préparer l'hiver en élevage ovin

3
L’ESPACE ALPIN - Vendredi 4 novembre 2016 9 ÉLEVAGE Faute d'herbe dans les zones d'altitude de nos départements alpins, l'hivernage rime sou- vent avec cinq à six mois en complète berge- rie. Vous trouverez donc dans ce dossier des infos techniques sur les bergeries mais aussi sur la conduite sanitaire et de la reproduction pendant cette période. Mais nous avons voulu aussi faire témoigner trois éleveurs ovins qui ont fait un autre choix : utiliser au maximum des parcours de proximité afin de réduire les coûts d'hivernage ou faire carrément une transhumance hivernale dans des zones de basse altitude que ce soit en pension ou en descendant garder le troupeau. Loin d'être ré- volutionnaires, ce sont des pratiques ances- trales... dont l'exercice reste cependant dépendant des évolutions réglementaires sur l'ICHN. C’est durant l’hiver que se prépare la lutte de printemps N ovembre ou décembre, selon les endroits et l’année, les brebis sont rentrées en bergerie et ne ressortirons qu’au printemps. La lutte d’automne est déjà loin et les agneaux naitront dans la fin de l’hiver. Pour les agne- lées de l’automne, les agneaux sont bien démarrés et en janvier les brebis seront à l’entretien. Alors en roue libre jusqu’à la mise à l’herbe et la lutte de mi-avril ? Eh bien non ! La lutte de printemps qui est en période de contre saison sexuelle ne se prépare pas au der- nier moment. En effet à cette période les béliers ont moins d’ar- deur, à peine un tiers des brebis ont des chaleurs… et ne parlons pas des jeunes ! Il va donc falloir mettre le paquet ! S’organiser dès la rentrée en bergerie : 1° Prévoir pour les béliers un local à part des brebis (voir plus loin effet bélier). Celui-ci doit être correct que ce soit au niveau du paillage, de l’ambiance, ou de la luminosité…. Distribuez une ali- mentation de qualité sans faire du gras. Le bélier est un sportif qui doit être en forme à la lutte car il va réaliser entre 25 et 50 sauts par jour pendant la lutte ! 2° Trier les agnelles du printemps à part afin de leur distribuer une alimentation correcte afin qu’elles passent au bélier à un an. C’est un objectif raisonnable… à condition qu’elles aient atteint les 2/3 de leur poids adulte (>35 kg). Si elles ne peuvent être triées les laisser tout l’hiver avec les brebis complémentées (fin ges- tation ou allaitantes). 3° L’évaluation du parasitisme accumulé à l’herbe doit avoir été faite par coprologie (kit gratuit disponible auprès du GDS ou de votre technicien) et si nécessaire un traitement antiparasitaire adapté est réalisé. Pas question de nourrir tout l’hiver ces para- sites qui vont laisser votre trou- peau sur les genoux. En janvier, c’est l’inspection générale : 1° Il faut inspecter et faire le point de ses béliers car la fabrication d’un spermatozoïde demande 2 mois et toute perturbation (stress, sous-nutrition, carences, fièvre..) durant cette période diminue la qualité et la quantité de spermato- zoïdes. - Réaliser les interventions néces- saires : coprologie et drogage éventuel, test Brucella ovis, prises de sang et vaccinations éven- tuelles. - En profiter pour vérifier les aplombs et les onglons, palper les testicules et regarder le fourreau et la verge. - Faire le compte des béliers pour savoir si vous avez besoin d’en acheter sans attendre le dernier moment ! Il faut prévoir à la lutte de printemps un bélier de race locale pour 35 brebis (un pour 30 si c’est en race à viande). Comptez un bélier de plus notam- ment en petit troupeau : une défail- lance peut coûter cher. Attention en dessous de 2 ans, un bélier c’est juste en joker ! Proscrire les béliers nés sur l’exploita- tion (consanguinité) Être attentif à la génétique notam- ment si vous gardez vos agnelles. Privilégiez une origine sélectionnée (OS). 2° Faire le point des agnelées de l’automne dès le sevrage car c’est principalement celles-ci qui seront luttées au printemps. Il faut qu’elles arrivent au début de la lutte en phase de prise de poids sans être grasses. L’objectif est une note d’état corporel de 2,5 à la lutte. Ainsi les essais sur plu- sieurs années à Carmejane ont montré que des brebis sans prise de poids ont une fertilité de 20% inférieure à celles ayant pris du poids. Mais attention aux brebis trop grasses qui passeront mal au bélier ! Pour cela, triez dans la mesure les plus faibles qui auront une ration améliorée, alors que les autres pourront passer à une ration éco- nomique à base de foin de qualité moyenne. Ce n’est pas le moment de les engraisser. Fin février, faire la tonte et le flushing : Un mois et demi avant la lutte, c’est le moment d’améliorer la ration des brebis (« flushing ») par la dis- tribution d’un meilleur fourrage en quantité plus importante et si nécessaire avec une complémenta- tion en concentré (250g mini- mum). Ce qui compte, c’est que la brebis prenne du poids : peu importe le moyen. La tonte est un moyen naturel d’augmenter l’ap- pétit de la brebis et donc de faire un flushing… à condition de mieux garnir les auges ! L’idéal est donc de la faire à cette période. C’est aussi le moment de prévoir une cure de vitamines et minéraux sans oublier les béliers. Préparer l'hiver en élevage ovin

Upload: others

Post on 21-Jun-2022

15 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Préparer l'hiver en élevage ovin

L’ESPACE ALPIN - Vendredi 4 novembre 2016 9

ÉLEVAGE

Faute d'herbe dans les zones d'altitude de nos

départements alpins, l'hivernage rime sou-

vent avec cinq à six mois en complète berge-

rie. Vous trouverez donc dans ce dossier des

infos techniques sur les bergeries mais aussi

sur la conduite sanitaire et de la reproduction

pendant cette période. Mais nous avons voulu

aussi faire témoigner trois éleveurs ovins qui

ont fait un autre choix : utiliser au maximum

des parcours de proximité a,n de réduire les

coûts d'hivernage ou faire carrément une

transhumance hivernale dans des zones de

basse altitude que ce soit en pension ou en

descendant garder le troupeau. Loin d'être ré-

volutionnaires, ce sont des pratiques ances-

trales... dont l'exercice reste cependant

dépendant des évolutions réglementaires sur

l'ICHN.

C’est durant l’hiver que se prépare lalutte de printempsN

ovembre ou décembre,selon les endroits et l’année,les brebis sont rentrées en

bergerie et ne ressortirons qu’auprintemps. La lutte d’automne estdéjà loin et les agneaux naitrontdans la �n de l’hiver. Pour les agne-lées de l’automne, les agneauxsont bien démarrés et en janvierles brebis seront à l’entretien. Alorsen roue libre jusqu’à la mise àl’herbe et la lutte de mi-avril ?Eh bien non ! La lutte de printempsqui est en période de contre saisonsexuelle ne se prépare pas au der-nier moment. En e$et à cettepériode les béliers ont moins d’ar-deur, à peine un tiers des brebisont des chaleurs… et ne parlonspas des jeunes ! Il va donc falloirmettre le paquet !

S’organiser dès larentrée en bergerie :1° Prévoir pour les béliers unlocal à part des brebis (voir plusloin e$et bélier). Celui-ci doit êtrecorrect que ce soit au niveau du

paillage, de l’ambiance, ou de laluminosité…. Distribuez une ali-mentation de qualité sans fairedu gras. Le bélier est un sportifqui doit être en forme à la luttecar il va réaliser entre 25 et 50sauts par jour pendant la lutte !2° Trier les agnelles du printempsà part a�n de leur distribuer unealimentation correcte a�nqu’elles passent au bélier à un an.C’est un objectif raisonnable… àcondition qu’elles aient atteintles 2/3 de leur poids adulte (>35kg). Si elles ne peuvent être triéesles laisser tout l’hiver avec lesbrebis complémentées (�n ges-tation ou allaitantes).3° L’évaluation du parasitismeaccumulé à l’herbe doit avoir étéfaite par coprologie (kit gratuitdisponible auprès du GDS ou devotre technicien) et si nécessaireun traitement antiparasitaireadapté est réalisé. Pas questionde nourrir tout l’hiver ces para-sites qui vont laisser votre trou-peau sur les genoux.

En janvier, c’estl’inspection générale :1° Il faut inspecter et faire le pointde ses béliers car la fabricationd’un spermatozoïde demande 2mois et toute perturbation (stress,sous-nutrition, carences, �èvre..)durant cette période diminue laqualité et la quantité de spermato-zoïdes.- Réaliser les interventions néces-saires : coprologie et drogageéventuel, test Brucella ovis, prisesde sang et vaccinations éven-tuelles.- En pro�ter pour véri�er lesaplombs et les onglons, palper lestesticules et regarder le fourreau etla verge.- Faire le compte des béliers poursavoir si vous avez besoin d’enacheter sans attendre le derniermoment ! Il faut prévoir à la luttede printemps un bélier de racelocale pour 35 brebis (un pour 30 sic’est en race à viande).

Comptez un bélier de plus notam-ment en petit troupeau : une défail-lance peut coûter cher.Attention en dessous de 2 ans, unbélier c’est juste en joker !Proscrire les béliers nés sur l’exploita-tion (consanguinité)Être attentif à la génétique notam-ment si vous gardez vos agnelles.Privilégiez une origine sélectionnée(OS).2° Faire le point des agnelées del’automne dès le sevrage car c’estprincipalement celles-ci quiseront luttées au printemps. Il fautqu’elles arrivent au début de lalutte en phase de prise de poidssans être grasses. L’objectif estune note d’état corporel de 2,5 àla lutte. Ainsi les essais sur plu-sieurs années à Carmejane ontmontré que des brebis sans prisede poids ont une fertilité de 20%inférieure à celles ayant pris dupoids. Mais attention aux brebistrop grasses qui passeront mal aubélier !

Pour cela, triez dans la mesure lesplus faibles qui auront une rationaméliorée, alors que les autrespourront passer à une ration éco-nomique à base de foin de qualitémoyenne. Ce n’est pas le momentde les engraisser.

Fin février, faire la tonteet le flushing :Un mois et demi avant la lutte, c’estle moment d’améliorer la rationdes brebis (« Eushing ») par la dis-tribution d’un meilleur fourrage enquantité plus importante et sinécessaire avec une complémenta-tion en concentré (250g mini-mum). Ce qui compte, c’est que labrebis prenne du poids : peuimporte le moyen. La tonte est unmoyen naturel d’augmenter l’ap-pétit de la brebis et donc de faireun Eushing… à condition demieux garnir les auges ! L’idéal estdonc de la faire à cette période.C’est aussi le moment de prévoirune cure de vitamines et minérauxsans oublier les béliers.

Préparer l'hiver en élevage ovin

Page 2: Préparer l'hiver en élevage ovin

Vendredi 4 novembre 2016 - L’ESPACE ALPIN10

DOSSIER ÉLEVAGE

Fin mars, branle-bas decombat :Introduire les béliers vasectomi-sés dans le troupeau 15 joursavant le début de la vraie lutte.Ces béliers vasectomisés ont lemême comportement et e�etque les vrais béliers… sauf que lasection du canal déférent les rendstériles. C’est une opération sim-ple, peu coûteuse qui est à fairepar un vétérinaire sur un jeunebélier. Les brebis ne doivent pasavoir eu de contact depuis aumoins 2 mois avec les mâles(attention aux vieux agneaux !).Cette arrivée de béliers vasecto-misés stimule fortement ledémarrage des chaleurs chez lesbrebis qui n’en ont pas. Cette stimulation par la vue,l’odeur et le comportement pro-voque une ovulation silencieuse

suivie une vingtaine de jours plustard par une ovulation fécon-dante. Cela permet de grouper lesagnelages en début d’automne etaugmente la fertilité en o�rantaux vrais béliers dès le début de lalutte une forte proportion de bre-bis en chaleur.C’est ce qui explique que dans denombreux cas de lutte sans vasec-tomisés, l’agnelage ne débutevraiment qu’au bout de 15-20jours. C’est les 15 premiers joursde lutte qui font o/ce d’e�etbéliers. A noter que l’utilisationdes vasectomisés ne se justi1epas sur une d’automne : la plupartdes brebis sont déjà en chaleur.

Mi-avril, une lutteorganisée :1° Les agnelles seront luttées àpart car ces messieurs préfèrent

saill ir des brebis adultes…Renforcez le nombre de béliers,mettez des béliers plus ardentset expérimentés et laissez-les enpermanence avec les agnellesdont les chaleurs sont pluscourtes. 2° Les chaleurs des brebis sontsu/samment longues pour trierles béliers quelques heures dansla journée dans un casse à partavec du grain et du foin où ils sereposent (au bout de 2-3 jours ilsse trient tout seul !). Le but estd’avoir des béliers plus e/cacescar plus reposés. S’il y a plusieurslots faire tourner les béliers tousles 10-15 jours, notamment avecles agnelles, a1n d’optimiser seschances de réussite.

Jean-Pierre Mary, Chambred'agriculture 04

André Collomp est installé àSaint-Julien-du-Verdon.« Lorsque j'ai repris l'exploi-

tation de mon père en 2001, çaallait très bien parce qu'il n'avaitque 150 brebis. Moi, j'ai voulu enmettre 550, mais le bâtimentn'était plus adapté à la taille dutroupeau ». C'est pour ça que, maintenant,une grosse partie des brebis – lesagnelles et les brebis qui agnel-lent à l'automne - part dans leVar, aux alentours de Vinon-sur-Verdon et Ginasservis, lorsqu'ar-rive le froid et que l'herbe com-mence à manquer. « L'an dernier,c'était la première année que j'al-lais là-bas. Avant, je les mettais enpension à Valensole ».Sur place, il en garde 250 quimettent bas au mois de février.« La bergerie ne me sert que pourl'agnelage ». Bref, les brebis sonten bergerie grosso modo du 15février au 15 avril.« Et ça marche bien. Vu qu'en bas ilne neige pas et qu'il n'y a pas degelée, mes bêtes sont mieux en basdehors qu'ici dedans ».Notamment au niveau sanitaire.« C'est idéal. Là, je vois, lesagneaux dehors prennent le soleil,ils s'immunisent alors que dedansils sont plus vulnérables auxagents pathogènes ». L'éleveurfait entre 250 et 300 agneaux paragnelage. Actuellement, il loue une exploi-tation sur Angles qui lui permetd'assurer l'autonomie alimen-taire de son troupeau. « Mon but,c'est de faire des céréales pour lesbrebis et du foin pour que je n'aiquasiment rien à attacher à partde l'aliment pour les agneaux etdu maïs en complément ». Il a bien envisagé d'agrandir lebâtiment, mais cela n'était pasrentable. D'ailleurs l'hivernage enbâtiment ne serait pas rentablede toute façon. « Si j'avais un bâti-ment su1samment grand, je pour-rais garder toutes les brebis, mais

ça me reviendrait plus cher que deles mener en bas où elles sonttoute l'année dehors. Si, au moisde mai, il me reste pas mal de four-rage, je le vends et cela paye lapension de mes bêtes l'hiver ».

Un surcoût imposé parla prédationTout serait parfait, si ce n'étaientles problèmes de prédation aux-quels il est confronté depuis plu-sieurs années. « Du 1er juillet 2016à maintenant, il nous manqueune trentaine de bêtes sur les 1600du groupement pastoral » ,explique-t-il. A quoi s'ajoute, enconséquence des attaques, lanécessité de racheter des bêtes. Jegarde des femelles de reproduc-tion, mais pas assez pour comblerle trou de la perte en montagne ».L'hiver, il se retrouve contraintd'embaucher un berger à comp-ter du 1er novembre, lorsque lesbêtes descendent d'estive,jusqu'à ce qu'elles partent dansle Var. Un surcoût dont il se seraitbien passé, mais qui est devenuincompressible. Résultat : « ilfaut embaucher un berger. Il fautattendre un an pour obtenir lessubventions, et il n'est pas facilede trouver quelqu'un de conscien-cieux ». Sur la montagne qui se dressede l'autre côté du village, AndréCollomp désigne l'emplacementdes quartiers de printemps etd'automne. « Mon père avait misdes clôtures quatre fils pour avoirun troupeau sans avoir quelqu'un,mais avec le loup, ce n'est pluspossible ».Une solution pourrait être envi-sagée depuis l'arrivée sur l'ex-ploitation d'un stagiaire en BTS àCarmejane dont l 'éleveur estparticulièrement content. « Jeme demande si je ne vais pas l'em-baucher à l'année et faire moi-même le berger ».

St.M.

La transhumance hivernalepour pallier le manque deressources fourragères

Julien et Elodie Daumas sontdans les cartons. Pour la pre-mière fois cette année, ils

prévoient de tester la transhu-mance hivernale. « Nous avonsrépondu à une annonce de la mai-rie d'Aspers dans le Gard pour unebourse d'alpage et emploi pourberger, chevrier, vacher », raconteElodie Daumas. La municipalitérecherchait alors un couple d'éle-veurs possédant au moins 300brebis. « Ils cherchaient quelqu'unayant une montagne l'été, et quiaille là-bas l'hiver. Ils nous louentles bâtiments, la maison, 350ha decollines, 20ha de prés pour un loyermodique et demandent en contre-partie qu'on entretienne le paysagepour prévenir les incendies. Avant,sur cette commune, il y avait dixéleveurs. Aujourd'hui, il n'y a pluspersonne », détaille Julien.Sur sept candidats, c'est le jeunecouple de bas-alpins qui a étéchoisi, et qui s'apprête donc àprendre la route avec son trou-peau le 19 novembre prochain. «Et on reviendra quand l'herbe aurapoussé ici, autour du 15 mai ». Julien Daumas s'est installé àBlégiers, dans le secteur de laHaute-Bléone, le 1er janvier 2009

oublier le manque de place dansles bâtiments. « Des collègues nousprenaient des bêtes, une fois àValensole, une fois dans la Crau,une fois à Châteauneuf. On en pla-çait 200 sur 500, qu'on récupéraitpour l'agnelage. Cette annonce aété une opportunité de ne pas avoirà faire ça », expliquent les jeuneséleveurs.Un premièr intérêt auquel vients'ajouter également des raisonssanitaires. « L'agnelage, dans lesbâtiments, c'est énormément detravail, de suivi sanitaire. Et ce n'estvraiment pas idéal. Depuis quatreou cinq ans, on a eu pas mal demaladies sur les agneaux. Là, on nerentrera les brebis pour l'agnelageque dix ou quinze jours et je pensequ'on aura beaucoup moins demaladies ». Les économies au rendez-vousn'ont pas été chi�rées. « De toutefaçon, note Elodie, la premièreannée, rien qu'avec le déménage-ment, le transport du matériel, lesbétaillères, on n'en fera pas. C'estaprès, qu'on verra la di=érence... »Ne reste désormais qu'à attendrele retour d'expérience au prin-temps. prochain.

St.M.

avec 180 brebis. Depuis, le trou-peau s'est nettement éto�é, sur-tout depuis qu'il a été rejoint parson épouse, et en compte envi-ron 500. Le couple, qui prévoitd'ailleurs de constituer un GAECsous peu, s'est alors vu contraintde revoir son système d'exploita-tion.

Manque de foin,manque de place« Comme on fait agneler au moisde mars, on met tous nos tardonsen montagne. A compter du prin-temps, nous avons donc plus de1000 bêtes sur trois montagnes du20 juin à début octobre. Sur la cam-pagne, on a de l'herbe pour passerdeux mois au printemps et deuxmois à l'automne ». Pour passerl'hiver, en revanche, c'étaitdevenu une autre paire demanches. « Depuis trois ans, onétait obligés de placer des brebis enjanvier et février parce qu'on n'avaitpas assez de fourrages, pas assez degrain ». Julien poursuit : « L'an der-nier, on a acheté environ 23 tonnesde maïs et 50 tonnes de foin quivenaient s'ajouter à ce qu'onramassait, nous, et qui doit aussireprésenter 50 tonnes ». Sans

Laisser les brebisdehors : un systèmeparfait s'il n'y avaitpas le loup

St.M.

St.M.

Page 3: Préparer l'hiver en élevage ovin

L’ESPACE ALPIN - Vendredi 4 novembre 2016 11

DOSSIERÉLEVAGE

Durant la période hivernale, dansnos montagnes, la bergerie estle principal lieu de vie des ani-

maux et de travail pour l'éleveur.Durant ces nombreux mois, il ne s'agitdonc pas uniquement de mettre lesanimaux à l'abri, mais de remplir cer-taines fonctions, alors que l'espacedisponible est toujours limité. Avecl’agnelage d’automne, on observesouvent une densité élevée. Ce con"-nement peut être à l’origine de nom-breuses maladies.Une atmosphère humide associée àdes courants d’air rasants froids peutfavoriser le développement de virusrespiratoires et des pneumonies àPasteurelles : les animaux toussent,mangent moins, et parfois en meu-rent.

Il n’est pas facile de garder une litièrepropre et sèche. Or une litière humideet souillée associée à un une densitéélevée favorise le développement detrès nombreux germes. Ces germespeuvent être responsables de mala-dies abortives, de piétin, de diarrhéedu jeune (colibacilles et certains para-sites « d’intérieur » : coccidies, cryptos-poridies, strongyloides). Une litièrenon su/samment changée peut favo-riser le développement des staphylo-coques, à l’origine d’arthrites, de grosnombrils, de mammites,Pour limiter ces problèmes sanitaires,quelques règles sont à connaître : Lesruminants ne supportent pas l’humi-dité, les courants d’air et les tempéra-tures extrêmes.- Jamais trop d’air, mais attention auxcourants d’air

La circulation de l’air dans un bâti-ment d’élevage agit sur la tempéra-ture, l’humidité et l’évacuation des gaz(ammoniac). Il faut ventiler mais demanière maîtrisée.- Jamais trop de paille Tester sa litière ? C’est facile : on s’age-nouille sur la litière ; si un rondhumide subsiste sur le genou, il fautrajouter de la paille (et si malgré ça, lerond subsiste, alors il y a un problèmede ventilation, de chargement, ou deremontées d’eau du sol).- Jamais trop de place : préférer unetranshumance hivernale à une densitétrop élevée.- Attention à l’éclairement, l’abreuve-ment et à l’alimentation.,

Fanny Bastien, vétérinaire-conseil GDS 04

Exploiter les parcours pourlimiter les coûts d'hivernage

Sylvain Rivas est éleveur à Ribiers,en GAEC avec sa mèreGuillemette Boutet. Ils possè-

dent en gros un millier de brebis. « Ence moment, nous avons 850 brebisadultes, 70 agnelles qui vont avoir unan et une centaine d'agnelles de renou-vellement ». Ils produisent à peu prèsun millier d'agneaux par an. Du 15juin au 15 octobre, les brebis partenten estive à Nevache. A leur retour,elles resteront autant que possible enextérieur. « On a un gros agnelage d'automne. Lesbrebis qui viennent d'agneler sont misesà pâturer dans les prés autour de l'ex-ploitation. Notre avantage est d'avoirplus de 12ha de prés à l'arrosage quel'on garde pour l'automne après l'avoirfauché une fois durant l'été. En gardantle troupeau au loin et en le ramenantau fur et à mesure, on économise aumaximum l'herbe qui est sur place pourpouvoir laisser les brebis dehors le pluslongtemps possible au minimumjusqu'à la -n de l'année et, si le temps lepermet, jusqu'au 15 ou 20 janvier encomplémentant au foin », expliquel'éleveur. Les brebis qui ont agnelé àl'automne restent dehors jusqu'à lami-janvier et sont en bergerie jusqu'àdébut avril. Celles qui passent aubélier à l'automne resteront dehorsjusqu'au début du mois de février,excepté si le climat ne le permet pas.« On va trier celles qui sont en -n degestation pour qu'elles se reposent unpeu et les ramener à la bergerie. Pouravoir de la place, on échange aveccelles dont on a sevré les agneaux enjanvier. Cela permet de ne pas avoirtrop de monde en bergerie », expliqueSylvain. L'exploitation compte troisbâtiments, dont une bergerie en loca-tion. « On s'en sert pour le troupeau qui

les choses venaient à changer pourdevenir plus systématiques, le sys-tème d'exploitation serait intégrale-ment à revoir. « Il faudrait grillager detelle sorte que les parcs soient imprena-bles, mais le souci serait que l'on nepourrait plus faire des quartiers commeon fait actuellement, qui permettentaux brebis de toujours être au propre ». Actuellement, ils font une vingtained'hectares de céréales, une cinquan-taine d'hectares de prairies tempo-raires, environ 5 ha de tournesolssemence. Ils achètent également unedizaine d'hectares de luzernes surpied pour faire des rotations. « Le jouroù mon père ne pourra plus garder etoù les attaques deviendront récur-rentes, c'est bien simple : je diminueraiun peu la taille du troupeau. Je gardeun petit troupeau qui restera autour del'exploitation pour pouvoir continuer àfaire des rotations, faire un peu de foin.Et je ferai plus de céréales, plus desemences. Dans les cinq ou six ans quiviennent, je pense que c'est ce qui va sepasser. Ça ne sert à rien d'envoyer lesbrebis se faire tuer. ».

St.M.

pâture autour ou, durant l'hiver, pourles brebis vides ». Un système qui a été choisi parce quecela permet d'exploiter à plein lesquelque 200 ha de parcours à disposi-tion. « Ce qui nous limite, c'est la neige.Cela fait trois ou quatre ans qu'il n'y en apas, mais quand il se met à neiger, sou-vent aux alentours de Noël, elle a ten-dance à rester alors, à ce moment-là, onhiverne ».

Une diminution dutroupeau en perspectiveCe système n'est envisageable queparce que l'éleveur peut compter surl'aide précieuse de son père, qui nour-rit une véritable passion pour le gar-diennage de brebis. Mais qui pourraitbien être remis en question par la pré-sence depuis peu de loups sur un sec-teur géographique jusque-là plutôtépargné.« En estive, on subit des attaques depuisplusieurs années, on perd entre six etdouze bêtes par an en moyenne ». Maisça, c'est en alpage. Les attaquesautour de l'exploitation sont nette-ment plus réduites. Pour l'instant. Si

Trente agriculteurs ont parti-cipé le 14 octobre à la visited’un bâtiment agricole situé

au Hameaux Les Jouglards sur lacommune d’Orcières à près de1700m d’altitude.Il s’agit d’une reconstruction suite àun incendie criminel qui a ravagél’ancienne bergerie en décembre2015. Le maître d’ouvrage, MichelGiraud-Missier, éleveur de brebis,avait rapidement besoin d’un nou-veau bâtiment et il a renouvelé sacon"ance au matériau bois. EneHet, lors de l’incendie de l’hiverdernier, la structure bois s’estenIammée mais a conservé sesqualités structurelles su/sammentlongtemps pour que l’éleveurpuisse se rendre sur place et sauverson troupeau de 300 brebis prisesau piège dans la bergerie enIammes.Le nouveau bâtiment entièrementen bois vient d’être livré après qua-tre mois de travaux dont un moisde gros œuvre et de terrassement.Il est plus grand que le précédentet s’étend sur une surface de1000 m² dont une bergerie de500m², une grange à foin de 300m²et un auvent pour le stockage dumatériel de 130m². Cet ouvrage a été réalisé par desartisans locaux et avec du boislabellisé « Bois des Alpes ». La char-

pente, calculée par le Bureaud’études E. Tech bois, a été conçuepour reprendre de très fortescharges et notamment de neige del’ordre de 450kg/m² car le bâtimentse situe à près de 1700m d’altitude.La construction, réalisée par l’entre-prise Alpes MéditerranéeCharpente, a nécessité 86,7 m3 debois dont 68,5m3 de bois massifpour la charpente et les bardagesainsi que 580 m2 de murs ossaturesbois. Il s’agit de charpente tradi-tionnelle en sapin massif pour labergerie et de charpente lamelléecollée pour la grange et le auvent.Le bardage est en mélèze desHautes-Alpes. Tous les bois utiliséssont certi"és « Bois des Alpes TM »,ce qui leur garantit une prove-nance « Massif alpin ».Pour le confort animal, la bergerie aété entièrement isolée. L’isolationlaine de roche prévue initialementa été remplacée par un isolantpolyester ECOPEG 35 en 2 x 75mmd’épaisseur. Cet isolant est issu durecyclage.Dans le cadre de son partenariatavec la Chambre d’agriculture 05,Fibois 04-05 prévoit d’organiserprochainement d’autres visites dechantier de bâtiments agricoles enbois local.

Jean-Michel Rayne, Chambre d'agriculture 05

Une bergerie toutbois à 1700 mètresd'altitude

Bien isoler pour le bien-être animalLors de la construction d'un bâtiment neuf, les problèmes d'isolation ne se posentpas de la même manière qu'avec un bâtiment ancien, car il existe aujourd'hui despanneaux isolants préfabriqués. Il est cependant possible d'améliorer l'existantavec des coûts qui peuvent être amortis, en moyenne, sur cinq ans. L'isolation estutile autant en hiver qu'en été... Elle limite le refroidissement du bâtiment partemps froid mais aussi les entrées de chaleur par temps chaud ou lors de fort rayon-nement solaire.L'isolation est utile autant en hiver qu'en été. Pour bien choisir son matériel, lemieux est de contrôler le coefficient de transmission thermique. Une répartition homogène de la chaleur ou fraîcheur permet d'éviter l'agglutine-ment des animaux et permet d'améliorer leur bien-être.Pour bien choisir son matériau isolant, le mieux est de contrôler le coefficient detransmission thermique (U). Celui-ci exprime le pouvoir d'isolation thermique d'unmatériau. Plus il est faible, meilleure sera l'isolation. Les normes à rechercher sontde 0,35 W/m2/°C pour la toiture et 0,60 W/m2/°C pour les murs. Attention, pourla laine de verre, le calcul est inverse. Le coefficient choisi est la résistance ther-mique (R). Du coup, la valeur la plus grande garantit la meilleure isolation. Au-delà du coefficient thermique, d'autres critères peuvent guider le choix desmatériaux. Il s'agit, entre autres, de leur résistance au feu, aux rongeurs, aux in-sectes, de leur facilité d'entretien ou de pose.Source : Myriam Tricoci pour Intertitres

Les maladies de nos élevagespendant l’hiver

La nurserie : si les mises-bas ont lieu en période hivernale avec un froidrigoureux, il est indispensable de réaliser des aménagements pour ob-tenir un microclimat sur la zone de vie des jeunes agneaux. Voici quelques préconisations :- Aménager un coin à jeunes (inaccessible aux mères)- Abreuvoir et sel à volonté - Paillage quotidien et abondant

- Isoler les jeunes des parois froides- Réduire le volume à chauffer et éviter les retombées d’air froid avecun plafond- Apporter de la chaleur de manière localisée par exemple à l’aide delampes chauffantes- Éviter les écarts de température, par exemple lors de l’ouverture desportes et portails.

Nurserie : un microclimat indispensable

St.M.

D.R.