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IUFM DE BOURGOGNE
Concours de recrutement: professeur des écoles
Quels apprentissages sontfavorisés par la lecture d'albums?
Delphine Durand-Gendulphe
Directeur de mémoire: Aline Nicolle
Année: 2006 N°05STA00803
Je tiens à remercier tout particulièrement les personnes remplacées pendant les stages et les équipes
des différentes écoles pour leur accueil, leur soutien, et pour m'avoir laissée expérimenter dans leur
classe les séquences qui ont été la base de mon mémoire.
Je remercie également Madame Nicolle pour sa disponibilité et ses conseils.
SOMMAIRE
Introduction p 1,2
1) LES ALBUMS ET LE FRANCAIS
A) L'ALBUM ET LE LANGAGE AU COEUR DES APPRENTISSAGES (cycle 1,
moyenne section): Dix petites graines, Ruth Brown p 3,4
B) L'ALBUM ET LA LITTERATURE (cycle 3, CM2): Le collectionneur d'instants,
Quint Buchholz p 5-14
a) Séance 1: Découverte de l'album p 5-9
b) Séance 2: Lecture de nouveaux passages et interprétation p 9-11
c) Séance 3: Evaluation p 12-13
d) Séance 4: Lecture plaisir p13
e) Séance 5: Lecture plaisir p 13-14
C) L'ALBUM ET L'EXPRESSION ECRITE (cycle 3, CM2): Le collectionneur
d'instants, Quint Buchholz p 14-17
a) Séance 1: Découverte du support, le premier tableau de l'album p 14,15
b) Séance 2: Premières corrections des productions p 15
c) Séance 3, 4 et 5: Suite et fin de la production d'écrits p 16
d) Analyse de productions d'élèves p 16,17
2) LES ALBUMS ET LES ARTS VISUELS
A) COMPARER UN ELEMENT DE L'ALBUM AVEC L'OEUVRE D'UN PEINTRE
EN VUE D'UNE PRODUCTION (cycle 3, CM2): Le collectionneur d'instants, Quint
Buchholz p 17-21
a) Séance 1: Comparaison des tableaux de l'album avec l'oeuvre de Magritte p 17,18
b) Séance 2 et 3: Production p 18-20
c) Analyse de productions d'élèves p 20,21
B) PARTIR D'UN PERSONNAGE DE L'ALBUM (cycle 1, petite et moyenne section) :
Elmer, David McKee p 21,22
3) LES ALBUMS ET LE DOMAINE SCIENTIFIQUE
A) L'ALBUM ET LES SCIENCES (cycle 2, CP-CE1) : Une mouche passe, Véronique
Boutinot p 23-26
a) Séance 1: Représentations initiales p 23
b) Séance 2: Le corps de la mouche p 23,24
c) Séance 3: Lecture de l'album p 24,25
d) Séance 4: A quoi servent les différentes parties du corps de la mouche? p 25,26
B) L'ALBUM ET LES MATHEMATIQUES (cycle 1, moyenne section): Maman, Mario
Ramos p 26,27
Conclusion p 28
Bibliographie p 29
Annexes p 30
INTRODUCTION
Quels apprentissages sont favorisés par la lecture d'albums?
Cette question provient d'une attirance particulière de ma part pour les albums. Peut-être est-ce le
résultat d'un cursus scolaire littéraire (licence de lettres modernes).
Je me suis demandé de quelle façon il serait possible de travailler sur un plus grand nombre
d'albums dans le temps scolaire. Il me semble qu'une façon de réussir est d'étudier des albums dans
le cadre d'autres domaines que la littérature, aussi bien en maternelle qu'à l'école élémentaire. Cette
démarche peut être bénéfique aussi bien en littérature que dans les autres domaines.
Cela rentre d'ailleurs dans ce qui est préconisé par les Instructions Officielles de 2002. En
effet, dans l'introduction de ces instructions, nous pouvons lire: « La maîtrise du langage et de la
langue française est, en effet, inséparable de l'acquisition des multiples facettes d'une culture:
littéraires, historiques et géographiques, scientifiques et techniques, corporelles et artistiques. Il n'y a
pas opposition entre les objectifs fondamentaux de l'école -parler, lire, écrire, compter- et des
savoirs solides et différenciés. C'est dans une même dynamique qu'ils se construisent et se
consolident réciproquement. » La maîtrise du langage et de la langue française reste une priorité,
mais étant transversale, elle permet de mettre en oeuvre les autres apprentissages.
Le fil conducteur de ma réflexion sera l'interdisciplinarité, qui est omniprésente dans les
programmes: « Quand, en arts visuels, le maître initie à la lecture de l'image, il facilite le travail de
toutes les disciplines qui l'utilisent. Lorsque, en géographie, il fait étudier à ses élèves des paysages,
il contribue à éduquer leur regard, et donc satisfait à l'un des objectifs des arts visuels. »
L'interdisciplinarité est donc au centre des programmes, mais quel en est le but? La réponse est très
claire dans l'introduction des instructions: « L'enseignant met à profit sa polyvalence pour multiplier
les liaisons et les renvois d'un domaine à l'autre. Il évite ainsi l'empilement désordonné des
exercices tout en maintenant un niveau d'exigence élevé, gage de la construction de connaissances
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solides. C'est à ce prix que l'école permet à chaque élève d'acquérir le socle culturel sans lequel les
connaissances déjà rencontrées ou à venir ne seraient que des savoirs éclatés. »
Nous comprenons bien que des liens doivent être faits entre différents domaines afin de ne pas
cloisonner les apprentissages, de leur donner du sens, une unité.
Dans mes propos, l'album sera le support de cette unité, support de polyvalence. Chaque album peut
être étudié au niveau de la littérature, de la langue, mais aussi dans d'autres domaines. J'ai dû faire
des choix au cours de mes différents stages. J'ai pu lier des albums avec le français (langage oral,
littérature, production d'écrits) en cycle 1 et en cycle 3. Des albums m'ont permis également de faire
entrer les élèves dans les arts visuels, toujours au cycle 1 et au cycle 2. Enfin, le domaine
scientifique a été abordé par l'intermédiaire d'albums au cycle 2 et au cycle 1.
Si j'ai pu expérimenter beaucoup de situations, c'est parce que j'ai eu la grande chance de travailler
dans les trois cycles: mon stage de pratique accompagnée s'est déroulé dans une classe de CP-CE1,
mon premier stage en responsabilité en CM2, et le deuxième en petite et moyenne section de
maternelle.
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1) LES ALBUMS ET LE FRANCAIS
A) L'ALBUM ET LE LANGAGE AU COEUR DES APPRENTISSAGES (cycle 1, MS):
Dix petites graines, Ruth Brown (cf annexe 1)
Dix petites graines est un album à compter, mais je ne l'ai pas utilisé comme tel. La première page
présente dix graines en terre. A chaque nouvelle page, un animal intervient et déterre une graine: il y
a une graine de moins à chaque page. Mais au fil des pages, les graines restantes germent et
poussent. L'album se termine sur la récolte de graines à partir de la fleur formée.
Description de la mise en oeuvre
-L'album me servira de support pour introduire une activité de plantation en classe, mais les
objectifs de cette séance restent langagiers, même si du vocabulaire spécifique va émerger.
-Je montre la première de couverture et les élèves disent ce qu'ils voient. Ils donnent aussi des
hypothèses sur l'histoire que peut raconter l'album.
-Je lis l'album en montrant les illustrations au fur et à mesure.
-Je laisse la parole aux élèves en les orientant grâce à quelques questions: « De quoi parle ce livre?
Que devient la graine? » J'attends ici les noms des animaux de l'album (fourmi, pigeon, souris,
limace, taupe, chat, chien, pucerons, abeille) et les étapes de la germination de la graine (elle
pousse, devient une plante, une fleur...). En effet, selon les programmes officiels, « Si, pour les plus
petits (deux ans), l'essentiel de l'activité réside dans l'impact de la lecture faite par le maître ainsi
que dans la verbalisation suggérée à propos des images qui accompagnent le texte, dès trois ans, il
convient de demander à l'enfant qu'il reformule ce qu'il a entendu dans son propre langage. »
Analyse
-Les élèves parlent beaucoup lors de la phase de description de la couverture puisque de nombreux
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éléments de celle-ci représentent quelque chose pour eux.
-Après la lecture, les élèves parlent des animaux qui interviennent dans l'album. Cependant, le terme
« graine » arrive très tardivement et peu d'élèves le trouvent. Je ne pensais pas que ce mot allait
poser problème étant donné que les élèves avaient déjà semé des graines.
-Voulant analyser ce résultat, je me suis penchée de plus près sur la structure de l'album: la graine
est un élément commun à toutes les pages, mais les élèves fixent leur attention sur les éléments
nouveaux de chaque page: les animaux différents.
L'album n'était pas adapté à l'usage que je voulais en faire et paraît un peu difficile pour des élèves
de moyenne section.
-Afin de satisfaire l'objectif de langage en rapport avec les plantations, j'ai aidé les élèves à voir la
présence des graines dans l'album pour engager la conversation sur ce thème.
-Si le temps me l'avait permis, j'aurais repris la même démarche, car je pense qu'elle fonctionne
quand de bonnes conditions sont réunies. La condition à modifier ici est l'album: j'aurais essayé une
séance autour de l'album Toujours rien?, Christian Voltz: un garçon plante une graine, il attend
qu'elle pousse, mais c'est très long. L'humour est de la partie, puisque quand la fleur est enfin sortie,
un oiseau la mange...
Il est facile, en maternelle, de lire des albums aux élèves pour le plaisir qu'ils peuvent procurer. Les
séances de langage à partir d'albums peuvent se multiplier. Comme nous pouvons le lire dans
Qu'apprend-on à l'école maternelle?: « Les livres illustrés(albums) qui s 'adressent aux enfants ne
sachant pas encore lire constituent le plus souvent une littérature d'excellente qualité tant par les
thèmes qu'elle traite que par la manière de les aborder dans un subtil échange entre textes et images.
Ces objets sont faits pour être lus et discutés avec les enfants dans la famille comme à l'école. »
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B) L'ALBUM ET LA LITTERATURE (cycle 3, CM2): Le collectionneur d'instants,
Quint Buchholz (cf annexe 2)
Le collectionneur d'instants est un album qui relate l'histoire de Max, un peintre, et d'un garçon qui
passe ses journées avec lui, dans son atelier. Le jeune garçon ne voit jamais les toiles de Max. Mais
un jour, le peintre part en voyage. Il laisse les clés de l'atelier au garçon, qui pourra admirer
l'exposition préparée pour lui. L'album présente ces tableaux en double page.
a) Séance 1: Découverte de l'album
Description de la mise en oeuvre (cf fiche de préparation, annexe 3)
-Je suis passée dans les rangs pour montrer l'album aux élèves. J'ai demandé aux élèves de me
donner le titre, le nom de l'auteur ainsi que le nom de l'objet que je leur montrais. J'ai introduit les
notions de première et de quatrième de couverture.
-Je lis les cinq premières pages de l'album, les élèves ont le texte sous les yeux. A ce sujet, les
instructions officielles de 2002 sont claires: « les lectures personnelles du cycle 3 passent encore
beaucoup par la lecture à haute voix des adultes. » Un autre passage confirme ceci: « Si l'on souhaite
que le développement des stratégies de compréhension des textes longs et complexes puisse se
poursuivre, c'est prioritairement sur des textes dits à haute voix par l'enseignant qu'elles doivent être
exercées. »
-Les élèves répondent par écrit à un questionnaire (cf annexes 4, 5, 6) qui me permettra de connaître
leurs impressions immédiates, ce qu'ils retiennent de cette première lecture. En effet, selon les
programmes, « une part importante du travail de compréhension doit porter sur la construction d'une
synthèse aussi brève que possible du texte lu: de qui ou de quoi parle ce texte (thème)? Qu'est-ce-
qu'il dit (propos)? » En d'autres termes, il s'agit d'amener les élèves à faire ressortir les éléments
principaux de l'histoire, un résumé.
Avant d'analyser cette séance, je vais faire un point rapide sur les différents types de questions qui
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peuvent être posées en m'appuyant sur l'ouvrage de Jocelyne Giasson: La compréhension en lecture.
Jocelyne Giasson distingue cinq types de questions que je présenterai de la plus simple à la plus
difficile.
-Les questions littérales: elles demandent une réponse qui se trouve à un seul endroit du texte.
-Les questions de repérage: les réponses sont à différents endroits du texte, mais elles sont
explicites.
-Les questions dont la réponse exige une mise en relation de deux informations du texte.
-Les questions de compréhension: la réponse exige une mise en relation entre le texte et ce qui est
su par ailleurs.
-Les questions d'interprétation: elles demandent un avis, une opinion de l'élève sur un point du
texte.
Je ferai référence à cette classification au cours de mes analyses.
Analyse
-La découverte de l'objet album est une phase importante car il s'agit du premier contact des élèves
avec l'oeuvre, mais il faudrait que chaque élève puisse manipuler l'album. Pour permettre cette
manipulation, il faudrait se procurer des albums de petit format qui sont moins coûteux et mettre les
élèves en groupes.
-La lecture à voix haute est appréciée des élèves.
-Les deux premières questions du questionnaire (« Où se passe l'histoire? et quels sont les
personnages? ») sont des questions de compréhension littérale.
La dernière question (« Écris ce que tu retiens de ce premier passage: qu'est-ce qui est raconté? »)
permet d'obtenir une sorte de résumé pour savoir ce que les élèves ont retenu en priorité, ce qui
ressort du texte pour eux. Il s'agit ici d'une question de compréhension puisque les élèves doivent
mettre en relation le texte et ce qu'ils savent.
-Pour la plupart des élèves, la réponse à la première question faisait référence à la mer (cf annexes 4,
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5, 6). Cette réponse est juste, mais pour avoir plus de détails, j'aurais dû poser la question
différemment. Par exemple: « A ton avis, dans quel lieu se passe l'histoire? » Le fait de préciser « A
ton avis » est important car cela permet aux élèves de voir qu'il faut rassembler plusieurs éléments
du texte pour répondre, et que je n'attends pas une réponse toute faite.
-Pour la question qui concerne les personnages, la réponse attendue était « Max et le garçon appelé
professeur » . Beaucoup d'élèves ont bien répondu, mais certains ont cité des personnages qui sont
seulement évoqués par le narrateur (cf annexe 4). Pour éviter cela, j'aurais dû préciser dans ma
question qu'il s'agissait des personnages principaux, de ceux qui ont un rôle durant toute l'histoire.
Je me suis rendue compte, grâce à cette question, que certains élèves pensaient que le garçon était
réellement un professeur (annexe 5) alors que ce n'est que le surnom que lui donne Max.
-Pour la troisième question, j'attendais un réponse assez générale du type: « C'est l'histoire d'un
violoniste qui a un copain qui s'appelle Max, un peintre. » De nombreux élèves ont mentionné des
détails du texte (cf annexe 6). La question était trop vague, il aurait fallu préciser qu'on ne
s'intéressait pas aux détails, mais à la trame générale. Par exemple: « Résume le passage de façon
générale, sans entrer dans les détails. » En outre, les détails sont essentiels pour les enfants. Ils s'en
souviennent et ont du mal à faire la synthèse ou le résumé.
Description de la mise en oeuvre (suite)
-Je relis à haute voix les passages à approfondir et je pose des questions aux élèves. Les textes
officiels indiquent qu' « un dialogue doit s'engager entre l'enseignant et les élèves pour, en
s'appuyant sur ce qui est connu, construire des représentations claires de ce qui ne l'est pas encore. »
Il s 'agit bien de mon objectif principal.
« Quel est le thème de ce passage? Quels mots vous permettent de le dire? » C'est ici le vocabulaire
de la musique et du chant qui est visé par l'intermédiaire d'une question littérale: la réponse se
trouve à un seul endroit du texte. Les réponses attendues sont les suivantes: « jouer du violon »,
« jouer », « il chantait », « écouter le chant de mon violon », « c'est beau ce que tu joues ».
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Ces citations se trouvent toutes sur la même page.
- Pour le passage de la description de la maison du narrateur: « Ce passage vous semble -t-il être à
sa place? Pourquoi? » J'attends ici des élèves qu'ils se rendent compte que ce passage pourrait être
au début puisqu'il plante le décor. Pour répondre à cette question de compréhension, les élèves
doivent mettre en relation le texte avec ce qu'ils savent: le fait que les lieux sont souvent décrits au
début.
-Passage qui évoque le déménagement de Max: « Quelque chose revient souvent dans ce passage:
qu'est-ce-que c'est? » La question est concentrée sur un passage du texte, c'est une question littérale.
Il s'agit ici de la présence dans le paragraphe des couleurs primaires, qui amènent le thème de la
peinture.
-Questions sur le vocabulaire employé: je demande aux élèves s'ils remarquent des thèmes qui
reviennent souvent dans certains passages. Ils trouvent le thème du voyage et de la musique: «Quels
mots se rapportent particulièrement au voyage et à la musique? » Il s'agit d'une question de
repérage: les informations se trouvent à différents endroits du texte.
-« A chaque tableau mène un chemin invisible »: je demande aux élèves comment ils comprennent
ce passage et certains parlent de la complexité de la peinture. Le but n'est pas d'approfondir plus car
il s'agit déjà d'une question difficile.
-« Que se passe-t-il à la fin du passage? » Il s'agit du départ de Max. Cette question littérale
permettra aux élèves de se souvenir de la fin du premier passage lors de la prochaine séance.
Analyse
-J'ai compris en me référant aux programmes officiels, qu'il ne suffit pas pour les élèves de
comprendre les informations qui sont données littéralement dans le texte, mais ils doivent trouver
des informations implicites. Pour cela , le questionnement de l 'enseignant doit être précis.
-Les élèves étaient motivés par ce moment d'interprétation et cherchaient activement à donner des
réponses. Il aurait fallu élaborer une trace écrite de ce qui s'est dit à l'oral, peut-être sous forme de
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dictée à l'adulte. Une leçon d'observation réfléchie de la langue concernant les champs lexicaux
aurait été bienvenue à la suite de ce travail.
b) Séance 2: Lecture de nouveaux passages et interprétation
Description de la mise en oeuvre (cf fiche de préparation, annexe 7)
-Lecture d'un passage à voix haute par des élèves (début de la sixième page préparé par les élèves).
Cette lecture est préparée car elle doit être suffisamment assurée pour être effectuée à haute voix.
-Lecture d'un passage à voix haute par l'enseignante (pages 6 à 9)
-Je pose des questions à l'oral, et il y a discussion dans la classe: « Que pensez-vous du passage dans
lequel Max parle des éléphants de neige et de la roulotte de cirque volante? » (question
d'interprétation), « Trouvez le passage dans lequel on apprend le départ de Max. Est-ce la première
fois qu'il s'en va? » (question de repérage), « A votre avis, pourquoi Max part-il? » (question
d'interprétation), « Citez les passages qui font référence à la musique » (question de repérage) .
Analyse
-La première question est une question d'interprétation. Certains élèves disent que les éléphants de
neige et la roulotte de cirque volante sont des choses vues par Max, d'autres trouvent cela étrange et
imaginaire. Le but pour moi était de mettre en évidence le mystère et le fait que nous ne pouvons
pas fournir d'explication pour tout.
-La deuxième question visait un point précis du texte (relevé), mais il s'agit aussi d'une question de
compréhension pure.
-Comme le préconisent les instructions officielles, il faut donner une place importante aux questions
d'interprétation en passant par des débats pour confronter les différentes interprétations, mais aussi
en revenant au texte afin de vérifier la compatibilité entre une interprétation et les textes. La
question sur la cause du départ de Max est une question d'interprétation. Les élèves doivent mettre
en relation le texte avec ce qu'ils pensent. Certains élèves disent qu'il part pour trouver des idées
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pour peindre, d'autres emploient le mot « inspiration » .
-La dernière question porte sur un point précis du texte (relevé). Il s'agit de repérer le champ lexical
de la musique, abordé lors de la dernière séance. Cette question devrait être posée plus tôt car elle
est assez simple. Je n'ai pas hiérarchisé les questions pour les poser aux élèves.
Description de la mise en oeuvre (suite)
-Je relis la fin du passage pour faire la transition avec la suite et je montre les six premiers tableaux
de l'album en lisant les quelques lignes qui accompagnent chacun.
-Je pose la question suivante: « Qu'est-ce-que je viens de vous montrer? », « Que représentent les
quelques mots qui accompagnent chaque tableau? »
Analyse
-La première question sert à mettre tous les élèves au clair et à « repêcher « ceux qui n'avaient pas
compris qu'il s'agissait des tableaux de Max. Il s'agit d'une question de compréhension.
-La deuxième question est une question d'interprétation, je veux savoir ce que pensent les élèves de
ces mots qui accompagnent les tableaux. Certains élèves trouvent qu'il s'agit du titre des tableaux.
Les autres se rattachent à cet avis lorsque nous concluons que les titres sont en décalage avec les
tableaux. Ces observations permettent aux élèves de comprendre qu'un titre ne reflète pas toujours
l'image qui lui correspond.
Description de la mise en oeuvre (suite)
-Je montre à nouveau les tableaux, lentement et en lisant les titres. Les élèves disposent d'une feuille
avec une case par tableau (cf annexes 8 et 9).
-Consigne: « Pour chaque tableau que je vous montre, écrivez ce que vous ressentez, ce à quoi il
vous fait penser, vos impressions, vos sentiments. Ne faites pas de phrases, écrivez simplement des
mots. »
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-Quelques élèves font part de leurs impressions oralement et justifient leurs idées grâce à des
éléments des tableaux.
Analyse
-Les élèves écrivent ce qu'ils ressentent face aux tableaux (cf annexe 8): il s'agit ici pour les élèves
d'exprimer leurs idées de façon brute, sans rencontrer la barrière de la langue. Je peux voir ainsi s'ils
sont capables de dévoiler leurs sentiments face à l'art, et s'ils y sont sensibles. Certains élèves restent
dans la description des tableaux (cf annexe 9). Cela aurait pu être évité si j'avais organisé un
moment collectif pour rechercher du vocabulaire à employer pour exprimer des sentiments, des
impressions.
-La restitution de cet exercice à l'oral oblige les élèves à justifier ce qu'ils avancent. Ainsi je peux
mettre en évidence le fait que les sentiments éprouvés devant une oeuvre ne sont pas dus au hasard,
mais que des éléments (les couleurs, les lieux représentés et ce qu'ils suggèrent) orientent ces
impressions. Par exemple, les couleurs vives donnent une impression de joie, des tableaux sombres
inspirent la peur ou la tristesse, les tableaux qu'on ne comprend pas de prime abord traduisent le
mystère, l'étonnement...).
-Ce moment d'observation et d'interprétation des tableaux était trop bref. Je n'ai pas exploité ce que
les élèves ont écrit pour chaque tableau. J'aurais pu, par exemple, redistribuer les écrits des élèves
au hasard dans la classe. Chaque élève aurait lu les impressions d'un autre: s'il n'est pas d'accord, il
doit justifier en utilisant des éléments du tableau. J'aurais pu également reprendre les mots des
élèves et demander au groupe classe à quels tableaux ils peuvent correspondre et pourquoi.
-Pour clore la séance, j'ai demandé aux élèves si les tableaux leur plaisaient et pourquoi. Cette
question permet des réponses assez libres de la part des élèves et conclut la séance dans une
atmosphère détendue.
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c) Séance 3: Evaluation
Description de la mise en oeuvre
-Un questionnaire est distribué aux élèves (cf annexes 10, 11, 12). Je relis, lentement et en faisant
des pauses, la partie de l'album vue depuis le début. Les élèves ont le texte sous les yeux et
répondent aux questions à l'écrit pendant ma lecture. Les questions portent sur les passages
particulièrement travaillés en classe.
Analyse
-Il s'agit ici pour les élèves de se souvenir du travail d'interprétation fait en classe. Cela me permet
de me rendre compte de ce qui a été retenu et compris.
-Première question (question de compréhension): la plupart des élèves cerne bien la question du
narrateur (cf annexes 10, 11, 12). Cette question avait été posée lors de la première séance et les
réponses ont évolué: le terme de narrateur apparaît et est employé, et à bon escient, alors que lors de
la première séance, le terme n'apparaissait pas, et le concept était confus.
-Deuxième question (question de compréhension): les réponses montrent que tout n'est pas clair.
Certains élèves n'ont pas compris pourquoi le passage en question paraît ne pas être à sa place( cf
annexes 10): comme il s'agit d'un passage qui décrit les lieux, il sert à planter le décor et trouve
mieux sa place au début afin que le lecteur visualise l'espace. Il aurait fallu passer plus de temps sur
cette question à l'oral.
-Cette troisième question sur le lexique paraît simple pour les élèves, ils retrouvent facilement des
mots précis du texte. Il en est de même pour la quatrième question (cf annexes 10 et 12).
-La cinquième question concerne l'interprétation. Même si le mot « inspiration » n'apparaît pas chez
tous les élèves, l'idée est comprise. Les élèves se souviennent des discussions menées en classe (cf
annexes 10 et 11).
-La dernière question est une question de compréhension littérale, il s'agit d'éléments du texte. La
plupart des élèves a bien compris cette question. Encore une fois, j'aurais dû poser les questions de
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la plus simple à la plus complexe, selon l'ordre décrit par Jocelyne Giasson.
Ce questionnaire m'a permis d'évaluer les élèves. J'ai pu voir quelle a été leur compréhension de
l'histoire, et quels points restaient à approfondir. Le défaut est que je n'ai pas utilisé ce questionnaire
par la suite pour reprendre les points restés flous.
d) Séance 4: lecture plaisir
Description de la mise en oeuvre
-Je lis la suite de l'album à haute voix. Il y a ensuite une discussion libre autour de l'album.
Analyse
-Cette séance a plu aux élèves. Il est important d''aménager ces temps de lecture plaisir pour donner
aux élèves le goût de lire.
-Je me suis aperçue que l'album était difficile, et j'ai pensé qu'il ne servait à rien de creuser encore
plus l'interprétation. En outre, je ne voyais pas comment mener d'autres séances autour de cet album
tout en variant la forme de celles-ci. Les instructions officielles précisent bien qu'il ne s'agit pas
d'étudier dans le détail les textes choisis. Le temps passé sur un texte ne doit pas être trop long car
les élèves se lasseraient. « L'essentiel est de permettre que l'oeuvre vienne s'inscrire dans la mémoire
de chacun » .
e) Séance 5: lecture plaisir
Description de la mise en oeuvre
-Des élèves lisent un passage de l'album qui a été préparé.
-Je lis la fin de l'album et je donne la parole aux élèves pour savoir ce qu'ils ont compris, s'ils ont
aimé. Les élèves essaient de résumer l'album oralement et sont, pour la plupart, déçus de voir
l'histoire se terminer.
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Analyse
-J'ai pu faire le simple constat que les élèves étaient motivés pour la lecture. Cela vient peut-être du
fait que la lecture était préparée: les difficultés de lecture étant surmontées, les élèves sont à l'aise
pour lire devant la classe et ils prennent du plaisir.
-Il y a dans cette séance un manque évident: une trace écrite, par exemple un résumé de l'histoire
construit par les élèves.
L'album a permis ici d'entrer dans la littérature et dans l'interprétation. Les élèves ont pris beaucoup
de plaisir à le découvrir, ce qui est un bon départ pour entrer dans les apprentissages.
C) L'ALBUM ET L'EXPRESSION ECRITE (cycle 3, CM2): Le collectionneur
d'instants, Quint Buchholz
a) Séance 1: Découverte du support, le premier tableau de l'album
Afin de ne pas enfermer la littérature sur elle-même, j'ai décidé d'exploiter le plus possible Le
collectionneur d'instants. Cet album se prête particulièrement bien à la production d'écrits.
Description de la mise en oeuvre (cf fiche de préparation, annexe 13)
-Découverte du tableau de l'album choisi par l'enseignante (cf annexe 14). Ce tableau sera le point
de départ de la production. Je montre le tableau aux élèves et je lis le titre. Je pose les questions
suivantes: « Comment comprenez-vous le titre? », « Quelles questions vous posez-vous en voyant
ce tableau? »
-Consigne: « Le titre du tableau sera la première phrase de votre texte (le titre donne des indications
sur ce qui s'est passé avant la scène du tableau). Vous devez continuer en écrivant ce qui se passe
dans le tableau (derrière le mur), selon vous. Il ne s'agit pas de décrire le tableau, mais d'imaginer ce
qu'on ne voit pas. »
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-Écriture: les élèves écrivent leurs premières idées, et je ramasse les feuilles pour une première
correction.
Analyse
-La question « Comment comprenez- vous le titre? » était confuse. Il faudrait la remplacer par « Que
décrit le titre? », « Correspond-il au tableau? », « Quel moment illustre-t-il? » . Grâce à ces
questions, les élèves auraient moins besoin de mon intervention pour arriver à ce que je veux.
- « Quelles questions vous posez-vous en voyant ce tableau? » Cette question est posée dans
l'unique but de faire que les enfants se demandent ce qu'il y a derrière le mur, et cela fonctionne.
-Certains élèves ont du mal à démarrer. Je pense que cela vient du manque d'explications. Il faudrait
d'abord décrire le tableau avec les élèves. Cela aurait évité que certains soient tentés de le faire dans
leur texte. Cela aurait aussi donné quelques idées à ceux qui n'en avaient pas. Pour résumer, il
faudrait prendre plus de temps pour donner les explications et la consigne, et faire reformuler cela
par les élèves. Une orientation devrait être donnée sur les temps verbaux à employer en fonction de
la phrase-titre de départ, pour respecter la coordination des temps.
b) Séance 2: Premières corrections des productions
Description de la mise en oeuvre
-Les élèves corrigent leurs écrits en fonction de mes remarques et continuent leur texte. Je réponds
individuellement aux questions des élèves, en ce qui concerne, par exemple, de la recherche de
vocabulaire, des questions de syntaxe...
Analyse
-Il manque des mises au point collectives pour recentrer les élèves sur le sujet (rappel de la
consigne, conseils pour continuer). Il faudrait faire des points sur l'observation réfléchie de la
langue: vocabulaire, conjugaison, expressions... en fonction des difficultés des élèves lors du
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premier jet.
c) Séances 3, 4 et 5: suite et fin de la production d'écrits
Description de la mise en oeuvre
-Lors de ces trois séances, ceux qui ont terminé peuvent taper leur texte grâce au traitement de texte
ou imaginer sur le cahier d'essai la suite de l'album dont la lecture est terminée (en effet, certains
étaient déçus de voir l'histoire se terminer). Les autres continuent leur texte de la même façon que
lors de la séance 2.
Analyse
-Le travail demandé a pris trop de temps et s'est étalé sur un trop grand nombre de séances. Je pense
que cela vient de ma consigne qui n'était pas assez précise. Le travail n'a pas été assez guidé au
départ.
d) Analyse de productions d'élèves (cf annexe 15)
-La phrase de départ était: « Tout devant, était assise une vieille dame à l'ombre d'un châtaignier, et
elle indiquait le chemin aux visiteurs. » Certains élèves ont fait de belles transitions entre cette
phrase et leur texte. Cela est une bonne chose, mais je n'avais pas pensé à donner la consigne de lier
cette phrase avec le reste, ni à expliquer ce qu'est une transition et comment la faire.
-Certains élèves passent des temps du passé à des temps du présent. En effet, je n'ai pas fait de mise
au point à ce sujet. Cela valorise d'autant plus ceux qui ont respecté la concordance des temps.
Cependant, ceux qui ne l'ont pas fait ne sont pas pénalisés.
-De nombreux élèves n'utilisent pas assez de ponctuation. La cause est la même que précédemment:
aucune consigne n'était donnée à ce sujet.
-Quelques élèves s'éloignent du sujet. Je pense que cela vient du manque de précision dans la
consigne de départ.
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-Au niveau de la syntaxe, elle n'est pas toujours très correcte. Il faudrait rappeler aux élèves que le
style doit être soigné et que nous n'écrivons pas comme nous parlons.
Les élèves étaient lancés seuls dans l'activité, ils n'étaient pas assez guidés. Il manquait des
précisions pour compléter la consigne. Le point le plus fort que je retiendrai et qui changera ma
pratique à l'avenir sera le manque d'observation réfléchie de la langue en rapport avec le travail
d'écriture. Des mises au point collectives auraient permis de plus cadrer les élèves.
Voici un passage de Qu'apprend-on à l'école élémentaire?: écrire des textes « n'est possible qu'à
condition de sérier les difficultés de manière à ne jamais les présenter toutes en même temps et à
exercer séparément les différentes composantes de la production de textes. » C'est exactement ce
que je n'ai pas fait, cela aurait clarifié le travail des élèves. J'aurais aimé m'en rendre compte plus
tôt, mais seul le recul m'a permis de voir que cette erreur était présente durant toutes mes séances.
2) LES ALBUMS ET LES ARTS VISUELS
A) COMPARER UN ELEMENT DE L'ALBUM (Le collectionneur d'instants, Quint
Buchholz) AVEC L'OEUVRE D'UN PEINTRE EN VUE D'UNE PRODUCTION (cycle 3,
CM2)
a) Séance 1: Comparaison des tableaux de l'album avec l'oeuvre de Magritte
Toujours dans le souci de ne pas enfermer un domaine sur lui-même, il me paraissait évident
d'exploiter l'album au niveau des arts visuels. En outre l'album aborde le thème de la peinture, ce qui
est une réelle occasion d'entrer dans l'art. J'ai choisi d'aborder l'oeuvre de Magritte car certains
tableaux de l'album ressemblent à des tableaux de ce peintre.
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Description de la mise en oeuvre
-Je montre aux élèves les tableaux de l'album Le collectionneur d'instants de Quint Buchholz. Je
montre ensuite grâce à différents ouvrages, des oeuvres du peintre Magritte (notamment le livre Le
mystère Magritte, Angela Wenzel, Palette 2004). Les élèves font d'eux mêmes des comparaisons et
remarquent des ressemblances entre certains tableaux de l'album et certaines oeuvres de Magritte,
comme « L'image en soi », « La promesse », « La durée poignardée », La trahison des images ».
-Je pose la question suivante: « Dans ce que vous avez vu des oeuvres de Magritte, en avez-vous
vues certaines que nous serions capables de réaliser en classe? » De nombreux élèves parlent « des
oiseaux » et « des rideaux » .
-Je demande aux élèves s'ils ont une idée sur la façon de réaliser quelque chose de semblable. Ils
parlent principalement de collage. Nous commençons ensemble à identifier les différentes étapes
nécessaires à la production. Il s'agit pour l'instant d'hypothèses.
Selon les programmes du cycle 3 en arts visuels, les élèves doivent avoir une rencontre avec des
oeuvres. C'est le cas lors de cette séance grâce à la comparaison entre les tableaux de l'album et ceux
de Magritte.
Analyse
-Cette séance est indispensable pour que les élèves entrent dans le monde de l'oeuvre de Magritte.
C'est une séance de découverte qu'ils ont aimée.
-J'aurais dû approfondir la découverte de Magritte en parlant un peu plus de son oeuvre, en donnant
le titre des tableaux qui vont nous inspirer et la technique utilisée par le peintre.
b) Séances 2 et 3: production
Description de la mise en oeuvre (cf fiche de préparation, annexe 16)
-Je montre à nouveau certains tableaux de l'album et certaines oeuvres de Magritte. Les élèves font
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un rappel de ce qui a été dit lors de la première séance.
-Étapes-consignes:
1-Choisir une forme facile à dessiner et facilement reconnaissable (contour, silhouette de quelque
chose).
2-Décalquer la silhouette sur du papier plus rigide. Cela donne le gabarit, il faut le découper.
3-Choisir, dans des catalogues apportés par les élèves, un motif sur lequel on veut découper la
forme. Il faut ensuite reporter le gabarit sur le motif et découper.
4-Choisir la couleur du fond en fonction des couleurs choisies pour la silhouette. Faire le fond,
uniforme, à la craie grasse.
5-Coller la silhouette sur le fond.
La séance se situe maintenant plutôt dans le volet d'acquisition de savoirs et de savoir faire ainsi que
dans la pratique créative. La première séance étant plus dans le volet culturel.
Analyse
-La première étape est difficile, particulièrement pour des élèves de CM2 qui sont vite bloqués par
un manque d'idées. Certains trouvent vite des pistes, mais d'autres ne commencent pas. Ils ne savent
pas quoi dessiner. Cela provoque un décalage dans le temps entre les élèves, qui va se répercuter
tout au long de la séquence.
Il aurait fallu un moment collectif pour donner des pistes aux élèves et faire des catégories au
tableau: des végétaux, des objets, des silhouettes humaines... Dans cette étape, les élèves auraient
donné leurs idées, ce qui aurait éveillé l'imagination des autres.
-Pour la deuxième étape (reporter la silhouette sur du papier plus rigide), je pensais faire reproduire
aux élèves leur dessin sans décalquer. Mais, une personne chargée de mon suivi m' a soumis l'idée
d'utiliser la lumière des fenêtres de la classe. Les élèves vont donc décalquer leur dessin en
s'appuyant sur la vitre.
-Lors de la recherche dans les catalogues, les élèves semblent avoir bien compris le principe: ils
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cherchent à ce que leur silhouette soit faite d'une seule sorte de motif, uniforme au niveau des
couleurs. Ils doivent alors être attentifs à ne pas prendre un morceau de page trop petit pour leur
silhouette.
-La quatrième étape n'est pas la plus facile. Il faut choisir la couleur du fond. Ce sujet avait été
abordé auparavant et il était apparu que la couleur ne devait pas être exactement la même que celle
de la silhouette. Cependant, il faut que la silhouette et le fond soient assorties, donc les couleurs ne
doivent pas non plus être trop éloignées les unes des autres.
-Le collage de la silhouette sur le fond est une étape importante puisque c'est à ce moment que
l'élève peut prendre du recul par rapport à sa production et en apprécier le rendu.
-Pendant la réalisation, je me suis aperçue que quelques élèves n'avaient pas compris ce à quoi nous
voulions aboutir. J'aurais dû vérifier la compréhension plus tôt (en faisant plus reformuler les
étapes) et réaliser moi-même une production pour leur montrer ce que j'attendais. Il aurait été utile
également de refaire le parallèle entre leur production et celle de Magritte.
-Encore deux séances ont suivi afin de réaliser toutes les étapes.
Grâce à l'entrée par l'album, les élèves entrent dans l'apprentissage d'une technique à partir de leurs
observations. Il s'agit de glisser de « l'album-littérature » aux arts visuels grâce aux tableaux de
l'album. Si le temps l'avait permis, j'aurais aimé réactiver le lien avec l'album en demandant aux
élèves de donner un titre « en décalage » à leur production. Cela aurait rappelé le fonctionnement
des titres des tableaux de l'album: les titres ne correspondent pas au moment représenté par le
tableau, mais au moment précédent ou suivant. Par exemple, un des tableaux a pour titre « Quelques
instants plus tard, un taxi s'engagea dans la rue déserte, abandonnée », alors qu'il n'a de commun
avec son titre que la rue.
c) Analyse de productions d'élèves (cf annexes 17, 18, 19)
-Sur les sept productions empruntées aux élèves, une seule a vraiment respecté l'idée d'harmonie des
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couleurs (cf annexe 17): il fallait une couleur de fond voisine de celles de la silhouette. La consigne
d'homogénéité des couleurs n'a pas été bien passée. Il aurait fallu observer plus longuement l'oeuvre
de départ et cerner la cause des effets produits. En observant les productions, je me rends compte
que le reste des consignes a été bien respecté.
Il me semble que les élèves ont pris du plaisir à effectuer cette activité.
B) PARTIR D'UN PERSONNAGE DE L'ALBUM POUR REALISER UNE
PRODUCTION (cycle 1, PS-MS): Elmer,David McKee (cf annexe 20)
L'album Elmer relate l'histoire d'un éléphant multicolore qui voudrait bien être comme les autres.
Introduction aux couleurs et aux animaux de la jungle. Un jour, Elmer, éléphant bariolé, n'accepte
plus sa différence. Il se peint en gris; dès lors, plus personne ne rit. Un jour de pluie, Elmer retrouve
ses couleurs et sa gaieté. Ses amis décident qu'une fois par an, ils se teindront également pour fêter
Elmer. Cet album convient bien pour la période de Carnaval.
Description de la mise en oeuvre (cf fiche de préparation, annexe 21)
-L'album a été lu en plusieurs fois. Elmer a été décrit par les élèves: multicolore, bariolé...
-Les élèves disposent de différentes couleurs de peinture ainsi que de morceaux de jeux de
construction, de pinceaux et de petites éponges. Avec ce matériel, ils décorent les cases de l'éléphant
Elmer, en changeant de couleur et de procédé pour les différentes cases.
-Les élèves emploient le mot multicolore employé au préalable par l'enseignante.
Analyse
-La motivation des enfants est grande puisqu'ils sont fiers de représenter le personnage principal de
l'album.
-La consigne est respectée par tous, même s'ils ont parfois du mal à changer d'outil.
-Le lien avec l'album est une motivation supplémentaire pour les élèves: ils savent ce qu'ils font et
ils savent pourquoi. Le rapport avec l'album est parfois implicite, mais évident pour les élèves.
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Si le temps me l'avait permis, j'aurais aimé fabriquer Elmer en volume avec les élèves. Il aurait fallu
un ballon de baudruche un peu gonflé, recouvert de papier mâché, auquel on aurait ajouté quatre
rouleaux de papier toilette pour les pattes et un pour la trompe. Les oreilles seraient découpées dans
du papier cartonné. Enfin, il suffirait de coller des carrés de papiers colorés sur tout le corps de
l'éléphant.
Ce projet sera peut-être réalisé un jour, mais au cours de ce stage en maternelle, je me suis aperçue
que les enfants ont besoin de beaucoup de temps pour effectuer une activité!
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3) LES ALBUMS ET LE DOMAINE SCIENTIFIQUE
A) L'ALBUM ET LES SCIENCES (cycle 2, CP-CE1): La mouche, Véronique Boutinot
(cf annexe 22)
a) Séance 1: représentations initiales
Description de la mise en oeuvre
-Les élèves dessinent une mouche comme ils pensent la connaître.
-Je pose la question suivante: « Quelles questions vous posez-vous sur la mouche? » Les élèves
posent des questions à l'oral et je les note au tableau tout en les triant (questions sur le corps,
questions sur la reproduction...)
Analyse
-Le dessin des élèves me permet d'évaluer leurs connaissances.
-Certaines questions des élèves me posent problème car elles soulèvent des sujets dont je ne pensais
pas parler (par exemple: « La mouche pond-elle des oeufs? »). En effet, vu le temps dont je
disposais, je ne comptais travailler que sur le corps de la mouche. Pour éviter certaines questions,
j'aurais dû préciser ce que je demandais: « Quelles questions vous posez-vous sur le corps de la
mouche? Ou sur les parties du corps de la mouche? » . Si j'avais eu plus de temps, j'aurais pu mettre
les questions « hors-sujet » de côté pour une séquence suivante, en disant aux élèves que ce n'est pas
le propos du jour mais que ces questions seront abordées plus tard.
b) Séance 2: Le corps de la mouche
Description de la mise en oeuvre
-Les élèves se font passer une mouche en plastique, à grande échelle, et l'observent. Ensuite ils
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devaient la dessiner et se rendre compte des différences qu'il pouvait y avoir avec leur premier
dessin. Ils ont observé la mouche, mais le temps n'a pas permis de faire le dessin d'observation.
-Les élèves nomment les parties du corps de la mouche, je les écris au tableau.
-Je distribue aux CE1 le dessin d'une mouche avec des traits de légende pour les parties du corps. Ils
doivent écrire les bons noms aux bons endroits.
-Les CP ont la même activité, mais ils disposent d'étiquettes avec les noms des parties du corps de la
mouche et doivent les coller à leur place(cf annexe 23).
Analyse
-Il aurait été plus intéressant d'observer de vraies mouches avec une loupe.
-Comme le dessin d'observation n'a pas été effectué, ma question était: « Sur le dessin de la dernière
séance, avez- vous mis toutes les parties du corps?Lesquelles? Lesquelles faudrait-il ajouter? »
-Légender le dessin était trop simple pour les CE1: il leur suffisait de copier le mot au tableau
puisque les emplacements des parties du corps ne posent aucun problème.
-Apparaît dans la séance un manque certain d'échanges entre les élèves. En effet, je ne provoque pas
les échanges entre pairs, au contraire, je monopolise la parole. Je pense que cela a un rapport avec le
manque de temps: je ne laisse pas parler les élèves de peur de dévier de mon sujet de départ.
c) Séance 3: lecture de l'album
J'appuie l'introduction de l'album sur un passage des instructions officielles: « il est essentiel que
l'ouvrage documentaire apparaisse dans sa fonction de référence et soit l'une des étapes d'un travail
de construction de connaissances... Le texte informatif peut être parcouru comme un album et lu à
haute voix par le maître. »
Description de la mise en oeuvre (cf fiche de préparation, annexe 24)
-Découverte de la première et de la quatrième de couverture.
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-Je lis l'album, en entier, en montrant les illustrations de chaque page.
-Discussion sur l'album: inventaire de ce que mange la mouche et de ses ennemis. Cette étape se fait
sous forme de dictée à l'adulte (j'écris au tableau).
Analyse
-J'ai eu des problèmes de gestion du temps. La séance a été plus longue que prévu.
d) Séance 4: A quoi servent les différentes parties du corps de la mouche?
Description de la mise en oeuvre
-Je relis l'album.
-Les élèves disposent d'un tableau: une colonne où sont écrites les parties du corps de la mouche, et
une colonne vide. Les CE1 doivent écrire en face de la partie du corps à quoi elle sert et les CP
doivent coller la bonne étiquette (cf annexe 25).
Analyse
-Les CE1 travaillent seuls et je m'occupe des CP car ils doivent trouver des indices pour lire les
étiquettes. Quand les élèves ont un doute, je cite le passage de l'album qui correspond.
-Si j'avais eu plus de temps, j'aurais abordé la schématisation à partir de la nourriture de la mouche
et de ses ennemis. J'aurais ainsi introduit les flèches pour « est mangé par » .
J'aurais également exploité l'album plus profondément au niveau littéraire. Il serait par exemple
possible d'écrire un album sur un autre animal tout en s'inspirant de la structure de celui qui a été
présenté.
-Le rôle de l'album dans l'activité était d'illustrer des propos, de confirmer ou non des hypothèses. Il
aurait pu être lu dès la première séance afin de présenter le sujet et de montrer dès le début le lien
entre l'album et les sciences. Ici, il intervient un peu tard.
L'album a été peu exploité, mais les séances montrent tout de même le lien possible entre l'album et
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les sciences. Avec plus de temps, j'aurais pu exploiter l'album au niveau littéraire. J'ai pu lire, dans
l'article Lire des textes littéraires pour aller à la rencontre – à l'encontre – des sciences de Patrick
Avel, Anne- Marie Lanoizlé et Jacques Crinon, tiré de la revue Argos (n°35): « Apprendre à lire des
textes littéraires et apprendre à lire des documentaires scientifiques présentent en partie des
difficultés analogues et requièrent des compétences communes de la part du lecteur: celles qui
permettent de combler les « lacunes » d'un texte en mettant en relation ce que dit le texte et des
connaissances extérieures au texte. »
Ce passage confirme la démarche qui consiste à faire des liens entre les différents domaines.
B) L'ALBUM ET LES MATHEMATIQUES (cycle 1, MS): Maman, Mario Ramos (cf
annexe 26)
L'album Maman est un album à compter. Un petit garçon cherche sa maman dans toutes les pièces
de la maison. A chaque fois, il découvre des animaux sauvages: un dans une pièce, deux dans une
autre, jusqu'à dix. Enfin, il appelle sa maman dans le jardin pour lui dire qu'il y a une araignée dans
sa chambre! A chaque page correspond un nombre qui est aussi représenté sous sa forme de chiffre
écrit.
Description de la mise en oeuvre (cf fiche de préparation, annexe 27)
-L'album est utilisé à la fois comme support de langage et comme réactivation de la comptine
numérique.
-Je montre la première de couverture de l'album. Les élèves disent ce qu'ils voient.
-Je lis l'album en arrêtant à chaque page pour montrer l'illustration et laisser la parole aux élèves.
« Que voyez-vous? Combien y-a-t-il d'animaux? Qu'y a-t-il d'écrit sur cette page? »
-L'album est repris depuis le début, en tournant les pages assez rapidement, pour découvrir la
comptine numérique jusqu'à dix. Certains élèves l'avaient remarquée, d'autres avaient besoin de
cette étape.
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Analyse
-Les élèves sont très actifs, et au fil des pages, sont de plus en plus motivés pour repérer les détails
et les verbaliser.
-Cet album permet de mettre en évidence une structure régulière: les remarques à faire pour chaque
page sont répétitives, même si le contenu change: le nombre d'animaux, le chiffre écrit à un endroit
de chaque page.
-Les objectifs visés sont atteints: nommer les animaux de l'album, dénombrer les animaux sur
chaque page et lire le chiffre écrit quelque part sur la page. Il y a principalement un objectif de
langage: prendre la parole pour proposer une description, mais il est recoupé par des objectifs qui
concernent le domaine des quantités et des nombres.
-L'entrée par l'album paraît intéressante pour capter l'intérêt des enfants. Ils sont motivés par l'objet
album, qui a l'avantage de les faire entrer dans une histoire tout en leur faisant utiliser le langage
dans un but précis. L'album se révèle être un outil très riche puisqu'il permet d'atteindre des objectifs
dans différents domaines. Un des indices de la réussite de la séance est le fait que les élèves se
prennent au jeu: ils ont tous envie de prendre la parole.
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CONCLUSION
Au travers des expériences vécues lors de mes différents stages, j'ai pris du plaisir à travailler
avec les albums. Par les analyses de mes séances, je pense avoir montré l'efficacité des albums
lorsqu'ils sont liés à un ou plusieurs domaines d'apprentissage.
Lors de mes stages, j'ai pu constater qu'il est possible de lier l'album au français bien sûr (langage
oral, littérature, production d'écrits), mais aussi à d'autres domaines d'apprentissage comme les
sciences, les mathématiques, les activités artistiques, suivant l'album exploité.
Tous les albums ne permettent pas ce type de travail: parfois, un album permet d'aborder un seul
domaine d'apprentissage, ce qui suffit à donner du sens. En outre, il ne faut pas oublier que la
lecture plaisir reste essentielle dans les trois cycles de l'école.
Je voulais montrer qu'en orientant ses choix, il est possible de créer une unité à partir de l'album,
avec un ou plusieurs apprentissages, et que grâce à cette unité, les apprentissages sont favorisés. En
effet, j'ai pu observer que cette démarche fait sens pour les élèves: ils savent pourquoi ils travaillent
sur tel ou tel point puisqu'ils sont en mesure de voir le rapport existant avec l'album. L'avantage de
ce type de travail est aussi dans le fait que les élèves cloisonnent moins les apprentissages dans leur
esprit, ils constituent un tout.
Le constat le plus certain est que les élèves du cycle 1 au cycle 3 sont très motivés lorsqu'un album
leur est présenté. Il a été très agréable pour moi de voir que les CM2 peuvent être si sensibles à la
littérature de jeunesse. J'aimerais conclure avec une citation de Jean Fabre, créateur de la maison
d'édition L'Ecole des loisirs, qui peut mettre en évidence la raison de l'efficacité des albums pour
favoriser les apprentissages: « L'album est avant tout un jeu: le jouet éducatif par excellence à partir
de trois ans. Le jeu est invention, fantaisie, liberté. Chez l'enfant, il déclenche un dynamisme créatif
qui oscille entre l'imaginaire et le réel. Il constitue une première approche du monde organisé par
des adultes. Par le jeu, l'enfant apprend à se situer dans son environnement, il apprend à évoluer
dans des situations qu'il choisit, adapte et renouvelle à son gré ».
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BIBLIOGRAPHIE
Albums, modes d'emploi: cycle 1, 2 et 3, Dominique Alamichel, CRDP Créteil, Argos démarches,
2000
Comment utiliser les albums en classe (cycle 1, 2, 3), Christian Poslaniec, Christine Houyel, Hélène
Lagarde, Retz, 2005, Pédagogie pratique
Des albums pour une situation, Rémy Stoecklé, Colin, 1986
L'album pour enfant. Pourquoi? Comment?, Bourguignon J-C, Gromer B, Stoecklé R, Armand
Colin Bourrelier
La compréhension en lecture, Jocelyne Giasson, ed. De Boecke, 1996, collection Pratiques
Pédagogiques
La littérature de jeunesse à l'école, Renée Léon, Hachette Education, 2004
Le mystère Magritte, Angela Wenzel, ed. Palette, 2004, collection L'art et la manière
Les croisements disciplinaires, Argos (Le Perreux), 09/2004, n°35
Littérature: album et mathématiques: cycle 2, Nadia Miri, Anne Rabany, Bordas, 2004, collection
Enseigner aujourd'hui
Qu'apprend-on à l'école élémentaire?, Luc Ferry, Xavier Darcos, CNDP, 2003
Qu'apprend-on à l'école maternelle?, Luc Ferry, Xavier Darcos, CNDP, 2003
Sciences et français, l'interdisciplinarité par les albums, Claudio Rubiliani, Anne-Marie
Kolodziejczyk, CRDP Poitiers, 2002
29
ANNEXES
-Annexe 1: couverture de l'album Dix petites graines, Ruth Brown
-Annexe 2: couverture de Le collectionneur d'instants, Quint Buchholz
-Annexe 3: fiche de préparation en littérature (séance 1, CM2)
-Annexe 4, 5 et 6: productions d'élèves de CM2 (questionnaire en littérature)
-Annexe 7: fiche de préparation en littérature (séance 2, CM2)
-Annexes 8 et 9: productions d'élèves de CM2 (impressions sur les tableaux de l'album)
-Annexes 10, 11, 12: productions d'élèves de CM2 (questionnaire en littérature)
-Annexe 13: fiche de préparation en expression écrite (séance 1, CM2)
-Annexe 14: tableau de l'album utilisé comme support pour l'expression écrite
-Annexe 15: production d'un élève de CM2 en expression écrite
-Annexe 16: fiche de préparation en arts visuels (CM2)
-Annexes 17, 18, 19: production d'élève de CM2 en arts visuels
-Annexe 20: couverture de l'album Elmer, David McKee
-Annexe 21: fiche de préparation, le regard et le geste (PS-MS)
-Annexe 22: texte de l'album Une mouche passe, Véronique Boutinot
-Annexe 23: travaux proposés à des élèves de CP-CE1 en sciences
-Annexe 24: fiche de préparation en sciences (CP-CE1)
-Annexe 25: travaux proposés à des élèves de CP-CE1 en sciences
-Annexe 26: couverture de l'album Maman, Mario Ramos
-Annexe 27: fiche de préparation en découverte du monde (MS)
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Delphine Durand – Gendulphe Année: 2006
Quels apprentissages sont favorisés par la lecture d'albums?
Résumé
La lecture d'albums en classe favorise bien sûr les apprentissages qui relèvent du domaine du
français. Mais il ne faut pas oublier qu'il est possible, en orientant le choix des albums et en
adaptant la façon de les aborder, de lier certains albums à d'autres apprentissages: découverte du
monde, arts visuels...
En utilisant cette démarche, quand cela est possible, les élèves se sentent plus concernés par les
apprentissages puisqu'ils peuvent donner du sens en faisant un lien avec un album.
Mots clés
albums-apprentissages-interdisciplinarité-plaisir-donner du sens.