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Quelle grâce que cette confiance qui change le cours d’une vie! La confiance n’a pas de limite, elle embellit le visage et le cœur des pèlerins qui osent en toute simplicité confier une page de leur histoire à la Vierge de Lourdes et à Bernadette. Le rayonnement de la Vierge de Lourdes se rend jusqu’à Rigaud. Avec confiance faisons nôtre la prière de Bernadette : « Jésus est mon modèle, Jésus est ma force, Jésus est ma vraie consolation, Jésus, dès ce moment, mon cœur vous appartient.» Oui, avec simplicité et confiance venez risquer un moment de silence pour entendre battre votre cœur qui a besoin d’un repos, d’une parole de guérison pour rendre grâce et retrou- ver la joie et le bonheur de vivre. René Pageau, c.s.v., Recteur 1

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Quelle grâce que cette confiance quichange le cours d’une vie! La confiance n’a pasde limite, elle embellit le visage et le cœur despèlerins qui osent en toute simplicité confierune page de leur histoire à la Vierge de Lourdeset à Bernadette.

Le rayonnement de la Vierge de Lourdesse rend jusqu’à Rigaud. Avec confiance faisonsnôtre la prière de Bernadette : « Jésus est monmodèle, Jésus est ma force, Jésus est ma vraieconsolation, Jésus, dès ce moment, mon cœurvous appartient.»

Oui, avec simplicité et confiance venezrisquer un moment de silence pour entendrebattre votre cœur qui a besoin d’un repos, d’uneparole de guérison pour rendre grâce et retrou-ver la joie et le bonheur de vivre.

René Pageau, c.s.v.,Recteur

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elle et incisive! Au chapi-tre quatrième de la lettre

aux Hébreux, l’auteur a cesmots admirables pour évoquerla parole de Dieu:

Elle est vivante la parole deDieu, énergique et plus cou-pante qu’une épée à deux tran-chants; elle va jusqu’au point departage de l’âme et de l’esprit,des jointures et des moelles;elle juge des intentions et despensées du coeur.

En méditant ce verset, le so-ciologue et théologien Fernand Du-mont disait que la Bible n’est pas quela parole de Dieu, sa simple identifi-cation matérielle. Dieu se donne àentendre dans la Bible. La nuanceest de taille. Littéralement, Dieu yparle. Si les textes de la parole quenous avons en main sont l’incarna-tion bien concrète de la Révélationde Dieu, pour nous chrétiens, aucoeur de cette parole loge un mys-tère, le mystère même de Jésus,Christ, Verbe incarné, Parole faitechair.

On m’a demandé un textesur la beauté de la Parole. Cellequ’on écrit avec le grand P, la Parole

de Dieu va sans dire. Mais pour latrouver belle avec un goût de mielpour reprendre les mots du prophèteÉzéchiel (Ez 3: 1-3), il faut l’avoircroisée sur sa route, s’en être nourrimême si parfois elle n’est pas quedouceur et peut se faire amère,l’avoir laissée pénétrer jusqu’au plusprofond de son être comme cetteépée à deux tranchants.

Au coeur d’une rencontre

Concrètement, elle loge aucoeur d’une rencontre. Rencontreentre les textes de nos bibles ou denos lectionnaires et la lecture person-nelle que j’en fais ou leur auditiondans le cadre d’une célébration suiteà une proclamation.

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Dans la lecture personnelle,Dieu parle dans le secret du coeur,dans la célébration il se donne maté-riellement à entendre par la voix dulecteur. Mais c’est toujours le mêmeDieu qui parle et voilà bien le pre-mier émerveillement de la rencontrequi se joue entre écriture et parole.

Un double rapport au texte

La communauté à laquellej’appartiens a été fondée en1831 par le vénérable LouisQuerbes. Il avait choisipour l’inspirer la figured’un jeune clercayant vécu au 4esiècle. Son nomest Viateur. Safonction était celle delecteur. Depuis, il necesse de nous guider. Orque fait un lecteur? Soit il lirapour lui dans le secret de sachambre ou d’une bibliothèque, soitil lira pour d’autres en proclamanthaut et fort le texte qu’il a devant lui,en délivrant les paroles qu’il contient.Un lecteur entretient donc un doublerapport au texte écrit. C’est ce qu’ex-périmentait Viateur. D’un côté, ilcommuniait à la beauté de la Paroleen la goûtant pour lui-même. À cetitre il se faisait disciple. De l’autre,en la partageant par son service litur-gique, il devenait disciple mission-naire.

La rencontre qui s’effectueentre écriture et parole n’a jamais finid’étonner et peut-être de réveiller lespetits Viateur qui sommeillent enchacun de nous.

Beauté pour l’oreille et pour l’oeil

Si la parole prend tout sonéclat dans la proclamation - c’est bienle propre d’une parole d’être enten-due avant d’être lue - le graphisme

même d’un texte écrit n’est tout demême pas sans beauté. Si l’on

connaît la majesté des manus-crits médiévaux et de leurs

enluminures, les artistescontemporains nesont pas en reste.

J’en connais deux dontla contemplation passe

par la matérialité du texte.

Un premier, Levy Azoudayest un artiste juif vivant au Maroc. Ilcrée de fascinantes lithographiescomme cette image illustrant un épi-sode de la vie de Noé. L’artiste a uti-

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lisé la graphie du texte hébraïquepour construire son dessin. Le récitécrit est là et tout à la fois façonnel’image. La parole se donne littérale-ment à voir.

Un autre artiste, québécoiscelui-là, Simon Bertrand avec unepatience toute monastique élaboreune oeuvre fascinante essentielle-ment constituée d’une reproductionméticuleuse de textes à l’aide d’uneplume sur une toile. C’est ainsi qu’ils’est attaqué à la transcription littéralede la bible publiée chez Bayard.Quand je l’ai rencontré, déjà la toiles’étendait sur plusieurs mètres de

long. Elle permettait de porter un re-gard enveloppant sur l’ensemble dela bible, non pas à la manière d’unlibre fermé posé sur une table, maisen s’étalant là, devant nos yeux, dans

son entièreté. La parole écrite deve-nait oeuvre d’art.

Inépuisable beauté de la Pa-role, lue, proclamée, entendue etcontemplée du regard!

JJaaccqquueess HHoouullee,, cc..ss..vv.. Service catéchétique viatorien

FER JACQUES ST-DENIS INC 450-451-00781750, Grande-Montée, Chute-à -Blondeau On K0B 1B0 GESTION JOHN & STEVE PELLIN INC 450-424-1001605-A, route de La Cité des Jeunes, St-Lazare QC J7T 2A7

SERVICE D’ARBRE SPÉCIALISÉ ENR.862, Chemin de la Baie, Rigaud, Qc J0P 1P0 450 451-4133SALAH JÉRUSALEM A.R.100, blvd Industriel, Boucherville QC J4B 2X2 450-449-0550SOEURS DE L’INSTITUT JEANNE D’ARC 424, chemin Montréal, Ottawa On K1K 0V3 613 729-2973SOEURS NOTRE-DAME DU ST-ROSAIRE 418-723-2705300, Allée du Rosaire, Rimouski, QC G5L 3E3LES PETITES FRANCISCAINES DE MARIE201, rue Alfred Morin, Baie St-Paul QC G3Z 0K6

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lisé la graphie du texte hébraïquepour construire son dessin. Le récitécrit est là et tout à la fois façonnel’image. La parole se donne littérale-ment à voir.

Un autre artiste, québécoiscelui-là, Simon Bertrand avec unepatience toute monastique élaboreune oeuvre fascinante essentielle-ment constituée d’une reproductionméticuleuse de textes à l’aide d’uneplume sur une toile. C’est ainsi qu’ils’est attaqué à la transcription littéralede la bible publiée chez Bayard.Quand je l’ai rencontré, déjà la toiles’étendait sur plusieurs mètres de

long. Elle permettait de porter un re-gard enveloppant sur l’ensemble dela bible, non pas à la manière d’unlibre fermé posé sur une table, maisen s’étalant là, devant nos yeux, dans

son entièreté. La parole écrite deve-nait oeuvre d’art.

Inépuisable beauté de la Pa-role, lue, proclamée, entendue etcontemplée du regard!

JJaaccqquueess HHoouullee,, cc..ss..vv.. Service catéchétique viatorien

FER JACQUES ST-DENIS INC 450-451-00781750, Grande-Montée, Chute-à -Blondeau On K0B 1B0 GESTION JOHN & STEVE PELLIN INC 450-424-1001605-A, route de La Cité des Jeunes, St-Lazare QC J7T 2A7

SERVICE D’ARBRE SPÉCIALISÉ ENR.862, Chemin de la Baie, Rigaud, Qc J0P 1P0 450 451-4133SALAH JÉRUSALEM A.R.100, blvd Industriel, Boucherville QC J4B 2X2 450-449-0550SOEURS DE L’INSTITUT JEANNE D’ARC 424, chemin Montréal, Ottawa On K1K 0V3 613 729-2973SOEURS NOTRE-DAME DU ST-ROSAIRE 418-723-2705300, Allée du Rosaire, Rimouski, QC G5L 3E3LES PETITES FRANCISCAINES DE MARIE201, rue Alfred Morin, Baie St-Paul QC G3Z 0K6

adeleine Delbrêl est née le 24octobre 1904 à Mussidan, enDordogne, dans le sud-ouest

de la France. Elle est décédée le 13octobre en 1964, à l’âge de 60 ans, àIvry-sur-Seine dans le Val-de-Marneoù elle a vécu 30 ans. Fille uniquedans une famille indifférente à la foi,même si elle a été baptisée, fait sapremière communion et sa confir-mation, elle avoue que dans son mi-lieu, Dieu n’était peu ou pas nommé.

Les relations entre ses parentsont toujours été déplorables. Samère pleine de finesse et de délica-tesse avait reçu une éducation disci-plinée de petite bourgeoise. Sonpère, cheminot et autodidacte, dixans plus âgé, était imprévisible, re-belle, plein de projets et d’initiative,chef incontesté de la famille. On de-vait composer avec ses sautes d’hu-meur. Une dame de service dans lafamille veillera sur la bonne ententedu couple et accompagnera Made-leine toute sa vie; elle lui survivra etsera sa protectrice et sa premièreéducatrice.

Madeleine hérite de sa mèresans doute, mais elle avait un pen-chant pour son père : « Mon père

adoré, disait-elle, ne faisait riencomme tout le monde ». On recon-naîtra, chez elle, certains traitscontrastés du paternel. À l’automnede 1916, la famille aménage à Parisparce que le père vient d’être promuchef de gare. Il aimait la littérature etavait appris fièrement et bellement àcauser et à écrire. À Paris, la familleloge au cœur du quartier Montpar-nasse, lieu par excellence dubouillonnement littéraire et artis-tique.

En 1920, on la retrouve étu-diante à la Sorbonne en philosophie,en histoire de l’art, en littérature.

En 1922, à 19 ans, elle af-firme sans hésitation son athéisme.Elle devient amoureuse d’un jeune

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étudiant qui aimait comme elle ladanse, l’art et la poésie… Un véritablecoup de foudre! Le moment d’ungrand bonheur qui sera de courtedurée. Il lui révèle son projet de vie :devenir dominicain. L’amour est-ilencore possible? C’est la déprime!

Madeleine ne se doute pasque Dieu lui prépare des surprises.Il est à sa recherche; il lui donne ren-dez-vous un soir de danse où ellerencontre fortuitement un groupe dejeunes qui font la fête. Ces jeunessont à son image. Dans des discus-sions ouvertes elle prend consciencequ’elle partage les mêmes intérêts. Ilséchangent spontanément. La ques-tion de Dieu leur « paraissait être, dit-elle, indispensable comme l’air » àleur joie de vivre. Ces jeunes rencon-trés en ce soir de divertissement luiproposent de lui présenter un jourl’abbé Jacques Lorenzo qui devien-dra son confident. « Il fait exploseren moi, dira-t-elle, l’Évangile ». Elles’interroge longuement, puis ellenote : « Lisant et réfléchissant, j’aitrouvé Dieu ; mais en priant j’ai cruque Dieu me trouvait et qu’il est lavérité vivante, et qu’on peut l’aimercomme on aime une personne ».Madeleine se sent alors revisitée parle bonheur.

C’est donc dans la vingtaine,dans un moment d’éblouissement,qu’elle fera l’expérience de Dieu, et

qu’elle nous révèlera en toute simpli-cité : « Je ne pouvais plus honnête-ment laisser Dieu dans l’obscurité…Je choisis ce qui me paraissait lemieux traduire mon changement deperspective : je décidai de prier… àl’occasion d’un tintamarre quel-conque on avait évoqué Thérèsed’Avila, disant de penser silencieuse-ment à Dieu cinq minutes par jour…Dès la première fois je priai à ge-noux… Je l’ai fait ce jour-là et beau-coup d’autres jours et sanschronométrage. »

C’est alors que l’abbé Lo-renzo lui propose de s’engagercomme cheftaine pour être respon-sable d’une meute de louveteaux.C’était l’occasion pour elle de ren-contrer quelques jeunes filles déjà

impliquées dans l’animation desscouts. Le temps passe, puis elle lesinvite et leur propose des partagesd’Évangile.

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Quelques -unes songent à quit-ter avec elle pourIvry. Un projet lesattend! Le 15 octo-bre 1933, jour dedépart, plusieurs deses compagnes sedésistent. Elles nerestent que troispour lancer le pro-jet. Elles n’allaient pourtant qu’à troiskilomètres de Paris… Elles y allaient«comme des missionnaires sans ba-teau ». Madeleine y vécut plus de 30ans à lutter contre les injustices so-ciales avec « les gens de la rue », « lesgens ordinaires ». Elle a porté pas-sionnément l’Évangile avec ses com-pagnes dans cette commune diviséeentre les chrétiens d’un côté et lescommunistes de l’autre.

C’est bien ici que Madeleines’est mise avec son équipe au servicede la population ouvrière que l’ondénommait le « laboratoire de la ren-contre entre communistes et chré-tiens ». C’est bien ici qu’elle animaitses équipes de la Charité, nomdonné à la maison où logeaient leséquipes qui avaient comme objectif« d’aimer son prochain comme Dieunous aime, aimer les autres même sinous avions aucune raison de lesaimer, même si nous avions aucontraire toutes les raisons de ne pasles aimer… On vivait l’Évangile au

milieu des gens,dit-elle, on gagnaitsa vie dans sa pro-fession, on était à ladisposition de touscomme de simplesvoisines».

Madeleine s’estremise aux étudespour obtenir un

brevet officiel de travailleuse sociale.L’autre était infirmière et la troisièmeavait une compétence comme aidede laboratoire. L’équipe portait enmême temps la préoccupation de«l’esprit contemplatif » qui avait ins-piré ce projet apostolique. Made-leine, infatigable et fragile,déterminée, attirante et séduisante,inspirait confiance. Elle a appris às’ajuster et à se réajuster à la réalitéapostolique de son quotidien, puis àrassembler ses compagnes en unefraternité joyeuse, ouverte et accueil-lante.

D’autres collaboratrices, fasci-nées par leur projet, s’ajoutent auxtrois premières. Il fallait tout demême se définir : « Nous sommesdes vraies laïques, n’ayant pas d’au-tres vœux que nos promesses etnotre baptême ». Il fallait éviterqu’on les confonde avec des bonnesde presbytères et qu’on les identifiesous toutes sortes de noms qui par-fois pouvaient effleurer le ridicule.

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« Nous sommes douze endouze maisons, écrit Madeleine. Letravail que nous faisons n’a pasgrande importance en lui-même. Ilnous sert de lieu de témoignage del’Évangile, de terrain de rencontreavec notre prochain ».

C’est ainsi que le mot « cha-rité » sera revalorisé. La charité, c’estplus que faire l’aumône, que faire lacharité, comme on l’entendait. « Lacharité, c’est plus que le nécessairepour exister, pour vivre, pour agir »,la charité, c’est Quelqu’un, « on faitsa connaissance en faisant la connais-sance du Christ…»

Madeleine s’implique dans laMission de France en soutenant letravail des prêtres ouvriers : « La vo-cation de ces prêtres ouvriers, diraMadeleine, est une vocation quiporte en germe pour l’Église tout unavenir ». Ils travaillaient comme sala-riés en usine au service pastoral de laclasse ouvrière fortement déchristia-nisés tout en s’impliquant égalementdans les associations syndicales. Ilscollaboraient étroitement avec leséquipes de La Charité. Ils avaient lesmêmes objectifs.

Madeleine se rend à Romepour expliquer à Pie XII le bienfondé, dans le contexte social dé-christianisé, la mission de ces prêtres.Le Pape craint que la philosophie

communiste s’infiltre dans l’actionapostolique de ces pasteurs d’usine.Dans un document daté du 19 sep-tembre 1953, le Vatican ordonne lasuppression des prêtres ouvriers et lafermeture des séminaires qui les pré-paraient à leur mission. Avec quelledouleur, pour être fidèle à l’Église,Madeleine assume la décision de PieXII. Mais plus tard, après le ConcileVatican II, en 1965, Paul VI autori-sera à nouveau les prêtres à retour-ner en usine.

Jean XXIII a été élu en octo-bre 1958. Sans perdre de temps, ilannonce, à la surprise du monde en-tier, la tenue d’un Concile en janvier1959. Dans son discours d’ouverturele 11 octobre 1962, il affirme quel’Église décide de se mettre à jour. Il

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faut donc ouvrir les fenêtres pour«désempoussiérer » l’Église. J’ima-gine voir se pencher sur les docu-ments du Concile les équipes de LaCharité de Madeleine Delbrêl.

« C’est l’expérience quiéduque », aimait-elle répéter. Elle nemanquait pas de surprendre dans safaçon de s’exprimer. Elle avait le donde communiquer sa pensée dans desaphorismes toujours éclairés par laréalité de son vécu. Elle savait mettreen mots et en images ses intuitions.Elle avait le don prophétique du bonsens.

« La vie, pour Madeleine, estfaite pour foncer, pour prendre desrisques, pour donner. Si on la gardepour soi, on l’étouffe. La vie est cala-miteuse si on la garde pour soi, mais

splendide si on la donne ». À 50 ans,elle écrivait, toujours avec humour :« J’ai eu le plaisir de recevoir lesconseils de 10 médecins. J’ai eu lachance d’en rencontrer deux bons.Je sais de façon certaine que j’ai uncaractère de chien, un entêtementd’âne, un tempérament de cheval,c’est pourquoi un vétérinaire mesemble mieux proportionné à mesbesoins. »

En 1990, Mgr François Fré-tellière, ancien évêque de Créteil, in-troduit la cause de béatification deMadeleine Delbrêl à Rome. Un pre-mier pas est fait. Elle a été déclaréevénérable par le Pape François le 26janvier 2018.

René Pageau, c.s.v.

La foi nous donne pour mission de mettre dans le mondel’amour même de Dieu, « avec des manières humaines », des « façons d’être humaines » ; celles du Christ.

La foi nous charge de réaliser dans le monde une sorte d’engagement temporel de l’éternel amour de Dieu!

Madeleine Delbrêl

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ans les églises du Québec,pour peu qu’elles datentd’avant 1940, vous avez debonnes chances de trouver

une statue de saint Antoine de Pa-doue grandeur nature. Comment ex-pliquer ce phénomène, sinon par laréputation que le saint s’est acquiseau chapitre des recouvrements d’ob-jets perdus ? Et cet engouement n’estpas exclusif au Québec. On trouveailleurs le même attachement - entreautres, en France, en Belgique et auLiban. «Vous cherchez un ou unefiancée ? - demande le pape Fran-çois. Priez saint Antoine de Padoue!»Vu sa grande prodigalité, « le saintaux miracles » a vu avec les siècles di-versifier son patronage. Il est devenule protecteur des marins, des naufra-gés, des prisonniers, des personnesâgées, des femmes enceintes, des né-cessiteux, etc. Au Québec, n’est-ilpas le patron des pilotes sur lefleuve? Et une bonne dizained’églises paroissiales se sont réfugiéeschez nous sous son aile : la Co-cathé-drale de Longueuil, par exemple, oul’impressionnante église à l’intérieurmarbré de Louiseville, sans oublierau Lac-Bouchette l’Ermitage Saint-Antoine tenu par les FF. Capucinsdepuis 1927.

De son vrai nom FernandoMartins de Bulhöes, notre héros, lecroirez-vous, n’est pas Italien maisPortugais. Il naît en 1195 à Lisbonne,d’une famille de noblesse militairedans la descendance de Charle-magne. Mais il vit son enfance sur-tout à Coïmbre, la capitale del’époque. À quinze ans, épris de spi-ritualité, il entre chez les Ermites deSaint Augustin pour une vie consa-crée à l’étude et à la prière. Il fré-quente dans son pays les hauts-lieuxde spiritualité chrétienne. Douéd’une mémoire phénoménale, sa

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connaissance de la Bible atteint dessommets. Puis en 1220, il est or-donné prêtre.

La même année, il assiste aurapatriement des Martyrs du Maroc,des Franciscains cruellement assassi-nés en pays musulman. L’événementle touche au plus profond. Il quitte lavie contemplative pour embrasser lavie active des Franciscains avec laferme intention de relancer la mis-sion discontinuée. Mais une fois auMaroc, un grave problème de santél’oblige à renoncer.

Le chemin du retour, par laforce des vents, l’envoie en Sicile plu-tôt que sur la côte portugaise, ce quifait qu’il assume sa convalescence àMessine avant de passer en Italie duNord, où, chanceux, il participe le 30mai 1221 à ce qui sera le dernierChapitre plénier franciscain rassem-blé à Assise auprès du frère Françoispar le frère Élie, vicaire général.

Antoine besogne l’année sui-vante dans un monastère plus aunord et voit à l’entretien des lieux.Or, à l’ordination sacerdotale dedouze de ses confrères à Forli auquelil assiste, on lui demande illico deremplacer l’homéliste qu’on avait parmalentendu omis de recruter. C’est

Église Saint-Antoine de Padoue de Lavaltrie

Église Saint-Antoine de Padoue de Louiseville

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alors que l’auditoire découvre dansle discours de ce petit bonhomme derien du tout un maître de doctrine etun orateur tout à fait hors de l’ordi-naire. L’assistance n’en revient pas.C’est le début chez le petit frèred’une brillante carrière d’orateursacré, renforcée chemin faisant,grâce à la complicité divine, d’un dondes miracles comme il ne s’en trouvepas.

Il enseigne quelques temps àl’Université de Bologne, puis on l’en-voie au Sud de la France à Toulouseet à Montpellier avec mission d’arrai-sonner les Cathares, ces sectaires par-ticulièrement agressifs, dont l’actionmenace la foi du peuple de Dieu.Antoine multiplie les sermons ; il les

illustre de nombreux mira-cles, ce qui, bien entendu, at-tire l’attention. La sainteté desa vie ne laisse pas le publicindifférent non plus. C’est aupoint que son action pro-voque d’importantes conver-sions, y compris parmi lesCathares.

Après avoir été moinsd’un an provincial à Limoge,on le retrouve à Brive-la-Gail-larde plus au sud pour y fon-der un nouveau poste. C’estd’ailleurs près de là qu’il dé-couvre un jour comme par

miracle, au creux d’une caverne, leprécieux manuscrit qu’on lui avaitvolé et qu’il désespérait de ne jamaisretrouver. C’est de cet incident, sansdoute, que lui vient sa réputationconcernant les objets perdus.

Après la mort à 44 ans desaint François en 1226, Antoine re-vient en Italie du Nord. Tout enmaintenant son ministère de la Pa-role, il occupe le poste de provincialjusqu’en 1230. Il demeure quelquestemps à Padoue où il est très appré-cié, puis, la même année, il participeau Chapitre général de son Ordre àRome. L’occasion lui est alors don-née de fréquenter le pape GrégoireIX, qui se l’attache un momentcomme conseiller spécial.

Basilique Saint-Antoine à Padoue

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Au printemps suivant, il en-treprend - c’est une première - deprêcher le Carême en entier, ce quis’avère un dur labeur qui finit parl’épuiser au point de précipiter sa finprochaine. Il demande alors de reve-nir à Padoue pour y mourir. Portépar ses confrères, il rend l’âme le 13juin 1231 un peu avant d’entrer dansla ville. Il avait 36 ans. Sa vie active aduré un peu moins de dix ans. Pa-doue recueille son corps, célèbre sa

mémoire et lui édifie un imposantsanctuaire. Encombré des dossiersd’une quarantaine de miracles attri-bués au thaumaturge, Grégoire IXn’hésite pas à le canoniser le 30 mai1232, moins d’un an après sa mort.Pie XII en 1946 le déclare Docteurde l’Église. Il est l’un des saints lesplus populaires du calendrier litur-gique. On célèbre son nom le 13 juinde chaque année.

La plupart des statues qu’onrencontre de saint Antoine de Pa-doue le représente avec l’EnfantJésus dans ses bras juché sur un livre.On peut se demander pourquoi. Enfait, cette représentation réfère à unrêve qu’aurait vécu le saint l’amenantà converser une bonne partie de lanuit avec l’Enfant-Dieu. Un de sesconfrères aurait été de quelque ma-nière témoin de l’événement. Ilconvient ici d’ajouter que saint An-toine aimait beaucoup les enfants.

Bruno Hébert, c.s.v.

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Que veux-tu, on ne peut paseffacer la trace des mains du potierqui au tour de l’amour nous a façon-nés. On reprend toujours la formede nos origines même si parfois lepéché nous déforme. Qui n’a pas enlui, inscrit au plus profond de sonêtre, le goût du beau, du vrai et dubien?

Le beau émerveille, le vraifascine et le bien suscite l’admiration.Dieu est beauté. Je le magnifie et jele glorifie. Dieu est vérité. Je lechante et je l’exalte. Je bénis son nomà jamais. Dieu est bonté. Je l’admireet je le prie. Je le contemple et jel’adore. Il est pour moi le bien su-prême. Il est donc dans ma natured’aspirer, de désirer et de tendre detout mon être vers le bonheur qu’ilm’offre.

Dans la sueur de ses mains decréateur, Dieu a laissé ses empreintesdans mon cœur, dans ma chair, auplus profond de mon être. Je porteen moi ce qu’il porte en lui : le souf-fle de sa beauté, la lumière de sa vé-rité et la splendeur de sa bonté.

Laisse-toi donc enchanter, réenchanter par la beauté, la bonté deDieu qui te cherche. Laisse-toi émer-veiller par sa miséricorde et sonamour. Contemple sa présence entoi, dans les autres, dans l’univers,dans tout ce qui est bon, beau et vrai.

Il est là dans un ruisseau quite fait rêver, dans un jardin de fleurs,dans le chant matinal d’un oiseau,dans le sourire d’un enfant, dans ladélicatesse et la timidité des jeunesamoureux, dans la tendresse et la fi-

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délité des personnes âgées. Il est làpartout pour allumer en toi l’enthou-siasme, l’admiration. La vie chante saprésence et sollicite ton bonheur.

Dieu est présent dans tout cequi est beau. On pressent sa pré-sence en silence dans la beauté desêtres et des choses. Émerveille-toi,étonne-toi, laisse-toi surprendre,laisse-toi émouvoir. Dieu en toi, au-dedans de toi, Dieu dans ton cœurqui est sa demeure. Sois au rendez-vous de la beauté, de la bonté et dela vérité de Dieu.

Chaque matin, redécouvre lavie, l’amour dans le grand poème dela création. Relis-le et continue àl’écrire en y ajoutant tes mots, tes si-lences, quelques notes de ta musiqueintérieure pour glorifier la vie quichante.

Laisse emporter ton âme, toncœur, ton corps dans un fol élancréateur et mets en musique la lu-mière des choses qui éclaire d’amourtes joies. Il n’est pas nécessaire d’êtrepoète, ni musicien, ni peintre pourcollaborer à la grande symphonie dela création. Il s’agit d’être attentif à lavie qui passe, d’aimer cette vie en soiet dans les autres, de la respecter enlui donnant les couleurs de l’amour,de la fraternité et de la communion.

Sors de ta tristesse, de ton an-goisse et de tes heures lourdes d’en-nui, marche dans la lumière là où labeauté te sollicite pour transformer

la vie et faire éclore le bonheur. Il estfait de rien, ce bonheur ! Fabrique-leavec ton cœur, avec ton regard, avectes paroles, avec tout ce qui en toi estbon et généreux… Tu es enfant deDieu, tu as de la valeur, du prix à sesyeux, tu es fils bien-aimé, tu es fillepréférée… Laisse entrer Dieu, laisse-lui une place, un tout petit espace, etsa beauté transfigurera ta vie.

René Pageau, C.S.V.

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l’heure du dialogue interre-ligieux et de l’œcuménisme,une question se pose : la fi-gure de la Vierge Marie,

considérée comme la Mère del’humanité et l’espérance de l’hu-main authentique par les catho-liques, peut-elle être celle qui faitle trait-d ‘union entre les croyantset croyantes? Le présent articleveut répondre succinctement àcette question. Pour ce faire, nousirons puiser dans les croyances dequelques traditions et confessionsreligieuses des éléments permet-tant d’y répondre adéquatement.

Avant tout, précisonsqu’être Mère de l’humanité ad’abord une signification spiri-tuelle. Car on est d’accord que laVierge Marie n’a pas donné nais-sance à tous les hommes etfemmes de la planète terre. Elletient sa maternité universelle deson Fils Jésus Christ qui, au piedde la croix, fit d’elle la Mère detous ceux et celles qui croient etqui croiront en Lui. Il le fit en luiadressant ceci : « Femme, voici tonfils »; puis en disant au disciple re-présentant en même temps l’hu-

manité : « Voici ta mère. » (Jn 19,26-27).

La tradition de l’Église l’areconnue comme telle et, au-jourd’hui, une très grande majoritéchrétienne accueille comme unegrâce cette maternité spirituelle deMarie. Mais est-ce que celle-ci dé-passe les frontières chrétiennes?Aussi étonnant que cela puisse pa-raître, la figure maternelle de laVierge Marie se retrouve dans leBouddhisme, le Vaudou et l’Islam,pour ne citer que ces religions.

« Voici ton fils - Voici ta mère »

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En effet, dans le Boud-dhisme Mahayana (Bouddha-Mère), pratiqué notamment enChine, au Japon et en Corée, elleest vénérée sous le vocablede la Mère à la compas-sion infinie, Kannon. Cettevénération a subi sansdoute l’influence des chré-tiens persécutés pendantles trois siècles des Togu-kawa. Au cours de cettepériode, ils répandirent ladévotion à Marie-Kannon(Marie-Compassion) pourpasser sous le radar des au-torités persécutrices. Au-jourd’hui, les Japonais, passant parla France, ne manquent pas l’occa-sion de se rendre à Notre-Damede Lourdes, car elle représente àleurs yeux Kannon, la mère et lesoutien de l’humanité blessée etsouffrante.

Dans le Vaudou,la Mère de l’humanitéest connue sous plu-sieurs vocables Erzuli(Vierge Marie), ErzuliFreda (Notre-Dame desdouleurs), Aida Wedo(Notre-Dame de l’Im-maculée Conception),Man Inan (Notre-Damede l’Assomption) qui estconsidérée comme une

reine mère (cf. Laënnec Hurbon,Les mystères du vaudou, p. 142-143), sans oublier Vierge Miracle(Notre-Dame du Mont-Carmel).

Les adeptes du Vaudou, lesvaudouïsants, fréquententassidument les églises,sanctuaires et tout autrelieu de pèlerinage dédiés àla Vierge Marie tant enHaïti que partout dans lemonde.

En Islam, Mariemère de Jésus occupe uneplace privilégiée. Le Corany fait allusion 34 fois. Au-

cune autre femme n’est autant vé-nérée qu’elle par les musulmans.Appelée sayyidunâ (notre dame),Maryam (Marie), ils la vénèrent aumême titre que les chrétiens àLourdes (France), à Notre-Damede Fatima (Portugal), à Notre-

Dame de Harissa(Liban) et à l’occasionde la fête de l’Annon-ciation, jour férié pourtous les Libanais.

Outre ces religions etleurs adeptes qui ontune vénération pour laMère de l’humanité, ilconvient de mention-ner aussi les chrétienset chrétiennes areli-

Marie-Kannon

Erzuli Freda

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gion, ceux et celles quiont adhéré au ChristJésus sans se réclamerd’une appartenanceconfessionnelle parti-culière. Parmi eux, il ya bien entendu des an-ciens catholiques. Cesdisciples du Christs’attachent particuliè-rement au messagechristique, à son Évan-gile, et accordent unegrande importance à Vierge Mariedans leur vie spirituelle. Aussitrouve-t-on dans leur dévotion per-sonnelle, la prière du chapelet, laméditation des mystères de la viede Jésus. Elles croient beaucoupen la puissance de son interces-sion, et ce, jusqu’à l’heure de leurmort.

Ces quelques exemplesmontrent que la figure de ViergeMarie est acceptée comme Mère,modèle de Femme à imiter etcomme Médiatrice de grâces.Déjà, au Liban, les chrétiens et lesmusulmans la vénèrent conjointe-ment; elle l’est également en Haïtipar les catholiques et les vaudouï-sants; de même qu’au Japon parcertains bouddhistes. À la lumièrede ces expériences, il appert queMarie peut facilement servir detrait-d’union entre les hommes et

les femmes qui sonten quête de l’humainvéritable au nom deleurs croyances ou deleur foi. Les sanc-tuaires et les églisesqui lui sont dédiés de-vrait-ils envisager d’of-frir, dans leurprogramme, des litur-gies œcuméniques oudes activités spiri-tuelles interreligieuses

ou interconfessionnelles à carac-tère marial afin de rapprocher da-vantage ceux et celles qui ont unedévotion envers Marie, Mère del’humanité?

Lindbergh Mondés ir , c , s ,v ,

Maryam

Marie, mère de toute l’humanité

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rayer and wor-ship are intrin-sic to the

Christian life and ani-mate the efforts andwork of Sanctuaire-N o t r e - D a m e - d e -Lourdes. By the greatgift of God’s grace,Our Lady’s humbleSanctuary was born ofprayer, continues tobe sustained by prayerand so fulfills its mission as a place ofprayer. For 146 years, people havebeen visiting Our Lady’s Sanctuaryand been touched by the spirit ofprayer.

Though it may be denied bysome, prayer is nonetheless an essen-tial element of the human personand Our Lady of Lourdes beckonsall who visit her Sanctuary to enterinto prayer. She knows that « the des-ire for God is written in the humanheart, because man is created byGod and for God; and God neverceases to draw man to himself. Onlyin God will he find the truth and hap-piness he never stops searching for.»(CCC 27)

And the faithful come to OurLady’s beautiful Sanctuary all sum-mer long to attend Mass and the li-turgies that are offered under theshade of the trees. Many come tolight candles and make votive offe-rings as an expression of their prayer.Some come on pilgrimage as pa-rishes, as prayer groups, as familiesor alone. There are those who feelthe need to draw apart from dailylife, to go to the mountain to pray insolitude. Many come to pray beforeaddressing decisive moments in theirlives. Others find themselves unin-tentionally discovering this holyplace. Some are drawn by the naturalbeauty of the Sanctuary and others

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come out of curiosity. People comein pursuit of something not found intheir own faith communities orlacking in their personal faith expe-rience. There are those individualswho just wander the grounds, noteven sure what they are seeking.Many spend the day picnicking withtheir families, sharing the faith withtheir children and friends. Otherscome full of gratitude for blessingsreceived. There are those who comeonly in times of trouble or despairand others who come to celebratethose most important events in theirlives. Some come specifically seekingOur Lady’s intercession and bles-sings. Mothers bring their newbornsand consecrate them to Our Lady,asking for her maternal protection.Some just like to eat their lunch in apeaceful setting and let the Sanc-tuary’s ambiance wash over them.

The Blessed Virgin Mary, ourtender mother, as a channel of God’sgreat love for us, always beckons herchildren to prayer; to accept the invi-tation to come closer to her Son andenter more deeply into God’s King-dom. As our Catechism states: « ‘Ifyou knew the gift of God!’ The won-der of prayer is revealed besides thewell where we come seeking water:There Christ comes to meet everyhuman being. It is He who first seeksus and asks us for a drink. Jesusthirsts, his asking arises from thedepths of God’s desire for us. Whe-ther we realize it or not, prayer is theencounter of God’s thirst with ours.God thirsts that we may thirst forhim. » (CCC 2560)

So it is with the life of theSanctuary. Tongues of many diffe-rent nationalities are heard exultingthe Lord and singing His praises.Rosaries, litanies, devotions, songsand liturgies fill the air. Yes it is true,prayers of all sorts are expressed atOur Lady’s Sanctuary, but the grea-test number are those voiced in thesecret of people’s hearts.

Throughout the season peo-ple leave petitions at the Sanctuary,seeking Our Lady’s blessings and in-tercession and giving thanks for helpreceived and prayers answered.Every day these written prayers aregathered up, together spiritually with

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the unwritten prayers which havebeen uttered in the depths of pil-grims’ hearts. With Our Lady, thesaints and the Clerics of St. Viateur,all these prayers become part of theprayer life of the Sanctuary and areoffered daily with the praying of theRosary.

As the season unfolds, eachday brings more prayers and theSanctuary grows and blossoms withthe spiritual blessings which accom-pany these sanctifications, adora-tions, petitions, intercessions,invocations and praises.

The culmination of all theseprayers and intentions is celebratedon the last weekend of the season. In

one glorious act of faith, they are of-fered as an oblation to Our Lord byincense and fire. With all eyes raised,we see our offerings mingled with theflames and incense rising up to theheavens. Comforted by the know-ledge that our prayers have beenbrought before the Lamb and theThrone, our hearts are filled with joyand gratitude. Thus the Sanctuary’sseason ends, its mission fulfilled.

Until next season, when thefaithful will return to Our Lady’sbeautiful Sanctuary seeking peace inprayer, the peace the world cannotgive.

Remember O Most Gracious VirginMary that never was it known thatanyone who fled to your protection,implored your help or sought yourintercession was left unaided …

With praise and thanksgiving,

PPeetteerr aanndd LLiinnddaa KKrruusshheellnnyysskkii

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a vie de chacun de nous estune histoire d’amour avecDieu. Chaque jour, nous vi-vons plein de rendez-vous

d’amour avec Lui, sans trop nous enrendre compte, malheureusement.Mais il y a des moments où nousavons conscience de façon tangibleque Dieu est en train de nous fairevivre avec lui une rencontre qui trans-formera toute notre vie. Le jour oùj’ai accepté de devenir père d’unFoyer de Charité a été l’un d’eux.

Mais d’abord qu’est-ce qu’un« Foyer de Charité » ? C’est le nomque Jésus a dévoilé à Marthe Robinquand il lui a demandé de travaillerà sa fondation. Voici comment il luia décrit l’œuvre que ce Foyer devaitaccomplir : « Je veux qu'elle soit unFoyer éclatant de lumière, de charité,d'amour ; le centre unique desgrandes résurrections spirituellesaprès la défaite matérielle des peu-ples et de leurs erreurs sataniques;l'oasis vivifiante (ouverte) aux âmesde bonne volonté, aux âmesanxieuses et découragées, aux pé-cheurs endurcis et sceptiques… lamaison de mon Cœur ouvert à tous.»

Et encore : « Sa création sera le re-fuge des grandes détresses humainesqui viendront y puiser la consolationet l'espérance ; et l'abri de ses murs,le signe évident de ma volonté et l'ap-pel émouvant de mon Cœur aux pé-cheurs innombrables qui viendrontde toutes parts attirés par ma Mèreet par Moi y chercher la lumière et laguérison de leurs maux dans monpardon divin. »

C'est ainsi que Jésus parla àMarthe « de l'Œuvre splendide qu'Ilvoulait réaliser (à Chateauneuf-de-Galaure, en France) à la gloire duPère, pour l'extension de son règnedans toute l'Eglise et pour la régéné-

P. Jacques Beaudry, c.s.v.

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ration du monde tout entier, par l'en-seignement religieux qui y seraitdonné et dont l'action surnaturelle etdivine s'étendrait dans tout l'univers.»Et Marthe écrit ensuite que c’était«l’Œuvre à laquelle je devais toutspécialement travailler et me donner,suivant son commandement et sesconseils divins, sous la direction duprêtre que de tout temps Il avaitchoisi et élu dans son Cœur pourson édification et auquel Il donneraitun jour des collaborateurs fidèles etdévoués pour l'aider à absoudre, àinstruire et à nourrir les âmes et à lesconduire à son amour. »

Marthe Robin était complète-ment étonnée d’une telle in-vitation, car qui était-elle pourse lancer dans une telle aven-ture ?… Paralysée depuis1928 (à l’âge de 26 ans),Marthe Robin vivait, pauvreet humble, confinée dans sachambre, avec son père et samère, en compagnie de sonfrère, Henri, dans une fermesurplombant le village deChâteauneuf. Il n’y avait quequelques amies qui venaient la voir,en plus de son curé qui, d’abord ré-ticent, avait finalement accepté del’accompagner spirituellement et delui apporter la communion chaquesemaine, le jeudi soir. À cause de saparalysie, Marthe ne pouvait avaler

aucune nourriture, sauf l’Eucharistiequi était vraiment sa « manne » per-sonnelle. Après avoir accueilli Jésus,« dont le Cœur venait battre dans lesien, » Marthe entrait en extase,jusqu’au lundi suivant, pour revivreavec Jésus la Passion et la Résurrec-tion qu’Il avait vécues pour le salutdu monde.

Marthe était donc bien éton-née quand Jésus lui adressa cette de-mande en 1933. Mais, comme ledira plus tard le saint pape Jean PaulII « Toute souffrance, régénérée parla force de cette Croix (celle deJésus), de faiblesse de l'hommequ'elle était, devient puissance de

Dieu… » (SD # 26). Et ilajoute : «Dans ce combat ‘‘cos-mique’’ entre les forces spiri-tuelles du bien et celles dumal, dont parle la lettre auxÉphésiens, les souffranceshumaines, unies à la souf-france rédemptrice duChrist, constituent un soutienparticulier pour les forces du

bien, en ouvrant la route autriomphe de ces forces salvifiques.Ceux qui participent aux souffrancesdu Christ conservent dans leurs pro-pres souffrances une parcelle tout àfait particulière du trésor infini de laRédemption du monde, et ils peu-vent partager ce trésor avec les autres

Marthe Robin

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» (SD # 27). Ce sens positif quel’union à Jésus donne à la souffrance,Marthe le vivait intensément et disaitbien : «Tout le monde souffre. L’es-sentiel, c’est de ne pas souffrir pourrien ! »

Marthe est donc entrée dansce projet de Dieu de tout son cœur,elle qui aimait répéter que son bon-heur était d’« aimer Dieu et de Lefaire aimer. » Elle a bien compris ceprojet dont la Source est « Dieu-Amour », dont les Moyens pour leréaliser sont la Charité fraternelle desmembres du Foyer et dont les Fruitssont la chaude Lumière qui inondeles gens venant vivre une retraite spi-rituelle au Foyer. D’où le nom re-tenu de « Foyer de Charité » : charitéfraternelle des membres entre eux etpour les retraitants, charité puiséedans le Cœur de Dieu et débordantdans le cœur des retraitants. Ce n’estpas pour rien que Jésus avait ajouté :« Je veux que tous les membres del’œuvre soient des saints ! Qu'ilsrayonnent par l'exemple d'une vieprofondément surnaturelle, parl'exercice incessant de la charité, leurdévouement à toute épreuve… etenfin par le don de soi à chacun et àtous dans un don total à Dieu. »

Le rôle que la Vierge Mariedevait jouer dans cette Œuvre aidaMarthe à accepter le sien. Jésus avait

dit, en effet : « Ma Très Sainte Mère,qui sera la Reine glorieusementaimée et écoutée en ce Foyer demon amour, qu'Elle conduira Elle-même par sa présence toute mater-nelle, y connaîtra un véritabletriomphe qui rejaillira au loin et seraconnu des points les plus reculés dela terre. »

Ce n’est pourtant que troisans plus tard, le 10 février 1936, quele prêtre que Jésus avait promis d’en-voyer à Marthe, fit son entrée danscette aventure. « Le prêtre que je meprépare, lui avait-il dit, pour l’établis-sement (de cette Œuvre) et pour sonimmense développement sera unapôtre d'une très grande influence. Ily fera du reste de magnifiquesconquêtes et des conversions nom-breuses et inespérées… Néanmoins,il ne pourra jamais rien faire sans toi,ni loin de toi. C'est par toi, à ta prièreet à ton incessant holocauste, que jeveux lui communiquer ma lumière etma grâce. Tu lui diras tout au fur età mesure ce que je demande. Tu nepourras de même jamais rien fairesans lui. » Après la rencontre deMarthe et du Père Georges Finet,celui-ci accepta de prêcher, du 7 au13 septembre 1936, la première re-traite de six jours en silence, pour ap-profondir les « fondements de la foicatholique » et vivre les engagementsdu baptême.

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Depuis, quelque 80 Foyerssemblables se sont allumés dans lemonde entier (l’Océanie est le seulcontinent toujours sans Foyer, maisdes retraites y sont prêchées). Au Ca-nada, il y a deux Foyers qui ont desprêtres, qu’on appelle « pères », pourles diriger : un à Sutton et l’autre àl’Île d’Orléans. Quant à Marthe, dé-cédée le 6 février 1981, l’Église l’adéclarée « Vénérable » en 2014, re-connaissant ainsi qu’elle avait vécules vertus chrétiennes de façon « hé-roïque ». Nous prions pour que soitreconnu le miracle qui la fera recon-naitre « Bienheureuse »…

Pour ma part, j’ai eu le bon-heur de fonder le 35e Foyer dans lemonde et le premier en Haïti, le 30janvier 1973, la veille du tricente-naire de la naissance de saint LouisMarie Grignon de Montfort et moisdu centenaire de la naissance desainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (le 2janvier) : les deux patrons du Foyerde Charité.

J’avais mis deux conditions àla demande de l’Évêque de Port-au-Prince : « Je n’ai pas d’argent pouraller en France et pas de temps pourme former comme ‘‘père’’ », carj’étais déjà co-responsable, depuis1966, du développement d’un bi-donville devenu « la CommunautéSainte Marie, » fondé par Berthe

Hernandez en1960. Quand je disà Marthe Robin,que je visitai pen-dant la retraite sui-vie à Châteauneuf :« Monseigneur Li-gondé, Archevêquede Port-au-Prince, voudrait un Foyerde Charité », elle me répondit aussi-tôt : « Mais commencez !… »«Comme cela ? Sans formation ? Luidis-je et Marthe de me répondre pro-phétiquement : « Vous aviez déjà unFoyer et vous ne le saviez pas ! » Etc’était vrai : avec quatre membreslaïcs, en plus d’animer la Commu-nauté Sainte Marie, nous étionsconsacrés à Jésus par Marie (c’est unengagement des membres de Foyer)et nous avions déjà prêché des re-traites et des missions dans une tren-taine de villes et villages du pays.Alors je ne pouvais que dire « oui ».Depuis 2013, jesuis à la retraitedans le Foyer, avecun successeur haï-tien tel que je le rê-vais depuis 1985 (ila été deux fois Pro-vincial des Mont-fortains en Haïti et Conseilleurgénéral de sa congrégation pendantsix ans). Dieu écrit droit avec deslignes courbes...

Jacques Beaudry, c.s.v.

P. Joseph Philor, smm

Berthe Hernandez

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Âges : marques dans le temps de la vie des hommes.En début de vie, les années ne pèsent pas.Mais à mesure qu’elles s’accumulent,leur poids se fait sentir.Tant qu’on est jeune, on souhaite des années :les épaules peuvent en supporter à volonté.C’est le temps des rêves, des espoirs et même des illusions.Même après un échec, le temps se prête encore aux recommencements.

Puis vient l’âge mûr : celui des fixations.L’âge des bilans et des projets de sagesse.L’âge aussi que certains voudraient « caché »,Ne plus ou ne pas faire son âge est un velourpour celui qui l’entend.

Puis avec l’âge qui avance, la démarche est plus lente.La vue baisse, l’ouie est plus dure,les sensations sont plus modérées.On prend conscience de ne plus avoir vingt ans.Les projets sont à plus court terme que jadis.On se protège, on se couvre... on attend.

Avec l’âge qui avance, on ne peut pas reculer.On repousse les limites et les frontières.Personne ne veut avouer son déclinqui se fait comme un soir qui descend.

Et vient un temps où l’âge restant...devient des jours... des heures...Puis la fin sonne et c’est l’À Dieu.

Gilles Tittley

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