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Informer - Prier - Agir…pour être et devenir miséricorde

RAPPORT D’ACTIVITÉS 2015

« La miséricorde est le propre de Dieudont la toute-puissanceconsiste justement à faire miséricorde. »Saint-Thomas d’Aquin

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Rapport d’activités 2015 Aide à l’Église en Détresse2

BILAN 2015 Mot de la directrice des projets .............................. 3Afrique ................................................................... 4Europe de l’Est ....................................................... 9Moyen-Orient ........................................................ 13Amérique latine..................................................... 15Asie ..................................................................... 19Offrandes de messe .............................................. 23Médias ................................................................. 25Bourses d’études ................................................. 26

REMERCIEMENTS Reinhard Backes, Rafaël D’Aqui, Christine duCoudray Wiehe, Père Andrzej Halemba, PeterHumeniuk, Magda Kaczmarek, Ulrich Kny, ReginaLynch, Marco Mencaglia, Peter Rettig, Mark vonRiedemann, Toni W. Zender

Graphisme : Valentina VlassovaRédaction : Mario BardRévision : Marie-Claude LalondeCrédits photos : Aide à l’Église en Détresse (AED)

TOUS DROITS RÉSERVÉS – Reproduction autoriséeavec l’accord d'AED Canada

AIDE À L’ÉGLISE EN DÉTRESSEa été fondée en 1947 par le père Werenfried, unreligieux prémontré hollandais. Aujourd’hui devenuune fondation internationale de droit pontificale, cetorganisme catholique a pour mandat d’assister lescatholiques là où l’Église souffre de pauvreté ou depersécution. Disposant de 21 bureaux nationaux,dont le Canada, à Montréal depuis 1982, AEDsoutient au-delà de 5 000 projets pastoraux parannée dans plus de 140 pays. Des projets tels quela formation pour les séminaristes et les novices,l’aide à la subsistance pour les prêtres et lesreligieuses, à la construction (chapelles, séminaires,couvents), à la motorisation pour atteindre les fidèleséloignés, l’apostolat des médias et la diffusion delivres religieux. AED a aussi pour mandat de soutenirle travail d’information quant à la situation de l’Églisedans le monde. Pour alléger le texte, l’abréviation AED est utiliséepour désigner Aide à l’Église en Détresse.

Égyptechandelles dans une égliseorthodoxe©

Ilon

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zbon

3Rapport d’activités 2015 Aide à l’Église en Détresse

Elle se rappelle « les témoignages de

jeunes hommes se préparant à

l’ordination sacerdotale, les visages

souriants des catéchistes dévoués qui

ont enfin un vélo pour faire plus

facilement leurs visites dans les villages, les prières

et les remerciements des religieuses contemplatives

qui ont maintenant l’équipement dont elles ont

besoin pour fabriquer des bougies, une source de

revenus pour elles. Ou encore les enfants en Syriequi ont reçu de nouvelles chaussures d’hiver avant

le début du mauvais temps. »

AED est – toujours ! –, essentiel. Non que l’œuvre

pontificale ne l’ait pas été dans le passé, mais de

2005 à 2014, le nombre de catholiques dans le

monde est passé de 1,115 milliard à 1,272 milliard,

ce qui représente 17,8 % de la population mondiale.1

Le continent africain a vu sa population totale de

catholique croître de 41 %, ce qui dépasse la

croissance même de la population africaine (23,8 %).

« En fait, dans tous les continents, à l’exception de

l’Océanie, le nombre de catholiques a augmenté plus

vite que l’ensemble de la population », rappelle

Mme Lynch.

… et maintenant,les moins bonnes nouvelles

Malheureusement, l’intégrisme religieux est lui aussi

en croissance. Les évêques, les religieux, les

religieuses, les prêtres et les laïcs avec qui nous

travaillons nous en parlent. « Dans certains pays,

cela ne nous étonne pas – nous sommes

malheureusement habitués à entendre parler des

attaques antichrétiennes au Pakistan, en Syrie et en

Irak –, mais ce qui est plus récent, c’est la forme de

plus en plus agressive que prend l’islam dans les

pays où il y avait autrefois une coexistence pacifique

ou une tolérance entre chrétiens et musulmans, par

exemple dans les pays africains du Sahel ou dans

les Balkans », indique Régina Lynch. « Et puis, il y a

les pays, en particulier en Afrique, où l’islam n’a

jamais été très présent, mais où il fait une nouvelle

percée au travers des projets sociaux et des bourses

d’études pour les jeunes, par exemple en Angola, enRépublique Démocratique du Congo, et au Malawi. »

Ce type d’islam n’est pas la seule tradition où des

extrémistes sont actifs. « Ainsi, dans certains pays

d’Asie, d’autres fondamentalistes ou extrémistes,

par exemple des fanatiques hindous en Inde, utilisentleur pouvoir politique contre les minorités, par des

moyens légaux et subtils, y compris contre les

chrétiens. » En Chine, le régime communiste continueà emprisonner ou bien à mettre en résidence

surveillée les catholiques non conformes à ses vues.

Sans compter les sectes, notamment en Amérique

latine, « qu’on ne peut plus ignorer », rappelle-t-elle.

Regina LynchTout d’abord, les

bonnes nouvelles…

motDE LA DIRECTRICE

DU DÉPARTEMENT

DES PROJETS

« REVENANT SUR L’ANNÉE ÉCOULÉE, NOUS POUVONS NOUSRÉJOUIR DES BONNES NOUVELLES QUE NOUS AVONS REÇUESDE L’ÉGLISE DANS LES DIFFÉRENTES PARTIES DU MONDE »,ÉCRIT RÉGINA LYNCH, DIRECTRICE DE LA SECTION DES PROJETSD’AIDE À L’ÉGLISE EN DÉTRESSE (AED).

1. Zénit.org, 9 mars 2016


Une Église forte… qui compte sur nous

« Les évêques des régions où l’Église est persécutée

ou souffrante, à cause de ces différentes formes

d’intégrisme, se tournent vers nous pour les aider à

renforcer la présence de l’Église et pour renforcer la

foi de leur peuple », écrit Régina Lynch. « Parfois,

cela peut être quelque chose d’aussi concret que de

remplacer une petite hutte de terre par une nouvelle

chapelle, ou bien de reconstruire les églises du

diocèse de Maiduguri, dans le nord du Nigeria,incendiées par Boko Haram. On peut aussi aider à

la construction de maisons pour les prêtres et les

religieuses qui veulent être présents parmi leurs

fidèles. »

Elle rappelle que, très souvent en temps de crise, « ils

[les religieux] sont les premiers vers qui les gens se

tournent. » Ce qui implique qu’à chaque moment de

leurs vies, ils doivent être nourris spirituellement et…

de manière bien concrète aussi ! « C’est pourquoi

nous transmettons aux prêtres des honoraires de

messe et fournissons aux religieuses une aide à la

subsistance. Les religieuses contemplatives portent

l’Église locale dans leurs prières, mais elles ont aussi

besoin d’un endroit où vivre, et d’avoir une source de

revenus. Nous fournissons ce soutien essentiel »,

indique la directrice.

De même, aux catéchistes qui doivent aussi être

très bien formés pour transmettre la foi. « Les

évêques soulignent la nécessité d’aider les gens à

connaître et à grandir dans leur foi, en particulier

s’ils doivent endurer les attaques physiques et

psychologiques des groupes fondamentalistes. C’est

pourquoi ils nous demandent du soutien pour la

formation des catéchistes ou pour des programmes

d’enseignement des principes fondamentaux de la

foi. Bibles, livres religieux, émissions de radio ou de

télévision, et peut-être même un centre de pastorale

peuvent aider à accomplir cette tâche. »

Une générosité sans borne : les bienfaiteurs

Encore une fois cette année, les bienfaiteurs et

bienfaitrices d’AED ont fait preuve d’une générosité

sans bornes. Ainsi, en 2015, c’est un total de

134 430 078 $ CAN, qui a pu être donné pour

financer différents projets – 6 209 projets –,

répartis comme suit : 29,3 % pour des projets en

Afrique, 21,6 % au Proche-Orient, 16,6 % en Europe

centrale et orientale, 15,2 % en Asie, 13,5 % en

Amérique latine, 3,1 % pour le monde occidental et

0,8 % pour des projets internationaux couvrant

plusieurs régions ou continents.

Nous avons reçu plus de 8 000 demandes, un

nouveau record. Environ 1 110 projets ont dû être

refusés, principalement en raison d’un manque de

fonds, et les projets restants ont été reportés à

2016.

Heureusement, nous avons été en mesure de

répondre à l’augmentation du nombre de séminaristes

au sein de l’Église, en soutenant la formation de

1 406 séminaristes de plus que l’année précédente.

La plus forte hausse a été observée en Afrique. Au

total, nous avons soutenu 11 075 séminaristes dans

le monde entier, c’est-à-dire un séminariste sur dix.

En Afrique, un séminariste sur deux a reçu notre aide,

ce qui suit le rythme de la croissance de l’Église.

Ce sont 3 124 religieuses et 1 404 religieuses

contemplatives qui ont reçu notre soutien. Chapelles,

couvents, séminaires et centres pastoraux ont pu

être construits pour un total de 1 705 projets de

construction. Afin de porter la Bonne Nouvelle, 1 255

prêtres, religieux et religieuses ont reçu un moyen de

transport, tels des voitures ou encore des ânes et

des bateaux.

La variété des projets financés nous rappelle la

diversité de l’Église et de ses besoins. « En 2016,

de nombreux défis nous attendent », conclut Régina

Lynch. « Malheureusement, beaucoup restent

inchangés, parce que l’intégrisme religieux et

l’instabilité politique dans de nombreuses régions

du monde ne montrent pas de signes de

ralentissement. Mais 69 ans d’existence en tant

qu’organisation nous ont montré qu’il fallait avoir

confiance en la Divine Providence et en l’intercession

de notre Divine Mère, et que même ce qui est

apparemment impossible peut devenir possible. »


L’AUTOMNE DERNIER, LE PAPE FRANÇOIS EST VENU EN AFRIQUE. SA VISITE HISTORIQUE ESTDÉJÀ VUE COMME LA PIERRE ANGULAIRE DE NOMBREUX ESPOIRS DE PAIX, ENTRE AUTRESEN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (RCA). « COMME JE L’AI MENTIONNÉ DANS MON MESSAGEDE NOËL, L’ANGE DE DIEU NOUS EST APPARU À TRAVERS LE PAPE POUR ANNONCER LEMESSAGE DE LA PAIX », ÉCRIT LE JEUNE ARCHEVÊQUE DE BANGUI, MGR DIEUDONNÉNZAPAILANGA.

Rester debout !

En venant en Centrafrique, le pape aposé un acte de foi que je n’oublieraijamais. Les conditions sécuritairesn’étaient pas réunies. Cependant, il aosé, et Dieu a essuyé nos larmes »

partage encore l’archevêque. Le pape Françoisindiquait d’ailleurs : « cette visite [en RCA] étaiten réalité la première dans mon intention, parceque ce pays cherche à sortir d’une période trèsdifficile de conflits violents et de grandessouffrances pour la population ».

Grâce aux bienfaiteurs de notre œuvre, descentaines de pèlerins ont pu venir à sa rencontre.Nous avons acheté des véhicules servant autransport des pèlerins, qui seront maintenantutiles à l’Église dans son travail pastoral etd’évangélisation.

Le pays a traversé une période de violencesimportantes entre chrétiens et musulmans (venusdu Tchad et du Soudan), et Antibalakas animistes,une épreuve qui s’ajoute à la pauvreté endémiquede l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Aujourd’hui, même si la guerre est terminée, ilreste encore beaucoup de travail pour arriver àpacifier le pays. « Un chemin d’écoute, de dialogueet de réconciliation est en cours, car les blessuressont béantes », estime Christine du Coudray,responsable de projets d’AED pour l’Afrique.L’Église peut, et joue déjà un rôle crucial dans lareconstruction du pays. Ainsi, elle nourrit l’âmedes Centrafricains grâce à 53 ostensoirs qui ontété offerts par le gouvernement afin qu’il y aitadoration perpétuelle dans les neuf diocèses dupays.

«

Afrique

Kenyades jeunes participent au catéchisme


D’autres témoignages de la force de cette visite denovembre 2015 ? « Dès que le pape a foulé le sol dukilomètre 5*, musulmans et non-musulmans se sontmis spontanément à s’embrasser, comme si laprésence du pape y avait libéré un pouvoir qui anéantittoutes les forces du mal », confiait un homme à unfranciscain.

Le pape, apôtre de la paix

Certes, si la visite du pape en sol africain étaitdestinée à soutenir la population de RCA, elle étaitaussi destinée à redire la force et la nécessité dudialogue interreligieux, en Ouganda et au Kenya, unencouragement aux Églises locales pour qu’ellessoient toujours des agentes de paix.

Dans un contexte où l’islam radical fait des percéesimportantes, en des endroits qui n’étaient même passous son influence il y a à peine quelques années,l’Église doit rester vigilante. Par exemple au Kenya, iln’y a que 11 % de musulmans. Des forcesfondamentalistes cherchent à y accroître leur présenceen construisant de nombreuses mosquées, enmettant en place des stations de radio et en attirantde jeunes avec des bourses. Puis, il y a aussi lesincursions de groupes terroristes comme Al-Shebab(ramification d’Al-Qaïda) qui posent une grandemenace. Rappelons-nous simplement le massacre del’Université de Garissa, en avril 2015, dans lequel 145étudiants non-musulmans ont été tirés à bout portant.

À ces actes de haine, l’Église kenyane continue devouloir répondre pacifiquement. La constructiond’églises et de presbytères, la formation desséminaristes, le soutien au clergé par les offrandesde messe, l’installation de radios diocésaines sont

autant d’exemples de notre soutien sur place. Lesjeunes catholiques kenyans du diocèse de Homa Bay(centre-ouest du pays) ne sont pas en reste, eux quipourront maintenant compter sur un Centre YOUCAT,du nom du catéchisme conçu pour les jeunes àl’occasion des JMJ de Madrid en 2011. Enfin, unCentre pour la famille Jean-Paul II anglophone a vu lejour, une première dans cette langue, alors que lecentre était déjà présent en Afrique francophone.

Un continent sous pression

Souvent pointé du doigt pour la corruption de certainsde ses gouvernements, le continent africain fait face àun autre type de défi qui pourrait s’avérer dévastateur :celui de la montée de l’islam radical. Au Nigeria, BokoHaram a non seulement enlevé des jeunes filles (avril2014), mais il a également incendié des églises et diversédifices appartenant à l’Église. Heureusement, le reculdes forces terroristes constitue une bonne nouvelle.

Nous avons déjà donné 275 500 $ CAN au diocèse deMaiduguri, le plus touché par les violences, pour lareconstruction de ses infrastructures, en plus d’uneaide d’urgence de 87 000 $ CAN pour approvisionnerles familles qui reviennent.

En Afrique du Nord, dans des pays comme le Mali, leNiger, le Tchad, la Libye, le nord du Cameroun, laTunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie, notreœuvre s’inquiète pour les Églises locales – trèsminoritaires – qui vivent des incidents reflétantl’orientation radicale de certains groupes islamistes enAfrique du Nord.

« Leurs attaques visent le rejet de la culture occidentale,de toutes les formes d’ouverture au dialogue et à unecoexistence pacifique », indique Rafaël D’Aqui,responsable de projets pour la majeure partie de l’Afriquedu Nord. Lors d’une rencontre avec les évêques de cespays, le pape François a particulièrement salué « lecourage, la loyauté et la persévérance des évêqueslibyens, ainsi que des prêtres, religieux et laïcs quidemeurent dans ce pays en dépit des innombrablesdangers. » Une situation qui peut s’appliquer à l’ensemblede l’Afrique du Nord.

La présence chrétienne en terre d’islam est vouée,comme celle de Charles de Foucauld dont on célèbrecette année le centième anniversaire de la mort, à êtrecelle de la sœur ou du frère universel. Présencequ’encourage Aide à l’Église en Détresse.

République centrafricaine la très attendue visite du papeFrançois, « aube de la paix »


La famille est au cœur de nospréoccupations

Un autre défi qui se présente à l’Église d’Afriqueest l’accompagnement des familles, dans la lignede pensée des deux synodes et de l’exhortationapostolique post-synodale Amoris Laetitia, la joie del’amour. En Angola et au Mozambique, tout commeen Guinée-Bissau, nous soutenons l’apostolatfamilial par différentes aides à la formation. Il estaussi essentiel de le faire dans des lieux commeSao Tomé et Principe, où le taux de suicide desjeunes y est le plus élevé de tout le continent. Nousy soutenons l’Église locale par la mise en place decommunautés religieuses, de communautéschrétiennes et par la formation.

Enfin, il y a des pays où notre soutien demeureessentiel pour une population laissée à elle-même.En République Démocratique du Congo (RDC), lesSœurs de la Résurrection, communauté cofondée ily a 60 ans par le Père Werenfried, fondateur d’AED,et la religieuse belge Mère Hadewych, sont le visagede bonté de Dieu envers les plus démunis. Ces 208religieuses semi-contemplatives permettent à laparole de l’Évangile de se faire chair dans denombreuses régions comme l’archidiocèse deBukavu, où l’exploitation illégale et corrompue desressources naturelles se fait sous le nez de lapopulation. D’ailleurs, celle-ci ne reçoit que desmiettes en regard des profits immenses générés parces ressources, par contre, elle est le théâtre debeaucoup de violence, de meurtres, de violsd’enfants et de femmes.

Nous soutenons la communauté et une grandepartie de l’Église de cette région par de laformation, de l’aide à la subsistance et par desoffrandes de messe.

La belle île de Madagascar possède aussi desrichesses extraordinaires, mais tout comme enRépublique Démocratique du Congo, la populationn’en voit pas la couleur. « L’Église est quasil’unique espérance de la population, elle ouvremaintes écoles grâce au concours admirable demultiples congrégations religieuses autochtones oumissionnaires », écrit Christine du Coudray. Parailleurs, elle souligne un événement qui a été fortcouru cette année par les catholiques du pays : lavisite des reliques de Sainte-Thérèse-de-Lisieux etde ses parents « durant trois mois au milieu de lafoule en liesse et en prière », ajoute-t-elle. Une visitequi s’est réalisée avec l’aide précieuse de nosbienfaiteurs.

Enfin, un conflit oublié : les deux Soudan. Conflitsinterethniques, corruption massive et assassinatscausent une détresse toujours plus grande de lapopulation. Dans ce contexte, les évêques ontbesoin de force pour accomplir leur mission,surtout qu’il n’y a toujours que six évêques pourneuf diocèses ! Ainsi, grâce à vous, la Congrégationpour la propagation de la foi a invité en janvier àRome toute la Conférence épiscopale, constituéeen une seule pour les deux pays, à une retraite auMont Thabor (Israël), suivi d’un atelier de travailpour étudier ensemble les problèmes et lessolutions propres à cette Église particulière. Lesévêques ont aussi rencontré le pape François. « Ilsont regagné leurs missions dans la paix etl’espérance et nous restons à leurs côtés, soucieuxde cette Église qui demeure notre priorité enAfrique », conclut Mme du Coudray.

République centrafricaineproduction de portes et de fenêtrespour le village de Bang : despersonnes avec leurs possessions

*Quartier de Bangui, la capitale, particulièrement touché parles violences interreligieuses des dernières années

Ougandaun prêtre visite et bénie une vieille dame


L a grande influence des pays arabesest visible et l’Église craint de perdreson identité chrétienne, d’oùl’importance de la visite du papeFrançois à Sarajevo le six juin 2015.

Celle-ci avait deux buts fondamentaux : soulignerles 20 ans de l’Accord de Dayton qui a mis fin à laguerre en Bosnie-Herzégovine ; et le 100e

anniversaire du déclenchement de la premièreguerre mondiale, à Sarajevo, en 1914.

Le point culminant de cette visite aura été lamesse célébrée dans le stade avec les jeunes etla rencontre du pape avec des jeunes du Centre

pour la jeunesse Saint-Jean-Paul II. Un« investissement » dans la jeunesse du pays, nousdisent les responsables du Centre. Un soutienqu’AED assure, avec la confiance et l’espoir queces jeunes chrétiens deviennent des ferments depaix dans un pays où la paix est encore bienfragile. « Sans la paix en Bosnie-Herzégovine, il n’ya pas de paix dans les Balkans », affirmaient desparlementaires européens en 1994. Lescatholiques, malgré leur découragement quant àla montée du fondamentalisme musulman, sesentent le devoir de promouvoir la paix et ledialogue entre tous en Bosnie-Herzégovine. AEDles soutient dans ce dur labeur.

Des défis si nombreuxPAR OÙ COMMENCER ? LA MOSAÏQUE CULTURELLE, SOCIALE ET RELIGIEUSE DES PAYSD’EUROPE DE L’EST EST GRANDE, ET LES DÉFIS NOMBREUX D’UN POINT DE VUESOCIOÉCONOMIQUE. DANS CERTAINS PAYS, COMME LA BOSNIE-HERZÉGOVINE, LE TAUX DECHÔMAGE ATTEINT 60 % ! DE PLUS, DANS CE PAYS LA MONTÉE D’UN ISLAM PLUS RADICALFAIT CRAINDRE AUX CATHOLIQUES D’ÊTRE ENCORE PLUS DISCRIMINÉS, OU PIRE,PERSÉCUTÉS.

Europe de l’Estet Russie

Le pape lors de savisite à Sarajevo


Ukraine : toujours un désir pour la liberté

Les évènements de la Place Maïdan (del’Indépendance) à Kiev – manifestations continuesde plus de trois mois qui se sont déroulées en2013 sur la Place, afin de demander le départ duprésident prorusse Viktor Ianoukovitch – sont « unecatéchèse pour tous », affirme Mgr Gullickson,ancien nonce d’Ukraine. Maintenant président del’Université catholique ukrainienne de Lviv, ilaffirme que deux ans après la mort de l’un desprotestataires qui fréquentaient d’ailleursl’Université, ces évènements représentaient unechance pour le « désir de paix, de liberté depresse, d’un système juridique juste, et d’égalitédevant la loi […] et que la corruption doitdisparaitre […] C’est pour cela qu’il a laissé savie », affirme le prélat.

La vie est toujours difficile dans ce paysfarouchement épris de son indépendance.L’économie tourne au ralenti depuis la Révolutionorange, et l’inflation galope : survivre équivautsouvent à un miracle ! De plus, il y a la « guerre duDonbass » qui met face à face les prorusses,concentrés dans l’est du pays, et les loyalistesukrainiens. Presque toujours, la guerre fait naitredes questions de sens au cœur des gens. Selon leprovincial des Rédemptoristes, la population s’ouvreà Dieu, à l’Église et à l’engagement bénévole.

L’Église - avec son rite oriental et son rite latin –est appelée à soutenir la population. « Nousapportons l’Évangile au peuple, et prêchons lepardon et l’amour », indique le père Mikolaj. Grâceà notre aide d’urgence, les évêques ont pu, là-basaussi, apporter du réconfort dans la détresseambiante.

Les religieuses n’ont pas été épargnées par cetteéconomie si difficile. « Le coût du gaz est si élevéque nous brulons littéralement notre argent dansle four. Nous devons passer au bois au plusvite ! », nous écrit la présidente des Supérieuresd’ordres féminins religieux orientaux. C’estpourquoi notre soutien à la subsistance est sicrucial.

Leur dévotion et leur façon d’aider humblement lespauvres, les malades, les personnes sans abri etles familles, sont un témoignage de ce qu’il peuty avoir de plus brillant dans la vraie lumière del’Église : être au service de ceux qui ont le plusbesoin de l’aide et de l’amour du prochain. Uncouvent de religieuses restera toujours un endroitoù chacun est le bienvenu, sans distinction dereligion.

Que ce soit en raison de blessures psychologiquesprofondes, d’une dépression ou d’angoissesexistentielles, ou tout simplement dans lesmoments difficiles de la vie, tout le monde estécouté et aidé. Il nous a été signalé à quel pointles gens réclamaient des objets religieux, sanssavoir ce que c’est, mais simplement parce que

Ukrainesoutien aux personnesdéplacées par les conflits

Ukrainedes religieuses reçoiventnotre soutien


« ça aide ». En 2015, nous nous sommesparticulièrement efforcés de soutenir la formationinitiale et continue des religieuses, en plus de lesaider avec l’achat d’appartements ou de maisons.Leur apostolat dans les hôpitaux et les foyers pourpersonnes âgées ou pour enfants, ainsi que leuraction pour la vie est un grand témoignage de foiet une contribution à l’évangélisation.

Nous avons également investi une grande partiedes dons reçus dans la formation desséminaristes, car ils sont pour nous prioritaires.Parmi les nombreux projets que nous avonssoutenus grâce à l’aide de nos bienfaiteurs, il y anotamment la dernière phase de la rénovation duséminaire interdiocésain à Ivano-Frankivsk, où 260séminaristes se préparent à la vie sacerdotale.

En 2015, notre aide s’est également concentréesur de plus petits projets de construction ou derénovation. Les petites paroisses ont souventbesoin d’églises, cela donne aux gens lapossibilité de pratiquer leur foi en communauté.Ces projets sont la preuve que l’Église reconnaîtles signes des temps, à savoir qu’il faut aider tousceux qui sont à la recherche de leurs racineschrétiennes et d’un chemin vers Dieu. On peutvraiment observer que les gens recherchent deplus en plus les églises comme des lieux desilence, de consolation et de rencontrepersonnelle avec le Dieu vivant.

Un prêtre de l’éparchie de Kiev a écrit : « Votresoutien international est un signe visible de la

présence de Dieu et de sa sollicitude pour nous.Cela m’aide à me sentir membre de l’Égliseuniverselle lorsque je célèbre la divine liturgie pourmes frères chrétiens d’autres pays. Ce sentimentde ne pas être seul est d’une grande importance,surtout dans la période difficile que traversel’Ukraine. »

Si la Bosnie-Herzégovine et l’Ukraine ont occupéplus de place dans notre travail cette année, despays comme le Kosovo, la Serbie, la Macédoine,le Monténégro et le Bélarus sont aussi desendroits où l’Église locale reçoit de l’aide. Finseptembre, AED a participé à une conférence aucours de laquelle d’autres organisations commela nôtre ont discuté de l’avenir des communautéschrétiennes qui s’y trouvent, le thème étant :comment soutenir les minorités chrétiennes desBalkans ? À suivre en 2016.

Russie : une rencontre historique !

Spécialiste de la Russie pour AED, PeterHumeniuk a qualifié d’« historique » la rencontreentre le pape François et le patriarche Cyrille deMoscou et de toute la Russie, qui a eu lieu àLa Havane à Cuba, le 12 février 2016. Pourquoil’insérer dans ce rapport 2015 ? « C’est unévènement qui a été précédé de 25 annéesd’efforts de la part d’Aide à l’Église en Détresse »,indique-t-il, la dernière visite en Russie d’unedélégation d’AED datant de février 2015. Après

Bosnie-Herzégovinela construction de nouvelles mosquées,financées de l’extérieur du pays, met-elle en danger l’équilibre actuel?

Stup/Sarajevoune croix au dessus du couventdes carmélites


près de 1 000 ans de schisme entre l’Églisecatholique romaine et l’Église russe orthodoxe, cerapprochement a été préparé dans une « rigoureuseconfidentialité ».

L’atmosphère de la rencontre a été « fraternelle »rapporte M. Humeniuk, et portait le caractère d’un« début de long chemin entre les deux Églises. »Selon lui, cette rencontre met aussi en évidenceun aspect moins réjouissant : celui de l’état dumonde. Les 30 points de la déclaration communereflètent cela : la situation critique du monde, lamenace d’une guerre mondiale, le génocide deschrétiens au Moyen-Orient et en Afrique du Nord,les menaces contre la famille et les valeurschrétiennes traditionnelles, surtout en Occident.« Il serait fatal, dans un tel contexte et en un telinstant, de ne pas pouvoir s’exprimer d’une seulevoix », estime le spécialiste.

Concernant la future coopération avec l’Égliseorthodoxe, l’examen approfondi de la déclarationcommune a commencé et se poursuivra, maisdéjà, dans la fidélité de cette déclaration, AED saitqu’elle encouragera les signes communs desolidarité avec les chrétiens persécutés au Moyen-Orient et centrera son soutien sur les activités etprogrammes communs qui font la promotion de lafamille au sens large.

En 2016, AED continuera son partenariat aveccette immense partie de l’Europe. Un voyage derencontres et de reconnaissance – afin de mieux

cerner les besoins de l’Église – est d’ailleurs prévudans les pays voisins de la Russie — d’anciennesrépubliques soviétiques — le Tadjikistan, leKirghizistan, et le Kazakhstan. La Russie elle-même fera aussi l’objet d’un voyage.

Population âgée et en baisse

La Roumanie, la Moldavie et l’Albanie sont despays peu présents dans l’actualité. Pourtant, lasituation migratoire y est dramatique. Par exemple,dans ces deux derniers pays, respectivement unsixième et près de la moitié de la population activevit et travaille à l’étranger. Ainsi, en Europe, ilssont au nombre de ceux et celles qui cueillent lesfruits et légumes qui se retrouvent sur la table desAllemands, des Français, des Italiens, etc.

Cette absence des plus jeunes crée un vide dansl’Église, pourtant on ne peut laisser s’écrouler uneÉglise parce qu’il n’y a plus qu’une poignée depersonnes âgées à la messe. Dans ces pays, AEDinvestit donc dans le soutien des prêtres et desséminaristes, dans la rénovation de presbytèreset dans le soutien aux catéchètes qui font grandiret entretiennent la foi des enfants et desadolescents, en plus d’aider aux déplacementssur de vastes étendues par l’aide au transport.

Le soutien des bienfaiteurs est donc vital dans cesrégions oubliées de l’Europe, mais toujoursprécieuses au cœur de Dieu.

Albaniele défi de lui donner un avenir dans son pays

L’histoire en action: la rencontre entre le patriarche de toutes la Russie,Cyrille 1er, et le pape François.


Moyen-Orient

En Syrie, le tragique de la guerre nousest raconté par les évêques du pays,dont Mgr Samir Nassir. « Après quatreheures de marche à travers lesmontagnes et les vallées, une mère de

famille a été forcée d’abandonner ses deux plusjeunes au bord du chemin parce qu’elle n’avait plusla force de les porter dans ses bras. » Ainsi, elle achoisi de faire vivre les deux autres.

Ou encore ce père de famille qui avait tout perduet qui comparait sa situation à celle d’un coléoptère

pris au piège au fond d’un récipient sans issue. « Ilcourt en rond jusqu’à mourir au fond. C’est masituation », disait-il.

Une présence de plus en plus fragile

Le patriarche Gregorios III, chef de l’Église gréco-catholique melkite utilise l’image du « tsunami »pour parler de la migration massive des chrétiensdu Moyen-Orient. En août 2015, dans une lettre

Le témoignage deschrétiens, semenced’espérance nouvelle !

Irakconfession au camp de réfugiédit de la Vierge Marie, à Bagdad

DEPUIS LE DÉBUT DES CONFLITS EN IRAK ET EN SYRIE, NOUS Y SOUTENONS LESCOMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES. « LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT RESTE DOMINÉE PAR LAGUERRE EN SYRIE ET LES ACTES DE VIOLENCE DE L’ÉTAT ISLAMIQUE (ÉI) EN IRAK », ÉCRIT LEPÈRE ANDRZEJ HALEMBA, RESPONSABLE DE LA SECTION DES PROJETS POUR CETTE PARTIEDU MONDE.


ouverte à la jeunesse, il écrivait que l’exode étaitsi grave qu’il remettait sérieusement en questionl’avenir de l’Église en Syrie. « La vague d’émigration[…] me brise le cœur, me blesse profondément etm’inflige un coup mortel. Quel est l’avenir del’Église face à un tel tsunami d’émigration ? […]Qu’adviendra-t-il de nos paroisses et institutionsreligieuses ? »

Nous répondons aux besoins de ceux et celles quirestent, par obligation ou par choix. En 2015, nousavons distribué de la nourriture, des vêtements,des couches et du lait maternisé, en plusd’apporter du soutien aux membres consacrés del’Église, qui de leur côté, continuent d’accompagneret de fortifier la population dans sa foi, malgrétout...

Ce travail humanitaire impressionne même les plusfanatiques, nous révèle le père Jacques Mourad,enlevé en mai et relâché en octobre. « Ce qu’Aide àl’Église en Détresse a fait pour nous aider a jouéun grand rôle dans ma libération », estime cetapôtre du dialogue interreligieux. En effet, un deses amis qui avait des liens avec l’État islamique(ÉI) a affirmé au père Jacques qu’il étaitimpressionné par l’aide matérielle qu’il avait fourniedans la ville de Qaratayn, dont AED a contribué pourune partie.

Irak, rien de gagné

Ce n’est pas parce qu’en certaines régions d’Irakles chrétiens vivent dans une liberté relative – lacapitale Bagdad – que tout est gagné. Au contraire,on remarque une islamisation inquiétante à causede projets de loi qui feraient régresser la libertéreligieuse. Tout cela donne aux chrétiens lesentiment d’être abandonnés et complètementnégligés par le gouvernement.

On peut aussi se demander si les secteursautrefois chrétiens des villes – toujours sous lecontrôle de l’ÉI ou en voie de libération – leur serontredonnés. « Aide à l’Église en Détresse est prête àgarantir une aide à la construction d’uneinfrastructure chrétienne » dans ces zones, affirmele responsable de projets pour cette section, lepère Halemba. Mais, sera-t-il trop tard ?

Égypte, la lumière au bout du tunnel ?

La décapitation de 21 Égyptiens coptes orthodoxessur une plage de Libye en février 2015 a été un faitmarquant de cette année tragique. Paradoxalement,cet événement est peut-être l’un des élémentsdéclencheurs d’une plus grande sympathie de lapart du peuple égyptien envers l’une de sesprincipales minorités religieuses.

À la suite de ce martyr, le président égyptien a nonseulement bombardé des positions de l’ÉI en Libye,mais il a aussi commencé la construction – auxfrais de l’État – d’une grande église en leurmémoire. Par ailleurs, la localité d’origine desmartyrs a été renommée « village des martyrs ».Enfin, plusieurs musulmans ont transmis desmessages de condoléances et ont affirmé admirerla fidélité à leur foi des personnes assassinées.Pour le pape copte orthodoxe Tawadros II, l’Égypteest « sur le chemin du renouveau. » Après desannées de discrimination et de persécution, leschrétiens voient-ils enfin la lumière au bout dutunnel ?

Irakune femme déplacéede la Plaine de Ninivedans une robetraditionnelle


Nouvelle famine en Éthiopie

L’Éthiopie est l’une des chrétientés les plusanciennes du monde, mais elle compte aussi ungrand nombre de nouvelles communautéschrétiennes et des zones de premièreévangélisation, car certaines tribus entrent pour lapremière fois en contact avec le christianisme. Ceszones n’ont pas d’électricité, manquent d’eau et secaractérisent par une chaleur extrême. Panneauxsolaires et ânes sont des trésors dans ces régionsreculées, c’est pourquoi les bienfaiteurs d’AEDparticipent à leur achat.

Les réfugiés du Soudan du Sud sont aussi trèsnombreux en Éthiopie, pays qui compte le plusgrand nombre de réfugiés du continent africain.Nous sommes présents afin de soutenir cespopulations par le biais des communautéscatholiques locales. Enfin, d’autres régions fontface à une famine. Notre œuvre s’est engagée àsoutenir plus de 1400 familles de catéchistes,devenant ainsi le premier organisme à aider l’Églised’Éthiopie à traverser cette crise humanitaire quifrappe environ 18 millions de personnes.

Syrieune famille en deuil aprèsl’attaque de l’État islamique

© Secretary of Syriac Orthodox Metropolitan of Homs and Hama

Éthiopiesud-soudanais dans des campscatholiques de réfugiés


T out d’abord, en Amérique du Sud,nous restons fermes dans notreengagement auprès de l’Église deColombie et de Bolivie, qui ont vutoutes les deux 12 projets

approuvés, à parts égales (6-6), en soutien auxséminaristes et à la promotion des vocations.Mais, c’est l’Église du Pérou qui, cette année,obtient la part du lion. En effet, 19 projetspermettent maintenant une meilleure formationdes futurs prêtres. Et pour cause : le défi quel’Église y rencontre face à la venue de nouvellestraditions religieuses, parfois aux accentssectaires et au prosélytisme agressif, est grand.

De plus, bien qu’elle soit de tradition catholiqueséculaire, la population a un niveau deconnaissance religieuse généralement faible.

Le soutien au service des prêtres et à la formationd’équipes de catéchistes laïcs, ainsi que laconstruction de petites chapelles sont absolumentdéterminants pour que la Parole et le visage deDieu puissent atteindre cette population trèsnombreuse, pauvre et abandonnée. Noussoutenons ce développement.

MutationintercontinentaleL’AMÉRIQUE LATINE (AMÉRIQUE DU SUD ET CENTRALE) EST UNE RÉGION EN PLEINCHANGEMENT. SI L’ÉCONOMIE SE PORTE MIEUX DANS CERTAINS PAYS ET PERMET ENFIN AUXÉGLISES LOCALES DE DÉVELOPPER UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE FINANCIÈRE, LES VALEURSVÉHICULÉES PAR LA THÉOLOGIE DE LA PROSPÉRITÉ* VIENNENT PARFOIS CONTRECARRERCELLES QUE PORTE L’ÉGLISE CATHOLIQUE DANS SON TRAVAIL AUPRÈS DES PLUS DÉMUNIS.REGARD SUR 425 MILLIONS DE CATHOLIQUES (40 % DES CATHOLIQUES DANS LE MONDE) QUIVIVENT DES MUTATIONS ÉCONOMIQUES, POLITIQUES, SOCIALES ET RELIGIEUSES.

Amérique Latine

Pérouune Église qui grandit,qui a besoin de vous


Un travail dangereux qui porte des fruits

La région des hauts plateaux du sud est l’une desplus pauvres du Pérou et comporte une forteprésence autochtone constituée de Quechua etd’Aymara. Depuis dix ans, AED soutient résolumentles nouveaux évêques afin qu’y soit renforcés lesséminaires locaux, qui étaient autrefois presquedépourvus de vocations. En raison du manque deprêtres, de nombreuses paroisses de la Sierra –chacune rassemblant en général plus de 30 petitescommunautés isolées – ont été négligéespastoralement, voire abandonnées.

Ces dix dernières années permettent doncd’apprécier les premiers fruits d’un servicevéritablement missionnaire, malgré les difficultés,et qui s’avère parfois dangereux pour les membresde l’Église locale.

On peut aussi parler de situation difficile etdangereuse pour une autre Église, celle-ci situéeen Amérique Centrale. Au Guatemala, les gangs derue violents – phénomène observable égalementau Honduras et au Salvador – peuvent s’expliquerpar des situations familiales difficiles et unsystème d’éducation incapable d’atteindre leszones marginales. L’Église accepte la difficilemission d’être avec ces jeunes, pour qu’un joursoit renversé le cycle de la violence.

Il existe des signes d’espérance. Par exemple auGuatemala, il est fréquent d’assister à descélébrations où la participation populaire estimportante, en particulier parmi les jeunes. Dans

de nombreuses communautés, les retraites etrencontres de jeunes bénéficient également d’unegrande popularité et d’un grand engagement deslaïcs.

Dans le même temps, les vocations sacerdotalesaugmentent progressivement. Les pèresmissionnaires arrivés de l’étranger sont en traind’être remplacés par une nouvelle génération dejeunes prêtres locaux, et ce, d’une manière plusévidente à l’extérieur de la capitale Guatemala City.Dans ce délicat processus de changement degénération, crucial pour l’avenir de l’Égliseguatémaltèque, il est extrêmement important dedonner à ce jeune clergé une formation adéquate etdes moyens matériels afin qu’il développe son servicepastoral, surtout dans les régions les plus pauvres.

Le paradoxe du Guatemala est que, bien qu’on yobserve une augmentation, l’Église catholique esttoujours constituée de moins de la moitié des 14 millions d’habitants. Les autres traditionsreligieuses sont évangéliques et forment 38 % dela population, contre 46 % pour les catholiques,tandis que 14 % ne revendiquent officiellementaucune affiliation religieuse. Enfin, le 2 % restantse répartit parmi d’autres traditions protestantes.

Une construction, signe de Dieu

Le soutien que nous accordons au pays cesdernières années s’est principalement concentrésur de petites subventions aux projets deconstruction, principalement pour des églises etdes chapelles. Après notre visite de l’an dernier,nous pouvons confirmer que ce type d’aide, joint àun renforcement des initiatives de formation,répond à une exigence particulière de l’Égliselocale : les chapelles, dans de nombreux cas, enplus d’être des lieux de rendez-vous, représententl’unité et le centre de la vie d’une communauté.

La population manifeste un engagement fort pour laconstruction d’églises, fournissant la main-d’œuvreet toute l’assistance possible, et ce, malgré sesmoyens limités. La construction de ces lieuxrenforce le sentiment d’appartenance à l’Église etneutralise l’action agressive des sectes, tant dansles villes et que dans les plus petits villages.

Aide à la subsistance en Amérique Latine : ici, des religieuses qui bénéficent soutien des bienfaiteurs d’AED


Dans le pays voisin, le Salvador, la béatification deMgr Romero, martyr de la foi, a retenu l’attention.Nous y soutenons les initiatives de l’Église localequi visent à guérir les blessures de la guerre civiledes années 80, au cours de laquelle lebienheureux a trouvé la mort, tout comme desmilliers de chrétiens catholiques, de catéchistes-laïcs, de religieuses et de prêtres, témoins de lafoi. Par la construction de lieux de prière etdiverses publications, AED renouvelle sonengagement à panser les plaies de la guerre civile,dans l’esprit de l’Année de la miséricorde.

Plus au nord, les conditions sont toujours critiquesdans la perle des Antilles, Haïti. À cause de sonmanque de développement et d’un climat politiqueinstable et violent, la reconstruction des chapelles,des églises, des couvents, des presbytères etd’autres édifices ecclésiaux est toujours difficile,six ans après le terrible tremblement de terre dejanvier 2010. Le coût élevé des études sismiquespréliminaires – nécessaires à la reconstruction –ajouté aux coûts de transport des matériauxcomplique ces travaux.

Pourtant, nous continuons notre soutien à l’Égliselocale. La reconstruction, si elle est importante,n’est pas le seul moyen qui y est encouragé. Nousaidons l’Église locale à cerner les meilleursmoyens pour l’évangélisation des plus pauvres.Enfin, nous avons également aidé par l’achat demoyens de transport, tout comme nous l’avons faitailleurs en Amérique latine.

Un voyage d’espérance : le pape à Cuba !

Ulrich Kny, responsable de projets de la sectionlatino-américaine qui comprend Cuba, écrit à proposde la visite du pape François dans ce pays : « Mêmesi de nombreux observateurs ainsi que la presseinternationale ont voulu avant tout attribuer unegrande importance politique à la visite du pape, etsi certains ont regretté que les violations des droitsde l’homme et autres violences dans le pays nesoient pas plus sévèrement critiquées, il ne faut pasoublier que ce n’est pas avant tout en tant que chefd’État, mais en tant que missionnaire de la charitéque le Souverain Pontife est arrivé à Cuba ».

« Dans ses bagages, il a surtout apporté lemessage de la “logique de l’amour” de Jésus : unamour désintéressé au service de son prochain ;un amour qui, avec un regard de charité, estcapable de transformer les cœurs ; un amourpénétrant qui vient rendre visite et construit desponts ; un amour qui se manifeste surtout dans lavie familiale. Le pape François a invité “à vivre larévolution de la tendresse comme Marie, la Mèrede la Miséricorde.” À La Havane, il a appelé lesjeunes à une culture de la rencontre et, malgré lesdifférences de points de vue, les Cubains doivent

Cubafinalement, l’Église sort peu à peu dederrière les murs : Alleluia!

Cubale pape François, une visite historique, ici lors des Vêpres avec les prêtres,les religieux et les religieuses


construire une amitié sociale à la recherche dubien commun, et ils doivent partir ensemble à larecherche de l’espérance, de l’avenir et de lanoblesse de la patrie. »

Fait inusité, la télévision d’État cubaine a renducompte de la visite du pape par desretransmissions en direct et des documentaires, àun niveau jusqu’alors inconnu. C’est la premièrefois depuis la révolution castriste qu’un prêtrecatholique a été autorisé à commenter en directles retransmissions télévisées. Des millions deCubains ont ainsi pu suivre les homélies et lesdiscours captivants de François dans leur languematernelle. Même les gestes du Saint-Père – samanière d’aller vers les gens, d’accorder toute sonattention aux personnes qui ont pu le saluerpersonnellement, et de bénir les malades et lesenfants – son ouverture, sa chaleur et sonhumanité sont restées gravés en profondeur dansles cœurs de tous les Cubains.

Ceci étant dit, les défis y sont toujours très grandspour les chrétiens. « Même si, de prime abord, lasituation d’ensemble n’a pas beaucoup changé àCuba, les évêques, prêtres, religieux, religieuses etlaïcs se sont engagés avec une créativitéimpressionnante pour que ces graines seméespuissent continuer à se développer », rappelle M. Kny.

Le soutien de cette Église demeure essentiel, entreautres en finançant la création de locaux pour lacélébration et la transmission de la foi, l’éducation

et la formation continue. Nous assurons aussi pourcertains collaborateurs ecclésiaux une aide desubsistance et une aide à la mobilité. La distributionde Bibles et de matériel catéchétique ainsi que ladiffusion de symboles religieux sont aussi auprogramme dans cet État où 60 ans de régimecommuniste ont profondément imprégné lapopulation. Le taux de pratique religieuse – toutestraditions confondues –, n’atteindrait que 15 %.

Plus au Sud, la corruption handicape

Enfin, en Argentine et au Brésil, la constructiond’églises et de chapelles est un signe d’espérance,dans des pays gangrenés par la corruption. « Leséglises et les chapelles sont un signe visibled’espérance, de vie, d’amour et du fait qu’il y aquelque chose de plus sur le chemin », commel’écrit un partenaire qui vit dans une banlieuedensément peuplée et violente de Buenos Aires,capitale de l’Argentine.

Nous ne pourrions terminer notre tour d’horizonlatino-américain sans nommer les pays où d’autresÉglises locales bénéficient du soutien généreux desbienfaiteurs d’Aide à l’Église en Détresse :Venezuela, Chili, Paraguay et Uruguay. Dans cedernier pays, très sécularisé, l’Église locale est l’unedes plus pauvres du continent, et ce, malgré uneéconomie stable. Notre soutien y est aussi essentiel.

« La grande majorité de nos partenaires de projetssont conscients du fait que notre aide repose sur laprière et la générosité désintéressée », conclut UlrichKny. « Les rapports souvent émouvants, témoignageset lettres de remerciement que nous recevonsd’Amérique latine en témoignent. C’est bienvolontiers que nous transmettons nos remerciementsà nos bienfaiteurs et les assurons de la prière parlaquelle de nombreux évêques, prêtres, religieuseset laïcs prennent leur “revanche” pour la charité quileur a été témoignée. »

Brésilgroupe de pastoralejeunesse en prière© Fabio Varela

*Croyance religieuse qui prétend que Dieu accroit lesrichesses financières d’une personne, par rapport à lagrandeur de sa foi.


P ar où commencer ? D’abord, le géantchinois. Ce dernier continue d’être,malgré des difficultés actuelles, unjoueur clé de l’économie mondiale. Parcontre, il en est tout autrement en ce qui

a trait à la question des libertés fondamentales. Leparti communiste au pouvoir depuis la révolution de1949 désire que les religions développent uneréflexion théologique « sinisée », d’après les mots duprésident Xi Jiping (mai 2015), ce qui signifie, servirles buts du socialisme tel que conçus par lesdirigeants de l’Empire du Milieu. Selon certainsexperts, le Régime se sert de cette expression pourpréserver la stabilité de la société en ces tempséconomiques difficiles.

En 2015, la campagne d’élimination des croix et dedestruction des lieux de culte dans la province duZhejiang (sud-est) a continué d’inquiéter lesparoisses, même si ce sont surtout des Églisesprotestantes qui ont été ciblées. Certains estiment

qu’en 2015, 1 500 croix ont été enlevées, sanscompter les églises démolies en totalité ou en partie.

Pourtant, nous observons une croissance constantede l’Église catholique en Chine et les croyantscontinuent de vouloir approfondir leur foi. Le pouvoird’attraction des paroisses catholiques ne se démentpas, surtout auprès de jeunes citadins instruits.Signes d’une maturité certaine, de nombreusesparoisses ont organisé des veilles de prières pour leschrétiens de Syrie et d’Irak pendant le carême,répondant ainsi à l’appel du pape François. Notrespécialiste de la Chine écrit : « […] même lesinnombrables efforts déployés par l’État pourréglementer, inventorier et contrôler l’Église, etnotamment pour démanteler ses croix, attestent quejusqu’à présent, l’État n’est pas parvenu à endiguerla propagation du christianisme dans la Républiquepopulaire. »

Une foi forte

Chineun pays où l’Église catholique croît, malgré tout

LE CONTINENT ASIATIQUE EST UNE PLANÈTE EN SOI. TANT DE CULTURES ET DE SITUATIONSSOCIALES DIVERSES S’Y CÔTOIENT. L’ÉGLISE CATHOLIQUE Y EST DE PLUS EN PLUS PRÉSENTEET JOUE UN RÔLE CLÉ DANS LE DÉVELOPPEMENT D’UNE PLUS GRANDE JUSTICE SOCIALE, DELA RECHERCHE DE SENS ET DU DIALOGUE ENTRE LES CULTURES ET LES RELIGIONS.

Asie


Myanmar/Birmanie, c’est la joie d’unesociété à construire

Le retour de la démocratie est un baume sur unesociété qui a vécu dans un régime de peur pendantdes décennies. L’Église s’est tenue aux côtés decette population en détresse et voit maintenantl’avenir avec beaucoup d’espérance.

Par contre, l’héritage de la junte militaire estempoisonné : dommages indescriptibles causés àl’économie, à l’écologie et surtout, aux âmes du pays.Les responsables pastoraux auront fort à faire afin dedonner une orientation aux fidèles, protéger les jeunesde la toxicomanie, de la traite de personnes et de laprostitution. Il faudra aussi démontrer qu’il existed’autres choix que le matérialisme, en plus de devoircombattre la pauvreté, renforcer les familles et veillerà ce que l’Église propose à nouveau sa proprecontribution au système éducatif.

La chance de l’Église de Birmanie est que lapopulation y est très croyante, et ce, quelle que soitla tradition religieuse. De plus, selon les régions,entre 65 % et 90 % des catholiques participent à lamesse dominicale. Enfin, la prière du Rosaire est trèscourue. Du côté de l’éducation de la foi, lescommunautés religieuses féminines montrent un fortintérêt pour l’apostolat de la Bible.

En 2015, notre soutien à l’Église birmane s’est traduitpar la construction et la rénovation de chapelles,d’églises, de centres de formation, de presbytères etde maisons religieuses. Jumelée à une formationadéquate de la foi, la présence de ces édificesreligieux enracine les communautés chrétiennes.

Enfin, comme une prémisse pour cette année plutôtréjouissante, le consistoire de février 2015 a offertau pays son premier cardinal, l’archevêque deYangon, Mgr Charles Maung Bo.

Bangladesh, la liberté attaquée

Du côté de ce petit et plat pays, entouré par le géantindien, la situation est difficile. Si la pauvreté compteparmi les difficultés, la persécution y est de plus enplus importante pour la minorité chrétienne. Un prêtredes missions étrangères italien, le Père Paroli, a étéattaqué à l’arme à feu : un véritable traumatisme pourlui et la communauté chrétienne. Sans compter despasteurs protestants et des tenants de la laïcité quiont reçu des menaces de mort ou ont été eux aussila cible de musulmans fanatiques. « La communautéchrétienne vit sous tension », nous a témoignél’évêque de Dinajpur, Mgr Sébastien Tudu, quidemande de prier pour son pays, et plusparticulièrement pour son diocèse.

Plus au sud au Sri Lanka, la visite du pape Françoisen janvier a été un franc succès, « doublée d’uneimmense opportunité pour ouvrir enfin un véritablechemin de réconciliation entre Tamouls etCinghalais », estime Véronique Vogel, responsable deprojets pour cette section de l’Asie. Ainsi, François asu jeter des ponts de fraternité en direction d’unepartie de la communauté bouddhiste, hostile à laminorité chrétienne.

Dans son discours à la communauté catholique, lepape a mis l’accent sur le nécessaire travail demémoire indispensable pour refermer les blessureset les injustices du passé liées à la guerre civile. Liantla parole aux actes, il a rencontré des famillestamoules et s’est recueilli au sanctuaire marial deMadhu (vieux de 400 ans), en plus de canoniser lebienheureux Joseph Vaz, considéré comme l’apôtrede Ceylan. La formation continue des prêtres et desséminaristes, la construction ou la reconstructiond’églises et de centres pastoraux ainsi que laréfection du séminaire national comptaient parmi lesprojets soutenus en 2015.

Inde: liberté religieuse menacée?

Créer une nation pure, uniquement menée parl’hindouisme. Voilà, en résumé, ce que désire le partiultranationaliste au pouvoir en Inde, le BJP. Lesexactions, les tracasseries administratives et lesinjustices dont sont victimes les chrétiens sontnombreuses.

En 2015, deux religieuses ont été violées dans l’Étatdu Bengale. Et, « ce ne sont pas des accidents deparcours isolés », estime Mme Vogel, égalementresponsable de projets pour cette région. Au

Myanmar/BirmanieBible en langue birmane


Chhattisgarh et dans le Madhya Pradesh, les lois anti-conversion, très strictes, créent un climat d’insécuritépalpable chez les catholiques.

Par exemple au Chhattisgarh, le gouvernementrégional veut être un champion de la modernité :développement du réseau routier, quartiers entiers enconstruction, appui à l’industrie minière, etc. Tout celase fait au détriment des tribus qui y habitent depuisdes centaines d’années. En accord avec les principesde pastorale sociale, l’Église les défend.

Une autre particularité est que l’extrémisme hindouignore totalement la contribution des minorités à lasociété indienne, qui est multiculturelle,multireligieuse et multiethnique, et dont les chrétiensfont partie depuis des centaines d’années.Heureusement, dans certaines régions ils jouissentd’une reconnaissance importante, et des hindous nonfanatiques vont jusqu’à nommer et honorer Jésusdans leur pratique, le nommant Khrist Bhakta etfréquentant les sanctuaires chrétiens.

Malgré tous les problèmes, nous avons pu aider à laconstruction et à la réfection de bâtiments ecclésiauxet contribuer à la formation pastorale des Dalits, lesintouchables. Bref, l’Église reste forte malgré lesmenaces, dans cette démocratie si diverse.

Juste au nord, une incursion au Népal nous permetaussi de constater cette montée de l’extrémismehindou, dans un pays qui continue à subir lesconséquences des séismes des 25 avril et 12 mai2015. Y donner du soutien était plutôt complexepuisque les ressources financières venant del’extérieur ont été accaparées par le gouvernementafin de « gérer et de coordonner au mieux » l’aidehumanitaire. Le blocus a été levé récemment etpermettra peut-être de soutenir l’Église népalaise pourlaquelle le Vicaire général, Mgr Paul Simick, nousdemande de prier.

Pakistan : forte et souffrante

Malgré ses nombreuses souffrances, l’Églisepakistanaise montre une force admirable. Parmi lescinq à six millions de chrétiens, environ la moitié estcatholique. Notre soutien y est semblable à celui quiest donné par AED partout dans le monde, mais nousdevons aussi penser que les chrétiens doivent seprotéger. Nous les aidons à mettre en place desmesures de sécurité autour des édifices religieux età protéger les fidèles.

Preuve d’une foi exemplaire, le Centre pour la paix deLahore est dirigé par le père James Channan,dominicain qui, malgré les lois discriminatoires et lesmenaces constantes des extrémistes, continue àvouloir appliquer à la lettre l’esprit d’amour del’Évangile. Le dialogue interreligieux qu’il y pratiqueest un modèle qu’AED soutient.

Enfin, ce portrait du grand continent asiatique seraitincomplet sans les chrétiens des Philippines. Dans cepays majoritairement catholique (80 % des 100 millionsd’habitants), l’Église fait face à de grands défis, dontla croissance de l’inégalité et du matérialisme. Leshésitations du gouvernement dans la gestion de lacrise et du processus de paix sur l’île de Mindanao(90 % de musulmans), n’y aide pas la situation deschrétiens. Nous y soutenons les initiatives de dialogueinterreligieux, dont le mouvement Silsilah qui fêtait en2015 son 30e anniversaire.

Enfin, nous sommes toujours impliqués dans lareconstruction de structures ecclésiales, détruiteslors du passage du puissant typhon Yolanda en 2013.

Pakistandans le bidonville nommée Lane 7

Pakistandes enfants dans le village chrétien de Bethléem


A insi, 43 203 prêtres ont étésoutenus, dont 1 213 d’entre euxayant la responsabilité de laformation des séminaristes. Il y aégalement 6 662 prêtres issus de

93 différentes communautés religieuses qui ont puprofiter d’honoraires de messe. En 2015, Aide àl’Église en Détresse a donc soutenu un prêtre surneuf dans le monde par des honoraires de messe.La répartition des offrandes de messe a été lasuivante : 42,22 % en Afrique, 26,09 % en Asie,15,57 % en Amérique latine, 14,33 % en Europe del’Est, et 1,79 % en Europe occidentale. Pour unmontant total de 17 017 208 $ CAN.

Nigeria : la force du Rosaire

Les témoignages se comptent par milliers : lesoffrandes de messe permettent la présence de Dieulà où se trouvent la misère et la grande pauvreté.Voici deux exemples de situations qui rappellent laforce de la prière et de la solidarité spirituelle !

Au Nigeria, le diocèse de Maiduguri a été mis à rudeépreuve ces dernières années. Il se situe dans lenord-est du pays, dans la région qui subit le plus laviolence du groupe terroriste Boko Haram. Depuis2009, 100 000 habitants du diocèse ont été obligésde fuir. Plus de 5 000 catholiques ont été tués, de

République centrafricainemesse du matin dans laCathédrale Saint Pierre Claverà Bangassou

LA FORCE D’UNRÉSEAU D’AMOUR ! IL Y A LIEU DE SE RÉJOUIR ! LE NOMBRE D’OFFRANDES DE MESSE QUE NOUS AVONS PUTRANSMETTRE EN 2015 À DES PRÊTRES DU MONDE ENTIER A DE NOUVEAU AUGMENTÉ. PARRAPPORT À L’ANNÉE PRÉCÉDENTE, IL Y A EU UNE AUGMENTATION DE 212 317 OFFRANDESDE MESSE, SI BIEN QUE NOUS AVONS DISTRIBUÉ AU TOTAL 1 431 380 OFFRANDES DE MESSE.CE SONT DONC 3 921 MESSES QUI ONT ÉTÉ CÉLÉBRÉES QUOTIDIENNEMENT AUX INTENTIONSDE NOS BIENFAITEURS. EN MOYENNE, UNE MESSE TOUTES LES 22 SECONDES !

Offrandes de messe


nombreux bâtiments, écoles et hôpitaux de l’Égliseont été détruits.

Mgr Dashe Doeme a vécu une expérienceimpressionnante fin 2014. Alors qu’il priait leRosaire dans sa chapelle, devant le SaintSacrement, il affirme que Jésus lui est apparu. Iln’a rien dit et lui a offert une épée. Il l’a prise, etune fois dans ses mains, elle s’est transformée enchapelet. Jésus a alors dit trois fois : « Boko Harama disparu. » L’évêque a déclaré à ce sujet : « Il m’estclairement apparu que nous pouvions chasser BokoHaram par le Rosaire ». Tout d’abord, il n’a rien vouludire de cette expérience à qui que ce soit, maisensuite, il s’y est senti poussé par l’Esprit saint. Ilen a d’abord parlé aux prêtres de son diocèse.

Quelques mois plus tard, la situation s’esteffectivement améliorée : au printemps de l’annéedernière, une force d’intervention de l’arméenigériane, associée à des troupes tchadiennes etcamerounaises, a réussi à reprendre certains desvillages nigérians occupés par Boko Haram.

Certains réfugiés ont alors pu retourner dans leurpatrie.

Il faut maintenant que les gens reconstruisent leurvie. Mgr Dashe Doeme les encourage, au cours demesses de réconciliation et de rédemption, à resterfermes dans la foi, malgré les souffrances qu’ils ontvécues. Par ailleurs, il les encourage à suivrel’exemple du Christ et à pardonner aux terroristes.Ils ne doivent pas se laisser égarer par des penséesde vengeance ou de représailles qui conduisentfinalement à un cercle vicieux de violence et deguerre. L’évêque est convaincu que la guérisonn’est possible que si les fidèles pardonnent etregardent vers l’avenir avec beaucoup d’espéranceet de confiance.

Actuellement, les prêtres et les sacrements sont plusnécessaires que jamais afin de favoriser leprocessus de guérison et de pardon, mais beaucoupde prêtres ont eux-mêmes subi des choses terribles.Dans le diocèse de Maiduguri, plus de la moitié desprêtres ont dû fuir face à Boko Haram et n’ont plusrien. C’est pourquoi, en 2015, Aide à l’Église enDétresse a transmis des honoraires de messe d’unevaleur de 43 500 $ CAN à 69 de ces prêtres.

Inde

L’an dernier, les 23 pères jésuites qui s’occupentde la pastorale des cueilleurs de thé, dans l’Étatd’Assam, ont reçu de nos bienfaiteurs 900offrandes de messe, pour un montant total de10 440 $ CAN, afin de pouvoir continuer leurprécieux apostolat au profit des personnesdéfavorisées.

L’État d’Assam, dans le nord-est de l’Inde, est laplus vaste région productrice de thé au monde.

Des millions d’individus travaillent dans lesplantations. Beaucoup d’entre eux font partie deminorités ethniques défavorisées. Ils ne savent nilire ni écrire et sont exploités. Les parents travaillentdu petit matin jusque tard le soir dans lesplantations. Ils n’ont guère le temps de s’occuperde leurs enfants, et comme ils n’ont eux-mêmesaucune scolarité, ils n’envoient pas leurs enfants àl’école.

Les Jésuites sont donc présents afin de lesinstruire. De plus, les adultes participent ! Enfin, ilsoffrent également un soutien pastoral et spirituelaux cueilleurs. Une présence qui rappelle à cespersonnes surexploitées qu’elles ont aussi ladignité d’enfants de Dieu. Leur transmettre l’amourde Dieu est une tâche essentielle. Grâce auxoffrandes de messe, cette présence gratuite etinfiniment aimante est possible. Merci !

Indeun prêtre avec une famille,dans le diocèse d’Hyderabad


Pour notre organisme, un projet de boursed’études est réussi lorsque l’étudiant retournedans son Église locale, qu’il enseigne dans unefaculté de théologie, un noviciat, un centreinterrégional de catéchèse, ou par tout autre

moyen officiel mis en place par l’Église locale, et qu’iltransmet à la nouvelle génération la flamme missionnaireet la passion pour la théologie. Donc, l’obtention d’unebourse ne s’arrête pas au seul soutien financier, mais elledoit devenir prolifique autant pour l’individu que pour lacommunauté locale.

Ce qui nous réjouit particulièrement cette année, c’est quecertains évêques aient été autrefois titulaires de nosbourses.

Des bourses aux pouvoirs insoupçonnés

Le défi de l’attribution des bourses est aussi celui desÉglises locales : savoir répondre aux défis de la société dupays. Ainsi, l’un de nos boursiers est originaire du Moyen-Orient. Il espère la paix en Syrie. Comme ses confrères etconsœurs – chrétiens ainsi que musulmans de bonnevolonté – avaient encore un besoin urgent de lui, il nous ademandé, il y a deux ans, de reporter sa bourse. Dieu seulsait quand et comment il pourra utiliser ses connaissancespour la reconstruction. Nous prions pour que cela arriverapidement.

Dans d’autres cas, les études que nous soutenons serventà renforcer l’identité d’une Église unie à Rome, commepour le cas d’un étudiant en liturgie de l’Église d’Orient.Les études ont parfois des conséquences beaucoup plusimportantes que prévues lorsque, par exemple, les fruitsdes études se font sentir non seulement en Inde (paysd’origine), mais aussi jusque dans les pays du golfe et enAfrique.

Une religieuse nous provient de Bélarus. Elle étudie lapsychologie à la Grégorienne de Rome. Pendant sesvacances semestrielles, elle met déjà à contribution ce

qu’elle apprend en soutenant les personnes ayant desproblèmes d’alcool et de drogue. Elle prépare aussi lesaumôniers qui aident les jeunes ayant des problèmesd’alcool, beaucoup trop nombreux dans ce pays de neufmillions d’habitants. Elle les aide à trouver un moyen desortir de la dépendance et de s’ouvrir à Dieu. En outre, ellesoutient les responsables de la formation des prêtres dansleur mission.

Principal ingrédient du dialogue : humilité

D’autres étudiants ont des défis qui concernent la fin dufondamentalisme et le début du dialogue : quel défi ! Ainsi,un prêtre du nord du Nigéria est particulièrementimpressionnant. Il est le seul chrétien de sa famille et seprépare, par ses études, au dialogue avec les musulmans.À la question de savoir si le dialogue est possible, il répondseulement : « oui. » À la question de savoir quelles qualitésun chrétien doit avoir pour dialoguer, il a répondu : « del’humilité et des connaissances approfondies. » À laquestion de savoir si l’humilité est la bonne attitude à avoir,compte tenu du sentiment de supériorité des musulmans,sa réponse fut : « l’humilité plutôt que la soumission, maisune humilité qui provient d’un témoignage fort de la foi etd’une profonde connaissance de la foi. » C’est cela quimanque, selon lui, à l’Occident.

Notons enfin que de nombreux étudiants – majoritairementdes religieuses – viennent se former à Montréal au Canadaà l’Institut de Formation Humaine Intégrale de Montréal(IFHIM). Elles apprennent entre autres à y devenir « desbâtisseuses de ponts pour la paix » dans leurs pays,souvent en proie aux nombreux problèmes que posent lapauvreté extrême et l’exploitation injuste et dangereusedes ressources naturelles, particulièrement en Afrique eten Amérique Latine.

En 2015, 33 % des boursiers et boursières d’AEDproviennent de l’Afrique, 33 % de l’Asie, 18 % del’Amérique latine et 16 % de l’Europe de l’Est.

Indebourse d’étude pour 20 étudiantesreligieuses à l’Académie Mater Dei de Goa

En 2015, le nombre de bourses d’études accordées parAide à l’Église en Détresse a globalement diminué. Un

problème de précision s’observe. Ainsi, dans lesdemandes d’attribution des bourses, nous ne pouvons pas

toujours saisir clairement si l’Église locale a réellementpour objectif de mettre en œuvre les capacités du

nouveau diplômé à l’intérieur de sa pastorale locale.

Boursesd’études

PRÉCISER LES DEMANDES


MédiasCommuniquer les besoins de nos partenaires grâce aux

moyens modernes et à la dernière pointe de la technologie,voilà le grand défi rencontré par la section descommunications d’Aide à l’Église en Détresse.

E n 2015, l’équipe de presse a produit denombreux articles écrits, desreportages et produit des émissions deradio et de télévision, deux moyens detélécommunications « classiques » afin

de rejoindre ses bienfaiteurs et le monde. Ce quin’empêche pas l’utilisation de plus en plusimportante des réseaux sociaux, essentiels en cestemps d’instantanéité.

Preuve de cette utilisation de plus en plusimportante de l’image comme moyen de touchernos bienfaiteurs, notre service photographique esttrès sollicité : 643 demandes provenant des 21 bureaux nationaux, pour 4 889 fichiersphotographiques. De plus, de nouvelles photoss’ajoutent tous les jours, totalisant aujourd’hui plusde 51 000 photos en archives ! Une mined’information visuelle sur l’Église dans le monde,facile à utiliser sur les réseaux sociaux que sontFacebook, Twitter, Instagram, Pinterest, pour nenommer que les plus utilisés.

L’image comme moyen d’invitation

À l’ère de l’image, joindre nos bienfaiteurs grâce àces moyens est devenu essentiel, en plus d’êtretrès économique et rapide. L’an dernier, sixcampagnes majeures de prière utilisant ces réseauxont permis d’alerter nos bienfaiteurs surl’enlèvement du père Jacques Mourad en Syrie –remis en liberté à l’automne –, les élections auNigeria, ou bien la visite du pape en Afrique. Toutesdes occasions pour chacun des 21 bureaux

nationaux de présenter le visage de nos partenaires,et puis de rappeler les trois mots clés del’organisation : informer, prier, agir !

Un potentiel « sans précédent » pourraconter

« Notre responsabilité est alors d’être fidèles à cettevoix [de l’Église] », rappelle d’ailleurs MarkRiedemann, directeur de la section descommunications pour Aide à l’Église en Détresse.« Comme ce sont des projets qui sont mis au cœurde notre travail de communication – que ce soit parla télévision, la presse ou les médias sociaux –notre public cible s’identifie à nos partenaires deprojets et reconnaît Aide à l’Église en Détressecomme le canal par lequel répondre aux besoinspastoraux de l’Église souffrante et persécutée. »

« Le potentiel pour raconter l’histoire de l’Églisesouffrante – de façon à ce qu’elle ne soit pas isoléedans sa souffrance – et faire connaître notre travailest sans précédent », estime-t-il.

Une qualité reconnue et voulue !

La qualité audiovisuelle de la productiondocumentaire de Catholic Radio Television Network(CRTN) – compagnie de production audiovisuellepartenaire de notre œuvre – se reflète dans lenombre croissant de réseaux de télévision quidemandent notre programmation.

SAVOIR COMMUNIQUER L’ÉGLISE SOUFFRANTE

République centrafricaineprojet radio RND


Where God Weeps et Donde Dios Llora, émissionsphares, produites à la fois pour la télévision et laradio, ont de nouveau été diffusées. Au fil du temps,l’émission s’est développée, atteignant aujourd’huihuit réseaux de télévision catholiques dans cinqpays, et la version espagnole atteint déjà sixréseaux de télévision catholiques dans 19 pays.Sept documentaires en quatre langues ont aussipermis de présenter le travail de l’Église dans lemonde. CRTN a aussi renouvelé les accords dediffusion existants, ou en a passé de nouveaux,avec 62 chaînes de télévision catholiques dans lemonde entier : 27 réseaux de télévision là où setrouvent les bureaux nationaux, et 35 réseaux detélévision catholiques ou publics supplémentairesdans 19 pays en dehors de ceux qui sontreprésentés par des bureaux nationaux.

Au Canada, le bureau canadien produit toujours unequarantaine d’émissions de radio, Vues d’ailleurs,émission francophone diffusée sur la chaînecatholique Radio VM. La saison hiver-printemps apris fin en avril, et de nouvelles émissions serontproduites dès le mois d’août. En anglais, Salt andLight TV et EWTN continuent de présenter WhereGod Weeps et les documentaires produits par CRTN.

Sensibiliser : un marathon qui portedes fruits

La défense des intérêts des chrétiens persécutés faitpartie de notre ADN. Il est parfois nécessaire demieux faire connaître la situation auprès desparlementaires de partout. Au cours de l’année 2015,nous avons organisé 43 actions concrètes, y compris

17 interventions – avec des partenaires deprojets – pour des événements au Parlementeuropéen. Notre œuvre a aussi été invitée par desmembres du Parlement européen, au Royaume-Uniet en Pologne pour présenter Persécutés et oubliés2013-2015 ? * lors de conférences de démocrateset conservateurs chrétiens européens.

Grâce à ce travail de fond effectué depuis quelquesannées par AED, les parlementaires européens ontfinalement reconnu en février qu’il y a génocide dela part de l’État islamique en Syrie et en Irak, enversles minorités religieuses de ces pays, dont leschrétiens. Le Congrès américain a égalementreconnu cet état de fait en mars 2016. Au Canada,un appel à reconnaître le génocide en cours, lancépar la directrice nationale Marie-Claude Lalonde,reste toujours sans réponse de la part dugouvernement.

Parmi les nombreux résultats que nous avons eu lagrâce d’obtenir, nous aimerions en mentionner unen particulier, lorsque le président du Parlementeuropéen, Martin Schultz, a déclaré, lors d’uneconférence sur les chrétiens persécutés que : « … pendant longtemps nous avons supposé queles chrétiens n’avaient pas besoin de protection,mais j’ai appris au fil des ans que je me trompais.Le Parlement européen fera tout son possible pourque les chrétiens puissent vivre en paix. »

Bruxelles, Parlement européen : conférence sur la persécution des chrétiens, 1er juillet 2015

*Rapport sur la liberté religieuse des chrétiens présenté tousles deux ans

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