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QUEL SALUT ? 1

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QUEL SALUT?

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DU MÊME AUTEUR

L'Homme dans son univers Editions ouvrières, 1966

Prêtres à la manière des apôtres Editions du Centurion, 1967

Je crois en Jésus-Christ aujourd'hui Editions du Seuil, 1968

Prix Noël 1968

Y a-t-il une éthique sociale chrétienne ? Editions du Seuil, 1969

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A N D R É M A N A R A N C H E

QUEL SALUT?

É D I T I O N S D U S E U I L 27, rue Jacob, Paris V I

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NIHIL OBSTAT : PARIS, 11 JUIN 1969

JACQUES LESAGE, S.J., PROVINCIAL

IMPRIMATUR : PARIS, 14 JUIN 1969

E. BERRAR, VICAIRE ÉPISCOPAL

© E d i t i o n s d u S e u i l , 1969.

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INTRODUCTION

« Pour nous, les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel. »

Glissée à sa place parmi les affirmations énormes du Credo, cette petite phrase semble couler de source. En réalité, nous savons bien qu'elle nous fait difficulté aujourd'hui, surtout à cause du mot « salut », qui s'y révèle pourtant comme le nerf de l'argumentation, mais qui nous paraît plein d'ambi- guïté. Autant s'en expliquer franchement. Franchement, cela signifie deux choses : d'abord que nous devons écouter avec loyauté les critiques venues de l'athéisme et y prêter grande attention, quoique sans naïveté ; ensuite qu'il nous faut abor- der effrontément — j'allais dire tête baissée — les points les plus centraux de la dogmatique, qui sont les plus contestés, au lieu de tromper les autres et nous-mêmes en fignolant des détails sans importance. Un thème aussi fondamental que celui du salut permet cette double franchise : il invite à recueillir pour examen les problèmes majeurs soulevés par l'incroyance, ceux-là même que taisent pudiquement de bien superficiels dialogues, faits de mondanités décevantes ; il oblige à réviser l'architecture même de la foi chrétienne, au lieu de ravaler des lézardes ou de restaurer des porches. De ce point de vue, combien illusoires se révèlent de récentes tentatives « théologiques », généreusement présentées comme la pensée de demain, et qui nous conduisent face à cet éton- nant paradoxe : celui de chrétiens omniscients tirant des chèques sur un compte non approvisionné, parce que, préoc- cupés de parer à toutes leurs dettes — et il est d'énormes arriérés — ils finissent par se montrer renseignés sur tout

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QUEL SALUT ?

(développement, révolution, etc.)... sauf sur leur Dieu lui- même. Espèrent-ils v ra iment que les contempora ins naïfs, t rompés p a r l 'ouver ture de ces portai ls p impants , i ron t se r i squer à l ' in tér ieur d 'un édifice branlant , de plus en plus déserté d'ail leurs p a r ses p ropres fidèles ?

Comme tou jours en maçonnerie , lorsqu 'on « r ep rend » un gros-œuvre, il faut s ' a t tendre à des surpr ises : l ' ampleur du travail à opérer dépasse les premières est imations, car tou t vient avec le p remie r moellon descellé, et c 'est tout u n pan de m u r qui s 'avère à rejointoyer . C'est très exactement ce qui va se p rodui re ici, et en trois temps. In te r rogeant sur la question globale du salut, nous allons devoir p ique te r puis c imenter à neuf les mult iples éléments d 'une m ê m e symbo- lique : la justice, le jugement , la dette, le rachat , le sacrifice, la propi t ia t ion, la satisfaction, le chât iment , la récompense. Puis va s'effectuer un rebondissement ina t tendu : d 'où pro- viennent les difficultés faites au jourd 'hu i au salut ? Nous découvrirons alors dans l 'histoire une inflation théologique de la rédemption, qui a provoqué toute une série d 'avatars philosophiques, jusqu ' à une conception a thée de la réconci- liation. Surgira enfin une in ter rogat ion très actuelle : com- ment doit se signifier au jourd 'hu i le salut ?

Bien que préparée p a r d 'autres études 1 une telle démar- che peut para î t re prétentieuse, mais elle est inévitable, et il faut l 'oser. Il suffit, p o u r l 'admet t re , de se met t re d 'accord sur le genre l i t téraire de ce livre, qui est celui d 'un essai, assurément . Si la réflexion chrét ienne exige des théologiens très experts, affirmant avec beaucoup de circonspect ion et très méfiants envers les tentat ives de synthèse, à leur gré

1. Signalons, parmi les essais précédents : ADALBERT HAMMANN, Le Mystère du salut, Plon, Paris 1954. — GUY LAFON, Essai sur la signi- fication du salut, Cerf, Paris 1964. — H. TURNER, Jésus le Sauveur, Cerf, Paris 1965. — Sur le problème de la rédemption, on se repor- tera à GUSTAVE AULEN, Christus victor. La Notion chrétienne de Rédemption, traduit du suédois par G. Hoffmann-Sigel, Aubier, Paris 1949 (luthérien). — L. RICHARD, Le Mystère de la Rédemption, Desclée, Paris 1959. — LÉOPOLD SABOURIN, Rédemption sacrificielle. Une enquête exégétique, Desclée de Brouwer, Paris, 1951. — Sur le rapport de l 'Incarnation et de la Rédemption, J.-P. JOSSUA, Le Salut, Incarnation ou mystère pascal, Cerf, Paris 1968.

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toujours prématurées, elle peut être aussi grandement aidée par ce genre d'homme qu'on pourrait appeler « un croyant un peu cultivé qui essaie de comprendre », et dont les intui- tions bousculent opportunément les spécialistes, afin qu'ils osent interpréter. Il ne faut pas demander plus à une telle entreprise, mais la question qu'elle soulève mérite d'être prise en considération sans plus tarder : nombreux en effet sont ceux qui questionnent, anxieux, au sujet du salut, et on ne peut les renvoyer indéfiniment aux calendes grecques, sous le prétexte de polir minutieusement une réponse qui n'arrive jamais. C'est avant tout dans un esprit de service que ces pages, maintes fois réclamées, ont été rédigées.

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I

LA SYMBOLIQUE DU SALUT

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LE CONTEXTE

Si, jadis, surtout lors des explorations géographiques de la Renaissance, l'attention des théologiens s'est portée sur le nombre des sauvés — question que soulevait l'adage plus ancien « Hors de l'Eglise, point de salut » — de nos jours, après l'exorcisme radical qu'a été la critique athée du XIX siècle, c'est la notion même de salut qui se trouve mise en accusation. Il n'y a guère, pour fermer les yeux sur ce phénomène, que les attardés de l'arithmétique ecclésiastique, qui s'obstinent à vouloir chiffrer en pourcentages et en gra- phiques la situation spirituelle actuelle, sous le fallacieux prétexte d'une « mission » mal comprise, que ni le Christ ni saint Paul n'envisageaient de cette manière. Il s'ensuit un malaise ressenti dans l'Eglise, dont les plus lucides aperçoi- vent l'origine hors de l'Eglise.

Un malaise ressenti dans l'Eglise.

Il s'exprime de bien des façons. La plus obvie est l'ambi- guïté du mot salut et de ses dérivés. C'est un terme pessi- miste, qui rappelle trop ces situations catastrophiques où se produit une débandade, au cri du trop fameux « Sauve qui peut », cependant que les responsables, dans leur sang- froid, lancent un S.O.S. répété. C'est, du même coup, un appel à la débrouillardise individuelle sans aucune vergogne, dans une lutte sans merci pour se hisser sur le radeau, quitte à en éjecter d'éventuels occupants : « Je n'ai qu'une âme qu'il faut sauver. » C'est encore une invitation à fuir

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à toutes jambes le lieu du sinistre, pour « se sauver » en lieu sûr, suivant le jeu de mots que permet le français, et qui induit en erreur plus d'un enfant du catéchisme, au vocabulaire si élémentaire. C'est, par le fait même, la présen- tation d'un Christ « Sauveur » au plus mauvais sens du mot : c'est-à-dire d'un personnage qui n'intervient qu'après le déclenchement d'un signal d'alarme, au cours d'une alerte donnée par la prière, et qui offre à nos regards l'apparence étrangère d'un « sauveteur » tout accidentel, bondissant miséricordieusement sur demande, la demande éperdue d'un homme en danger qui ne peut faire autrement et qui se trouve dès lors « obligé » à une gratitude, une gratitude d'autant plus odieuse que le divin secouriste semble suspect d'avoir « permis » cette détresse pour se faire reconnaître. Tout cela évoque en nous de bien mauvais souvenirs : une catéchèse morbide avec ses cantiques langoureux2, un chris- tianisme de désengagement qui en engourdit encore plus d'un, une apologétique pernicieuse faisant fond sur la déchéance humaine afin de tendre la perche de son salut (Bonhoeffer, après Nietzsche, est impitoyable contre cette déloyauté avilissante), une présentation répugnante de la reconnaissance due à Dieu qui hérisse Francis Jeanson, une christologie étriquée du « Réparateur » qui survient sur le tard devant le fait accompli d'un désastre, une conception intéressée et quasi automatique de la prière, une exploitation du besoin « religieux » en ce qu'il a de plus trouble, une conception de l'Eglise comme radeau de la Méduse que nous reprochons aux sectes apocalyptiques.

Et si nous recourons au mot plus technique de rédemp- tion, nos difficultés rebondissent étrangement. A supposer que le terme soit expliqué à l'interlocuteur et compris de lui, il nous renvoie à la pratique archaïque du « rachat » d'un esclave, moyennant décision juridique et « rançon » économique, c'est-à-dire acte légal et prestation d'un bien : ce qui introduit une conception terriblement mercantile de

2. ELISABETH GERMAIN, Parler du salut ? Aux origines d'une men- talité religieuse. La catéchèse du salut dans la France de la Restau- ration, Beauchesne, Paris 1968.

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la divinité, du style « donnant-donnant ». Si alors, pour se tirer d'affaire, on allègue que le prix payé est Jésus en per- sonne, plus exactement Jésus « payant de sa personne » sous la forme de son sang versé, les choses empirent. Toute notre répugnance se déporte sur un soi-disant Père qui a voulu la mort de son Fils, et qui s'est donc plu à voir son sang couler, comme condition à l'apaisement de son courroux : là encore, que de prédications terrifiantes, sans qu'il faille remonter pour cela aux orateurs sacrés du XVII siècle, experts en ce genre de démonstration commerciale4 ! Comment empêcher le freudisme de diagnostiquer, dans cette torture infligée à Jésus par un Père terrible, l'expiation de l'Œdipe parvenu à la décharge émotionnelle collective ?

On comprend dès lors la gêne et les silences pudiques du Catéchisme hollandais sur tout ce qui touche au sacrifice dans le ch r i s t i an i sme On comprend tous les efforts récents de démythisation de la peine, surtout en ce qui concerne l'usage rigoureux du principe d'équivalence : principe auquel saint Paul semble opposer celui de la surabondance de l ' a m o u r Et puis, la substitution de victime — le Christ subissant les représailles à notre place — semble un procédé

3. Il est clair que peu d'entre nous aujourd'hui éprouvent la même aisance que Paul Claudel à manier, jusqu'en pleine théologie, les catégories juridiques, contractuelles, procédurières, voire les images bancaires et monétaires dans lesquelles se meut l 'auteur de l'Echange (cf. PAUL-ANDRÉ LESORT, Paul Claudel par lui-même, coll. « Ecrivains de toujours », Seuil, Paris 1963, p. 16). Ainsi ce fragment de lettre à Jacques Rivière : « Le chrétien a une traite sur Dieu, signée du sang de Jésus-Christ ; il a des droits positifs, une croyance et une créance » (PAUL CLAUDEL, Toi, qui es-tu ?, 3 3 édition, Gallimard, Paris 1936, p. 29).

4. Le dossier de ces exagérations oratoires, insistant sur la justice vindicative du Père à l 'égard de Jésus-Christ crucifié, a été rassem- blé par J. RIVIÈRE, Le Dogme de la Rédemption. Etude théologique, 3 édition, Gabalda, Paris 1931, p. 227-240 ; plus près de nous, par PHILIPPE DE LA TRINITÉ, La Rédemption par le sang, ch. 1 : « Miroirs déformants », Fayard, Paris 1959, p. 13-20. Cf. aussi L. RICHARD, Le Mystère de la Rédemption, Desclée, Paris 1959, p. 176-183, et A. HAM- MANN, Le Mystère du salut, Plon, Paris 1954, p. 119-123.

5. Une Introduction à la foi catholique, I.D.O.C. / Privat, Toulouse 1968, p. 362.

6. PAUL RICŒUR, « Interprétat ion du mythe de la peine », Le Mythe de la peine, Aubier, Paris 1967, p. 23-42.

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barbare, qui insulte tout à la fois à la réputation du Père et à la nôtre : à la nôtre en particulier, car elle nous confis- que l'exercice de notre responsabilité. Ne faut-il pas, comme l'a tenté Bonhoeffer, se représenter le Christ — à la manière hégélienne — comme une structure collective, en disant que « l'Eglise est le lieu où s'accomplit la représentativité du Christ pour l'humanité, dans la représentativité des croyants les uns envers les autres et envers le monde » ?

Toutes ces réticences sont parfaitement compréhensibles, et la foi a tout à gagner à les envisager bien en face. Faute de quoi, elle accentuera un processus de dégradation théolo- gique, dont nous voyons qu'il mine le plus essentiel de son Credo. Il y a de cette détérioration des exemples majeurs. Le premier porte sur le mystère de Pâques. Fuyant justement un dolorisme de mauvais aloi, les chrétiens ont déporté leur ferveur sur la Résurrection du Christ, dans laquelle ils ont vu légitimement l'aurore d'une Humanité nouvelle. Mais dissociée dangereusement du prix qu'elle coûte — à savoir un dénommé Jésus de Nazareth crucifié — cette Humanité nouvelle a fini par prendre le pas sur l'Evénement sauveur en quoi elle s'origine ; et les croyants, pour avoir voulu prendre leurs distances avec le mythe de la peine, en vien- nent tout normalement aujourd'hui à se désolidariser du mythe de la résurrection. Il reste alors un Humanisme clos sur lui-même, et qui, à la rigueur, tolère une allégorie chré- tienne s'avouant telle, mais pas davantage. L'autre exemple concerne l'Eucharistie. Dans la même foulée, elle s'est pro- gressivement vidée de sa référence au sacrifice de la Croix, pour ne plus être commentée que comme le repas commu- nautaire après la Résurrection. Le geste du Christ, privé de son caractère essentiel d'offrande au Père, n'est plus qu'une distribution — généreuse assurément — de vie divine ; il

7. ANDRÉ DUMAS, Une théologie de la réalité. Dietrich Bonhoeffer, Labor et Fides, Genève 1968, p. 90. Bonhoeffer répudie le vocabulaire néo-platonicien de « chute » et de « salut », pour lui substituer celui de « dé-structuration » et de « re-structuration » du monde. Par cette terminologie « structurale » et synchronique, il se sépare à la fois des mystiques d'évasion et des présentations trop historiques, trop événementielles du christianisme.

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s 'épuise dans u n pour-nous qui ne tolère aucun pour-Dieu ; le calice n 'a plus aucun r appor t avec la Volonté paternel le bue à Gethsémani, il n 'est plus que la boisson de la f ra te rn i té c irculant de lèvres en lèvres. Alors se p rodui t le m ê m e phénomène que p o u r la Pâque : cette communion humaine , réalisée p a r tous les moyens de la science et de la praxis contemporaines , finit p a r supp lan te r l 'Evénement originel en quoi elle est assurée de se réal iser dans le Royaume. Et les chrétiens, après avoir fui le sacrifice, en viennent tout normalement à déser ter aussi le repas, u n repas tout mythi- que qui ne suppor te pas la compara i son avec telle cohésion poli t ique réussie, ou qui se propose la tâche nocive de créer m o m e n t a n é m e n t une solidari té religieuse par-dessus des divergences humaines to ta lement irréductibles. Comment leur donner to r t ? Car la messe, si elle n 'est pas le mémor ia l d 'un Corps livré et d 'un Sang versé, n 'est qu 'une insigni- fiante « dînette » qui n 'a v ra iment aucune ra ison d'être, même si, modifiant son formalisme, elle essaie de se pré- senter désormais comme un lunch sacré à domicile.

Un malaise imposé hors de l'Eglise.

Le croyant, à moins d 'ê t re s ingulièrement naïf, ne peut p ré tendre résoudre ses difficultés propres s'il n 'est pas capa- ble de les apercevoir comme charr iées p a r une dérive philo- sophique de plusieurs siècles. De quoi s'agit-il au jus te ? De la tentative, serrée tou jours de plus près, de venir à bou t une bonne fois du carac tère événementiel de la Révélation judéo-chrétienne. Car c 'est le p rop re de la Parole de Dieu (le Dabar biblique) de survenir dans l 'histoire humaine , sous la forme d 'un fait part icul ier , f rui t d 'une gratui té to ta lement imprévisible, et du m ê m e coup non réi térable à volonté. Or, c'est le p ropre de la Raison humaine (le Logos des Grecs) de chercher, non pas dans l 'accidentel mais dans l 'esprit , une vérité à caractère universel, frui t d 'une nécessité claire- ment reconnue comme contraignante , et dont on peut faire à tou t ins tant l 'expérience. Dès lors l 'Evangile, après avoir

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triomphé d'un certain nombre d'existences d'hommes moyen- nant une conversion radicale, va devoir affronter lui-même la terrible épreuve du succès à l'échelle d'une civilisation. Car la pensée chrétienne va essayer — et cette intelligence de la foi est, jusqu'à un certain point du moins, fort légi- time — de reprendre l'initiative absolue sur un Evénement qui l'en a totalement dépossédée, et qui l'a mise en face d'une Liberté divine irréductible. Cet essai de déglutition est une bien vieille histoire, qui s'appelle la gnose, et dont il existe des variétés très modernes.

Ses présupposés — des conditions draconiennes faites à Dieu lui-même s'il lui prenait envie de se révéler — sont bien connus. Devançant tout prophétisme, qui se présen- terait comme la diction d'une parole divine prononcée dans l'étroitesse de limites historiques, elle situe la rencontre de Dieu dans une pseudo-mystique qui caricature l'expérience chrétienne. Qu'il s'agisse de la philosophie d'une extase toute nocturne, ou de la spéculation absolue chère à l'Idéalisme allemand (« la sobre mystique de plein jour de la raison », comme l'appelle Karl Rahner), l'une et l'autre se proposent finalement de rendre impossible toute révélation de Dieu dans l'histoire, ou du moins de la réduire après coup : car l'homme, sortant hors de sa finitude, se fait fort d'éprouver l'Infini d'une manière qui surpasse et devance toute piété p r o p h é t i q u e C'est dire que Jésus-Christ lui-même n'est qu'un moment à dépasser comme les autres. A ce prix, la religion devient vraiment universelle : chaque esprit peut communier à Dieu sans devoir se porter en arrière, vers un événement spatio-temporel de plus en plus lointain, c'est-à- dire sans avoir à se plier à la libre historicité du Père se révélant dans l'Incarnation. Ce qui est faux, dans cette démarche, ce n'est pas l'effort d'intelligence de la foi, c'est la volonté de réduction.

Cette réduction affecte tout particulièrement l'événement du Calvaire, et c'est en cela qu'elle nous semble quelque

8. Cf. KARL RAHNER, L'Homme à l'écoute du Verbe, Marne, Paris 1968, p. 144-145.

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chose de capital. Si la gnose, avec des exégèses fort pédan- tes ques qui narguent le pauvre, s'efforce de faire rentrer Dieu dans la nécessité, diluant ainsi son Initiative merveil- leuse dans le bien connu9, on ne s'étonnera pas qu'elle con- centre sa critique sur le fait le plus bouleversant de la Révélation : la Croix. Le P. Stanislas Breton nous a donné sur ce sujet un livre é t o n n a n t Il n'y a pas de contre-sens plus pernicieux que celui fait par Hegel — ou par l'une de ses interprétations les plus courantes — sur le fameux « anéantissement » du Christ (sa kénose) dont parle saint Paul en Philippiens 2, 7, un contre-sens devenu de nos jours le trop célèbre calembour sur la « mort de Dieu 11 ». Ce que la foi catholique appréhende comme l'abaissement volon- taire du seul Verbe de Dieu dans l'expérience humaine de la mort, cette philosophie le transforme en « vendredi-saint spéculatif », par quoi Dieu — le Dieu étranger et abstrait de la transcendance — passe tout entier dans l'homme et dans son h i s t o i r e dans une totale abdication de son essence. Tel est l'acte de naissance de l'« horizontalisme » contem- porain, lequel se montre la plupart du temps inconscient de sa filiation, dans l'ignorance où il se trouve de ses origines réelles.

Il n'y a plus dès lors que deux issues possibles. Et elles correspondent assez exactement aux deux types du Juif et du Païen, dont le P. Fessard, par-delà saint Paul, nous a tracé la dialectique.

Le Juif — cet adjectif, est-il besoin de le dire, n'a aucun sens racial en l'occurrence — c'est Marx. Il n'a pas de peine à dénoncer la transposition faite par Hegel du Christ comme Médiateur unique dans l'Etat comme médiation permanente. Tout cela, pour lui, c'est encore de la religion, c'est-à-dire

9. Cf. JEAN SULIVAN, Dieu au-delà de Dieu, N.R.F., Gallimard, Paris 1968, p. 127-132.

10. STANISLAS BRETON, La Passion du Christ et les philosophies, Studi e testi passionisti, Teramo 1954.

11. Cf. GEORGES MOREL, Problèmes actuels de religion, Aubier, Paris 1968, « Contresens sur le mot Dieu », p. 132 s.

12. GEORGES MM. COTTIER, L'Athéisme du jeune Marx. Ses origines hégéliennes, Vrin, Paris 1959, p. 27 s.

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« la reconnaissance de l'Homme par un D é t o u r ». Or il n'y a plus aucun Intermédiaire : et il refuse autant celui qui pourrait venir que Celui qu'on dit être venu. La politique qui se laisse ainsi ecclésifier n'est que « cette suprême idole où se réfugierait l'aliénation religieuse sous forme sécu- lière 14 ». Le salut doit désormais se penser et s'opérer sous la forme d'une réconciliation totalement athée. Il faut s'atta- quer au mal sous les formes où il est possible de s'en libérer : à savoir l'asservissement de l'homme par l'homme et par la nature. Le reste, c'est-à-dire la vie et la mort, relève de la condition humaine, condition qu'on ne peut remettre en question, et qui ne peut donc entrer dans le salut. « La mort apparaît comme une dure victoire du genre sur l'individu déterminé et semble contredire leur unité ; mais l'individu déterminé n'est qu'un être générique déterminé, et à ce titre m o r t e l ». Le trépas personnel, et même celui d'autrui en tant qu'individu, ne font problème ni au plan de la praxis, ni au plan de la théorie. Quant à la contingence fondamentale de l'homme et à ses conséquences, c'est un pur phantasme qu'il faut traiter par le mépris : « Si tu poses la question de la création de la nature et de l'homme, tu fais donc abstrac- tion de l'homme et de la nature. Tu les poses comme n'exis- tant pas, et tu veux pourtant que je te démontre qu'ils existent. Je te dis alors : abandonne ton abstraction, et tu abandonneras aussi ta q u e s t i o n » Tel est le salut marxiste, au sortir du moins de l'hégélianisme. C'est dire qu'un sem- blable espoir mis dans l'économique laisse subsister l'intrai- table esclavage exercé par les « puissances » cosmiques — pour prendre le langage paulinien, et réduit l'Homme à un genre en état perpétuel d'érosion. Sans parler de cette trans- position séculière de la transcendance qu'est la Loi abstraite de l'histoire.

13. KARL MARX, Zur Judenfrage, MEGA I, 1, 1, 583. 14. HENRI DESROCHE, Socialismes et Sociologie religieuse, Cujas,

Paris 1963, p. 418. 15. KARL MARX, Manuscrits de 1884. Economie politique et philo-

sophie, Editions sociales, Paris 1962, p. 90. 16. Ibid., p. 98.

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Le Païen, c'est Nietzsche. Il voit les choses beaucoup plus du côté des Maîtres que de celui des Esclaves. Le christia- nisme est, pour lui, une effémination de l'homme, une débi- lité intestinale et une neurasthénie morbide entretenue par les prêtres, ces meneurs du « peuple sacerdotal du ressen- timent 17 ». Rien de plus populacier que ce vil désir du bonheur qui fait désirer un salut, et qui miroite à l'horizon de l'espérance chrétienne comme une sabbatique passivité, comme un éternel s t u p é f i a n t Rien de plus détestable que cette attente d'une compensation revancharde, escomptée pour le Jour du Jugement : l'Apocalyse, « le plus sauvage des attentats écrits que la vengeance ait sur la conscience », et qui, d'une manière significative, est précisément la compo- sition du disciple de l'amour 19 Rien de plus accusateur que cet honneur attribué à la miséricorde : la grandeur d'âme, elle, ne pardonne pas, n'a pas à pardonner ; elle ne remarque pas l'offense, ou bien elle l'oublie ; elle ne s'abaisse pas à ces petitesses m e s q u i n e s Quant à la théorie du sacrifice, por- tée par le christianisme à son apogée, c'est une déification de la cruauté, dans un châtiment aux allures de f ê t e C'est la contre-prestation monstrueuse de la mauvaise conscience au créancier divin, surtout quand il s'agit de l'offrande du p r e m i e r - n é L'Evangile, et plus encore la théologie pauli-

17. FRÉDÉRIC NIETZSCHE, La Généalogie de la morale, coll. « Idées », N.R.F., Gallimard, Paris 1964, p. 68.

18. Ibid., p. 47. 19. Ibid., p. 68. Noter combien le marxisme, au contraire, t ient

l'Apocalypse en grande estime, comme le seul livre vraiment chré- tien, parce que transposable en termes de lutte des classes. Cf. la conclusion de JEAN KANAPA, La Doctrine sociale de l'Eglise et le marxisme, Editions sociales, Paris 1962 ; cf. aussi GILBERT MURY, « Un marxiste devant Gaudium et spes. De la contradiction à l'espé- rance », dans Vatican II. L'Eglise dans le monde de ce temps, t. III, Réflexions et perspectives, Cerf, Paris 1967, p. 153. Cf. aussi ANTOINE CASANOVA, Vatican I I et l'évolution de l'Eglise, Editions sociales, Paris 1969, p. 88-93. Cette interprétat ion est déjà celle de Engels, dans son opuscule « le Livre de l'Apocalypse », dans K. MARX-F. ENGELS, Sur la religion, Editions sociales, Paris 1960, p. 202-209. C'est un bon exemple de la dialectique du Juif et du Païen.

20. FRÉDÉRIC NIETZSCHE, La Généalogie de la morale, op. cit., p. 49. 21. Ibid., p. 91 et 96. 22. Ibid., p. 128.

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nienne, poussent ces délires à leur paroxysme : la dette éter- nelle, impossibilité de se libérer, crée l'enfer. Certes, Dieu se payant lui-même dans son Fils, c'est un coup de génie du christianisme : le créancier s'offrant par amour au déb i t eu r Mais la grâce qui en découle n'est qu'une comédie; l'auto- destruction de la justice par elle-même quand elle se sait assez puissante pour se payer un tel l u x e Il n'y a jamais eu satire plus violente du salut chrétien : de son Dieu, « le Dieu des encoignures, de tous les coins et recoins sombres, de tous les quartiers insalubres du monde entier25 » ; de ses méthodes, car « le sang est le plus mauvais témoin de la v é r i t é » ; de sa séduction, car la philosophie n'est qu'une théologie perfide à peine camouflée

Nous voilà donc sollicités de deux côtés à la fois : soit par un salut de type marxiste, à base de révolution économico- sociale contre tous les excommuniés qu'il détermine d'avance, et avec son silence embarrassé sur l'impasse de la condition humaine ; soit par une existence tragique vécue sous le mode nietzschéen, qui réapparaît aujourd'hui après s'être dédouané du nazisme. Cependant que surgit un nou- veau positivisme, revenu de la mythologie du progrès qui le propulsait au siècle dernier, et occupé très prosaïquement à ses classifications sans but aucun : des hermétismes d'in- carcérés, du jardinage de chemin de ronde, écrit si justement Pierre E m m a n u e l Il y a pire encore : cette société indus- trielle, qui n'est certes pas condamnable dans son propos, mais qui se trouve abrutir concrètement une masse d'ir- responsables occupés à consommer un peu de tout, de l'« amour » y compris, et qui accentue dangereusement le divorce entre une rationalité de plus en plus contraignante et une imagination de plus en plus débridée ; cependant que les plus conscients ou les plus jeunes, ne sachant où investir leur générosité, provoquent, par une colère qui se fatigue,

23. Ibid., p. 132. 24. Ibid., p. 101. 25. FRÉDÉRIC NIETZSCHE, L'Antéchrist, coll. « 10/18 », Paris 1967, p. 27. 26. Ibid., p. 89. 27. Ibid., p. 18. 28. PIERRE EMMANUEL, La Face humaine, Seuil, Paris 1965, p. 18.

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les ul t imes soubresauts d 'une fin de race, to ta lement aller- gique à toute aventure spirituelle. Nietzsche aurait-il eu raison — Mounier s 'en inquiétai t il n 'y a pas si longtemps encore — de voir dans le chr is t ianisme « une molle maladie de l 'Orient tombée sur l 'homme grec, parce qu 'un jou r un pet i t fanat ique de Tarse échappa par ma lheur à la tem- pête 29 » ?

L'Eglise, en tout cas, semble elle-même at te in te dans ses forces vives par une telle s i tuat ion : aveu — rassu ran t ou cons te rnant ? — qu'elle est bien plus « du monde » qu'elle n 'en a l 'air. Occupée à refaire ses étalages l i turgiques, plus soucieuse de r a t t r ape r que d ' inspi rer la pensée, tentée de rédui re son Evangile en produi t de consommat ion p o u r le met t re à la por tée de la convoitise la plus passive, elle se p rend du m ê m e coup à hési ter sur son dogme le plus cru- cial. A force de se laisser hypnot iser p a r le fameux « h o m m e séculier », qui est su r tou t le nouvel Adam américain, elle finit, sous le prétexte d ' adap te r son message, p a r châ t re r son message lui-même. Au fond, il y a qua t re grandes façons de présenter l 'Evangile : on l'a, sous l'influence de la Ré- forme, mon t r é comme un acte p u r de Dieu survenant sur l ' absurdi té mortel le d 'une human i t é essentiel lement corrom-

pue ; on a fait in tervenir Dieu comme un bouche-trou sup- pléant à nos diverses carences ; puis, en réact ion contre les deux annonces précédentes, on a dit que le monde — celui d ' au jourd 'hu i comme celui du temps de Jésus ou de l 'entrée d ' Israël en Canaan — était u n m o n d e plein, sans place aucune p o u r un impact de la foi, laquelle devenait dès lors, de sordide « besoin » qu'elle étai t auparavant , une « gra- tui té » apparentée à u n luxe festival. Mais alors, p o u r vouloir réagir contre une présen ta t ion er ronée du salut (le salut ant ibiot ique ou le salut remplissage), on r isque d 'en évacuer complè tement la notion, comme si rien dans l ' homme n 'é ta i t v ra iment concerné p a r la Bonne Nouvelle, comme si rien n 'é tai t t r ans fo rmé p a r la conversion, comme si r ien dans no t re condit ion ne postula i t une mystér ieure espérance. On

29. EMMANUEL MOUNIER, Œuvres, t. III, Seuil, Paris 1962, p. 10.

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