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

etse

rvic

es

Import

atio

ns

de

bie

ns

etse

rvic

es

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril 2003, Banque centrale.

Page 101: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-91-

s’ajoutent la chute de l’investissement (-

7,5% en 2000 et -8,8% en 2002) et, main-

tenant, celle de la consommation privée

(–1% en 2002), en partie imputable à l’évo-

lution défavorable des salaires qui perdent

6% en 2002 en termes réels soit une réduc-

tion du pouvoir d’achat de 12% (Institut

israélien de la statistique, chiffres d’octobre

2002). L’amélioration pour 2003 sera proba-

blement peu importante du fait de la pression

à la baisse des salaires induite par les plans

de licenciements qui se multiplient et de l’ab-

sence d’évolution sur la plan du conflit avec

les palestiniens.

(ii) La politique monétaire reste extrêmement

restrictive, orientée vers le respect de la cible

d’inflation annoncée en août 2000, un taux de

2-3% en 2002. Les autorités ont également

maintenu des taux d'intérêt réels élevés afin

de limiter les sorties de capitaux. Le premier

objectif a été atteint facilement en 2000 et

2001 avec des taux de 1,1%. Certes, le taux

d’inflation est remonté à 5,8% en 2002, mais

les enquêtes sur les anticipations d’inflation

semblent indiquer que cela ne relève pas de

tensions inflationnistes structurelles mais de

l’ajustement du taux de change, retardé du

fait du niveau des taux d'intérêt.

Mais, sur le plan du deuxième objectif, cette

stratégie a été un échec puisque les investis-

sements directs ont encore baissé, attei-

gnant 585 millions de dollars en 2002

(chiffres FMI, balance des paiements) ; les

investissements de portefeuille plongent à –1

910 millions de dollars en 2002. Ainsi, le

solde du compte financier passe d’un excé-

dent de 3 788 millions de dollars en 2000 à

un déficit de –746 millions de dollars en

2002. Le pays a donc été victime de la fuite

vers des placements moins risqués, et ne

subsiste que le coût supporté en termes de

ralentissement de la croissance. En même

temps, les autorités sont contraintes dans

leur choix car elles doivent éviter une dégra-

dation de leur notation par les agences de

rating internationales qui pèserait sur leur

gestion de la dette. La dette totale représen-

te 106% du PIB en 2002 dont 75% est inter-

ne mais seulement 14% de la dette totale est

à court terme.

Néanmoins, compte-tenu de la situation, les

taux ont été diminués en 2002 afin d’aider au

redémarrage de la croissance.

(iii) La politique budgétaire est très prudente,

orientée vers une restructuration :

Politique monétaire

22

4

15

12

1

11

4

10

-3

11

1

6

-9

6

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

25

M2 Avances au secteur public Crédit à l'économiedomestique

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril 2003, Banque centrale.

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-92-

(a) des systèmes d’allocation : le gouverne-

ment a abaissé les transferts sociaux et

notamment les allocations chômage

dont la générosité est jugée non incita-

tive. Le gouvernement compte ainsi

faire revenir sur le marché du travail les

allocataires de revenus de substitution

afin d’accroître le taux de participation

au niveau de celui des pays de l’OCDE

(65% contre 56% en Israël) et faire

régresser la pauvreté. La charge des

salaires représente une part stable du

budget de 15% soit la moitié de celle de

l’Egypte ou de l’Algérie et le tiers de

celle de la Jordanie, du Maroc ou de la

Tunisie. Elle a été réduite de 2,8% en

termes réels en 2002 après une hausse

de 2,6% en 2001 et de 5,9% en 2000.

(b) Des dépenses dirigées vers le poste

recherche et capital (15% du budget en

2002) pour renforcer les infrastructures

et accroître la productivité, tout en

tirant mieux parti des investissements

en éducation (14% des dépenses) et en

santé publique (13%, le taux le plus

fort de la zone). Il faut noter sur ce der-

nier plan, que la structure démogra-

phique en Israël diffère de celles des

autres PM, non pas sur le plan de la

jeunesse de la population (28% de

moins de 15 ans en 2000), mais sur

celui de la proportion des plus de 65

ans (près de 10%), deux fois plus éle-

vée que la moyenne des PM. Cela obli-

ge donc à avoir des dépenses de santé

plus élevées. Mais, en contrepartie,

cette frange de la population a des

capacités d’épargne plus importantes.

Enfin, le pas des réformes a été accéléré.

Les autorités jouent donc la carte de la

rigueur budgétaire pour ne pas peser sur les

perspectives de croissance à long terme.

Elles espèrent que, malgré la récession, le

déficit ne dépassera pas 3% du PIB en 2003,

ce qui apparaît très optimiste compte tenu

du résultat atteint en 2002 (3,97% du PIB)

et de la détérioration continuelle de la situa-

tion économique et sociale (réduction des

recettes fiscales). De plus, sans amélioration

de la situation régionale, les marges de

manœuvre du gouvernement israélien sont

fortement contraintes par le niveau des

dépenses de défense.

Les aides internationales, notamment la prise

en garantie par les Etats-Unis des nouveaux

titres de dette émis, en allégeant le service

Dépenses

12

8

14

12

17

12

6

14 14

19

11

5

15

11

18

10

4

15

12

16

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

Dépenses depersonnel

Intérêts de ladette publique

Investissementdans lesdépensestotales

Dépensesd'éducation en

% desdépenses

totales

Dépenses desanté en %

des dépensestotales

% 1995-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Ministère des Finances, Banque centrale, Fond Monétaire International, GDF octobre 2002.

Recettes

79

40

28

59

80

42

28

59

80

45

27

61

77

41

28

60

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Revenus destaxes

Impôtsdirects

Impôtsindirects

dont TVA

% 1995-1997 1998-2000 2001 2002

Page 103: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-93-

de la dette déterminent le degré de flexibili-

té du budget et l’ampleur des interventions

possibles de l’Etat sur l’économie. Malgré le

poids de la dette interne, le secteur bancaire

ne semble cependant pas fragilisé.

Une position objective exceptionnelle en

Méditerranée mais des facteurs de

risque qui hypothèquent les rating

Comme on pouvait s’y attendre, la position

d’Israël n’a aucune commune mesure avec

celle des autres PM. Du point de vue des indi-

cateurs macroéconomiques, l’économie dans

les bonnes années fait même mieux que les

pays de l’Union (l’année de référence est

2001), notamment en termes d’inflation

(1,12% contre 3%), de croissance du PIB (6%

contre 2,29%). Toutefois, ce portrait statique

fondé sur la période 2001, élude ici un point

essentiel : la situation politique qui rend pour

ainsi dire anecdotique toute tentative de

rendre compte de la situation économique (et

suspecte la valeur de certains indicateurs

comme le déficit budgétaire officiel qui ne

prend pas en compte les dépenses militaires).

On notera néanmoins dans le cadre des

aspects subjectifs quelques faiblesses non

liées à ce quasi-état de guerre :

(i) la régulation des marchés financiers n’est

pas jugée du niveau du standard des éco-

nomies développées. Ici, la participation

encore trop importante de l’État dans le

secteur bancaire, les restrictions de par-

ticipations étrangères dans ce secteur et

certaines dispositions particulières

comme l’interdiction faite aux banques

d’opérer dans le secteur des assurances

ou l’encadrement strict limitant leur

capacité à gérer des fonds de pension.

(ii) La transparence et le niveau démocra-

tique est également en retrait de ce que

l’on trouve dans les pays développés.

(iii) L’activité sur le marché noir est extrê-

mement développée, notamment pour

tout ce qui concerne les produits nor-

malement protégés par la propriété

intellectuelle, plus encore que dans la

moyenne des autres PM. A l’instar de ce

qui est mis en avant pour la plupart des

PM, c’est la mise en application des

textes qui est fustigée.

Page 104: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-94-

Israel 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs ObjectifsBarrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit Budgétaire

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats

Ob

jectifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

ISRAEL - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001Taux d'ouverture X+M/PIB 52,20% 53,40% 55,50%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 29% 32% 27%

vers les PM 1% 1% 1%

vers RdM 70% 67% 72%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 38% 52% 42%

issues des PM 0% 1% 2%

issues de RdM 62% 47% 56%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 0,61 0,42 0,49

avec RdM 0,88 0,97 0,96

Soldes en millions de dollars

avec l'UE -2 221 -8 519 -7 143

avec RdM -1 104 -407 -673

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,27 0,29 0,34

vers l'UE 0,19 0,18 0,19

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 48,4 51,2 48,9

avec l'UE 37,3 39,0 40,5

avec RdM 36,8 43,1 42,1

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Israël

Page 105: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-95-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 978 950 870 947 1 505 1 654 31 -555 -783 8% 5% 3% 6% 5% 5%

1 21 39 11 73 111 188 -53 -72 -177 0% 0% 0% 0% 0% 1%

2 437 510 536 610 721 609 -173 -211 -74 4% 3% 2% 4% 3% 2%

3 80 3 7 1 354 1 368 3 169 -1 275 -1 365 -3 162 1% 0% 0% 9% 5% 10%

4 1 1 6 37 89 62 -35 -88 -56 0% 0% 0% 0% 0% 0%

5 1 734 2 804 3 584 1 508 2 641 3 134 226 164 450 14% 15% 14% 10% 9% 9%

6 4 397 7 053 10 335 5 330 9 063 9 228 -934 -2 010 1 107 36% 37% 41% 35% 32% 28%

7 2 930 5 111 7 223 4 047 9 624 11 929 -1 117 -4 512 -4 705 24% 27% 29% 26% 34% 36%

8 1 455 2 121 2 480 1 086 2 336 3 243 369 -215 -763 12% 11% 10% 7% 8% 10%

9 20 454 5 332 582 71 -312 -128 -66 0% 2% 0% 2% 2% 0%

Total 12 052 19 045 25 059 15 324 28 039 33 287 -3 272 -8 994 -8 228 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 372 340 385 547 696 966 -175 -356 -581 4% 3% 2% 6% 5% 5%

1 10 33 7 51 81 124 -41 -48 -118 0% 0% 0% 1% 1% 1%

2 160 139 160 463 397 354 -303 -258 -194 2% 1% 1% 5% 3% 2%

3 78 1 3 1 347 1 360 3 115 -1 268 -1 360 -3 112 1% 0% 0% 14% 10% 17%

4 1 1 3 21 50 30 -20 -49 -28 0% 0% 0% 0% 0% 0%

5 902 1 380 2 251 864 905 1 193 38 475 1 057 11% 11% 13% 9% 7% 6%

6 3 368 5 193 8 309 2 345 2 956 4 620 1 023 2 237 3 690 40% 41% 46% 25% 23% 25%

7 2 502 3 801 5 152 2 922 5 122 6 516 -420 -1 321 -1 364 30% 30% 29% 31% 39% 35%

8 1 010 1 377 1 669 665 1 063 1 672 345 314 -3 12% 11% 9% 7% 8% 9%

9 12 407 5 295 450 26 -283 -43 -21 0% 3% 0% 3% 3% 0%

Total 8 416 12 673 17 943 9 521 13 080 18 616 -1 104 -407 -673 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 605 606 481 387 778 627 218 -172 -145 17% 10% 7% 7% 5% 5%

1 10 5 5 22 30 62 -12 -25 -57 0% 0% 0% 0% 0% 0%

2 268 353 359 142 308 240 126 44 119 8% 6% 5% 2% 2% 2%

3 1 2 5 8 7 51 -6 -6 -46 0% 0% 0% 0% 0% 0%

4 1 15 34 20 -15 -33 -19 0% 0% 0% 0% 0% 0%

5 774 1 296 1 205 642 1 721 1 890 132 -425 -686 22% 21% 18% 11% 12% 14%

6 1 019 1 836 1 953 2 967 5 931 4 227 -1 949 -4 094 -2 274 29% 30% 29% 51% 40% 30%

7 419 1 274 2 004 1 124 4 482 5 331 -704 -3 208 -3 326 12% 21% 30% 19% 31% 38%

8 437 733 767 419 1 263 1 432 17 -530 -665 12% 12% 11% 7% 9% 10%

9 7 45 36 115 44 -29 -70 -44 0% 1% 0% 1% 1% 0%

Total 3 541 6 149 6 781 5 762 14 669 13 924 -2 221 -8 519 -7 143 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 1 4 4 13 31 61 -12 -27 -58 1% 2% 1% 32% 11% 8%

1 2 -2 0% 0% 0% 0% 0% 0%

2 9 18 17 4 15 16 4 3 2 9% 8% 5% 10% 5% 2%

3 4 -4 0% 0% 0% 0% 0% 0%

4 2 6 11 -6 -9 0% 0% 1% 0% 2% 1%

5 58 128 129 2 15 50 56 113 79 61% 58% 38% 5% 5% 7%

6 10 24 72 18 176 381 -8 -152 -309 10% 11% 22% 43% 61% 51%

7 8 36 67 2 20 82 7 17 -15 9% 16% 20% 5% 7% 11%

8 9 12 44 2 11 139 7 1 -95 9% 5% 13% 5% 4% 19%

9 1 17 1 -16 -1 0% 0% 0% 1% 6% 0%

Total 95 223 335 41 290 746 54 -68 -411 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 8 26 29 6 11 25 2 16 5 13% 11% 10% 8% 7% 10%

1 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 1%

2 3 5 5 8 8 8 -5 -3 -3 5% 2% 2% 10% 5% 3%

3 1 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 0%

4 2 1 -2 -1 0% 0% 0% 0% 1% 0%

5 20 74 56 8 29 48 12 45 9 31% 30% 19% 10% 19% 19%

6 10 30 47 52 73 62 -42 -43 -14 15% 12% 16% 64% 47% 24%

7 14 81 121 5 28 74 9 53 46 21% 33% 42% 7% 18% 29%

8 10 29 29 1 3 32 9 26 -3 15% 12% 10% 1% 2% 13%

9 2 1 1 1 0% 1% 0% 0% 1% 0%

Total 66 249 289 81 157 253 -15 92 37 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

AC10 (***)

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

Valeur et structure des échanges d'Israël avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS

Page 106: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-96-

Jordanie

Grâce à une diversification de la production

et des échanges supérieure aux autres PM,

la Jordanie a fait preuve d'une remarquable

résilience aux chocs internes (sécheresse)

et externes (ralentissement de la conjonctu-

re internationale, etc.) intervenus depuis

2001, comme l’atteste la stabilité du taux

de croissance. Entre 1997 et 2001, le taux

annuel moyen a été de 3,6% et atteint

4,8% en 2002.

Fruit de la politique de réforme et de déve-

loppement par l'ouverture de la Jordanie,

cette diversification productive permet une

montée en gamme des produits, au bénéfice

d’une industrie manufacturière qui poursuit

son développement et enregistre encore une

forte progression en 2002 (10,6%), après

cinq années de bons résultats.

Ce mouvement doit être impérativement

soutenu et poursuivi car, malgré une tendan-

ce à la progression du PIB par tête

(3 966 dollars par habitant en 2000 contre

3 818 en 1998), le taux de croissance est

encore insuffisant pour absorber les nou-

veaux entrants sur le marché du travail. Sur

la base de la période 1990-1999, il faudrait

en effet un rythme de croissance annuelle du

PIB de 8,3% pour atteindre le taux de créa-

tion d'emplois nécessaire de 5,8% par an

(Keller et Nabli, 2002). Aussi, sur la période

2000-2002, le chômage augmente de 13,7%

à 15,3%, particulièrement chez les moins de

25 ans (de 26,6% à 31%).

Cette charge empêche non seulement l’amé-

lioration significative des conditions sociales,

mais pèse également sur la compétitivité.

Sur le premier plan, plus que le taux d’illet-

trisme (évalué à 10% mais ne s’améliorant

pas et touchant plus fortement les femmes,

16%, que les hommes, 5%), la qualification

des travailleurs va souffrir du fait que seuls

64% des enfants en âge d’être scolarisés

dans le primaire le sont effectivement (59%

dans le secondaire).

Sur le second plan, il faut bien noter que la

Jordanie est le PM pour lequel la croissance

de la productivité des facteurs a le plus ralen-

ti, avec retournement de tendance important

dans l’accumulation des facteurs (décrois-

sance du rythme d’accumulation du capital et

croissance du rythme du travail). Comme on

Contribution des secteurs au PIB

3

16,8

11,5

17,919,4

4

16,8

2,24

5,8

2,6

11

5,9

99,8 10,6

3,6

6,8

1,7

5,5

3,6 2,6 2,83,7 3,72,1

3,92,9

5,7

13,4

0

5

10

15

20

25

Agricu

lture

Min

es e

tex

trac

tion

Sec

teur

man

ufa

cturier

Ele

ctrici

té e

t ea

u

Const

ruct

ion

Com

mer

ce,

rest

aura

nts

, hôte

ls

Tra

nsp

ort

Ser

vice

s finan

cier

set

d'a

ssura

nce

Ser

vice

s so

ciau

x

Ser

vice

sgouve

rnem

enta

ux

% Part dans le PIB Croissance annuelle 2001 Croissance annuelle 2002

Données en termes constants aux prix de 1994.Sources : Département des Statistiques, Banque centrale, Eurostat, programme Medstat.

Page 107: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-97-

l’a vu plus haut, c’est un mouvement finale-

ment cohérent compte tenu de la contrainte

d’absorption des nouveaux entrants sur le

marché du travail, mais qui met en péril la

dynamique de long terme, notamment vis-à-

vis des autres régions en développement.

Toutefois, l’évolution récente apparaît favo-

rable et montre que l’économie est sur la

bonne voie :

(i) la dynamique observée en 2002 des

secteurs de la construction, des mines

et de l'agriculture peut permettre d'ab-

sorber les travailleurs peu qualifiés,

nombreux en Jordanie.

(ii) L’analyse sectorielle de l’investissement

tend à indiquer une meilleure allocation

du capital. Les secteurs véhiculant les

technologies les plus récentes et per-

mettant des gains de productivité

rapides représentent une part croissan-

te de l'investissement total (services

financiers et d'assurance, transports,

secteur manufacturier et commerce,

restaurants et hôtels). De même, la

structure de la croissance de l'investis-

sement est favorable puisqu’il semble se

détourner de secteurs peu innovants

(construction) et s'orienter de plus en

plus vers ceux tournés vers la demande,

vers l'exportation (mines et extraction,

secteur manufacturier) et la valorisation

du territoire (transports) qui contribuent

à améliorer la productivité.

En termes d’évolution macroéconomique, les

points remarquables sont :

(i) sur le marché des biens à l’extérieur, la

Jordanie reste un des pays les plus extraver-

tis de la région, malgré une chute du taux

d’ouverture au cours de la première partie de

la décennie (de 87,5% à 66,6%) : les

échanges représentent en 2001 près de 77%

de la production intérieure. Elle se distingue

des autres partenaires méditerranéens sur

de nombreux points :

(a) une orientation géographique originale ;

la faiblesse des relations avec l’Union

Européenne demeure tout au long de la

décennie, l’Union ne représentant que

28% des importations jordaniennes et

moins de 4% de ses exportations. A l’in-

verse, les flux intra-méditerranéens

sont plus importants qu’ailleurs et leur

part a presque doublé (de 7,6% à

Investissement sectoriel

48,1 37,3 30,0

-64,7-47,4

-15,5

122,5

-6,2-32,7

-1,2

10,2 0,4 7,7 20,2 19,92,4

22,8

2,6 3,3 10,0

-100

-50

0

50

100

150

Agricu

lture

Min

es e

tex

trac

tion

Sec

teur

man

ufa

cturier

Ele

ctrici

té e

t ea

u

Const

ruct

ion

Com

mer

ce,

rest

aura

nts

,hôte

ls

Tra

nsp

ort

Ser

vice

s finan

cier

set

d'a

ssura

nce

Ser

vice

s so

ciau

x

Ser

vice

sgouve

rnem

enta

ux

%Accumulation du capital 1999-2000 part dans l'investissement total 2000

Données en termes constants aux prix de 1994.Sources : Département des Statistiques, Banque centrale.

Page 108: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-98-

13,1% des exportations). De même, les

exportations vers d’autres pays du

Moyen-Orient sont très développées, ce

qui pourrait paradoxalement poser pro-

blème compte-tenu de la situation poli-

tique qu’a connue la région en 2003

(l’Irak représentait près de 10% des

exportations et 14% des importations

en 2001). La Jordanie est le fer de lance

de la politique de création d’une zone de

libre-échange entre les pays arabes et

les Etats-Unis. La feuille de route

publiée par les Etats-Unis avance des

chiffres de progression des exportations

jordaniennes vers les Etats-Unis miro-

bolants (en hausse de 60 à 76% en

2002). Mais, la réalité apparaît toute

différente : les retombées commerciales

semblent ne pas avoir été à la hauteur

des espérances et les importations jor-

daniennes auraient même régressé

légèrement. En fait, un amalgame a été

fait avec un autre projet qui visait à éta-

blir des liens commerciaux entre Israël

et les pays arabes voisins afin de main-

tenir la paix dans la zone. Celui-ci pré-

voyait que les produits manufacturés

jordaniens pouvaient entrer sur le mar-

ché américain sans être soumis à quo-

tas ou droits de douanes s’ils incorpo-

raient au moins 8% de valeur ajoutée

israélienne. Les activités de ré-exporta-

tion (+48,3% en 2002) ont principale-

ment profité à l’industrie du cuir qui,

certes, est une industrie intensive en

main d'œuvre mais dont le marché

mondial est peu dynamique.

(b) Une structure des exportations qui s’est

largement diversifiée, les matières pre-

mières hors hydrocarbures (phosphates

notamment) ayant vu leur poids dans le

total baisser de 38% en 1990 à 18% en

2001, tandis que celui des articles manu-

facturés augmentait de 5 à 20% depuis

1995. On notera que les relations avec

l’Union ont également connu la même

évolution : le poids de matières pre-

mières a chuté de 75% en 1995 à 33%

en 2001, les produits industriels (postes

6 à 8 de la CTCI) passant eux de 9 à

39%. Ce mouvement a entre autres per-

mis à la Jordanie de réduire fortement la

volatilité des termes de l’échange et du

pouvoir d’achat de ses exportations.

(c) Une balance commerciale structurelle-

ment déficitaire où la contribution de

l’Union (pour près de la moitié de ce

déficit : -1,3 milliards sur un déficit total

de près de 3 milliards de dollars en

2001) est hors de proportion eu égard à

ce que représente le marché européen

pour la Jordanie.

En 2002 cependant, les déficits de la balance

des biens et des biens et services se rédui-

sent respectivement de 13,2% et de 8%

grâce à une hausse des exportations (20%)

plus rapide que celle des importations (+3%)

et au maintien de l’excédent des services.

Les recettes touristiques après avoir baissé

en 2000 (-9%) et 2001 (-3%), se sont réta-

blies en 2002 (+12%). Cette résistance pro-

vient de la part du tourisme arabe (+17,4%

en 2002) et africain (+21%) qui contrebalan-

ce celle des européens (-25,3%) et des

israéliens (-12%).

Les besoins d'épargne ainsi générés sont

couverts par les transferts de fonds des tra-

vailleurs qui se renforcent (+10,3% en 2001

et -6,3% en 2002) ainsi que par les finance-

ments publics (+62% en 2001 et +10% en

2002). Mais, en 2001, les investissements de

portefeuille régressent (-22%), comme les

financements privés (-34%). Ces orienta-

tions ne devraient pas se modifier pour 2002.

Avec la guerre en Irak, l’année 2003 s’an-

nonçait difficile malgré une bonne saison

agricole. En janvier et février 2003, les

Page 109: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-99-

exportations ont diminué de 13,6% et 15,2%

respectivement par rapport aux résultats de

l’année précédente. Les importations ont

connu une évolution similaire avec le ralen-

tissement de l’activité (-2,8% en janvier et -

19,5% en février ). Le mois de mars fait

cependant état d’un retour à la hausse des

exportations (+29,7%) et des importations

(+44,7%), signe peut-être que la confiance

dans l’économie jordanienne n’a pas été

durablement affectée par le climat politique.

Toutefois, les éventuelles tensions sur la

balance des paiements seront largement

réduites grâce aux aides extérieures. Les

Etats-Unis ont proposé de couvrir le manque

à gagner dû à la perte du marché irakien que

le gouvernement jordanien avait évalué à

1,1 milliards de dollars. A cela s’ajoute les

250 millions d’aide directe et les 198 millions

d’aide militaire précédemment octroyés.

D’autres bailleurs de fonds se sont joints à

cet effort pour soutenir la balance courante

jordanienne. Le Japon offre 50 millions d’ai-

de budgétaire et autant pour le financement

de projets de développement. L’Union euro-

péenne propose 35 millions d’euros. La

Banque Mondiale intervient aussi sous la

forme d’un programme d’aide sur trois ans

(305 millions en tout) et le Club de Paris

consent des reports de créances.

(ii) Ces chiffres laissent supposer que du côté

de la demande interne, en 2001 et 2002, les

exportations ont su tirer la croissance plus

fortement que ne le laissent supposer les

chiffres pour 1998-2000 (figure suivante). La

consommation privée est un autre moteur

puissant. Néanmoins, entre 1998 et 2002, la

consommation publique n'a pas nourri l'in-

vestissement ce qui signifie qu'un rattrapage

est nécessaire.

(iii) le taux de change effectif réel s'est

apprécié passant de 118,5 en 1999 à 132,5

en avril 2002 ce qui nuit à la compétitivité

des produits jordaniens. Cela est en grande

partie dû à l'évolution du dollar. Cependant,

l'ancrage de la monnaie au dollar peut se jus-

tifier aussi bien du point de vue (a) de la dis-

tribution géographique des échanges compte

tenu, comme on l’a vu, de la part des expor-

tations vers les pays arabes, dont la plupart

sont ancrés au dollar et de celle des Etats-

Unis ; (b) de la structure en devise de la

dette qui privilégie le dollar à 32% en 2000

et le yen à hauteur de 24%. La Jordanie doit

donc restaurer sa compétitivité en jouant sur

la productivité des facteurs et leurs coûts.

(iii) La politique monétaire, saine, est carac-

térisée par une réduction du seigneuriage et

une croissance modérée de la masse moné-

taire. L'inflation est maîtrisée du fait de l'an-

crage du change qui favorise l'importation de

la crédibilité de la banque centrale américai-

ne. En 2002, la relance de l'économie a pris

la forme d'une forte hausse des crédits à

l'économie qui ne s'est, pour l'instant, pas

traduite par une augmentation des prix.

Mais, tout risque n'est pas écarté.

Les choix d'endettement ont deux objectifs :

répondre aux besoins en devises dans les

périodes d'incertitudes, notamment poli-

Décomposition du PIB 1998-2000

3,5%

8,5%

5,7%

1,5%

8,5%

5,6%

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

Produit I

nté

rieu

rBru

t

Conso

mm

atio

nPr

ivée

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

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ent

fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Import

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Source : Banque centrale.

Page 110: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-100-

tiques, et éviter de peser sur l'économie

domestique. Ainsi la dette externe s'accroît

comme le montant de la dette totale par rap-

port au PIB mais la structure de la dette est

favorable (seulement 6% de dette à court

terme en 2001) et la solvabilité est satisfai-

sante. Le service de la dette ne représente,

en effet, que 14% des exportations et le ratio

des réserves sur la dette externe s'améliore

(42% en 2000 contre 53% en 2002).

Le marché des actifs est en expansion faute

d'une intermédiation bancaire de qualité. Le

climat politique régional incite les banques à

la prudence et elles hésitent à répercuter la

baisse des taux (ils sont passés de 3% à

2,75% début 2003) sur les taux de crédit qui

demeurent élevés, même pour les emprun-

teurs les plus fiables (10%). Le morcellement

des acteurs financiers joue également dans

ce sens en limitant leurs capacités à faire

face à des évolutions défavorables de la qua-

lité de leurs actifs. La loi de 2000 qui encou-

rage les fusions n’a pas induit de change-

ment notable de la situation. Le rôle actuel

de l’intermédiation financière dans le soutien

de la croissance n’est donc pas satisfaisant.

La nouvelle directive concernant les ratios de

solvabilité des banques qui lie plus étroite-

ment les fonds propres aux risques encourus

ne peut qu’amplifier les difficultés des éta-

blissements de petite taille (entrée en

vigueur prévue en 2004). Cela aura forcé-

ment un effet restrictif sur les prêts distri-

bués. L’alternative pour les entreprises est de

recourir au marché obligataire qui a été par-

ticulièrement actif en 2002 (+40% par rap-

port à 2001). Cette forme de financement est

à développer puisqu’elle ne représente enco-

re que 141 millions de dollars en 2002 à

comparer avec les 7 milliards de dollars de

capitalisation boursière du marché d’Amman.

(iv) La politique budgétaire prudente permet

de limiter le déficit à 3,9% du PIB, mais

souffre des mêmes limites que les autres

partenaires méditerranéens bien qu'elle soit

moins exposée aux aléas des prix des

matières premières : fragilité des ressources

et rigidité des dépenses.

Les recettes des taxes sur le commerce inter-

national représentent encore 11,6% des

recettes totales, mais elles ont été réduites de

moitié en 8 ans ce qui prouve l'engagement de

la Jordanie sur la voie de l'ouverture. Le reve-

nu des taxes est encore insuffisant (49,3% en

2002 des recettes totales). La TVA (25% des

Politique monétaire

6,4 5,9

11,5

4,4

2,4 1,9

8,1

-2,6

1,8 1,8

7

-8,2

11,9

1,8

3,743,9

-10

-5

0

5

10

15

M2 Avances ausecteur public

Crédit àl'économie

domestique

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril 2003, Eurostat, programme Medstat, Banque centrale.

Endettement

6,4 5,9

11,5

4,4

2,4 1,9

8,1

-2,6

1,8 1,8

7

-8,2

11,9

1,8

3,743,9

-10

-5

0

5

10

15

M2 Avances ausecteur public

Crédit àl'économie

domestique

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

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-101-

recettes totales et 90,5% des impôts indirects)

permet des ajustements. La Jordanie a, en

2002, élargi le champ d’application de la TVA à

certains des biens exonérés jusque là (2% sur

le pain, thé, sucre, etc.). Ces mesures ne l’ont

pas empêché de perdre 7,5% des recettes fis-

cales et 10,9% des recettes non fiscales atten-

dues du fait du rythme ralenti des privatisa-

tions et des aléas de la mise en place de la

TVA. Par ailleurs, les impôts directs restent

faibles et pèsent assez peu sur l'expansion du

secteur privé et de la consommation (20,5%

des recettes totales en 2002).

Du côté des dépenses, les engagements font

preuve d'une remarquable stabilité. Le poste

des salaires absorbe 49% et la défense 24%

des dépenses totales. La part de ce dernier

est presque aussi importante que pour Israël.

Malgré ses difficultés, la Jordanie préserve le

niveau des dépenses de santé (9%), d'édu-

cation (14%) et d'investissement (19%).

Reste que, pour apprécier la dépendance de

l’économie jordanienne vis-à-vis des finan-

cements internationaux, son déficit budgé-

taire doit s’apprécier hors dons. En 2002, il

représente 8% du PIB. L’exercice 2003 qui

retient des hypothèses de croissance écono-

mique (5%), des exportations (15%) et de

l’aide internationale (16%) optimistes risque

de se conclure par un déficit assez impor-

tant. D’autant qu’il faudra intégrer la hausse

des dépenses au titre du plan de transfor-

mations sociales et économiques lancé par

le roi en 2001.

Une bonne position de la Jordanie vis-à-

vis des autres pays en développement

Cas particulier au sein des PM, la Jordanie a

une position élevée, à la fois selon les cri-

tères objectifs et subjectifs. D’ailleurs, sa

performance du point de vue des critères

macroéconomiques retenus est supérieure à

celle des nouveaux pays membres.

Du point de vue des critères subjectifs, les

principales voies d’amélioration concernent :

(i) la protection non tarifaire implicite due

aux procédures douanières. Tandis que

la protection tarifaire est faible pour un

pays en développement, les procédures

douanières apparaissent longues et sur-

tout arbitraires dans certains cas.

(ii) Les marchés financiers, surtout sur le

plan du financement de long terme,

Dépenses

25

44

19

13

24

47

18

13

24

49

19

11

0

10

20

30

40

50

60

Dépenses dedéfense

Dépenses desalaires

Dépenses decapital

Dépensesd'intérêt de la

dette

en %

dép

ense

s to

tale

s

1998-2000 2001 2002

Source : Ministère des Finances, Fond Monétaire international, GDF 2002.

Recettes

50

24

16

25

87

51

22

12

28

91

49

20

12

28

90

-4 -3-4

-20

0

20

40

60

80

100

Revenus destaxes

Impôtsdirects

Revenus destaxes sur lecommerce

international

Impôtsindirects

dont TVA Déficitbudgétaireen % PIB

en %

des

res

sourc

es t

ota

les

1998-2000 2001 2002

Page 112: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-102-

(iii) La transparence, en particulier dans les

administrations où les procédures sont

parfois appliquées de manière opaque

ou arbitraire.

Pour ce qui concerne les indicateurs objectifs,

les grandes forces de l’économie jordanienne

que sont le niveau des IDE en proportion de

la production intérieure, la maîtrise de l’infla-

tion et de la balance du compte courant et

l’accès au crédit pour le secteur privé sont

amoindries par :

(i) un niveau général de développement

humain à peine moyen, notamment sur

le plan des conditions économiques (si le

niveau de l’espérance de vie est élevé, le

PIB par tête est faible, même vis-à-vis du

niveau moyen des PM) ;

(ii) une ouverture commerciale relative-

ment à la population à peine moyenne,

ce qui rend d’autant plus importante la

réforme des procédures douanières ;

(iii) un déficit budgétaire encore important ;

(iv) un niveau d’endettement plus élevé que

dans les autres PM ;

(v) un niveau des infrastructures de télécom-

munications et d’utilisateurs d’internet

moyen, inférieurs à ce que l’on observe

dans les pays en voie d’adhésion.

Page 113: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-103-

Jordan 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats

Ob

jectifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

JORDANIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 87,50% 66,60% 76,80%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 3,3% 6,3% 3,7%

vers les PM 7,6% 10,4% 13,1%

vers RdM 89,1% 83,3% 83,2%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 22,8% 34,0% 28,2%

issues des PM 5,4% 8,4% 8,4%

issues de RdM 71,8% 57,6% 63,4%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 0,05 0,07 0,05

avec RdM 0,44 0,58 0,51

Soldes en millions de dollars

avec l'UE -562 -1 134 -1 304

avec RdM -1 048 -881 -1 501

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,37 0,28 0,20

vers l'UE 0,65 0,66 0,38

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations 100 117 107

Indice valeurs unitaires des importations 100 99 105

Termes de l'échange 100 118 102

Pouvoir d'achat des exportations 100 168 170

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 23,3 24,8 30,0

avec l'UE 4,1 5,8 21,5

avec RdM 22,8 20,1 28,0

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Jordanie

Page 114: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-104-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 90 142 191 609 598 740 -519 -456 -548 10% 10% 10% 23% 17% 15%

1 7 7 32 15 14 47 -8 -7 -14 1% 1% 2% 1% 0% 1%

2 354 370 353 65 130 150 289 240 203 38% 26% 18% 3% 4% 3%

3 471 379 699 -471 -379 -698 0% 0% 0% 18% 11% 14%

4 1 210 60 33 135 55 -32 74 5 0% 15% 3% 1% 4% 1%

5 285 431 487 287 456 535 -2 -26 -48 31% 30% 26% 11% 13% 11%

6 118 138 238 452 719 940 -334 -582 -702 13% 10% 12% 17% 20% 19%

7 22 65 173 493 906 1 324 -472 -840 -1 151 2% 5% 9% 19% 25% 27%

8 47 69 373 135 209 288 -88 -140 84 5% 5% 20% 5% 6% 6%

9 43 52 94 -43 -52 -94 0% 0% 0% 2% 1% 2%

Total 922 1 432 1 907 2 603 3 599 4 871 -1 681 -2 167 -2 964 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 76 109 161 425 346 491 -350 -236 -330 9% 9% 10% 23% 17% 16%

1 6 5 30 4 4 38 2 1 -8 1% 0% 2% 0% 0% 1%

2 312 275 314 44 85 110 268 190 204 38% 23% 20% 2% 4% 4%

3 469 367 673 -469 -367 -673 0% 0% 0% 25% 18% 22%

4 1 208 58 18 122 49 -17 86 10 0% 17% 4% 1% 6% 2%

5 256 390 412 163 220 298 93 170 114 31% 33% 26% 9% 11% 10%

6 108 84 178 311 401 595 -203 -318 -417 13% 7% 11% 17% 19% 19%

7 20 61 150 326 403 622 -305 -343 -472 2% 5% 9% 17% 19% 20%

8 43 61 283 87 94 164 -44 -32 120 5% 5% 18% 5% 5% 5%

9 24 32 49 -24 -32 -49 0% 0% 0% 1% 2% 2%

Total 822 1 193 1 587 1 870 2 073 3 088 -1 048 -881 -1 501 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 3 10 3 151 152 148 -149 -142 -145 8% 11% 4% 26% 12% 11%

1 2 10 10 5 -10 -8 -5 0% 2% 0% 2% 1% 0%

2 22 67 23 14 39 34 8 28 -11 73% 75% 33% 2% 3% 2%

3 2 1 25 -2 -1 -25 0% 0% 0% 0% 0% 2%

4 14 13 5 -14 -13 -5 0% 0% 0% 2% 1% 0%

5 3 1 18 109 215 208 -106 -214 -190 10% 1% 26% 18% 18% 15%

6 1 4 16 77 224 178 -76 -220 -161 4% 5% 23% 13% 18% 13%

7 1 163 469 662 -163 -468 -661 0% 0% 2% 27% 38% 48%

8 2 5 10 36 80 77 -35 -75 -68 5% 6% 14% 6% 7% 6%

9 16 20 33 -16 -20 -33 0% 0% 0% 3% 2% 2%

Total 30 90 70 592 1 223 1 374 -562 -1 134 -1 304 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 12 23 28 33 101 101 -21 -78 -73 17% 15% 11% 23% 33% 25%

1 1 1 2 1 3 1 -1 2% 0% 1% 0% 0% 1%

2 20 28 16 7 6 6 13 22 10 29% 19% 6% 5% 2% 2%

3 11 1 -11 -1 0% 0% 0% 0% 4% 0%

4 2 2 2 2 -2 2 0% 1% 1% 1% 0% 0%

5 26 40 57 15 21 29 10 19 28 37% 27% 23% 11% 7% 7%

6 8 50 44 64 94 168 -56 -44 -123 11% 33% 18% 46% 31% 41%

7 1 4 22 5 34 40 -4 -29 -18 2% 3% 9% 4% 11% 10%

8 2 2 80 12 35 48 -9 -33 32 3% 1% 32% 8% 12% 12%

9 2 12 -2 -12 0% 0% 0% 2% 0% 3%

Total 70 149 250 140 302 409 -71 -153 -159 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 15 3 6 -15 -3 -6 4% 1% 1% 42% 8% 18%

1 0% 0% 4% 0% 0% 0%

2 4 1 -1 4 0% 2% 67% 3% 1% 0%

3 1 19% 3% 8% 0% 0% 0%

4 0% 0% 0% 1% 0% 0%

5 2 1 3 5 5 -3 -3 -4 5% 79% 16% 10% 14% 15%

6 12 19 14 -12 -19 -14 19% 5% 0% 33% 53% 41%

7 2 7 7 -2 -7 -7 0% 4% 1% 6% 20% 19%

8 1 2 1 1 -1 -1 -1 52% 6% 2% 5% 4% 4%

9 1 0% 0% 0% 0% 0% 2%

Total 1 3 6 36 35 34 -35 -33 -27 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

AC10 (***)

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

Valeur et structure des échanges de la Jordanie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS

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-105-

Liban

La situation du Liban reste toujours préoccu-

pante. Sur le plan de la croissance, l’amélio-

ration est patente. Entre 1998 et 2000, le PIB

n’a cru que de 0,5% par an, mais ce taux

atteint +1,3% en 2001 et la Banque Mondiale

prévoit une croissance de 3,5% en 2002.

Le secteur qui a connu la croissance la plus

rapide en 2001 est l’agriculture (+2,6%),

mais elle ne représente que 12% de la valeur

ajoutée. L’industrie qui compte pour 21,9%

du PIB (10,3% du PIB pour le seul secteur

manufacturier) se redresse et affiche mainte-

nant une progression de 1,2%. Surtout, en

2002, il a permis une très nette progression

dans la création d’emploi (+51,9%). Le sec-

teur des services (66,1% du PIB) augmente

son rythme de croissance, +1,7% en 2001

contre +0,6% en 2000. Ces évolutions sec-

torielles indiquent que les efforts de restruc-

turation du gouvernement semblent com-

mencer à porter leurs fruits.

Mais, elles sont encore insuffisantes pour

faire face aux nécessités d’emploi. Le chôma-

ge reste élevé et touche 10% de la popula-

tion active, plus particulièrement les jeunes

(24% en 2000).

Bien que le Liban ait réussi à enrayer la chute

du PIB par tête (-1,8% en 2000 ; 0% en

2001 ; prévisions de la Banque Mondiale

pour 2001-2005 de +1,4% par an), la pau-

vreté s’aggrave d’autant que les populations

se concentrent dans les villes (90% de la

population totale). L’illettrisme touche encore

14% de la population en 2001 avec une forte

discrimination par genre (19,7% de femmes

et 7,9% d’hommes) mais qui se réduit.

L’enjeu pour le Liban va donc consister, dans

les toutes prochaines années à :

(i) assainir sa gestion budgétaire et son

endettement afin de moins peser sur

l’économie domestique,

(ii) redynamiser son ouverture (les expor-

tations ne représentent que 11,5% du

PIB en 2001 contre 47,5% pour la

Tunisie ou 44,2% pour la Jordanie)

(iii) restaurer l’importance du pays en tant

que place financière internationale.

La situation actuelle peut être résumée de la

façon suivante :

(i) Sur le marché des biens, les années 1990

n’ont pas permis au Liban d’améliorer son

ouverture commerciale : le taux d’ouverture

Décomposition du PIB (couleur claire : 1995-2000, couleur moyenne : 2000-2001)

1,7%

-2,2%

7,8%

-9,8%

-2,2% -2,2%-1,9%

11,4%

5,3%

-6,5%

1,3%

8,8%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

Produit I

nté

rieu

rBru

t

Conso

mm

atio

nPr

ivée

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

Inve

stis

sem

ent

fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Import

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Source : Banque mondiale, 2002.

Politique monétaire 1/

22,1

24,8

9,9210,3 10,6

13,7

0,6

7,45,5

11,7

-4,9

7,68,9

0,5

33,1

-10

-5

0

5

10

15

20

25

30

35

M3 M4 Crédit à l'économiedomestique

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

1/ Taux de croissance annuel moyen.Sources : Banque centrale, Eurostat, programmeMedstat, Fond Monétaire International, juin 2002.

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-106-

(importations+exportations sur PIB) a ainsi

baissé de 67% à 42%. Dans le même temps,

malgré les accords d’association, les relations

avec l’Union semblent se distendre : l’Union

ne représente plus que 19% des exportations

libanaises en 2001 contre 38% en 1990. Le

mouvement est moindre au niveau des impor-

tations, mais de même direction, le poids de

l’Union passant de 50% à 45% au cours de la

même période. Dans le même temps, le Liban

développe ses relations avec les autres PM qui

absorbent maintenant 15% des exportations

(contre 9% en 1990) et fournissent 8% des

importations (4% en 1990).

Cette modification sensible de l’orientation

des échanges n’a toutefois pas entraîné

d’amélioration du déficit structurel des

échanges (près de 5 milliards de dollars en

2001). Au contraire, le taux de couverture

avec l’Union se détériore fortement.

La structure des exportations évolue légère-

ment, mais de façon ambiguë. Certes, la

concentration des exportations baisse dans la

décennie, sous l’effet d’une réduction du

poids des exportations de matières pre-

mières hors hydrocarbures (de 22% à 9% du

total) et d’une progression du poste

« machines et matériels de transports ».

Mais, dans le même temps, la part des pro-

duits manufacturés évolue négativement (de

20% à 18%) et surtout, la part des articles

manufacturés perd 10 points (de 33% à

23%). Ainsi, la structure des exportations se

spécialise vis-à-vis de la demande mondiale

(Cf. Rapport annuel du Femise 2002, p.47).

En 2002, les exportations ont augmenté de

17,5% alors que les importations baissaient

de 11,6%, en partie du fait de leur renché-

rissement en dollars, ce qui a permis une

réduction du déficit de la balance des biens

de 22% et allége les pressions qui pèsent sur

l’épargne nationale.

Le problème est qu'un des groupes de biens

dont les importations ont le plus diminué est

celui des machines et outillages (-15,4% en

2002 et -20,5% au premier trimestre 2003),

ce qui ne sera pas sans conséquence sur l'ac-

cumulation du capital.

Enfin, si le déficit du compte courant est cou-

vert et la balance des paiements en surplus

c'est uniquement dû aux entrées de capitaux

Dollarisation de l'économie 2/

65

53

69

65

88 13998

4582

5435

11451

2941

4974

10056

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

avr-99avr-97avr-95avr-93avr-91avr-89

%

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

16000

billions de LBE

Taux de dollarisation Réserves de change

2/ Taux de dollarisation, échelle de droite,Réserves de change, échelle de gauche.Source : Banque centrale.

Endettement

8570

29

120

207

75 74

44

102

260

6674

46 49

297

54

35

0

50

100

150

200

250

300

350

Detteintérieure/Dette

totale

Dette à courtterme/Dette

externe totale

Service de ladette/exportationsde biens, services

et revenus

Réserves/Detteexterne totale

Dette externetotale/exportationsde biens, services

et revenus

% 1995-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, Banque centrale, Ministère desFinances.

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-107-

résultants du réaménagement de la dette déci-

dé à la conférence de Paris II, seuls 15% des

entrées relèvent des mouvements usuels[12].

(ii) Sur le plan de la demande interne, en

2001, la consommation privée repart avec

une croissance à 8,8% contre -2,9% en

2000. Elle est le principal soutien de la crois-

sance en 2001 avec les exportations et

relaye la consommation publique qui malgré

sa forte croissance n'a pas pu empêcher la

chute vertigineuse de l'investissement.

(iii) Le taux de change effectif nominal se

déprécie, perdant 5,8% en 2002. Le mouve-

ment se poursuit depuis janvier, surtout à

cause de la baisse du dollar US et de la crise

politique en Irak. La position libanaise s'en

trouve améliorée puisque la part des expor-

tations vers les pays arabes dans les expor-

tations totales ne faiblit pas et atteint encore

les 49% en 2002. La mise en place de la zone

de libre-échange avec les pays arabes pour-

rait favoriser le développement de liens com-

merciaux étroits. Par contre, si l'ancrage au

dollar se justifie du point de vue de la com-

position de la dette (61% en dollars en

2000), c’est moins le cas d’un point de vue

commercial, du fait du poids des importa-

tions avec l'Union européenne toujours

important malgré la baisse.

(iv) L'efficacité de la politique monétaire est

très réduite à cause d'une part, d'une dolla-

risation importante de l'économie (68,6% en

mars 2003 en termes de dépôts) et, d'autre

part, de l'ancrage au dollar qui dicte le niveau

des taux d'intérêt étant donné le risque pays.

A la différence de l'Egypte, la forte dollari-

sation n'est pas ici principalement le résul-

tat d'un manque de liquidités mais d’une

défiance envers la solvabilité du gouverne-

ment étant donné sa situation financière.

Afin de renouer avec la croissance, en l'ab-

sence de pressions inflationnistes (-5,9%

en 2002 après –4,9% en 2001 et -2,2% en

2000), une baisse des taux d'intérêt est

intervenue (16,76% en 2001 contre

14,74% en mai 2003) mais elle reste lar-

gement insuffisante pour aider à dynami-

ser la croissance. De plus, l'écart persis-

tant qui existe entre les taux pratiqués sur

les prêts en monnaie locale et ceux en dol-

lars (9,62% sur ceux en dollars) affaiblit le

contrôle des autorités sur l'économie.

Ainsi, le ratio crédit/dépôts en livre libanai-

se est de 19% alors qu’il est de 41,3% sur

le dollar. Le réaménagement de la dette a

permis de redonner confiance aux investis-

seurs, ce qui se traduit par une croissance

de M4, qui comprend les titres émis par le

Trésor sur la dette nationale et détenus par

le secteur non-bancaire, plus rapide que

M3 en 2002.

Par ailleurs, le gouvernement limite le

recours à la levée de fonds sur le marché

domestique (la dette interne passe de 85%

à 54% de la dette totale) afin de minimiser

l'effet d'éviction dont souffre le secteur

privé. Cela peut avoir des conséquences

positives sur la dollarisation, mais, en

contrepartie, cela accroît l’exposition aux

chocs externes, notamment sur les taux de

change vis-à-vis des monnaies d'emprunt.

De plus, les réserves de change ne couvrent

plus que 35% de la dette externe et le ser-

vice de la dette absorbe 46% des recettes

des transactions sur les biens, services et

revenus. Enfin, la structure de la dette n'est

pas favorable au Liban, puisque 74% de la

dette est à court terme. La conférence de

Paris II a certes donné une bouffée d'oxygè-

ne au Liban, mais le pays ne pourra s'enga-

ger sur la voie d'un désendettement que s'il

abaisse ses taux d'intérêt pour enregistrer

une croissance économique n’est pas forcé-

ment compatible avec la politique actuelle

d’ancrage.

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-108-

(iv) La politique budgétaire est tiraillée

entre deux objectifs irréconciliables : le

désendettement et l'aide à l'apparition des

conditions d'une croissance durable. La

TVA entrée en vigueur en 2002 pourrait y

pourvoir. Elle représente déjà 18% des

recettes totales. Mais, les possibilités de

son augmentation, nécessaire pour lever

les ressources indispensables à l'assainis-

sement des finances publiques, vont se

heurter très vite au niveau de la pauvreté.

La part des impôts directs est faible et la

croissance encore timide ne permet pas

d'envisager de progression rapide. Le

Liban est le pays méditerranéen dont le

budget dépend le plus des recettes du

commerce international (30% en 2002),

ce qui est intenable, compte-tenu de l’exi-

gence d’ouverture soulignée plus haut,

comme des engagements pris dans le

cadre du partenariat.

Du côté des dépenses, la charge du paiement

des intérêts de la dette qui absorbe encore

85,6% des recettes budgétaires en 2002

(quelque peu réduite par rapport aux

100,5% de 2001) oblige le gouvernement à

réduire toutes ses dépenses de fonctionne-

ment comme d'investissement, les recettes

ne pouvant toujours couvrir que 63,6% des

dépenses en 2002. De fait, selon une étude

du Consultation and Research Institut, les

dépenses sociales ne permettent pas une

hausse significative du bien-être des popula-

tions. Le revenu mensuel moyen d’un ména-

ge libanais est de 550 dollars américains ce

qui est très en deçà du seuil minimum pour

assurer un train de vie décent, que l’institut

estime à 780 dollars. Plus loin, les ménages

travaillant dans le privé, dans l’agriculture et

en tant qu’indépendants sont les plus tou-

chés mais constituent la frange de population

qui bénéficie le moins des dépenses sociales.

LIBAN - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 67,30% 42,30%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 38,0% 19,3%

vers les PM 9,2% 15,2%

vers RdM 52,8% 65,5%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 50,1% 45,4%

issues des PM 4,0% 7,6%

issues de RdM 45,9% 47,0%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 0,13 0,06

avec RdM 0,20 0,20

Soldes en millions de dollars

avec l'UE -709 -2 590

avec RdM -599 -2 274

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,19 0,11

vers l'UE 0,22 0,18

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations 100 110

Indice valeurs unitaires des importations 100 102

Termes de l'échange 100 107

Pouvoir d'achat des exportations 100 142

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 17,3 18,5

avec l'UE 9,9 9,3

avec RdM 18,9 21,4

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

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-109-

Produits (*) 1990 2001 1990 2001 1990 2001 1990 2001 1990 2001

0 28 101 295 980 -267 -879 10% 11% 18% 16%

1 8 49 43 188 -36 -139 3% 6% 3% 3%

2 62 83 34 211 28 -128 22% 9% 2% 3%

3 38 81 -38 -81 0% 0% 2% 1%

4 1 9 32 42 -30 -32 0% 1% 2% 1%

5 16 100 175 723 -159 -624 6% 11% 11% 12%

6 55 157 355 1 105 -300 -948 20% 18% 22% 18%

7 13 124 331 1 721 -318 -1 597 5% 14% 20% 28%

8 94 206 318 774 -224 -568 33% 23% 20% 13%

9 4 59 9 253 -5 -194 1% 7% 1% 4%

Total 282 888 1 629 6 078 -1 347 -5 190 100% 100% 100% 100%

0 21 72 107 385 -86 -313 14% 12% 14% 13%

1 6 30 19 140 -13 -110 4% 5% 3% 5%

2 14 38 21 121 -6 -82 10% 7% 3% 4%

3 13 29 -13 -29 0% 0% 2% 1%

4 1 7 11 20 -10 -13 1% 1% 1% 1%

5 5 51 54 233 -49 -182 3% 9% 7% 8%

6 28 75 187 564 -159 -490 19% 13% 25% 20%

7 3 90 205 739 -202 -648 2% 16% 27% 26%

8 67 159 126 374 -59 -215 45% 27% 17% 13%

9 2 59 5 252 -3 -193 2% 10% 1% 9%

Total 149 582 748 2 856 -599 -2 274 100% 100% 100% 100%

0 2 8 150 393 -148 -385 2% 5% 18% 14%

1 2 16 24 45 -23 -29 2% 9% 3% 2%

2 41 34 12 61 29 -27 38% 20% 1% 2%

3 24 42 -24 -41 0% 0% 3% 2%

4 1 17 17 -17 -16 0% 1% 2% 1%

5 9 28 116 442 -106 -415 8% 16% 14% 16%

6 20 39 159 442 -139 -403 18% 23% 19% 16%

7 10 15 124 955 -114 -940 9% 9% 15% 35%

8 22 31 188 364 -166 -334 21% 18% 23% 13%

9 1 4 1 -2 -1 1% 0% 0% 0%

Total 107 171 816 2 762 -709 -2 590 100% 100% 100% 100%

0 5 22 38 203 -33 -181 18% 16% 58% 44%

1 2 3 -1 0% 2% 0% 1%

2 7 11 1 30 6 -19 26% 8% 2% 6%

3 1 11 -1 -11 0% 0% 2% 2%

4 1 3 5 -3 -3 0% 1% 5% 1%

5 2 21 6 48 -4 -27 8% 15% 9% 10%

6 7 43 9 99 -2 -56 28% 32% 14% 21%

7 1 19 2 27 -2 -8 3% 14% 4% 6%

8 4 16 4 36 -20 16% 12% 6% 8%

9 0% 0% 0% 0%

Total 26 135 65 461 -39 -326 100% 100% 100% 100%

0 2 3 52 -2 -50 2% 7% 20% 46%

1 8 -8 3% 0% 3% 7%

2 1 -1 2% 0% 1% 1%

3 0% 0% 0% 0%

4 3 -3 0% 0% 19% 0%

5 1 3 6 -3 -5 4% 3% 23% 5%

6 3 5 1 27 2 -22 35% 15% 8% 24%

7 1 2 9 1 -7 8% 7% 1% 8%

8 4 22 3 10 1 12 46% 67% 25% 9%

9 0% 0% 0% 0%

Total 10 33 13 113 -4 -80 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport; 8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat/Medstat - Calculs de l'Institut de la Méditerranée

IMPORTATIONS

Valeur et structure des échanges du Liban avec ses principaux partenaires par grandes catégories de produits (en millions de dollarset en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

AC10 (***)

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-110-

Maroc

La situation du Maroc se caractérise par un

taux de croissance du PIB insuffisant et

erratique depuis le début des années 90

(3,5%), avec une augmentation dans la

période récente (6,5% en 2001, 3% en

2002, 4,5 % prévus en 2003). Ce taux de

croissance est directement influencé par les

sécheresses (la croissance du PIB marocain

est strictement confondue avec la croissan-

ce de la production agricole, bien que l’agri-

culture au sens strict ne représente que

14% du PIB). Pendant cette période relati-

vement favorable, l’économie marocaine a

perdu 35 000 emplois au total tout en

créant 63 000 emplois supplémentaires

pour les actifs. Les départs à la retraite

n’ont donc pas été remplacés, essentielle-

ment dans le secteur privé d’une part, et

d’autre part, le taux d’activité a régressé

passant de 51,3% en 2001 à 50,7% en

2002. Ce mouvement explique la légère

amélioration du taux de chômage dans la

période récente (11,6% en 2002 vs 13,6%

en 2000).

La création d’emploi s’effectue dans les

milieux urbains où le niveau global de l’em-

ploi augmente, alors que dans le milieu rural

on assiste à la fois à une baisse de l’emploi

total et à une baisse des emplois offerts à la

population en âge de travailler, donc, au non

remplacement des départs à la retraite.

Cette évolution qui est à la fois la cause et la

conséquence directe de l’exode rural, signi-

fie que les jeunes actifs ruraux ne rempla-

cent plus leurs pères et que les milieux

urbains devront offrir les emplois néces-

saires dans un contexte où les liens reste-

ront encore très forts avec le monde agrico-

le, ce qui se manifeste par l’homothétie des

courbes de croissance précédemment évo-

quée (par la commercialisation des produits

agricoles, leur transformation, etc.).

Le secteur public a été un important pour-

voyeur d’emplois ces dernières années

(+4,6% des emplois créés entre 2001 et

2000), alors que l’emploi dans le secteur

privé a légèrement baissé, en particulier

dans l’industrie (les secteurs où l’emploi a

augmenté sont le BTP et le commerce).

Ce contexte est donc marqué par une crois-

sance du PIB instable et en moyenne insuffi-

sante, par des difficultés récurrentes à créer

les emplois nécessaires pour absorber la

croissance de la population active, croissan-

ce concentrée dans les milieux urbains, et

par des poches de pauvreté endémique : le

taux d’illettrisme est le plus élevé des parte-

naires méditerranéens (51%), avec de fortes

disparités selon le genre (63,9% d’illettrées

chez les femmes), seulement 79,5% des

enfants sont scolarisés dans le primaire, etc..

L’appréciation doit tenir compte de la capaci-

té de l’économie marocaine à développer une

gestion macro-économique rigoureuse, de sa

capacité à maîtriser les chocs externes (bais-

se des recettes touristiques et de transport,

faiblesse de la croissance européenne), et

interne (sécheresses), de l’effectivité des

réformes permettant une ouverture plus

diversifiée et plus efficace en termes de pro-

ductivité. C’est à cette condition que l’écono-

mie marocaine pourra distribuer les revenus

qui la placeront dans un processus endogène

de croissance plus élevé.

La situation macro-économique de fin de

période se caractérise :

(i) sur le marché des biens, par un solde de

la balance des biens et services négatif (ce

qui correspond pour le Maroc à un déficit

d’épargne) compensé par de très importants

revenus rapatriés des immigrés en Europe

(au moins jusqu’en 2002). Par ailleurs, pour

ce qui concerne la demande interne c’est la

consommation publique qui a joué le rôle

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-111-

d’ajustement quand la consommation privée

avait tendance à fléchir, de façon à maintenir

un volume d’investissement significatif. On

voit nettement dans la figure suivante que la

croissance de l’investissement s’est mainte-

nue en fin de période malgré une chute

considérable de la consommation privée et

une chute plus amortie de la consommation

publique. Par ailleurs, le sérieux de la gestion

macro-économique marocaine s’est manifes-

té par une diminution sensible du taux de

croissance des importations.

(ii) Par un taux de change effectif réel

(cf. figure suivante) qui, après s’être appré-

cié significativement depuis 1990 du fait de

l’ancrage du dirham et du différentiel d’infla-

tion, a commencé à se déprécier à partir de

2001 pour permettre d’améliorer la compé-

titivité prix des exportations. Le maintien

d’un taux de change effectif réel au niveau

de parité des prix relatifs est un impératif

dans les années à venir, si le Maroc veut

pouvoir rester compétitif. De ce point de

vue, l’on peut noter que l’appréciation réel-

le de la monnaie qui a eu cours depuis le

début des années 90 (près de 20%), repré-

sente presque l’avantage en termes de

coûts unitaires du travail du Maroc vis-à-vis

des pays entrés dans la phase d’adhésion à

l’UE. Cela explique que cette contrainte due

au système d’ancrage ait poussé à un

contrôle étroit de la hausse des prix. La

question de savoir s’il faut passer à un régi-

me de flexibilité comme en Egypte, n’est pas

aujourd’hui d’actualité compte tenu du fait

que la convertibilité du compte de capital

n’est pas complète, et paraît aujourd’hui ris-

quée étant donnée le manque de crédibilité

d’ensemble de la politique économique

marocaine.

(iii) Par un marché de la monnaie dont les

évolutions sont étroitement contrôlées et qui

a permis de limiter les tensions inflation-

nistes en fin de période. Le premier point à

souligner est que le Maroc a eu peu recours

au seigneuriage (avances de la Banque

Centrale) pour financer les difficultés budgé-

taires. En général, le financement du budget

s’effectue par emprunts, ce qui a pour effet

de maintenir les taux à des niveaux relative-

ment élevés (entre 7 et 12% pour les crédits

aux PME en 2002) et à conserver un écart

hiérarchique entre les taux très importants,

car le Trésor continue à emprunter à des taux

préférentiels.Décomposition de la croissance du PIB(couleur claire : 1995-2000, couleur moyenne : 2000-

2001, couleur foncée 2001-2002)

0,9%0,5%

4,9%

0,5% 0,3%

6,5%

10,8%

13,8%

4,7%

6,1%

3,3%3,1%

0,5%

2,2%

3,2%

4,6%

3,0%

2,0%

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

Produit I

nté

rieu

rBru

t

Conso

mm

atio

nPr

ivée

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

Inve

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fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Import

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Source : Fond Monétaire International, IFS, avril 2003.

Taux de change effectif nominal et réel

60

70

80

90

100

110

120

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

Taux de change officiel

Taux de change effectif nominal

Taux de change effectif réel

Source : Banque centrale.

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-112-

Lors des années de bonne conjoncture,

cependant, le taux d’emprunt du Trésor en

termes réels a été inférieur à la croissance

réelle du revenu national, ce qui est la règle

d’or pour diminuer l’endettement. On obser-

ve que sur la période, la dette a court terme

de l’Etat marocain a sensiblement augmenté,

sans que, pour autant, cela pose des pro-

blèmes de solvabilité, car les réserves cou-

vraient en 2001 encore 58% de la dette tota-

le, la dette extérieure représentant 26% du

PIB en 2002 et la dette intérieure 48% du

PIB. Il reste que si cette stratégie de finan-

cement de l’Etat par l’endettement interne

permet de limiter le risque inflationniste et la

crise de trésorerie de l’Etat, elle limite aussi

les capacités de croissance et d’accumulation

du capital du fait, d’une part, du niveau des

taux d’intérêt, d’autre part, de l’effet d’évic-

tion sur le secteur privé. Quoiqu’il en soit, ce

mécanisme a donné une croissance de M2

(14% en 2001, 6,4% en 2002) et une crois-

sance des prix qui est passée de 0,7% en

2001 à 2,8% en 2002, les prévisions 2003

donnant 2,5%, compatibles avec l’équilibre

macro-économique.

(iv) Par une politique budgétaire prudente

qui a permis de limiter le déficit à 3% du PIB.

Cependant les fondamentaux de la politique

budgétaire sont encore fragiles dans la

mesure où l’Etat marocain a bénéficié indi-

rectement ces dernières années d’une aug-

mentation exceptionnelle des transferts de

revenus des immigrés en Europe (suite à la

mise en place de l’euro). L’augmentation des

coefficients de réserves obligatoires des

banques et les dépôts en devises sont les

vecteurs qui ont permis ces facilités. A cela

s’ajoute une modification sensible des

spreads sur la dette souveraine marocaine

qui autorise des conditions d’emprunt beau-

coup plus favorables (février 2003 : plus de

caution, spread à 250 points de base c’est-à-

dire inférieur à la Turquie et à la Tunisie).

La consolidation à moyen terme de cette

situation macro-économique requière

aujourd’hui une attention particulière autour

de deux questions : (i) comment se consoli-

de la situation budgétaire de l’Etat, compte

tenu de la baisse des recettes douanières, de

la dépendante vis-à-vis de la conjoncture

agricole et du probable assèchement de la

manne qu’ont représentée les transferts de

revenus des immigrés depuis deux ans ?

(ii) comment faire en sorte de maintenir une

compétitivité suffisante et stabiliser l’équi-Indicateurs de dette

1

33

17

43

1

20

28

48

56

2

18

58

43

61

0

10

20

30

40

50

60

70

Dette à courtterme/Dette totale

Service de ladette/Exportations

de biens etservices

Réserves/Dettetotale

Dette totale/PIB Detteintérieure/Dette

totale

%

1995 2000 2001

Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, IFS avril 2003, Banque centrale.

Politique monétaire

9

-6

7

1,3

14,1

-34,2

-1,2

0,7

6,4

3,14,6

2,8

-40

-30

-20

-10

0

10

20

M2 Avances TrésorPublic

Crédit Domestique Inflation

%

1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, avril 2003,Eurostat, programme Medstat, Banque centrale.

Page 123: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-113-

libre du compte extérieur dans un contexte

de désarmement douanier ?

Une situation budgétaire difficile à contrô-

ler malgré une croissance améliorée

Les dépenses du budget de l’Etat sont pour

l’essentiel grevées par les salaires des per-

sonnels de la fonction publique (45% des

dépenses courantes de l’Etat cf. figure sui-

vante). Ceux-ci représentent aujourd’hui

974.000 emplois sur un total de 9,3 millions.

Après une longue période de gel des salaires,

un rattrapage a été instauré ces dernières

années (13% en 2001, 6,6% en 2002) suite

à la montée des tensions sociales dans la

fonction publique.

Le deuxième poste de dépense important est

représenté par les intérêts sur la dette et le

troisième par les dépenses d’investissement.

Les points à souligner dans l’évolution récen-

te sont, d’une part, la stabilité de la charge

de la dette (17% des dépenses en 2001, et

16 % en 2002) et, d’autre part, le taux d’in-

vestissement publics élevé (18%). Toute la

question qui se posera dans l’avenir est de

savoir : (i) si ces taux d’investissement public

pourront continuer à se maintenir en cas de

choc comme ils l’ont fait dans les années pré-

cédentes, et donc si l’Etat pourra contribuer

à l’accumulation du capital par ses infrastruc-

tures, (ii) si ce maintien à un niveau relative-

ment élevé de l’investissement public quand

la conjoncture fléchit ne crée pas un effet

d’éviction sur l’investissement privé et ne

contribue pas à une augmentation exagérée

des taux d’intérêt.

Examinée du point de vue des fonctions de

l’Etat, on voit que les trois budgets les plus

importants qui sont l’éducation nationale

(28,6% en 2001), la défense nationale

(17,6%) et le ministère de l’économie et des

finances (16,5 %) représentent près des deux

tiers des actions de l’Etat. L’évolution de ces

dernières années s’est effectuée au bénéfice

de l’éducation nationale et au léger détriment

des deux autres, ce qui est dû pour l’essentiel

au fait que la hausse des salaires de la fonc-

tion publique s’y est répercutée davantage

(en effet, les dépenses d’équipement dans

l’éducation nationale sont relativement plus

faibles que dans la défense et

l’économie/finance). On est donc en partie

confronté à un effet d’optique, l’augmentation

de la part de l’éducation nationale étant pour

l’essentiel due aux augmentations salariales. Dépenses budgétaires

39

2120

43

20

17

43,4

1718,4

45

16,1

17,8

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

Dépenses de salaires en %dépenses courantes

Intérêts de la dette publique Investissement

% 1993-1995 1996-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, Ministère des Finances.

Désendettement

3,2

2,12,8

4,7

2,3

0,1

6,9

-2,2

4,6

0,40

2,8

8,1

3,9

4,7

11,4

-4

-2

0

2

4

6

8

10

12

14

1997 1998 1999 2000 2001 2002

%

Solde primaireEffets des conditions macro-économiques : taux d'intérêt fourchette basseEffets des conditions macro-économiques : taux d'intérêt fourchette haute

Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, IFS avril 2003, Banque centrale.

Page 124: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-114-

Si le côté dépenses apparaît relativement

stable, le côté recettes pose des questions

plus difficiles. La difficulté vient, en premier

lieu, de la modification de la structure fiscale

imposée par l’accord d’association avec l’UE.

Même si le gros du désarmement douanier

s’effectuera dans les cinq prochaines années,

de premiers effets apparaissent du fait de la

diminution des droits de douane sur les pro-

duits intermédiaires et les biens d’équipe-

ment. Si l’on prend comme référence l’année

1993, les recettes douanières représentaient

23,5% des recettes totales de l’Etat ; en

2002 ces recettes ne représentent que

15,2%, phénomène qui va s’accélérer. A cela

s’ajoute un effet TVA négatif lié au désarme-

ment tarifaire sur les biens d’équipement et

les biens intermédiaires qui sont les premiers

à enregistrer des diminutions tarifaires.

Enfin, les recettes fiscales au Maroc provien-

nent essentiellement des activités agricoles et

d’investissement, deux postes qui ont été for-

tement perturbés ces dernières années avec les

sécheresses et le ralentissement en Europe. La

TVA indirecte est encore un instrument qui

manque de souplesse et ne permet pas de lis-

ser les recettes budgétaires dont l’évolution est

dominée par le cycle économique.

Une ouverture extérieure toujours limi-

tée, mais sensible au partenariat

A l’analyse des principaux indicateurs de l’ou-

verture commerciale, le Maroc apparaît

comme l’un des partenaires où l’effet des

accords d’association est le plus sensible, tant

d’un point de vue qualitatif que quantitatif.

Sur le plan du volume des échanges, la

décennie passée se coupe clairement en

deux périodes, avec un avant et un après

1995 :

(i) de 1990 à 1995, le taux d’ouverture

avait légèrement diminué de 41% à

40% ; en 2001, il s’établit à 51%.

(ii) De 1990 à 1995, le poids de l’Union

dans les échanges avait notablement

baissé, tant du point de vue des expor-

tations marocaines vers l’UE (de 67% à

62%) que des importations provenant

de l’Union (de 66% à 56%). En 2001,

l’évolution négative au niveau des

importations est stoppée et surtout la

part de l’Union dans les exportations

marocaines a augmenté de près de 12%

pour s’établir à 74%.

(iii) De 1990 à 1995, le taux de couverture

n’a cessé de se dégrader passant, pour

les relations avec l’Union de 87% à

61%. De ce fait, le déficit de la balance

commerciale qui s’élevait à 1 milliard de

dollars en 1990, avait presque quadru-

plé en 1995 (-3,7 milliards). Entre 1995

et 2001, le déficit a été stabilisé (-3,6

milliards), avec une évolution fonda-

mentalement différente selon les parte-

naires. Il s’est accru de 44% avec le

Monde hors Union, mais a été réduit de

moitié avec l’Union.

Sur le plan de la structure des échanges, le

constat est identique. De 1990 à 1995 en

effet, le poids du secteur agricole a augmen-

Recettes budgétaires

75

18

34

41

20

13

78

16

37

42

21

12

79

15

3841

21

12

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Revenus detaxes

Droits dedouane

Impôtsdirects

ImpôtsIndirects

dont TVA Fiscalitépétrolière

%

1996-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, GDF2002, Ministère des Finances.

Page 125: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-115-

té, passant pour l’ensemble des exportations

de 27% à 31%, tandis que la part des

articles manufacturés a connu une évolution

fortement négative (de 32% à 20%). Ce

mouvement a également pu être observé

pour les seules exportations à destination de

l’Union (de 25% à 29% pour les produits

agricoles ; de 37% à 29% pour les articles

manufacturés). La tendance s’est complète-

ment inversée depuis 1995 : le poids des

produits agricoles est revenu à 21%, six

points sous le niveau de 1990 tandis que le

poids des articles manufacturés est remonté

à 37%, cinq points au dessus du niveau du

début de la décennie. Et ce mouvement s’ob-

serve essentiellement dans les échanges

avec l’Union. Car, si, avec les autres parte-

naires, on observe également une diminution

des produits agricoles (de 32% en 1990 à

28% en 2001), elle est de faible intensité et

ne s’est pas accompagnée d’une hausse des

produits industriels : la part des postes 6 à 8

de la CTCI a également baissé de 32% en

1990 à 15% en 2001 (avec le « reste du

Monde », ce sont les produits chimiques qui

ont remplacé les produits agricoles). Mais,

dans les exportations vers l’Union, la part des

postes 6 à 8 de la CTCI a fortement aug-

menté atteignant 77% en 2001 (dont 48%

pour les seuls articles manufacturés) contre

47% en 1990.

De fait, comme on a pu le remarquer pour la

Jordanie, cette modification de la structure

des exportations a permis une amélioration

quasi continue des termes de l’échange et du

pouvoir d’achat des exportations depuis

1995.

Une position vis-à-vis des autres pays

en développement qui reflète le chemin

restant à parcourir

Comme dans le cas du voisin algérien, la

position du Maroc est médiocre, qu’elle soit

appréhendée par les critères subjectifs ou

par les critères objectifs.

Comme le montre le détail du classement

selon les indicateurs subjectifs, les efforts de

libéralisation de l’économie et de meilleure

gestion macroéconomique ont été nombreux

depuis le début des années 80. Ainsi, le

cadre légal des investissements étrangers est

maintenant jugé au niveau des standards les

plus élevés : il n’y a plus d’approbation à

obtenir, le traitement national est généralisé

et lorsqu’un secteur relève d’un monopole

public cela concerne à la fois les étrangers et

les résidents (sauf pour ce qui concerne les

terres agricoles inaccessibles aux étrangers)

et la participation étrangère n’est pas limitée,

pouvant atteindre 100%. Le niveau de régu-

lation est également bon. Le marché noir est

sous contrôle, d’un niveau faible pour un

pays en développement et relativement à la

moyenne des PM. De même, le niveau de

corruption est peu élevé.

Toutefois, l’économie marocaine ne peut tirer

les bénéfices de ces avantageuses positions,

tant elle apparaît peu ouverte :

(i) l’ouverture commerciale est jugée très

timide, tant par un niveau important de

protection tarifaire que par des procé-

dures douanières jugées arbitraires.

(ii) L’ouverture financière est réduite. Les

banques ne peuvent être détenues à

100% par des étrangers et la converti-

bilité se cantonne aux transactions du

comptes courants. Toutefois, la plupart

des contrôles et restrictions ne touchent

pas les étrangers, libre d’évoluer sur les

marchés boursiers, mais plutôt les rési-

dents marocains.

(iii) Le cadre des droits de propriétés appa-

raît cohérent. Mais, comme dans le cas

de la plupart des PM (et des pays en

développement), c’est la mise en appli-

Page 126: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-116-

cation des textes qui est perçue comme

peu efficace. L’impossibilité pour les

étrangers d’obtenir la propriété de

terres agricoles et les problèmes de

contrefaçon dans l’industrie textile sont

également mis en avant.

(iv) D’une manière générale, les efforts de

l’État marocain pour réformer ses admi-

nistrations sont considérés comme

réels et sérieux. Mais, un certain

manque d’efficacité et de transparence

dans les procédures sont soulignés

dans certains cas.

Pour les indicateurs objectifs, la situation

est similaire : les critères pour lesquels la

position marocaine est bonne (maîtrise de

l’inflation et de la balance courante, taux de

croissance du PIB élevés certaines années

et accès du secteur privé au crédit) ne peu-

vent compenser ceux où la situation est

problématique :

(i) au niveau du développement humain en

premier lieu avec un indicateur du PNUD

sensiblement plus faible que les autres

PM. Si l’espérance de vie est dans la

moyenne des pays en développement,

elle est inférieure à celle enregistrée

dans les autres PM. Le niveau du PIB

par tête est également moins élevé et la

proportion d’analphabétisme très

important constitue un handicap certain

pour le développement à moyen terme ;

(ii) le faible niveau des échanges relative-

ment à la population et des investisse-

ments directs relativement à la produc-

tion intérieure donne à la perception de

fermeture de l’économie relevée plus

haut une traduction objective dans la

sphère économique ;

(iii) le déficit du budget apparaît plus impor-

tant que dans la moyenne des PM ;

(iv) et si le niveau de l’endettement ramené

à la production apparaît plus favorable,

celui du service de la dette relativement

aux exportations constitue l’un des élé-

ments les plus préoccupants, car il met

lui aussi en jeu les capacités même du

pays à remédier à ses faiblesses, en

absorbant une grande partie des

marges de manoeuvre budgétaires.

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-117-

Morocco 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats

Ob

jectifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

MAROC - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001

Taux d'ouverture (X+M/PIB) 41,10% 40,20% 51,40%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 67,6% 62,1% 73,7%

vers les PM 3,0% 3,9% 2,2%

vers RdM 29,4% 34,1% 24,1%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 65,6% 56,1% 56,6%

issues des PM 0,8% 3,7% 3,8%

issues de RdM 33,6% 40,2% 39,6%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 0,87 0,61 0,84

avec RdM 0,74 0,47 0,39

Soldes en millions de dollars

avec l'UE -490 -1 861 -986

avec RdM -503 -1 830 -2 648

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,19 0,18 0,18

vers l'UE 0,20 0,17 0,21

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations 100 107 94

Indice valeurs unitaires des importations 100 101 79

Termes de l'échange 100 106 118

Pouvoir d'achat des exportations 100 159 206

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 9,8 13,6 19,3

avec l'UE 10,8 16,4 20,0

avec RdM 5,6 7,6 15,4

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Maroc

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-118-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 1 304 1 444 1 479 361 1 304 1 295 943 140 185 27% 31% 21% 6% 15% 12%

1 5 14 11 57 82 78 -51 -68 -67 0% 0% 0% 1% 1% 1%

2 731 634 608 381 849 538 350 -215 70 15% 13% 9% 7% 10% 5%

3 67 104 302 91 1 173 1 944 -24 -1 069 -1 643 1% 2% 4% 2% 14% 18%

4 46 23 11 87 197 158 -41 -174 -147 1% 0% 0% 2% 2% 1%

5 661 981 870 572 1 017 1 066 90 -36 -196 14% 21% 12% 10% 12% 10%

6 265 425 422 1 574 1 562 2 478 -1 309 -1 137 -2 056 5% 9% 6% 27% 18% 22%

7 237 153 773 2 234 1 987 2 698 -1 997 -1 835 -1 925 5% 3% 11% 39% 23% 24%

8 1 568 939 2 655 378 368 777 1 190 571 1 879 32% 20% 37% 7% 4% 7%

9 6 1 12 50 12 -44 1 0% 0% 0% 1% 0% 0%

Total 4 891 4 719 7 143 5 785 8 540 11 042 -894 -3 822 -3 900 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 461 551 489 204 745 797 257 -194 -308 32% 34% 28% 10% 22% 18%

1 1 6 4 42 58 57 -41 -52 -53 0% 0% 0% 2% 2% 1%

2 277 266 300 233 487 319 45 -221 -19 19% 17% 17% 12% 14% 7%

3 26 134 28 911 1 549 -28 -885 -1 415 0% 2% 8% 1% 27% 35%

4 1 7 4 48 41 120 -46 -34 -117 0% 0% 0% 2% 1% 3%

5 236 503 519 147 259 314 89 245 205 16% 31% 30% 8% 8% 7%

6 68 119 81 443 402 468 -375 -283 -387 5% 7% 5% 23% 12% 11%

7 53 40 60 701 455 595 -648 -415 -535 4% 3% 3% 36% 13% 14%

8 336 88 122 80 80 137 256 9 -15 23% 5% 7% 4% 2% 3%

9 5 1 8 16 11 -11 1 -3 0% 0% 0% 1% 0% 0%

Total 1 439 1 607 1 721 1 942 3 437 4 368 -503 -1 830 -2 648 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 839 863 932 152 517 450 688 346 482 25% 29% 18% 4% 11% 7%

1 5 8 7 15 19 19 -10 -11 -12 0% 0% 0% 0% 0% 0%

2 440 324 297 143 329 205 296 -5 92 13% 11% 6% 4% 7% 3%

3 67 69 155 63 163 215 4 -94 -60 2% 2% 3% 2% 3% 3%

4 44 17 8 40 156 33 5 -140 -25 1% 1% 0% 1% 3% 1%

5 335 428 313 413 737 711 -78 -309 -398 10% 15% 6% 11% 15% 11%

6 167 272 312 1 110 1 074 1 929 -943 -802 -1 617 5% 9% 6% 29% 22% 31%

7 178 103 710 1 528 1 515 2 065 -1 350 -1 412 -1 355 5% 4% 13% 40% 32% 33%

8 1 229 846 2 530 297 280 627 932 566 1 903 37% 29% 48% 8% 6% 10%

9 1 4 34 1 -33 3 0% 0% 0% 1% 0% 0%

Total 3 305 2 929 5 267 3 794 4 790 6 254 -490 -1 861 -986 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 4 31 58 5 42 48 -1 -11 10 3% 17% 37% 11% 13% 11%

1 5 2 -5 -2 0% 0% 0% 0% 2% 0%

2 14 44 11 5 33 14 9 11 -3 10% 24% 7% 11% 11% 3%

3 10 12 100 180 -90 -168 0% 5% 8% 0% 32% 43%

4 1 4 -1 -4 0% 0% 0% 0% 0% 1%

5 90 50 38 11 21 41 79 28 -3 61% 27% 25% 23% 7% 10%

6 29 34 29 21 86 81 9 -52 -52 20% 19% 19% 43% 27% 19%

7 6 9 3 5 17 38 1 -8 -35 4% 5% 2% 10% 5% 9%

8 3 5 4 1 9 13 2 -3 -9 2% 3% 2% 2% 3% 3%

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 147 183 155 48 314 420 99 -131 -266 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 17 15 44 15 -27 0% 14% 24% 5% 23% 15%

1 0% 0% 0% 0% 0% 0%

2 24 14 50 31 -26 -18 0% 19% 22% 0% 26% 32%

3 32 81 30 2 1 32 78 29 99% 66% 49% 0% 1% 1%

4 0% 0% 0% 0% 0% 0%

5 4 5 -4 -5 0% 0% 0% 0% 2% 5%

6 1 78 21 -78 -20 0% 0% 1% 4% 40% 21%

7 1 1 14 23 -13 -21 0% 0% 2% 65% 7% 23%

8 2 3 -2 -3 0% 0% 1% 26% 1% 3%

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 32 122 62 1 194 98 32 -72 -37 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés;7 = Machines & matériels de transport; 8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

AC10 (***)

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

Valeur et structure des échanges du Maroc avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS

Page 129: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-119-

Syrie

La Syrie est une économie dominée par les

ressources naturelles : l’agriculture repré-

sente 22% du PIB et les estimations concer-

nant les hydrocarbures varient de 14% à

20% du PIB. Sa croissance est donc large-

ment déterminée par les aléas météorolo-

giques et l’évolution des prix des matières

premières. Son cycle est heurté et après une

forte récession en 1999 où la croissance avait

chuté à –3,6%, l’économie syrienne croît en

2001 de +3,4%.

Le taux de chômage progresse rapidement

ces dernières années, passant de 9,5% en

2000 à 11,4% en 2001 (Eurostat,

Programme Medstat). La pression à la créa-

tion d’emplois qui s’exerce sur le gouverne-

ment est d’autant plus forte que sa popula-

tion se stabilisera beaucoup plus tard que

pour les autres PM, aux alentours de 2060, et

que la part des moins de 15 ans, 40,4% en

2001, sera encore de 30% en 2020.

L’emploi agricole représente encore plus du

quart des emplois totaux en 2001 (26,9%), en

très nette diminution par rapport aux 32% de

2000. L’exode rural est ainsi très fort ce qui

accroît les tensions sur les milieux urbains.

Le taux d’illettrisme reste élevé (26% en

2000), mais il a diminué sensiblement durant

la dernière décennie (il s’élevait à 35% en

1990). S’il est particulièrement important

chez les femmes (le taux d’illettrisme féminin

se monte à 40%, contre 12% pour le taux

masculin), il devrait se réduire grâce à une

scolarisation moins discriminante mainte-

nant. L’enseignement primaire est suivi par

92% des enfants en âge de le faire, 88%

pour les filles et 96% pour les garçons. Si

seulement 37% des classes d’âge concernées

suivent un enseignement secondaire, la

répartition filles/garçons est équilibrée.

La Syrie est dans une situation similaire à

celle de l'Algérie. Elle est face à un problème

d’épuisement de ses ressources pétrolières,

de croissance chaotique et insuffisante pour

répondre aux besoins d’emploi actuels et à

venir. Cependant, la question de la gestion

inter-temporelle de la richesse nationale se

pose de manière très aigue dans la mesure

où le pays, vivant sur l’exploitation de ses

ressources naturelles —les autorités ont

d’ailleurs développé un programme d’exploi-

tation des gisements de gaz— ne s’est pas

réellement engagé dans des réformes vers

l’économie de marché.

La situation macro-économique actuelle se

caractérise de la façon suivante :

(i) sur le marché des biens, la faiblesse de

la demande interne et de l’investissement a

été compensée par la forte hausse des

dépenses publiques en 2001 (figure suivan-

te). Les conséquences néfastes de la fai-

blesse de la consommation privée sur la

croissance ont ainsi été atténuées. Mais,

c’est une situation qui n’est pas tenable à

terme et ne laisse comme solution qu’une

forte ouverture commerciale.

Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-

2001)

-0,7%

-3,6%

-1,7%

-8,7%

-3,6%-2,4%

3,4%

-0,8%

8,6%8,0%

13,1%

11,3%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

Produit I

nté

rieu

rBru

t

Conso

mm

atio

nPr

ivée

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

Inve

stis

sem

ent

fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Import

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Source : Eurostat, programme Medstat.

Page 130: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-120-

De ce point de vue, la décennie passée n’a

pas fait progresser une situation très fragile.

Apparemment, le cas de la Syrie offre à nou-

veau une grande similitude avec le cas de

l’Algérie au niveau de l’ouverture commer-

ciale. Comme celle-ci en effet, le commerce

syrien est essentiellement une affaire de

produits pétroliers, ce qui entraîne une simi-

larité des situations sur certains points :

√ l’économie syrienne est sans doute l’une

des moins ouvertes dans le monde, et

l’évolution du taux d’ouverture commer-

ciale en témoigne : le ratio, déjà très

faible, a baissé tout au long de la décen-

nie, passant de 15,7% à 11,5% ;

√ une concentration sur les produits pétro-

liers en hausse entre 1995 et 2001 (de

70% à 78% des exportations totales ;

√ une croissance de la part de l’Union

dans les exportations de 1990 à 1995,

mais une stagnation depuis ;

√ une balance commerciale largement

excédentaire ... quand les cours du

pétrole sont élevés ;

√ une grande volatilité des termes de

l’échange et du pouvoir d’achat des

exportations.

Toutefois, quelques aspects dynamiques pour-

raient être envisagés de manière positive :

√ une modification de la structure des

exportations peut s’observer avec les

partenaires non euro-méditerranéens

avec le développement des exportations

dans d’autres secteurs. Ainsi, avec le «

reste du monde », les exportations

syriennes d’hydrocarbures ne représen-

tent « plus que » 47 % du total en 2001

contre 89% en 1990. Les exportations

de produits agricoles (23%) et d’articles

manufacturés (15%) se sont dévelop-

pées pour atteindre un poids moins

anecdotique.

√ Il reste à déterminer si la forte crois-

sance relative de ces postes n’est pas

entièrement déterminée par la chute

des exportations hors de l’Union (de

43% en 1990 à 18% en 2001), elle-

même largement liée à un effondrement

des exportations de produits pétroliers

hors de l’Union (-78% entre 1990 et

1995 ; et malgré une reprise en 2001,

le niveau atteint est toujours en baisse

de 39% sur l’ensemble de la décennie).

Cela ne semble pas être totalement le

cas, dans la mesure où les indicateurs

de commerce intrabranche, s’ils restent

faibles, ont évolué de manière positive

entre 1990 et 2001. Similaires à ceux

de l’Algérie en début de période, ils sont

trois fois plus élevés en 2001.

(ii) Le taux de change effectif réel s’est

apprécié tout au long de la décennie 1990 ce

qui a érodé la compétitivité des produits

syriens (79 en 1993 contre 111,1 en avril

2002). Or, un des piliers de la politique de

développement du secteur privé de la Syrie

est l’accroissement des échanges : signature

d’un accord de libre-échange avec l’Union

européenne, entrée à court terme à l’OMC,

prise de participation active dans la création

de la zone de libre-échange arabe, mais aussi

réforme douanière en sont les éléments

constitutifs. Le taux de change livre syrien-

ne-dollar US a été unifié en 2000 pour les

exportations et les importations. Les interdic-

tions d’importation ont été abolies et seront

remplacées par des tarifs douaniers en partie

pour répondre aux exigences d’un accord

avec l’Europe mais beaucoup reste à faire car

les procédures demeurent opaques.

(iii) La politique monétaire se traduit par une

relance très importante visant à la fois le sec-

teur privé et public. Cependant, l’étroitesse

du secteur privé ne permet pas de répondre

à une demande en forte expansion. La

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-121-

consommation privée commence à se renfor-

cer et si la consommation publique ne se

réduit pas à son bénéfice, les tensions infla-

tionnistes naissantes risquent d’augmenter

fortement.

Par ailleurs, la Syrie a entrepris une réforme

de sa politique monétaire. Elle a réactivé le

Conseil Monétaire et de Crédit qui doit piloter

la réforme du système bancaire. Il est donc

chargé de choisir les banques privées étran-

gères auxquelles des licences sont attribuées

leur permettant d’exercer sur le marché

domestique[13]. Cette mesure est très

encourageante sur bien des points :

(a) elle fait progresser la profondeur du

marché très spécialisé auparavant et

peut encourager l’émergence d’un sec-

teur privé non-agricole compétitif en

utilisant au mieux les fonds générés par

la politique d’attraction des IDE et d’en-

couragement au rapatriement des fonds

domestiques placés à l’étranger.

L’augmentation de la concurrence va

améliorer l’affectation des ressources et

encourager un changement des com-

portements des banques domestiques

qui privilégiaient jusqu’ici le secteur

public. Cependant, la restructuration du

système bancaire risque d’avoir d’im-

portantes et néfastes conséquences sur

l’économie étant donné les passifs des

banques domestiques, notamment les

prêts au secteur public. Mais l’effet net

est difficile à évaluer.

(b) Elle révèle une vision large de l’intégra-

tion bancaire, à savoir régionale, qui

prolongerait la simple mise en place

d’une zone de libre-échange entre cha-

cun des PM et l’Union européenne (l’ac-

cord Union européenne-Syrie pourrait

voir le jour avant la fin de l’année

2003). Cela pourrait favoriser une

meilleure intégration Sud-Sud.

(c) L’activation de ce Conseil véhicule un

effet de signal fort pour les investisseurs

nationaux et étrangers sur la hiérarchie

des objectifs des autorités et permet-

trait de tirer pleinement parti de l’ad-

mission de la Syrie au sein de l’Agence

de Garantie des Investissements

Multilatéraux et de la révision de la poli-

tique de change. La Syrie ne bénéficie

d’aucun fonds public ou d’investisse-

ments de portefeuille[14]. Pour financer

la restructuration de son économie, le

pays ne peut s’appuyer que sur les IDE.

Or, c’est un des PM qui en reçoit le

moins. Depuis 1999-2000, la perspecti-

ve de cette nouvelle politique les a fait

croître de 150% bien que le contexte

législatif ne soit pas encourageant.

(d) La réactivation du Conseil est aussi un

signal fort de la volonté du gouverne-

ment de réduire son influence sur l’éco-

nomie. Cependant, la composition du

Conseil[15] empêche toute indépendan-

ce de la banque centrale et de la poli-

tique monétaire vis-à-vis du gouverne-

ment. Cela représente toujours un

risque de retour à des interventions et

limite malheureusement la portée du

signal initial.

Politique monétaire et inflation

9,9

14,8

-0,3

9,4

16,2

0,8

-6,2

-1,0

9,6

1,01,7

23,5

18,6

-10

-5

0

5

10

15

20

25

M2 Avances ausecteur public

Crédit àl'économie

domestique

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Eurostat, programme Medstat, FondMonétaire International, IFS avril 2003.

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-122-

(iii) Les effets de la politique budgétaire sont

fragilisés par la volatilité des ressources

(51,3% des recettes du budget 2003

devraient provenir de la fiscalité pétrolière)

et la rigidité des dépenses. Le budget 2003

est en progression de 18% par rapport à

celui 2002, lui-même déjà en hausse de 10%

par rapport à celui de 2001. Les prévisions de

croissance optimistes et des recettes pétro-

lières calculées sur la base d’un baril à

24 dollars laissent présager des difficultés de

bouclage, mais la saison agricole 2003

devrait être bonne, ce qui soutiendra les

recettes fiscales.

Les dépenses sont contraintes par la volonté

du gouvernement de limiter les effets des

restructurations sur la population. 14% des

dépenses sont affectées aux salaires et le

poids de ce poste devrait augmenter puisque

les autorités prévoient un doublement des

salaires de la fonction publique. L’effort de

restructuration est surtout apparent dans

l’évolution des dépenses d’investissement

dont le niveau est élevé (51% du budget

total) et la progression prévue conséquente,

15% pour 2003 après celle de 14% de 2002.

Cependant ses effets sur la croissance seront

réduits si cela ne s’accompagne pas d’une

hausse de la qualité du facteur travail.

Une réforme fiscale est donc nécessaire qui

doit notamment s’appuyer plus largement,

(i) sur les impôts sur le revenu, qui ne repré-

sentent que 19% des recettes attendues

pour 2003 contre 25% pour les impôts sur

les sociétés, en limitant les exonérations per-

manentes offertes, (ii) sur une TVA générali-

sée en limitant les produits subventionnés,

(iii) veiller au remplacement des recettes

douanières, puisque la politique de dynami-

sation de la croissance est fondée sur le

démantèlement douanier progressif.

Une inquiétante position relative, très

en retrait quelles que soient les réfé-

rences

Comme la plupart des autres PM, la position

de la Syrie selon les critères subjectifs est

bien inférieure à celle obtenue selon les cri-

tères objectifs. Mais dans ce cas, cette

remarque tient presque de l’anecdote. Car si

la Syrie apparaît comme l’une des économies

les moins hospitalières au monde, vue la

position qu’elle occupe, son classement selon

les critères objectifs, bien que meilleur,

montre qu’intrinsèquement, elle appartient

au tiers le moins performant. Si la balance

courante est contrôlée, notamment grâce aux

cours élevés des hydrocarbures (ce qui per-

met également de maintenir le service de la

dette relativement aux exportations à un bon

niveau, malgré un stock de dette externe dra-

matique), si l’inflation est bien contenue et si,

selon les années, la croissance du PIB atteint

un bon niveau, tous les autres indicateurs

sont à des niveaux très faibles. Cela laisse

l’impression d’une économie sur le fil du

rasoir, dont l’équilibre économique précaire

est à la merci d’un retournement sur les mar-

chés des hydrocarbures. Compte-tenu de la

jeunesse de la population (40% des syriens a

moins de 15 ans), ce qui implique que la Syrie

doit créer d’ici à 2020 un nombre d’emploi

supplémentaire presque égal à l’actuel

nombre d’emploi, c’est également l’équilibre

social qui dépend de ces marchés.

Page 133: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-123-

Syria 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats

Ob

jectifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

SYRIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 15,70% 13,70% 11,50%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 49,6% 69,5% 68,3%

vers les PM 7,2% 14,4% 13,9%

vers RdM 43,3% 16,2% 17,8%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 42,8% 44,9% 42,6%

issues des PM 12,5% 10,7% 10,5%

issues de RdM 44,7% 44,4% 47,0%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 1,2 1,3 2,0

avec RdM 1,0 0,3 0,5

Soldes en millions de dollars

avec l'UE 154 512 1 867

avec RdM -1 202 -1 014

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,73 0,63 0,71

vers l'UE 0,67 0,78 0,84

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations 100 90 136

Indice valeurs unitaires des importations 100 118 105

Termes de l'échange 100 76 130

Pouvoir d'achat des exportations 100 72 113

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 2,0 8,0 6,6

avec l'UE 3,0 4,9 9,4

avec RdM 1,6 14,5 10,9

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Syrie

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-124-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 23 338 346 487 614 621 -464 -276 -275 1% 10% 6% 26% 16% 15%

1 1 7 5 2 28 34 -1 -20 -29 0% 0% 0% 0% 1% 1%

2 167 374 248 44 89 129 123 285 119 9% 11% 5% 2% 2% 3%

3 1 635 2 269 4 142 28 50 116 1 607 2 220 4 026 86% 70% 78% 2% 1% 3%

4 6 5 23 60 39 -23 -54 -35 0% 0% 0% 1% 2% 1%

5 2 12 37 241 429 563 -239 -417 -526 0% 0% 1% 13% 11% 13%

6 48 49 240 455 1 060 964 -407 -1 011 -725 2% 1% 4% 25% 27% 23%

7 5 36 35 472 1 367 1 465 -468 -1 331 -1 430 0% 1% 1% 26% 35% 35%

8 23 157 274 73 150 186 -50 7 89 1% 5% 5% 4% 4% 4%

9 3 2 9 23 41 62 -20 -39 -54 0% 0% 0% 1% 1% 1%

Total 1 906 3 250 5 340 1 848 3 889 4 180 58 -639 1 160 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 15 210 217 156 304 324 -141 -94 -107 2% 40% 23% 19% 18% 16%

1 1 3 22 20 -19 -20 0% 1% 0% 0% 1% 1%

2 38 65 53 34 63 96 5 3 -43 5% 12% 6% 4% 4% 5%

3 734 163 450 1 -6 734 162 455 89% 31% 47% 0% 0% 0%

4 1 3 17 27 23 -17 -26 -20 0% 0% 0% 2% 2% 1%

5 1 11 16 72 140 224 -71 -130 -208 0% 2% 2% 9% 8% 11%

6 22 26 52 206 549 513 -183 -522 -461 3% 5% 6% 25% 32% 26%

7 1 5 13 295 550 687 -295 -544 -675 0% 1% 1% 36% 32% 35%

8 11 39 140 37 65 78 -26 -27 63 1% 7% 15% 4% 4% 4%

9 2 1 6 8 5 5 -6 -4 1 0% 0% 1% 1% 0% 0%

Total 825 525 950 825 1 727 1 964 -1 202 -1 014 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 2 27 18 275 230 178 -273 -203 -160 0% 1% 0% 35% 13% 10%

1 2 5 14 -2 -5 -14 0% 0% 0% 0% 0% 1%

2 103 222 103 9 21 26 95 201 77 11% 10% 3% 1% 1% 1%

3 809 1 863 3 272 27 43 84 782 1 820 3 187 86% 83% 90% 3% 2% 5%

4 5 4 9 4 -4 -4 -4 0% 0% 0% 1% 1% 0%

5 3 107 225 305 -107 -224 -302 0% 0% 0% 14% 13% 17%

6 18 16 127 144 301 296 -126 -285 -169 2% 1% 3% 18% 17% 17%

7 3 28 10 172 793 714 -169 -765 -704 0% 1% 0% 22% 45% 40%

8 8 96 111 35 83 101 -27 13 10 1% 4% 3% 4% 5% 6%

9 1 1 2 14 36 57 -14 -35 -55 0% 0% 0% 2% 2% 3%

Total 945 2 257 3 646 791 1 746 1 779 154 512 1 867 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 6 100 111 55 80 119 -49 20 -8 4% 22% 15% 24% 19% 27%

1 4 5 4 5 0% 1% 1% 0% 0% 0%

2 25 86 93 2 5 7 23 81 86 19% 18% 12% 1% 1% 2%

3 91 244 421 6 38 91 238 383 67% 52% 57% 0% 1% 9%

4 1 2 24 12 -2 -24 -11 0% 0% 0% 1% 6% 3%

5 1 18 62 64 34 -62 -63 -16 0% 0% 2% 27% 15% 8%

6 7 6 60 105 210 155 -97 -204 -95 5% 1% 8% 45% 50% 36%

7 1 3 12 5 25 64 -4 -22 -52 1% 1% 2% 2% 6% 15%

8 5 23 23 1 2 7 4 21 16 3% 5% 3% 0% 0% 2%

9 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 136 467 744 232 416 437 -95 51 307 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 2 3 9 -1 -9 7% 4% 0% 7% 3% 10%

1 4% 0% 0% 2% 0% 0%

2 3 3 1 2 3 1% 4% 2% 3% 1% 0%

3 51 158 1 51 157 0% 85% 94% 0% 0% 1%

4 5 1 -5 -1 0% 0% 0% 2% 4% 1%

5 12 13 -12 -13 4% 0% 0% 7% 10% 13%

6 3 1 3 41 27 3 -40 -23 73% 1% 2% 4% 35% 28%

7 1 47 40 -47 -39 1% 0% 0% 6% 40% 41%

8 3 2 1 7 5 -1 -4 -2 11% 5% 1% 69% 6% 5%

9 1 2 1 -2 0% 0% 0% 0% 1% 1%

Total 4 60 169 2 118 97 1 -57 72 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

AC10 (***)

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. **)

Valeur et structure des échanges de la Syrie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS

Page 135: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-125-

Tunisie

La croissance de la Tunisie est une des plus

stables de la zone et se situe régulièrement

dans la fourchette de 5 à 6%. Mais, la Tunisie

étant l’un des PM les plus extravertis (essen-

tiellement avec l’Union) et ayant développé

une forte activité touristique, les chocs de

2001 qui se sont prolongés en 2002 (ralen-

tissement de la conjoncture internationale,

baisse des recettes du tourisme, alourdisse-

ment de la facture pétrolière, agriculture) ont

durement freiné ce rythme, qui n’atteint, en

2002, que 1,7%.

Néanmoins, la modification de la structure pro-

ductive dans la décennie passée permet à la

Tunisie d’assurer une bonne capacité de pro-

tection vis-à-vis des chocs externes et internes.

On note ainsi qu’entre 1991 et 2001 :

(i) l'agriculture, dont les performances sont

très volatiles et peu dynamiques (crois-

sance annuelle moyenne de 2,1% entre

1991 et 2001), a vu sa contribution à

l’économie diminuer de 30,5% sur la

dernière décennie ;

(ii) l’industrie au sens large a maintenu sa

part dans le PIB à 28,8% ; mais il est àPart dans la valeur ajoutée

-10,3

3,0

5,7

3,0

-1,5

5,2

7,1

6

-12

-10

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

Agriculture etpêche

Industrie ycomprisénergie

Construction Total services

%

2002 2001

Sources : Banque centrale, Eurostat, ProgrammeMedstat.

remarquer que le secteur manufacturier

s’est bien développé (de 16,9% à 18,5%

du PIB), ce qui tend à indiquer un mou-

vement de montée en gamme de la pro-

duction tunisienne ; les services mar-

chands quant à eux ont connu une large

expansion et représentent, en 2001,

59,9% de la production intérieure ;

(iii) l’analyse sectorielle des investisse-

ments confirme cette évolution béné-

fique en faveur des secteurs porteurs. Il

tend à privilégier ceux en croissance

comme on l’a vu, mais également les

secteurs qui sont le plus à même de

générer des externalités positives au

sein de l’économie (énergie, équipe-

ments collectifs).

Mais, cette modernisation de la structure

économique est encore lente à modifier le

processus de création d’emplois, toujours

dominé par l’évolution des secteurs tradition-

nels comme l’agriculture et la construction.

La dynamique est certes dans le bon sens,

avec une forte progression des emplois créés

dans le secteur manufacturier (doublement

de la part représentée à 8%) et dans les

transport-télécommunications. Investissement sectoriel

11

1

913

2

53

11

-12

25

-24

-5

4 6 4

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

50

60

Agricu

lture

et

pêc

he Min

es

Ener

gie

Sec

teur

man

ufa

cturier

Const

ruct

ion

Ser

vice

sm

arch

ands

Equip

emen

tsco

llect

ifs

%Part dans l'investissement en 2002Accumulation du capital 2001-2002

Sources : Banque centrale, Eurostat, ProgrammeMedstat.

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-126-

Ainsi, sur la base de la décennie passée, la

Tunisie est sans doute le seul PM qui

semble arriver à un niveau de création

d’emploi suffisant pour absorber les nou-

veaux entrants. D’ailleurs le taux de chô-

mage a encore reculé en 2002, malgré la

conjoncture, pour s’établir à 14,9% de la

population active contre 15,6% en 2000.

Toutefois, une partie de cette tendance

positive s’explique par le résultat de pro-

grammes actifs de placements des jeunes

diplômés et des chômeurs, notamment via

des subventions de projets et des exonéra-

tions de taxes, mesures dont l'effet de long

terme est incertain.

Elle doit également ce résultat à sa poli-

tique d’extraversion et la modification de la

structure productive qui ont permis d’enre-

gistrer de forts gains de productivité tout

au long de la décennie (1,9% par an selon

Keller et Nabli, 2002). Mais, pour maintenir

ce sentier de croissance, qui montre que

pour les PM, l’arbitrage antagonique entre

emploi et gain de productivité n’a rien

d’inéluctable, il faudra progresser encore

sur au moins deux plans qui pourraient

rapidement venir épuiser le mouvement :

(i) le taux d’investissement semble encore

un peu faible pour atteindre la croissan-

ce nécessaire à l’absorption des nou-

veaux entrants sur le marché de l’em-

ploi : Kouamé (2000) estime ainsi qu’il

faudrait que le taux d’investissement

atteigne 30 à 35% du PIB pour réaliser

cet objectif, alors qu’il se situe réguliè-

rement aux alentours de 25% ;

(ii) un effort important doit encore être

porté sur l’éducation et l’analphabétis-

me, notamment celui des femmes. Le

taux d’illettrisme moyen s’élève encore à

29% (celui des femmes à 39,4%) et

seule une moitié des classes d’âge

concernées suit un enseignement secon-

daire. Dans ce contexte, se pose la ques-

tion de la capacité d'absorption par les

travailleurs des nouvelles technologies

contenues dans l'investissement. Cette

structure de l'offre d'emplois risque de

limiter la progression de la productivité

globale des facteurs, ce qui réduirait les

bénéfices en termes d'emplois de la

croissance de l'investissement.

Sur le plan macroéconomique, la Tunisie se

caractérise par une gestion rigoureuse. Tout

l’enjeu va résider en sa capacité à pour-

suivre cette saine gestion et à améliorer la

liquidité de son économie afin de ne pas

contraindre le développement du secteur

privé, à accroître sa compétitivité externe et

à tirer parti des externalités positives qu'el-

le a su créer en procédant aux réformes qui

Création d'emploi 1998-2002

Création d'emploi(unités)

Part dans la créationd'emploi totale hors

agriculture(%)

Évolution de lacroissance annuelle

moyenne(%)

1998 2001 2002 1998 2001 2002 2001-1998

2002-2001

Pêche 900 1 200 -599 1 2 -1 10 NSMines et énergie -50 500 220 0 1 0 NS -56Secteur manufacturier 2 300 5 000 4 750 4 7 8 30 -5Construction 18 200 20 800 17 989 30 30 29 5 -14Transport et télécommunications 4 250 6 200 6 000 7 9 10 13 -3Tourisme 2 600 3 000 1 600 4 4 3 5 -47Autres services 25 800 25 800 25 000 42 37 41 0 -3Administration 7 000 6 800 6 657 11 10 11 -1 -2Total 61 000 69 300 61 617 100 100 100 4 -11

Source : Banque centrale.

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-127-

la placeront sur un sentier de croissance

plus élevé.

(i) C’est sur le marché des biens que se

situent les principaux avantages de la

Tunisie. Sur le plan commercial en général, et

sur celui des relations commerciales avec

l’Union, la Tunisie partage avec le Maroc un

bilan très positif tout au long de la décennie.

Mais, à la différence du second, l’essentiel

des modifications structurelles est antérieur

à 1995. Depuis, le mouvement s’est ralenti,

mais les indicateurs étant toujours orientés

positivement, on pourra créditer les accords

d’associations d’un effet stabilisateur.

Avec un taux d’ouverture de plus de 79% en

2001, la Tunisie est le partenaire méditerra-

néen le plus inséré dans les échanges. C’est

également celui qui est le plus proche de

l’Union en termes commerciaux, puisque les

15 représentent 80% des exportations tuni-

siennes et plus de 70% des importations

(respectivement 63% et 58% en 1990 ; 79%

et 71% en 1995).

Cette intensification des échanges avec

l’Union a eu un effet de stabilisation du défi-

cit commercial qui atteint 2,3 milliards de

dollars en 2001. Le taux de couverture des

échanges avec l’Union est en effet passé de

69% à 82% entre 1990 et 2001 (alors qu’il

baissait de 56% à 46% avec le reste du

monde pendant la même période).

La structure des exportations est également

l’un des points forts de la Tunisie. Elle n’est

pas le pays le plus diversifié, se situant

même dans la moyenne des PM. Mais sa rela-

tive spécialisation se situe dans les produits

industriels (postes 6 à 8 de la CTCI) qui

représentent aujourd’hui 72% des exporta-

tions tunisiennes (dont 48% pour les seuls

articles manufacturés). De ce fait, sur la

décennie passée, la Tunisie a évité toute

volatilité des termes de l’échange et a même

connu une forte appréciation du pouvoir

d’achat des exportations. Plus loin, le fait que

l’indice du pouvoir d’achat des exportations

croît sensiblement (162 en 2000, base 100

en 1990), alors que l’indice des termes de

l’échange reste très stable (97 en 2000, base

100 en 1990) indique une réelle amélioration

de la compétitivité des produits tunisiens.

Cette même spécialisation s’observe dans les

exportations de la Tunisie vers l’Union. La

part des produits industriels est ainsi passée

de 52% en 1990 à 80% en 2001, grâce à la

croissance des exportations d’articles manu-

facturés (de 39% à 57%) mais également

des « machines et matériels de transport »

(de 6 à 17%).

En 2002 d’après les chiffres provisoires de la

Banque Centrale, le ralentissement écono-

mique a induit une quasi-stagnation des

exportations (+1,5%). Mais, les importations

ont, elles, baissé de 1,4%, ce qui a permis de

réduire le déficit commercial de 7,8% (après

une hausse de 11,4% en 2001). Les autres

postes du compte courant ont bien résisté,

Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-

2001)

5,4% 5,2% 5,2% 5,2%

3,5%

12,2%

4,4%

-0,9% -0,6%

-1,7%

8,4%

6,2%

3,9%

5,2%4,8% 4,5%

3,4%

1,7%

-5%

-3%

-1%

1%

3%

5%

7%

9%

11%

13%

15%

Produit I

nté

rieu

r Bru

t

Conso

mm

atio

n P

rivé

e

Conso

mm

atio

nPu

bliq

ue

Inve

stis

sem

ent

fixe

Exp

ort

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Import

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Sources : Eurostat, programme Medstat, Banquecentrale.

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-128-

notamment au choc sur le tourisme. De ce

fait, le déficit en 2002 est en diminution de

14,6%. Les besoins de financements ont été

couverts par les emprunts et les aides inter-

nationales, notamment celle de l’Union qui a

représenté 82,4% de l’excédent.

(ii) Sur le plan de la demande interne, en

2002, le soutien à la croissance qu'apportait

la consommation publique s'est réduit. Les

politiques économiques restrictives ont

déprimé la consommation privée, mais celle-

ci croit plus rapidement que le PIB. Outre le

recul de la contribution des exportations, on

note que l'investissement a chuté de maniè-

re spectaculaire.

Une politique économique prudente qui

visait à limiter les effets de la situation

sur les comptes externes.

(iii) La compétitivité de l'économie tunisienne

a été entamée par l'appréciation du taux de

change effectif réel entre 1990 et 2000

(+4,5%), malgré l'ancrage en termes réels

de la monnaie à un panier constitué des

monnaies des principaux partenaires. Les

autorités ont donc organisé la dépréciation

du dinar vis-à-vis de l'euro, -5% sur les cinq

premiers mois de 2003, contre une apprécia-

tion de 7,2% face au dollar. La Tunisie se diri-

ge doucement vers un taux de change de

plus en plus flexible. Les études montrent, en

effet, que ce régime de change a apporté les

fruits espérés (baisse de l'inflation, croissan-

ce des exportations) et que la Tunisie a su

gérer le change de façon suffisamment avi-

sée pour éviter une surévaluation qui décou-

le souvent de ce type de politique étant

donné la difficulté qu'il y a à estimer le taux

de change d'équilibre (Fanizza, Laframboise,

Martin, Sab, Karpowicz, 2002).

Actuellement, le pays commence à prendre la

mesure des limitations afférentes à son régi-

me cambiaire qui n'est positif et viable que

s'il s'accompagne de restrictions sur les mou-

vements de capitaux, de politiques monétai-

re et budgétaire très prudentes et d'un

contrôle de l'évolution des salaires domes-

tiques. Or, l'ouverture croissante et notam-

ment avec l’Union, de l'économie tunisienne

complique la détermination du taux d'équi-

libre et multiplie les risques d'erreurs d'éva-

luation qui sont préjudiciables à l'expansion

du commerce tunisien. De plus, les besoins

de financements de l'économie sont impor-

tants et le pays doit pouvoir recourir plus lar-Politique monétaire

11

-17

74

17

30

17

3

11 11 9

22

-12

63

-20

-10

0

10

20

30

40

M2 Avances ausecteur public

Crédit àl'économie

Inflation

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, avril 2003,Banque centrale.

Endettement

12,1

16,915,6

53,8

16,719,5

51,5

57,5

0

10

20

30

40

50

60

70

Dette à courtterme/Dette totale

Service de la detteexterne/Exportationsde biens et services

Réserves/Detteexterne totale

Dette totale/PIB Detteintérieure/Dette

totale

% 1995 2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, avril 2003,Banque centrale.

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-129-

gement aux capitaux étrangers et, en même

temps, diversifier les sources de finance-

ments externes afin de réduire les risques de

fragilisation de la croissance. Cela passe par

un accroissement de la convertibilité du

compte financier et une flexibilité plus grande

du taux de change. Enfin, la dette est surtout

libellée en dollar et en yen (30% et 22% res-

pectivement en 2000), alors que les princi-

paux partenaires commerciaux sont les pays

d'Europe, ce qui justifie l'ancrage à un panier

de monnaies ou un flottement plus libre, mais

pas un rapprochement avec l'euro.

(iv) Le marché de la monnaie est très étroite-

ment surveillé par les autorités tunisiennes

afin de maîtriser l'inflation et de préserver la

compétitivité externe. Malgré ses difficultés

économiques, le gouvernement n'a pas eu

recours au seigneuriage, à quelques excep-

tions près. Le financement du budget se fait

par l'emprunt. A court terme, la dette n'exer-

ce pas de pression forte sur le gouvernement

puisque seuls 6,5% de la dette totale est à

échéance courte en 2001 et le service de la

dette externe ne représente que 16,7% des

exportations de biens et services en 2002, ce

qui est relativement modéré (mais obère

néanmoins les marges budgétaires ; cf. partie

suivante). Cependant, les réserves ne cou-

vrent que 19,5% de la dette externe, la dette

totale représente 51,5% du PIB (majoritaire-

ment composée par de la dette interne à

57,5%). Sur les dix dernières années, la

Tunisie n'a pas réussi à mettre en place les

conditions d'un désendettement progressif

qui veulent que la croissance de l'excédent

primaire soit générée par la conjonction de

taux d'intérêt réels bas et d'une croissance

forte. Donc, pour être crédible sur les mar-

chés financiers internationaux et trouver faci-

lement à refinancer sa dette, la Tunisie doit

absolument préserver ses réserves en devises

et une gestion macroéconomique saine. En

2001, malgré un rating inchangé, les spreads

sur la dette souveraine tunisienne ont aug-

menté, passant de 130 points de base en

2000 à 170. Par ailleurs, à cause de sa diffi-

culté à stabiliser et accroître ses avoirs, la

Tunisie est confrontée à une pénurie structu-

relle de devises qui freine le développement

des opérations du secteur privé (les réserves

s'élèvent à 3,5 mois d'importations).

(v) La politique budgétaire rigoureuse per-

met de limiter le déficit budgétaire à 1,8% du

Dépenses budgétaires 1/

46,9

22,0

10,3

-1,7

49,6

22,3

10,1

-1,8-2,5

-10

0

10

20

30

40

50

60

Dépenses desalaires

Dépenses decapital

Dépensesd'intérêt de la

dette

Déficitbudgétaire

%

1998-2000 2001 2002

1/ Dépenses en % des dépenses totales, sauf dépenses de salaire, en pourcentage des dépenses cou-rantes et solde budgétaire en pourcentage du PIB.Sources : Fond Monétaire International, GDF, novembre 2002, Banque centrale, Ministère des Finances.

Recettes budgétaires

73

20

10

32 31

73,5

22,5

9,8

34,7 33,9

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Revenus destaxes

Impôtsdirects

Revenus destaxes sur lecommerce

international

Impôtsindirects

dont TVA

en

% d

es

ress

ou

rces

tota

les

1998-2000 2001 2002

Page 140: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-130-

PIB en 2002, contre 2,5% en 2001. Signe

que les réformes sont très avancées, les

revenus des taxes représentent 73,5% des

recettes budgétaires en 2002. Les impôts

indirects sont prépondérants (34,7% des

recettes) mais la TVA est encore en retrait

(33,9% des impôts indirects) par rapport aux

pays développés. Il s’agit là d’un bon candi-

dat au remplacement des recettes issues des

droits de douane qui se montent encore à

9,8% du total des revenus.

Du côté des dépenses, les rigidités sont

importantes en raison du poids de la masse

salariale et du service de la dette qui absor-

bent respectivement 50% et 10,1% des

dépenses.

En 2002, malgré la réduction des recettes

dues à la conjoncture économique défavo-

rable, il est important d’observer que le gou-

vernement a réussi à préserver les dépenses

de capital, qui se situent encore à 22,3% des

dépenses totales contre 24,1% en 2001.

Une perception de l’économie tunisienne

en retrait par rapport à ses perfor-

mances objectives

La position de la Tunisie est l’archétype de

celle des PM. Du point de vue objectif, sa

position est intrinsèquement bonne. Dans la

première partie de la classe moyenne, ce

classement indique que du point de vue des

critères retenus, l’économie tunisienne réali-

se une meilleure performance que la majori-

té des autres économies, pays développés

compris. D’ailleurs, elle devance les pays en

voie d’adhésion.

Dans le même temps, son classement

d’après les critères subjectifs est médiocre,

au coeur de l’avant-dernière classe, ce qui

place devant elle près des deux tiers des

économies.

Cette forte déconnexion tendrait à montrer

d’une part que la perception qu’offrent la

Tunisie en particulier et les partenaires

méditerranéens en général de leurs écono-

mies ne reflète pas les efforts effectivement

menés, d’autre part qu’il manque sans

doute d’appuis au niveau des institutions

internationales pour mieux valoriser les

réformes qui ont été réalisées.

Comme le montre le détail de la position

selon les critères subjectifs, la Tunisie exhibe

une position similaire aux pays en voie d’ad-

hésion, sauf en ce qui concerne :

(i) les barrières aux échanges : ce sont

non seulement les tarifs appliqués qui

sont hauts, relativement aux autres

PM et aux pays en voie d’adhésion,

mais également la protection non tari-

faire ;

(ii) des limitations sur les possibilités d’uti-

lisation des devises étrangères pour les

résidents, qui freinent leur capacité d’in-

sertion dans les échanges ;

(iii) un manque de transparence dans les

procédures administratives, par ailleurs

longues.

Sur le plan des critères objectifs, la Tunisie

offre un contraste entre :

(i) une gestion macroéconomique rigou-

reuse, permettant de contrôler les

grands équilibres (inflation et budget,

relativement aux autres PM ou aux pays

en voie d’adhésion).

(ii) Et un l’équilibre de la balance couran-

te précaire. Des restrictions persistent

sur les flux financiers, tant pour les

résidents en règle générale, que pour

les non résidents, notamment pour ce

qui concerne le compte en capital. Si

cela peut permettre d’éviter des sor-

ties massives de capitaux en période

Page 141: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-131-

de volatilité, ces mêmes restrictions

freinent l’insertion dans les flux

d’échanges, qui apparaissent sous

dimensionnés par rapport à la popula-

tion et relativement aux pays en voie

d’adhésion. Cela renforce la dualité de

l’économie entre un secteur officielle-

ment orienté vers les exportations et

le secteur traditionnel dont les possibi-

lités d’ouverture sont largement

amoindries.

De fait, si les performances actuelles en

termes de croissance sont meilleures que les

autres PM et que les pays en voie d’adhésion,

la soutenabilité à moyen terme n’est pas évi-

dente, d’autant que le poids du service de la

dette renforce la contrainte sur les flux finan-

ciers d’une part, que la relative faiblesse des

infrastructures de télécommunications et la

faiblesse du nombre d’internautes pourraient

signifier que l’économie manque le virage des

nouvelles technologies d’autre part.

Page 142: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-132-

TUNISIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 72,90% 74,20% 79,10%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 62,7% 79,0% 80,0%

vers les PM 4,8% 5,7% 3,5%

vers RdM 32,5% 15,4% 16,5%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 57,8% 71,4% 70,5%

issues des PM 5,0% 5,4% 3,9%

issues de RdM 37,3% 23,2% 25,6%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 0,69 0,77 0,82

avec RdM 0,56 0,46 0,46

Soldes en millions de dollars

avec l'UE -970 -1 318 -1 157

avec RdM -904 -991 -1 236Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,21 0,22 0,22 vers l'UE 0,26 0,27 0,26

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations .. .. ..Indice valeurs unitaires des importations 100 122 102

Termes de l'échange 100 97 97

Pouvoir d'achat des exportations 100 127 162

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 21,2 25,8 28,9

avec l'UE 19,1 22,6 23,0

avec RdM 20,5 24,6 27,3

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Tunisia 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats

Ob

jectifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

Tunisie

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-133-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 234 247 314 474 788 666 -239 -541 -352 7% 5% 5% 9% 10% 7%

1 29 57 58 33 65 56 -4 -8 3 1% 1% 1% 1% 1% 1%

2 82 116 129 421 486 399 -338 -370 -270 2% 2% 2% 8% 6% 4%

3 604 464 485 493 572 379 112 -108 106 17% 8% 7% 9% 7% 4%

4 121 230 149 71 128 56 50 103 93 3% 4% 2% 1% 2% 1%

5 508 652 676 487 719 874 21 -67 -198 15% 12% 10% 9% 9% 10%

6 357 560 496 1 480 2 228 2 464 -1 123 -1 668 -1 968 10% 10% 8% 27% 28% 27%

7 273 516 1 057 1 554 2 048 2 975 -1 282 -1 531 -1 917 8% 9% 16% 28% 26% 33%

8 1 288 2 632 3 116 458 854 1 060 830 1 778 2 056 37% 48% 48% 8% 11% 12%

9 1 3 5 16 66 -4 -16 -63 0% 0% 0% 0% 0% 1%

Total 3 498 5 475 6 484 5 476 7 903 8 995 -1 978 -2 428 -2 511 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 48 86 137 269 385 386 -221 -299 -249 4% 10% 13% 13% 21% 17%

1 21 42 48 23 49 39 -2 -7 9 2% 5% 4% 1% 3% 2%

2 31 35 51 304 216 177 -273 -181 -125 3% 4% 5% 15% 12% 8%

3 56 63 59 189 244 -2 -126 -244 5% 7% 0% 3% 10% 11%

4 6 8 26 24 17 36 -18 -9 -11 1% 1% 2% 1% 1% 2%

5 271 301 352 169 180 189 102 121 163 24% 36% 33% 8% 10% 8%

6 149 161 167 496 285 313 -347 -124 -146 13% 19% 16% 24% 16% 14%

7 134 46 155 548 417 687 -415 -371 -532 12% 6% 15% 27% 23% 30%

8 420 98 130 145 78 195 275 20 -65 37% 12% 12% 7% 4% 8%

9 2 4 16 38 -4 -16 -36 0% 0% 0% 0% 1% 2%

Total 1 138 841 1 067 2 042 1 831 2 303 -904 -991 -1 236 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 174 147 162 198 330 215 -24 -183 -53 8% 3% 3% 6% 6% 3%

1 6 9 9 10 14 13 -4 -5 -3 0% 0% 0% 0% 0% 0%

2 46 68 68 93 236 197 -48 -168 -130 2% 2% 1% 3% 4% 3%

3 541 399 472 295 175 70 245 225 402 25% 9% 9% 9% 3% 1%

4 113 221 122 47 111 20 66 110 102 5% 5% 2% 1% 2% 0%

5 177 247 216 311 528 666 -133 -281 -450 8% 6% 4% 10% 9% 10%

6 146 285 288 915 1 874 2 044 -768 -1 589 -1 756 7% 7% 6% 29% 33% 32%

7 125 426 870 990 1 607 2 240 -865 -1 181 -1 370 6% 10% 17% 31% 28% 35%

8 864 2 521 2 980 304 767 853 561 1 754 2 126 39% 58% 57% 10% 14% 13%

9 1 1 1 27 -26 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 2 193 4 324 5 187 3 163 5 642 6 344 -970 -1 318 -1 157 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 13 14 16 7 73 65 6 -58 -50 8% 5% 7% 3% 17% 19%

1 1 6 1 2 4 1 4 -3 1% 2% 1% 0% 0% 1%

2 6 13 10 23 34 25 -17 -22 -15 4% 4% 4% 9% 8% 7%

3 7 1 13 139 208 66 -131 -207 -53 4% 0% 6% 51% 48% 19%

4 1 1 1 1 1 1 1% 0% 1% 0% 0% 0%

5 60 104 108 7 11 20 52 93 89 35% 34% 47% 3% 3% 6%

6 62 114 41 69 69 107 -8 45 -66 37% 37% 18% 26% 16% 31%

7 14 44 32 16 24 48 -2 20 -16 8% 14% 14% 6% 5% 14%

8 4 13 7 9 9 12 -6 4 -5 2% 4% 3% 4% 2% 3%

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 168 310 230 271 430 347 -103 -120 -118 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 2 1 8 10 12 -7 -8 -11 11% 9% 6% 10% 11% 15%

1 5% 0% 0% 0% 0% 0%

2 2 15 12 33 17 -31 -2 12 45% 61% 57% 44% 19% 0%

3 2 4 21 -4 -19 0% 8% 0% 5% 22% 0%

4 1 -1 1% 0% 0% 2% 0% 0%

5 9 4 5 -9 -4 -5 7% 1% 1% 12% 4% 6%

6 1 2 1 13 28 17 -12 -27 -16 19% 7% 5% 17% 31% 20%

7 2 1 7 10 43 -7 -8 -42 10% 8% 7% 10% 11% 53%

8 2 5 2 4 1% 7% 24% 1% 2% 5%

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%

Total 3 24 21 75 92 82 -72 -68 -61 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

AC10 (***)

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

Valeur et structure des échanges de la Tunisie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS

Page 144: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-134-

Turquie

La Turquie retrouve la voie de la croissance

en 2002 (+7,8% contre -7,5% en 2001) et

cela semble se confirmer pour 2003 avec des

prévisions supérieures à 5%. Les progrès

réalisés par l’économie turque dans la réduc-

tion de son exposition aux effets des chocs

externes et internes sont à analyser selon

deux points de vue, (i) la structure sectoriel-

le du PIB, qui a beaucoup changé en 10 ans,

en faveur du secteur manufacturier notam-

ment, qui véhicule les nouvelles technologies

; (ii) celui de la structure de l’emploi car les

emplois se déplacent des secteurs où la pro-

ductivité est faible vers ceux où elle est rela-

tivement plus élevée et où elle peut progres-

ser rapidement. Ces évolutions ont donné à

l’économie dans son ensemble les sources

d’accroissement de la productivité et de la

compétitivité et la possibilité de profiter d’ex-

ternalités positives :

(i) les secteurs traditionnels employant de

la main d’œuvre peu qualifiée sont en

retrait. Ils créent relativement peu de

nouveaux emplois, ce qui diminue leur

part dans l’emploi total. C’est essentiel-

lement le cas de la construction et de

l’agriculture. Le premier représente 5%

du PIB en 2002. Sa croissance en 1995-

2000 était faible (0,5%) et devient

négative en 2001 et 2002 aux alentours

de –5%. La construction ne représente

que 6,5% de l’emploi total et perd des

emplois (-19% en 2001 et -13,6% en

2002). L’agriculture quant à elle repré-

sente 15% du PIB et encore 34,9% de

l’emploi total. Mais, elle subit également

une dynamique négative des emplois en

2002 (-6,5%). Cette évolution peut être

favorable à moyen terme sous certaines

conditions. La réallocation des res-

sources qu’elle implique peut, en effet,

contribuer à la croissance de la produc-

tivité des facteurs si elle s’effectue en

faveur des secteurs plus dynamiques et

des emplois permettant l’acquisition de

nouvelles connaissances. Comme il

s’agit également d’activités cycliques ou

fortement soumises aux aléas, cela per-

met de réduire la dépendance de l’éco-

nomie vis-à-vis de facteurs exogènes.

(ii) Les secteurs à forte valeur ajoutée et/ou

permettant l’importation et la diffusion

du progrès technique renforcent à l’in-

verse leur position dans le PIB et absor-Croissance de la création d’emploi par branche.

0,4

17,4

0,4

6,5

18,2

5,0

14,0

3,1

19,7

4,9

-19,0

-2,0 -2,5-6,5

22,1

3,47,3

-13,6

5,7

-3,3

7,5

34,9

3,3

-1,3

3,2

-0,4

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

Agricu

lture

Min

es e

tex

trac

tion

Sec

teur

Man

ufa

cturier

Ele

ctrici

té,

eau

Const

ruct

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Ser

vice

sfinan

cier

s et

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ssura

nce

Ser

vice

s so

ciau

x

%

Part dans l'emploi en 2002 Création d'emploi en 2001 Création d'emploi en 2002

Source : Banque centrale.

Page 145: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-135-

bent une part croissante de la population

active. Il s’agit des secteurs manufactu-

rier et du commerce dont la croissance

en 2002 est 2,5 fois plus importante que

celle enregistrée entre 1995 et 2000 :

10,4% dans le secteur manufacturier

(26,8% du PIB en 2002) et 12,8% pour

celui du commerce (21% du PIB) contre

respectivement 3,9% et 5,3% en 1995-

2000. La part dans l’emploi total du sec-

teur manufacturier est passée de 14,2%

à 17,4% et celle de celui du commerce

et du tourisme de 11,6% à 18,2%. Par

ailleurs, les activités, dirigées vers l’ex-

portation et le tourisme (seul secteur à

connaître une croissance forte en 2001,

9,9%), protègent le pays de certains

chocs proprement domestiques ce qui a

certainement limité les pertes d’emplois

en 2001.

(iii) Le secteur financier, malgré des activi-

tés principalement tournées vers le

financement de l’endettement du gou-

vernement, a été très rentable jusqu’à

la crise de l’an passé. La restructuration

est coûteuse, mais le potentiel de crois-

sance de ce secteur est important s’il

parvient à diversifier ses activités en

direction du secteur privé. Une meilleu-

re intermédiation financière aiderait

notamment à assainir le budget des

entreprises existantes et pourrait soute-

nir la croissance en améliorant l’alloca-

tion des ressources. Le développement

de ce secteur est un élément clé de la

compétitivité future de la Turquie, parce

qu’il se situe en général au coeur de

l’articulation entre l’existence ou la four-

niture d’externalités et leur utilisation

par le secteur privé.

(iv) La dynamique des secteurs de l’électri-

cité-eau et des transports-télécommuni-

cations est forte (+8% en 2002 pour le

premier et +5,4%) tandis que le secteur

de la construction traditionnelle recule,

ce qui témoigne d’un effort intense pour

mettre en place les externalités néces-

saires à l’amélioration du sentier de

croissance.

Malgré ces dynamiques apparemment favo-

rables, la productivité globale des facteurs a

été décevante dans les années 1990 du fait

des nombreuses crises que la Turquie a subi

en 1994, 1999 et 2001. Mais, il n’en reste

pas moins que les facteurs permettant d’ac-Part dans le PNB et croissance par branche (prix constants)

19

2

25

3

7

19

3

13

3

14,9

1,33,8

5,0

20,9

4,1

14,6

7,1

-4,4

10,48,0

-4,9

12,8

1,1

5,4

-7,1

2,3

26,8

-10

-5

0

5

10

15

20

25

30

Agricu

lture

Min

es e

tex

trac

tion

Sec

teur

man

ufa

cturier

Ele

ctrici

té,

eau

Const

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res

taura

nts

Tra

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ort

et

com

munic

atio

ns

Inst

itutions

finan

cièr

es

% Part dans le PIB en 1990 Part dans le PIB en 2002 Croissance économique en 2002

Source : Banque centrale.

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-136-

croître l’efficacité du processus de production

semblent avoir joué un rôle prédominant

dans les progrès enregistrés (Karadag,

Onder, Deliktas, 2002). Tout au long de la

décennie 90 en effet, l’économie turque a

toujours rapidement renoué avec la croissan-

ce et c’est encore le cas cette fois. L’effort

structurel demande néanmoins à être pour-

suivi de manière intense, car la tendance se

dégrade sur le plan de l’emploi. Depuis deux

ans, la baisse régulière du chômage qu’enre-

gistrait ce pays depuis une décennie s’est

renversée et il est passé de 6,6% en 2000 à

8,4% en 2001 et à 10,6% en 2002 (plus 6%

de sous-employés) et le chômage des jeunes

(29%) est préoccupant. Mais, là encore, la

Turquie s’appuie sur un mouvement de fond

positif. Si le taux d’illettrisme est encore de

15%, il épargne les jeunes générations, ce

qui donne à la Turquie la capacité de pouvoir

faire face à l’entrée sur le marché de l’emploi

des quelques 30% des moins de 15 ans que

comptait la population en 2000.

Sur le plan macro-économique, la situation de

la Turquie est marquée par une rigueur insuf-

fisante, telle que la croissance et l'emploi sont

plus fortement conditionnés par les salaires,

qui sont connus, que par les profits (Onaran

et Stockhammer, 2001). Cela tend à freiner la

capacité à tirer parti des efforts de restructu-

ration déployés afin d'augmenter la compéti-

tivité et la résistance aux chocs. Il apparaît

aussi nettement qu’il va falloir améliorer le

rythme des réformes, notamment du secteur

bancaire, afin d’accompagner plus efficace-

ment le développement du secteur privé.

(i) Contrairement à l’évolution de la situation

macro-économique, l’évolution des indica-

teurs de l’ouverture commerciale de la

Turquie a été positive durant la décennie pas-

sée. Ainsi, le taux d’ouverture a doublé, pas-

sant de 23,4% du PIB en 1990 à 46,6% en

2001. La balance commerciale est toujours en

déficit (d’environ 10 milliards de dollars en

2001, un montant voisin du déficit observé en

1990 : -9,5 milliards), mais cette apparente

stabilité cache deux évolutions contradic-

toires : de 1990 à 1995, tandis que les

échanges de la Turquie augmentaient, le taux

de couverture ne s’est pas modifié, ce qui a

mécaniquement approfondi le déficit, qui

dépassait 14,5 milliards de dollars en 1995 ;

puis, dans la seconde partie des années 90, le

taux de couverture s’est nettement amélioré

grâce à une importante croissance des expor-

tations (+45% alors que dans la même pério-

de les importations ont crû de 16%), indui-

sant une baisse du déficit de près de 29%.

Les échanges se sont fortement orientés vers

l’Union européenne, mais ce mouvement

s’est essentiellement déroulé entre 1990 et

1995. Depuis 1995, l’orientation géogra-

phique des échanges est stable, mais c’est la

structure qui se modifie sensiblement dans

un sens positif. Ainsi, l’essentiel de l’amélio-

ration de la balance commerciale provient

des relations avec l’Union : le déficit de la

Turquie avec les 15 a été divisé par deux

depuis 1995, mais s’élève quand même à

2,1 milliards de dollars.

Du point de vue sectoriel en effet, la part des

produits industriels n’a cessé de croître, pas-

sant de 65% en 1990 à 79% en 2001 (83%

dans les exportations à destination de

l’Union). Dans le même temps, la part des

produits agricoles a baissé de 18% à 11%.

Cette diversification de la structure des

échanges a essentiellement pour origine le

développement des exportations dans les

« machines et matériels de transport » (7%

en 1990, 23% en 2001), évolution dans

laquelle on discerne l’impact des investisse-

ments étrangers des années 1990.

Conséquence de cette modification de la

structure des exportations, les échanges de

Page 147: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-137-

type intra-branche ont largement augmenté.

L’évolution des termes de l’échange s’est sta-

bilisée sur l’ensemble de la décennie. Dans le

même temps, l’indice de pouvoir d’achat des

exportations a connu une croissance soute-

nue et non volatile, à l’instar de la Tunisie,

qui tend à indiquer une amélioration de la

compétitivité des exportations turques.

En 2002, le déficit de la balance commercia-

le s’est accru par rapport à 2001 (doublant

pratiquement pour atteindre 8 635 millions

de dollars). Ce mouvement est néanmoins

positif lorsque l’on analyse son origine : une

plus grande progression des importations

que des exportations. Les biens intermé-

diaires importés sont un des intrants essen-

tiels de la production domestique et sa forte

croissante en 2002 a accru la demande en

produits importés (+22,8%). Ce facteur joue

positivement sur la compétitivité non prix

des exportations à moyen termes et peut

permettre aux exportateurs de ne pas subir

la déprime de la demande et de l’investisse-

ment domestique. C’est d’ailleurs le cas en

2002 : les exportations ont augmenté de

13% et constituent, comme en 2001, le

moteur de la croissance. La consommation

privée s’est reprise (ce qui a également eu

un effet sur les importations), mais la

consommation publique ne soutient plus l’ac-

tivité et surtout l’investissement fixe poursuit

son recul.

(ii) Le taux de change effectif réel s'est

apprécié jusque dans la seconde moitié de

l'année 2002. Il s'est ensuite déprécié par le

fait de la dépréciation nominale de la mon-

naie, qui a résulté des incertitudes politiques,

et du différentiel d'inflation défavorable.

Après les élections, le taux de change réel a

donc recommencé à s'apprécier (8,3% fin

2002) réduisant la compétitivité externe de

la Turquie. Ceci illustre bien les répercutions

néfastes que peut avoir la déconnexion entre

les mouvements du taux de change et ceux

des fondamentaux économiques provoqués

par des comportements spéculatifs. La

banque centrale a peu de prise sur ces com-

portements. Ses interventions, malgré les

montants considérables impliqués (280 mil-

lions, 242 millions et 273 millions de dollars

en avril, mai et juin 2002) sont restées sans

succès. Elle a donc laissé jouer l'offre et la

demande et la volatilité du change s'est cal-

mée après les élections. Reste qu'il est diffi-

cile pour les agents de se protéger du risque

que représentent les opérations avec l'étran-

ger dans de telles circonstances. Couplés au

manque de crédibilité du programme

macroéconomique ces évènements ont pro-

voqué des sorties de capitaux massives, sur-

tout en 2001, mais qui se poursuivent en

2002, malgré la reprise de la croissance. Les

investissements de portefeuille sont restés

négatifs en 2002 (-694 millions de dollars

contre + 1 022 millions en 2000).

(iii) La politique monétaire s’est dotée d'une

cible d'inflation en 2002 et prévoit que la

croissance de la monnaie de base ne dépas-

se pas 40%. Cet objectif est traité comme un

critère de performance prioritaire. À ce titre,

Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-

2001)

1,0%

2,7%

6,4%

-3,7%

2,7%1,8%

-7,5%

-9,2%-8,5%

7,4%

-9,1%

7,8%

2,0%

5,4%

-0,8%

11,0%

15,7%

-31,5%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

Produit I

nté

rieu

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Conso

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bie

ns

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ervi

ces

Import

atio

ns

de

bie

ns

et s

ervi

ces

Source : Eurostat, programme Medstat.

Page 148: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-138-

effet d’éviction important. Ainsi, bien que la

structure de la dette soit relativement favo-

rable puisque la dette à court terme ne repré-

sente que 11% de la dette externe, son poids

demeure un grand problème. La dette totale

se monte à 131,2% du PIB (très majoritaire-

ment constituée de créances internes à

78,2%) et le service de la dette absorbe

47,2% des exportations de biens et services.

Mais, les réserves ne couvrent que 28,6% de

la dette externe. Les améliorations sont

lentes, mais le gouvernement espère à la fois

mettre en place les conditions d’une croissan-

ce forte et se refinancer à des taux réels bas

ce qui est la règle d’or d’un désendettement

progressif et continu.

(iv) La politique budgétaire ne parvient pas à

retrouver l’équilibre. Le déficit culmine à

15% du PIB en 2002. Cela est dû à la

conjoncture défavorable qui amoindrit les

recettes (augmentation de 23% de l’impôt

sur les revenus en 2002 contre 60% en

2000) alors que les engagements sont très

peu flexibles.

Du côté des revenus, la Turquie est encore

dépendante des taxes sur le commerce inter-

national : 11,6% de ses revenus pour 2002.

la banque centrale a augmenté les taux d'in-

térêt en fin d'année, bien qu'elle ait respecté

sa cible afin de juguler, les anticipations d'in-

flation. L’inflation est encore de 45% en

2002, mais elle a été réduite de 22% par

rapport à 2001 et de 90,5% par rapport à

1997. Les autorités espèrent en 2003 la

contenir à 20% ce qui paraît ambitieux. Il

faut espérer que le nouveau programme éco-

nomique turc et l’assistance du FMI parvien-

dront à sortir le pays du cercle vicieux du

financement auto-entretenu du déficit public

par le seigneuriage : la hausse de l’inflation

entraîne un accroissement de la dollarisation

qui réduit la taxe inflationniste dont bénéficie

le gouvernement, celui-ci accroît la masse

monétaire afin de la restaurer créant encore

plus d’inflation et encourageant la dollarisa-

tion (Bahmani-Oskooee, Domac, 2002).

De fait, en 2002, la dollarisation de l’écono-

mie se réduit (49% des dépôts en mars 2003

contre 55% en 2002) et les souscriptions de

titres publics par les ménages et les investis-

seurs étrangers augmentent, ce qui va alléger

l’endettement. La structure de la dette est, en

effet, une autre conséquence de l’accumula-

tion des déficits qui a fortement pesé sur le

développement du secteur privé en créant unEndettement

25

37

29

88

69

14

43

26

149

87

11

47

29

131

78

0

20

40

60

80

100

120

140

160

Dette externe à courtterme/Dette externe

totale

Service de la detteexterne/Exportationsde biens et services

Réserves/Detteexterne totale

Dette totale/PIB Detteintérieure/Dette

totale

%

2000 2001 2002

Sources : Eurostat, programme Medstat, FondMonétaire International, IFS avril 2003.

Politique monétaire

68,4

113,2

85,3

67,8

40,2

73,9

68,2

86,2

101,9

54,9

22,7

50

24,9

45

115,21907

0

20

40

60

80

100

120

M2 Avances ausecteur public

Créditdomestique

Inflation

%1993-1997 1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, GDF 2002,Banque centrale.

Page 149: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-139-

La TVA a moins progressé que les années

précédentes (+58,3% contre +84% en

2000). Les taxes sur les biens et services

(+65% en 2002 contre +59% en 2001) et la

TVA sur les importations (+72% contre

+32%) sont les deux postes importants qui

ont crû en 2002 par rapport à 2001.

Du côté des dépenses, les dépenses de

salaires (20% des dépenses totales mais

74,6% des dépenses courantes en 2002) et

le paiement du service de la dette (44,9%

des dépenses totales) ne laissent que peu de

marges de manœuvres. Le gouvernement

maintient avec difficulté son effort d’investis-

sement (6% des dépenses totales en 2002

contre 8% en 1997). C’est néanmoins le

poste qui marque la plus nette progression

en 2002 (+66,4%).

Aujourd’hui l’économie semble être dans une

phase de changements profonds : révision

des priorités de politique économique en

faveur de la réduction de l’inflation et de la

maîtrise de l’endettement, recherche d’exter-

nalités positives permettant de placer l’éco-

nomie sur un sentier de croissance plus

élevé. Mais, une question doit être résolue :

comment consolider le secteur bancaire afin

qu’il participe plus largement à l’effort de

restructuration de l’économie.

Une restructuration du système bancai-

re coûteuse mais porteuse d’espoirs

La restructuration du système bancaire a

coûté très cher à l’économie directement (le

coût de la recapitalisation des banques est

estimé à 2,15 milliards de dollars) et indirec-

tement puisqu’elle est en partie responsable

de la crise économique de 2001. Beaucoup

reste à faire dans la mesure où :

(i) Le secteur est de petite taille (le total

des actifs s’élève à 65% du PIB soit le

quart de la moyenne européenne).

(ii) Le morcellement du réseau ne lui per-

met pas d’assurer efficacement son rôle

d’intermédiaire financier et lui confère

une aversion au risque particulièrement

forte d’où des activités essentiellement

tournées vers le secteur public (40%

des actifs des banques en 2002).

(iii) Enfin, bien qu’après la restructuration

de juillet 2002, la part des prêts irré-

couvrables ait été diminuée de 62,5% et

ne représente plus que 9% des actifs

des banques, la structure de leurs actifs

Dépenses

4

11

8

24

6

41

3

86

19

5

51

15

20

6

45

0

10

20

30

40

50

60

Dépenses desanté

Dépensesd'éducation

Dépenses dedéfense

Dépenses desalaires

Dépenses decapital

Dépensesd'intérêt de

la dette

en %

des

dép

ense

s to

tale

s

1998-2000 2001 2002

Sources : Fond Monétaire International, GDF 2002, Banque centrale.

Recettes

79

36

10

32

41

-10

77

33

10

3540

-17

78

30

12

39 38

-15

-40

-20

0

20

40

60

80

100

Revenus destaxes

Impôtsdirects

Revenus destaxes sur lecommerce

international

Impôtsindirects

dont TVA Déficitbudgétaireen % PIB

% d

es r

ecet

tes

tota

les

1998-2000 2001 2002

Page 150: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-140-

contraint fortement leur activité : ils

sont constitués essentiellement de

dépôts à court terme (2,8 mois) ce qui

limite la durée des prêts qui peuvent

être accordés.

L’excessive exposition au risque de défaut et

l’expérience récente rendent les banques

turques très frileuses et les empêche de rem-

plir correctement et dans de bonnes condi-

tions leur rôle d’intermédiaire financier. De

plus, les modifications actuelles de l’environ-

nement dans lequel elles opèrent en termes

de baisse des taux d'intérêt, de besoins de

financements décroissants du gouvernement

et de hausse de la compétition risque d’indui-

re des faillites nombreuses (Karacabey, 2001).

Un besoin urgent d’améliorer la situa-

tion macro-économique et la dimension

sociale pour profiter des avantages que

procurent les perspectives d’adhésion

La situation de la Turquie n’est guère brillan-

te, tant du point de vue des critères objectifs

que des critères subjectifs. Mais, à la diffé-

rence des autres PM, la situation « subjecti-

ve » est meilleure que celle appréhendée

selon les critères objectifs (conformément à

ce que l’on observe pour la plupart des pays

en voie d’adhésion).

Du point de vue subjectif, la Turquie est per-

çue comme une économie fondamentale-

ment ouverte. L’accord d’Union douanière

avec l’UE n’y est certainement pas étranger,

alors même que l’on ne manquera pas de

remarquer sa mise en place encore partiel-

le, notamment en ce qui concerne les

échanges de produits agricoles, les produits

pharmaceutiques et les produits sidérur-

giques. Mais, si l’économie apparaît

attrayante, la gouvernance en général

constitue le talon d’Achille, à la fois sur le

plan de la régulation, de la transparence et

de la corruption.

Au niveau des indicateurs objectifs, la

Turquie est en retard sur tous les critères,

tant relativement aux autres pays en voie

d’adhésion qu’aux PM (sauf sur les infra-

structures téléphoniques vis-à-vis de ces

derniers). Toutefois, ce qui peut sembler sur-

prenant, c’est que ce retard ne concerne pas

seulement la gestion des équilibres macroé-

conomiques (inflation, balance courante,

équilibre budgétaire), mais également :

(i) le degré d’ouverture, que ce soient les

échanges de biens et services, mesurés

relativement à la population, ou les flux

d’investissement étrangers en propor-

tion du produit intérieur.

(ii) La sphère sociale : l’espérance de vie

est plus faible que dans les autres PM et

l’indicateur de développement humain

est largement en dessous du niveau des

autres pays en voie d’adhésion.

Page 151: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-141-

Turkey 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants

Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant

Participation et transparence 8 Croissance du PIB

Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)

12 Service de la dette (% export. de biens et services)

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays CandidatsO

bje

ctifs

Su

bje

ctif

UE Obj.UE Subj.

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

Objectifs Subjectif

UE Obj. UE Subj.

Classe 5++

Classe 4+

Classe 3Moyen

Classe 2-

Classe 1--

Comparaison des critères subjectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

et des critères objectifs

0

1

2

3

4

51

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

TURQUIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale

1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 23,40% 33,80% 46,60%

Orientation des exportations (en%)

vers l'UE 29,5% 51,3% 51,4%

vers les PM 6,2% 6,9% 7,9%

vers RdM 64,3% 41,8% 40,7%

Orientation des importations (en%)

issues de l'UE 26,2% 47,2% 44,2%

issues des PM 2,9% 3,4% 5,6%

issues de RdM 71,0% 49,3% 50,3%

Taux de couverture X/M

avec l'UE 0,66 0,66 0,88

avec RdM 0,53 0,51 0,61

Soldes en millions de dollars

avec l'UE -2 002 -5 786 -2 163

avec RdM -7 499 -8 599 -8 072

Indices de concentration des exportations

vers le monde 0,13 0,12 0,10

vers l'UE 0,13 0,16 0,14

Termes de l'échange (1990=100) (*)

Indice valeurs unitaires des exportations 100 107 83

Indice valeurs unitaires des importations 100 111 91

Termes de l'échange 100 96 91

Pouvoir d'achat des exportations 100 150 225

Indicateurs de commerce intrabranche

avec le monde 18,6 22,1 30,4

avec l'UE 15,4 18,0 28,1

avec RdM 17,7 20,8 25,5

(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

Turquie

Page 152: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-142-

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001

0 2 304 3 417 3 316 1 180 1 482 736 1 124 1 935 2 580 18% 16% 11% 5% 4% 2%

1 455 467 471 346 173 296 110 294 175 4% 2% 2% 2% 0% 1%

2 750 775 691 1 684 3 536 2 435 -934 -2 761 -1 744 6% 4% 2% 8% 10% 6%

3 296 288 445 4 622 4 619 6 141 -4 326 -4 330 -5 696 2% 1% 1% 21% 13% 15%

4 139 325 180 298 638 321 -159 -314 -141 1% 2% 1% 1% 2% 1%

5 747 888 1 272 2 850 5 342 6 243 -2 103 -4 454 -4 971 6% 4% 4% 13% 15% 15%

6 3 833 6 217 9 453 3 351 6 675 6 643 482 -458 2 810 30% 29% 30% 15% 19% 16%

7 855 2 402 7 152 7 036 11 492 12 636 -6 182 -9 090 -5 483 7% 11% 23% 32% 32% 31%

8 3 579 6 817 8 099 933 1 750 2 533 2 646 5 068 5 566 28% 32% 26% 4% 5% 6%

9 2 253 1 3 415 2 -3 162 0% 0% 1% 0% 0% 8%

Total 12 959 21 599 31 334 22 301 35 707 41 399 -9 341 -14 109 -10 065 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 1 497 1 523 1 504 740 828 484 757 695 1 020 18% 17% 12% 5% 5% 2%

1 393 325 326 332 152 272 61 172 55 5% 4% 3% 2% 1% 1%

2 456 315 331 1 254 1 985 1 547 -799 -1 671 -1 215 5% 3% 3% 8% 11% 7%

3 76 80 186 4 127 3 668 4 902 -4 050 -3 588 -4 716 1% 1% 1% 26% 21% 24%

4 114 202 55 206 515 270 -93 -312 -215 1% 2% 0% 1% 3% 1%

5 464 512 795 1 648 1 936 2 075 -1 184 -1 424 -1 280 6% 6% 6% 10% 11% 10%

6 2 199 3 018 4 316 2 179 3 576 3 359 21 -558 957 26% 33% 34% 14% 20% 16%

7 546 849 2 633 4 741 4 332 4 355 -4 195 -3 483 -1 722 7% 9% 21% 30% 25% 21%

8 2 587 2 197 2 470 604 630 1 013 1 983 1 567 1 457 31% 24% 19% 4% 4% 5%

9 2 131 1 2 542 -1 2 -2 412 0% 0% 1% 0% 0% 12%

Total 8 332 9 022 12 748 15 831 17 622 20 819 -7 499 -8 599 -8 072 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 593 1 629 1 441 436 638 222 157 991 1 219 15% 15% 9% 7% 4% 1%

1 62 136 115 14 21 24 48 115 91 2% 1% 1% 0% 0% 0%

2 270 413 321 359 1 403 773 -89 -990 -453 7% 4% 2% 6% 8% 4%

3 207 194 203 128 148 207 80 45 -4 5% 2% 1% 2% 1% 1%

4 16 95 98 86 124 50 -71 -29 48 0% 1% 1% 1% 1% 0%

5 198 292 337 1 060 3 231 3 968 -862 -2 939 -3 630 5% 3% 2% 18% 19% 22%

6 1 229 2 440 4 169 1 133 3 049 3 220 95 -610 949 32% 22% 26% 19% 18% 18%

7 274 1 301 3 940 2 291 7 139 7 974 -2 017 -5 837 -4 034 7% 12% 24% 39% 42% 44%

8 980 4 578 5 374 324 1 111 1 498 656 3 467 3 877 26% 41% 33% 6% 7% 8%

9 119 344 -225 0% 0% 1% 0% 0% 2%

Total 3 829 11 077 16 118 5 832 16 862 18 280 -2 002 -5 786 -2 163 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 213 264 371 3 16 29 210 248 341 27% 18% 15% 1% 1% 1%

1 7 30 7 29 0% 0% 1% 0% 0% 0%

2 24 47 39 70 148 115 -46 -101 -76 3% 3% 2% 11% 12% 5%

3 13 15 56 368 803 1 032 -355 -787 -976 2% 1% 2% 58% 66% 45%

4 9 27 28 5 1 5 27 26 1% 2% 1% 1% 0% 0%

5 85 85 139 143 176 200 -58 -91 -61 11% 6% 6% 22% 14% 9%

6 405 760 968 39 50 64 366 710 905 51% 51% 39% 6% 4% 3%

7 35 252 579 5 22 306 30 230 273 4% 17% 23% 1% 2% 13%

8 12 42 255 5 9 23 6 33 232 1% 3% 10% 1% 1% 1%

9 4 528 -525 0% 0% 0% 0% 0% 23%

Total 798 1 500 2 468 638 1 223 2 299 160 276 169 100% 100% 100% 100% 100% 100%

0 48 64 91 80 58 11 -32 6 80 16% 8% 10% 24% 14% 2%

1 8 23 20 1 7 23 20 3% 3% 2% 0% 0% 0%

2 21 11 12 8 27 11 13 -16 1 7% 1% 1% 2% 7% 2%

3 31 53 46 3 23 28 30 46 10% 6% 5% 1% 6% 0%

4 1 2 2 1 1 1 1 2 0% 0% 0% 0% 0% 0%

5 21 40 67 47 41 95 -26 -2 -28 7% 5% 7% 14% 10% 14%

6 64 164 291 71 125 125 -7 39 166 21% 20% 31% 21% 31% 19%

7 46 94 292 118 114 407 -72 -20 -115 15% 11% 31% 36% 28% 60%

8 65 388 110 4 16 25 62 372 85 21% 46% 12% 1% 4% 4%

9 5 0% 0% 1% 0% 0% 0%

Total 305 840 937 331 407 675 -26 434 257 100% 100% 100% 100% 100% 100%

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;

4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;

8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée

AC10 (***)

Monde

Reste duMonde

UE

PartenairesMed. (**)

Valeur et structure des échanges de la Turquie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS

Page 153: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-143-

banques : la banque européenne pourle Moyen-Orient et la banque El SaudiEl Fransi). Une banque non-arabedevrait faire son entrée en 2003 : laSociété Générale. Deux autresbanques sont également sur les rangs,l’une jordanienne (l’Arab Bank) etl’autre du Bahreïn (banque d’Etat).

[14] MIGA est un filiale de la BanqueMondiale. Sa mission est de garantir lesinvestissements internationaux contreles risques non commerciaux (expro-priation, rapatriement des capitaux,rupture de contrat unilatérale, conflits).Elle offre également une assistancepour faciliter les placements à l’étran-ger. Parmi les PM, Chypre et Malte n’enfont pas partie, mais ces pays bénéfi-cient d’une caution très puissante éga-lement celle de l’Union européenne quiprofite aussi à la Turquie mais dans unemoindre mesure.

[15] Parmi les membres du Conseil figurentle Gouverneur et le Vice-Gouverneurde la banque centrale, les Vice-Ministres des Finances, de l’Industrieet de l’Agriculture et le Président de laCommission au Plan.

Bibliographie

Abrahart A, Iqbal K. et Z. Tzannatos, (2000),“Government Employment and ActiveLabour Market Policies in MENA In acomparative International Context”,Paper presented at the MediterraneanDevelopment Forum conference III,Cairo, mars.

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Ali A.G.A. et I. A. Elbadawi, (1998), “Povertyand the Labor Market in the Arab World:The Role of Inequality and Growth”,paper presented at the MediterraneanDevelopment Forum 1998 Conference.

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Belghazi S., (2002), « Impacts des politiquescommerciales sur l’emploi dans le sec-

Notes

[1] Le taux de participation du pays consi-déré est remplacé par celui de la zonechoisie pour cible quand il est inférieurà ce dernier.

[2] Cet indice est fondé sur quatre compo-santes : politique commerciale, poli-tique fiscale, niveau du taux de changeréel et privatisation.

[3] Cette analyse a été détaillée dans le rap-port Femise 2003 sur l’élargissement

[4] Les accords dits ATV (Accords sur leTextile et le Vêtement) ont prolongéles accords multifibres conclus pour 30ans en 1974, pour une période allantjusqu’au 1er janvier 2005.

[5] La Turquie, avec plus de 73% de laproduction méditerranéenne, est leprincipal producteur de la région,avant la Tunisie (9%), le Maroc (7%),l’Egypte (5%) et la Syrie (5%).

[6] Données calculées à partir de UNIDO -Industrial Demand Supply balancedata base 2002.

[7] DREE, (2003).[8] Mis en évidence avec le concept de

chaîne de valeur, cf Belghazi, (2002)[9] DREE (2003).[10] Notons encore que les PM affichent

également de meilleures statistiquesen termes de répartition des revenus(différences entre les hauts et les basrevenus) relativement aux autresrégions en développement.

[11] Mesurant la proportion de la popula-tion vivant sous la ligne de pauvreté.

[12] A la fin de l’année 2002, la commu-nauté internationale s’est mobiliséepour venir en aide au Liban et contri-buer ainsi à préserver la stabilité poli-tique au Proche-Orient. Lors de laConférence de Paris II, une aide de 4,4milliards de dollars a été accordée auLiban dont 3,1 milliards de prêts à longterme à taux d'intérêt faible doiventservir à la restructuration de la dettepublique et 1,3 milliards doivent êtreaffectés à des projets d’infrastructures.

[13] Pour l’instant seules des banquesarabes ont bénéficié de cette nouvellepolitique, l’un libanais (la banque duLiban d’Outre-Mer), l’autre jordanien-ne (la Housing Bank for Trade andFinance), la dernière saoudienne (enfait il s’agit d’une association de

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Notes méthodolohiques sur la base de données PC-TAS

Notes méthodolohiques sur la méthode multicritère

Entrées d’Investissements Directs Étrangers 1990-2001

Annexes sur le textile :

Annexe B1 - La place des Partenaires Méditerranéens dans les exportations mondiales de

textile-habillement

Annexe B2 - Parts relatives en % des exportateurs de la zone paneuroméditerranée

Annexe B3 - Importations des produits textiles de l'Union Européenne (hors échanges intra

européens) en millions de dollars courants et en %

Annexe B4 - Les avantages comparatifs des partenaires méditerranéens dans l’industrie textile

Annexe B5 - Part en % de chaque catégorie de produits textile

dans les exportations des PM

Annexe B6 - La complémentarité des relations euroméditerranéennes

Annexe B7 - La complémentarité des relations entre l’UE et les pays candidats (AC10)

RAPPORT FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN

Septembre 2003

LISTE DES ANNEXES

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Notes méthodologiques sur la base de données PC-TAS

I. Les problèmes inhérents à la constitution de la base de données sur les échanges commerciaux et à samise à jour annuelle : PC-TAS

La base de données sur les échanges commerciaux est une compilation constituée à partir des bases de données PC-TAS éditées par l’ITC/UN Statistics Division et réactualisées chaque année. Dans la mesure où tous les pays méditer-ranéens ne sont pas déclarants, ou ne le sont pas de façon régulière, un certain nombre de problèmes apparaissentlorsque l’on veut compiler les séries sur plusieurs périodes. Ceux-ci tiennent d’une part aux approximations faitespour recomposer des valeurs manquantes à un moment donné (et dont les valeurs déclarées sont publiées l’annéed’après) et, d’autre part, au fait que de nouveaux pays déclarants, dont les valeurs des échanges étaient jusqu’alors« approximées », apparaissent dans la base.

Dans le cas des pays qui ne rapportent jamais, on utilise les statistiques miroirs c’est-à-dire les montants d’importa-tions (si on estime les exportations) ou d’exportations (si on estime les importations) rapportés par les pays parte-naires.

C’est notamment le cas pour la Syrie, le Liban, l’Algérie jusqu’à l’édition 1999 de la base et pour la Jordanie dont lesrésultats sont publiés depuis l’année 2001, (avec encore des données manquantes en 1996 et 1999, c’est pourquoinous conservons l’approche miroir pour ce pays).

C’est systématiquement le cas pour la Syrie et le Liban. Pour d’autres pays, une ou plusieurs années manquent : c’estle cas pour l’Algérie en 1992, 1993 et 1998, le Maroc en 1992, 1998 et 1999, la Jordanie en 1996 et 1999, l'Egypteen 1992 et 1993 et Malte en 1992 et 1993. Par soucis de cohérence des séries temporelles 1992-1999, et par rapportaux résultats passés, nous avons choisi de travailler sur les données miroirs pour l’Algérie, et la Jordanie. Par ailleurs,le Maroc ne déclarant pas ses résultats en 1998 et 1999, nous avons également dû travailler dans le présent rapportsur les données miroirs.

Lorsque certaines années sont manquantes, on utilise la même méthode miroir pour reconstituer les échanges desannées non disponibles. Mais on constate des écarts importants entre ce qui est déclaré par le pays et ce que l’onobtient à partir des déclarations des partenaires. Notre choix est alors de conserver les données déclarées par le payset de compléter les années qui manquent par les valeurs miroirs auxquelles on applique le coefficient de correctionobtenu par le rapport de la valeur déclarée sur la valeur miroir pour l’année la plus proche où le pays est déclarant. Sitrop de valeurs manquent, on n’utilise que les valeurs miroirs.

Ces estimations permettent de compléter la base de données, mais présentent quelques limites : (i) les donnéesobtenues sont exprimées FOB pour les importations et CAF pour les exportations (puisque estimées à partir desdéclarations d’importations), c’est-à-dire incluant les coûts de fret et d’assurance, en moyenne 10% supérieur à lavaleur FOB ; (ii) de plus, les statistiques miroirs n’intègrent que les échanges entre pays rapporteurs et une part deséchanges au sein de la zone PPM ne peut donc être comptabilisée.

Enfin, la base de données constituée est le résultat de l’accumulation de séries de données mises à jour annuelle-ment. Chaque année, plusieurs corrections peuvent être apportées aux résultats obtenus précédemment :

√ mises à jour rétroactives des données à chaque version de la base de données ;√ introduction dans la base de nouveaux pays déclarants et leur prise en compte ; √ non déclaration successive pour des pays anciennement déclarants ce qui peut nous obliger à changer de

méthodes d’estimation ;√ déclaration à la période suivante d’une valeur estimée à la période antérieure ; c’est le cas pour l’Algérie qui ne

déclarait pas pour 1998 en 2000, mais qui l’année d’après fournissait une déclaration pour 1998 et 1999.

II. Les problèmes de comptabilité entre le solde commercial tel que calculé à partir de Comtrade, PC-TASet tel que comptabilisé dans la balance des paiements du FMI

Les données commerciales contenues dans la base de données PC-TAS éditée par l’ITC/UN Statistics Division sont desstatistiques douanières, relevant généralement du système dit de commerce général. La plupart du temps, ces don-nées diffèrent de celles publiées dans la Balance des paiements au titre de la balance des marchandises. Au moinstrois grandes divergences de définition expliquent ces différences.

Il s’agit tout d’abord d’une différence en termes de couverture même des transactions : à titre d’exemple, les don-nées commerciales de la balance des paiements incluent des ajustements pour certains échanges de marchandises(service des colis postaux notamment) que l’on ne retrouve pas dans les données issues des douanes.

Il s’agit ensuite de différences dans la date même des données enregistrées : dans la balance des paiements, leséchanges sont comptabilisés au moment du changement de propriété, alors que les données des douanes comptabili-sent généralement les transactions au moment du passage de frontière.

Il s’agit enfin de différences notables dans les classifications utilisées : ainsi, par exemple, la réparation de marchan-dises est une transaction de marchandises dans la balance des paiements, mais pas dans les données douanières.

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Détail de la méthode de classement utilisée

Pour comparer les performances de différentes économies, nous avons utilisée une méthode particulière d’aide multi-critère à la décision basée sur le concept de « surclassement » et utilisant le concept de tri : la méthode « electre-tri »élaborée au LAMSAD de l’Université de Paris-Dauphine.

Concrètement, il s’agit d’affecter chaque pays de l’échantillon retenu à des classes prédéfinies et hiérarchisées de sorteque la classe n°5 regroupe les économies les plus performantes eu égard aux critères choisis, que la classe n°4 contien-ne, elle, les économies moins performantes que celles de la classe n°5, mais plus performantes que celles de la classen°3, etc. L’affectation d’une économie à une classe repose sur la comparaison des performances de cette économie àcelles de profils préalablement établis et hiérarchisés. La comparaison utilise le principe de « surclassement », c’est-à-dire que, pour les critères choisis, l’économie A surclasse le profil i lorsqu’elle obtient, dans une majorité de cas (fixéeà 70% dans l’analyse) un résultat au moins aussi bon que celui de profil considéré. Si l’économie en question surclassele profil n°1, elle est affectée à la classe n°5. Dans le cas contraire, elle est comparée au profil n°2 avec, en cas derésultat positif, une affectation à la classe n°4 ou une comparaison au profil suivant, etc. Si l’économie est surclasséepar tous les profils, elle est affectée à la dernière classe.

Afin de disposer de résultats robustes, le surclassement doit être prononcé sans équivoque. Outre l’imprécision desmesures statistiques, il convient de savoir à partir de quand la valeur d’un indicateur statistique doit être jugée meilleu-re qu’une autre valeur. Un indicateur de développement humain de 0,910 surclasse-t-il réellement un taux de 0,908 ?Pour faire face à ces problèmes, nous utilisons la possibilité qu’offre la méthode electre-tri en nous basant sur l’utilisa-tion de pseudo-critères : la définition de seuils d’indifférence (Sa) et de préférence stricte (Sp).

Le seuil d’indifférence permet de définir, pour un critère, une valeur minimale Sa en dessous de laquelle la différenceentre une économie et un profil, pour ce critère, sera jugée non pertinente. Par rapport à l'exemple précédent, si l'onfixe le seuil d'indifférence Sa à 0,02, on considère les deux valeurs (0,910 et 0,908) comme équivalentes. Si on fixe leseuil à 0,005, une valeur de 0,908 est jugée moins bonne que 0,910, tandis qu'une valeur de 0,909 est équivalente à0,910.

Le seuil de préférence stricte Sb se définit également pour chaque critère et indique la valeur au-delà de laquelle, pource critère, il y a un surclassement incontestable dans la comparaison. Sb est généralement strictement supérieur à Sa.Dans notre exemple, en fixant Sa à 0,02 et Sb à 0,03, on considère qu'une valeur de 0,908 est équivalente à 0,910,mais qu'une valeur de 0,907 (0,910-Sb) est incontestablement moins bonne que les deux autres.

Muni de ces seuils, la méthode calcule, pour chaque économie, un degré de surclassement par rapport à chaque profilcompte tenu de l’ensemble des critères, degré variant entre 0 et 1 et pouvant être perçu comme la pertinence de l’af-firmation : « cette économie surclasse ce profil ». Si, pour un profil, cet indice est supérieur à une valeur donnée (70%dans notre analyse), l’économie surclasse ce profil. C’est ce degré qui fixe la position du point sur les graphiques.

Le procédé utilisé pour établir les profils de comparaison et les seuils est crucial pour pouvoir accorder confiance auxrésultats affichés. Afin d’obtenir les résultats les plus objectifs possibles, nous avons appliqué des méthodes systéma-tiques. Nous avons choisi comme norme, respectivement le 80ème centile de la distribution pour le profil 1, le 60èmecentile pour le profil 2, le 40ème centile pour le profil 3 et le 20ème centile pour le profil 4. On peut ainsi traduire entermes simples la signification, pour un critère donné, de la comparaison entre la performance d’une économie et lanorme du profil associé. Sur 100 économies, si, pour un indicateur, l’économie considérée surclasse le profil n°1, c’estqu’elle se situe dans les 20 premières économies en termes de performances. A contrario, si l’économie est surclasséepar le profil n°4, c’est que 80% des économies dans l'échantillon (les 203 pays des bases de la Banque Mondiale) fontmieux qu’elle pour le critère donné. Les centiles des distributions sont également à la base du calcul des seuils. Ainsi,le seuil Sa est égal à 5% de la distribution (et le seuil Sb à 7,5%) : par exemple pour le profil 1, il s'agit de la diffé-rence entre le 80ème et le 75ème centile. Le principe posé est que dans un classement de 100 économies, lorsqu’unpalier a été placé à la nème place, le fait de se situer entre la nème et la n+5ème place est équivalent.

Listes des variables retenues et sources

Critères subjectifs :√ les barrières tarifaires et non tarifaires (The Heritage

Foundation-The Wall Street Journal),√ la liberté d’utilisation des devises (The Fraser

Institute),√ les droits de propriété (The Heritage Foundation-The

Wall Street Journal),√ la liberté d’échanger sur les marchés de capitaux

(The Fraser Institute),√ la régulation des investissements étrangers (The

Heritage Foundation-The Wall Street Journal),√ lla régulation (The Heritage Foundation-The Wall

Street Journal),√ le contrôle du marché noir (The Heritage Foundation-

The Wall Street Journal),√ la participation et la transparence (Kaufmann D.,

Kraay A., Zoido-Lobaton P.),√ le contrôle de la corruption (Kaufmann D., Kraay A.,

Zoido-Lobaton P.),√ le rating Moody’s.

Critères objectifs :√ l’espérance de vie (Banque Mondiale),√ la part des investissements directs dans le PIB

(FMI),√ l’ouverture mesurée par le rapport exports+imports

par habitant (FMI et Banque Mondiale),√ le PIB par tête (FMI et Banque Mondiale),√ l’indicateur de développement humain (HDI, 2000,

PNUD),√ l’inflation (CPI, FMI et Banque Mondiale),√ la balance courante en % du PIB (FMI et Banque

Mondiale),√ la croissance du PIB (FMI et Banque Mondiale),√ le déficit budgétaire en % du PIB (FMI et Banque

Mondiale),√ le nombre de lignes téléphoniques pour 1000 habi-

tants (Banque Mondiale),√ le nombre d’utilisateurs internet pour 1000 habitants

(Banque Mondiale),√ le service de la dette en % des exportations de biens

et services (Banque Mondiale), √ la dette extérieure en % du PIB (Banque Mondiale),√ le crédit octroyé par les banques au profit du secteur

privé en % du PIB (FMI et Banque Mondiale).

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526

562

566

378

351

365

668

368

779

486

372

438

633

Turq

uie

684

810

844

636

608

885

722

805

940

783

982

3 2

66

745

813

2 1

24

Pays Partenaires d

e Méd

iterranée

1 8

69

1 9

17

2 9

09

2 6

94

3 6

85

3 6

59

3 9

08

5 6

15

5 8

59

8 9

87

8 6

34

11 7

83

2 7

89

6 0

92

10 2

09

Total M

onde

211 4

25

158 9

36

175 8

41

219 4

21

255 9

88

331 0

68

386 1

40

478 0

82

694 4

57

1 0

88 2

63

1 4

91 9

34

735 1

46

225 4

47

661 7

36

1 1

13 5

40

Pays en d

éveloppem

ent

34 6

89

41 6

96

51 1

08

78 8

13

104 9

20

113 3

38

152 6

85

191 0

22

187 6

11

225 1

40

237 8

94

204 8

01

70 7

61

189 1

15

221 3

48

Am

érique Latin

e et Caraïb

es8 9

89

15 3

56

17 6

11

20 0

09

30 0

91

32 3

11

52 8

56

74 2

99

82 2

03

109 3

11

95 4

05

85 8

73

20 7

28

79 6

67

90 6

39

Euro

pe cen

trale et de l'est

300

2 4

48

4 4

39

6 7

57

5 9

32

14 2

68

13 5

47

19 1

13

22 6

08

25 3

63

26 5

63

27 2

00

5 6

91

20 1

58

26 8

82

Asie d

u S

ud et d

e l'Est (excl. C

hin

e, incl. H

K)

10 6

70

16 8

62

16 5

27

22 2

83

32 1

67

37 7

90

47 6

63

52 1

01

42 5

01

59 6

71

90 3

51

47 5

19

22 7

17

50 4

84

68 9

35

Source : U

nited

Natio

ns : W

orld

Investm

ent R

eports 1

995 à 2

002 ; U

NCTAD

Web

Site et W

IR 2

002 p

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999 à 2

001

(1) : D

ernières révisio

ns 1

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n le W

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n révisio

n d

es prévisio

ns U

NCTAD

, WIR

2002

Moyen

ne an

nuelle (m

ios $

)

Entrées d'IDE en millions de US $

Page 161: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-151-

Exportations totalesde textile

Exportations d’articlesd’habillement

Exportations de fils ettissus

1995 2001 1995 2001 1995 2001

Algérie 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%

Egypte 0,3% 0,4% 0,2% 0,4% 0,4% 0,3%

Israël 0,3% 0,3% 0,5% 0,4% 0,3% 0,3%

Jordanie 0,0% 0,1% 0,0% 0,2% 0,0% 0,0%

Liban 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%

Maroc 0,3% 0,7% 0,5% 1,5% 0,1% 0,1%

Syrie 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,0% 0,1%

Tunisie 0,7% 0,9% 1,6% 1,6% 0,1% 0,1%

Turquie 2,4% 3,0% 4,2% 4,2% 1,7% 2,9%

Part.Med 4,2% 5,5% 7,1% 8,4% 2,7% 4,0%

Annexe B1 - La place des Partenaires Méditerranéens dans les exportations mon-diales de textile-habillement

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.

1995 2001 1995 2001

Algérie 0,2% 0,1% Chypre 0,4% 0,1%

Egypte 3,9% 4,2% Estonie 1,1% 0,0%

Israël 4,4% 3,4% Hongrie 6,4% 6,8%

Jordanie 0,3% 1,1% Lettonie 0,9% 1,0%

Liban 0,3% 0,3% Lituanie 1,7% 2,5%

Maroc 4,3% 8,6% Malte 0,9% 0,6%

Syrie 1,6% 1,9% Pologne 12,4% 10,4%

Tunisie 10,5% 10,2% Slovaquie 3,0% 3,9%

Turquie 34,2% 34,8% Slovénie 4,7% 2,8%

Tchéquie 9,1% 7,3%

Part. Med 59,4% 64,6% AC10 40,6% 35,4%

Annexe B2 - Parts relatives en % des exportateurs de la zone paneuroméditerranée

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.

Page 162: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-152-

Produits textiles 1990 1995 2000 2001

Art. voyage 1 398 3 036 3 932 3 815

Chaussures 3 406 7 206 9 498 10 290

Cuirs 2 715 3 032 2 816 3 209

Fils & tissus 17 435 17 654 20 262 19 108

Habillement 17 686 42 911 50 016 51 316

Mat. premières 2 701 2 931 1 841 1 640

Importations extraeuropéennes

Total. imports textiles 45 341 76 771 88 365 89 377

Art. voyage 20 115 81 88

Chaussures 81 913 866 907

Cuirs 24 267 220 249

Fils & tissus 128 1 710 2 202 2 378

Habillement 384 5 283 4 699 4 884

Mat. premières 15 70 47 56

Les 8 pays nonméditerranéens de

l'élargissement

Total. imports textiles 652 8 357 8 115 8 561

Art. voyage 46 80 60 72

Chaussures 148 426 525 561

Cuirs 16 77 162 184

Fils & tissus 1 124 2 256 2 598 2 601

Habillement 3 463 10 237 10 547 11 003

Mat. premières 213 303 228 188

Pays partenairesméditerranéens

Total. imports textiles 5 010 13 380 14 120 14 609

Art. voyage 349 1 576 2 357 2 335

Chaussures 209 1 123 1 829 2 026

Cuirs 87 98 149 231

Fils & tissus 700 1 338 1 830 1 846

Habillement 1 077 5 348 7 803 8 216

Mat. premières 222 148 142 132

Chine

Total. imports textiles 2 644 9 632 14 110 14 786

Parts des AC10 en % des importations de textiles de l'UE

Art. voyage 1,4% 3,8% 2,1% 2,3%

Chaussures 2,4% 12,7% 9,1% 8,8%

Cuirs 0,9% 8,8% 7,8% 7,8%

Fils & tissus 0,7% 9,7% 10,9% 12,4%

Habillement 2,2% 12,3% 9,4% 9,5%

Mat. premières 0,5% 2,4% 2,5% 3,4%

Les 8 pays nonméditerranéens de

l 'élargissement

Total. imports textiles 1,4% 10,9% 9,2% 9,6%

Parts des PPM en % des importations de textiles de l'UE

Art. voyage 3% 3% 2% 2%

Chaussures 4% 6% 6% 5%

Cuirs 1% 3% 6% 6%

Fils & tissus 6% 13% 13% 14%

Pays partenairesméditerranéens

Habillement 20% 24% 21% 21%

Annexe B3 - Importations des produits textiles de l'Union Européenne (horséchanges intra européens) en millions de dollars courants et en %

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.

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-153-

Partenaires

Méditerranéens.

Fibres

textiles

Fils et

tissus

Vêtements

Egypte 1990

2001

5.2

14

2.5

4.3

1.2

5.2

Jordanie 1990

2001

-

-

0.7

0.8

0.4

2

Liban 1990

2001

0.35

1.6

-

-

3

1

Syrie 1990

2001

8.65

15.6

0.4

0.9

0.4

1.08

Israël 1990

2001

Maroc 1990

2001

-

-

-

-

11

11.5

Tunisie 1990

2001

-

-

1.03

0.96

11.8

11.7

Turquie 1990

2001

3.3

1.9

3.6

4.7

9.5

7

AC10Fibres

textiles

Fils et

tissus

Vêtements

Chypre 1995

2001

-

-

-

-

5.9

2.7

Malte 1995

2001

-

-

-

-

2.9

2.7

Estonie 1995

2000

0.2

1.76

2

1.72

2.6

1.83

Hongrie 1995

2001

-

-

-

-

2.63

1.5

Lettonie 1995

2001

-

-

3.6

2.4

1.8

3.15

Lituanie 1995

2001

2.8

1.52

2.2

1.8

2.65

3.9

Pologne 1995

2001

-

-

0.75

0.9

3.23

1.8

Slovaquie 1995

2001

-

-

1.5

1.09

0.99

1.54

Slovénie 1995

2001

1.29

1.44

2.53

1.39

Tchéquie 1995

2001

0.87

0.91

2.08

1.61

-

-

Annexe B4 - Les avantages comparatifs des partenaires méditerranéens dans l’industrie textile

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.

Page 164: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-154-

Catégories de textiles 1990 1995 2000/2001

Algérie Fibres végétales 27% 76% 28%

Fils & tissus synthétiques 63% 5% 7%

Produits en tissu 1% 0% 11%

Vêtements 10% 19% 54%

Egypte Fibres végétales 59% 50%

Fils & tissus synthétiques 2% 0%

Mat. premières agricoles 0% 0%

Produits en tissu 5% 1%

Vêtements 35% 49%

Israël Fibres végétales 16% 8% 6%

Fils & tissus synthétiques 11% 12% 15%

Mat. premières agricoles 0% 0% 0%

Produits en tissu 10% 11% 14%

Vêtements 63% 69% 64%

Jordanie Fibres végétales 14% 12% 1%

Fils & tissus synthétiques 35% 26% 4%

Mat. premières agricoles 0% 0% 0%

Produits en tissu 9% 18% 8%

Vêtements 43% 44% 88%

Maroc Fibres végétales 5% 2%

Fils & tissus synthétiques 5% 1%

Mat. premières agricoles 0% 0%

Produits en tissu 6% 2%

Vêtements 84% 95%

Syrie Fibres végétales 70%

Produits en tissu 5%

Vêtements 25%

Tunisie Fibres végétales 5% 8% 3%

Fils & tissus synthétiques 2% 3% 2%

Mat. premières agricoles 0% 0% 0%

Produits en tissu 2% 2% 1%

Vêtements 92% 87% 95%

Turquie Fibres végétales 15% 8% 10%

Fils & tissus synthétiques 8% 10% 10%

Mat. premières agricoles 0% 0% 0%

Produits en tissu 9% 7% 10%

Vêtements 68% 75% 71%

Annexe B5 - Part en % de chaque catégorie de produits textile dans les exportations des PM

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.

Page 165: RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure budgétaire et de leurs stratégies d’emplois dans le secteur public. La fiscalité

-155-

ImportationsFibres synthétiques Fibres végétales

MAROC

UE 79% (Fr, RU)

Turquie 3% - Chine 3%

UE 79% (Fr, Esp)

Chine 2% P med 4%

TUNISIE

UE 87% (Fr, It, All)

Chine 2%

UE 89% (Fr, It )

EGYPTE

Turquie 17%

Arabie Saoudite 11%

Chine 4% - UE 5%

Syrie 44%

UE 7% (Fr)

JORDANIE

P Med 23% - Syrie 9%

Israël 8% - Turquie 6%

UE 22% (RU)

P Med 21% -Syrie 5%

Turquie 5%

SYRIE

Turquie 20% UE 15%

Bulgarie 13%

Slovaquie 5% -Chine 11% - Japon 11%

UE 55% (It)

Chine 11%

Emirats Arabes 10%

LIBAN

UE 23% (It)

Chine 15%

P Med 10% - Turquie 8%

UE 23% (It)

Chine 18% - USA 12%

P Med 9% (Syrie)

TURQUIE

UE 39% (It, All)

Chine 8% -Corée 16%

Inde 6%

AC10 2%

UE 35% (It) – USA 20%

Chine 4% -

P Med 6% - Syrie 3%

ISRAEL

UE 15% (RU)

USA 12% - Chine 7%

UE 27% (It) – Chine 8%

USA 5%

Annexe B6 - La complémentarité des relations euroméditerranéennes

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.

Exportations Articles d’habillement Fils, fibres et tissussynthétiques ou végétaux

MAROC UE 95% (Fr, RU)

TUNISIE

UE 97% (Fr, It)

EGYPTE

USA 53%

UE 41% (RU, All

Fibres végétales :

UE 45% USA 14%

JORDANIE

USA 69%

Israël 22%

SYRIE

UE 14.5% (All) - USA 12.5%

Arabie Saoudite 12% - P Med 7.5% -Jordanie

Fibres végétales :

UE 44% (Italie)

P Med 30% - Turquie 20%

LIBAN

UE 42.9% (Fr, Fin) –USA 5.5%

Arabie Saoudite 11%

Emirats 5% - Koweït 3.1%

TURQUIE

EU 72.3% (All)

USA 16.6%

Fibres synthétiques :

46% UE – 13.4% P Med (Syrie)

4.5% AC10

ISRAEL USA 61%

UE 33%

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-156-

Annexe B7 - La complémentarité des relations entre l’UE et les pays candidats(AC10)

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.

Importations Fibres synthétiques Fibres végétales

ESTONIE

UE 78.2% (Suède, F inlande)

AC10 4.5%

UE 34% (All, F r)

AC10 3.4%

HONGRIE

UE 72% (It, All)

AC10 5.8% - Turquie 2.7%

UE 74.2% (It, All, Autriche)

Turquie 4.3% - AC10 3.8%

LETTONIE

UE 73% (All, Suède, RU)

AC10 16.2% - Pologne 8%

Lituanie 4.5%

UE 59.9% (It, All)

AC10 12.3% - Estonie 6.2%

Lituanie 5% - Chine 2.8%

LITUANIE

UE 88% (All, RU, DK, Suède)

AC10 5.5% - Pologne 3%

UE 74% (All, Belgique)

AC10 12.2% - Lettonie 7.7%

POLOGNE

UE 67% (All, It, Fr)

AC10 6.9% - Tchéquie 2.4%

P Med 3.2% - Turquie 2.6%

UE 74.3% (It, All)

AC10 7.3% - Tchéquie 4.1%

P Med 4.9% - Turquie 4.5%

SLOVAQUIE

UE 70% (All, It)

AC10 12.8% - Tchéquie 8.8%

Pologne 1.7%

UE 63.7% (It, All)

AC10 13.3% - Tchéquie 12.3%

P Med 1.1% - Turquie

SLOVENIE

UE 81.1% (It, All)

AC10 4.4%

Part.Med 2.1%

UE 50.6% (It)

AC10 8.8% - Tchéquie 5%

P Med 7.8% - Egypte 4%

Turquie 3,4%

TCHEQUIE

UE 62.9% (All)

AC10 15.6% - Slovaquie 11.7%

Part.Med 3.5% - Turquie 3.4%

UE 50.7% (All, It)

Pmed 3.4% - Turquie 1.5%

AC10 2.7% - Slovaquie 1.4%

MALTE UE 83.4% (It, All, RU)

Chine 2.2% - Pmed 0.6%

UE 53.1% (It)

Pmed 30% - Turquie 25.4%

Exportations Articles d’habillement

Fils, fibres et tissussynthétiques ou végétaux

ESTONIE

UE 81% (Suède, Finlande)

AC10 9%

UE 82%

HONGRIE

UE 83% (It, All) UE 66% (It) fibres végétales

UE 70% (It) fibres synthétiques %

LETTONIE

UE 86% (All, Suède, Danemark) UE 68% (It) fibres végétales

UE 43% (It) fibres synthétiques

AC10 21%

LITUANIE

UE 92% (All, RU, Dänemark) UE 70% (It) fibres végétales

AC10 14%

UE 71% (All, F r) fibres synthétiques

AC10 10%

POLOGNE

UE 90% (All 47%- Danemark) UE 86% (All, It) fibres végétales

UE 68% (All) f ibres synthétiques

SLOVAQUIE

UE 79% (All, It) UE 76% (All) f ibres végétales

AC10 17%

UE 47% (All) f ibres synthétiques

AC10 39%(Tchéquie)

SLOVENIE

UE 83% (All) UE 78% (It) fibres végétales

UE 65% (It) fibres synthétiques

TCHEQUIE

UE 84% (All) UE 62% (All, It) fibres végétales

UE 69% (All) f ibres synthétiques

AC10 19%