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RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

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RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

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2 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUERAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

SOMMAIRESOMMAIRE

Photo de couverture : Barrage de Grandval. © EDF– Pierre SOISSONS

La surveillance et la maintenance du patrimoine

La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des crues

10 Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydraulique

4 L’essentiel de l’année 2018

3 Avant-propos

14

2418

2832

Les indicateurs de résultats sûreté 2018

La sûreté d’exploitation hors crue

Annexes

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Ce rapport annuel est destiné d’abord au président d’EDF avec pour objectif de lui présenter mon évaluation sur le niveau de sûreté hydraulique dans le groupe EDF en 2018, au sens de la sécurité

industrielle liée aux différents risques vis-à-vis des biens et des personnes créés par la présence et l’exploitation des installations hydroélectriques(1).

Il couvre les activités des métiers hydrauliques exercées principalement par EDF Hydro (ex-DPIH, Division production ingénierie hydraulique) et la direction des Systèmes énergétiques insulaires (SEI) d’EDF. En 2018, j’ai inspecté neuf entités d’EDH Hydro, deux centres SEI (Guyane et Corse) ainsi que l’opérateur ENERCAL en Nouvelle-Calédonie (EDF 17 %). Ce rapport clôt un cycle de trois années durant lesquelles j’aurai inspecté toutes les entités du groupe EDF en charge d’hydraulique. J’y inclus ma vision triennale de la sûreté hydraulique pour en caractériser la dynamique sur la période.

Ce rapport s’adresse aussi à tous les acteurs de la sûreté hydraulique, à commencer par le directeur du Pôle Énergies Renouvelables, le directeur d’EDF Hydro, le directeur de SEI et les présidents et directeurs des filiales dont la responsabilité les conduit à sans cesse alimenter et renouveler leurs réflexions sur la sûreté. Son but est de leur proposer des axes de progrès et des objectifs d’amélioration pour continuer à renforcer le management de la sûreté et la maîtrise des risques associée.

Il met l’accent sur les points de fragilité et de faiblesse et propose en partage quelque 58 bonnes pratiques relevées en 2018 lors de mes inspections d’entités opérationnelles : elles ont vocation à stimuler les partages d’expérience et à accompagner dans leurs progrès tous ceux qui s’engagent dans la sûreté, qu’ils soient exploitants, mainteneurs, acteurs de l’ingénierie, experts, etc.

En synthèse, je formule 3 recommandations à l’adresse du management pour maintenir le bon niveau des résultats actuels de sûreté hydraulique. Les 24 recommandations d’orientation métier développées dans la suite du rapport sont destinées à l’ensemble des hydrauliciens pour les aider à progresser dans tous les registres opérationnels de la sûreté.

Ce rapport est rendu public, il peut ainsi apporter un éclairage à tous ceux qui sont concernés ou intéressés par la production d’hydroélectricité et par les actions du groupe EDF pour la rendre toujours plus sûre.

Il est étayé par les observations et informations recueillies durant l’année lors de mes visites d’inspection et des visites thématiques à l’initiative des entités opérationnelles. J’ai particulièrement apprécié les apports interrogatifs et challengeants des pairs qui ont pu m’accompagner lors des inspections. Je tiens à remercier tous ceux que j’ai rencontrés pour la qualité de leur accueil, leur attitude d’ouverture et de transparence ainsi que leur capacité à accepter un regard externe.

Paris, le 14 janvier 2019

Alain BeaudouxInspecteur sûretéhydraulique

AVANT-PROPOS

(1) Les risques liés aux actes de malveillance, qui sont couverts par une organisation dédiée placée sous la responsabilité du directeur d’EDF Hydro, ne sont pas traités dans ce rapport.

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4 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

L’essentiel de l’année 2018En 2018, les résultats opérationnels de sûreté hydraulique du groupe EDF demeurent satisfaisants. Les dépenses et investissements de maintenance affectés à la sûreté (145 M€ capex + opex) demeurent stables. Sur les trois années écoulées, je constate partout des progrès sensibles dans les pratiques opérationnelles de sûreté (cf. chapitres 3 à 6) ainsi qu’un renforcement du leadership et du management du domaine (cf. chapitre 2).

La détection des précurseurs de sûreté de niveau 0 (la base de la pyramide du risque sur une échelle de 0 à 6) se stabilise autour de 3 500 précurseurs détectés au total par l’ensemble des exploitants. Cette année, le nombre d’analyses approfondies est reparti à la hausse : 60 en 2017, 125 en 2018, avec toutefois de forts contrastes d’une unité à l’autre. Cette évolution témoigne d’un pilotage plus affirmé pour améliorer les pratiques de sûreté. Côté ingénierie en revanche, la détection des précurseurs a fortement baissé en 2018 (255 à 103).

Le nombre de précurseurs de niveau ≥ 1, déclarés à l’administration en EISH(2), s’établit à 11(3). Sept de ces EISH portent sur les risques liés aux variations de débit dans les rivières. Les actions déterminées pour réduire la dangerosité potentielle des derniers sites de criticité élevée (≥ 4 sur une échelle de 1 à 5) vis-à-vis des risques de variations de débit conduisent à entrevoir l’éradication des derniers sites critiques en 2020. Pour la seule année 2018, quatre sites critiques ont pu être déclassés. Il en reste désormais trois (cf. chapitre 6).

Malgré les enneigements exceptionnels des massifs alpins et pyrénéens en fin d’hiver 2018, aucune crue significativement importante n’est venue exposer les ouvrages hydroélectriques. L’hydrologie excédentaire du premier semestre a été suivie d’un second semestre

sec pour une production globale de très bon niveau. Sur la base d’une connaissance sans cesse actualisée des débits potentiels des crues naturelles, EDF Hydro poursuit, depuis une douzaine d’années, des efforts soutenus de réévaluation et, souvent, des travaux conséquents pour garantir la capacité de passage des crues sur les barrages. Lors de mes inspections sur la période 2016-2018, j’ai pu ainsi repérer de nombreuses réalisations significatives de ces efforts.

Les services de l’État (Direction générale de la prévention des risques) continuent, en concertation avec les exploitants d’installations hydrauliques en France, d’élaborer de nouveaux textes réglementaires pour renforcer la prévention des risques de sûreté hydraulique. L’ATB (arrêté technique barrage) publié en août 2018 transpose d’assez près la doctrine et les pratiques de la profession en termes de dimensionnement des ouvrages vis-à-vis des crues et des séismes. Une réglementation concernant les conduites forcées devrait suivre. Ces clarifications réglementaires paraissent nécessaires dans la perspective d’ouverture des concessions à la concurrence.

Autre dynamique positive en 2018 : EDF Hydro a partiellement réécrit son référentiel de sûreté pour, d’une part, l’actualiser en convergence avec les évolutions réglementaires et en simplifier les entrées, d’autre part le rendre plus opératoire pour la nouvelle génération d’hydrauliciens massivement recrutés ces dernières années. Ce nouveau référentiel structure en un ensemble plus facile d’accès les 900 pages de règles de sûreté issues de plus de cinquante ans de conception et d’exploitation.

Pour garantir ces bons résultats dans la durée, j’insisterai sur trois recommandations auprès des managers en charge de l’hydraulique du groupe EDF.

(2) Événement Important pour la Sûreté Hydraulique.(3) 11 EISH + 9 à EDF Hydro + 2 à la filiale SHEMA.

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Prototype d'un simulateur de crue en réalité virtuelle, pour la formation des exploitants.© EDF - Franck ODDOUX

L’essentiel de l’année 2018

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6 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

RECO 1 > Déploiement Cap Hydro : bien accompagner les GEH dans leurs nouvelles responsabilités

Depuis début 2018, la nouvelle organisation d’EDF Hydro est opérationnelle partout en France continentale (hors SEI).Sur le périmètre de leur compte de résultats, les directeurs des groupes d’exploitation hydraulique (GEH) concentrent désormais l’ensemble des res-ponsabilités à la fois d’exploitation et de main-tenance du patrimoine sur le moyen et le long terme.Dans le même temps, les ingénieries intégrées sont passées d’une organisation métier à une orientation clients : le CIH (Centre d’ingénie-rie hydraulique), la filiale HSM (Hydrostadium) et l’UNITEP (Unité nationale systèmes d’information et télécom d’exploitation du producteur) ont ainsi créé des antennes clients multimétiers dédiées à chacune des cinq unités de production d’EDF Hydro. En outre, l’ingénierie de la PAH (actifs de petites hydrauliques qui constituent la moitié en nombre des installations du parc pour 8 % du pro-ductible) a été progressivement transférée du CIH à HSM.Pour apprécier l’impact de cette importante réor-ganisation sur la sûreté, j’ai inspecté, en 2018, les états-majors des cinq unités de production (UP) d’EDF Hydro, ainsi que les agences d’ingénierie dédiées.Ma recommandation porte sur plusieurs points d’attention concernant les unités de production et les ingénieries associées au sein d’EDF Hydro.

> Garantir que les choix de sûreté des GEH à moyen et long termes bénéficient du contrôle et de l’appui des états-majors des unités de productionLe transfert de la responsabilité « propriétaire » aux directeurs de GEH a superposé des exigences de sûreté de temporalités différentes : celles du temps court de l’exploitation et celles des temps moyen et long de la gestion du patrimoine (maintenance, investissement). L’attention doit porter sur l’articulation, dans les choix de sûreté, entre ces différentes temporalités. Les états-majors d’UP ont désormais la double mission d’appuyer les directeurs de GEH dans leurs responsabilités renforcées et d’exercer, pour le compte des directions d’unité délégantes, un contrôle interne, clairement à amplifier.

> Garantir que l’ingénierie exerce bien auprès des GEH son rôle d’ingénierie intégrée sur les thématiques de la sûretéLa réorganisation place l’ingénierie en situation de reformulation et de bonne prise en compte des enjeux, souvent implicites, de sûreté via un dialogue de plus en plus direct entre chargés d’affaires d’ingénierie de GEH. S’agissant des thématiques de sûreté, les ingénieries doivent être plus exigeantes et plus challengeantes sur les expressions de besoins transmis par les exploitants.De plus, le transfert à Hydrostadium de l’ingénierie de la petite hydraulique (PAH) nécessite de placer sous le contrôle d’EDF Hydro deux fonctions essentielles pour la sûreté : d’une part la fonction CORBAR (correspondant barrage), fondamentale

Chantier de l'aménagement de Romanche Gavet. © edf - Christophe HURET

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dans l’accompagnement des exploitants, d’autre part le maintien en conditions opérationnelles (MCO) des automatismes de sûreté.Par ailleurs, dans les projets de développement à l’international d’EDF Hydro, le CIH porte l’image du groupe EDF, intégrant en particulier ses exigences au

regard de la sûreté hydraulique. Les référentiels de sûreté étant très contrastés selon les pays (on peut évoquer les projets en cours de Sinop au Brésil et de Nachtigal au Cameroun), les nécessaires arbitrages de conception et d’exploitation doivent être clairement explicités au regard de la sûreté.

L’essentiel de l’année 2018

> Approfondir l’analyse des précurseurs de sûreté (ESSH) dont le nombre peut être stabiliséVingt ans après la mise en place des ESSH, événements significatifs de sûreté hydraulique remontés par les exploitants (accident du Drac), leur nombre touche une asymptote autour de 3 500, que l’on peut convenir de stabiliser à présent. En revanche, l’exploitation qualitative des ESSH doit encore progresser pour profiter pleinement de cette boucle d’amélioration (cf chapitre 3).

> Pointer et hiérarchiser les fonctions de sûreté sur lesquelles s’exerce la maintenance des OMISH (ouvrages et matériels importants pour la sûreté hydraulique)Douze ans après sa mise en place (incident de Tuilières), la pratique d’une maintenance différenciée pour les OMISH doit davantage s’attacher aux fonctions de sûreté potentiellement impactées. Cela permettra de mieux prioriser, prescrire et contrôler les différents gestes de maintenance (courante ou spécialisée, préventive ou curative) afférents à ces ouvrages et matériels.

> Circonscrire davantage les dispositifs dérogatoires de sûreté, dits DMP (dispositifs et moyens particuliers)Également mis en place après l’incident de Tuilières (2006), les exploitants doivent maîtriser résolument à la baisse leur nombre, qui reste trop élevé (550 fin 2018) dont plus de 30 % ont plus de cinq ans.

> Mieux suivre et mieux contrôler les parades qui réduisent à moins de 4 le niveau de criticité sûreté des sites à l’aval des barrages et usines (échelle de 1 à 5)Ces parades sont d’ordre matériel ou organisationnel (procédures d’exploitation). Je propose de transposer le concept de précurseur de sûreté hydraulique (PSH), déjà appliqué aux barrages via les études de danger (EDD), dans le référentiel de criticité d’EDF Hydro. Cela pourrait apporter un progrès significatif dans la maîtrise et le contrôle de la criticité effective des sites aval (barrages ou usines).

Équipe d’intervention à la centrale hydroélectrique de Villarodin. © EDF - Franck ODDOUX

RECO 2 > Des pratiques de sûreté à simplifier, amplifier et mieux expliciter

J’insisterai sur quatre pratiques à conforter dans leur méthodologie.

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RECO 3 > Approfondir et mieux expliciter la culture sûreté de la nouvelle génération d’hydrauliciens, l’enrichir dans ses procédures

La génération d’hydrauliciens embauchée ces dernières années a, dans un premier temps, été formée sur les procédures et les savoir-faire. Sa culture doit être complétée par la connaissance des incidents qui ont marqué la sûreté et forgé le référentiel. Cette connaissance adresse en effet le sens des attendus de sûreté qu’elle devra porter et continuer d’enrichir par une capacité d’innovation que l’organisation et le management doivent promouvoir.

(4) Événement Important pour la Sûreté Hydraulique.(5) Événement Significatif pour la Sûreté Hydraulique.

Techniciens en intervention de maintenance.© edf - Patrice DHUMES

Ainsi, je propose de :

> Favoriser l’appropriation du retour d’expérience (REX) des incidents significatifs majeurs de sûreté hydraulique (incidents historiques, EISH(4) et ESSH(5) de niveau ≥ 1)Cela suppose une pédagogie adaptée, dont le point fort est de contextualiser le REX aux conditions locales d’exploitation. De premières unités, relayées par le soutien national, s’y sont engagées avec succès. Généraliser cette démarche passe par le développement des échanges horizontaux entre les unités.

> Soutenir l’innovation pour tirer les pratiques vers l’excellenceTout le monde s’accorde sur la nécessité de progresser dans le domaine de la sûreté, qui, à cet égard, constitue un creuset d’innovations. Tout en poursuivant les innovations techniques internes (par exemple Vénéon à l’UP Alpes ou Dames de Lanau à l’UP Centre), le management doit veiller à associer toutes les parties prenantes externes à la recherche de solutions innovantes (par exemple pour le traitement de la criticité du site de Capounta à l’UP Sud-Ouest ou pour le nouvel aménagement du Rizzanese à SEI Corse).

> Maîtriser pour que rien n’arrive, puis, au-delà, explorer les réponses et les parades ultimes à la question suivante : et si, malgré tout, l’incident ultime se produisait ?Le référentiel de sûreté vise, en objectif absolu, à ce qu’aucun événement préjudiciable ne se produise. De façon pragmatique, je propose, tout en continuant bien sûr à amplifier cette logique, d’aller explorer derrière cet horizon et de regarder si des parades raisonnables pourraient amoindrir les conséquences d’un hypothétique événement redouté. Cette approche pourrait être testée sur certaines conduites forcées notamment.

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Chantier de remplacement des conduites forcées à Sabart.© edf - Christophe HURET

L’essentiel de l’année 2018

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10 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydrauliqueLe parc hydroélectrique exploité par EDF demeure indispensable à l’équilibre du système électrique français et européen. Par sa souplesse, ses capacités de stockage et sa réactivité, l’hydraulique est particulièrement adaptée pour répondre notamment aux pics de consommation d’électricité, en hiver comme en été. Son coût de production moyen en fait, à ce jour, l’énergie renouvelable globalement la plus compétitive du marché.

Pour que cette énergie renouvelable soit effectivement durable, le management doit pouvoir garantir la maîtrise de tous les aspects de sûreté et en piloter les coûts associés. Stables ces

dernières années, les dépenses et investissements de maintenance affectés à la sûreté (145 M€ opex + capex) demeurent en bonne proportion de l’ensemble des dépenses de maintenance du parc hydroélectrique (145/380 M€). Ces montants incluent le segment de la petite hydraulique (PAH) dans un ratio du même ordre (30/69 M€). Ils correspondent, pour l’essentiel, au maintien en conditions opérationnelles satisfaisantes des dispositifs et parades conçus pour faire face aux risques industriels engendrés par les importantes quantités d’eau stockée dans les barrages et réservoirs ainsi que par les ouvrages d’adduction d’eau (galeries, canaux, conduites forcées).

Barrage de Roujanel sur la Borne.© edf - Steve Talpaert

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11 Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydraulique

> Le bon état de fonctionnement du patrimoine de production dont la moyenne d’âge dépasse 70 ans (cf. chapitre 4)

L’objectif est de se prémunir de tout risque de rupture (totale ou partielle) d’ouvrage. Les parades sont la surveillance des comportements attendus (auscultation, inspection visuelle, re-calcul, etc.) et la maintenance sur la base de diagnostics et de réévaluations étayés.

> Le comportement maîtrisé des ouvrages hydrauliques lors du passage des crues (cf. chapitre 5)

Le dimensionnement hydraulique des ouvrages (au regard notamment des évolutions des connaissances hydrologiques) et leur conduite en crue (qui s’appuie sur la pertinence et la fiabilité des consignes et gestes d’exploitation) doivent maintenir ces ouvrages dans des conditions de fonctionnement attendues et maîtrisées. À aucun moment, l’exploitant ne doit aggraver les états de débits naturels créés par les crues. Comme l’a mis en lumière le retour d’expérience de l’incident du barrage d’Oroville (États-Unis) en février 2017, le bon dimensionnement hydraulique est fonction de la débitance des évacuateurs de crue, de la maîtrise du transit de l’eau à l’aval des barrages et de la dissipation correcte de l’énergie de déversement, qui peut atteindre rapidement jusqu’à 1 000 MW de puissance.

Le référentiel historique d’EDF concernant la sûreté hydraulique a conduit à aborder et traiter ces risques selon trois champs

> Les risques en exploitation dus au fonctionnement des installations, en interférence avec les autres activités aux abords des rivières et des lacs (cf. chapitre 6)

Le process industriel de production hydroélectrique n’est physiquement pas enclos. L’hydroélectricité est une activité extensive, les lacs et rivières font partie de la géographie à la fois physique et humaine. Cette production interfère nécessairement avec les nombreuses autres activités économiques et de loisirs (irrigation, tourisme, pêche, activités pédagogiques, sportives et ludiques de toutes sortes). Elle peut ainsi amener les multiples usagers des rivières et des lacs à être confrontés aux risques liés au fonctionnement des installations hydroélectriques, notamment aux variations de débit des rivières et des cotes des plans d’eau.

Il m’apparaît que ces risques constituent aujourd’hui encore le point le plus sensible où l’occurrence des précurseurs de sûreté est la plus élevée (6 des 9 EISH de 2018).

Sur ces trois champs de la sûreté hydraulique, le groupe EDF a accumulé 70 ans d’expérience. Il s’est doté d’organisations éprouvées, de procédures robustes, d’un référentiel vivant sous l’animation d’EDF Hydro et de compétences sans cesse renouvelées, notamment lors de la vague d’embauches de renouvellement générationnel entre 2010 et 2015.

Évolutions du management et du pilotage de la sûreté

Avec le recul, je note que, partout depuis 2016, les managers se sont progressivement remobilisés sur les enjeux de sûreté.

Le leadership des directeurs des unités de production et des GEH s’est renforcé avec l’adoption presque générale de feuilles de route communicantes et la promotion d’innovations de sûreté pour bien positionner les enjeux de sûreté à côté des autres enjeux de production : sécurité, performance de production, renouvellement des titres en concurrence et, bien sûr, amélioration des comptes de résultats.

Le pilotage de la sûreté est également plus engagé, plus précis, et il dispose d’un contrôle interne renforcé.

Ainsi, le processus de contractualisation bascule progressivement d’un caractère coercitif (baisse des EISH), relevé dans un précédent rapport, vers la promotion de gains de sûreté effectifs et positifs (maîtrise de la criticité, baisse des DMP, dispositifs et moyens particuliers temporairement dérogatoires de sûreté, etc.).

Les premières évolutions d’organisation portées par le projet Cap Hydro (déclinaison du projet Groupe CAP 2030) sont intervenues en octobre 2017.

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12 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Le leadership▪ Des directeurs d’unité qui s’appuient et

communiquent sur des feuilles de route sûreté engagées, déclinant la feuille de route EDF Hydro (centres SEI, unités de production Alpes, Centre, Est).

▪ Le partage managérial des événements sûreté associant le management de l’ingénierie, dans les unités de production (Alpes, Méditerranée).

▪ Une journée thématique sûreté, de niveau unité et orientée risque crue à l’unité de production Alpes. Des journées de même nature, à l’initiative de sous-unités (GEH Adour & Gaves, sites du Centre d’ingénierie hydraulique).

Le pilotage▪ Dans les cinq unités de production

d’EDF Hydro et les centres SEI, le pilotage en référence explicite à la cartographie des risques avec un impact du risque sûreté réévalué en 5, niveau maximal dans la matrice des risques du groupe EDF.

▪ Dans les GEH, des boucles de pilotage structurées (feuille de route ➞ contractualisation ➞ contrôle ➞ bilan ➞ plan d’action), plus claires et plus affirmées, témoignant d’un pilotage engagé et exigeant, en lien avec les responsabilités renforcées de Cap Hydro (GEH Lot-Truyère, Adour & Gaves,

Recommandations sur des points qui nécessitent de l’attention

FOCUS – Bonnes pratiques de management de la sûreté relevées en 2018

La RECO 1 (chapitre  1) exprime deux points d’attention sur la conduite de ces transformations, notamment pour l’accompagnement des GEH dans leurs nouvelles responsabilités au regard des choix de sûreté à moyen et long termes et pour l’appui de l’ingénierie.

En complément, je recommanderai de développer le partage avec les partenaires sociaux sur le thème de la sûreté. Je propose que la filière Comité d’établissement (CE) traite davantage de sujets liés à la sûreté (feuilles de route et bilans sûreté, principaux événements sûreté, compétences, etc.).

En 2018, j’ai inspecté les états-majors des cinq unités de production d’EDF Hydro dans leur fonctionnement post-Cap Hydro. Celui-ci s’organise autour de plusieurs impulsions majeures : responsabilisation renforcée des directeurs de GEH, plus large autonomie des unités dans leur organisation, promotion de l’innovation. Ces impulsions s’assortissent d’un contrôle renforcé de la direction d’EDF Hydro sur les comptes de résultats des GEH notamment. Dans le même temps, les ingénieries intégrées sont passées d’une organisation métier à une orientation clients : le CIH (Centre d’ingénierie hydraulique), Hydrostadium et l’UNITEP (Unité nationale systèmes d’information et télécom d’exploitation du producteur) ont ainsi créé des antennes clients multimétiers dédiées à chacune des cinq unités de production d’EDF Hydro.Depuis 2017, EDF Hydro a abandonné les certifications d’organisation managériale ISO 9000 de ses unités,

constatant que cet aiguillon n’était plus source de progrès. On peut s’accorder sur ce diagnostic tout en rappelant que la certification s’inscrivait dans le plan d’action adopté après l’accident du DRAC (1995) pour renforcer la sûreté. Toutefois, EDF Hydro et SEI continuent d’en utiliser le concept clé de cartographie des risques pesés par les trois notes Impact-Occurrence-Niveau de contrôle. En septembre 2018, EDF Hydro a, dans sa cartographie des risques (justement), reclassé l’impact du risque sûreté au niveau maximal de 5.De plus, le projet Cap Hydro a remis à plat l’ensemble des réseaux de partage et d’animation des métiers. Après un relatif passage à vide en 2016, partout des réseaux reconfigurés ont redémarré, dans des fonctionnements souhaités plus horizontaux. L’expérience de l’UP Sud-Ouest de communauté de sûreté sera à suivre.

Cette année, je mets à nouveau en exergue quelques bonnes pratiques de management et de pilotage de la sûreté hydraulique.(Les bonnes pratiques notées dans les rapports 2016 et 2017 restent, pour l’essentiel, pertinentes à partager.)

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Écrins-Vercors, GMH Sud-Ouest, centres SEI Guyane et Corse).

▪ Dans les cinq unités de production et dans l’ingénierie (site CIH de Marseille, UNITEP), publication de bilans de sûreté de qualité.

▪ Dans les cinq unités de production, une nette impulsion du contrôle interne. Les unités de production Centre et Est ont notamment mis l’accent sur la détection et l’analyse des événements de sûreté. Cette impulsion doit partout être amplifiée (cf. RECO 1, chapitre 1).

L’appropriation du retour d’expérience▪ La tenue d’un Forum risque, avec

la sûreté en bonne place, pour la communauté PAH (petite hydraulique), piloté par Hydrostadium et associant les exploitants des cinq unités de production.

▪ Au GEH Lot-Truyère, la sélection d’un événement sûreté mensuel, diffusé ensuite en flash info avec recommandation à toutes les équipes du GEH.

Des pratiques collaboratives▪ Partout une collaboration renforcée

des nouvelles antennes d’ingénierie (CIH, HSM, UNITEP) avec les cinq unités de production d’EDF Hydro et les centres SEI. CIH propose notamment les premières analyses systémiques de sûreté (une dizaine en 2018).

▪ À l’unité de production Est, l’expérience à suivre d’adossement du Centre de conduite hydraulique (CCH) de Mulhouse et du centre de surveillance (CREEX) pour renforcer les synergies et alertes de sûreté.

▪ À l’unité de production Centre, les recherches très actives sur les plus-values sûreté à tirer des outils CREEX.

▪ À l’unité de production Sud-Ouest, l’engagement plus explicite du GMH au côté des GEH sur la sûreté hydraulique : analyse fonctionnelle de sûreté, analyse conjointe d’ESSH, traitement des vannes à accrochage.

▪ Au GEH Adour & Gaves, l’exploitation méthodique des bonnes pratiques relevées dans les rapports annuels de l’inspecteur Sûreté hydraulique.

Des pratiques organisationnelles et managériales innovantes▪ Le redémarrage des réseaux sûreté de

partage avec de premiers effets visibles partout. L’impulsion renforcée de l’animation nationale, également perçue.

▪ Les premières analyses fonctionnelles de sûreté au GMH Sud-Ouest.

▪ Des bilans de sûreté par groupements d’usines qui se généralisent et sont challengés chaque année par les directeurs de GEH dans une revue spécifique de sûreté (GEH Lot-Truyère, Adour & Gaves).

▪ Des pratiques de fiabilisation des interventions (minute d’arrêt, pré-job briefing, etc.) qui commencent à irriguer le champ de la sûreté (GEH Lot-Truyère).

La gestion des compétences▪ La force d’action rapide de formation

(FARF), où des exploitants de terrain se rendent dans une autre exploitation pour un besoin ciblé de partage et de formation (unité de production Sud-Ouest).

▪ La mise au point d’un module de formation renforcée (H211) sur la surveillance des ouvrages (unité de production Sud-Ouest).

▪ Le lutin technique du GMH Sud-Ouest, référentiel technique résumé pour les mainteneurs adressant notamment les gestes essentiels de sûreté et nourrissant le carnet de compagnonnage des nouveaux arrivants.

▪ La poursuite de la mise au point de courtes sessions pédagogiques, à usage des managers de terrain, reprenant les événements historiques de la culture de sûreté d’EDF Hydro (unité de production Alpes). Ces modules doivent être repris par le niveau national pour un partage avec les autres unités de production (cf. RECO 2, chapitre 1).

▪ La participation des jeunes embauchés à des tournées d’hydroguide pour découvrir les points caractéristiques des rivières en lien avec les risques de variations de débit (GEH Écrins-Vercors).

Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydraulique

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14 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Les indicateurs de résultats sûreté 2018Les indicateurs(6) de la maîtrise de la sûreté hydraulique demeurent satisfaisants en 2018, en ligne avec les années précédentes. Aucune personne n’a été blessée, aucun bien d’autrui n’a été altéré par interférence d’activité avec les moyens de production hydroélectrique d’EDF, ce qui est la finalité bien comprise de toutes les démarches de sûreté évoquées dans ce rapport.

Dans le référentiel d’EDF Hydro (cf. annexes), les événements de sûreté recouvrent les ESSH (événement significatif de sûreté hydraulique), détectés par les exploitants, les ESSI (écart significatif de sûreté à l’ingénierie), détectés par les ingénieries, et, de façon émergente, les ESSH-M (maintenance), détectés par les mainteneurs. La détection et

l’analyse des événements constituent un champ d’application de l’attitude prudente et interrogative dont les hydrauliciens d’EDF ont fait un pilier de la culture de sûreté.

Les EISH (événement important pour la sûreté hydraulique) sont classés par l’administration selon trois niveaux (jaune, orange, rouge) définis réglementairement par les décrets de 2007 et de mai 2010 (cf. Annexes).

Les précurseurs de sûreté hydraulique (PSH) constituent, plus en amont, des alertes en lien avec les barrières de défense retenues par les études de danger (EDD) des barrages.

Vue aérienne du barrage d’Enchanet.© edf

(6) Indicateurs au périmètre EDF Hydro + SEI + SHEMA.

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15 Les indicateurs de résultats sûreté 2018

Fusion des deux référentiels (interne EDF et réglementaire) en 2019

EDF Hydro a fait évoluer son référentiel des événements de sûreté en intégrant, dans la même échelle, les ESSH et les EISH. Cette clarté accrue répond à une simplification attendue par les exploitants de terrain. Elle devrait aussi amplifier la transparence vis-à-vis de l’administration de tutelle.

Depuis janvier 2019, les exploitants déclarent les événements de sûreté sur une échelle unique à 5 niveaux. Les deux premiers niveaux sont constitués par les ESSH (cotés actuellement de 1 à 6) répartis en deux familles d’événements de sûreté hydraulique (ESH simples ou marquants) ; viennent ensuite les trois niveaux d’EISH réglementaires.

Les ESSI et les ESSH-M, traçant les événements en ingénierie et en maintenance, ne sont pas concernés par cette évolution. Je reviens au chapitre 4 sur la notion de précurseur de sûreté hydraulique (PSH).

Les chiffres 2018

3 504 ESSH ont été détectés en 2018 : stable de façon asymptotique depuis plusieurs années, ce nombre marque l’attention soutenue et renouvelée des exploitants de terrain à la sûreté. Cette détection n’a enregistré aucun fléchissement au moment du très important renouvellement générationnel de 2010-2015. Ces ESSH sont essentiellement de niveau 0 (sur l’échelle de gravité de 0 à 6 appliquée jusqu’au 1er janvier 2019) et n’ont entraîné aucune conséquence (base de la pyramide de type Bird). Parmi ces 3 504 événements, notons :

11 EISH déclarés à l’administration (10 jaunes et 1  orange)

3 ESSH de niveau 3 recensés cette année correspondant à des mises en difficultés avérées de pêcheurs en rivière (Golinhac, Montfermy et Pont des Chèvres).

27 ESSH de niveau 1 (32 en 2017, 25 en 2016, 43 en 2015) : ils correspondent à des événements conduisant à des écarts avérés, aux conséquences néanmoins très faibles.

Classification des événements de sûreté hydraulique

Événement « Important » = « Accident »

Événement « Important » = « Incident grave »

Événement « Important » = « Incident »

Événement « Marquant »

Événement « Simple »

25

15

5

20

10

02012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Jaune

Orange

Rouge

Évolution des EISH

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16 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Ventilation des ESSH par matériels

Par ailleurs, 103 ESSI (écart significatif de sûreté à l'ingénierie) ont été enregistrés par les trois unités d’ingénierie en 2018 (54 au CIH, Centre d’ingénierie hydraulique, 38 à la DTG, Division technique générale, et 11 à HSM). La baisse très importante au CIH (197 en 2017 à 54) apparaît très interpellante à ce stade. L’affirmation de l’attitude interrogative et la transparence de la culture des écarts semblent encore à consolider en ingénierie.

Analyse de ces événements de sûreté

Les ESSH et ESSI sont analysés selon trois niveaux.> Premier niveau, les analyses (d’événements de niveau 0, dites N0) sont faites par les exploitants locaux des groupements d’usines (GU) concernés et

800

700

600

500

400

300

200

100

0

AutomatismesTélécoms

BarragesVannes

Canaux

Installations électriques

Conduites forcéesGaleries

Évolution des ESSI

250

150

50

200

100

02010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

enregistrées dans la base de données SILEX. Dans la nouvelle classification, ce seront les événements simples.

> Second niveau, déclenché sur demande du management des groupes d’exploitation hydraulique (GEH), les événements de niveau 1 et certains de niveau 0 font l’objet d’une analyse plus approfondie (dite N1), généralement avec l’appui d’ingénieurs risques formés. Ces analyses sont partagées en CODIR de GEH et, fréquemment, d’unité de production.

> Quelques événements font l’objet d’une attention nationale : analyse type N2 intégrant un volet socio-organisationnel et humain.

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Sur ce thème des précurseurs, je propose trois recommandations.

1. Convenir d’une stabilisation autour de 3 500 des ESSH, correspondant au niveau d’attention souhaitable des exploitants de terrain aux écarts de sûreté.

2. Promouvoir fortement les analyses N1 (ou approfondies), en nombre (350 en 2016, 60 en 2017, 125 en 2018) mais aussi auprès de certaines unités très peu contributrices. Ces analyses étant la source essentielle de l’amélioration continue des pratiques de sûreté.

3. Traiter et analyser à part les ESSH relevés sur les installations de la petite hydraulique pour mieux en caractériser le modèle sûreté.

Dans mes précédents rapports, j’avais souligné que la sélection des événements type N1 gagnerait à être plus explicite et plus homogène dans ses critères. Pour 2019, le nouveau référentiel apporte une réponse satisfaisante : excepté les événements simples, tous les événements font désormais l’objet d’une analyse de type N1.

En réalité, seules les analyses N1 et N2 alimentent de façon effective les boucles d’améliorations

de sûreté dans les entités. Or il apparaît que le nombre d’analyses N1 à EDF Hydro (125 en 2018), bien qu’en progrès par rapport à 2017 (60), est toutefois encore loin de son niveau des années 2015 ou 2016 (350). J’ajoute que la répartition sur les cinq unités de production n’est pas homogène, avec UPA qui annonce 80 analyses à elle seule. Ce nombre correspond à seulement 3,5 % des ESSH. On voit par là que le gisement que représentent les 3 500 ESSH détectés reste notoirement inexploité.

Les indicateurs de résultats sûreté 2018

▪ Les premiers suivis différenciés des ESSH de la petite hydraulique (unités de production Centre, Alpes, Sud-Ouest).

▪ L’implication du GMH Sud-Ouest dans des analyses d’ESSH liés aux conduites forcées (Rouze, Pouget, etc.).

▪ L’appropriation des ESSH-M (maintenance) à SEI Corse et au GMH Sud-Ouest.

FOCUS Bonnes pratiques relevées en 2018

GEH Tarn-Agout : dépose du rotor à l’usine hydraulique du Carla, GU Brassac, Tarn © EDF - Jean-Marie TADDEI

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18 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La surveillance et la maintenance du patrimoineSurveillance des ouvrages : rigueur et vigilance

Premier volet de la sûreté hydraulique, la surveillance des performances nominales de tenue des structures dans le temps vise à repérer toute évolution pouvant conduire à la rupture, partielle ou totale, des ouvrages. Ces risques sont d’occurrence faible à très faible. Pour autant, les conséquences seraient très graves pour la sécurité publique et sans nul doute très dommageables pour la légitimité et l’image du groupe EDF, premier producteur hydroélectrique français.

Les six familles d’ouvrages les plus sensibles vis-à-vis de ce risque (barrages, galeries, canaux, écluses, conduites forcées et vannes) font l’objet de visites périodiques réalisées par les exploitants et de mesures régulières d’auscultation qui alimentent les bases de données de suivis techniques (datant de plus de 60 ans pour certaines). À partir de ces bases de données, les experts de l’ingénierie EDF procèdent à des analyses de réévaluation périodiques, transmises à l’administration (rapports biennaux d’auscultation des barrages, par exemple).

Après la parution du décret 2007 concernant les barrages, le groupe EDF a remis près de 240 EDD (études de danger) à l’administration entre 2009 et 2015. Cette approche renforcée des risques et des parades a permis des progrès significatifs dans la prise en compte de la sûreté. Ils se sont traduits par la réalisation de 4 000 actions conformément aux échéances convenues et sous le contrôle de l’administration. Le décret de 2015 a fusionné EDD (obligation d’une EDD tous les dix ans) et RS (revues de sûreté). La première EDD version 2 a été publiée en 2018 : elle concerne le barrage de Naguilhe au GEH Aude-Ariège.

Encadrées par la réglementation et par les règles internes du référentiel de sûreté hydraulique d’EDF, l’organisation et les procédures de surveillance des ouvrages constituent un ensemble robuste qui continue à donner confiance dans la maîtrise de cet aspect de la sûreté par tous les hydrauliciens du groupe EDF.

Barrage de Petit-Saut en Guyane. © edf - Sébastien SALERNO

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Pour progresser encore dans la surveillance des ouvrages, je formule cinq recommandations (dont les trois dernières déjà énoncées dans mon rapport 2017).

La surveillance et la maintenance du patrimoine

1. Mieux préciser les rôles, les compé-tences et les responsabilités pour l’aus-cultation des barragesOn constate que des mesures prescrites dans les consignes de surveillance et d’auscultation (CSA) des barrages ne sont parfois pas réalisées durant plusieurs mois (Mont-Cenis en 2013, Sainte-Croix en 2014 et 2017, Laouzas en 2018 par exemple). Acteurs principaux de ce pro-cessus, les groupements d’usines et les centres de dépouillement de la Division technique générale (DTG) doivent défini-tivement tirer tous les enseignements de ces écarts. EDF Hydro doit aussi améliorer la doctrine et les procédures en s’atta-chant à mieux préciser les responsabilités et les attendus des différents niveaux de validation.

2. Achever avec rigueur la mise à jour et l’approbation des consignes de surveil-lance et d’auscultationLe décret de 2015 a modifié les classes des barrages et certains aspects formels des consignes de surveillance et d’auscul-tation (CSA). Les unités doivent achever la mise à jour des CSA. De plus, le pro-cessus d’approbation des nouvelles CSA, anciennement approuvées par les DREAL, doit être stabilisé, afin de lever les impré-cisions actuelles. Il revient à EDF Hydro de conduire cette initiative en lien avec la Direction générale de la prévention des risques du ministère de la Transition éco-logique et solidaire.

3. Développer les appuis des Centres de conduite hydraulique (CCH) et des centres régionaux d’exploitation (CREEX) pour la surveillance des ouvragesLes outils de suivi dynamique des volumes d’eau par le CCH de Mulhouse laissent entrevoir une macro- auscultation possible des fuites potentielles des digues du grand canal du Rhin, sans doute transposable au CCH de Sainte-Tulle pour le suivi des digues du canal de la Durance.

De leur côté, les CREEX issus de RE-NOUV’EAU apportent des données de surveillance et des éléments d’analyse qui pourraient être davantage exploités au bénéfice de la sûreté. Plusieurs uni-tés ont commencé à croiser l’analyse de certains ESSH et les données de sur-veillance issues du CREEX. Les premiers éléments sont fructueux et méritent d’être développés.

4. Poursuivre l’appropriation des EDD et du concept de précurseurs de sûreté hydrauliqueLe décret réglementaire de 2007 a fait émerger, pour les barrages soumis à EDD (étude de danger), un nouveau type de précurseurs de sûreté hydraulique (PSH) issus de l’analyse fonctionnelle. Absente du référentiel interne d’EDF, cette notion de PSH impose de bien s’approprier les barrières de défense vis-à-vis des risques explicités dans les EDD. L’efficacité opé-rationnelle attendue de cette notion doit s’appuyer sur une meilleure appropriation des EDD et des PSH par les exploitants de terrain. Les premiers efforts pédagogiques entrepris sur ce point, portant à la fois sur le sens et les modes opératoires, restent à amplifier et généraliser.

5. Poursuivre, avec les autorités, la modernisation des plans particuliers d’interventionÀ la main des autorités en cas d’avaries graves sur les barrages de grande capa-cité, les plans particuliers d’intervention (PPI) constituent la parade ultime vis-à-vis des populations. Les premiers élé-ments du retour d’expérience (REX) de l’évacuation de 200 000 personnes lors de l’incident du barrage d’Oroville aux États-Unis en février 2017 montrent l’effi-cacité des réseaux sociaux dans cette situation d’urgence. Ce REX pourrait être mis à profit conjointement par les ser-vices de l’État et EDF pour réexaminer et moderniser les parades conçues dans le cadre du décret de 1970.

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20 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

> Le rôle essentiel des télécoms pour l’astreinte d’exploitation vis-à-vis de la sûreté

L’astreinte d’exploitation gère les alarmes techniques équipant les installations. Cette surveillance s’appuie d’une part sur des capteurs d’acquisition de données embarqués dans les ouvrages, d’autre part sur l’ensemble de la chaîne de télétransmission des informations et de gestion des renvois d’alarme aux exploitants d’astreinte. Les capteurs et les systèmes d’acquisition sont sous contrôle direct des exploitants. Les liaisons inter-automates et les systèmes de télétransmission et d’alarme sont, pour leur conception et leur maintenance, sous maîtrise d’œuvre historique de la filière télécom du Groupe, aujourd’hui abritée dans l’UNITEP(7) d’EDF. Une centaine de salariés de cette unité assurent quotidiennement ces services pour le compte des exploitants hydrauliciens.

La récente désignation par l’UNITEP d’agences télécom dédiées à chaque unité de production a relancé la coopération avec l’exploitant. Une coopération d’autant plus nécessaire que le domaine télécom génère 10 % des ESSH (cf. graphique chapitre 3). Autre progrès : EDF Hydro a récemment renforcé ses exigences de sûreté dans le cahier des charges de son contrat avec l’UNITEP.

L’UNITEP associée à Hydrostadium (HSM) intervient désormais pour la petite hydraulique (PAH).

Maintenance du patrimoine de production : lucidité dans le diagnostic, constance dans l’action

Le processus de maintenance en conditions opérationnelles (MCO) des ouvrages et matériels importants pour la sûreté hydraulique (OMISH) se situe en aval du processus de surveillance. En plus des opérations de maintenance, il intègre les mises à niveau des performances attendues de sûreté résultant de l’évolution des règles de l’art (mises à niveau des contrôles-commandes, connaissance des matériaux, enseignements des modèles numériques actualisés, etc.) ainsi que des évolutions de la réglementation (crues de projet, séismes, etc.).

Presque partout lors de mes inspections depuis 2016 et jusqu’aux plus récentes, j’ai mesuré le cumul effectif des améliorations apportées ces douze dernières années aux ouvrages présentant les risques de sûreté les plus importants. Le programme Superhydro (sûreté/performance de l’hydraulique) engagé en 2006 a multiplié par 8 à 10 les moyens dédiés à ces objectifs. En 2017 et 2018, j’ai été particulièrement attentif aux nombreux barrages dont la capacité de passage des crues a été réévaluée, souvent assortie de travaux importants (cf. chapitre 5). Cette maintenance, qui s’accompagne souvent de redimensionnements, s’appuie et prend ses arbitrages sur la démarche des six principales familles du patrimoine(8) pour lesquelles les exploitants et les experts internes établissent, ouvrage par ouvrage, une note d’état et de criticité sous l’angle de la sûreté (note Urgence sûreté). Les travaux sont ensuite programmés et, en attendant leur achèvement, des dispositions provisoires sont élaborées et mises en œuvre (DMP, pour dispositif et moyen particulier).

> Un engagement financier au service de la sûreté maintenu dans la durée

La maintenance du patrimoine de production, à finalité de sûreté, s’est poursuivie de façon résolue ces trois dernières années. La part des budgets (opex + capex)

(7) Unité nationale systèmes d’information et télécom d’exploitation du producteur.

(8) Barrages, galeries, canaux, écluses, conduites forcées et vannes.

Test d’un outil numérique de surveillance des ouvrages dans la salle des machines de la centrale de Camon. © edf - Pascal RONDEAU

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qui y sont consacrés (> 140 M€ pour la sûreté en 2018) dans l’enveloppe globale de maintenance (380 M€ hors développement) apparaît stable.

En 2017, EDF Hydro s’est dotée d’un outil pour suivre les dépenses affectées à la petite hydraulique (PAH). En 2018, le volume de maintenance de la PAH s’établit à 69 M€, dont 30 M€ dédiés à la sûreté, signe du même engagement d’EDF pour la sûreté de ce segment d’actifs.

> Améliorer la démarche OMISH sur le sens

Depuis 2006 (incident de Tuilières), la démarche OMISH a été bâtie afin de garantir « une attention particulière en termes de conception, d’exploitation et de maintenance » (doctrine X-DR-03-03) à des ouvrages et matériels identifiés comme importants pour la sûreté hydraulique (OMISH).

En premier lieu, la qualification MISH (matériels importants pour la sûreté hydraulique) doit garantir la priorisation des actions de maintenance. Le taux moyen de réalisation des maintenances sur OMISH à 89 % demeure insuffisant par rapport au taux de maintenance global qui s’établit à 82 %.

En second lieu, les gestes spécifiques, prescrits dans le passé, à intégrer au processus de maintenance de ces OMISH ont été progressivement généralisés à l’ensemble du matériel (notamment pour la requalification et l’analyse de risques). Pour continuer à démarquer les pratiques sur les OMISH, il conviendrait de redéfinir des gestes et des actions réellement spécifiques (cadences de surveillance, gestes techniques de maintenance courante, gestion des renoncements, contrôles des protections différenciés, prescriptions spécifiques à inclure au cahier des charges des prestataires, etc.).

Les insuffisances des processus de maintenance des OMISH relevées dans mes rapports 2016 et 2017 se sont confirmées lors des inspections de 2018. J’ai toutefois repéré en 2018 quelques premières inflexions ou intentions dans ce domaine : premières analyses fonctionnelles au GMH Sud-Ouest, approche systémique proposée par le Centre d’ingénierie hydraulique pour une dizaine d’affaires. Pourtant, pour l’essentiel, mes recommandations de 2016 et 2017 demeurent d’actualité.

EDF Hydro vient d’entamer opportunément la remise à plat de l’ensemble de la démarche.

Pour avancer, je propose quatre autres recommandations (dont les deux der-nières déjà présentées dans mon rapport 2017).

1. Pointer explicitement et hiérarchiser les fonctions de sûreté sur lesquelles doit s’exercer la maintenance des OMISH. Cela suppose de passer d’une analyse matérielle à une analyse fonctionnelle.

2. S’accorder, pour amorcer la démarche, sur les composants élémentaires as-surant les fonctions de sûreté les plus essentielles (touchant par exemple les évacuateurs de crue et les organes entourant les conduites forcées) pour définir plus précisément les prescriptions de leur maintenance et les essais de requali-fication.

3. Garantir que les choix d’arbitrage aboutissent effectivement à 100 % de main-tenance sur les OMISH (aujourd’hui 89 %) et que les écarts résiduels sont tracés et traités en événements de sûreté. Désormais responsables de la maintenance, les GEH doivent s’appuyer sur les pilotes régionaux d’activité (PRA) issus de RenouvEau et leur capacité à synthétiser et prioriser les différentes exigences de maintenance issues notamment de la base SAPHYR, des EDD et du programme annuel de maintenance GALAX’HY d’EDF Hydro.

4. Entourer les gestes de maintenance des OMISH de pratiques de fiabilisation (minute d’arrêt, pré-job briefing, etc.).

La surveillance et la maintenance du patrimoine

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22 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Le nombre de DMP (dispositif et moyen particulier en attendant l’achèvement des travaux), attendu normalement à la baisse comme le résultat d’une politique de maintenance volontariste, commence enfin à décroître de façon très significative dans certaines unités de production (Sud-Ouest en particulier, où ce nombre s’établit à une dizaine environ par GEH alors qu’ailleurs il peut dépasser les 60). En dynamique, une centaine de DMP ont été levés cette année cependant qu’une soixantaine de nouveaux DMP sont apparus.

Lors de mes inspections des entités d’exploitation depuis 2016, je me suis attaché à examiner la plupart des fiches DMP. D’un GEH à l’autre, le nombre de DMP varie de 1 à 6, pour des patrimoines très comparables.

En termes de responsabilité, la mise en place de dispositions transitoires (DMP) ne permet en général pas de garantir, dans la durée, la couverture totale des fonctions de sûreté de l’organe incriminé. D’où la nécessité d’expliciter le risque résiduel et les moyens complémentaires à mettre en œuvre, le temps du DMP, en attendant la résolution définitive de l’écart de sûreté. Dans l’évolution post-Cap Hydro, le directeur de GEH est devenu responsable à la fois des décisions de maintenance, de la conception des DMP (fonction propriétaire) et des mesures compensatoires en exploitation, le temps du DMP. Sur ces deux points, le directeur de GEH engage désormais seul sa responsabilité par la signature du DMP.

Je recommande aux services centraux d’EDF Hydro de remettre à plat les éléments

de caractérisation de la note IS (Impact sûreté) et surtout de la note US (Urgence sûreté) qui entravent les responsables de maintenance dans leur volonté de réduire le nombre de DMP sûreté.

Cette situation renvoie à la nécessité d’accompagner les GEH dans leurs nouvelles

responsabilités étendues (cf. RECO 1, chapitre 1).

Vue aval du barrage-voûte du Laouzas. © edf - Jean-Marie TADDEI

> Amplifier les améliorations constatées depuis 2017 pour dynamiser la démarche DMP

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La surveillance▪ Une attention surveillance des ouvrages

(SDO) très soutenue au barrage de Petit-Saut (SEI Guyane). Sur ce barrage très ausculté, des panneaux pédagogiques, disposés le long du parcours des mesures, rappellent le sens et les précautions à prendre par les opérateurs.

▪ Une attention également très soutenue pour le barrage de Vieux-Pré (unité de production Est), où un réseau d’experts (géologues et ingénierie) continue à fonctionner 30 ans après la mise en eau de l’ouvrage.

▪ La démarche émergente d’examiner, à partir de quelques ESSH avérés, ce que le CREEX aurait pu apporter en prévention de l’événement (unités de production Alpes et Centre).

▪ L’adossement du centre de conduite hydraulique de Mulhouse et du CREEX à l’unité de production Est pour une meilleure synergie de surveillance.

▪ La mise au point d’alarmes de fuite de biefs par le centre de conduite hydraulique (CCH) de Mulhouse.

▪ Un processus de surveillance des conduites forcées (AOCF, appui opérationnel conduites forcées) pleinement opérationnel (GEH Adour & Gaves) ou en très bonne voie (GEH Lot-Truyère, Écrins-Vercors).

▪ La revue annuelle spécifique sur les conduites forcées à l’unité de production Alpes.

▪ Une journée sûreté spécifique aux conduites forcées à SEI Corse.

▪ Partout, les progrès de positionnement de l’UNITEP, désormais organisée en antennes dédiées à chaque unité de production. Premier bilan de sûreté à l’antenne d’Aurillac dédiée à l’unité de production Centre. Généralisation des systèmes de télécom dernière génération DAADI au GEH Écrins-Vercors.

▪ Le suivi des écarts de mesure d’auscultation à l’unité de production

Sud-Ouest. Le plan d’action correctif et la démarche conjointe avec l’UFPI (Unité de formation production ingénierie) pour le module de formation H211.

▪ Le criblage des stations de mesures hydrographique, suivant l’enjeu de sûreté à la Division technique générale (20 stations criblées sûreté sur les 80 exploitées par le Centre hydrographique Pyrénées Massif-Central).

La maintenance▪ À l’unité de production Centre, le Pilote

régional d’activités (PRA) pilote et propose des arbitrages de maintenance en intégrant, dans le même outil, les éléments issus de SAPHYR, des études de danger et revues de sûreté et de GALAX’HY. Cette intégration rigoureuse est particulièrement porteuse de sens.

▪ Une application bien comprise des requalifications, avec une présence permanente des mainteneurs aux côtés des exploitants, depuis les points zéro avant intervention jusqu’aux requalifications fonctionnelles. Les attendus quantitatifs explicitement chiffrés sont définis dans les fiches de requalifications, assortis des tolérances admissibles (GMH Sud-Ouest).

▪ Les premières approches systémiques par le Centre d’ingénierie hydraulique et l’utilisation de l’outil Gaspart.

▪ Le plan d’action résolu pour traiter les vannes de tête des conduites forcées dites à accrochage (GMH Sud-Ouest).

▪ Le bilan de patrimoine synthétique dressé par les managers des groupements d’usines, en complément de la démarche analytique classique portée par les ingénieurs de maintenance (base SAPHYR) au GEH Lot-Truyère.

▪ Des DMP en forte baisse aux GEH Lot-Truyère et Adour & Gaves.

▪ Le suivi du taux de couverture des DMP par des travaux programmés à l’unité de production Méditerranée.

FOCUS – Bonnes pratiques relevées en 2018

La surveillance et la maintenance du patrimoine

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24 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des cruesGlobalement, dans les exploitations inspectées, je note que l’attention aux risques liés au passage des crues sur les barrages reste à un niveau de maîtrise élevé et qu’en particulier les compétences des hydrauliciens nouvellement recrutés sont désormais au niveau attendu.

Le principe de gestion des barrages en crue est que le barrage ne doit pas accentuer les valeurs de débits et de gradients de débits entrants en queue de retenue. Autrement dit le barrage doit être, au pire, neutre par rapport aux entrants naturels de la crue. Dans la pratique, et pour des crues de fréquence courante, les barrages exercent souvent un effet bénéfique pour les territoires à l’aval (laminage, déphasage, etc.). Pour transiter les débits de crue, ils disposent d’évacuateurs de crue (EVC), statiques et/ou vannés. Dans le présent chapitre, les vannes sont examinées sous l’angle de leur fonction sûreté de passage de crue. Le risque qu’elles constituent sous l’angle des débits à l’aval en dehors des crues est traité au chapitre 6 (risque sûreté MVD, maîtrise des variations de débit).

L’actualité 2018

Face à l’enneigement très exceptionnel des massifs alpins et pyrénéens à la fin de l’hiver 2017-2018, les exploitants concernés (unités de production Alpes, Méditerranée, Sud-Ouest) ont adopté une attitude proactive sur toutes les questions de gestion des ouvrages en crue, tant au regard des procédures opérationnelles décrites dans les consignes de crue que dans leurs échanges avec les autorités chargées de la sécurité des populations. Je note ainsi que les exploitants ont tiré le retour d’expérience de la crue de 2013 dans les Pyrénées. Au final, la fonte des neiges a été partout progressive et n’a engendré aucun épisode de crue significatif. Quelques épisodes ponctuels de crue sont à noter dans le val d’Azun (GEH Adour & Gaves), en Corse (Rizzanese) ainsi que sur le Lot amont.

EDF poursuit, à un rythme soutenu depuis 2012, ses études et travaux de réévaluation concernant la capacité effective d’évacuation des crues sur ses barrages. J’ai été impressionné, dans mes inspections depuis 2016, par le nombre de barrages dont les évacuateurs ont été réétudiés, voire recalibrés, ces dernières années, en application des règles et doctrines d’EDF Hydro. Cette dynamique résulte d’une part de l’accumulation, dans le temps, de données hydrologiques permettant de disposer de chroniques plus profondes, d’autre part du constat et de l’intégration d’événements extrêmes plus nombreux en lien avec le dérèglement climatique. Inspectés en 2018, les barrages de Beaumont-Monteux, Pizançon et La Vannelle sur l’Isère à l’aval de Grenoble, et ceux de Gèdre et Luz sur les Gaves, font encore, ou ont fait, l’objet de travaux parfois très importants. Les études se poursuivent sur les barrages de la Truyère, du Tarn et de la Creuse, pour ne retenir que les sujets explicitement abordés en 2018.

L’arrêté technique barrage (ATB) publié par l’administration en août 2018 a stabilisé le corpus réglementaire sur le dimensionnement des barrages face aux crues. Il reprend, pour l’essentiel, les règles de l’art de la profession. Il semble toutefois ne pas vouloir ouvrir sur la voie prometteuse de l’approche incrémentale promue ces dernières années, par exemple pour certains ouvrages dont la taille de retenue reste modeste, par exemple sur la Vienne aval ou le Tarn amont.

Au niveau international, l’année a été marquée par plusieurs épisodes de crue marquants pour les exploitants de barrages. Citons les incidents graves aux barrages d’Attapeu au Laos, d’Ituango en Colombie et de Swar-Chaung en Birmanie. Rappelons que les défaillances dans la maîtrise du passage des crues représentent la moitié des incidents graves affectant les barrages dans le monde.

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Le retour d’expérience de l’incident du barrage d’Oroville aux États-Unis en 2017 a conduit EDF Hydro à approfondir l’examen des conditions de transit des débits à évacuer via les évacuateurs de crue ainsi que des conditions de dissipation de l’énergie des crues, qui peut rapidement atteindre

et dépasser 1 000 MW de puissance. Il devrait également enrichir les réflexions à conduire avec les autorités sur les dispositifs d’alerte et d’évacuation des populations situées à l’aval (mobilisation par les réseaux sociaux, par exemple).

Barrages capacitifs : premières mises en œuvre des trajectoires linéaires

Les retenues importantes des barrages capacitifs exercent une action de laminage significative des hydrogrammes de crue entrants : autrement dit, la retenue ne passe pas en écoulement torrentiel lors des épisodes de crue. Sur ces ouvrages, les évacuateurs sont en général pilotés manuellement par des exploitants en quart. Les exploitants sont entraînés, recyclés et habilités au moyen de l’outil de simulation SIMBA.

Le centre d’ingénierie hydraulique et la R&D du Groupe ont développé un nouvel algorithme, dit linéaire, qui vient se substituer à l’algorithme utilisé jusqu’à présent, dit Dordogne, pour le pilotage du débit sortant des évacuateurs de crue des barrages capacitifs.

Début 2018, les barrages capacitifs de la Truyère, qui ont servi de support expérimental aux nouvelles consignes intégrant les trajectoires linéaires,

La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des crues

Crue décennale du barrage de Rizzanese en 2015.© edf

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26 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Barrages mobiles en rivière : fiabiliser toujours davantage les automatismes

Ces barrages s’effacent (hydrauliquement), totalement ou partiellement, lors des épisodes de crue. Les vannes des évacuateurs de crue cumulent souvent plusieurs fonctions : passage effectif des débits de crue, stabilité du barrage en maintenant la cote de la retenue sous la cote PHE (des plus hautes eaux), régulation du plan d’eau hors crue, report des débits usiniers, gestion des lâchers d’eau et des débits réservés, lâchers d’eau à finalité touristique, etc. Pour assurer toutes ces fonctions, ces vannes

sont généralement pilotées par des APB (automates programmables de barrage). Ces automates sont d’autant plus stables et fiables que l’exploitant aura su hiérarchiser les différentes fonctions précitées afin de bien définir les situations de repli (ce point avait été largement développé dans le rapport 2017). L’émergence à l’unité de production Sud-Ouest du concept d’automate important pour la sûreté hydraulique est développée au chapitre 6.

Des automatismes hydrauliques à soumettre aux mêmes exigences de fiabilité

Les vannes à automatismes hydrauliques fonctionnent sans énergie électrique. De conception assez courante jusque dans les années 1950, elles sont dotées d’une cinématique quasi-statique, mues par des flotteurs et des contrepoids réglés par des jeux d’ajutages hydrauliques. De nombreux barrages mobiles ou capacitifs en sont dotés (comme le barrage mobile de Luz 1 au GEH Adour & Gaves et le barrage capacitif de Calacuccia à SEI Corse, visités en 2018). Cette conception est généralement perçue comme simple et robuste par les exploitants. Elle est une parade au risque que l’exploitant n’arrive pas à temps sur l’ouvrage en crue pour manœuvrer. Généralement, il s’agit d’ouvrages isolés et souvent dépourvus d’alimentation électrique via le réseau.

La traçabilité indispensable des gestes et des mesures lors des crues

Les exploitants ont à conduire les barrages en crue en respectant strictement les consignes de crue validées. Les dégâts naturels occasionnés par le passage des crues aux abords des rivières sont souvent importants et ne sont pas liés à la présence des barrages. Pour autant, les exploitants ont immanquablement à rendre des comptes aux autorités, voire parfois à des particuliers.

Je recommande que les exploitants puissent assurer la traçabilité effective de leurs

gestes en crue et des mesures des débits en application des consignes de leurs ouvrages.

ont expérimenté leur nouvelle consigne de crue actualisée lors du passage d’une crue significative. Le retour d’expérience est satisfaisant à la fois quant aux résultats opérationnels obtenus et quant à la satisfaction des exploitants qui

soulignent une réelle simplification des gestes et calculs à produire entre deux pas de temps. Cette nouvelle méthode devrait progressivement être généralisée pour les barrages capacitifs d’EDF.

Je recommande d’appréhender ces automatismes hydrauliques de sûreté avec la

même rigueur que les automatismes classiques (s’appuyant sur des circuits électriques type relayage ou bien automates programmables). En particulier, ils doivent être documentés de la même façon. Le fonctionnement et la maintenance en conditions opérationnelles doivent être assurés avec les mêmes exigences de fiabilité.

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Je recommande aux exploitants de régulièrement communiquer en dehors

des épisodes de crue. Ils doivent porter aux élus et aux parties prenantes les éléments de connaissance technique et de pédagogie qu’ils détiennent sur la gestion des ouvrages.

L’information des parties prenantes

Les populations vivant ou ayant une activité aux abords des rivières sont de plus en plus nombreuses et, surtout, de plus en plus sensibles aux conséquences potentielles des crues. Par sa connaissance de ces phénomènes et de leurs impacts sur les ouvrages, l’exploitant hydraulique EDF est un vecteur d’information écouté et reconnu. Lors des épisodes de crue, les élus et les responsables des services civils sont naturellement en première ligne, assumant leurs responsabilités d’annonce aux populations et de gestion des crues.

FOCUS Bonnes pratiques relevées en 2018

▪ Le centre d’ingénierie hydraulique et l’unité de production Centre développent une version interactive 3D pour le simulateur de nouvelle génération SIMBA 3D. Cette version est en cours de test au barrage de Sarrans (Truyère), dont l’environnement est ainsi simulé.

▪ Les premiers REX très positifs de l’approche du pilotage des crues par la méthode linéaire au GEH Lot-Truyère.

▪ Face aux enneigements exceptionnels des massifs alpins et pyrénéens en fin d’hiver 2017-2018, la mobilisation très proactive des exploitants des unités de production Alpes, Méditerranée, Sud-Ouest) dans la droite ligne du REX de la crue de 2013 dans les Pyrénées.

▪ L’exploitation, avec l’appui de l’ingénierie intégrée, de toutes les données issues du REX de l’incident du barrage d’Oroville aux États-Unis en 2017. Plusieurs pistes (maîtrise du transit des débits dans les évacuateurs de crue, capacité de dissipation de l’énergie à l’aval du barrage) sont porteuses de progrès pour la culture de sûreté d’EDF Hydro.

La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des crues

Affluent naturel de l’Altier, exceptionnellement en eau pendant un épisode de crue.© edf

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28 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La sûreté d’exploitation hors crueTroisième champ de la sûreté hydraulique, la sûreté d’exploitation hors crue regroupe les risques liés aux variations des débits des rivières consécutifs aux manœuvres d’exploitation (arrêts/démarrages des groupes, ouvertures/fermetures des vannes de barrage ou des prises d’eau). Ces manœuvres sont soit automatisées, soit manuelles. Se rangent également dans ce champ les risques aux abords des plans d’eau et des canaux lors des variations de cote ou de débit liées à l’exploitation.

L’accumulation d’événements de sûreté (ESSH) liés à ces risques continue d’attirer l’attention. Ainsi, régulièrement ces dernières années, une vanne de barrage (ou de prise d’eau) s’ouvre de façon intempestive,

ou non maîtrisée, heureusement sans créer de victimes ni de dégâts. Les événements important de sûreté hydraulique (EISH) liés aux problématiques de risques en rivière représentent 60 % des déclarations à l’administration en 2018. L’événement de juillet 2017, lié à la présence d’une classe d’enfants dans une rivière à l’aval d’une prise d’eau où l’exploitant se préparait à ouvrir une vanne de vidange, illustre la vulnérabilité potentielle de nos défenses de sûreté sur ce registre. Je me suis rendu cette année sur ce site pour examiner les actions engagées à la suite de cet événement.

Ces thématiques avaient été largement développées dans mon rapport 2017 et les recommandations afférentes restent pour l’essentiel d’actualité.

La démarche de criticité des tronçons de rivière : attitude interrogative et démarche de coresponsabilité

Après l’accident du Drac en 1995, tous les tronçons de rivière exposés à ces risques ont été analysés selon la méthode dite de criticité développée par la DTG

(Division technique générale) d’EDF. La criticité d’un site (cotée de 1 à 5) traduit le risque résiduel après la mise en place effective de parades opérantes sur deux axes :

Vue aérienne du barrage de Lanau. © edf - Maxime AUTHIER

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• l’un technique, visant à réduire la dangerosité potentielle des variations de débit ou de cote des plans d’eau. Ces parades (gradients contrôlés, placement de ces variations) se traduisent par des consignes transcrites le plus souvent dans les automatismes des ouvrages concernés et intégrées dans les manœuvres spécifiques d’exploitation hors automatismes (manuelles),

• l’autre sociologique, visant à actualiser en permanence la connaissance des multiples usages de l’eau aux abords des ouvrages hydroélectriques pour aboutir à des parades types : conventionnement en rivière, arrêtés restrictifs (préfectoraux ou municipaux), actions pédagogiques dans les écoles et les lieux touristiques, présence active des hydro-guides sur les sites de production durant les vacances, réorientation des pratiques en lien avec les parties prenantes.

Tous les trois ans environ, les exploitants réexa-minent ces parades et actualisent les cotations de criticité. Cela procède d’une bonne posture interrogative. Afin d’étayer l’approche, ils réalisent régulièrement des essais d’écoulement dans les rivières, souvent en présence des parties pre-nantes.

Les sites classés 4 et 5 sont considérés comme critiques. Ils ont fait l’objet d’un traitement rigoureux ces dix dernières années. On en dénombrait 145 en 2005. Ce chiffre s’est réduit à 45 en 2008, puis à 19 en 2011 et 7 en 2017. Je note en 2018 un sursaut bienvenu des unités de production pour la résolution des derniers sites critiques. Fin 2018, il ne reste que 3 sites critiques : le barrage du Saut du Moine sur le Drac à l’amont de l’agglomération grenobloise (UP Alpes), le site de Capounta en Ariège (UP Sud-Ouest) et le site singulier du barrage de la Rance (UP Centre). Vingt ans après la première évaluation de leur risque de criticité, il apparaît qu’une solution définitive pourrait être trouvée en 2019-2020 pour ces trois sites critiques restants.

Dans mon rapport 2017, j’avais exposé ma conviction qu’EDF Hydro ne parviendrait à des solutions satisfaisantes qu’en associant les parties prenantes dans la responsabilité qui est la leur, pour une recherche et un financement partagés des solutions (cf. résolution exemplaire du site critique des Avalats à l’UP Sud-Ouest).

En complément des recommandations 2017, qui concernaient les derniers

sites critiques, je formulerai trois recommandations sur la démarche de criticité qui devra rester active après que les derniers sites critiques auront trouvé les bonnes parades garantissant leur déclassement.

1. Donner la primauté à la sûreté dans les initiatives engagées pour le renouvel-lement des titres et les questions environnementalesLes fonctions de sûreté doivent rester en première ligne des fonctions à assurer par les APB barrages dont la complexité augmente car devant intégrer les contraintes liées au renouvellement des titres et aux questions environnementales.

2. Intensifier la veille sur les évolutions sociologiques et les usages autour des cours d’eau et des retenuesJ’ai constaté, en 2018, des pratiques qui s’amplifient : canyoning dans des tronçons directement influencés par l’exploitation (GEH Adour & Gaves), pratiques de pêche dites float-boat sur les retenues (GEH Lot-Truyère à l’UP Centre), activités nouvelles sur le Sinnamary à l’aval de Petit-Saut en Guyane ou à Yaté en Nouvelle-Calédonie, etc.

3. Remettre à plat, en partant de la feuille blanche, la cotation de certains sitesLes réévaluations périodiques de criticité se font en différentiel de la cotation précédente. Dans quelques situations, la méthode de repartir de la feuille blanche a mis en exergue des points qui avaient toujours été sous-évalués. Chaque entité opérationnelle pourrait ainsi choisir un ou plusieurs sites afin de tester la méthode en partant de la feuille blanche. Cette approche a également une vertu pédagogique pour les jeunes hydrauliciens.

La sûreté d’exploitation hors crue

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30 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La démarche émergente des AISH, automatismes importants pour la sûreté hydraulique

J’y ajoute deux recommandations déjà formulées dans mon rapport 2017.

1. Les exploitants de ces sites doivent assurer une meilleure traçabilité des mouvements d’eau (débits, gradients, durée, etc.) pour pouvoir démon-trer a posteriori le respect strict des consignes d’exploitation.2. Ils pourraient aussi davantage tracer les réflexions engagées, les études effectuées, les essais réalisés afin de pouvoir montrer, voire dé-montrer a posteriori, les efforts faits en matière de sûreté.

Je propose deux recommandations pour les CCH.

1. Renforcer les exigences sur les instructions temporaires de conduite (ITC)Ces ITC correspondent à des contraintes techniques exprimées par les exploitants et modifient les consignes de conduite. La plupart des ITC examinées dans les CCH ont un impact sûreté. Il conviendrait d’une part d’en améliorer l’expression et l’analyse de risque et d’autre part d’en limiter la durée d’application (certaines datent de plus de cinq ans).

2. Proscrire le recours à la conduite du CCH pour l’accomplissement manuel de fonctions permanentes de sûretéAinsi de la réalisation de gradient de débit ou d’information des avalisants sous convention que j’ai pu noter ici ou là.

Dans le rapport 2017, j’ai eu l’occasion de développer la question des automatismes des barrages et prises d’eau et la nécessaire clarification et hiérarchisation des fonctions à automatiser, en commençant par les fonctions de sûreté. Les actions engagées commencent à porter leurs fruits (approche systémique proposée par le centre d’ingénierie hydraulique (CIH), effort de rédaction des cahiers d’expression des besoins d’automatisme de la part des exploitants). La démarche de l’UP Sud-Ouest de traiter de façon différenciée les AISH, automatismes importants pour la sûreté hydraulique, me paraît prometteuse pour autant que les gestes associés soient effectivement différents de ceux opérés sur les autres automatismes (conception, maintenance, contrôle, etc.). L’antenne CIH de Toulouse propose ainsi des essais sur simulateurs pour configurer les modes extrêmes de crue ou dégradés d’exploitation qu’on ne peut pas réceptionner par des essais fonctionnels classiques.

Les centres de conduite hydraulique (CCH)

En inspectant les états-majors des cinq unités de production, j’ai pu examiner les liens entre les opérateurs de conduite de production des quatre CCH (Lyon, Mulhouse, Sainte-Tulle, Toulouse) et les exploitants de terrain autour de certains points de sûreté. Les dispacheurs des centres SEI sont confrontés à des problématiques assez proches.

La télé-conduite des principales usines de production par les CCH répond aux enjeux de production et de souplesse inhérents à l’hydroélectricité. Les agents des quatre CCH réalisent cette télé-conduite en service continu. Ils veillent à répondre aux besoins en puissance et en énergie exprimés par le centre d’optimisation de la production (COPM) en mobilisant les capacités opérationnelles des installations de production télé-conduites. Pour ce faire, ils provoquent des mouvements d’eau et doivent respecter les consignes édictées par les exploitants qui couvrent notamment des aspects de sûreté hydraulique. Ils reçoivent pour cela une délégation dite de conduite.

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Évolutions envisageables pour continuer à nourrir la démarche de criticité

Je terminerai ce chapitre sur des évolutions que je considère envisageables pour réduire davantage les risques liés à l’exploitation.L’introduction de la catégorie 3+ dans le nouveau référentiel de criticité ne doit pas s’entendre comme un point médian entre les criticités 3 et 4 mais être la trace que nous sommes en présence d’un ancien site classé 4 ou 5, maintenu en 3 par des parades actives, dont il convient de bien garantir l’efficacité.

Je proposerai d’examiner la transposition des pré-curseurs de sûreté hydraulique (PSH), jusqu’ici réservés aux franchissements de barrières de défense des études de danger (EDD) des barrages, au franchissement des défenses que sont les parades MVD précitées.

La méthode de criticité a été pensée à une époque qui ignorait les smartphones. Dans les calculs de la méthode de criticité, je pense que l’utilisation généralisée des smartphones représente un gain de sûreté qu’il faut évaluer.

▪ La poursuite déterminée de la modernisation des automatismes des barrages du Rhin selon l’ex-projet MELBA à l’unité de production Est.

▪ Les réflexions pour réduire la criticité de l’aval Chaudane dans les gorges du Verdon à l’unité de production Méditerranée. La rivière en aval a été scindée en plusieurs tronçons, chacun étudié à différents moments de la journée et à différentes saisons pour aboutir à des parades affinées et spécifiques.

▪ Les méthodes innovantes de l’unité de production Alpes pour la maîtrise de la criticité : coloration de la vague d’alerte, alerte sur smartphone, etc.

▪ Le memento Risques liés à l’exploitation mis au point à SEI Corse, destiné aux exploitants, agents de conduite et hydroguides.

▪ L’attention redoublée du GEH Adour & Gaves sur la pratique du canyoning qui prend de l’ampleur.

▪ Les hydroguides qui disposent d’une tablette avec un géoréférencement des sites et la possibilité d’illustrer par vidéo les essais de lâchers d’eau (GEH Adour & Gaves).

▪ Le retour d’expérience de l’ESSH de 2017 de Luchon (PE de Labach à l’unité de production Sud-Ouest) : remise à plat des relations avec l’Éducation nationale pour les sorties nature près des rivières. Plus largement, approfondissement juridique de l’ensemble des conventionnements en rivière.

▪ L’émergence de la notion d’automates importants pour la sûreté hydraulique à l’unité de production Sud-Ouest, en y associant des gestes spécifiques, comme le passage en simulateur au CIH pour compléter les habituelles requalifications fonctionnelles.

La sûreté d’exploitation hors crue

Expérimentation sur la rivière Vénéon : coloration préventive en vue d'une augmentation de débit. © edf - Philippe LORTSCHER

FOCUS – Bonnes pratiques relevées en 2018

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32 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Unité de production Centre :GMH CentreRance ÉnergiesGEH DordogneGEH Centre Ouest GEH Loire-ArdècheGEH Lot-Truyère

Unité de production Est :GMH EstGEH Jura-BourgogneCEH RevinGEH Rhin

Unité de production Alpes :GMH AlpesGEH Écrins-VercorsGEH Savoie Mont-BlancGEH Vallée de la MaurienneService de réparationhydraulique

Unité de productionMéditerranée :GMH MéditerranéeGEH Durance-VerdonGEH Azur-Ecrins

Unité de production Sud-Ouest :GMH Sud-OuestGEH Adour & GavesGEH Aude-AriègeSuGEH Pyrénées GEH Tarn-Agout

EDF HydroSite de Cap AmpèreSaint-Denis (93) Centre d’Ingénierie

Hydraulique (CIH),Bourget-du-Lac, Brive, Grenoble, Marseille, Mulhouse, Toulouse

Direction TechniqueGénérale (DTG),Grenoble, Brive, Béziers, Lyon, Toulouse

SHEMA :Lyon

Hydrostadium :Annecy,

Clermont Ferrand,Toulouse

PRÉSENTATION ET ORGANISATION DE EDF HYDRO ET SES FILIALES

ANNEXES

LISTE DES ENTITÉS INSPECTÉES EN 2018 :- Les 5 états-majors des unités de production

- Les 5 sites (antennes) CIH associés

- Les antennes UNITEP d’Aurillac et Marseille

- Les sites DTG de Brive et Toulouse

- Unité de production Alpes : GEH Écrins-Vercors

- Unité de production Sud-Ouest : GEH Adour & Gaves, GMH Sud-Ouest

- Unité de production Centre : GEH Lot-Truyère

- SEI : Centre Guyane, Centre Corse

- ENERCAL : opérateur néo-calédonien

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PRÉSENTATION ET ORGANISATION DE EDF HYDROEDF, premier producteur hydraulicien de l’Union européenneEDF SA produit environ 10 % de son électricité à partir de l’énergie hydraulique. Associée au nucléaire, celle-ci permet au groupe EDF de produire en France 95 % de son électricité sans émission de CO2 et de contribuer de manière essentielle à la sécurité d’approvisionnement du pays et, plus largement, de la zone européenne. Les centrales hydroélectriques d’EDF produisent chaque année en moyenne environ 40 TWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle de l’Île-de-France. Cette production est variable en fonction des ressources disponibles en eau (pluies, fonte des neiges…). Le parc hydraulique d’EDF en France métropolitaine est géré par EDF Hydro.

RÉPARTITION DE LA PUISSANCE HYDRAULIQUE INSTALLÉELe parc de production hydroélectrique d’EDF en France en quelques chiffres*

hydrauliciens pour la maintenance, l’exploitation, la conduite et l’ingénierie.

grands barrages dont 150 de plus de 20 mètres.

de puissance installée, selon quatre types d’aménagements (lac, pompage, fil de l'eau, éclusée).

5 50023920,3GW

433 centrales hydrauliques ayant une moyenne d’âge de 73 ans.

Annexes

* Chiffres à fin 2017.

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34 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

AAtteintes

aux personnes

BAtteintesaux biens

CCotes

non maîtrisées

DDébits

non maîtrisés

SSituationsnon sûres

6Plusieurs personnesdécédées

5Une personnedécédée

Dégâts importants affectant le gros œuvre de plusieurs installations

4Personne(s) mise(s)en difficulté

Dégâts affectant des biens fixes (gros œuvre) isolés

3Personne(s) mise(s)en difficulté

Dégâts affectant des biens fixes (gros œuvre) isolés

2

Dégâts affectant des constructions légères

Cote réelle significativement supérieure à la cote des plus hautes eaux (PHE) ou à une cote assimilée

Débit ou gradient très supérieur à la valeur normalement attendue

Situation non sûre d’un ouvrage ayant nécessité l’application de plans, de procédures ou d’organisation de crise et une alerte des autorités pour action externe immédiate

1

Dégâts affectantdes biens mobiles

Dégâts mineurssur les biens

Cote réelle significativement supérieure à la cote de retenue normale (RN) ou inférieure à la cote minimale d’exploitation réglementaire, hors cas prévus par consigne

Non-respect des limites de lâcher définies dans les consignes ou les conventions (débit, gradient ou horaires)

Situation non sûred’un ouvrage ayant entraîné une action impérative d’exploitation et ayant nécessité l’information des autorités

0

Personne(s) présente(s)dans des tronçonsidentifiés à risques

Atteinte potentielleaux biens

Cote réelle non conforme à la cote souhaitée

Débit non souhaité sans dépassement des limites définies dans la consigne

Situations potentiellement non sûres, sur un ouvrage, un matériel, une procédure ou une attente d’un client susceptibles d’affecter la sûreté hydraulique

GRILLE DE COTATION INTERNE DES ESSH JUSQU’À FIN 2018*

Dans la gestion quotidienne d’un aménagement hydraulique, des événements d’exploitation non souhaités peuvent se produire.Ce sont des Événements significatifs pour la sûreté hydraulique (ESSH) dès qu’ils concernent l’atteinte aux personnes ou aux biens, la non-maîtrise de cote ou de débit et, plus généralement, des situations « non sûres ».

Les ESSH, mis en place à l’initiative d’EDF, sont cotés selon deux paramètres : leurs conséquences et leur niveau de gravité. Ils sont ensuite classés en trois catégories : vert (indice de gravité égal à 0), orange (indice de gravité égal à 1, 2 ou 3) et rouge (indice de gravité égal à 4, 5 ou 6).

ANNEXES

Faits

Niveaude gravité

* Évolutions expliquées page 14.

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NIVEAU DE GRAVITÉ Jaune Orange Rouge

BARRAGES Événements à caractère hydraulique ayant conduit à :• une mise en difficulté des

personnes• des dégâts de faible

importance à l’extérieur de l’installation

Événements traduisant une non-conformité à un dispositif réglementaire sans mise en danger des personnes :• non-respect des consignes

d’exploitation en crue• non-respect de débits• non-respect de cotes

réglementaires

Défauts de comportement de l’ouvrage et de ses organes de sûreté imposant une modification de la cote ou des conditions d’exploitation en dehors du référentiel réglementaire d’exploitation de l’ouvrage, sans mise en danger des personnes

Événements à caractère hydraulique ayant entraîné :• une mise en danger des

personnes sans qu’elles aient subi de blessures graves

• des dégâts importants aux biens ou aux ouvrages hydrauliques

Événements à caractère hydraulique ayant entraîné :• des décès ou des blessures

graves aux personnes• des dégâts majeurs

aux biens ou aux ouvrages hydrauliques

DIGUES Événements ayant conduit à une dégradation significative de la digue nécessitant une réparation dans les meilleurs délais, sans mise en danger des personnes

Événements :• à caractère hydraulique ou consécutifs à une crue ayant entraîné une mise en danger des personnes sans qu’elles aient subi de blessures graves

• ayant entraîné des dégradations importantes de l’ouvrage, quelle que soit leur origine, mettant en cause sa capacité à résister à une nouvelle crue et nécessitant une réparation en urgence

Événements à caractère hydraulique ou consécutifs à une crue ayant entraîné :• des décès ou des blessures

graves aux personnes• une inondation totale ou

partielle de la zone protégée à la suite d’une brèche

NIVEAU DE GRAVITÉ DES EISHLes EISH concernent :• tout le périmètre des aménagements concédés ;• uniquement les barrages et les digues des

aménagements autorisés.

ClassificationLes définitions des trois niveaux de gravité – jaune, orange et rouge – données par les articles 4 et 5 de l’arrêté du 21 mai 2010 sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Annexes

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36 RAPPORT 2018 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

LEXIQUE AAPS : Avant-Projet Sommaire

APD : Avant-Projet Détaillé

AFEID : Association Française pour l’Eau, l’Irrigation et le Drainage

ART : Agence Régionale de Télécommunications

BBMR : Barrage Mobile en Rivière

CCCH : Centre de Conduite Hydraulique

CF : Conduite Forcée

CFBR : Comité Français des Barrages et Réservoirs

CIH : Centre d’Ingénierie Hydraulique

CNSH : Comité National de Sûreté Hydraulique

COCCHE : Comité de Contrôle Commande Hydraulique

COVAP : Comité de Validation des Projets

CREEX : Centre Régional d’E-Exploitation

CTSH : Comité Technique et Sûreté Hydraulique

CUTMH : Commission des Usures et de la Technologie du Matériel Hydraulique

DDFC : Dossier de Fin de Concession

DMP : Dispositif et Moyen Particulier

DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

DSPCF : Dispositif de Surveillance de Pression d’une Conduite Forcée

DTG : Division Technique Générale

EEDD : Étude De Danger

EIM : Équipe d’Intervention de Maintenance

EISH : Événement Important pour la Sûreté Hydraulique

ESSH : Événement Significatif de Sûreté Hydraulique

ESSI : Écart Significatif de Sûreté à l’Ingénierie

EVC : Évacuateur de Crue

FFFCK : Fédération Française de Canoë-Kayak

FHYM : Forces Hydrauliques de la Meuse

ANNEXES

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GGEH : Groupe d’Exploitation Hydraulique

GMAO : Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur

GMH : Groupe de Maintenance Hydraulique

GPEC : Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences

GU : Groupement d’Usines

HHSM : Hydrostadium, filiale ingénierie petite hydraulique

IIPHE : Ingénierie du Parc Hydraulique en Exploitation

IPR : Ingénierie de Production Régionale

IPSH : Indicateur de Prévention Sûreté Hydraulique

ISH : Indicateur Sûreté Hydraulique

MMPHy : Mission Production d’Hydroélectricité

MPL : Manager de Première Ligne

MRC-D : Maîtrise du Risque Crue par le Dimensionnement

MRO : Maîtrise des Risques Opérationnels

MVD : Maîtrise des Variations de Débit

OOMISH : Ouvrage et Matériel Importants pour la Sûreté Hydraulique

PPEX : Partage d’Expérience

PML : Plan de Maintenance Local

PMPS : Plan de Maintenance Préventive Standard

POI : Plan d’Orientation Interne

PPI : Plan Particulier d’Intervention

RREX : Retours d’Expérience

RS : Revue de Sûreté

SSDO : Surveillance Des Ouvrages

SHEMA : Société Hydraulique d’Études et de Mission d’Assistance

SILEX : Système d’Information de l’Exploitant

SIMBA : Simulateur Barrage

SOH : Socio-Organisationnel et Humain

SuperHydro : Sûreté et Performance du parc hydraulique

TTCC : Tronçon Court-Circuité

UUFPI : Unité de Formation de la Direction Production et Ingénierie

UI : Unité d’Ingénierie

UP : Unité de Production

VVMSH : Visite Managériale de Sûreté Hydraulique

Annexes

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