rapport du femise 2003 sur le partenariat euro … · 2013-07-03 · sur le plan de la structure...
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RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE RAPPORT DU FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN
Analyses et propositions duAnalyses et propositions duForum Euro-Méditerranéen des Instituts EconomiquesForum Euro-Méditerranéen des Instituts Economiques
Heba Handoussa, Economic Research Forum, EgypteJean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France
Coordonnateurs
Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier dela Commission des Communautés Européennes. Lesopinions exprimées dans ce texte n’engagent queles auteurs et ne reflètent pas l’opinion officielle dela Commission.
Septembre 2003
Institut de la Méditerranée
FEMISE
C A I S S E D E P A R G N EPROVENCE - ALPES - CORSE
2003
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Heba HANDOUSSA, Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte
Jean-Louis REIFFERS, Institut de la Méditerranée, France
Sergio ALESSANDRINI, Istituto d’Economia, Universita Luigi Bocconi, Italie
Aziz Al KAZAZ, Deutches Orient Institut, University of Hamburg, Allemagne
Bruno AMOROSO, Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark
Slimane BEDRANI, Centre de Recherches en Economie Appliquée pour le Développement, Algérie
Driss BEN ALI, Centre d’Etudes Stratégiques, Université Mohammed V, Maroc
Agnès CHEVALLIER, Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales, France
Michael GASIOREK, Sussex University, Royaume-Uni
Mohieddine HADHRI, Centre d’Etudes Méditerranéennes et Internationales, CETIMA, Tunisie
Hanaa KHEIR ELDIN, Faculty of Economics and Political Studies, Cairo University, Egypte
Alejandro LORCA CORRONS, Universidad Autonoma de Madrid, Espagne
Samir MAKDISI, Economics Department, American University in Beirut, Liban
Tuomo MELASUO, University of Tampere, TAPRI, Finlande
Seyfeddin MUAZ, Royal Scientific Society, Jordanie
Yilmaz ÖZKAN, Center for Mediterranean Studies, Turquie
Meine Pieter Van DIJK, Economic Faculty, Erasmus University, Hollande
Septembre 2003
Ce rapport a été présenté au Steering Committee du FEMISE,réuni à Marseille le 28 juillet 2003.
Membres du Steering Committee :
RAPPORT FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN
Avec la contribution de :
Frédéric Blanc Institut de la Méditerranée, France
Yasmin Fahim Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte
Nathalie Grand Institut de la Méditerranée, France
Maryse Louis Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte
Diaa Nour El Din Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte
Nathalie Roux Centre d’Economie et de Finances Internationales, France
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TABLE DES MATIERES
A/ SIX ORIENTATIONS PRINCIPALES POUR LE DÉVELOPPEMENT
I- Couvrir les besoins en emplois, une nécessité impérieuse . . . . . . . . . . . . . . p.1a- Un problème qui ne réside plus dans l’évolution démographique mais dans la structure de la population. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.2b- Une transition démographique largement entamée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.2c- Un objectif central, obtenir une croissance sensiblement plus forte et créatrice d’emplois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.5d- Un besoin de nouveaux emplois considérable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.6
II- Consolider un actif, la stabilisation macro-économique . . . . . . . . . . . . . . . p.8a- Une macroéconomie stabilisée qui a pu, jusqu’ici, résister aux chocs . . . . . . . . . . . p.8b- Des contraintes et des rigidités contre-productives à long terme qui pèsent sur l’action des gouvernements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.14c- La stratégie de l’Etat employeur en dernier ressort, des effets de long terme néfastes qui pèsent sur les capacités de croissance futures . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.17
III- Améliorer la vitalité de la croissance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.19a- Privilégier l’action sur la productivité globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.19b- Accélérer la mise en oeuvre des réformes nécessaires pour modifier le régime de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.23
IV- Conforter la compétitivité dans les échanges de biens et services et l’attractivité des capitaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.30a- Les échanges de biens : l’ouverture des PM progresse, particulièrement avec l’UE, mais les échanges ne sont pas assez diversifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.31b- Les échanges de services : des avantages comparatifs aujourd’hui limités dans les services commerciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.33c- La décennie manquée en matière d’IDE, un déclin de l’attractivité comparée qui semble se corriger actuellement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.35d- Etude d’un cas : un secteur menacé, le textile-habillement en Méditerranée . . . . . p.40
V- Modifier une dynamique du marché du travail freinée par la structure de l’em-ploi, l’inadéquation de la formation et la législation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.53
VI- Contrôler le développement de la pauvreté, une contrainte absolue. . . . . p.56a- Une pauvreté qui ne s’étend pas mais qui gagne en profondeur . . . . . . . . . . . . . p.56b- La lutte contre la pauvreté et les performances des économies . . . . . . . . . . . . . . p.59c- La migration dans les pays du Sud de la Méditerranée, conséquence de la pauvreté et du chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.60d- La question de l’emploi des femmes et de leurs revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.64
B/ MONOGRAPHIES SUR LA SITUATION MACRO-ECONOMIQUE DES PM . . . . . . . . . . . . . . . . p.69
Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.143Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.143Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.147
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RAPPORT FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN
Septembre 2003RÉSUMÉ EXÉCUTIF
Le développement des sociétés méditerranéennes
dans les prochaines années va devoir s’organiser
autour de l’articulation d’un impératif et d’un actif.
L’impératif est de répondre aux besoins d’emplois
considérables des 15 prochaines années. L’actif,
qui s’est construit tout au long des années 90 au
prix de lourds efforts, est la stabilisation macroé-
conomique pour laquelle les performances des PM
sont à l’égale des meilleurs pays en développe-
ment et des nouveaux candidats. A l’évidence,
cette stabilisation n’a pas permis la revitalisation
des sociétés méditerranéennes. Mais, sans elle,
aucune construction n’est possible. Sans elle, on
peut se demander comment les PM auraient pu
résister aux nombreux chocs externes qu’ils ont
subis ces trois dernières années.
Selon le Femise, cette articulation est possible en
suivant six grandes orientations :
√ couvrir les besoins en emplois,
√ consolider la stabilisation macroéconomique,
√ améliorer la vitalité de la croissance,
√ conforter la compétitivité dans les échanges
et l’attractivité des capitaux,
√ modifier la dynamique des marchés du travail
freinée par la structure de l’emploi, l’inadé-
quation de la formation et la législation,
√ contrôler le développement de la pauvreté.
Le problème des besoins en emploi
n’est plus une question démographique, contin-
gente aux diverses hypothèses que les spécialistes
peuvent faire et, donc, discutables. C’est un fait
qu’illustrent parfaitement deux simples chiffres :
en 2000, la population des moins de 15 ans, ceux
qui chercheront bientôt une activité, s’élève à plus
de 80 millions de personnes et dépasse la popula-
tion active qui représente, elle, près de 74 millions
de personnes.
Les PM sont en effet indiscutablement entrés en
phase de transition démographique. Les taux de fer-
tilité ont baissé, comme le rythme de croissance de
la population. Mais, la transition n’étant pas ache-
vée, la population active ne suit pas la même ten-
dance et son taux de croissance augmente toujours.
L’existence d’une population active nombreuse,
assortie d’une transition démographique rapide,
peut fort bien être transformée en avantage écono-
mique puissant, notamment par le jeu du cycle
épargne-investissement. C’est d’ailleurs ce qui
explique en partie le « miracle asiatique » dans les
années 70-80. Mais, il est alors indispensable que
la vitalité des économies soit suffisante pour offrir
les postes de travail nécessaires à la transformation
de la population « jeune » en population « active »,
des postes suffisamment productifs pour que cet
accroissement de l’emploi ne se fasse pas au détri-
ment du salaire réel ni de la compétitivité.
Pour les PM, on peut évaluer l’ampleur du défi que
représente la couverture des besoins en emplois.
Dans les quinze prochaines années, compte tenu
de la structure actuelle de la population et des
marchés du travail, il faudra près de 34 millions
de nouveaux postes pour ne pas dégrader la
situation existante pourtant déjà préoccupante.
L’amélioration nécessaire des taux d’activité, rela-
-vi-
tivement bas dans la plupart des PM, accroît enco-
re l’effort puisque atteindre le taux d’activité
moyen de l’Union réclamera 50,3 millions
d’emplois supplémentaires.
Parvenir à cet objectif ne pourra se faire
sans poursuivre la stabilisation macroécono-
mique. Les PM ont maintenant acquis une véri-
table maîtrise de leurs grands équilibres, notam-
ment dans le contrôle de l’inflation et du déficit
budgétaire (à l’exception du Liban et de la
Turquie). Les politiques monétaires rigoureuses
employées s’avèrent saines et leur permettent
d’éviter le recours au seigneuriage. Malgré des
taux de chômage encore importants et des taux de
croissance du PIB positifs mais insuffisants vis-à-
vis du besoin de création d’emploi, la région dispo-
se là d’un véritable actif qu’il faut absolument
préserver pour bâtir une stratégie de développe-
ment soutenable. Atout acquis par un chemine-
ment progressif, ce qui l’a ancré dans les pratiques
gouvernementales, il a permis aux PM de préser-
ver leur cohésion sociétale malgré la succession de
chocs internes (sécheresses) et externes (diminu-
tion du tourisme, hausse des cours du pétrole)
qu’ils viennent de subir en peu de temps.
La consolidation de cet actif va nécessiter en pre-
mier lieu de repenser l’action des gouvernements
sur le plan de la structure budgétaire et de leurs
stratégies d’emplois dans le secteur public.
La fiscalité est un point où les PM peuvent res-
taurer certaines marges de manœuvre sans
remettre en cause la stabilisation macro-écono-
mique, car les principales rigidités auxquelles ils
doivent faire face peuvent rapidement être réso-
lues. Côté recettes, la perte due à l’abaissement
des droits de douanes semble parfaitement soute-
nable en regard des expériences de la Jordanie et
de la Tunisie, où l’augmentation de l’activité liée à
l’ouverture engendre les recettes fiscales compen-
sant les pertes inititales. Encore faut-il que le sys-
tème fiscal combine de manière optimale la fiscali-
té directe et indirecte. Côté dépenses, on ne peut
ignorer le poids de la situation politique qui
implique un montant de dépenses de défense gros-
sièrement équivalent aux investissements étran-
gers entrant dans la région. S’y ajoute celui de la
dette externe, dont le paiement du service ôte des
circuits économiques locaux d’importants mon-
tants financiers. Toutefois, la plus grande contrain-
te entièrement du ressort des PM reste la charge
que représentent les salaires des emplois publics.
Dans les PM, l’emploi public civil atteint presque
17% de l’emploi total (contre 11% en moyenne
dans le monde) et les salaires versés absorbent
près de 27% des dépenses publiques totales. Mais,
plus que le poids que cela représente dans le bud-
get, c’est la stratégie même de l’État
employeur en dernier ressort qui pose, à
terme, plus de problèmes qu’elle n’en résout
dans la situation des PM, notamment en biaisant les
marchés du travail et en entraînant des effets néga-
tifs dans la sphère réelle. D’une part, les salaires
offerts dans la fonction publique sont nettement
plus élevés que dans le secteur privé, ce qui draine
les plus hautes qualifications vers les administra-
tions et prive le secteur privé en général, les sec-
teurs nouveaux en particulier, des ressources
humaines nécessaires à leur compétitivité. D’autre
part, en cas de ralentissement économique, un tel
niveau de dépenses courantes, qui ne peut être
réduit, oblige à baisser les dépenses d’investisse-
ment et/ou à recourir à l’endettement public.
En second lieu, il reste encore deux points néga-
tifs du point de vue macroéconomique auxquels il
faut rapidement remédier : la fragilité structu-
relle de la méthode d’équilibrage des comptes
extérieurs et la faiblesse de la croissance.
Au niveau des comptes extérieurs, les PM expéri-
mentent toujours un déséquilibre commercial. Ce
n’est pas le déficit qui pose problème. Il est sou-
vent le lot des pays en transition et correspond à
un déficit d’épargne qui traduit notamment le fait
que la population est jeune et l’écart de dévelop-
pement à combler important. Mais, il est compen-
-vii-
sé dans les PM par des recettes hautement vola-
tiles : le tourisme et les transferts de revenus des
émigrés, tandis que l’investissement étranger est
très faible. Il est clair qu’en cas de choc, cette
façon d’équilibrer le compte extérieur nécessite un
choix, cornélien dans la position des PM, entre un
ajustement réel par la dépression de la demande
interne et le chômage, et un ajustement nominal
par l’inflation, ce qui est une remise en cause de la
discipline macro-économique chèrement acquise.
Sur le plan de la croissance, le problème est que les
PM ne disposent d’aucune marge de manœuvre
pour améliorer à la fois la situation de l’emploi et la
productivité, les taux moyens actuels n’étant que
légèrement supérieurs à ceux de la croissance de la
population active. Dans ce schéma, il est presque
fatal d’opposer l’emploi et la productivité du travail,
c’est-à-dire que la productivité du travail doit qua-
siment stagner si l’on ne veut pas subir de hausse
du chômage. Il y a trois principales raisons à cette
faiblesse, qui requièrent chacune un ensemble
d’évolutions : (i) une accumulation du capital enco-
re insuffisante que l’on pourrait corriger en déve-
loppant l’épargne et en améliorant sa transforma-
tion en investissement, (ii) une allocation du capi-
tal qui ne se réalise pas dans les emplois les plus
productifs, ce qui demanderait des évolutions des
cadres institutionnels et des pratiques visant à
ralentir la substitution du capital au travail, (iii) une
contribution du progrès technique très faible qui
appelle la mise en place d’une « économie de la
connaissance », où se mêlent innovation et éduca-
tion, apte à agir sur la productivité globale.
Améliorer la vitalité de la croissance
est donc indispensable pour desserrer l’étau dans
lequel les PM sont pris. Compte tenu des besoins en
emplois, l’enjeu est d’augmenter la croissance
autour de 6-7%. A ce niveau, la substitution du
capital au travail qu’expérimentent les économies
industrialisées et ouvertes est possible, la vitalité
du système permettant d’absorber les effets de
l’ajustement sans que soient nécessaires les inter-
ventions pour limiter l’impact sur l’emploi. Sans nul
doute, ce sont ces effets sur l’emploi que redoutent
le plus, à juste titre, les PM. Et c’est pourquoi il est
nécessaire de privilégier l’action par la produc-
tivité globale puisqu’il s’agit du moyen d’accroître
la production par tête sans substituer de façon exa-
gérée du capital au travail. Quatre voies se déga-
gent pour augmenter le rythme d’accumulation du
capital, le diriger vers des emplois plus productifs et
élever la productivité globale des facteurs (c’est-à-
dire la contribution du progrès technique) : (i) l’in-
novation et l’amélioration de la qualité des produits,
(ii) l’amélioration de l’organisation interne des
entreprises, (iii) le développement d’externalités
dans des domaines donnés avec l’incitation des
pouvoirs publics, (iv) l’amélioration continue des
facteurs, notamment du travail par l’éducation et la
formation tout au long de la vie.
Dans le même temps, il faut accélérer la mise en
oeuvre des réformes dans les domaines où sont
entravés les éléments indispensables à l’objectif de
revitalisation de la croissance, soit le droit de pro-
priété et essentiellement dans le domaine du fon-
cier, l’efficacité et la transparence des administra-
tions —en particulier les douanes—, le cadre
concurrentiel et l’établissement de tribunaux spé-
cialisés. L’accélération est nécessaire car le proces-
sus de réforme a certes été entamé depuis long-
temps, mais il est moins rapide et surtout moins
visible que dans d’autres régions, notamment les
pays en voie d’adhésion. Ceci place les PM dans
une situation difficile dans la mesure où les efforts
d’assainissement réalisés ne sont pas valorisés à
leur niveau réel dans la vision que les agents se
font de la région. En découle une moindre attracti-
vité relative alors que les PM jouent une stratégie
de croissance par l’ouverture, sans doute aucun la
seule capable de permettre d’atteindre leurs objec-
tifs de développement.
De fait, la quatrième grande orientation
pour le développement des PM est l’amélioration
de leur compétitivité dans les échanges de
biens et services et de l’attractivité des capitaux.
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Depuis 1990, les PM ont, en général, accru leur
ouverture et ont recentré leurs échanges sur l’UE.
Cet engagement géographique a comme consé-
quence un faible développement des échanges
intra-méditerranéens et l’accentuation des avan-
tages comparatifs. La position commerciale est en
constant déficit, tant vis-à-vis de l’UE que du reste
du monde.
Les PM possèdent encore des avantages coûts,
essentiellement du fait du coût du travail. Mais cet
avantage est menacé sur deux plans. D’une part, il
est à la merci de la concurrence croissante d’autres
pays dont les coûts sont plus faibles. D’autre part,
il n’est bâti que sur la modération salariale, ce qui
le rend très fragile d’autant qu’en l’absence de gains
de productivité du travail, chaque augmentation a
un impact négatif direct sur la compétitivité. Les
avantages hors coûts sont quant à eux peu déve-
loppés et la structure des échanges est trop spécia-
lisée et mal adaptée à la demande mondiale. A nou-
veau, les exemples de la Jordanie et de la Tunisie
sont particulièrement riches d’enseignements dans
la mesure où ils montrent que la voie de la diversi-
fication est possible et porteuse de succès. Il est
alors clair que le chemin vertueux de la croissance
par l’ouverture impose de passer d’une compétitivi-
té fondée sur la faiblesse des coûts en travail à une
compétitivité fondée sur la qualité et la diffé-
renciation des produits, ce qui demande, là
aussi, d’importants gains de productivité.
Sur le plan de l’Investissement Direct
Etranger, de nombreuses réformes ont été entre-
prises durant la dernière décennie afin d’améliorer
l’attractivité de la zone. Du point de vue des légis-
lations maintenant en place, le climat des investis-
sements s’est nettement amélioré dans la région.
Mais, cela ne s’est pas accompagné de la même
progression au niveau des flux qui continuent à
fluctuer selon les années, reflétant une attention
des investisseurs portée sur des opportunités par-
ticulières, et non sur la région en tant que telle.
Ces mêmes chiffres montrent que les flux suivent
une tendance de progression certes, mais bien
inférieure à la croissance générale, ce qui a conduit
à la baisse de la part relative de la région : son
attractivité diminue non pas intrinsèquement,
mais relativement à celles d’autres régions en
développement.
L’ancrage externe que constituent les accords
d’association n’a de même pas réussi à
rendre la région plus attractive auprès des
investisseurs européens. Malgré la proximité
géographique, ceux-ci restent plus enclins à inves-
tir dans les pays candidats ou dans le continent
sud-américain. Il apparaît même que la région
séduit davantage les investisseurs américains
auprès desquels la part que représentent les PM
dans les flux d’investissement est plus de deux fois
plus élevée que celle qu’ils représentent dans les
flux européens. Pour le Femise, une stratégie
visant à renforcer la capacité de la région à attirer
ces capitaux doit conjuguer la stabilisation macro-
économique et plusieurs éléments comme une
approche commune pour défragmenter les mar-
chés locaux, la diversification de la sphère produc-
tive, la rationalisation et la simplification des pro-
cédures ou encore la création de bureaux de pro-
motion en Europe.
Pour que la stratégie extérieure et la
redynamisation de la croissance aient un impact
maximum en termes de création d’emploi, il va
être nécessaire de modifier la dynamique
actuelle des marchés du travail, sur laquelle
pèsent la structure de l’emploi, l’inadéquation de la
formation et certains aspects des législations. En
premier lieu, le secteur agricole représente encore
plus de 17% des emplois. Il est inéluctable que
l’ouverture des PM va favoriser un rapprochement
des structures sectorielles avec celles des pays
européens, ce qui sous-entend une diminution
importante de l’emploi agricole. Cela va accroître
encore les fortes tensions que connaissent les mar-
chés du travail, puisque les besoins évalués plus
haut correspondent aux emplois supplémentaires
nécessaires sans tenir compte des éventuelles des-
tructions dues aux évolutions sectorielles.
-ix-
En second lieu, afin d’endiguer le chômage, un
effort doit être porté sur la formation, dans son
adéquation aux besoins d’un secteur privé sur
lequel les PM vont de plus en plus s’appuyer. Bien
que le nombre d’années d’étude ait très fortement
augmenté ces vingt dernières années, bien que les
formations de haut niveau soient performantes,
bien que les dépenses publiques dans l’éducation
soient importantes, les taux d’illettrisme restent
souvent élevés et les jeunes, y compris les diplô-
més, sont proportionnellement plus touchés par le
manque d’emploi. Cela traduit un manque de dis-
positifs permettant l’acquisition des savoirs de
base pour l’ensemble de la population, y compris
les adultes, de dispositifs permettant la formation
tout au long de la vie professionnelle, de disposi-
tifs permettant d’organiser les informations afin de
bien cerner les problèmes de court terme.
Enfin, sur le plan des législations, le principal pro-
blème réside en la dualité des économies, entre
secteur public et secteur privé, entre secteur for-
mel et secteur informel, dualité qui affaiblit
nombre de dispositions sociales parce qu’elle en
facilite le contournement et en accentue finale-
ment les effets pervers.
Emploi, croissance, ouverture sont au
cœur de la question du développement car leur
bonne articulation peut être mise au service de la
sixième grande orientation : l’absolue contrain-
te de lutte contre la pauvreté. Les PM sont loin
d’être la région la plus touchée, puisque « seule-
ment » 2% de la population est sous la barre sym-
bolique du dollar par jour. Cela reste cependant
une illusion dans la mesure où c’est près de 30%
de la population, soit 72 millions de personnes, qui
vivent avec moins de 2 dollars par jour. Ce qui est
particulièrement préoccupant, c’est que cette pro-
portion est aujourd’hui identique à celle qui préva-
lait en 1987. 15 années de stabilisation écono-
mique et de réformes ont certes réussi à fixer le
problème, mais n’ont pu y apporter de solution
satisfaisante. Plus loin, l’atonie qui frappe ces
sociétés entraîne l’aggravation du phénomène pour
ceux qui sont touchés : la proportion de ceux qui
sont considérés comme pauvres reste stable, mais
le chemin qu’il leur faudra parcourir pour sortir de
ce statut devient plus long. Un autre facteur pré-
occupant est que la situation moyenne rend mal
compte d’une autre coupure dans les PM, entre
rural et urbain, le premier secteur étant plus parti-
culièrement touché, ce qui constitue un facteur de
déséquilibre grandissant.
Il se dégage clairement trois chantiers prioritaires
pour s’attaquer au problème. En premier lieu, les
programmes de lutte doivent être remodelés afin
de mieux prendre en compte l’aspect multidimen-
sionnel du problème —problème qui est bien au-
delà du simple transfert de revenus—, afin de
mieux atteindre les populations concernées à
l’échelon local, afin de mieux analyser leur
impacts.
En second lieu, la question de l’émigration et de
ses relations avec la pauvreté doit être réintégrée
dans les débats, particulièrement ceux du partena-
riat. La situation actuelle, qui favorise l’émigration
clandestine (puis la vie clandestine), est domma-
geable pour les deux parties de la Méditerranée,
alors même que la quasi parfaite complémentarité
des deux situations démographiques plaiderait
objectivement pour une démarche visant à organi-
ser des flux migratoires régulés.
En dernier lieu, les PM doivent se poser la question
des conséquences du faible taux d’activité des
femmes sur leur dynamique socio-économique.
D’une part, l’exemple de l’Asie du Sud-Est indique
qu’il y a là une source de croissance non mobilisée
au niveau macro-économique. D’autre part, c’est
une source de revenu qui manque également au
niveau des ménages et que l’on ne peut s’empê-
cher de rapprocher de la dynamique préoccupante
de la pauvreté.
-x-
-xi-
Le présent rapport expose la position du FEMISE
sur la situation économique des pays de la
Méditerranée et le défi que représente l’arrivée
massive sur le marché du travail de millions de
jeunes dans les deux prochaines décennies.
La présentation se focalise sur ce défi en raison de
son ampleur : comme le montre la première par-
tie, ce ne sont pas moins de 34 millions d’emplois
nouveaux qui sont nécessaires d’ici à 2020, sim-
plement pour ne pas aggraver une situation déjà
préoccupante. Il faudrait en fait créer plus de 50
millions d’emplois pour d’atteindre le taux d’activi-
té moyen des pays de l’Union. Pour y parvenir, il
est nécessaire que le régime de la croissance fasse
preuve d’une vitalité qu’aucun des partenaires
n’expérimente aujourd’hui. La question qui se pose
alors est celle de la possibilité de modifier le régi-
me de croissance des Partenaires Méditerranéens
(PM) pour atteindre un double objectif, aujourd’hui
apparemment contradictoire : d’une part créer les
emplois nécessaires, d’autre part améliorer la
compétitivité internationale tout en distribuant
davantage de revenus, notamment par le canal de
la productivité des facteurs.
La mise en parallèle des besoins de croissance et des
régimes de croissance effectivement en place dans
les PM montre que l’accumulation de capital ou de
travail, si elle ne se couple pas avec la recherche sys-
tématique de progrès techniques et de nouvelles
externalités (aménagement du territoire, fourniture
de biens publics de qualité, éducation, etc.), ne pour-
ra pas répondre aux nouvelles demandes de travail.
Cela ne peut se traduire que par une hausse des taux
de chômage et une montée de l’instabilité sociale
dans les PM.
Ce rapport présente ainsi dans sa première partie
les cinq autres grandes orientations nécessaires au
développement des PM, compte tenu du statut de
« priorité absolue » de la couverture du besoin en
emploi : (i) valoriser les efforts considérables faits
par les PM en matière de stabilité macro-écono-
mique, ce qui constitue à la fois l’actif incontes-
table que les PM ont réussi à construire dans la
dernière décennie et le socle nécessaire à une
croissance soutenable et forte ; (ii) retrouver une
vitalité de la croissance suffisante, notamment en
agissant sur l’amélioration de la productivité glo-
bale et accélérant la mise en place des réformes
nécessaires à la modification du rythme actuel ;
(iii) poursuivre la stratégie d’ouverture, en axant
les efforts sur la diversification, la compétitivité et
l’attraction des capitaux pouvant financer les
efforts ; (iv) apporter les modifications structu-
relles aux marchés locaux du travail, prioritaire-
ment sur les points qui freinent leur capacité de
création de nouveaux emplois (le poids de l’emploi
public, la formation et certains aspects de la légis-
lation) ; (v) réduire la pauvreté qui enferme les
économies dans un véritable carcan, tant écono-
mique que social, ce qui ne peut s’envisager qu’en
portant attention aux mouvements humains entre
les deux rives de la Méditerranée et au statut de
l’activité des femmes.
Puis, dans sa deuxième partie, le rapport 2003
présente les forces et les faiblesses des PM dans le
contexte de ces orientations principales et les der-
nières avancées de 2002-2003.
Heba Handoussa, Economic Research Forum, EgypteJean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France
Coordonnateurs
Septembre 2003
-1-
Heba Handoussa, Economic Research Forum, EgypteJean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France
Coordonnateurs
Septembre 2003
I- Une nécessité impérieuse, couvrir les
besoins en emplois
L’objectif premier du Partenariat est littérale-
ment l’établissement d’une zone de paix et
de prospérité. Cet objectif généreux a pris
cette année encore plus de relief dans la
région. Il revêt un aspect sociétal fondamen-
tal : le maintien de la cohésion des sociétés
composant la région. Sur les rives sud, il
s’est transformé aujourd’hui en besoin d’em-
ploi. Au sommet de la pyramide des besoins
humains se trouve en effet le besoin de
reconnaissance et, ce besoin, la société
moderne l’octroie par le travail.
Pour bien appréhender l’ampleur de la tâche,
il faut prendre en compte, outre la situation
actuelle des marchés de l’emploi :
(i) les spécificités de la transition démogra-
phique en Méditerranée,
(ii) l’évolution des taux de participation, des
femmes qui ont toutes raisons d’aug-
menter dans des proportions voisines de
celles observées dans les pays méditer-
ranéens de l’UE depuis ces 20 dernières
années,
(iii) le potentiel, en termes de productivité,
d’une population active sensiblement
plus nombreuse.
Tableau 1 : Population, structures par âge et taux de croissance de la populationdes PM en 2001
PopulationCroissance annuellemoyenne (1)
Structure selon l'âge(% population)
TotaleDont moinsde 15 ans 1980-2001 2001-2015
moins de15 ans 15-64
65 ans etplus
Algérie 31 040 10 181 2,4 1,5 32,8 62,5 4,7
Chypre 759 172 1,0 (2) 0,6 22,7 65,9 11,4
Egypte 65 336 24 566 2,2 1,5 37,6 59 3,4
Israël 6 509 1 849 2,4 1,5 28,4 61,8 9,8
Jordanie 5 182 2 052 4 2,2 39,6 57,7 2,7
Liban 4 385 1 232 1,8 1,2 28,1 65,4 6,5
Malte 395 76 1,0 (2) 0,4 19,2 68,2 12,6
Maroc 29 170 9 218 1,9 1,4 31,6 63,3 5,1
AutoritéPalest. 3 299 1 537 3,7 (2) 3,3 46,6 50,1 3,3
Syrie 16 720 6 772 3,1 2,1 40,5 56,4 3,1
Tunisie 9 674 2 893 2 1,3 29,9 63,9 6,2
Turquie 68 618 20 517 1,9 1,1 29,9 64,7 5,4
Total PM 241 087 81 064 2,4 1,5 33,6 61,7 4,7
Sources : Eurostat, programme Medstat base newcronos ; World Developement Indicators 2003,Human development Report 2003(1) : Les taux de croissance annuels moyens sont les taux de croissance exponentiels(2) : Croissance moyenne pour la période 1975-2001
-2-
a- Un problème qui ne réside plus dans
l’évolution démographique mais dans la
structure de la population
Les 12 PM représentent en 2001 une popu-
lation de plus de 240 millions de personnes,
soit 3,9% de la population mondiale
(tableau 1).
Deux traits principaux ressortent du tableau
précédent : d’une part, les taux de croissan-
ce de la population totale ont nettement
chuté et les prévisions pour la période 2001-
2015 montrent une poursuite du mouvement
qui est principalement dû à une diminution
de la fécondité ; d’autre part, le nombre de
jeunes est extraordinairement important : en
2001 plus de 80 millions de personnes auront
besoin d’un emploi dans les 15 ans. C’est évi-
demment la contrainte majeure des sociétés
méditerranéennes.
La première remarque indique que les PM ont
largement entamé leur transition démogra-
phique, ce qui permet d’envisager une quasi-
stabilisation de la population des PM à l’hori-
zon d’une vingtaine d’années. La seconde
amène à souligner la faiblesse du taux d’ac-
tivité moyen, surtout vis-à-vis de la structu-
re de la population. Ainsi, aujourd’hui, la
population active (ceux qui ont un emploi ou
ceux qui se déclarent au chômage) est infé-
rieure à la population des moins de 15 ans,
celle qui sera en âge de travailler d’ici à
2020. Autrement dit, les caractéristiques
actuelles des structures productives des PM
ne permettent pas d’envisager l’emploi des
nouveaux arrivants sur le marché du travail.
b- Une transition démographique large-
ment entamée
La transition démographique se décline de
manière tout à fait classique en trois
phases :
(i) la première phase se caractérise par
l’amélioration des conditions de santé qui
induit une baisse du taux de mortalité
infantile et une hausse de l’espérance de
vie. Toutefois, non seulement la popula-
tion croît toujours rapidement, mais les
pays subissent un alourdissement du
taux de dépendance (rapport de la popu-
lation des classes d’âge non actives, les
moins de 15 ans et les plus de 65 ans, et
Tableau 2 : Les marchés du travail des PM
Année Populationactive
Emplois Chômage Tauxd'activité(1)
Algérie 2000 8 154 5 726 2 428 41%
Chypre 2001 315 303 12 62%
Egypte 1999 18 616 16 750 1 481 48%
Israël 2000 2 435 2 221 214 54%
Jordanie 2001 998 852 147 32%
Liban 1997 1 362 1 246 116 47%
Malte 2001 156 146 10 49%
Maroc 2002 10 870 9 555 1 315 53%
Syrie 2001 5 457 4 844 613 55%
Tunisie 1997 2 978 2 504 475 49%
Turquie 2000 22 263 20 579 1 453 47%
Total PM 73 606 64 725 8 264 48%
(1) : Rapport de la population active sur la population en âge de travailler.Source : ILO, 2003, site Internet à partir des instituts nationaux de statistiques.
-3-
de la population en âge de travailler) du
fait d’une augmentation relative de la
population jeune. Il s’agit d’une situation
extrêmement délicate qui ne peut évo-
luer dans le sens du développement, que
si la fécondité baisse ;
(ii) dans la deuxième phase, les taux de
fécondité diminuent à leur tour et la
population des moins de 15 ans qui a
rapidement crû pendant la première
phase commence à entrer dans la popu-
lation active, ce qui entraîne une baisse
du taux de dépendance, dans le mesure
où le pays arrive à fournir une activité
aux nouveaux entrants. Dans cette
situation, la question majeure est d’of-
frir du travail aux jeunes ;
(iii) dans la troisième phase, les taux de
natalité et de mortalité sont stabilisés,
tandis que l’espérance de vie continue à
augmenter. Du fait d’une population
vieillissante, le taux de dépendance
remonte, ce qui pose la question de la
couverture sociale et du financement
des retraites, mais les jeunes peuvent
trouver du travail.
La force de la pression que va exercer la
transition démographique sur les économies
des PM dépend principalement de deux fac-
teurs : d’une part la rapidité de la transition
qui indique la durée de la pression exercée
par les jeunes générations (moins de 15 ans)
qui se joignent à la population active et à qui
il faudra fournir un emploi, d’autre part, le
degré de dépendance qui en donne l’intensi-
té et mesure l’effort que doit consentir une
économie pour assurer l’entretien des moins
de 15 ans et des plus de 65 ans. Ces deux
éléments déterminent largement le mode de
gestion de la transition envisageable et les
gains en termes de croissance qu’il est
nécessaire de dégager.
Pour ce qui est de la durée, bien qu’il existe
une forte hétérogénéité entre les PM, les pré-
visions de croissance de la population
publiées par l’ONU font état d’un net change-
ment qui va s’accentuer dans les 20 pro-
chaines années. Ainsi, la population de
Chypre et Malte devrait se stabiliser dans une
vingtaine d’années, mais il faudra attendre
une décennie supplémentaire pour voir ce
phénomène se produire en Tunisie, au Liban,
en Turquie, au Maroc, en Algérie et en Israël.
Par contre, la Jordanie, l’Egypte et la Syrie
sont nettement en retard et la population ne
commencera à décroître qu’à partir de 2050.
Toutefois, dans tous ces pays, les taux d’ac-
croissement chutent rapidement.
Cela est dû pour l’essentiel à l’évolution des
taux de fertilité. Ceux-ci ont été réduits de
moitié entre 1980 et 2000 pour l’Algérie, le
Maroc, la Syrie et la Tunisie, de 30 à 40%
pour l’Egypte, le Liban, la Jordanie et la
Turquie, de 20% pour Chypre et seulement
de 5% pour Israël ou Malte.
De plus, l’espérance de vie a augmenté dans
les PM, de 10 ans en moyenne (traduisant
l’amélioration des systèmes de santé et des
conditions sanitaires). Cet allongement de la
durée de vie a toutefois été notablement plus
important pour les hommes que pour les
femmes (12,3 ans en moyenne), la région
Figure 1 : Espérance de vie dans les PM
0 20 40 60 80
Algérie
Egypte
Jordanie
Liban
Maroc
Syrie
Tunisie
Turquie
TSO*
Moyenne
1975-1980 Féminin 1975-1980 Masculin
2000-2005 Féminin 2000-2005 Masculin
Source : Arab World Competitiveness Report,2002-2003Notes : * Territoires Sous Autorités PalestiennesTurquie, chiffres 2001.
-4-
souffrant encore de taux de mortalité mater-
nelle relativement hauts, ce qui réduit l’espé-
rance de vie des femmes (figure 1).
Mais, cette transition démographique enta-
mée n’empêche pas que la population active
va continuer de croître pendant plus d’un
demi-siècle (figure 2).
Il apparaît ainsi que les PM se trouvent tous entre
la première et la deuxième phase de transition
démographique. Ce qui veut dire qu’ils doivent à
la fois supporter les coûts d’un taux de dépen-
dance plus grand (en proportion, il y aura plus de
moins de 15 ans, ce qui suscitera des dépenses
de scolarité, et davantage de plus de 65 ans ce
qui engendrera des dépenses de santé) et offrir
sensiblement plus de postes de travail aux jeunes
qui arrivent à l’âge actif. Néanmoins, on peut dis-
tinguer à nouveau 3 groupes :
(i) un premier groupe est formé de Chypre
et Malte, qui sont plus avancés, enregis-
trent des taux de dépendance faibles
mais qui vont augmenter entre 2000 et
2030 du fait du vieillissement de la
population.
(ii) Un deuxième groupe est constitué de
l’Algérie, Israël, le Liban, le Maroc, la
Tunisie et la Turquie qui vont voir leur
taux de dépendance diminuer sur les
trois prochaines décennies à mesure
que les jeunes entreront dans la
population en âge de travailler et à
condition qu’ils puissent trouver un
emploi. Israël présente, cependant, la
Figure 2 : Transition démographique en Méditerranée (taux de croissance de lapopulation totale et active et tendance)
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
Population totalePopulation active totale
Tendance de la croissance de la population totaleTendance de la croissance de la population active
Source : World Population Prospects : The 2002 Revision Population Database, United NationsPopulation Division, calculs Institut de la Méditerranée.
Figure 3 : Évolution des taux de dépendance des PM
-50
-40
-30
-20
-10
0
10
20
30
40
Chypre
Malte
Isra
ël
Alg
érie
Lib
an
Tunis
ie
Turq
uie
Maro
c
Jord
anie
Egypte
Syrie
1980/2000 2000/2030
Le taux de dépendance se définit ici comme le rapport de la population 0-14 ans et +65 ans sur lapopulation 15-64 ans. Ici nous donnons la variation du taux de dépendance en pourcentage.Sources : World Population Prospects : The 2002 Revision Population Database, United NationsPopulation Division, calculs Institut de la Méditerranée.
-5-
particularité d’enregistrer une popu-
lation de plus de 65 ans très impor-
tante, relativement aux autres pays
de ce groupe.
(iii) Enfin, un troisième groupe comprend
l’Egypte, la Jordanie et la Syrie. Ces
pays verront leur taux de dépendance
se maintenir voire s’accroître car la
part des populations âgées augmente
tandis que les populations jeunes
demeurent une composante impor-
tante (figure 3).
c- Un objectif central, obtenir une crois-
sance sensiblement plus forte et créatri-
ce d’emplois
La problématique a donc évolué. Le problème
crucial des PM aujourd’hui est plus de parve-
nir à gérer de manière optimale à moyen et
long terme les conséquences de l’évolution
de la structure de leur population, qui est
très jeune, que la recherche du contrôle de
l’évolution de leur démographie.
La croissance de l’économie peut être forte-
ment dynamisée du fait de l’existence d’une
force de travail importante. Mais, ce « demo-
graphy gift » doit se réaliser dans un régime
de croissance nouveau qui doit solliciter
davantage l’accumulation (ce qui nécessite
une augmentation des taux d’épargne et une
meilleure transformation de l’épargne en
investissements) et la productivité du travail
(par amélioration de la qualité du travail,
meilleure combinaison avec le capital, etc.).
Emploi et croissance, effet « volume » versus
effet « qualité »
Le miracle asiatique des années 1970-1980,
découle en partie d’une transition démogra-
phique rapide. Grâce à une population active
nombreuse (« effet volume ») et des taux de
dépendance bas impliquant un fort taux
d'épargne, il a été possible de réaliser une
accumulation du capital soutenue et les taux
de croissance que l’on connaît. Or, la spécifi-
cité de la transition démographique en
Méditerranée est qu’elle sera plus longue que
celle des autres pays émergents, notamment
des pays d’Asie. Les études montrent même
que si la région Afrique du Nord-Moyen
Orient avait connu une transition démogra-
phique aussi rapide que celle de l'Asie de l'Est
et du Sud-Est, elle aurait enregistré des taux
de croissance de 1 point par an supérieurs à
ceux obtenus entre 1965 et 1990, conduisant
à un niveau du PIB par tête de 28% supé-
rieur à ce qu’il était en 1990 (Williamson et
Yousef, 2002). Toutefois, la durée de l’effort
requis et son ampleur peuvent ruiner les
conséquences positives attendues de l’effet
« volume », pour deux raisons principales :
(i) plus la part des populations dépendantes
(moins de 15 ans et plus de 65 ans)
dans la population en âge de travailler
(15-64 ans) est élevée, plus les capaci-
tés d’épargne et donc d’investissement
sont affaiblies, ce qui va peser sur l’ac-
cumulation. Cet effet, bien que transitoi-
re, rend la croissance de l’économie tri-
butaire des entrées de capitaux étran-
gers ou de l’épargne du gouvernement.
(ii) Plus inquiétant, l’amélioration du niveau
d’éducation peut être ralentie par la fai-
blesse des salaires réels, faiblesse
qu’expérimentent actuellement les PM.
Il existe de forts risques d’éviction,
notamment au détriment des femmes.
La « qualité » du facteur travail dispo-
nible peut donc être également négati-
vement influencée si l’effet volume est
trop important, ou dure trop longtemps,
phénomènes qui pourrait se traduire par
un appauvrissement des populations.
C’est la qualité de la main d’œuvre futu-
re qui est ici en jeu et les gains de pro-
ductivité potentiels.
-6-
Ceux-ci dépendent en effet directement du
niveau d’éducation qui, s’il diminue ou s’il ne
progresse plus, peut avoir des conséquences
néfastes sur d’une part, la compétitivité et la
croissance qui peut provenir de l’ouverture
et, d’autre part, la progression des salaires
réels donc la demande interne, l’investisse-
ment, le progrès technique et à nouveau la
qualité de la main d'œuvre.
Ainsi, pour que le « gift » démographique se
matérialise, il est indispensable qu’il se déve-
loppe dans une économie disposant d’une
vitalité suffisante pour offrir les postes de
travail nécessaires et, de surcroît, que les
postes de travail soient suffisamment pro-
ductifs pour permettre une augmentation des
salaires réels sans que la compétitivité de
l’économie ne soit entamée.
d- Un besoin de nouveaux emplois
considérable
Compte tenu de la situation démographique
des PM (tableau 1) et de celle des marchés de
l’emploi (tableau 2), il est possible d’évaluer le
besoin minimal pour que la situation actuelle
ne se dégrade pas davantage. Pour cela, on
utilise les prévisions de croissance de la popu-
lation totale et de la population active 2000-
2010 provenant de l’ILO, et 2000-2020 prove-
nant des Nations-Unis. L’hypothèse qui est
faite est que ce seuil minimal est celui qui
maintient le niveau du taux d’emploi actuel
(c’est-à-dire le rapport du nombre d’emploi
sur la population active).
En un peu plus de 15 ans, les PM devront
donc créer près de 34 millions d’emplois nou-
veaux, dont la majorité avant 2010, à la seule
fin de ne pas dégrader la situation actuelle.
Lorsque les offres d’emplois ne sont pas suf-
fisantes ou suffisamment attractives, une
frange croissante de la population renonce à
chercher un emploi dans le secteur formel et
se tourne vers le secteur informel. Ce méca-
nisme a souvent été considéré comme
moins négatif qu’il n’y paraît car il permet
une certaine flexibilité. Cependant, il reflète
comme il entraîne la paupérisation croissan-
te de la population et celle de l’Etat. De plus,
il finit par transformer les économies où il
constitue une part importante de l’activité
(c’est le cas des PM) en économies à deux
vitesses. La croissance n’est pas un objectif
en soit, la répartition équitable des gains de
la croissance est limitée par la difficulté à
opérer les transferts nécessaires (assiette
fiscale étroite, etc.).
Tableau 3 : Besoins minimums d’emplois dans les PM 2010-2020 pour stabiliser lasituation
Nombre d'emplois nécessairesPopulation de 15 et plus Population active Emplois au maintien du taux
d'emploi 20002000 2010 2020 2000 2010 2020 2000 2010 2020
Algérie 19 681 25 181 30 107 8 154 11 765 12 474 5 726 8 262 8 759Chypre 499 562 713 312 346 445 300 333 428Egypte 40 258 51 079 68 034 19 215 25 201 32 329 17 289 22 675 29 088Israël 4 487 5 533 6 2™80 2 435 3 111 3 408 2 221 2 838 3 109Jordanie 3 024 4 084 5 363 956 1 385 1 711 815 1 181 1 459Liban 3 091 3 802 3 401 1 492 1 926 1 610 1 365 1 762 1 473Malte 313 337 346 155 163 171 145 153 160Maroc 19 608 24 921 28 553 10 260 13 309 15 015 9 019 11 699 13 199Syrie 9 565 13 495 17 570 5 195 7 822 9 629 4 611 6 943 8 547Tunisie 6 494 7 726 9 061 3 215 4 002 4 406 2 702 3 364 3 704Turquie 47 164 55 951 66 042 22 263 26 653 31 174 20 579 24 637 28 816TotalPM
154 185 192 672 235 470 73 651 95 684 112 372 64 772 83 846 98 742
Sources : calculs Institut de la Méditerranée à partir de ILO, 2003, site internet, World PopulationProspects : The 2002 Revision Population Database, United Nations Population Division. La populationactive des PM en 2000 a été recalculée sur la base des taux de croissance actuels.
-7-
Selon le Femise, l’objectif doit correspondre à
une franche et générale progression des taux
d’activité, qui ne peuvent, qui ne doivent pas
demeurer identiques à ceux de 2000.
Pour calculer les besoins de création d’emploi
permettant une amélioration de la situation
générale, trois scénarios ont été retenus[1],
qui permettent d’obtenir une fourchette pour
le nombre d’emplois à créer.
(i) L’hypothèse basse est une croissance
des taux d’activité moyens pour
atteindre le niveau des pays du Sud de
l’Europe, notamment ceux qui ont
rejoint l’Union Européenne dans les
années 80. Comme les PM, ils ont fait le
choix de l’ouverture et du rapproche-
ment avec l’Union européenne. Avec le
rattrapage économique, leurs taux d’ac-
tivité ont augmenté, surtout celui des
femmes, pour se rapprocher des taux
moyens de l’ensemble de l’Union
Européenne. Ceci équivaut a une pro-
gression du taux moyen de 48% à 51%,
comparable à ce que les pays du sud de
l’Europe ont réalisé entre 1980 et 2001.
(ii) L’hypothèse intermédiaire est celle de
taux d’activité se situant, en 2020 au
niveau de l’Union Européenne. Il s’agit
cette fois de faire progresser le taux
d’activité de 48% à 56%.
(iii) L’hypothèse haute consiste à retenir les
taux d’activité enregistrés par les pays
de l’Est en moyenne. Là, le taux moyen
devrait progresser de 48% à 58%. Cette
hypothèse extrême est intéressante
dans la mesure où un parallèle a été fait
systématiquement, récemment, entre la
situation des PM et celle des pays de
l’Est dans le cadre de l’accélération des
négociations d’adhésion dont ces der-
niers ont bénéficié (Femise, 2003).
En fonction de l’hypothèse retenue sur l’amélio-
ration du taux de participation, il ne s’agit plus
de devoir créer 33,9 mais entre 41,9 et 53,8
millions d’emplois d’ici 2020. Ceci représente
une hausse de 50 à 83% de l’emploi actuel.
Il est important de noter que ces premières
estimations ne tiennent pas compte de la
tendance à la baisse de l’emploi agricole qui
pose une très importante difficulté supplé-
mentaire (émigration, développement du
chômage urbain, etc.).
Modifier sans délais le régime de croissance est
donc une nécessité si l’on souligne que créer
20 millions d’emplois avant 2010 ne permettra
pas de réduire les taux de chômage actuels,
lesquels restent très élevés : de 9% à 12%
pour l’Egypte, Israël, le Maroc, la Syrie, la
Turquie, de 15% pour la Tunisie et la Jordanie
Tableau 4 : Besoins d’emplois en Méditerranée à l’horizon 2020 pour améliorer lasituation
Emplois en 2020 nécessaires pour atteindre un taux d’activité de …48% à créer 51% à créer 56% à créer 58% à créerEmploi
en 2000
(taux actuel) (hyp. 1 : sud del’Europe)
(hyp. 2 : UnionEuropéenne)
(hyp. 3 : Pays candidats)
Algérie 5 726 8 759 3 033 10 833 5 107 11 794 6 068 12 157 6 431Chypre 300 428 128 428 128 428 128 428 128Egypte 17 289 29 088 11 800 31 366 14 077 34 149 16 860 35 198 17 910Israël 2 221 3 109 888 3 109 888 3 195 974 3 294 1 073Jordanie 815 1 459 644 2 344 1 529 2 552 1 737 2 630 1 815Liban 1 365 T1 473 108 1 594 229 1 736 370 1 789 424Malte 145 160 15 166 21 180 36 186 41Maroc 9 019 13 199 4 180 13 199 4 180 14 002 4 983 14 432 5 413Syrie 4 611 8 547 3 936 8 547 3 936 8 700 4 089 8 967 4 357Tunisie 2 702 3 704 1 002 3 903 1 200 4 249 1 547 4 380 1 677Turquie 20 579 28 816 8 237 31 280 10 701 34 055 13 476 35 102 14 523Total PM 64 772 98 742 33 970 106 768 41 996 115 041 50 269 118 562 53 791
-8-
et de près de 30% pour l’Algérie. Et encore, il
est probable que ces taux sous-estiment l’am-
pleur du phénomène du fait de la non prise en
compte du secteur informel de l’économie.
II- Un actif à consolider, la stabilisation
macro-économique
Dans les années 80, les PM ont été confron-
tés à de graves crises d’endettement exté-
rieur liés à de forts déficits budgétaires et de
balances des paiements. Il a fallu plus de
quinze ans au prix de plans de stabilisation
rigoureux pour remédier à cette situation. Le
coût fut une diminution importante de l’équi-
pement public, la relative stabilisation du
pouvoir d’achat des fonctionnaires, le renon-
cement au rôle contra-cyclique du budget de
l’Etat, la fin du recours au seigneuriage. A
l’exception de la Turquie et du Liban, qui ont
subi des circonstances exceptionnelles, cet
actif a pu être préservé malgré des chocs
internes (sécheresses) et externes (diminu-
tion des recettes touristiques, augmentation
du prix du pétrole) de grande ampleur.
Il reste que, dans le contexte de la croissan-
ce de la demande d’emplois, de la persistan-
ce des poches de pauvreté, du besoin crois-
sant de couverture sociale (notamment pour
les personnes âgées), les budgets de l’État
seront à nouveau sollicités de façon croissan-
te. Ce phénomène apparaît nettement en fin
de période et présente des difficultés qui
appellent des évolutions structurelles pro-
fondes (assiette fiscale, recouvrement des
impôts, etc.)
La position du Femise est que tout doit être
mis en œuvre pour consolider un actif (la sta-
bilité macroéconomique) acquis au prix de
lourds efforts et qui est un atout aujourd’hui
pour les PM, relativement à d’autres zones
(en particulier les pays engagés dans le pro-
cessus d’adhésion).
a- Une macroéconomie stabilisée qui a
pu, jusqu’ici, résister aux chocs
La gestion macroéconomique plus rigoureuse
qui a pu être installée dans la plupart des
pays de la région (à l’exception de la Turquie
et du Liban), se caractérise par :
(i) des taux d’inflation relativement faibles
depuis le milieu des années 90,
(ii) des déficits budgétaires qui sont à des
niveaux acceptables (à l’exception du
Liban et de la Turquie), avec, cepen-
dant, un dérapage en fin de période
dans certains pays (Egypte, Maroc),
(iii) des équilibres des comptes extérieurs
qui dépendent fortement des transferts
de revenus des travailleurs émigrés, des
recettes touristiques et des concours
publics de la communauté internationa-
le, les investissements directs et de por-
tefeuille étant des facteurs équilibrants
notablement insuffisants,
(iv) des politiques monétaires rigoureuses
encouragées par des mécanismes d’an-
crages relatifs des taux de change, qui
ont de moins en moins recours au sei-
gneuriage pour financer le budget de
l’Etat,
(v) des taux de chômage importants, qui,
compte tenu de la croissance encore
considérable de la population active,
constituent une contrainte lourde que
le Femise considère comme détermi-
nante dans les années à venir, du fait,
d’une part, de la jeunesse de la popu-
lation concernée (le chômage des
jeunes, y compris diplômés, devient
une préoccupation majeure dans les
PM) et, d’autre part, du contexte inter-
national actuel.
Cette exigence de stabilisation macroécono-
mique a été obtenue de façon progressive et
paraît désormais solidement ancrée dans les
-9-
Agrégats macroéconomiques en Méditerranée
Sources : World Bank, WDI 2002 cédérom (i) ; FMI, SFI mars 2003 cédérom (ii) ; Medstat Eurostat (iii) ; Banques Centrales(iv) ; Offices nationaux de statistiques (v), EIU 2002 (vi), Ministère des Finances (vii), Calculs IM (viii), prévisions de la BanqueMondiale, on line WDI 2003 (ix), BMCE Bank Maroc.0 : sauf indication contraire, les ratios PPM sont calculés à partir de la somme des valeurs nominales converties en $. 1 :médiane des pays considérés. 2 : hors Turquie. 3 : hors Liban. a : 2000, b : 2002, c : 1998-2001, d : 1998-2000, e : 2001.
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%1/2
-10-
pratiques gouvernementales. Deux points
noirs persistent cependant.
En premier lieu, la faiblesse du taux de crois-
sance du PIB qui n’est que légèrement supé-
rieure à la croissance de la population active
qui avoisine 3% par an. Ceci constitue une
difficulté récurrente du panorama macroéco-
nomique dans la mesure où la sphère réelle
de l’économie ne peut absorber les chocs
internes (mauvaises récoltes) ou externes
(baisses des recettes touristiques, de trans-
ports, évolutions des prix des produits pri-
maires, faiblesse de la croissance européen-
ne) qu’au prix d’une augmentation sensible
du chômage. En second lieu, la fragilité de
l’équilibre des comptes extérieurs, au
moment même où la région s’insère dans la
zone de libre-échange et subit, pour les pays
les plus avancés, une concurrence accrue sur
ses productions locales.
La faiblesse de la croissance a plusieurs
causes qui, chacune, requièrent un ensemble
d’évolutions appropriées :
(i) une accumulation du capital encore insuf-
fisante pour espérer entrer dans un pro-
cessus de rattrapage (les taux d’investis-
sements sont de 20,3% en 2001 en
moyenne dans les PM à comparer aux
26% des pays en voie d’adhésion et aux
taux d’investissement supérieurs à 30%
au moment du décollage des pays du
Sud-Est asiatique) et qui sont plutôt en
diminution en fin de période. Cette insuf-
fisance de l’accumulation du capital
nécessiterait, à la fois un développement
de l’épargne et une meilleure transforma-
tion de l’épargne en investissements (cer-
tains pays à l’instar du Maroc sont dans
une situation de sur-liquidité qui manifes-
te à la fois un manque de dynamisme du
système financier, un manque de projets
d’entreprises et des défaillances du cadre
institutionnel –capacités de recouvrement
des créances notamment),
(ii) une allocation du capital défaillante en
ce qu’elle ne va pas dans les emplois les
plus productifs. Cela est le signe d’un
dysfonctionnement du marché du capi-
tal encore largement sollicité par les
entreprises publiques. Là encore, des
évolutions des cadres institutionnels et
réglementaires sont nécessaires, mais
freinés par le niveau du chômage qui
encourage toutes les pratiques offi-
cielles et non officielles visant à ralentir
la substitution du capital au travail. Le
résultat est une progression à peu près
nulle de la productivité du travail depuis
le début des années 90,
(iii) une contribution très faible du progrès
technique à la croissance (la productivi-
té globale des facteurs ne progresse que
dans les pays les plus dynamiques,
Tunisie, Jordanie), ce qui signifie, à la
fois, un manque d’innovations, des pro-
grès organisationnels insuffisants et des
processus d’amélioration continue des
facteurs de production par apprentissa-
ge (croissance endogène) peu perfor-
mants. Un des remèdes possibles ici, tel
que promu par la Banque Mondiale, est
le développement accéléré de ce qu’il
est convenu d’appeler « l’économie de
la connaissance », type d’économie
pour laquelle la région est sensiblement
en retard (Reiffers, Aubert, 2002).
En second lieu, le compte extérieur est dans
une situation de grande fragilité du fait de la
persistance d’un déficit commercial mal com-
pensé, ou compensé par des ressources for-
tement soumises aux aléas de la conjonctu-
re. Ce déséquilibre commercial est naturel
pour des pays en transition. Le déficit
d’épargne auquel il correspond traduit le fait
que la population est jeune et l’écart de
développement à combler important.
-11-
La difficulté de la situation actuelle tient au
fait que le bouclage de la position extérieure
s’effectue pour l’essentiel à partir de deux
ressources hautement volatiles : les trans-
ferts de revenus des émigrés en Europe et le
tourisme. Il est à noter, par ailleurs, que le
niveau de la dette extérieure et l’importance
des remboursements annuels du principal de
cette dette rendent aujourd’hui le transfert
public extérieur net onéreux négatif pour
l’ensemble des PM (le transfert public exté-
rieur net gratuit est faible à l’exception
d’Israël et de l’Egypte). Cette fragilité, qui
met les PM à la merci des évènements
conjoncturels, et qui suppose que la
Communauté internationale intervienne ex
post, au coup par coup, et de manière mas-
sive lorsqu’une difficulté apparaît, ne pourra
être corrigée que de deux façons :
(i) grâce à une amélioration de la compéti-
tivité des exportations par une plus
grande diversification, des remontées
en gamme et des politiques commer-
ciales plus agressives,
(ii) grâce à une augmentation de l’attracti-
vité vis-à-vis des investissements
directs et des investissements de porte-
feuille qui ont le double avantage de
contribuer au bouclage du compte exté-
rieur et d’augmenter la productivité.
Les composantes de la croissance du PIB
sous l’effet de la persistance d’une conjonc-
ture défavorable
Plusieurs évènements majeurs ont marqué les
deux dernières années et fragilisent la situa-
tion des PM malgré les progrès antérieurs.
(i) L’économie mondiale s’est caractérisée
par un fort ralentissement. La croissan-
ce mondiale n’a été que de 2,2% en
2001 et est évaluée à 2,8% en 2002,
des taux très inférieurs aux 4,7%
atteint en 2000. Symptomatique de la
mauvaise conjoncture, le commerce
mondial a lui aussi ralenti, se contrac-
tant de 0,1% en 2001 après avoir pro-
gressé de 12,6% en 2000, ce qui ne
s’était pas produit depuis 20 ans. De
plus, la croissance de l’Union
Européenne, l’un des principaux parte-
naires des PM, continue son affaiblisse-
ment, avec des taux de 1,4% en 2001
et 0,9% en 2002 en sensible retrait par
rapport aux 2,8% et 3,5% de 1999 et
2000. Cette tendance et sa probable
poursuite en 2003 sont de lourds handi-
caps pour les PM où la demande exter-
ne est devenue motrice, compte tenu du
niveau des élasticités revenus.
(ii) La chute des recettes touristiques, déjà
considérable, se prolonge également.
Après une timide reprise fin 2002, la
tendance semble à nouveau négative
en 2003.
(iii) Les prix du pétrole demeurent à des
niveaux élevés, ce qui a sans ambiguïté
des effets négatifs pour les pays impor-
tateurs que sont la plupart des PM.
Mais, les effets sont également contras-
tés pour les pays exportateurs, dans la
mesure où les niveaux élevés créent des
nécessités d’ajustement de l’émission
monétaire domestique et des chocs en
retour de la demande mondiale.
Bien que les PM aient prouvé leur attache-
ment à l’adoption de politiques économiques
saines ne remettant pas en cause la poursui-
te de la transition, la persistance d’une
conjoncture économique franchement défa-
vorable renforce lourdement les contraintes
qu’ils subissent.
En analysant la dynamique des composantes
du produit intérieur brut des PM, on voit
qu’ils ont jusqu’à maintenant absorbé les dif-
férents chocs par une combinaison de
-12-
moyens sans utiliser de façon excessive le
crédit et le déficit budgétaire. Toutefois, la
poursuite de la mauvaise conjoncture les
oblige à procéder à quelques changements
dans les orientations politiques précédem-
ment choisies :
(i) certains assouplissent les politiques : en
Israël, c’est le secteur public qui accroît
les dépenses en 2002 pour pallier la
baisse de la consommation privée et de
l’investissement fixe, ce qui ne suffit pas
à éviter une croissance négative comp-
te tenu de la baisse des exportations.
Pour la Tunisie qui s’appuyait jusque-là
sur la demande externe pour nourrir sa
croissance, la baisse des exportations
(–0,6%) a entravé l’effort d’investisse-
ment et a nécessité une croissance
importante de la consommation
publique pour soutenir l’activité. La
Turquie accompagne largement son
rebond économique avec un taux de
croissance de la consommation publique
deux fois plus élevé que celui de la
consommation privée. La Tunisie a ainsi
clairement fait le choix d’un lissage du
cycle tandis que les deux autres PM
interviennent pour limiter l’impact très
négatif sur la sphère réelle de situations
très particulières ;
(ii) d’autres accentuent la rigueur : Chypre,
l’Egypte et le Maroc qui avaient refusé
en partie l’ajustement réel et utilisé la
consommation publique comme princi-
pal moteur de la croissance en 2001,
sont revenus à des politiques plus
saines en 2002, en réduisant ou conte-
nant fortement son taux de croissance ;
(iii) d’autres enfin maintiennent la rigueur :
l’Algérie et la Syrie ont bénéficié du prix
élevé des hydrocarbures. La contribu-
tion de la consommation privée est
faible. La croissance est tirée par les
investissements fixes mais essentielle-
ment publics, ce qui ne permet pas un
véritable décollage de leurs économies.
L’évolution des balances des paiements
En 2001, la position de la balance des biens
et services des PM s’est améliorée, sauf pour
la Tunisie et la Jordanie. Le déficit, hors
Israël, a été réduit des deux tiers et de plus
de 46%, avec Israël. Ce résultat n’est pas
franchement positif car il provient :
(i) d’une amélioration du solde de la balan-
ce des biens due au ralentissement de la
consommation privée et de l’activité éco-
nomique dans les PM qui ont entraîné
une baisse des importations plus impor-
tantes que le tassement des exporta-
tions. Les premières ont chuté de -14%
en 2001 alors qu’elles s’accroissaient de
18% en 2000. Les secondes ont stagné
en 2001 (+0,9%) après avoir crû de
12% en 2000. Ainsi, c’est davantage la
Tableau 5 : Décomposition de la croissance des PM en 2001 et 2002
2000-2001 Algérie Chypre Egypte Israël Liban Malte Maroc Syrie Tunisie Turquie
Produit Intérieur Brut 2,1% 4,1% 3,5% -1,1% 1,3% -0,8% 6,5% 3,4% 4,8% -7,5%Consommation Privée 7,6% 3,4% 1,3% 1,7% 8,8% -0,6% 10,8% -0,8% 5,2% -9,2%Consommation Publique 0,9% 10,6% 3,8% 4,0% -1,9% 7,2% 13,8% 8,6% 6,2% -8,5%Investissement fixe 1,2% 2,3% 7,4% -7,5% -6,5% -12,5% 3,1% 8,0% 3,9% -31,5%
=Demande Intérieure Totale 10,0% 3,2% 2,5% 1,5% 5,0% -6,6% 10,7% 2,0% 5,8% -15,7%Exportations de biens et services -9,8% 4,8% 3,3% -13,3% 11,4% -15,5% 4,7% 13,1% 12,2% 7,4%Importations de biens et services 1,2% 0,9% -0,4% -2,1% 5,3% -7,1% 6,1% 11,3% 4,4% -9,1%
2001-2002 Algérie Chypre Egypte Israël Liban Malte Maroc Syrie Tunisie Turquie
Produit Intérieur Brut 2,4% 2,2% 3,2% -1,1% 1,0% 3,0% 1,7% 7,8%Consommation Privée 2,7% 2,4% 3,5% -1,0% 2,7% 2,0% 3,4% 2,0%Consommation Publique 2,5% 2,5% 5,0% 5,4% 2,5% 4,6% 4,5% 5,4%Investissement fixe 7,3% 10,3% 0,6% -8,8% -4,2% 3,2% -0,9% -0,8%
=Demande Intérieure Totale 3,4% 0,8% 1,5% -1,3% -1,6% 2,4% 0,5% 9,4%Exportations de biens et services 1,9% -6,0% -7,8% -4,8% -4,8% 2,2% -0,6% 11,0%Importations de biens et services 7,7% -1,8% -6,0% -1,9% -5,5% 0,5% -1,7% 15,7%
Sources : Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Malte, Tunisie, Turquie, Eurostat, programme Medstat,Jordanie et Liban, Banque Mondiale, Maroc, Ministère des Finances.
-13-
conjoncture défavorable qui entraîne un
effet paradoxalement positif, qu’une
amélioration structurelle.
(ii) Du maintien de l’excédent des services
à un niveau suffisant, malgré la faibles-
se de l’activité touristique, mais en repli
de 8,5% en 2001 alors qu’il avait aug-
menté de 54,9% entre la première et la
deuxième moitié des années 1990. La
baisse des recettes touristiques est par-
ticulièrement marquée pour Israël
(–43%) et explique la dégradation du
compte des services en Jordanie. Ces
influences ont été compensées en gran-
de partie par la très forte amélioration
de la situation marocaine (+33% de
recettes touristiques).
L’effet équilibrant des transferts de fonds des
travailleurs s’est maintenu ainsi que celui des
transferts de fonds sans contrepartie. Les
premiers ont particulièrement bénéficié à la
Jordanie et les seconds à la Turquie. Au total
les comptes courants nets d’Israël, de
l’Egypte, du Maroc et de la Turquie se sont
améliorés de façon spectaculaire. Mais,
excepté pour le Maroc, il faut bien retenir
qu’il s’agit d’un effet conjoncturel dû à la
récession économique.
Le climat d’incertitude a pesé lourdement
sur les comptes financiers. L’Egypte mise à
part, tous les PM ont subit une fuite des
capitaux à court terme. Le déficit des inves-
tissements de portefeuille s’est creusé dra-
matiquement entre 2001 et 2000 : hors
Israël, le solde de ce compte est passé de
+188 à –3 679 millions de dollars. Ce résul-
tat est entièrement imputable à la situation
turque puisque le solde de ses opérations
après avoir atteint +1 022 millions en 2000
a chuté à –4 575 millions de dollars.
Il ne faut probablement pas espérer d’amé-
lioration en 2003 car, bien que la succession
de chocs intervenus en 2001 ait été excep-
tionnelle, les PM subissent le ralentissement
de la conjoncture européenne qui a des
effets très profonds dans la mesure où leurs
économies sont très ouvertes et dépendent
largement de leurs débouchés sur les mar-
chés européens. De plus, en 2002, les
recettes touristiques ont chuté de 10 à 15%
pour tous les PM, sauf la Jordanie (+12%) et
la Turquie (+5%) et les conséquences du
conflit en Irak seront multiples, notamment
par le biais des prix du pétrole et de la bais-
se des activités touristiques.
Certes, une amélioration du solde courant
peut provenir des transferts des émigrés suite
à la hausse des prix du pétrole, mais le résul-
tat net pour la plupart des PM est incertain
car la facture pétrolière s’alourdit d’autant.
Toutefois, la saison agricole a été bonne en
2002 et a eu des retombées très positives
sur la situation des pays du Maghreb.
De fait, la fragilité structurelle des comptes
externes des PM persiste. Elle tient au fait,
d’une part, que le bouclage de la position
extérieure s’effectue pour l’essentiel à partir
de deux ressources hautement volatiles –les
transferts de revenus des émigrés en
Europe et le tourisme–, d’autre part, que
l’exposition aux fluctuations de la conjonctu-
re internationale et européenne est crois-
sante en raison du choix d’ouverture auquel
ils se sont résolus.
Il faut également souligner qu’une très gran-
de partie des fragilités structurelles du comp-
te externe provient des relations avec l’UE.
Étant donné l’engagement des PM vis-à-vis
de l’UE, le bouclage du compte externe est
l’élément économique principal permettant
de juger de la qualité du système d’interdé-
pendendance qui s’est développé entre les
PM et l’UE. Pour donner l’enjeu de façon sim-
-14-
plifiée, l’objectif est de parvenir à ce que la
forte proximité géographique et humaine qui
lie l’UE aux PM et qui se manifeste par l’im-
migration, le tourisme et, plus généralement
la mobilité des personnes, soit sous-tendue
par un système d’interdépendance écono-
mique cohérent et de même ampleur.
b- Des contraintes et des rigidités
contre-productives à long terme qui
pèsent sur l’action des gouvernements.
La réforme fiscale est un passage obligé pour
les PM, (i) parce qu’ils doivent trouver des
ressources en remplacement des recettes
des droits de douanes, (ii) parce que la struc-
ture actuelle du budget ne leur permet pas
une action contra-cyclique efficace et
(iii) parce que les mesures palliatives de
court terme sont contraires à l’objectif de
croissance soutenue et stable de long terme.
Les taxes sur le commerce international
continuent en effet de constituer une part
importante des ressources budgétaires
totales de la majorité des PM : elle est certes
marginale en 2002 pour Israël, et Malte (1%
pour le premier, 4% pour le second), elle
oscille entre 10% et 14% pour l'Algérie,
l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et la
Turquie et atteint 28% au Liban (source FMI,
GDF et instituts nationaux). Il s’agit donc d’un
poste important pour les PM auquel il faudra
trouver un substitut, puisqu’il est voué à se
marginaliser du fait des engagements pris.
Cependant, on constate que les économies
jordanienne et tunisienne, qui sont parmi les
plus dynamiques de la zone, ont vu cette
part diminuer des deux tiers en une décen-
nie (11,6% et 10% des recettes totales res-
pectivement, en 2002 contre 28% en 1993).
Cela tend à indiquer que l’accélération de la
croissance du fait de l’ouverture des écono-
mies des PM peut compenser la perte de
cette ressource, notamment parce que
l’augmentation de l’activité engendre celles
d’autres ressources fiscales. De plus, le cas
de ces deux pays indique que la diversifica-
tion de la production aidant, l’intensification
des échanges permet de diminuer non seu-
lement la forte dépendance des équilibres
budgétaires vis-à-vis des prix des produits
des matières premières tels que le pétrole
mais aussi le phosphate, mais également la
volatilité des termes de l’échanges. Le
mécanisme ici est le suivant : la diversifica-
tion, qui se traduit pour les PM par une mon-
tée en gamme de leurs produits compte
tenu de leur structure initiale, permet
d’améliorer le pouvoir d’achat des exporta-
tions et ainsi d’importer du matériel incor-
porant plus de progrès technique, donc
théoriquement plus cher mais également
plus productif, ce qui renforce, toutes
choses égales par ailleurs la compétitivité de
la production locale.
Les PM sont également pénalisés par un sys-
tème de taxes directes et indirectes qui n’a
pas atteint sa pleine rentabilité. Ces sys-
tèmes n’ont été mis en place que récemment
sauf pour Chypre, Israël, Malte et la Turquie.
Les États se privent là d’un montant de
recettes considérable puisque :
(i) les gouvernements ont choisi d’exclure
de la TVA nombre de produits de base
afin de ne pas aggraver la pauvreté ; le
prix de certains produits, comme les car-
burants au Maroc, est également sub-
ventionné ; dans ce contexte, la crois-
sance de la population sans progression
franche du niveau de vie peut altérer
l’équilibre budgétaire, parce que la crois-
sance de la consommation se porte, en
volume, sur les produits de bases exoné-
rés de TVA (absence de rentrées fiscales)
et les produits subventionnés (augmen-
tation des dépenses publiques) ;
-15-
(ii) la part du secteur informel dans l’écono-
mie grève également les recettes fiscales
par définition, notamment parce que les
systèmes de perception ne permettent
pas un suivi efficace de la situation de la
base fiscale, par ailleurs étroite.
On s’aperçoit de plus que dans les pays où la
réforme fiscale est la plus achevée, les marges
de manœuvre des gouvernements sont large-
ment moins dépendantes des rentrées ponc-
tuelles comme les recettes des privatisations,
par exemple, qui sont aléatoires et non renou-
velables et ne doivent donc jamais être consi-
dérées comme une ressource du budget. Les
ressources sont plus prévisibles et créent
moins de distorsions entre les agents ou entre
les secteurs. Ainsi, le système fiscal devient
plus équitable. L’action de l’Etat peut être
envisagée sur le long terme et ne nécessite
pas d’amendements fréquents en cours
d’exercice en cas de conjoncture adverse, tou-
jours dommageables à l’investissement en
capital et à la crédibilité de la capacité du gou-
vernement à piloter l’économie.
Du côté des dépenses, les tensions politiques
récurrentes pèsent lourdement sur les
marges de manœuvre des gouvernements.
Officiellement, les dépenses de défense
demeurent plus importantes que celles
d’éducation ou de santé au Liban (9% des
dépenses totales), en Israël (18% des
dépenses totales) et en Jordanie (24% des
dépenses totales). En Egypte et au Maroc,
elles représentent entre 10 et 15% des
dépenses totales. Une véritable intégration
commerciale de la zone, qui consacrerait une
réelle volonté politique d’aplanir les divers
conflits qui minent la région, permettrait
d'éviter que la défense absorbe 10,8% des
dépenses totales effectuées par ces sept
pays. Pour avoir un ordre d’idée des masses
en jeu, ramener ce taux à 5% (c’est approxi-
mativement la part dans les dépenses totales
de la Tunisie ou d’un pays comme la France)
dégage un montant approximatif de 9,5 mil-
liards de dollars par an, de l’ordre de gran-
deur du montant total des IDE reçus annuel-
lement ces deux dernières années.
Le poids de la dette externe est également
un frein à la croissance pour les PM, à l’ex-
ception de Chypre, Israël et Malte. Ils doi-
vent dégager un solde primaire fortement
positif afin d’honorer le service de la dette.
Ainsi, une grande part des ressources fis-
cales n’est donc pas réinjectée dans l’écono-
mie. Le poids de la dette interne est égale-
ment préoccupant. Découlant des déficits
budgétaires, elle draine l’épargne domes-
tique et les devises disponibles. Ainsi la
dette interne représente 78% de la dette de
la Turquie, 67% de celle du Maroc, 65% en
l'Egypte ou 57,5% en Tunisie. Par contre, ce
rapport ne s'élève qu'à 20% pour la
Jordanie. Le Liban a quant à lui réduit sa
dette domestique qui de 92% en 1993
atteint 54% en 2002. Réduire la dette inter-
ne est donc indispensable pour dynamiser
l’investissement, réduire l’effet d’éviction du
secteur privé et alléger les incertitudes qui
pèsent sur la balance des paiements. Cela
est particulièrement urgent pour la Turquie
ou le Liban dont les systèmes bancaires sont
très exposés étant donné leur niveau d’im-
plication dans le financement de la dette
publique (respectivement 65% et 80% des
créances bancaires sont de la dette
publique).
Le problème est que l'effort d'assainissement
repose essentiellement sur la gestion budgé-
taire d’autant que les PM se refusent à utili-
ser le seigneuriage. Les conditions écono-
miques ne contribuent pas à cet effort du fait
des taux d'intérêt réels trop élevés et de l'in-
suffisance de la croissance. Une amélioration
très significative est observable en 2002. Elle
provient cependant plus d'une hausse de l'in-
-16-
flation qui réduit les taux d'intérêt réels que
d'une baisse des taux d'intérêt nominaux.
Reste que les économies les plus diversifiées
et les plus avancées dans les réformes budgé-
taires sont celles qui ont le mieux contrôlé
l'évolution de leur solde budgétaire : Chypre,
Israël, la Jordanie, Malte et la Tunisie. Pour les
autres celui-ci reste dominé par les prix pétro-
liers (Algérie, Syrie) ou la saison agricole
(Maroc) et très sensible à la conjoncture éco-
nomique (Egypte, Liban, Maroc, Turquie).
Or, les capacités des gouvernements à lisser
le cycle économique vont encore être mises à
l’épreuve en 2003 (comme elles l’ont été en
2001), à cause des nombreux chocs interve-
nus et de leur persistance. Il leur faudra
notamment faire face :
(i) à des besoins en devises plus impor-
tants du fait de la dégradation des
comptes externes provoquée par la
hausse des prix pétroliers et la perte
d’un partenaire commercial important,
notamment pour la Jordanie ;
(ii) à un ralentissement de la croissance
consécutif à la baisse persistante du
tourisme. Israël, le Maroc, la Tunisie et
la Jordanie devraient pouvoir absorber
le choc sans difficulté majeure, d’autant
que les pays ont anticipé le manque de
devises potentiel. Ils ont donc émis des
titres de dette souveraine et obtenus
des taux intéressants (400 millions
d’euros à 230 points de base —pdb—
pour le Maroc, 750 millions d’euros à
153 pdb pour Israël, 500 millions d’eu-
ros à 300 pdb pour la Tunisie). La situa-
tion sera beaucoup plus difficile pour la
Turquie et le Liban dont la soutenabilité
de la dette est assurée par les aides
internationales et, pour le premier, par
le recours au secteur bancaire domes-
Encadré 1 : Croissance et soutenabilité des déficits publics et de la dette publique.CEMAFI, université de Nice, France.
L’étude de la soutenabilité de la politique budgétaire et de la dette publique en Tunisie a été menée selon deux des troisméthodes identifiées dans la littérature, à savoir, (a) la méthode « comptable » qui consiste en des évaluations pas àpas, année par année, et qui permet des simulations pour le futur proche (notons que c’est la méthode suivie par lesexperts du FMI pour leurs études-pays) ; (b) la méthode « actuarielle », inspirée des travaux de B.Trehan (1988) etC.E.Walsh (1991) et des études économétriques de C.E. Quintos (1995) ou de plusieurs papiers de S.van Wijnbergen(seul ou avec d’autres auteurs).
(a) Résumé très succinct de la mise en oeuvre de la méthode « comptable » : à partir de la contrainte budgétaire défi-nie comme suit : Bt - Bt-1 = Dt + r Bt-1, et en exprimant ces grandeurs en proportion du PIB, désormais désignées pardes lettres minuscules, il s’agit de vérifier la stabilité de la dette publique à savoir bt = bt-1, quel que soit t (i.e. au boutd’un certain temps, c’est à dire en régime permanent). Cette condition s’écrit : dt = - (r – n) / (1 +n) bt, expressiondans laquelle n désigne le taux de croissance nominal de l’économie et dt le solde budgétaire primaire nécessaire chaqueannée pour maintenir le taux d’endettement public constant à son niveau courant.
L’application de cette méthode pour la Tunisie entre 1986 et 2000 montre qu’à l’exception des années 1991 et 1995,les déficits budgétaires primaires réalisés ont été inférieurs aux seuils critiques de soutenabilité dt.
(b) Résumé très succinct de la mise en oeuvre de la méthode « actuarielle » : cette méthode est basée également surl’étude de la contrainte budgétaire du secteur public exprimée de la façon suivante : Bt = (1+ rt ) Bt-1 - SURPt , expres-sion dans laquelle Bt représente les titres de la dette publique à la date t et SURPt le surplus primaire, différence entreles recettes publiques Tt et les dépenses Gt ; r est le taux de rendement réel des titres publics. Par récurrence, en résol-vant récursivement par substitution, on obtient la contrainte budgétaire « actuarielle » inter-temporelle de l’Etat :Bt = Et (SURPt+j / (1 + r)j+1) + Et limN ( BN+1 / (1 + r)N+1)
A partir de cette approche, et après avoir procédé très rigoureusement à un certain nombre de tests économétriquessophistiqués, il a pu être montré que l’élasticité de long terme des dépenses publiques par rapport au PIB, pour le casde la Tunisie, est largement supérieure à celle des recettes et que la Tunisie apparaît comme un pays structurellementdéficitaire, ce qui ne joue pas en faveur d’une soutenabilité faible mais tend à prouver que la politique budgétaire estnon soutenable.
Plusieurs autres traitements économétriques ont été menés et d’autres sont en cours pour étayer cette conclusion, quia le mérite de faire apparaître un résultat différent de celui obtenu par la méthode comptable. Il s’agira alors d’expli-quer pourquoi les deux méthodes utilisées conduisent à un diagnostic différent.
Recherche financée par le Femise et dirigée par le CEMAFI, université de Nice, France. Référence FEM21-39Titre : Dépenses Publiques, Croissance et Soutenabilité des Déficits et de la Dette Extérieure : Etude du Rôle de l'Etat dans six PaysMéditerranéens Partenaires de l'Union Européenne (Egypte, Israël, Liban, Tunisie, Turquie)Date prévue de fin des travaux : avril 2004
-17-
tique avec des conséquences très néga-
tives sur la croissance, pour le second
par un plan de restructuration de la
dette (Bellocq, 2003).
Deux éléments peuvent alléger la contrainte
en termes de besoins de financement de
l'économie :
(i) il faut poursuivre la restructuration du
système bancaire et sa privatisation,
pour le rendre plus compétitif et plus
efficace dans l'allocation des ressources
en réduisant l'asymétrie d'information.
Un accroissement de la concurrence
permettra l’apparition de nouveaux pro-
duits sans lesquels il est difficile de
financer la croissance : des prêts à long
terme, orientés plus vers l’investisse-
ment et moins vers le commerce, par
exemple ;
(ii) il faut ouvrir les marchés financiers afin
de permettre un recours aux fonds
internationaux. Cette politique présente
un risque de déstabilisation à court
terme du fait de la volatilité des capi-
taux drainés. Cependant, les études
montrent qu'accepter cette volatilité de
court terme peut être porteur de forts
gains à moyen terme. De plus, l'effet
dynamisant sur l'économie et notam-
ment sur l'investissement privé domes-
tique des investissements de porte-
feuille semblerait aussi puissant que
celui des IDE (Sadik et Bolbol, 2001).
Par ailleurs, ces marchés hautement concur-
rentiels permettent également une meilleure
allocation des ressources. Toutefois, le dan-
ger est que la concurrence devient mondiale
en termes de stabilité macroéconomique, de
crédibilité des politiques économiques, de cli-
mat des affaires et des coûts de transaction,
éléments dont dépend le degré de volatilité
des investissements. Il est alors indispen-
sable de créer les infrastructures de contrôle
et de gestion des institutions travaillant dans
ce domaine pour éviter les crises lorsque cela
est possible.
c- La stratégie de l’Etat employeur en
dernier ressort, des effets de long terme
néfastes qui pèsent sur les capacités de
croissance futures
Enfin, une autre contrainte lourde entame les
budgets des PM : les salaires des emplois
publics. En moyenne, l’emploi public civil
représente presque 17% de l’emploi total
(tableau 5), alors que la moyenne mondiale
se situe à 11%. Malgré un intérêt croissant
pour le secteur privé, les emplois publics res-
tent en effet attractifs pour une grande par-
tie de la population. Les salaires publics sont
toujours considérés comme plus élevés, mal-
gré leur faible niveau intrinsèque, que dans
le privé, spécialement pour les bas niveaux
de qualification. De fait, le revenu total issu
des emplois publics dépasse effectivement
les salaires peu élevés, car il existe une gran-
de variété de primes et indemnités dont le
montant peut atteindre 70% du salaire de
base. S’y ajoutent d’autres avantages en
nature, comme des horaires moins impor-
tants, des vacances supplémentaires et des
taxes sur les revenus moins élevés que dans
le secteur privé.
Ce mouvement d’accroissement de l’emploi
public a été initié par l’effort mené pour
améliorer les services sociaux (santé, édu-
cation et protection sociale), conduisant à
une amélioration significative des indica-
teurs en ces domaines (santé tout particu-
lièrement). Mais, il s’est rapidement traduit
par un embonpoint et une rigidité du secteur
public, un grand pourcentage de postes
redondants et une marginalisation du sec-
teur privé. En Egypte par exemple, il avait
été estimé que les doublons dans les entre-
-18-
prises publiques représentaient 10% des
effectifs, mais cette part serait en pratique
plus proche de 35%. Au Maroc, 23% des
entreprises publiques affichent des résultats
très bas, 36% font des pertes et les 14 plus
grandes entreprises publiques totalisent une
perte annuelle atteignant plus de 2% du PIB
en 1992. En Algérie, ce ne sont pas moins
d’un demi million d’emplois qui ont été sup-
primés entre 1990 et 1998. Autant d’indica-
teurs qui militent pour la suppression des
emplois redondants. Mais cela nécessiterait
un consensus politique et un climat social
apaisé compte tenu des implications sociales
d’un tel mouvement.
Pourtant, à l’exception d’Israël et la Turquie,
le poids des salaires dans le budget contraint
fortement la capacité de réaction du gouver-
nement en cas de baisse de l'activité.
Cette part représente encore plus de 46%
des dépenses totales de la Jordanie (bien que
l’emploi public ne représente que 15% de
l’emploi total, les salaires publics représen-
tent 14,4% du PIB), 35% de celles du Maroc
et de la Tunisie, 25-30% de celles de Chypre
et Malte et 20% de celles de l'Algérie, de
l'Egypte, du Liban.
Outre le poids qu’elle représente, ce type de
dépense évolue de façon contra-cyclique.
Ainsi, en cas de crise, le gouvernement, en
acceptant de se comporter comme l'em-
ployeur en dernier ressort, alourdit ses enga-
gements et renforce les rigidités car il lui est
difficile de réduire la part de l'emploi public
une fois la crise passée.
De fait, l’accroissement de l'emploi public en
cas de crise produit exactement l'effet inver-
se à celui recherché sur la croissance,
notamment en biaisant le fonctionnement du
marché du travail, mais également en
entraînant des effets négatifs dans la sphère
réelle.
(i) La concurrence sur le marché du travail
est atténuée car les jeunes détenant un
diplôme se réfugient dans des situations
d'attente.
(ii) Une déconnexion entre les besoins en
termes de compétences du secteur
privé et les formations offertes apparaît.
C’est ce qui explique en partie que, mal-
gré une augmentation du niveau d’édu-
Tableau 6 : L’emploi dans le secteur public des PM en 1999
Administrations Secteurs SociauxForcesarmées
Total
% del’emploitotal
Générales Centrales Santé Education
Total del’emploi
civil
Algérie 8,7 4,9 7,5 3,8 24,9 2,7 27,6Egypte 7,2 11,1 3,8 3 25,1 3,1 28,2Jordanie 3,3 3,3 6,5 2 15,1 10,3 25,4Liban 1,1 1,6 5 0,5 8,2 6,9 15,1Maroc 2,9 1,7 3,2 0,5 8,3 2,7 11,0Ter. Palest. 16,6 7,6 2 26,2 Na 26,2Syrie 4,2 1,2 7,1 1,1 13,6 Na 13,6Tunisie 5,2 0,9 5,4 1,9 13,4 1,5 14,9PM 6,2 3,5 5,8 1,9 16,9 4,5 20,3
Source : ERF, 2000 à partir de données Banque Mondiale
Tableau 7 : La part des salaires dans lesdépenses des gouvernements des PM
(% des dépenses publiquestotales)
1995 2001
Algérie 24,0 19,4Chypre 28,6 26,52
Egypte 17,1 19,41
Israël 15,3 15,1Jordanie 45,7 46,1Liban 21,2 22,63
Malte 33,2 30,72
Maroc 34,2 36,33
Tunisie 31,1 34,64
Turquie 26,9 17,3PM 27,7 26,8
1. 1997, 2. 1998, 3. 1999, 4. 2000.Source : FMI, Governance Finance StatisticsYearbook, 2002.
-19-
cation de la main d’œuvre de 180%, la
plus rapide progression jamais enregis-
trée ailleurs, la croissance économique
soit restée insuffisante pour répondre à
celle de la population (Keller, Nabli,
2002, Elbadawi, 2002).
(iii) Les gouvernements sont, de plus, rela-
tivement impuissants à maîtriser l'évo-
lution des salaires. La conséquence peut
en être un accroissement des pressions
sur la demande interne, donc sur l'infla-
tion, sur les comptes externes, déjà fra-
gilisés par le contexte économique
international, et sur les besoins de
devises. La transmission des hausses
salariales venant du secteur public
accroît de plus le coût de la main
d'œuvre pour le secteur privé. Les
investissements étrangers peuvent éga-
lement avoir ce type d'effet, mais ils
sont censés améliorer la productivité en
contrepartie. Ainsi, l'avantage compara-
tif des PM en termes des coûts de la
main-d’oeuvre disparaît progressive-
ment, sans développer un avantage en
termes de productivité, tandis que la
cherté du travail pèse sur le développe-
ment du secteur privé.
(iv) En cas de ralentissement économique,
cette configuration oblige les autorités à
puiser dans les dépenses prévues pour
l'investissement. Or, le rythme de crois-
sance et les gains de productivité néces-
saires pour contenir et réduire le chô-
mage actuel ne peuvent être obtenus
sans l'épargne publique. Quand les
capacités d'investissement des gouver-
nements sont réduites, ils doivent alors
recourir à l'endettement, interne et
externe, avec les effets négatifs évo-
qués précédemment. Mais, du point de
vue des flux financiers extérieurs, la
situation des PM n’est guère florissante.
Les IDE, qui peuvent avoir un impact
positif sur l'économie, peinent toujours
à se développer. Les prêts bancaires ne
cessent de diminuer en raison des incer-
titudes dans la région et les investisse-
ments de portefeuille sont limités par le
manque de profondeur et de liquidité
des marchés financiers des PM.
III- Améliorer la vitalité de la croissance
a- Privilégier l’action sur la productivité
globale
Autour de 3% de croissance du PIB en
moyenne (ce qui correspond à la croissance
de la population active qui est de 2,8%), il
est illusoire de penser que les PM puissent
obtenir des augmentations significatives de
Encadré 2 : Segmentation du marché du travail en Egypte
L'intervention de l'Etat sur le marché du travail a engendré une forte segmentation, notamment en Egypte. Le gouver-nement a aboli le plan d'emploi garanti pour les détenteurs d'un diplôme de l'enseignement secondaire et de l'ensei-gnement supérieur au début des années 1990. Cependant, ceux qui peuvent attendre préfèrent s'inscrire au chômagecar ils croient pouvoir obtenir un emploi dans le secteur public à terme. Il existe donc un réservoir de main-d'œuvreinemployée exigeant un salaire relativement élevé, au delà des possibilités offertes dans le secteur privé. Cet attentis-me constitue une perte nette pour la société qui ne peut bénéficier des externalités dues à l'emploi dans des activitésprivées d'une force de travail mieux qualifiée. Le gouvernement y perd également dans la mesure où il finance l'éduca-tion puis l'attente de cette population, puis lui offre des emplois dont la productivité est relativement moindre ce quigrève les capacités de croissance de l'économie.
Distribution de l'emploi par niveau d'éducation :
Sources : Bridsall et O'Connell, 1999.
Secteur Inférieur au niveauintermédiaire
Niveauintermédiaire et
supérieur
Diplômeuniversitaire et
supérieurGouvernement 7,4 47,2 55,6Entreprises publiques 5,3 15,8 14,7Secteur agricole 57,6 9,6 2,6Secteur non agricole 29,7 24,5 23,0Tous secteurs 100 100 100
-20-
la productivité du travail par substitutions
massives du capital au travail.
Les PM se trouvent face à une difficile combi-
naison d’objectifs qui consiste à arriver à
concilier :
(i) la stabilisation de la situation macro-
économique ;
(ii) l’ouverture et l’accroissement de la
compétitivité pour conserver/gagner
des parts de marchés ;
(iii) le maintien de l’ordre social par l’élar-
gissement de la couverture sociale, la
résorption des poches de pauvreté et
d’illettrisme et l’augmentation des
revenus.
Comment restaurer les marges de
manœuvre permettant de concilier ces trois
objectifs ? L’idéal serait que les pays puis-
sent accroître la productivité des facteurs et
accumuler plus de capital (aspect compétiti-
vité de la croissance) sans que cela se fasse
au détriment de l’accroissement de l’utilisa-
tion du facteur travail.
Dans ce contexte, la substitution du capital
au travail, qui est le lot des économies
ouvertes, industrialisées et flexibles, suppo-
se une vitalité suffisante des économies
pour absorber les effets des ajustements.
Condition qui n’est pas satisfaite dans les
PM et qui explique la difficulté de pénétra-
tion de la discipline du marché, contrariée
par toutes sortes d’interventions (souvent
de fait), visant à limiter ses effets sur le
chômage.
La modification du régime de croissance lui-
même est donc impérative, ce qui implique
d’agir sur la productivité globale des facteurs
(PGF) et sur l’augmentation continue de
l’amélioration de la qualité des facteurs
(croissance endogène : cf. encadré 4).
Cet impératif de modification du régime de
croissance suppose :
√ une accumulation accrue du capital,
mais d’un capital plus productif et, ici,
l’investissement direct étranger est un
apport décisif ;
√ une amélioration continue du travail
(capital humain) par l’élévation du niveau
de formation et une bonne adéquation
entre la formation et les emplois ;
√ une augmentation de la Productivité
Globale des Facteurs (progrès technique
au sens Solow) qui est précisément le
moyen d’augmenter le produit par tête
sans substituer de façon exagérée du
capital au travail.
Au vu des résultats, on observe, d’une part,
que l’augmentation de la productivité du tra-
vail est faible dans les PM, ce qui entraîne
mécaniquement une baisse de la compétitivi-
té lorsque les salaires augmentent, d’autre
part, que la contribution de la productivité
globale à la croissance du produit est faible,
voire négative.
Les PM enregistrent peu de revenus addition-
nels par tête lorsqu’ils mobilisent de nou-
veaux facteurs de production. Cette absence
de progrès technique rend donc la croissance
étroitement dépendante du taux d’accumula-
tion du capital.
On peut évoquer ici plusieurs voies à explo-
rer pour remédier à cette situation :
√ la première est l’innovation et l’amélio-
ration de la qualité des produits,
√ la deuxième est les progrès qui peu-
vent être réalisés dans l’organisation
interne des entreprises et, en particu-
lier, dans l’optimisation de la combinai-
son productive (consommations inter-
médiaires, capital, travail) ;
-21-
Encadré 3 : La Productivité Globale des Facteurs dans les PM
La mesure de la Productivité Globale des Facteurs (PGF) est la méthode économétrique la plus simple et la plus usitéepour évaluer les performances passées et futures de croissance d’une économie, ses capacités de rattrapage vis-à-visd’autres économies et les différences de niveau de revenu et de croissance.
La PGF se calcule à partir de la décomposition des trois principaux éléments de la croissance que sont l’accumulation ducapital, l’accumulation du travail et le progrès technique. Ces sources identifiées, le résidu est interprété comme lamesure de la PGF.
L’intérêt de la notion est essentiel. Mais, la méthodologie souffre cependant de plusieurs limites qui tiennent à la fois à laméthode (donner un pouvoir explicatif à un résidu) et aux hypothèses faites, indispensables à sa mise en œuvre, qui sont :
(i) le type de fonction de production retenu qui suppose de poser des rendements d’échelle constants, ce qui signifiequ’en présence de rendements non constants dus à la présence d’externalités, on attribue à la productivité des fac-teurs l’effet des externalités ; il est bien sûr possible de choisir une fonction de production à rendements croissantsou décroissants. Mais, dans tous les cas, cela nécessite au départ de fixer l’hypothèse voulue, en donnant unevaleur à ce paramètre ;
(ii) les valeurs de la part du capital et du travail dans la valeur ajoutée de l’économie qui doivent être fixées. Pour leséconomies développées, cela ne pose guère de problème : on mesure relativement bien le stock de capital dispo-nible à un moment donné dans une économie donnée, ce qui permet de connaître la part du capital (notée tradi-tionellement α) avec peu d’incertitudes. En pratique, elle varie entre 0,3 et 0,5 selon les pays. Mais, dans le casdes pays en développement en général et des PM en particulier, les mesures du stock de capital sont peu fiables,ce qui induit une grande incertitude sur la valeur du paramètre.
Or, il a été démontré que de légères différences dans les hypothèses précédentes peuvent entraîner de très importantesdifférences dans les résultats. Ainsi, la Banque Mondiale a calculé la croissance annuelle de la PGF pour la Corée au coursde la période 1960-1997 selon diverses hypothèses (Cf. World Bank Premnotes n°42, septembre 2000). En supposantdes rendements décroissants (paramètre 1 à 0,8) et une part du capital identique à la valeur traditionnellement utiliséepour les pays en développement (paramètre 2 à 0,3), le résultat obtenu est une croissance annuelle de la PGF de 3%.Mais, en supposant des rendements croissants (paramètre 1 à 1,2) et une part du capital plus élevée (paramètre 2 à0,5), le résultat obtenu est complètement contraire : la PGF aurait décru de 1,4% par an dans la même période.
Il est alors clair que les hypothèses faites sont essentielles. Pourquoi, par exemple, les rendements d’échelles ne seraientpas constants ? Parce que la concurrence n’est pas parfaite, ce qui est très plausible dans les pays en développement.De même, lorsque l’on se livre à une approche comparant plusieurs pays, une troisième série d’hypothèses doivent êtrefaite sur les différences dans la valeur des paramètres en chaque pays. Par exemple, dans les PM, on peut supposer quela valeur du paramètre α (la part du capital) est identique, c’est-à-dire qu’ils emploient tous peu ou prou la même tech-nologie. Comme le montre le tableau suivant, l’Algérie aurait largement dépassé le Maroc en termes performance. Mais,si l’on suppose que le paramètre est différent pour chaque pays (c’est-à-dire qu’il y a une différence dans la technolo-gie employée), le résultat s’inverse là encore.
La limite de cette méthode est que les erreurs statistiques qui sont faites aussi bien dans la mesure des valeurs descoefficients que des variables de stock de capital ou de travail déterminent la valeur finale de la PGF. La robustesse desrésultats présentés a donc été éprouvée à partir de la cohérence des valeurs produites par différents auteurs et à par-tir de données différentes.
Néanmoins, on peut tirer quelques enseignements de plusieurs estimations menées dans les PM :
(i) Tous les PM ont une PGF négative sur la période 1981-1990, c’est-à-dire pendant la période de retournement desprix du pétrole et d’entrée dans une phase de ralentissement économique important.
(ii) La contribution des facteurs à la croissance s’est modifiée pour tous les PM en faveur du travail. En Jordanie et enTurquie, l’accumulation du capital contribue toujours de manière supérieure, mais l’écart s’est réduit. Pour lesautres, la contribution du facteur travail à la croissance est devenue plus grande que celle du capital dans la pério-de 1991-1997, alors que c’était l’inverse pour la période 1970-1980. Cela illustre bien le fait qu’ils ont mis l’accentsur l’absorption des nouveaux entrants sur le marché ;
(iii) Mais, comme on l’a souligné auparavant, ce mouvement a pesé sur la compétitivité dans bien des cas. La crois-sance de la PGF est devenue négative sur la période 1991-1997 pour la Turquie et le Maroc alors qu’elle était posi-tive sur la décennie antérieure. La Jordanie et l’Algérie subissent une croissance de la PGF négative depuis au moinsdeux décennies.
Source et calculs : Sekkat (2002).
Pays Période Taux de croissance Contribution à lacroissance (αα=0,54pour tous les pays)
Contribution à lacroissance (αα différentpour tous les pays)
Production Capital Travail Capital Travail PGF Capital Travail PGFAlgérie 1960-80 6,73 7,04 2,52 3,80 1,16 1,77 4,93 0,75 1,04
1981-90 2,46 4,87 3,73 2,63 1,72 -1,88 3,41 1,12 -2,061991-97 0,83 1,02 4,27 0,55 1,96 -1,68 0,71 1,28 -1,16
Egypte 1960-80 6,77 7,95 2,20 4,29 1,01 1,46 4,53 0,94 1,291981-90 4,93 8,75 2,52 4,73 1,16 -0,95 4,99 1,08 -1,141981-97 4,86 1,28 2,84 1,23 1,31 2,32 1,30 1,22 2,33
Jordanie 1960-80 5,76 10,95 3,22 5,91 1,48 -1,63 6,57 1,29 -2,101981-90 3,19 6,99 5,04 3,78 2,32 -2,90 4,19 2,02 -3,021991-97 4,18 8,20 6,00 4,43 2,76 -3,00 4,92 2,40 -3,13
Maroc 1960-80 5,87 8,25 2,71 4,45 1,25 0,17 2,97 1,73 1,161981-90 3,57 4,95 2,46 2,67 1,13 -0,23 1,78 1,57 0,221991-97 2,36 3,59 2,61 1,94 1,20 -0,78 1,29 1,67 -0,60
Tunisie 1960-80 6,61 6,48 2,84 3,50 1,31 1,81 4,99 0,65 0,971981-90 3,72 4,60 2,78 2,48 1,28 -0,04 3,54 0,64 -0,461991-97 4,30 3,92 2,96 2,12 1,36 0,82 3,02 0,68 0,60
Turquie 1960-80 5,18 7,60 1,42 4,11 1,65 0,42 4,71 0,54 -0,081981-90 5,35 4,63 2,59 2,50 1,19 1,65 2,87 0,99 1,491991-97 3,96 5,48 3,14 2,96 1,44 -0,45 3,40 1,19 -0,64
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√ la troisième est les synergies (externali-
tés) qui peuvent être développées sur
des espaces données entre firmes avec
l’incitation des pouvoirs publics,
√ la quatrième est l’amélioration continue
de la qualité des facteurs de production
et, en particulier du travail, par le déve-
loppement du niveau de formation, l’adé-
quation de la formation aux emplois, la
formation tout au long de la vie.
Sur ces différents points, les PM sont claire-
ment en retard aujourd’hui et devront faire
un effort considérable s’ils veulent pouvoir
pénétrer dans le cercle vertueux d’une crois-
sance fondée sur l’augmentation de la pro-
ductivité et de la distribution de revenus.
C’est à ce prix qu’un régime de croissance
permettra d’absorber l’augmentation de la
population active.
Le Femise considère que la stratégie d’ouver-
ture et de libéralisation suivie est la bonne
stratégie dans la mesure où elle touche
directement au comportement des acteurs.
Bien que nécessaire pour créer nombre d’ex-
ternalités (notamment par la qualité des
biens publics, en matière d’éducation deEncadré 4 : La croissance endogène
Rapidement résumée, l’idée théorique récurrente de cette famille de modèle (basé sur les travaux Romer 1986, 1990[a])n’est pas une remise en cause du modèle canonique de Solow, mais une extension : au niveau microéconomique, c’està dire au niveau des agents, la fonction de production conserve sa forme et ses propriétés. Notamment, les rendements,à l’échelle de chaque firme, restent non croissants, ainsi que la productivité marginale du capital. De fait, il existe tou-jours un équilibre de long terme et l’on préserve les bases microéconomiques théoriques au niveau de la fonction deproduction. En repartant du modèle de Solow, Y=AKαLβ avec α+β≤1.
Mais, il existe dans la fonction agrégée, c’est à dire au niveau de l’économie toute entière, des externalités positives quisont sources de rendements croissants. Dans les travaux initiaux de Romer, chaque firme profite en fait du capital desautres firmes, par exemple par diffusion des bonnes pratiques, etc. En revenant sur une fonction de production théo-rique, au niveau de l’ensemble des firmes Y=AKαLβXχ avec α+β+χ>1.
Néanmoins, pour les firmes et les autres agents, ces externalités n’entrent pas dans leur processus d’optimisation. Enclair, ils ne perçoivent pas l’intérêt dont ils bénéficient du fait de ces externalités. L’économie atteint bien un équilibre,mais il est sous optimal. Si en effet un « planificateur social », pour reprendre les termes généralement utilisés, inter-vient pour accroître le niveau de l’externalité, soit en subventionnant ses composantes, soit en taxant ses substituts,etc., un nouvel équilibre est atteint où le nouveau taux de croissance de long terme atteint est plus élevé.
La situation actuelle est, en fait, assimilable à un problème d’hystérésis, ce que D’autume et Michel (1993) appellentune trappe de non développement. L’idée est simple : la présence d’externalités, sources potentielles de croissance, nefait pas de doute, mais leur impact sur le niveau de la croissance est soumis à un effet de seuil. En deçà de ce seuil,l’économie demeure sur un sentier de croissance stable mais faible (point E1 dans la figure 4). Lorsque le niveau d’ex-ternalité atteint ou dépasse un certain seuil (K2), les effets positifs jouent et l’économie se dirige vers un niveau decroissance de long terme plus élevé.
Autrement dit, il existe un certain nombre d’actions « publiques » et d’interactions qui modifient l’équilibre de long termeet le situe à des niveaux plus élevés.
Trappe de non développement et seuils d’externalité D’après d’Autume et Michel 1993
[a] Cf P. ROMER, "Increasing returns and long-run growth", Journal of Political Economy n°3, vol. 94, octobre 1986,pp.1002-1037 ; ROMER P., "Are nonconvexities important for understanding growth", American Economic Review n°2,vol. 80, mai 1990, pp.97-103.
-23-
recherche et de formation), l’action de l’Etat
est trop contrainte et trop soumise aux fluc-
tuations cycliques pour être le principal
moteur de ces évolutions.
b- Accélérer la mise en œuvre des
réformes nécessaires pour modifier le
régime de croissance
La transition vers une économie de marché
réclame, en premier lieu, la mise en place
d’un cadre légal et institutionnel qui offre les
conditions d’un fonctionnement efficace des
marchés et permet aux acteurs de la société
civile d’agir au mieux de leurs intérêts. Ils
doivent particulièrement renforcer la stabilité
et la prédictibilité de l’environnement socio-
économique.
De ce point de vue, la simple modification
idéologique ne suffit pas à réussir la transi-
tion. Il apparaît qu’une certaine tradition et la
familiarité avec l’économie de marché aident
au processus. Là, certains PM comme le
Liban, le Maroc, la Syrie ou la Tunisie, dispo-
sent d’un avantage, parce qu’ils sont intégrés
dans les échanges pendant des siècles.
L’esprit commercial des phéniciens encore
présent y permettra une transition plus aisée
que dans d’autres pays qui n’ont guère connu
d’épisodes d’ouverture.
Toutefois, la transition vers le marché moder-
ne et l’adoption des réformes économiques
nécessaires ont été lentes dans la région, ce
qui a pesé sur les performances en termes de
croissance. Les infrastructures légales sont
encore en construction. Les domaines des
échanges, de l’investissement, de la concur-
rence, du droit des sociétés et du droit fiscal
sont eux aussi en cours d’adaptation et de
mise à jour. Les privatisations se font à un
Encadré 5 : Dépenses publiques et croissance : y a t’il une « taille optimale » de l’Etat ?CEMAFI, université de Nice, France.
En s’inspirant d’une approche théorique développée pour le cas des USA fin des années 90, par R.K. Vedder et L.E.Gallaway (1998), la relation entre la « taille » de l’Etat et la croissance économique a été étudiée en Tunisie, sur lestrois dernières décennies afin de voir si, pour ce pays, il était possible d’observer la « présence » d’une Courbe d’Armey(Cf. R. Armey, 1995). La construction de la « Courbe d’Armey » repose sur l’idée selon laquelle, lorsque les dépensespubliques sont faibles (ou en tous cas inférieures à un certain volume), un certain nombre de biens publics (ou de ser-vices publics) considérés normalement comme fournisseurs d’externalités positives favorables au développement dusecteur privé, le niveau du Produit global ou bien le taux de croissance de l’économie est faible ; réciproquement, lorsquele niveau des dépenses publiques est très élevé, le poids de l’Etat dans l’économie est excessif et celui-ci, détournantune trop grande quantité de richesses à son profit, pénalise le secteur privé qui ne dispose pas de moyens suffisantspour accumuler assez de ressources lui permettant d’assurer une bonne croissance économique. D’où l’idée de l’exis-tence d’un seuil de dépenses publiques G, repérable en proportion du P.I.B, qui déterminerait la proportion (G/PIB) opti-male compatible avec l’output (ou le taux de croissance) maximal.
L’idée de base de cette vision est que l’on puisse justifier le tracé d’une courbe du type ci-dessous reliant la variableexplicative (G/PIB) en abscisse à la variable expliquée (une variable « mesurant » la croissance, O pour le PIB ou g%son taux de croissance) en ordonnée.
La méthode retenue de détermination de ce seuil est une méthode économétrique qui a permis d’obtenir les meilleursajustements pour la Tunisie et pour la période 1968 à 1997, avec la relation suivante :g%= a + b (G/PIB)+ c(G/PIB)2 + d. Infl. +e. (Ip/PIB)+ g.(X*/PIB) + h.(T/PIB) + j.((G-T)/PIB)expression dans laquelle G désigne les dépenses publiques courantes, Infl. le taux d’inflation, (Ip/PIB) la part des inves-tissements privés dans le PIB, X* la croissance des exportations, (G-T) le déficit public. Le meilleur ajustement donne : g%= -0,52 + 3,26 (G/PIB) - 4,65 (G/PIB)2 + ... ce qui donne une estimation de l’ordrede 35% pour le seuil « idéal » recherché. Cet ordre de grandeur pour la Tunisie paraît tout à fait crédible, compte-tenudu rôle important joué par l’Etat dans l’activité économique.
Recherche financée par le Femise et dirigée par le CEMAFI, université de Nice, France. Référence FEM21-39Titre : Dépenses Publiques, Croissance et Soutenabilité des Déficits et de la Dette Extérieure : Etude du Rôle de l'Etat dans six PaysMéditerranéens Partenaires de l'Union Européenne (Egypte, Israël, Liban, Tunisie, Turquie)Date prévue de fin des travaux : avril 2004
-24-
rythme lent et ne concernent généralement
que certains secteurs, et pas forcément ceux
où cela serait le plus productif (Femise,
2003). Un index des réformes structurelles[2]
dans les PM (restreint à l’Egypte, la Jordanie,
le Maroc et la Tunisie) indique bien une inten-
sification des réformes dans la deuxième moi-
tié des années 90, insuffisante toutefois rela-
tivement à l’Europe de l’Est et à l’Asie centra-
le, en retard dans les années 80, en avance
aujourd’hui (Dasgupta et Keller, 2002).
Malgré l’intention affichée de s’ouvrir et de
s’intégrer dans une économie globale, le
retard institutionnel pris peut entraver le
mouvement. Illustration de ce retard, cer-
tains PM n’ont pas modifié leurs constitutions
depuis des lustres, malgré les changements
dans le monde. Ainsi, selon sa constitution
l’Egypte reste encore aujourd’hui dans un
système de démocratie socialiste. Plus géné-
ralement et relativement aux autres sys-
tèmes, ces constitutions donnent un pouvoir
plus important à l’exécutif vis-à-vis des sys-
tèmes judiciaire et législatif.
Au demeurant, certaines facettes des sys-
tèmes socialistes mis en place ont été impor-
tantes pour les PM. Il en est ainsi, comme on
l’a souligné, de l’emploi public ou des sub-
ventions. Cela a permis le développement de
progrès réels dans la sphère sociale et la sta-
bilité politique, même si cela s’est fait au
détriment de l’efficacité des marchés. Mais,
la majorité des PM faisant le choix de la libé-
ralisation de leur économie et du retrait de
l’intervention de l’État dans certains secteurs
se pose la question du rôle des gouverne-
ments dans le bien-être des sociétés.
Dans les PM, comme dans de nombreux
autres pays en développement, les réformes
institutionnelles ne font que suivre les
réformes politiques avec un certain retard.
Sur la base d’une sélection d’indicateurs de
gouvernance concernant 8 PM (tableau 8),
on remarque que :
(i) la situation est relativement bonne et
comparable au sein des pays en termes
de « lois et ordre public » —indicateur
qui mesure la perception de l’impartiali-
té et du respect des systèmes judi-
ciaires— à l’exception du cas algérien.
Le Maroc, la Tunisie et la Syrie affichent
de très bonnes performances ;
(ii) ce n’est pas le cas en ce qui concerne les
indicateurs de « force de la loi » et « d’ef-
ficacité des gouvernements » : le score
est médiocre en Algérie, Liban et Syrie ;
Tableau 8 : Sélection de critères de gouvernance dans les PM
Lois et ordrepublic (1)
2001
Force de la loi(2)
2000-01
Efficacité desgouvernements
(2)2000-01
Indice deperception de lacorruption (3)
2001
Corruption (2)2000-01
Algérie 2 -0,97 -0,81 na -0,62Egypte 4 0,21 0,27 3,6 -0,16Jordanie 4 0,66 0,42 4,9 0,09Liban 4 -0,05 -0,02 na -0,63Maroc 6 0,46 0,10 na 0,44Syrie 5 -0,52 -0,81 na -0,83Tunisie 5 0,81 1,30 5,3 0,86
Source : UNDP 2002, Human Development Report. Notes : (1) Source : the International Country Risk Guide (mesure variant entre 0 et 6, 6 étant lameilleure situation).(2) Indicateurs subjectifs de la qualité de la gouvernance fondés sur des enquêtes menées par laBanque Mondiale (variant de –2,50 à 2,50, 2,5 étant la meilleure situation). La « Force de la loi »mesure la prédictibilité de la justice et le coût engendré par les crimes et délits. « L’efficacité des gou-vernements » mesure la qualité des administrations, les coûts de transaction, la qualité du systèmepublic de santé et la stabilité des gouvernements. (3) Source : indice de perception de la corruption de Transparency International (l’échelle varie de 0 à10, 10 étant la meilleure situation). na : non disponible.
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(iii) les mesures de la corruption dans les
administrations et le système judiciaire
semblent constituer une entrave aux
affaires en Algérie, au Liban, en Syrie,
voire en Egypte. La Tunisie et le Maroc
et la Jordanie sont épargnés par le
phénomène ;
(iv) la Tunisie a de bons scores dans tous les
critères (dépassant tous les PM), particu-
lièrement dans l’efficacité du gouverne-
ment, la positionnant parmi les pays à
hauts revenus et fort développement
humain. Le Maroc et la Jordanie réalisent
aussi de bonnes performances générales.
Encadré 6 : Les institutions intermédiaires pour la croissance des processus de gouvernance dans les Partenaires Méditerranéens.
Istituto di Studi sulle Società del Mediterraneo (ISSM-CNR), Italie.
Une réflexion générale concernant le rôle des gouvernements nationaux, dans le cadre de la globalisation et des poli-tiques de décentralisation, a initié de nouvelles approches qui dépassent la conception hiérarchique de l’Etat, fondée surle principe de l’autorité. Selon ces approches, la multiplication des acteurs et des niveaux de négociation -internatio-nal, national et local- implique un nouveau modèle de gouvernement, qu’on appelle gouvernance ou nouvelle gouver-nance ou bonne gouvernance, fondée sur des structures organisées d’interaction et de partenariat qui caractérisent deplus en plus les sociétés locales. Si le débat sur ces questions est fréquent dans les pays industrialisés, la connaissancedes structures et des stratégies de gouvernance dans les Pays en développement est plutôt faible. En effet, concer-nant ces pays, il y a peu d’analyses visant à évaluer soit les effets des réseaux sur la gouvernance, soit le rôle des« institutions intermédiaires ».
Le but du projet est d’évaluer l’efficacité des stratégies de gouvernance et l’implication de façon participative des insti-tutions intermédiaires dans la conception et dans la réalisation des stratégies de développement économique des PM.
On ne peut pas considérer la gouvernance comme un processus simplement local - c’est à dire l’exercice de l’autoritépolitique, économique et administrative pour la gestion des affaires locales. Il s’agit plutôt d’un processus multi-niveauxqui se développe à travers des réseaux territoriaux et fonctionnels : les réseaux politiques transversaux, la superposi-tion d’organismes techniques, les coalitions de distribution et les groupements organisés au niveau international, natio-nal et local. Utilisant le concept de gouvernance comme « un ensemble hétérogène de méthodes et de pratiques aptesà créer un modèle multi-niveau d’action collective qui se base sur l’interaction parmi une pluralité d’acteurs qui n’ap-partiennent ni au gouvernement ni au secteur public », le projet INGO-MED considère les mécanismes, les processus etles institutions à travers lesquelles les décisions collectives sont prises et implantées, mais aussi les citoyens, les grou-pements et les communautés qui suivent leurs idées, articulent leurs intérêts, exercent leurs droits, réalisent leurs obli-gations et concilient leurs différences. En général, la définition de gouvernance comme un ensemble varié de modèlesd’actions et de façons d’organisation pour l’exercice du gouvernement, avec des règles négociées, basé sur l’interdé-pendance des organisations et des réseaux, suppose un niveau significatif d’indépendance des réseaux à l’égard de l’Etat(Rhodes, 1997). Mais, dans ce cas, le public demeure l’institution de coordination. Il faut souligner en outre que la par-ticipation, le partenariat et l’implication des communautés accroissent la transparence, la responsabilisation, larecherche de consensus et l’équité. Les réseaux politiques [a] se situent dans ce contexte. Mais, quels sont les méca-nismes de relation, de décision et d’action parmi les différents acteurs ?
Les institutions intermédiaires jouent aussi un rôle efficace, en agissant comme des partenaires-clef des gouvernements,dans leur transition vers des formes décentralisées de gestion du pouvoir. Ces institutions, parmi lesquelles opèrent plu-sieurs acteurs, se placent dans une « méso-dimension » avec un rôle de connexion et de médiation entre deux entitésprincipales : l’Etat et l’individu. Dans ces organismes « méso-dimensionés », les relations personnelles et distinctif co-existantes et produisent un mélange de relations flexibles permettant à ces organismes d’agir comme de puissantsmécanismes d’équilibre des tensions entre le niveau macro et le niveau micro (Arrighetti & Serravalli, 1999). Leur exis-tence rend possible, d’un côté, le contrôle, la rationalisation et la planification des processus de reproduction des rela-tions économiques, sociales et politiques sur une large échelle (nationale et internationale) et, d’autre côté, la garantied’une certaine efficacité dans un contextes opérationnel.
Dans le but d’obtenir des indicateurs des processus de gouvernance, le projet INGO-MED considère deux processus spé-cifiques verticaux : (i) la gestion des services publics, en particulier la gestion des ressources hydriques,(ii) la diffusion de l’innovation. Lepremier, lié au concept des biens commun partagés, peut être représenté comme un flux du général au particulier : desressources d’eau aux utilisateurs. Le second,le processus d’innovation, démarre au contraire du niveau individuel, pourdevenir innovation partagée par la société. C’est ainsi que ces deux flux différents peuvent indiquer l’évolution de la gou-vernance dans des contextes différents.
Concernant le premier processus, il existe des fortes relations entre les aspects institutionnels, politiques et le marché.Les changements institutionnels et économiques ont entraîné une évolution des entreprises « publiques », basées surles principes d’efficacité technique, vers des entreprises « spéciales », toujours publiques mais caractérisées par l’étatjuridique, le haut niveau d’organisation et de flexibilité visant non seulement l’efficacité quantitative et qualitative maisaussi l’efficacité économique.
Le marché des services publics a été d’abord analysé à travers trois modèles différents : 1) les appels d’offre, renforçant la compétition parmi acteurs locaux et étrangers pour améliorer les services publics
locaux ;2) la stratégie du « project financing » (le financement de projet), qui implique des mécanismes de coopération parmi
les secteurs public et privé ;3) la division des différentes filières de services locaux parmi plusieurs contacteurs, chacun assurant le maximum de
l’efficacité dans son domaine.
-26-
D’après ces modèles de marché, la gouvernance a été définie comme un « mécanisme conjoncteur », visant à la défi-nition des rôles des différents acteurs des processus de co-production des services locaux et de la gestion des servicesmêmes : les autorités locales, les entreprises, les utilisateurs et les associations d’utilisateurs, les groupes d’intérêt, lessyndicats, etc. Dans ce cas, la recherche analyse l’ensemble des outils et des mécanismes supportant l’intégration parmiles autorités locales et les autres acteurs. Les éléments clefs de ce processus sont les relations interactives parmi lesacteurs impliqués, mais aussi la connaissance intérieure et les possibilités d’innovation de production. En particulier, lessynergies de marché - associées à la politique des infrastructures - se basent sur une logique de réseau que permet unemeilleure gestion des services publics de qualité. Cette approche souligne le rôle crucial des systèmes territoriaux dansle développement de la confiance et de valeurs partagées par les acteurs économiques, institutionnels et sociaux.
Le modèle de gestion satisfaisant ces conditions c’est l’entreprise « multi-services » ou « multi-utility ». Ce modèle peutfournir simultanément le gaz, l’eau, l’électricité, la collecte et le traitement des ordures et d’autres services. Sa struc-ture d’entreprise peut bénéficier d’économie d’échelle liée à la structure de la production et à la dimension de l’organi-sation, mais aussi des économies de diversification et d’autres dues à la complémentarité des technologies.
Concernant la diffusion des processus d’innovation, la recherche se place dans le modèle de réseau, selon lequel un sys-tème productif local compétitif se caractérise par une pluralité de relation intégrées. sur ce point figurent parmi lesmodèles théoriques de références les Milieux Innovateur [Camagni, 1995], les Systèmes Nationaux et Régionauxd’Innovation [Nelson R., 1993; Braczyk H.J., 1998; Castro E.A., 1998, Cooke P., 1997; Lundvall B.A., 1988, 1992, 2002]et le récent modèle « Triple Hélice » [Etzkowitz H., 2000; Leydesdorff L.,1998, 2001]. Ils sont mobilisés pour expliquer,dans une perspective de réseau, les connexions parmi la diffusion de la connaissance (parmi une variété d’acteurs dif-férents) et les processus d’innovation. Le rôle de la connaissance formelle et informelle et aussi important, en tant queressource cruciale des processus de production et d’interaction pari acteurs différents (Kline et Rosemberg, 1986;Mansel et When, 1998; Rubenson et Schuetze, 2000)
A partir d’une approche de réseau, combinant la théorie de la croissance endogène avec l’hétérogénéité des modèles decroissance extérieure, il apparaît que les institutions intermédiaires ont une importance cruciale pour la diffusion de l’in-novation dans des contextes sociaux caractérisés par une gouvernance avancée. En supposant d’une part que les exter-nalités économiques spatiales, liées à l’hétérogénéité technologique et au processus de diffusion de l’innovation, peu-vent encourager des processus de convergence entre les régions les plus avancées et les autres, d’autre part que la fai-blesse de ce processus dépend des obstacles politiques ou de marché qui réduisent les effets de « spill-over » des pro-cessus de diffusion de l’innovation, il est clair que le développement de la gouvernance et des stratégies de réseaudeviennent un enjeu important : le développement des systèmes productifs locaux et régionaux peut être stimulé parla création de réseaux d’innovation et de connaissance. Le rôle du gouvernement devient celui de facilitatrut : une forcecatalytique qui renforce la condition innovatrice des responsabilités et qui produit des environnements aptes à amélio-rer l’efficacité des individus et des partenaires dans la réalisation de leurs objectifs.
Dans la région Méditerranéenne, les façons d’interaction des institutions internationales, nationales et régionales ne sontpas encore bien connues, en particulier en ce qui concerne les processus de diffusion de l’innovation dans les systèmesproductifs locaux. Leur appréhension doit permettre d’établir des indications et des suggestions pour l’implantation depolitiques économiques destinées à avoir un impact sur les processus de diffusion de l’innovation dans les PM parte-naires de l’Union Européenne. Une séléction de cas d’étude dans les régions du Maghre doit permettre l’analyse empi-rique des opportunités et des obstacles du développement local dans ces pays.
Notes :[a] : Par “réseaux politiques” nous entendons une gouvernance caracterisée par des rélations sociales plus ou moins stables pari les acteurs,concernant des problèmes spécifiques ou(et des programmes politiques. (Kickert et all, 1997 b)
Recherche financée par le Femise et dirigée par l’Istituto di Studi sulle Società del Mediterraneo (ISSM-CNR), Italie. Référence FEM21-36Titre : Intermediate Institutions for the Growth of "Governance" Processes in the Mediterranean Partner CountriesDate prévue de fin des travaux : avril 2004
La protection des droits de propriétés néces-
site encore des améliorations
Une bonne gouvernance doit assurer non
seulement l’existence de la propriété, mais
également la protection de ces droits et l’ap-
plication des textes (World Bank, 2002). Le
fait de passer d’une économie socialiste à
une économie de marché nécessite la créa-
tion d’un environnement libre pour contrac-
ter, imposant une profonde révision de la
législation voire sa création (Nestor, 2001).
Le système doit en premier lieu réviser le
cadre de la propriété foncière, sujet encore
délicat dans la région (Morisset et Neso,
2002). Certes, les anciens risques de natio-
nalisation/confiscation ont maintenant dis-
paru, grâce à des modifications constitution-
nelles et à la mise en place de garanties
dans les textes sur les lois d’investissement
(par exemple, des articles de la loi n°8 de
1997 en Egypte ou la loi 16 de 1995 en
Jordanie interdisent la nationalisation ou la
confiscation de la propriété privée –Radwan,
1999). Mais, parfois encore interdite ou
sujette à des restrictions pour les non rési-
dents, particulièrement dans le cas des
terres agricoles, elle reste empreinte d’une
bureaucratie particulièrement lourde et
-27-
longue, ce qui entraîne la préférence des
investisseurs pour la location. Ainsi, en
Jordanie, l’acquisition foncière, la mise en
place de l’entreprise et la connexion des
locaux aux principaux services nécessitent
36 étapes procédurières qui représentent
une durée évaluée à 89 jours ouvrables et
un coût estimé à 11 281 dollars (Ibid 2001 ;
Cf. tableau 9). Si le Maroc offre un nombre
de procédures et un coût sensiblement
moins importants relativement à la Jordanie
comme à la majorité des autres pays en
développement, la durée reste bien excessi-
ve en regard des standards dans les pays
développés (278 jours ouvrables).
Le problème des droits de propriété a été l’ob-
jet d’une recherche menée en Asie, Afrique,
Moyen-Orient et Amérique Latine par
Hernando De Soto, montrant que l’incapacité
de certains pays à atteindre un niveau de
développement capitalistique comparable à
celui des économies avancées peut s’expliquer
par les défauts dans le système des droits de
propriété. Elle indique notamment que, malgré
la mise en place de droits formels dans les
pays en développement et les anciennes éco-
nomies socialistes, le cadre ne protège pas la
propriété des « pauvres », transformant leurs
actifs en « capital mort ». Or, le montant des
actifs des « pauvres » en Egypte par exemple,
correspondrait à 55 fois la somme des IDE, des
recettes du Canal de Suez et du Aswan Dam
(De Soto, 2000). De plus, on peut estimer que
la valeur du foncier non documenté atteint 240
milliards de dollars. De tels montants situent
l’enjeu d’un système de propriété efficace.
Un autre problème fréquent dans les pays en
développement est la protection de la pro-
priété intellectuelle. Conformément aux obli-
gations nées de leur appartenance à l’OMC,
la quasi-totalité des PM ont introduit des dis-
positions de reconnaissance et de protection
de ces droits dans leur législation. Mais,
comme cela a été souligné dans les précé-
dents rapports du Femise, c’est la mise en
application des lois qui semble poser problè-
me si l’on en croît les guides d’investisse-
ments ou certaines associations profession-
nelles des économies développées. Il faut sur
ce point noter le développement qu’ont
connu les investissements dans les secteurs
pharmaceutiques et de hautes technologies
en Jordanie après le durcissement de la loi
sur la propriété intellectuelle (EIU, 2003).
L’environnement des affaires souffre surtout
du fait des administrations
Malgré une amélioration intensive des légis-
lations concernant les IDE dans la dernière
décennie, le même constat se renouvelle
chaque année sur leur niveau insuffisant et le
déclin de l’attractivité de la région.
Pourtant, une enquête auprès des milieux
d’affaires égyptiens indiquait que la législa-
Tableau 9 : Barrières administratives à l’acquisition foncière
Accès ausite (1) ;1999
Nombre deprocédures
Durée (joursouvrables)
Coût (USdollar)
Jordanie 36 89 11 281Maroc 16 278 1 149
Moyenne* 31 334 4 723Minimum* 13 45 47Maximum* 125 985 22 523
Source : d’après Morisset et Neso, 2002.(1) Comprend l’accès au terrain, l’installation du site et la connexion aux principaux réseaux.* Calculés sur les 32 pays de l’étude.
-28-
tion et les incitations concernant les investis-
sements étaient le facteur le moins restrictif
pour mener à bien les activités (Handoussa
et Abou Shnief, 2001).
Mais, mettre en place des exemptions de
taxes et autres dégrèvements fiscaux ne
constitue ni le seul, ni le meilleur moyen pour
attirer les investissements. Ainsi, parallèle-
ment au résultat précédent, il apparaît que
l’administration fiscale est souvent citée par
le secteur privé comme l’élément le plus
contraignant pour son développement
(Handoussa et al, 2000), alors même que le
niveau des prélèvements fiscaux et des taux
sur les revenus sont faibles en proportion du
PIB relativement aux standards internatio-
naux. Les problèmes cités concernent géné-
ralement la juridiction de la fiscalité des
sociétés, la détermination de la base fiscale,
la structure des taux d’imposition et le
manque de coordination de la fiscalité sur les
sociétés au niveau national, régional et inter-
national (ibid, 2000).
De fait, ce sont les barrières administratives,
entravant autant l’entrée que la sortie des
marchés, qui sont maintenant le principal
obstacle dans les PM, comme le suggère une
étude de Morisset et Neso (2002).
Certes la situation est comparable à celle de
la moyenne des pays en développement,
mais elle reste éloignée de ce qu’il faudrait
pour améliorer l’attractivité différentielle de
la région. D’autres secteurs de l’administra-
tion sont également considérés comme peu
facilitateurs, notamment les douanes : en
Algérie par exemple, le dédouanement
nécessite une durée moyenne de 16 jours, à
comparer avec les 3 jours nécessaires au
Maroc (depuis la refonte du système), les 8
jours nécessaires en Chine, les 11 jours
nécessaires en Inde (ERF, 2003).
Sur ce point, il est certain que la mise en
place de certaines mesures dans le cadre du
partenariat pourrait être bénéfique, notam-
ment l’introduction du document unique de
l’Union Européenne (Ghesquiere, 1998).
Certains PM ont adopté une attitude proacti-
ve dans la simplification des démarches et
l’amélioration des administrations. Au Maroc,
des Centres Régionaux d’Investissements
(en fait des « guichets uniques ») vont être
mis en place dans tout le pays en vue de
décentraliser et d’améliorer les procédures
d’enregistrement et de démarrage d’une acti-
vité (EIU, 2003). De même, la récente expé-
rience marocaine en matière de douane doit
être considérée comme un exemple dans la
région. Enfin, une amélioration notable de la
procédure administrative en matière d’inves-
tissement a suivi la mise en place des gui-
chets uniques en Tunisie (EIU, 2002).
Tableau 10 : Barrières administratives à l’investissementNombre de procédures Durée (jours ouvrables) Coût(US
dollar)1999 Entrée1 Opérations2 Entrée1 Opérations2 Entrée1 Opérations2
Egypte 10 - 52 - 943 -Jordanie 15 12 60 - -Maroc 12 5 91 63 255 1 981Tunisie 7 - 39 - 286 -
Moyenne* 11 11 68 41 504 756Minimum* 2 2 18 8 80 10Maximum* 29 26 187 122 3 040 3 186
Source: d’après Morisset et Neso, 2002.Notes : 1. Comprend l’enregistrement légal, statistique, déclaration d’embauche, de retraite ou fiscale.
2. Comprend les obligations opérationnelles d’import-export, le contrôle des changes, le paie-ment des taxes ou les inspections des services de santé ou du travail. * Calculés sur les 32 pays de l’étude.
-29-
Autres priorités à l’agenda, le cadre de la
concurrence et les tribunaux
Ces dernières années ont connu une forte
croissance des fusions-acquisitions transna-
tionales. Ce mouvement entraîne la nécessi-
té d’accroître les possibilités de contrôle et de
surveillance des acquéreurs internationaux.
Assurer la transparence et réguler l’activité
des cartels permet de mieux protéger les
sociétés locales. Les lois sur la concurrence
jouent, en effet, un rôle important en limitant
les comportements anti-concurrentiels et les
abus de position dominante.
De telles législations sont également de natu-
re à aider les économies en développement à
se protéger des possibles effets pervers de
certains accords de l’OMC (Hoekman, 1999).
Les interactions entre le commerce et la
concurrence sont au coeur des négociations
de l’OMC depuis 1996, mais il est certain que
la meilleure façon d’œuvrer est d’inclure dans
les lois nationales des dispositions régulant la
concurrence sur le marché domestique.
D’autant que tout accord potentiel dans le
cadre de l’OMC aura un impact sur les PM,
dans la mesure où la grande majorité d’entre
eux est membre de l’organisation. Dans le
cadre de la déclaration de Doha, les pays doi-
vent principalement concentrer leurs efforts
sur la transparence, le principe de non-discri-
mination, l’équité des procédures et les provi-
sions anti-trust. La Tunisie et l’Algérie ont
promulgué des lois sur la concurrence en
1991 et 1995 respectivement. En Egypte, en
Jordanie et au Maroc, ces lois sont encore en
discussion (EIU, 2002 ; FEMISE, 2002).
Sur le plan de la justice, les principes
basiques de rapidité, de transparence,
d’équité du système, de respect des déci-
sions et de mise en application effective de la
législation constituent non seulement des
facteurs importants dans l’attractivité des
économies en développement (Nestor,
2001), mais également les fondements d’un
système démocratique.
Ce que semble indiquer l’expérience dans les
pays en développement est que la complexi-
té des procédures réduit l’efficacité des sys-
tèmes judiciaires, ce que l’on attribue princi-
palement au faible niveau de l’administration
et des ressources humaines, à l’inadéquation
des flux d’information, à la corruption et à la
faible complémentarité des institutions
(Banque Mondiale, 2002). Dans les PM, les
systèmes judiciaires souffrent d’une certaine
lenteur parce qu’ils sont saturés par le
nombre d’affaires, confrontés à la nouveauté
de certains cas et au manque d’infrastruc-
tures techniques adéquates (ERF, 2003).
En Egypte, il n’y a pas de cour dédiée aux
affaires commerciales, mais l’utilisation cou-
rante de la valeur des contrats passés pour
résoudre les conflits a prouvé son efficacité
(Radwan, 1999). Si les performances du sys-
tème jordanien sont généralement bonnes, il
n’existe pas là non plus de cour spécialisée
dans les conflits commerciaux. Au Maroc,
malgré le satisfecit adressé par le FMI à la
réforme judiciaire, des sociétés se plaignent
encore de la prédictibilité de la justice,
comme de la politique économique (EIU,
2001 et 2003). En Egypte, au Liban et au
Maroc, des juges professionnels sont requis
dans les cours de juridiction générale, même
pour traiter des cas aussi simples que l’en-
dettement. Contrairement à d’autres expé-
riences où des juges non professionnels peu-
vent remplir ce rôle, cette obligation accroît
le coût et la durée du traitement des litiges
(Banque Mondiale, 2002).
Le cadre des privatisations
Le processus ne s’est guère développé dans
la région. Au-delà de la forte résistance à
-30-
laquelle il s’est heurté, l’expérience s’est
caractérisée par des changements dans les
stratégies, les techniques utilisées et dans
son élan.
Le bilan sur la période 1990-2000 affiche
près de 20 milliards de dollars de recettes
(hors programme turc), ce qui ne représen-
te qu’une faible part des privatisations réali-
sées par les pays en développement. Et, il
est contrasté selon les pays : Israël et
l’Egypte cumulant 75% de ces recettes (pour
une analyse plus détaillée, Cf. Femise,
2003). De fait, le nombre d’entreprises
publiques qu’il est prévu de céder est enco-
re important : 250 entreprises publiques en
Algérie, 100 en Egypte et au Maroc, 60 en
Tunisie, 20 en Jordanie (Page, 2001).
Doivent s’y ajouter quelques 45 milliards de
dollars de projets d’infrastructures pour le
secteur privé (ibid, 2001).
Dans la plupart des pays en développement
qui ont effectué des privatisations, le résul-
tat a été l’apparition d’un grand nombre de
sociétés importantes. Mais, le processus n’a
pas toujours été accompagné de l’émergen-
ce d’une culture et des structures néces-
saires à l’efficacité du secteur privé (Nestor,
2001). Si les privatisations sont accompa-
gnées voire précédées par les modifications
institutionnelles nécessaires et les politiques
économiques créant la concurrence, elles
ont alors un impact positif sur l’activité éco-
nomique dès les premières étapes (Ran,
2001). C’est ainsi que la Slovénie, la Hongrie
et la Pologne, bien qu’adoptant des
méthodes différentes, ont atteint de fort
taux de croissance.
Au niveau macroéconomique, ces modifica-
tions et ces politiques doivent viser l’efficaci-
té de l’administration fiscale, l’efficacité du
système de supervision du secteur bancaire,
la mise en place de fortes contraintes budgé-
taires, l’ajustement du système de change et
l’indépendance de la Banque Centrale.
Comme on l’a souligné plus haut, un cadre
légal facilitant l’entrée et la sortie du marché,
la promotion de la concurrence, la protection
des droits de propriété et la facilitation des
transactions financières sont également
nécessaires à l’accroissement du rôle du sec-
teur privé dans l’économie (Nabli, 2001).
Selon l’expérience des pays en transition, le
principal obstacle freinant le processus est de
laisser la gestion des entreprises publiques
aux mains des ministères (Nestor, 2001). Il
est clair que les pays dont le processus a été
le plus dynamique sont ceux qui avaient
transféré au préalable le contrôle institution-
nel des entreprises. De ce point de vue, la
meilleure solution semble la création d’une
institution spécialisée gérant l’ensemble des
entreprises qui doivent être cédées.
Malgré l’atonie du processus, les PM ont réali-
sé de nombreux efforts pour relever ces chal-
lenges institutionnels. Les programmes au
Maroc et en Tunisie ont ainsi été associés à
des réformes institutionnelles compréhen-
sibles (Nabli, 2001). La Jordanie a introduit
une loi de privatisation en 2000 qui établit un
« Haut Conseil des Privatisations ». L’Algérie a
démantelé les monopoles publics dans les sec-
teurs du gaz et de l’électricité en y autorisant
les investissements privés (EIU, 2002). De
même, la nouvelle loi algérienne sur les télé-
communications relance le processus, mais, à
l’inverse, le projet autorisant la concurrence
dans le secteur des hydrocarbures, entière-
ment public, a été annulé (EIU, 2003).
IV- Conforter la compétitivité dans les
échanges de biens et services et l’at-
tractivité des capitaux
Compte tenu de l’option choisie de relancer la
croissance par l’ouverture des économies
-31-
méditerranéennes, l’évolution des échanges
de biens et services et l’attractivité de la
région en matière de capitaux et plus parti-
culièrement d’investissements directs étran-
gers sont décisives.
L’appréciation qui peut être portée sur cette
évolution est à la fois un indicateur des per-
formances des systèmes productifs et de l’ef-
ficacité réelle des réformes mises en œuvre.
Plus largement, elle indique comment les
sociétés méditerranéennes se présentent dans
le système marchand mondial, et met en évi-
dence les rigidités dont elles souffrent encore.
Malgré certains progrès indéniables, la diver-
sification des échanges est insuffisante, l’in-
ternationalisation des services est en deçà
des autres grandes régions et l’attractivité
d’ensemble de la zone stagne. Par ailleurs,
l’atonie de la productivité du travail rend
périlleuse pour la compétitivité les augmen-
tations de salaires.
Une des raisons de ces résultats mitigés est
le faible développement des échanges sud-
sud, qui sont très limités par les obstacles
tarifaires et non tarifaires. A cet égard, le
Femise tient à souligner à nouveau l’impor-
tance qu’il y a à accélérer la mise en œuvre
des diverses zones de libre-échange intra-
méditerranéennes.
a- Les échanges de biens : l’ouverture
des PM progresse, particulièrement avec
l’UE, mais les échanges ne sont pas
assez diversifiés
Globalement, les échanges des partenaires
se caractérisent par[3] :
√ Une croissance des échanges de mar-
chandises supérieure à la croissance du
PIB, ce qui a induit une progression des
taux d’ouverture.
√ Une orientation qui privilégie de façon
croissante l’UE. Les exportations des PM
vers l’UE ont augmenté de 7,2% en
moyenne annuelle depuis 1990 contre
4,2% vers le monde ; ainsi la part de
l’UE dans les exportations des PM est
passée de 45% en 1990 à 51% en
2001. Cette situation entraîne deux
conséquences : (i) une faible progres-
sion des échanges intra-zone au sein
des PM (de 4,5% à 5,2 % des échanges
totaux) ; (ii) une accentuation du poids
des branches d’activités pour lesquelles
ils ont des avantages comparatifs dans
les échanges avec l’Union (les PM ven-
dent 68% de leur pétrole dans l’UE,
67% de leurs articles manufacturés tan-
dis que l’UE leur fournit la plus grande
partie des produits chimiques et des
biens d’équipement).
√ Une position commerciale des PM
constamment déficitaire. Ce déficit pré-
sent sur l’ensemble de la décennie (en
moyenne 8,5% du PIB) représente 33
milliards de dollars en 2001.
√ Des avantages coûts encore substantiels
pour les PM. Les partenaires méditerra-
néens sont dans une position favorable
du fait de leur coût relatif en travail qui
constitue encore l’essentiel du coût de
production, compte tenu du niveau de
développement des systèmes productifs
concernés. Toutefois, il est important de
souligner que cet avantage est relative-
ment faible, ce qui le met à la merci de
la concurrence d’autres pays, qui ont
aujourd’hui des coûts plus faibles. De
plus, il dépend pour l’essentiel de la
modération salariale, ce qui le fragilise,
d’autant que les gains de productivité du
travail sont faibles, voire négatifs dans
la plupart des PM. Or, cela renforce
encore l’impact négatif des augmenta-
tions de salaires sur le maintien de la
compétitivité.
-32-
√ Des avantages hors coûts insuffisam-
ment développés et une structure des
exportations souvent trop concentrée.
L’évolution généralement positive du
pouvoir d’achat des exportations et des
termes de l’échange (plus faible) est
liée, pour l’essentiel, à une appréciation
du taux de change réel plutôt qu’à une
amélioration sensible de la qualité rela-
tive des produits. Cela découle d’une
structure d’exportation relativement
mal adaptée à la demande mondiale, et
donc soumise aux aléas des effets reve-
nus et des effets prix. La diversification
des structures d’exportation, appréhen-
dée par le poids des cinq premiers avan-
tages comparatifs dans le total des
exportations fait apparaître nettement
deux grands groupes de pays : un pre-
mier groupe de pays qui sont encore
largement dépendants d’avantages
comparatifs centrés sur l’exploitation
d’une ressource naturelle ou sur une
activité traditionnelle de l’agro-alimen-
taire (fruits et légumes) ou de l’aval
industriel (textiles, habillement, en
général), dans lequel figurent notam-
ment l’Algérie et la Syrie ; un second
groupe de pays déjà fortement diversi-
fiés. Il est important de noter que les
recouvrements des avantages compara-
tifs sont relativement limités (ils tou-
chent essentiellement les textiles, l’ha-
billement et l’agro-alimentaire) et que la
progression de la diversification des
recettes d’exportations a été sensible,
sauf pour les pays dont la ressource
naturelle principale s’est appréciée en
fin de période. Elle apparaît notamment
en Egypte, en Turquie, en Jordanie, en
Tunisie.
√ Un développement des échanges intra-
branches traduisant la différenciation
des produits en progression sensible,
mais encore en retard vis-à-vis d’autres
régions. Ce développement indique à la
fois le degré d’intégration dans les mar-
chés européens et mondiaux et la capa-
cité du système productif à qualifier les
produits dans les grands secteurs indus-
triels, sur une base plus large que le
marché national. Il traduit également
les remontées en gamme qui permet-
tent de survivre à une industrie devenue
moins compétitive sur les coûts. Il est
clair que parmi les conditions qui favori-
sent le développement des échanges
intra-branches interviennent le degré
d’intégration dans le système des
échanges internationaux, les investisse-
ments directs étrangers reçus et la qua-
lité de la main d’œuvre. Comme on a pu
le voir dans le rapport Femise sur l’élar-
gissement, les PM sont en retard de ce
point de vue. Mais, on observe une sen-
sible progression en fin de période
(notamment en Jordanie, au Maroc et
en Egypte). Cette progression peut en
partie être attribuée au partenariat,
dans la mesure où elle est sensiblement
plus nette dans les relations PM/UE que
PM/reste du monde, en particulier dans
les secteurs de l’agro-alimentaire et de
l’habillement.
Le chemin vertueux de la croissance par l’ou-
verture impose de passer d’une compétitivité
fondée sur la faiblesse des coûts en travail à
une compétitivité fondée sur la qualité des
produits et la capacité à s’insérer dans des
segments de marché à partir de produits dif-
férenciés. Le passage d’une forme de compé-
titivité à une autre impose d’obtenir de signi-
ficatifs gains de productivité qui permettront
des augmentations de salaires, et de reve-
nus, ce qui, sur un marché élargi favorisera
les économies d’échelle et attirera des inves-
tissements. Or, les PM n’ont pas su générer
de gains de productivité substantiels qui
auraient pu se traduire par des hausses de
-33-
salaire significatives sans détérioration de
leur position en matière de coûts du travail.
Cette dernière remarque est au cœur de la
problématique de la croissance des PM. Dans
un contexte de croissance forte de la popula-
tion active (près de 3% par an en moyenne
dans un environnement de chômage généra-
lisé), avec un taux de croissance du PIB voi-
sin de 3%, la croissance de la productivité du
travail doit nécessairement être égale à 0 si
l’on veut éviter une augmentation du chôma-
ge (cf. Femise, 2002).
Dès lors, comme il a été dit, ce sont les gains
de productivité globale des facteurs et les
avantages hors coûts qui peuvent être géné-
rés par des démarches qualité/innovation et
des stratégies de marché qui devront pro-
gressivement se substituer à la compétitivité
coûts.
b- Les échanges de services : des avan-
tages comparatifs aujourd’hui limités
dans les services commerciaux
Les exportations de services représentent
une part importante des échanges des PM.
Sur la période 1998-2001, 70% des expor-
tations totales de l’Egypte provenaient des
services, 46% pour la Jordanie, aux envi-
rons de 30% pour le Maroc, la Tunisie et la
Syrie.
Dans le même temps, la part de la valeur
ajoutée des services dans le PIB a générale-
ment cru durant la décennie, dépassant par-
tout les 50% en fin de période. Mais, si le
secteur des services a pris de l’importance
dans la production nationale, cela ne s’est
pas systématiquement traduit par le même
accroissement dans les échanges extérieurs.
En fait, au sein de la zone, seuls le Maroc et
Chypre ont connu une augmentation de la
part des services dans les échanges. Au
niveau régional, l’Egypte est le premier
exportateur de services avec près de 9,5 mil-
liards de dollars en 1999, les exportations
concernant le transport de personnes en
représentant 41%. Malgré des fluctuations
annuelles, le transport de personnes s’est
accru, alors que le transport de marchan-
dises s’est relativement réduit du fait de la
baisse des recettes du Canal de Suez. Le
même type d’évolution a été observé dans
d’autres PM : au Maroc, en Tunisie, en
Jordanie et en Syrie, les exportations dans le
secteur du transport de personnes ont forte-
ment progressé durant les années 90. Le
Maroc et la Tunisie ont réussi parallèlement à
maintenir une évolution croissante des
exportations de transport de marchandises.
En 1999, leurs exportations totales de ser-
vices s’élevaient à 3,1 milliards de dollars
pour le Maroc et à 2,9 milliards de dollars
pour la Tunisie. En 2001, elles atteignent res-
pectivement 4 milliards de dollars et 2,9 mil-
Tableau 11 : La part des services dans les exportations et dans le PIB pour les PMet les AC10
1994-1997 1998-2001 1990 1999Chypre 68,1 74,3 na naEgypte 70,3 69,8* 52,0 51,0Jordanie 49,8 46,3 64,0 72,0Malte 37,7 36,1 na naMaroc 24,5 29,1 50,0 53,0Syrie 29,9 28,7* 48,0 naTunisie 31,2 30,9 54,0 59,0
Valeur Ajoutée dans lesservices en % du PIB
Exportations de Servicesen % des exportations
totales
Source : WTO, International Trade Statistics 2002, World Bank, WDI 2001.* Moyenne pour 1998-2000.
-34-
liards de dollars, alors que les exportations
de services de l’Egypte et de la Jordanie, qui
ont diminué entre 2000 et 2001, s’élèvent à
9 milliards pour le premier et 1,5 milliards de
dollars pour le second. Au niveau global, il
est clair qu’aucun PM ne joue un rôle influant
dans les exportations de services.
Cependant, si l’on exclut les pays développés
et les pays en transition de l’Europe de l’Est,
quelques PM apparaissent comme des expor-
tateurs potentiels parmi les pays en voie de
développement. Il s’agit de l’Egypte, du
Maroc et de la Tunisie. Ces pays sont classés
dans les 20 premiers PVD exportateurs dans
pratiquement toutes les activités de services.
Si l’on ne retient que l’activité transport de
personnes (qui représente 32% des exporta-
tions mondiales de services en 2001), la liste
des principaux pays exportateurs n’inclut
aucun PM, cette activité étant largement
dominée par les pays développés (aussi bien
du côté des exportations que du côté des
importations) (World Tourism Organization
1999, cité dans OMC 2000).
Les PM dépendent pourtant dans une large
mesure du marché européen pour leur activi-
té touristique : en 2001, plus de la moitié des
touristes entrés en Egypte et en Tunisie
étaient des citoyens européens (UE 15). La
part des touristes européens est de 42% au
Maroc et 12% en Jordanie (Eurostat 2002).
Dans le cas de la Jordanie, cette part était
habituellement autour de 20%. Elle s’est for-
tement réduite en 2001 probablement à
cause de l’instabilité politique de la région.
Comme dans le cas du transport de per-
sonnes, aucun PM ne figure parmi les prin-
cipaux exportateurs mondiaux pour le
transport de marchandises, qui représente
environ 23% des exportations mondiales de
services). La domination du secteur public
dans le transport aérien et maritime, l’ab-
sence de concurrence, l’inefficience des
infrastructures de transport empêchent les
PM de valoriser leur situation géographique.
Dans le domaine aérien, les principaux pro-
blèmes auxquels les PM doivent faire face
comprennent : (i) trouver les solutions
« orientées marché » pour participer davan-
tage au trafic international, sous peine
d’être complètement exclus du marché ; (ii)
chercher de nouvelles liaisons, de nouveaux
trafics, de plus grandes capacités ; (iii)
concevoir des stratégies de réduction des
coûts, de construction de nouvelles
alliances ; (iv) s’adapter aux nouvelles
Tableau 12 : Exportations de services de certains PM, par secteurs et années(millions de dollars) 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001Egypte 7 716 7 895 8 070 8 590 9 271 9 379 8 141 9 494 9 803 9 042Transport 2 882 2 869 3 165 3 202 2 869 2 524 2 494 2 658 2 645 2 738Voyage 2 165 1 927 2 006 2 684 3 204 3 727 2 565 3 903 4 345 3 800Autres services* 2 669 3 099 2 899 2 704 3 378 3 128 3 082 2 933 2 813 2 504Jordanie 1 449 1 574 1 562 1 709 1 846 1 737 1 825 1 702 1 637 1 482Transport 334 368 353 419 377 390 310 298 298 257Voyage 463 563 582 660 744 774 853 796 723 700Autres services* 652 643 627 630 726 572 662 608 616 525Maroc 2 125 2 050 2 014 2 173 2 744 2 471 2 826 3 115 3 034 4 029Transport 315 357 342 410 416 440 446 478 485 660Voyage 1 371 1 234 1 231 1 296 1 675 1 446 1 744 1 949 2 039 naAutres services* 439 459 441 467 653 585 636 688 510 naSyrie 1 281 1 595 1 863 1 899 1 792 1 582 1 666 1 651 1 700 naTransport 260 271 342 237 245 214 257 240 246 naTravel 600 1 011 1 149 1 258 1 165 1 013 1 017 1 031 1 082 naAutres services* 421 313 372 404 382 355 392 380 372 naTunisie 1 973 2 040 2 267 2 509 2 632 2 614 2 757 2 921 2 767 2 912Transport 491 521 577 598 642 644 635 599 595 638Voyage 1 174 1 225 1 417 1 530 1 588 1 543 1 657 1 827 1 682 1 751Autres services* 308 294 273 381 402 427 465 495 490 523
Source : FMI, Balance of Payments Statistics Yearbook, 2000 et base IFS online. * Y compris les services gouvernementaux.
-35-
règles de concurrence, de subvention et
prise de participation (Al-Khouri, 2000).
Dans le domaine du transport maritime et
du transport terrestre, la piètre qualité des
infrastructures et des services constitue de
fait une barrière non tarifaire pour les
importateurs et les exportateurs (Femise,
2002). Sur ce point, une intégration régio-
nale des PM pourrait être essentielle. Selon
Al-Khouri, les réseaux de transport sud-
méditerranéens subissent des pressions
concurrentielles croissantes et la création
d’un système de transport intégré UE-PM
exigerait une étroite collaboration entre les
réseaux déjà existants et non intégrés au
sein de la région sud (Al-Khouri, 2000).
Avantages comparatifs révélés dans le sec-
teur des services
Seuls quelques pays (Egypte, Maroc et
Tunisie) ont un indicateur d’avantage compa-
ratif croissant dans le secteur des services.
La Turquie, bien qu’ayant le 24ième rang
dans la liste des principaux exportateurs de
services, a un indicateur d’avantage compa-
ratif qui évolue de façon irrégulière.
c- La décennie manquée en matière
d’IDE, un déclin de l’attractivité compa-
rée qui semble se corriger actuellement
Durant la décennie passée, les PM ont tous
implanté un certain nombre des réformes
nécessaires à l’attraction des investissements
directs étrangers, quoiqu’à des degrés divers
selon les pays. Ces réformes, combinées aux
initiatives d’intégrations régionales, avec
l’Union Européenne et avec les États-Unis ont
grandement amélioré le climat des investis-
sements dans la région.
Néanmoins, force est de constater que les
entrées de capitaux dans chacun des pays de
la région continuent de fluctuer d’année en
année, reflétant là leur dépendance envers
les opportunités dans le domaine des hydro-
carbures ou des activités reliées aux
matières premières ou encore l’approche non
systématiquement favorable à la participa-
tion étrangère tant à l’échelle nationale que
régionale.
De fait, en dépit des réformes menées, l’in-
stabilité politique, la volatilité de la croissan-
ce et, parfois, l’attitude des autorités entraî-
nent un manque d’intérêt des investisseurs
envers les pays de la région, jugeant le « cli-
mat général des affaires » moins attractif que
dans d’autres régions comme l’Est asiatique,
l’Amérique latine ou l’Europe centrale. Cela
se reflète dans les statistiques où l’on voit
que si les flux ont plus que doublé en moyen-
ne, entre les deux moitiés des années 1990,
la part que représentent les PM dans le
monde et dans les pays en développement a
baissé. Et la progression spectaculaire enre-
gistrée en 2001, où avec 5,8% des investis-
sements directs à destination des pays en
développement les PM retrouvent la part
qu’ils représentaient en 1992, demande à
être confirmée. Elle est sans doute due à la
Tableau 13 : Avantages Comparatifs Révélés dans les services commerciaux desPM, des AC10 et des pays candidats
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001Algérie 0,15 0,33 0,29 0,32 0,38 0,30 0,28 0,49 0,45 0,28 naChypre 3,27 3,51 3,52 3,65 3,65 3,41 3,39 3,64 3,82 4,07 3,96Egypte 3,28 3,54 3,48 3,53 3,74 3,76 3,64 3,64 3,71 3,63 3,56Jordanie 2,84 2,75 2,78 2,67 2,59 2,62 2,51 2,55 2,46 2,48 2,14Malte 2,04 1,82 1,99 1,97 1,85 1,97 2,08 1,97 1,94 1,71 1,89Maroc 1,36 1,68 1,59 1,30 1,20 1,36 1,24 1,34 1,41 1,50 1,82Syrie 1,06 1,32 1,53 1,78 1,67 1,45 1,33 1,68 1,49 1,31 naTunisie 1,37 1,62 1,70 1,63 1,62 1,64 1,62 1,59 1,64 1,66 1,55Turquie 1,97 1,96 2,04 1,91 2,13 1,87 2,20 2,35 1,94 2,20 1,76
Source : ERF, calculs basés sur WTO, International Trade Stastistics, 2002.
-36-
combinaison d’une forte baisse touchant les
autres régions et d’opportunités ponctuelles
dans certains pays de la région. Dans tous
les cas, cette part reste encore inférieure à
ce qu’elle fut dans les années 1980.
En termes de distribution régionale, la répar-
tition reste toujours concentrée, mais les
zones d’attraction ont changé. Israël et la
Turquie représentent aujourd’hui près de
60% des flux entrant dans les PM (57,2%),
une part significativement plus importante
qu’au début de la décennie (45,8%). Le
Maghreb avoisine 30% avec une légère pro-
gression par rapport aux années 90-95
(28,2% contre 26,9%), tandis que le
Machrek voit son poids décliner (14,6%
contre 27,7%), essentiellement à cause de
l’essoufflement des entrées en Égypte
(–36,6% entre 1996-1999 et 2000-2001).
L’ancrage externe constitué par les accords
d’association n’a pas suscité l’intérêt marqué
des investisseurs européens.
Le rapport annuel 2002 du Femise posait la
question de savoir si les accords d’associa-
tion avaient relancé l’intérêt des investis-
seurs européens pour les PM, ce que ne sem-
blaient pas indiquer les statistiques malgré
une hausse en 2000. Cette hausse ne s’est
pas confirmée l’année dernière, alors même
Figure 5 : Part de quelques régions dans les IDE européens investis hors del’Union depuis 1995
0,0%
5,0%
10,0%
15,0%
20,0%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
PMPays CandidatsAmérique LatinePays du Mercosur
Source : Eurostat, programme Medstat, base de donnée newcronos, août 2003
Figure 4 : Part des PM dans les IDE européens depuis 1995
0,00%
0,20%
0,40%
0,60%
0,80%
1,00%
1,20%
1,40%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Part des PPM dans le total des IDE européensPart des PPM dans le total des IDE européens investis hors UE
-37-
Encadré 7 : Taux de change, commerce, flux d’IDE et Partenariat Euro-méditerranéenInstitute of Money & Banking, American University of Beirut, Liban.
Depuis le début des années 1970, les pays méditerranéens (PM) ont suivi différentes étapes pour s’intégrer dans l’éco-nomie mondiale. Parmi ces étapes figurent la négociation et la signature des accords commerciaux bilatéraux avecl’Union européenne (UE). Ceux-ci visaient à améliorer l’accès des exportations des pays Méditerranéens vers les mar-chés de l’Union européenne, à promouvoir la transparence, à standardiser les procédures et les réglementations ainsique les revenus des gouvernements.
Avec la déclaration de Barcelone de 1995, la région UE-PM s’est transformée en une nouvelle zone de commerce, d’in-tégration économique et de coopération. En fait, la conférence de Barcelone cherche à créer une zone de libre-échangeeuro-méditerranéenne (ZLE)[a] à l’horizon 2010 qui encouragera les flux commerciaux dans la région, à mesure que lespays vont alléger les obstacles commerciaux et considérer le commerce comme une source de croissance. Un autre butde l’accord est d’établir une région intégrée euro-méditerranéenne de coopération économique mutuelle. La mise enplace de la ZLE nécessite, cependant, la libéralisation commerciale entre les PM de la zone. Il faut également que lesrégimes de change des PM soient compatibles avec les politiques commerciales et n’entravent pas le développement del’intégration économique et financière euro-méditerranéenne.
Bien que les pays partenaires méditerranéens (MPC) aient signé des accords bilatéraux avec l’Union européenne, beau-coup reste à faire au niveau régional pour atteindre la cible d’une ZLE euro-méditerranéenne pour 2010. Les accordsdéjà ratifiés sont ceux passés avec la Tunisie (1995), Israël (1995), le Maroc (1996) et la Jordanie (1997). Un accordprovisoire avec la Palestine a été signé en 1997. À l’exception de la Syrie avec laquelle les négociations sont en cours,l’Algérie (2002), l’Egypte (2001) et le Liban (2002) ont signé les accords, mais ne les ont pas encore ratifiés. Ceux-ciont renforcé l’importance de l’Europe pour la région méditerranéenne surtout du point de vue du commerce et des fluxde capitaux [b].
Si l’on garde ce qui précède à l’esprit, les récents évènements en Argentine et au Brésil soulignent clairement que desérieux problèmes peuvent surgir quand les pays ont des accords commerciaux sans accord de change. En particulier,on a montré que les accords commerciaux peuvent générer des flux d’échanges susceptibles d’amplifier les consé-quences de mauvais alignements du taux de change réel. C’est un point important pour le partenariat euro-méditerra-néen. En fait, alors que les accords sont faits pour accroître les échanges entre l’Europe et les MPC, certains de ces der-niers (i.e. l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie) ont ancré leur monnaie au dollar US. Étant données les évolutionsdivergentes de l’Euro et du dollar US et l’existence de mauvais alignements du change, une importante appréciationréelle de certaines monnaies des PM est apparue et il existe de bonnes raisons de croire que ces mauvais alignementsvont augmenter après l’achèvement du partenariat euro-méditerranéen. Cette étude analyse donc les difficultés qui peu-vent émerger d’un mauvais alignement des taux de change réels dans le contexte des accords commerciaux euro-médi-terranéens.
Nos premiers résultats montrent que les mauvais alignements du taux de change dans le cadre des accords euro-médi-terranéens ont en fait conduit à une réduction des échanges et à une relocalisation des investissements étrangers. Cecipourrait avoir des conséquences négatives sur la stabilité des accords commerciaux méditerranéens et pourrait condui-re dans le futur à une instabilité macro-économique dans la région. En fait, l’existence de mauvais alignements du chan-ge dans la région méditerranéenne a eu un impact direct négatif sur les IDE et sur le commerce intra-PM pendant lesdeux dernières décennies. Dans le cadre des accords de change des PM actuels, ces mauvais alignements ont été ampli-fiés dans la région euro-méditerranéenne juste après la ratification de Barcelone.
Les premiers résultats empiriques sont centrés sur l’environnement macro-économique peu stable qui a caractérisé larégion méditerranéenne. Alors que les taux de change de l’Algérie et de la Tunisie ne peuvent être qualifiés de fixes,ceux de l’Egypte, de la Jordanie, du Liban et de la Syrie ont été en général ancrés au dollar US. Cependant, le succèsde la politique d’ancrage au dollar US n’a pas été homogène dans la zone. De plus, l’ancrage au dollar US couplé à ladépréciation de l’Euro vis-à-vis du dollar US depuis son lancement en 1999 a été la principale cause de l’appréciationcontinue des taux de change réels moyens de la région avec un impact direct négatif sur les échanges et les IDE de larégion.
La région méditerranéenne a connu des épisodes similaires d’inflation élevée et de dévaluations pendant la fin desannées 1980 et le début des années 1990. Il est clair qu’une hétérogénéité existe dans les accords de change méditer-ranéens et a induit des mauvais alignements de taux de change réels au sein de la région. Les politiques monétaires etcambiaires dans la région ont longtemps ignoré cet aspect de la situation et son impact sur le commerce et les fluxd’IDE. Compte tenu de l’accroissement de l’intégration commerciale avec l’UE, le problème des mauvais alignementsintra-PM et PM-EU devrait être résolu avant la mise en place de la ZLE en 2010. Bien que les fluctuations du change réelsoient sans aucun doute la principale source des mauvais alignements, la divergence des taux d’inflation semble égale-ment y contribuer. Après la stabilisation des taux de change nominaux, les autorités de la région MED devraient essayerd’adopter une politique dotée d’un objectif central de stabilité des prix.
Les autres résultats préliminaires montrant que les mauvais alignements des taux de change peuvent être attribués à(1) les différents accords de change adoptés par les pays ; (2) les pressions macro-économiques domestiques ; (3) larécente dépréciation de la monnaie du principal partenaire commercial des PM, c’est-à-dire l’UE. Depuis son introduc-tion en 1999 pour une valeur nominale de 1,15 dollar US, l’Euro s’est déprécié de 30% pour atteindre 0,83 dollar US àla fin de 2002. En conséquence, les PM qui ont ancré leur monnaie au dollar ont, sur les trois dernières années, enre-gistré une constante appréciation de leur taux de change réel. Les fluctuations des taux de change réels ne sont pasentièrement le fruit de facteurs domestiques mais sont principalement dues à l’appréciation du dollar US vis-à-vis de lamonnaie de leurs principaux partenaires commerciaux : l’Euro. Dès qu’il y a appréciation de la monnaie d’ancrage contrecelle des principaux partenaires commerciaux des PM, la monnaie domestique des PM s’apprécie en termes réels[c]. Cecia eu un impact négatif nuisible sur les économies des PM et a provoqué une perte significative en termes d’exportationset de compétitivité. En conséquence, le choix de la future ancre pour les monnaies des PM sera une composante impor-tante de leurs politiques macro-économiques de stabilisation.
Alors que les pressions inflationnistes et macro-économiques semblent être maîtrisées dans la région méditerranéennedepuis le début des années 1990, il reste aux PM à harmoniser leurs politiques de change en prenant en considérationle fait que l’essentiel de leurs échanges se font avec l’UE et que l’Euro apparaît comme le principal concurrent du dollarsur les marchés financiers internationaux. l’Euro a non seulement prouvé être une réserve de valeur mais a assis son
-38-
que globalement, les PM ont fortement aug-
menté leur part de marché relativement aux
autres pays en développement.
A l’inverse, l’attractivité des pays candidats a
marqué une forte reprise à mesure que les
perspectives d’adhésion sont devenues plus
réelles.
Autre constat frappant : les PM sont relative-
ment plus attractifs pour les investisseurs
américains que pour les investisseurs euro-
péens. Le tableau suivant montre en effet
qu’alors que les pays de l’Union européenne
investissent près de 4 fois plus que les inves-
tisseurs américains, les flux moyens à desti-
nation du Maghreb et du Machrek ne diffèrent
que de moins de 30% (639 millions de dollars
par an pour les US, contre 825 millions pour
l’Union). La part de marché des PM dans les
flux nord américains est ainsi plus de deux fois
plus élevée que dans les flux de l’Union.
On notera également que les flux américains
comme les flux européens sont concentrés.
Les investisseurs américains se focalisent
importance en tant que monnaie de compte et véhicule des échanges. Le rattachement du change au dollar US peutavoir été justifié avant l’introduction de l’Euro en 1999. Cependant, l’Euro offre maintenant aux pays méditerranéens unaccord de change alternatif. Avec la déclaration de Barcelone, l’approfondissement du partenariat euro-méditerranéenet la mise en place de la ZLE en 2010, les PM sont face à une opportunité unique d’adopter effectivement un accord dechange plus pertinent. Entre autres, un taux de change fixe par rapport à l’Euro ou à un panier de monnaies qui accor-derait le poids le plus fort à l’Euro pourrait être le choix Pareto optimal pour la région Méditerranéenne au moins à courtterme.
En conséquence de l’ancrage du taux de change au dollar US et du fait qu’une part importante de la dette externe desPM est libellée en dollar, le bilan type des pays méditerranéens ou celui d’une firme méditerranéenne opérant dans larégion est caractérisé en général par des structures similaires, i.e. une dette en dollar du côté des engagements et desrevenus de plus en plus largement libellés en euros du côté des recettes. La majeure partie de la dette au niveau desfirmes et des pays est libellée soit en monnaie locale soit en dollars US. Cette situation pourrait se révéler particulière-ment dommageable après la mise en place de la ZLE euro-méditerranéenne en 2010. Sur la décennie passée, la vola-tilité des taux d'intérêt et des taux de change a eu des effets négatifs sur les politiques de gestion de la dette des paysméditerranéens et sur les firmes travaillant dans les PM. Ces dernières ayant des engagements en dollars US ont souf-fert considérablement des mouvements des taux d'intérêt et des taux de change. Par exemple, la composition d’un bilantype d’une firme égyptienne est à 60-70% dominé par le dollar et la plupart de ses engagements sont envers des cré-diteurs basés aux Etats-Unis. L’histoire est à peu près identique pour une entreprise jordanienne où on peut voir que lastructure des engagements est fortement dollarisée. Les engagements et les ratios d’endettement sont similaires auLiban, en Algérie et en Syrie.
Notes :[a] La ZLE sera mise en place graduellement. Les barrières tarifaires aux échanges de produits manufacturés seront progressivement éli-minées suivant un calendrier spécifique qui est à négocier entre partenaires. Selon les accords, les partenaires s’engagent à libéraliser lespaiements courants liés aux mouvements de biens, de services, de personnes et de capital, réalisant ainsi la libéralisation complète desmouvements de capitaux dès que les conditions seront remplies. En plus de la libéralisation verticale des échanges avec l’Union européen-ne, les PM s’engagent à mettre en place une libéralisation commerciale entre eux (horizontale ou intégration Sud-Sud).[b] Barcelone est supposé accroître l’accès au marché à la fois pour les PM et pour les pays de l’UE en offrant une libéralisation graduelledes marchés agricoles européens et une libéralisation commerciale réciproque pour les biens manufacturés européens. Il offre égalementun soutien financier et économique aux PM pendant la transition de marchés protégés vers le libre-échange avec l’UE.[c] Cette tendance s’est cependant inversée depuis janvier 2003 quand l’Euro s’est apprécié face au dollar US d’à peu près 30%.
Recherche financée par le Femise et dirigée par Institute of Money & Banking, American University of Beirut, Liban. Référence FEM21-13Titre : Exchange Rates, Trade and FDI Flows and the Euro-Mediterranean PartnershipDate prévue de fin des travaux : février 2004
Tableau 14 : Part des PM dans les IDE extra-européens de l’Union et des États-Unis depuis 1995
Provenant de1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
IDE vers … US UE US UE US UE US UE US UE US UE US UETurquie 121 350 103 405 82 425 98 1 013 248 859 251 1 2 11 32 1 420Israël 260 118 208 199 22 100 1 102 225 676 -204 803 775 550 236Pays duMaghreb 30 100 525 201 698 659 1 264 520 -1 234 -61 476 771 306 584
Pays duMachrek
5 169 98 80 243 236 531 546 175 434 495 1 7 36 861 -199
Egypte -1 97 93 61 228 79 513 346 158 402 475 1 3 32 851 278Maroc 6 33 2 154 -6 470 -4 113 -39 41 6 259 22 239
PM 416 737 934 885 1 045 1 420 2 995 2 304 -135 1 028 2 025 4 493 1 749 2 041
Hors de l'UE 33 058 62 407 37 996 68 665 42 658 109 802 48 853 218 754 81 224 302 395 88 904 408 925 75 440 234 800Monde 70 392 124 099 66 490 143 393 84 449 206 573 116 854 368 197 163 801 681 841 178 613 1 028 150 127 259 432 221
Part des PMdans les IDEhors Union
1,26% 1,18% 2,46% 1,29% 2,45% 1,29% 6,13% 1,05% -0,17% 0,34% 2,28% 1,10% 2,32% 0,87%
Source : Eurostat, programme Medstat, base de donnée newcronos, août 2003
-39-
essentiellement sur deux pays, Israël et
l’Egypte captant en moyenne les deux tiers
des flux américains (65,8%) et seulement
un tiers des flux européens (31,3%). Les
investisseurs européens affichent une nette
préférence pour la Turquie : ces trois pays
représentent dans les deux cas plus des trois
quarts des flux à destinations des PM
(76,1% des flux américains et 75,4% des
flux européens).
Éviter la course vers le bas *
(*cette section et la suivante sont basées sur une contri-
bution de Sergio Alessandrini à paraître dans l’ERF Mena
Trends 2003)
Il nous apparaît nécessaire d’attirer à nouveau
l’attention sur certains dangers que les IDE
pourraient entraîner. Certes, ces investisse-
ments peuvent permettre de développer les
infrastructures, de disposer de transferts de
technologie ou d’améliorer les capacités des
pays hôtes en termes de management, de for-
mation ou de gestion de l’environnement.
Les préoccupations sociales et la montée
des préoccupations environnementales dans
les pays développés, associées à la libérali-
sation des échanges dans le cadre de l’OMC,
ont en quelque sorte spécialisé les pays en
développement en termes d’investisse-
ments dans les activités de production à
faibles coûts, notamment de main-d’œuvre.
La recherche des coûts les plus faibles com-
prend également ceux liés à la protection de
l’environnement. Finalement, la course à
l’attraction des investissements pèse sur les
législations sociales et environnementales
que les pays en développement mettent en
œuvre. A titre d’illustration, il n’y a qu’à
poser un regard sur le jugement négatif de
nombreux « index de liberté économique »
et autres guides d’investissements sur les
législations des marchés du travail des PM,
particulièrement en ce qui concerne les pro-
cédures de licenciement ou les salaires
minimum.
S’engager dans une telle voie constituerait
cependant une grave erreur, car tant les sta-
tistiques que les analyses économiques indi-
quent que : (i) les flux d’IDE entre pays
développés sont largement plus importants
que les flux à destination des pays en déve-
loppement (70% des flux en moyenne entre
1990 et 1999, 21,9% pour 2000-2001) ;
(ii) les pays dont les législations sur le travail
sont les plus éloignées des standards élevés
qui ont cours dans les pays industrialisés ne
reçoivent qu’une très faible part des investis-
sements étrangers ; (iii) de même, les pays
dont les législations environnementales
apparaissent laxistes n’ont pas attiré plus
d’investissement (seules les activités liées à
l’exploitations des ressources naturelles sont
sensibles au laxisme en la matière).
Les éléments d’une stratégie régionale
envers les IDE
En plus d’une gestion macro-économique
rigoureuse et de la stabilité politique, plu-
sieurs points apparaissent cruciaux, pour
optimiser les stratégies mises en oeuvre par
les PM :
(i) adopter une approche commune, notam-
ment pour dépasser la fragmentation des
marchés domestiques dans la région ;
(ii) favoriser la diversification de la sphère
productive pour aller d’une industrie
fondée sur l’utilisation des ressources
vers une industrie manufacturière à plus
forte valeur ajoutée et intensive en
main-d’œuvre ;
(iii) améliorer l’éducation et la formation des
travailleurs pour réduire l’écart en
termes de capital humain dont souffre
encore la région ;
-40-
(iv) adopter une stratégie proactive de pro-
motion des IDE, en ciblant de manière
réaliste certains secteurs ;
(v) réformer radicalement les procédures
d’autorisation des investissements en
vue de leur disparition et poursuivre les
réformes des institutions financières ;
(vi) veiller à ce que les mesures d’incitations
fiscales (notamment les zones « spécia-
lisées ») conservent leur compétitivité
vis-à-vis de celles que l’on rencontre
dans les pays concurrents ;
(vii) créer des bureaux de promotion des
investissements dans certains pays
étrangers, en collaboration avec le sec-
teur privé qui pourraient servir de point
de contact avec les investisseurs inté-
ressés et développer une activité de lob-
bying à l’attention des investisseurs
potentiels.
d- Etude d’un cas : un secteur menacé,
le textile-habillement en Méditerranée
Second secteur après l’agriculture, le textile-
habillement représente 5,7% des échanges
mondiaux en 2001 et, en 40 ans, son com-
merce a été multiplié par 60. Les USA (100
milliards de dollars), l’UE (135 milliards de
dollars) et le Japon (35 milliards de dollars)
constituent les trois grands marchés de l’ha-
billement. Les pays en développement sont
particulièrement impliqués dans la mesure
où ils représentent 50% des exportations
mondiales de textile et 70% des exportations
de vêtements. Le secteur va vivre dans les
années à venir de profonds bouleversements
qui risquent de modifier les spécialisations :
(i) la fin des accords ATV[4] suite des accords
multifibres, qui prévoient l’abolition des quo-
tas, va libérer les exportations des pays
jusque-là limitées pas les contingentements,
ce qui entraînera une croissance des
échanges mondiaux et une concurrence de
plus en plus serrée, (ii) l’adhésion de la Chine
à l’OMC et la poursuite des négociations de
DOHA, vont, dans un avenir proche, provo-
quer une réaffectation massive des res-
sources vers les centres de production qui
offrent des avantages comparatifs en terme
de prix, voire de qualité, (iii) l’érosion des
systèmes de préférence qui ont permis aux
pays en développement de maintenir artifi-
ciellement leur position concurrentielle et les
ont amenés à fonder en partie leur dévelop-
pement sur ce secteur, rendra vulnérables les
pays les plus spécialisés dans le textile-
habillement et surtout ceux qui sont les plus
impliqués dans les exportations de produits
sensibles.
Parmi les partenaires méditerranéens, la
Turquie, la Tunisie, le Maroc et l’Egypte sont
les plus concernés[5]. Ils vont devoir affron-
ter un double choc concurrentiel (i) au niveau
international, avec les producteurs asiatiques
(chinois), dont les avantages compétitifs
reposent essentiellement sur les différentiels
de coûts, et, (ii) au sein même de l’espace de
coopération industrielle qu’ils ont construit
avec les producteurs de textile européens et
où ils occupent une place de sous-traitants;
les pays accédant à l’UE (AC10), devenant
des concurrents des PM sur les éléments qui
fondent la division régionale de la production
de la filière textile : proximité géographique
et culturelle, flexibilité, réactivité et qualité.
Se pose dès lors une interrogation sur les
capacités des PM à s’adapter à la nouvelle
organisation internationale de la production
qui nécessite (i) de répondre aux exigences
de réactivité et de qualité qui leur permet-
tent de conserver leur position régionale
(ii), d’effectuer les montées en gamme
indispensables (iii) d’améliorer leur niveau
de compétitivité pour affronter la concurren-
ce internationale, (iv) de créer les conditions
d’une remontée industrielle en intégrant
plus largement les secteurs amonts de l’ac-
tivité de confection tels que la production de
-41-
fils et filaments synthétiques, et la prise en
charge des activités d’approvisionnement et
autres services qui leur permettent de pas-
ser du statut de sous-traitant vis-à-vis des
donneurs d’ordre européens à celui de co-
traitant dont le niveau de responsabilité
dans la création de valeur ajoutée au sein de
la filière est plus élevé.
On développera ici trois points : (i) le rôle clé
de la filière textile-habillement dans le proces-
sus de croissance des PM, (ii) les risques qui
pèsent sur les PM au sein de la filière, (iii) les
enjeux liés à la régionalisation de la filière.
Le textile-habillement : une industrie qui res-
tera au cœur des résultats des PM en matiè-
re de croissance ouverte.
Le Femise considère que le positionnement
des PM dans le textile-habillement restera
très probablement encore dans les prochaines
années un élément clé d’une croissance sou-
tenue créatrice d’emplois. Plusieurs raisons
permettent d’étayer cette affirmation :
(i) la première est la place que représente
cette activité dans le système productif
en terme de valeur ajoutée et d’emploi,
(ii) la seconde est le fait que des avantages
comparatifs peuvent être dégagés dans
cette activité, y compris dans des pays
ayant atteint des niveaux de développe-
ment très sensiblement supérieurs aux
PM. C’est ainsi que l’Italie par exemple,
a encore aujourd’hui un avantage com-
paratif dans l’habillement fondé sur la
diversification des produits, le design,
l’organisation des processus de produc-
tion et de commercialisation. Ces pro-
cessus sont devenus assez performants
pour devenir des exemples universels
de développement local (districts indus-
triels en Lombardie et Vénétie notam-
ment). D’autres pays qui ont misé sur la
qualité et le luxe (France) ont égale-
ment pu développer des positions hau-
tement concurrentielles dans ce secteur,
(iii) la troisième est que quelqu’effort que
fassent les PM dans les activités techno-
logiques ou dans celles conduites dans
ce qu’il est convenu d’appeler « l’écono-
mie de la connaissance », on voit mal
comment ces activités pourraient per-
mettre de compenser des pertes d’em-
plois significatives dans la filière textile-
habillement,
(iv) la quatrième, enfin, tient au fait que si
par elle-même la branche habillement
incorpore relativement peu de technolo-
gie, son environnement organisationnel
et de distribution en incorpore beaucoup
Figure 6 : Part de l’UE dans les expor-tations des PM
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Liban
Israël
Egypte
Syrie
Turquie
Maroc
Tunisie
2001
1995
1990
Sources : Comtrade et Eurostat, programmeMedstat, calculs Institut de la Méditerranée.
Tableau 15 : Part du textile-habillementdans les importations de l’UE en prove-nance de chaque zone
1990 1995 2000 2001ExtraUE
7,1% 10,1% 8,3% 8,7%
AC10 12,6% 16,5% 10,6% 10,3%PM 19,1% 31,4% 27,6% 28,1%
Source : Eurostat, programme Medstat, base dedonnée newcronos, août 2003
-42-
plus. Là encore l’exemple italien est par-
faitement illustratif.
Pour donner une idée de la position relative
des PM dans ce secteur, on se demandera
comment le secteur textile-habillement résis-
te à la concurrence.
Une position qui se maintient sur les marchés
internationaux, mais qui est menacée sur les
marchés de l’UE
L’examen de la concurrence à laquelle sont
confrontés les PM dans le secteur textile-
habillement fait apparaître le rôle central
joué par l’érosion des préférences sur le mar-
ché européen. Trois phénomènes se manifes-
tent, en effet, ces dernières années : (i) une
stabilité de la part des PM sur le marché
mondial, (ii) une diminution de leur position
relative sur leur plus gros marché d’exporta-
tion, le marché de l’UE, (iii) l’apparition d’un
concurrent majeur, la Chine.
La progression de la Chine sur le marché
mondial du textile-habillement (qui, en
2001, pèse pour près de 1/5 des exporta-
tions mondiales de la branche) repose aussi
bien sur les vêtements (23% des exporta-
tions mondiales) que sur les fils et tissus
(12,5%). Cependant, malgré la concurrence
chinoise, les PM ont globalement amélioré
leur position sur les marchés internationaux
et représentent, en 2001, 5,5% des expor-
tations mondiales de textile-habillement. Les
articles de l’habillement (de 7,1% en 1995 à
8,4% en 2001) constituent leur meilleure
spécialisation et progressent grâce au
Maroc, alors que la Turquie et la Tunisie
conservent les mêmes poids relatifs. Les PM
améliorent même leur position dans les
exportations de fils et tissus (de 2,7% à 4%)
essentiellement à cause des performances
des producteurs turcs.
Le textile-habillement est une spécialisation
des PM dans leurs relations avec l’UE : Les
produits textiles représentent en effet, 28%
des importations européennes issues des PM,
(tableau 20) alors que la part moyenne des
importations de textile-habillement dans les
importations européennes n’est que de 8,7%.
La stabilité de cette spécialisation régionale
contraste avec la réorientation des échanges
entre Européens et pays AC10, ces derniers
Figure 7 : Les importations européennes de textile-habillement et d’articles d’ha-billement (1995=1)Importations de Textile-Habillement Importations d’articles d’habillement
0,9
0,95
1
1,05
1,1
1,15
1,2
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
CC10
PM
Monde
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.
0,8
0,85
0,9
0,95
1
1,05
1,1
1,15
1,2
1,25
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
CC10
PM
Monde
-43-
paraissant se dégager du textile-habillement
qui ne représente en 2001 que 10,3% des
importations européennes issues de ce grou-
pe de pays alors qu’il comptait pour 16,5%
en 1995.
Du côté des partenaires méditerranéens,
l’UE absorbe en moyenne 70% du total des
exportations de textile-habillement avec
des amplitudes importantes selon les pays.
En Tunisie comme au Maroc, le poids des
clients européens s’accentue et, avec 95%
des exportations de textile-habillement
vers l’UE, ces pays sont particulièrement
sensibles aux variations conjoncturelles de
la demande européenne. La Turquie est
plus insérée dans les échanges hors de la
zone, bien que la part de l’UE ait doublé
(de 33% à 64%) pendant la dernière
décennie. La Syrie, l’Egypte et le Liban
diversifient leurs marchés d’exportation et
se tournent plus vers les marchés interna-
tionaux et les USA.
L’érosion des préférences joue cependant un
rôle important. En effet, la croissance des
importations européennes de textile-
habillement méditerranéen ne suit pas la
progression globale des importations euro-
péennes de textile-habillement.
En 2001, la Chine surclasse déjà les parte-
naires méditerranéens sur les marchés d’im-
portations de textile-habillement des pays
européens (17% pour la Chine contre 16%
pour les PM) alors qu’en 1995 la répartition
était respectivement 13% et 17%, marquant
un recul relatif des pays méditerranéens. Les
AC10 accusent également une baisse sen-
sible en passant de 12,3% à 9,6% des four-
nisseurs de textile-habillement de l’UE.
C’est dans l’habillement que la concurrence
chinoise est la plus forte où elle progresse de
4 points de pourcentage (de 12% à 16% des
importations européennes) alors que les PM
perdent 3 points (de 24% à 21%) de même
que les AC10 (de 12,3% à 9,5%). Les PM et
les AC10 maintiennent cependant leurs posi-
tions sur les marchés des fils et tissus.
On voit donc poindre nettement une domina-
tion de la Chine au niveau mondial comme au
niveau européen. La libéralisation des
échanges après 2005, peut faire redouter un
renforcement de la concurrence chinoise en
Europe au détriment des PM. Il faut cepen-
dant souligner que d’autres cadres d’accord
régionaux ont permis de contenir la domina-
tion chinoise. Les accords USA-Mexique ont,
par exemple, permis de contrarier la péné-
tration chinoise. Entre 1995 et 2000, les
Figure 8 : Parts relatives des pays de la zone paneuroméditerranéenne dans lesexportations de produits textile-habillement
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
PM
AC10
Turq
uie
Polo
gne
Tunis
ie
Mar
oc
Tch
équie
Hongrie
Egyp
te
Slo
vaquie
Isra
ël
Slo
vénie
Litu
anie
Syr
ie
Jord
anie
Lett
onie
Mal
te
1995
2001
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.
-44-
importations américaines de textile-habille-
ment mexicain ont progressé de 324% et les
exportations du Mexique ont globalement
augmenté de 132% passant de 5% à 13% de
part de marché mondial (Ricupero, 2003). Il
faut voir là le résultat d’une forte interpéné-
tration des entreprises fondée sur une seg-
mentation poussée des processus productifs,
la sous-traitance, l’utilisation de têtes de
pont commerciales sur les marchés améri-
cains, un sous marché intégré latino, etc..
Cet exemple prouve que l’érosion des préfé-
rences commerciales peut être contrariée par
la densification des réseaux de production et
de commercialisation au niveau régional.
Au sein de la région élargie paneuroméditer-
ranéenne, noyau dur des partenaires de l’UE
du secteur, la Turquie pèse à elle seule autant
que les 10 pays accédants. De plus, entre
1995 et 2001, les pays méditerranéens
gagnent en parts relatives sur les AC10 et
comptent pour 65% des exportations, la
Turquie en représentant la moitié. La Pologne
est le principal concurrent des PM. Il faut
cependant compter avec la Roumanie et la
Bulgarie qui progressent fortement.
Le textile – habillement, un secteur vital pour
les PM.
La figure 9 ci-dessous met en relation la part
de l’emploi manufacturier dans le secteur du
textile-habillement et le poids relatif du sec-
teur dans les exportations totales des pays
méditerranéens et des pays AC10.
(i) Pour un premier groupe de pays,
l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et la
Turquie, le textile-habillement est le
premier employeur industriel et la pre-
mière ressource d’exportation hors
pétrole. La confection représente 25%
des actifs au Maroc (95% des exporta-
tions du secteur), 35% en Tunisie (95%
des exportations du secteur), 22% en
Turquie, 6% en Jordanie. Les pays AC10
qui, bien que fortement impliqués dans
le secteur, présentent une dépendance
moins prononcée vis-à-vis du textile-
habillement (15 à 20% des emplois, 5 à
10% des exportations).
(ii) Le secteur textile-habillement crée près
du quart de la valeur ajoutée industriel-
le en Tunisie et en Syrie, 16 à 17% au
Maroc et en Turquie et 13% en Egypte.
Dans les industries des AC10 le textile-
habillement pèse en moyenne pour 7 à
8% de la création de valeur ajoutée
industrielle.
De plus, l’emploi dans le textile-habillement
est largement fourni par un secteur informel
dérégulé, composé de très petites entreprises
familiales, à emplois précaires, salaires
faibles, sans couverture sociale et peu quali-
Figure 9 : La dépendance des pays méditerranéens vis à vis du textile-habillement
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
0% 10% 20% 30% 40% 50%
% emploi manufacturier
% d
u t
ota
l export
ations
Tunisie
MarocTurquie
Egypte
Lituanie
Syrie
ChypreJordanie
Slovénie
Malte
Hongrie
Pologne
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.
-45-
fiés. Une régression de ce secteur pourrait
donc provoquer une difficulté sociale majeure.
Que ce soit pour les Partenaires
Méditerranéens ou les AC10, la production
est en grande majorité tournée vers l’expor-
tation. La Tunisie exporte 80% de sa produc-
tion, le Maroc 50%, la Turquie 73%. L’Egypte
est plus orientée sur la demande intérieure
avec un taux d’exportation de 45%. Le même
constat peut être établi pour les AC10 qui
exportent 80% de leur production de textile-
habillement[6]. Les deux producteurs de
coton, l’Egypte et la Syrie, exportent les
matières premières mais également des
fibres végétales ; 50% des exportations de
textile-habillement de l’Egypte et 70% pour
la Syrie qui emploient respectivement 22%
et 24% des actifs.
Une compétitivité menacée
Les sources de compétitivité se forgent dans
les performances des tissus productifs locaux
et se réalisent par des parts de marchés à
l’exportation et des avantages comparatifs
correspondant à ces spécialisations. Jouent
ici les salaires et la productivité.
Les PM soutiennent difficilement la concur-
rence avec les Asiatiques du point de vue des
niveaux de salaires. Bien au-dessus des
salaires pratiqués en Asie, les PM sont toute-
fois mieux placés que la Pologne et la
Hongrie. Par contre, la Roumanie et la
Bulgarie, candidats à l’adhésion avec l’UE,
concurrencent fortement les méditerranéens,
d’autant plus que la Roumanie se révèle être
un des exportateurs les plus dynamiques au
niveau international.
Tableau 16 : Salaires journaliers endollars US 2000 dans le textile
Maroc 1,8Tunisie 1,7Egypte 1,1Pologne 2,4Hongrie 2,6Bulgarie 0,2Roumanie 1Chine 0,5Indonésie 0,4
Source : JP Morgan Werner [7].
Figure 10 : Productivité du travail et évolution des salaires en Méditerranée etdans les AC10
Evolution de la productivité du travail dans l'industrie textile des paysméditerranéens partenaires (1990=100)
0,20
0,40
0,60
0,80
1,00
1,20
1,40
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Algérie Egypte Israël Jordanie
Maroc Tunisie Turquie
Evolution de la productivité du travail dans l'industrie textile des pays del'élargissement (1990=100)
0,20
0,30
0,40
0,50
0,60
0,70
0,80
0,90
1,00
1,10
1,20
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Hongrie Pologne Slovénie
Evolution des salaires dans l'industrie textile des pays méditerranéenspartenaires (1990=100)
0,00
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
3,00
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Algérie Egypte Israël Jordanie
Maroc Syrie Tunisie Turquie
Evolution des salaires dans l'industrie textile des pays de l'élargissement(1990=100)
0,00
0,20
0,40
0,60
0,80
1,00
1,20
1,40
1,60
1,80
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Hongrie Pologne Slovénie
Source : ONUDI, calculs Institut de la Méditerranée.
-46-
Cependant, le coût du travail incorporé dans
un article dépend non seulement du salaire
mais du temps de production.
La figure 10 montre que parallèlement à la pro-
gression des salaires quasi générale que ce soit
en Méditerranée ou dans les pays accédants
(exception faite de l’Egypte), la productivité du
travail ne progresse pas : elle stagne au Maroc
depuis le milieu des années 90, elle faiblit en
Turquie, mais elle progresse en Egypte où, en
fin de période, elle retrouve son niveau de début
1990. Les AC10 sont sensiblement dans la
même situation. La Pologne illustre le cas ver-
tueux d’une augmentation de la productivité du
travail qui a permis une augmentation sensible
des salaires. Avec des salaires inférieurs et des
entrants moins coûteux, l’Asie propose des
articles de 50% à 60% moins chers.
On voit sur la figure 11 que : (i) la Chine et
l’Inde surclassent largement les PM et la
Pologne (ii) la Roumanie et la Bulgarie se
positionnent mieux que les producteurs
méditerranéens. Cependant, de telles com-
paraisons ne tiennent pas compte de la qua-
lité des articles et de la compétitivité hors
coût attachée aux produits mode, de bonne
qualité, confectionnés dans des matières
modernes, toutes caractéristiques qui per-
mettent de relativiser la concurrence des
producteurs spécialisés sur des articles tradi-
tionnels, produits à grande échelle et au prix
le plus bas.
Les avantages comparatifs obtenus par les
partenaires méditerranéens sur les marchés
mondiaux reflètent fidèlement leurs spéciali-
sations. En différenciant les exportations de
textile selon trois catégories de produits cor-
respondant à l’état de leur transformation
dans la chaîne de production (les matières
premières telles que le coton, les fibres et tis-
sus, et les articles d’habillement) on voit que :
(i) seules l’Egypte et la Syrie et dans une
moindre mesure la Turquie, obtiennent
des avantages comparatifs dans les
exportations de fibres textiles. Cette
tendance se renforce en Egypte et en
Syrie mais faiblit pour la Turquie. Le fait
que l’Egypte et la Syrie accentuent leurs
avantages comparatifs dans les expor-
tations de fils et tissus suggère une
amélioration des capacités industrielles
dans la transformation de la matière
première cotonnière sur place.
(ii) Les autres pays méditerranéens, plus
spécialisés dans les exportations de vête-
ments, présentent des désavantages
comparatifs importants pour les deux
premières catégories de produits, ce qui
est logique dans la mesure où ils entre-
tiennent des activités de sous-traitance
avec les producteurs européens de texti-
le desquels ils importent les fils et tissus
qu’ils transforment. On notera cependant
que les avantages comparatifs obtenus
sur les exportations d’articles d’habille-
Figure 11 : Prix moyen d’une chemise exportée vers l’UE (en euros)
Pologne
TunisieTurquieMaroc
RoumanieBulgarieChine
Inde
0
2
4
6
8
10
12
Source : Douanes, cité par Fouquin et alii, 2002.
-47-
ment stagnent pour la Tunisie et le Maroc
et qu’ils régressent dans le cas de la
Turquie. L’Egypte, qui s’est spécialisée
dans le textile-habillement au cours de la
dernière décennie au détriment du sec-
teur des hydrocarbures, progresse sur
les 3 catégories de produits. Les exporta-
tions de vêtements représentent 14,2%
des exportations égyptiennes en 2001
(contre 3,4% en 1990) et l’indicateur
d’avantage comparatif progresse de
400% entre 1990 et 2001.
(iii) La situation des AC10 est différente :
√ parce que la spécialisation dans le tex-
tile-habillement est moins prononcée
(15% des exportations pour la
Lettonie et l’Estonie, 8% pour la
Pologne et la Slovaquie et 4% pour la
Tchéquie et la Hongrie
√ parce qu’elle est globalement stable
sur la période 1995-2001,
√ et que les avantages comparatifs sur
les marchés mondiaux sont plus
modestes. Ils s’accentuent dans les
exportations de vêtements pour la
Lettonie et l’Estonie et faiblissent pour
la Pologne et pour la Hongrie.
(iv) Une analyse plus fine de la composition
des exportations de produits amont de la
filière, qui distingue les fibres et fils
végétaux par rapport aux fibres et fils
synthétiques, met en évidence la fragili-
té de la spécialisation des producteurs
méditerranéens de textile. La Syrie et
l’Egypte n’exportent que des produits à
base de coton dont les cours mondiaux
ont baissé ces 10 dernières années.
Seule la Turquie progresse dans cet
effort de montée en gamme et les fibres
synthétiques représentent 10% de ses
exportations de textile-habillement
qu’elle destine non seulement à l’UE
mais aux partenaires de l’Europe de l’Est
et de Méditerranée. Leurs concurrents
de l’Est ont par contre mieux développé
ce type de production : la Tchéquie, avec
2,8% des exportations de textile-habille-
ment, la Slovaquie (8,8%) et la Lettonie
(5,5%) fournissent les producteurs
européens et ceux des AC10.
Les exportations des partenaires méditerra-
néens sont très concentrées sur un petit
nombre d’articles. Un indicateur de concen-
tration simple montre qu’en moyenne 3 à 6
articles composent 50% des exportations de
textile-habillement des partenaires méditer-
ranéens. La Turquie est la plus diversifiée
avec 10 articles (tableau 17).
Un tel niveau de spécialisation révèle une fra-
gilité structurelle des pays méditerranéens qui
les expose aux chocs d’après 2005 et consti-
tue un frein à leurs capacités d’adaptation.
Tableau 17 : La concentration des exportations de textile-habillement des parte-naires Méditerranéens et des pays AC10
Nombre d’articles composant 50% des exportationsPartenaires med. Pays AC10Egypte 6 Estonie 15Jordanie 3 Lettonie 10Liban 20 Hongrie 11Israël 7 Lituanie 10Syrie 4 Pologne 13Maroc 6 Slovaquie 9Tunisie 5 Slovénie 13Turquie 10 Tchéquie 22Chypre 5 -Malte 2 -
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.
-48-
Les AC10 présentent des structures d’expor-
tations dans le textile-habillement plus
diversifiées avec 10 à 15 articles en moyen-
ne qui représentent 50% des exportations
du secteur.
La concurrence avec les AC10 ne porte pas
sur les mêmes créneaux de spécialisation,
par contre les PM sont confrontés à la
concurrence asiatique et ils le seront encore
plus sérieusement à l’avenir.
L’Asie domine les articles en maille et la
concurrence importante sur ce type d’articles
a permis la baisse des prix unitaires ces dix
dernières années. La spécialisation dans les
articles de confection de chaîne et trame joue
plus sur la différenciation des produits et est
souvent le domaine des relations de sous-
traitance et de «sourcing» avec des donneurs
d’ordre européens.
Le tableau 18 donne la part relative de cha-
cun des partenaires de la zone paneuromédi-
terranéenne sur les 5 articles d’habillement
les plus représentés dans les exportations
des PM.
(i) Le T-shirt reste une spécialité méditer-
ranéenne et représente 86% des expor-
tations de la zone paneuroméditerra-
néenne dont 60% sont turques. Le T-
shirt pèse pour 11% dans les exporta-
tions de textile-habillement turques, 7%
au Maroc, 5% en Syrie et 4% en
Tunisie. Les AC10 sont peu présents sur
ce marché mises à part la Pologne (2%
des exportations de la zone) et la
Hongrie (3,6%). La concurrence est
donc surtout à attendre du côté asia-
tique. En 2001, la Turquie est le 1er
fournisseur des européens en T-shirt
(33% des importations de l’UE) alors
que la Chine ne fournit que 9% du mar-
ché. Mais la part de la Chine dans le
marché mondial de cet article (17%)
constitue une menace évidente.
(ii) La part relative des partenaires méditer-
ranéens dans les exportations de chan-
dails, pulls baisse de 80 à 73% essentiel-
lement à cause d’un désengagement
relatif de la Turquie. La Tunisie et le
Maroc, représentant chacun environ 9%
des exportations de la zone, sont en
concurrence avec la Hongrie et la
Tableau 18 : La part relative PM dans les exportations de 5 grandes catégoriesd’articles d’habillement
Pantalon homme Pantalon femme T-shirt Chemise homme Chandail pull
1995 2001 1995 2001 1995 2001 1995 2001 1995 2001Algérie 0,0% 0,0% 0 0 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%Chypre 0,3% 0,1% 0% 0% 0,1% 0,0% 0,5% 0,5% 0,9% 0,4%Egypte 3,0% 4,1% 5% 5% 6,8% 5,0% 8,2% 4,7% 2,7% 3,8%Israël 2,2% 0,6% 2% 2% 5,8% 2,0% 0,1% 0,2% 1,0% 1,1%Jordanie 0,2% 2,7% 0% 0% 0,0% 0,5% 0,5% 7,3% 0,0% 0,1%Liban 0,0% 0,2% 0% 0% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1%Malte 4,6% 3,8% 1% 0% 0,2% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1% 0,1%Maroc 11,5% 16,2% 5% 18% 5,4% 9,6% 7,6% 16,6% 8,9% 9,4%Syrie 0,4% 0,4% 0% 0% 3,1% 1,7% 0,7% 1,1% 0,8% 1,1%Tunisie 40,5% 27,4% 16% 12% 4,9% 7,2% 14,1% 14,4% 5,9% 8,7%Turquie 14,9% 20,8% 34% 38% 61,1% 60,1% 37,1% 26,8% 60,9% 49,5%
PM 77,60% 76,30% 63,00% 75,00% 87,40% 86,20% 68,90% 71,70% 81,20% 74,30%
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.Encadré 8 : Articles de « chaîne et trame » ou articles de « maille » ?
On différencie généralement la famille des articles de « chaîne et trame » (chemises, pantalons) de celle de la « maille »(T-shirts, pulls) parce qu’elles sont issues de métiers différents : les articles de la maille sont directement tricotés à par-tir d’un fil alors que les articles de chaîne et trame sont confectionnés à partir de tissus découpés selon des patrons. Lespremiers reposent sur un savoir-faire plus simple que les seconds. Un industriel spécialisé dans la maille ne se recon-vertit pas facilement dans la confection d’articles en tissu.
-49-
Pologne. De même que pour les T-shirts,
la concurrence asiatique est menaçante
pour les pays de la zone quand on com-
pare la place de la Chine dans le com-
merce mondial (27%) à celle qu’elle
occupe dans les importations de l’UE.
(iii) La Tunisie spécialisée dans la confection
des pantalons pour hommes (jeans),
secteur qui représente 21% de ses
exportations de textile-habillement, voit
sa part relative diminuer au profit de la
Turquie et du Maroc. Globalement, les
partenaires méditerranéens sont leader
dans les exportations de ce type d’ar-
ticles, exportations qui ont progressé de
28% entre 1995 et 2001. La concurren-
ce avec les AC10 est surtout le fait de la
Pologne. Les PM améliorent nettement
leurs positions relatives dans les panta-
lons pour femmes, catégorie d’articles
dont les exportations progressent de
64%, en passant de 61,7% à 75%. La
Turquie (38%) et le Maroc (18%) sont
les principaux producteurs.
(iv) Le maintien de la position relative des PM
dans les exportations de chemises s’ex-
plique essentiellement par le Maroc qui
passe d’une importance relative de 7,6%
à 16%. Alors que globalement les expor-
tations de cette catégorie de produits
baissent de 28% en 6 ans, seul le Maroc
augmente ses exportations. La Turquie
perd des parts relatives tout en restant le
leader avec 26,8%, mais ses exporta-
tions baissent de 80% entre 1995 et
2001. De même, la Pologne se désenga-
ge progressivement des chemises pour
hommes en se spécialisant dans la
confection de chemises pour femmes.
Une place sur la filière de production textile-
habillement qui reste stable
L’organisation de la filière textile-habillement
est fondée sur un découpage « opératoire »
de l’activité de production. La structure
input-output qui décrit les différentes activi-
tés de création de valeur ajoutée et leurs
interactions (de la conception du produit à sa
commercialisation en passant par le trans-
port) est opérationnelle (i) grâce à une struc-
ture de gouvernance au sein de laquelle la
firme dominante organise la valorisation des
différents segments de production, détermi-
ne les changements de techniques et les
rythmes de production, etc., (ii) par une
répartition spatiale des activités et (iii) dans
un cadre social et institutionnel spécifique
fondé sur les normes et les valeurs des diffé-
rents espaces d’activité des firmes[8].
Le réseau de production de textile-habille-
ment au sein de l’espace euro-méditerranéen
(cf encadré 9) repose sur la fluidité des
échanges et sur la réactivité (gestion des
stocks, respect des délais, contrôle des
démarques, etc.). Les industriels du textile-
habillement dans les pays développés jouent
la carte de l’innovation, de la créativité et de
la qualité en introduisant toujours plus de
technologies et de R&D. Il est clair qu’ils
attendent de leurs partenaires qu’ils partici-
pent activement à cette stratégie qui leur per-
met de conserver un avantage comparatif sur
l’ensemble de la filière. Au même titre que la
compétence des fournisseurs, la qualité du
réseau et sa capacité à évoluer et à s’adapter
aux changements des conditions de concur-
rence mis en place sont déterminantes.
La zone paneuroméditerranéenne est ferme-
ment défendue par les nombreux profes-
sionnels du secteur textile européen[9] qui
trouvent un immense potentiel de produc-
tion intégrant tous les stades de la filière,
avec des savoir-faire indéniables, à proximi-
té d’un bassin de 760 millions de consom-
mateurs et qui pensent qu’il faut protéger
ces liens privilégiés tissés à travers l’histoire
et les échanges. Dès lors, ces mêmes pro-
-50-
ducteurs estiment que les systèmes de pré-
férence, qui ont permis de protéger l’activité
de confection dans les pays moins dévelop-
pés, doivent être maintenus et permettre de
jouer un jeu gagnant-gagnant entre les deux
rives. Le développement des règles d’origine
et leur adaptation à une organisation régio-
nale de la production constituent un moyen
de prolonger les systèmes de protection
après les quotas.
L’organisation de réseaux de sourcing protè-
ge les PM mais doit également leur per-
mettre des remontées industrielles. Le trafic
de perfectionnement passif qui caractérise
le réseau textile paneuroméditerranéen
pourra devenir un trafic actif à plusieurs
conditions (Falke, 2003) :
√ si le réseau permet d’organiser un
transfert de technologies,
√ si les employés sont assez bien formés,
√ s'il existe une organisation administrati-
ve efficace,
√ s’il y a dans le pays un système juri-
dique et bancaire,
√ s'il y a une production de matières pre-
mières de qualité.
Les sous-traitants pourraient alors occuper
des places plus profitables sur la chaîne de
valeur. A l’heure actuelle, la Turquie se
Encadré 9 : La filière de production textile-habillement
L’industrie textile-habillement constitue une des filières de production les plus longues et les plus fragmentées.L’industrie textile (filature, tissage ou tricotage, ennoblissement) est de type capitaliste, repose sur des technologies depointe, des efforts de créativité et se localise généralement dans les pays industriels. La confection reste une activité demain d’œuvre dans laquelle la part de l’automation est faible (la machine à coudre représente 75% du temps de fabri-cation) et se développe dans les pays qui présentent des avantages salariaux.
Mais dans le même temps que le coût de production constitue un argument déterminant de délocalisation, le client ache-teur de l’article d’habillement va jouer un rôle primordial pour certaines catégories de produits. Afin de coller à la deman-de, la stratégie de production de vêtements est de plus en plus guidée par les grands distributeurs. La fabrication neconstitue plus qu’une étape dans la chaîne de production ; la création de valeur est de plus en plus fondée sur « l’im-matériel » Le client achète une marque, une qualité, un look et le prix de vente n’est pas essentiel. Aujourd’hui, lademande liée à la mode est volatile et différenciée. Les distributeurs sortent de leurs métiers de base, deviennent don-neurs d’ordre et conçoivent leurs stratégies de « sourcing », recherche de sous-traitants extérieurs, fondées sur un arbi-trage entre prix/qualité/flexibilité et rapidité/réactivité/créativité. Le sourcing, au service du client final, (Bernard, 2003)repose sur 3 composants:
√ le rapport qualité/prix √ la disponibilité du produit √ les valeurs du consommateur (normes sociales, commerce équitable),
qui correspondent globalement à deux types de sourcing :
√ traditionnel, fondé sur des plannings à long terme, et qui s’oriente essentiellement vers l’Asie,√ de réassortiment ou de réactivité, fondé sur le court terme et pour lequel les PM ont pour l’instant un avantage com-
paratif.
Le prix reste important dans la décision de sourcing mais sa détermination repose sur le calcul du prix de revient com-plet en tenant compte de tous les coûts. La qualité du produit, (sa finition, son style, son tissu, la qualité de sa fabri-cation, etc.) constitue un critère aussi essentiel que le prix dans le choix d’un fournisseur potentiel ce qui implique denouvelles stratégies de la part des détaillants. Le choix d’un partenaire repose sur des questions qui intègrent le savoir-faire des entreprises.
La qualité est un processus qui se construit par les liens clients-fournisseurs. C’est un investissement à long terme quipeut ne pas être en relation directe avec les déterminants des coûts. De plus, la qualité des services associés, la sou-plesse et la flexibilité, le respect des quantités, et la maximisation des immobilisations des fonds de roulement déter-minent le niveau de compétitivité d’un réseau de fournisseurs. La mission d’un responsable de sourcing est de compo-ser un parc de fournisseurs qui corresponde à ces contraintes.
Ces tendances nouvelles de recherches de partenaires extérieurs reposent sur la proximité géographique et commer-ciale. La régionalisation, outre les tarifs préférentiels, permet d’activer des circuits courts, où le temps de réponse pourun réassortiment peut être inférieur à 10 jours. Les sources de complémentarités entre les différents segments de lafilière constituent le fondement du choix des partenaires des producteurs européens. Selon leur place dans la chaîne deproduction et le type de marché qu’ils visent, les importateurs de textile-habillement des pays industrialisés n’accordentpas le même poids aux critères qui fondent les décisions de choix des fournisseurs étrangers : les grossistes insistentsur l’intégration verticale, les détaillants dans les secteurs « mode » jouent sur la vitesse alors que les grands distribu-teurs se focalisent sur les coûts.
Bernard B., Responsable du sourcing chez Carrefour (8 à 10% du chiffre d’affaire dans le textile), Conférence sur l’ave-nir du Textile et de l’Habillement après 2005, Bruxelles 5-6 mai 2003.
-51-
démarque des autres pays méditerranéens
en se positionnant mieux sur la chaîne de
création de valeur ajoutée. On soulignera
que les donneurs d’ordre distributeurs
s’orientent aujourd’hui plus vers un partena-
riat de co-traitant qui leur permet de se
dégager de la prise en charge d’activités qui
sortent du cadre de leur métier de base. Les
AC10 paraissent mieux préparés à participer
à cette nouvelle forme d’organisation que les
PM. Si aucune incitation de part et d’autre de
la Méditerranée n’est impulsée, ces derniers
risquent dés lors de rester cantonnés dans
des taches d’assemblages et de perdre des
créneaux à plus forte valeur ajoutée.
Les pays producteurs reconnaissent la néces-
sité de cet effort d’adaptation et investissent
dans une restructuration industrielle vers
l’amont, c’est-à-dire la fabrication des
matières premières.
La figure 12 montre un effort continu de la
part de la Tunisie (+51% entre 1995-2001),
du Maroc (+45%) et de l’Egypte (+25%) à
s’équiper de machines textiles fournies à 70%
par des industriels européens. La Turquie,
représentée sur l’axe de droite pèse pour 63%
des importations de machines textiles, après
avoir compté pour plus de 80% en 1996 et
1997, elle accuse une chute importante de ses
importations ces 3 dernières années.
La division du travail du textile euro-méditer-
ranéen, structurée essentiellement avec les
pays de la rive sud, est concurrencée par les
relations étroites entre l’Europe et les AC10.
L’annexe B6 met en évidence les relations
privilégiées entre les pays du sud de l’Europe
et les deux pays producteurs de la rive sud.
La Tunisie importe entre 87% et 89% de ses
matières premières (fils et tissus) des pays
européens (France, Italie) et y réexporte
97% de ses articles d’habillement. De même,
le Maroc importe à hauteur de 80% ses fibres
et fils de l’UE (France, Espagne, Royaume-
Uni) et leur exporte 97% des vêtements
confectionnés. Ces deux pays n’exportent
pratiquement pas de fils et tissus.
Les pays à l’Est de la Méditerranée jouent
une carte plus ouverte sur l’international et
sur les relations intraméditerranéennes sous
l’égide de la Turquie.
Figure 12 : Les importations de machines textiles des Partenaires Méditerranéens(en milliers d’euros)
0
40 000
80 000
120 000
160 000
1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 0010
400 000
800 000
1 200 000
1 600 000
2 000 000
Algérie Maroc Tunisie EgypteIsraël Jordanie Syrie Turquie
Turquie (axe de droite)
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.
-52-
(i) Le système de production textile turc est
impliqué de façon différente dans les
échanges euro-méditerranéens et le
pays joue un rôle plus actif dans la
zone : (i) la Turquie importe des fibres et
fils d’Asie (30% dans ses importations
de fibres synthétiques, 8% de Chine) et
des USA (20% des fibres végétales),
pays auquel elle destine 16,6% de ses
articles d’habillement ; (ii) l’UE (Italie et
Allemagne) fournit entre 35% et 39%
des fibres et tissus et absorbe près des
deux tiers des exportations de vête-
ments turques, (iii) et enfin la Turquie
est le seul des PM à exporter des fibres
synthétiques et fournit non seulement
les pays européens (46% des exporta-
tions) mais aussi les autres PM (et sur-
tout la Syrie), pour 13% de ses exporta-
tions, et les pays AC10.
(ii) L’Egypte, la Syrie, et la Jordanie impor-
tent des fibres synthétiques turques
(respectivement 17%, 20% et 6% des
importations de cette catégorie), les
pays européens fournissant des fibres
végétales (7%, 55%, 22%). La Syrie
fournit également les pays méditerra-
néens (30% des exportations) et sur-
tout la Turquie (20%) en fibres végé-
tales. Les pays européens absorbent
néanmoins près de la moitié des expor-
tations de fibres végétales égyptiennes
et syriennes.
(iii) Les USA importent 14% des fibres végé-
tales égyptiennes et 53% de vêtements.
(iv) La présence de la Chine est plus forte à
l’est de la Méditerranée où elle approvi-
sionne en fibres synthétiques et en
fibres végétales les pays tels que
l’Egypte, la Syrie, le Liban, Israël et la
Turquie (cf annexe B6).
(v) Par rapport aux pays AC10, le compor-
tement diffère sur plusieurs points :
(i) les relations de sous-traitance entre
les producteurs européens et ceux
d’Europe de l’Est sont plus lisibles pour
l’ensemble des pays AC10 (cf annexe
B7) : l’UE est le fournisseur principal
(entre 60% et 80% des importations)
de fibres et tissus et reçoit entre 80% et
95% des exportations de vêtements
confectionnés dans les pays AC10.
L’Allemagne et l’Italie sont les plus
concernées mais ces relations touchent
également les pays du Nord de l’Europe
(Danemark, Suède, Finlande), (ii) il y a
très peu de partenaires extra-euro-
péens, la Chine n’y intervient que mar-
ginalement, (iii) enfin, des relations de
complémentarités entre pays AC10 ten-
dent à se développer, les producteurs de
fibres et fils fournissant leurs parte-
naires de la zone.
En guise de conclusion, on indiquera que,
dans le contexte international qui se dessine
pour l’après 2005, l’Asie du sud-est et la
Chine en particulier, vont devenir des adver-
saires redoutables pour tous les acteurs de la
filière textile paneuroméditerranéenne.
(i) En effet, les producteurs européens de
fils et tissus ne sont pas à l’abri de la
concurrence asiatique. Rappelons que le
secteur textile-habillement emploie
deux millions d’actifs dans les pays
européens et que les bouleversements
dans ce secteur, très concentré territo-
rialement peuvent avoir des consé-
quences importantes en termes de bas-
sins d’emploi,
(ii) les caractéristiques du secteur étroite-
ment liées à la demande finale, vont
dans le sens d’un double mouvement de
localisation : un premier mouvement qui
répond à des considérations de coûts, un
deuxième mouvement qui repose sur la
réactivité du réseau client/fournisseur.
Schématiquement, on peut penser que
le coût n’étant pas le seul facteur sur
-53-
lequel repose la détermination des avan-
tages comparatifs, la polarisation des
activités de production vers les pays
d’Asie après 2005 devrait être moins
massive ; pendant que les localisations
des productions traditionnelles qui
jouent essentiellement sur les prix se
regrouperaient en Asie, les pays qui sau-
ront tirer partie de leur savoir-faire et de
leur avantage de proximité/réactivité
pourraient se spécialiser dans une pro-
duction « just in time »,
(iii) la qualité des réseaux de sous-traitance
de type sourcing qui organisent la pro-
duction euroméditerranéenne est dés
lors un moyen potentiel de résister, de
part et d’autre de la Méditerranée, aux
concurrences chinoises. Cependant, les
pays du sud-est asiatique assurent de
plus en plus une production à faible coût
associée à une meilleure qualité de pro-
duit grâce aux importations de
machines textiles modernes et aux
transferts technologiques. De plus, leurs
délais de réaction vis-à-vis des don-
neurs d’ordre européens se révèlent
être de plus en plus courts ce qui accen-
tue la menace potentielle pour les
Européens et pour les méditerranéens,
(iv) les accords euro-méditerranéens doi-
vent permettre d’offrir aux partenaires
du sud les moyens financiers, technolo-
giques et de formation pour participer
de façon plus active aux adaptations
indispensables de la filière.
La réactivité et la qualité, qui constituent cer-
tainement les atouts de la zone euro-médi-
terranéenne peuvent leur permettre d’affron-
ter la concurrence chinoise à condition que
les acteurs producteurs améliorent de façon
constante leur compétitivité ;
(i) Pour les Européens, cela signifie
recherche de techniques nouvelles,
amélioration de la qualité des produits,
promotion des activités de R&D et inno-
vations, formation de personnels quali-
fiés, et recherche de partenaires exté-
rieurs compétents au sein de réseaux de
sous-traitants de qualité.
(ii) Pour les PM, qui jouent le jeu de la
recherche collective de compétitivité
avec les producteurs de textile du Nord,
il s’agit non seulement d’opérer une
montée en complexité technologique
mais aussi d’accéder à un niveau supé-
rieur de responsabilité au sein de la filiè-
re de production, ce qui exige non seu-
lement des efforts pour monter en qua-
lité et en compétence mais également
des investissements plus importants
dans l’amélioration des opérations d’ap-
provisionnement et dans la modernisa-
tion des équipements de production.
V- Modifier une dynamique du marché
du travail freinée par la structure de
l’emploi, l’inadéquation de la formation
et la législation
En premier lieu, la structure sectorielle de
l’emploi reste profondément orientée vers
l’agriculture.
On peut ainsi observer que (i) le secteur des
services se développe et représente la plus
grande part des emplois (47,7%). Chypre,
Israël, la Jordanie et Malte sont les plus
avancés de ce point de vue, avec une part
des services dans l’emploi total proche de
celle de l’Union; (ii) ce n’est pas le cas du
secteur de l’industrie qui, en moyenne, a vu
sa part baisser de 1,5 point depuis 1995
(seule la Turquie a vu une progression de
l’industrie) ; (iii) le secteur agricole repré-
sente encore en moyenne près du quart des
effectifs (mais 45,2% au Maroc et plus de
35% en Turquie) et cette part est stable
depuis 1995.
-54-
Or, tant du point de vue de la structure que
de l’évolution, les PM font là face à un pro-
blème majeur. L’emploi agricole ne pourra
que reculer dans les années qui viennent,
notamment en raison de la mécanisation du
secteur indispensable à sa survie. Et l’évolu-
tion 1995-2001 montre l’incapacité du sec-
teur manufacturier et du secteur des ser-
vices à absorber non seulement les nou-
veaux arrivants sur le marché du travail,
mais également ceux dont les postes sont
supprimés dans le secteur agricole. De fait,
ce sont des millions de personnes qui se
retrouvent soit sans emploi, soit dans le sec-
teur informel (ESCWA, 2001). Ce qui est
extrêmement préoccupant, c’est que les
chiffres de besoin d’emplois calculés précé-
demment bien qu’impressionnants, ne pren-
nent pas en compte ce changement structu-
rel, ce qui peut faire craindre que malgré
leur ampleur, ils minimisent encore la réalité
de la situation.
Certes, on peut également remarquer le
développement du secteur des NTIC (nou-
velles technologies de l’information et de la
communication) dans certains pays de la
région. Mais, l’évolution est bien timide et ce
secteur ne pourra absorber qu’une quantité
limitée de scientifiques, techniciens, pro-
grammeurs, consultants ou formateurs. De
plus, ces secteurs ne correspondent pas à
l’orientation principale de la formation dans
les PM.
En effet, en deuxième lieu, les systèmes de
formation peinent à l’heure actuelle à réaliser
une adéquation satisfaisante de l'offre à la
demande.
(i) Le chômage, qui représente un vaste
gaspillage de capital humain, augmen-
te, surtout depuis la récession écono-
mique de 2001. Le taux moyen se situe
maintenant à environ 14%, l’un des plus
élevé dans les régions en développe-
ment (tableau 20). Encore sous estime-
Tableau 20 : Taux de chômage dans lesPM (en %)
1990 1995 2002Algérie 19,8 27,9 27,32
Chypre na 2,6 3,8Egypte 8,6 11,3 9,03
Israël na 6,9 10,3Jordanie na 14,4 15,3Liban 35,0 18,01 naMaroc 15,8 16 11,6Ter. Pales. na 18,2 25,52
Syrie na 7 11,7Tunisie na 17,8a 14,9Turqu ie 7,5 6,6 10,4PM 12,9 14,5 14,0
Sources : Eurostat, programme Medstat, basenewcronos 2003; a: INS Tunisie, 1995Notes : a. estimation; 1. chiffre 1997; 2. chiffre2001; 3. chiffre 2000
Tableau 19 : L’emploi par grands secteurs dans les PM (en %)
Agriculture Industrie Construction Services1995 2000 2001 1995 2000 2001 1995 2000 2001 1995 2000 2001
A lgérie 17,4 15,7 21,1 13,3 12,6 13,8 13,3 11,7 10,4 56,0 60,0 54,7Chypre 10,5 5,4 4,9 16,3 14,1 14,0 9,8 10,0 10,0 63,4 70,5 71,1Egypte 33,4 29,6 .. 15,6 13,4 .. 6,4 7,9 .. 44,6 49,1 ..Israël 2,9 2,2 1,9 20,7 18,0 17,5 7,2 5,3 5,2 69,2 74,5 75,4Jordanie 6,9 5,5 4,1 15,7 14,5 15,1 10,1 7,3 6,7 67,3 72,7 74,1Maroc .. 47,1 45,2 .. 13,0 12,8 .. 6,0 6,4 .. 33,8 35,5Malte 1,7 1,7 2,1 23,2 26,2 24,1 4,6 6,9 7,7 70,5 65,2 66,1Ter. Pales. 12,7 13,7 12,0 18,0 14,3 14,0 19,2 19,7 14,6 25,6 29,9 34,5Syrie 28,6 32,0 26,9 17,3 13,1 12,2 12,6 12,4 11,2 41,5 42,5 49,7Tunisie 21,9 22,1 22,0 21,8 20,5 21,7 13,2 12,7 12,2 43,1 44,7 44,1Turquie 43,4 34,5 35,4 16,2 18,2 18,3 6,1 6,4 5,3 34,3 40,9 41,0MoyenneSud-Med 23,5 25,0 23,8 16,8 14,9 15,4 11,6 10,5 9,5 44,6 46,7 47,7
Moyenne PM 17,9 19,0 17,6 17,8 16,2 16,4 10,3 9,7 9,0 51,6 53,1 54,6UE-15 5,2 4,3 4,3 21,0 19,5 19,2 7,4 7,2 7,2 66,3 68,9 69,3
Source : Eurostat, programme Medstat, base newcronos 2003.Algérie : Les chiffres pour 1995 se réfèrent à l’année 1996 (source: Statistical Yearbook, ONS, 1998);les chiffres 2000 sont ceux du premier trimestre et les chiffres 2001 ceux du troisième trimestre.Tunisie : Les chiffres pour 1995 se réfèrent à l’année 1994.
-55-
t-il la situation, compte tenu de l’impor-
tance du sous emploi dans le secteur
informel.
(ii) Les jeunes diplômés touchés par le chô-
mage sont de plus en plus nombreux et,
proportionnellement, plus touchés que
les autres classes d’âge. En Tunisie, le
taux de chômage chez les jeunes est
ainsi évalué à 25-30%, contre 14,9%
pour l’ensemble de la population active
et, au Maroc, le taux de chômage des
jeunes dans les zones urbaines atteint
31% (contre 11,6% pour le taux
moyen). De fait, alors que le nombre
d'année d'étude a augmenté de 50% en
deux décennies dans tous les PM, les
taux de chômage, loin de diminuer, aug-
mentent rapidement indiquant, entre
autres, l’écart entre les compétences
atteintes et celles demandées.
(iii) Les taux d'illettrisme restent pourtant
élevés. L'éducation de haut niveau est
performante, mais les gouvernements
doivent également mettre en place les
dispositifs nécessaires à l’acquisition
des savoirs de base pour l’ensemble de
la population, y compris les adultes.
(iv) Le secteur privé pourrait prendre une
plus grande part dans la fourniture de
services d'éducation. Relativement à la
situation en Asie par exemple, on note
une réelle sous représentation du sec-
teur privé dans l’éducation. Or, ce sec-
teur permet généralement d’assumer
des missions différentes et complémen-
taires de celles du secteur public,
notamment la formation continue, la
formation des adultes ou encore la for-
mation des jeunes sortis du système
traditionnel.
(v) Des dispositifs permettant d’organiser la
remontée des informations vers les
décideurs sont nécessaires pour mieux
cibler les problèmes et y répondre de
manière appropriée.
(vi) Les formations proposées doivent être
mieux orientées vers la demande afin
de satisfaire les besoins du secteur privé
et l'attribution des fonds doit se faire au
moins en partie selon ce critère.
En troisième lieu, des améliorations des
législations portant sur les marchés du travail
apparaissent nécessaires.
Celles-ci sont sensiblement différentes au
sein des PM. Par exemple, le Maroc possède
une loi sur le salaire minimum, mais son
application n’est pas systématique dans le
secteur privé. Le fort taux de chômage incite
le gouvernement à autoriser les employeurs
à embaucher sous le niveau légal. En Egypte
et en Tunisie, le respect du salaire minimum
se limite au secteur public et une telle dispo-
sition n’existe pas en Jordanie.
Or, il existe des voies qui permettraient
d’améliorer la flexibilité sans remettre en
cause la dimension sociale. Ainsi, une légis-
lation du travail prévoyant des négociations
salariales collectives et une résolution rapide
et efficace des conflits pourrait améliorer le
statut des travailleurs et leur garantir des
droits minimums tout en ne pesant pas outre
mesure sur la flexibilité du marché. Mais, il
est nécessaire de garder présent à l’esprit
que les conditions qui prévalent dans les PM
ne permettent pas à ce type de mesure de
fonctionner pleinement, notamment parce
qu’elles (i) ne protègent pas les employés du
Tableau 21 : Nombre moyen d’annéesd’études dans les PM
1980 1985 1990 1995 2000Algérie 2,68 3,46 4,25 4,83 5,37Chypre 6,52 7,44 8,71 8,91 9,15Egypte 2,34 3,56 4,26 4,99 5,51Israël 9,41 9,35 9,37 9,46 9,60Jordanie 4,28 5,23 5,95 6,47 6,91Syrie 3,65 4,47 5,11 5,48 5,78Tunisie 2,94 3,34 3,94 4,53 5,02Turquie 3,41 3,69 4,15 5,12 5,29PM 4,10 4,73 5,29 5,84 6,21
Source : Banque Mondiale, WDI database
-56-
secteur informel alors qu’ils représentent une
part importante de l'emploi dans la plupart
des PM, (ii) sont souvent contournées par les
entreprises du secteur formel domestique,
les institutions pouvant permettre de veiller à
leur respect étant souvent absentes ou peu
efficaces, (iii) sont mal perçues par les entre-
prises étrangères qui préfèrent recourir à la
main-d'œuvre la moins bien protégée, ce qui
induit des effets pervers sur la productivité
d’une part, sur la main-d’oeuvre qualifiée
d’autre part.
VI- Contrôler le développement de la
pauvreté, une contrainte absolue
a- Une pauvreté qui ne s’étend pas mais
qui gagne en profondeur
Apparemment, malgré la faiblesse de la
croissance du revenu par tête réel durant les
années 90, les PM sembleraient relativement
épargnés par la pauvreté. Mesurée en termes
de consommation ou de dépenses, elle ne
touche qu’environ 2% de la population tota-
le, ce qui représente près de 5 millions de
personnes vivant avec moins de 1 dollar par
jour (au prix 1985 PPA). Certes, c’est une
proportion considérablement inférieure à ce
que l’on observe dans les autres régions en
développement[10]. Mais, si l’on utilise
d’autres définitions de ligne de pauvreté,
l’ampleur du phénomène devient impression-
nante : on peut ainsi estimer qu’environ
72 millions de personnes dépensent moins de
60 dollars par mois, soit environ 30% de la
population totale, situation qui varie notable-
ment entre les PM.
La tendance générale est plus préoccupante
encore. Après de grands progrès au cours
des années 80, l’indice IDG[11] (1 dollar par
jour) baissant de 4,3% en 1980 à 2,4% en
1990, le mouvement s’est ralenti (1,8% en
1996) puis est reparti à la hausse (2,1% en
1998). A nouveau, un changement de défini-
tion de la ligne de pauvreté rend le mouve-
ment plus visible. La proportion des per-
sonnes vivant avec moins de 2 dollars par
jour s’élevait à environ 30% en 1987, puis a
fortement baissé pour atteindre 22,2% en
1996 —niveau similaire à celui des pays
d’Europe de l’Est et d’Asie Centrale— avant
d’augmenter à nouveau en fin de période à
29,9%, effaçant ainsi une décennie d’efforts
(Page et Adams, 2001). De plus, la « profon-
deur » du phénomène s’aggrave (tableau
22) : l’indice mesurant en pourcentage la dis-
Tableau 22 : Incidence de la pauvreté en Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie, de1981/1982 à 1998/1999
% de lapopulation
Indice deprofondeur
depauvreté
(%)
% de lapopulation
Indice deprofondeur
depauvreté
(%)
% de lapopulation
Indice deprofondeur
depauvreté
(%)
Egypte1981/82 18,2 3,5 16,1 3,1 17,2 n.a.
1990/1991 20,3 4,3 28,6 4,5 25 n.a.1995/1996 22,5 4,9 23,3 4,3 22,9 n.a.
1997 22,5 5,6 24,3 6,4 23,5 6,7Jordanie
1986/87 2,6 n.a. 4,4 n.a. 3 0,31992 12,4 3,1 21,1 5,1 14,4 3,61997 10 2,1 18,2 4 11,7 2,5
Maroc1984/85 17,3 n.a. 32,6 n.a. 26 n.a.1990/91 7,6 1,5 18 3,8 13,1 2,71998/99 12 2,5 27,2 6,7 19 4,4
Tunisie1985 4,6 n.a. 19,1 n.a. 11,2 n.a.1990 3,5 0,7 13,1 3,2 7,4 1,71995 3,6 0,7 13,9 3,1 7,6 1,6
Pays etAnnée del'enquête
Urbain Rural Total
Source : Adams et Page, 2001. n.a. : donnée non disponible.
-57-
tance séparant les pauvres de la limite fixant
leur condition tend à s’accroître (sauf en
Tunisie).
Néanmoins, on observe une tendance plus
favorable de la distribution des revenus, atté-
nuant quelque peu les effets du ralentisse-
ment économique, la part dans le revenu des
20% les plus pauvres augmentant. De
même, les mesures de l’inégalité des revenus
réalisées à partir du coefficient de Gini
(tableau 23) semblent indiquer :
(i) une inégalité de même ampleur dans les
PM, le coefficient en fin de période variant
entre 0,35 et 0,40 ;
(ii) une inégalité moindre que dans d’autres
régions : le même coefficient de Gini
varie en Amérique Latine de 0,44 à
0,61 ;
(iii) une inégalité qui ne s’est pas dévelop-
pée, malgré l’aggravation du phénomè-
ne, sauf peut-être en Egypte.
S’il est bien difficile de conclure sur la base
des données disponibles pour ces 4 pays, on
note néanmoins que :
(i) le mouvement de légère hausse en
Egypte, tant au niveau rural qu’urbain
n’apparaît que sur l’ensemble de la
période, tandis que l’évolution globale
sur la dernière décennie est plutôt
stable, sur la base d’un mouvement
contraire entre les situations urbaine et
Tableau 23 : Distribution des dépensesdes ménages en Egypte, Jordanie,Maroc et Tunisie, de 1981/1982 à1998/1999
Egypte1981/82 0,322 0,275 n.a.1990/91 0,34 0,36 n.a.1995/96 0,331 0,235 n.a.
1997 0,385 0,321 0,35Jordanie
1986/87 0,362 0,319 0,3611992 0,406 0,33 0,41997 0,371 0,305 0,364
Maroc1984/85 0,405 0,317 0,3971990/91 0,377 0,312 0,3931998/99 0,377 0,316 0,395
Tunisie1985 n.a. n.a. 0,431990 n.a. n.a. 0,41995 n.a. n.a. n.a.
Coefficient de Gini sur les Dépensesdes Ménages
TotalPays et
Année del'enquête
Urbain Rural
Tableau 24 : Synthèse des mouvements en termes de pauvreté et d’inégalité enEgypte, Jordanie, Maroc et Tunisie, de 1981/1982 à 1998/1999
Pauvreté Inégalité Moyenne des Dépenses
(mesurée en % de lapopulation)
(measurée à partir ducoefficient de Gini)
(measurée à partird'enquêtes sur la
moyenne des dépensespar habitants)
EgypteCroissante (urbaine, rurale
et totale) Croissante (urbaine, rurale) Décroissante (urbaine,rurale)
JordanieCroissante (urbaine, rurale
et totale)Stable (total) Décroissante (totale)
MarocDécroissante (urbaine,
rurale et totale)Stable (urbaine, rurale) Croissante (totale)
TunisieDécroissante (urbaine,
rurale et totale) n.a. Croissante (totale)
Pays
Source : Adams et Page, 2001.n.a. : donnée non disponible.
-58-
rurale, cohérent avec l’exode rurale des-
tinée à la recherche d’activité et de
revenu ;
(ii) la stabilité en Jordanie sur l’ensemble de
la période suggère que la montée de la
pauvreté est principalement imputable à
la baisse de 32% des dépenses de
consommation par tête ;
(iii) symétriquement, la stabilité affichée
pour le Maroc, conjuguée à l’amélioration
de l’incidence sur l’ensemble de la pério-
de, tend à indiquer que cette dernière
s’explique par la hausse de 21% des
dépenses par tête.
Au total, il semble bien que la principale rai-
son des mouvements observés réside dans la
dynamique des revenus disponibles.
De fait, le contexte marqué par le déclin des
salaires réels accroît la profondeur du phé-
nomène, même si on n’observe pas directe-
ment une plus grande étendue de la pau-
vreté, le revenu réel moyen augmentant, en
effet, moins vite que le coût réel d’acquisi-
tion des biens essentiels. Or, la baisse du
salaire réel dans le secteur public a été très
importante par rapport au milieu des
années 80 : en 1992, son niveau réel en
Encadré 10 : Les limes de Méditerranée. Les variables sociales du développement : santé, pauvreté et criminalité.CENSIS, Italie.
Cette étude se fonde sur la conviction que le développement économique des PM ne peut progresser que s’il existe unengagement à coopérer sur les aspects économiques mais également sociaux du développement. Cette approche pro-longe l’idée selon laquelle l’objectif principal du partenariat euro-méditerranéen –commerce et sécurité- ne peut êtremis en place sans que la priorité soit donnée à une progression du bien-être social tout autour de la Méditerranée.
En se penchant sur les différences et les déséquilibres sociaux entre les sociétés, impliquées par les limes qui traver-sent le bassin méditerranéen, l’étude a été amenée à privilégier trois facettes de l’aspect social du développement (lasanté, la pauvreté et la criminalité), afin de mesurer comment ces trois indicateurs fondamentaux de « l’état de santé »d’un pays sont affectés par les liens plus ou moins forts que les PM tissent au niveau mondial.
Au travers d’une analyse comparative avec pour point de référence l’ensemble des pays de la Méditerranée impliquésdans le Partenariat euro-méditerranéen et concernant les trois dimensions retenues (santé, pauvreté, criminalité), cetterecherche a confirmé certains faits fondamentaux :
√ après une longue période de protectionnisme, les progrès des pays en développement du bassin méditerranéen versun modèle d’économie « ouverte », avec une nouvelle approche du marché, ont souvent été accompagnés d’un fortdéclin des taux de croissance du PIB par tête, accroissant les niveaux de chômage et approfondissant la pauvreté ;
√ les programmes d’ajustement structurel qui guident les réformes depuis les années 1980 dans la zone MoyenOrient et Afrique du Nord (MENA) a permis d’obtenir des résultats importants en termes de stabilisation macro-économique mais, en même temps, a provoqué une hausse significative du chômage et de la pauvreté créant des« nouveaux pauvres » au sein de différents groupes sociaux qui sont les « victimes directes » des mesures d’ajus-tement structurel ;
√ la croissance économique qui apparaît, quand les économies en développement s’ouvrent aux marchés mondiaux etsignent des accords commerciaux multilatéraux, peut initialement générer une amélioration des indices de pauvre-té (basés sur le revenu)–comme ce fut le cas pendant les dernières années où l’économie a profité d’une périoded’expansion- mais il existe un risque de laisser des « trous » de pauvreté et d’exclusion importants dans le tissusocial, aggravant l’exclusion et les inégalités touchant de larges segments de la population, sources de tensions etde mécontentements ;
√ les résultats atteints par beaucoup de pays méditerranéens sur le plan économique, et parfois de la réduction de lapauvreté, dissimulent les profonds déséquilibres sociaux qui persistent et ne se traduisent pas par des améliorationsaussi satisfaisantes des conditions de vie des habitants ;
√ au travers des interconnections entre le crime et le développement, malgré des différences assez substantielles dansles taux de criminalité des pays, on peut voir une corrélation négative significative (et « mystérieuse ») entre l’in-cidence des offenses et la position qu’occupe un pays dans les estimations du niveau de développement au niveaumondial (telles que l’indice de développement humain (HDI) calculé par le PNUD comme indicateur proxy des pro-grès socio-économiques et civils d’un pays).
La somme de ces phénomènes amène l’analyse à confirmer qu’une hausse du PIB par tête ne s’accompagne pas auto-matiquement d’une réduction de la pauvreté vue du côté des revenus (mesurée sur la base d’un seuil de pauvreté de1 dollar par jour et par personne) et n’engendre pas une amélioration des conditions de santé de la population ni uneréduction immédiate de la criminalité et de l’insécurité sociale. De la même façon, si nous nous penchons sur l’ensembled’indicateurs ayant trait à la santé, à la criminalité et à la pauvreté, il n’est pas certain qu’ils correspondent à un niveauinférieur de « pauvreté humaine » ou à un accroissement du « développement humain ».
L’étude encourage à considérer la santé, la pauvreté et la criminalité comme les axes d’un espace à trois dimensions oùles divers pays et sous-régions de la Méditerranée peuvent être localisés et où les différents aspects du bien-être socialpeuvent être mesurés et estimés.
Recherche financée par le Femise et dirigée par le CENSIS, Italie. Référence FEM21-30Titre : The Mediterranean Limes. The social Variables of development: Health, Poverty and CrimeDate prévue de fin des travaux : octobre 2003
-59-
Egypte n’atteignait que 50% de son niveau
de 1982. De même, au Maroc, le niveau des
salaires publics en 1993 ne représentait que
75% de celui de 1975 et, en Jordanie, il
s’élevait à 85% du niveau de 1985. Le sec-
teur public n’est d’ailleurs pas le seul tou-
ché : en Algérie, le salaire minimum réel a
baissé de 16% par an sur la période 1989-
1992 (Ali, El Badawy, 2000). La pauvreté
est davantage prononcée dans les zones
rurales, ce qui intensifie l’exode rural, mais
la pauvreté urbaine se développe égale-
ment, touchant plus particulièrement les
actifs indépendants travaillant dans le com-
merce de détail (Bishay, 1998), et malgré
une productivité et des taux de croissance
plus élevés. Dans les zones urbaines, la
pauvreté est reliée à la segmentation du
marché du travail : comme le chômage, elle
découle de la faible capacité d’absorption
des marchés du travail des secteurs
« modernes ». Une main-d’oeuvre peu qua-
lifiée est considérée comme moins producti-
ve et rencontre plus de difficultés à entrer
dans le marché, ce qui la rend plus touchée
par le sous-emploi et la pauvreté (Nassar,
El Laithy, 2000).
b- La lutte contre la pauvreté et les per-
formances des économies
A long terme, la croissance est le détermi-
nant simple le plus important de la pauvreté.
Lorsque l’objectif est la réduction et, ultime-
ment, l’éradication de la pauvreté, il ne
semble pas y avoir de meilleur instrument
qu’une croissance soutenue et durable du PIB
par tête des économies. Les pays qui ont
obtenu les meilleurs résultats contre la pau-
vreté sont également ceux dont la croissance
a été la plus rapide (Rodrik, 1998).
Mais, si l’impact de la croissance sur la pau-
vreté est incontestable, le lien entre la crois-
sance et l’amélioration de la distribution des
revenus est beaucoup plus ambigu. Cette
ambiguïté se révèle dans de nombreux pays
à travers le monde.
Une condition importante pour lutter contre
la pauvreté est de coordonner l’action des
différentes parties prenantes dans la lutte
contre la pauvreté, gouvernementales et non
gouvernementales. Il est ainsi évident que le
manque de coordination entre ces différents
acteurs entraîne la duplication inutile des
efforts envers les pauvres, voire des initia-
tives conflictuelles (Khossaif, 1998). Cette
coordination est nécessaire à tous les
niveaux, intra-ministériel, inter-ministériel et
entre les ONG.
On notera également que, jusqu’ici, le
contrôle et le suivi des programmes de lutte
ont été particulièrement faibles, en partie à
cause des capacités institutionnelles et de
faibles ressources humaines, en partie liées à
des ressources insuffisantes. On ne trouve ici
nulle trace d’études indépendantes évaluant
l’impact et l’efficacité des programmes de
lutte contre la pauvreté.
Ainsi, l’efficacité de la lutte contre la pauvre-
té réclame rapidement la résolution des
imperfections suivantes :
(i) la capacité limitée des institutions gou-
vernementales à atteindre les pauvres à
l’échelon local ;
(ii) la capacité limitée des ONG à mettre en
place des programmes innovants et
réussis ;
(iii) le manque d’études d’impact systématiques
malgré les importants montants dépensés ;
(iv) le pourcentage élevé de projets infruc-
tueux ou abandonnés et le faible rem-
boursement des emprunts ;
(v) la multitude de pays ou d’agences dona-
teurs, mais la fragmentation et le carac-
tère partiel des contributions ;
-60-
(vi)le manque de ressources humaines qua-
lifiées, pour formuler, mettre en place et
assurer le suivi des programmes de
luttes.
Au total, le Femise tient à souligner l’impor-
tance qu’il y a à prendre en compte le pro-
blème d’une façon multidimensionnelle et
dans sa totalité. Des programmes correcte-
ment pensés n’arrivent souvent pas à recon-
naître que le problème est bien plus compli-
qué que le simple transfert de ressources
vers les pauvres. Ainsi, une dose de juge-
ment critique couplée à une analyse sérieuse
des déterminants de la pauvreté dans les PM
est une nécessité urgente pour permettre la
mise en place de politiques efficaces.
c- La migration dans les pays du Sud de
la Méditerranée, conséquence de la pau-
vreté et du chômage.
La migration est une conséquence de la
pauvreté et du chômage. Presque tous les
pays de la rive nord du Bassin sont devenus
des lieux d’accueil pour des milliers d’immi-
grants illégaux tandis que le public, les
autorités et les experts débattent vivement
et avec un intérêt croissant des consé-
quences. La migration provenant du
Maghreb privilégie l’Europe comme destina-
tion : celle-ci est le lieu de résidence de
80% à 90% des expatriés de cette région
(Di Magliano, 1999). Par contre, l’émigra-
tion des pays du Machrek se focalise plus
spécialement sur les autres pays arabes,
notamment les pays du Golfe, et les Etats-
Unis (Bauer et Gang, 1998).
Le mouvement d’émigration vers les pays du
nord se caractérise par :
(i) un nombre relativement important de
migrants illégaux dont la totalité s’élève-
rait à 3 millions au début de 2000 à com-
parer avec les moins de 2 millions du
début des années 1990.
(ii) Plus de la moitié de ces migrants
vivraient plus particulièrement dans les
quatre pays du Sud de l’Europe :
l’Espagne, la France, l’Italie et la Grèce
(Icduygu et Ünalan, 2000).
(iii) La majorité d’entre eux est peu ou pas
qualifiée et intègre le segment le plus
exposé du marché du travail local, se pla-
çant de fait au bas de l’échelle sociale.
(iv)La migration des plus entrepreneurs, des
plus qualifiés et des mieux éduqués, bien
qu’il s’agisse d’une petite minorité, repré-
sente une perte considérable pour le pays
d’origine qui a financé la formation de ces
travailleurs spécialisés. Le mouvement
induit une diminution des ressources
humaines du pays (fuite des cerveaux).
(v) Les migrants et leurs familles sont sou-
vent confrontés à une discrimination poli-
tique et socio-culturelle en période de
récession (Ministry of Foreign Affairs of
Sweden, 2000).
L’intégration euro-méditerranéenne nécessite
la mise en place d’une nouvelle politique
migratoire qui se concentrerait plus spécifi-
quement sur les mouvements des travailleurs
qualifiés (Garson, 1999), car il est possible
de rendre le phénomène bénéfique pour les
deux parties. D’un côté, les pays de l’Union
européenne pourraient répondre au problè-
me de baisse du nombre d’actifs que pose le
vieillissement de leurs populations en tirant
parti de programmes légaux d’immigration.
D’un autre côté, ces mêmes programmes
permettraient aux PM de :
(i) réduire à court terme leur chômage,
(ii) obtenir des devises étrangères afin de
financer leur développement (dans le cas
du Maroc, en 1997, les entrées nettes de
capitaux étrangers en provenance
d’Italie représentaient approximative-
-61-
ment 30 milliards de Lires en 1997 alors
que les rapatriements en devises des
travailleurs émigrés en Italie avoisinaient
les 40 milliards),
(iii) faire suivre aux travailleurs des forma-
tions professionnelles qu’ils pourront
valoriser à leur retour,
(iv)accélérer l’intégration régionale qui est
en cours avec l’Union européenne.
Cependant, l’impact sur le développement de
la contribution financière des émigrés est
très faible, car les rapatriements sont rare-
ment investis dans le processus productif et
ne participent donc pas activement à la créa-
tion d’emplois. Par ailleurs, ces transferts
peuvent creuser des inégalités de revenus au
sein de la communauté d’origine et même
induire des pressions inflationnistes qui vont
Encadré 11 : Revenus des travailleurs émigrés : pratiques des émigrés marocains au Danemark et desémigrés tunisiens en Italie.
Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark.
I- Le cas des Marocains au Danemark
a- Motifs et rationalité du rapatriement
Ils sont 8404 immigrants marocains au Danemark dont 46,6% sont des femmes. En 2001, ils représentent à peu près3% de la population immigrée et de leurs descendants venant de pays tiers (i.e. de pays hors Union européenne et noncompris les Etats-Unis et la Norvège). Bien qu’ils ne soient que le 12ème plus vaste groupe d’immigrés au Danemark,leur nombre a doublé sur les dix dernières années. Un résultat préliminaire qui ressort des 30 interviews faites jusquelà est que le montant des transferts dépend de la situation personnelle et familiale du migrant et donc que les histoiresde migration individuelles déterminent les motifs des envois. Deux tendances globales ont été discernées : d’un côté,les migrants nouvellement arrivés envoient plus d’argent et plus fréquemment que leurs prédécesseurs. Ceci est prin-cipalement dû au fait que la majorité tend à considérer leur séjour comme temporaire. En même temps, les motifs derenvois de fonds sont déterminés par la présence ou l’absence d’autres parents vivant à l’étranger. Plus il y a de migrantsqui contribuent par leurs transferts à aider la même famille marocaine dépendante, plus le montant des fonds envoyésvers le pays d’origine est faible. D’un autre côté, un séjour plus long au Danemark peut signifier un travail mieux rému-néré sur le marché du travail danois et peut, à son tour, impliquer de meilleures chances de renvoyer de l’argent pourles membres de la famille dépendants ou pour construire une maison pour la retraite. En d’autres termes, il est possiblede décrire la relation entre la phase de la migration et le revenu comme une courbe en U : un plus fort pourcentage durevenu est transféré au début et à la fin de la période de migration, alors que la période intermédiaire est caractériséepar des flux rapatriés inférieurs du fait de facteurs de reproduction et de dépenses de vie et d’habitation au Danemark.
Plusieurs éléments expliquent les variantes dans les pratiques de rapatriement. La situation socio-économique de lafamille laissée à la maison joue un rôle substantiel : en fait, dans quelques cas, les personnes interviewées étaient éco-nomiquement soutenues par la famille de retour à la maison, alors que la majorité envoie de l’argent pour aider le ména-ge des migrants et d’autres parents proches dans le pays d’origine.
Par ailleurs, le statut économique du migrant au Danemark est en corrélation directe avec les pratiques de rapatriement.Des revenus du ménage plus élevés favorisent le transfert d’un montant d’argent plus élevé. Il faut noter que, cepen-dant, les personnes les mieux éduquées de l’échantillon tendent à conserver une plus large part de leur épargne dansle pays hôte, alors que les migrants les moins éduqués transfèrent dans leur pays d’origine une part plus importante deleur revenu.
Les relations avec la famille restée au pays jouent également un rôle substantiel. Au Danemark, les liens de la « secon-de génération » d’immigrants marocains avec leurs parents et leur famille du pays d’origine tendent à se distendre.
Généralement, les rapatriements de fonds ne sont pas faits de façon régulière mais dépendent des besoins spontanésdes parents du pays d’origine ou d’évènements particuliers tels que la maladie ou le mariage. Les rapatriements attei-gnent des sommets pendant les fêtes telles que l’Aïd ou les autres évènements religieux.
Les donations comme le ‘Za’ kat’ ou la donation de la prière du vendredi à la mosquée représentent d’autres formes derapatriements qui sont envoyés via les associations de migrants aux communautés locales du Maroc. Le ‘Za’ kat’ cor-respond approximativement à 2,5% de l’épargne des ménages qui n’a pas été touchée pendant un an. Le montant pré-cis est calculé par le chef de famille et est habituellement distribué parmi les personnes dans le besoin localement. Dansquelle mesure les interviewés pris individuellement surestiment les donations du ‘Za’ kat’ est débattu entre eux.
Les rapatriements en nature représentent une autre source de flux importants, bien que plus difficiles à quantifier.L’équipement électrique neuf ou de seconde main, les vêtements usagés et les voitures sont souvent apportés au Marocpendant des séjours de vacances.
Jusqu’à il y a quelques années, l’argent envoyé pouvait être déduit des taxes sur le revenu danois (à hauteur de 10,000 DKKpar an ou 1,400 Euros). Beaucoup des interviewés expliquent le déclin des rapatriements par l’arrêt de cette politique.
b- Les modalités
Au Danemark, les marocains emploient largement le système bancaire qu’ils jugent peu coûteux et facile d’accès. Lesautres moyens de transfert d’argent, tels que la Western Union, ne sont globalement pas connu des marocains et s’ilsle sont, ils ne sont employés qu’en cas d’urgence. En dehors des transferts des banques, les migrants apportent du liqui-de pendant les visites mais généralement seulement s’il s’agit de montants importants (plus de 60,000 DKK ou8000 Euros). Les marocains demandent rarement à des amis de transporter l’argent pour eux. Quand ils sont en visite
-62-
au Maroc pour des vacances, les retraits d’argent par carte Visa ou carte de crédit sont fréquemment utilisés et préfé-rés au transport de liquide.
Un changement dans l’utilisation des canaux officiels a eu lieu à la suite des contrôles plus étroits imposés par les auto-rités sur les flux financiers vers et en provenance des pays arabes dans la foulée de la « guerre contre la terreur » décla-rée par l’administration des Etats-Unis.
c- L’impact sur le pays d’origine
L’objectif principal de l’envoi d’argent au Maroc est le soutien du ménage et d’autres proches parents et/ou l’achat d’unemaison. Mais les rapatriements ont également des conséquences sur l’environnement macro-économique. L’achat debiens est la forme d’investissement la plus courante. Les interviewés donnent peu de preuves des investissements dansles secteurs productifs. Cependant, la nouvelle phase de la recherche au Maroc se focalisera sur cet aspect.
Les rapatriements sont également investis dans les plans de retraite et certaines formes particulières d’assurance en casde décès. Les investissements dans les plans de retraite semblent être plus intéressants au Maroc qu’au Danemark –lestaux d'intérêt sont plus élevés au Maroc 7-9% relativement au Danemark, 4-5%, et les retraites sont exonérées de taxes.L’assurance vie qui en cas de décès assure le rapatriement du corps au Maroc est contrôlée par la « Banque Populaire »marocaine qui a un représentant à l’ambassade du Maroc à Copenhague. Pour souscrire à cette assurance-vie, il faut êtretitulaire d’un compte en banque à la Banque Populaire et payer une commission de 100-200 DKK (approximativement12-24 euros) par an. La nécessité d’avoir ce type d’assurance était une des principales raisons qui expliquent pourquoi,même après plusieurs années passées au Danemark, les ressortissants conservent un compte dans une banque maro-caine. Cependant, cette pratique commune pourrait changer si le cimetière musulman devient une réalité au Danemark.
Le manque d’investissements dans les activités productives est souvent relié au manque d’information concernant les oppor-tunités d’investissement et au sentiment d’insécurité dû à la situation économique et politique au Maroc. Les personnes trou-vent difficile et peu intéressant d’investir au Maroc à cause des lenteurs du système bureaucratique et de la corruption lar-gement répandue. À condition que des structures économiques incitatrices et des mécanismes légaux chargés d’éviter lafraude et la corruption existent, les migrants marocains les plus riches au Danemark envisageraient d’investir au Maroc.
II- Le cas des travailleurs tunisiens vivant en Italie : premiers résultats
Cette étude est fondée sur des interviews d’immigrants tunisiens en Italie et se focalise sur leurs pratiques d’envois de fonds, surleurs choix concernant les moyens de rapatriement disponibles et sur l’emploi par les familles du pays d’origine des fonds reçus.
Suivant les données de balance des paiements diffusées par la banque centrale de Tunisie, le rôle des fonds des immigrés méri-te une attention particulière en regard des autres postes au crédit de la balance et des données macro-économiques du pays.
La banque centrale de Tunisie a choisi de ne pas suivre les standards de présentation de la balance des paiements duFMI concernant les transferts des tunisiens vivant à l’étranger. Ceci permet de donner en une ligne l’ensemble des fluxfinanciers provenant des tunisiens immigrés. Les flux enregistrés comprennent à la fois les devises et les flux en natu-re et englobent les biens et les instruments financiers transférés par les immigrants à l’étranger pour plus d’un an (cequi serait enregistré comme des transferts unilatéraux selon l’appellation du FMI) et par les tunisiens dont le séjour àl’étranger est inférieur à un an (qui seraient comptabilisés comme des revenus du travail).
De plus, la législation tunisienne concernant le marché des devises étrangères permet l’enregistrement de flux noncomptabilisés par les autres pays (i.e. l’Italie), tels que les transferts effectués par les services postaux ou par des opé-rateurs spécialisés (i.e. la Western Union ou Money Gram).
Suivant les données de la banque centrale de Tunisie, en 2001, les entrées de fonds étaient approximativement de1,334 millions TD, dont 76% en monnaie et 24% en nature, selon les officiers des douanes. Sur les cinq dernièresannées, les entrées de fonds des travailleurs ont augmenté de 11,54% par an, avec un pic à 22,3% en 2001 et un retourà une croissance de 14,1% si les données provisoires pour 2002 sont confirmées.
Cette progression était uniquement due aux envois de fonds en valeur qui ont cru durant toute la période à un tauxatteignant 25% pour la dernière année considérée. Sur les trois dernières années prises en compte, la part des rapa-triements en nature a baissé pour s’établir à 24% de la totalité des flux en 2001.
L’importance des rapatriements des travailleurs apparaît quand ils sont comparés aux autres postes de la balance despaiements. En 2001, les revenus du travail –qui sont la majorité des flux du poste « revenus du travail »- représen-taient 7,02% des recettes totales et 8,72% des recettes courantes. Leur montant est à peu près le double de celui desIDE et équivaut approximativement à 1/7ème du total des exportations.
Rapportés aux autres postes des Comptes Nationaux, le rôle des rapatriements de fonds pour l’économie tunisienne appa-raît significatif. Ils correspondent à 4,64% du PIB, à presque 20% de l’épargne brute et à 8,87% du stock de dette externe.
Ils couvrent à peu près 32% du déficit du compte courant tunisien et sont avec le tourisme une des principales sourcesd’approvisionnement en monnaie étrangère du pays. Les entrées de revenus du travail représentent quelques 250% del’aide officielle au développement totale mais dans ce cas la proportion est en diminution et équivaut approximative-ment à 65% du service de la dette totale.
Presque 91% des rapatriements vers la Tunisie viennent des pays de l’OCDE, les 9% restant proviennent presque tousdes autres pays arabes. La répartition par continent montre que l’Europe arrive en premier avec 90% des flux, les autrestransferts provenant d’Asie (6,33%), d’Afrique (2,74%) et d’Amérique (1,29%). Les rapatriements des autres paysd’Afrique viennent presque tous de Libye, ceux d’Asie de la région des pays du Golfe, alors que les Etats-Unis et leCanada sont les deux seuls pays concernés dans l’hémisphère ouest.
Presque 80% de la totalité des rapatriements sont transférés à partir de la France, de l’Allemagne et de l’Italie. Les sor-ties de France représentent à elles seules 51% du total des transferts.
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aggraver la pauvreté des familles qui ne
bénéficient pas de tels transferts.
Jusqu’ici, la question des flux migratoires
entre les deux rives n’a guère marqué l’agen-
da européen : toute discussion concernant
l’admission de migrants légaux est toujours
taboue, la préoccupation principale restant la
protection contre les mouvements de popula-
tion non contrôlés.
Or, de nombreux observateurs des sociétés
du Sud de la Méditerranée estiment qu’en fait
la répression encourage les nouveaux arri-
vants à demeurer dans la clandestinité car ils
craignent les mesures qui seront prises à leur
encontre, aussi bien d’ailleurs par les autori-
tés européennes que par celles de leur pays
d’origine en cas de retour forcé. De plus, une
telle attitude de fermeture décourage l’échan-
ge de ce qu’il y a de meilleur des deux côtés
La balance des paiements italienne comptabilise les rapatriements selon les standards du FMI, et enregistre, en 2000,un montant de 737 millions d’Euros transféré par les tunisiens vivant en Italie depuis plus d’un an. Selon le systèmeemployé par la banque centrale de Tunisie, les transferts des travailleurs en provenance d’Italie enregistrés dans labalance des paiements tunisienne s’élèvent à 137,2 millions de TDN en 2000 contre 149,9 millions de TDN en 2001, cequi équivaut à 109 millions d’Euros soit 11,29% du total des transferts de l’étranger des travailleurs tunisiens.
Les données pour les trois dernières années montrent une croissance considérable pour ce qui est de l’Italie même sicelui-ci est inférieur au taux de croissance moyen. Il faut prendre en compte le fait que la substitution de la Lire contrel’Euro a impliqué une perte pour les tunisiens en termes de taux de change.
Les tunisiens vivants légalement en Italie sont 46.494 en 2001, ce qui correspond à 3,41% du total des étrangers et, àce titre, ils représentent la sixième communauté du pays. Pendant la dernière décennie, leur nombre a cru de 1,12%ce qui est le taux le plus bas enregistré par les 25 plus importantes communautés d’étrangers d’Italie dont le taux decroissance moyen est de 2,10%. Les tunisiens séjournent en Italie principalement pour des raisons professionnelles.Presque 57% de la totalité des permis de résidence ont été délivrés à des travailleurs ayant un emploi régulier, 2.955à des immigrants en recherche d’emploi (6,44%) et 2.386 à ceux ayant une activité indépendante en Italie. La part despermis délivrés aux tunisiens employés par une compagnie italienne est presque de 9 points de pourcentage plus éle-vée que la moyenne, alors que la part des permis pour la recherche d’emploi est presque deux fois la moyenne, ce quicorrespond à 6,81% de l’ensemble des permis délivrés pour cette raison.
Les premiers résultats d’une enquête auprès des travailleurs tunisiens vivants en Sicile et à Rome suggèrent d’être par-ticulièrement attentif aux migrants les moins bien intégrés dans la société italienne. Ils sont majoritaires dans certainescommunautés et le volume de leurs transferts n’est pas négligeable (plus de 80% de leur salaire), alors que, dans cer-tains cas, les rapatriements des tunisiens riches, bien intégrés et vivants en Italie avec leur famille depuis longtempsne sont que des cadeaux, rapportés aux parents à l’occasion d’un séjour en Tunisie.
Ceux qui ne sont pas intégrés et les migrants irréguliers maintiennent des liens plus étroits avec leur communauté d’ori-gine qui donnent lieu à des transferts plus fréquents d’épargne. Les envois de fonds représentent un apport essentielde revenus aux familles vivant en Tunisie, ce qui comprend souvent la femme et les enfants, particulièrement dans lecas de travailleurs saisonniers, illégaux ou sans contrat de travail régulier.
Comme l’on montré certains spécialistes, les rapatriements qui deviennent une ressource essentielle pour les travailleursqui prospectent pour un emploi stable et ne sont pas supposés couvrir à eux seuls les besoins de la famille en Tunisie,en cas de problème. La nécessité de ne pas perdre le droit d’être considéré comme un membre de la famille et de lacommunauté est une des raison d’envoyer de l’argent.
L’analyse des moyens les plus communément utilisés pour gérer l’épargne et transférer les fonds révèle un recours limi-té aux services offerts par les banques et autres opérateurs financiers. Même si plus de la moitié des interviewés décla-rent déposer leur argent dans une banque –utilisant en majorité des comptes épargne et seulement dans peu de cas uncompte courant- les transferts sont le plus souvent faits de personne à personne en prenant le liquide ou en le confiantà un tiers de confiance. Parmi les canaux officiels, les services postaux sont l’alternative la plus souvent choisie, avecles services aux particuliers proposés par la Western Union ou Money Gram. Ces derniers sont employés s’ils sont dis-ponibles sur le lieu de résidence et seulement en cas d’urgence du fait des commissions élevées imputées. Les servicesdes banques sont presque complètement ignorés en tant que moyen de transférer de l’argent.
Seulement peu sont informés des instruments offerts par le gouvernement tunisien visant à diriger les fonds vers le sys-tème financier officiel et à promouvoir l’investissement en Tunisie grâce aux citoyens vivant à l’étranger et personne nesemble en tirer avantage.
Bien que certaines banques soient de plus en plus intéressées par le marché des fonds des travailleurs, celui-ci sembleêtre encore sous-évalué par les systèmes financiers officiels des deux pays impliqués. Pour ce qui est des besoins desmigrants, un plus fort désir de pouvoir investir dans des biens en Italie a été évoqué même par ceux qui veulent ren-trer en Tunisie par la suite et y ont prévu un investissement similaire.
Une large part des interviewés a également prévu d’investir dans des activités ayant trait aux affaires, dans un ou dans lesdeux pays. Comme nous l’avons déjà signalé, peu sont informés des incitations proposées par la réglementation tunisienne,ainsi que par les marchés financiers, la majorité d’entre eux ayant très peu de relation avec le système bancaire et financier.
Recherche financée par le Femise et dirigée par le Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark. Référence FEM21-08Titre : a Favourable Macroeconomic Environment, Innovative Financial Instruments and International Partnership to Channel Worker's Remittancestowards the Promotion of Local DevelopmentDate prévue de fin des travaux : janvier 2004
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de la Méditerranée puisque les migrants les
plus qualifiés sont plus incités à vivre en
Amérique du Nord. Il ne reste alors que les
sans-emploi, sans-qualification pour s’instal-
ler en Europe, clandestinement, créant une
situation qui, au mieux, ne favorise pas la
compréhension mutuelle, au pire, approfondi
l’incompréhension (Di Magliano, 1999).
Les migrations peuvent être considérées
comme un défi mais aussi comme une oppor-
tunité. Si l’on envisage différemment le pro-
blème, le considérant non plus comme une
source de tensions politiques, mais comme
un phénomène porteur d’intérêts réci-
proques, de nouvelles possibilités de coopé-
ration politique et socio-économique s’ouvri-
ront qui permettront de réduire les flux
migratoires illégaux et non-contrôlés et
d’éviter les pertes en capital humain qui
réduisent finalement la capacité d’attraction
des investissements (Di Magliano, 1999).
d- La question de l’emploi des femmes
et de leurs revenus
En Asie de l’Est, la baisse de la fertilité pen-
dant la phase de transition démographique a
conduit à une augmentation du taux d’activi-
té féminin, laquelle a constitué une impor-
tante source de croissance. Cette même
hausse a été expérimentée par les pays
méditerranéens de l’Europe qui ont rejoint
l’Union pendant les années 1980 : le taux
d’activité des femmes entre 1981 et 2001 est
passé, en Grèce de 25% à 38%, au Portugal
de 47% à 54% et en Espagne de 27% à 40%
(source Eurostat, programme Medtstat, base
newcronos).
Mais, malgré la baisse de la fertilité, cette
croissance de la participation féminine n’a
pas eu lieu dans les PM (ERF, 2000). Mêmes
les femmes dont le taux d’éducation est
important, celles justement dont le taux de
fertilité a le plus baissé, n’ont pas rejoint le
marché du travail dans une proportion iden-
tique à celle de l’amélioration de leur niveau
de formation. Tandis que le taux féminin
d’analphabétisme se réduisait quasiment de
moitié entre 1980 et 2001, le taux de parti-
cipation moyen dans la main d’œuvre ne pro-
gressait que de 5,2 points.
Ce taux est naturellement très bas relative-
ment à d’autres régions en développement et
surtout vis-à-vis de la situation prévalant sur
les autres rives de la Méditerranée. Il faut
Tableau 25 : Indicateurs du niveau de formation des femmes et taux de participa-tion dans la main d’oeuvre
Taux féminins d’analphabétismeTaux d’achèvement des
études primaires1995-2001
Taux de participationdes femmes en % de la
main d’œuvre1980 1990 2001 Total Féminin 1980 2001
Algérie 76,1 59 42 91 88 21,4 28,3Egypte 75,2 66 55 99 92 26,5 30,7Jordanie 46,1 28 15 104 106 14,7 25,1Israël na 12 7 na na 33,7 41,5Liban 37,1 27 19 70 na 22,6 29,9Maroc 84,6 75 63 55 47 33,5 34,8Syrie 66,2 52 38 90 86 23,5 27,3Tunisie 68,8 53 38 91 90 28,9 31,9Turquie 45,9 34 23 92 89 35,5 37,8PM 62,5 45,1 33,3 na na 26,7 31,9
Source : World Bank Development indicators, 2003Note : le taux moyen d’activité figurant dans la première partie, 25%, n’est pas calculé par la simplemoyenne non pondérée, mais par le rapport du nombre de femmes déclarées actives dans les 11 PM etde la population féminine en âge de travailler des 11 PM (équivalent à la moyenne pondérée par lapopulation), ce qui explique la différence entre les deux valeurs.
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néanmoins noter qu’une grande proportion
des femmes travaille en fait dans le secteur
informel ou dans des activités basées aux
domiciles, principalement agricoles. Mesurer
le taux de participation réel comme la contri-
bution de la population féminine à l’activité
économique n’est pas aisé (en Méditerranée
comme ailleurs). La définition de la popula-
tion active ne prend en effet pas en compte
les tâches ménagères, la garde des enfants,
ni les travaux de ferme réalisés par les
femmes. La plupart de ces activités n’étant
par ailleurs pas « marchandes », elles n’ap-
paraissent pas dans les comptes nationaux.
De plus, et cela est plus spécifique à la
région, ces activités qui représentent l’équi-
valent du quart des emplois féminins, ne
donnent pas lieu à rémunération puisqu’ils
sont exécutés au sein du cercle familial.
La part croissante des emplois féminins dans
les secteurs publics est évidente dans de
nombreux PM. Pour les femmes, il s’agit de
postes recherchés malgré les bas salaires, en
raison de la sécurité de l’emploi et du systè-
me de couverture sociale qu’ils offrent. Ainsi,
en Egypte, 55% des emplois publics sont
occupés par des femmes (48% dans l’admi-
nistration, 7% dans les entreprises
publiques ; chiffres de 1992), croissant au
rythme annuel de 5% depuis 1986 (Wadie,
1998). En Jordanie, la proportion est iden-
Encadré 12 : Quelques caractéristiques des petites entreprises et des femmes entrepreneurs en Égypte.Université du Caire, Egypte.
L’enquête concernant les Petites et Moyennes Entreprises (PME) a été réalisée en Mars et Mai 2003. Le MSES2003concernait 4958 entreprises et autant de ménages. Le premier objectif poursuivi était d’obtenir un aperçu détaillé etexact/précis de la situation des PME en Egypte, de leur dynamique, de leurs problèmes et de leurs potentialités.
Les objectifs principaux de l’enquête étaient les suivants:
a) Mieux identifier les facteurs déterminants de la compétitivité des PMEb) Suggérer comment les niveaux de gouvernement, centraux et locaux, pourraient s’impliquer, via différentes poli-
tiques, pour aider ce secteur à atteindre un plus haut niveau de revenus et de compétitivitéc) Identifier les contraintes internes et externes qui pèsent sur les PME ainsi que les relations/connexions/liens poten-
tiel(le)s avec le secteur privé moderned) Déterminer dans quelles conditions les femmes participent à ces entreprises, en incluant dans l’enquête celles qui
exercent leur activité à domicile.
Les premiers résultats de l’enquête apportent des éléments nouveaux et intéressants, notamment en ce qui concerneles thématiques sexo-spécifiques et formelles.
Les principaux résultats obtenus sont les suivants:
√ Au niveau national, les femmes entrepreneurs représentent 11% du total des dirigeants/propriétaires de PME.√ 68% des PME réalisent leurs activités dans le domaine commercial, 18% dans l’offre de services et 14% dans l’in-
dustrie.√ La majorité des chefs d’entreprises ont 40 ans ou plus.√ La majorité des hommes entrepreneurs (78%) et des femmes entrepreneurs (49%) sont mariés. Cependant, 23%
femmes entrepreneurs sont veuves ou divorcées, ce qui est un pourcentage élevé relativement à celui de leurshomologues masculins puisque seuls 1,4% d’entre eux sont dans une situation familiale similaire.
√ La différence en terme de niveau d’éducation selon le sexe est flagrante: 19% des hommes chefs d’entreprise sontillettrés, alors que le pourcentage s’élève à 39% au sein du groupe des femmes chefs d’entreprise.
√ Les entreprises dirigées par des femmes sont tendanciellement plus petites que celles dirigées par des hommes, tantdu point de vue de la masse salariale que de la valeur du capital.
√ Les femmes entrepreneurs sont plus enclines à agir de manière informelle. Elles ont tendance à moins se plier auxrègles légales et administratives de procédure, notamment en ce qui concerne les règles formelles de comptabilitéet la souscription/contribution au dispositif national de sécurité sociale.
√ Un des résultats intéressants concerne la possibilité de souscrire un crédit via les voies formelles. Les données obte-nues ont révélé que seule une minorité des entrepreneurs avaient eu accès à ce type de financement. Dans tous lescas de figure, les femmes en ont davantage bénéficié (6,9%, contre 5,3% pour les hommes).
√ La capacité à sortir de la communauté des petits entrepreneurs est très faible, voir inexistante, pour des servicescomme le management de l’information, la formation, l’assistance technique, le marketing ou les services à l’export.
√ Les entrepreneurs, quel que soit leur sexe, sont confrontés aux mêmes problèmes, parmi lesquels, pour ne citer queles plus importants: un niveau élevé d’imposition, une mauvaise gestion de l’impôt, une rentabilité limitée et unedifficulté à obtenir le capital initial.
√ Le harcèlement sur le marché est l’une des difficultés majeures rencontrées par les femmes entrepreneurs. Ce sen-timent a été clairement exprimé au cours de l’enquête, tant par les femmes que les hommes chefs d’entreprises.
Recherche financée par le Femise et dirigée par l’Université du Caire, Egypte. Référence FEM21-31Titre : The Informal Sector, Micro and Small Enterprises in MENADate prévue de fin des travaux : avril 2004
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tique alors que la part des postes occupés
par des femmes dans le secteur privé n’est
que de 40%. En Syrie, la part des femmes
dans les emplois publics est passée de
18,7% en 1980 à 40% en 1995 sous l’impul-
sion de l’État qui encourage la participation
féminine (ESCWA, 2001b). En Turquie par
contre, la proportion n’atteint que 35% (ERF,
2000), et elle est encore plus basse en
Tunisie avec 28% (ESCWA, 2001c).
Sur le plan sectoriel, les statistiques du BIT
indiquent que 70% des femmes actives sont
employées dans les services, 20% dans
l’agriculture et seulement 10% dans l’indus-
trie, plus spécialement dans le textile et l’ha-
billement. La part croissante des femmes
dans les services, au détriment du secteur
agricole, indique un accroissement du niveau
de qualification et de formation des femmes
(ESCWA, 2002). Néanmoins, elles demeurent
sous représentées relativement aux hommes
dans les emplois d’administration et de
management et leur participation aux sec-
teurs de hautes technologies est très limitée.
Si les données sur l’emploi féminin dans le
secteur informel sont très parcellaires, les
études indiquent néanmoins qu’elles sont
plus actives, possèdent un certain niveau de
compétence ou de connaissance et quelques
capitaux. La principale contrainte les empê-
chant de se transformer en entrepreneur à
haut revenu provient du manque d’accès aux
ressources financières et à la propriété des
actifs physiques nécessaires aux opérations.
Malgré une certaine croissance dans les
salaires féminins (tableau 26), ces derniers
représentent une part de la masse salariale
inférieure à celle des hommes. En Turquie,
les salaires féminins ont plus que doublé et,
dans les Territoires sous Autorités
Palestiniennes, ils ont augmenté d’environ
50% entre 1996 et 1999. Cette croissance
des salaires pourrait provenir de la modifica-
tion dans le type d’emplois occupés, des
emplois dans le secteur agricole, sans quali-
fication et généralement peu payés étant
remplacés par des emplois dans les services,
plus qualifiés et plus rémunérateurs.
Il reste important de noter que, pour la plu-
part des indicateurs, l’existence d’un biais
systématique en défaveur des femmes
indique que c’est une combinaison de facteurs
économiques, sociaux et culturels qui pèsent
en premier lieu sur le développement de l’ac-
tivité féminine, avant même la faible dyna-
mique des marchés de l’emploi dans les PM.
Tableau 26 : Croissance nominale dessalaires féminins dans quelques PM
Féminins Masculins TotalChypre (1996-2000) 21,1 19,4 20,0Egypte (1996-1999) 39,8 45,1 44,4Jordanie (1996-1999) 3,3 0,7 1,3WB & Gaza (1996-2001) 42,9 58,6 57,0Turqu ie (1996-1997) 115,2 112,7 112,0
Source: Calculs de l’ERF à partir de ILO Yearbook,2002
Encadré 13 : Les implications du Partenariat sur lesecteur agricole en Égypte.
Center of Agricultural Economic Studies, Egypte.
L’accord de partenariat EU-Egypte (EUEPA) qui a déjà étésigné par les deux parties devrait entrer en vigueur en2004. Le EUEPA nécessite que soient progressivementlevées, sur 12 ans, les barrières tarifaires et non-tarifairesdes deux parties sur leurs importations de produits indus-triels et de produits des industries agro-alimentaires.Cependant, l’accord prévoit certaines concessions sur lesexportations égyptiennes de biens agricoles vers l’Unioneuropéenne (UE) relativement aux concessions préféren-tielles comprises dans l’accord de coopération, principale-ment sous la forme de quotas plus importants exonérésde taxes, de fenêtres saisonnières plus larges et d’ajoutde nouveaux produits bénéficiant d’un traitement préfé-rentiel.
Les contraintes imposées sur les exportations égyptiennesde biens agricoles vers l’UE sont conformes à celles pré-vues par la bien connue Politique Agricole Commune(PAC), qui se déclinent en termes de limites de produc-tion, de niveau élevé de protection externe et de prix desoutien hauts. De ce fait, la PAC pourrait être un obstacleà l’obtention pour l’Egypte d’un accès complet au marchépour ses produits agricoles.
Cette étude a pour objectif d’évaluer et d’analyser leseffets statiques et dynamiques de l’insertion du commer-ce agricole dans l’Accord de partenariat EU-Egypte dupoint de vue des échanges, de l’emploi et de la produc-tion. Une attention particulière sera portée à certains pro-duits, en particulier les céréales en tant que bien pouvantêtre importés et les fruits et légumes en tant que bienspouvant être exportés du côté de l’Egypte.
Le modèle proposé ‘équilibre général calculable (EGC)souligne le rôle de l’agriculture dans l’économie égyptien-ne et plus particulièrement, il met en lumière les liensentre l’agriculture et les autres secteurs, y compris lessecteurs agro-alimentaires, qui a besoin d’intrants agri-coles et produit des outputs alimentaires agricoles ou pas.
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a- L’importance de l’agriculture pour l’économie égyptienne.
L’économie égyptienne est traditionnellement très largement dépendante du secteur agricole en tant que source decroissance et soutien du secteur non-agricole. Pendant les années 1980 et 1990, cette domination a baissé mais l’agri-culture compte toujours pour une part significative dans la croissance, les exportations et l’emploi. La part de l’agricul-ture dans le PIB est passée de 29,3% en 1970 à 18,2% en 1980 et 16,6% en 2000. La part de l’emploi agricole a dimi-nué de 35,8% en 1985 à 33,2% en 1990 et 28,1% en 2000. Le déclin relatif du rôle de l’agriculture reflète en partie laforte croissance des autres secteurs en particulier ceux des produits pétroliers, des services et de la construction. Deplus, avant le début de la réforme de la politique sectorielle dans les années 1980, ce secteur devait supporter plusieursdistorsions qui avaient un effet négatif sur son développement. Il a aussi reçu une part décroissante d’investissementspublics sur les 25 dernières années qui à leur tour n’étaient pas toujours alloués de manière optimale entre les diffé-rents sous-secteurs.
b- Principales caractéristiques de l’agriculture égyptienne
Si l’on considère les chiffres par personne, la zone des terres cultivées en Egypte avec ses 0,05 ha par tête compte parmiles plus petites du monde. La taille des fermes est restreinte et les estimations montrent que 70% des exploitations pos-sèdent moins de 0,42 ha. L’agriculture est presque entièrement dépendante de l’irrigation provenant du Nil. La bandede terre agricole de l’Egypte représente 3,3 millions d’hectares répartis en 3,0 millions d’hectares entre le bassin du Nilet le delta et quelques 80000 ha d’oasis et de terres arrosées par les pluies (rain-fed land). Sur le total des terres quis’étendent entre le basin du Nil et le delta, 2,5 millions d’ha sont des « vieilles terres » et les 0,72 millions d’ha restantsont des nouvelles terres irriguées. Sur les vieilles terres, un système de rotation des cultures élaboré est suivi. Les prin-cipales cultures d’hiver sont le blé, le berseem (trèfle d'Alexandrie) et les fèves. Parmi les cultures d’été, le maïs, le rizet le coton dominent. Les cultures maraîchères telles que les tomates, les pommes de terre, les concombres, les melonsetc. sont cultivés pendant les trois saisons.
c- Solde global des échanges agricoles
Entre 1985 et 1989, le total des échanges agricoles était en moyenne de 3,81 billions de dollars US par an, ce qui repré-sentait à peu près un tiers (34,1%) des échanges de l’Egypte, mais il a baissé en termes absolus et relatifs pour se fixeren moyenne à 3,06 billions sur la période 1990-1994 soit 25,7% des échanges du pays. Entre 1995 et 2001, bien quele total des échanges agricole a augmenté pour s’élever à 4,38 billions, sa part a diminué encore pour se fixer à 22,4%du commerce total.
Les exportations agricoles ont décru de 610 millions de dollars US en moyenne entre 1985 et 1989 à 457 millions pour1993-1994 et ont connu une légère hausse en 1995-2001 à 528 millions en moyenne. La part des exportations agri-coles a reculé de 22,7% dans la première période à 13,4% dans la seconde et 10,8% dans la troisième.Les importations agricoles se sont réduites entre les deux premières périodes de 3,20 billions de dollars US à 2,64 bil-lions mais ont cru à 3,85 billions en moyenne dans la troisième avec une part de 37,8%, de 30,1% et de 26,3% desimportations totales pour les trois périodes respectivement. L’indice des termes de l’échange, qui est le rapport de lavaleur unitaire des exportations sur celle des importations, révèle une tendance à la baisse sur la période 1995-2000par rapport à 1990-1995.
L’Egypte enregistrer toujours un large déficit agricole qui s’est creusé de 2,4 billions de dollars US en 1985-1994 à plusde 3,32 billions pour 1995-2001.
d- Tendances des exportations agricoles
L’Egypte a traditionnellement des exportations concentrées mais qui se diversifient au fur et à mesure. Dans la période1985-1989, les exportations agricoles étaient dominées par le coton qui constituait approximativement 60% de la tota-lité des exportations. Les exportations d’oranges s’élevaient à plus de 10,5% du total. Dans la période 1990-1994, lapart du coton n’a atteint que 27% du total contre 25,7% pour les exportations de riz, de pommes de terre et d’oranges.Entre 1995 et 2001,les exportations de coton se sont stabilisées à 30,0% alors que la part du riz, des pommes de terreet des oranges, productions confondues, a atteint 37,1%. Un recul peut être aussi observé pour ce qui est de la contri-bution des "autres" exportations qui passe de 43,9% à 30,2%.
Le profil d'exportation de l'Egypte est concentré non seulement en termes de biens mais aussi en termes de marchés.L'UE est le marché le plus large pour les exportations égyptiennes avec un poids de 44% du total dans la période post-accord, alors que les Etats-Unis viennent en second avec 13%. Les exportations vers les pays arabes représentent 10%du total des exportations égyptiennes. L'UE était la plus importante destination pour les exportations de coton et depommes de terre égyptiens avec des parts de 24,5% et de 80,4% respectivement, dans la période 1993-1994 et de36,2% et 81,4% respectivement entre 1995 et 2001. Il semble aussi que l'UE ait ouvert plus largement ses marchésaux exportations de coton et de pommes de terre égyptiens sur la période à la fois en termes absolus et relatifs ; lesvolumes sont plus importants et les parts plus fortes. Cependant, l'UE occupe une place mineure en tant que débouchépour le riz, les oranges et les oignons. Les pays arabes, en général, et du Golfe, en particulier, sont des marchés cru-ciaux pour les exportations de riz et d'oranges et dans une moindre mesure de pommes de terre et d'oignons.
Les exportateurs égyptiens sont toujours confrontés à des contraintes sérieuses sur les possibilités d'expansion de leursventes à l'étranger. Sur le plan domestique, celles-ci comprennent la faible qualité des intrants domestiques, les rem-boursements des droits d'importation encombrants, les régimes d'admission temporaire, une paperasse excessive, desfrais et des délais en douane et différentes inspections au cours de la réception et de l'expédition, des travailleurs malpréparés au type d'emplois offerts, des incitations insuffisantes à exporter et un manque d'accès à l'information sur lesmarchés étrangers et les produits standards.
e- Tendances des importations agricoles
Les importations agricoles égyptiennes ont cru significativement entre les périodes pre et post UR, passant de 2,6 bil-lions de dollars US en moyenne pour 1990-1994 à 3,5 billions de dollars US en moyenne pour 1995-2000 avec un tauxde croissance annuel de 5,9%. Le blé, le maïs, l'huile comestible, le sucre, le lait en poudre et la viande rouge sont lesprincipaux biens importés. Evaluées à 767 millions de dollars US, les importations de blé comptaient pour 29% du total
-68-
des importations agricoles sur 1990-1994 mais ont régressé à 22,9% pour une valeur de 803 millions de dollars US enmoyenne sur 1995-2000. Pour ce qui est du maïs et de l'huile comestible, leurs importations ont cru en termes absoluset relatifs ; la valeur des importations de maïs sont passées de 227 millions de dollars US et 8,4% dans la premièrepériode, à 462 millions de dollars US et 12% pour la seconde. La part des importations d'huile comestible a augmentéde 8% à 9,9%.
L'Egypte dépend de différentes sources d'approvisionnement en importations de biens agricoles et alimentaires.Cependant, il y a eu une concentration en termes d'origine de chaque produit alimentaire. La provenance des importa-tions de céréales égyptiennes, en particulier, est presque exclusivement américaine qui couvre 65% de la demandeégyptienne de blé et 77% de celle de maïs (maïs jaune pour la nourriture des volailles) sur la période pre-UR (1993-1994) et 67,7 % du blé et 81,7% du maïs sur la période post-UR (1995-2001).
Recherche financée par le Femise et dirigée par le Center of Agricultural Economic Studies, Egypte. Référence FEM21-04Titre : Implications of EU - Egypt Partnership Agreement with Special Emphasis on Egyptian AgricultureDate prévue de fin des travaux : juin 2004
Encadré 14 : Intégration régionale et utilisation d’une ressource au Moyen-Orient : l’eau et le le besoin de la paix
Department of Economics, Hamburg University, Allemagne.
La pénurie d’eau a été une source récurrente de tensions entre Israël et les Etat riverains du Jourdain, tous partagentcette ressource en tant que tributaires et qu’utilisateurs ou les deux. Pourtant,les gains potentiels d’une gestion com-mune de l’eau sont substantiels et pourraient agir comme un catalyseur en faveur de la coopération pour la paix. Leprojet de recherche essaie de quantifier ces gains et de définir les stratégies pour les obtenir.
Quel plan pour l’eau?La gestion conjointe de la pénurie de ressources en eau dans le Jourdain est cruciale pour le déve-loppement futur de l’agriculture comme des implantations urbaines de la région. Notre étude ana-lyse la disponibilité, la distribution et l’utilisation de l’eau ainsi que l’impact de politiques alterna-tives de gestion de l’eau par les détenteurs de cette ressource : le Liban, la Syrie, la Jordanie,Israël et les territoires sous Autorité Palestinienne.
Partager une ressource communeLes détenteurs de cet investissement utilisent l’eau de sources proches, i.e. les rivières Yarmouck et Zarqa. De plus, Israëlet l’Autorité Palestinienne utilisent les mêmes aqueducs (aquifers) pour les nappes phréatiques. Alors que les pays enamont comme la Syrie et le Liban sont des contributeurs plus que des utilisateurs, la Jordanie, Israël et l’AutoritéPalestinienne puisent largement dans le Jourdain. Selon les standards de la Banque Mondiale, ils sont classés comme zonede stress en eau. En 2000, la disponibilité dans les territoires sous Autorité Palestinienne est même descendue en deçàdu niveau critique, alors que la Jordanie devrait atteindre ce niveau en 2020 étant donné son taux élevé de croissancede la population. De ce fait, une gestion efficace des ressources en eau est une priorité urgente. Jusqu’ici, les prix actuelsde l’eau sont symboliques dans le meilleur des cas et il n’y a pas de paiement explicite des importateurs nets vers lesexportateurs nets d’eau. En fait, une simple redistribution de l’utilisation de l’eau n’est pas suffisante puisque tous les par-tis sauf le Liban et la Syrie sont essentiellement confrontés à de sérieux manques. Donc, toute stratégie régionale viabledoit accroître l’offre actuelle d’eau et prévoir un plan cadre pour l’eau comprenant des importations de l’étranger, un recy-
clage plus intense et peut-être de nouveaux modes dedésalinisation.
Le prix de l’eauLa gestion des ressources rares nécessite des incitationsadéquates, i.e. les utilisateurs doivent payer le prix justeaux offreurs pour garantir une allocation efficace de l’eau.De ce fait, le projet devra, en plus de dresser une cartedes flux actuels et de l’utilisation économique qui est faitede l’eau, évaluer sur une grille fine de localisation dans lebassin du Jourdain la contribution économique implicite del’eau dans chaque économie, en calculant les valeurs mar-ginales des flux et des stocks d’eau spécifiques au site,
pour enfin les présenter sous la forme d’une carte de valeur de l’eau. En plus de donner une indication de la rareté rela-tive de l’eau et un point de référence pour l’évaluation coûts/bénéfices des projets de développement de l’eau, cettecarte de valeur servira dans les calculs qui déterminent la rétribution que doit l’utilisateur aux territoires qui délivrentl’eau, en permettant de quantifier les transferts implicites qui existent actuellement entre les pays. La carte pourra éga-lement être utilisée pour évaluer le coût et les implications économiques de l’épuisement des ressources des nappesphréatiques en différents lieux. Ensuite, différents modes de facturation aux utilisateurs serontcomparés, y compris ceux qui tiennent compte des dommages dus à la désalinisation. Enfin,l’étude analysera quelques conséquences des accords visant à accroître l’offre d’eau en prove-nance de sources externes.
Le principal instrument dans la réalisation de ce projet est un modèle d’équilibre spa-tial explicite (multi-biens) avec une attention spéciale accordée à l’agriculture et pour bien prin-cipal, l’eau, qui sera calibrée grâce à la création d’une base donnée extensive comprenant desinformations gracieusement fournies par des instituts de recherches (Hebrew University ofJerusalem; Applied Research Institute Jerusalem, Palestinian Authority), des consultants(EnviroConsult, Jordan; Seibersdorf, Austria) et des organisations nationales et internationales(instituts nationaux de statistiques, FAO et ICARDA).
Recherche financée par le Femise et dirigée par le Department of Economics, Hamburg University, Allemagne. Référence FEM21-02Titre : Regional Integration and Resource Use in the Middle East : Water and the Need for PeaceDate prévue de fin des travaux : mai 2004
Water use in the Jordan Valley (source: Middle East Data BanksProject, 1998)
Le Jourdain en aval dulac de Tiberiade (c)
Affluents et eaux sou-terraines (source :Seibersdorf, 2001).
-69-
MONOGRAPHIES SUR LA SITUATION MACRO-ÉCONOMIQUE DES PM
Algérie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.71Egypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.79Israël . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.89Jordanie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.96Liban . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.105Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.110Syrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.119Tunisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.125Turquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.134
-70-
-71-
(iv) la croissance de la productivité globa-
le des facteurs en Algérie reste néga-
tive (autour de -2% par an selon les
hypothèses faites sur l'impact du capi-
tal humain et physique, Lazare,
Callier, Khanjar, Koranchelian, 2002)
ce qui n’indique aucune amélioration
significative du régime de croissance
qui reste extrêmement dépendant de
l’accumulation.
Or, ces modifications de la structure produc-
tive et du régime de croissance sont d’autant
plus nécessaires, que, malgré des niveaux de
croissance 2002 et peut être 2003 records
dans la période récente (la croissance n’a été
supérieure à 4% qu’à quatre reprises sur les
deux dernières décennies), cela n’a pas été
suffisant pour réduire significativement le
taux de chômage, toujours très élevé (27,3%
en 2001) et frappant davantage les moins de
25 ans (le taux de chômage de cette classe
d’âge s’élève à 48,6%). De fait, les niveaux
de croissance nécessaires pour entraîner une
amélioration significative de la situation sont
estimés à 6-7% par an et semblent difficiles
à atteindre à court terme (dans la période la
plus faste que le pays ait connu, 1966-1980,
la croissance du PIB n'a jamais dépassé
6,4% par an). La structure productive actuel-
le rend de plus la croissance volatile et sou-
mise aux chocs externes. Le PIB par habitant
évolue de manière chaotique, ce qui ne per-
met pas d’amélioration dans la lutte contre la
Algérie
En 2001, la croissance du PIB a été de 2,1%
en termes réels. Elle s’est améliorée en 2002
où elle a atteint 4,1% et le gouvernement
espère maintenir ce niveau pour 2003. Mais,
le taux de croissance de l'Algérie est entière-
ment déterminé par la fluctuation des prix du
pétrole et les évolutions récentes ne mon-
trent pas d’amélioration de ce point de vue :
(i) 98% des recettes d'exportation proviennent
toujours du secteur des hydrocarbures ;
(ii) la part du secteur des hydrocarbures
dans la valeur ajoutée a encore augmen-
té entre 1998 et 2002 au détriment de
tous les autres secteurs, pour atteindre
35% contre 21,8% pour celui des ser-
vices, 8,7% pour le BTP, 8,6% pour
l’agriculture et 7% pour l’industrie ;
(iii) si la croissance 2002 dans les secteurs
autres que l’agriculture et les hydro-
carbures a été plus forte que le taux
moyen, elle provient essentiellement
des bons résultats du bâtiment (8,2%).
Certes, les services ont connu égale-
ment une croissance élevée, mais le
fait qu’elle soit inférieure à celle du BTP
(5,3%) et que l’industrie affiche de
faibles performances relatives (2,9%)
tend à indiquer que les effets de l’ou-
verture progressive de l’économie ne
se manifesteront pas avant des
restructurations profondes ;
PIB et prix des hydrocarbures (PIB, échelle de gauche, Prix du Brent, échelle de droite)
-2,2
5,1
2,4
-3,6
6,3
1,61
4,7
2,7
17
28,39
12,71
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
croissance en %
0
5
10
15
20
25
30
prix du baril en $
Pib nominal Pib hors hydrocarburesPib hors hydrocarbures et hors agriculture prix du Brent
Source : Ministère des Finances.
Valeur ajoutée dans le PIB
26,6
11,2
35,0
7,08,7
21,8
27,5
12,412,9
8,6
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Agriculture Hydrocarbures Industrie BTP Services
% 1998 2002
Source : Ministère des Finances.
-72-
pauvreté ou contre l’illettrisme, dont le taux
demeure élevé (33% en moyenne, 42,9%
pour les femmes mais un écart avec les
hommes —24%— qui tend à se réduire).
L’administration augmente même ses effectifs
plus vite que le secteur économique, devenant
le principal employeur : la part des actifs dans
les administrations atteint en 2001 48,5%
contre 46,4% en 1997, tandis que, sur la
même période, la part du secteur économique
baisse de 49% à 47,1%. Dans le même temps,
les statistiques de l’agence nationale pour
l’emploi indiquent que la précarisation s’est
fortement accrue : la part des contrats « pré-
caires » dans les placements réalisés est pas-
sée de 45,4% à 86,5% entre 1997 et 2001.
Le gouvernement a bien lancé depuis deux
ans un vaste programme de soutien à la
relance économique (PSRE) qui, malgré sa
cherté (le déficit budgétaire est estimé à 9%
du PIB en 2003), a des effets positifs, mais
lents à se manifester sur la structure produc-
tive. L’indice de production industrielle hors
hydrocarbures reste étroitement couplé à
l’indice général de production industrielle. Or,
le secteur pétrolier n’est ni un important
pourvoyeur d’emplois, ni un vecteur de diffu-
sion de nouvelles technologies puissant. La
diversification structurelle est longue à
mettre en place et les réformes nécessaires
sont profondes, ce qui laisse à penser que
l’économie algérienne restera encore long-
temps soumise aux aléas de la conjoncture
internationale et des prix des matières pre-
mières. Toutefois, une gestion intertemporel-
le avisée de ses richesses naturelles doit per-
mettre à l’Algérie de restructurer son écono-
mie plus rapidement.
Un équilibre macro-économique contrôlé
(i) Envisagée du point de vue des échanges
de biens, la position extérieure de l’Algérie
reste dominée par la faiblesse inhérente à sa
spécialisation dans les hydrocarbures. Certes
le taux d’ouverture a progressé tout au long
de la décennie passée (de 35 à 54%) et le
solde de la balance commerciale atteint des
sommets en 2001 (+ 8,5 milliards de dollars,
dont l’essentiel, +6,5 milliards, est obtenu
dans les relations avec l’Union). Mais, 98%
des échanges proviennent des hydrocarbures
en 2001, une extrême concentration qui a
elle aussi augmenté durant les années 1990
(en 1990, la part des hydrocarbures s’élevait
en effet à 89%). Cette situation prévaut avec
l’ensemble des partenaires commerciaux :
les produits pétroliers représentent 98 % des
exportations avec l’Union Européenne, 95%
des exportations avec les autres PM et 98%
avec le reste du Monde.
De fait, l’Algérie n’a plus aucune prise sur ses
propres comptes extérieurs, qui ne dépen-
dent que des cours du pétrole et du taux de
change du dollar. Comme le prix du baril était
bas fin 2001 et début 2002 et l’évolution du
dollar défavorable, l’excédent du solde com-
mercial en 2002 s’est réduit de 23% et celui
de la balance des paiements de 61,6%. Les
importations ont en effet progressé de
18,5% tandis que les exportations sont
demeurées quasiment stables (1,8%).
La situation a quelque peu évolué du fait de
la nouvelle orientation de la politique écono-
Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-
2001, couleur foncée : 2001-2002)
2,8%
-11,7% -11,3%
-7,0%
-11,7%
-8,0%
7,6%
0,9% 1,2% 1,2%2,5%
7,3%
1,9%
7,7%
-9,8%
2,1% 2,7%2,4%
-15%
-10%
-5%
0%
5%
10%
15%
Produit
Inté
rieu
r Bru
t
Conso
mm
atio
nPr
ivée
Conso
mm
atio
nPu
bliq
ue
Inve
stis
sem
ent
fixe
Exp
ort
atio
ns
de
bie
ns
etse
rvic
es
Import
atio
ns
de
bie
ns
etse
rvic
es
Sources : Eurostat, Programme Medstat, Ministèredes Finances.
-73-
mique. La part des produits demi-finis dans
les importations s’accroît rapidement, dyna-
misée par le nouveau tarif douanier entré en
vigueur en 2002. Celui-ci prévoit un degré de
taxation différencié selon le degré d’ouvrai-
son et une réduction globale du tarif pour les
biens destinés au secteur industriel permet-
tant d’importer des technologies relative-
ment plus performantes et d’accroître la pro-
ductivité. Mais, sur l’ensemble de la décen-
nie, on ne peut que constater une extrême
volatilité des termes de l’échange et du pou-
voir d’achat des exportations : ces deux indi-
cateurs s’établissaient respectivement à 68
et 86 en 1998, à 134 et 202 en 2001 (base
100 en 1990). De fait, la capacité d’importa-
tion devient aléatoire, alors même qu’elle
représente le facteur essentiel pouvant amé-
liorer la productivité de l’économie, compte
tenu du temps nécessaire à la restructuration
du secteur productif.
(ii) En matière de change, en 2002, le dinar
s’est apprécié de 3,2% par rapport au dollar
et s’est déprécié de 8,2% par rapport à l’eu-
ro. En termes de stratégie de change,
l’Algérie limite les fluctuations de sa monnaie
vis-à-vis du dollar. Cette politique est ration-
nelle étant donné la composition de ses
exportations presque uniquement compo-
sées de produits pétroliers. Cependant, ses
répercussions sur la compétitivité des pro-
duits algériens risquent de constituer une
limitation forte aux bénéfices issus d’une
insertion accrue dans le commerce interna-
tional et, en particulier, ceux liés à l’accord de
libre-échange avec l’UE. Si les exportations
doivent se diversifier en augmentant la part
des produits non-pétroliers, une révision de
cette politique s’impose, d’autant que le
contrôle d’un taux de change effectif est de
nature même à faciliter cette diversification.
Toutefois, compte tenu de la situation actuel-
le, il n’y a pas d’urgence pour la réforme de
la politique de change, d’autant que le taux
de change effectif réel du dirham n’a pas
cessé de se déprécier depuis une décennie au
moins (Cf. Femise, 2002).
(iii) La demande de monnaie en Algérie est
remarquablement stable malgré la volatilité
des revenus pétroliers. Cela confère au gou-
vernement un instrument de pilotage de
l'économie efficace et permet aux autorités
d’éponger en grande partie la liquidité excé-
dentaire dans les années où les prix du
pétrole sont élevés. L’inflation est donc glo-
balement bien maîtrisée, malgré les fluctua-
tions parfois très amples de la masse moné-
taire. Ces fluctuations sont dues à l’impact
des avoirs extérieurs qui ont progressé de
357% en 2000, de 70% en 2001 et de 34%
en 2002 et 43% au premier trimestre 2003
(essentiellement transformés en dépôts à
terme). Ainsi, le taux d’inflation s’établit à
1,4% en 2002 (contre 4,2% en 2001 et
18,7% en 1996). De ce point de vue, il fau-
dra toutefois suivre les effets de la relance
par le crédit qu’a impulsée le gouvernement
en 2002. La baisse des taux d'intérêt de 8-
10% en 2001 à 6,5-9% en 2002 a encoura-
gé les crédits au secteur privé. Ceux-ci, dont
la progression était jusque-là atone (+15,8%
en 2001), décollent enfin : +63% en 2002 et
+65,5% au premier trimestre 2003. Le
manque d’élasticité de l’offre pourrait en
effet conduire à une pression inflationniste
comme ce fut déjà le cas par le passé.
D’autant que s’ajoute au problème de la
Politique monétaire et inflation
14,6
-10,2
14,6
20,8
13,5
-1,8
11,7
2,6
24,9
-14
-1,4
4,3
40
-0,3
12
1,4
-20
-10
0
10
20
30
40
50
M2 Avances au secteur public Crédit à l'économiedomestique
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Banque d’Algérie, Fond MonétaireInternational, IFS avril 2003.
-74-
réponse de l’offre celui de la gestion de
l’équilibre des comptes externes : compte
tenu de l’instabilité des recettes d’exporta-
tion, le maintien de l’équilibre pourrait néces-
siter de freiner les importations.
(iv) la politique de relance adoptée par les
autorités en 2001 s’exprime par une consom-
mation publique et un investissement très
vigoureux qui sont les principaux moteurs de
la croissance en 2001 et 2002. Elle n’est pas
basée sur le seigneuriage, les autorités pré-
fèrent emprunter et, depuis deux ans, sur les
marchés internationaux de préférence. Mais,
elles se désendettent dès que la situation
macro-économique le leur permet afin d’évi-
ter que ne se reproduise la situation expéri-
mentée en 1998-1999 où la baisse des prix
du pétrole et des recettes fiscales liées à
cette industrie les avait beaucoup fragilisées.
Elles limitent ce faisant l’effet d’éviction pré-
judiciable au développement du secteur
privé, autre explication à l’accroissement de
la part du secteur privé dans le crédit domes-
tique remarquée plus haut (de 29,4% en
2000 à 44,5% en 2002. Par contre, la stabi-
lisation de la valeur de la monnaie domes-
tique vis-à-vis du dollar induit un renchéris-
sement de la dette en euro qui atteint, en
2002, 28% de la dette totale.
La situation à moyen terme va maintenant
dépendre de la façon dont l’économie va
réagir face au plan de relance et de réforme
adopté par le gouvernement. Elle sera notam-
ment liée au mode de financement de ce plan.
Et de ce point de vue, la question qui se pose
est celle du risque de voir le gouvernement
tomber dans un cercle vicieux d’endettement
en cas de baisse des prix du pétrole comme ce
fut le cas en 1998–1999. La situation serait
sans doute même plus grave puisque que les
recettes douanières vont diminuer.
Une situation budgétaire à risques
Pour un pays disposant d’une richesse natu-
relle et qui a fondé son développement éco-
nomique sur son exploitation, la difficulté
majeure à laquelle il est exposé est celle de
la gestion intertemporelle des revenus
engendrés par cette richesse. Celle-ci étant
amenée à s’épuiser, les autorités doivent pro-
gressivement trouver des sources de revenus
Recettes
0
20
40
60
80
100
120
revenus destaxes
impots directs Droits dedouane
Impôtsindirects
dont TVA Fiscalitépétrolière
%
1995-1997 1998-2000 2001 2002
Source : Ministère des Finances.
Dépenses
40,3
15,7
24,1
14,1
4,5
37,1
17,3
23,7
14,6
3,9
33,6
15,3
27,1
14,5
4,7
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Dépenses depersonnel
Intérêts de la dettepublique
Investissementdans les dépenses
totales
Dépensesd'éducation en %
des dépensestotales
Dépenses de santéen % des dépenses
totales
% 1995-1997 1998-2000 2001
Solde budgétaire
2,39
1,31
0,02
2,39
4,24
0,62
0
1
1
2
2
3
3
4
4
5
1997 2001 2002
%
Solde budgétaire en % PIB hors fond de régulation des recettes
Solde budgétaire en % PIB y compris fond de régulation des recettes
Endettement
1
35
13
101
22
1
20
54
64
40
1
20
80
57
41
0
102
48
40
0
20
40
60
80
100
120
Dette à courtterme/Dette totale
Service de ladette/Exportationsde biens et services
Réserves/Dettetotale
Dette totale/PIB Detteintérieure/dette
totale
% 1995 2000 2001 2002
-75-
différentes. L’Algérie a donc adopté des plans
de relance successifs dont les effets n’ont pas
toujours été ceux attendus, notamment du
fait de l’extrême volatilité des recettes fis-
cales dont elle dispose.
En 2002, la fiscalité pétrolière représente
58% des recettes totales et 81% des recettes
de la fiscalité indirecte, contre 18,8% pour la
TVA. Les droits de douanes ne représentent
plus que 9% des recettes totales et les
impôts directs 7,2%. Jusqu’ici, la réduction
des droits de douanes qu’implique le choix
d’une politique d’ouverture a été gérée grâce
à un savant mélange de modification des
taux (3 taux selon le degré d’ouvraison du
bien importé, 5% pour les matières pre-
mières, 15% pour les demi-produits, 30%
pour les biens de consommation finale), de
changement de l’assiette et d’encourage-
ment à importer certaines catégories de
biens (nouvelle liste de produits bénéficiant
de droits allégés).
En 2002, c’est la croissance des recouvre-
ments de la fiscalité ordinaire (+20,2%) qui
a permis l’équilibrage du budget. Mais, l’ex-
position de celui-ci aux variations du prix du
pétrole reste forte et rend difficile une action
contra-cyclique à long terme.
Le risque est de retrouver une situation com-
parable à celle de 1997-1998. La baisse de la
fiscalité pétrolière due à une conjoncture
défavorable avait poussé le pays dans une
fuite en avant, finançant l’investissement par
l’endettement qui, déjà important, avait
réduit les marges de manœuvre et entraîné
le recours à de nouveaux emprunts.
Actuellement, le chômage élevé et la faibles-
se du secteur privé obligent le gouvernement
à maintenir l’investissement public à un
niveau est élevé (27,7% en 2002 des
dépenses). Mais, en même temps, les autres
dépenses sont toujours très rigides. Les inté-
rêts de la dette publique, bien que réduits,
absorbent toujours une part importante du
budget (15,3% des dépenses totales en
2001). De même, les dépenses de personnel
ponctionnent largement le budget (33,6%).
L’effort de relance du gouvernement est tel
que l’excédent budgétaire se réduit forte-
ment passant de 1,31% du PIB en 2001 à
0,02% en 2002, hors fond de régulation des
recettes (de 4,24% à 0,62% si on l’inclut).
Depuis, la soutenabilité de la dette s’est
améliorée. Le montant du service de la dette
rapporté aux exportations de biens et ser-
vices est passé de 47,5% en 1998 à 21,7%
en 2001 et le ratio des réserves sur la dette
totale de 27,5% en 1998 à 83% en 2001.
Enfin, la dette à court terme ne représente
que 1,15% du stock de dette totale.
Un rating qui handicape l’attractivité de
l’Algérie
Reprenant la méthode de classement utilisée
dans le rapport Femise 2003 sur la transition,
il est possible de situer la position de l’Algérie
relativement à d’autres régions en dévelop-
pement et à l’Union, soit sur la base de la
perception qu’elle offre aux investisseurs
étrangers (critères subjectifs généralement
retenus par les agences de rating), soit sur la
base objective de ses performances écono-
miques.
Tant du point de vue des indicateurs objectifs
que subjectifs, la position de l’Algérie est
médiocre, même vis-à-vis de la position
moyenne des PM.
Sur le plan subjectif, cette mauvaise position
est essentiellement due :
(i) aux restrictions pesant sur l’utilisation
de devises étrangères par les résidents
-76-
et sur les possibilités de recours aux
marchés financiers. La bourse ouverte
en juillet 1999 marque un progrès, mais
son manque de profondeur traduit la
méfiance persistante envers les instru-
ments financiers.
(ii) à la perception de la garantie des droits
de propriétés, notamment en raison de
la faible indépendance du système judi-
ciaire par rapport à l’exécutif. De même,
sur le plan des droits de propriété intel-
lectuelle, c’est plus la mise en applica-
tion des textes de lois édictés qui est
mise en cause, que la qualité même de
ces lois.
(iii) à la perception générale du niveau de
démocratie et du niveau de corruption.
Une seconde caractéristique particulière de
l’Algérie est que la position subjective est
finalement assez proche de la position objec-
tive (même classe), relativement à l’écart qui
prévaut généralement dans les PM. Cette
position objective est également en retrait
par rapport aux autres PM en raison de
quatre faiblesses :
(i) un très faible niveau d’investissements
étrangers. Néanmoins, on constate une
bonne progression dans les deux der-
nières années qui reflète une franche
amélioration du cadre légal des IDE au
cours de la décennie, notamment grâce
à l’octroi du traitement national en
général (1993) et à son extension sec-
torielle récente dans des secteurs stra-
tégiques au plan national comme les
hydrocarbures (1999) ou le transport
aérien (2000). Ainsi, la position relative
de l’Algérie en termes de cadres d’in-
vestissement est jugée maintenant à
l’égale des meilleures économies mon-
diales.
(ii) Une faible ouverture aux échanges rela-
tivement à la population du pays et son
extrême spécialisation dans les hydro-
carbures.
(iii) Un poids du service de la dette toujours
élevé relativement aux échanges.
(iv) Un secteur privé qui ne dispose toujours
pas de moyen de financement propre à
son développement, la part du crédit qui
lui est octroyé étant toujours extrême-
ment faible, ce qui grève les possibilités
de diversification de la production et des
échanges.
-77-
Algeria 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs
Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie
Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)
Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit Budgétaire
Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats
Ob
jectifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
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4
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5
6
7
8
9
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11
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11
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14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
et des critères objectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
ALGERIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001
Taux d'ouverture (X+M/PIB) 35,40% 47,90% 54,30%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 59,0% 64,8% 64,5%
vers les PM 3,0% 5,6% 7,0%
vers RdM 38,0% 29,6% 28,5%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 59,7% 59,3% 59,8%
issues des PM 3,2% 5,6% 5,3%
issues de RdM 37,0% 35,1% 34,9%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 1,48 0,95 2,10
avec RdM 1,53 0,73 1,59
Soldes en millions de dollars
avec l'UE 2 498 -327 6 488
avec RdM 1 735 -1 012 2 033
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,53 0,53 0,51
vers l'UE 0,54 0,54 0,56
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations 100 75 113
Indice valeurs unitaires des importations 100 96 84
Termes de l'échange 100 78 134
Pouvoir d'achat des exportations 100 83 202
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 2,6 3,0 2,0
avec l'UE 3,9 2,9 2,7
avec RdM 0,7 1,8 3,3
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Algérie
-78-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 28 100 24 1 789 2 701 2 348 -1 761 -2 601 -2 324 0% 1% 0% 20% 25% 24%
1 11 11 4 13 84 34 -2 -74 -30 0% 0% 0% 0% 1% 0%
2 53 40 53 325 415 282 -272 -375 -229 0% 0% 0% 4% 4% 3%
3 11 680 8 909 18 729 109 116 135 11 571 8 793 18 595 89% 95% 98% 1% 1% 1%
4 159 352 209 -159 -352 -208 0% 0% 0% 2% 3% 2%
5 63 114 193 752 1 218 1 171 -689 -1 104 -978 0% 1% 1% 9% 11% 12%
6 70 136 109 1 501 2 205 1 914 -1 431 -2 069 -1 805 1% 1% 1% 17% 20% 19%
7 38 35 54 3 771 3 292 3 326 -3 732 -3 257 -3 272 0% 0% 0% 43% 31% 34%
8 20 12 7 302 399 417 -282 -387 -410 0% 0% 0% 3% 4% 4%
9 1 164 55 1 108 9% 0% 0% 1% 0% 0%
Total 13 127 9 357 19 175 8 777 10 782 9 836 4 350 -1 426 9 339 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 5 71 1 693 1 483 1 148 -687 -1 411 -1 147 0% 3% 0% 21% 39% 33%
1 4 1 6 34 19 -2 -34 -18 0% 0% 0% 0% 1% 1%
2 12 9 10 259 120 53 -246 -111 -43 0% 0% 0% 8% 3% 2%
3 4 932 2 605 5 359 50 55 39 4 882 2 550 5 320 99% 94% 98% 2% 1% 1%
4 60 255 174 -60 -255 -174 0% 0% 0% 2% 7% 5%
5 10 27 41 133 128 197 -123 -102 -157 0% 1% 1% 4% 3% 6%
6 11 30 16 477 577 674 -466 -547 -657 0% 1% 0% 15% 15% 20%
7 5 22 36 1 479 1 003 1 009 -1 474 -982 -972 0% 1% 1% 46% 27% 29%
8 2 6 88 126 119 -85 -120 -119 0% 0% 0% 3% 3% 3%
9 4 7 -3 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 4 986 2 770 5 465 3 251 3 782 3 432 1 735 -1 012 2 033 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 22 23 22 1 024 1 130 1 148 -1 002 -1 107 -1 126 0% 0% 0% 20% 18% 20%
1 7 7 3 6 48 15 2 -41 -12 0% 0% 0% 0% 1% 0%
2 39 29 39 62 261 217 -24 -232 -178 0% 0% 0% 1% 4% 4%
3 6 364 5 840 12 094 59 51 94 6 304 5 789 12 000 82% 96% 98% 1% 1% 2%
4 96 90 34 -96 -90 -34 0% 0% 0% 2% 1% 1%
5 53 83 135 588 1 014 896 -535 -931 -761 1% 1% 1% 11% 16% 15%
6 53 76 66 873 1 329 1 040 -819 -1 253 -974 1% 1% 1% 17% 21% 18%
7 27 3 7 2 275 2 217 2 168 -2 248 -2 214 -2 162 0% 0% 0% 43% 35% 37%
8 17 5 6 211 253 272 -194 -247 -266 0% 0% 0% 4% 4% 5%
9 1 160 48 1 111 15% 0% 0% 1% 0% 0%
Total 7 742 6 067 12 371 5 244 6 394 5 883 2 498 -327 6 488 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 6 1 72 88 52 -72 -82 -51 0% 1% 0% 26% 14% 10%
1 3 1 2 -1 1 0% 1% 0% 0% 0% 0%
2 2 3 4 4 35 12 -2 -32 -8 1% 1% 0% 1% 6% 2%
3 385 464 1 276 10 1 385 454 1 275 96% 89% 95% 0% 2% 0%
4 3 7 -3 -7 0% 0% 0% 1% 1% 0%
5 1 4 18 32 75 78 -31 -71 -60 0% 1% 1% 11% 12% 15%
6 5 29 26 152 298 201 -147 -269 -174 1% 6% 2% 54% 49% 39%
7 6 10 12 16 72 149 -10 -62 -137 1% 2% 1% 6% 12% 29%
8 1 1 3 21 27 -3 -20 -26 0% 0% 0% 1% 3% 5%
9 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 399 520 1 338 282 607 521 117 -87 818 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 33 132 -33 -132 0% 0% 0% 0% 33% 62%
1 0% 0% 0% 0% 0% 0%
2 3 1 -2 0% 1% 1% 0% 3% 0%
3 32 81 30 32 81 30 100% 99% 98% 0% 0% 0%
4 0% 0% 0% 0% 0% 0%
5 1 5 -1 -5 0% 0% 0% 27% 1% 2%
6 53 56 -52 -56 0% 0% 1% 45% 53% 26%
7 8 18 -8 -18 0% 0% 0% 23% 8% 8%
8 2 2 -2 -1 0% 0% 0% 5% 2% 1%
9 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 32 81 31 1 99 213 31 -18 -182 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;
8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël
(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS
Valeur et structure des échanges de l'Algérie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES
AC10 (***)
-79-
Egypte
L’économie égyptienne traverse une phase
de ralentissement de sa croissance écono-
mique. Celle-ci a été divisée par 2 entre
1999 et 2002 (3,2%). L’effet de la conjonc-
ture, notamment la chute du tourisme,
explique cela en grande partie, comme le
montre l’évolution de certains secteurs clefs
de l’économie :
(i) l’hôtellerie a connu un recul très sen-
sible en 2002 de –10,9% avec après
crû en moyenne de 14,3% entre 1998
et 2001. Or, c’est un secteur capital
pour l’économie égyptienne qui repré-
senterait 7,5% du PIB et 15% de l’em-
ploi total soit plus de deux millions
d’égyptiens si l’on tient compte des
effets directs et indirects de cette acti-
vité (Tomasy, 2002),
(ii) de leur côté, le commerce (+2,7% en
2002 après +5,7% entre 1998 et
2001) et l’industrie (respectivement
+3,4% contre +6,2%) ont été dure-
ment éprouvés par le ralentissement
économique et le seront encore du fait
des adaptations que va leur demander
le passage à un régime de change
flottant.
Malgré les perturbations profondes qui ont
touché son économie (chute des recettes du
tourisme, baisse des recettes pétrolières, fai-
blesse de la conjoncture européenne), le
chômage égyptien a fait preuve jusqu’ici
d’une remarquable résistance. Les prévisions
du taux de chômage pour 2003 le situent à
10%, après être resté stable aux alentours
de 9% depuis 2001.
Toutefois, il faut bien remarquer que la ten-
dance continue à la baisse qu’il a enregistrée
de 1994 (11%) à 2000 (8,1%) semble main-
tenant définitivement brisée (chiffres
Eurostat). Plusieurs aspects du chômage et
du marché du travail peuvent en effet le lais-
ser craindre. Ainsi, la discrimination par
genre ne se réduit pas dans la dernière
décennie. Le taux de chômage des femmes
ou des jeunes est 4 fois plus élevé que celui
des hommes (25% contre 5% à peu près).
Quant au marché du travail, il apparaît
déroutant lorsque l’on observe :
(i) que les secteurs qui pèsent le plus lour-
dement dans le PIB ne sont pas les plus
dynamiques en termes de création
d’emplois. Les estimations pour 2001-
2005 de la part de la demande d’emplois
dans la demande totale pour le secteur
Croissance et dynamisme des différents secteurs
4,6
47
0,2
6,13,5
19,4
0,8
4,6
16,3
24,8
1,94,9
6,8
17
1,5
5,8
15,9
7,3
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Agriculture Industrie, Mine etPétrole
Electricité Construction transport Trade Hotels etrestaurants
Finance Servicesgouvernementaux
% Création d'emplois prévue pour 2001-2005 Part dans le PIB en 2002
Source : Ministère du commerce extérieur égyptien, Prime Minister’s Office (2001), cité dans Radwan(2002).
-80-
du commerce devraient s’élever à 7,3%,
pour les services publics à 4,6% et pour
l’agriculture à 4,6% de la totalité pour
42% de l’emploi effectif en 1998. Seuls
les secteurs de l’industrie, des mines et
du pétrole devraient enregistrer une
création d’emploi importante soit 47%
de la demande totale de nouveaux
emplois (Prime Minister’s Office, 2001).
Parmi les secteurs les plus dynamiques,
si celui du tourisme pourrait créer des
besoins importants de main d’œuvre
(19,4%), ce ne sera sans doute pas le
cas de celui de la finance (0,8%). Enfin,
le secteur du BTP pourrait être large-
ment pourvoyeur d’emplois puisque ses
besoins augmenteraient de 6,1% ce qui
équivaut à peu près à sa part dans l’em-
ploi total (5,1% en 1998).
(ii) que les créations d’emplois prévues
pour 2001-2005 devraient privilégier la
main d’œuvre faiblement qualifiée. 66%
des demandes concerneraient les tra-
vailleurs ayant un niveau d’éducation
très bas, sachant lire et écrire. Dans
cette configuration,
(a) soit certains travailleurs devront
accepter des emplois pour lesquels ils
sont surqualifiés, ce qui tire les
salaires réels moyens vers le bas et
ralentie la croissance,
(b) soit il peut apparaître des goulets
d’étranglements dans certains sec-
teurs, couplés à une aggravation du
chômage des personnes très qualifiées,
mais dont les compétences ne sont pas
valorisables dans le secteur privé, et
des personnes illettrées (le taux d’illet-
trisme égyptien est de 45% avec une
importante disparité hommes-femmes,
33% vs 56%, un des plus fort des pays
méditerranéens).
Enfin, le gouvernement égyptien a officielle-
ment mis un terme à sa politique de garantie
de l’emploi pour les diplômés. Ceci ne man-
quera pas d’accroître les tensions qui pèsent
sur la population des moins de 25 ans, déjà
fortement touchée. Toutefois, cela peut être
un facteur incitateur puissant à chercher des
emplois dans le secteur privé ou à suivre des
programmes de formation complémentaires
plus appropriés aux besoins du marché.
Mais, il existe à l’heure actuelle un décalage
entre les formations proposées et les besoins
de l’économie qui limite cet effet.
Une paupérisation accrue de la population est
donc à craindre surtout pour les jeunes qua-
lifiés. De fait, en 1999, 48% de la population
urbaine était considérée comme pauvre
contre 39% en 1990 (respectivement 55%
contre 39% pour les populations rurales).
Une croissance encore insuffisante dans
un contexte de chocs externes
Ainsi, l’Egypte doit gérer une croissance du
PIB insuffisante relativement à ses besoins et
dont la structure sectorielle présente un très
important déphasage avec les caractéris-
tiques de la main d’œuvre disponible. Le
point positif qui semble montrer que l’Egypte
évolue d’un régime de croissance fondé sur
l’accumulation du capital et l’augmentation
d’une population active à qualification stable,
à un régime de croissance fondé sur le pro-
grès technique, est la contribution de la pro-
ductivité globale à la croissance. Celle-ci
semble être la plus forte parmi les PM, ce qui
manifeste une capacité à générer des reve-
nus qui devrait se confirmer dans les années
à venir, lorsque les chocs extérieurs se seront
atténués.
Cependant, l’Egypte a longtemps été écarte-
lée entre sa volonté de maîtriser l’inflation, le
poids de ses échanges de produits pétroliers
et de sa dette en dollars (40% de la dette
totale) qui lui dictaient d’ancrer la livre au
-81-
dollar et la part croissante de ses échanges
avec les pays européens qui plaidait pour un
ancrage à l’euro (30% de ses exports et 45%
de ses imports). Le choix du dollar a induit
des difficultés croissantes pour le gouverne-
ment à piloter son économie. En même
temps, la stratégie de dynamisation de la
croissance par le commerce n’a pas encore
porté tout ses fruits. L'économie reste très
sensible aux chocs, la croissance est insuffi-
sante et les salaires réels baissent (25% en
termes réels), la pauvreté progresse. Mais,
des nouvelles orientations de politique éco-
nomique sont intervenues, notamment la
mise en flottement du change, début 2003,
qui vont se répercuter sur la capacité de
l’économie à absorber les chocs internes et
externes et à enfin tirer pleinement parti de
l’ouverture commerciale :
(i) au sein de la balance des paiements, tra-
ditionnellement, le déficit sur les transactions
de marchandises est compensé par les
envois des fonds des travailleurs, les tran-
sactions sur les services et les autres trans-
ferts sans contreparties. En 2001 et 2002, les
comptes externes se sont améliorés para-
doxalement du fait de la situation de ralen-
tissement économique. L’excédent des ser-
vices se réduit de 17% avec le climat d’in-
certitude politique : le poste voyage chute de
-11%, celui des investissements de -28%.
Ces baisses sont compensées par une haus-
se des dépenses des ambassades étrangères
de (31%). Le déficit du compte courant ne se
monte plus qu’à 8,5 millions de dollars en
2002 et celui de la balance des paiements à
447,1 millions, alors qu’ils représentaient
encore respectivement 1 163,1 et 3 026,7
millions de dollars en 2000. Les transferts
officiels assurent l’équilibre. Au premier tri-
mestre 2003, les exportations ont crû plus
vite que les importations et l’excédent des
services s’est renforcé. Cependant, les trans-
ferts officiels chutent de 72%. Quant au tou-
risme, il reste aussi morose qu’en 2002.
(ii) Pour ce qui est de la demande interne sur
le marché des biens (cf figure suivante), mal-
gré la baisse de la croissance du PIB due aux
chocs externes de 2001-2002, les autorités
ont conservé leur politique d’austérité afin de
rétablir les équilibres macro-économiques.
En fin de période, les conditions monétaires
ont été assouplies afin de soutenir la deman-
de interne. Ainsi, la Banque Centrale a mis à
disposition des banques commerciales
437 millions d’euros au taux de 4% destinés
Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-
2001, couleur foncée : 2001-2002)
5,6%7,4%
-7,6%
7,4%
4,9%
7,4%
5,0%
-7,8%-6,0%
3,8%3,5%
1,3%
3,8% 3,3%
-0,4%
3,2%3,5%
0,6%
-15%
-10%
-5%
0%
5%
10%
15%
Produit I
nté
rieu
rBru
t
Conso
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atio
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ivée
Conso
mm
atio
nPu
bliq
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Exp
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atio
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de
bie
ns
et s
ervi
ces
Import
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministèredes Affaires Etrangères.
Taux d'intérêt nominal et réel 1/ (mai 1991-mai 2003)
6,17
4,62
3,45
3,98
6,97
4,7
3,21
3,42
2
3
4
5
6
7
8
mai
-00
juil-
00
sep-0
0
nov-
00
jan-0
1
mar
s-01
mai
-01
juil-
01
sep-0
1
nov-
01
jan-0
2
mar
s-02
mai
-02
juil-
02
sep-0
2
nov-
02
jan-0
3
mar
s-03
mai
-03
juil-
03
Moyenne USD/EGP Moyenne XEU/EGP
1/ Basé sur les taux des T-bills à 91 jours.Source : Banque centrale d’Egypte.
-82-
uniquement aux crédits à la consommation
de produits égyptiens. Mais cette mesure se
heurte à la faiblesse des salaires. Le seuil
d’endettement toléré est de 25% ce qui
risque de se révéler insoutenable si l’inflation
progresse. Mais, la croissance de l’investisse-
ment reste extrêmement basse ce qui n’est
pas favorable à la productivité et à la compé-
titivité égyptiennes.
(iii) Sur le plan de la politique monétaire,
l’ancrage au dollar a amélioré la crédibilité de
la politique et la convergence du taux d'infla-
tion vers celui des Etats-Unis. Celui-ci est
passé de 25,8% en 1991 à 2,7% en 2002.
Cependant, l’effet concomitant a été une
appréciation du taux de change effectif réel
vis-à-vis des monnaies européennes notam-
ment. En 2001 et 2002, le fonctionnement du
marché des changes et de l’ancrage ont été
rendus plus souples, notamment grâce à des
révisions assez fréquentes de la parité cen-
trale. Néanmoins, cela n’a pas compensé
l’érosion de la compétitivité de l’économie
égyptienne. Les tensions sur les comptes
externes ont diminué, mais, entre 1997 et
2002, l’Egypte a perdu le quart de ses
réserves. Les autorités ont donc été forcées
d’opter pour une politique monétaire restric-
tive. En 2003, dans un contexte de change
flottant et d’absence de tensions inflation-
nistes, une baisse des taux d'intérêt (12%
actuellement) serait profitable à la croissan-
ce, mais doit tenir compte de son impact
potentiel sur les mouvements de capitaux.
(iv) La politique budgétaire est restée très
prudente en 2001 et 2002, afin de stabiliser
le déficit budgétaire qui dépasse les 5% du
PIB en 2001 et 2002 et cela malgré les
conséquences néfastes que cela a eues sur la
consommation privée et sur la croissance
(les prévisions pour 2002 étaient initialement
de 7%). Des taux d'intérêt réels élevés (6%
en 2002) et une croissance faible n’aident
pas le gouvernement à poursuivre sa poli-
tique de désendettement visant à restreindre
l’effet d’éviction dont souffre le secteur privé,
mais la tendance à la baisse se poursuit.
Ainsi la dette domestique compte pour 65%
de la dette totale en 2002 contre 73% en
2000. En prévision des impacts négatifs
potentiels sur la liquidité (-2 milliards de dol-
lars rien que pour le secteur du tourisme,
selon le Ministère du Tourisme) et pour limi-
ter le recours au marché noir, le gouverne-
ment a emprunté en devises en 2002. La
structure de la dette ne présente toutefois
Politique monétaire et inflation
11
-4
15
109
25
12
4
13
22
11
2
1113 13
3
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
M2 AvancesTrésor Public
Créditdomestique
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, IFS avril2003, Banque centrale d’Egypte.
Taux de change
6,17
4,62
3,45
3,98
6,97
4,7
3,21
3,42
2
3
4
5
6
7
8
mai
-00
juil-
00
sep-0
0
nov
-00
jan-0
1
mar
s-01
mai
-01
juil-
01
sep-0
1
nov
-01
jan-0
2
mar
s-02
mai
-02
juil-
02
sep-0
2
nov
-02
jan-0
3
mar
s-03
mai
-03
juil-
03
Moyenne USD/EGP Moyenne XEU/EGP
Sources : Fond Monétaire International, IFS avril2003, Banque centrale d’Egypte.
-83-
aucun risque majeur. La solvabilité est satis-
faisante puisque le service de la dette ne
représente que 12% des exportations de
biens et services, les réserves couvrent 46%
de la dette externe et la dette à court terme
est peu importante (13,5% de la dette tota-
le en 2001).
Comme la plupart des PM (sauf Chypre,
Israël et Malte), le problème de l’Egypte est
la fragilité des ressources sur lesquelles
reposent le budget en regard de la rigidité de
ses dépenses.
Fragilité des ressources en premier lieu car
la part des impôts indirects est assez faible
(26% des recettes totales dont 46% de
TVA) comme celle des impôts directs.
L’exploitation du canal de Suez génère une
large part des ressources de l’Etat (8,6%
des ressources) soit quasiment autant que
les prélèvements sur les revenus des indivi-
dus (8,9%). Mais, les recettes de Suez sont
directement fonction du climat politique
régional. Les revenus issus des anciens
droits du seigneur, c’est-à-dire non issus de
taxes, sont encore très élevés en Egypte
(28,3% des recettes totales en 2002) ainsi
que les droits de douane (12%). En même
temps, il est difficile d’augmenter la contri-
bution des impôts sur le revenu et les
affaires dans un contexte de ralentissement
économique. Les limites que subit le gou-
vernement concernant la TVA sont iden-
tiques dans la mesure où l’accroître risque-
rait de générer une instabilité sociale.
Enfin, le bouclage du budget dépend cru-
cialement de l’aide étrangère (4,7%) par
nature incertaine.
Rigidité des dépenses ensuite car 33% des
dépenses courantes concernent le person-
nel et 26,8% des dépenses totales sont
absorbées par le service de la dette. Si dans
les périodes difficiles, des coupes sont
faites dans les dépenses d’investissement
(15,1% des dépenses totales en 2002 vs
21,9% en 1999) ce n’est pas le cas de
celles affectées à la défense qui absorbent
régulièrement autour de 10% des dépenses
totales. De ce fait, les études montrent que
globalement la politique budgétaire a eu
des effets contre-productifs importants,
notamment sur la qualité de la main-
d'œuvre et le fonctionnement du marché du
travail (Fawzy, 2002, Galal, 2002). La poli-
Evolution des réserves de change et taux de dollarisation de l’économie
14466
13644
15380
14244
15099
19801
20622
19132
17990
13750
16020
27%
26%
23%
19%
17%
18%19%
10000
12000
14000
16000
18000
20000
22000
34060 34243 34425 34608 34790 34973 35156 35339 35521 35704 35886 36069 36251 36434 36617 36800 36982 37165 37347 37530 37712
Millio
ns
de d
ollars
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0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
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s en
% d
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liqu
idité
tota
le 1
/ 2
/
Réserves de change Taux de dollarisation
1/ non compris les dépôts des non-résidents2/ Avant septembre 2002 le taux de dollarisation était calculé comme le ratio de la liquidité en monnaiesétrangères sur la liquidité totale. Après septembre 2002, c’est le ratio des dépôts en monnaies étrangèressur la liquidité totale non compris les dépôts des non-résidents.Source : Banque centrale d’Egypte.
-84-
tique économique égyptienne a jusqu’ici
échoué à créer les externalités positives qui
auraient pu induire des gains de productivi-
té aussi bien dans le secteur public que
privé (Cottenet, 2001).
La situation macro-économique de l’Egypte
risque fort d’être profondément modifiée
avec l’entrée en vigueur en janvier 2003 du
nouveau régime de change flottant, notam-
ment par :
(i) l’impact de la politique monétaire sur
l’économie maintenant qu’elle a retrou-
vé une certaine indépendance vis-à-vis
du dollar ;
(ii) l’impact sur la position extérieure : est
ce que le flottement du change permet-
tra réellement à l’Egypte de profiter de
son ouverture.
Une redéfinition de la politique monétai-
re porteuse de nombreux espoirs
L’aspect très positif du passage aux changes
flottants de janvier 2003 est qu’il a été choi-
si par les autorités et non subi suite à une
crise de balance des paiements par exemple,
ce qui lui donne une crédibilité forte de
même qu’à la politique monétaire qui va l’ac-
compagner. Ce changement prouve, en effet,
la détermination des autorités à briser avec
les anciennes pratiques qui ont empêché le
pays de véritablement tirer parti de l’ouver-
ture. Reste à savoir comment le gouverne-
ment va pérenniser ce capital.
La principale difficulté à laquelle les autorités
vont devoir faire face est la redéfinition des
instruments de leur politique monétaire. La
très importante perte de réserves de change
due à l’ancrage au dollar a entraîné la raré-
faction des devises et entravé la bonne
marche de l’économie. La dollarisation de
l’économie (cf. figure précédente) a distendu
les liens existants entre les décisions de poli-
tique monétaire et les comportements des
agents. Bien que ce soit en grande partie le
résultat de mesures disciplinaires, les prêts
sont plus systématiquement adossés à la
monnaie domestique (cf. figure suivante).
Cette situation renforce l’efficacité de la poli-
tique via le canal du crédit qui peut lui-même
servir les objectifs économiques nationaux.
En régime de change fixe, en effet, les taux
domestiques sont dictés par les taux prati-
Facilités bancaires au secteur non-gouvernemental et dépôts auprès des banques
144
162
49
210
184172
147
117
186173
223
43 4543
44
6162
4240
101
82%
88%
72%
82%
87%
99%99%
91%94%
61%
71%
107%107%
99%98%
83%
67%
54%
92%89%
0
50
100
150
200
250
300
350
Juin 1998 Juin 1999 Juin 2000 Juin 2001 Avril 2003 Juin 1998 Juin 1999 Juin 2000 Juin 2001 Avril 2003
Mill
iard
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Livr
es é
gyp
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0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
Prêts en monnaie locale Dépôts en monnaie locale Prêts en monnaie étrangère Dépôts en monnaie étrangère
En monnaie locale En monnaies étrangères
Secteur non-gouvernemental Ratio des prêts sur lesdépôts en monnaie locale (échelle de droite) 1/ Secteur non-gouvernemental, ratio
des prêts sur les dépôts en monnaiesétrangères (échelle de droite)
Secteur privé Ratio des prêts sur lesdépôts en monnaies étrangères
(échelle de droite)
Secteur privé Ratio des prêts sur lesdépôts en monnaie locale (échelle de
droite) 2/
1/ Non-gouvernemental y compris le secteur public, le secteur privé, le secteur des ménages et les non-résidents. 2/ Secteur privé hors secteur public.Source : Banque centrale d’Egypte
-85-
qués par le pays d’ancrage car toute diffé-
rence entraîne des mouvements de capitaux
qui peuvent être importants.
Le danger est que les entreprises domestiques
ont eu souvent recours aux prêts en devises
étrangères relativement moins coûteux, en
dollars en particulier. Le risque de change
auquel sont exposés ces entreprises et le sys-
tème bancaire est important dans la mesure
où la dévaluation potentielle est forte, le taux
de change réel étant encore de supérieur à son
niveau de 1990. Une étude du FMI de sep-
tembre 2002 a évalué les créances douteuses
à 14% du total des crédits des banques. Les
mécanismes de contrôle et de supervision des
opérations bancaires ne sont pas suffisam-
ment efficaces pour prévenir ce type de risque.
Des mesures de renégociation des prêts ont
été annoncées, mais celles-ci pourraient être
insuffisantes pour éviter des faillites nom-
breuses face aux conséquences conjuguées du
flottement de la monnaie, du ralentissement
de l’économie et des chocs externes.
L’activité du marché parallèle a néanmoins
diminué. La mise en flottement du change
permet a priori de répondre à l’importante
demande nationale de devises. Le prix du
dollar sur le marché parallèle s’est donc sta-
bilisé mais à un taux plus élevé que celui qui
peut être obtenu auprès des banques (6,15-
6,20 contre 5,95 LE). Cela a eu pour effet,
d’une part de réduire la spéculation, et
d’autre part de faire revenir les devises dans
le système bancaire. Les avoirs en devises
des banques ont été également nourris par
l’obligation faite aux agences de tourisme et
aux exportateurs de leur revendre leurs
recettes en monnaies étrangères. Les
besoins des importateurs ont été couverts
plus facilement.
Cependant, la confiance dans la monnaie
domestique n’est pas encore établie.
L’ancrage au dollar a permis de réduire et
stabiliser l’inflation aux alentours de 2,5%
l’an, mais ce résultat ne peut être conservé
que sous certaines conditions. Notamment
cela exclue la monétisation des déficits qui se
sont creusés ou une politique monétaire trop
expansionniste par rapport aux capacités
d’adaptation à la demande du secteur privé.
En attendant un éclaircissement du rôle de la
banque centrale, de son statut, de son degré
d’indépendance vis-à-vis du gouvernement
et de la hiérarchie de ses objectifs, le taux de
dollarisation de l’économie progresse (27,2%
en avril 2003 contre 18,5% en 1997) et le
dollar reste une valeur refuge.
Enfin, les répercussions du flottement du
change sur les équilibres externes sont les
effets les plus bénéfiques attendus, mais leur
apparition est incertaine. En premier lieu,
l’expérience prouve qu’un tel régime cam-
biaire ne garantit pas le rééquilibrage des
comptes externes. En second lieu, les expor-
tations égyptiennes souffrent d’un manque
de compétitivité ce qui limite leur expansion
et les incertitudes sur le change risquent de
décourager les investisseurs.
Les échanges de marchandises : une
amélioration structurelle favorable qui
pourrait aider à réduire le déficit
Deux tendances contradictoires s’observent
dans les échanges de marchandises de
l’Egypte depuis 1990.
D’une part, l’ouverture et la position exté-
rieure se sont nettement dégradées. Ainsi, le
taux d’ouverture est en 2001 de 6 points
inférieur à ce qu’il était en 1990 (25% contre
31% pour la somme des exportations et des
importations ramenée à la production inté-
rieure) et le déficit des échanges de biens
s’est profondément creusé pour atteindre
plus de 10 milliards de dollars.
-86-
D’autre part, le commerce extérieur de
l’Egypte se modifie structurellement dans un
sens favorable. En termes de produits, les
exportations se diversifient. Ainsi, la part des
produits pétroliers est passée de 67% des
exportations en 1990 à 29% en 2001, tandis
que celle des produits industriels (postes 6 à
8 de la CTCI) augmentait de 22% à 43%,
notamment grâce à la progression des
articles manufacturés (de 4 à 19% des
exportations entre 1990 et 2001).
Du point de vue géographique, il n’est pas
aisé de mettre en avant un effet du partena-
riat : la part des exportations à destination
de l’Union a certes progressé entre 1995 et
2001 (de 54% à 57%), mais est toujours
inférieure à ce qu’elle était en 1990 (59%). A
l’inverse, la part des importations euro-
péennes est en 2001 proche du niveau du
début de la dernière décennie (38%), mais
en net retrait par rapport à son niveau de
1995 (44%). En ce qui concerne les
échanges intraméditerranéens, ils ont sensi-
blement crû, tant du point de vue des expor-
tations (9% des exportations totales et 4%
des importations), mais l’essentiel de la
croissance est antérieur à 1995.
Une position globale objectivement en
retrait vis-à-vis des PM notamment sur
le plan social
A l’instar de la situation générale des PM,
l’Egypte comparée aux autres économies
dans le monde affiche une position subjecti-
ve largement sous-évaluée vis-à-vis de sa
position selon les critères économiques
objectifs. Néanmoins, de ce point de vue, elle
fait relativement moins bien que la moyenne
des PM.
Telles qu’elles sont perçues, les faiblesses
de l’économie égyptienne proviennent
essentiellement :
(i) des barrières aux échanges très éle-
vées. Plus que le taux nominal de pro-
tection qui a sérieusement baissé ces
dernières années, ce jugement de pro-
tectionnisme relève essentiellement des
procédures douanières. Celles-ci appa-
raissent compliquées et rigides, longues
et discrétionnaires. Les autorités n’ont
ainsi pas à justifier leurs décisions,
notamment dans le classement des pro-
duits dans une catégorie tarifaire et il
n’existe pas de procédure d’appel for-
melle de ces décisions.
(ii) D’une dérégulation en retrait du fait d’un
grand interventionnisme de l’État. Là
encore sont stigmatisés le manque de
transparence, la bureaucratie excessive
et l’aspect arbitraire des administrations.
Du point de vue des principaux indicateurs
macroéconomiques, la situation de l’Égypte
est dans l’ensemble moyenne, tant relative-
ment à l’ensemble des économies dans le
monde que des autres PM. Mais, dans ce der-
nier cas, les performances égyptiennes sont
légèrement en retrait sur la plupart des indi-
cateurs, sauf en ce qui concerne la dette (à la
fois le niveau d’endettement et le poids du
service mesurée relativement aux échanges)
et le financement du secteur privé, ce qui
laisse augurer de bonnes perspectives d’amé-
lioration. Restent deux grandes faiblesses :
(i) l’économie est relativement plus fermée
que la moyenne, du point de vue des
échanges relativement à la population
comme des flux d’investissement.
(ii) Mais, l’aspect le plus préoccupant
concerne la sphère sociale où l’Égypte
relativement aux autres PM est en
retard, comme le montre le niveau
faible de l’indicateur de développement
humain du PNUD ou celui de l’espéran-
ce de vie, inférieure à la moyenne des
autres PM.
-87-
Egypt 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs
Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie
Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)
Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit Budgétaire
Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats
Ob
jectifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
et des critères objectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
EGYPTE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 30,80% 32,70% 25,10%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 59,0% 53,9% 56,9%
vers les PM 2,1% 7,2% 8,6%
vers RdM 38,9% 39,0% 34,5%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 38,0% 43,7% 37,8%
issues des PM 1,8% 2,3% 4,3%
issues de RdM 60,1% 54,0% 57,9%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 0,67 0,50 0,46
avec RdM 0,28 0,29 0,18
Soldes en millions de dollars
avec l'UE -1 277 -3 130 -3 182
avec RdM -4 456 -5 458 -7 379
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,57 0,25 0,18
vers l'UE 0,61 0,26 0,26
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations 100 121 121
Indice valeurs unitaires des importations 100 105 122
Termes de l'échange 100 116 99
Pouvoir d'achat des exportations 100 127 149
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 8,9 10,0 14,2
avec l'UE 9,8 12,0 14,4
avec RdM 6,8 8,9 12,3
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Egypte
-88-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 148 506 470 1 844 2 449 2 398 -1 696 -1 943 -1 927 3% 9% 10% 18% 17% 15%
1 3 11 11 94 136 170 -92 -125 -159 0% 0% 0% 1% 1% 1%
2 219 305 346 676 716 618 -457 -411 -272 5% 5% 7% 7% 5% 4%
3 3 019 2 837 1 362 138 144 228 2 880 2 693 1 134 67% 49% 29% 1% 1% 1%
4 1 3 182 469 321 -182 -468 -318 0% 0% 0% 2% 3% 2%
5 48 209 386 937 1 500 2 122 -889 -1 291 -1 736 1% 4% 8% 9% 11% 14%
6 622 1 097 953 1 544 2 260 2 135 -923 -1 162 -1 182 14% 19% 20% 15% 16% 14%
7 192 136 193 4 067 5 232 5 859 -3 875 -5 096 -5 667 4% 2% 4% 39% 37% 38%
8 190 603 895 685 1 171 1 344 -494 -568 -450 4% 10% 19% 7% 8% 9%
9 49 57 149 146 183 396 -97 -126 -247 1% 1% 3% 1% 1% 3%
Total 4 489 5 762 4 768 10 314 14 259 15 592 -5 825 -8 498 -10 823 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 44 198 185 1 211 1 717 1 865 -1 167 -1 519 -1 680 3% 9% 11% 20% 22% 21%
1 2 10 6 65 97 122 -63 -88 -116 0% 0% 0% 1% 1% 1%
2 161 135 174 596 388 430 -435 -253 -256 9% 6% 11% 10% 5% 5%
3 1 113 1 045 292 55 102 50 1 058 943 242 64% 47% 18% 1% 1% 1%
4 1 158 423 305 -158 -423 -305 0% 0% 0% 3% 5% 3%
5 10 98 132 443 522 924 -433 -423 -792 1% 4% 8% 7% 7% 10%
6 257 334 281 928 1 232 1 175 -671 -899 -894 15% 15% 17% 15% 16% 13%
7 12 33 30 2 233 2 384 3 059 -2 221 -2 351 -3 030 1% 1% 2% 36% 31% 34%
8 113 342 502 463 772 849 -350 -430 -347 6% 15% 30% 7% 10% 9%
9 35 51 44 51 66 246 -16 -15 -202 2% 2% 3% 1% 1% 3%
Total 1 748 2 245 1 647 6 204 7 704 9 025 -4 456 -5 458 -7 379 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 92 272 162 608 685 413 -516 -413 -251 3% 9% 6% 15% 11% 7%
1 2 29 34 46 -29 -34 -44 0% 0% 0% 1% 1% 1%
2 51 130 139 73 310 169 -21 -180 -30 2% 4% 5% 2% 5% 3%
3 1 882 1 635 1 036 84 42 70 1 799 1 594 966 71% 53% 38% 2% 1% 1%
4 1 24 46 16 -24 -45 -16 0% 0% 0% 1% 1% 0%
5 29 84 187 456 922 1 108 -427 -838 -921 1% 3% 7% 12% 15% 19%
6 329 634 568 515 918 786 -186 -284 -218 12% 20% 21% 13% 15% 13%
7 179 95 143 1 821 2 770 2 695 -1 642 -2 675 -2 552 7% 3% 5% 46% 44% 46%
8 71 247 372 220 390 444 -148 -142 -72 3% 8% 14% 6% 6% 8%
9 13 5 105 95 116 149 -82 -111 -44 0% 0% 4% 2% 2% 3%
Total 2 648 3 103 2 714 3 924 6 233 5 896 -1 277 -3 130 -3 182 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 11 36 123 25 47 120 -14 -11 3 12% 9% 30% 13% 15% 18%
1 1 3 4 2 -4 1 0% 0% 1% 0% 1% 0%
2 6 41 33 7 19 19 -1 22 14 7% 10% 8% 4% 6% 3%
3 24 157 34 107 24 156 -73 25% 38% 8% 0% 0% 16%
4 2 2 0% 0% 1% 0% 0% 0%
5 9 26 67 37 56 90 -28 -29 -24 9% 6% 16% 20% 17% 13%
6 36 130 104 101 109 174 -65 21 -70 38% 31% 25% 54% 34% 26%
7 1 9 20 13 78 105 -12 -69 -85 1% 2% 5% 7% 24% 16%
8 6 14 20 2 10 51 4 4 -31 6% 3% 5% 1% 3% 8%
9 1 1 1 -1 1% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 93 413 408 186 323 670 -93 90 -263 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 1 7 7 8 23 -16 6% 13% 15% 2% 4% 9%
1 14 1 2 -14 -1 -2 0% 0% 0% 68% 0% 1%
2 12 8 5 12 6 -4 2% 20% 19% 0% 2% 5%
3 3 2 4 26 -24 2% 6% 4% 0% 2% 10%
4 0% 0% 0% 0% 0% 0%
5 2 1 1 20 14 -1 -17 -12 2% 4% 3% 4% 9% 5%
6 8 23 11 3 86 71 5 -63 -60 83% 40% 26% 14% 39% 27%
7 4 3 1 75 101 -71 -97 5% 8% 8% 4% 35% 39%
8 4 9 2 8 8 -1 -4 1 2% 7% 21% 8% 4% 3%
9 1 2 11 3 -11 0% 2% 3% 0% 5% 1%
Total 10 58 43 20 217 260 -10 -160 -215 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
AC10 (**)
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
Valeur et structure des échanges de l'Egypte avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS
-89-
Israël
Israël a certes connu une croissance moyen-
ne de 3% depuis la deuxième moitié des
années 1995. Mais, après les résultats
records de 2000 (+7,4%), l’économie est
entrée en forte récession du fait des tensions
politiques persistantes avec les Territoires
Palestiniens, auxquelles se sont greffés
l’éclatement de la bulle sur les hautes tech-
nologies et le ralentissement de l’activité
internationale. Ainsi, en 2002 et pour la
seconde année consécutive la croissance est
négative à -1%.
Tous les secteurs de l’économie israélienne
sont touchés : la construction affiche des taux
de croissance négatifs depuis trois ans ; l’in-
dustrie a connu un retournement spectaculai-
re, après avoir atteint 14%, en 2000, avec
deux années consécutives de récession (-6,1%
en 2001 et –2,2% en 2002). De fait, depuis le
début de la crise, le PIB a régressé de 3%.
L’impact sur le chômage est naturellement
très important : le nombre de chômeurs aug-
mente d’environ 10% par an depuis 2000 et
touche, en mars 2003, 10,8% de la popula-
tion active.
Cette tendance a incité les autorités israé-
liennes à modifier le cadre légal régissant le
marché du travail, notamment pour ce qui
touche la main-d’oeuvre étrangère : les
taxes sur l’emploi de travailleurs étrangers,
qui représentent 14% de l’emploi dans le
secteur privé, ont été augmentées. Les effets
de ces mesures commencent à apparaître
dans le secteur de la construction : l’emploi
des étrangers y a diminué de 30,2% par rap-
port à 1997. Mais, cela ne relance pas la
dynamique des créations d’emplois, toujours
peu vigoureuse.
Sur le plan macro-économique, la situation
est la suivante :
(i) Le commerce extérieur, qui a été le
moteur de la croissance pendant une décen-
nie, subit depuis deux ans les effets négatifs
de la crise politique.
Entre 1990 et 2001, l’ouverture globale a
légèrement progressé pour atteindre 55,5%
de la production intérieure. La structure
générale des échanges est relativement
diversifiée et axée sur les produits indus-
triels de façon croissante, tandis que les
produits agricoles perdent du terrain (de
Composition sectorielle du PIB
14,0
7,4
-6,1
-9,3
1,0
-2,2
-4,5
-0,7
7,6
-3,6
8,0
3,3
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
Agriculture,pêche
Industrie, ycomprisénergie
Construction Total services
% 2000 2001 2002
Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministèredes Finances.
Croissance réelle 1988-2003
3,4
1,4
6,25,9
6,7
3,3
76,8
4,7
3,33
2,6
7,4
-0,9 -1
1
-2
-1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
%
Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministèredes Finances.
-90-
8% en 1990 à 3% en 2001). Ce sont
d’ailleurs les relations avec l’Union
Européenne qui se modifient dans leur
structure : entre 1990 et 2001, la part des
produits agricoles dans les exportations
vers l’Union est passée de 17% à 7%, tan-
dis que, dans le même temps, celle des «
Machines et matériels de transport » aug-
mentait de 12% à 30%. L’orientation géo-
graphique ne laisse pas apparaître un effet
« volume » du partenariat euro-méditerra-
néen. Les exportations vers l’UE ne repré-
sentent que 27% des exportations totales,
part assez proche du niveau de 1990
(29%), mais nettement inférieure à celui de
1995 (32%). Le phénomène est identique
pour les importations en provenance de l’UE
(42% du total en 2001), en légère progres-
sion par rapport à 1990 (38%), mais en
repli sensible depuis 1995 (52%). Le déficit
de la balance commerciale demeure à des
niveaux élevés depuis 1995 (environ 8 mil-
liards de dollars), l’essentiel de ce déficit
naissant des relations avec l’Union.
Mais, depuis deux ans, les exportations de
biens et services connaissent des croissances
fortement négatives (voir figure suivante).
Plus loin, les exportations de biens manufac-
turés de haute technologie, spécialisation de
l’économie, ont de nouveau régressé de
–0,9% dans les premiers mois de 2003.
C’est également la tendance qui pèse sur les
flux financiers. Si, en 2001, les IDE se sont
maintenus (3 044 millions de dollars en 2001
contre 4 392 millions de dollars en 2000
selon l’UNCTAD), les financements bancaires
continuent d’afficher des sorties importantes
(–1 302 millions de dollars en 2001), tout
comme les investissements de portefeuille
(–910 millions en 2001 contre +2 947 en
2000) —source FMI juin 2002.
Le taux de change s’est déprécié en 2002
vis-à-vis des principaux partenaires et en
particulier du dollar, mais les exportations ne
réagissent qu’avec retard à ce type de chan-
gement et il faudra attendre fin 2003 pour en
voir les effets éventuellement bénéfiques.
Toutefois, la nature de la croissance, aux
Etats-Unis notamment, focalisée sur les
industries traditionnelles n’avantage pas
Israël dont les exportations concernent sur-
tout des produits technologiques.
(ii) Du côté de la demande interne, le seul
soutien de la croissance depuis 2000 est la
consommation publique, rendant la situation
difficile. A l’effondrement des exportations,
Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-2001, couleur foncée : 2001-2002)
5,0%
2,7%
-0,5%
4,1%2,7%
-1,1%
-7,5%
-2,1%-1,0%
5,4%4,1% 4,0%
-13,3%
1,7%
-4,8%
-1,9%
-8,8%
-1,1%
-15%
-10%
-5%
0%
5%
10%
Produit
Inté
rieu
r Bru
t
Conso
mm
atio
nPr
ivée
Conso
mm
atio
nPu
bliq
ue
Inve
stis
sem
ent
fixe
Exp
ort
atio
ns
de
bie
ns
etse
rvic
es
Import
atio
ns
de
bie
ns
etse
rvic
es
Sources : Fond Monétaire International, IFS avril 2003, Banque centrale.
-91-
s’ajoutent la chute de l’investissement (-
7,5% en 2000 et -8,8% en 2002) et, main-
tenant, celle de la consommation privée
(–1% en 2002), en partie imputable à l’évo-
lution défavorable des salaires qui perdent
6% en 2002 en termes réels soit une réduc-
tion du pouvoir d’achat de 12% (Institut
israélien de la statistique, chiffres d’octobre
2002). L’amélioration pour 2003 sera proba-
blement peu importante du fait de la pression
à la baisse des salaires induite par les plans
de licenciements qui se multiplient et de l’ab-
sence d’évolution sur la plan du conflit avec
les palestiniens.
(ii) La politique monétaire reste extrêmement
restrictive, orientée vers le respect de la cible
d’inflation annoncée en août 2000, un taux de
2-3% en 2002. Les autorités ont également
maintenu des taux d'intérêt réels élevés afin
de limiter les sorties de capitaux. Le premier
objectif a été atteint facilement en 2000 et
2001 avec des taux de 1,1%. Certes, le taux
d’inflation est remonté à 5,8% en 2002, mais
les enquêtes sur les anticipations d’inflation
semblent indiquer que cela ne relève pas de
tensions inflationnistes structurelles mais de
l’ajustement du taux de change, retardé du
fait du niveau des taux d'intérêt.
Mais, sur le plan du deuxième objectif, cette
stratégie a été un échec puisque les investis-
sements directs ont encore baissé, attei-
gnant 585 millions de dollars en 2002
(chiffres FMI, balance des paiements) ; les
investissements de portefeuille plongent à –1
910 millions de dollars en 2002. Ainsi, le
solde du compte financier passe d’un excé-
dent de 3 788 millions de dollars en 2000 à
un déficit de –746 millions de dollars en
2002. Le pays a donc été victime de la fuite
vers des placements moins risqués, et ne
subsiste que le coût supporté en termes de
ralentissement de la croissance. En même
temps, les autorités sont contraintes dans
leur choix car elles doivent éviter une dégra-
dation de leur notation par les agences de
rating internationales qui pèserait sur leur
gestion de la dette. La dette totale représen-
te 106% du PIB en 2002 dont 75% est inter-
ne mais seulement 14% de la dette totale est
à court terme.
Néanmoins, compte-tenu de la situation, les
taux ont été diminués en 2002 afin d’aider au
redémarrage de la croissance.
(iii) La politique budgétaire est très prudente,
orientée vers une restructuration :
Politique monétaire
22
4
15
12
1
11
4
10
-3
11
1
6
-9
6
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
M2 Avances au secteur public Crédit à l'économiedomestique
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, IFS avril 2003, Banque centrale.
-92-
(a) des systèmes d’allocation : le gouverne-
ment a abaissé les transferts sociaux et
notamment les allocations chômage
dont la générosité est jugée non incita-
tive. Le gouvernement compte ainsi
faire revenir sur le marché du travail les
allocataires de revenus de substitution
afin d’accroître le taux de participation
au niveau de celui des pays de l’OCDE
(65% contre 56% en Israël) et faire
régresser la pauvreté. La charge des
salaires représente une part stable du
budget de 15% soit la moitié de celle de
l’Egypte ou de l’Algérie et le tiers de
celle de la Jordanie, du Maroc ou de la
Tunisie. Elle a été réduite de 2,8% en
termes réels en 2002 après une hausse
de 2,6% en 2001 et de 5,9% en 2000.
(b) Des dépenses dirigées vers le poste
recherche et capital (15% du budget en
2002) pour renforcer les infrastructures
et accroître la productivité, tout en
tirant mieux parti des investissements
en éducation (14% des dépenses) et en
santé publique (13%, le taux le plus
fort de la zone). Il faut noter sur ce der-
nier plan, que la structure démogra-
phique en Israël diffère de celles des
autres PM, non pas sur le plan de la
jeunesse de la population (28% de
moins de 15 ans en 2000), mais sur
celui de la proportion des plus de 65
ans (près de 10%), deux fois plus éle-
vée que la moyenne des PM. Cela obli-
ge donc à avoir des dépenses de santé
plus élevées. Mais, en contrepartie,
cette frange de la population a des
capacités d’épargne plus importantes.
Enfin, le pas des réformes a été accéléré.
Les autorités jouent donc la carte de la
rigueur budgétaire pour ne pas peser sur les
perspectives de croissance à long terme.
Elles espèrent que, malgré la récession, le
déficit ne dépassera pas 3% du PIB en 2003,
ce qui apparaît très optimiste compte tenu
du résultat atteint en 2002 (3,97% du PIB)
et de la détérioration continuelle de la situa-
tion économique et sociale (réduction des
recettes fiscales). De plus, sans amélioration
de la situation régionale, les marges de
manœuvre du gouvernement israélien sont
fortement contraintes par le niveau des
dépenses de défense.
Les aides internationales, notamment la prise
en garantie par les Etats-Unis des nouveaux
titres de dette émis, en allégeant le service
Dépenses
12
8
14
12
17
12
6
14 14
19
11
5
15
11
18
10
4
15
12
16
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
Dépenses depersonnel
Intérêts de ladette publique
Investissementdans lesdépensestotales
Dépensesd'éducation en
% desdépenses
totales
Dépenses desanté en %
des dépensestotales
% 1995-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Ministère des Finances, Banque centrale, Fond Monétaire International, GDF octobre 2002.
Recettes
79
40
28
59
80
42
28
59
80
45
27
61
77
41
28
60
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Revenus destaxes
Impôtsdirects
Impôtsindirects
dont TVA
% 1995-1997 1998-2000 2001 2002
-93-
de la dette déterminent le degré de flexibili-
té du budget et l’ampleur des interventions
possibles de l’Etat sur l’économie. Malgré le
poids de la dette interne, le secteur bancaire
ne semble cependant pas fragilisé.
Une position objective exceptionnelle en
Méditerranée mais des facteurs de
risque qui hypothèquent les rating
Comme on pouvait s’y attendre, la position
d’Israël n’a aucune commune mesure avec
celle des autres PM. Du point de vue des indi-
cateurs macroéconomiques, l’économie dans
les bonnes années fait même mieux que les
pays de l’Union (l’année de référence est
2001), notamment en termes d’inflation
(1,12% contre 3%), de croissance du PIB (6%
contre 2,29%). Toutefois, ce portrait statique
fondé sur la période 2001, élude ici un point
essentiel : la situation politique qui rend pour
ainsi dire anecdotique toute tentative de
rendre compte de la situation économique (et
suspecte la valeur de certains indicateurs
comme le déficit budgétaire officiel qui ne
prend pas en compte les dépenses militaires).
On notera néanmoins dans le cadre des
aspects subjectifs quelques faiblesses non
liées à ce quasi-état de guerre :
(i) la régulation des marchés financiers n’est
pas jugée du niveau du standard des éco-
nomies développées. Ici, la participation
encore trop importante de l’État dans le
secteur bancaire, les restrictions de par-
ticipations étrangères dans ce secteur et
certaines dispositions particulières
comme l’interdiction faite aux banques
d’opérer dans le secteur des assurances
ou l’encadrement strict limitant leur
capacité à gérer des fonds de pension.
(ii) La transparence et le niveau démocra-
tique est également en retrait de ce que
l’on trouve dans les pays développés.
(iii) L’activité sur le marché noir est extrê-
mement développée, notamment pour
tout ce qui concerne les produits nor-
malement protégés par la propriété
intellectuelle, plus encore que dans la
moyenne des autres PM. A l’instar de ce
qui est mis en avant pour la plupart des
PM, c’est la mise en application des
textes qui est fustigée.
-94-
Israel 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs ObjectifsBarrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie
Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)
Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit Budgétaire
Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)
11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats
Ob
jectifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
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2
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8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
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0
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0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
et des critères objectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
ISRAEL - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001Taux d'ouverture X+M/PIB 52,20% 53,40% 55,50%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 29% 32% 27%
vers les PM 1% 1% 1%
vers RdM 70% 67% 72%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 38% 52% 42%
issues des PM 0% 1% 2%
issues de RdM 62% 47% 56%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 0,61 0,42 0,49
avec RdM 0,88 0,97 0,96
Soldes en millions de dollars
avec l'UE -2 221 -8 519 -7 143
avec RdM -1 104 -407 -673
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,27 0,29 0,34
vers l'UE 0,19 0,18 0,19
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 48,4 51,2 48,9
avec l'UE 37,3 39,0 40,5
avec RdM 36,8 43,1 42,1
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Israël
-95-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 978 950 870 947 1 505 1 654 31 -555 -783 8% 5% 3% 6% 5% 5%
1 21 39 11 73 111 188 -53 -72 -177 0% 0% 0% 0% 0% 1%
2 437 510 536 610 721 609 -173 -211 -74 4% 3% 2% 4% 3% 2%
3 80 3 7 1 354 1 368 3 169 -1 275 -1 365 -3 162 1% 0% 0% 9% 5% 10%
4 1 1 6 37 89 62 -35 -88 -56 0% 0% 0% 0% 0% 0%
5 1 734 2 804 3 584 1 508 2 641 3 134 226 164 450 14% 15% 14% 10% 9% 9%
6 4 397 7 053 10 335 5 330 9 063 9 228 -934 -2 010 1 107 36% 37% 41% 35% 32% 28%
7 2 930 5 111 7 223 4 047 9 624 11 929 -1 117 -4 512 -4 705 24% 27% 29% 26% 34% 36%
8 1 455 2 121 2 480 1 086 2 336 3 243 369 -215 -763 12% 11% 10% 7% 8% 10%
9 20 454 5 332 582 71 -312 -128 -66 0% 2% 0% 2% 2% 0%
Total 12 052 19 045 25 059 15 324 28 039 33 287 -3 272 -8 994 -8 228 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 372 340 385 547 696 966 -175 -356 -581 4% 3% 2% 6% 5% 5%
1 10 33 7 51 81 124 -41 -48 -118 0% 0% 0% 1% 1% 1%
2 160 139 160 463 397 354 -303 -258 -194 2% 1% 1% 5% 3% 2%
3 78 1 3 1 347 1 360 3 115 -1 268 -1 360 -3 112 1% 0% 0% 14% 10% 17%
4 1 1 3 21 50 30 -20 -49 -28 0% 0% 0% 0% 0% 0%
5 902 1 380 2 251 864 905 1 193 38 475 1 057 11% 11% 13% 9% 7% 6%
6 3 368 5 193 8 309 2 345 2 956 4 620 1 023 2 237 3 690 40% 41% 46% 25% 23% 25%
7 2 502 3 801 5 152 2 922 5 122 6 516 -420 -1 321 -1 364 30% 30% 29% 31% 39% 35%
8 1 010 1 377 1 669 665 1 063 1 672 345 314 -3 12% 11% 9% 7% 8% 9%
9 12 407 5 295 450 26 -283 -43 -21 0% 3% 0% 3% 3% 0%
Total 8 416 12 673 17 943 9 521 13 080 18 616 -1 104 -407 -673 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 605 606 481 387 778 627 218 -172 -145 17% 10% 7% 7% 5% 5%
1 10 5 5 22 30 62 -12 -25 -57 0% 0% 0% 0% 0% 0%
2 268 353 359 142 308 240 126 44 119 8% 6% 5% 2% 2% 2%
3 1 2 5 8 7 51 -6 -6 -46 0% 0% 0% 0% 0% 0%
4 1 15 34 20 -15 -33 -19 0% 0% 0% 0% 0% 0%
5 774 1 296 1 205 642 1 721 1 890 132 -425 -686 22% 21% 18% 11% 12% 14%
6 1 019 1 836 1 953 2 967 5 931 4 227 -1 949 -4 094 -2 274 29% 30% 29% 51% 40% 30%
7 419 1 274 2 004 1 124 4 482 5 331 -704 -3 208 -3 326 12% 21% 30% 19% 31% 38%
8 437 733 767 419 1 263 1 432 17 -530 -665 12% 12% 11% 7% 9% 10%
9 7 45 36 115 44 -29 -70 -44 0% 1% 0% 1% 1% 0%
Total 3 541 6 149 6 781 5 762 14 669 13 924 -2 221 -8 519 -7 143 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 1 4 4 13 31 61 -12 -27 -58 1% 2% 1% 32% 11% 8%
1 2 -2 0% 0% 0% 0% 0% 0%
2 9 18 17 4 15 16 4 3 2 9% 8% 5% 10% 5% 2%
3 4 -4 0% 0% 0% 0% 0% 0%
4 2 6 11 -6 -9 0% 0% 1% 0% 2% 1%
5 58 128 129 2 15 50 56 113 79 61% 58% 38% 5% 5% 7%
6 10 24 72 18 176 381 -8 -152 -309 10% 11% 22% 43% 61% 51%
7 8 36 67 2 20 82 7 17 -15 9% 16% 20% 5% 7% 11%
8 9 12 44 2 11 139 7 1 -95 9% 5% 13% 5% 4% 19%
9 1 17 1 -16 -1 0% 0% 0% 1% 6% 0%
Total 95 223 335 41 290 746 54 -68 -411 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 8 26 29 6 11 25 2 16 5 13% 11% 10% 8% 7% 10%
1 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 1%
2 3 5 5 8 8 8 -5 -3 -3 5% 2% 2% 10% 5% 3%
3 1 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 0%
4 2 1 -2 -1 0% 0% 0% 0% 1% 0%
5 20 74 56 8 29 48 12 45 9 31% 30% 19% 10% 19% 19%
6 10 30 47 52 73 62 -42 -43 -14 15% 12% 16% 64% 47% 24%
7 14 81 121 5 28 74 9 53 46 21% 33% 42% 7% 18% 29%
8 10 29 29 1 3 32 9 26 -3 15% 12% 10% 1% 2% 13%
9 2 1 1 1 0% 1% 0% 0% 1% 0%
Total 66 249 289 81 157 253 -15 92 37 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
AC10 (***)
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
Valeur et structure des échanges d'Israël avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS
-96-
Jordanie
Grâce à une diversification de la production
et des échanges supérieure aux autres PM,
la Jordanie a fait preuve d'une remarquable
résilience aux chocs internes (sécheresse)
et externes (ralentissement de la conjonctu-
re internationale, etc.) intervenus depuis
2001, comme l’atteste la stabilité du taux
de croissance. Entre 1997 et 2001, le taux
annuel moyen a été de 3,6% et atteint
4,8% en 2002.
Fruit de la politique de réforme et de déve-
loppement par l'ouverture de la Jordanie,
cette diversification productive permet une
montée en gamme des produits, au bénéfice
d’une industrie manufacturière qui poursuit
son développement et enregistre encore une
forte progression en 2002 (10,6%), après
cinq années de bons résultats.
Ce mouvement doit être impérativement
soutenu et poursuivi car, malgré une tendan-
ce à la progression du PIB par tête
(3 966 dollars par habitant en 2000 contre
3 818 en 1998), le taux de croissance est
encore insuffisant pour absorber les nou-
veaux entrants sur le marché du travail. Sur
la base de la période 1990-1999, il faudrait
en effet un rythme de croissance annuelle du
PIB de 8,3% pour atteindre le taux de créa-
tion d'emplois nécessaire de 5,8% par an
(Keller et Nabli, 2002). Aussi, sur la période
2000-2002, le chômage augmente de 13,7%
à 15,3%, particulièrement chez les moins de
25 ans (de 26,6% à 31%).
Cette charge empêche non seulement l’amé-
lioration significative des conditions sociales,
mais pèse également sur la compétitivité.
Sur le premier plan, plus que le taux d’illet-
trisme (évalué à 10% mais ne s’améliorant
pas et touchant plus fortement les femmes,
16%, que les hommes, 5%), la qualification
des travailleurs va souffrir du fait que seuls
64% des enfants en âge d’être scolarisés
dans le primaire le sont effectivement (59%
dans le secondaire).
Sur le second plan, il faut bien noter que la
Jordanie est le PM pour lequel la croissance
de la productivité des facteurs a le plus ralen-
ti, avec retournement de tendance important
dans l’accumulation des facteurs (décrois-
sance du rythme d’accumulation du capital et
croissance du rythme du travail). Comme on
Contribution des secteurs au PIB
3
16,8
11,5
17,919,4
4
16,8
2,24
5,8
2,6
11
5,9
99,8 10,6
3,6
6,8
1,7
5,5
3,6 2,6 2,83,7 3,72,1
3,92,9
5,7
13,4
0
5
10
15
20
25
Agricu
lture
Min
es e
tex
trac
tion
Sec
teur
man
ufa
cturier
Ele
ctrici
té e
t ea
u
Const
ruct
ion
Com
mer
ce,
rest
aura
nts
, hôte
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nsp
ort
Ser
vice
s finan
cier
set
d'a
ssura
nce
Ser
vice
s so
ciau
x
Ser
vice
sgouve
rnem
enta
ux
% Part dans le PIB Croissance annuelle 2001 Croissance annuelle 2002
Données en termes constants aux prix de 1994.Sources : Département des Statistiques, Banque centrale, Eurostat, programme Medstat.
-97-
l’a vu plus haut, c’est un mouvement finale-
ment cohérent compte tenu de la contrainte
d’absorption des nouveaux entrants sur le
marché du travail, mais qui met en péril la
dynamique de long terme, notamment vis-à-
vis des autres régions en développement.
Toutefois, l’évolution récente apparaît favo-
rable et montre que l’économie est sur la
bonne voie :
(i) la dynamique observée en 2002 des
secteurs de la construction, des mines
et de l'agriculture peut permettre d'ab-
sorber les travailleurs peu qualifiés,
nombreux en Jordanie.
(ii) L’analyse sectorielle de l’investissement
tend à indiquer une meilleure allocation
du capital. Les secteurs véhiculant les
technologies les plus récentes et per-
mettant des gains de productivité
rapides représentent une part croissan-
te de l'investissement total (services
financiers et d'assurance, transports,
secteur manufacturier et commerce,
restaurants et hôtels). De même, la
structure de la croissance de l'investis-
sement est favorable puisqu’il semble se
détourner de secteurs peu innovants
(construction) et s'orienter de plus en
plus vers ceux tournés vers la demande,
vers l'exportation (mines et extraction,
secteur manufacturier) et la valorisation
du territoire (transports) qui contribuent
à améliorer la productivité.
En termes d’évolution macroéconomique, les
points remarquables sont :
(i) sur le marché des biens à l’extérieur, la
Jordanie reste un des pays les plus extraver-
tis de la région, malgré une chute du taux
d’ouverture au cours de la première partie de
la décennie (de 87,5% à 66,6%) : les
échanges représentent en 2001 près de 77%
de la production intérieure. Elle se distingue
des autres partenaires méditerranéens sur
de nombreux points :
(a) une orientation géographique originale ;
la faiblesse des relations avec l’Union
Européenne demeure tout au long de la
décennie, l’Union ne représentant que
28% des importations jordaniennes et
moins de 4% de ses exportations. A l’in-
verse, les flux intra-méditerranéens
sont plus importants qu’ailleurs et leur
part a presque doublé (de 7,6% à
Investissement sectoriel
48,1 37,3 30,0
-64,7-47,4
-15,5
122,5
-6,2-32,7
-1,2
10,2 0,4 7,7 20,2 19,92,4
22,8
2,6 3,3 10,0
-100
-50
0
50
100
150
Agricu
lture
Min
es e
tex
trac
tion
Sec
teur
man
ufa
cturier
Ele
ctrici
té e
t ea
u
Const
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Com
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rest
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Ser
vice
s finan
cier
set
d'a
ssura
nce
Ser
vice
s so
ciau
x
Ser
vice
sgouve
rnem
enta
ux
%Accumulation du capital 1999-2000 part dans l'investissement total 2000
Données en termes constants aux prix de 1994.Sources : Département des Statistiques, Banque centrale.
-98-
13,1% des exportations). De même, les
exportations vers d’autres pays du
Moyen-Orient sont très développées, ce
qui pourrait paradoxalement poser pro-
blème compte-tenu de la situation poli-
tique qu’a connue la région en 2003
(l’Irak représentait près de 10% des
exportations et 14% des importations
en 2001). La Jordanie est le fer de lance
de la politique de création d’une zone de
libre-échange entre les pays arabes et
les Etats-Unis. La feuille de route
publiée par les Etats-Unis avance des
chiffres de progression des exportations
jordaniennes vers les Etats-Unis miro-
bolants (en hausse de 60 à 76% en
2002). Mais, la réalité apparaît toute
différente : les retombées commerciales
semblent ne pas avoir été à la hauteur
des espérances et les importations jor-
daniennes auraient même régressé
légèrement. En fait, un amalgame a été
fait avec un autre projet qui visait à éta-
blir des liens commerciaux entre Israël
et les pays arabes voisins afin de main-
tenir la paix dans la zone. Celui-ci pré-
voyait que les produits manufacturés
jordaniens pouvaient entrer sur le mar-
ché américain sans être soumis à quo-
tas ou droits de douanes s’ils incorpo-
raient au moins 8% de valeur ajoutée
israélienne. Les activités de ré-exporta-
tion (+48,3% en 2002) ont principale-
ment profité à l’industrie du cuir qui,
certes, est une industrie intensive en
main d'œuvre mais dont le marché
mondial est peu dynamique.
(b) Une structure des exportations qui s’est
largement diversifiée, les matières pre-
mières hors hydrocarbures (phosphates
notamment) ayant vu leur poids dans le
total baisser de 38% en 1990 à 18% en
2001, tandis que celui des articles manu-
facturés augmentait de 5 à 20% depuis
1995. On notera que les relations avec
l’Union ont également connu la même
évolution : le poids de matières pre-
mières a chuté de 75% en 1995 à 33%
en 2001, les produits industriels (postes
6 à 8 de la CTCI) passant eux de 9 à
39%. Ce mouvement a entre autres per-
mis à la Jordanie de réduire fortement la
volatilité des termes de l’échange et du
pouvoir d’achat de ses exportations.
(c) Une balance commerciale structurelle-
ment déficitaire où la contribution de
l’Union (pour près de la moitié de ce
déficit : -1,3 milliards sur un déficit total
de près de 3 milliards de dollars en
2001) est hors de proportion eu égard à
ce que représente le marché européen
pour la Jordanie.
En 2002 cependant, les déficits de la balance
des biens et des biens et services se rédui-
sent respectivement de 13,2% et de 8%
grâce à une hausse des exportations (20%)
plus rapide que celle des importations (+3%)
et au maintien de l’excédent des services.
Les recettes touristiques après avoir baissé
en 2000 (-9%) et 2001 (-3%), se sont réta-
blies en 2002 (+12%). Cette résistance pro-
vient de la part du tourisme arabe (+17,4%
en 2002) et africain (+21%) qui contrebalan-
ce celle des européens (-25,3%) et des
israéliens (-12%).
Les besoins d'épargne ainsi générés sont
couverts par les transferts de fonds des tra-
vailleurs qui se renforcent (+10,3% en 2001
et -6,3% en 2002) ainsi que par les finance-
ments publics (+62% en 2001 et +10% en
2002). Mais, en 2001, les investissements de
portefeuille régressent (-22%), comme les
financements privés (-34%). Ces orienta-
tions ne devraient pas se modifier pour 2002.
Avec la guerre en Irak, l’année 2003 s’an-
nonçait difficile malgré une bonne saison
agricole. En janvier et février 2003, les
-99-
exportations ont diminué de 13,6% et 15,2%
respectivement par rapport aux résultats de
l’année précédente. Les importations ont
connu une évolution similaire avec le ralen-
tissement de l’activité (-2,8% en janvier et -
19,5% en février ). Le mois de mars fait
cependant état d’un retour à la hausse des
exportations (+29,7%) et des importations
(+44,7%), signe peut-être que la confiance
dans l’économie jordanienne n’a pas été
durablement affectée par le climat politique.
Toutefois, les éventuelles tensions sur la
balance des paiements seront largement
réduites grâce aux aides extérieures. Les
Etats-Unis ont proposé de couvrir le manque
à gagner dû à la perte du marché irakien que
le gouvernement jordanien avait évalué à
1,1 milliards de dollars. A cela s’ajoute les
250 millions d’aide directe et les 198 millions
d’aide militaire précédemment octroyés.
D’autres bailleurs de fonds se sont joints à
cet effort pour soutenir la balance courante
jordanienne. Le Japon offre 50 millions d’ai-
de budgétaire et autant pour le financement
de projets de développement. L’Union euro-
péenne propose 35 millions d’euros. La
Banque Mondiale intervient aussi sous la
forme d’un programme d’aide sur trois ans
(305 millions en tout) et le Club de Paris
consent des reports de créances.
(ii) Ces chiffres laissent supposer que du côté
de la demande interne, en 2001 et 2002, les
exportations ont su tirer la croissance plus
fortement que ne le laissent supposer les
chiffres pour 1998-2000 (figure suivante). La
consommation privée est un autre moteur
puissant. Néanmoins, entre 1998 et 2002, la
consommation publique n'a pas nourri l'in-
vestissement ce qui signifie qu'un rattrapage
est nécessaire.
(iii) le taux de change effectif réel s'est
apprécié passant de 118,5 en 1999 à 132,5
en avril 2002 ce qui nuit à la compétitivité
des produits jordaniens. Cela est en grande
partie dû à l'évolution du dollar. Cependant,
l'ancrage de la monnaie au dollar peut se jus-
tifier aussi bien du point de vue (a) de la dis-
tribution géographique des échanges compte
tenu, comme on l’a vu, de la part des expor-
tations vers les pays arabes, dont la plupart
sont ancrés au dollar et de celle des Etats-
Unis ; (b) de la structure en devise de la
dette qui privilégie le dollar à 32% en 2000
et le yen à hauteur de 24%. La Jordanie doit
donc restaurer sa compétitivité en jouant sur
la productivité des facteurs et leurs coûts.
(iii) La politique monétaire, saine, est carac-
térisée par une réduction du seigneuriage et
une croissance modérée de la masse moné-
taire. L'inflation est maîtrisée du fait de l'an-
crage du change qui favorise l'importation de
la crédibilité de la banque centrale américai-
ne. En 2002, la relance de l'économie a pris
la forme d'une forte hausse des crédits à
l'économie qui ne s'est, pour l'instant, pas
traduite par une augmentation des prix.
Mais, tout risque n'est pas écarté.
Les choix d'endettement ont deux objectifs :
répondre aux besoins en devises dans les
périodes d'incertitudes, notamment poli-
Décomposition du PIB 1998-2000
3,5%
8,5%
5,7%
1,5%
8,5%
5,6%
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
Produit I
nté
rieu
rBru
t
Conso
mm
atio
nPr
ivée
Conso
mm
atio
nPu
bliq
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ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Import
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Source : Banque centrale.
-100-
tiques, et éviter de peser sur l'économie
domestique. Ainsi la dette externe s'accroît
comme le montant de la dette totale par rap-
port au PIB mais la structure de la dette est
favorable (seulement 6% de dette à court
terme en 2001) et la solvabilité est satisfai-
sante. Le service de la dette ne représente,
en effet, que 14% des exportations et le ratio
des réserves sur la dette externe s'améliore
(42% en 2000 contre 53% en 2002).
Le marché des actifs est en expansion faute
d'une intermédiation bancaire de qualité. Le
climat politique régional incite les banques à
la prudence et elles hésitent à répercuter la
baisse des taux (ils sont passés de 3% à
2,75% début 2003) sur les taux de crédit qui
demeurent élevés, même pour les emprun-
teurs les plus fiables (10%). Le morcellement
des acteurs financiers joue également dans
ce sens en limitant leurs capacités à faire
face à des évolutions défavorables de la qua-
lité de leurs actifs. La loi de 2000 qui encou-
rage les fusions n’a pas induit de change-
ment notable de la situation. Le rôle actuel
de l’intermédiation financière dans le soutien
de la croissance n’est donc pas satisfaisant.
La nouvelle directive concernant les ratios de
solvabilité des banques qui lie plus étroite-
ment les fonds propres aux risques encourus
ne peut qu’amplifier les difficultés des éta-
blissements de petite taille (entrée en
vigueur prévue en 2004). Cela aura forcé-
ment un effet restrictif sur les prêts distri-
bués. L’alternative pour les entreprises est de
recourir au marché obligataire qui a été par-
ticulièrement actif en 2002 (+40% par rap-
port à 2001). Cette forme de financement est
à développer puisqu’elle ne représente enco-
re que 141 millions de dollars en 2002 à
comparer avec les 7 milliards de dollars de
capitalisation boursière du marché d’Amman.
(iv) La politique budgétaire prudente permet
de limiter le déficit à 3,9% du PIB, mais
souffre des mêmes limites que les autres
partenaires méditerranéens bien qu'elle soit
moins exposée aux aléas des prix des
matières premières : fragilité des ressources
et rigidité des dépenses.
Les recettes des taxes sur le commerce inter-
national représentent encore 11,6% des
recettes totales, mais elles ont été réduites de
moitié en 8 ans ce qui prouve l'engagement de
la Jordanie sur la voie de l'ouverture. Le reve-
nu des taxes est encore insuffisant (49,3% en
2002 des recettes totales). La TVA (25% des
Politique monétaire
6,4 5,9
11,5
4,4
2,4 1,9
8,1
-2,6
1,8 1,8
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11,9
1,8
3,743,9
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15
M2 Avances ausecteur public
Crédit àl'économie
domestique
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, IFS avril 2003, Eurostat, programme Medstat, Banque centrale.
Endettement
6,4 5,9
11,5
4,4
2,4 1,9
8,1
-2,6
1,8 1,8
7
-8,2
11,9
1,8
3,743,9
-10
-5
0
5
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15
M2 Avances ausecteur public
Crédit àl'économie
domestique
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
-101-
recettes totales et 90,5% des impôts indirects)
permet des ajustements. La Jordanie a, en
2002, élargi le champ d’application de la TVA à
certains des biens exonérés jusque là (2% sur
le pain, thé, sucre, etc.). Ces mesures ne l’ont
pas empêché de perdre 7,5% des recettes fis-
cales et 10,9% des recettes non fiscales atten-
dues du fait du rythme ralenti des privatisa-
tions et des aléas de la mise en place de la
TVA. Par ailleurs, les impôts directs restent
faibles et pèsent assez peu sur l'expansion du
secteur privé et de la consommation (20,5%
des recettes totales en 2002).
Du côté des dépenses, les engagements font
preuve d'une remarquable stabilité. Le poste
des salaires absorbe 49% et la défense 24%
des dépenses totales. La part de ce dernier
est presque aussi importante que pour Israël.
Malgré ses difficultés, la Jordanie préserve le
niveau des dépenses de santé (9%), d'édu-
cation (14%) et d'investissement (19%).
Reste que, pour apprécier la dépendance de
l’économie jordanienne vis-à-vis des finan-
cements internationaux, son déficit budgé-
taire doit s’apprécier hors dons. En 2002, il
représente 8% du PIB. L’exercice 2003 qui
retient des hypothèses de croissance écono-
mique (5%), des exportations (15%) et de
l’aide internationale (16%) optimistes risque
de se conclure par un déficit assez impor-
tant. D’autant qu’il faudra intégrer la hausse
des dépenses au titre du plan de transfor-
mations sociales et économiques lancé par
le roi en 2001.
Une bonne position de la Jordanie vis-à-
vis des autres pays en développement
Cas particulier au sein des PM, la Jordanie a
une position élevée, à la fois selon les cri-
tères objectifs et subjectifs. D’ailleurs, sa
performance du point de vue des critères
macroéconomiques retenus est supérieure à
celle des nouveaux pays membres.
Du point de vue des critères subjectifs, les
principales voies d’amélioration concernent :
(i) la protection non tarifaire implicite due
aux procédures douanières. Tandis que
la protection tarifaire est faible pour un
pays en développement, les procédures
douanières apparaissent longues et sur-
tout arbitraires dans certains cas.
(ii) Les marchés financiers, surtout sur le
plan du financement de long terme,
Dépenses
25
44
19
13
24
47
18
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60
Dépenses dedéfense
Dépenses desalaires
Dépenses decapital
Dépensesd'intérêt de la
dette
en %
dép
ense
s to
tale
s
1998-2000 2001 2002
Source : Ministère des Finances, Fond Monétaire international, GDF 2002.
Recettes
50
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-4 -3-4
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80
100
Revenus destaxes
Impôtsdirects
Revenus destaxes sur lecommerce
international
Impôtsindirects
dont TVA Déficitbudgétaireen % PIB
en %
des
res
sourc
es t
ota
les
1998-2000 2001 2002
-102-
(iii) La transparence, en particulier dans les
administrations où les procédures sont
parfois appliquées de manière opaque
ou arbitraire.
Pour ce qui concerne les indicateurs objectifs,
les grandes forces de l’économie jordanienne
que sont le niveau des IDE en proportion de
la production intérieure, la maîtrise de l’infla-
tion et de la balance du compte courant et
l’accès au crédit pour le secteur privé sont
amoindries par :
(i) un niveau général de développement
humain à peine moyen, notamment sur
le plan des conditions économiques (si le
niveau de l’espérance de vie est élevé, le
PIB par tête est faible, même vis-à-vis du
niveau moyen des PM) ;
(ii) une ouverture commerciale relative-
ment à la population à peine moyenne,
ce qui rend d’autant plus importante la
réforme des procédures douanières ;
(iii) un déficit budgétaire encore important ;
(iv) un niveau d’endettement plus élevé que
dans les autres PM ;
(v) un niveau des infrastructures de télécom-
munications et d’utilisateurs d’internet
moyen, inférieurs à ce que l’on observe
dans les pays en voie d’adhésion.
-103-
Jordan 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs
Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)
Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)
11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats
Ob
jectifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
0
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et des critères objectifs
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12
13
14
JORDANIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 87,50% 66,60% 76,80%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 3,3% 6,3% 3,7%
vers les PM 7,6% 10,4% 13,1%
vers RdM 89,1% 83,3% 83,2%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 22,8% 34,0% 28,2%
issues des PM 5,4% 8,4% 8,4%
issues de RdM 71,8% 57,6% 63,4%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 0,05 0,07 0,05
avec RdM 0,44 0,58 0,51
Soldes en millions de dollars
avec l'UE -562 -1 134 -1 304
avec RdM -1 048 -881 -1 501
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,37 0,28 0,20
vers l'UE 0,65 0,66 0,38
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations 100 117 107
Indice valeurs unitaires des importations 100 99 105
Termes de l'échange 100 118 102
Pouvoir d'achat des exportations 100 168 170
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 23,3 24,8 30,0
avec l'UE 4,1 5,8 21,5
avec RdM 22,8 20,1 28,0
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Jordanie
-104-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 90 142 191 609 598 740 -519 -456 -548 10% 10% 10% 23% 17% 15%
1 7 7 32 15 14 47 -8 -7 -14 1% 1% 2% 1% 0% 1%
2 354 370 353 65 130 150 289 240 203 38% 26% 18% 3% 4% 3%
3 471 379 699 -471 -379 -698 0% 0% 0% 18% 11% 14%
4 1 210 60 33 135 55 -32 74 5 0% 15% 3% 1% 4% 1%
5 285 431 487 287 456 535 -2 -26 -48 31% 30% 26% 11% 13% 11%
6 118 138 238 452 719 940 -334 -582 -702 13% 10% 12% 17% 20% 19%
7 22 65 173 493 906 1 324 -472 -840 -1 151 2% 5% 9% 19% 25% 27%
8 47 69 373 135 209 288 -88 -140 84 5% 5% 20% 5% 6% 6%
9 43 52 94 -43 -52 -94 0% 0% 0% 2% 1% 2%
Total 922 1 432 1 907 2 603 3 599 4 871 -1 681 -2 167 -2 964 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 76 109 161 425 346 491 -350 -236 -330 9% 9% 10% 23% 17% 16%
1 6 5 30 4 4 38 2 1 -8 1% 0% 2% 0% 0% 1%
2 312 275 314 44 85 110 268 190 204 38% 23% 20% 2% 4% 4%
3 469 367 673 -469 -367 -673 0% 0% 0% 25% 18% 22%
4 1 208 58 18 122 49 -17 86 10 0% 17% 4% 1% 6% 2%
5 256 390 412 163 220 298 93 170 114 31% 33% 26% 9% 11% 10%
6 108 84 178 311 401 595 -203 -318 -417 13% 7% 11% 17% 19% 19%
7 20 61 150 326 403 622 -305 -343 -472 2% 5% 9% 17% 19% 20%
8 43 61 283 87 94 164 -44 -32 120 5% 5% 18% 5% 5% 5%
9 24 32 49 -24 -32 -49 0% 0% 0% 1% 2% 2%
Total 822 1 193 1 587 1 870 2 073 3 088 -1 048 -881 -1 501 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 3 10 3 151 152 148 -149 -142 -145 8% 11% 4% 26% 12% 11%
1 2 10 10 5 -10 -8 -5 0% 2% 0% 2% 1% 0%
2 22 67 23 14 39 34 8 28 -11 73% 75% 33% 2% 3% 2%
3 2 1 25 -2 -1 -25 0% 0% 0% 0% 0% 2%
4 14 13 5 -14 -13 -5 0% 0% 0% 2% 1% 0%
5 3 1 18 109 215 208 -106 -214 -190 10% 1% 26% 18% 18% 15%
6 1 4 16 77 224 178 -76 -220 -161 4% 5% 23% 13% 18% 13%
7 1 163 469 662 -163 -468 -661 0% 0% 2% 27% 38% 48%
8 2 5 10 36 80 77 -35 -75 -68 5% 6% 14% 6% 7% 6%
9 16 20 33 -16 -20 -33 0% 0% 0% 3% 2% 2%
Total 30 90 70 592 1 223 1 374 -562 -1 134 -1 304 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 12 23 28 33 101 101 -21 -78 -73 17% 15% 11% 23% 33% 25%
1 1 1 2 1 3 1 -1 2% 0% 1% 0% 0% 1%
2 20 28 16 7 6 6 13 22 10 29% 19% 6% 5% 2% 2%
3 11 1 -11 -1 0% 0% 0% 0% 4% 0%
4 2 2 2 2 -2 2 0% 1% 1% 1% 0% 0%
5 26 40 57 15 21 29 10 19 28 37% 27% 23% 11% 7% 7%
6 8 50 44 64 94 168 -56 -44 -123 11% 33% 18% 46% 31% 41%
7 1 4 22 5 34 40 -4 -29 -18 2% 3% 9% 4% 11% 10%
8 2 2 80 12 35 48 -9 -33 32 3% 1% 32% 8% 12% 12%
9 2 12 -2 -12 0% 0% 0% 2% 0% 3%
Total 70 149 250 140 302 409 -71 -153 -159 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 15 3 6 -15 -3 -6 4% 1% 1% 42% 8% 18%
1 0% 0% 4% 0% 0% 0%
2 4 1 -1 4 0% 2% 67% 3% 1% 0%
3 1 19% 3% 8% 0% 0% 0%
4 0% 0% 0% 1% 0% 0%
5 2 1 3 5 5 -3 -3 -4 5% 79% 16% 10% 14% 15%
6 12 19 14 -12 -19 -14 19% 5% 0% 33% 53% 41%
7 2 7 7 -2 -7 -7 0% 4% 1% 6% 20% 19%
8 1 2 1 1 -1 -1 -1 52% 6% 2% 5% 4% 4%
9 1 0% 0% 0% 0% 0% 2%
Total 1 3 6 36 35 34 -35 -33 -27 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
AC10 (***)
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
Valeur et structure des échanges de la Jordanie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS
-105-
Liban
La situation du Liban reste toujours préoccu-
pante. Sur le plan de la croissance, l’amélio-
ration est patente. Entre 1998 et 2000, le PIB
n’a cru que de 0,5% par an, mais ce taux
atteint +1,3% en 2001 et la Banque Mondiale
prévoit une croissance de 3,5% en 2002.
Le secteur qui a connu la croissance la plus
rapide en 2001 est l’agriculture (+2,6%),
mais elle ne représente que 12% de la valeur
ajoutée. L’industrie qui compte pour 21,9%
du PIB (10,3% du PIB pour le seul secteur
manufacturier) se redresse et affiche mainte-
nant une progression de 1,2%. Surtout, en
2002, il a permis une très nette progression
dans la création d’emploi (+51,9%). Le sec-
teur des services (66,1% du PIB) augmente
son rythme de croissance, +1,7% en 2001
contre +0,6% en 2000. Ces évolutions sec-
torielles indiquent que les efforts de restruc-
turation du gouvernement semblent com-
mencer à porter leurs fruits.
Mais, elles sont encore insuffisantes pour
faire face aux nécessités d’emploi. Le chôma-
ge reste élevé et touche 10% de la popula-
tion active, plus particulièrement les jeunes
(24% en 2000).
Bien que le Liban ait réussi à enrayer la chute
du PIB par tête (-1,8% en 2000 ; 0% en
2001 ; prévisions de la Banque Mondiale
pour 2001-2005 de +1,4% par an), la pau-
vreté s’aggrave d’autant que les populations
se concentrent dans les villes (90% de la
population totale). L’illettrisme touche encore
14% de la population en 2001 avec une forte
discrimination par genre (19,7% de femmes
et 7,9% d’hommes) mais qui se réduit.
L’enjeu pour le Liban va donc consister, dans
les toutes prochaines années à :
(i) assainir sa gestion budgétaire et son
endettement afin de moins peser sur
l’économie domestique,
(ii) redynamiser son ouverture (les expor-
tations ne représentent que 11,5% du
PIB en 2001 contre 47,5% pour la
Tunisie ou 44,2% pour la Jordanie)
(iii) restaurer l’importance du pays en tant
que place financière internationale.
La situation actuelle peut être résumée de la
façon suivante :
(i) Sur le marché des biens, les années 1990
n’ont pas permis au Liban d’améliorer son
ouverture commerciale : le taux d’ouverture
Décomposition du PIB (couleur claire : 1995-2000, couleur moyenne : 2000-2001)
1,7%
-2,2%
7,8%
-9,8%
-2,2% -2,2%-1,9%
11,4%
5,3%
-6,5%
1,3%
8,8%
-15%
-10%
-5%
0%
5%
10%
15%
Produit I
nté
rieu
rBru
t
Conso
mm
atio
nPr
ivée
Conso
mm
atio
nPu
bliq
ue
Inve
stis
sem
ent
fixe
Exp
ort
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Import
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Source : Banque mondiale, 2002.
Politique monétaire 1/
22,1
24,8
9,9210,3 10,6
13,7
0,6
7,45,5
11,7
-4,9
7,68,9
0,5
33,1
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
35
M3 M4 Crédit à l'économiedomestique
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
1/ Taux de croissance annuel moyen.Sources : Banque centrale, Eurostat, programmeMedstat, Fond Monétaire International, juin 2002.
-106-
(importations+exportations sur PIB) a ainsi
baissé de 67% à 42%. Dans le même temps,
malgré les accords d’association, les relations
avec l’Union semblent se distendre : l’Union
ne représente plus que 19% des exportations
libanaises en 2001 contre 38% en 1990. Le
mouvement est moindre au niveau des impor-
tations, mais de même direction, le poids de
l’Union passant de 50% à 45% au cours de la
même période. Dans le même temps, le Liban
développe ses relations avec les autres PM qui
absorbent maintenant 15% des exportations
(contre 9% en 1990) et fournissent 8% des
importations (4% en 1990).
Cette modification sensible de l’orientation
des échanges n’a toutefois pas entraîné
d’amélioration du déficit structurel des
échanges (près de 5 milliards de dollars en
2001). Au contraire, le taux de couverture
avec l’Union se détériore fortement.
La structure des exportations évolue légère-
ment, mais de façon ambiguë. Certes, la
concentration des exportations baisse dans la
décennie, sous l’effet d’une réduction du
poids des exportations de matières pre-
mières hors hydrocarbures (de 22% à 9% du
total) et d’une progression du poste
« machines et matériels de transports ».
Mais, dans le même temps, la part des pro-
duits manufacturés évolue négativement (de
20% à 18%) et surtout, la part des articles
manufacturés perd 10 points (de 33% à
23%). Ainsi, la structure des exportations se
spécialise vis-à-vis de la demande mondiale
(Cf. Rapport annuel du Femise 2002, p.47).
En 2002, les exportations ont augmenté de
17,5% alors que les importations baissaient
de 11,6%, en partie du fait de leur renché-
rissement en dollars, ce qui a permis une
réduction du déficit de la balance des biens
de 22% et allége les pressions qui pèsent sur
l’épargne nationale.
Le problème est qu'un des groupes de biens
dont les importations ont le plus diminué est
celui des machines et outillages (-15,4% en
2002 et -20,5% au premier trimestre 2003),
ce qui ne sera pas sans conséquence sur l'ac-
cumulation du capital.
Enfin, si le déficit du compte courant est cou-
vert et la balance des paiements en surplus
c'est uniquement dû aux entrées de capitaux
Dollarisation de l'économie 2/
65
53
69
65
88 13998
4582
5435
11451
2941
4974
10056
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
avr-99avr-97avr-95avr-93avr-91avr-89
%
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
16000
billions de LBE
Taux de dollarisation Réserves de change
2/ Taux de dollarisation, échelle de droite,Réserves de change, échelle de gauche.Source : Banque centrale.
Endettement
8570
29
120
207
75 74
44
102
260
6674
46 49
297
54
35
0
50
100
150
200
250
300
350
Detteintérieure/Dette
totale
Dette à courtterme/Dette
externe totale
Service de ladette/exportationsde biens, services
et revenus
Réserves/Detteexterne totale
Dette externetotale/exportationsde biens, services
et revenus
% 1995-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, Banque centrale, Ministère desFinances.
-107-
résultants du réaménagement de la dette déci-
dé à la conférence de Paris II, seuls 15% des
entrées relèvent des mouvements usuels[12].
(ii) Sur le plan de la demande interne, en
2001, la consommation privée repart avec
une croissance à 8,8% contre -2,9% en
2000. Elle est le principal soutien de la crois-
sance en 2001 avec les exportations et
relaye la consommation publique qui malgré
sa forte croissance n'a pas pu empêcher la
chute vertigineuse de l'investissement.
(iii) Le taux de change effectif nominal se
déprécie, perdant 5,8% en 2002. Le mouve-
ment se poursuit depuis janvier, surtout à
cause de la baisse du dollar US et de la crise
politique en Irak. La position libanaise s'en
trouve améliorée puisque la part des expor-
tations vers les pays arabes dans les expor-
tations totales ne faiblit pas et atteint encore
les 49% en 2002. La mise en place de la zone
de libre-échange avec les pays arabes pour-
rait favoriser le développement de liens com-
merciaux étroits. Par contre, si l'ancrage au
dollar se justifie du point de vue de la com-
position de la dette (61% en dollars en
2000), c’est moins le cas d’un point de vue
commercial, du fait du poids des importa-
tions avec l'Union européenne toujours
important malgré la baisse.
(iv) L'efficacité de la politique monétaire est
très réduite à cause d'une part, d'une dolla-
risation importante de l'économie (68,6% en
mars 2003 en termes de dépôts) et, d'autre
part, de l'ancrage au dollar qui dicte le niveau
des taux d'intérêt étant donné le risque pays.
A la différence de l'Egypte, la forte dollari-
sation n'est pas ici principalement le résul-
tat d'un manque de liquidités mais d’une
défiance envers la solvabilité du gouverne-
ment étant donné sa situation financière.
Afin de renouer avec la croissance, en l'ab-
sence de pressions inflationnistes (-5,9%
en 2002 après –4,9% en 2001 et -2,2% en
2000), une baisse des taux d'intérêt est
intervenue (16,76% en 2001 contre
14,74% en mai 2003) mais elle reste lar-
gement insuffisante pour aider à dynami-
ser la croissance. De plus, l'écart persis-
tant qui existe entre les taux pratiqués sur
les prêts en monnaie locale et ceux en dol-
lars (9,62% sur ceux en dollars) affaiblit le
contrôle des autorités sur l'économie.
Ainsi, le ratio crédit/dépôts en livre libanai-
se est de 19% alors qu’il est de 41,3% sur
le dollar. Le réaménagement de la dette a
permis de redonner confiance aux investis-
seurs, ce qui se traduit par une croissance
de M4, qui comprend les titres émis par le
Trésor sur la dette nationale et détenus par
le secteur non-bancaire, plus rapide que
M3 en 2002.
Par ailleurs, le gouvernement limite le
recours à la levée de fonds sur le marché
domestique (la dette interne passe de 85%
à 54% de la dette totale) afin de minimiser
l'effet d'éviction dont souffre le secteur
privé. Cela peut avoir des conséquences
positives sur la dollarisation, mais, en
contrepartie, cela accroît l’exposition aux
chocs externes, notamment sur les taux de
change vis-à-vis des monnaies d'emprunt.
De plus, les réserves de change ne couvrent
plus que 35% de la dette externe et le ser-
vice de la dette absorbe 46% des recettes
des transactions sur les biens, services et
revenus. Enfin, la structure de la dette n'est
pas favorable au Liban, puisque 74% de la
dette est à court terme. La conférence de
Paris II a certes donné une bouffée d'oxygè-
ne au Liban, mais le pays ne pourra s'enga-
ger sur la voie d'un désendettement que s'il
abaisse ses taux d'intérêt pour enregistrer
une croissance économique n’est pas forcé-
ment compatible avec la politique actuelle
d’ancrage.
-108-
(iv) La politique budgétaire est tiraillée
entre deux objectifs irréconciliables : le
désendettement et l'aide à l'apparition des
conditions d'une croissance durable. La
TVA entrée en vigueur en 2002 pourrait y
pourvoir. Elle représente déjà 18% des
recettes totales. Mais, les possibilités de
son augmentation, nécessaire pour lever
les ressources indispensables à l'assainis-
sement des finances publiques, vont se
heurter très vite au niveau de la pauvreté.
La part des impôts directs est faible et la
croissance encore timide ne permet pas
d'envisager de progression rapide. Le
Liban est le pays méditerranéen dont le
budget dépend le plus des recettes du
commerce international (30% en 2002),
ce qui est intenable, compte-tenu de l’exi-
gence d’ouverture soulignée plus haut,
comme des engagements pris dans le
cadre du partenariat.
Du côté des dépenses, la charge du paiement
des intérêts de la dette qui absorbe encore
85,6% des recettes budgétaires en 2002
(quelque peu réduite par rapport aux
100,5% de 2001) oblige le gouvernement à
réduire toutes ses dépenses de fonctionne-
ment comme d'investissement, les recettes
ne pouvant toujours couvrir que 63,6% des
dépenses en 2002. De fait, selon une étude
du Consultation and Research Institut, les
dépenses sociales ne permettent pas une
hausse significative du bien-être des popula-
tions. Le revenu mensuel moyen d’un ména-
ge libanais est de 550 dollars américains ce
qui est très en deçà du seuil minimum pour
assurer un train de vie décent, que l’institut
estime à 780 dollars. Plus loin, les ménages
travaillant dans le privé, dans l’agriculture et
en tant qu’indépendants sont les plus tou-
chés mais constituent la frange de population
qui bénéficie le moins des dépenses sociales.
LIBAN - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 67,30% 42,30%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 38,0% 19,3%
vers les PM 9,2% 15,2%
vers RdM 52,8% 65,5%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 50,1% 45,4%
issues des PM 4,0% 7,6%
issues de RdM 45,9% 47,0%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 0,13 0,06
avec RdM 0,20 0,20
Soldes en millions de dollars
avec l'UE -709 -2 590
avec RdM -599 -2 274
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,19 0,11
vers l'UE 0,22 0,18
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations 100 110
Indice valeurs unitaires des importations 100 102
Termes de l'échange 100 107
Pouvoir d'achat des exportations 100 142
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 17,3 18,5
avec l'UE 9,9 9,3
avec RdM 18,9 21,4
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
-109-
Produits (*) 1990 2001 1990 2001 1990 2001 1990 2001 1990 2001
0 28 101 295 980 -267 -879 10% 11% 18% 16%
1 8 49 43 188 -36 -139 3% 6% 3% 3%
2 62 83 34 211 28 -128 22% 9% 2% 3%
3 38 81 -38 -81 0% 0% 2% 1%
4 1 9 32 42 -30 -32 0% 1% 2% 1%
5 16 100 175 723 -159 -624 6% 11% 11% 12%
6 55 157 355 1 105 -300 -948 20% 18% 22% 18%
7 13 124 331 1 721 -318 -1 597 5% 14% 20% 28%
8 94 206 318 774 -224 -568 33% 23% 20% 13%
9 4 59 9 253 -5 -194 1% 7% 1% 4%
Total 282 888 1 629 6 078 -1 347 -5 190 100% 100% 100% 100%
0 21 72 107 385 -86 -313 14% 12% 14% 13%
1 6 30 19 140 -13 -110 4% 5% 3% 5%
2 14 38 21 121 -6 -82 10% 7% 3% 4%
3 13 29 -13 -29 0% 0% 2% 1%
4 1 7 11 20 -10 -13 1% 1% 1% 1%
5 5 51 54 233 -49 -182 3% 9% 7% 8%
6 28 75 187 564 -159 -490 19% 13% 25% 20%
7 3 90 205 739 -202 -648 2% 16% 27% 26%
8 67 159 126 374 -59 -215 45% 27% 17% 13%
9 2 59 5 252 -3 -193 2% 10% 1% 9%
Total 149 582 748 2 856 -599 -2 274 100% 100% 100% 100%
0 2 8 150 393 -148 -385 2% 5% 18% 14%
1 2 16 24 45 -23 -29 2% 9% 3% 2%
2 41 34 12 61 29 -27 38% 20% 1% 2%
3 24 42 -24 -41 0% 0% 3% 2%
4 1 17 17 -17 -16 0% 1% 2% 1%
5 9 28 116 442 -106 -415 8% 16% 14% 16%
6 20 39 159 442 -139 -403 18% 23% 19% 16%
7 10 15 124 955 -114 -940 9% 9% 15% 35%
8 22 31 188 364 -166 -334 21% 18% 23% 13%
9 1 4 1 -2 -1 1% 0% 0% 0%
Total 107 171 816 2 762 -709 -2 590 100% 100% 100% 100%
0 5 22 38 203 -33 -181 18% 16% 58% 44%
1 2 3 -1 0% 2% 0% 1%
2 7 11 1 30 6 -19 26% 8% 2% 6%
3 1 11 -1 -11 0% 0% 2% 2%
4 1 3 5 -3 -3 0% 1% 5% 1%
5 2 21 6 48 -4 -27 8% 15% 9% 10%
6 7 43 9 99 -2 -56 28% 32% 14% 21%
7 1 19 2 27 -2 -8 3% 14% 4% 6%
8 4 16 4 36 -20 16% 12% 6% 8%
9 0% 0% 0% 0%
Total 26 135 65 461 -39 -326 100% 100% 100% 100%
0 2 3 52 -2 -50 2% 7% 20% 46%
1 8 -8 3% 0% 3% 7%
2 1 -1 2% 0% 1% 1%
3 0% 0% 0% 0%
4 3 -3 0% 0% 19% 0%
5 1 3 6 -3 -5 4% 3% 23% 5%
6 3 5 1 27 2 -22 35% 15% 8% 24%
7 1 2 9 1 -7 8% 7% 1% 8%
8 4 22 3 10 1 12 46% 67% 25% 9%
9 0% 0% 0% 0%
Total 10 33 13 113 -4 -80 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport; 8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat/Medstat - Calculs de l'Institut de la Méditerranée
IMPORTATIONS
Valeur et structure des échanges du Liban avec ses principaux partenaires par grandes catégories de produits (en millions de dollarset en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
AC10 (***)
-110-
Maroc
La situation du Maroc se caractérise par un
taux de croissance du PIB insuffisant et
erratique depuis le début des années 90
(3,5%), avec une augmentation dans la
période récente (6,5% en 2001, 3% en
2002, 4,5 % prévus en 2003). Ce taux de
croissance est directement influencé par les
sécheresses (la croissance du PIB marocain
est strictement confondue avec la croissan-
ce de la production agricole, bien que l’agri-
culture au sens strict ne représente que
14% du PIB). Pendant cette période relati-
vement favorable, l’économie marocaine a
perdu 35 000 emplois au total tout en
créant 63 000 emplois supplémentaires
pour les actifs. Les départs à la retraite
n’ont donc pas été remplacés, essentielle-
ment dans le secteur privé d’une part, et
d’autre part, le taux d’activité a régressé
passant de 51,3% en 2001 à 50,7% en
2002. Ce mouvement explique la légère
amélioration du taux de chômage dans la
période récente (11,6% en 2002 vs 13,6%
en 2000).
La création d’emploi s’effectue dans les
milieux urbains où le niveau global de l’em-
ploi augmente, alors que dans le milieu rural
on assiste à la fois à une baisse de l’emploi
total et à une baisse des emplois offerts à la
population en âge de travailler, donc, au non
remplacement des départs à la retraite.
Cette évolution qui est à la fois la cause et la
conséquence directe de l’exode rural, signi-
fie que les jeunes actifs ruraux ne rempla-
cent plus leurs pères et que les milieux
urbains devront offrir les emplois néces-
saires dans un contexte où les liens reste-
ront encore très forts avec le monde agrico-
le, ce qui se manifeste par l’homothétie des
courbes de croissance précédemment évo-
quée (par la commercialisation des produits
agricoles, leur transformation, etc.).
Le secteur public a été un important pour-
voyeur d’emplois ces dernières années
(+4,6% des emplois créés entre 2001 et
2000), alors que l’emploi dans le secteur
privé a légèrement baissé, en particulier
dans l’industrie (les secteurs où l’emploi a
augmenté sont le BTP et le commerce).
Ce contexte est donc marqué par une crois-
sance du PIB instable et en moyenne insuffi-
sante, par des difficultés récurrentes à créer
les emplois nécessaires pour absorber la
croissance de la population active, croissan-
ce concentrée dans les milieux urbains, et
par des poches de pauvreté endémique : le
taux d’illettrisme est le plus élevé des parte-
naires méditerranéens (51%), avec de fortes
disparités selon le genre (63,9% d’illettrées
chez les femmes), seulement 79,5% des
enfants sont scolarisés dans le primaire, etc..
L’appréciation doit tenir compte de la capaci-
té de l’économie marocaine à développer une
gestion macro-économique rigoureuse, de sa
capacité à maîtriser les chocs externes (bais-
se des recettes touristiques et de transport,
faiblesse de la croissance européenne), et
interne (sécheresses), de l’effectivité des
réformes permettant une ouverture plus
diversifiée et plus efficace en termes de pro-
ductivité. C’est à cette condition que l’écono-
mie marocaine pourra distribuer les revenus
qui la placeront dans un processus endogène
de croissance plus élevé.
La situation macro-économique de fin de
période se caractérise :
(i) sur le marché des biens, par un solde de
la balance des biens et services négatif (ce
qui correspond pour le Maroc à un déficit
d’épargne) compensé par de très importants
revenus rapatriés des immigrés en Europe
(au moins jusqu’en 2002). Par ailleurs, pour
ce qui concerne la demande interne c’est la
consommation publique qui a joué le rôle
-111-
d’ajustement quand la consommation privée
avait tendance à fléchir, de façon à maintenir
un volume d’investissement significatif. On
voit nettement dans la figure suivante que la
croissance de l’investissement s’est mainte-
nue en fin de période malgré une chute
considérable de la consommation privée et
une chute plus amortie de la consommation
publique. Par ailleurs, le sérieux de la gestion
macro-économique marocaine s’est manifes-
té par une diminution sensible du taux de
croissance des importations.
(ii) Par un taux de change effectif réel
(cf. figure suivante) qui, après s’être appré-
cié significativement depuis 1990 du fait de
l’ancrage du dirham et du différentiel d’infla-
tion, a commencé à se déprécier à partir de
2001 pour permettre d’améliorer la compé-
titivité prix des exportations. Le maintien
d’un taux de change effectif réel au niveau
de parité des prix relatifs est un impératif
dans les années à venir, si le Maroc veut
pouvoir rester compétitif. De ce point de
vue, l’on peut noter que l’appréciation réel-
le de la monnaie qui a eu cours depuis le
début des années 90 (près de 20%), repré-
sente presque l’avantage en termes de
coûts unitaires du travail du Maroc vis-à-vis
des pays entrés dans la phase d’adhésion à
l’UE. Cela explique que cette contrainte due
au système d’ancrage ait poussé à un
contrôle étroit de la hausse des prix. La
question de savoir s’il faut passer à un régi-
me de flexibilité comme en Egypte, n’est pas
aujourd’hui d’actualité compte tenu du fait
que la convertibilité du compte de capital
n’est pas complète, et paraît aujourd’hui ris-
quée étant donnée le manque de crédibilité
d’ensemble de la politique économique
marocaine.
(iii) Par un marché de la monnaie dont les
évolutions sont étroitement contrôlées et qui
a permis de limiter les tensions inflation-
nistes en fin de période. Le premier point à
souligner est que le Maroc a eu peu recours
au seigneuriage (avances de la Banque
Centrale) pour financer les difficultés budgé-
taires. En général, le financement du budget
s’effectue par emprunts, ce qui a pour effet
de maintenir les taux à des niveaux relative-
ment élevés (entre 7 et 12% pour les crédits
aux PME en 2002) et à conserver un écart
hiérarchique entre les taux très importants,
car le Trésor continue à emprunter à des taux
préférentiels.Décomposition de la croissance du PIB(couleur claire : 1995-2000, couleur moyenne : 2000-
2001, couleur foncée 2001-2002)
0,9%0,5%
4,9%
0,5% 0,3%
6,5%
10,8%
13,8%
4,7%
6,1%
3,3%3,1%
0,5%
2,2%
3,2%
4,6%
3,0%
2,0%
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
Produit I
nté
rieu
rBru
t
Conso
mm
atio
nPr
ivée
Conso
mm
atio
nPu
bliq
ue
Inve
stis
sem
ent
fixe
Exp
ort
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Import
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Source : Fond Monétaire International, IFS, avril 2003.
Taux de change effectif nominal et réel
60
70
80
90
100
110
120
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Taux de change officiel
Taux de change effectif nominal
Taux de change effectif réel
Source : Banque centrale.
-112-
Lors des années de bonne conjoncture,
cependant, le taux d’emprunt du Trésor en
termes réels a été inférieur à la croissance
réelle du revenu national, ce qui est la règle
d’or pour diminuer l’endettement. On obser-
ve que sur la période, la dette a court terme
de l’Etat marocain a sensiblement augmenté,
sans que, pour autant, cela pose des pro-
blèmes de solvabilité, car les réserves cou-
vraient en 2001 encore 58% de la dette tota-
le, la dette extérieure représentant 26% du
PIB en 2002 et la dette intérieure 48% du
PIB. Il reste que si cette stratégie de finan-
cement de l’Etat par l’endettement interne
permet de limiter le risque inflationniste et la
crise de trésorerie de l’Etat, elle limite aussi
les capacités de croissance et d’accumulation
du capital du fait, d’une part, du niveau des
taux d’intérêt, d’autre part, de l’effet d’évic-
tion sur le secteur privé. Quoiqu’il en soit, ce
mécanisme a donné une croissance de M2
(14% en 2001, 6,4% en 2002) et une crois-
sance des prix qui est passée de 0,7% en
2001 à 2,8% en 2002, les prévisions 2003
donnant 2,5%, compatibles avec l’équilibre
macro-économique.
(iv) Par une politique budgétaire prudente
qui a permis de limiter le déficit à 3% du PIB.
Cependant les fondamentaux de la politique
budgétaire sont encore fragiles dans la
mesure où l’Etat marocain a bénéficié indi-
rectement ces dernières années d’une aug-
mentation exceptionnelle des transferts de
revenus des immigrés en Europe (suite à la
mise en place de l’euro). L’augmentation des
coefficients de réserves obligatoires des
banques et les dépôts en devises sont les
vecteurs qui ont permis ces facilités. A cela
s’ajoute une modification sensible des
spreads sur la dette souveraine marocaine
qui autorise des conditions d’emprunt beau-
coup plus favorables (février 2003 : plus de
caution, spread à 250 points de base c’est-à-
dire inférieur à la Turquie et à la Tunisie).
La consolidation à moyen terme de cette
situation macro-économique requière
aujourd’hui une attention particulière autour
de deux questions : (i) comment se consoli-
de la situation budgétaire de l’Etat, compte
tenu de la baisse des recettes douanières, de
la dépendante vis-à-vis de la conjoncture
agricole et du probable assèchement de la
manne qu’ont représentée les transferts de
revenus des immigrés depuis deux ans ?
(ii) comment faire en sorte de maintenir une
compétitivité suffisante et stabiliser l’équi-Indicateurs de dette
1
33
17
43
1
20
28
48
56
2
18
58
43
61
0
10
20
30
40
50
60
70
Dette à courtterme/Dette totale
Service de ladette/Exportations
de biens etservices
Réserves/Dettetotale
Dette totale/PIB Detteintérieure/Dette
totale
%
1995 2000 2001
Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, IFS avril 2003, Banque centrale.
Politique monétaire
9
-6
7
1,3
14,1
-34,2
-1,2
0,7
6,4
3,14,6
2,8
-40
-30
-20
-10
0
10
20
M2 Avances TrésorPublic
Crédit Domestique Inflation
%
1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, avril 2003,Eurostat, programme Medstat, Banque centrale.
-113-
libre du compte extérieur dans un contexte
de désarmement douanier ?
Une situation budgétaire difficile à contrô-
ler malgré une croissance améliorée
Les dépenses du budget de l’Etat sont pour
l’essentiel grevées par les salaires des per-
sonnels de la fonction publique (45% des
dépenses courantes de l’Etat cf. figure sui-
vante). Ceux-ci représentent aujourd’hui
974.000 emplois sur un total de 9,3 millions.
Après une longue période de gel des salaires,
un rattrapage a été instauré ces dernières
années (13% en 2001, 6,6% en 2002) suite
à la montée des tensions sociales dans la
fonction publique.
Le deuxième poste de dépense important est
représenté par les intérêts sur la dette et le
troisième par les dépenses d’investissement.
Les points à souligner dans l’évolution récen-
te sont, d’une part, la stabilité de la charge
de la dette (17% des dépenses en 2001, et
16 % en 2002) et, d’autre part, le taux d’in-
vestissement publics élevé (18%). Toute la
question qui se posera dans l’avenir est de
savoir : (i) si ces taux d’investissement public
pourront continuer à se maintenir en cas de
choc comme ils l’ont fait dans les années pré-
cédentes, et donc si l’Etat pourra contribuer
à l’accumulation du capital par ses infrastruc-
tures, (ii) si ce maintien à un niveau relative-
ment élevé de l’investissement public quand
la conjoncture fléchit ne crée pas un effet
d’éviction sur l’investissement privé et ne
contribue pas à une augmentation exagérée
des taux d’intérêt.
Examinée du point de vue des fonctions de
l’Etat, on voit que les trois budgets les plus
importants qui sont l’éducation nationale
(28,6% en 2001), la défense nationale
(17,6%) et le ministère de l’économie et des
finances (16,5 %) représentent près des deux
tiers des actions de l’Etat. L’évolution de ces
dernières années s’est effectuée au bénéfice
de l’éducation nationale et au léger détriment
des deux autres, ce qui est dû pour l’essentiel
au fait que la hausse des salaires de la fonc-
tion publique s’y est répercutée davantage
(en effet, les dépenses d’équipement dans
l’éducation nationale sont relativement plus
faibles que dans la défense et
l’économie/finance). On est donc en partie
confronté à un effet d’optique, l’augmentation
de la part de l’éducation nationale étant pour
l’essentiel due aux augmentations salariales. Dépenses budgétaires
39
2120
43
20
17
43,4
1718,4
45
16,1
17,8
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Dépenses de salaires en %dépenses courantes
Intérêts de la dette publique Investissement
% 1993-1995 1996-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, Ministère des Finances.
Désendettement
3,2
2,12,8
4,7
2,3
0,1
6,9
-2,2
4,6
0,40
2,8
8,1
3,9
4,7
11,4
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
14
1997 1998 1999 2000 2001 2002
%
Solde primaireEffets des conditions macro-économiques : taux d'intérêt fourchette basseEffets des conditions macro-économiques : taux d'intérêt fourchette haute
Sources : Fond Monétaire International, GDFnovembre 2002, IFS avril 2003, Banque centrale.
-114-
Si le côté dépenses apparaît relativement
stable, le côté recettes pose des questions
plus difficiles. La difficulté vient, en premier
lieu, de la modification de la structure fiscale
imposée par l’accord d’association avec l’UE.
Même si le gros du désarmement douanier
s’effectuera dans les cinq prochaines années,
de premiers effets apparaissent du fait de la
diminution des droits de douane sur les pro-
duits intermédiaires et les biens d’équipe-
ment. Si l’on prend comme référence l’année
1993, les recettes douanières représentaient
23,5% des recettes totales de l’Etat ; en
2002 ces recettes ne représentent que
15,2%, phénomène qui va s’accélérer. A cela
s’ajoute un effet TVA négatif lié au désarme-
ment tarifaire sur les biens d’équipement et
les biens intermédiaires qui sont les premiers
à enregistrer des diminutions tarifaires.
Enfin, les recettes fiscales au Maroc provien-
nent essentiellement des activités agricoles et
d’investissement, deux postes qui ont été for-
tement perturbés ces dernières années avec les
sécheresses et le ralentissement en Europe. La
TVA indirecte est encore un instrument qui
manque de souplesse et ne permet pas de lis-
ser les recettes budgétaires dont l’évolution est
dominée par le cycle économique.
Une ouverture extérieure toujours limi-
tée, mais sensible au partenariat
A l’analyse des principaux indicateurs de l’ou-
verture commerciale, le Maroc apparaît
comme l’un des partenaires où l’effet des
accords d’association est le plus sensible, tant
d’un point de vue qualitatif que quantitatif.
Sur le plan du volume des échanges, la
décennie passée se coupe clairement en
deux périodes, avec un avant et un après
1995 :
(i) de 1990 à 1995, le taux d’ouverture
avait légèrement diminué de 41% à
40% ; en 2001, il s’établit à 51%.
(ii) De 1990 à 1995, le poids de l’Union
dans les échanges avait notablement
baissé, tant du point de vue des expor-
tations marocaines vers l’UE (de 67% à
62%) que des importations provenant
de l’Union (de 66% à 56%). En 2001,
l’évolution négative au niveau des
importations est stoppée et surtout la
part de l’Union dans les exportations
marocaines a augmenté de près de 12%
pour s’établir à 74%.
(iii) De 1990 à 1995, le taux de couverture
n’a cessé de se dégrader passant, pour
les relations avec l’Union de 87% à
61%. De ce fait, le déficit de la balance
commerciale qui s’élevait à 1 milliard de
dollars en 1990, avait presque quadru-
plé en 1995 (-3,7 milliards). Entre 1995
et 2001, le déficit a été stabilisé (-3,6
milliards), avec une évolution fonda-
mentalement différente selon les parte-
naires. Il s’est accru de 44% avec le
Monde hors Union, mais a été réduit de
moitié avec l’Union.
Sur le plan de la structure des échanges, le
constat est identique. De 1990 à 1995 en
effet, le poids du secteur agricole a augmen-
Recettes budgétaires
75
18
34
41
20
13
78
16
37
42
21
12
79
15
3841
21
12
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Revenus detaxes
Droits dedouane
Impôtsdirects
ImpôtsIndirects
dont TVA Fiscalitépétrolière
%
1996-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, GDF2002, Ministère des Finances.
-115-
té, passant pour l’ensemble des exportations
de 27% à 31%, tandis que la part des
articles manufacturés a connu une évolution
fortement négative (de 32% à 20%). Ce
mouvement a également pu être observé
pour les seules exportations à destination de
l’Union (de 25% à 29% pour les produits
agricoles ; de 37% à 29% pour les articles
manufacturés). La tendance s’est complète-
ment inversée depuis 1995 : le poids des
produits agricoles est revenu à 21%, six
points sous le niveau de 1990 tandis que le
poids des articles manufacturés est remonté
à 37%, cinq points au dessus du niveau du
début de la décennie. Et ce mouvement s’ob-
serve essentiellement dans les échanges
avec l’Union. Car, si, avec les autres parte-
naires, on observe également une diminution
des produits agricoles (de 32% en 1990 à
28% en 2001), elle est de faible intensité et
ne s’est pas accompagnée d’une hausse des
produits industriels : la part des postes 6 à 8
de la CTCI a également baissé de 32% en
1990 à 15% en 2001 (avec le « reste du
Monde », ce sont les produits chimiques qui
ont remplacé les produits agricoles). Mais,
dans les exportations vers l’Union, la part des
postes 6 à 8 de la CTCI a fortement aug-
menté atteignant 77% en 2001 (dont 48%
pour les seuls articles manufacturés) contre
47% en 1990.
De fait, comme on a pu le remarquer pour la
Jordanie, cette modification de la structure
des exportations a permis une amélioration
quasi continue des termes de l’échange et du
pouvoir d’achat des exportations depuis
1995.
Une position vis-à-vis des autres pays
en développement qui reflète le chemin
restant à parcourir
Comme dans le cas du voisin algérien, la
position du Maroc est médiocre, qu’elle soit
appréhendée par les critères subjectifs ou
par les critères objectifs.
Comme le montre le détail du classement
selon les indicateurs subjectifs, les efforts de
libéralisation de l’économie et de meilleure
gestion macroéconomique ont été nombreux
depuis le début des années 80. Ainsi, le
cadre légal des investissements étrangers est
maintenant jugé au niveau des standards les
plus élevés : il n’y a plus d’approbation à
obtenir, le traitement national est généralisé
et lorsqu’un secteur relève d’un monopole
public cela concerne à la fois les étrangers et
les résidents (sauf pour ce qui concerne les
terres agricoles inaccessibles aux étrangers)
et la participation étrangère n’est pas limitée,
pouvant atteindre 100%. Le niveau de régu-
lation est également bon. Le marché noir est
sous contrôle, d’un niveau faible pour un
pays en développement et relativement à la
moyenne des PM. De même, le niveau de
corruption est peu élevé.
Toutefois, l’économie marocaine ne peut tirer
les bénéfices de ces avantageuses positions,
tant elle apparaît peu ouverte :
(i) l’ouverture commerciale est jugée très
timide, tant par un niveau important de
protection tarifaire que par des procé-
dures douanières jugées arbitraires.
(ii) L’ouverture financière est réduite. Les
banques ne peuvent être détenues à
100% par des étrangers et la converti-
bilité se cantonne aux transactions du
comptes courants. Toutefois, la plupart
des contrôles et restrictions ne touchent
pas les étrangers, libre d’évoluer sur les
marchés boursiers, mais plutôt les rési-
dents marocains.
(iii) Le cadre des droits de propriétés appa-
raît cohérent. Mais, comme dans le cas
de la plupart des PM (et des pays en
développement), c’est la mise en appli-
-116-
cation des textes qui est perçue comme
peu efficace. L’impossibilité pour les
étrangers d’obtenir la propriété de
terres agricoles et les problèmes de
contrefaçon dans l’industrie textile sont
également mis en avant.
(iv) D’une manière générale, les efforts de
l’État marocain pour réformer ses admi-
nistrations sont considérés comme
réels et sérieux. Mais, un certain
manque d’efficacité et de transparence
dans les procédures sont soulignés
dans certains cas.
Pour les indicateurs objectifs, la situation
est similaire : les critères pour lesquels la
position marocaine est bonne (maîtrise de
l’inflation et de la balance courante, taux de
croissance du PIB élevés certaines années
et accès du secteur privé au crédit) ne peu-
vent compenser ceux où la situation est
problématique :
(i) au niveau du développement humain en
premier lieu avec un indicateur du PNUD
sensiblement plus faible que les autres
PM. Si l’espérance de vie est dans la
moyenne des pays en développement,
elle est inférieure à celle enregistrée
dans les autres PM. Le niveau du PIB
par tête est également moins élevé et la
proportion d’analphabétisme très
important constitue un handicap certain
pour le développement à moyen terme ;
(ii) le faible niveau des échanges relative-
ment à la population et des investisse-
ments directs relativement à la produc-
tion intérieure donne à la perception de
fermeture de l’économie relevée plus
haut une traduction objective dans la
sphère économique ;
(iii) le déficit du budget apparaît plus impor-
tant que dans la moyenne des PM ;
(iv) et si le niveau de l’endettement ramené
à la production apparaît plus favorable,
celui du service de la dette relativement
aux exportations constitue l’un des élé-
ments les plus préoccupants, car il met
lui aussi en jeu les capacités même du
pays à remédier à ses faiblesses, en
absorbant une grande partie des
marges de manoeuvre budgétaires.
-117-
Morocco 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs
Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)
Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)
11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats
Ob
jectifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
et des critères objectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
MAROC - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001
Taux d'ouverture (X+M/PIB) 41,10% 40,20% 51,40%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 67,6% 62,1% 73,7%
vers les PM 3,0% 3,9% 2,2%
vers RdM 29,4% 34,1% 24,1%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 65,6% 56,1% 56,6%
issues des PM 0,8% 3,7% 3,8%
issues de RdM 33,6% 40,2% 39,6%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 0,87 0,61 0,84
avec RdM 0,74 0,47 0,39
Soldes en millions de dollars
avec l'UE -490 -1 861 -986
avec RdM -503 -1 830 -2 648
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,19 0,18 0,18
vers l'UE 0,20 0,17 0,21
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations 100 107 94
Indice valeurs unitaires des importations 100 101 79
Termes de l'échange 100 106 118
Pouvoir d'achat des exportations 100 159 206
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 9,8 13,6 19,3
avec l'UE 10,8 16,4 20,0
avec RdM 5,6 7,6 15,4
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Maroc
-118-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 1 304 1 444 1 479 361 1 304 1 295 943 140 185 27% 31% 21% 6% 15% 12%
1 5 14 11 57 82 78 -51 -68 -67 0% 0% 0% 1% 1% 1%
2 731 634 608 381 849 538 350 -215 70 15% 13% 9% 7% 10% 5%
3 67 104 302 91 1 173 1 944 -24 -1 069 -1 643 1% 2% 4% 2% 14% 18%
4 46 23 11 87 197 158 -41 -174 -147 1% 0% 0% 2% 2% 1%
5 661 981 870 572 1 017 1 066 90 -36 -196 14% 21% 12% 10% 12% 10%
6 265 425 422 1 574 1 562 2 478 -1 309 -1 137 -2 056 5% 9% 6% 27% 18% 22%
7 237 153 773 2 234 1 987 2 698 -1 997 -1 835 -1 925 5% 3% 11% 39% 23% 24%
8 1 568 939 2 655 378 368 777 1 190 571 1 879 32% 20% 37% 7% 4% 7%
9 6 1 12 50 12 -44 1 0% 0% 0% 1% 0% 0%
Total 4 891 4 719 7 143 5 785 8 540 11 042 -894 -3 822 -3 900 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 461 551 489 204 745 797 257 -194 -308 32% 34% 28% 10% 22% 18%
1 1 6 4 42 58 57 -41 -52 -53 0% 0% 0% 2% 2% 1%
2 277 266 300 233 487 319 45 -221 -19 19% 17% 17% 12% 14% 7%
3 26 134 28 911 1 549 -28 -885 -1 415 0% 2% 8% 1% 27% 35%
4 1 7 4 48 41 120 -46 -34 -117 0% 0% 0% 2% 1% 3%
5 236 503 519 147 259 314 89 245 205 16% 31% 30% 8% 8% 7%
6 68 119 81 443 402 468 -375 -283 -387 5% 7% 5% 23% 12% 11%
7 53 40 60 701 455 595 -648 -415 -535 4% 3% 3% 36% 13% 14%
8 336 88 122 80 80 137 256 9 -15 23% 5% 7% 4% 2% 3%
9 5 1 8 16 11 -11 1 -3 0% 0% 0% 1% 0% 0%
Total 1 439 1 607 1 721 1 942 3 437 4 368 -503 -1 830 -2 648 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 839 863 932 152 517 450 688 346 482 25% 29% 18% 4% 11% 7%
1 5 8 7 15 19 19 -10 -11 -12 0% 0% 0% 0% 0% 0%
2 440 324 297 143 329 205 296 -5 92 13% 11% 6% 4% 7% 3%
3 67 69 155 63 163 215 4 -94 -60 2% 2% 3% 2% 3% 3%
4 44 17 8 40 156 33 5 -140 -25 1% 1% 0% 1% 3% 1%
5 335 428 313 413 737 711 -78 -309 -398 10% 15% 6% 11% 15% 11%
6 167 272 312 1 110 1 074 1 929 -943 -802 -1 617 5% 9% 6% 29% 22% 31%
7 178 103 710 1 528 1 515 2 065 -1 350 -1 412 -1 355 5% 4% 13% 40% 32% 33%
8 1 229 846 2 530 297 280 627 932 566 1 903 37% 29% 48% 8% 6% 10%
9 1 4 34 1 -33 3 0% 0% 0% 1% 0% 0%
Total 3 305 2 929 5 267 3 794 4 790 6 254 -490 -1 861 -986 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 4 31 58 5 42 48 -1 -11 10 3% 17% 37% 11% 13% 11%
1 5 2 -5 -2 0% 0% 0% 0% 2% 0%
2 14 44 11 5 33 14 9 11 -3 10% 24% 7% 11% 11% 3%
3 10 12 100 180 -90 -168 0% 5% 8% 0% 32% 43%
4 1 4 -1 -4 0% 0% 0% 0% 0% 1%
5 90 50 38 11 21 41 79 28 -3 61% 27% 25% 23% 7% 10%
6 29 34 29 21 86 81 9 -52 -52 20% 19% 19% 43% 27% 19%
7 6 9 3 5 17 38 1 -8 -35 4% 5% 2% 10% 5% 9%
8 3 5 4 1 9 13 2 -3 -9 2% 3% 2% 2% 3% 3%
9 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 147 183 155 48 314 420 99 -131 -266 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 17 15 44 15 -27 0% 14% 24% 5% 23% 15%
1 0% 0% 0% 0% 0% 0%
2 24 14 50 31 -26 -18 0% 19% 22% 0% 26% 32%
3 32 81 30 2 1 32 78 29 99% 66% 49% 0% 1% 1%
4 0% 0% 0% 0% 0% 0%
5 4 5 -4 -5 0% 0% 0% 0% 2% 5%
6 1 78 21 -78 -20 0% 0% 1% 4% 40% 21%
7 1 1 14 23 -13 -21 0% 0% 2% 65% 7% 23%
8 2 3 -2 -3 0% 0% 1% 26% 1% 3%
9 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 32 122 62 1 194 98 32 -72 -37 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés;7 = Machines & matériels de transport; 8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
AC10 (***)
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
Valeur et structure des échanges du Maroc avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS
-119-
Syrie
La Syrie est une économie dominée par les
ressources naturelles : l’agriculture repré-
sente 22% du PIB et les estimations concer-
nant les hydrocarbures varient de 14% à
20% du PIB. Sa croissance est donc large-
ment déterminée par les aléas météorolo-
giques et l’évolution des prix des matières
premières. Son cycle est heurté et après une
forte récession en 1999 où la croissance avait
chuté à –3,6%, l’économie syrienne croît en
2001 de +3,4%.
Le taux de chômage progresse rapidement
ces dernières années, passant de 9,5% en
2000 à 11,4% en 2001 (Eurostat,
Programme Medstat). La pression à la créa-
tion d’emplois qui s’exerce sur le gouverne-
ment est d’autant plus forte que sa popula-
tion se stabilisera beaucoup plus tard que
pour les autres PM, aux alentours de 2060, et
que la part des moins de 15 ans, 40,4% en
2001, sera encore de 30% en 2020.
L’emploi agricole représente encore plus du
quart des emplois totaux en 2001 (26,9%), en
très nette diminution par rapport aux 32% de
2000. L’exode rural est ainsi très fort ce qui
accroît les tensions sur les milieux urbains.
Le taux d’illettrisme reste élevé (26% en
2000), mais il a diminué sensiblement durant
la dernière décennie (il s’élevait à 35% en
1990). S’il est particulièrement important
chez les femmes (le taux d’illettrisme féminin
se monte à 40%, contre 12% pour le taux
masculin), il devrait se réduire grâce à une
scolarisation moins discriminante mainte-
nant. L’enseignement primaire est suivi par
92% des enfants en âge de le faire, 88%
pour les filles et 96% pour les garçons. Si
seulement 37% des classes d’âge concernées
suivent un enseignement secondaire, la
répartition filles/garçons est équilibrée.
La Syrie est dans une situation similaire à
celle de l'Algérie. Elle est face à un problème
d’épuisement de ses ressources pétrolières,
de croissance chaotique et insuffisante pour
répondre aux besoins d’emploi actuels et à
venir. Cependant, la question de la gestion
inter-temporelle de la richesse nationale se
pose de manière très aigue dans la mesure
où le pays, vivant sur l’exploitation de ses
ressources naturelles —les autorités ont
d’ailleurs développé un programme d’exploi-
tation des gisements de gaz— ne s’est pas
réellement engagé dans des réformes vers
l’économie de marché.
La situation macro-économique actuelle se
caractérise de la façon suivante :
(i) sur le marché des biens, la faiblesse de
la demande interne et de l’investissement a
été compensée par la forte hausse des
dépenses publiques en 2001 (figure suivan-
te). Les conséquences néfastes de la fai-
blesse de la consommation privée sur la
croissance ont ainsi été atténuées. Mais,
c’est une situation qui n’est pas tenable à
terme et ne laisse comme solution qu’une
forte ouverture commerciale.
Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-
2001)
-0,7%
-3,6%
-1,7%
-8,7%
-3,6%-2,4%
3,4%
-0,8%
8,6%8,0%
13,1%
11,3%
-10%
-5%
0%
5%
10%
15%
Produit I
nté
rieu
rBru
t
Conso
mm
atio
nPr
ivée
Conso
mm
atio
nPu
bliq
ue
Inve
stis
sem
ent
fixe
Exp
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atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Import
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Source : Eurostat, programme Medstat.
-120-
De ce point de vue, la décennie passée n’a
pas fait progresser une situation très fragile.
Apparemment, le cas de la Syrie offre à nou-
veau une grande similitude avec le cas de
l’Algérie au niveau de l’ouverture commer-
ciale. Comme celle-ci en effet, le commerce
syrien est essentiellement une affaire de
produits pétroliers, ce qui entraîne une simi-
larité des situations sur certains points :
√ l’économie syrienne est sans doute l’une
des moins ouvertes dans le monde, et
l’évolution du taux d’ouverture commer-
ciale en témoigne : le ratio, déjà très
faible, a baissé tout au long de la décen-
nie, passant de 15,7% à 11,5% ;
√ une concentration sur les produits pétro-
liers en hausse entre 1995 et 2001 (de
70% à 78% des exportations totales ;
√ une croissance de la part de l’Union
dans les exportations de 1990 à 1995,
mais une stagnation depuis ;
√ une balance commerciale largement
excédentaire ... quand les cours du
pétrole sont élevés ;
√ une grande volatilité des termes de
l’échange et du pouvoir d’achat des
exportations.
Toutefois, quelques aspects dynamiques pour-
raient être envisagés de manière positive :
√ une modification de la structure des
exportations peut s’observer avec les
partenaires non euro-méditerranéens
avec le développement des exportations
dans d’autres secteurs. Ainsi, avec le «
reste du monde », les exportations
syriennes d’hydrocarbures ne représen-
tent « plus que » 47 % du total en 2001
contre 89% en 1990. Les exportations
de produits agricoles (23%) et d’articles
manufacturés (15%) se sont dévelop-
pées pour atteindre un poids moins
anecdotique.
√ Il reste à déterminer si la forte crois-
sance relative de ces postes n’est pas
entièrement déterminée par la chute
des exportations hors de l’Union (de
43% en 1990 à 18% en 2001), elle-
même largement liée à un effondrement
des exportations de produits pétroliers
hors de l’Union (-78% entre 1990 et
1995 ; et malgré une reprise en 2001,
le niveau atteint est toujours en baisse
de 39% sur l’ensemble de la décennie).
Cela ne semble pas être totalement le
cas, dans la mesure où les indicateurs
de commerce intrabranche, s’ils restent
faibles, ont évolué de manière positive
entre 1990 et 2001. Similaires à ceux
de l’Algérie en début de période, ils sont
trois fois plus élevés en 2001.
(ii) Le taux de change effectif réel s’est
apprécié tout au long de la décennie 1990 ce
qui a érodé la compétitivité des produits
syriens (79 en 1993 contre 111,1 en avril
2002). Or, un des piliers de la politique de
développement du secteur privé de la Syrie
est l’accroissement des échanges : signature
d’un accord de libre-échange avec l’Union
européenne, entrée à court terme à l’OMC,
prise de participation active dans la création
de la zone de libre-échange arabe, mais aussi
réforme douanière en sont les éléments
constitutifs. Le taux de change livre syrien-
ne-dollar US a été unifié en 2000 pour les
exportations et les importations. Les interdic-
tions d’importation ont été abolies et seront
remplacées par des tarifs douaniers en partie
pour répondre aux exigences d’un accord
avec l’Europe mais beaucoup reste à faire car
les procédures demeurent opaques.
(iii) La politique monétaire se traduit par une
relance très importante visant à la fois le sec-
teur privé et public. Cependant, l’étroitesse
du secteur privé ne permet pas de répondre
à une demande en forte expansion. La
-121-
consommation privée commence à se renfor-
cer et si la consommation publique ne se
réduit pas à son bénéfice, les tensions infla-
tionnistes naissantes risquent d’augmenter
fortement.
Par ailleurs, la Syrie a entrepris une réforme
de sa politique monétaire. Elle a réactivé le
Conseil Monétaire et de Crédit qui doit piloter
la réforme du système bancaire. Il est donc
chargé de choisir les banques privées étran-
gères auxquelles des licences sont attribuées
leur permettant d’exercer sur le marché
domestique[13]. Cette mesure est très
encourageante sur bien des points :
(a) elle fait progresser la profondeur du
marché très spécialisé auparavant et
peut encourager l’émergence d’un sec-
teur privé non-agricole compétitif en
utilisant au mieux les fonds générés par
la politique d’attraction des IDE et d’en-
couragement au rapatriement des fonds
domestiques placés à l’étranger.
L’augmentation de la concurrence va
améliorer l’affectation des ressources et
encourager un changement des com-
portements des banques domestiques
qui privilégiaient jusqu’ici le secteur
public. Cependant, la restructuration du
système bancaire risque d’avoir d’im-
portantes et néfastes conséquences sur
l’économie étant donné les passifs des
banques domestiques, notamment les
prêts au secteur public. Mais l’effet net
est difficile à évaluer.
(b) Elle révèle une vision large de l’intégra-
tion bancaire, à savoir régionale, qui
prolongerait la simple mise en place
d’une zone de libre-échange entre cha-
cun des PM et l’Union européenne (l’ac-
cord Union européenne-Syrie pourrait
voir le jour avant la fin de l’année
2003). Cela pourrait favoriser une
meilleure intégration Sud-Sud.
(c) L’activation de ce Conseil véhicule un
effet de signal fort pour les investisseurs
nationaux et étrangers sur la hiérarchie
des objectifs des autorités et permet-
trait de tirer pleinement parti de l’ad-
mission de la Syrie au sein de l’Agence
de Garantie des Investissements
Multilatéraux et de la révision de la poli-
tique de change. La Syrie ne bénéficie
d’aucun fonds public ou d’investisse-
ments de portefeuille[14]. Pour financer
la restructuration de son économie, le
pays ne peut s’appuyer que sur les IDE.
Or, c’est un des PM qui en reçoit le
moins. Depuis 1999-2000, la perspecti-
ve de cette nouvelle politique les a fait
croître de 150% bien que le contexte
législatif ne soit pas encourageant.
(d) La réactivation du Conseil est aussi un
signal fort de la volonté du gouverne-
ment de réduire son influence sur l’éco-
nomie. Cependant, la composition du
Conseil[15] empêche toute indépendan-
ce de la banque centrale et de la poli-
tique monétaire vis-à-vis du gouverne-
ment. Cela représente toujours un
risque de retour à des interventions et
limite malheureusement la portée du
signal initial.
Politique monétaire et inflation
9,9
14,8
-0,3
9,4
16,2
0,8
-6,2
-1,0
9,6
1,01,7
23,5
18,6
-10
-5
0
5
10
15
20
25
M2 Avances ausecteur public
Crédit àl'économie
domestique
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Eurostat, programme Medstat, FondMonétaire International, IFS avril 2003.
-122-
(iii) Les effets de la politique budgétaire sont
fragilisés par la volatilité des ressources
(51,3% des recettes du budget 2003
devraient provenir de la fiscalité pétrolière)
et la rigidité des dépenses. Le budget 2003
est en progression de 18% par rapport à
celui 2002, lui-même déjà en hausse de 10%
par rapport à celui de 2001. Les prévisions de
croissance optimistes et des recettes pétro-
lières calculées sur la base d’un baril à
24 dollars laissent présager des difficultés de
bouclage, mais la saison agricole 2003
devrait être bonne, ce qui soutiendra les
recettes fiscales.
Les dépenses sont contraintes par la volonté
du gouvernement de limiter les effets des
restructurations sur la population. 14% des
dépenses sont affectées aux salaires et le
poids de ce poste devrait augmenter puisque
les autorités prévoient un doublement des
salaires de la fonction publique. L’effort de
restructuration est surtout apparent dans
l’évolution des dépenses d’investissement
dont le niveau est élevé (51% du budget
total) et la progression prévue conséquente,
15% pour 2003 après celle de 14% de 2002.
Cependant ses effets sur la croissance seront
réduits si cela ne s’accompagne pas d’une
hausse de la qualité du facteur travail.
Une réforme fiscale est donc nécessaire qui
doit notamment s’appuyer plus largement,
(i) sur les impôts sur le revenu, qui ne repré-
sentent que 19% des recettes attendues
pour 2003 contre 25% pour les impôts sur
les sociétés, en limitant les exonérations per-
manentes offertes, (ii) sur une TVA générali-
sée en limitant les produits subventionnés,
(iii) veiller au remplacement des recettes
douanières, puisque la politique de dynami-
sation de la croissance est fondée sur le
démantèlement douanier progressif.
Une inquiétante position relative, très
en retrait quelles que soient les réfé-
rences
Comme la plupart des autres PM, la position
de la Syrie selon les critères subjectifs est
bien inférieure à celle obtenue selon les cri-
tères objectifs. Mais dans ce cas, cette
remarque tient presque de l’anecdote. Car si
la Syrie apparaît comme l’une des économies
les moins hospitalières au monde, vue la
position qu’elle occupe, son classement selon
les critères objectifs, bien que meilleur,
montre qu’intrinsèquement, elle appartient
au tiers le moins performant. Si la balance
courante est contrôlée, notamment grâce aux
cours élevés des hydrocarbures (ce qui per-
met également de maintenir le service de la
dette relativement aux exportations à un bon
niveau, malgré un stock de dette externe dra-
matique), si l’inflation est bien contenue et si,
selon les années, la croissance du PIB atteint
un bon niveau, tous les autres indicateurs
sont à des niveaux très faibles. Cela laisse
l’impression d’une économie sur le fil du
rasoir, dont l’équilibre économique précaire
est à la merci d’un retournement sur les mar-
chés des hydrocarbures. Compte-tenu de la
jeunesse de la population (40% des syriens a
moins de 15 ans), ce qui implique que la Syrie
doit créer d’ici à 2020 un nombre d’emploi
supplémentaire presque égal à l’actuel
nombre d’emploi, c’est également l’équilibre
social qui dépend de ces marchés.
-123-
Syria 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs
Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)
Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)
11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats
Ob
jectifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
0
1
2
3
4
51
2
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et des critères objectifs
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13
14
SYRIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 15,70% 13,70% 11,50%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 49,6% 69,5% 68,3%
vers les PM 7,2% 14,4% 13,9%
vers RdM 43,3% 16,2% 17,8%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 42,8% 44,9% 42,6%
issues des PM 12,5% 10,7% 10,5%
issues de RdM 44,7% 44,4% 47,0%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 1,2 1,3 2,0
avec RdM 1,0 0,3 0,5
Soldes en millions de dollars
avec l'UE 154 512 1 867
avec RdM -1 202 -1 014
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,73 0,63 0,71
vers l'UE 0,67 0,78 0,84
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations 100 90 136
Indice valeurs unitaires des importations 100 118 105
Termes de l'échange 100 76 130
Pouvoir d'achat des exportations 100 72 113
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 2,0 8,0 6,6
avec l'UE 3,0 4,9 9,4
avec RdM 1,6 14,5 10,9
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Syrie
-124-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 23 338 346 487 614 621 -464 -276 -275 1% 10% 6% 26% 16% 15%
1 1 7 5 2 28 34 -1 -20 -29 0% 0% 0% 0% 1% 1%
2 167 374 248 44 89 129 123 285 119 9% 11% 5% 2% 2% 3%
3 1 635 2 269 4 142 28 50 116 1 607 2 220 4 026 86% 70% 78% 2% 1% 3%
4 6 5 23 60 39 -23 -54 -35 0% 0% 0% 1% 2% 1%
5 2 12 37 241 429 563 -239 -417 -526 0% 0% 1% 13% 11% 13%
6 48 49 240 455 1 060 964 -407 -1 011 -725 2% 1% 4% 25% 27% 23%
7 5 36 35 472 1 367 1 465 -468 -1 331 -1 430 0% 1% 1% 26% 35% 35%
8 23 157 274 73 150 186 -50 7 89 1% 5% 5% 4% 4% 4%
9 3 2 9 23 41 62 -20 -39 -54 0% 0% 0% 1% 1% 1%
Total 1 906 3 250 5 340 1 848 3 889 4 180 58 -639 1 160 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 15 210 217 156 304 324 -141 -94 -107 2% 40% 23% 19% 18% 16%
1 1 3 22 20 -19 -20 0% 1% 0% 0% 1% 1%
2 38 65 53 34 63 96 5 3 -43 5% 12% 6% 4% 4% 5%
3 734 163 450 1 -6 734 162 455 89% 31% 47% 0% 0% 0%
4 1 3 17 27 23 -17 -26 -20 0% 0% 0% 2% 2% 1%
5 1 11 16 72 140 224 -71 -130 -208 0% 2% 2% 9% 8% 11%
6 22 26 52 206 549 513 -183 -522 -461 3% 5% 6% 25% 32% 26%
7 1 5 13 295 550 687 -295 -544 -675 0% 1% 1% 36% 32% 35%
8 11 39 140 37 65 78 -26 -27 63 1% 7% 15% 4% 4% 4%
9 2 1 6 8 5 5 -6 -4 1 0% 0% 1% 1% 0% 0%
Total 825 525 950 825 1 727 1 964 -1 202 -1 014 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 2 27 18 275 230 178 -273 -203 -160 0% 1% 0% 35% 13% 10%
1 2 5 14 -2 -5 -14 0% 0% 0% 0% 0% 1%
2 103 222 103 9 21 26 95 201 77 11% 10% 3% 1% 1% 1%
3 809 1 863 3 272 27 43 84 782 1 820 3 187 86% 83% 90% 3% 2% 5%
4 5 4 9 4 -4 -4 -4 0% 0% 0% 1% 1% 0%
5 3 107 225 305 -107 -224 -302 0% 0% 0% 14% 13% 17%
6 18 16 127 144 301 296 -126 -285 -169 2% 1% 3% 18% 17% 17%
7 3 28 10 172 793 714 -169 -765 -704 0% 1% 0% 22% 45% 40%
8 8 96 111 35 83 101 -27 13 10 1% 4% 3% 4% 5% 6%
9 1 1 2 14 36 57 -14 -35 -55 0% 0% 0% 2% 2% 3%
Total 945 2 257 3 646 791 1 746 1 779 154 512 1 867 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 6 100 111 55 80 119 -49 20 -8 4% 22% 15% 24% 19% 27%
1 4 5 4 5 0% 1% 1% 0% 0% 0%
2 25 86 93 2 5 7 23 81 86 19% 18% 12% 1% 1% 2%
3 91 244 421 6 38 91 238 383 67% 52% 57% 0% 1% 9%
4 1 2 24 12 -2 -24 -11 0% 0% 0% 1% 6% 3%
5 1 18 62 64 34 -62 -63 -16 0% 0% 2% 27% 15% 8%
6 7 6 60 105 210 155 -97 -204 -95 5% 1% 8% 45% 50% 36%
7 1 3 12 5 25 64 -4 -22 -52 1% 1% 2% 2% 6% 15%
8 5 23 23 1 2 7 4 21 16 3% 5% 3% 0% 0% 2%
9 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 136 467 744 232 416 437 -95 51 307 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 2 3 9 -1 -9 7% 4% 0% 7% 3% 10%
1 4% 0% 0% 2% 0% 0%
2 3 3 1 2 3 1% 4% 2% 3% 1% 0%
3 51 158 1 51 157 0% 85% 94% 0% 0% 1%
4 5 1 -5 -1 0% 0% 0% 2% 4% 1%
5 12 13 -12 -13 4% 0% 0% 7% 10% 13%
6 3 1 3 41 27 3 -40 -23 73% 1% 2% 4% 35% 28%
7 1 47 40 -47 -39 1% 0% 0% 6% 40% 41%
8 3 2 1 7 5 -1 -4 -2 11% 5% 1% 69% 6% 5%
9 1 2 1 -2 0% 0% 0% 0% 1% 1%
Total 4 60 169 2 118 97 1 -57 72 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés
(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
AC10 (***)
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. **)
Valeur et structure des échanges de la Syrie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS
-125-
Tunisie
La croissance de la Tunisie est une des plus
stables de la zone et se situe régulièrement
dans la fourchette de 5 à 6%. Mais, la Tunisie
étant l’un des PM les plus extravertis (essen-
tiellement avec l’Union) et ayant développé
une forte activité touristique, les chocs de
2001 qui se sont prolongés en 2002 (ralen-
tissement de la conjoncture internationale,
baisse des recettes du tourisme, alourdisse-
ment de la facture pétrolière, agriculture) ont
durement freiné ce rythme, qui n’atteint, en
2002, que 1,7%.
Néanmoins, la modification de la structure pro-
ductive dans la décennie passée permet à la
Tunisie d’assurer une bonne capacité de pro-
tection vis-à-vis des chocs externes et internes.
On note ainsi qu’entre 1991 et 2001 :
(i) l'agriculture, dont les performances sont
très volatiles et peu dynamiques (crois-
sance annuelle moyenne de 2,1% entre
1991 et 2001), a vu sa contribution à
l’économie diminuer de 30,5% sur la
dernière décennie ;
(ii) l’industrie au sens large a maintenu sa
part dans le PIB à 28,8% ; mais il est àPart dans la valeur ajoutée
-10,3
3,0
5,7
3,0
-1,5
5,2
7,1
6
-12
-10
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
Agriculture etpêche
Industrie ycomprisénergie
Construction Total services
%
2002 2001
Sources : Banque centrale, Eurostat, ProgrammeMedstat.
remarquer que le secteur manufacturier
s’est bien développé (de 16,9% à 18,5%
du PIB), ce qui tend à indiquer un mou-
vement de montée en gamme de la pro-
duction tunisienne ; les services mar-
chands quant à eux ont connu une large
expansion et représentent, en 2001,
59,9% de la production intérieure ;
(iii) l’analyse sectorielle des investisse-
ments confirme cette évolution béné-
fique en faveur des secteurs porteurs. Il
tend à privilégier ceux en croissance
comme on l’a vu, mais également les
secteurs qui sont le plus à même de
générer des externalités positives au
sein de l’économie (énergie, équipe-
ments collectifs).
Mais, cette modernisation de la structure
économique est encore lente à modifier le
processus de création d’emplois, toujours
dominé par l’évolution des secteurs tradition-
nels comme l’agriculture et la construction.
La dynamique est certes dans le bon sens,
avec une forte progression des emplois créés
dans le secteur manufacturier (doublement
de la part représentée à 8%) et dans les
transport-télécommunications. Investissement sectoriel
11
1
913
2
53
11
-12
25
-24
-5
4 6 4
-30
-20
-10
0
10
20
30
40
50
60
Agricu
lture
et
pêc
he Min
es
Ener
gie
Sec
teur
man
ufa
cturier
Const
ruct
ion
Ser
vice
sm
arch
ands
Equip
emen
tsco
llect
ifs
%Part dans l'investissement en 2002Accumulation du capital 2001-2002
Sources : Banque centrale, Eurostat, ProgrammeMedstat.
-126-
Ainsi, sur la base de la décennie passée, la
Tunisie est sans doute le seul PM qui
semble arriver à un niveau de création
d’emploi suffisant pour absorber les nou-
veaux entrants. D’ailleurs le taux de chô-
mage a encore reculé en 2002, malgré la
conjoncture, pour s’établir à 14,9% de la
population active contre 15,6% en 2000.
Toutefois, une partie de cette tendance
positive s’explique par le résultat de pro-
grammes actifs de placements des jeunes
diplômés et des chômeurs, notamment via
des subventions de projets et des exonéra-
tions de taxes, mesures dont l'effet de long
terme est incertain.
Elle doit également ce résultat à sa poli-
tique d’extraversion et la modification de la
structure productive qui ont permis d’enre-
gistrer de forts gains de productivité tout
au long de la décennie (1,9% par an selon
Keller et Nabli, 2002). Mais, pour maintenir
ce sentier de croissance, qui montre que
pour les PM, l’arbitrage antagonique entre
emploi et gain de productivité n’a rien
d’inéluctable, il faudra progresser encore
sur au moins deux plans qui pourraient
rapidement venir épuiser le mouvement :
(i) le taux d’investissement semble encore
un peu faible pour atteindre la croissan-
ce nécessaire à l’absorption des nou-
veaux entrants sur le marché de l’em-
ploi : Kouamé (2000) estime ainsi qu’il
faudrait que le taux d’investissement
atteigne 30 à 35% du PIB pour réaliser
cet objectif, alors qu’il se situe réguliè-
rement aux alentours de 25% ;
(ii) un effort important doit encore être
porté sur l’éducation et l’analphabétis-
me, notamment celui des femmes. Le
taux d’illettrisme moyen s’élève encore à
29% (celui des femmes à 39,4%) et
seule une moitié des classes d’âge
concernées suit un enseignement secon-
daire. Dans ce contexte, se pose la ques-
tion de la capacité d'absorption par les
travailleurs des nouvelles technologies
contenues dans l'investissement. Cette
structure de l'offre d'emplois risque de
limiter la progression de la productivité
globale des facteurs, ce qui réduirait les
bénéfices en termes d'emplois de la
croissance de l'investissement.
Sur le plan macroéconomique, la Tunisie se
caractérise par une gestion rigoureuse. Tout
l’enjeu va résider en sa capacité à pour-
suivre cette saine gestion et à améliorer la
liquidité de son économie afin de ne pas
contraindre le développement du secteur
privé, à accroître sa compétitivité externe et
à tirer parti des externalités positives qu'el-
le a su créer en procédant aux réformes qui
Création d'emploi 1998-2002
Création d'emploi(unités)
Part dans la créationd'emploi totale hors
agriculture(%)
Évolution de lacroissance annuelle
moyenne(%)
1998 2001 2002 1998 2001 2002 2001-1998
2002-2001
Pêche 900 1 200 -599 1 2 -1 10 NSMines et énergie -50 500 220 0 1 0 NS -56Secteur manufacturier 2 300 5 000 4 750 4 7 8 30 -5Construction 18 200 20 800 17 989 30 30 29 5 -14Transport et télécommunications 4 250 6 200 6 000 7 9 10 13 -3Tourisme 2 600 3 000 1 600 4 4 3 5 -47Autres services 25 800 25 800 25 000 42 37 41 0 -3Administration 7 000 6 800 6 657 11 10 11 -1 -2Total 61 000 69 300 61 617 100 100 100 4 -11
Source : Banque centrale.
-127-
la placeront sur un sentier de croissance
plus élevé.
(i) C’est sur le marché des biens que se
situent les principaux avantages de la
Tunisie. Sur le plan commercial en général, et
sur celui des relations commerciales avec
l’Union, la Tunisie partage avec le Maroc un
bilan très positif tout au long de la décennie.
Mais, à la différence du second, l’essentiel
des modifications structurelles est antérieur
à 1995. Depuis, le mouvement s’est ralenti,
mais les indicateurs étant toujours orientés
positivement, on pourra créditer les accords
d’associations d’un effet stabilisateur.
Avec un taux d’ouverture de plus de 79% en
2001, la Tunisie est le partenaire méditerra-
néen le plus inséré dans les échanges. C’est
également celui qui est le plus proche de
l’Union en termes commerciaux, puisque les
15 représentent 80% des exportations tuni-
siennes et plus de 70% des importations
(respectivement 63% et 58% en 1990 ; 79%
et 71% en 1995).
Cette intensification des échanges avec
l’Union a eu un effet de stabilisation du défi-
cit commercial qui atteint 2,3 milliards de
dollars en 2001. Le taux de couverture des
échanges avec l’Union est en effet passé de
69% à 82% entre 1990 et 2001 (alors qu’il
baissait de 56% à 46% avec le reste du
monde pendant la même période).
La structure des exportations est également
l’un des points forts de la Tunisie. Elle n’est
pas le pays le plus diversifié, se situant
même dans la moyenne des PM. Mais sa rela-
tive spécialisation se situe dans les produits
industriels (postes 6 à 8 de la CTCI) qui
représentent aujourd’hui 72% des exporta-
tions tunisiennes (dont 48% pour les seuls
articles manufacturés). De ce fait, sur la
décennie passée, la Tunisie a évité toute
volatilité des termes de l’échange et a même
connu une forte appréciation du pouvoir
d’achat des exportations. Plus loin, le fait que
l’indice du pouvoir d’achat des exportations
croît sensiblement (162 en 2000, base 100
en 1990), alors que l’indice des termes de
l’échange reste très stable (97 en 2000, base
100 en 1990) indique une réelle amélioration
de la compétitivité des produits tunisiens.
Cette même spécialisation s’observe dans les
exportations de la Tunisie vers l’Union. La
part des produits industriels est ainsi passée
de 52% en 1990 à 80% en 2001, grâce à la
croissance des exportations d’articles manu-
facturés (de 39% à 57%) mais également
des « machines et matériels de transport »
(de 6 à 17%).
En 2002 d’après les chiffres provisoires de la
Banque Centrale, le ralentissement écono-
mique a induit une quasi-stagnation des
exportations (+1,5%). Mais, les importations
ont, elles, baissé de 1,4%, ce qui a permis de
réduire le déficit commercial de 7,8% (après
une hausse de 11,4% en 2001). Les autres
postes du compte courant ont bien résisté,
Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-
2001)
5,4% 5,2% 5,2% 5,2%
3,5%
12,2%
4,4%
-0,9% -0,6%
-1,7%
8,4%
6,2%
3,9%
5,2%4,8% 4,5%
3,4%
1,7%
-5%
-3%
-1%
1%
3%
5%
7%
9%
11%
13%
15%
Produit I
nté
rieu
r Bru
t
Conso
mm
atio
n P
rivé
e
Conso
mm
atio
nPu
bliq
ue
Inve
stis
sem
ent
fixe
Exp
ort
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Import
atio
ns
de
bie
ns
et s
ervi
ces
Sources : Eurostat, programme Medstat, Banquecentrale.
-128-
notamment au choc sur le tourisme. De ce
fait, le déficit en 2002 est en diminution de
14,6%. Les besoins de financements ont été
couverts par les emprunts et les aides inter-
nationales, notamment celle de l’Union qui a
représenté 82,4% de l’excédent.
(ii) Sur le plan de la demande interne, en
2002, le soutien à la croissance qu'apportait
la consommation publique s'est réduit. Les
politiques économiques restrictives ont
déprimé la consommation privée, mais celle-
ci croit plus rapidement que le PIB. Outre le
recul de la contribution des exportations, on
note que l'investissement a chuté de maniè-
re spectaculaire.
Une politique économique prudente qui
visait à limiter les effets de la situation
sur les comptes externes.
(iii) La compétitivité de l'économie tunisienne
a été entamée par l'appréciation du taux de
change effectif réel entre 1990 et 2000
(+4,5%), malgré l'ancrage en termes réels
de la monnaie à un panier constitué des
monnaies des principaux partenaires. Les
autorités ont donc organisé la dépréciation
du dinar vis-à-vis de l'euro, -5% sur les cinq
premiers mois de 2003, contre une apprécia-
tion de 7,2% face au dollar. La Tunisie se diri-
ge doucement vers un taux de change de
plus en plus flexible. Les études montrent, en
effet, que ce régime de change a apporté les
fruits espérés (baisse de l'inflation, croissan-
ce des exportations) et que la Tunisie a su
gérer le change de façon suffisamment avi-
sée pour éviter une surévaluation qui décou-
le souvent de ce type de politique étant
donné la difficulté qu'il y a à estimer le taux
de change d'équilibre (Fanizza, Laframboise,
Martin, Sab, Karpowicz, 2002).
Actuellement, le pays commence à prendre la
mesure des limitations afférentes à son régi-
me cambiaire qui n'est positif et viable que
s'il s'accompagne de restrictions sur les mou-
vements de capitaux, de politiques monétai-
re et budgétaire très prudentes et d'un
contrôle de l'évolution des salaires domes-
tiques. Or, l'ouverture croissante et notam-
ment avec l’Union, de l'économie tunisienne
complique la détermination du taux d'équi-
libre et multiplie les risques d'erreurs d'éva-
luation qui sont préjudiciables à l'expansion
du commerce tunisien. De plus, les besoins
de financements de l'économie sont impor-
tants et le pays doit pouvoir recourir plus lar-Politique monétaire
11
-17
74
17
30
17
3
11 11 9
22
-12
63
-20
-10
0
10
20
30
40
M2 Avances ausecteur public
Crédit àl'économie
Inflation
% 1993-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, avril 2003,Banque centrale.
Endettement
12,1
16,915,6
53,8
16,719,5
51,5
57,5
0
10
20
30
40
50
60
70
Dette à courtterme/Dette totale
Service de la detteexterne/Exportationsde biens et services
Réserves/Detteexterne totale
Dette totale/PIB Detteintérieure/Dette
totale
% 1995 2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, avril 2003,Banque centrale.
-129-
gement aux capitaux étrangers et, en même
temps, diversifier les sources de finance-
ments externes afin de réduire les risques de
fragilisation de la croissance. Cela passe par
un accroissement de la convertibilité du
compte financier et une flexibilité plus grande
du taux de change. Enfin, la dette est surtout
libellée en dollar et en yen (30% et 22% res-
pectivement en 2000), alors que les princi-
paux partenaires commerciaux sont les pays
d'Europe, ce qui justifie l'ancrage à un panier
de monnaies ou un flottement plus libre, mais
pas un rapprochement avec l'euro.
(iv) Le marché de la monnaie est très étroite-
ment surveillé par les autorités tunisiennes
afin de maîtriser l'inflation et de préserver la
compétitivité externe. Malgré ses difficultés
économiques, le gouvernement n'a pas eu
recours au seigneuriage, à quelques excep-
tions près. Le financement du budget se fait
par l'emprunt. A court terme, la dette n'exer-
ce pas de pression forte sur le gouvernement
puisque seuls 6,5% de la dette totale est à
échéance courte en 2001 et le service de la
dette externe ne représente que 16,7% des
exportations de biens et services en 2002, ce
qui est relativement modéré (mais obère
néanmoins les marges budgétaires ; cf. partie
suivante). Cependant, les réserves ne cou-
vrent que 19,5% de la dette externe, la dette
totale représente 51,5% du PIB (majoritaire-
ment composée par de la dette interne à
57,5%). Sur les dix dernières années, la
Tunisie n'a pas réussi à mettre en place les
conditions d'un désendettement progressif
qui veulent que la croissance de l'excédent
primaire soit générée par la conjonction de
taux d'intérêt réels bas et d'une croissance
forte. Donc, pour être crédible sur les mar-
chés financiers internationaux et trouver faci-
lement à refinancer sa dette, la Tunisie doit
absolument préserver ses réserves en devises
et une gestion macroéconomique saine. En
2001, malgré un rating inchangé, les spreads
sur la dette souveraine tunisienne ont aug-
menté, passant de 130 points de base en
2000 à 170. Par ailleurs, à cause de sa diffi-
culté à stabiliser et accroître ses avoirs, la
Tunisie est confrontée à une pénurie structu-
relle de devises qui freine le développement
des opérations du secteur privé (les réserves
s'élèvent à 3,5 mois d'importations).
(v) La politique budgétaire rigoureuse per-
met de limiter le déficit budgétaire à 1,8% du
Dépenses budgétaires 1/
46,9
22,0
10,3
-1,7
49,6
22,3
10,1
-1,8-2,5
-10
0
10
20
30
40
50
60
Dépenses desalaires
Dépenses decapital
Dépensesd'intérêt de la
dette
Déficitbudgétaire
%
1998-2000 2001 2002
1/ Dépenses en % des dépenses totales, sauf dépenses de salaire, en pourcentage des dépenses cou-rantes et solde budgétaire en pourcentage du PIB.Sources : Fond Monétaire International, GDF, novembre 2002, Banque centrale, Ministère des Finances.
Recettes budgétaires
73
20
10
32 31
73,5
22,5
9,8
34,7 33,9
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Revenus destaxes
Impôtsdirects
Revenus destaxes sur lecommerce
international
Impôtsindirects
dont TVA
en
% d
es
ress
ou
rces
tota
les
1998-2000 2001 2002
-130-
PIB en 2002, contre 2,5% en 2001. Signe
que les réformes sont très avancées, les
revenus des taxes représentent 73,5% des
recettes budgétaires en 2002. Les impôts
indirects sont prépondérants (34,7% des
recettes) mais la TVA est encore en retrait
(33,9% des impôts indirects) par rapport aux
pays développés. Il s’agit là d’un bon candi-
dat au remplacement des recettes issues des
droits de douane qui se montent encore à
9,8% du total des revenus.
Du côté des dépenses, les rigidités sont
importantes en raison du poids de la masse
salariale et du service de la dette qui absor-
bent respectivement 50% et 10,1% des
dépenses.
En 2002, malgré la réduction des recettes
dues à la conjoncture économique défavo-
rable, il est important d’observer que le gou-
vernement a réussi à préserver les dépenses
de capital, qui se situent encore à 22,3% des
dépenses totales contre 24,1% en 2001.
Une perception de l’économie tunisienne
en retrait par rapport à ses perfor-
mances objectives
La position de la Tunisie est l’archétype de
celle des PM. Du point de vue objectif, sa
position est intrinsèquement bonne. Dans la
première partie de la classe moyenne, ce
classement indique que du point de vue des
critères retenus, l’économie tunisienne réali-
se une meilleure performance que la majori-
té des autres économies, pays développés
compris. D’ailleurs, elle devance les pays en
voie d’adhésion.
Dans le même temps, son classement
d’après les critères subjectifs est médiocre,
au coeur de l’avant-dernière classe, ce qui
place devant elle près des deux tiers des
économies.
Cette forte déconnexion tendrait à montrer
d’une part que la perception qu’offrent la
Tunisie en particulier et les partenaires
méditerranéens en général de leurs écono-
mies ne reflète pas les efforts effectivement
menés, d’autre part qu’il manque sans
doute d’appuis au niveau des institutions
internationales pour mieux valoriser les
réformes qui ont été réalisées.
Comme le montre le détail de la position
selon les critères subjectifs, la Tunisie exhibe
une position similaire aux pays en voie d’ad-
hésion, sauf en ce qui concerne :
(i) les barrières aux échanges : ce sont
non seulement les tarifs appliqués qui
sont hauts, relativement aux autres
PM et aux pays en voie d’adhésion,
mais également la protection non tari-
faire ;
(ii) des limitations sur les possibilités d’uti-
lisation des devises étrangères pour les
résidents, qui freinent leur capacité d’in-
sertion dans les échanges ;
(iii) un manque de transparence dans les
procédures administratives, par ailleurs
longues.
Sur le plan des critères objectifs, la Tunisie
offre un contraste entre :
(i) une gestion macroéconomique rigou-
reuse, permettant de contrôler les
grands équilibres (inflation et budget,
relativement aux autres PM ou aux pays
en voie d’adhésion).
(ii) Et un l’équilibre de la balance couran-
te précaire. Des restrictions persistent
sur les flux financiers, tant pour les
résidents en règle générale, que pour
les non résidents, notamment pour ce
qui concerne le compte en capital. Si
cela peut permettre d’éviter des sor-
ties massives de capitaux en période
-131-
de volatilité, ces mêmes restrictions
freinent l’insertion dans les flux
d’échanges, qui apparaissent sous
dimensionnés par rapport à la popula-
tion et relativement aux pays en voie
d’adhésion. Cela renforce la dualité de
l’économie entre un secteur officielle-
ment orienté vers les exportations et
le secteur traditionnel dont les possibi-
lités d’ouverture sont largement
amoindries.
De fait, si les performances actuelles en
termes de croissance sont meilleures que les
autres PM et que les pays en voie d’adhésion,
la soutenabilité à moyen terme n’est pas évi-
dente, d’autant que le poids du service de la
dette renforce la contrainte sur les flux finan-
ciers d’une part, que la relative faiblesse des
infrastructures de télécommunications et la
faiblesse du nombre d’internautes pourraient
signifier que l’économie manque le virage des
nouvelles technologies d’autre part.
-132-
TUNISIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 72,90% 74,20% 79,10%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 62,7% 79,0% 80,0%
vers les PM 4,8% 5,7% 3,5%
vers RdM 32,5% 15,4% 16,5%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 57,8% 71,4% 70,5%
issues des PM 5,0% 5,4% 3,9%
issues de RdM 37,3% 23,2% 25,6%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 0,69 0,77 0,82
avec RdM 0,56 0,46 0,46
Soldes en millions de dollars
avec l'UE -970 -1 318 -1 157
avec RdM -904 -991 -1 236Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,21 0,22 0,22 vers l'UE 0,26 0,27 0,26
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations .. .. ..Indice valeurs unitaires des importations 100 122 102
Termes de l'échange 100 97 97
Pouvoir d'achat des exportations 100 127 162
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 21,2 25,8 28,9
avec l'UE 19,1 22,6 23,0
avec RdM 20,5 24,6 27,3
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Tunisia 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs
Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)
Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)
11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats
Ob
jectifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
et des critères objectifs
0
1
2
3
4
51
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
Tunisie
-133-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 234 247 314 474 788 666 -239 -541 -352 7% 5% 5% 9% 10% 7%
1 29 57 58 33 65 56 -4 -8 3 1% 1% 1% 1% 1% 1%
2 82 116 129 421 486 399 -338 -370 -270 2% 2% 2% 8% 6% 4%
3 604 464 485 493 572 379 112 -108 106 17% 8% 7% 9% 7% 4%
4 121 230 149 71 128 56 50 103 93 3% 4% 2% 1% 2% 1%
5 508 652 676 487 719 874 21 -67 -198 15% 12% 10% 9% 9% 10%
6 357 560 496 1 480 2 228 2 464 -1 123 -1 668 -1 968 10% 10% 8% 27% 28% 27%
7 273 516 1 057 1 554 2 048 2 975 -1 282 -1 531 -1 917 8% 9% 16% 28% 26% 33%
8 1 288 2 632 3 116 458 854 1 060 830 1 778 2 056 37% 48% 48% 8% 11% 12%
9 1 3 5 16 66 -4 -16 -63 0% 0% 0% 0% 0% 1%
Total 3 498 5 475 6 484 5 476 7 903 8 995 -1 978 -2 428 -2 511 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 48 86 137 269 385 386 -221 -299 -249 4% 10% 13% 13% 21% 17%
1 21 42 48 23 49 39 -2 -7 9 2% 5% 4% 1% 3% 2%
2 31 35 51 304 216 177 -273 -181 -125 3% 4% 5% 15% 12% 8%
3 56 63 59 189 244 -2 -126 -244 5% 7% 0% 3% 10% 11%
4 6 8 26 24 17 36 -18 -9 -11 1% 1% 2% 1% 1% 2%
5 271 301 352 169 180 189 102 121 163 24% 36% 33% 8% 10% 8%
6 149 161 167 496 285 313 -347 -124 -146 13% 19% 16% 24% 16% 14%
7 134 46 155 548 417 687 -415 -371 -532 12% 6% 15% 27% 23% 30%
8 420 98 130 145 78 195 275 20 -65 37% 12% 12% 7% 4% 8%
9 2 4 16 38 -4 -16 -36 0% 0% 0% 0% 1% 2%
Total 1 138 841 1 067 2 042 1 831 2 303 -904 -991 -1 236 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 174 147 162 198 330 215 -24 -183 -53 8% 3% 3% 6% 6% 3%
1 6 9 9 10 14 13 -4 -5 -3 0% 0% 0% 0% 0% 0%
2 46 68 68 93 236 197 -48 -168 -130 2% 2% 1% 3% 4% 3%
3 541 399 472 295 175 70 245 225 402 25% 9% 9% 9% 3% 1%
4 113 221 122 47 111 20 66 110 102 5% 5% 2% 1% 2% 0%
5 177 247 216 311 528 666 -133 -281 -450 8% 6% 4% 10% 9% 10%
6 146 285 288 915 1 874 2 044 -768 -1 589 -1 756 7% 7% 6% 29% 33% 32%
7 125 426 870 990 1 607 2 240 -865 -1 181 -1 370 6% 10% 17% 31% 28% 35%
8 864 2 521 2 980 304 767 853 561 1 754 2 126 39% 58% 57% 10% 14% 13%
9 1 1 1 27 -26 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 2 193 4 324 5 187 3 163 5 642 6 344 -970 -1 318 -1 157 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 13 14 16 7 73 65 6 -58 -50 8% 5% 7% 3% 17% 19%
1 1 6 1 2 4 1 4 -3 1% 2% 1% 0% 0% 1%
2 6 13 10 23 34 25 -17 -22 -15 4% 4% 4% 9% 8% 7%
3 7 1 13 139 208 66 -131 -207 -53 4% 0% 6% 51% 48% 19%
4 1 1 1 1 1 1 1% 0% 1% 0% 0% 0%
5 60 104 108 7 11 20 52 93 89 35% 34% 47% 3% 3% 6%
6 62 114 41 69 69 107 -8 45 -66 37% 37% 18% 26% 16% 31%
7 14 44 32 16 24 48 -2 20 -16 8% 14% 14% 6% 5% 14%
8 4 13 7 9 9 12 -6 4 -5 2% 4% 3% 4% 2% 3%
9 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 168 310 230 271 430 347 -103 -120 -118 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 2 1 8 10 12 -7 -8 -11 11% 9% 6% 10% 11% 15%
1 5% 0% 0% 0% 0% 0%
2 2 15 12 33 17 -31 -2 12 45% 61% 57% 44% 19% 0%
3 2 4 21 -4 -19 0% 8% 0% 5% 22% 0%
4 1 -1 1% 0% 0% 2% 0% 0%
5 9 4 5 -9 -4 -5 7% 1% 1% 12% 4% 6%
6 1 2 1 13 28 17 -12 -27 -16 19% 7% 5% 17% 31% 20%
7 2 1 7 10 43 -7 -8 -42 10% 8% 7% 10% 11% 53%
8 2 5 2 4 1% 7% 24% 1% 2% 5%
9 0% 0% 0% 0% 0% 0%
Total 3 24 21 75 92 82 -72 -68 -61 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés
(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
AC10 (***)
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
Valeur et structure des échanges de la Tunisie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS
-134-
Turquie
La Turquie retrouve la voie de la croissance
en 2002 (+7,8% contre -7,5% en 2001) et
cela semble se confirmer pour 2003 avec des
prévisions supérieures à 5%. Les progrès
réalisés par l’économie turque dans la réduc-
tion de son exposition aux effets des chocs
externes et internes sont à analyser selon
deux points de vue, (i) la structure sectoriel-
le du PIB, qui a beaucoup changé en 10 ans,
en faveur du secteur manufacturier notam-
ment, qui véhicule les nouvelles technologies
; (ii) celui de la structure de l’emploi car les
emplois se déplacent des secteurs où la pro-
ductivité est faible vers ceux où elle est rela-
tivement plus élevée et où elle peut progres-
ser rapidement. Ces évolutions ont donné à
l’économie dans son ensemble les sources
d’accroissement de la productivité et de la
compétitivité et la possibilité de profiter d’ex-
ternalités positives :
(i) les secteurs traditionnels employant de
la main d’œuvre peu qualifiée sont en
retrait. Ils créent relativement peu de
nouveaux emplois, ce qui diminue leur
part dans l’emploi total. C’est essentiel-
lement le cas de la construction et de
l’agriculture. Le premier représente 5%
du PIB en 2002. Sa croissance en 1995-
2000 était faible (0,5%) et devient
négative en 2001 et 2002 aux alentours
de –5%. La construction ne représente
que 6,5% de l’emploi total et perd des
emplois (-19% en 2001 et -13,6% en
2002). L’agriculture quant à elle repré-
sente 15% du PIB et encore 34,9% de
l’emploi total. Mais, elle subit également
une dynamique négative des emplois en
2002 (-6,5%). Cette évolution peut être
favorable à moyen terme sous certaines
conditions. La réallocation des res-
sources qu’elle implique peut, en effet,
contribuer à la croissance de la produc-
tivité des facteurs si elle s’effectue en
faveur des secteurs plus dynamiques et
des emplois permettant l’acquisition de
nouvelles connaissances. Comme il
s’agit également d’activités cycliques ou
fortement soumises aux aléas, cela per-
met de réduire la dépendance de l’éco-
nomie vis-à-vis de facteurs exogènes.
(ii) Les secteurs à forte valeur ajoutée et/ou
permettant l’importation et la diffusion
du progrès technique renforcent à l’in-
verse leur position dans le PIB et absor-Croissance de la création d’emploi par branche.
0,4
17,4
0,4
6,5
18,2
5,0
14,0
3,1
19,7
4,9
-19,0
-2,0 -2,5-6,5
22,1
3,47,3
-13,6
5,7
-3,3
7,5
34,9
3,3
-1,3
3,2
-0,4
-30
-20
-10
0
10
20
30
40
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vice
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x
%
Part dans l'emploi en 2002 Création d'emploi en 2001 Création d'emploi en 2002
Source : Banque centrale.
-135-
bent une part croissante de la population
active. Il s’agit des secteurs manufactu-
rier et du commerce dont la croissance
en 2002 est 2,5 fois plus importante que
celle enregistrée entre 1995 et 2000 :
10,4% dans le secteur manufacturier
(26,8% du PIB en 2002) et 12,8% pour
celui du commerce (21% du PIB) contre
respectivement 3,9% et 5,3% en 1995-
2000. La part dans l’emploi total du sec-
teur manufacturier est passée de 14,2%
à 17,4% et celle de celui du commerce
et du tourisme de 11,6% à 18,2%. Par
ailleurs, les activités, dirigées vers l’ex-
portation et le tourisme (seul secteur à
connaître une croissance forte en 2001,
9,9%), protègent le pays de certains
chocs proprement domestiques ce qui a
certainement limité les pertes d’emplois
en 2001.
(iii) Le secteur financier, malgré des activi-
tés principalement tournées vers le
financement de l’endettement du gou-
vernement, a été très rentable jusqu’à
la crise de l’an passé. La restructuration
est coûteuse, mais le potentiel de crois-
sance de ce secteur est important s’il
parvient à diversifier ses activités en
direction du secteur privé. Une meilleu-
re intermédiation financière aiderait
notamment à assainir le budget des
entreprises existantes et pourrait soute-
nir la croissance en améliorant l’alloca-
tion des ressources. Le développement
de ce secteur est un élément clé de la
compétitivité future de la Turquie, parce
qu’il se situe en général au coeur de
l’articulation entre l’existence ou la four-
niture d’externalités et leur utilisation
par le secteur privé.
(iv) La dynamique des secteurs de l’électri-
cité-eau et des transports-télécommuni-
cations est forte (+8% en 2002 pour le
premier et +5,4%) tandis que le secteur
de la construction traditionnelle recule,
ce qui témoigne d’un effort intense pour
mettre en place les externalités néces-
saires à l’amélioration du sentier de
croissance.
Malgré ces dynamiques apparemment favo-
rables, la productivité globale des facteurs a
été décevante dans les années 1990 du fait
des nombreuses crises que la Turquie a subi
en 1994, 1999 et 2001. Mais, il n’en reste
pas moins que les facteurs permettant d’ac-Part dans le PNB et croissance par branche (prix constants)
19
2
25
3
7
19
3
13
3
14,9
1,33,8
5,0
20,9
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7,1
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1,1
5,4
-7,1
2,3
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-10
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5
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15
20
25
30
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Tra
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ort
et
com
munic
atio
ns
Inst
itutions
finan
cièr
es
% Part dans le PIB en 1990 Part dans le PIB en 2002 Croissance économique en 2002
Source : Banque centrale.
-136-
croître l’efficacité du processus de production
semblent avoir joué un rôle prédominant
dans les progrès enregistrés (Karadag,
Onder, Deliktas, 2002). Tout au long de la
décennie 90 en effet, l’économie turque a
toujours rapidement renoué avec la croissan-
ce et c’est encore le cas cette fois. L’effort
structurel demande néanmoins à être pour-
suivi de manière intense, car la tendance se
dégrade sur le plan de l’emploi. Depuis deux
ans, la baisse régulière du chômage qu’enre-
gistrait ce pays depuis une décennie s’est
renversée et il est passé de 6,6% en 2000 à
8,4% en 2001 et à 10,6% en 2002 (plus 6%
de sous-employés) et le chômage des jeunes
(29%) est préoccupant. Mais, là encore, la
Turquie s’appuie sur un mouvement de fond
positif. Si le taux d’illettrisme est encore de
15%, il épargne les jeunes générations, ce
qui donne à la Turquie la capacité de pouvoir
faire face à l’entrée sur le marché de l’emploi
des quelques 30% des moins de 15 ans que
comptait la population en 2000.
Sur le plan macro-économique, la situation de
la Turquie est marquée par une rigueur insuf-
fisante, telle que la croissance et l'emploi sont
plus fortement conditionnés par les salaires,
qui sont connus, que par les profits (Onaran
et Stockhammer, 2001). Cela tend à freiner la
capacité à tirer parti des efforts de restructu-
ration déployés afin d'augmenter la compéti-
tivité et la résistance aux chocs. Il apparaît
aussi nettement qu’il va falloir améliorer le
rythme des réformes, notamment du secteur
bancaire, afin d’accompagner plus efficace-
ment le développement du secteur privé.
(i) Contrairement à l’évolution de la situation
macro-économique, l’évolution des indica-
teurs de l’ouverture commerciale de la
Turquie a été positive durant la décennie pas-
sée. Ainsi, le taux d’ouverture a doublé, pas-
sant de 23,4% du PIB en 1990 à 46,6% en
2001. La balance commerciale est toujours en
déficit (d’environ 10 milliards de dollars en
2001, un montant voisin du déficit observé en
1990 : -9,5 milliards), mais cette apparente
stabilité cache deux évolutions contradic-
toires : de 1990 à 1995, tandis que les
échanges de la Turquie augmentaient, le taux
de couverture ne s’est pas modifié, ce qui a
mécaniquement approfondi le déficit, qui
dépassait 14,5 milliards de dollars en 1995 ;
puis, dans la seconde partie des années 90, le
taux de couverture s’est nettement amélioré
grâce à une importante croissance des expor-
tations (+45% alors que dans la même pério-
de les importations ont crû de 16%), indui-
sant une baisse du déficit de près de 29%.
Les échanges se sont fortement orientés vers
l’Union européenne, mais ce mouvement
s’est essentiellement déroulé entre 1990 et
1995. Depuis 1995, l’orientation géogra-
phique des échanges est stable, mais c’est la
structure qui se modifie sensiblement dans
un sens positif. Ainsi, l’essentiel de l’amélio-
ration de la balance commerciale provient
des relations avec l’Union : le déficit de la
Turquie avec les 15 a été divisé par deux
depuis 1995, mais s’élève quand même à
2,1 milliards de dollars.
Du point de vue sectoriel en effet, la part des
produits industriels n’a cessé de croître, pas-
sant de 65% en 1990 à 79% en 2001 (83%
dans les exportations à destination de
l’Union). Dans le même temps, la part des
produits agricoles a baissé de 18% à 11%.
Cette diversification de la structure des
échanges a essentiellement pour origine le
développement des exportations dans les
« machines et matériels de transport » (7%
en 1990, 23% en 2001), évolution dans
laquelle on discerne l’impact des investisse-
ments étrangers des années 1990.
Conséquence de cette modification de la
structure des exportations, les échanges de
-137-
type intra-branche ont largement augmenté.
L’évolution des termes de l’échange s’est sta-
bilisée sur l’ensemble de la décennie. Dans le
même temps, l’indice de pouvoir d’achat des
exportations a connu une croissance soute-
nue et non volatile, à l’instar de la Tunisie,
qui tend à indiquer une amélioration de la
compétitivité des exportations turques.
En 2002, le déficit de la balance commercia-
le s’est accru par rapport à 2001 (doublant
pratiquement pour atteindre 8 635 millions
de dollars). Ce mouvement est néanmoins
positif lorsque l’on analyse son origine : une
plus grande progression des importations
que des exportations. Les biens intermé-
diaires importés sont un des intrants essen-
tiels de la production domestique et sa forte
croissante en 2002 a accru la demande en
produits importés (+22,8%). Ce facteur joue
positivement sur la compétitivité non prix
des exportations à moyen termes et peut
permettre aux exportateurs de ne pas subir
la déprime de la demande et de l’investisse-
ment domestique. C’est d’ailleurs le cas en
2002 : les exportations ont augmenté de
13% et constituent, comme en 2001, le
moteur de la croissance. La consommation
privée s’est reprise (ce qui a également eu
un effet sur les importations), mais la
consommation publique ne soutient plus l’ac-
tivité et surtout l’investissement fixe poursuit
son recul.
(ii) Le taux de change effectif réel s'est
apprécié jusque dans la seconde moitié de
l'année 2002. Il s'est ensuite déprécié par le
fait de la dépréciation nominale de la mon-
naie, qui a résulté des incertitudes politiques,
et du différentiel d'inflation défavorable.
Après les élections, le taux de change réel a
donc recommencé à s'apprécier (8,3% fin
2002) réduisant la compétitivité externe de
la Turquie. Ceci illustre bien les répercutions
néfastes que peut avoir la déconnexion entre
les mouvements du taux de change et ceux
des fondamentaux économiques provoqués
par des comportements spéculatifs. La
banque centrale a peu de prise sur ces com-
portements. Ses interventions, malgré les
montants considérables impliqués (280 mil-
lions, 242 millions et 273 millions de dollars
en avril, mai et juin 2002) sont restées sans
succès. Elle a donc laissé jouer l'offre et la
demande et la volatilité du change s'est cal-
mée après les élections. Reste qu'il est diffi-
cile pour les agents de se protéger du risque
que représentent les opérations avec l'étran-
ger dans de telles circonstances. Couplés au
manque de crédibilité du programme
macroéconomique ces évènements ont pro-
voqué des sorties de capitaux massives, sur-
tout en 2001, mais qui se poursuivent en
2002, malgré la reprise de la croissance. Les
investissements de portefeuille sont restés
négatifs en 2002 (-694 millions de dollars
contre + 1 022 millions en 2000).
(iii) La politique monétaire s’est dotée d'une
cible d'inflation en 2002 et prévoit que la
croissance de la monnaie de base ne dépas-
se pas 40%. Cet objectif est traité comme un
critère de performance prioritaire. À ce titre,
Décomposition du PIB(couleur claire : 1998-2000, couleur moyenne : 2000-
2001)
1,0%
2,7%
6,4%
-3,7%
2,7%1,8%
-7,5%
-9,2%-8,5%
7,4%
-9,1%
7,8%
2,0%
5,4%
-0,8%
11,0%
15,7%
-31,5%
-15%
-10%
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15%
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ces
Import
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de
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ervi
ces
Source : Eurostat, programme Medstat.
-138-
effet d’éviction important. Ainsi, bien que la
structure de la dette soit relativement favo-
rable puisque la dette à court terme ne repré-
sente que 11% de la dette externe, son poids
demeure un grand problème. La dette totale
se monte à 131,2% du PIB (très majoritaire-
ment constituée de créances internes à
78,2%) et le service de la dette absorbe
47,2% des exportations de biens et services.
Mais, les réserves ne couvrent que 28,6% de
la dette externe. Les améliorations sont
lentes, mais le gouvernement espère à la fois
mettre en place les conditions d’une croissan-
ce forte et se refinancer à des taux réels bas
ce qui est la règle d’or d’un désendettement
progressif et continu.
(iv) La politique budgétaire ne parvient pas à
retrouver l’équilibre. Le déficit culmine à
15% du PIB en 2002. Cela est dû à la
conjoncture défavorable qui amoindrit les
recettes (augmentation de 23% de l’impôt
sur les revenus en 2002 contre 60% en
2000) alors que les engagements sont très
peu flexibles.
Du côté des revenus, la Turquie est encore
dépendante des taxes sur le commerce inter-
national : 11,6% de ses revenus pour 2002.
la banque centrale a augmenté les taux d'in-
térêt en fin d'année, bien qu'elle ait respecté
sa cible afin de juguler, les anticipations d'in-
flation. L’inflation est encore de 45% en
2002, mais elle a été réduite de 22% par
rapport à 2001 et de 90,5% par rapport à
1997. Les autorités espèrent en 2003 la
contenir à 20% ce qui paraît ambitieux. Il
faut espérer que le nouveau programme éco-
nomique turc et l’assistance du FMI parvien-
dront à sortir le pays du cercle vicieux du
financement auto-entretenu du déficit public
par le seigneuriage : la hausse de l’inflation
entraîne un accroissement de la dollarisation
qui réduit la taxe inflationniste dont bénéficie
le gouvernement, celui-ci accroît la masse
monétaire afin de la restaurer créant encore
plus d’inflation et encourageant la dollarisa-
tion (Bahmani-Oskooee, Domac, 2002).
De fait, en 2002, la dollarisation de l’écono-
mie se réduit (49% des dépôts en mars 2003
contre 55% en 2002) et les souscriptions de
titres publics par les ménages et les investis-
seurs étrangers augmentent, ce qui va alléger
l’endettement. La structure de la dette est, en
effet, une autre conséquence de l’accumula-
tion des déficits qui a fortement pesé sur le
développement du secteur privé en créant unEndettement
25
37
29
88
69
14
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160
Dette externe à courtterme/Dette externe
totale
Service de la detteexterne/Exportationsde biens et services
Réserves/Detteexterne totale
Dette totale/PIB Detteintérieure/Dette
totale
%
2000 2001 2002
Sources : Eurostat, programme Medstat, FondMonétaire International, IFS avril 2003.
Politique monétaire
68,4
113,2
85,3
67,8
40,2
73,9
68,2
86,2
101,9
54,9
22,7
50
24,9
45
115,21907
0
20
40
60
80
100
120
M2 Avances ausecteur public
Créditdomestique
Inflation
%1993-1997 1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, GDF 2002,Banque centrale.
-139-
La TVA a moins progressé que les années
précédentes (+58,3% contre +84% en
2000). Les taxes sur les biens et services
(+65% en 2002 contre +59% en 2001) et la
TVA sur les importations (+72% contre
+32%) sont les deux postes importants qui
ont crû en 2002 par rapport à 2001.
Du côté des dépenses, les dépenses de
salaires (20% des dépenses totales mais
74,6% des dépenses courantes en 2002) et
le paiement du service de la dette (44,9%
des dépenses totales) ne laissent que peu de
marges de manœuvres. Le gouvernement
maintient avec difficulté son effort d’investis-
sement (6% des dépenses totales en 2002
contre 8% en 1997). C’est néanmoins le
poste qui marque la plus nette progression
en 2002 (+66,4%).
Aujourd’hui l’économie semble être dans une
phase de changements profonds : révision
des priorités de politique économique en
faveur de la réduction de l’inflation et de la
maîtrise de l’endettement, recherche d’exter-
nalités positives permettant de placer l’éco-
nomie sur un sentier de croissance plus
élevé. Mais, une question doit être résolue :
comment consolider le secteur bancaire afin
qu’il participe plus largement à l’effort de
restructuration de l’économie.
Une restructuration du système bancai-
re coûteuse mais porteuse d’espoirs
La restructuration du système bancaire a
coûté très cher à l’économie directement (le
coût de la recapitalisation des banques est
estimé à 2,15 milliards de dollars) et indirec-
tement puisqu’elle est en partie responsable
de la crise économique de 2001. Beaucoup
reste à faire dans la mesure où :
(i) Le secteur est de petite taille (le total
des actifs s’élève à 65% du PIB soit le
quart de la moyenne européenne).
(ii) Le morcellement du réseau ne lui per-
met pas d’assurer efficacement son rôle
d’intermédiaire financier et lui confère
une aversion au risque particulièrement
forte d’où des activités essentiellement
tournées vers le secteur public (40%
des actifs des banques en 2002).
(iii) Enfin, bien qu’après la restructuration
de juillet 2002, la part des prêts irré-
couvrables ait été diminuée de 62,5% et
ne représente plus que 9% des actifs
des banques, la structure de leurs actifs
Dépenses
4
11
8
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6
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Dépenses desanté
Dépensesd'éducation
Dépenses dedéfense
Dépenses desalaires
Dépenses decapital
Dépensesd'intérêt de
la dette
en %
des
dép
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s
1998-2000 2001 2002
Sources : Fond Monétaire International, GDF 2002, Banque centrale.
Recettes
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10
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-10
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Revenus destaxes
Impôtsdirects
Revenus destaxes sur lecommerce
international
Impôtsindirects
dont TVA Déficitbudgétaireen % PIB
% d
es r
ecet
tes
tota
les
1998-2000 2001 2002
-140-
contraint fortement leur activité : ils
sont constitués essentiellement de
dépôts à court terme (2,8 mois) ce qui
limite la durée des prêts qui peuvent
être accordés.
L’excessive exposition au risque de défaut et
l’expérience récente rendent les banques
turques très frileuses et les empêche de rem-
plir correctement et dans de bonnes condi-
tions leur rôle d’intermédiaire financier. De
plus, les modifications actuelles de l’environ-
nement dans lequel elles opèrent en termes
de baisse des taux d'intérêt, de besoins de
financements décroissants du gouvernement
et de hausse de la compétition risque d’indui-
re des faillites nombreuses (Karacabey, 2001).
Un besoin urgent d’améliorer la situa-
tion macro-économique et la dimension
sociale pour profiter des avantages que
procurent les perspectives d’adhésion
La situation de la Turquie n’est guère brillan-
te, tant du point de vue des critères objectifs
que des critères subjectifs. Mais, à la diffé-
rence des autres PM, la situation « subjecti-
ve » est meilleure que celle appréhendée
selon les critères objectifs (conformément à
ce que l’on observe pour la plupart des pays
en voie d’adhésion).
Du point de vue subjectif, la Turquie est per-
çue comme une économie fondamentale-
ment ouverte. L’accord d’Union douanière
avec l’UE n’y est certainement pas étranger,
alors même que l’on ne manquera pas de
remarquer sa mise en place encore partiel-
le, notamment en ce qui concerne les
échanges de produits agricoles, les produits
pharmaceutiques et les produits sidérur-
giques. Mais, si l’économie apparaît
attrayante, la gouvernance en général
constitue le talon d’Achille, à la fois sur le
plan de la régulation, de la transparence et
de la corruption.
Au niveau des indicateurs objectifs, la
Turquie est en retard sur tous les critères,
tant relativement aux autres pays en voie
d’adhésion qu’aux PM (sauf sur les infra-
structures téléphoniques vis-à-vis de ces
derniers). Toutefois, ce qui peut sembler sur-
prenant, c’est que ce retard ne concerne pas
seulement la gestion des équilibres macroé-
conomiques (inflation, balance courante,
équilibre budgétaire), mais également :
(i) le degré d’ouverture, que ce soient les
échanges de biens et services, mesurés
relativement à la population, ou les flux
d’investissement étrangers en propor-
tion du produit intérieur.
(ii) La sphère sociale : l’espérance de vie
est plus faible que dans les autres PM et
l’indicateur de développement humain
est largement en dessous du niveau des
autres pays en voie d’adhésion.
-141-
Turkey 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs
Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de VieLiberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)
Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants
Liberté d'échange sur les marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)
Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)
Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)Contrôle du marché noir 7 Balance du Compte Courant
Participation et transparence 8 Croissance du PIB
Contrôle de la corruption 9 Déficit BudgétaireRating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)
11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)
12 Service de la dette (% export. de biens et services)
13 Dette externe (en % du PIB, 2000)14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)
Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays CandidatsO
bje
ctifs
Su
bje
ctif
UE Obj.UE Subj.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
Objectifs Subjectif
UE Obj. UE Subj.
Classe 5++
Classe 4+
Classe 3Moyen
Classe 2-
Classe 1--
Comparaison des critères subjectifs
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10
0
1
2
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2
3
4
5
6
7
8
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10
et des critères objectifs
0
1
2
3
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6
7
8
9
10
11
12
13
14
TURQUIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commerciale
1990 1995 2001Taux d'ouverture (X+M/PIB) 23,40% 33,80% 46,60%
Orientation des exportations (en%)
vers l'UE 29,5% 51,3% 51,4%
vers les PM 6,2% 6,9% 7,9%
vers RdM 64,3% 41,8% 40,7%
Orientation des importations (en%)
issues de l'UE 26,2% 47,2% 44,2%
issues des PM 2,9% 3,4% 5,6%
issues de RdM 71,0% 49,3% 50,3%
Taux de couverture X/M
avec l'UE 0,66 0,66 0,88
avec RdM 0,53 0,51 0,61
Soldes en millions de dollars
avec l'UE -2 002 -5 786 -2 163
avec RdM -7 499 -8 599 -8 072
Indices de concentration des exportations
vers le monde 0,13 0,12 0,10
vers l'UE 0,13 0,16 0,14
Termes de l'échange (1990=100) (*)
Indice valeurs unitaires des exportations 100 107 83
Indice valeurs unitaires des importations 100 111 91
Termes de l'échange 100 96 91
Pouvoir d'achat des exportations 100 150 225
Indicateurs de commerce intrabranche
avec le monde 18,6 22,1 30,4
avec l'UE 15,4 18,0 28,1
avec RdM 17,7 20,8 25,5
(*) Source : CnucedSources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
Turquie
-142-
Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001
0 2 304 3 417 3 316 1 180 1 482 736 1 124 1 935 2 580 18% 16% 11% 5% 4% 2%
1 455 467 471 346 173 296 110 294 175 4% 2% 2% 2% 0% 1%
2 750 775 691 1 684 3 536 2 435 -934 -2 761 -1 744 6% 4% 2% 8% 10% 6%
3 296 288 445 4 622 4 619 6 141 -4 326 -4 330 -5 696 2% 1% 1% 21% 13% 15%
4 139 325 180 298 638 321 -159 -314 -141 1% 2% 1% 1% 2% 1%
5 747 888 1 272 2 850 5 342 6 243 -2 103 -4 454 -4 971 6% 4% 4% 13% 15% 15%
6 3 833 6 217 9 453 3 351 6 675 6 643 482 -458 2 810 30% 29% 30% 15% 19% 16%
7 855 2 402 7 152 7 036 11 492 12 636 -6 182 -9 090 -5 483 7% 11% 23% 32% 32% 31%
8 3 579 6 817 8 099 933 1 750 2 533 2 646 5 068 5 566 28% 32% 26% 4% 5% 6%
9 2 253 1 3 415 2 -3 162 0% 0% 1% 0% 0% 8%
Total 12 959 21 599 31 334 22 301 35 707 41 399 -9 341 -14 109 -10 065 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 1 497 1 523 1 504 740 828 484 757 695 1 020 18% 17% 12% 5% 5% 2%
1 393 325 326 332 152 272 61 172 55 5% 4% 3% 2% 1% 1%
2 456 315 331 1 254 1 985 1 547 -799 -1 671 -1 215 5% 3% 3% 8% 11% 7%
3 76 80 186 4 127 3 668 4 902 -4 050 -3 588 -4 716 1% 1% 1% 26% 21% 24%
4 114 202 55 206 515 270 -93 -312 -215 1% 2% 0% 1% 3% 1%
5 464 512 795 1 648 1 936 2 075 -1 184 -1 424 -1 280 6% 6% 6% 10% 11% 10%
6 2 199 3 018 4 316 2 179 3 576 3 359 21 -558 957 26% 33% 34% 14% 20% 16%
7 546 849 2 633 4 741 4 332 4 355 -4 195 -3 483 -1 722 7% 9% 21% 30% 25% 21%
8 2 587 2 197 2 470 604 630 1 013 1 983 1 567 1 457 31% 24% 19% 4% 4% 5%
9 2 131 1 2 542 -1 2 -2 412 0% 0% 1% 0% 0% 12%
Total 8 332 9 022 12 748 15 831 17 622 20 819 -7 499 -8 599 -8 072 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 593 1 629 1 441 436 638 222 157 991 1 219 15% 15% 9% 7% 4% 1%
1 62 136 115 14 21 24 48 115 91 2% 1% 1% 0% 0% 0%
2 270 413 321 359 1 403 773 -89 -990 -453 7% 4% 2% 6% 8% 4%
3 207 194 203 128 148 207 80 45 -4 5% 2% 1% 2% 1% 1%
4 16 95 98 86 124 50 -71 -29 48 0% 1% 1% 1% 1% 0%
5 198 292 337 1 060 3 231 3 968 -862 -2 939 -3 630 5% 3% 2% 18% 19% 22%
6 1 229 2 440 4 169 1 133 3 049 3 220 95 -610 949 32% 22% 26% 19% 18% 18%
7 274 1 301 3 940 2 291 7 139 7 974 -2 017 -5 837 -4 034 7% 12% 24% 39% 42% 44%
8 980 4 578 5 374 324 1 111 1 498 656 3 467 3 877 26% 41% 33% 6% 7% 8%
9 119 344 -225 0% 0% 1% 0% 0% 2%
Total 3 829 11 077 16 118 5 832 16 862 18 280 -2 002 -5 786 -2 163 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 213 264 371 3 16 29 210 248 341 27% 18% 15% 1% 1% 1%
1 7 30 7 29 0% 0% 1% 0% 0% 0%
2 24 47 39 70 148 115 -46 -101 -76 3% 3% 2% 11% 12% 5%
3 13 15 56 368 803 1 032 -355 -787 -976 2% 1% 2% 58% 66% 45%
4 9 27 28 5 1 5 27 26 1% 2% 1% 1% 0% 0%
5 85 85 139 143 176 200 -58 -91 -61 11% 6% 6% 22% 14% 9%
6 405 760 968 39 50 64 366 710 905 51% 51% 39% 6% 4% 3%
7 35 252 579 5 22 306 30 230 273 4% 17% 23% 1% 2% 13%
8 12 42 255 5 9 23 6 33 232 1% 3% 10% 1% 1% 1%
9 4 528 -525 0% 0% 0% 0% 0% 23%
Total 798 1 500 2 468 638 1 223 2 299 160 276 169 100% 100% 100% 100% 100% 100%
0 48 64 91 80 58 11 -32 6 80 16% 8% 10% 24% 14% 2%
1 8 23 20 1 7 23 20 3% 3% 2% 0% 0% 0%
2 21 11 12 8 27 11 13 -16 1 7% 1% 1% 2% 7% 2%
3 31 53 46 3 23 28 30 46 10% 6% 5% 1% 6% 0%
4 1 2 2 1 1 1 1 2 0% 0% 0% 0% 0% 0%
5 21 40 67 47 41 95 -26 -2 -28 7% 5% 7% 14% 10% 14%
6 64 164 291 71 125 125 -7 39 166 21% 20% 31% 21% 31% 19%
7 46 94 292 118 114 407 -72 -20 -115 15% 11% 31% 36% 28% 60%
8 65 388 110 4 16 25 62 372 85 21% 46% 12% 1% 4% 4%
9 5 0% 0% 1% 0% 0% 0%
Total 305 840 937 331 407 675 -26 434 257 100% 100% 100% 100% 100% 100%
(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétrole; 3 = Combustibles minéraux;
4 = Huiles, graisses animales & végétales; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;
8 = Articles manufacturés; 9 = Biens non classés(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël
(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée
AC10 (***)
Monde
Reste duMonde
UE
PartenairesMed. (**)
Valeur et structure des échanges de la Turquie avec ses principaux partenaires par grandes catégories deproduits (en millions de dollars et en %)
EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS
-143-
banques : la banque européenne pourle Moyen-Orient et la banque El SaudiEl Fransi). Une banque non-arabedevrait faire son entrée en 2003 : laSociété Générale. Deux autresbanques sont également sur les rangs,l’une jordanienne (l’Arab Bank) etl’autre du Bahreïn (banque d’Etat).
[14] MIGA est un filiale de la BanqueMondiale. Sa mission est de garantir lesinvestissements internationaux contreles risques non commerciaux (expro-priation, rapatriement des capitaux,rupture de contrat unilatérale, conflits).Elle offre également une assistancepour faciliter les placements à l’étran-ger. Parmi les PM, Chypre et Malte n’enfont pas partie, mais ces pays bénéfi-cient d’une caution très puissante éga-lement celle de l’Union européenne quiprofite aussi à la Turquie mais dans unemoindre mesure.
[15] Parmi les membres du Conseil figurentle Gouverneur et le Vice-Gouverneurde la banque centrale, les Vice-Ministres des Finances, de l’Industrieet de l’Agriculture et le Président de laCommission au Plan.
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Notes
[1] Le taux de participation du pays consi-déré est remplacé par celui de la zonechoisie pour cible quand il est inférieurà ce dernier.
[2] Cet indice est fondé sur quatre compo-santes : politique commerciale, poli-tique fiscale, niveau du taux de changeréel et privatisation.
[3] Cette analyse a été détaillée dans le rap-port Femise 2003 sur l’élargissement
[4] Les accords dits ATV (Accords sur leTextile et le Vêtement) ont prolongéles accords multifibres conclus pour 30ans en 1974, pour une période allantjusqu’au 1er janvier 2005.
[5] La Turquie, avec plus de 73% de laproduction méditerranéenne, est leprincipal producteur de la région,avant la Tunisie (9%), le Maroc (7%),l’Egypte (5%) et la Syrie (5%).
[6] Données calculées à partir de UNIDO -Industrial Demand Supply balancedata base 2002.
[7] DREE, (2003).[8] Mis en évidence avec le concept de
chaîne de valeur, cf Belghazi, (2002)[9] DREE (2003).[10] Notons encore que les PM affichent
également de meilleures statistiquesen termes de répartition des revenus(différences entre les hauts et les basrevenus) relativement aux autresrégions en développement.
[11] Mesurant la proportion de la popula-tion vivant sous la ligne de pauvreté.
[12] A la fin de l’année 2002, la commu-nauté internationale s’est mobiliséepour venir en aide au Liban et contri-buer ainsi à préserver la stabilité poli-tique au Proche-Orient. Lors de laConférence de Paris II, une aide de 4,4milliards de dollars a été accordée auLiban dont 3,1 milliards de prêts à longterme à taux d'intérêt faible doiventservir à la restructuration de la dettepublique et 1,3 milliards doivent êtreaffectés à des projets d’infrastructures.
[13] Pour l’instant seules des banquesarabes ont bénéficié de cette nouvellepolitique, l’un libanais (la banque duLiban d’Outre-Mer), l’autre jordanien-ne (la Housing Bank for Trade andFinance), la dernière saoudienne (enfait il s’agit d’une association de
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-147-
Notes méthodolohiques sur la base de données PC-TAS
Notes méthodolohiques sur la méthode multicritère
Entrées d’Investissements Directs Étrangers 1990-2001
Annexes sur le textile :
Annexe B1 - La place des Partenaires Méditerranéens dans les exportations mondiales de
textile-habillement
Annexe B2 - Parts relatives en % des exportateurs de la zone paneuroméditerranée
Annexe B3 - Importations des produits textiles de l'Union Européenne (hors échanges intra
européens) en millions de dollars courants et en %
Annexe B4 - Les avantages comparatifs des partenaires méditerranéens dans l’industrie textile
Annexe B5 - Part en % de chaque catégorie de produits textile
dans les exportations des PM
Annexe B6 - La complémentarité des relations euroméditerranéennes
Annexe B7 - La complémentarité des relations entre l’UE et les pays candidats (AC10)
RAPPORT FEMISE 2003 SUR LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN
Septembre 2003
LISTE DES ANNEXES
Notes méthodologiques sur la base de données PC-TAS
I. Les problèmes inhérents à la constitution de la base de données sur les échanges commerciaux et à samise à jour annuelle : PC-TAS
La base de données sur les échanges commerciaux est une compilation constituée à partir des bases de données PC-TAS éditées par l’ITC/UN Statistics Division et réactualisées chaque année. Dans la mesure où tous les pays méditer-ranéens ne sont pas déclarants, ou ne le sont pas de façon régulière, un certain nombre de problèmes apparaissentlorsque l’on veut compiler les séries sur plusieurs périodes. Ceux-ci tiennent d’une part aux approximations faitespour recomposer des valeurs manquantes à un moment donné (et dont les valeurs déclarées sont publiées l’annéed’après) et, d’autre part, au fait que de nouveaux pays déclarants, dont les valeurs des échanges étaient jusqu’alors« approximées », apparaissent dans la base.
Dans le cas des pays qui ne rapportent jamais, on utilise les statistiques miroirs c’est-à-dire les montants d’importa-tions (si on estime les exportations) ou d’exportations (si on estime les importations) rapportés par les pays parte-naires.
C’est notamment le cas pour la Syrie, le Liban, l’Algérie jusqu’à l’édition 1999 de la base et pour la Jordanie dont lesrésultats sont publiés depuis l’année 2001, (avec encore des données manquantes en 1996 et 1999, c’est pourquoinous conservons l’approche miroir pour ce pays).
C’est systématiquement le cas pour la Syrie et le Liban. Pour d’autres pays, une ou plusieurs années manquent : c’estle cas pour l’Algérie en 1992, 1993 et 1998, le Maroc en 1992, 1998 et 1999, la Jordanie en 1996 et 1999, l'Egypteen 1992 et 1993 et Malte en 1992 et 1993. Par soucis de cohérence des séries temporelles 1992-1999, et par rapportaux résultats passés, nous avons choisi de travailler sur les données miroirs pour l’Algérie, et la Jordanie. Par ailleurs,le Maroc ne déclarant pas ses résultats en 1998 et 1999, nous avons également dû travailler dans le présent rapportsur les données miroirs.
Lorsque certaines années sont manquantes, on utilise la même méthode miroir pour reconstituer les échanges desannées non disponibles. Mais on constate des écarts importants entre ce qui est déclaré par le pays et ce que l’onobtient à partir des déclarations des partenaires. Notre choix est alors de conserver les données déclarées par le payset de compléter les années qui manquent par les valeurs miroirs auxquelles on applique le coefficient de correctionobtenu par le rapport de la valeur déclarée sur la valeur miroir pour l’année la plus proche où le pays est déclarant. Sitrop de valeurs manquent, on n’utilise que les valeurs miroirs.
Ces estimations permettent de compléter la base de données, mais présentent quelques limites : (i) les donnéesobtenues sont exprimées FOB pour les importations et CAF pour les exportations (puisque estimées à partir desdéclarations d’importations), c’est-à-dire incluant les coûts de fret et d’assurance, en moyenne 10% supérieur à lavaleur FOB ; (ii) de plus, les statistiques miroirs n’intègrent que les échanges entre pays rapporteurs et une part deséchanges au sein de la zone PPM ne peut donc être comptabilisée.
Enfin, la base de données constituée est le résultat de l’accumulation de séries de données mises à jour annuelle-ment. Chaque année, plusieurs corrections peuvent être apportées aux résultats obtenus précédemment :
√ mises à jour rétroactives des données à chaque version de la base de données ;√ introduction dans la base de nouveaux pays déclarants et leur prise en compte ; √ non déclaration successive pour des pays anciennement déclarants ce qui peut nous obliger à changer de
méthodes d’estimation ;√ déclaration à la période suivante d’une valeur estimée à la période antérieure ; c’est le cas pour l’Algérie qui ne
déclarait pas pour 1998 en 2000, mais qui l’année d’après fournissait une déclaration pour 1998 et 1999.
II. Les problèmes de comptabilité entre le solde commercial tel que calculé à partir de Comtrade, PC-TASet tel que comptabilisé dans la balance des paiements du FMI
Les données commerciales contenues dans la base de données PC-TAS éditée par l’ITC/UN Statistics Division sont desstatistiques douanières, relevant généralement du système dit de commerce général. La plupart du temps, ces don-nées diffèrent de celles publiées dans la Balance des paiements au titre de la balance des marchandises. Au moinstrois grandes divergences de définition expliquent ces différences.
Il s’agit tout d’abord d’une différence en termes de couverture même des transactions : à titre d’exemple, les don-nées commerciales de la balance des paiements incluent des ajustements pour certains échanges de marchandises(service des colis postaux notamment) que l’on ne retrouve pas dans les données issues des douanes.
Il s’agit ensuite de différences dans la date même des données enregistrées : dans la balance des paiements, leséchanges sont comptabilisés au moment du changement de propriété, alors que les données des douanes comptabili-sent généralement les transactions au moment du passage de frontière.
Il s’agit enfin de différences notables dans les classifications utilisées : ainsi, par exemple, la réparation de marchan-dises est une transaction de marchandises dans la balance des paiements, mais pas dans les données douanières.
-148-
-149-
Détail de la méthode de classement utilisée
Pour comparer les performances de différentes économies, nous avons utilisée une méthode particulière d’aide multi-critère à la décision basée sur le concept de « surclassement » et utilisant le concept de tri : la méthode « electre-tri »élaborée au LAMSAD de l’Université de Paris-Dauphine.
Concrètement, il s’agit d’affecter chaque pays de l’échantillon retenu à des classes prédéfinies et hiérarchisées de sorteque la classe n°5 regroupe les économies les plus performantes eu égard aux critères choisis, que la classe n°4 contien-ne, elle, les économies moins performantes que celles de la classe n°5, mais plus performantes que celles de la classen°3, etc. L’affectation d’une économie à une classe repose sur la comparaison des performances de cette économie àcelles de profils préalablement établis et hiérarchisés. La comparaison utilise le principe de « surclassement », c’est-à-dire que, pour les critères choisis, l’économie A surclasse le profil i lorsqu’elle obtient, dans une majorité de cas (fixéeà 70% dans l’analyse) un résultat au moins aussi bon que celui de profil considéré. Si l’économie en question surclassele profil n°1, elle est affectée à la classe n°5. Dans le cas contraire, elle est comparée au profil n°2 avec, en cas derésultat positif, une affectation à la classe n°4 ou une comparaison au profil suivant, etc. Si l’économie est surclasséepar tous les profils, elle est affectée à la dernière classe.
Afin de disposer de résultats robustes, le surclassement doit être prononcé sans équivoque. Outre l’imprécision desmesures statistiques, il convient de savoir à partir de quand la valeur d’un indicateur statistique doit être jugée meilleu-re qu’une autre valeur. Un indicateur de développement humain de 0,910 surclasse-t-il réellement un taux de 0,908 ?Pour faire face à ces problèmes, nous utilisons la possibilité qu’offre la méthode electre-tri en nous basant sur l’utilisa-tion de pseudo-critères : la définition de seuils d’indifférence (Sa) et de préférence stricte (Sp).
Le seuil d’indifférence permet de définir, pour un critère, une valeur minimale Sa en dessous de laquelle la différenceentre une économie et un profil, pour ce critère, sera jugée non pertinente. Par rapport à l'exemple précédent, si l'onfixe le seuil d'indifférence Sa à 0,02, on considère les deux valeurs (0,910 et 0,908) comme équivalentes. Si on fixe leseuil à 0,005, une valeur de 0,908 est jugée moins bonne que 0,910, tandis qu'une valeur de 0,909 est équivalente à0,910.
Le seuil de préférence stricte Sb se définit également pour chaque critère et indique la valeur au-delà de laquelle, pource critère, il y a un surclassement incontestable dans la comparaison. Sb est généralement strictement supérieur à Sa.Dans notre exemple, en fixant Sa à 0,02 et Sb à 0,03, on considère qu'une valeur de 0,908 est équivalente à 0,910,mais qu'une valeur de 0,907 (0,910-Sb) est incontestablement moins bonne que les deux autres.
Muni de ces seuils, la méthode calcule, pour chaque économie, un degré de surclassement par rapport à chaque profilcompte tenu de l’ensemble des critères, degré variant entre 0 et 1 et pouvant être perçu comme la pertinence de l’af-firmation : « cette économie surclasse ce profil ». Si, pour un profil, cet indice est supérieur à une valeur donnée (70%dans notre analyse), l’économie surclasse ce profil. C’est ce degré qui fixe la position du point sur les graphiques.
Le procédé utilisé pour établir les profils de comparaison et les seuils est crucial pour pouvoir accorder confiance auxrésultats affichés. Afin d’obtenir les résultats les plus objectifs possibles, nous avons appliqué des méthodes systéma-tiques. Nous avons choisi comme norme, respectivement le 80ème centile de la distribution pour le profil 1, le 60èmecentile pour le profil 2, le 40ème centile pour le profil 3 et le 20ème centile pour le profil 4. On peut ainsi traduire entermes simples la signification, pour un critère donné, de la comparaison entre la performance d’une économie et lanorme du profil associé. Sur 100 économies, si, pour un indicateur, l’économie considérée surclasse le profil n°1, c’estqu’elle se situe dans les 20 premières économies en termes de performances. A contrario, si l’économie est surclasséepar le profil n°4, c’est que 80% des économies dans l'échantillon (les 203 pays des bases de la Banque Mondiale) fontmieux qu’elle pour le critère donné. Les centiles des distributions sont également à la base du calcul des seuils. Ainsi,le seuil Sa est égal à 5% de la distribution (et le seuil Sb à 7,5%) : par exemple pour le profil 1, il s'agit de la diffé-rence entre le 80ème et le 75ème centile. Le principe posé est que dans un classement de 100 économies, lorsqu’unpalier a été placé à la nème place, le fait de se situer entre la nème et la n+5ème place est équivalent.
Listes des variables retenues et sources
Critères subjectifs :√ les barrières tarifaires et non tarifaires (The Heritage
Foundation-The Wall Street Journal),√ la liberté d’utilisation des devises (The Fraser
Institute),√ les droits de propriété (The Heritage Foundation-The
Wall Street Journal),√ la liberté d’échanger sur les marchés de capitaux
(The Fraser Institute),√ la régulation des investissements étrangers (The
Heritage Foundation-The Wall Street Journal),√ lla régulation (The Heritage Foundation-The Wall
Street Journal),√ le contrôle du marché noir (The Heritage Foundation-
The Wall Street Journal),√ la participation et la transparence (Kaufmann D.,
Kraay A., Zoido-Lobaton P.),√ le contrôle de la corruption (Kaufmann D., Kraay A.,
Zoido-Lobaton P.),√ le rating Moody’s.
Critères objectifs :√ l’espérance de vie (Banque Mondiale),√ la part des investissements directs dans le PIB
(FMI),√ l’ouverture mesurée par le rapport exports+imports
par habitant (FMI et Banque Mondiale),√ le PIB par tête (FMI et Banque Mondiale),√ l’indicateur de développement humain (HDI, 2000,
PNUD),√ l’inflation (CPI, FMI et Banque Mondiale),√ la balance courante en % du PIB (FMI et Banque
Mondiale),√ la croissance du PIB (FMI et Banque Mondiale),√ le déficit budgétaire en % du PIB (FMI et Banque
Mondiale),√ le nombre de lignes téléphoniques pour 1000 habi-
tants (Banque Mondiale),√ le nombre d’utilisateurs internet pour 1000 habitants
(Banque Mondiale),√ le service de la dette en % des exportations de biens
et services (Banque Mondiale), √ la dette extérieure en % du PIB (Banque Mondiale),√ le crédit octroyé par les banques au profit du secteur
privé en % du PIB (FMI et Banque Mondiale).
-150-
(1)
19
90
19
91
19
92
19
93
19
94
19
95
19
96
19
97
19
98
19
99
20
00
20
01
(A)
(B)
(C)
1990-9
51996-9
92000-0
1
Alg
érie*12
10
-59
18
5270
260
501
507
438
1 1
96
-3385
817
Egyp
te734
253
459
493
1 2
56
596
636
887
1 0
65
2 9
19
1 2
35
510
632
1 3
77
873
Israël101
350
539
429
432
1 3
37
1 3
87
1 6
28
1 7
60
2 8
89
4 3
92
3 0
44
531
1 9
16
3 7
18
Jord
anie
38
-12
41
-34
313
16
361
310
158
39
169
8211
104
Liban
10
80
150
200
250
298
249
10
170
274
Maro
c165
317
423
491
551
335
357
1 0
79
333
850
201
2 6
58
380
655
1 4
30
Syrie
71
62
67
176
251
100
89
80
82
263
270
205
121
129
238
Tunisie
76
125
526
562
566
378
351
365
668
368
779
486
372
438
633
Turq
uie
684
810
844
636
608
885
722
805
940
783
982
3 2
66
745
813
2 1
24
Pays Partenaires d
e Méd
iterranée
1 8
69
1 9
17
2 9
09
2 6
94
3 6
85
3 6
59
3 9
08
5 6
15
5 8
59
8 9
87
8 6
34
11 7
83
2 7
89
6 0
92
10 2
09
Total M
onde
211 4
25
158 9
36
175 8
41
219 4
21
255 9
88
331 0
68
386 1
40
478 0
82
694 4
57
1 0
88 2
63
1 4
91 9
34
735 1
46
225 4
47
661 7
36
1 1
13 5
40
Pays en d
éveloppem
ent
34 6
89
41 6
96
51 1
08
78 8
13
104 9
20
113 3
38
152 6
85
191 0
22
187 6
11
225 1
40
237 8
94
204 8
01
70 7
61
189 1
15
221 3
48
Am
érique Latin
e et Caraïb
es8 9
89
15 3
56
17 6
11
20 0
09
30 0
91
32 3
11
52 8
56
74 2
99
82 2
03
109 3
11
95 4
05
85 8
73
20 7
28
79 6
67
90 6
39
Euro
pe cen
trale et de l'est
300
2 4
48
4 4
39
6 7
57
5 9
32
14 2
68
13 5
47
19 1
13
22 6
08
25 3
63
26 5
63
27 2
00
5 6
91
20 1
58
26 8
82
Asie d
u S
ud et d
e l'Est (excl. C
hin
e, incl. H
K)
10 6
70
16 8
62
16 5
27
22 2
83
32 1
67
37 7
90
47 6
63
52 1
01
42 5
01
59 6
71
90 3
51
47 5
19
22 7
17
50 4
84
68 9
35
Source : U
nited
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995 à 2
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, WIR
2002
Moyen
ne an
nuelle (m
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)
Entrées d'IDE en millions de US $
-151-
Exportations totalesde textile
Exportations d’articlesd’habillement
Exportations de fils ettissus
1995 2001 1995 2001 1995 2001
Algérie 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Egypte 0,3% 0,4% 0,2% 0,4% 0,4% 0,3%
Israël 0,3% 0,3% 0,5% 0,4% 0,3% 0,3%
Jordanie 0,0% 0,1% 0,0% 0,2% 0,0% 0,0%
Liban 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Maroc 0,3% 0,7% 0,5% 1,5% 0,1% 0,1%
Syrie 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,0% 0,1%
Tunisie 0,7% 0,9% 1,6% 1,6% 0,1% 0,1%
Turquie 2,4% 3,0% 4,2% 4,2% 1,7% 2,9%
Part.Med 4,2% 5,5% 7,1% 8,4% 2,7% 4,0%
Annexe B1 - La place des Partenaires Méditerranéens dans les exportations mon-diales de textile-habillement
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.
1995 2001 1995 2001
Algérie 0,2% 0,1% Chypre 0,4% 0,1%
Egypte 3,9% 4,2% Estonie 1,1% 0,0%
Israël 4,4% 3,4% Hongrie 6,4% 6,8%
Jordanie 0,3% 1,1% Lettonie 0,9% 1,0%
Liban 0,3% 0,3% Lituanie 1,7% 2,5%
Maroc 4,3% 8,6% Malte 0,9% 0,6%
Syrie 1,6% 1,9% Pologne 12,4% 10,4%
Tunisie 10,5% 10,2% Slovaquie 3,0% 3,9%
Turquie 34,2% 34,8% Slovénie 4,7% 2,8%
Tchéquie 9,1% 7,3%
Part. Med 59,4% 64,6% AC10 40,6% 35,4%
Annexe B2 - Parts relatives en % des exportateurs de la zone paneuroméditerranée
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.
-152-
Produits textiles 1990 1995 2000 2001
Art. voyage 1 398 3 036 3 932 3 815
Chaussures 3 406 7 206 9 498 10 290
Cuirs 2 715 3 032 2 816 3 209
Fils & tissus 17 435 17 654 20 262 19 108
Habillement 17 686 42 911 50 016 51 316
Mat. premières 2 701 2 931 1 841 1 640
Importations extraeuropéennes
Total. imports textiles 45 341 76 771 88 365 89 377
Art. voyage 20 115 81 88
Chaussures 81 913 866 907
Cuirs 24 267 220 249
Fils & tissus 128 1 710 2 202 2 378
Habillement 384 5 283 4 699 4 884
Mat. premières 15 70 47 56
Les 8 pays nonméditerranéens de
l'élargissement
Total. imports textiles 652 8 357 8 115 8 561
Art. voyage 46 80 60 72
Chaussures 148 426 525 561
Cuirs 16 77 162 184
Fils & tissus 1 124 2 256 2 598 2 601
Habillement 3 463 10 237 10 547 11 003
Mat. premières 213 303 228 188
Pays partenairesméditerranéens
Total. imports textiles 5 010 13 380 14 120 14 609
Art. voyage 349 1 576 2 357 2 335
Chaussures 209 1 123 1 829 2 026
Cuirs 87 98 149 231
Fils & tissus 700 1 338 1 830 1 846
Habillement 1 077 5 348 7 803 8 216
Mat. premières 222 148 142 132
Chine
Total. imports textiles 2 644 9 632 14 110 14 786
Parts des AC10 en % des importations de textiles de l'UE
Art. voyage 1,4% 3,8% 2,1% 2,3%
Chaussures 2,4% 12,7% 9,1% 8,8%
Cuirs 0,9% 8,8% 7,8% 7,8%
Fils & tissus 0,7% 9,7% 10,9% 12,4%
Habillement 2,2% 12,3% 9,4% 9,5%
Mat. premières 0,5% 2,4% 2,5% 3,4%
Les 8 pays nonméditerranéens de
l 'élargissement
Total. imports textiles 1,4% 10,9% 9,2% 9,6%
Parts des PPM en % des importations de textiles de l'UE
Art. voyage 3% 3% 2% 2%
Chaussures 4% 6% 6% 5%
Cuirs 1% 3% 6% 6%
Fils & tissus 6% 13% 13% 14%
Pays partenairesméditerranéens
Habillement 20% 24% 21% 21%
Annexe B3 - Importations des produits textiles de l'Union Européenne (horséchanges intra européens) en millions de dollars courants et en %
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.
-153-
Partenaires
Méditerranéens.
Fibres
textiles
Fils et
tissus
Vêtements
Egypte 1990
2001
5.2
14
2.5
4.3
1.2
5.2
Jordanie 1990
2001
-
-
0.7
0.8
0.4
2
Liban 1990
2001
0.35
1.6
-
-
3
1
Syrie 1990
2001
8.65
15.6
0.4
0.9
0.4
1.08
Israël 1990
2001
Maroc 1990
2001
-
-
-
-
11
11.5
Tunisie 1990
2001
-
-
1.03
0.96
11.8
11.7
Turquie 1990
2001
3.3
1.9
3.6
4.7
9.5
7
AC10Fibres
textiles
Fils et
tissus
Vêtements
Chypre 1995
2001
-
-
-
-
5.9
2.7
Malte 1995
2001
-
-
-
-
2.9
2.7
Estonie 1995
2000
0.2
1.76
2
1.72
2.6
1.83
Hongrie 1995
2001
-
-
-
-
2.63
1.5
Lettonie 1995
2001
-
-
3.6
2.4
1.8
3.15
Lituanie 1995
2001
2.8
1.52
2.2
1.8
2.65
3.9
Pologne 1995
2001
-
-
0.75
0.9
3.23
1.8
Slovaquie 1995
2001
-
-
1.5
1.09
0.99
1.54
Slovénie 1995
2001
1.29
1.44
2.53
1.39
Tchéquie 1995
2001
0.87
0.91
2.08
1.61
-
-
Annexe B4 - Les avantages comparatifs des partenaires méditerranéens dans l’industrie textile
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.
-154-
Catégories de textiles 1990 1995 2000/2001
Algérie Fibres végétales 27% 76% 28%
Fils & tissus synthétiques 63% 5% 7%
Produits en tissu 1% 0% 11%
Vêtements 10% 19% 54%
Egypte Fibres végétales 59% 50%
Fils & tissus synthétiques 2% 0%
Mat. premières agricoles 0% 0%
Produits en tissu 5% 1%
Vêtements 35% 49%
Israël Fibres végétales 16% 8% 6%
Fils & tissus synthétiques 11% 12% 15%
Mat. premières agricoles 0% 0% 0%
Produits en tissu 10% 11% 14%
Vêtements 63% 69% 64%
Jordanie Fibres végétales 14% 12% 1%
Fils & tissus synthétiques 35% 26% 4%
Mat. premières agricoles 0% 0% 0%
Produits en tissu 9% 18% 8%
Vêtements 43% 44% 88%
Maroc Fibres végétales 5% 2%
Fils & tissus synthétiques 5% 1%
Mat. premières agricoles 0% 0%
Produits en tissu 6% 2%
Vêtements 84% 95%
Syrie Fibres végétales 70%
Produits en tissu 5%
Vêtements 25%
Tunisie Fibres végétales 5% 8% 3%
Fils & tissus synthétiques 2% 3% 2%
Mat. premières agricoles 0% 0% 0%
Produits en tissu 2% 2% 1%
Vêtements 92% 87% 95%
Turquie Fibres végétales 15% 8% 10%
Fils & tissus synthétiques 8% 10% 10%
Mat. premières agricoles 0% 0% 0%
Produits en tissu 9% 7% 10%
Vêtements 68% 75% 71%
Annexe B5 - Part en % de chaque catégorie de produits textile dans les exportations des PM
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.
-155-
ImportationsFibres synthétiques Fibres végétales
MAROC
UE 79% (Fr, RU)
Turquie 3% - Chine 3%
UE 79% (Fr, Esp)
Chine 2% P med 4%
TUNISIE
UE 87% (Fr, It, All)
Chine 2%
UE 89% (Fr, It )
EGYPTE
Turquie 17%
Arabie Saoudite 11%
Chine 4% - UE 5%
Syrie 44%
UE 7% (Fr)
JORDANIE
P Med 23% - Syrie 9%
Israël 8% - Turquie 6%
UE 22% (RU)
P Med 21% -Syrie 5%
Turquie 5%
SYRIE
Turquie 20% UE 15%
Bulgarie 13%
Slovaquie 5% -Chine 11% - Japon 11%
UE 55% (It)
Chine 11%
Emirats Arabes 10%
LIBAN
UE 23% (It)
Chine 15%
P Med 10% - Turquie 8%
UE 23% (It)
Chine 18% - USA 12%
P Med 9% (Syrie)
TURQUIE
UE 39% (It, All)
Chine 8% -Corée 16%
Inde 6%
AC10 2%
UE 35% (It) – USA 20%
Chine 4% -
P Med 6% - Syrie 3%
ISRAEL
UE 15% (RU)
USA 12% - Chine 7%
UE 27% (It) – Chine 8%
USA 5%
Annexe B6 - La complémentarité des relations euroméditerranéennes
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.
Exportations Articles d’habillement Fils, fibres et tissussynthétiques ou végétaux
MAROC UE 95% (Fr, RU)
TUNISIE
UE 97% (Fr, It)
EGYPTE
USA 53%
UE 41% (RU, All
Fibres végétales :
UE 45% USA 14%
JORDANIE
USA 69%
Israël 22%
SYRIE
UE 14.5% (All) - USA 12.5%
Arabie Saoudite 12% - P Med 7.5% -Jordanie
Fibres végétales :
UE 44% (Italie)
P Med 30% - Turquie 20%
LIBAN
UE 42.9% (Fr, Fin) –USA 5.5%
Arabie Saoudite 11%
Emirats 5% - Koweït 3.1%
TURQUIE
EU 72.3% (All)
USA 16.6%
Fibres synthétiques :
46% UE – 13.4% P Med (Syrie)
4.5% AC10
ISRAEL USA 61%
UE 33%
-156-
Annexe B7 - La complémentarité des relations entre l’UE et les pays candidats(AC10)
Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.
Importations Fibres synthétiques Fibres végétales
ESTONIE
UE 78.2% (Suède, F inlande)
AC10 4.5%
UE 34% (All, F r)
AC10 3.4%
HONGRIE
UE 72% (It, All)
AC10 5.8% - Turquie 2.7%
UE 74.2% (It, All, Autriche)
Turquie 4.3% - AC10 3.8%
LETTONIE
UE 73% (All, Suède, RU)
AC10 16.2% - Pologne 8%
Lituanie 4.5%
UE 59.9% (It, All)
AC10 12.3% - Estonie 6.2%
Lituanie 5% - Chine 2.8%
LITUANIE
UE 88% (All, RU, DK, Suède)
AC10 5.5% - Pologne 3%
UE 74% (All, Belgique)
AC10 12.2% - Lettonie 7.7%
POLOGNE
UE 67% (All, It, Fr)
AC10 6.9% - Tchéquie 2.4%
P Med 3.2% - Turquie 2.6%
UE 74.3% (It, All)
AC10 7.3% - Tchéquie 4.1%
P Med 4.9% - Turquie 4.5%
SLOVAQUIE
UE 70% (All, It)
AC10 12.8% - Tchéquie 8.8%
Pologne 1.7%
UE 63.7% (It, All)
AC10 13.3% - Tchéquie 12.3%
P Med 1.1% - Turquie
SLOVENIE
UE 81.1% (It, All)
AC10 4.4%
Part.Med 2.1%
UE 50.6% (It)
AC10 8.8% - Tchéquie 5%
P Med 7.8% - Egypte 4%
Turquie 3,4%
TCHEQUIE
UE 62.9% (All)
AC10 15.6% - Slovaquie 11.7%
Part.Med 3.5% - Turquie 3.4%
UE 50.7% (All, It)
Pmed 3.4% - Turquie 1.5%
AC10 2.7% - Slovaquie 1.4%
MALTE UE 83.4% (It, All, RU)
Chine 2.2% - Pmed 0.6%
UE 53.1% (It)
Pmed 30% - Turquie 25.4%
Exportations Articles d’habillement
Fils, fibres et tissussynthétiques ou végétaux
ESTONIE
UE 81% (Suède, Finlande)
AC10 9%
UE 82%
HONGRIE
UE 83% (It, All) UE 66% (It) fibres végétales
UE 70% (It) fibres synthétiques %
LETTONIE
UE 86% (All, Suède, Danemark) UE 68% (It) fibres végétales
UE 43% (It) fibres synthétiques
AC10 21%
LITUANIE
UE 92% (All, RU, Dänemark) UE 70% (It) fibres végétales
AC10 14%
UE 71% (All, F r) fibres synthétiques
AC10 10%
POLOGNE
UE 90% (All 47%- Danemark) UE 86% (All, It) fibres végétales
UE 68% (All) f ibres synthétiques
SLOVAQUIE
UE 79% (All, It) UE 76% (All) f ibres végétales
AC10 17%
UE 47% (All) f ibres synthétiques
AC10 39%(Tchéquie)
SLOVENIE
UE 83% (All) UE 78% (It) fibres végétales
UE 65% (It) fibres synthétiques
TCHEQUIE
UE 84% (All) UE 62% (All, It) fibres végétales
UE 69% (All) f ibres synthétiques
AC10 19%