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Pôle Économie Décembre 2008 Quels modèles d’élevage d’avenir pour la production porcine française ? Christine Roguet Patrick Massabie Yannick Ramonet Michel Rieu

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Pôle Économie Décembre 2008

Quels modèles d’élevage d’avenir pour la production porcine française ?

Christine Roguet Patrick Massabie

Yannick Ramonet Michel Rieu

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Mission DAR AAP 2006 numéro 6110

« Changement des systèmes d’élevage porcin en France : des prototypes innovants pour le pilotage des transformations »

Quels modèles d’élevage d’avenir pour la production porcine française ?

Christine Roguet (1), Patrick Massabie (1), Yannick Ramonet (2), Michel Rieu (3) (1) IFIP- Institut du porc, Pôle Economie, La motte au Vicomte, BP 35104, 35651 Le Rheu

(2) Chambres d'Agriculture de Bretagne, Pôle Porc Aviculture, Maison des Agriculteurs, Av. du Chalutier Sans Pitié BP 540 2195 PLERIN CEDEX

(3) IFIP- Institut du porc, Pôle Economie, 34 Bd de la Gare, 31500 Toulouse

LES PARTENAIRES MOBILISÉS DANS LA RÉALISATION DE CE PROJET SONT L’IFIP-INSTITUT DU PORC, LES CHAMBRES D’AGRICULTURE DE BRETAGNE, DES PAYS DE LA LOIRE ET DE POITOU-CHARENTES, L’UNION DES GROUPEMENTS PRODUCTEURS DE VIANDE DE BRETAGNE, LES INTERPROFESSIONS PORCINES RÉGIONALES (CRP DES PAYS DE LA LOIRE, INPAQ D’AQUITAINE, MIDIPORC DE MIDI PYRÉNÉES, ARPPC DE POITOU-CHARENTES), LE CER FRANCE BRETAGNE, L’AFSSA PLOUFRAGAN ET LE SERVICE DE LA STATISTIQUE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE.

Décembre 2008

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir - Sommaire

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Table des matières

Table des matières _______________________________________________________ 1 Table des illustrations _____________________________________________________ 5 Introduction _____________________________________________________________ 7 Méthodologie ____________________________________________________________ 9 I. Quelques repères sur la production porcine en France _______________________ 11 1.  Le cheptel porcin recule depuis 2001 ___________________________________ 11 2.  Des élevages N.E., moins nombreux et plus grands _______________________ 13 

2.1.  Un modèle majoritairement NE avec des différences régionales _________ 13 2.2.  Une taille moyenne de 167 truies en 2007 (190 truies en Bretagne) _______ 14 

II. Cahier des charges des élevages d’avenir _________________________________ 17 3.  Optimiser les performances zootechniques pour dégager un revenu _________ 17 

3.1.  Synthèse des entretiens __________________________________________ 17 3.2.  Analyse des performances zootechniques ___________________________ 17 

3.2.1.  Performances de reproduction ___________________________________ 17 3.2.2.  Performances de croissance ____________________________________ 19 

4.  Le travail, élément structurant des élevages porcins ______________________ 20 4.1.  Synthèse des entretiens __________________________________________ 20 

4.1.1.  Améliorer l’efficacité du travail ___________________________________ 20 4.1.2.  Travailler à plusieurs pour se dégager du temps libre _________________ 21 4.1.3.  Motiver les candidats, rares, à la production porcine __________________ 21 

4.2.  Analyse : un poste de coût important, empreint d’une forte variabilité ____ 22 4.2.1.  15% du coût de revient du porc charcutier __________________________ 22 4.2.2.  Les tâches chronophages ______________________________________ 23 4.2.3.  Des écarts très importants de temps de travail entre élevages __________ 24 

5.  Respecter l’environnement naturel et humain ____________________________ 25 5.1.  Synthèse des entretiens __________________________________________ 25 

5.1.1.  La contrainte environnementale, pour partie « apprivoisée » ___________ 25 5.1.2.  Des actions nécessaires _______________________________________ 26 

5.2.  Rappel des obligations réglementaires ______________________________ 27 5.2.1.  La protection de l’environnement _________________________________ 27 5.2.2.  La protection animale __________________________________________ 30 5.2.3.  Le « Paquet hygiène » _________________________________________ 32 

III. Les solutions d’organisation : taille et activité _____________________________ 35 1.  Taille de l’atelier porcin _______________________________________________ 35 

1.1.  Synthèse des entretiens __________________________________________ 35 1.1.1.  La productivité du travail _______________________________________ 35 1.1.2.  La gestion des déjections _______________________________________ 35 1.1.3.  L’accès aux technologies et aux économies d’échelle _________________ 35 

1.2.  Taille et résultats technico-économiques ____________________________ 36 1.2.1.  Performances de reproduction ___________________________________ 36 

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir - Sommaire

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1.2.2.  Performances en post-sevrage et en engraissement __________________ 37 1.2.3.  Résultats économiques _________________________________________ 38 

2.  Activité de l’atelier porcin _____________________________________________ 38 2.1.  Synthèse des entretiens ___________________________________________ 38 

2.1.1.  Des élevages associant le naissage et l’engraissement ________________ 38 2.1.2.  Rapatriement de l’engraissement à façon chez le donneur d’ordre _______ 39 2.1.3.  Sur un site par choix ou sur plusieurs par obligation ___________________ 39 

2.2.  Activité de l’atelier et performances _________________________________ 39 2.2.1.  Performances de reproduction des NE et des naisseurs _______________ 39 2.2.2.  Performances de croissance des NE et des engraisseurs ______________ 40 

IV. Les solutions techniques : équipements et bâtiments _______________________ 43 1.  Synthèse des entretiens _______________________________________________ 43 2.  Organisation de l’élevage : salles et aménagements _______________________ 44 

2.1.  La quarantaine ___________________________________________________ 44 2.2.  Le local d’attente saillie-gestation ___________________________________ 45 2.3.  Le local de gestation ______________________________________________ 46 2.4.  Le local de mise bas ______________________________________________ 47 2.5.  Le local de post-sevrage __________________________________________ 48 2.6.  Le local d’engraissement __________________________________________ 49 

3.  Conduite de l’élevage _________________________________________________ 54 3.1.  Nombre de bandes et âge au sevrage ________________________________ 54 3.2.  Gestion des déplacements d’animaux _______________________________ 54 3.3.  Automatisation, robotisation, aide à la décision _______________________ 55 

3.3.1.  Distribution automatisée de l’aliment _______________________________ 55 3.3.2.  Lavage ______________________________________________________ 55 3.3.3.  Tri des porcs charcutiers ________________________________________ 56 3.3.4.  Suivi des animaux _____________________________________________ 57 

3.4.  Maîtrise énergétique ______________________________________________ 57 3.4.1.  Chauffage par eau chaude ______________________________________ 58 3.4.2.  Autonomie énergétique _________________________________________ 58 

3.5.  Réduction des émissions polluantes ou des nuisances _________________ 58 3.5.1.  Gestion des déjections dans les bâtiments __________________________ 59 3.5.2.  Centralisation de l’extraction et lavage de l’air sortant _________________ 59 3.5.3.  Intégration paysagère __________________________________________ 60 

V. Trois archétypes d’élevages de porcs d’avenir pour trois grandes logiques _____ 63 1.  Complémentarité entre l’élevage de porcs et les cultures ___________________ 64 2.  Economies d’échelle et productivité du travail salarié ______________________ 65 3.  Externalisation du naissage : les maternités collectives ____________________ 65 4.  D’autres modèles existeront répondant à d’autres logiques _________________ 67 5.  Calcul du coût de revient ______________________________________________ 69 

5.1.  Hypothèses de performances et montants des investissements _________ 69 5.1.1.  Performances zootechniques ____________________________________ 70 5.1.2.  Productivité du travail __________________________________________ 70 

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5.1.3.  Montant des investissements ____________________________________ 71 

5.2.  Hypothèse de prix d’aliment _______________________________________ 72 5.3.  Calcul des coûts de revient _______________________________________ 72 

Discussion : de l’élevage d’aujourd’hui au modèle d’avenir _____________________ 75 Annexes _______________________________________________________________ 77 Références bibliographiques ______________________________________________ 85 

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir - Sommaire

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Table des illustrations

Graphiques

Graphique 1. Evolution du cheptel porcin en France de 1987 à 2007 .................................................. 11 Graphique 2. Evolution du cheptel porcin dans les régions .................................................................. 12 Graphique 3. Répartition du cheptel de truies selon l’activité des exploitations ................................... 13 Graphique 4. Évolution du nombre et de la taille moyenne des élevages avec truies ......................... 14 Graphique 5. Evolution de la répartition par classe de taille des élevages et des truies ...................... 15 Graphique 6. Evolution du nombre d’heures de travail par truie présente et par an ............................ 22 Graphique 7. Dispersion du temps de travail entre élevages naisseurs-engraisseurs ......................... 24 Graphique 8. Taille de l’élevage naisseur-engraisseur et temps de travail par truie ............................ 25 Graphique 9. Nombre de sevrés en fonction du temps de travail par truie .......................................... 25 Graphique 10. Productivité des truies et taille des élevages selon les régions .................................... 37 Graphique 11. Nombre de sevrés par truie et par an selon la taille de l’élevage ................................. 37 Graphique 12. Performances de croissance et taille d’élevage (naisseurs-engraisseurs) ................... 38 Graphique 13. Nombre et taille moyenne des élevages en GTTT par orientation ............................... 40 Graphique 14. Productivité des truies selon l’orientation ...................................................................... 40 Graphique 15. Nombre et taille moyenne des élevages en GTE par orientation ................................. 40 Graphique 16. Performances en post-sevrage selon l’orientation de l’élevage .................................... 41 Graphique 17. Performances en engraissement selon l’orientation de l’élevage ................................. 41 

Tableaux

Tableau 1. Répartition des exploitations et du cheptel selon l’activité principale ................................. 13 Tableau 2. Performances de reproduction des 10% et 1% meilleurs élevages en 2007 ..................... 18 Tableau 3. Performances de reproduction en sélection, multiplication et production ........................... 19 Tableau 4. Performances de croissance en engraissement en station ................................................ 19 Tableau 5. Meilleures valeurs de performances en post-sevrage et engraissement ........................... 20 Tableau 6. Postes de charges dans le coût de revient du porc charcutier ........................................... 22 Tableau 7. Temps de travail par tâche en élevage naisseur-engraisseur ............................................ 23 Tableau 8. Répartition des exploitations et du cheptel porcin par SOT en Bretagne ........................... 29 Tableau 9. Normes européennes de surface par porc ......................................................................... 30 Tableau 10. « Paquet Hygiène » : actions concernant les bâtiments et équipements ......................... 32 Tableau 11. Mode d’alimentation par stade physiologique ................................................................... 55 Tableau 12. Résultats de l’enquête sur les porcheries avec station de tri au Québec ......................... 56 Tableau 13. Les grands types d’élevages de demain vus par les porteurs d’enjeux ........................... 63 Tableau 14. Un modèle solide selon les professionnels : 200-300 TNE, un seul site, du foncier et un

salarié ........................................................................................................................................... 64 Tableau 15. La « grande » structure de demain vue par les professionnels ........................................ 65 Tableau 16. Taille maximale des maternités collectives en fonction du SOT en Bretagne .................. 66 Tableau 17. Performances de reproduction des maternités collectives vs autres élevages ................ 67 Tableau 18. Performances retenues pour chiffrer l’investissement ...................................................... 69 Tableau 19. Hypothèses de performances zootechniques pour les élevages d’avenir ........................ 70 Tableau 20. Coût unitaire par place en euros en 2008 ......................................................................... 71 Tableau 21. Montant des investissements : récapitulatif ...................................................................... 71 Tableau 22. Hypothèses de prix d’aliment ............................................................................................ 72 Tableau 23. Coûts de revient des élevages d’avenir ............................................................................ 73 Tableau 24. Valeur et composition du coût de revient des 10% et 33% meilleurs élevages sur ce

critère en 2006 .............................................................................................................................. 73 Tableau 25. Nombre de places par stade pour une conduite en 7 bandes de 42 truies ...................... 78 Tableau 26. Coût d’une porcherie de 294 truies programmes (7 x 42 truies) en euros ....................... 78 Tableau 27. Coût d’une porcherie de 294 truies programmes (7 x 42 truies), avec options ................ 78 Tableau 28. Nombre de places par stade pour une conduite en 4 bandes de 72 truies ...................... 79 Tableau 29. Coût d’une porcherie de 288 truies-programmes, 4 bandes de 72 truies, en euros ........ 79 Tableau 30. Nombre de places par stade pour une conduite en 20 bandes de 45 truies .................... 80 

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir - Sommaire

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Tableau 31. Coût d’une porcherie de 900 truies programmes (20 x 45 truies) en euros ...................... 80 Tableau 32. Coût d’une porcherie de 900 truies, 20 bandes de 45 truies, avec options ...................... 80 Tableau 33. Nombre de places par stade pour une conduite en 10 bandes de 90 truies .................... 81 Tableau 34. Coût d’une porcherie de 900 truies programmes (10 x 90 truies) en euros ...................... 81 Tableau 35. Nombre de places par stade pour une conduite en 20 bandes de 45 truies .................... 82 Tableau 36. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies (20 x 45 truies) en euros ........................... 82 Tableau 37. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies, 20 bandes de 45 truies, avec options ...... 82 Tableau 38. Nombre de places par stade pour une conduite en 20 bandes de 45 truies .................... 83 Tableau 39. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies, 10 bandes de 90 truies, en euros ............ 83 Tableau 40. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies, 10 bandes de 90 truies, avec options ...... 83 

Figures

Figure 1. Répartition géographique du cheptel porcin en France en 2007 ........................................... 11 Figure 2. Implantation optimale des bâtiments en élevage de porcs .................................................... 44 Figure 3. Exemple de plan pour 16 cochettes ....................................................................................... 45 Figure 4. Exemple d’aménagement de local d’attente saillie pour truies bloquées .............................. 46 Figure 5. Exemple d’aménagement « bien-être » des bâtiments pour gestantes ................................. 47 Figure 6. Transformation des maternités de la contention à la liberté des truies ................................. 50 Figure 7. Aménagement pour faciliter les déplacements des truies en maternité ................................ 51 Figure 8. Aménagement des cases de post-sevrage ............................................................................ 52 Figure 9. Aménagement du local d’engraissement avec système de pesée par vision ....................... 53 Figure 10. Ventilation des bâtiments ..................................................................................................... 61 

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Introduction

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Introduction

Depuis 10 ans, la production porcine stagne en France tandis que la rationalisation des élevages est rendue difficile, en particulier par les modalités d’application des réglementations environnementales. Le vieillissement du parc des bâtiments qui en résulte pèse sur les performances techniques et économiques. Les porcheries souffrent en effet d’un retard d’investissement évalué entre 2,6 et 2,9 milliards d’euros en 2006 (Roguet et al., 2007). Or, la compétitivité de la production porcine française face à une concurrence internationale impose, entre autres, d’optimiser la productivité de chaque facteur (truie, aliment, travail, installations d’élevage) pour contenir le coût de production.

Dans le même temps, des concurrents connaissent une forte croissance de leur production (+21, 18 et 17 % entre 1998 et 2008 en Espagne, Allemagne et au Danemark respectivement) et une concentration rapide de leurs élevages. Les nouvelles constructions intègrent les dernières avancées technologiques ainsi que les évolutions réglementaires et de performances techniques.

Par ailleurs, les producteurs de porcs ont changé. Des évolutions sont nécessaires pour mieux prendre en compte leurs aspirations et les exigences de la société tout en leur permettant de rester compétitifs. Le maintien de l’activité de production de porcs et des emplois qu’elle génère suppose d’imaginer les élevages qui satisferont toutes les contraintes de demain et de les proposer aux différents acteurs concernés, afin que les transformations se réalisent dans les meilleures conditions. Ces élevages d’avenir devront être diversifiés pour répondre à différents contextes (situations de départ, particularités régionales) et aux souhaits et compétences du plus grand nombre d’éleveurs.

Face à ces enjeux, l’IFIP a mené en 2007/2008 une étude, financée par la mission DAR et associant de nombreux partenaires, dont l’objectif est d’imaginer les élevages de porcs qui répondront de manière optimale à l’ensemble des contraintes de travail, d’effet sur l’environnement naturel et humain, de respect des animaux, de coûts…

Le projet EPIC (Elevages de Porcs Innovants et Compétitifs) dans lequel s’insère cette étude comprend trois phases :

PHASE 1 - Réalisation d’un état des lieux des bâtiments d’élevage porcins français en 2006/2007 (Roguet et al., op.cit.)

Cet état des lieux était un préalable indispensable pour connaître la situation des élevages, déterminer les améliorations à apporter et mesurer le chemin à parcourir vers une organisation optimale. Il a évalué le degré de vétusté du parc de bâtiments, sa cohérence et son adaptation au potentiel zootechnique et aux contraintes réglementaires. Le besoin d’investissement pour moderniser et mettre aux normes les porcheries a été chiffré.

Le constat est que le parc de bâtiment devient vétuste avec, en 2006, plus de la moitié des places dans les porcheries de plus de 15 ans : 64% en quarantaine, 56% en verraterie-gestante, 53% en maternité, 55% en engraissement, 49% en post-sevrage. La part des bâtiments de plus de 25 ans est élevée, notamment pour ceux hébergeant les truies : 42% des places en quarantaine, 28% en verraterie-gestante, 25% en maternité. En post-sevrage et engraissement, 18 à 20% des places ont plus de 25 ans.

Même si les bâtiments ont été rénovés, des adaptations restent nécessaires face à l’amélioration des performances et aux obligations réglementaires. 20% des gestantes confirmées sont conduites en groupe en 2006 (obligation de 100% en 2013). En post-sevrage, près du tiers des élevages manquent de places avec un déficit important qui correspond au gain de productivité des truies. Il en est de même en engraissement pour 17% des élevages.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir - Introduction

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PHASE 2 - Conception de prototypes innovants de systèmes d’élevage (présent rapport)

L’identification des modèles d’élevage de porcs d’avenir vise à :

• Offrir aux éleveurs les références les plus adaptées à leur situation pour développer des élevages optimisant les performances et réduisant les coûts, améliorant leurs revenus et leurs conditions de travail, leur permettant de répondre aux exigences qui leur sont faites,

• Conforter la filière en consolidant le potentiel de production, ceci en proposant des voies d’action (adaptation des outils de production, attractivité et perspectives du métier d’éleveur de porcs, conditions de reprise) contre le risque de détérioration de la compétitivité des élevages et le manque de vocations,

• Faciliter les consensus autour d’élevages répondant aux contraintes et besoins des producteurs et acceptés par la population parce que garantissant la protection de l’environnement et des animaux ainsi que la maîtrise sanitaire et hygiénique.

PHASE 3 - Elaboration d’une méthode d’accompagnement des éleveurs dans les projets d’évolution de leur exploitation (Grannec, 2008)

Les Chambres d’agriculture de Bretagne, partenaires du projet et acteurs du conseil aux éleveurs, ont formalisé en une démarche opérationnelle de conseil, le processus d’inventaire des contraintes des élevages et de choix des solutions possibles afin d’accompagner chaque éleveur dans ses décisions stratégiques individuelles (choix d’investissement et de développement). La démarche doit permettre de déterminer les évolutions les plus adaptées à chaque situation.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Méthodologie

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Méthodologie

Le système considéré dans l’étude est l’élevage, c’est-à-dire l’ensemble constitué des bâtiments, de leur disposition, de leurs équipements et du mode de fonctionnement adapté. La production considérée est le porc standard mais d’autres modes de production et de valorisation des porcs sont évoqués.

Les élevages d’avenir ont été caractérisés à partir d’options portant sur les « solutions d’organisation » (taille, nombre, organisation et activité des sites, quantité et nature de la main-d’œuvre…) et sur les « solutions techniques » concernant la conception et l’équipement des porcheries, le niveau de technicité, d’automatisme et d’investissement, la gestion des effluents et des émissions, les performances.

Ce travail comprend deux principales actions :

1) L’IDENTIFICATION DE MODÈLES D’ÉLEVAGES PORCINS D’AVENIR qui repose sur le recensement des contraintes (« cahier des charges » des élevages) et des solutions d’organisation et de techniques existantes ou projetées.

Cette partie croise les connaissances et avis des acteurs de terrain, recueillies lors d’entretiens, avec l’expertise des chercheurs et ingénieurs (bibliographie, analyse de données, mobilisation des connaissances). Deux séries d’entretiens ont été conduites, l’une auprès de responsables de groupement (principalement), visant à recenser les contraintes et à identifier les « solutions d’organisation », l’autre auprès de techniciens, destinée à décrire plus particulièrement les « solutions techniques ».

• Entretiens « contraintes et solutions d’organisation » L’entretien semi-directif a été choisi car il permet d’approfondir des questions relativement larges et d’obtenir des idées, motivations et freins (Kling-Eveillard, 2001, Blanchet et Gotman, 2007). Des questions ouvertes (non-directif), organisées par thèmes précis (directif), amènent l’enquêté à exprimer son point de vue.

Les organismes et personnes à auditionner ont été choisis en croisant une composante géographique (diversité régionale) et professionnelle (diversité des avis selon la fonction dans la filière). La liste initiale comprenait les principaux groupements de producteurs de porcs du Grand Ouest, Centre et Sud-Ouest de la France, les interprofessions d’Aquitaine, de Midi-Pyrénées, de Bretagne et des Pays de la Loire, la Fédération Nationale Porcine, le Crédit agricole des Côtes-d’Armor, le CER France Bretagne, des représentants de l’Etat (Ministère de l’agriculture, Préfecture de Bretagne) et des régions (Conseil Régional de Bretagne). Les analyses des représentants de l’Etat et des régions n’ont pu être recueillies faute de possibilités de rendez-vous durant la période des enquêtes.

Au final, se sont prêtés à l’exercice qui durait en moyenne 1h30, quinze responsables (des éleveurs pour la moitié) de douze groupements représentant 53% des porcs commercialisés en France (Orsol, 2007), dont six en Bretagne, un en Normandie, un en Pays de la Loire, trois dans le Sud-Ouest et un dans le Centre, sept représentants d’interprofessions et de fédérations, un comptable et un banquier. Les entretiens se sont déroulés de mi-novembre 2007 à début janvier 2008, alors que la flambée du prix des matières premières et la médiocrité du prix du porc laissaient présager une crise sévère.

Ces entretiens comprenaient trois parties amenant les personnes interrogées à s’exprimer, de la manière la plus libre et détaillée possible, sur (1) les contraintes et freins pesant sur le fonctionnement et l’évolution des élevages porcins dans leur région, (2) les solutions d’organisation et de techniques d’élevage, existantes ou projetées et (3) les types d’élevage de porcs qu’elles envisageaient à un horizon de 10-15 ans, dans leur région, au vu des contraintes et solutions décrites.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir - Méthodologie

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Les auditions ont été intégralement enregistrées et retranscrites. Leur contenu a ensuite été réparti dans une grille d’analyse croisant les thèmes et sous-thèmes en lignes et les individus en colonnes. L’analyse horizontale décrit la diversité des points de vue sur chaque thème et l’analyse verticale identifie différents profils de réponse.

• Entretiens « contraintes et solutions techniques » Une douzaine de techniciens de groupements de producteurs de porcs, spécialisés en bâtiment, et de représentants d’équipementiers du bâtiment porcin ont été rencontrés pour préciser d’une part la situation de référence actuellement dans les élevages (en terme de conduite, d’aménagements …) et d’autre part, l’évolution des divers paramètres d’élevage envisagée à 5 ans et ses conséquences. A chaque entretien, un questionnaire était déroulé concernant l’ensemble de l’atelier (conduite, type de production, chaîne bâtiment…) dans un premier temps, puis chaque type de bâtiment (post-servage, engraissement, gestation…) dans un second temps.

2) L’ÉVALUATION DES COÛTS DE REVIENT DE TROIS GRANDS TYPES D’ÉLEVAGE D’AVENIR Une fois les grands types d’élevages d’avenir identifiés, leurs caractéristiques structurelles (taille, organisation des sites), fonctionnelles (conduite, main-d’œuvre, performances) et leurs bâtiments ont été décrits. Le montant des investissements nécessaires pour une construction neuve a été évalué pour chaque modèle à partir des plans des porcheries.

Sur la base d’hypothèses concernant le niveau des performances techniques et du prix des facteurs de production, les coûts de revient pour chaque prototype ont été calculés et discutés. Les hypothèses se sont appuyées sur l’analyse des données technico-économiques des élevages suivis en chaînes de référence (dispositifs GTTT, GTE et Tableau de Bord de l’IFIP) et la consultation d’experts (chercheurs, généticiens, spécialistes en bâtiments…).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie I : état des lieux

11

I. Quelques repères sur la production porcine en France

1. Le cheptel porcin recule depuis 2001

Après une croissance soutenue et régulière entre 1990 et 2001 (+2,3% par an), le cheptel porcin français recule depuis 2001 de 0,6% chaque année (Graphique 1).

Graphique 1. Evolution du cheptel porcin en France de 1987 à 2007

12,577

15,377

14,823

12,25112,0

12,5

13,0

13,5

14,0

14,5

15,0

15,5

87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07

Mill

ions

de

tête

s

+ 25,5% en 11 ans

- 3,6% en 6 ans

Source : IFIP d’après SAA

En 2007, la France compte près de 15 millions de porcs dont les trois quarts sont élevés dans le Grand Ouest (Figure 1).

Figure 1. Répartition géographique du cheptel porcin en France en 2007

56,2%

11,4%2,6%

3,1%3,4%

4,9%

4,7%

2,4%

1,0%

0,2%

2,2%

2,5%

0,4%

0,4%

1,2% 0,8%

0,6%0,8%

1,3%

Grand Ouest75%

Nord Est8,2%

Sud Est3,3%

Sud Ouest6,7%

Centre6,8%

56,2%

11,4%2,6%

3,1%3,4%

4,9%

4,7%

2,4%

1,0%

0,2%

2,2%

2,5%

0,4%

0,4%

1,2% 0,8%

0,6%0,8%

1,3%

Grand Ouest75%

Nord Est8,2%

Sud Est3,3%

Sud Ouest6,7%

Centre6,8%

Source : IFIP d’après SAA

La baisse du cheptel à l’échelle nationale et la forte concentration dans l’Ouest du pays cachent des dynamiques régionales contrastées (Graphique 2).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie I : état des lieux

12

Dans le Grand Ouest, toutes les régions ont un cheptel porcin plus élevé en 2007 qu’en 1990. L’essor a été important jusqu’à la fin des années 1990 et le repli plus ou moins sévère selon les régions : -10% en Haute-Normandie, -9% en Poitou-Charentes, -5% en Basse-Normandie et Pays de la Loire et -1% en Bretagne entre 2001 et 2007.

Dans le Centre de la France, la région du Centre Val de Loire, voisine du Grand Ouest, a connu une croissance de la production semblable. Par contre, en Auvergne, Limousin et Bourgogne, la croissance modérée du cheptel dans les années 90-95 n’a pas été consolidée. Le cheptel porcin décroît sensiblement depuis 2001, de 10 à 20% en 6 ans.

Au Nord-Est, la Champagne-Ardenne et la Lorraine ont vu leurs effectifs s’accroître fortement entre 1990 et 2003 (+56% et +28% respectivement) et se stabiliser depuis.

Le recul de la production porcine est marqué en Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais (-20% depuis 1990) et dans tout le Sud-Ouest (-18% en Aquitaine, -15% en Midi-Pyrénées depuis 2001).

Graphique 2. Evolution du cheptel porcin dans les régions Par rapport à une base 100 en 1990

Grand Ouest Centre (et Rhône-Alpes)

100

110

120

130

140

150

160

90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07

Bretagne8,337 mio. porcs Poitou-Charentes381 580 porcs

Basse-Normandie 583 450 porcs

Pays de la Loire1,684 mio. porcs

Haute-Normandie154 960 porcs

En 2007

50

60

70

80

90

100

110

120

130

140

150

160

90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07

Bourgogne 184 600 porcs

Limousin 148 600 porcs

En 2007

Centre357 690 porcs

Auvergne293 700 porcs

Rhône-Alpes365 500 porcs

Nord-Est Sud-Ouest

50

60

70

80

90

100

110

120

130

140

150

160

90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07

Picardie 182 250 porcsAlsace 93 880 porcsFranche-Comté 122 355 porcs

Champagne - Ardenne187 000 porcs

Lorraine112 850 porcs

Nord - Pas-de-Calais518 700 porcs

En 2007

50

60

70

80

90

100

110

120

130

140

150

160

90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07

Languedoc-Rous. 33 600 porcs

Aquitaine462 700 porcs

Midi-Pyrénnées501 150 porcs

En 2007

Source : IFIP d’après SAA

Même dans des régions pas ou peu concernées par des excédents de nitrates dans l’eau, avec une densité porcine faible et une surface agricole importante, la production recule. Les raisons, détaillées par la suite, sont diverses : rentabilité des élevages et de la filière, motivation des éleveurs pour la production porcine, acceptation sociétale des porcheries…

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie I : état des lieux

13

2. Des élevages N.E.1, moins nombreux et plus grands

2.1. Un modèle majoritairement NE avec des différences régionales Sur l’ensemble des exploitations porcines françaises, 46% seulement associent le naissage et l’engraissement des porcs mais elles détiennent 88% des truies et 66% des porcs à l’engrais du pays (Tableau 1). La même part (45%) des élevages se consacre seulement à l’engraissement et 9% seulement au naissage (avec ou sans le post-sevrage).

Tableau 1. Répartition des exploitations et du cheptel selon l’activité principale En pourcentage

Orientation Exploitations Truies Porcs à l’engrais Naissage (vente au sevrage ou après le post-sevrage) 9 12 Naissage engraissement 45 85 65 Autre (sélectionneurs…) 1 3 1 Post-sevrage seul ou avec engraissement 13 13 Engraissement seul 32 21

Total 100 100 100 source : IFIP d’après l’enquête « Cheptel » de 2006 du SCEES

L’association du naissage et de l’engraissement est très répandue en Bretagne (Graphique 3) où elle côtoie de nombreux engraisseurs (44% des élevages), avec ou sans le post-sevrage, souvent en de petits ateliers (16% des porcs), complémentaires d’autres productions (lait, volaille, céréales). Dans les Pays de la Loire, le naissage concentre 20% des truies.

Graphique 3. Répartition du cheptel de truies selon l’activité des exploitations Année 2006

575858596768696970737676838689

0%

20%

40%

60%

80%

100%

BretagneBasse-Norm

andieNord Pas de Clais

Pays de la LoireCentrePoitou-CharentesCham

pagne ArdenneHaute-Norm

andie

Limousin

Rhône-AlpesFranche-Com

téBourgogneAuvergne

Midi-PyrénéesAquitaine

PSE

Naisseurs 25kg

Naisseurs 8 kg

Autres(sélectionneurs...)

NE

Source : IFIP d’après enquête cheptel de 2006

1 NE : naisseur-engraisseur

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie I : état des lieux

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Hors Grand Ouest, la séparation du naissage et de l’engraissement est plus importante : 30 à 40% des truies sont élevées par des élevages naisseurs dans le Centre Est et plus de 40% dans le Sud-Ouest.

En Aquitaine, les élevages de porcs, naisseurs (50-100 truies) ou engraisseurs (300-500 places), sont insérés dans des exploitations associant d’autres productions animales ou végétales. Les naisseurs-engraisseurs sont des élevages spécialisés d’une taille plutôt importante (250 truies en moyenne).

En Midi-Pyrénées, plus de la moitié des truies sont dans des ateliers naisseurs-engraisseurs, au sein d’une exploitation familiale, avec une ou plusieurs autres productions, bovins viandes (45% des cas), grandes cultures (24%), lait (19%), ovins lait ou viande (14%). Le porc est l’activité dominante dans deux tiers des exploitations en détenant.

2.2. Une taille moyenne de 167 truies en 2007 (190 truies en Bretagne) La réduction des marges dégagées par la production de porcs et l’amélioration de la productivité du travail respectivement rendent nécessaire et permettent l’accroissement des tailles de élevages. En 2007, la France compte 7 145 élevages de plus de 20 truies d’une taille moyenne de 167 reproductrices (Graphique 4).

Graphique 4. Évolution du nombre et de la taille moyenne des élevages avec truies

7 145

15 600

9 050

37 400

32

133

69

167

0

10 000

20 000

30 000

40 000

1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 20080

40

80

120

160

200Nb total d'exploitations

avec truie(s)

Nb d'exploitations de plus de 20 truies

Taille moyenne (toutes exploitations)

Taille moyenne (exploitations de plus de 20 truies)

Nombre d'exploitations avec truies Truies par exploitation Élevages de plus de 20 truies

Exploitations Truies par exploitation

Part du cheptel de truies

1988 15 643 69 91% 1993 14 391 93 95% 1995 12 768 104 97% 1997 12 220 119 98% 2000 10 000 139 98% 2003 8 819 149 99% 2005 7 850 160 99% 2007 7 145 167 99%

Source : IFIP d’après les enquêtes « structures » du Scees

Entre 2005 et 2007, 14% des exploitations avec truies ont disparu. En 10 ans (entre 1997 et 2007), ce sont plus de la moitié des élevages avec truies qui ont disparu, essentiellement les petites structures de moins de 100 truies (-75 % pour les moins de 50 truies et -55 % pour celles de 50 à 100 truies). En 2007, le cheptel reproducteur est détenu par 6 400 élevages de plus de 50 truies, d’une taille moyenne de 183 truies. La part de cheptel reproducteur détenue par les élevages moins de 50 truies est aujourd’hui négligeable, moins de 3% ; celle détenue par les élevages de 100 à 200 truies est stable depuis 2000 tandis que celle détenue par les structures de plus de 200 truies augmente significativement (Graphique 5). Malgré cela, en 2005, les élevages de moins de 100 truies représentent encore la moitié des élevages de truies en France et rassemblent presque autant de truies que ceux de plus 500 truies. Mais ces derniers connaissent une croissance soutenue tandis que les premiers voient leurs effectifs fondre. Atteignant 272 unités en 2007,

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie I : état des lieux

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le nombre d’élevages plus de 500 truies été multiplié par 2,5 en 10 ans. Dans moins de 3% des élevages, ils concentrent 17% des truies.

Graphique 5. Evolution de la répartition par classe de taille des élevages et des truies Répartition des exploitations Répartition des truies

0%

25%

50%

75%

100%

88 93 95 97 00 03 05 07

< 1

10

15

20

>= 0%

25%

50%

75%

100%

88 93 95 97 00 03 05

Source : IFIP d’après enquêtes Structures et Recensements agricoles du SCEES

Dans les quatre premières régions porcines de France (3/4 des truies du pays), 25% seulement des élevages ont plus de 200 truies. Ils concentrent la moitié du cheptel reproducteur, l’autre moitié des truies étant encore élevée dans de très nombreux élevages (75-80% du total) de moins de 200 truies. Quatre régions se distinguent par l’importance des élevages de plus de 500 truies : la Champagne-Ardenne (57%, 715 truies par élevage en moyenne), l’Aquitaine (48%, 745 truies par élevage), Rhône-Alpes (39%, 915 truies par élevage) et le Centre (38%, 1 200 truies par élevage).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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II. Cahier des charges des élevages d’avenir Cette partie recense et décrit les obligations et contraintes ayant des effets sur les structures d’élevage, les bâtiments et équipements (ce que sera « physiquement » la porcherie), et la conduite.

3. Optimiser les performances zootechniques pour dégager un revenu

Sur le long terme, le premier moteur de l’évolution des structures d’élevage est la rentabilité. Le marché du porc étant libéral, le prix payé au producteur pour son produit s’aligne en tendance sur le coût de revient moyen. Les élevages qui produisent durablement plus cher que la moyenne disparaissent. Ceux qui restent ont, en moyenne, un coût de revient plus faible sur lequel s’aligne le prix de vente ; la production porcine est donc contrainte sans cesse à améliorer ses performances.

Le progrès des techniques d’élevage (conduite, alimentation, reproduction, sanitaire, bâtiments et équipements…) et de la génétique, la diffusion de ces avancées auprès des éleveurs et leur assimilation, la disparition des élevages les moins performants conduisent à une amélioration continue des performances. Des sauts technologiques accélèrent les évolutions et offrent aux pays innovants de l’avance, au moins un temps, par rapport aux concurrents : conduite en bandes dans les années 70, hyperprolificité des truies à la fin des années 90, génomique (sélection assistée par marqueurs …) et biotechnologies dans les années à venir (tri des spermatozoïdes, congélation et dilution de la semence…).

La détermination du niveau optimal de performances est nécessaire pour dessiner les porcheries de demain (nombre de salles et de places). Quel est le meilleur niveau atteint aujourd’hui par les critères de performances ayant un effet sur la conception des porcheries ? A quelles conditions ? Que peut-on envisager dans 10 ans ?

3.1. Synthèse des entretiens Les acteurs de terrain interviewés s’attardent peu sur les performances zootechniques, leur optimisation apparaissant comme une évidente nécessité. Cependant, la poursuite du progrès suppose « d’investir dans la formation technique des éleveurs, l’encadrement, la génétique et les bâtiments ».

L’augmentation de la taille des élevages n’apparaît pas comme un levier d’amélioration de ces performances dont les écarts sont plutôt attribués à des différences de technicité des éleveurs, de qualité de l’outil de production et de degré de spécialisation de l’exploitation. Par contre, « la taille permet d’héberger des technologies parfois plus pointues, plus efficaces », de rationaliser les bâtiments et l’organisation du travail et d’en améliorer la productivité. « Cette ressource encouragera les éleveurs à aller vers des structures plus importantes ».

3.2. Analyse des performances zootechniques

3.2.1. Performances de reproduction En 2007, les 10% et 1% meilleurs élevages pour la productivité des truies atteignent respectivement 30,1 et 32,2 porcelets sevrés par truie productive et par an (Tableau 2). Ce niveau de productivité repose sur la maîtrise technique de toutes les phases de la reproduction : le nombre de nés totaux est plus élevé (14,5 et 14,7 vs 13,8 pour la

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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moyenne), les pertes sont plus faibles (17,7 et 13,7 % vs 21,2 %), le rythme de reproduction plus rapide (2,53 et 2,56 portées par an vs 2,44) grâce à un sevrage plus précoce (23 et 22 vs 26 jours) et une insémination efficace (7,5 et 7,2 vs 9,4 jours d’ISSF).

Tableau 2. Performances de reproduction des 10% et 1% meilleurs élevages en 2007 triés sur le nombre de sevrés par truie et par an (élevages en bâtiments et situés en métropole)

100% 10% 1% Nombre d’élevages 2 626 262 26 Critère de tri : sevrés par truie productive et par an 26,43 30,13 32,16 Taille moyenne des élevages (en truies présentes) 202 302 309 Nés totaux par portée 13,78 14,48 14,70 Pertes sur nés totaux (%) 21,2 17,2 13,7 Nés vivants par portée 12,69 13,49 13,88 Pertes sur nés vivants (%) 14,5 11,2 8,5 Sevrés par portée 10,83 11,97 12,68 Age des porcelets au sevrage (jours) 25,6 23,0 22,1 Intervalle Sevrage – Saillie Fécondante (ISSF, jours) 9,4 7,5 7,2 Intervalle entre mise-bas (jours) 150,0 145,2 143,9 Nombre de portées sevrées par truie productive et par an 2,44 2,53 2,56 Taux de fécondation en saillie première (%) 88,6 92,2 92,7 Taux de renouvellement annuel (%) 42,3 42,7 41,5 Taux de réforme annuel (%) 42,0 41,9 41,0 Taux de mortalité annuel (%) 4,3 3,5 3,0 Âge des truies à la mise bas (mois) 25,8 25,7 26,5 Nombre de portées par truie réformées 5,10 5,32 5,45

Source : IFIP, GTTT, année 2007

Triés sur le nombre de nés totaux par portée, les 1% meilleurs élevages dépassent les 16 porcelets par portée en 2007. L’augmentation de la taille des portées fait naître des antagonismes, par rapport à la capacité des mères d’élever les porcelets jusqu’à l’âge autorisé du sevrage. Pour des raisons physiques (place à la tétine) mais aussi éthiques et sanitaires, au-delà de 13 porcelets, il faut sevrer à trois semaines et non à quatre, du moins dans nos systèmes actuels (Madec, communication personnelle). Mais la possibilité de sevrer précocement, à 21 jours, avec des installations associées (nurseries), pourrait être remis en cause réglementairement.

Les performances de reproduction des élevages de sélection et de multiplication ne laissent pas envisager, dans les années à venir, une amélioration notable du niveau de productivité des truies en élevages de production. En effet, en 2007, la productivité des truies est un peu moins bonne en élevages de multiplication qu’en élevage de production : 26,7 et 27,0 porcelets sevrés par truie productive et par an respectivement. Cet écart s’explique par un rythme de reproduction plus lent en élevage de multiplication (149,9 vs 148,4 jours entre mises bas) et des portées légèrement plus petites (10,9 vs 11,0 sevrés par portée) (Tableau 3). Il faut toutefois tenir compte, dans ces appréciations, des contraintes propres des élevages de sélection-multiplication et des effets bénéfiques attendus des croisements réalisés pour produire les reproducteurs des élevages de production.

En race pure, la population Large White lignée femelle atteint 27,8 porcelets sevrés par truie productive et par an grâce à des portées de 13,3 nés vivants et un intervalle entre mises bas de 145,9 jours. Le progrès génétique sur le nombre de porcelets nés vivants a été particulièrement important entre 1996 et 2001 (programme « hyperprolificité ») avec près de 1,5 porcelets en plus en 5 ans pour les lignées femelles. Depuis 2002, l’amélioration de ce critère marque le pas, au profit des qualités maternelles et du nombre de tétines

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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fonctionnelles (+0,8 tétines en 5 ans). A l’avenir, le nombre de tétines mais aussi et surtout l’intervalle disponible entre elles seront des facteurs limitants, ainsi que de l’aptitude de la truie à produire une quantité et une qualité suffisantes de colostrum.

Tableau 3. Performances de reproduction en sélection, multiplication et production

Année 2007 Sélection (Large White

lignée femelle) Multiplication Production

Nombre d’élevages 36 228 2 513

Rythme de reproduction Intervalle entre mises bas (j) 145,9 149,9 148,4 Age au sevrage (j) 24,1 25,8 24,6 ISSF (j) 7,6 9,6 8,9

Taille de la portée Nés vivants 13,3 12,6 12,8 Mort-nés 1,3 1,2 1,1 Sevrés 11,1 10,9 11,0

Critère d’âge Age moyen des truies à la mise bas (m) 20,2 25,4 25,7 Nombre de porcelets sevrés par truie productive et par an 27,8 26,7 27,0

Source : IFIP d’après bases de données génétiques nationales et GTTT

3.2.2. Performances de croissance Le potentiel de croissance en engraissement, mesuré sur des animaux en sélection, se situe aujourd’hui entre 900 et 1 000 g par jour selon les races (Tableau 4) contre 775 g en moyenne pour les élevages de production en 2007. Les 1% et 10% élevages de production ayant les meilleures vitesses de croissance en engraissement atteignent respectivement 928 g/jour et 871 g/jour en moyenne (Tableau 5).

Tableau 4. Performances de croissance en engraissement en station

Animaux nés en 2007 Large White Landrace Français Piétrain Lignée : femelle mâle

Effectifs contrôlés 1 115 198 580 331 GMQ (g/j) 964 993 941 887 IC (kg/kg) 2,72 2,59 2,82 2,50 Age à 35 kg (j) 78,7 76,0 78,5 81,3 Age à l’abattage (j) 160,6 156,5 162,3 166,2 Poids fin de contrôle (kg) 113,2 114,2 113,3 109,9 TMP 57,6 60,5 54,9 64,6

Source : IFIP d’après bases de données génétiques nationales

Par rapport au niveau de l’indice de consommation en élevage de production, 2,88 en moyenne en engraissement en 2007, les résultats en station - 2,50 en Piétrain, 2,59 en Large White lignée mâle - laissent espérer une amélioration, qu’exploitent déjà les meilleurs élevages naisseurs-engraisseurs sur ce critère. En 2007, les 1% meilleurs utilisent seulement 2,43 kg d’aliment pour produire 1 kg de porc en engraissement (Tableau 5).

Les écarts entre le potentiel génétique des animaux et leurs performances en élevages de production s’expliquent par de nombreuses raisons telles le type d’animal observé (race pure en station, croisements en production), la vitesse de diffusion du progrès génétique, mais aussi les conditions d’élevage en production (bâtiments parfois vétustes et surchargés, mauvais sanitaire, main-d’œuvre saturée). L’amélioration des conditions d’élevage des porcs et de leur état sanitaire devrait conduire à celle des performances de croissance. Le progrès

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

20

génétique sur le GMQ connaît en effet une forte progression sur toutes les populations : +9,2 g par jour et par an en Landrace Français, +6,1, +6,8 et +6,5 g/j/an respectivement en Large White lignée mâle, Large White lignée femelle et Piétrain (IFIP, 2008 a). De même, l’indice de consommation diminue chaque année de 0,03 kg / kg pour le Landrace Français et le Large White lignée mâle, de 0,02 kg / kg pour le Piétrain et de 0,01 kg / kg pour le Large White lignée femelle.

Compte tenu de la part de l’aliment dans le coût de production du porc et de l’augmentation du prix des matières premières et de l’aliment observée en 2007/2008 et qui pourrait s’inscrire dans la durée, l’obtention de bonnes performances de croissance est une nécessité accrue. La conception du bâtiment doit permettre d’y parvenir.

Tableau 5. Meilleures valeurs de performances en post-sevrage et engraissement 1%, 10% et 33% meilleurs élevages pour chaque critère

Année 2007 1% 10% 33% Echantillon total Nombre d’élevages 14 148 495 1 487 Post-sevrage Pertes et saisies (%) 0,27 0,72 1,12 2,20 Indice de consommation standardisé 8-30 kg 1,25 1,39 1,50 1,70 Gain moyen quotidien standardisé 8-30 kg (g/jour) 604 541 513 471 Engraissement Pertes et saisies (%) 1,00 1,78 2,45 4,02 Indice de consommation standardisé 30-115 2,43 2,59 2,69 2,88 Gain moyen quotidien standardisé 30-115 (g/jour) 928 871 833 775

Source : IFIP, GTE, élevages naisseurs-engraisseurs

4. Le travail, élément structurant des élevages porcins

4.1. Synthèse des entretiens En élevage de porc, le travail est une contrainte forte, économique (deuxième poste de coût après l’aliment en NE) et sociale (attentes des éleveurs). Avis unanime, « l’élevage de demain comptera plusieurs UTH, des associés ou un chef et des salariés. Sa taille sera conditionnée plus par le social que par l’économie ».

4.1.1. Améliorer l’efficacité du travail La volonté d’optimiser le temps de travail et de le concentrer sur les tâches techniques a déjà conduit à plusieurs évolutions importantes, qui se poursuivront : conduite en bandes, caillebotis intégral2 plutôt que litière, automatisation de la distribution des aliments3 et de la climatisation, dispositifs aidant à la réalisation (prétrempage automatisé des salles avant leur nettoyage, robot de lavage…) ou à la décision (tri automatique…) (Salaün, 2008). Ces évolutions améliorent aussi la santé et les conditions d’activité des travailleurs (ambiance dans les bâtiments, ergonomie et sécurité, réduction des tâches pénibles tels le nettoyage et les vaccinations, mise à disposition d’une pièce d’accueil et de douches).

2 Le caillebotis, souvent total, s’est largement imposé en maternité (98% des places), post-sevrage (94%), engraissement (97%) et verraterie-gestation (90%) (Roguet et al., 2007). 3 L’automatisation de la distribution d’aliment équipe 95% des places d’engraissement, 75% en post-sevrage et 76% en verraterie-gestantes (Roguet et al., 2007).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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La productivité du travail, 110-120 truies par UTH pour un naisseur engraisseur (NE) selon les interviewés, conditionne la dimension technique et économique de l’élevage. La variabilité importante de ce critère pour des élevages aux caractéristiques proches laisse entrevoir une marge de progrès. Selon certains, dans les grands ateliers, « avec toutes les automatisations, on atteindra rapidement 200-250 truies par UTH en naissage-engraissement ».

4.1.2. Travailler à plusieurs pour se dégager du temps libre Confrontés à d’autres secteurs économiques par leur formation, leurs expériences antérieures, l’activité de leur conjoint, leurs relations sociales, les éleveurs aspirent à une parité de qualité de vie (temps de travail, week-ends, vacances) et de statut (reconnaissance du métier, des compétences et rémunération afférente) avec le reste de la société.

Sans être complètement nouvelles, ces revendications pèsent davantage sur l’évolution des élevages. Pour se dégager du temps libre, l’éleveur (ou le couple) ne souhaite plus travailler seul sur l’élevage. Les solutions passent par l’association ou le recours au salariat, les deux conduisant à une taille d’atelier, pour une exploitation spécialisée, permettant le travail d’au moins deux ou trois personnes. Cette demande sociale donne donc une première indication de la taille minimale à atteindre pour un élevage de porc, 250-300 truies NE pour deux UTH. Au delà, la taille de l’élevage « résulte d’un choix personnel des candidats à l’installation ou de ceux qui, en cours de carrière, veulent changer de ‘braquet’ ». Par contre, pour des raisons sociales surtout (manque de candidats), les moins de 100 truies disparaissent.

4.1.3. Motiver les candidats, rares, à la production porcine Dans les départements à faible densité porcine, le manque d'éleveurs est en partie responsable du déclin de la production et fragilise toute la filière (fabricants d’aliments, abatteurs…). Partout en France, la préoccupation aujourd’hui est de « conserver un tissu d'éleveurs suffisant et de disposer d’assez de leaders demain pour maintenir la production ». Cet enjeu est largement exprimé en cette période de transition où un quart au moins des exploitations porcines sont susceptibles de changer de mains dans les 5 ans selon le SCEES en 2005. Le risque sur le potentiel est réel puisque 16% des exploitations porcines en 2005, détenant 7% du cheptel porcin, étaient gérées par des éleveurs de plus de 55 ans déclarant ne pas avoir de successeur connus (SCEES). L’enjeu est important pour les groupements de producteurs qui se dotent de bases de données sur les départs et les candidats à la reprise pour mieux gérer les transmissions et mettre cédants et repreneurs potentiels en relation (y compris les salariés en élevage, le salariat pouvant s’avérer une préparation à l’installation).

Avec la sophistication des équipements (automatisme et informatique), l'emploi de salariés et le rétrécissement des marges nécessitant un pilotage technico-économique précis, l’exigence de formation et de compétences des éleveurs s’accroît. Or, les professionnels soulignent la désaffection des étudiants en écoles d’agriculture pour les métiers liés à l’élevage porcin. La production porcine pâtit d’une image négative véhiculées par les médias (élevage « industriel », pollution…) voire les éleveurs eux-mêmes (conditions de travail, niveau de revenu, risques financiers).

Pour attirer jeunes et salariés, les élevages de demain devront proposer de meilleures conditions de travail : le fonctionnement de l’élevage (choix techniques, organisation du travail, conduite en bandes), sa conception (fonctionnalité et luminosité des bâtiments) et ses équipements (automatisations) seront déterminants. En améliorant la productivité du travail, ils réduiront aussi la dépendance à ce facteur. Enfin, la qualité du management (relationnel, conditions de rémunération) de l’éleveur, devenu employeur, contribuera à fidéliser sa main-d’œuvre (Le Moan et al., 2007).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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4.2. Analyse : un poste de coût important, empreint d’une forte variabilité

4.2.1. 15% du coût de revient du porc charcutier Le travail représente 15% du coût de revient du porc charcutier dans un élevage naisseur-engraisseur (Tableau 6). Il constitue le deuxième poste de coût après l’aliment (59% en moyenne sur trois ans) et devant les amortissements (7%).

Le temps de travail dans un élevage naisseur-engraisseur, ramené à la truie présente, a régulièrement diminué avec le temps (Graphique 6), la moyenne passant de 24,4 à 20,8 heures par truie et par an entre 1997 et 2007 (-15% en 10 ans).

Tableau 6. Postes de charges dans le coût de revient du porc charcutier Moyenne sur 2005-07

Poste de coût €/kg carc % Aliment 0,762 59,0% Main-d’œuvre 0,196 15,2% Amortissements 0,092 7,1% Dépenses de santé 0,055 4,3% Renouvellement 0,043 3,4% Frais financiers 0,033 2,6% Energie 0,027 2,1% Autres charges 0,027 2,1% Petit matériel 0,013 1,0% Entretien et réparations 0,012 1,0% Rémunération capitaux propres 0,010 0,8% Travail à façon 0,009 0,7% Eau 0,007 0,5% Location de porcherie 0,003 0,2% Achat de porcelets 0,001 0,1% Coût de revient total 1,291 100%

Source : IFIP, GTE-Tableau de Bord, élevages naisseurs-engraisseurs

Graphique 6. Evolution du nombre d’heures de travail par truie présente et par an Elevage naisseur-engraisseur, moyenne arithmétique

Echantillon entier 10% meilleurs sur le temps de travail

y = -1,548Ln(x) + 24,359R2 = 0,9598

20,0

20,5

21,0

21,5

22,0

22,5

23,0

23,5

24,0

24,5

97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07

Nb d'heures de travail par truie et par an

-15%

y = -1,7044Ln(x) + 14,275R2 = 0,9697

9

10

11

12

13

14

15

97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07

Nb d'heures de travail par truie et par an

-28%

Source : IFIP, GTE-Tableau de Bord, élevages naisseurs-engraisseurs

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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Ces données de temps de travail sont issues du dispositif de suivi des élevages de porcs « Tableau de Bord » géré par l’IFIP. Les élevages participent de façon volontaire au dispositif ce qui a conduit à un défaut de représentativité (sous-représentation de la Bretagne et des grands élevages). Cette limite ne semble cependant pas trop compromettre la validité des temps de travail enregistrés en Tableau de Bord. Plusieurs travaux d’enquêtes conduits en élevages (Le Borgne al., 1994, Bartolomeu, 2005, Le Moan, 2007) obtiennent des temps de travail similaires. Par exemple, les 20 élevages enquêtés en 2003 par Bartolomeu ont un temps de travail par truie et par an de 22h44 en moyenne (± 6h35) contre 21h38 (± 7h55) pour les 576 élevages en Tableau de Bord.

4.2.2. Les tâches chronophages En plus de ces quantités globales de travail publiées annuellement, une analyse détaillée est conduite périodiquement pour préciser les besoins par poste de travail, leurs évolutions au cours du temps et leur variabilité (Salaün, 1987, Salaün, 1992, Bartolomeu, 2005).

Ainsi, à partir de relevés précis et de chronométrages, Batholomeu (2005) a estimé les temps de travail en élevages de production pour certains postes en distinguant les activités quotidiennes (alimentation, surveillance, petits soins…) des tâches périodiques (assistance des mises bas, reproduction, nettoyage-désinfection, entretien des litières, transfert, épandage, gestion administrative, entretien des bâtiments…). Les résultats sont présentés dans le Tableau 7.

Tableau 7. Temps de travail par tâche en élevage naisseur-engraisseur Enquête réalisée dans 20 élevages en 2003

Liste des tâches Moyenne (en h/truie/an)

Stade physiologique

Activités quotidiennes 41% du temps

5h13 Naissage 4h07 Sevrage-vente

Transferts 8,5%

0h57 Naissage 0h58 Sevrage-vente

Nettoyage-désinfection 7,8%

0h45 Naissage 1h01 Sevrage-vente

Assistance mises-bas 6,6% 1h30

Soins 6,5%

0h13 Truies et cochettes 0h58 Porcelets 0h16 Charcutiers

Litière 5,3%

0h37 Naissage 0h35 Sevrage-vente

Reproduction 4,0% 0h55

Epandage (lisiers/fumiers) 3,3% 0h45

Fabrication de l’aliment à la ferme 0,7% 0h09

Gestion administrative et entretien 16,5% 3h45

TOTAL (100%) : 22h44 par truie présente et par an

Source : IFIP, Bartolomeu, 2005

Cette étude souligne les tâches les plus chronophages – activités quotidiennes, transferts des animaux et nettoyage-désinfection des salles entre les bandes - sur lesquelles doivent

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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s’accentuer les efforts pour diminuer le temps de travail. Ceci est d’autant plus important que ces tâches, considérées pour les deux dernières comme pénibles par les éleveurs, sont peu techniques et non directement productives. Les améliorations passent en priorité par l’automatisation de l’alimentation et du lavage (postes fixes, robot de lavage) pour limiter les efforts physiques et consacrer plus de temps à la surveillance des animaux, et par une conception du bâtiment et des circuits d’élevage (transfert des animaux) optimisant l’organisation du travail (Binet et al., 2005). L’ergonomie est également prise en compte : couloirs larges, cages faciles d’accès, caillebotis mobiles en maternité.

4.2.3. Des écarts très importants de temps de travail entre élevages Autour d’une moyenne de 20,8 heures en 2007, le temps de travail par truie et par an est très variable entre élevages (Graphique 7), avec un écart-type de 8,35 heures (CV de 40%). Dans les bilans quantitatifs des temps par tâche à partir d’enquêtes réalisées par Le Borgne al. (1994) dans 89 élevages et par Le Moan (2007) dans 67 élevages naisseurs-engraisseurs bretons, le temps de travail s’est révélé aussi très variable entre élevages (CV de 30 %). Les écarts de temps de travail par truie entre élevages sont attribués essentiellement au niveau d’automatisation, à l’organisation des bâtiments et la présence ou non de litière (surcroît de travail de 8 à 9 h/truie/an imputable à la gestion de la litière). Dans les données du Tableau de Bord, outre une marge d’erreur d’estimation par l’éleveur du temps qu’il consacre à l’atelier porc4, la variabilité s’explique aussi par une différence d’efficacité du travail entre élevages (selon leur taille, leur spécialisation, les bâtiments et équipements) et éleveurs.

Graphique 7. Dispersion du temps de travail entre élevages naisseurs-engraisseurs Année 2007, n = 493 élevages

0

25

50

75

100

125

150

]0 ; 10] ]10 ; 15] ]15 ; 20] ]20 ; 25] ]25 ; 30] ]30 ; 40] > 40Classe de temps de travail (heures / truie / an)

Nombre d'élevages

Source : IFIP, GTE-Tableau de Bord, élevages naisseurs-engraisseurs

En effet, la taille de l’élevage peut avoir un effet sur le temps de travail par porc produit en donnant accès à des économies d’échelle (gestion de grandes bandes d’animaux) et à des équipements permettant de gagner du temps (automatisation). Schématiquement, dans les ateliers les plus grands, les éleveurs passent moins de temps par truie que dans les plus petits (Graphique 8, A). Mais, hormis un temps par truie particulièrement long pour les élevages de moins de 50 truies, la dispersion intra-classe de taille d’élevage est plus importante que l’écart entre classes pour les élevages de 150-400 truies (Graphique 8, B).

4 Dans le Tableau de Bord, le temps de travail est obtenu auprès de l’éleveur souvent d’après une simple déclaration. L’erreur d’observation peut être importante.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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Graphique 8. Taille de l’élevage naisseur-engraisseur et temps de travail par truie (Elevages plein-air exclus)

A. 1 point = 1 élevage, n = 473 élevages B. Classes de taille

01020304050607080

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

Taille de l'élevage (en truies présentes)

Nb heures par truie présente et par an608 (9)

451 (12)

329 (21)275 (13)237 (19)

211 (23)186 (32)162 (49)138 (55)112 (89)88 (75)64 (59)43 (16)

31,9

25,721,8

19,817,6 18,8 18,4 18,2 18,2 17,4

15,3 14,0

18,6

0

100

200

300

400

500

600

700

]25 ; 50] ]50 ; 75] ]75 ; 100]

]100 ;125]

]125 ;150]

]150 ;175]

]175 ;200]

]200 ;225]

]225 ;250]

]250 ;300]

]300 ;400]

]400 ;500]

> 500

Classe de taille d'élevage (en nombre de truies présentes)

Truie

s par

élev

age

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

Nd d'

heur

es de

trava

il par

truie

et pa

r an

Taille moyenne en truies (nombre d'élevages)Temps de travail par truie (moyenne + écart-type)

Source : IFIP, GTE-Tableau de Bord, élevages naisseurs-engraisseurs, année 2007

Par contre, parmi les 434 élevages naisseurs-engraisseurs, en bâtiments et sans litière, suivis en Tableau de Bord en 2007, aucun lien ne peut être établi entre le temps de travail par truie et le nombre de sevrés par truie, la variabilité semblant liée à un différentiel d’efficacité sans contrepartie technique (Graphique 9).

Graphique 9. Nombre de sevrés en fonction du temps de travail par truie

20

22

24

26

28

30

32

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Temps de travail par truie et par an (en heures)

Nombre de porcelets sevrés par truie productive et par an

Source : IFIP, GTE-Tableau de Bord, élevages naisseurs-engraisseurs, année 2007

5. Respecter l’environnement naturel et humain

5.1. Synthèse des entretiens

5.1.1. La contrainte environnementale, pour partie « apprivoisée » « L’environnement est une contrainte très forte mais maintenant apprivoisée [pour l’azote et le phosphore] » résume un professionnel breton. Mais, au fil des ans, les exigences environnementales se multiplient : nitrates, phosphore, ammoniac, odeurs… et les professionnels imaginent mal une inflexion de cette tendance. La seule prise en compte du contenu et des modalités d’application des principales réglementations encadrant les effets

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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de l’élevage sur l’environnement définit un lourd cahier des charges pour les porcheries d’aujourd’hui, et probablement de demain, et complique considérablement leur rationalisation. En effet, tout projet de plus de 450 animaux-équivalents5 en France (contre 750 places de truies ou 2 000 places d’engraissement dans la directive IPPC6) est soumis à une procédure d’autorisation avec étude d’impact et enquête publique. Cette autorisation est aussi de plus en plus subordonnée à l’utilisation des techniques les plus efficaces pour minimiser pollution et nuisance.

La prise en considération des nuisances olfactives, et de la maîtrise sanitaire, pourrait conduire à séparer les sites d’engraissement et de naissage (les maternités dégagent 35% des odeurs) et à installer les bâtiments de post-sevrage (15% des odeurs) et d’engraissement (50% des odeurs) plus à l’écart des populations, l’entité économique restant cependant naisseur-engraisseur.

Dans les zones en excédent structurel de nitrates (ZES7), les surfaces d’épandage sont plafonnées entre 50 à 130 hectares par exploitation selon les cantons. De plus, les élevages dont la production annuelle d’azote organique dépasse un seuil cantonal compris entre 12 500 et 20 000 uN (une truie et sa suite produisent annuellement environ 80 uN) doivent revenir sur leurs terres en propre pour épandre leur lisier (170 uN organique maxi. / ha conformément à la Directive Nitrates) et, si celles-ci ne suffisent pas, le traiter ou l’exporter hors ZES. En dehors des ZES, le traitement des déjections est une évolution non retenue par les professionnels pour des raisons économiques et culturelles.

Enfin, l’obligation réglementaire de loger les truies gestantes en groupes d’ici 2013 pourrait accélérer la restructuration des élevages. Plutôt que d’engager les travaux, certains éleveurs préfèreront renoncer à la production porcine, ou du moins à l’élevage de truies, qu’ils mutualiseront dans des maternités collectives.

5.1.2. Des actions nécessaires

5.1.2.1. Reconstruire pour repartir sur des bases techniques solides Les acteurs rencontrés déplorent le « bricolage », le « rapiéçage » des élevages ces dernières années faute de moyens financiers ou administratifs pour (re)construire à neuf des bâtiments performants. En 2003, rappelle un responsable, dans le cadre du rapport Porry, des réflexions avaient d’ailleurs porté, sans suite, sur les moyens, politiques et économiques, de faire disparaître les bâtiments ayant un impact négatif sur le paysage, la qualité de vie et le sanitaire.

5.1.2.2. Redonner un cadre formel aux dossiers d’autorisation Vécue par les éleveurs comme un « parcours du combattant », la procédure d’autorisation est complexe, coûteuse (15 000 à 20 000 €, parfois financée par le groupement pour fidéliser l’adhérent) et longue (1,5 à 3 ans), sans garantie de succès. Juridiquement, les autorisations sont attaquées. Cette situation conduit à une autocensure dans les projets individuels et dans la vision d’avenir de la production porcine française. Autrefois conquérante, la stratégie 5 Table des correspondances (450 AE correspond environ à un élevage NE d’une cinquantaine de truies)

Porcs à l’engrais, jeunes femelles avant 1ière saillie, animaux en élevage de sélection ou de multiplication

1 AE

Reproducteurs, truies (femelle saillie ou ayant mis bas) et verrats 3 AE Porcelets sevrés de moins de 30 kg avant mise en engraissement ou sélection 0,2 AE

6 Directive 2008/1/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 janvier 2008 relative à la prévention et à la réduction intégrées de la pollution remplaçant la Directive 96/61/CE du Conseil du 24 septembre 1996 abrogée.

7 ZES : zones où les déjections des animaux présents ramenées à la surface potentiellement épandable (échelle cantonale) dépassent le seuil de 170 kg d’azote par hectare fixé par la Directive 91/676/CEE concernant la protection des eaux contre la pollution par les nitrates à partir de sources agricoles.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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actuelle est au maintien des sites d’élevage existants (qui semblent ne pas être remis en cause), la création de nouveaux sites étant inimaginable pour la plupart des personnes rencontrées. « On pourrait presque considérer que les élevages de demain existent déjà » résume un responsable.

Pour mieux gérer les enquêtes publiques et l’opposition de la société à la production porcine, éleveurs et groupements cherchent à améliorer leur communication. Un groupement a ainsi mis en place avec le Vivea un plan de formation pour accompagner de façon très factuelle les éleveurs dans la communication sur leur dossier auprès des différents acteurs (DDA, Préfecture, voisinage…). Depuis 2002, pour tous les éleveurs concernés par une procédure d’autorisation, le CRP des Pays de la Loire propose une formation pour « maîtriser les démarches d’enquête publique ».

5.1.2.3. Supprimer l’obligation de traitement Par l’interdiction de créer ou d’agrandir les élevages et le plafonnement des plans d’épandage, Voynet et Le Pensec (1998) voulaient accélérer la résorption en ZES et limiter « la course au foncier », très pénalisante pour les petits élevages. Mais, à l’inverse de l’esprit de la circulaire, l’obligation de traitement a favorisé la course à la taille des élevages. La moitié du cheptel porcin en Bretagne est situé dans des cantons où le seuil d’obligation de traitement est de 12 500 uN, atteint par une exploitation d’environ 150 truies NE. Cette taille, on l’a vu, est inadaptée en terme de travail. Ces élevages doivent donc s’agrandir mais sont alors contraints, pour un excédent même faible, d’investir dans une station de traitement, qui compromet leur rentabilité. Les solutions collectives ne sont pas toujours possibles (dispersion des sites, opposition sociétale). Voués à la disparition, ces « petits » élevages sont repris par d’autres ayant fait le choix du traitement qu’ils cherchent à amortir sur une production plus importante. « Si on veut maintenir une occupation du territoire aussi harmonieuse que possible en Bretagne » réclame un responsable breton, « les élevages doivent pouvoir se restructurer en conservant la possibilité d’épandre leurs déjections ».

5.2. Rappel des obligations réglementaires Lors de leur construction et de leur évolution, les porcheries sont soumises au respect des règles sur l’urbanisme (permis de construire...), sur les installations classées (implantation, aménagement, conditions d’exploitation des bâtiments, ouvrages de stockage) et la protection des animaux (surface par animal, conduite en groupes des truies gestantes...). Ces règles déterminent le nombre de porcs autorisés (et donc la taille des bâtiments) et l’emplacement de la porcherie.

5.2.1. La protection de l’environnement L’élevage de porcs produit des déjections, liquides (lisiers ou purins) ou solides (fumiers), riches en macro-éléments (azote, phosphore, potassium) et métaux (cuivre, zinc). Il libère dans l’air des gaz, des poussières, des germes, des odeurs, du bruit et des ondes… Ces émissions peuvent être sources de pollution (nitrates, ammoniac, phosphore, potasse, métaux, germes) ou de nuisances (odeurs, bruits, poussières).

Au delà des exigences réglementaires, les exploitations porcines sont confrontées de plus en plus aux attentes des populations riveraines de l’élevage. Des équipements particuliers (lutte contre les odeurs…), non imposés par la réglementation, peuvent être mis en place pour répondre à ces attentes locales.

5.2.1.1. Autorisation des exploitations porcines En 1996, l’Union Européenne s’est dotée d’une réglementation communautaire pour prévenir et réduire la pollution que peuvent générer diverses activités, dont agricoles. D’après la

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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directive dite IPPC, les élevages de plus de 750 places de truies ou 2 000 places de porcs de plus de 30 kg doivent se préoccuper de réduire, par l’utilisation des meilleures techniques disponibles (MTD8), la pollution émanant de diverses sources : émissions dans l’air, l’eau, le sol, production de déchets, utilisation de matières premières, efficacité énergétique, bruit, prévention des accidents…. Tous les 10 ans, les élevages soumis à la directive IPPC doivent fournir un « bilan de fonctionnement ». Si le site n’intègre pas les meilleures techniques disponibles, il doit le justifier dans son bilan. Cette directive IPPC s’est inspirée d’une loi appliquée en France depuis 1976, concernant le régime des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), aujourd’hui partie intégrante du Code de l’environnement (ordonnance n°2000-914 du 18/09/2000). Selon leur taille, les élevages sont soumis à autorisation (>450 AE), à déclaration (50-450 AE) ou au Règlement Sanitaire Départemental (< 50 AE). Les élevages soumis à déclaration doivent simplement être déclarés au Préfet et respecter des prescriptions-types en matière de protection de l’environnement. Par contre, pour les élevages soumis à autorisation, la procédure est beaucoup plus lourde avec notamment la réalisation d’une étude d’impact et d’une enquête publique. L’autorisation d’exploiter au titre des Installations Classées est accordée par arrêté préfectoral.

L’étude d’impact est un argumentaire démontrant que l’installation, son mode de conduite et les techniques mises en œuvre permettent de réduire les nuisances et la pollution du milieu à un seuil acceptable. Les arrêtés ministériels fixent le cadre général des prescriptions techniques en deçà duquel le préfet ne peut déroger. Des prescriptions complémentaires peuvent être établies au cas par cas pour les élevages soumis à autorisation.

« L’enquête publique est une procédure contradictoire où toute personne peut prendre connaissance du dossier et émettre des remarques. A la fin de l’enquête publique, le commissaire enquêteur informe l’éleveur des remarques qui ont été formulées et l’invite à produire un mémoire en réponse. Ce mémoire en réponse doit être particulièrement bien réfléchi, car il sera pour le commissaire enquêteur un élément important dans la formulation de son avis final » (MEDD).

Les enquêtes publiques révèlent une opposition sociétale à la production porcine, d’intensité variable selon les régions et les moments. Cercle vicieux, moins la production porcine est présente, plus l’opposition est virulente, les riverains n’en percevant pas la justification économique et sociale. Des projets, très bons sur le plan technique et réglementaire, échouent parfois en raison de ces oppositions. Elles peuvent aussi conduire des éleveurs à adopter d’autres techniques que celles envisagées au départ, comme l’élevage des porcs sur litière plutôt que sur caillebotis.

5.2.1.2. Protection et reconquête de la qualité de l’eau Principal instrument réglementaire dans la protection des eaux contre la pollution par les nitrates à partir de sources agricoles, la Directive 91/676/CEE du Conseil du 12 décembre 1991 vise à réduire la pollution des eaux provoquée ou induite par les nitrates à partir de sources agricoles et à prévenir toute nouvelle pollution de ce type. Elle concerne l’azote toutes origines confondues (engrais chimiques, effluents d’élevage, effluents agro-alimentaires, boues…) et toutes les eaux quels que soient leur origine et leur usage. Dans un délai de deux ans à compter de la notification de la présente directive (le 19/12/1991), les Etats membres devaient :

• Désigner « comme zones vulnérables toutes les zones connues sur leur territoire qui alimentent les eaux définies ci-dessous9 et qui contribuent à la pollution ». La liste des ZV doit être réexaminée voire révisée au moins tous les quatre ans.

8 BAT en anglais pour Best Available Techniques. 9 Eaux servant ou destinées au captage d'eau potable, qui contiennent ou risquent de contenir, si les mesures ne sont pas prises, une concentration de nitrates supérieure à 50 mg par litre ou présenter une eutrophisation.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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• Etablir un code de bonnes pratiques agricoles avec des obligations (périodes et conditions d’épandage, capacité et construction des cuves de stockage) et des options (gestion des terres, couverture végétale minimale, plan de fertilisation)

• Etablir des programmes d’action portant sur les ZV désignées, révisés tous les quatre ans au moins et des programmes de surveillance adéquats pour évaluer l’efficacité des programmes d’action.

La Directive « Nitrates » a été transcrite en droit français en 1993 dans le décret n°93-1038 du 27 août 1993 relatif à la protection des eaux contre les nitrates d’origine agricole. Trois zones ont été définies :

• Les zones vulnérables, définies dans la directive « Nitrates », dans lesquelles les eaux superficielles ou souterraines contiennent plus de 50 mg/l de nitrates ou plus de 40 mg mais en accroissement,

• Les zones d’excédents structurels (ZES), particularité française, dans lesquelles les déjections des animaux présents ramenées à la surface potentiellement épandable dépassent 170 kg d’azote par hectare (échelle cantonale),

• Les zones d’actions complémentaires (ZAC, introduites en 2001), bassins versants en amont des captages d’eau potable, dans lesquelles la teneur en nitrates dépasse 50 mg par litre.

En ZES, deux contraintes fortes sont appliquées aux élevages :

• La création de capacités de production de porcs est interdite. Depuis 2005, en Bretagne, les élevages peuvent cependant s’agrandir en rapatriant les capacités de production d’un autre élevage situé également en ZES (restructuration externe). Des prélèvements sur l’azote brut rapatrié sont effectués par l’administration pour accélérer la résorption si la taille de l’exploitation, une fois regroupée et avant prélèvement, est comprise entre 1 et 2 fois les seuils JA/EDEI10 (prélèvement de 10%) ou supérieure à 2 fois ces seuils (prélèvements de 20%).

• Le traitement ou le transfert (hors ZES) des déjections est obligatoire au delà d’un seuil de production d’azote animal par exploitation s’élevant, selon des cantons, à 12 500, 15 000, 17 000 ou 20 000 tonnes annuelles. Ce seuil d’obligation de traitement (SOT) est assorti d’un plafonnement des surfaces d’épandage. Cette obligation « s’applique jusqu’à ce que la quantité d’azote restant à épandre, y compris celle des coproduits, puisse l’être sur les terres de l’exploitation exploitées en propre à la date du présent arrêté11 ». En Bretagne, près de la moitié du cheptel porcin est concerné par le plus bas seuil d’obligation de traitement, 12 500 tonnes d’azote annuelles (équivalent à 150 truies présentes en élevage naisseur-engraisseur). A l’opposé, un quart des élevages et 15% du cheptel ne sont pas concernés par l’obligation de traitement (Tableau 8).

Tableau 8. Répartition des exploitations et du cheptel porcin par SOT en Bretagne SOT (kgN produit par an) 12 500 15 000 17 500 20 000 Hors ZES Nombre total Cantons 15% 9% 9% 6% 60% 260

Exploitations porcines 42% 15% 10% 9% 24% 9 102

Cheptel porcin (millions de têtes) 46% 20% 10% 9% 15% 8,1

Source : IFIP d’après recensement agricole de 2000 et enquêtes en région

10 Les seuils Jeunes Agriculteurs et Exploitations à Dimension Economique Insuffisante (JA/EDEI) sont les suivants :

1 UTA 2 UTA 3 UTA 120 truies NE 160 truies NE 200 truies NE

11 Arrêté préfectoral du 20 juillet 2001 établissant, pour la Bretagne, le deuxième programme d’action à mettre en œuvre en vue de la protection des eaux contre la pollution par les nitrates d’origine agricole.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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• Enfin, dans certains départements, les apports totaux de phosphore sont plafonnés à 100 kg / ha.

Les élevages de porc seront aussi impactés par les mesures de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE)12. Intégrant des directives existantes qui sont abrogées, la DCE a pour objectif final l’atteinte du bon état écologique des eaux et des milieux aquatiques en 2015. Après identification et analyse des eaux par bassin et district hydrographique (au plus tard en 2004), des mesures de gestion et de protection appropriées à chaque masse d’eau devront être décidées (au plus tard en 2009). Sous la houlette du préfet coordonnateur de bassin, chaque bassin se dote d’un outil de planification, le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) qui propose des mesures à l’échelle des sous-ensembles hydrographiques, les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE).

En conclusion, la protection de l’environnement nécessite des adaptations des porcheries. La restructuration des élevages qui peut accompagner ces aménagements conduit, dans certains cas, à une nouvelle procédure d’autorisation au titre des installations classées. Alors, paradoxalement, s’opposer lors de l’enquête publique aux projets en élevage de porcs revient souvent à bloquer les évolutions qui vont dans le sens d’une diminution des impacts environnementaux. Autre paradoxe, soulevé par un sociologue de l’EHESS (étude en cours sur les controverses environnementales, résultats à paraître), les freins et contraintes mis à la production porcine, visant plus particulièrement un modèle d’élevage vu par la société comme « industriel », peuvent conduire à le renforcer car il résiste mieux aux surcoûts générés par sa mise aux normes.

5.2.2. La protection animale

5.2.2.1. Cadre réglementaire actuel En 1991, la première directive établissant les normes minimales relatives à la protection des porcs a été adoptée (Directive 91/630/CEE du Conseil). Elle impose une superficie minimale d’espace libre par porc élevé en groupe (Tableau 9).

Tableau 9. Normes européennes de surface par porc Poids de l’animal vivant m²

Jusqu’à 10 kg 0,15 Plus de 10 et jusqu’à 20 kg 0,20 Plus de 20 et jusqu’à 30 kg 0,30 Plus de 30 et jusqu’à 50 kg 0,40 Plus de 50 et jusqu’à 85 kg 0,55 Plus de 85 et jusqu’à 110 kg 0,65 Plus de 110 kg 1,00

Source : Directive 91/630/CEE repris dans la Directive 2001/88/CE.

Le respect des normes de chargement est essentiel pour obtenir de bonnes performances. Courboulay (2006) a montré qu’augmenter la surface par porc en engraissement de 0,66 m² à 1,0 m² se traduit en moyenne par un gain de croissance de +24 g / jour pour 0,1 m² supplémentaire. En post-sevrage, l’amélioration est de +3% de croissance pour 0,35 m² par porcelet au lieu de 0,30 m² tandis que la croissance recule de 3,5 à 5 % si la surface diminue de 0,30 m² à 0,26 m² par porcelet. Les auteurs observent que ces améliorations sont

12 Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre communautaire pour la protection et la gestion des eaux.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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directement liées à une meilleure consommation d’aliment. Avec l’accroissement de la surface, les porcs consomment plus, multipliant leurs déplacements vers les nourisseurs. Par contre, s’ils confirment l’amélioration des performances avec l’augmentation de la surface par porc, Massabie et al. observent une augmentation de la teneur en ammoniac des salles.

La directive 2001/88/CE du Conseil (adoptée le 23 octobre 2001 et modifiant la directive 91/630/CEE) renforce les mesures de protection des porcs et établit des normes minimales à respecter, plus particulièrement :

• Les truies et les cochettes sont élevées en groupes pendant une période débutant quatre semaine après la saillie et s’achevant une semaine avant la date prévue pour la mise bas ;

• Un espace disponible pour les cochettes et truies de respectivement 1,64 m² et 2,25 m² pour des tailles de groupe comprises entre 6 et 39 truies ;

• l’amélioration de la qualité des surfaces au sol ;

• la possibilité pour les porcs et truies d’avoir un accès permanent à des matériaux de manipulation ;

• Un niveau plus élevé de formation et de compétence des éleveurs et des personnes s’occupant des animaux sur les questions de protection animale.

En parallèle, la Commission a adopté le 9 novembre 2001 une directive 2001/93/CE de la Commission venant modifier l’annexe de la directive 91/630/CEE. Elle introduit des améliorations pour les différentes catégories de porcs portant sur

• les conditions de luminosité et niveaux maximaux de bruit,

• l’accès permanent à des matériaux de fouissage et de jeu,

• l’accès permanent à de l’eau fraîche,

• des recommandations sur la manière de réaliser les interventions sur les porcs telles que la castration, la réduction des coins ou la coupe des queues,

• l’interdiction de sevrer avant 4 semaines, sauf dans le cas où les porcelets sont déplacés dans des locaux spécialisés (nurserie) dans lesquels le sevrage peut avoir lieu 7 jours plus tôt.

En 2013 au plus tard, tout bâtiment de gestantes devra compter au moins 60% de places en groupes, c’est-à-dire les places de gestantes confirmées. L’état des lieux des élevages en 2006 a estimé à 12,5% la part des places de gestantes en groupes.

La mise aux normes « bien-être » des porcheries, en particulier des bâtiments de gestantes, est une contrainte financière et administrative. Elle accélérera probablement l’évolution des structures d’élevage. Pour amortir les investissements sur une production plus importante, certains éleveurs chercheront à accroître la taille de leur atelier, d’autres préféreront accroître leur capacité d’engraissement et investir dans une maternité collective. Les constructions et rénovations qu’occasionne cette mise aux normes pourront par ailleurs contribuer à améliorer la qualité du parc de bâtiments et le niveau de performances.

5.2.2.2. Perspectives Les propositions les plus avancées sur le « bien-être » des porcs évoquent une augmentation de la surface par animal lorsque la température est supérieure à un optimum de confort (EFSA). Face à cette contrainte, les éleveurs essaieront de maintenir la température au niveau optimum de confort en équipant de systèmes de refroidissement les bâtiments (notamment en engraissement), même dans des zones géographiques où ces équipements ne se justifient pas actuellement.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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Dans certains pays (Scandinavie, Suisse), 48 heures après la mise-bas, les truies en maternité doivent être libres de leurs mouvements. Pour les nouveaux élevages, il est probablement pertinent d’envisager l’agencement intérieur des salles de maternité de telle sorte qu’il puisse être transformé, le cas échéant, en système permettant la mise en liberté des truies.

L’âge minimal au sevrage, aujourd’hui de 28 jours avec une dérogation à 21 jours sous réserve de l’existence de locaux adaptés, est susceptible de passer à terme à 28 jours sans dérogation. L’âge au sevrage a un impact sur la productivité des truies. Sevrer à 28 jours réduit un peu la productivité mais accroît le poids de portée et facilite l’acclimatation des porcelets en post-sevrage. Un allaitement long de grandes portées peut également être préjudiciable à la truie, en sollicitant exagérément ses possibilités de production laitière. Selon certains chercheurs, un sevrage plus précoce peut être favorable à la santé du porcelet (pathologies respiratoires) et de la truie (état corporel) et donc vraisemblablement à leur bien-être.

5.2.3. Le « Paquet hygiène » Entré en vigueur le 1er janvier 2006, un ensemble de textes réglementaires, dit « Paquet Hygiène », définit pour les différents secteurs d’activité le cadre concernant les règles d’hygiène applicables aux denrées alimentaires dans l’Union Européenne. La responsabilité des opérateurs, à tous les maillons de la chaîne alimentaire, y compris la production primaire (élevage), est engagée afin de garantir et de renforcer la sécurité des aliments.

Tableau 10. « Paquet Hygiène » : actions concernant les bâtiments et équipements

Domaine Problématique Action concernant les bâtiments et équipements des porcheries

Protection sanitaire

Rongeurs, vecteurs potentiels de maladies (trichinellose, salmonellose, leptospirose…)

Entretenir les abords des bâtiments pour éviter d’attirer les rongeurs et réduire leurs refuges potentiels

Insectes (essentiellement mouches, moucherons et ténébrions en élevage de porcs), responsables de la transmission de certains germes pathogènes

Hygiène générale du bâtiment d’élevage et de son environnement proche

Conduite d’élevage

Stress et déséquilibres sanitaires Respecter les normes bien-être (Directives 2001/88/CE et 2001/93/CE)

Transmission de germes des verrats aux truies

Loger les verrats dans des cases individuelles séparées des truies voire dans un local différent en cas de prélèvement Disposer de cases où les porcs peuvent se retourner, percevoir le grognement, l’odeur et la silhouette d’autres porcs.

Gestion des traitements médicamenteux par aliment sec

Dédier temporairement ou définitivement un silo pour recevoir l’aliment médicamenteux prescrit

Gestion de la réception et de l’embarquement des porcs Disposer d’un quai d’embarquement

Isolement des porcs malades, blessés ou agressifs

Disposer d’un local ou d’une zone d’isolement (« infirmerie », obligatoire à partir de 2013).

Gestion des cadavres Disposer d’une aire d’équarissage où entreposer les cadavres, facilement accessibles à l’équarisseur, facile à nettoyer et à désinfecter.

Source : IFIP d’après GBPH, 2008

Chaque secteur d’activité a été encouragé à élaborer et appliquer, sur une base volontaire, un guide de bonnes pratiques d’hygiène (GBPH). En élevage de porcs, « en cohérence avec le principe de responsabilité posé par le Paquet Hygiène, ce GBPH s’intéresse à toutes les

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie II : cahier des charges des élevages

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activités dont est responsable l’éleveur et qui sont liées à la production d’animaux destinés à la consommation humaine, depuis la réception des intrants (animaux, matières premières…) jusqu’au départ des extrants (animaux d’élevage ou de boucherie, effluents) » (GBPH, 2008). En cours de reconnaissance par les services de l’Etat, le GBPH en élevage de porcs comprend six grands domaines : protection sanitaire, conduite d’élevage, alimentation, hygiène, gestion des lisiers et fumiers, traçabilité des porcs. Les actions concernant plus précisément les bâtiments et équipements sont rapportées dans le Tableau 10.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie III : les solutions d’organisation

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III. Les solutions d’organisation : taille et activité

1. Taille de l’atelier porcin

1.1. Synthèse des entretiens Tous les techniciens s’accordent sur une augmentation de la taille des ateliers, plus ou moins importante selon la taille actuelle des élevages de porcs dans leur groupement. Selon les groupements, on devrait atteindre, d’ici 5 à 10 ans, plus de 200, 300 ou 450 truies en moyenne par élevage. Les acteurs de terrain rencontrés considèrent que « les moins de 100 truies ne disparaissent pas toujours pour des raisons économiques (par UTH, il est possible de dégager le même résultat avec 150 truies pour un individu ou avec 400 truies à trois) mais pour des raisons sociales, d'organisation de travail ».

La taille d’un élevage présente un minimum économique (rentabilité) et social (ne pas être seul sur l’élevage pour se libérer du temps) et éventuellement un maximum imposé par la société (refus de certains modèles de production). S’il n’y a pas de limite technique à l’agrandissement des structures de production, les plus grandes d’entre elles peuvent être confrontées à des problématiques spécifiques (capitaux nécessaires, conduite des salariés, transmission). Entre ces deux bornes, trois « seuils » se dessinent, autour de trois problématiques.

1.1.1. La productivité du travail Si les structures de 150-200 truies sont considérées par les personnes interviewées comme économiquement efficaces, leur limite est d’abord liée au travail. Un éleveur seul pouvant aujourd’hui gérer 120 truies en naissage-engraissement, les élevages de 200-250 truies sont les plus recherchés aujourd’hui pour les installations. Les exploitations spécialisées de 150 truies, fréquentes, ne permettent pas de rentabiliser un salarié à temps plein. Pour diverses raisons, l’embauche du premier salarié est un seuil difficile à passer (Le Moan et al., 2007). Cependant, si une taille d’atelier de 220-230 truies permet à l’éleveur d’embaucher un salarié, chacun sera amené à gérer seul l’élevage à certaines périodes (week-ends, congés, formations).

1.1.2. La gestion des déjections Si l’éleveur valorise les déjections porcines par l’épandage, la taille de son élevage sera liée à la surface potentiellement épandable dont il dispose ou, en ZES, au plafond d’épandage de son canton. S’il décide de traiter les déjections, l’amortissement de la station pèsera d’autant moins que la production sera importante.

1.1.3. L’accès aux technologies et aux économies d’échelle Le troisième critère est d’atteindre une taille suffisamment importante pour accéder à certaines technologies, à d’éventuelles économies d’échelle et/ou à une autonomie sur certaines fonctions (alimentation, renouvellement…).

Les stations de traitement ou fabriques d’aliment à la ferme s’amortissent plus facilement sur des grandes tailles d’élevage. Par contre, sur les bâtiments d’élevage, la maçonnerie et la charpente étant payées au mètre carré, les économies d’échelle seraient peu importantes, « au grand maximum 5% d'économie » selon un responsable de groupement breton ; « ou

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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alors, on agrandit vraiment les salles, à 500 places en engraissement, mais ce n'est pas une bonne solution techniquement. Il ne faut pas payer l’économie d’investissement par de moindres performances ». En fait, « la taille des bandes est plus importante que la taille de l’élevage. Plus la taille des bandes est importante, plus l’investissement unitaire peut être réduit ».

La taille détemine des paliers de structuration des bâtiments, d’accès à des technologies plus pointues, plus efficaces, d’organisation du travail (plein emploi, spécialisation, rationalisation) autorisant une meilleure efficacité et rentabilité de la main-d’œuvre. De plus, une taille plus importante conduit le plus souvent à gérer plusieurs salariés ce qui peut être moins risqué en terme d’absences (le travail à effectuer sera réparti sur les salariés présents) et permet d’organiser les gardes (week-ends, vacances). Enfin, les conditions de travail et perspectives d’évolution dans les très grands ateliers peuvent être plus attractives pour les salariés et faciliter leur fidélisation.

Des économies d’échelle existent aussi sur le travail administratif à l’échelle de l’éleveur (registre d’élevage, gestion technique…) et sur la logistique (livraison d’aliment, transport des porcs). Les aspects logistiques pourraient être davantage pris en compte à l’avenir pour des raisons économiques (coût de l’énergie et du travail), écologiques (pollution atmosphérique) et sanitaires (risque de propagation d’épizooties). Déjà aujourd’hui, « un éleveur qui travaille par camions complets n’a pas les mêmes conditions qu’un éleveur qui fait déplacer [le groupement] trois fois pour faire un camion ». Le chargement maximal autorisé étant d’environ 22 tonnes13 par camion, l’approvisionnement par camions entiers n'est pas déterminant, s’agissant de l’aliment, car les petits élevages peuvent avoir des capacités de stockage suffisantes. Par contre, ces 22 tonnes correspondent à un lot d’environ 190 porcs, ce que produit chaque semaine un atelier de 500 truies présentes ou toutes les deux semaines un atelier de 250 truies en 10 bandes.

1.2. Taille et résultats technico-économiques La relation entre la taille de l’atelier porcin et la productivité du travail est analysée dans le paragraphe 4.2.3 de la page 24.

1.2.1. Performances de reproduction Le mode d’élevage - « plein-air » par rapport à « bâtiments » - a un effet significatif (p < 0,0001) sur la productivité des truies, avec respectivement de 23,2 (± 2,40) et 26,4 (± 2,18) porcelets sevrés par truie productive et par an. Par contre, le fait qu’il y ait ou non de la litière dans les bâtiments n’a pas d’effet significatif.

La localisation géographique (Graphique 10), la taille des élevages et leur orientation (naisseur, naisseur-engraisseur, mixtes) expliquent (seulement) 38% de la variabilité du nombre de sevrés par truie productive et par an.

La taille de l’élevage a un effet significatif favorable sur la productivité des truies mais, comme pour la productivité du travail, on constate surtout une incidence notable pour les élevages les plus petits, d’une taille inférieure à 200 truies. Au delà, la performance de reproduction s’améliore peu et semble atteindre un plafond à 28 sevrés par truie productive et par an pour les élevages de plus de 500 truies présentes (Graphique 11). Dans chaque classe de taille, le niveau de performances est très variable entre les élevages.

L’augmentation du nombre de sevrés par truie productive et par an avec la taille de l’élevage s’explique par l’obtention de portées plus grandes (moins de pertes sur plus de nés totaux)

13 Directive communautaire 96/53 du 25 juillet 1996 et Code de la Route français : poids total roulant autorisé (PTRA) fixé à 40 tonnes en France sauf cas particuliers à 44 tonnes maxi (transport combiné rail-route ou voie navigable-route) ou exceptionnels à 48 tonnes maxi sous réserve de l’obtention d’une autorisation préfectorale

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie III : les solutions d’organisation

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et un rythme de reproduction plus rapide (meilleure maîtrise de la reproduction et sevrage plus précoce).

Graphique 10. Productivité des truies et taille des élevages selon les régions n= 2 626 élevages (en bâtiments et situés en métropole)

Nb porcelets sevrés par truie productive et par an Taille moyenne des élevages

27,09

26,3025,89 25,62

25,20 25,02

23

24

25

26

27

28

29

Bretagne Grand-Ouest

Nord-Est Sud-Est Centre Sud-Ouest

223193 192

150 157184

050

100150200250300350400450

Bretagne Grand-Ouest

Nord-Est Sud-Est Centre Sud-Ouest

Truies présentes

Source : IFIP, GTTT, année 2007

Graphique 11. Nombre de sevrés par truie et par an selon la taille de l’élevage

n=2 626 élevages (en bâtiments et situés en métropole) Par ordre de taille, les 2 626 élevages sont répartis dans 26 classes de 101 élevages. Moyenne et écart-type par classe

1517192123252729313335

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 2400

Taille de l'élevage (en nombre de truies présentes)

1% meilleurs10% meilleursRestants

Nombre de sevrés par truie productive et par an

21222324252627282930

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

Taille moyenne des élevages (en nombre de truies présentes)

Nombre de porcelets sevrés par truie productive et par an

Source : IFIP, GTTT, année 2007

1.2.2. Performances en post-sevrage et en engraissement Contrairement à la reproduction sur laquelle, malgré une dispersion très importante des résultats, un effet de la taille de l’atelier porcin est observé, les performances de croissance en post-sevrage et engraissement se révèlent indépendantes de la taille de l’élevage (Graphique 12).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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Graphique 12. Performances de croissance et taille d’élevage (naisseurs-engraisseurs) Post-sevrage

350

400

450

500

550

600

0 100 200 300 400 500 600 700 800Taille d'élevage (en nombre de truies présentes)

GMQ 8-30 (g par jour)

1,01,21,41,61,82,02,22,42,62,83,0

0 100 200 300 400 500 600 700 800Taille d'élevage (en nombre de truies présentes)

IC 8-30 (kg vif par kg d'aliment)

Engraissement

550

600

650

700

750

800

850

900

950

0 100 200 300 400 500 600 700 800Taille d'élevage (en nombre de truies présentes)

GMQ 30-115 (g par jour)

2,2

2,4

2,6

2,8

3,0

3,2

3,4

3,6

0 100 200 300 400 500 600 700 800Taille d'élevage (en nombre de truies présentes)

IC 30-115

Source : IFIP, GTE, élevages naisseurs-engraisseurs (n=1 914), année 2007

1.2.3. Résultats économiques Différentes voies permettent d’atteindre un coût de revient bas. Quatre profils d’élevages naisseurs-engraisseurs, produisant du porc à coût faible en France, ont été identifiés en 2002 par Gourmelen et al. Selon le profil, la taille moyenne diffère, de 87 truies pour le profil « performances plus faibles que la moyenne mais niveau d’amortissement et de frais financiers plus bas » à 245 truies pour le profil « performances parmi les 10% meilleurs, prix de l’aliment et du renouvellement plus bas, mais charges de structures plus élevées ». Cependant, les résultats du premier profil reposent sur des amortissements très faibles, ce qui n’est pas une solution durable sur le long terme.

2. Activité de l’atelier porcin

2.1. Synthèse des entretiens

2.1.1. Des élevages associant le naissage et l’engraissement Le modèle « naisseur-engraisseur » reste la référence pour sa maîtrise technique et sanitaire et sa solidité économique et financière. Aujourd’hui, l’association du naissage et de l’engraissement est largement répandue en Bretagne (90% des truies), beaucoup moins

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie III : les solutions d’organisation

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dans d’autres régions où subsistent de nombreux naisseurs (40% des truies dans le Centre et le Sud-Ouest) distincts d’engraisseurs insérés dans des exploitations de polyculture-élevage.

2.1.2. Rapatriement de l’engraissement à façon chez le donneur d’ordre Face au gain de productivité des truies et au développement rapide du naissage au début des années 90 en Bretagne, les porcheries manquent de capacités d’engraissement. Empêchés par les mesures environnementales (obtention des autorisations et gestion des déjections) de développer leur élevage pour engraisser tous les porcelets, des éleveurs sous-traitent partiellement l’engraissement auprès d’autres éleveurs. Sur une base contractuelle, ces derniers sont rémunérés pour leur travail et la mise à disposition de leurs bâtiments. En 2005, plus d’un porc sur cinq est engraissé ainsi en Bretagne. Le souhait des donneurs d’ordre de rapatrier ces places sur leur exploitation et les difficultés à pérenniser ces ateliers à façon dans nombre d’exploitations (Le Moan et al., 2004) feront reculer cette pratique qui ne perdurera que comme un moyen d’ajustement de court terme à l’évolution des performances de truies.

2.1.3. Sur un site par choix ou sur plusieurs par obligation Diverses raisons conduisent de nombreux éleveurs, en Bretagne surtout, à exploiter deux, trois, voire quatre sites, au moins pendant quelques années :

• Après un rachat, pour amortir tout ou partie du coût du nouveau site de production, • Pour rester sous le seuil de l’obligation de traitement, en conservant une raison

sociale distincte par site, • Pour éviter la procédure d’autorisation en cas d’agrandissement du site principal, et

le prélèvement opéré par l’administration sur l’azote ainsi rapatrié (programme de résorption),

• Pour accroître la dimension économique de l’entreprise sans heurter l’opinion publique par une taille d’élevage qu’elle jugerait excessive.

Cependant, la situation de « multisite » apparaît subie plutôt que choisie. L’organisation du travail, le suivi des animaux et l’obtention de bonnes performances y sont considérés « plus compliqués ». Certes, pour un élevage donné, dans l’absolu, la segmentation des stades physiologiques et la « marche en avant » constituent des éléments favorables à la santé des porcs à condition d’éviter les contaminations croisées (camions de transport des porcs mal nettoyés, mélanges de porcs de lots ou d’élevages différents, proximité d’autres élevages…). Mais, lorsque la densité des élevages est forte dans une région (proximité des élevages avec inter-contamination par la voie aérienne), la séparation des statuts sanitaires peut être toute relative. Enfin, dans les zones de haute densité porcine, en cas d’épizootie (peste porcine, fièvre aphteuse…), le blocage du transport des animaux dans un périmètre critique peut avoir des conséquences redoutables lorsque la grande majorité des animaux ne sont pas élevés sur le site de naissance. Malgré cela, tant que l’unique voie de croissance passera par le rachat d’autres sites, de nombreux élevages seront organisés demain sur plusieurs sites, au mieux avec une spécialisation par stade physiologique, à défaut avec plusieurs sites de naissage-engraissement.

2.2. Activité de l’atelier et performances

2.2.1. Performances de reproduction des NE et des naisseurs La localisation géographique et l’orientation des élevages expliquent 15% seulement de la variabilité du nombre de porcelets sevrés par truie productive et par an. L’effet de

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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l’orientation dépend de la localisation mais l’échantillon de naisseurs en Bretagne14 est trop petit pour permettre une conclusion (Graphique 14).

Graphique 13. Nombre et taille moyenne des élevages en GTTT par orientation

Graphique 14. Productivité des truies selon l’orientation

216

612

165236 271

0

200

400

600

800

1000

NE NS NTBretagneHors Bretagne

Nombre de truies présentes

n = 1 028

n = 688 167 47

39

Nombre d'élevages

27,12

28,43

25,9625,24 25,32

22

23

24

25

26

27

28

29

30

NE NS NT

BretagneHors Bretagne

Nb de porcelets sevrés par truie productive et par an

Source : IFIP, GTTT, année 2007

Le nombre de nés vivants et sevrés par portée ne sont pas significativement différents entre orientations bien que les performances des naisseurs soient légèrement moins bonnes, hors Bretagne, là où le nombre plus important de naisseurs (167 NS et 47 NT) autorise davantage la comparaison,. Hors Bretagne, le rythme de reproduction est aussi plus faible chez les naisseurs (2,40 portées par an) que chez les NE (2,43 portées par an) en raison d’un ISSF et d’un âge au sevrage un peu plus grand.

2.2.2. Performances de croissance des NE et des engraisseurs A l’image de la prédominance du modèle naisseur-engraisseur en France, et en particulier en Bretagne, les élevages suivis en GTE sont, respectivement pour la Bretagne et hors-Bretagne, à 87% et 58% naisseurs-engraisseurs. Leur capacité d’engraissement est 1,8 fois plus importante que celle des post-sevreurs-engraisseurs et le double de celle des engraisseurs (Graphique 15).

Graphique 15. Nombre et taille moyenne des élevages en GTE par orientation

4 828

2 590 2 2181 586

2 027

3 395

0

1 500

3 000

4 500

6 000

NE PE ENBretagneHors Bretagne

n = 1 210n = 704 363

100

Nombre de porcs entrés par élevage

76117

Nombre d'élevages

Source : IFIP, GTE, année 2007

14 Trois élevages naisseurs traditionnels (NT, vente des porcelets après le post-sevrage) et neufs naisseurs vente au sevrage (NS).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie III : les solutions d’organisation

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En post-sevrage, les performances sont proches dans les élevages NE et PE (Graphique 16).

Graphique 16. Performances en post-sevrage selon l’orientation de l’élevage Indice de consommation Vitesse de croissance

1,681,751,72 1,73

1,4

1,5

1,6

1,7

1,8

1,9

2,0

2,1

NE PE

Bretagne Hors BretagneIC 8-30

472 475470 471

440450460470480490500510520530

NE PE

BretagneHors Bretagne

GMQ 8-30 (g/jour)

Source : IFIP, GTE, année 2007

En engraissement, l’indice de consommation est en moyenne meilleur chez les naisseurs-engraisseurs que chez les post-sevreurs engraisseurs ou les engraisseurs (Graphique 17). Mais ; l’effet de l’orientation se confond avec celui de la taille car les NE sont plus grands que les PE et EN. Par ailleurs, les moindres performances des engraisseurs peuvent aussi s’expliquer par le fait que l’atelier porcin est souvent inséré dans une exploitation mixte dans laquelle l’éleveur partage son temps et sa technicité avec une autre production (du lait ou des cultures souvent). La vitesse de croissance en engraissement est rigoureusement la même chez les NE et les PE hors-Bretagne, et meilleure de 20 grammes chez les PE par rapport aux NE en Bretagne (Graphique 17). Par contre, les engraisseurs ont, dans tous les cas, une vitesse de croissance bien moindre que celle des NE ou PE.

Graphique 17. Performances en engraissement selon l’orientation de l’élevage

2,87 2,86

2,962,91 2,94

3,09

2,7

2,8

2,9

3,0

3,1

3,2

3,3

3,4

NE PE EN

Bretagne Hors BretagneIC 30-115

772

792

747

780 781

743

700

720

740

760

780

800

820

840

860

NE PE EN

BretagneHors Bretagne

GMQ 30-115 (g/jour)

Source : IFIP, GTE, année 2007

En conclusion, les élevages associant le naissage et l’engraissement obtiennent de meilleures performances de reproduction que les naisseurs15. En engraissement, les moindres performances des engraisseurs par rapport aux NE sont à rapprocher de la taille des ateliers et du niveau de spécialisation des exploitations, plus faibles.

15 Elevages situés en dehors de la Bretagne. En Bretagne, le nombre très faible et la particularité (maternités collectives) des élevages naisseurs ne permettent pas la comparaison.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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Si la spécialisation de l’exploitation en production porcine permet d’améliorer les performances techniques, en concentrant toute l’attention et les efforts sur cet atelier, la spécialisation de l’activité (naissage ou engraissement) n’accentue probablement pas cette technicité. La spécialisation de l’activité améliore plus nettement la productivité du travail. De plus, les limites des systèmes de production séparant le naissage et l’engraissement sont fortes : sanitaires (circulation d’animaux entre fermes) et économiques, notamment en l’absence de contrat sur les quantités et les prix des porcelets entre naisseurs et engraisseurs. Cette difficulté est générale ; ainsi, en Allemagne où la séparation du naissage et de l’engraissement s’est fortement développée, au point qu’aujourd’hui seuls 20% des porcs sont produits par des élevages associant le naissage et l’engraissement, les éleveurs naisseurs en font régulièrement les frais. Face à l’envolée du prix des matières premières et de l’aliment fin 2007, les engraisseurs ont fait pression sur le prix des porcelets, tombé à 30-35 euros par porcelet de 28 kg pour un coût de revient de 65 euros. A plus long terme, on peut penser que la disparition de nombreux naisseurs et la restructuration du naissage dans ce pays rééquilibrera le rapport de force.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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IV. Les solutions techniques : équipements et bâtiments

1. Synthèse des entretiens Les solutions actuelles, en ce qui concerne les élévations, la couverture, la charpente et l’isolation des porcheries, ne sont pas remises en cause par les différents experts consultés. Les constructions de demain seront réalisées sur murs porteurs isolés (panneaux béton ou brique monolithe), la charpente sera de type « fermettes », la couverture de fibre ciment sera isolée sous rampants avec un isolant en mousse de polyuréthane et film aluminium pour une meilleure résistance au feu. Les salles seront sur pré-fosse pour stockage du lisier d’une bande mais des solutions alternatives de gestion des déjections (évacuation fréquente) et des émissions (lavage de l’air) sont proposées.

Les « réticences » des techniciens au changement apparaissent importantes, en relation avec :

• Les mauvaises expériences du passé telles, par exemple, les grandes cases en engraissement ou le racleur à lisier sous le caillebotis. L’expérience de la MAP (Maladie d’Amaigrissement du Porcelet) et des contraintes sanitaires qui en ont découlé ont conduit les techniciens à considérer avec beaucoup de méfiance toute conduite qui remettrait en cause les pratiques actuelles.

• Le manque de choix de matériaux et d’artisans, qui conduit également à une certaine standardisation. Pour les élévations du bâtiment, le panneau béton est quasiment le seul produit disponible aujourd’hui sur le marché.

• La responsabilité du technicien en terme de conseil. Quelques techniciens citent des cas où des éleveurs exercent un recours contre le groupement ou l’équipementier lorsque le bâtiment ne donne pas entière satisfaction. Face à ce risque et à ses conséquences financières, le conseil se porte plus facilement sur « un système qui marche », largement éprouvé, plutôt qu’un système innovant, non encore totalement validé.

La plupart des techniciens parient sur des bâtiments solides. Pour réduire les coûts de construction, certains groupements et concepteurs se posent cependant la question d’un retour à des matériaux de type panneau sandwich avec une structure de bâtiment plus légère. La conjoncture économique influence également les choix lors de la construction. Par exemple, pour les aménagements intérieurs, le choix entre PVC et béton dépend des coûts relatifs plus que de raisons techniques.

La segmentation en différents compartiments adaptés à chaque stade de la production reste la règle. La chaîne de bâtiments sera composée de six compartiments pour les différents stades physiologiques : quarantaine, attente saillie, gestation, maternité, post-sevrage, engraissement. Apparues surtout pour faire face au manque de places résultant de l’augmentation de la productivité numérique des truies, les salles intermédiaires de nurserie (du sevrage à 12 kg) et pré-engraissement (de 30 à 55 kg) ne figurent plus dans les conceptions récentes. La multiplication des stades permet d’ajuster plus précisément la taille des bâtiments (surface), les équipements (dimension), la ventilation et le chauffage aux caractéristiques et besoins des porcs. Mais elle est coûteuse et multiplie les tâches pénibles comme les déplacements d’animaux ou le lavage des salles, sans que cela ne soit compensé par une amélioration des performances zootechniques ou sanitaires.

Les aménagements intérieurs des nouvelles constructions devront être capables de s'adapter aux évolutions qui pourraient advenir sur le bien-être des porcs (surface par animal, mise en liberté des truies allaitantes voire non castration des mâles…), sur leur alimentation (matières premières disponibles, présentation), ainsi que sur la définition des plus-values de la carcasse (TMP ou autre futur indicateur) en lien avec la demande du marché.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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2. Organisation de l’élevage : salles et aménagements

L'élevage sera organisé en deux blocs de bâtiments, séparés ou non suivant la taille de la structure, d’un côté les reproducteurs (qui restent sur l’élevage) et de l’autre les porcs de production (marche en avant jusqu’au quai d’embarquement). La séparation assure une meilleure maîtrise du sanitaire en isolant les reproducteurs des porcs de production et permet de retrouver les avantages recherchés avec des sites de production distants. Si les locaux sont séparés, ils seront reliés par des couloirs fonctionnels c’est-à-dire sans angles droits, de largeur suffisante (>1,20 m) et munis de panneaux pleins (Bishop et al., 2002).

2.1. La quarantaine Quel que soit le type d’élevage, le bâtiment de réception des cochettes est identique, seule sa taille varie en fonction du nombre de truies de l’élevage et de sa conduite. Comme le laisse entendre sa fonction, le bâtiment de quarantaine doit être situé à l'écart des autres, idéalement à plus de 100 m. Son aménagement est identique à celui de l'engraissement mais la surface disponible par animal y est plus grande et les salles sont chauffées.

L'implantation de ce local doit tenir compte des circuits des hommes et du matériel (camions d'aliment, transport d'animaux, évacuation des déjections, équarissage), des vents dominants et, dans la mesure du possible, des élevages situés à proximité (Figure 2).

Figure 2. Implantation optimale des bâtiments en élevage de porcs

AUTRE ELEVAGE

EPANDAGE

ENGRAISSEMENT

LIVRAISONS PS DEPART PORCSCOCHETTES

MATERNITE

LIVRAISONS ALIMENT

QUARANTAINE

GESTANTE

SAS D'ENTREE

VENTS DOMINANTS

La conception permet de loger des groupes d’animaux correspondant aux bandes concernées par une livraison. L’aménagement intérieur est composé de caillebotis intégral (quoique la quarantaine soit le seul bâtiment de l’élevage pour lequel les techniciens proposent de la litière au sol) et d’une auge collective linéaire avec séparation par des bats-flancs pour une alimentation par machine à soupe. La ventilation dynamique est classique avec extraction basse directe. L’entrée d’air est assurée par une gaine et des volets régulés. Un chauffage est installé dans le flux d’air entrant (Figure 3).

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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Figure 3. Exemple de plan pour 16 cochettes Vue aérienne

Vue en coupe

2.2. Le local d’attente saillie-gestation Le local d’attente saillie, où est assurée la saillie ou l’insémination artificielle, doit permettre de recevoir les animaux pendant quatre semaines au maximum après l’insémination s’il y a contention. Il doit répondre aux exigences zootechniques des reproducteurs (confort, éclairage) et offrir de bonnes conditions de travail ; le temps passé par l’éleveur dans ce local (détection des chaleurs et inséminations) est en effet important et doit permettre d’atteindre un taux élevé d’inséminations fécondantes.

Outre l’aspect réglementaire (40 lux minimum par animal), la lumière est un facteur important pour la reproduction et la facilité de travail des intervenants. La lumière naturelle sera privilégiée (fenêtres, puits de lumière), complétée par un éclairage artificiel assurant 100 lux par place (plusieurs recommandations vont jusqu’à 300 lux) (Caspari, 2008, Feller et al., 2004).

L'agencement du local d’attente saillie doit aussi tenir compte des nombreux mouvements d’animaux afin de limiter leur stress (impact négatif sur les performances de reproduction) et le temps consacré à déplacer les truies (Figure 4). Par souci d'économie, cet aspect n’a pas toujours été bien pris en compte lors de la construction, avec des couloirs inadaptés (largeur insuffisante, angle droit, pentes,…) ou en nombre insuffisant. Or, le surcoût éventuel pourra être amorti par une amélioration de la productivité du travail et de la reproduction.

Pour des raisons économiques (coût des vannes et des commandes), l’alimentation sous forme humide se conçoit aujourd’hui pour un groupe d’animaux (6 truies en général). Les rations ne sont donc pas individualisées (ajustement selon l’état des truies). Les structures ou conduites ayant un nombre important de truies peuvent alloter les animaux par niveau de besoin alimentaire. L’amélioration des performances de reproduction qui pourrait être obtenue par une gestion individuelle de l’alimentation doit être évaluée et comparée au surcoût de l’installation d’une vanne par truie (200 €).

Chauffage

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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Figure 4. Exemple d’aménagement de local d’attente saillie pour truies bloquées

Le réfectoire d’une truie multipare mesure 2,40 x 0,60 m, auge comprise (0,50 pour les cochettes). Les couloirs avant, destinés à la circulation du verrat, ont une largeur de 0,70 m permettant aussi la circulation du chariot de déplacement télécommandé (« contact-o-max ») (La France agricole 2007). Le couloir arrière, pour le déplacement des truies, est large de 1,40 m. Le matériel de contention des animaux est en tube d’acier galvanisé.

Cochettes

Mouvements truies Mouvements verrat

Une bande 3 x 14 truies + 3 x 3 cochettes Une bande 3 x 14 truies + 3 x 3 cochettes

BATIMENT GESTANTES CONFIRMEES

2.3. Le local de gestation Le local de gestation doit assurer le confort des truies, permettre le développement maximum des embryons et préparer la truie à la future lactation. Il doit aussi offrir des conditions de surveillance adaptées pour permettre de détecter rapidement les animaux en rupture avec l’objectif de développement corporel et de prise de poids, ainsi que les truies ayant avorté (qui seront conduites à la saillie ou l’abattoir).

La directive européenne de 2001 impose d’élever en liberté et en groupes les truies au plus tard quatre semaines après l’insémination. Plusieurs techniques permettent de répondre à cette exigence (Chambres d’Agriculture et IFIP, 2006), qui diffèrent notamment par le mode d’alimentation et la taille des cases. Chaque technique présente des avantages et des inconvénients et l’éleveur choisit en fonction de ses contraintes, de ses attentes et de celles de ses salariés le cas échéant.

Les réfectoires autobloquants (Figure 5) sont une adaptation de la situation de départ (truie bloquée). La particularité de ces réfectoires, proches de ceux existant en attente saillie, est le système de blocage commandé par la truie elle-même qui peut ainsi s’isoler au moment des repas (Porc magazine, 2007, 2008). Entre les repas, elle peut se déplacer dans la courette présente à l’arrière des tubulaires. La possibilité de bloquer un ou plusieurs animaux facilite le travail du personnel en cas d’intervention. Ce système permet par ailleurs de limiter la concurrence pour les repas, les truies pouvant s’isoler dans les réfectoires. Le principal inconvénient de ce système est son coût de 1 500 € par place, et la surface nécessaire, notamment lorsque le réfectoire est disposé sur un seul rang.

L’aménagement des cases avec des bat-flancs consiste à installer au niveau de l’auge des séparations courtes (longueur du groin à l’épaule de la truie), en béton ou en tubes de métal, permettant de séparer physiquement les truies au moment de l’alimentation. Les truies sont logées en groupe pour 6 à 10 femelles environ. Contrairement au système avec réfectoires

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autobloquants, les truies ne peuvent pas ici s’isoler entièrement, ni pendant le repas, ni en période de repos, mais l’aménagement avec bat-flanc requiert moins d’espace par truie.

Moins onéreux (1 100 € par place), le système avec alimentation automatique individuelle (DAC, Figure 5) s’est développé notamment au Danemark, où la taille des élevages de truies est beaucoup plus grande qu’en France. Un automate gère l’accès des truies à l’aliment et leur alloue la quantité définie par l’éleveur. Il offre de nombreuses autres fonctions : gestion des retours en chaleur, identification des animaux en sous-consommation, tri des truies pour traitement ou déplacement vers la maternité. Ce procédé répond bien aux exigences d’individualisation du suivi des animaux. Les truies peuvent être conduites dans un groupe dynamique (mélange des bandes de truies au sein d’un grand groupe alimenté par plusieurs DAC disponibles) ou en groupes stables (par bande de truies) disposant chacun d’un DAC. Réalisées au milieu de dizaines d’animaux, les interventions sur les truies sont plus difficiles et plus risquées. Des cases d’infirmerie doivent être ajoutées pour les truies ayant des problèmes de santé (boiteries, prolapsus, blessures) (Réussir porcs, 2008). La gestion de ces infirmeries conduit souvent à mélanger des animaux malades. Enfin, par manque de temps pour exploiter les données de l’automate et mettre à jour des plans individuels d’alimentation, la gestion individuelle serait sous-utilisée dans la pratique pour des grands troupeaux. A l’avenir, des solutions sont à développer tels des lecteurs portables de boucles associés à la possibilité de corriger directement les quantités d’aliment par animal, voire avec mesure de l’épaisseur de lard dorsal pour corriger la ration en fonction de l’objectif de réserves corporelles à atteindre.

Figure 5. Exemple d’aménagement « bien-être » des bâtiments pour gestantes

réfectoire « bien-être » DAC « bien-être »

Mouvements depuis attente saillie Mouvements vers maternité

BATIMENT ATTENTE SAILLIE

Mouvements depuis attente saillie Zone couchage Zone de déplacementsMouvements vers maternité sol plein isolé Sol caillebotis intégral

Verrat

Case de tri

Système d'alimentation DAC

Cas

esd'

isol

emen

t

2.4. Le local de mise bas Au stade maternité se joue une partie de la rentabilité de l’atelier par le nombre et la qualité des porcelets sevrés par truie (suffisamment lourds, en bonne santé, aptes à exprimer par la suite leur potentiel génétique). La surveillance et les interventions réalisées durant les 48 premières heures suivant la mise bas sont primordiales pour obtenir un nombre de porcelets sevrés important. L’éclairage et la qualité de l’air doivent être optimaux pour améliorer les conditions et la qualité du travail en maternité.

Les exigences thermiques de truies pour la production laitière des truies et celles des porcelets (confort thermique) sont contradictoires : les températures optimales sont respectivement de moins de 24°C pour la truie et de 30°C pour le porcelet à la naissance. Le système de chauffage doit donc procurer de la chaleur aux porcelets en épargnant la mère. Les systèmes traditionnels (radiants et lampes), le chauffage par le sol et les nids couverts permettent ce compromis. Les deux derniers sont plus onéreux et sources de difficultés

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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techniques (régulation pour le chauffage par le sol, surveillance des porcelets et temps de lavage pour les nids). Pour éviter à la truie des températures trop élevées, un système de cooling, uniquement dimensionné pour ce stade, peut être envisagé dès la conception (Blanchard et Pouliot, 2003).

Les cages permettant les mises bas sont équipées de cages de contention pour la truie et d’un espace adjacent pour les porcelets. Des solutions alternatives ont été étudiées comme la mise en commun des porcelets de plusieurs truies (diminution du nombre de barrières), mais les résultats techniques sont alors dégradés (Taylor et al., 2006, Dubois et al., 2008). Les équipements actuels répondent parfaitement aux exigences en terme de survie des porcelets et de surveillance des animaux après la mise bas, « l’optimum aujourd’hui » selon les techniciens qui ne voient pas d’évolution notable de son aménagement. Cependant, les aménagements des futures constructions devront permettre, le cas échéant, de libérer les truies si leur contention était interdite. En effet, si l’UE autorise encore la contention des truies en maternité, certains pays comme la Suisse et la Norvège imposent déjà que les truies soient libres de leurs mouvements au minimum 48 heures après la mise bas. La conduite en liberté nécessite d’augmenter significativement la taille des cases : 2,50 m de largeur contre 1,70 m pour une case actuelle en contention pour une longueur de 2,50 m. Une solution possible consiste à juxtaposer trois cases en contention (ou des multiples de trois) pour les transformer en deux cases en liberté (ou des multiples de deux) (Figure 6).

Enfin, l’aménagement des maternités doit permettre de simplifier les mouvements d’animaux pour économiser du temps. Dans les porcheries actuelles, chaque case de maternité est indépendante ce qui nécessite d’ouvrir et de fermer la porte à chaque truie. De plus, la truie doit accepter de reculer pour sortir de sa cage. Pour optimiser le temps de déplacement, l’aménagement imaginé pour les élevages de demain pourrait comprendre un portillon arrière dans la case s’ouvrant pour former avec l’auge de la case précédente un espace de circulation entre deux rangées de cases, le portillon se refermant automatiquement après le passage de chaque truie (Figure 7). L’ouverture de la cage à l’arrière et à l’avant de façon solidaire au panneau du tour de case est déjà proposé par un équipementier. Il faudrait faire évoluer le concept.

2.5. Le local de post-sevrage Hormis le cas particulier du « Wean To Finish » dans lequel le porcelet est élevé du sevrage à la fin de l’engraissement dans la même salle, le porc séjourne après le sevrage dans plusieurs types de bâtiments jusqu’à l’abattage. La succession la plus simple, une salle de post-sevrage suivie d’une salle d’engraissement, est aussi un bon compromis entre d’une part, l’optimisation de l’espace et le confort des animaux et d’autre part, les temps de déplacements d’animaux et de lavage.

Avec l’accroissement de la taille des élevages, chaque bande a un effectif de porcs important. Ainsi, 1 000 truies conduites en 20 bandes produisent au moins 500 porcs par semaine. Une superficie de bâtiment de 400 m² est nécessaire pour les loger. Actuellement, on construira deux salles par bande. Mais quelle est la taille maximale d’une salle pour une bande d’animaux, au regard de la ventilation en particulier ? La théorie sur la circulation de l’air ne donne pas la réponse. Quelle taille de cases envisager ? Plusieurs centaines de porcs logés dans le même parc ont-ils les mêmes performances qu’en petits groupes ? Comment faciliter les interventions humaines dans les grandes cases (espace de fuite important pour les animaux). La question reste à examiner.

L’aménagement intérieur concerne principalement l’alimentation des animaux et la ventilation (Smith et al., 2004). En post-sevrage, une transition alimentaire réussie, une consommation alimentaire suffisante et la maîtrise des pathologies digestives grâce à des conditions d’ambiance optimales doivent permettre l’expression du potentiel génétique.

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Pour faciliter le lavage (contrainte soulignée par les techniciens), les séparations de cases sont en PVC, les auges et une partie du sol en inox. Le sol comprend aussi un îlot de caillebotis en PVC pour améliorer le confort des porcs (transmission de chaleur réduite) et faciliter le lavage des caniveaux (il est alors relevé).

Le chauffage par eau chaude est réalisé par le sol ou par des ailettes placées en périphérie. Dans les deux cas, l’installation d’une niche relevable, telle qu’observé dans les constructions récentes au Danemark, améliore le confort des animaux et la maîtrise de la consommation énergétique (Figure 8).

2.6. Le local d’engraissement L’enjeu principal en engraissement est le maintien d’un bon état sanitaire permettant d’optimiser les performances zootechniques. Les principaux problèmes rencontrés en engraissement sont principalement les pathologies respiratoires et les troubles du comportement (caudophagie), souvent conséquences d’une mauvaise ventilation. La centralisation de la ventilation associée à la récupération de chaleur via un échangeur air/air ou une pompe à chaleur peut limiter ces problèmes. L’air entrant dans les salles n’est alors jamais froid et se mélange mieux avec celui de la salle, minimisant en hiver le risque d’apparition de courants d’air. Le surcoût lié à cet équipement de récupération d’énergie sera compensé dans le temps par une réduction de la facture énergétique, l’amélioration des performances zootechniques (nombreuses références sur la qualité de l’air) et un meilleur état sanitaire du troupeau (Holland et al., 2002).

Les techniciens parient sur un développement de l’alimentation en soupe qui conditionne une longueur d’auge maxi d’environ 4,5 à 5 m, soit des cases de 12 à 15 porcs. L’extraction centralisée conditionne la profondeur maximale de la salle, environ 18 mètres. Ceci conduit à des salles d’une taille maximale d’environ 220-250 porcs, constituées de cases de 12-15 individus. Cette taille de salle permet d’accueillir les porcelets produits par des bandes d’une quarantaine de truies (environ 480 porcs par bande, répartis dans deux salles d’engraissement), de telles bandes étant considérées comme un optimum en terme de gestion de l’atelier de reproduction. Les techniciens ne voient pas le développement important des cases pour grands groupes avec tri automatisé dans les élevages bretons. La plupart des grandes cases, construites il y a une dizaine d’années, ont été réaménagées en des lots plus petits suite à des difficultés de ventilation, au manque d’homogénéité des porcs et à un impact négatif sur le sanitaire lié au mélange d’animaux (Smolke et al., 2003, Morrison, 2004, Gonyou et Whittington, 2006, Exadaktylos et al., 2007). Un technicien se pose cependant la question de l’intérêt des grandes cases avec station de tri dans de très gros élevages (1 000 porcs par bande), dans des bâtiments de type poulailler.

L’alimentation humide et le robot de lavage conditionnent la profondeur des cases et donc des auges (5 m pour 15 porcs). Le sol de caillebotis intégral béton n’est remis en cause ni par les techniciens, ni par des impératifs techniques. Par contre, les séparations seront en PVC pour faciliter le nettoyage. A l’heure actuelle, une case correspond à une longueur d’auge. Mais, pour des raisons économiques, ce sont des auges doubles qui permettent d’alimenter simultanément 30 porcs (deux cases) avec une seule vanne. Ce nombre d’animaux est de fait l’unité de base pour le rationnement. Cet aménagement conduit à des loges de 5 m de profondeur pour 2,20 m de large (0,7 m²/porc). Ces dimensions rendent difficile l’utilisation d’un système optique de pesée déplaçable d’une case à l’autre.

Un aménagement alternatif est proposé qui laisse un passage de 0,60 m de large entre deux parties de case (Figure 9). La longueur d’auge restante permet de recevoir de chaque côté 13 porcs, soit 26 au total. Ainsi, une vanne continue à desservir un groupe de porcs conséquent et l’agencement de la case permet de recevoir temporairement un système de pesée par vision avec marquage de l’animal au-delà d’un poids défini par l’utilisateur.

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Figure 6. Transformation des maternités de la contention à la liberté des truies Cases de truies en contention Cases de truies en liberté

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Figure 7. Aménagement pour faciliter les déplacements des truies en maternité

Mouvements des truies à l'entrée

Passage truies

depuis gestante

fermeture automatique

Mouvements des truies à la sortie

Passage truies vers saillie

Portillon et augesur pivots

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Figure 8. Aménagement des cases de post-sevrage

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Figure 9. Aménagement du local d’engraissement avec système de pesée par vision

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3. Conduite de l’élevage

3.1. Nombre de bandes et âge au sevrage Actuellement, la plupart des élevages conduisent leur troupeau en 7 bandes avec un sevrage des porcelets à 28 jours (70 % des truies – Ifip 2007). Les plus grands d’entre eux conduisent leur troupeau en 20 ou 21 bandes. Avec ces conduites désormais « classiques » (7, 20 ou 21 bandes), les semaines sont identiques en tâches et quantité de travail et les postes sont spécialisés au sein de l’atelier. La répétition et la spécialisation des tâches peuvent être un avantage en termes d’organisation et de productivité du travail. Mais en pratique, ces conduites d’élevage sont de plus en plus remises en cause car l’absence de périodes calmes rend difficile la gestion des absences (congés ou maladie) et la spécialisation complique les remplacements.

De fait, la tendance est à une réduction du nombre de bandes (de 7 à 4/5 bandes et de 20/21 à 10 bandes) pour de nombreuses raisons : améliorer les conditions de travail (alternance de périodes chargées et calmes, polyvalence du personnel) et sa productivité (lots d’animaux plus importants à gérer, moins de transferts d’animaux, moins de lavages), faciliter la gestion de la main-d’œuvre en multisites, mieux maîtriser le sanitaire (pas de mélange de bandes), mieux alloter les truies en groupe (lots plus importants) et disposer de lots de porcelets ou de porcs plus importants. Ces propos sont cependant à nuancer au regard de ce qui peut être observé dans d’autres bassins de production (Danemark par exemple) où les tailles d’élevages sont beaucoup plus grandes et où la conduite en continu (20 bandes) reste répandue.

Réussir Porcs donne l’exemple, dans une unité de naissage de 500 truies, où les éleveurs ont choisi une conduite en 4 bandes avec sevrage à 28 jours afin de diminuer la main-d’œuvre (juillet 2007). Cet élevage fonctionne avec deux personnes présentes simultanément les deux semaines chargées (mise bas et insémination) et une seule pour les trois autres semaines. Le lavage est sous traité. La conception des bâtiments a été raisonnée pour qu’un seul intervenant puisse déplacer les animaux.

Ce type de conduite séduit un nombre croissant d’éleveurs mais il nécessite une ma optimale de la reproduction car la gestion des retours en chaleur est rendue plus difficile par l’intervalle de temps plus long entre bandes. De plus, si la conduite à la semaine peut occasionner des phénomènes d’usure psychologique, la conduite en 5 bandes de taille importante peut être source d’usure physique (750 mâles à castrer par bande de 150 truies en mise-bas). La mise en place de dispositifs pour alléger la pénibilité du travail devient cruciale.

Le choix de la conduite détermine directement le nombre et la taille des salles par stade physiologique mais l’investissement varie peu selon le choix retenu (voir le calcul du montant des investissements au paragraphe 5.1 page 69).

3.2. Gestion des déplacements d’animaux Les déplacements d’animaux sont coûteux en temps (10% du temps de travail) et en fatigue, notamment dans les grands ateliers ou avec de grandes bandes. L’implantation et la chaîne de bâtiments doivent en tenir compte pour optimiser ce poste de travail.

Les déplacements concernent les truies qui vont de la maternité en attente saillie puis en gestation avant de retourner en maternité et les porcelets de la maternité en post-sevrage puis en engraissement et enfin vers le local de départ. Dans le premier cas, les reproducteurs restent sur l'exploitation (exceptées les réformes) et le circuit peut s'organiser par un cheminement en cercle. Dans le deuxième cas, il s'agit d'une marche en avant

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jusqu'au départ des porcs vers l'abattoir (ou un autre élevage dans le cas d'un sélectionneur ou multiplicateur).

3.3. Automatisation, robotisation, aide à la décision L’automatisation et la robotisation des tâches répétitives, chronophages et parfois pénibles, permettent de libérer du temps pour des tâches plus techniques, gratifiantes et rémunératrices.

3.3.1. Distribution automatisée de l’aliment La distribution de l’aliment aux animaux doit être automatisée au maximum. D’après l’état des lieux des porcheries en France réalisé en 2006, l’automatisation de ce poste concerne 95% des places d’engraissement, 75% en post-sevrage et 76% en verraterie-gestantes (Tableau 11).

Pour les futures constructions, la forme liquide apparaît la plus adaptée (même en post-sevrage où elle ne concerne aujourd’hui que 2% des places) car elle permet d’utiliser diverses matières premières solides, semi-liquides ou liquides, et de rationner des groupes d'animaux. Une seule installation permet en outre de nourrir l'ensemble de l'élevage. Enfin, l'alimentation humide présente aussi l'avantage d'être évolutive en cas d'extension de l'élevage ; il suffit alors d'ajouter des canalisations et des vannes automatiques pour alimenter les nouveaux locaux.

Tableau 11. Mode d’alimentation par stade physiologique En % des places

Alimentation Quarantaine Verraterie Gestante Maternité Post-sevrage Engraissement Liquide automatique 20 50 51 25 2 64 Sec avec chaîne 6 23 25 16 74 31 Liquide manuel 16 7 6 14 0 2 Sec manuel 57 20 17 45 23 2 Sec pneumatique 0,1 0,4 0,8 0 1,4 1,1

Source : Roguet et al., 2006

Les techniciens prévoient une augmentation de l’utilisation des céréales produites sur l’exploitation. L’aliment ainsi produit est distribué exclusivement sous forme de soupe. Pour le porc charcutier, compte tenu de la longueur d’auge nécessaire, ce mode de distribution conditionne la taille de la case (15 porcs par case environ). En effet, techniquement, pour que tous les animaux reçoivent des quantités équivalentes, la longueur des auges recevant l’aliment liquide doit être limitée à 5 mètres. La profondeur des cases de post-sevrage et d’engraissement sera donc de 5 mètres maximum.

3.3.2. Lavage Le lavage des salles est une activité pénible dont il convient de limiter la durée et l’inconfort. Actuellement, la conception des bâtiments intègre le trempage automatique des salles et un laveur à poste fixe qui limite le bruit et la manipulation de tuyaux et du nettoyeur Haute Pression pour l’opérateur. Des robots de lavage sont aujourd’hui disponibles mais leurs coût (35 000 euros) et performances doivent encore être améliorés. En attendant, la conception des nouvelles porcheries (largeur des couloirs, profondeur des cases16, ouverture automatique des portes …) et l’aménagement des salles (pas d'objets ou d'équipements qui

16 Longueur du bras du robot = 5 m soit la longueur maximale imposée par la distribution humide de l’aliment.

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gênent les bras des robots…) doivent prévoir l’utilisation d’un tel automate. Par exemple, l’utilisation de portes coulissantes actionnées par vérins évitera la gène provoquée par l’ouverture vers l’intérieur ou l’extérieur des salles des portes actuelles.

Avant l’entrée en maternité, les truies sont lavées. Réalisée manuellement, cette opération, sans valeur ajoutée, peut prendre du temps selon l’état des animaux et pourrait être, elle aussi, dévolue à un automate. Aucune recherche n’a été effectuée pour l’instant, mais les technologies employées dans d’autres domaines (robot de traite pour les vaches laitières) montrent que la prise en charge d’animaux dans des procédés automatiques est possible.

3.3.3. Tri des porcs charcutiers Des systèmes combinant la distribution alimentaire, le pesage et le tri des porcs à destination de l’abattoir se sont développés, en particulier en Amérique du Nord. Une station de tri est une balance électronique, reliée à un logiciel d’exploitation commandé par ordinateur, accompagnée de diverses options selon les fabricants (détecteur de présence, marqueur aérosol, options de tri…). Combinés à l’utilisation de système d’identification individuelle par radio fréquence (RFID), les systèmes de tri permettent de disposer de données pour chaque animal sur son comportement, son poids, sa courbe de croissance et ainsi d’identifier les animaux à problème (retard de croissance, absence de repas).

En 2007, le Centre de Développement du porc au Québec (CDPQ) a réalisé une enquête auprès de neuf fermes de la province ayant adopté un système d’élevage en grands groupes avec stations de tri, pour « dégager les impacts des stations de tri sur les performances zootechniques et opérationnelles, les coûts d’adaptation des bâtiments, la régie [conduite] d’élevage, la pénibilité et l’efficacité du travail ainsi que sur la santé des porcs et la transmissions intra-troupeau des maladies » (Turgeon et al., 2007). Les résultats de l’étude portent sur 17 bâtiments équipés de station de tri pour une capacité totale de plus de 21 200 places d’engraissement (Tableau 12).

Tableau 12. Résultats de l’enquête sur les porcheries avec station de tri au Québec

Attentes initiales des éleveurs Particularités de la conduite d’élevage avec une station de tri Performances Surcoût par

bâtiment de 1 000 places Pesée des porcs plus facile Moins de main-d’œuvre Bâtiment plus facile à laver Travail plus agréable Plus d’espace pour les porcs Essai d’une nouvelle méthode Economie sur le coût du bâtiment Meilleures performances

Se déplacer dans des grands groupes de porcs (environ 500) Contact direct avec les animaux Détection et soins à apporter aux malades Difficulté à isoler les malades ou retirer les morts du parc Vérification du bon fonctionnement de la balance et des barrières à sens unique Entraînement des porcs

Performances inchangées : GMQ 25-112 = 828 g/jour IC 25-112 = 2,61 Santé des porcs : Propagation des maladies et rétablissement des porcs plus rapides Traitements médicamenteux de masse (grands groupes malades)

Station de tri = +35 CAD/place Station de tri + grands groupe modèle américain :+ 5CAD/place (économie de bâtiment car absence de couloirs)

Source : IFIP d’après Turgeon et al., 2007

Les auteurs concluent à un excellent potentiel des systèmes avec stations de tri qui peuvent « permettre l’obtention d’aussi bonnes performances zootechniques qu’un mode d’élevage de nature conventionnelle même si les méthodes de régie sont très différentes » (op.cit.). Ils soulignent cependant que la question importante du sanitaire et de l’impact des maladies dans ces grands groupes mériterait des compléments d’observations.

Cependant, divers travaux (Marquis, 2005, Gonyou, 2006, cités par Turgeon et al., op.cit.) montrent que si les grands groupes sans station de tri ne détériorent pas le GMQ, l’utilisation des stations de tri conduit à une réduction de GMQ de 2 à 3% en raison de la restriction de l’accès à la mangeoire qu’elle impose.

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Enfin, ces systèmes avec stations de tri ne sont pas compatibles avec le rationnement des porcs. Selon la réglementation européenne sur la protection des porcs, « lorsque les porcs sont nourris en groupe et ne bénéficient pas d’une alimentation ad libitum ou d’un système alimentant automatiquement les animaux individuellement, chaque porc doit avoir accès à la nourriture en même temps que les autres animaux du groupe » (JO 22 janvier 2003). Or, un automate est prévu pour une dizaine de porcs.

D’autres solutions sont en cours de développement pour déterminer le poids des animaux sans contact. Les systèmes mobiles d’extrapolation du poids par vision informatique sont économiquement plus intéressants et leur précision semble correcte.

3.3.4. Suivi des animaux Dans des élevages où la part de la main-d’œuvre salariée s’accroît et est moins issue du secteur agricole, les outils susceptibles d’aider à la gestion des animaux contribueront à la réussite technique et économique de l’élevage. Certains sont à l’étude, d’autres en cours de développement ou en phase pré-industrielle.

Parmi ces outils, le procédé Pig Watch, en cours de commercialisation, aide à détecter les chaleurs chez les truies sevrées. Il peut s’intégrer à des bâtiments existants, sans condition sur les aménagements, si ce n’est le blocage des truies.

Dans les bâtiments de post-sevrage et engraissement, le temps de présence de l’éleveur est court et se limite à la surveillance des animaux. La détection précoce d’éventuels problèmes permet de limiter leurs conséquences économiques mais elle nécessite un peu d’expérience pour être réalisée en un temps limité. Pour aider l’éleveur, des systèmes de surveillance continue et d’alerte sont expérimentés avec des résultats encourageants. Des algorithmes ont été développés pour détecter précocement des pathologies respiratoires par comptage automatique des toux dans des salles d’élevage. Toujours dans le domaine sanitaire, ont été mis au point des modèles de prise alimentaire et/ou de boisson en fonction du poids des animaux et des conditions d’ambiance. Tout écart par rapport à la courbe théorique est considéré comme un élément d’alerte.

Dans la même approche de suivi des animaux et d’enregistrement des évènements, un constructeur a développé l’identification par code barre des vannes de machines à soupe. A l’aide d’un lecteur, l’éleveur saisit le code (sans risque d’erreur) et peut notifier un changement de quantité à distribuer. Cette modification est ensuite transmise au programme d’alimentation. En évitant la lecture optique, l’utilisation de la technologie RFID (Radio Frequency Identification) résoudra le problème du manque de lisibilité des étiquettes encrassées. Déjà présente en élevage, notamment au niveau des systèmes d’alimentation automatique (DAC), le développement à grande échelle de cette technologie dans différents secteurs permettra d’en abaisser le coût.

Le nombre de porcelets sevrés par portée conditionne la productivité globale de l’élevage et sa réussite économique. Ce critère repose sur la surveillance visuelle, pour l’instant directe, et l’assistance au moment des mises bas. A l’avenir, la surveillance assistée par vidéo permettra à une personne, effectuant des soins aux porcelets, de garder un œil sur des truies encore en mise-bas et ainsi améliorer la productivité du travail. Le développement de système de vision automatique et de traitement de l’information dans d’autres secteurs devrait déboucher sur des applications en élevage, d’autant que des équipements existent déjà pour d’autres élevages (bovins et équins).

3.4. Maîtrise énergétique En lien avec la protection de l’environnement et l’augmentation du prix de l’énergie, la consommation énergétique est davantage prise en compte dans la conception et l’aménagement des porcheries. Une étude conduite en 2006 a permis de préciser les

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consommations énergétiques au niveau de chaque poste de l’élevage (Bartolomeu et al., 2007) et de proposer des pistes de réduction. Dans la plupart des bâtiments de grandes dimensions, le développement de la ventilation centralisée offre dès à présent la possibilité d’installer des échangeurs thermiques permettant la récupération de la chaleur évacuée par le système de ventilation (Ramonet et al., 2008). Les équipementiers proposent de nombreux systèmes d’échangeurs de même que des pompes à chaleur qui peuvent être installés au niveau d’une sortie d’air centralisée, d’un laveur d’air ou dans les fosses des stations de traitement des lisiers.

3.4.1. Chauffage par eau chaude Electrique dans la plupart des élevages, le chauffage représente aujourd’hui près de la moitié de la consommation d’énergie. Pour bénéficier de tarifs avantageux, les éleveurs doivent être équipés d’un groupe électrogène qui assure l’alimentation électrique de l’élevage pour délester le réseau pendant les période de pointe de consommation. Le groupe doit fournir les trois quarts de la puissance installée sur l’élevage, les jours de pointe correspondant aux plus froids de l’année. L'investissement est important, en particulier pour les élevages de grande taille ; il sera de plus en plus difficile à rentabiliser avec l’augmentation du coût du fioul (qui accroît le coût de production du kWh produit par le groupe électrogène).

Le chauffage par eau chaude, peu répandu jusqu’à présent, offre la possibilité de changer de source d’énergie (fioul, gaz, méthane, bois, paille, pompe à chaleur) en fonction des opportunités (évolution du marché de l’énergie et nouvelles sources d’énergie). De plus, sa réalisation par le sol permet de ne pas « encombrer » les salles et ainsi de gagner du temps lors des lavages (aucun matériel à démonter). La production d’eau chaude offre aussi la possibilité de préchauffer l’air entrant dans les salles lorsque les températures sont particulièrement basses.

3.4.2. Autonomie énergétique Pour être « durables », les élevages de porcs favoriseront les techniques limitant la consommation des ressources naturelles en recherchant l’autonomie en eau (forage, récupération des eaux pluviales17…) et en énergie (méthanisation, échangeurs, pompes à chaleur, chaleur du lisier, panneaux solaires…).

Aujourd’hui, les échangeurs équipent de gros projets en post-sevrage et en engraissement. Dans les autres, un espace pour leur aménagement ultérieur est systématiquement prévu. Au vu de l’augmentation du coût de l’énergie, la plupart des techniciens pensent en effet que ces systèmes équiperont les bâtiments à l’avenir sous réserve que les limites techniques soient levées (amélioration des performances, adaptation de la ventilation pour apporter les calories dans les salles qui en ont besoin). Ils permettent de ventiler davantage et de réduire les coûts de chauffage (ou de chauffer aussi les salles d’engraissement pendant les premières semaines). Echangeur de chaleur et lavage d’air s’envisagent avec la ventilation centralisée.

3.5. Réduction des émissions polluantes ou des nuisances Des programmes de recherche (« Porcherie Verte ») ont permis d’approfondir la connaissance des besoins physiologiques des différents types d’animaux et de la composition des aliments. Les apports ont pu être réduits et leur transformation par l’animal optimisée limitant ainsi les rejets d’éléments polluants.

17 Les surfaces couvertes importantes (15 m² par truie chez un naisseur engraisseur) offrent la possibilité de collecter une quantité non négligeable d’eau de pluie.

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Sur les bâtiments, les recherches visent à mieux gérer les effluents et à réduire les émissions gazeuses néfastes. Les caractéristiques techniques des constructions jouent un rôle important. Le type de sol détermine la nature des effluents à gérer (lisier avec caillebotis, fumier avec litière de paille ou sciure de bois) ainsi que la nature et les quantités d’émissions gazeuses. Le choix du caillebotis intégral, largement répandu traduit « la recherche d’une productivité maximale du travail, obtenue par la simplification des opérations de gestions des effluents. Cette configuration permet aussi une automatisation plus poussée (distribution de l’aliment) et une gestion plus précise des conditions de milieu (régulation de la ventilation, chauffage…) » (Rieu et Saläun, 2007). Sur caillebotis intégral, les émissions gazeuses sont quasi exclusivement sous forme d’ammoniac.

La litière - paille (rare) ou sciure (très rare) - permet un abaissement de 30% en moyenne de ces émissions d’ammoniac si son fonctionnement est bien maîtrisée, mais génère des émissions de gaz à effet de serre (protoxyde d’azote). Le choix de la litière peut être imposé par une contrainte environnementale (abaisser l’azote produit) ou un cahier des charges de production (label, certification…).

Des leviers d’action pour réduire les émissions ont été identifiés tels :

• L’optimisation des systèmes de ventilation ;

• Le lavage de l’air extrait des bâtiments ;

• La séparation des urines et des fèces ;

• L’extraction rapide du lisier hors des bâtiments (flushage par un fluide, eau ou lisier, partiellement traité ou non, racleurs…) ;

• L’utilisation d’additifs spécifiques dans l’aliment, le lisier ou l’air de la porcherie ;

• Le traitement de l’air (ozonisation, photo-catalyse…).

• Le refroidissement de la surface du lisier

• La modification des propriétés physico-chimiques du lisier par acidification ;

• L’utilisation de surfaces lisses et faciles à nettoyer.

3.5.1. Gestion des déjections dans les bâtiments L’évacuation fréquente du lisier hors des bâtiments suscite des avis contrastés des techniciens. Dubitatifs quant à la fiabilité du matériel (pompes, tuyaux, racleur…), ils reconnaissent l’intérêt de la technique pour réduire les émissions gazeuses et améliorer l’ambiance dans le bâtiment.

3.5.2. Centralisation de l’extraction et lavage de l’air sortant La réduction des émissions d’ammoniac par lavage de l’air, technique mieux maîtrisée aujourd’hui, est plus facile à mettre en place que l’évacuation fréquente du lisier et ne remet pas en cause le fonctionnement du bâtiment ni sa ventilation en cas de panne. Pour un résultat optimal, l’ensemble de l’air des bâtiments doit être traité. La centralisation de la ventilation, en ramenant l’air à traiter en un nombre limité d’emplacements, permet de réduire le montant de cet investissement, considéré comme « improductif » dans le sens où il n’améliore pas les performances de l’outil de production. C’est aussi une condition de plus en plus nécessaire pour mener à bien un projet contesté par la population riveraine. « Aujourd'hui, sur la plupart des nouveaux dossiers qu'on met en place, le principe de ventilation centralisée est retenu » explique un responsable de groupement dans le Centre « tous les engraissements de plus de 1 000 à 1 200 places réalisés ces dernières années

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sont en ventilation centralisée. Le lavage d'air n'est pas systématiquement inclus mais de plus en plus demandé ». « Nos DSV exigent le lavage d'air sur les projets de restructuration » confirme un responsable de groupement breton.

La centralisation de la ventilation est réalisée par des gaines basses. Ce choix repose sur la longévité de la structure (gaine béton) et sur la possibilité d’avoir une arrivée d’air différenciée pour les différentes salles. Le pompage de l’air peut être fait soit directement depuis les murs périphériques des pré-fosses (figure A Figure 10), soit par des gaines placées sous les couloirs des salles (Figure B). Le choix dépend de la taille de la salle et /ou de la présence d’un système de gestion des déjections (raclage ou flushage).

L’entrée d’air des salles peut se décliner en deux grandes options : le plafond diffuseur et les bouches d’admission d’air (poteaux, gaines…). Mais le traitement de l’air neuf (préchauffage ou/et refroidissement) justifie de ne pas utiliser des grands volumes pour amener l’air au niveau des animaux. En effet, du point de vue énergétique, les déperditions vers l’extérieur sont plus grandes dans le cas d’un comble même isolé (figures C et D). Dans ce cas (D), le plafond diffuseur ne peut être envisagé et les bâtiments proposés sont équipés de gaines avec volets automatiques (figure E). L’entrée d’air générale se fait depuis les pignons puis par l’intermédiaire d’une gaine placée en partie centrale du bâtiment (figure F). La régulation de l’entrée principale est assurée par des volets motorisés asservis à une consigne de dépression dans la gaine principale. L’air est ensuite acheminé dans les salles par des gaines secondaires.

3.5.1. Intégration paysagère

L’intégration paysagère des bâtiments était peu prise en compte jusqu’à présent mais la taille croissante des porcheries accentue le risque de nuisance visuelle. Les bâtiments doivent se fondre le plus discrètement possible dans le paysage.

Des couleurs adaptées et l’aptitude au vieillissement des matériaux (la durée de vie des bâtiments construits actuellement est de 20 à 25 ans) sont recherchés. Les solutions sont étudiées au cas par cas, en fonction de la topographie qui déterminera l’implantation des bâtiments. Pour des projets de taille importante, il sera parfois préférable de construire plusieurs bâtiments plutôt qu’un seul très imposant. De plus, par rapport aux risques d’incendie, les assureurs imposent la présence de murs coupe-feu pour les grands bâtiments (surface supérieure à 1 500 m²). L’intégration paysagère conduit à des surcoûts plus ou moins importants selon les situations.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie IV : les solutions techniques

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Figure 10. Ventilation des bâtiments Figure A Figure B

Salle

Gaine centrale d'extraction

Salle

Gaine centrale d'extraction

Figure C Figure D

Air neuf traité (chaud ou froid)

Salle

Zone de déperdition

Volume tampon

Air neuf traité (chaud ou froid)

Salle

Zone de déperdition

Volume tampon

Figure E

Entrée d'air générale

Figure F

ntrée d'air générale

Gaines dans les salles

Gaine principale

Ventilation dans la salle

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie V : trois grands modèles

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V. Trois archétypes d’élevages de porcs d’avenir pour trois grandes logiques

Les entretiens avec les acteurs de terrain ont permis de faire apparaître trois archétypes d’élevages pour demain (Tableau 13), correspondant à trois grandes logiques. Leur prééminence relative varie entre régions selon le foncier disponible, les caractéristiques des exploitations et le profil des éleveurs. Il ne faut pas voir de jugement de valeur ni l’expression d’une hiérarchie entre ces logiques, chacune d’elles faisant partie de la diversité observée.

Le contenu technique varie peu entre types car le cahier des charges est commun : optimisation des performances et des résultats, réponse aux attentes des éleveurs et des citoyens. Les bâtiments sont riches techniquement car « même cher, un bâtiment bien conçu et bien financé s’amortit bien par la performance ».

Tableau 13. Les grands types d’élevages de demain vus par les porteurs d’enjeux Région Type d’élevage

Bretagne Renforcement du modèle NE avec rapatriement des places d’engraissement à façon. Avenir des façonniers incertain : bâtiments souvent vétustes, ateliers complémentaires à la production laitière en restructuration (agrandissement et spécialisation des ateliers laitiers).

Exploitation spécialisée de 200-300 TNE, un site, foncier (plan d’épandage)

Exploitation spécialisée de 500 à 1 500 TNE, multi-sites éventuellement, traitement probablement

Maternité collective et ses associés engraisseurs

Pays de la Loire Elevages mixtes avec production laitière, affectation d’une main-d’œuvre spécialisée à l’atelier porcin ou délégation du naissage

Exploitation mixte, GAEC porc/lait, atelier porc de 200 TNE, un site, foncier (plan d’épandage)

Exploitation spécialisée de 400-500 TNE, foncier (plan d’épandage) Maternité collective et ses associés engraisseurs

Aquitaine Régression du modèle NE déjà minoritaire, éleveurs avant tout céréaliers. Dordogne : Arrêt des élevages à façon, construction de places neuves dans de gros élevages. Bassin de l'Adour : dynamique. Recherche de stratégies minimisant le temps passé à l'élevage pour concilier élevage et céréaliculture.

Exploitation mixtes de 200-250 truies NE, un site, foncier (plan d’épandage) Exploitation spécialisée de 500 truies NE, foncier (plan d’épandage) Maternité collective et ses associés engraisseurs

Midi-Pyrénées Petits ateliers porcins insérés dans des exploitations de polyculture élevage. Image « terroir » avec le roquefort, le veau d’Aveyron.

Exploitation de polyculture élevage, atelier porc de 200 TNE, un site, foncier Maternité collective et ses associés engraisseurs ayant souvent avec un élevage bovin

Auvergne, Limousin

Exploitation porc-céréales de 250 truies NE et 200-250 ha de cultures Maternité collective et ses associés engraisseurs

Source : IFIP d’après entretiens semi-directifs réalisés fin 2007/début 2008 auprès de 24 professionnels

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie V : trois grands modèles

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1. Complémentarité entre l’élevage de porcs et les cultures

« Un élevage de 250-300 truies avec 120-140 hectares de foncier, un ou deux salariés, sera demain peut-être le plus costaud de tous les types d’élevage de porcs ». Ce propos d’un président de groupement breton est largement partagé à l’échelle nationale (Tableau 14).

Tableau 14. Un modèle solide selon les professionnels : 200-300 TNE, un seul site, du foncier et un salarié

Bretagne 200-300 TNE sur un site, 100-120 ha de terres, un patron avec un ou deux salariés Social : minimum pour s'installer entre 150 et 200 TNE.

Economie : compétitifs (lien au sol : céréales, pas de station de traitement), de bonnes conditions de vie et de travail, moins exigeants en investissement que les grandes structures de 1000 truies, « les 200-300 TNE vont représenter une part importante de la production porcine ».

Technique : « vraiment très compact, très pointu même si le bâtiment est cher, ce modèle NE va se perfectionner fortement dans la qualité de l’outil, son insertion paysagère et environnementale ».

Pays de la Loire et 250-300 TNE sur un site, 100-200 ha foncier, un couple et un salarié Centre Social : « Tous les projets de bâtiments réalisés aujourd'hui, même de 120 truies, sont prévus pour le

doublement. Les jeunes veulent passer à 250 truies, une taille humaine, et non pas à 500 ou 1 000 truies ».

Environnement : « Le lien au sol est très puissant. Je ne vois pas quelqu'un arriver et faire 250–300 truies sans plan d'épandage, en construisant une station. Ce serait mal vécu car on n'a pas cette culture ».

Limousin/Auvergne 250 TNE sur un site, 200-250 ha, un couple avec un salarié Sud-Ouest 200-250 TNE sur un site, exploitation de polyculture élevage, un chef d’exploitation et un salarié

Eleveurs : « noyau dur de naisseurs-engraisseurs alliant rentabilité et technicité mais n'étant pas forcément des entrepreneurs capables de gérer des grosses unités ».

« Pour des éleveurs existants, déjà spécialisés, qui veulent optimiser leurs performances techniques et leur chaîne de bâtiments, la première évolution consiste à construire un système 200 TNE intégral sur site, avec main-d’œuvre salariée, ancrage au sol avec production au moins partielle des céréales et plan d’épandage en propre (insécurité beaucoup trop importante avec un plan d’épandage strictement chez les tiers) ».

Syndicat « 300 truies, ce n'est pas assez gros et un peu « bâtard » en terme d'organisation du travail, de compétences des salariés et ensuite de transmission (trop gros pour un repreneur et difficile d’en trouver deux) ».

Source : IFIP d’après entretiens semi-directifs réalisés fin 2007/début 2008 auprès de 22 professionnels

La dimension humaine de 250-300 truies permet au chef d’exploitation de maîtriser l’ensemble de la gestion technique et économique de son entreprise, d’employer à plein temps un salarié et d’avoir une bonne qualité de vie (temps libre, travail diversifié). Son foncier (propriété, fermage et tiers prêteurs de terres) lui procure autonomie (épandage, alimentation) et sécurité (disponibilité et prix de l’aliment, réglementation environnementale) tout en donnant une image favorable d’une production porcine liée au sol. De plus, dans une perspective d’augmentation du coût des engrais chimiques (hausse de 50 à 100% en un an, de l’automne 2007 et à l’automne 2008) lié au coût de l’énergie, le lisier devient un engrais économique qu’il convient de valoriser. Les entretiens ont révélé un retour de conscience des acteurs en Bretagne (les autres régions sont peu confrontées au traitement) du pouvoir du lien au sol et de la nécessité de le renforcer.

Des jugements considèrent cependant cette taille insuffisante pour l’organisation du travail, la gestion de salariés et la transmission (trop gros pour un, difficile de trouver deux repreneurs).

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2. Economies d’échelle et productivité du travail salarié

Le deuxième modèle identifié par les porteurs d’enjeux, sauf en Midi-Pyrénées et Auvergne-Limousin, est l’exploitation porcine spécialisée de grande dimension (Tableau 15). Sa taille est d’environ 500 truies pour l’Aquitaine et les Pays de la Loire, sur un site, avec plan d’épandage (le traitement n’est pas une option retenue). En Bretagne, une taille minimale de 450 truies apparaît nécessaire pour amortir la station de traitement, mais aucun plafond n’est donné si ce n’est que ces grandes structures sont confrontées à des problématiques propres de maîtrise environnementale (traitement, lavage d’air), visuelle (insertion paysagère d’un 1 500-2 000 truies sur un site ?) et sanitaire, d’acceptation sociétale, de capitaux et financement, de management des hommes et de transmission. En termes de logistique (un camion entier de porcs par semaine) et de gestion des ressources humaines, une taille de 500-600 truies apparaît optimale aux acteurs rencontrés. Cette grande structure, sur un ou plusieurs sites (montages juridiques), est gérée par un chef d’exploitation seul ou avec des associés et emploie plusieurs salariés. Les charges de structure élevées (amortissements, salaires) doivent être compensées par d’excellentes performances.

Tableau 15. La « grande » structure de demain vue par les professionnels

Bretagne Plus de 450-600 TNE, un ou plusieurs sites, foncier si possible sinon station, un patron et trois salariés

Social : « Bonnes conditions de travail ». « Plus facile de gérer au moins 500-600 truies pour avoir un tampon sur la main-d’œuvre ». « Des éleveurs n'ont pas envie de s'associer avec d'autres (comme dans les maternités

collectives) et préfèreront avoir leur 500-600 TNE » De 500 à 2 000 TNE, un site de naissage et des sites d’engraissement Réflexion sur des conduites 5 bandes avec des îlots de 2 000 places d’engraissements, conduits en

tout vide-tout plein. Problème d’investissement et de financement, capitalisation très rapide, tous les bénéfices étant

réinvestis dans l'outil. Pas le temps de consolider ou d'amortir la croissance. Problèmes d'homme clé. Grand-Ouest Entreprise de 1 000 ou 2 000 TNE, sur plusieurs sites d’élevages « On n’aura pas 500-1 000 truies NE sur un seul site ». Pays de la Loire – Centre

Une taille de 500-600 TNE apparaît optimale en terme de logistique. Pas de modèle à 1 000 truies pour des raisons sanitaires, d’image et de voisinage.

Sud-Ouest 500 TNE sur un site, spécialisé, plan d'épandage, 1 responsable et 4 salariés Source : IFIP d’après entretiens semi-directifs réalisés fin 2007/début 2008 auprès de 22 professionnels

Ces grandes structures sont la concrétisation de projets d’entreprise de « managers, performants dans le métier, qui reprennent des sites, financés éventuellement avec d'autres éleveurs, et apportent la capacité à gérer l'affaire ». « Des financeurs (coopérative, banque ou autres agriculteurs) peuvent accompagner le projet mais il y a un seul responsable du management et du suivi technique de l’entreprise ».

Aujourd’hui, lorsque de telles structures existent, leur fonctionnement est parfois difficile à cerner car elles peuvent être composées de plusieurs entités juridiques imbriquées « pour des raisons environnementales, juridiques, fiscales… ». Les différentes sociétés d’un même éleveur doivent être regroupées dans un « dossier de travail » pour espérer avoir une vue d'ensemble du fonctionnement et de la rentabilité de l'affaire.

3. Externalisation du naissage : les maternités collectives

Une maternité collective est une société (souvent une SCEA) qui produit (sur un seul site) des porcelets (jusqu’au sevrage, en général) pour le compte de ses associés qui les engraissent sur leur propre exploitation. La délégation du naissage au sein d’une telle

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organisation répond à plusieurs problématiques, parfois simultanées, que rencontrent les producteurs de porcs : le travail (manque de main-d’œuvre, aspiration à changer les habitudes de travail), l’obligation d’adopter la conduite en groupe des gestantes (investir à plusieurs), l’environnement (éviter de traiter en réduisant le cheptel sur un site), la transmission (un atelier de post-sevrage engraissement et des parts dans la maternité) et l’approvisionnement en porcelets (leur vocation initiale). Dans les régions où naissage et engraissement sont traditionnellement séparés, la disparition des naisseurs pousse en effet les engraisseurs et la filière à assurer l’approvisionnement en porcelets (quantité et qualité) en investissant dans des naissages collectifs, améliorant de surcroît le sanitaire (mono-origine des porcelets).

En Midi-Pyrénées, par exemple, la tradition de naissage et l'excédent en porcelets de la région tendent à disparaître. « L’échéance 2013, avec la mise en groupe des truies, va accélérer très nettement le processus et fait entrevoir, à très court terme, 3-4 ans, un déficit très net en porcelets et une quasi-disparition de l’activité de naissage. Des engraisseurs ou des post-sevreurs engraisseurs auront des difficultés à s’approvisionner en porcelets » s’inquiète un expert régional. Dans le centre de la France, « des naisseurs, en raison de leur âge, du manque de repreneurs, de l'investissement en bien-être, vont certainement arrêter l'élevage » poursuit un responsable de groupement, « or, la plupart de nos éleveurs post-sevreurs engraisseurs ne sont pas organisés, n’ont pas le goût ni le savoir-faire pour le naissage. La gestion technique de l'atelier naisseur-engraisseur peut leur faire peur (responsabilités, soucis). Par contre, ils voudront maintenir le système d'approvisionnement en mono origine de porcelets et s’orienteront vers le système collectif ».

L’externalisation du naissage offre aux éleveurs l’opportunité d’accroître leur capacité d’engraissement, sans procédure d’autorisation (transformation des places de truies) et d’améliorer leurs performances (réaménagement des bâtiments, main-d’œuvre spécialisée) et leur qualité de vie (temps libre).

Tableau 16. Taille maximale des maternités collectives en fonction du SOT en Bretagne Nombre de truies

SOT Naisseur 8 kg Avec biphase(a)

Naisseur 8 kg Sans biphase(b)

Naisseur 25 kg Avec biphase(c)

Naisseur 25 kg Sans biphase(d)

12 500 uN 862 714 555 476 15 000 uN 1 034 857 666 571 17 500 uN 1 206 1 000 777 666 20 000 uN 1 379 1 142 888 761 Azote produit par truie et par an : (a) 14,50 uN produite/truie/an, (b) 17,50, (c) 22,50, (d) 26,25

Source : IFIP d’après le CORPEN

La taille de la maternité est un compromis entre les besoins en porcelets des associés plus une marge de sécurité (meilleures performances, nouvel associé), la gestion du personnel (viser 3 salariés et 250 truies par UTH) et les contraintes environnementales (éviter le traitement du lisier qui pénaliserait le coût déjà élevé du porcelet). Par exemple, un seuil d’obligation de traitement de 12 500 uN correspond à une maternité de 860 truies environ (porcelets de 8 kg) (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). De fait, les maternités en place et les projets ont souvent entre 800 et 1 200 truies (sur un seul site).

Un ensemble de raisons laisse penser que les performances techniques-économiques en maternités collectives pourraient être meilleures que dans les autres systèmes d’élevages pratiquant le naissage : les bâtiments sont neufs et de qualité, le sanitaire est bon (un seul stade physiologique, bande unique chez les engraisseurs, adaptation des bâtiments, respect des prescriptions de base…), la main-d’œuvre spécialisée et qualifiée, la grande taille de l’élevage et des bandes donne accès à certaines économies d’échelle (renouvellement des cochettes par demi-camions, sorties de porcs, livraisons d’aliment, visite du vétérinaire,

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gestion administrative…). Mais, pour des tailles d’élevage d’un même ordre de grandeur (sélection des élevages de 260 truies et plus en GTTT), la productivité des truies en maternité collective s’avère être du même niveau que celle obtenue dans les autres systèmes d’élevage pratiquant le naissage, autour de 27,4 porcelets par truie productive et par an en 2006 (Tableau 17).

Tableau 17. Performances de reproduction des maternités collectives vs autres élevages Elevages de 260 truies et plus (soit 39 des 43 maternités collectives et 402 des 2 757 autres élevages avec truies)

Maternité collective Autres élevages avec truies

Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Nombre d’élevages 39 402 Taille des élevages (en truies présentes) 641 238,7 434 210,3 Porcelets sevrés / truie productive / an 27,4 1,88 27,3 2,00 Nés vivants / portée 12,9 0,72 12,7 0,72 % pertes sur nés vivants 14,1 2,79 13,6 3,72 Intervalle entre mises bas 147,6 3,87 147,0 4,10 Age des porcelets au sevrage 24,7 2,99 23,8 3,31 ISSF 8,2 2,14 8,7 2,51

Source : IFIP, GTTT, France entière, année 2006

Sur les 43 maternités collectives suivies en GTTT (productivité des truies), seules 23 le sont en GTE (marges) et 8 en Tableau de bord (coût de revient du porcelet). La comparaison des résultats économiques des maternités collectives et des autres élevages pratiquant la vente de porcelets au sevrage (élevages de plus de 260 truies) repose sur de petits échantillons (21 maternités collectives et 13 autres naisseurs vente au sevrage). Elle fournit cependant quelques repères. Dans une maternité collective, le coût de revient du porcelet est plus élevé que chez les autres naisseurs vente au sevrage, respectivement 36,7 € et 32,5 € par porcelet, car les bâtiments récents et la main-d’œuvre salariée qualifiée génèrent des charges de structures importantes en amortissements et salaires. Les économies de logistique à l’échelle de la maternité (camions d’aliment) sont tout ou partie perdues par le transport des porcelets et la multiplication des sites d’engraissement (camions d’aliment et de porcs charcutiers).

Selon les caractéristiques des élevages et les styles d’éleveurs, le développement des maternités collectives sera variable entre régions. La Bretagne, par exemple, a toujours été excédentaire en porcelets et n’a donc pas de problème d’approvisionnement à gérer. Le développement des maternités collectives pourrait y être plus limité mais réel en réponse aux aspirations d’éleveurs d’une meilleure qualité de vie. « La maternité collective sera un courant, certes minoritaire mais possible, car elle correspond à des objectifs de productivité et d’organisation du travail qui me semblent complètement cohérents» explique un responsable de groupement « mais je ne pense pas que ça va prendre une grande ampleur en Bretagne car on s’est plus préparé au modèle naisseur-engraisseur qui s’améliore et qui grossit ».

4. D’autres modèles existeront répondant à d’autres logiques

Aux côtés des trois archétypes d’élevage de demain, subsisteront, au moins un temps, d’autres modèles pour d’autres logiques, contribuant au maintien du potentiel de production : ateliers d’engraissement dans une exploitation de polyculture-élevage valorisant une main-d’œuvre disponible, association porc/lait diversifiant les sources de revenus... La tendance est cependant à l’agrandissement et à la spécialisation.

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Par ailleurs, si la présente étude s’est intéressée à la « production conventionnelle » de porc « standard », majoritaire en nombre d’exploitations et quantités commercialisées, d’autres éleveurs continueront à choisir une « production alternative », de porc biologique, fermier, Label, sur paille, avec parfois des circuits de commercialisation court (vente à la ferme ou sur les marchés) et, potentiellement, une valorisation supérieure.

Dans certains cas, l’élevage des porcs sur litière pourra être préféré pour diverses raisons :

• La gestion des déjections Par l’abattement d’azote possible, la production de porcs sur litière peut permettre d’éviter le traitement. L’Administration retient un pourcentage d’abattement d’azote par rapport au lisier de « 25% pour les litières de paille accumulées, 58% pour les litières de sciure. S’il y a ensuite un compostage, l’abattement s’élève à 50% pour les litières de paille et 62% pour les litières de sciure » (Corpen, 2003).

• L’acceptation sociétale et l’image de la production, meilleure avec de la litière.

• Les possibilités de valorisation des porcs sur litière (Label ou Fermier)

« La production de porc sur litière ne peut rivaliser avec les résultats économiques d’un élevage sur caillebotis que dans le cadre d’une valorisation type label ou bio » (RAD, 2008). Or, les signes officiels de qualité (IGP, Label, Bio) ne représentent que 1% de la production porcine française. Car, contrairement à la volaille (30% des parts de marché en Label Rouge), la différence observée sur la viande entre des porcs conventionnels et Label Rouge est plus ténue, en raison du faible écart d’âge à l’abattage. De plus, si le poulet Label est valorisé en entier, ce n’est pas le cas du porc, certaines parties de la carcasse étant difficilement valorisables en Bio ou Label.

• Le goût ou les convictions du producteur Dans une enquête auprès de 59 exploitations porcines sur litière, Ramonet et Dappelo (2003) ont constaté que, pour près de 20% des éleveurs, le choix de la litière relève d’une conviction personnelle, philosophie, conditions de travail, relation aux animaux…

• L’opportunité de rénover de vieux bâtiments à moindre coût (poulaillers désaffectés par exemple).

Mais l’élevage des porcs sur litière présente des contraintes lourdes qui peuvent conduire certains éleveurs à renoncer à cette pratique :

• L’approvisionnement en litière fraîche : disponibilité et coût de la paille et de la litière dans un contexte tendu sur les céréales (biocarburants, aléas climatiques…)

• Le temps et la pénibilité du travail : mise en place et curage de la litière, tri des animaux, plus nombreux dans des cases plus grandes. « L’augmentation de la somme de travail par porc rend difficile l’adoption de cette technique pour de grosses unités de production » (RAD, 2008).

• La gestion de l’ambiance, notamment en hiver (humidité, ammoniac, poussières)

• La dégradation de l’indice de consommation.

En terme de performances zootechniques, « comparé au système d’élevage conventionnel sur caillebotis, le système alternatif litière-courette accroît les performances de croissance des porcs, montrant ainsi que la conduite conventionnelle n’est pas optimale pour la croissance. Ce système d’élevage aboutit à des carcasses plus grasses et à une viande plus juteuse » (Chevillon et al., 2005). Selon Pouliot (2007), les élevages sur litière peuvent obtenir des performances zootechniques du même niveau que les élevages sur caillebotis. Mais, la variabilité des performances est plus importante en raison de l’exigence en savoir-faire des élevages sur litière.

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5. Calcul du coût de revient Les trois types d’élevages retenus pour demain, sont :

• Un élevage naisseur-engraisseur de 300 truies, sur un seul site, disposant de terres sur lesquelles le lisier est épandu. La main-d’œuvre est constituée du chef d’exploitation et d’un salarié pour l’atelier porc (un autre salarié peut être nécessaire pour les cultures) ;

• Un élevage naisseur-engraisseur de 900 truies, sur un seul site, traitant les déjections des porcs si ses surfaces d’épandage sont insuffisantes. La main-d’œuvre est constituée d’un chef d’exploitation et de salariés, ou d’éleveurs associés et de salariés ;

• Une maternité collective élevant 900 truies sur un seul site et produisant des porcelets de 8 kg cédés à leur coût de revient aux 5 ou 6 associés engraisseurs. La main-d’œuvre de la maternité est exclusivement salariée. Les déjections sont épandues.

Ces modèles étant tous naisseurs-engraisseurs dans leur dimension économique, le coût de revient est calculé pour la production de porcs charcutiers, de la naissance à la vente.

5.1. Hypothèses de performances et montants des investissements Deux niveaux de sophistication des bâtiments ont été retenus, donnant accès à deux niveaux de performances zootechniques. Par contre, pour un même niveau de sophistication, la technicité des éleveurs et la qualité des bâtiments et équipements sont considérées proches dans les deux tailles d’élevage et conduisent à des performances identiques en nombre de sevrés par portée et vitesse de croissance (Tableau 18).

Tableau 18. Performances retenues pour chiffrer l’investissement Taille (truies prés.)

Age au sevrage Bâtiments Sevrés par portée

GMQ en PS

GMQ engraissement

Poids sevrage

Poids fin PS

Poids abattage

185 TNE, 25,6 j Situation actuelle 10,9 porcelets 470 g/j 775 g/j 7,4 kg 32,2 kg 115,7 kg 300 TNE, 28 j Neufs 11,9 porcelets 510 g/j 817 g/j 8,2 kg 32,2 kg 115,8 kg 900 TNE, 21 j 7,2 kg 300 TNE, 28 j Neufs + options 12,6 porcelets 550 g/j 870 g/j 8,8 kg 29,5 kg 116,3 kg 900 TNE, 21 j 7,7 kg

Source : IFIP d’après GTTT et GTE

Les poids des porcelets en entrée et sortie du post-sevrage diffèrent pour tenir compte de l’âge au sevrage, 21 jours dans les élevages de 900 truies, 28 jours dans ceux de 300 truies. Les dispositifs de référence (GTTT et GTE) ne permettent pas de différencier les performances selon la conduite et notamment selon l’âge au sevrage. Pour un sevrage à 28 jours, le poids du porcelet est estimé à 8,2 kg pour les bâtiments sans options. Pour les bâtiments avec options, le poids au sevrage est augmenté de 600 grammes (différence entre les tiers extrêmes, GTE 2007). En fin de post-sevrage et d’engraissement, les poids retenus sont ceux de la moyenne des élevages suivis en référence pour la situation de base (bâtiments neufs sans options) et ceux des 1 % meilleurs sur le critère de l’IC global pour les porcheries avec options.

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5.1.1. Performances zootechniques Des bâtiments neufs, équipés des techniques les plus performantes et respectant les densités animales sont supposés permettre l’obtention de performances de reproduction meilleures que la moyenne actuelle des élevages français soit, dans les bâtiments sans options, un niveau proche des 10% meilleurs élevages classés sur le nombre de porcelets sevrés par truie et par an et, dans les bâtiments avec options, un niveau proche des 1% meilleurs (Tableau 2 page 18).

En post-sevrage, la vitesse de croissance est fixée à 510 g / jour dans les bâtiments sans option (moyenne du tiers des meilleurs élevages classés sur ce critère) et à 550 g/ j (moyenne des 10 % meilleurs sur ce critère) dans les bâtiments avec options.

En engraissement, la vitesse de croissance dans les bâtiments sans option est de 817 g / j (moyenne des 1% meilleurs élevages classés selon l’indice de consommation global, la moyenne des 10% meilleurs étant très proche à 814 g / j). Classés selon la vitesse de croissance en engraissement (GMQ 30-115), les 10% meilleurs élevages croissent de 870 g / j en moyenne. On considèrera que cette valeur, très supérieure à la moyenne des élevages en 2007 (770 g / j), est atteinte dans les porcheries équipées des options.

Le nombre de places nécessaire, l’investissement et le coût de revient sont calculés pour de tels niveaux de performances, récapitulés dans le Tableau 19.

Tableau 19. Hypothèses de performances zootechniques pour les élevages d’avenir Bâtiments neufs Bâtiments neufs + options 300 TNE

sevrage à 28 jours 900 TNE

sevrage à 21 jours 300 TNE

sevrage à 28 jours 900 TNE

sevrage à 21 jours Sevrés par portée 11,90 12,57 Age au sevrage 28 21 28 21 Nb portées/truie productive/an (a) 2,47 2,59 2,47 2,59 Sevrés / truie productive / an 29,39 30,86 31,06 32,60 Sevrés / truie présente / an (b) 25,02 26,26 26,43 27,74 Porcs produits / truie prés./ an (c ) 24,27 25,48 25,64 26,92 Poids entrée en PS (kg) 8,2 7,2 8,8 7,7 Poids de sortie de PS (kg) 31,7 32,2 29,5 29,5 Poids d’abattage (kg) 115,8 115,8 116,3 116,3 GMQ 8-30 471 471 550 550 GMQ 30-115 817 817 870 870 IC 8-30 1,61 soit la valeur moyenne des 10% meilleurs élevages classés sur l’IC global IC 30-115 2,60 soit une valeur située entre la moyenne des 10% meilleurs élevages selon l’IC

global (2,63) et celle des 1% meilleurs (2,52) (a) Durée de gestation = 114 jours, ISSF = 5,76 jours (moyenne des 10% meilleurs élevages sur ce critère) (b) Ratio Truies présentes / Truies productives = 1,175 (c) Pertes et saisies en post-sevrage et en engraissement respectivement à 1% et 2%

(1% meilleurs sur ce critère en PS = 0,31%, en Eng. = 1,9%) Source : IFIP d’après GTTT et GTE

5.1.2. Productivité du travail En 2007, selon les données de GTE, le temps de travail moyen par truie présente est de 20,4 h par an dans un élevage naisseur-engraisseur. Dans les 10% meilleurs élevages selon ce critère, cette durée n’est que de 10 heures par truie présente et par an. Le calcul du coût de revient dans les élevages d’avenir repose sur l’hypothèse d’une réduction du temps de travail de 25% en 10 ans par rapport à la situation actuelle qui conduit à retenir 15 h de travail par truie présente et par an.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie V : trois grands modèles

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5.1.3. Montant des investissements Pour chaque type d’élevage retenu, le prix de base comprend des équipements standards avec alimentation humide à tous les stades sauf en post-sevrage. Des choix différents ou l’utilisation d’équipements supplémentaires (dits « bâtiments avec options »18) peuvent conduire à un prix plus élevé. Pour certains de ces choix, des réalisations existantes fournissent des éléments d’estimation ; pour d’autres, le surcoût est estimé à partir d’équipements proches existant dans d’autres domaines. En parallèle, le gain attendu sur les performances est déterminé à partir des données de la bibliographie lorsqu’elles existent ou, dans le cas contraire, sur la base d’avis d’experts. Le montant total de l’investissement dépend du nombre de places par stade physiologique et du coût unitaire des places (Tableau 20).

Tableau 20. Coût unitaire par place en euros en 2008 Attente saillie Gestante Maternité PS Engraissement

1 050 1 500 (réfectoire) 1 050 (DAC) 3 150 250 350

Source : IFIP, Porcs par les chiffres, 2008

Ce coût unitaire est estimé à partir de celui des différents items composant les places (m3 de béton, m² d’isolant, m3 de bois …) dont la contribution, pour chaque stade physiologique, a été évaluée lors d’une étude réalisée par l’IFIP en 2000. Depuis, ces données sont actualisées annuellement en fonction de l’évolution d’indices INSEE spécifiques à la construction (BT02, BT03, BT06, BT16a…). En complément à cette estimation, une dizaine de devis du deuxième semestre 2007 et du premier trimestre 2008 a été analysée lors de la présente étude pour conforter les valeurs obtenues.

Dans les élevages de 900 truies naisseurs-engraisseurs, l’économie d’échelle pour le laveur, l’échangeur de chaleur et la mécanisation de l’aliment est estimée à 10%.

Les montants d’investissement pour les trois grands types d’élevage, selon deux types de conduites et deux niveaux de performances, sont synthétisés dans le Tableau 21. Le détail des calculs est proposé en Annexe 2.

Tableau 21. Montant des investissements : récapitulatif Base (11,9 sevrés) Avec options (12,57 sevrés)

Elevage Nb truies

Nb bandes Coût total Coût / truie

programme Gros- œuvre

Equi- pements Coût total Coût / truie

programme Gros-

œuvre Equi-

pements (a) Coût – économies

Coût / truie programme

Gros- œuvre

Equi- pements

NE 294 7 2 203 740 7 496 3 840 3 656 2 487 277 8 460 4 273 4 187 2 328 877 7 921 4 001 3 920

NE 288 4 2 291 040 7 955 4 087 3 868 2 626 672 9 120 4 624 4 496 2 351 271 8 164 4 139 4 025

NE 900 20 6 492 000 7 213 3 749 3 464 7 414 860 8 239 4 214 4 025 7 069 260 7 855 4 017 3 838

NE 900 10 6 776 360 7 529 3 931 3 595 7 544 956 8 383 4 322 4 061 7 198 156 7 998 4 123 3 875

NS 900 20 1 953 000 2 170 1 024 1 146 2 076 800 2 308 1 089 1 219 NS 900 10 2 027 300 2 253 1 065 1 187 2 157 057 2 397 1 133 1 263

(a) : Par l’amélioration des performances de croissance possibles, les options permettent de réduire le nombre de places nécessaires et donne accès à des économies d’investissement.

Source : calculs IFIP

18 Options : chauffage eau chaude, alimentation humide en post-sevrage, refroidissement en engraissement et en truies, maternité aménagée pour déplacements, laveur et échangeur d’air.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie V : trois grands modèles

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5.2. Hypothèse de prix d’aliment Le prix tendance de l’aliment pour 2009 est calé sur un prix des céréales intermédiaire entre le niveau bas de 2006 et le sommet de 2008 (Tableau 22). Des calculs de coûts de revient sont aussi réalisés sur la base des prix moyens d’aliment de l’année 2006, ce qui permet de comparer les résultats avec le coût observé cette année-là dans les élevages naisseurs-engraisseurs suivis en Tableau de Bord. 2006 ne peut constituer une référence pour l’avenir, en raison d’un prix de l’aliment que l’on doit considérer comme historiquement bas, mais a été retenue comme point de comparaison, car c’est une année homogène, alors que 2007 et 2008, qui ont connu de très fortes variations du cours des matières premières pour l’aliment, traduisent des situations instables ou des transitions.

Tableau 22. Hypothèses de prix d’aliment Prix tendance 2009 en €/tonne situés entre 2006 Scénario A B C Aliment truie 205 215 170 Aliment porcelet 310 330 260 Aliment porcs à l’engrais 190 200 160

Source : IFIP

5.3. Calcul des coûts de revient Les coûts de revient sont calculés pour des porcheries neuves, dont les bâtiments, on l’a vu, ont des coûts unitaires par place élevés en raison de leur degré de sophistication. Mais, les gains importants de productivité atteints dans ces élevages d’avenir, pour les performances de reproduction des truies (+18% à +32% selon la taille d’élevage et les options), l’aliment (+10%) et le travail (+25%) permettent d’obtenir des coûts de revient acceptables compatibles avec la situation concurrentielle imposée par le marché du porc. Ainsi, pour des niveaux de prix d’aliment observés en 2006, le coût de revient varie de 1,107 €/kg de carcasse pour la porcherie avec options de 900 truies (sevrage à 21 jours) à 1,158 €/kg de carcasse pour celle de 300 truies sans options (sevrage à 28 jours) (Tableau 23).

En comparaison, en 2006, les 33% et 10% meilleurs élevages naisseurs-engraisseurs en terme de coût de revient ont produit respectivement à 1,094 et 1,006 €/kg carcasse (Tableau 24). Mais ces élevages suivis en Tableau de Bord doivent ce faible coût de revient à des bâtiments amortis (0,069 € et 0,045 €/kg carcasse d’amortissement pour les 33% et 10% meilleurs) tandis que les élevages d’avenir l’obtiennent grâce à l’optimisation des performances techniques.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Partie V : trois grands modèles

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Tableau 23. Coûts de revient des élevages d’avenir Bâtiments neufs Bâtiments neufs + options

€ / kg carcasse 300 TNE sevrage à

28 j

900 TNE sevrage à

21 j

300 TNE sevrage à

28 j 900 TNE

sevrage à 21 j

Kilos de carcasse produits / truie présente / an 2 150 2 257 2 281 2 395 Aliment Scénario A (2009 bas) 0,714 0,715 0,705 0,706 Scénario B (2009 haut) 0,753 0,754 0,743 0,745 Scénario C (2006) 0,600 0,601 0,592 0,593 Renouvellement 0,028 0,027 0,027 0,026 Divers 0,113 0,107 0,106 0,101 Amortissements 0,218 0,199 0,218 0,205 FF réels sur investissement 0,053 0,048 0,053 0,050 FF réels sur stocks 0,013 0,013 0,012 0,012 Main-d’œuvre 0,122 0,116 0,115 0,109 FF sur autofinancement 0,012 0,011 0,012 0,011

Coût de revient total (hors FAF et gestion des déjections) Scénario A (2009 bas) 1,273 1,236 1,247 1,220 Scénario B (2009 haut) 1,311 1,275 1,285 1,258 Scénario C (2006) 1,158 1,122 1,134 1,107 Gain de productivité des truies / moy. NE en 2007 (a) + 18 % + 24 % + 25 % + 32 % Gain de productivité du travail / moy. NE en 2007 + 25 %

(a) : la productivité moyenne des truies des élevages NE en GTE est de 1 821 kg carc. / truie prés. / an en 2007, le tiers sup. selon l’IC global produit 1 920 kg carcasse et les 10% supérieur 1 971 kg carcasse.

Source : IFIP

Tableau 24. Valeur et composition du coût de revient des 10% et 33% meilleurs élevages sur ce critère en 2006

€/kg carcasse 100%

n = 514 élevages

33% n = 171

élevages

10% n= 51

élevages Alimentation 0,713 0,658 0,642 Renouvellement 0,041 0,036 0,034 Achat de porcelets 0,001 0,001 0,001 Divers 0,143 0,126 0,104 Locations 0,003 0,003 0,003 Façonnage 0,010 0,010 0,005 Amortissements 0,092 0,069 0,045 Frais financiers 0,033 0,022 0,013 Main-d’œuvre 0,193 0,160 0,149 FF sur autofinancement 0,010 0,010 0,011 Coût de revient 1,238 1,094 1,006

Source : IFIP, GTE-Tableau de Bord, élevages NE, année 2006

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Discussion

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Discussion : de l’élevage d’aujourd’hui au modèle d’avenir

La production porcine française est à un tournant décisif. Sa croissance est maintenant arrêtée sur tout le territoire, en raison de la surveillance exercée sur elle par la société. Au nom de la protection de l’environnement et de la lutte contre les nuisances, de nombreux projets de création, d’agrandissement ou de restructuration ne peuvent voir le jour. Au-delà de questions techniques, auxquelles l’organisation collective et les efforts individuels offrent une palette de solutions, ce blocage révèle la perte d’influence des éleveurs de porcs dans la société française. Or, cet arrêt a une double conséquence. L’adaptation de la production prend du retard face à de multiples exigences de changement (mise aux normes, conditions de travail, technicité) et entame la compétitivité de la production française. A l’opposé, dans de nombreux pays en compétition avec la France pour la production porcine, et en particulier chez ses principaux voisins (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Espagne, Belgique), la croissance de la production se poursuit, accompagnée de rénovation des élevages et de changements structurels importants.

Acteurs déterminants de la dynamique de la filière, les éleveurs français perdent de l’optimisme et de la confiance en l’avenir, pourtant indispensables à la mise en œuvre de leurs projets. L’attrait pour le métier est aussi affecté, alors que les producteurs de porcs aspirent à jouir des mêmes conditions de vie que le reste de la population : conditions de travail, considération, temps libre, vacances… Faute de regarder vers l’avenir, de choisir des objectifs et de s’efforcer de les atteindre, la production porcine est confrontée au risque d’entrer dans un cercle vicieux de perte de compétitivité et de régression.

Définir des modèles pour demain, non pas comme un futur obligé, mais comme avenir vers lequel tendre, constitue donc tout à la fois un moyen d’identifier clairement les problèmes à résoudre, l’occasion de formuler des solutions cohérentes, un objet de débat avec les autres parties prenantes de la société et une ambition mobilisatrice.

Le travail réalisé pour cette étude a permis de faire surgir les modèles d’élevages de porcs répondant aux attentes des acteurs de terrain et de définir précisément des organisations cohérentes et des contenus techniques, face à des obligations et des contraintes. Le cahier des charges des modèles étaient de répondre à ces obligations de base que sont :

• l’optimisation des performances rendant les coûts compatibles avec le prix de vente imposés par le marché et permettant ainsi aux éleveurs de dégager un revenu,

• le respect de l’environnement naturel, par la maîtrise de l’impact sur le milieu, et humain, par l’élimination des nuisances.

Ils devaient aussi répondre aux souhaits des éleveurs en terme de qualité de vie et conditions de travail, se rendant, par là, plus attractifs auprès des candidats, devenus rares, à la production porcine.

Les modèles d’élevage d’avenir retenus visent à assurer une production de porc « standard », d’un niveau qualitatif (caractéristiques technologiques et d’hygiène) satisfaisant les attentes du marché. A leurs côtés, pour des produits différenciés destinés à des marchés restreints, d’autres types d’élevages perdureront. Ils n’ont pas été étudiés dans le cadre de ce travail.

La taille des élevages porcins devrait continuer à croître notamment pour des raisons sociales, d’organisation du travail. Le modèle associant le naissage et l’engraissement est plébiscité pour sa performance technique, sanitaire et économique. Mais certaines structures, en particulier de grande taille ou confrontées à une problématique environnementale ou de voisinage, pourront être amenées à travailler sur plusieurs sites tandis que d’autres se regrouperont autour des centres de naissage collectifs.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Discussion

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Trois archétypes d’élevages pour demain ont été identifiés correspondant à trois grandes logiques :

• La valorisation de la complémentarité entre l’élevage de porcs et les cultures avec des élevages de 250-300 truies, sur 120-140 hectares de foncier, avec un chef d’exploitation et un ou deux salariés ;

• Le recherche d’économies d’échelle et d’optimisation de la productivité du travail salarié, avec des exploitations porcines spécialisées de grande dimension, 500 à 1 000 truies, employant de la main-d’œuvre salariée et pouvant être amenée, par obligation ou nécessité (manque de terres), à traiter les déjections animales ;

• L’externalisation du naissage au sein de maternités collectives qui alimentent en porcelets des éleveurs engraisseurs qui y sont associés.

Le poids des différents modèles varie entre régions selon le foncier disponible, les caractéristiques actuelles des exploitations et le profil des éleveurs. Ils ne doivent pas être interprétés comme des jugements de valeur ou des hiérarchies entre logiques, chacune d’elles faisant partie de la diversité observée. Leur contenu technique varie par contre peu entre modèles car le cahier des charges est commun : optimisation des performances et des résultats, réponse aux attentes des éleveurs et des citoyens. Les élevages « d’avenir » sont donc des outils spécialisés, productifs et d’un haut niveau technologique. Les investissements élevés doivent permettre aux élevages d'accéder à l’excellence, et les y obligent économiquement, en particulier en terme de productivité des facteurs (la truie, l’aliment, les bâtiments et la main-d’œuvre).

La moitié au moins du troupeau français de truies se trouve aujourd’hui dans des élevages dont la taille est inférieure au « plus petit » des modèles que nous voyons se développer à l’avenir. Les conclusions de la présente étude ne signifient évidemment pas que tous ces élevages existants n’ont aucun avenir ou qu’ils ont irrémédiablement condamnés à disparaître. A partir des logiques économiques et sociales qui prévaudront pour les 10 à 15 prochaines années, l’étude a voulu identifier les grands types d’élevages qui devront se mettre en place ou vers lesquels évolueront une partie des élevages existants. Elle est une contribution au débat qui doit permettre de préparer l’avenir. On peut imaginer que ses conclusions ne laisseront indifférents ni les éleveurs, ni d’autres acteurs de la société intéressés. Mais finalement, s’il peut conduire à mettre un terme à un immobilisme dangereux de la production porcine en France, le débat sur les modèles d’élevage porcin d’avenir doit s’engager maintenant.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Annexes

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Annexes

Annexe 1. Contrat de projet Etat - Région 2007-2013 : aides aux élevages de porcs Aides aux aménagements et équipements favorisant l’amélioration des pratiques en élevages porcins

Aménagements à prendre en compte Conditions spécifiques d’éligibilité

Objectif Description

Aménagements et équipements favorisant les économies d’énergie Isolation et

étanchéité des bâtiments

Remplacement des matériaux d’isolation et mise en étanchéité du bâtiment au niveau des plafonds, parois, pignons, soubassements, entrées et sorties d’air… Bâtiments construits ou rénovés

depuis plus de 6 ans Les trois volets doivent être pris en compte dans le projet

Chauffage dans les bâtiments

Remplacement des équipements vétustes (chauffage, régulation) par des équipements récents, économes et/ou innovants

Ventilation dans les bâtiments

Remplacement des équipements vétustes (ventilation, régulation) par des équipements récents, économes et/ou innovants

Récupération et production d’énergie

Mise en place d’échangeurs thermiques (air/air, air/terre) permettant de réduire les consommations énergétiques. Mise en place d’équipements « simples » permettant la production d’énergie : pompe à chaleur…

Bâtiments neufs ou avec un bon niveau thermique et électrique.

Aménagements et équipements favorisant la sécurité sanitaire et alimentaire Traçabilité et

information de la chaîne alimentaire

Matériel de traçabilité au niveau des animaux Informatisation du registre d’élevage et transfert des données tout au long de la chaîne alimentaire

Elevage en création ou existant

Sécurisation de la FAF

Traçabilité : informatisation du registre de fabrication (logiciel) et mise en place d’une échantillothèque. FAF en création ou existante

Equarrissage en élevage

Equipements permettant une gestion optimisée des animaux trouvés morts en élevage : local et matériel (avec refroidisseur) ou système novateur agréé

Elevage en création ou existant

Refroidissement de l’air des bâtiments

Equipement de refroidissement de l’air des bâtiments de type brumisation, cooling, brasseurs… Elevage en création ou existant

Quarantaine Mise en place d’un local permettant d’éviter la contamination microbienne lors de l’introduction d’animaux extérieurs (futurs reproducteurs)

Elevage en création Elevage existants avec construction à neuf

Sol et/ou parois Remplacement du sol et/ou des parois existantes entre les cases

Elevage avec un problème d’hygiène grave et dont le sol et les parois sont des facteurs de risques (audit)

Aménagements et équipements favorisant la protection de l’environnement Nuisances olfactives et émissions de gaz

Mise en place d’équipements pour réduire les nuisances : lavage d’air, couverture de fosse… Elevage en création ou existant

Aménagements et équipements favorisant les conditions de travail

Nettoyage et désinfection des

locaux

Equipements ayant pour objectif de limiter la consommation d’eau, d’énergie et d’améliorer les conditions de travail : matériel à poste fixe, matériel mobile novateur dont robot

Elevage en création ou existant

Accueil des salariés Pris en charge des surcoûts liés à l’accueil d’un premier salarié après constat du technicien

Elevage en création ou existant avec embauche d’un premier salarié à temps plein pour l’élevage de porcs

Modalités financières Taux de subvention : 40% du coût HT de l’investissement éligible Montant de l’investissement : 2 000 € mini – 30 000 € maxi plafonné à 15 000 € en montant éligible Plafond de subvention : 6 000 € par élevage et par dossier, possibilité de financer 2 dossiers espacés d’au moins 3 ans et concernant des thématiques différentes.

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Des modèles d’élevages de porc d’avenir – Annexes

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Annexe 2. Calcul du montant des investissements : détails

Elevage de 300 truies naisseur-engraisseur

• Conduite classique en 7 bandes de 42 truies Les nombres de places par type de bâtiment pour un élevage conduit en 7 bandes de 42 truies (294 truies-programmes) sont donnés dans le Tableau 25.

Tableau 25. Nombre de places par stade pour une conduite en 7 bandes de 42 truies

Effectif de 7 fois 42 soit 294 truies programmes, correspondant à 316-326 truies présentes Type de bâtiment Nombre de salles et de places Quarantaine 18 places Verraterie 102 places dont 16 cochettes + places verrats Gestantes confirmées 168 places Maternité 2 salles de 42 places soit 84 truies Post-sevrage 3 salles de 512 places soit 1 536 porcelets Engraissement 5 salles de 504 places soit 2 520 porcs

Sans les options, les investissements à neuf pour une telle porcherie sont évalués à 2 203 740 euros (Tableau 26).

Tableau 26. Coût d’une porcherie de 294 truies programmes (7 x 42 truies) en euros Places ou équipements Nombre Coût unitaire Coût total Truie attente saillie 102 1 050 107 100 Truie gestante réfectoire 168 1 500 252 000 Maternité 84 3 150 264 600 Post-sevrage 1 536 250 384 000 Engraissement 2 520 350 882 000 Quarantaine 27 000 Quai 30 000 Silos + Mécanisation aliment 167 040 Fosse 90 000 Investissement total 2 203 740 €

Avec les options (chauffage eau chaude, alimentation humide en PS, refroidissement en engraissement et en truies, maternité aménagée pour déplacements, laveur et échangeur d’air) le coût s’élève à 2 487 277 € (Tableau 27). L’amélioration des performances, notamment en post-sevrage, réduit le besoin en places de PS (une salle en moins soit 528 places) et donc l’investissement de 153 600 euros, à 2 328 877 €.

Tableau 27. Coût d’une porcherie de 294 truies programmes (7 x 42 truies), avec options Places ou équipements Nombre Coût unitaire Coût total Options

Truie attente saillie 102 1076,25 109 777 Cooling/brumisation Truie gestante réfectoire 168 1537,5 258 300 Cooling/brumisation Maternité place 84 3290 276 360 Surface liée au système de déplacement PS 1 584 300 475200 Soupe et chauffage eau chaude Engraissement 2 640 365 963600 Cooling/brumisation Quarantaine 27 000 Quai 30 000 Silos + Mécanisation aliment 167 040 Fosse 90 000 90 000 Laveur/Echangeur Investissement total 2 487 277 €

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• Conduite en 4 bandes de 72 truies Les nombres de places par type de bâtiment pour un élevage conduit en 4 bandes de 72 truies (288 truies-programmes) sont donnés dans Tableau 28.

Tableau 28. Nombre de places par stade pour une conduite en 4 bandes de 72 truies

Effectif de 4 fois 72 soit 288 truies programmes, correspondant à 316-326 truies présentes Type de bâtiment Nombre de salles et de places Quarantaine 16 places Verraterie 90 places dont 14 cochettes + places verrats Gestantes confirmées 216 places Maternité 2 salles de 72 places soit 144 truies Post-sevrage 2 salles de 864 places soit 1 720 porcelets Engraissement 3 salles de 864 places soit 2 580 porcs

Sans les options, les investissements à neuf pour une telle porcherie (4 x 72 truies) sont évalués à 2 291 040 euros (Tableau 29).

Tableau 29. Coût d’une porcherie de 288 truies-programmes, 4 bandes de 72 truies, en euros

Places Nombre Coût unitaire Coût total Truie attente saillie 90 1 050 90 000 Truie gestante réfectoire 216 1 500 324 000 Maternité 72 3 150 226 800 Post-sevrage 1 728 250 432 000 Engraissement 2 592 350 907 200 Quarantaine 24 000 Quai 30 000 Silos + Mécanisation aliment 167 040 Fosse 90 000 Investissement total 2 291 040 €

Avec les options, le coût s’élève à 2 626 672 €. Contrairement à la conduite en 7 bandes, l’amélioration des performances ne permet pas de supprimer une salle de PS à moins de sortir les porcelets à moins de 27 kg ce qui implique de distribuer trois aliments successifs en engraissement. Ceci est réalisable en alimentation humide automatique sachant qu’en plus, avec des salles d’engraissement préchauffées, l’adaptation d’animaux plus légers doit être possible. Le nombre de place d’engraissement est alors inchangé et le montant de l’investissement est réduit de 275 400 euros à 2 351 272 euros soit une valeur proche du montant calculé pour le niveau de base.

L’investissement pour une conduite en 4 bandes est plus élevé de 5% en raison du nombre de places nécessaires pour les truies (4 bandes entre verraterie et gestante, soit l‘ensemble des animaux contre 6 bandes sur 7 en conduite en 7 bandes). De plus, davantage de places sont nécessaires en PS et engraissement en raison de la taille des bandes et de l’intervalle entre bandes. En contre partie, l’amélioration de l’organisation du travail doit permettre de réduire la main-d’œuvre (-16 % sur un naissage de 500 truies

Les locaux annexes (bureau, sanitaires, sas, local matériel, local machine à soupe, lieu de vie) sont les mêmes dans les deux cas. Ils ne figurent pas dans le chiffrage. Leur coût pour un atelier de ce type est de l’ordre 29 000 euros.

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Elevage de 900 truies naisseur-engraisseur

• Conduite classique en 20 bandes de 45 truies

Les nombres de places par type de bâtiment pour un élevage conduit en 20 bandes de 45 truies (900 truies-programmes) sont donnés le Tableau 30.

Tableau 30. Nombre de places par stade pour une conduite en 20 bandes de 45 truies

Effectif de 20 fois 45 soit 900 truies programmes, correspondant à 960-1 008 truies présentes Type de bâtiment Nombre de salles et de places Quarantaine 72 places Verraterie 280 places dont 42 cochettes + places verrats Gestantes confirmées 540 places Maternité 4 salles de 45 places soit 180 truies Post-sevrage 8 salles de 544 places soit 4 352 porcelets Engraissement 15 salles de 536 places soit 8 040 porcs

Sans les options, les investissements à neuf pour une telle porcherie (20 x 45 truies) sont évalués à 6 492 060 euros (Tableau 31).

Tableau 31. Coût d’une porcherie de 900 truies programmes (20 x 45 truies) en euros Places Nombre Coût unitaire Coût total Truie attente saillie 280 1 050 280 000 Truie gestante réfectoire 540 1 500 810 000 Maternité 180 3 150 585 000 Post-sevrage 4 352 250 1 088 000 Engraissement 8 040 350 2 814 000 Quarantaine 108 000 Quai 30 000 Silos + Mécanisation aliment 507 060 Fosse 270 000 Investissement total de base 6 492 060 €

Le coût de cette porcherie équipée des options s’élève à 7 414 860 € (Tableau 32). Avec l’hypothèse « performances améliorées », le montant de l’investissement avec options est réduit de 345 600 euros, à 7 069 260 euros, en raison d’un besoin de places en post-sevrage inférieur (deux salles en moins soit 1 152 places).

Tableau 32. Coût d’une porcherie de 900 truies, 20 bandes de 45 truies, avec options

Places Nombre Coût unitaire Coût total Option Truie attente saillie 280 1 076,25 301 350 Cooling/brumisation Truie gestante réfectoire 540 1 537,5 830 250 Cooling/brumisation Maternité place 180 3 290 592 200 Surface liée au système de déplacement PS 4 608 300 1 382 400 Soupe et chauffage eau chaude Engraissement 8 640 365 3 153 600 Cooling/brumisation Quarantaine 108 000 Quai 30 000 Silos + Mécanisation aliment 507 060 Fosse 270 000 240 000 Laveur/Echangeur Investissement total 7 414 860 €

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• Conduite en 10 bandes de 90 truies Les nombres de places par type de bâtiment pour un élevage conduit en 10 bandes de 90 truies (900 truies-programmes) sont donnés le Tableau 33.

Tableau 33. Nombre de places par stade pour une conduite en 10 bandes de 90 truies

Effectif de 10 fois 90 soit 900 truies programmes, correspondant à 960-1 008 truies présentes Type de bâtiment Nombre de salles et de places Quarantaine 72 places Verraterie 226 places dont 36 cochettes + places verrats Gestantes confirmées 630 places Maternité 2 salles de 90 places soit 180 truies Post-sevrage 4 salles de 1 088 places soit 4 352 porcelets Engraissement 8 salles de 1 080 places soit 8 640 porcs

Sans les options, les investissements à neuf pour une telle porcherie (10 x 90 truies) sont évalués à 6 776 360 euros (Tableau 34).

Tableau 34. Coût d’une porcherie de 900 truies programmes (10 x 90 truies) en euros

Places Nombre Coût unitaire Coût total Truie attente saillie 226 1 050 237 300 Truie gestante réfectoire 630 1 500 945 000 Maternité 180 3 150 567 000 Post-sevrage 4 352 250 1 088 000 Engraissement 8 640 350 3 024 000 Quarantaine 108 000 Quai 30 000 Silos + Mécanisation aliment 507 060 Fosse 270 000 Investissement total de base 6 776 360 €

Avec les options précédemment citées, le montant atteint 7 544 956 €. Comme dans le cas d’un élevage de 300 truies, la réduction du nombre de bandes augmente le besoin en places de truies gestantes.

Avec l’hypothèse « performances améliorées », le montant de l’investissement avec options est réduit de 346 800 euros, à 7 198 156 euros. Dans un élevage de cette taille, la surface des locaux annexes (bureau, sanitaires, sas, local matériel, local machine à soupe, lieu de vie) est plus importante mais son augmentation n’est pas proportionnelle à celle du cheptel. En fait, la taille du sas d’entrée est identique, celle des locaux pour la préparation de la soupe et le stockage du matériel doublée et celle des sanitaires et du lieu de vie triplée. Le montant peut être évalué à 65 000 euros.

L’option DAC pour les truies gestantes permet de réduire les investissements mais ses conséquences sur la productivité des truies ne sont pas encore connues. Les résultats techniques ne font pas apparaître de différence mais la comparaison repose sur des élevages pratiquant la conduite en groupe des gestantes depuis un certain temps. Ces éleveurs sont moteurs dans le choix de ce mode d’élevage et plus aptes à le maîtriser. Avec l’hypothèse que le DAC permette de corriger les rations automatiquement, les performances seront au moins maintenues, voire améliorées (alimentation individualisée).

L’option évacuation des déjections par raclage ou flushage n’a pas été évaluée. Les investissements sont de l’ordre de 13 % en plus pour une place d’engraissement et n’apporteront pas d’amélioration des performances conséquentes lorsque l’option échangeur a déjà été choisie.

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Naissage collectif de 900 truies

• Conduite classique en 20 bandes de 45 truies Les nombres de places par type de bâtiment pour un élevage conduit en 20 bandes de 45 truies (900 truies-programmes) sont donnés le Tableau 30.

Tableau 35. Nombre de places par stade pour une conduite en 20 bandes de 45 truies

Effectif de 20 fois 45 soit 900 truies programmes, correspondant à 960-1 008 truies présentes Type de bâtiment Nombre de salles et de places Quarantaine 72 places Verraterie 280 places dont 42 cochettes + places verrats Gestantes confirmées 540 places Maternité 4 salles de 45 places soit 180 truies

Le chiffrage reprend dans ce cas uniquement la partie truie du cas naisseur engraisseur. La partie alimentation et fosse est adaptée aux besoins de cette unité de naissage collectif.

Tableau 36. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies (20 x 45 truies) en euros

Places Nombre Coût unitaire Coût total Truie attente saillie 280 1 050 280 000 Truie gestante réfectoire 540 1 500 810 000 Maternité 180 3 150 585 000 Quarantaine 108 000 Quai 10 000 Silos + Mécanisation aliment 75 000 Fosse 85 000 Investissement total de base 1 953 000 €

La version avec option reprend essentiellement le refroidissement des truies, l’augmentation de surface en maternité et le laveur/échangeur.

Tableau 37. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies, 20 bandes de 45 truies, avec options

Places Nombre Coût unitaire Coût total Option Truie attente saillie 280 1 076,25 301 350 Cooling/brumisation Truie gestante réfectoire 540 1 537,5 830 250 Cooling/brumisation Maternité place 180 3 290 592 200 Surface liée au système de déplacement Quarantaine 108 000 Quai 10 000 Silos + Mécanisation aliment 75 000 Fosse 85 000 75 000 Laveur/Echangeur Investissement total 2 076 800 €

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• Conduite en 10 bandes de 90 truies

Tableau 38. Nombre de places par stade pour une conduite en 20 bandes de 45 truies

Effectif de 10 fois 90 soit 900 truies programmes, correspondant à 960-1 008 truies présentes Type de bâtiment Nombre de salles et de places Quarantaine 72 places Verraterie 226 places dont 36 cochettes + places verrats Gestantes confirmées 630 places Maternité 2 salles de 90 places soit 180 truies

Tableau 39. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies, 10 bandes de 90 truies, en euros

Places Nombre Coût unitaire Coût total Truie attente saillie 226 1 050 237 300 Truie gestante réfectoire 630 1 500 945 000 Maternité 180 3 150 567 000 Quarantaine 108 000 Quai 10 000 Silos + Mécanisation aliment 75 000 Fosse 85 000 Investissement total de base 2 027 300 €

Tableau 40. Coût d’un élevage de naissage de 900 truies, 10 bandes de 90 truies, avec options

Places Nombre Coût unitaire Coût total Option Truie attente saillie 226 1 076 243 232 Cooling/brumisation Truie gestante réfectoire 630 1 537 968 625 Cooling/brumisation Maternité place 180 3 290 592 200 Surface liée au système de déplacement Quarantaine 108 000 Quai 10 000 Silos + Mécanisation aliment 75 000 Fosse 85 000 75 000 Laveur/Echangeur Investissement total 2 157 057 €

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Antenne Rennes La Motte au Vicomte B.P. 3 - 35651 Le Rheu Cedex

Tél. : + 33 (0)2 99 60 98 20 - Fax : + 33 (0)2 99 60 93 55 [email protected] - www.ifip.asso.fr

Antenne Toulouse

34 bd de la Gare - 31500 TOULOUSE Tél. : + 33 (0)5 62 16 61 70 - Fax : + 33 (0)5 61 54 32 63

Chambres d'Agriculture de Bretagne,

Pôle Porc Aviculture, Maison des Agriculteurs, Av. du Chalutier Sans Pitié BP 540 2195 PLERIN CEDEX

Ce rapport d’étude a été réalisé dans le cadre de l’appel à projet de la Mission DAR AAP 2006 numéro 6110

« Changement des systèmes d’élevage porcin en France : des prototypes innovants pour le pilotage des transformations »

© IFIP 2008 - Dépôt légal troisième trimestre 2008 – ISBN : 2-85969-201-8 – Prix Franco : 45 €