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Propos de Michel Butor sur l'enseignement, le jeu et l'improvisation Author(s): Roger-Michel Allemand Source: The French Review, Vol. 83, No. 3 (Feb., 2010), pp. 526-537 Published by: American Association of Teachers of French Stable URL: http://www.jstor.org/stable/25614061 Accessed: 27-04-2016 09:51 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. American Association of Teachers of French is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to The French Review This content downloaded from 193.48.45.27 on Wed, 27 Apr 2016 09:51:35 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms

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Propos de Michel Butor sur l'enseignement, le jeu et l'improvisationAuthor(s): Roger-Michel AllemandSource: The French Review, Vol. 83, No. 3 (Feb., 2010), pp. 526-537Published by: American Association of Teachers of FrenchStable URL: http://www.jstor.org/stable/25614061Accessed: 27-04-2016 09:51 UTC

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The French Review, Vol. 83, No. 3, February 2010 Printed in U.S.A.

Propos de Michel Butor sur l'enseignement, le jeu et l'improvisation

par Roger-Michel Allemand

Q: Vos cours a l'Universite etaient en grande partie des improvisations1, d'ou la serie homonyme2. En quoi cela consistait-il? R: J'ai naturellement fait l'experience d'avoir mes cours entierement rediges. Je les lisais et je m'ennuyais un peu. Surtout, je n'arrivais pas a decoller de ce que j'avais sous les yeux. Je me rendais compte que quelque chose aurait pu etre mieux dit; mais je ne parvenais pas a le changer. Certains de mes collegues avaient un texte entierement redige, et ils avaient Fair de l'improviser. J'en etais incapable. C'est pourquoi j'ai decide de me jeter a l'eau. C'etait beaucoup plus fatigant, mais aussi beaucoup plus interessant pour tout le monde. II s'agissait bien sur d'improvisations soigneusement preparees: je savais tres bien dans quel ordre j'allais prendre les questions. Surtout, je prevoyais les lectures d'ex traits avec des marque-pages. Mais il m'est arrive souvent de changer soudain l'ordre prevu, de lire autre chose qui me semblait plus ap proprie. II me fallait pour cela connaitre presque par cceur le texte etudie. Je le relisais done de nombreuses fois avant la seance, pour l'oublier en partie a la suivante, car il etait chasse par l'autre texte.

Q: Improviser, c'est laisser cours a l'imprevu, s'abandonner a l'aventure. Michel Serres dit meme que "l'intelligence, c'est l'imprevisible". La prise de risque est-elle inherente a la pedagogie? Existe-t-il un certain controle? R: L'improvisation exige un controle de tous les instants. Si je lis un texte prepare, je peux me laisser aller, penser a autre chose. II y a la naturelle ment prise de risque et j'ai toujours eu le trac avant de commencer un cours, plus encore que pour une conference, car en general on ne voit le public d'une conference qu'une fois. Dans les meilleurs cas, on produit un certain effet, et si l'on lache quelques bourdes, c'est oublie. Pour le cours, c'est une rencontre reguliere. On peut vous demander compte de ce que vous avez dit la fois precedente3. Le trac vous oblige a mobiliser toutes vos facultes, a vous depasser vous-meme. Le public sent tres bien qu'il y a danger, aventure; il admire la facon dont on peut se sortir de

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MICHEL BUTOR SUR L'ENSEIGNEMENT 527

telle ou telle difficulty. II m'est arrive d'hesiter longuement au milieu d'une phrase. Le mot dont j'avais besoin m'echappait. J'etais comme au bord d'un abime. Heureusement, j'ai toujours reussi a me rassembler, a sauter de l'autre cote, parfois en m'enfon^ant dans une direction que je n'avais pas prevue.

Q: En quoi la transmission orale est-elle pour vous-meme un apprentis sage, dans vos cours ou dans les entretiens que vous avez accordes? R: Mes etudiants m'ont appris deux choses: premierement, qu'ils ne savaient pas un certain nombre de choses que je pensais qu'ils con naissaient, et done qu'il etait indispensable de les leur expliquer; deuxieme ment, qu'ils etaient a l'aise dans des domaines ou moi-meme je balbutiais. Leurs questions m'etaient precieuses, mais surtout la facjon dont ils m'ecoutaient. Je sentais tres bien ce qui passait ou pas, ce qui ouvrait la curiosite. Lors de mes conferences a l'etranger, il me fallait tenir compte du degre linguistique de l'auditoire, et la vitesse d'elocution etait essen tielle. Je commengais lentement, puis accelerais peu a peu jusqu'a trouver la meilleure vitesse. Trop lent, on s'ennuyait; trop rapide, on ne suivait plus. Seule l'improvisation permet de regarder son auditoire en face, et done de suivre ses reactions. II fallait aussi adapter le vocabulaire: expli quer ici tel terme qui la ne posait aucun probleme. Quant aux questionneurs, ils m'ont amene a parler de choses que je ne

pensais pas interessantes. Ils m'ont souvent montre qu'elles l'etaient et je les en remercie. Ils m'ont force dans mes retranchements. II y a des choses que je n'avais pas envie de dire, car je me sentais trop peu sur; ils m'ont oblige a preciser ma pensee4.

Q: Dans cette perspective, dormer une conference est-il comparable a dormer un cours? R: La conference est une sorte de spectacle, un one-man show. Le cours s'inscrit dans un programme, scolaire ou universitaire. II convient de preparer a une profession ou a un niveau, ce qui est en general sanc tionne par des examens. L'attitude n'est done pas la meme. Les etudiants

m'apportent beaucoup par leur reussite.

Q: Pour schematiser, deux modeles didactiques s'opposent en France: soit l'enseignant est au coeur du systeme, source du savoir a laquelle viennent s'emplir des recipiendaires; soit l'enseigne prime, l'adaptation aux individus etant alors de regie. Entre le tropisme magistral et l'appel a un dialogue parfois qualifie de libertaire, lequel preferez-vous? R: C'est certainement le second modele qui a mes preferences, mais il implique une relation numerique entre professeurs et etudiants qui est rarement realisable dans notre enseignement. Les choses ne peuvent se passer de la meme fa^on dans un amphitheatre de cinq cents places et dans un seminaire ou Tori est dix. II en est de meme pour les examens. Ils

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ne peuvent fonctionner de la meme fagon lorsque Ton passe des millions d'eleves au trebuchet d'un baccalaureat, et lorsqu'on peut en suivre quelques-uns.

Q: Vous avez ete decu par 1'immobilisme de notre systeme educatif, meme apres les evenements de mai 19685. Quelles etaient done vos attentes en matiere de reforme?

R: Je n'avais certes pas de programme general de reformes a proposer. C'est le travail d'une vie entiere. Voici quelques indications. Beaucoup de choses ont change en apparence, mais fort peu en realite, et ce qui a change en apparence a plutot mai change. Le probleme fondamental est celui du respect de l'enseignant, non par les eleves ou etudiants, qui ne demandent qu'a respecter, mais par le reste des adultes et en particulier les gouverne ments. Rien ne pourra changer tant que le rapport numerique entre enseignants et enseignes n'aura pas ete ameliore. D'autre part, il faudrait encourager considerablement le franchissement des frontieres. Tout enseignant frangais devrait avoir fait un stage d'un an dans un etablisse ment etranger. Enfin, notre systeme de concours devrait etre entierement repense, meme sans doute supprime.

Q: Quel serait a vos yeux le socle commun des connaissances? L'ideal humaniste de la Renaissance, renouvele par les Lumieres, est-il encore d'actualite? R: La question du socle des connaissances se pose surtout au niveau de l'ecole primaire. Que faut-il maitriser pour pouvoir continuer des etudes?

A mesure que l'on avance, les necessites vont se diversifier. Ce qui est tres important, c'est de continuer, au niveau universitaire, a entretenir la curiosite vers des disciplines exterieures a la branche dans laquelle on se specialise. Quant a l'ideal de la Renaissance ou des Lumieres qui consiste a se vouloir citoyen du monde, il est de toute actualite dans notre epoque de fausse mondialisation, cette faussete se manifestant par des conflits toujours sanglants.

Q: En France, on observe une tendance croissante a la professionnalisa tion des etudes, d'ou la chute vertigineuse des filieres litteraires. Leurs etudiants presentent pourtant des qualites tres utiles aux entreprises: culture generate, maitrise de la redaction, aptitude a problematiser, esprit critique et sens des relations humaines. Hormis cela, quelles sont les vertus de l'enseignement de la litterature? R: II ne s'agit pas de ce qui est utile aux entreprises, mais a l'ensemble de la societe, qui ne se reduit nullement a celles-ci. On ne le sait que trop: la bonne sante economique de l'entreprise ne coincide nullement avec l'interet de ceux qui travaillent pour elle. Si les decideurs a qui l'on a laisse prendre le pouvoir aujourd'hui, sont incapables d'utiliser les capacites de ceux qui sortent des filieres universitaires, c'est parce qu'eux-memes ont

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MICHEL BUTOR SUR L'ENSEIGNEMENT 529

ete mai eduques. S'ils lisaient davantage et s'ils savaient mieux lire, nous n'en serions pas ou nous en sommes aujourd'hui.

L'enseignement de la litterature est fondamental parce que c'est le seul enseignement approfondi de la langue, et que tout passe par elle. Est-il besoin d'ajouter que pour bien connaitre sa propre langue, il est bon d'en connaitre d'autres, et done d'autres litteratures?

Q: Bachelard, dont vous avez ete l'eleve, affirmait que "dans l'ordre de la philosophic, on ne persuade bien qu'en suggerant des reveries fonda

mentales, qu'en rendant aux pensees leurs avenues de reves"6. Or, de nos jours, tout se passe comme si l'on avait peur du reve, de l'emotion, de l'imaginaire. Que pourriez-vous dire pour encourager la sensibilite et favoriser sa culture?

R: Bachelard dit ainsi excellemment que la philosophie n'est qu'une partie de la litterature, un genre litteraire essentiel. Si nous avons peur du reve aujourd'hui, c'est que des reves politiques mobilisant une masse emotionnelle considerable ont plutot mai tourne. Nous sommes devenus profondement mefiants, mais sans doute pas assez encore. Nous voyons bien les dominations que peuvent exercer des fournisseurs de reves mediocres. Pour nous delivrer de ces mauvais reves, il nous faut re apprendre a rever, oser rever, oser nous liberer progressivement de tous les voiles et de tous les murs. II suffit d'employer ces mots pour voir tout le travail qui reste a faire7.

Q: "II ne faut enseigner que la litterature [...] car on pourrait y approcher tous les savoirs", pretendait Barthes. Abstraction faite de la restriction, la litterature peut-elle viser a l'universalite de la connaissance? II me semble que l'enseignement de l'Histoire remplirait mieux ce role. R: Ce qui est vrai, c'est que la litterature touchant a tout, pour l'enseigner convenablement il faudrait tout connaitre, ce qui est naturellement impossible8. Ne confondons pas l'enseignement de la litterature et sa pratique, laquelle implique a la fois une ambition toujours debordante et correlativement une profonde humilite. Quant a l'enseignement de l'Histoire, il est evidemment fondamental, mais il ne peut s'en detacher. L'Histoire, comme la philosophie et j'oserai meme dire comme la Science, peut etre consideree comme un genre litteraire, avec ses lois, ses exigences propres. Impossible de detacher l'enseignement de l'Histoire de celui de la litterature. Comment parler de la Grece antique sans parler d'Homere et des Tragiques?

Q: Vanite mettait en scene trois facettes de votre personnalite: Viator, Scriptor et Pictor. Et l'enseignant? Comment l'appeler: Doctor, Professor, Preceptor, Instructor, Educator, Paidagogos, Magister? Vous qui vous adressez a des amphitheatres bondes, n'avez-vous jamais ete tente par la formation de disciples?

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R: Me souvenant d'Homere et de Fenelon, j'aimerais mieux l'appeler Mentor, ou encore, quittant le latin et me tournant du cote du sport: entraineur. J'etais un peu un professeur de contrebande. II s'agissait pour moi de faire souffler un peu d'air nouveau dans la vieille architecture de l'enseignement. Je ne cherchais pas a former des disciples, je ne me suis jamais vu dans le role d'un chef d'ecole; je voulais aider mes etudiants a decouvrir leur propre voie.

Q: Puisque nous parlons d'education, que pensez-vous de YEtnile de Rousseau? R: Professeur a Geneve9, ayant ecrit sur Rousseau, il m'a bien fallu lire YEmile, qui m'a passionne comme le reste de son oeuvre10. J'ai ecrit a ce sujet dans un journal un petit essai intitule "Emile contemporain de Jean-Jacques", pour parodier le titre des Dialogues de Rousseau, juge de Jean-Jacques.

Q: Le but de l'enseignement est-il d'instruire (i. e. "disposer, batir") ou d'eduquer (i. e. "conduire hors, faire sortir")? R: Evidemment les deux a la fois, l'un ne peut aller sans l'autre. II faut aider l'etudiant ou l'eleve a trouver une place dans la societe, "sa" place si possible; il faut aussi l'amener a transformer le reste depuis cette place.

Q: En France, le nouveau cadre d'orientation defini par la loi relative aux liberies et responsabilites des universites (dite LRU, 10 aout 2007) semble tendre vers le modele americain. Vous qui avez beaucoup enseigne aux Etats-Unis, qu'en pensez-vous? R: Pour tendre vers le modele americain, et si possible l'ameliorer, il faudrait s'en donner les moyens, et je ne pense pas que ce soit le cas. Les professeurs frangais qui viennent aux Etats-Unis sont emerveilles, par exemple, par la richesse des bibliotheques, leur confort, la proprete des locaux, les habitations pour les etudiants. Nous avons certainement beau coup a faire.

Q: "Que sais-je?", s'interrogeait Montaigne. Pensez-vous que le savant est comparable a une sage-femme, et que le parallele entre mai'eutique et enseignement est pertinent? R: C'est la these de Socrate, qui a eu de brillants eleves. Que j'aimerais qu'on puisse me comparer a lui!

Q: En quoi votre pratique de l'essai rejoint-elle l'improvisation? Quelles parts y ont la tentative et la repetition, l'improviste et le hasard? R: Aujourd'hui, on peut enregistrer l'improvisation, que ce soit dans le jazz ou dans l'enseignement; les comparaisons entre le prepare et l'improvise peuvent etre bien plus precises. La grande difference, c'est

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que dans l'improvisation, on ne peut se corriger sur le moment, sauf dans la reprise, l'approche. Dans l'ecrit, on se relit, on peut se recrire vingt fois, et les machines a traitement de texte nous facilitent consi derablement les choses. Mais dans toute ecriture, il reste de l'improvisa tion. On a beau faire des plans et des schemas, lorsqu'on se met aux phrases memes, elles viennent comme elles peuvent. Tout ecrivain est son premier lecteur, et il est le premier etonne de ce qui sort sous ses doigts. Dans l'essai, il reste toujours quelque chose d'oral, en particulier dans la digression, qui peut former de passionnantes arabesques avant de se retrouver au coeur du sujet. Ce qui se passe dans l'amphitheatre ou je decouvre soudain une autre facjon de franchir l'abime, se retrouve dans

mon atelier-bureau. Telle circonstance m'indique une possibility a la quelle je n'aurais jamais pense autrement, et qui me sauve.

Q: Comme je suis amateur de rugby, le mot essai me fait penser au sport. En quoi l'enseignement est-il un jeu? R: Je suis moi-meme fort peu sportif, et je le deplore, mais j'ai souvent considere mes performances d'enseignant comme une sorte de sport. Le jeu est un enseignement, et d'ailleurs il comporte souvent un enseigne

ment. II y a des professeurs de bridge, de tennis, ou de golf. Dans les jeux d'equipe, l'entraineur est un enseignant.

Q: Justement, je lisais hier ces propos du selectionneur de l'equipe de France de rugby: "En France, on oppose toujours rigueur et creativite. Je veux dormer aux joueurs un cadre large, avec des consignes precises. Favoriser une forme de desordre, mais avec des regies strictes"11. Vous souscrivez? R: C'est tout simplement une fagon de definir la prosodie.

Q: "J'ecris avec le serieux d'un enfant qui s'amuse", disait Borges. Un enfant apprend effectivement beaucoup en jouant. Puisque vous venez d'une famille nombreuse, quels souvenirs en gardez-vous dans ce domaine? Et que vous ont appris vos descendants? R: Dans mon enfance, nous organisions des jeux magnifiques. II y avait des representations de theatre pour lesquelles il fallait apprendre son role; et tous nos jeux etaient theatre. Des qu'ils vont en classe, les enfants jouent au professeur; ils sont souvent tres severes. Quant a mes enfants et petits-enfants, ils m'apprerment tous les jours, en particulier dans rinformatique, ou ils sont bien plus experts que moi. Dernierement, comme je disais a l'un de mes petits-fils que, si j'aimais beaucoup les mots croises, je ne m'interessais guere au "sudoku", ces tableaux chiffres a la mode, il m'a repondu que c;a l'etonnait beaucoup, qu'il aurait cm que c'etait tout a fait mon true et que je faisais qa "en me jouant"12. J'ai voulu relever son defi.

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Q: Et ca a donne quoi? R: Je ne suis pas un champion, et qa ne m'interesse pas tout a fait assez; mais je m'y astreins dans l'idee que cela fait plaisir a mon petit-fils (alors que cela lui est bien egal). Je trouve que c'est toujours difficile, mais je m'en sors generalement. Je prends de l'encre rouge pour les chiffres surs, de la bleue pour ceux qu'on essaie et qu'on doit souvent remplacer. Mais il y a quelque chose qui m'echappe, c'est l'echelle de difficulte que l'on propose. Je me sors aussi bien (ou aussi mai) de ce qui est qualifie d' "expert" que du "tres facile". II y a done probablement un aspect que je n'ai pas saisi.

Q: S'amuser, c'est etymologiquement avoir le museau en l'air, revasser, etre distrait. Or se divertir, c'est se detourner de la conscience de son pro pre neant, selon Pascal. Faut-il fatalement etre serieux pour comprendre le monde? Enseigner ou creer, au fond, est-ce bien serieux? L'humour n'est-il pas une solution? R: C'est en tout cas ce qu'il y a de plus serieux. Comment peut-on "serieusement" s'interesser a la politique ou a la banque? Et pourtant, il le faut bien. Dans ce cas, l'humour nous apporte une bouffee d'oxygene.

Nos cancres disaient "muser" pour la flanerie active des poetes.

Q: Dans une societe friande d'etiquettes, toute activite publique revient a tenir un role. Sommes-nous done tous des acteurs, plus ou moins bons selon notre degre d'adhesion au masque de circonstance? R: Le monde est un theatre; c'est ce que nous ont dit tous les grands auteurs dramatiques, aussi bien Moliere que Shakespeare ou Calderon, et le theatre est la pour nous en faire prendre conscience, nous en guerir13. Lorsque je faisais un cours sur tel ou tel auteur, je m'efforgais d'entrer dans sa peau, tout en laissant une partie de moi a l'exterieur, une instance, pour pouvoir mieux me controler, me comprendre en com prenant l'autre. Quand je fais des livres avec des peintres, je m'efforce de les faire parler. Balzac n'etait pas un de ses personnages, mais l'ensemble de tous. Je suis moi-meme, nous sommes, chacun de nous, toute une troupe dans laquelle un entraineur doit tirer le meilleur de chaque

masque ou personnage. Jouant harmonieusement avec nous-meme, nous pourrons mieux jouer avec autrui.

Q: Dans le meme ordre d'idees, l'improvisation n'est jamais tout a fait impromptue, ainsi que vous l'avez observe a propos du jazz14. Recemment, j'en discutais avec un ami, le compositeur Aldo Romano, qui, en son temps, a fonde le premier groupe de free jazz en Europe. Cela m'a fait penser a vous demander si la liberte absolue de la creation ou de l'enseignement existe. Le partenaire, l'auditeur, est-il un frein ou un

moteur de la spontaneite? R: C'est un moteur. On n'est jamais libre; on se libere, c'est tout dif ferent. Le free jazz s'est libere en partie de certaines structures du jazz

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classique, mais il a garde son instrumentation et done les gammes que ces instruments sont capables de produire. On enseigne, on invente tou jours a l'interieur d'un systeme, d'une langue que l'on s'efforce de faire evoluer dans un sens ou dans un autre.

Q: D'apres Robbe-Grillet, Barthes se pensait comme un imposteur?au sens de celui qui tient un role pour lequel il n'est pas le mieux forme?, et au moment de la querelle sur Racine avec le Professeur Picard, et par la suite, jusqu'a la fin de sa vie. L'imposture serait-elle une des conditions initiales de l'appetence a creer? Jouer a etre un autre ne permet-il pas de s'affranchir des codes? Peut-on s'improviser? Suivant le contexte, il n'est pas fortuit que le verbe anglais correspondant soit to act as ou to become. R: C'est un malentendu. Le livre de Raymond Picard attaquant Barthes, au point de mettre en danger sa carriere d'enseignant, s'intitulait: Nouvelle Critique ou nouvelle imposture? Et Barthes y a admirablement repondu dans son Critique et verite. J'etais comme lui un professeur de contre bande, et il etait vital pour lui, comme pour moi, de demontrer notre validite. Certes, aucun professeur n'a ete suffisamment bien forme. Et ce ne sont certes pas les agregations ou certificats qui peuvent nous assurer de notre competence. II y a toujours une certaine outrecuidance a accepter le role d'enseignant, mais il faut l'assumer et tenter de s'en rendre digne. On n'y arrive jamais. Le professeur est toujours lui aussi un eleve, et l'eleve de ses eleves. Quand il l'oublie, l'enseignement se fige et se perd. Quant a s'improviser, je m'improvise chaque jour Michel Butor. Chaque

matin, en faisant ma toilette, je retrouve ce visage que je reconnais comme etant bien le mien, que cela me plaise ou non. C'est le masque qui

m'est donne. Quand j'ouvre le courrier, je reconnais que c'est bien moi, le Michel Butor a qui ces lettres sont adressees, meme si parfois je m'en etonne. Ni Barthes ni moi ne nous sommes improvises professeur, ce qui n'empeche pas que nous n'avons cesse de nous improviser. Dans le theatre ou le roman, on joue a etre quelqu'un d'autre. Cela ne

permet pas de s'affranchir des codes, cela permet seulement d'en essayer d'autres, comme dans le carnaval, ce qui peut etre deja decisif, car cela nous permet d'imaginer des moyens pour nous liberer de telle ou telle contrainte, en general en en inventant de nouvelles.

Q: La question du jeu et du masque suppose celles de l'identite et de la verite. Qui etes-vous? Ou reside votre part de verite? R: Qui je suis? C'est la question que je vous pose15. Tout ce que j'ecris est une facjon de la poser. Ou reside ma part de verite? C'est ce que le temps devoilera peut-etre.

Q: Enseigner, c'est signaler, faire connaitre un signe. N'est-ce pas aussi le moyen de se faire reconnaitre et d'envisager l'autre en soi-meme?

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R: Je cherche l'autre, et accessoirement je me decouvre dans l'autre16. Je voudrais connaitre ce qu'est un Inuit ou un Chinois, je sais que je n'y arriverai jamais; je ne peux que m'en approcher. Accessoirement, je decouvre que je suis un peu Inuit, un peu Chinois17.

Q: A propos d'accessoires, quels etaient ceux de Butor jouant au profes seur? Et quelle part tenait Texpression corporelle dans ses cours? R: Les memes que ceux des autres professeurs: le tableau noir ou vert, la craie, les livres avec leurs signets. Je faisais beaucoup de gestes qui servaient a souligner, eclaircir la syntaxe. En developpant, cela aurait pu devenir une sorte de danse pedagogique.

Q: Vous avez parfois aspire a disparaitre du devant de la scene, no tamment en quittant Paris. Comment est la vie dans les coulisses? La posterite vous interesse-t-elle? R: II n'y a plus qu'en France que l'on considere que Paris est le devant de la scene. La posterite pour moi, ce n'est pas que l'on donne mon nom a quelque rue ou college, ce dont ma poussiere ne se souciera pas; non, la posterite, ce sont mes enfants et petits-enfants, et leurs enfants in definiment, mes etudiants et leurs etudiants. II m'importe peu que l'on se souvienne de mon nom, mais j'espere de tout mon cceur que ce que j'ai fait aura contribue a une certaine amelioration de leur monde18.

Q: Tout de meme, votre statue a Geneve a du vous faire plaisir, non? R: Cela m'a beaucoup amuse. Cela m'amuse toujours quand je passe au rond-point de Plainpalais et que je me rencontre, sans me reconnaitre vraiment. Mais attention, il ne s'agit nullement d'un monument en mon honneur, mais d'une ceuvre d'art a laquelle j'ai participe.

Q: Je dis volontiers aux etudiants que pour reussir sa vie, il faut cultiver trois qualites: la curiosite intellectuelle, dont procede l'ouverrure d'esprit; le gout de l'effort, qui tend a l'amelioration de soi et du monde; et l'ambi tion d'etre heureux, de dormer un sens a ce que l'on fait, de contribuer au bonheur et au perfectionnement de l'humanite. Et vous, quelles valeurs avez-vous cherchees et cherchez-vous a transmettre?

R: Cela correspond a peu pres19. J'insisterai en particulier sur la necessite de l'acharnement, car on nous rend les choses de plus en plus difficiles, et aussi sur celle du divertissement. Quand on a l'impression de buter sur un mur, aller se promener, regarder ailleurs, faire un peu de musique ou de sport.

Q: Vous revenez d'Inde. Quelles experiences nouvelles y avez-vous vecues? R: Je reviens de quinze jours en Inde, en effet, dans une tres petite region par rapport a cet immense pays. Nous sommes restes dans le triangle Delhi,

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michel butor sur l'enseignement 535

Jaipur, Agra. C'etaient des vacances offertes par nos enfants, done sans con ferences, dans un luxe en balcon sur la misere ambiante. Je suis loin d'avoir digere ce voyage; cela va me prendre des mois. Les photographies prises par Marie-Jo m'aideront beaucoup. Nous en agrandirons quelques-unes pour lesquelles je composerai des legendes. C'est de cette fagon sans doute que je parviendrai a en parler un peu.

Q: Quels sont vos projets actuels? R: Je commence a me calmer. Je suis pris par le travail enorme de la pre paration de mes CEuvres completes aux editions de La Difference. Je rassemble pour le tome X tous les essais que je n'ai pas rassembles dans des recueils auparavant. Pour tous les volumes precedents, il y avait deja les ouvrages. Cette fois, je dois etre mon propre "chercheur", et cela n'est pas facile. Autrement, toujours des poemes pour les amis.

Lucinges, vendredi 14 mars 2008

Laboratoire Babel, Universite du Sud-Toulon-Var, France

Notes

^oir Butor et al, "Entretien" 155. 2Butor, "Improvisations sur Flaubert"; "Improvisations sur Rimbaud"; "Improvisations

sur Michel Butor"; et "Improvisations sur Balzac". 3"Les etudiants sont beaucoup plus severes pour le professeur qu'on ne le croit d'habitude.

[...] il y en a beaucoup qui ont une mehance suffisante, une envie suffisante d'apprendre. Alors, c'est tres interessant pour un ecrivain de faire de l'enseignement parce que ga l'oblige a verifier constamment s'il se fait comprendre" (Butor et Saint Aubyn 15). Cette defiance, presentee comme une vertu quasi philosophique, tire ses racines de la jeunesse de l'auteur: "J'etais ce qu'on appelle un eleve irregulier. Je choisissais parmi mes professeurs ceux avec lesquels il me semblait qu'il valait la peine de travailler. J'attendais eYiormement de mes

maitres et cette attente a ete forcement souvent degue: c'est pourquoi tres tot j'ai considere avec mefiance tout ce qu'ils me disaient, meme ceux que j'appreciais le plus. J'ai pousse en bien des cas contre mes maitres et malgre eux. Inutile de dire que cela ne m'a ete possible que parce que chez d'autres je sentais un profond encouragement" (Butor, "Etes-vous pro fesseur" 15).

4Cf. Butor et Sicard, 46; Butor et Launay. 5"Apres 1968 est ne un peu d'espoir, espoir bien vite degu, et je souhaite vraiment que l'u

niversite frangaise puisse enfin se rajeunir et se renouveler" (Butor et Boncenne). Tel n'a manifestement pas ete le cas (cf. Butor et Flohic): si le "systeme frangais n'a aucune soup lesse" (Butor et Payot 172), c'est que la "France est un pays dans lequel les categories sont specialement raides. Et l'institutionnalisation frangaise, avec son centralisme, a des diffi cultes a s'assouplir en ce qui concerne les cas particuliers. L'enseignement devrait etre le

modele des rapports humains; malheureusement, nous avons ete le modele d'une mecanisa tion. S'il y a des disciplines pour lesquelles cette mecanisation n'est pas trop dramatique, nous savons tres bien que dans l'enseignement des Lettres, c'est une catastrophe!" (Butor, "Michel Butor: Pourquoi ga marche" 5). Ce constat desabuse de l'ecrivain vaut pour son par cours d'etudiant (Butor et Boncenne), puis de professeur (Butor et Sayac; Butor et Gaussen).

6Bachelard, 10.

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536 FRENCH REVIEW 83.3

7"I1 me semble qu'il peut y avoir une pedagogie du reve. On peut certainement appren dre a mieux raconter ses reves, et a mieux rever. Qui sait sur quel nouveau monde mental nous deboucherons alors?" (Butor et Le Sidaner 4).

'Sur les apports de la litterature a la connaissance, cf. Butor, "Voyage a l'interieur" 59. 9Les archives sonores des cours dispenses par Butor a l'Universite de Geneve sont con

sumables en ligne: http://mediaserver.unige.ch. 10Cf. Butor, "Vers un enseignement"; "Propos"; Butor et Launay, "A propos"; Butor et

Launay, "Index" notamment. "Lievremont cite dans Mercier 86.

12L'hypothese merite d'etre rapprochee des propos suivants: "Ma methode est explora toire, mais elle est aussi ludique, presque enfantine. On me considere tres souvent comme un auteur difficile, mais je n'ai pas de meilleurs lecteurs que les enfants pour certains de mes textes poetiques." (Butor et Gaudemar II). Outre son interet pour le conte, l'auteur a publie quatre livres destines aux enfants (Butor, "Les Petits Miroirs"; "Chacun"; "La Famille"; "Loup") et affirme meme: "La litterature enfantine est fondamentale, c'est elle qu'il faudrait etudier d'abord" (Butor et Oriol-Boyer 59).

13Sur la pratique litteraire comme guerison, cf. Butor et Gaudemar; Butor et Boncenne; et Butor et Villani.

uCf. Butor et al. "Les Mots"; Butor, "Curriculum vitae" 97; Butor et Medioni, sans oublier "Ballade a l'improviste" (Butor, "Expres" 74-76).

15"Vous me demandez a quoi je sers? Mais vous me demandez de faire votre metier!" (Butor, "En 1960" 12).

16Voir Butor et Allemand.

17Sur la rencontre de l'alterite, jusque dans sa dimension nevrotique, cf. Butor et Sicard 22; Butor et Le Sidaner 4.

18L'artiste est tres attache a cette idee rimbaldienne: "[...] on ecrit pour changer son exis tence. Et on ne peut changer son existence qu'en essayant de changer celle des autres" (Butor et Chapsal 26). "Je prepare une autre civilisation, une vie autre" (Butor, "Michel Butor en 40 questions" 65). "J'ecris pour changer la vie; c'est un projet revolutionnaire, car la societe telle qu'elle est ne me suffit pas" (Butor et Sicard 25). Parmi ses utopies personnelles, figure le reve d'un "enseignement universel" (cf. Butor et Jeancard; Butor et Launay "Ecrivains").

19Sur l'idee de bonheur voir Butor, "Un Peu de silence".

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MICHEL BUTOR SUR L'ENSEIGNEMENT 537

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