PV DE LA TABLE RONDE SUR LA GIRE EN RDC ET PARTAGE D’EXPERIENCE SUR BASE DES RESULTATS DU PROJET PILOTE GIRE LUKAYA

Date : 09 Juin 2016

Lieu : Maison de France

Liste de présence : Cfr. annexe

Programme :

Modérateur :

- Maître Gabin Lulendu - Expert WASH UNICEF

HEURE

ACTIVITES

RESPONSABLES

8H30-9H00 Accueil des invités UNEP-DRE 9H00-9H20 Mots d’ouverture Mr. Partow

Chargé du Programme PNUE/RDC Mr. Kanumbizi Directeur de Cabinet Adjoint du Ministre de l’ECNDD

9H20-9H45 Présentation des acquis du projet GIRE Lukaya

Mme. Jacmain Coordinatrice du projet GIRE Lukaya – UNEP/RDC

09h45 – 10H15 Présentation du Plan GIRE Lukaya

Mr. Kimfuta Chargé d’animation de l’Association des Usagers du Bassin versant de la rivière Lukaya

10h15-10h30 Pause café Service traiteur

10H30-11H00 Présentation de la maquette du bassin versant de la rivière Lukaya

Mr. Boika Expert SIG

-

11h00 – 11h30 Présentation : La GIRE EN RDC : rôle et projets de la Direction des Ressources en Eau.

Mr. Mulwa Direction des Ressources en Eau – MECN&DD

11h30-12h30 Discussion ouverte sur la GIRE, l’accès à l’eau potable et la thématique des risques.

Les invités

12h45 – 13h00 Mot de clôture Dr. Nyembo Directeur des Ressources en Eau – MECN&DD

Justification :

A l'aube des nouveaux Objectifs du Millénaire pour le Développement Durable, la Gestion lntégrée des Ressources en Eau (GIRE) prend désormais une place importante dans la réalisation de I'objectif 6 qui consiste à 'GARANTIR L'ACCES DE TOUS A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT ET ASSURER UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES EN EAU'. A l'échelle internationale, la République Démocratique du Congo est active de par son implication dans les grands organismes de bassins que sont la GICOS et le Bassin du Nile.

Au niveau national, des actions prometteuses ont été menées au niveau de certains bassins versants et la promulgation de la Loi sur l'eau en Janvier 2016 permettra de promouvoir encore davantage I'essor de la GIRE en RDC qui en est à ses débuts.

Objectifs :

- Partager les résultats d’une première expérience de GIRE à l’échelle locale en RDC - Explorer les opportunités d’étendre l’approche GIRE dans d’autres bassins du pays - Mener une réflexion sur l’intérêt de la GIRE pour le secteur de AEP et la réduction des

risques de catastrophes dans le contexte actuel mondial d’adaptation aux changements climatiques

Compte Rendu :

1. Présentation des acquis du projet GIRE Lukaya

Eléments clés :

- Les objectifs du projet : (1) Mettre en œuvre la GIRE à l’échelle locale; (2) Améliorer l’accès à l’eau potable par la réduction des frais de traitement de l’eau

par la REGIDESO; (3) Réduire les risques de catastrophes naturelles (érosions et inondations) (4) Mettre en avant l’importance des services écosystémiques pour la gestion des

ressources en eau et la réduction des risques de catastrophe

- La mise en œuvre de ce projet a été justifiée eu égard de l’importance des financements de l’AEP et plus particulièrement des infrastructures en RDC et à contrario, du manque d’investissement pour ce qui est de la gestion.

- Le projet, a pris en compte la recommandation de la feuille de route du secteur de l’eau pour la période 2011-2020 du CNAEHA qui visait la protection de la ressource basée sur une approche par bassin versant en particulier dans les bassins pourvus de stations d’approvisionnement en eau potable des grands centres urbains.

- Le choix de la Lukaya s’est fait étant donné la présence de deux usines de la REGIDESO respectivement à Kimwenza (40 000 m³/j) et Kasangulu (2400m³j) dont la première était régulièrement confrontée à des problèmes d’ensablement et de pollution organique impactant ainsi ses coûts de traitement. Et, la présence de l’Association des Usagers du bassin versant de la Rivière Lukaya, déjà sensible à l’approche GIRE, était un atout supplémentaire.

- Le budget du projet était de 700 000$ sur une période de 3 ans allant de Janvier 2013 à Janvier 2016. Le financement a été apporté par le Fonds des Nations Unies pour le Développement (UNDA) et l’Union Européenne (UE).

- Les partenaires institutionnels principaux étaient : Le MECNDD, la REGIDESO, La METTELSAT, le CRENK, l’ERAIFT, le Ministère de l’Intérieur, la CICOS.

- Le centre d’Appui pour le Développement Intégral de Mbankana (CADIM) était l’opérateur sur le terrain chargé des activités de reboisement et d’agroforesterie.

- Le projet avait 3 Axes prioritaires :

(1) Renforcement de capacités des acteurs du secteur de l’eau aussi bien au niveau du MECNDD, REGIDESO, CRENK que de l’Association des Usagers en matière de GIRE.

(2) Collecte et valorisation (modélisation) de données hydrométéorologiques avec l’installation d’instruments de mesure. A ce titre il faut souligner que le bassin de la Lukaya, à la fin du projet, est la seule rivière du pays doté de limnigraphes fonctionnels.

(3) Réalisation d’actions pilotes de restauration de l’environnement : - agroforesterie communautaire et reboisement - pépinière de vétiver et réduction des risques d’érosion

- Un Plan d’Actions pour la GIRE dans le bv de la Lukaya, PAGIREL en sigle a été réalisé (voir plus bas).

- Le Ministère de l’Intérieur s’est appuyé sur ce projet pour faire des recommandations lors de la préparation du cadre d’actions de SENDAI et l’approche ECORRC a été reprise lors de différents travaux préparatoires à la mise en place de la Plateforme nationale de Gestion des Risques de Catastrophes.

- Le projet a démontré l’importance de la GIRE pour l’amélioration de l’accès à l’eau potable mais également pour l’amélioration des moyens de subsistance de la population et la création d’activités génératrices de revenu ainsi que la réduction des risques d’inondation et d’érosion liés principalement à une mauvaise planification et à l’occupation anarchique du territoire.

- Une deuxième phase du projet est importante pour asseoir la démarche et l’harmoniser avec la nouvelle loi sur l’eau promulguée en Décembre 2016. Cela permettrait également de mettre en œuvre les actions du PAGIREL.

- Une deuxième phase du projet devrait également permettre de mieux prendre en compte les aspects genre dans le bassin de la Lukaya.

2. Présentation du Pan d’Actions pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau du bassin de la Lukaya – PAGIREL

Eléments clés :

- L’AUBRL est un Cadre de concertation, un espace d’échange et de dialogue de tous les usagers du Bassin versant de la rivière Lukaya, créé depuis le 11 Avril 2010 et doté de la personnalité juridique en 2013 suite à l’appui de projet (F92). C’est une plateforme qui met ensemble des groupes organisés des usagers (Association, Coopérative, ONG, Village, entreprise, …)

- L’élaboration du PAGIREL a été réalisée de manière participative par les usagers à

travers plusieurs réunions de travail et 2 Ateliers GIRE avec l’appui d’un consultant.

- Le PAGIREL reflète la vision commune définie par les usagers qui est : Une gestion intégrée et durable de l’eau et des écosystèmes au service du développement et du bien être des usagers et des populations du bassin de la Lukaya à travers une approche concertée.

- Une des principales productions du plan de gestion porte sur l’élaboration d’un programme d’actions. Il s’agit d’une liste d’actions concrètes structurées par objectifs et en réponse aux enjeux (eau, milieu, territoire, gouvernance) définis préalablement.

- Le budget prévu pour la mise en œuvre des actions prioritaires est repris dans le tableau qui sut :

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- La coordination de l’AUBRL et les deux sous-comités, Amont et Aval, seront les garants de l’application du présent plan, dont la période de mise en œuvre va de 2016 à 2018, soit 3 années pour le premier plan d’action.

- Le Comité technique sera également associé en termes d’expertise ou d’accompagnement administratif et institutionnel des actions.

- La coordination de l’AUBRL (avec l’aide des sous-comités et du comité technique) aura la responsabilité d’évaluer et de suivre l’application du plan. A ce titre, un bilan annuel de suivi sera élaboré et présenté au Comité de rivière pour approbation et finalement être transmis au ministère qui a approuvé le plan, en l’occurrence celui de l’Environnement, Conservation de la Nature et Développement Durable, au travers de sa Direction des Ressources en Eau.

3. Présentation de la GIRE EN RDC : rôle et projets de la Direction des Ressources en Eau.

Eléments clés :

- La RDC est appelée à présenter un nouveau paysage dans le secteur de l’eau depuis la promulgation, par le Chef de l’Etat, de la loi no 15/026, du 31 Décembre 2015 relative à l’eau.

(1) Titre3: De la Gestion des Ressources en Eau

(2) Titre6: De la Protection des Ecosystèmes aquatiques

(3) Titre7: De la gestion des catastrophes

- Dans le chapitre 1er qui définit les principes de base de la gestion des RE, on voit bien dans les Art. 12, 15 et 16 comment les RE devront être gérées � par bassin hydrographique. Cette gestion par bassin hydrographique n’est rendu possible que sur base d’une connaissance systématique de ces ressources en eau. D’où l’importance d’un réseau d’observation continue

- La division d’implantation des Unités de gestion par Basin et Sous bassin des RE de la Direction des Ressources en Eau a la responsabilité de proposer une cartographie de la nouvelle administration/subdivision des RE de la RDC.

- A l’échelle nationale il n’y a pas encore assez d’investissement dans le secteur de la GIRE.

- Le MECNDD peut être considéré comme l’architecte de la mise en œuvre du processus GIRE en RDC. Et, cette mise en oeuvre nécessite :

(1) Environnement favorable

(2) Cadre institutionnel

(3) Des instruments de gestion des RE

(4) L’implication de toutes les parties prenantes

- Le Bassin versant de la rivière N’djili constitue un site idéal pour valoriser les acquis du projet GIRE Lukaya étant donné que :

(1) La Lukaya est un sous-bassin du bassin de la N’djili et la rivière Lukaya est en fait le pus grand affluent de la rivière N’djili.

(2) La mise en place d’un système d’alerte précoce sur les risques d’inondation doit obligatoirement être connectée à la rivière Lukaya.

(3) La REGIDESO possède sa plus grande usine d’approvisionnement en eau potable pour la ville de Kinshasa avec une production de 330000m³/j sur la rivière N’djili et l’ambassade de Corée y appuie la construction d’une usine supplémentaire.

4 Discussion ouverte

Eléments clés :

- Beaucoup de travail a été réalisé lors de l’intervention du PNUE dans le bassin de la Lukaya or il est important de soutenir de tels projets sur une durée plus importante. En effet, une deuxième phase est nécessaire afin d’assurer la pleine appropriation de la démarche et la durabilité des résultats.

- Il est important de travailler au renforcement de capacités des institutions pour que les responsables soient capables de remplir leur rôle et ainsi garantir la réussite des interventions sur le terrain.

- Les partenaires et bailleurs sont de plus en plus conscients de l’importance de prendre en compte l’approche spatiale comme celui de bassin versant, pour mieux circonscrire le lieu d’intervention, et d’autre part de prendre en compte la dimension temporelle, qui est très importante dans le contexte actuel de changements climatiques.

- La REGIDESO est bien convaincue que la GIRE permet une gestion rentable, socialement accessible et durable et c’est pourquoi elle s’est engagée dans ce projet. Cela d’autant plus qu’il s’agit d’un service public de l’eau. Au vue des résultats obtenus sur la Lukaya la REGIDESO ne peut qu’encourager la réplication de la démarche sur le bassin de la N’djili. En outre, une gestion adéquate des eaux par bassin versant permet de réduire les coûts de traitement et ainsi de garantir un prix abordable pour les abonnés. La dégradation avancée de la Rivière Lukunga où se situe la première station de traitement d’eau de la REGIDESO doit servir d’exemple à éviter.

- Il est impératif que les autorités exécutives en charge des questions relatives aux ressources en eau, doivent prendre en charge la GIRE comme une approche stratégique pour le développement du pays et déploient les moyens nécessaires à sa mise en oeuvre dans les bassins prioritaires du pays..

- L’approche développée pour la réduction des risques de catastrophes par la gestion durable des écosystèmes couplée à la GIRE a montré de bons résultats et le PNUD

ainsi que la plateforme nationale pour la RCC pourra se référer aux acquis du projet GIRE Lukaya.

- Le besoin de données est un élément important pour permettre une gestion efficace basée sur une bonne connaissance du fonctionnement hydro-météorologique des bassins versants. Ainsi, des efforts supplémentaires devront être apportés pour augmenter le nombre d’instruments de mesure dans le bv de la Lukaya et améliorer le système de collecte des données.

- Il ne faut pas oublier la thématique de l’assainissement puisque souvent l’accumulation de déchets solides vient accentuer les phénomènes d’inondation. Il est donc impératif de bien considérer l’assainissement dans des projets de GIRE.

- La gestion des ressources en eau doit être intimement liée à la gestion des forêts : il n’y a pas de forêts sans eau et vice-versa.

- La GIRE a l’avantage de prendre en compte différentes thématiques de manière intégrée : l’Agenda 2030 sur le développement durable, le cadre de SENDAI, adaptation aux Changements Climatiques, Lutte contre la dégradation des sols, conservation/restauration de la biodiversité.

- La CICOS a suivi tout le processus de mise en œuvre de la GIRE dans le bassin de la Lukaya depuis la création de l’AUBRL jusqu’à l’intervention du PNUE pour capitaliser la démarche et la répliquer dans d’autres pays de la sous-région.

- La démarche bottom-up développée par le projet est très importante pour garantir une bonne appropriation des concepts au niveau local.

- La RDC possède plusieurs experts dans le secteur de la GIRE et, plus largement, dans le secteur de l’eau qui devraient se mobiliser pour faire un plaidoyer auprès des autorités nationales. Mais aussi, pour inciter d’autres bailleurs à s’impliquer dans ce secteur qu’est la GIRE. De plus, il est nécessaire que les experts en GIRE se lancent dans des initiatives concrètes pour mettre en œuvre le concept de la GIRE et le traduire en réalité sur le terrain.

- De tous les risques identifiés à l’échelle nationale, les risques liés à la gestion des ressources en eau sont parmi les plus importants et sont présents sur toute l’étendue du territoire. A ce titre, développer des mécanismes de GIRE par bassin versant ne peut qu’être encouragé et la Plateforme Nationale de Gestion des Risques de Catastrophes est prête à accompagner cette démarche.