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Inventaire des tendances et pratiques exemplaires dans le secteur de l’économie verte Rapport final préliminaire Pour le Réseau de développement économique et de l’employabilité francophone (RDÉE) Pour obtenir des renseignements supplémentaires, veuillez contacter : Dany Lemieux Directeur-Énergie Téléphone : 418 780-0158, x.302 Courriel : [email protected] 2013

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Inventaire des tendances et pratiques exemplaires dans le secteur de l’économie verte Rapport final préliminaire

Pour le Réseau de développement économique et de l’employabilité francophone (RDÉE)

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, veuillez contacter :

Dany Lemieux

Directeur-Énergie

Téléphone : 418 780-0158, x.302

Courriel : [email protected]

2013

Inventaire des tendances et pratiques exemplaires dans le secteur de l’économie verte RAPPORT FINAL PRÉLIMINAIRE

ÉcoRessources inc., pour le RDÉE i

Sommaire exécutif

En 2008, suite au lancement par les Nations unies de l'initiative en faveur des emplois verts, le secteur de l’économie verte a commencé à prendre son essor. L’initiative avait pour objectif d’étudier l'impact potentiel d’un verdissement économique sur le bien-être des sociétés en général. Le rapport d’étude « Vers le développement durable : Travail décent et intégration sociale dans une économie verte » publié durant la même année, attestait que, via la mise en place d’une série de mesures appropriées, le virage du modèle économique classique vers un modèle économique, qui s’avère davantage respectueux d’un point de vue environnemental, générera en moyenne plus de 30 millions d'emplois supplémentaires à l'échelle mondiale au cours des vingt prochaines années et fera sortir quelques millions de travailleurs du cercle vicieux de la pauvreté. Aujourd’hui, le virage vers une économie verte se présente comme un dossier d’actualité qui exige innovation, planification et vision à long terme. Ainsi, c’est dans cette optique que ÉcoRessources, disposant d’une expertise professionnelle reconnue dans les domaines de l’économie de l’environnement, de l’énergie et des ressources naturelles, a été mandatée par le Réseau du développement économique et de l’employabilité (RDÉE), pour appuyer les membres de son groupe de travail en économie verte à acquérir une meilleure connaissance dans ce domaine.

La présente étude se décline en quatre grandes étapes allant de la mise en contexte du sujet abordé, en passant par l’identification, la mise en valeur des principales caractéristiques du secteur et la recherche des perspectives d’avenir dans celui-ci, pour ensuite présenter des études de cas en matière de pratiques exemplaires réussies de développement de projets d’énergie renouvelable à l’échelle communautaire, avant de conclure en proposant des recommandations clés sur les pistes à explorer pour les collectivités francophones en matière d’économie verte.

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Équipe

Rédaction Mario Khater, ÉcoRessources inc.

Dany Lemieux, ÉcoRessources inc.

Dominic Doucet ÉcoRessources inc.

Relecture Édith Pichette, Relectrice indépendante

Mise en page Josée Messier, ÉcoRessources inc.

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Table des matières

SOMMAIRE EXÉCUTIF ................................................................................................................................................................. I

1. MISE EN CONTEXTE ET OBJECTIFS DE L’ÉTUDE ............................................................................................................ 1

2. DÉFINITION DE L’ÉCONOMIE VERTE .................................................................................................................................. 3

3. LES TENDANCES ACTUELLE ET FUTURE DU SECTEUR ................................................................................................. 6

3.1 LES CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DU SECTEUR ............................................................................................................ 6 3.2 ÉLÉMENTS MOTEURS DU SECTEUR ET TENDANCES PRÉDOMINANTES .................................................................................. 13

3.2.1 La production d’énergie renouvelable .............................................................................................................. 14 3.2.2 La consommation d’énergie ............................................................................................................................. 22

3.3 LES PERSPECTIVES D’AVENIR .......................................................................................................................................... 37 3.3.1 Le Réseau électrique intelligent (RÉI) ou Smart Grids (en anglais) ................................................................ 37 3.3.2 Le stockage de l’énergie .................................................................................................................................. 40

4. LES PRATIQUES EXEMPLAIRES ....................................................................................................................................... 44

4.1 LE PARC ÉOLIEN À SAINT-LÉON, MANITOBA. ..................................................................................................................... 44 4.2 LE PARC SOLAIRE À ST-ISIDORE, ONTARIO. ...................................................................................................................... 49 4.3 LE BARRAGE HYDROÉLECTRIQUE MADAWASKA, NOUVEAU-BRUNSWICK (N-B). ................................................................... 55 4.4 LE « BIORAFFINAGE » À L’USINE DE LA BROQUERIE, MN. .................................................................................................. 58 4.5 LE COMPOSTAGE DANS LES COLLECTIVITÉS FRANCOPHONES RURALES DU MANITOBA ......................................................... 62

CONCLUSION ............................................................................................................................................................................. 67

BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................................................................ 69

Liste des tableaux

TABLEAU.1 EXEMPLE D’APPLICATION DE DEUX CRITÈRES POUR COMPRENDRE LES ACTIVITÉS VERTES. ................................................ 3 TABLEAU 2. L’IMPACT ÉCONOMIQUE DU PROJET FINANCÉ PAR LE FMV (EN MILLION DE DOLLARS, M$). ............................................... 9 TABLEAU 3. SYNTHÈSE DES PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES DES TECHNOLOGIES DE CHAUDIÈRE POUR DIFFÉRENTS

COMBUSTIBLES (MG/MJ) ..................................................................................................................................................... 18 TABLEAU 4. ÉMISSIONS DE GES POUR LE SECTEUR DES TRANSPORTS, 1990-2010, CANADA. .......................................................... 30 TABLEAU 5. ILLUSTRATION DES APPLICATIONS DES RÉI, TELLES QUE DÉPLOYÉS DANS LES PROVINCES CANADIENNES. ..................... 38 TABLEAU 6. LES CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DES TECHNOLOGIES DE STOCKAGE. ..................................................................... 41 TABLEAU 7. LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES DU PARC ÉOLIEN À SAINT-LÉON : ................................................................................ 46 TABLEAU 8. LES RETOMBÉES ENVIRONNEMENTALES ASSOCIÉES AUX DEUX PARCS SOLAIRES D’ELMSLEY ET DE ST-ISIDORE. ............. 51 TABLEAU 9. LE MONTANT DES REVENUS ANNUELS POTENTIELS PAR TYPE/CAPACITÉ DE L’INSTALLATION SOLAIRE PV : ..................... 53

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Liste des figures

FIGURE 1. L’ÉCONOMIE VERTE. ......................................................................................................................................................... 4 FIGURE 2. ÉVOLUTION DE LA PART DES ÉNERGIES VERTES (EN MILLIONS DE MÈTRE CUBE). .................................................................. 7 FIGURE 3. LES QUATRE LEVIERS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE. .................................................................................................... 8 FIGURE 4. COMPARAISON DES IMPACTS D’UN SCÉNARIO DE CROISSANCE VERT PAR RAPPORT AU MAINTIEN DU STATU QUO POUR

DIFFÉRENTES VARIABLES (EN %), 2015, 2030 ET 2050. ......................................................................................................... 13 FIGURE 5. ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION DES CELLULES PV AU CANADA (EN MC), 2000-2011. ...................................................... 15 FIGURE 6. LA CAPACITÉ DE PRODUCTION D’ÉNERGIE ÉOLIENNE AU CANADA (MW), 2001-2011. ........................................................ 17 FIGURE 7. LES TROIS AXES DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. ............................................................................................................. 22 FIGURE 8. LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE POUR LE CHAUFFAGE DE L’EAU PAR TYPE DE SOURCE D’ÉNERGIE, 1990-2008. .................. 26 FIGURE 9. LE SYSTÈME D’UNE PILE À COMBUSTIBLE. ....................................................................................................................... 36 FIGURE 10. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES COMMUNAUTÉS FRANCOPHONES DU MANITOBA. ................................................... 45 FIGURE 11. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES COMMUNAUTÉS FRANCOPHONES DANS LA PROVINCE DE L’ONTARIO. ..................... 50 FIGURE 12. RÉPARTITION DES FRANCOPHONES AU NOUVEAU-BRUNSWICK. ...................................................................................... 55 FIGURE 13. ANALOGIE ENTRE LE BIORAFFINAGE ET LE RAFFINAGE DU PÉTROLE. SOURCE : (WERTZ, 2010). ...................................... 59 FIGURE 14. LA CHAÎNE DE VALEUR DE LA FILIÈRE BIOMASSE AGRICOLE : .......................................................................................... 61

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1. Mise en contexte et objectifs de l’étude

Depuis quelques années, le Réseau national de développement économique et de l’employabilité francophone (RDÉE), soutient le développement économique francophone au Canada et favorise la croissance et la diversité économiques des régions. Récemment, le RDÉE a mis en place plusieurs groupes de travail (GTEÉ) sur les axes socioéconomiques suivant : (1) l’immigration économique, (2) l’espace économique francophone canadien, (3) l’économie verte, et (4) le tourisme.

C’est dans cette optique que ÉcoRessources a été mandatée par le RDÉE pour mener une étude sur les tendances actuelle et future de l’économie verte (troisième axe). Notamment, il s’agit de réaliser un inventaire des tendances et pratiques exemplaires dans le secteur de l’économie verte. Le but de cette étude est d’appuyer les membres du GTEÉ-économie verte à acquérir une meilleure connaissance en économie verte et à les outiller afin qu’ils puissent axer leurs efforts sur des initiatives dont les bénéfices seront tangibles.

En outre, le présent mandat cherche à documenter et à analyser les volets économique et technologique du secteur vert. Il répond à deux objectifs principaux :

a) Définir les caractéristiques principales et les tendances actuelle et future de l’économie verte;

Il s’agit de démontrer que l’économie et la croissance vertes ne sont pas censées se substituer au développement économique. C’est un concept étroit nécessitant la mise en place d’un programme d’action opérationnel pouvant contribuer à un progrès réel et tangible à l’interface de l’économie et de l’environnement. Une transition réussie vers une économie verte nécessite que l’effort soit axé sur la création de conditions favorisant l’innovation et l’investissement qui, à leur tour, peuvent créer de nouvelles sources de croissance économique durable (c.-à-d. création directe et/ou indirecte d’emplois verts).

b) Présenter des études de cas en matière de pratiques exemplaires, qui ont été des initiatives et des outils porteurs réalisés à l’échelle communautaire et/ou en partenariat avec certains acteurs économiques clés.

Précisément, le rapport présente des études de cas réussis, de l’adoption de plans d’action intégrés en matière d’énergies propres, sur le développement économique durable en francophonie canadienne hors Québec. Finalement, compte tenu des résultats obtenus, des conclusions et des recommandations sont proposées en vue de faciliter la mise en place d’une stratégie de croissance verte et, éventuellement, d’un cadre d’action pragmatique, flexible et adaptable aux différents besoins des communautés francophones du Canada.

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ÉcoRessources propose d’atteindre les objectifs visés à l’aide d’une méthode qui se décline en quatre étapes. La première étape consiste à faire la mise en contexte du sujet de l’étude. Il est, notamment, question de proposer une définition du secteur de l’économie verte. Deux questions, d’ordre général, s’imposent :

Qu’est-ce que le secteur de l’économie verte et comment contribue-t-il à la mise en place d’une stratégie globale de développement durable au Canada?

D’un point de vue économique et sociétal, quelles sont les tendances actuelle et future de ce secteur?

La deuxième étape est découpée en trois sous-étapes. L’information et les données utilisées, dans cette étape sont recueillies à partir de ressources dont dispose ÉcoRessources ainsi qu’à partir d’autres références recherchées en ligne. Dans la première sous-étape, il est question d’établir les principales caractéristiques du secteur. Dans la deuxième sous-étape, il s’agit de souligner les éléments moteurs du secteur ainsi que ses tendances prédominantes. Finalement, dans la troisième sous-étape, il est question de rechercher et de proposer une vision claire sur les perspectives d’avenir de ce même secteur.

En outre, la troisième étape consiste en la présentation de quatre études de cas en matière de pratiques exemplaires. Nous avons choisi de sélectionner cinq communautés francophones hors Québec, réparties dans trois provinces différentes du Canada et d’étudier l’impact du développement du secteur de l’économie verte sur leur bien-être économique et social. Pour conclure, l’étape quatre propose des indications sur les pistes à explorer pour ses collectivités en matière d’économie et de croissance vertes.

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2. Définition de l’économie verte

Dans la théorie économique sur l’environnement, la notion d’économie verte est souvent envisagée de deux manières différentes. D’une part, elle est conçue comme étant une économie équitable et inclusive qui favorise le développement économique tout en respectant les principes écologiques (PNUE, 2011). Cette approche repose sur une analyse des impacts suggérant qu’une activité est dite verte ou écologique si elle est relativement moins polluante et moins consommatrice de ressources. D’autre part, elle est conçue comme étant une branche de l’économie qui investit dans les technologies environnementales, telles que : les énergies renouvelables (solaire, éolienne, etc.) et le capital naturel (terre, forêts, eaux, etc.). Cette approche repose sur une analyse de finalité qui suggère qu’une activité est dite verte ou écologique si elle a comme objectif la protection de l’environnement. Le tableau 1 ci-dessous présente deux critères d’identification pour comprendre les activités vertes.

TABLEAU.1 EXEMPLE D’APPLICATION DE DEUX CRITÈRES POUR COMPRENDRE LES ACTIVITÉS VERTES.

Source : (Greffet, Mauroux et Ralle, 2012).

À titre explicatif, les activités de recherche et de développement en efficacité énergétique, par exemple, sont considérées comme doublement vertes car elles exercent une pression relativement faible sur l’environnement aussi bien que leur objectif final est la protection de l’environnement. Supposons un autre cas, soit les activités d’exploration et d’exploitation du gaz naturel, par exemple. Vu qu’elles peuvent avoir un but final environnemental (la substitution du mazout), elles sont considérées comme mono-environnementales car elles exercent une pression relativement forte sur l’environnement, et cela notamment, au cours des deux phases d’exploration et d’extraction.

Dans le rapport du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, 2011), l’économie verte est définie comme une économie qui augmente le bien-être social des individus tout en réduisant de manière considérable les risques environnementaux et l’épuisement total des ressources. Dans une telle économie, toute croissance doit être stimulée par des politiques budgétaires expansionnistes afin de soutenir et de favoriser les investissements public et privé.

1. Activité ayant une finalité :

Environnementale Non environnementale

2. Pression sur l’environnement :

Faible Recherche et développement en efficacité énergétique

Secteur des services

Forte Chimie des nouveaux engrais Industries lourdes

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En outre, une éventuelle transition vers une économie verte devra se faire en entretenant et, dans une certaine mesure, en restaurant le capital naturel qui est une source de richesse publique et une valeur ajoutée importante, surtout pour les individus les plus démunis dont les moyens de survie et de sécurité dépendent de la nature. L’économie verte a pour objectif de définir une trajectoire révisée de l’évolution des économies nationale et internationale. Elle vise la croissance et le développement économiques, tout en redéfinissant les bases sur lesquelles se fondent ces derniers. La figure 1 ci-dessous montre comment le secteur de l’économie verte est un complément logique au développement durable.

FIGURE 1. L’ÉCONOMIE VERTE.

Économie verte

Adapté de (Verreault, 2011).

Le secteur de l’économie verte tend à : (1) Stimuler et préserver la croissance économique, (2) Réduire la pauvreté via la création d’emplois verts, et (3) Soutenir l’activité humaine en assurant une allocation optimale des ressources naturelles.

Entre autres, le secteur de l’économie verte se présente comme un schéma de développement ayant pour objectif la stimulation de l’économie mondiale via la mise en place de politiques qui donnent la priorité à l’adoption, au quotidien, des sources d’énergie verte et encourage les gens à adopter des modes de consommation et de production durables et écoresponsables. De plus, il vise à établir une répartition plus juste des externalités positives de la croissance à travers la création d’emplois dans les nouveaux secteurs verts, et ce, dans le but d’améliorer les conditions et les modes de vie des populations les moins favorisées.

Économie

Société

Économie

Environnement

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À titre d’exemple, prenons le cas du projet éolien de Lamèque, situé dans la Péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick (NB), qui a été mis en service en 2011. Le projet a coûté environ 115 millions de dollars pour l’entreprise chargée du projet (ACCIONA Energy)1, et soixante-huit propriétaires ont signé des contrats de location pour participer au développement. À ce sujet, Jack Keir, ministre de l’Énergie du NB, a déclaré :

« ’Le NB dispose d’une ressource éolienne de première classe et je suis plus que ravi des progrès réalisés dans le projet de centrale éolienne de Lamèque. Nous transformons la province et notre économie, et le secteur de l’énergie joue un rôle essentiel dans de développement ».

À ce sujet, David Peter-Paul, chef de la Première nation Pabineau, a également déclaré :

« Les Premières nations Micmac du NB sont favorables au développement durable tel que le projet d’énergie renouvelable de Lamèque et sont ravies que le projet respectera l’environnement, créera des emplois, stimulera la croissance économique dans la région et sera bénéfique aux Premières nations. Nous somme fidèles à nos ancêtres en permettant l’accès à nos terres et en recherchant une coopération mutuellement profitable ».

À noter que les Premières nations Pabineau et Esgenoopetitj sont les communautés autochtones les plus proches du parc éolien qui a été construit. Finalement, c’est à la fois, l’effort collectif et la communauté locale qui ont soutenu et favorisé le développement économique dans le comté de Gloucester. Ainsi, c’est dans cette optique que les communautés francophones canadiennes hors Québec ont une fenêtre d’opportunité compte tenu de la conjoncture économique, sociale et environnementale qui favorise la prise en main de la sécurité énergétique locale et la création d’emplois durables au sein de ces collectivités.

1 http://www.nbpower.com/html/fr/about/media/media_release/pdf/ACCIONA_FR.pdf

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3. Les tendances actuelle et future du secteur

D’après la Fédération canadienne des municipalités (FCM, 2011), à la manière des autres pays développés (Corée, Chine, etc.), le Canada doit s’adapter à l’épuisement croissant et irréversible du stock du capital naturel mondial tout en relevant les défis posés par la pollution et les changements climatiques. Concrètement, la solution consiste en la canalisation de l’innovation et la coordination des politiques et des actions gouvernementales d’une manière plus efficace dans le but de bâtir une économie verte. À ce sujet, Berry Vrbanovic, le président de la FCM, a déclaré :

‘’Le Canada doit être un chef de file mondial dans la transition vers une économie verte, mais cela est loin d’être certain dans les circonstances actuelles. L’esprit d’innovation se manifeste partout dans le monde et le Canada est en mesure d’y contribuer. Il reste à savoir si nous serons un consommateur net ou un producteur net de toutes ces innovations’’.

Les initiatives de verdissement de l’économie peuvent améliorer la qualité de vie d’une collectivité, favoriser le développement économique et stimuler la compétitivité, tout en créant des emplois et en améliorant les compétences de la main-d’œuvre locale. Trois principes fondamentaux orientent cette démarche : (1) l’optimisation des ressources, (2) l’adoption des nouvelles technologies pour la production d’énergies propres, et (3) l’augmentation de l’efficacité énergétique. L’impact éventuel d’une telle transition sur l’économie et l’emploi se fera sentir partout dans le Canada, dans les petite et grande collectivités, à l’échelle régionale, provinciale et nationale.

3.1 Les caractéristiques principales du secteur

La démarche à suivre, inspirée de l’économie verte, est appelée à varier d’une région et d’un pays à l’autre dépendamment du niveau de développement, des spécificités locales et de la dotation de l’État en capital naturel. Dans cette section du rapport, on fait état des deux principaux secteurs où une écologisation est recommandée et on étudie diverses modalités d’action.

Énergie

Les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont les axes primaires qui caractérisent l’économie verte (OCDE, 2011). D’après l’Energy Information Administration (EIA, 2010), le secteur énergétique, grandement dominé par les combustibles fossiles, est responsable de plus de 80 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Une transition réussie vers une économie verte dépendra, entre autres, de la réduction de la dépendance mondiale aux énergies fossiles. En outre, la transition peut être accélérée par la mise en œuvre de marchés du carbone.

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D’une part, le virage vers les énergies renouvelables, ayant un ratio compétitivité-coût relativement élevé, s’avère difficile à amorcer. La rentabilité économique des énergies renouvelables est plus faible, et leur contribution à la production totale d’énergie primaire se limite à 20 % contre 80 % pour les énergies fossiles. D’une autre part, il est difficile de percevoir que cette part puisse augmenter, de manière substantielle et rapide, dans le court terme. Une période de transition continue sera ainsi nécessaire pour inverser les tendances respectives régnantes d’énergies fossiles et vertes. Il est cependant plus rentable de mener une telle transition lorsque le prix des énergies renouvelables aurait dû se rapprocher de celui des énergies fossiles (PNUE, 2011). Toutefois, il s’agit de noter que le prix des énergies fossiles n’internalise pas la valeur des externalités négatives qui en découlent tels que les impacts environnementaux. Pour assurer une transition relativement stable, l’élimination des subventions aux énergies fossiles est nécessaire. Aussi, d’autres stimuli (subventions, crédit d’impôt, permis d’émission de GES, etc.), favorisant l’efficacité énergétique, l’utilisation de sources d’énergies propres ainsi que la recherche et le développement d’énergies renouvelables, devront être implantés. Ces stimuli assureront une allocation optimale des ressources naturelles de l’État. Les figures 2 et 3, ci-dessous, présentent les prévisions d’évolution de la part d’énergies vertes sur la période 2000-2100 et les quatre leviers de la transition énergétique, respectivement.

FIGURE 2. ÉVOLUTION DE LA PART DES ÉNERGIES VERTES (EN MILLIONS DE MÈTRE CUBE).

Source : (EIA, 2010).

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D’après (EIA, 2010), le scénario de transition vers une économie verte prend l’allure d’une courbe en S (Figure 2), avec un renversement des tendances d’abord lent, s’accélérant ensuite pour passer par un point d’inflexion (en 2050) avant de stagner en fin de transition. La transition sera donc de longue durée et doit être amorcée selon les deux axes (énergie et carbone) représentés sur le schéma de la figure 3. Cette durée s’explique à la fois par le besoin de faire réviser les stratégies alternatives qui seront adoptées ainsi que par la durée estimée pour favoriser l’investissement dans le secteur de l’économie verte.

La transition se fera donc en quatre étapes :

1. La diminution de la consommation d’énergie, tout en favorisant le développement économique;

2. La diminution de la composante « carbone » de l’énergie afin de réduire les émissions de dioxyde de carbone par unité d’énergie produite;

3. Le contrôle des approvisionnements en énergies fossiles pendant la période de transition;

4. Le captage et le stockage du dioxyde de carbone émis. Parallèlement, d’autres mesures peuvent également être implantées, soit : les puits de carbone, le recyclage du carbone, etc.

FIGURE 3. LES QUATRE LEVIERS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE.

Source : (EIA, 2010).

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Finalement, la promotion de l’économie verte produira des avantages dans les milieux urbains aussi bien que dans les milieux ruraux. Dans le premier cas, les emplois et métiers verts axés sur les services et l’industrie manufacturière légère et spécialisée croîtront. Dans le deuxième cas, en raison de l’augmentation de la demande pour les biens et services écologiques (BSE), les emplois verts en lien avec la foresterie et la gestion durable des ressources naturelles devraient également augmenter (FMN, 2011).

Modes de production et de consommation

L’économie verte vise à promouvoir l’adoption de nouvelles pratiques et des solutions qui favorisent le remplacement graduel des modes de production et de consommation polluants qui utilisent les ressources naturelles d’une manière intensive (PNUE, 2011).

Au niveau de l’adaptation des modes de consommation et de production d’énergies, il est question de favoriser l’efficacité énergétique. À l’échelle canadienne, les instances publiques, comme les municipalités, jouent un rôle primordial dans l’écologisation de l’économie. Pratiquement, elles assurent la mise en place des politiques de verdissement de l’économie dans un contexte qui met leurs avantages en évidence. À l’échelle municipale, le principe de subsidiarité est appliqué. À titre d’exemple, la réduction de la consommation énergétique des résidences, des bâtiments et des véhicules se traduira par une diminution des coûts pour tous les acteurs économiques. L’amélioration de l’efficacité énergétique des activités publiques va éventuellement se traduire par de réductions majeures des coûts et va libérer des ressources qui seront investies ailleurs. Le Fonds municipal verts (FMV) est une forme de partenariat gouvernemental-municipal qui a engendré la création d’une valeur ajoutée sur le plan de la gestion durable, efficace et économique des ressources au Canada. Le tableau 2 ci-dessous présente l’impact économique des investissements de 544,3 millions de dollars (M$) dans des projets d’immobilisation financés par le FMV. Les impacts positifs de tels investissements sont énormes. Ils permettent la création d’emplois, la relance de l’activité économique (PIB) et l’amélioration continue du bien-être social des collectivités canadiennes.

TABLEAU 2. L’IMPACT ÉCONOMIQUE DU PROJET FINANCÉ PAR LE FMV (EN MILLION DE DOLLARS, M$).

Source : (FCM, 2011)

Total

1 692,3 M$

215,2 M$

220,8 M$

1183,8 M$

366 M$

3 721,4 M$

15 304

1 946

1 905

9 895

3 209

32,650

32,8 M$

544,3 M$

292,9 M$

Énergie

Intégré

Matières résiduelles

Eau

Transport

260,1 M$

16,1 M$

46,4 M$

165,6 M$

3 104,5 M$

1410,9 M$

179,4 M$

184,7 M$

1 000,5 M$

Sites contaminés 391 43,3 M$

Secteur du FMV Investissement du FMV Valeur du projet Emplois PIB

23,3 M$ 36,1 M$

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Sur le plan des matières résiduelles, les partisans de l’économie verte critiquent les comportements qui entraînent une accumulation massive des déchets. Ces comportements devraient progressivement être évités (Grandjean, 2011). Pour ce faire, l’adoption de principes assurant une gestion éco-efficaces des déchets est recommandée. Nous avançons deux principes généraux, soit : (1) le principe des 3RV-E2 qui assure une gestion durable des modes de consommation, et (2) le principe de pollueur-payeur (PPP)3 qui incite les différents acteurs de la société civile à réduire leurs empreintes de carbone en les encourageant à adopter des modes de production moins polluantes. Le PPP est intimement lié au principe d’internalisation des coûts. Ce principe vise à sensibiliser les agents économiques qui génèrent de la pollution à assumer leur part des coûts des mesures de risque, de réduction et de correction des atteintes environnementales et de la prévention contre celles-ci. L’imposition d'une taxe pour sanctionner un comportement néfaste d’un point de vue environnemental n'atteint pas toujours ses objectifs. En revanche, il est souvent difficile de déterminer le prix « juste » d’une taxe qui sera en mesure d’inciter les gens à changer leurs comportements. À titre illustratif, nous avançons le cas de la redevance à payer par tonne de déchets imposée par le gouvernement québécois en 2007. Cette mesure a permis d'améliorer la collecte sélective des déchets, mais n’a pas pu réussir à atténuer le flux des déchets qui vont à l'enfouissement, malgré que se fût l’un des objectifs fixés par l’imposition de la redevance. Un deuxième exemple, la redevance imposée sur les carburants et les combustibles depuis quelques années au Québec, à une cinquantaine d'entreprises, a eu un effet mitigé. Le but de cette taxe était d’assurer un financement continu au secteur du transport en commun. Toutefois, cette mesure n'a pas pu réussir à réduire la consommation de carburant et dans une moindre mesure la pollution.

Les sections antérieures de notre étude synthétisent les objectifs et les concepts caractéristiques du secteur de l’économie verte, de même que, entre autres, les deux secteurs économiques qui seront prioritairement visés par l’écologisation. L’investissement privé et les dépenses gouvernementales assureront un virage stable et rapide du modèle classique actuel (d’une économie classique), vers un modèle économique de développement durable et de croissance verte (vers une économie verte).

2Le terme 3RV-E dénote : réduction, réemploi, recyclage, valorisation et élimination. Parallèlement, dans la littérature économique sur le

développement durable, on trouve parfois des sigles, tels que : 3RV, 4RV et 4RV-E qui désignent généralement la même réalité. Pour certains, le quatrième R désigne récupération.

3Le PPP a été adopté par l’OCDE en 1972.

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D’après (Verreault, 2011; OCDE, 2011), il est nécessaire de taxer les activités qui sont dommageables à l’environnement, de favoriser les choix durables et responsables, de mener une réforme du système fiscal existant, d’encourager l’investissement public dans les infrastructures durables et de restaurer le capital naturel sur les deux plans social et communautaire. D’après un rapport de consultation (ÉNAP, 2012), il existe quatre instruments économiques, fiscaux et non fiscaux, qui pourront renforcer la transition vers une économie verte, soit : (1) les initiatives volontaires-durables, (2) la réglementation, (3) les dépenses publiques, et (4) les politiques fiscales. Ils sont présentés ci-dessous :

1. Les initiatives volontaires-durables

Ce type d’initiative dénote les pratiques engagées par les agents économiques (individus, sociétés civiles, municipalités, État, etc.), qui ne sont pas le fruit de législation légale et/ou juridique et qui visent à promouvoir le développement durable, à réduire la pauvreté et à créer des opportunités d’emplois à l’échelle régionale et communautaire d’une économie. Pour ce faire, l’État joue un rôle crucial en favorisant certains comportements éco-efficaces et en facilitant aux agents l’accès à l’information à caractère environnemental. À titre d’exemple, nous citons le cas de l’initiative SMART de l’institut international du développement durable (IISD) qui cherche à implanter une infrastructure solide pour l’utilisation efficace et juste des initiatives volontaires-durables comme instrument du développement durable. Celle-ci se concentre sur la promotion de l’accès au financement et sur la liaison du financement au rendement de la production durable.

À l’échelle canadienne, nous avançons le cas de l’initiative intégrée du partenariat : RNCan (Ressources naturelles Canada)-MAINC (Ministère des affaires indiennes et du nord Canada)-Premières Nations pour la gestion durable des forêts sur les terres des réserves. Ce programme conjoint de gestion durable avait pour but de fournir aux collectivités locales des emplois et des revenus ainsi qu’une formation et des compétences applicables à la gestion durable des ressources naturelles. La forêt modèle des Cris de Waswanipi, établie en 1997 au Québec, est un excellent exemple d’une initiative visant à corroborer les capacités des collectivités autochtones en gestion durable des forêts4.

2. La réglementation

Il est ici question de fonder des lois, des règlements et des normes législatives qui régularisent et encadrent la gestion durable des activités économiques et humaines à l’échelle nationale d’un pays. Les acteurs économiques devraient adapter leurs comportements ainsi que leurs activités industrielles à ces obligations, sous peine de pénalités financières ou de sanctions pénales. La réussite de ce type d’intervention est largement tributaire de la capacité de l’État de mettre en place une combinaison amendes-infractions qui soit juste et optimale (Verreault, 2011).

4http://www.partenariat.qc.ca/pdf2/OT-37.pdf

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3. Les dépenses publiques

Ce type de mesures implique que c’est via les sommes gouvernementales versées que l’État est capable d’orienter l’action des acteurs privés. D’une part, les dépenses gouvernementales épaulent le bon fonctionnement du marché. D’autre part, l’État récompense certains comportements écoresponsables à travers la mise en place de politiques de subventions par type d’actions (PNUE, 2011).

4. Les politiques fiscales

Ces politiques visent à pénaliser les entreprises émettrices de pollution en internalisant les externalités négatives associées à leurs activités industrielles, ce qui en augmente leurs coûts de production. Entre autres, il existe trois mesures fiscales qui incitent les entreprises à réduire leurs émissions de GES et à adopter des modes de production plus durables, soit : (1) l’imposition des taxes, (2) l’imposition de permis échangeables, et (3) les consignes.

Les taxes sont des prélèvements obligatoires direct et indirect qui augmentent le prix d’une opération. Les permis échangeables créent un marché de la pollution dans lequel les entreprises, ayant différents coûts marginaux de réduction, échangent entre-elles des droits d’émission minimisant ainsi le coût total de la réduction de la pollution. Les consignes incitent les gens à adopter des comportements conformes aux modalités d’action prescrites afin de pouvoir bénéficier des sommes préalablement établies (c.-à-d. canettes de boisson gazeuse). Il est à signaler que le choix de l’instrument économique -à adopter- est étroitement lié au type d’effets visés et dépend des spécificités du domaine d’intervention. Dans le cas des ressources naturelles, les instruments économiques préférés sont les taxes et les quotas d’émissions. Par contre, dans le cas des émissions de GES, les droits d’émissions et les taxes sont les instruments économiques de prédilection.

Conclusion sur les caractéristiques de l’économie verte

À l’heure actuelle, le gouvernement canadien vise à étudier et à quantifier l’impact potentiel d’un éventuel développement du secteur de l’économie verte sur sa croissance économique future afin de remplacer graduellement la concentration de l’activité économique vers les combustibles fossiles. D’après (Verreault, 2011), si le Canada est capable de mener une transition rapide vers une économie verte, tout en appuyant cette transition sur un ensemble homogène de mesures dans les deux secteurs d’intervention précédemment identifiés, les retombées économiques attendues seront globalement positives. Il est toutefois logique de penser qu’un ralentissement potentiel de l’activité économique, durant la phase initiale de la transition, est en mesure d’être enregistré. Cependant, la croissance et la relance de l’activité économique associées au secteur de l’économie verte seraient supérieures à celles d’un scénario de référence fondé sur le modèle économique classique.

En outre, malgré les craintes et les incertitudes, le Canada s’est montré favorable à l’économie verte. Bien que le gouvernement fédéral s’est engagé, depuis 2005, à mettre en œuvre une économie verte, l’adhésion canadienne à ce nouveau concept est désormais plus fine (EIA, 2008; ÉNAP, 2012). En conclusion, c’est en se basant sur un programme d’action multisectoriel que le secteur de l’économie verte entend favoriser l’utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles et, pour ce faire, se base sur un partenariat public-privé intégré et actif.

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3.2 Éléments moteurs du secteur et tendances prédominantes

Notre étude se penche sur, entre autres, deux secteurs économiques qui, à l’avis de ÉcoRessources, sont essentiels à la réalisation des objectifs de la transition vers une économie verte, à savoir l’amélioration du bien-être collectif et social et la prévention contre les risques écologiques et de pénuries irréversibles des ressources. Dans l’ensemble de ces objectifs, nous devons nous attarder à examiner si une écologisation de l’économie sera en mesure de générer des résultats favorables en matière d’accumulation de la richesse, d’accroissement de la croissance économique, et de création de nouvelles opportunités de travail. La figure 4 ci-dessous présente une comparaison des impacts du développement d’un scénario vert (en %) par rapport au maintien du scénario classique pour différentes variables, 2015, 2030 et 2050, respectivement.

FIGURE 4. COMPARAISON DES IMPACTS D’UN SCÉNARIO DE CROISSANCE VERT PAR RAPPORT AU MAINTIEN DU

STATU QUO POUR DIFFÉRENTES VARIABLES (EN %), 2015, 2030 ET 2050.

Source : (PNUE, 2011).

Il existe également certaines possibilités d’investissements sectoriels et de réformes des politiques qui pourraient devenir importantes à l’échelle nationale, régionale et communautaire d’un pays car elles faciliteraient la transition vers une économie verte. La Loi sur l’énergie verte et l’économie verte de l’Ontario est un excellent exemple d’une politique sectorielle qui favorise l’adoption de systèmes d’énergie renouvelable dans les collectivités éloignée et rurale.

Dans cette troisième section de notre étude, nous expliquons sommairement les deux facettes du secteur de l’énergie qui seront touchées par ces possibilités d’investissements et de réformes, à savoir : (1) la production d’énergie renouvelable, et (2) la consommation efficace d’énergie. La deuxième facette nécessitera une analyse multi-variée car elle regroupe l’efficacité énergétique des activités économiques et la gestion optimale et durable des déchets organiques qui en résultent.

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3.2.1 La production d’énergie renouvelable

D’après (Jarkas, 2010), l’énergie renouvelable désigne toutes formes d’énergies ayant un taux de génération qui est égal à son taux de consommation. Elle est pratiquement inépuisable, et est issue de phénomènes naturels réguliers provoqués par les astres, dont : le Soleil (énergie solaire), la Lune (énergie marémotrice) et la Terre (énergie géothermique). Soulignons que le caractère renouvelable d’une énergie ne dépend pas seulement de la vitesse à laquelle la source se reproduit, mais aussi de la vitesse à laquelle elle est exploitée. En outre, par abus de langage, la notion d’énergie renouvelable est souvent confondue avec celle d’énergie propre. Toutes les énergies renouvelables ne sont pas nécessairement propres. Par exemple, certains fluides frigorigènes utilisés dans les procédés géothermiques sont de puissants GES contribuant en partie au réchauffement climatique de la planète.

En matière de production d’énergie, la présente sous-section avance une description sommaire de différents types d’énergie renouvelable dont le solaire, l’éolien, la biomasse, les hydroliennes, les biocarburants, le biogaz et la chaleur (le géothermique). Ils sont présentés ci-dessous :

1. Le solaire

Les technologies solaires mettent l’accent sur la production d’électricité et de chaleur via l’exploitation directe du rayonnement solaire. Le secteur de l’énergie solaire se divise en deux catégories : (1) l’énergie solaire photovoltaïque (PV), et (2) l’énergie solaire thermique. Le solaire PV sert principalement à produire de l’électricité à partir de cellules PV pour, entre autres, l’alimentation d’un réseau public de distribution, le fonctionnement d’appareils résidentiels et commerciaux aussi bien que pour l’alimentation des bâtiments, alors que le solaire thermique vise à combler la demande accrue pour des systèmes de chauffage et de refroidissement des espaces dans tous les types de bâtiments.

Pour le solaire PV, il existe divers types de cellules PV5, soit : (1) la cellule au silicium (mono et multi-cristallin), (2) la cellule amorphe, (3) la cellule tandem qui utilise les deux types de cellules précédentes, et (4) les cellules multi-jonction. On distingue trois générations de PV en fonction des développements technologiques et du type de cellules utilisées. La cellule au silicium (1re génération), par exemple, est la plus répandue dans les installations, tandis que la cellule amorphe (2e génération), est utilisée pour les montres ou calculatrices dites solaires. Les cellules multi-jonction, ayant le prix le plus élevé, sont utilisées pour des applications spatiales. Finalement, la cellule PV en polymère (3e génération), qui, en utilisant différentes bandes d’énergie et en superposant différents types de cellules, vise à maximiser le rendement énergétique de celles-ci. Par définition, une cellule PV est un composant électronique qui, exposé à la lumière, produit de l’électricité grâce à l’effet PV qui est à l’origine du phénomène. La tension obtenue est fonction de la lumière incidente. Précisément, le rendement énergétique d’une cellule PV se définit comme étant le rapport entre l’énergie solaire captée à la surface de la cellule et l’énergie électrique produite par cette même cellule. Le solaire PV transforme le rayonnement solaire en électricité via des panneaux semi-conducteurs. C’est une technologie très séduisante et en pleine expansion. La

5http://energies2demain.com/solaire/photovoltaique/les-differents-types-de-cellules-photovoltaiques

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figure ci-dessous présente l’évolution de la production de cellules PV (en Mégawatt-crête6), entre 2000 et 2011 (RNCan, 2012).

FIGURE 5. ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION DES CELLULES PV AU CANADA (EN MC), 2000-2011.

Selon (CanSIA, 2010), l’énergie solaire PV sera compétitive sur la scène mondiale d’ici 2020. Au Canada en général et dans la province de l’Ontario en particulier, le secteur d’énergie solaire s’est taillé une réputation indéniable de chef de file en accélérant la mise en place du solaire PV via l’adoption d’une politique de tarif de rachat garantis (TRG). Économiquement, dans le secteur du solaire PV, nous qualifions la compétitivité économique de parité avec le réseau. Dans le solaire PV, la parité économique désigne le seuil auquel les coûts de production deviennent compétitifs avec ceux d’autres sources d’énergie alors que dans le solaire thermique, la parité économique est atteinte quand les coûts de production et les coûts d’approvisionnement en chaleur sont égaux.

Aujourd’hui, malgré que, les technologies PV sont en évolution continue, le secteur du solaire PV souffre de leur coût relativement élevé et de la faiblesse de leur rendement7.

6De l’anglais Watt-peak (Wc ou Wp), c’est une unité de mesure qui représente la capacité maximale d’un dispositif. Dans le solaire PV, par

exemple, elle représente la puissance électrique maximale générée par une installation PV. 7 http://www.systemoffgrid.com/index.php?P=30&Titre=les-rendements-photovoltaiques

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2. L’éolien

L’énergie éolienne est extraite de l’air en mouvement. Les éoliennes convertissent l’énergie cinétique du vent, à travers des aérogénérateurs, en une énergie électrique, mécanique ou en force motrice. D’après (RNCan, 2009; GWEC, 2013), on estime que la capacité potentielle du Canada en énergie éolienne monte à plus de 100 000 mégawatts (MW). Généralement, les éoliennes se divisent en trois catégories : (1) la grande éolienne ayant une capacité installée supérieure à 350 kilowatt (kW), (2) l’éolienne moyenne avec une capacité installée qui varie entre 36 à 300 kW, et (3) la petite éolienne ayant une capacité installée inférieure à 1 kW. L’économie des petites éoliennes généralement adaptées aux collectivités éloignées et aux micro-applications agricoles est différente de celle des grandes éoliennes. À titre illustratif, au Canada, une collectivité éloignée non connectée à un réseau principal sera en mesure d’utiliser un système éolien-diesel, par exemple, pour alimenter ses besoins en énergie. Par contre, un grand nombre d’agriculteurs peuvent se rassembler et mettre en œuvre un projet à finalité commerciale de plusieurs grandes éoliennes pour la production d’énergie. En outre, des entrepreneurs privés peuvent bâtir un projet de plusieurs éoliennes dans une terre rurale et éloignée en signant un bail avec le propriétaire du terrain. Un tel acte sera triplement bénéfique. Les éoliennes permettent grâce aux redevances foncières de : (1) favoriser le développement local des communautés, (2) d’assurer une source de revenu aux propriétaires terriens et (3) d’augmenter la rente foncière du terrain. Le système autonome éolien-diesel-hydrogène de capacité moyenne, regroupant six éoliennes, trois générateurs diesel et un système de stockage d’hydrogène, installé sur l’île de Ramea dans la province de Terre-Neuve et Labrador en 2004, constitue un excellent exemple d’un projet éolien communautaire qui répond aux besoins énergétiques d’une communauté éloignée et permet à celle-ci de participer à sa réalisation et d’en bénéficier de ses retombées économiques, principalement sous forme d’énergie propre et d’emplois8.

Aujourd’hui, la technologie la plus répandue pour capter l’énergie éolienne utilise une hélice sur un axe horizontal. Les éoliennes sont caractérisées par leur rendement en fonction de la vitesse du vent. Les éoliennes existantes présentent une courbe restreinte et limitée à des vents de moins de 100 km/h. Cependant, les éoliennes en cours de développement sont conçues pour fonctionner avec des vents dépassant les 200 km/h et pour produire une quantité d’énergie proportionnelle à la vitesse du vent sur la totalité de la plage de fonctionnement (CanWEA, 2008). Les régions canadiennes où l’exploitation de l’énergie éolienne est la plus prometteuse est celle où l’on trouve des sites venteux favorables à proximité des consommateurs d’énergie, soit : le nord du Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta, l’Ontario, et le Québec. En matière de puissance installée, l’Alberta se classe au troisième rang derrière l’Ontario et le Québec avec une puissance totale de 1 116,6 MW d’énergie, soit 17 % de l’ensemble de l’énergie éolienne produite au Canada9. La figure ci-dessous présente la capacité de production d’énergie éolienne au Canada (en MW), de 2001 à 2011.

8http://canmetenergie.rncan.gc.ca/energies-renouvelables/energie-eolienne/784 9http://www.canwea.ca/farms/index_f.php

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FIGURE 6. LA CAPACITÉ DE PRODUCTION D’ÉNERGIE ÉOLIENNE AU CANADA (MW), 2001-2011.

Recueil de données à partir de www.canwea.ca.

Le secteur de l’énergie éolienne a un énorme potentiel au Canada. En dépit de ce potentiel, la capacité totale de l’ensemble des éoliennes installées aujourd’hui est de l’ordre de 6 500 MW seulement. En pourcentage, ce chiffre correspond à 6,5 % de la capacité totale estimée en énergie éolienne au Canada. D’après (CanWEA, 2008), d’ici 2025, la capacité de production cible qui devrait être installée au Canada est de 55 000 MW, couvrant ainsi près de 20 % des besoins énergétiques du pays. Si adoptée, cette cible permettra de créer 50 000 emplois et de représenter 165 M$ de revenus à un rythme annuel. Pour ce faire, la mise en place d’une stratégie interprovinciale intégrée, favorisant le développement à grande échelle de turbines éoliennes de toutes sortes, est recommandée.

3. La biomasse (le bois, le biogaz et le biocarburant)

Par définition, la biomasse dénote l’ensemble de la matière vivante. En économie de l’énergie, la biomasse désigne l’ensemble des matières organiques pouvant se transformer en diverses sources d’énergie. La biomasse est une source importante de production d’énergies renouvelables. Elle produit de la chaleur, avec les déchets du bois par exemple, de l’énergie (biogaz) ou encore une certaine forme de carburant dite biocarburant. Pour considérer l’énergie issue de la biomasse (agricole ou forestière) comme énergie verte, il est important que le cycle de vie du processus de la matière première (la biomasse), n’exige pas une grande charge de combustible fossile (soit durable).

La biomasse se présente sous trois formes : solide, liquide et gazeuse. Actuellement, l'énergie issue de la biomasse provient en très grande partie des solides. Le bois est la source la plus importante de biomasse. D’autres sources de biomasse solide incluent : les déchets forestiers (copeaux et sciure), les déchets agricoles, les déchets organiques (engrais animal) et les déchets organiques des résidus urbains (que l’on trouve dans les sites d’enfouissement, par exemple)10.

10http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/energie-de-la-biomasse

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Il existe plusieurs façons de transformer la biomasse en électricité et en chaleur, dont, entre autres, la combustion directe, la cocuisson et la gazéification. La combustion directe consiste à brûler la biomasse dans des chaudières afin de produire, soit de la chaleur (chaudière ou poêle à bois), soit de la vapeur à haute pression. La vapeur fait fonctionner une turbine qui, à son tour, active une génératrice qui produit de l’électricité. Bien que cette technologie soit répandue, son rendement, limité, est d’environ 20 %. À noter également que l’énergie issue de la biomasse produit certains effets néfastes d’un point de vue environnemental, mais moins que d’autres types de combustibles. À titre illustratif, le tableau ci-dessous présente la synthèse des performances environnementales des technologies de chaudière pour différents combustibles.

TABLEAU 3. SYNTHÈSE DES PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES DES TECHNOLOGIES DE CHAUDIÈRE POUR

DIFFÉRENTS COMBUSTIBLES (MG/MJ)

Équipement Effic (%) Particules

Mazout 75 5 220 55 10 50 78 000

Gaz naturel 75 0,8 0,25 40 5 50 51 000

Charbon - 60 340 70 70 4 500 104 000

Copeau ou granule 75 4 10 45 45 16 0

Poêle EPA 75 32 10 70 70 366 0

Poêle non EPA 40 520 10 70 70 6 000 0

Source : Adapté du MRNF – CIQ (2011) – Profil des produits forestiers – Technologies de bioénergies à base de la biomasse forestière. Tableau 16.

La cocuisson consiste à brûler la biomasse (charbon de bois), pour la production d’électricité. Cette technologie s’avère la plus rentable d’un point de vue économique et environnemental. Elle permet la

réduction des émissions de GES et de simultanément. Finalement, la gazéification consiste à fermenter la biomasse (matières organiques animales ou végétales) et de la transformer en une source d’énergie utilisable. Cette technologie consiste à chauffer la biomasse solide à des températures élevées en l’absence d’oxygène afin de produire un biogaz combustible, à faible pouvoir calorifique, riche en méthane. D’après (EIA, 2008), la gazéification de la biomasse pour produire de l’électricité est deux fois plus efficace que sa combustion directe. Le biogaz peut être utilisé pour chauffer des bâtiments, pour produire de l’électricité et pour les applications rurales (la digestion anaérobie du fumier animal et d’autres produits agricoles). Par exemple, dans la province de l’Ontario, une usine du Canada Composting Inc. (CCI), alimente un processus de digestion anaérobie avec des matières organiques pour produire du compost et du biogaz qui seront ultérieurement utilisés pour la production d’électricité. Un réseau de tuyaux recueille le biogaz et l’utilise pour alimenter une centrale électrique. À noter que l’Ontario Power Generation (OPG) achète de l’électricité de cette centrale dans le cadre de son programme d’économie verte (L’ABC des technologies de l’énergie renouvelable, 2003).

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Aussi, la biomasse permet la production de biocarburants, tels que : l’éthanol et le biodiesel. L’éthanol est le résultat d’une fermentation à haute température de matières organiques riches en sucre. Aujourd’hui, l’éthanol est souvent utilisé comme adjuvant à l’essence afin d’améliorer la performance éco-environnemental des véhicules. Au Canada, 175 litres d’éthanol sont produits chaque année à partir de céréales comme le maïs et le blé. D’autre part, le biodiesel est produit en combinant des ressources renouvelables, les huiles végétales et le gras animal, avec de l’alcool et un catalyseur. Au Canada, cinq millions de litres de biodiesel sont produits chaque année. En 2008, la capacité cumulée, en matière de production de biodiesel et d’éthanol, des usines canadiennes s’élevait à 2 milliards de litres par an (Rapport de la Chambre de Commerce du Canada, 2009). Récemment, une étude d’Enquête pollution affirme que 1 600 MW de la capacité énergétique canadienne issue de la biomasse est concentrée dans les industries forestières et des pâtes et papiers et 5 % de cette capacité utilisent le biogaz provenant des sites d’enfouissement urbains.

Outre les émissions atmosphériques qui résultent de la combustion directe de la biomasse, les coûts élevés, attachés à la collecte, le transport et la manutention de celle-ci posent un obstacle à son développement économique. Toutefois, si les ressources de la biomasse ont été utilisées de façon optimale et si les émissions potentielles issues de la combustion directe qui en résultent ont été gérées d’une manière efficace, la biomasse au Canada pourra être considérée comme une source importante pour la production d’énergie verte étant donné l’abondance de sa disponibilité11.

4. Les hydroliennes

L’énergie marémotrice se crée par le flux et reflux des marées. Les marées activent des hydroliennes qui, à leur tour, produisent de l’électricité. Par définition, une hydrolienne est une turbine qui utilise l'énergie cinétique des courants marins comme une éolienne utilise l'énergie cinétique de l'air, pour produire de l’électricité12.

On peut exploiter l’énergie marémotrice de plusieurs manières, desquelles, nous citons : (1) la construction des barrages simples et (2) la construction des barrières à marée. L’énergie hydrolienne, à l’instar de l’énergie hydroélectrique, est une source d’énergie renouvelable qui ne cause pas d’émissions de GES. À noter que l’impact écologique des barrages qui seront mis en place pour le fonctionnement des turbines variera selon l’emplacement de ceux-ci. La technologie la plus simple et la plus ancienne qui est utilisée pour la production d’énergie hydrolienne consiste en la construction de barrage dans une baie ou un petit golfe où l’on observe des amplitudes majeures entre les mouvements de va-et-vient des marées haute et basse. Selon l’Electric Power Research Institute (EPRI, 2010), la baie de Fundy au Canada est considérée comme l’emplacement le plus efficace pour la production d’énergie marémotrice en Amérique du Nord13. Lorsque la marée monte, l’eau remplit la zone derrière le barrage, alors que lorsque la marée commence à baisser les vannes du barrage se referment pour maintenir l’eau à son niveau le plus élevé. Une fois la marée totalement baissée, l’eau qui coule avec une grande énergie (400 mètres cube à la seconde), dans les cloisons où la turbine est située, fait tourner les aubes de celle-ci

11http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/biomasse 12http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/energie-maremotrice 13http://leg-horizon.gnb.ca/e-repository/monographs/30000000045645/30000000045645.pdf

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qui, à son tour, produit de l’électricité. Par exemple, la centrale marémotrice d’Annapolis qui se trouve en Nouvelle-Écosse utilise cette technologie pour la production d’électricité (capacité de production de 20 MW d’électricité).

La barrière à marée est une autre façon de transformer l’énergie des marées en électricité. Celle-ci, connue également sous le nom de caisson, inclut toute une série de turbines à axe verticale montée à l’intérieur de la barrière. Son avantage est qu’elle peut être utilisée dans des zones non confinées et entre les îles (c.-à-d. Détroit de San Bernardino, Philippines). Cette technologie est bien perfectionnée, mais les coûts élevés et le temps nécessaire pour la construction d’un barrage constituent l’obstacle principal à l’utilisation des marées comme une source d’énergie renouvelable. Le Canada pourrait devenir un chef de file en matière du développement de l’énergie marémotrice. Une fois la nouvelle technologie axée sur les courants des marées totalement mise en place, la centrale d’Annapolis sera en mesure de produire 300 MW d’énergie dans la baie de Fundy pouvant ainsi alimenter près de 100 000 maisons au Canada (Chambre du Commerce du Canada, 2009). Des perspectives similaires en matière de production d’énergie sont également présentes dans la côte ouest du Canada. L’emplacement de Discovery Passage, ayant une capacité de 800 MW, situé à Campbell River entre l’île de Vancouver et le continent, est un bon exemple qui reflète les perspectives futures canadiennes en matière de production d’énergie marémotrice.

5. La chaleur (Le géothermique)

L’énergie géothermique est la chaleur exploitable, accumulée dans le sous-sol. Elle provient de la chaleur à l’état naturel de la Terre et peut être utilisée pour produire de l’électricité. Elle est souvent diffuse et peu concentrée, mais il se peut qu’elle le soit, par exemple, à proximité des formations volcaniques14. Généralement, on distingue deux types de géothermie selon le niveau de température disponible à l'exploitation :

La géothermie peu profonde adaptée au chauffage et au refroidissement de bâtiments et ;

La géothermie profonde permettant la production de chaleur et d’électricité à partir de centrales électriques et de réseaux thermiques pour les secteurs résidentiels.

14http://www.geo-exchange.ca/fr/geothermie_p10.php

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La géothermie profonde, appelée aussi géothermie haute température, est une source d'énergie contenue dans des réservoirs localisés généralement à plus de 1,5 kilomètre (km) de profondeur et dont la température est supérieure à 200 °C. En raison des températures élevées, il est possible de produire de l'électricité et de faire de la cogénération (récupération et stockage d’énergie suivi d’une production conjointe d'électricité). De plus, en géothermie profonde, il est question de distinguer la géothermie hydrothermale et la géothermie pétrothermale. La première concerne l’utilisation de l’eau chaude circulant dans l’aquifère, alors que la deuxième consiste à injecter de l’eau en profondeur et à la faire circuler sous pression dans les fissures artificielles de la roche pour ensuite la pomper vers la surface. Ces procédés de production d’électricité se trouvent actuellement en phase expérimentale15. Ainsi, leur rendement énergétique effectif est inférieur à 15 %. Les projets géothermiques génèrent souvent d’importantes plus-values en aval en fournissant de l’électricité pour les systèmes de chauffage résidentiels et commerciaux, les serres et les stations thermales. En général, les coûts d’immobilisation des projets de construction des centrales d’électricité géothermique sont plus élevés que ceux des centrales fonctionnant au charbon ou au gaz naturel. Toutefois, l’énergie géothermique entraîne peu d’émissions atmosphériques.

En matière d’usage, l’énergie géothermique est souvent utilisée au Canada pour le chauffage et la climatisation de toutes sortes de bâtiments. Son usage le plus fréquent consiste, tel qu’il est mentionné ci-dessus, à extraire l’énergie de la boucle thermique peu profonde, via une thermopompe électrique, et la faire circuler dans un bâtiment au moyen d’une boucle de conduites souterraines. La thermopompe peut également inverser l’opération en transférant la chaleur à la boucle et produire de l’air froid. À noter que les coûts d’immobilisation associés à l’énergie géothermique sont relativement plus élevés que ceux des systèmes de chauffage classique (au mazout et au gaz naturel), mais que les charges financières de fonctionnement sont généralement moins élevées.

D’après la Canadian Geothermal Energy Association (CGEA, 2010), les ressources géothermiques au Canada sont majoritairement répandues dans les roches sédimentaires des Prairies. Les montagnes de la Colombie-Britannique (CB), par exemple, contiennent environ une dizaine de centres volcaniques possédant des gisements géothermiques exploitables pour la production de l’électricité. Les résultats primaires du forage effectué au réservoir géothermique de South Meager en CB montrent que cette zone géographique est en mesure de devenir la première centrale géothermique du Canada, avec une capacité de production d’électricité de 100 MW. En outre, les sous-sols de l’Île-du-Prince-Édouard et du Saint-Laurent abritent également un profond bassin sédimentaire ayant une valeur thermique élevée. Le rivage atlantique au Canda contient aussi de grosses roches granitiques, dont certaines contiennent assez de chaleur pour fournir des températures élevées et produire de l’électricité.

15http://encyclopedie-dd.org/encyclopedie/terre/la-geothermie.html

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En conclusion, le Canada semble être en voie de devenir un chef de file de l’énergie renouvelable. Sa dotation en capital naturel lui servira à produire de l’énergie verte. En outre, le secteur énergétique s’avère une pierre angulaire de l’économie canadienne comme l’indique ses contributions au revenu national et à l’emploi. D’après un rapport du ministère de l’énergie fédéral (2012), la durabilité des actions prises, axées sur le plan de l’efficacité énergétique, seront décisives de la compétitivité de l’économie canadienne. Entre 1990 et 2010, la population du Canada, son PIB ainsi que sa consommation d’énergie ont augmenté de 23 %, 58 % et 25 %, respectivement. Ainsi, cette réduction de la consommation d’énergie par unité de PIB réalisée s’est traduite par des économies annuelles, en matière de coûts énergétiques, de l’ordre de 27 milliards de dollars et des évitements d’une quantité d’émissions de GES estimée à 80 Mt, au cours de cette même période. Toutefois, il est également nécessaire de favoriser la mise en place d’autres mesures éco-efficaces qui encourageront la population à adopter des modes de consommation plus durables. Pour ce faire, un partenariat intra-gouvernemental davantage intégré permettra la réalisation d’économies importantes et l’atteinte d’objectifs communs sur les deux plans de l’efficacité énergétique et de la conservation de l’énergie.

3.2.2 La consommation d’énergie

Après avoir expliqué sommairement la première facette du secteur de l’énergie qui sera touché par les possibilités d’investissements et de réformes, à savoir la production d’énergie renouvelable, la présente section met en lumière l’importance de la mise en place d’un mode de consommation efficace d’énergie à l’échelle nationale. Cette facette étudie les deux questions de l’efficacité énergétique des activités économiques, et de la gestion optimale et durable des déchets organiques qui en résultent. Précisément, il est question de faire un aperçu général des récents progrès technologiques sur le plan de l’efficacité énergétique. Par définition, l’efficacité énergétique est un moyen qui incite les gens à réduire leur consommation d’énergie. La diminution de la consommation d'énergie est généralement attribuable à des modifications technologiques plutôt que comportementales (Rapport final du GTEE, 2009). Ainsi, les mesures d’efficacité énergétique ont pour objectif d’améliorer la performance technique réalisée tout en favorisant des modes de consommation plus responsable. La figure ci-dessous présente les trois axes de l’efficacité énergétique.

FIGURE 7. LES TROIS AXES DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE.

Source : Adapté de (Kassianides, 2011).

Utiliser des produits efficaces

Afficher et quantifier la

consommation

Gérer et exploiter les

énergies vertes

Éfficacité énergétique

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En matière d’efficacité énergétique, les autorités gouvernementales devraient intervenir afin de favoriser, entre autres, la diminution relative des besoins énergétiques, l’amélioration des équipements techniques et leur gestion ainsi que la modification des modes de consommation des individus. Dans cette optique, l’efficacité énergétique intervient principalement dans cinq secteurs de l’activité économique, à savoir : (1) le secteur des bâtiments (résidentiels, commerciaux et institutionnels, et industriels), (2) le secteur des appareils (électriques et au gaz naturel), (3) le secteur du transport, (4) la géothermie, et (5) le secteur de stockage d’hydrogène. Ils sont présentés ci-dessous :

Le secteur des bâtiments

Le secteur des bâtiments représente une source majeure d’émissions de GES. En 2009, le secteur des bâtiments commerciaux16 et institutionnels17, industriels et résidentiels du Canada18, a été responsable de 14 %, 30 % et 17 %, respectivement de la consommation finale d’énergie. En 2010, 10 % des émissions totales de GES du Canada ont été attribués au secteur des bâtiments (Environnement Canada, 2012). À l’heure actuelle, il existe des technologies éco-efficaces sur le plan d’efficacité énergétique qui sont en mesure de réduire les coûts énergétiques pour les industries et la population tout en réduisant les retombées environnementales de la consommation d’énergie dans ce secteur économique.

16http://nrtee-trnee.ca/wp-content/uploads/2011/08/batiments-commerciaux-rapport-fra.pdf 17http://www.efficaciteenergetique.mrnf.gouv.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/institutions/OP_guide_batiment_vf_22mars.pdf 18http://oee.nrcan.gc.ca/sites/oee.nrcan.gc.ca/files/files/pdf/EMC_Report_f.pdf

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Dans les bâtiments résidentiels, par exemple, les systèmes mécaniques intégrés (SMI)19, ayant un facteur de performance thermique de 90 %, s’avèrent la technologie la plus répandue. Elle regroupe les fonctions de chauffage des pièces, de chauffage de l’eau résidentielle et de ventilation-récupération de chaleur en un seul appareil. Cette intégration est avantageuse sur le plan de l’efficacité éco-énergétique et sur le plan de l’installation puisqu’un SMI requiert moins d’espace (effet d’encombrement diminué), relativement à une installation de chauffage individuelle; son coût est plus faible relativement au coût d’achat d’une unité individuelle et le temps de travail nécessaire pour l’installation de l’équipement est relativement réduit. Ce système permet de réduire la consommation d'énergie, en assurant que l'excès de chaleur généré par une fonction est utilisé par une autre fonction, optimisant ainsi la récupération d'énergie. Cette technologie s’adresse particulièrement aux propriétaires de maison qui recherchent une méthode unifiée à efficacité énergétique élevée pour les aider à économiser de l’argent, de l’énergie et à réduire leurs émissions de GES. Le programme d’économie d’énergie domiciliaire de l’Ontario (PEEDO)20 est un bon exemple de partenariat provincial-fédéral qui incite les gens, via des remises gouvernementales, à réduire leur facture énergétique en les encourageants à faire des rénovations éco-énergétiques et à installer des SMI dans leurs résidences. En outre, le Code national de l’énergie pour les bâtiments (2011), qui tient compte des plus récentes normes et pratiques, notamment l’éclairage naturel et la ventilation améliorée, est un autre exemple de projet visant la promotion de l’efficacité énergétique dans le secteur des bâtiments résidentiels canadiens21.

Dans le secteur des bâtiments commerciaux et institutionnels, la consommation d’énergie représente 14 % de la consommation finale d’énergie et 13 % des émissions totales de GES du Canada en 2011 (Environnement Canada, 2011). Sur le plan d’efficacité énergétique, un facteur clé de la réduction des consommations énergétiques d’un bâtiment commercial et/ou institutionnel est la bonne gestion de ses équipements. Pour ce faire, la mise en place d’une Gestion technique du bâtiment (GTB), et d’une Gestion technique centralisée (GTC), est nécessaire.

Cette technologie de GTB-GTC22 intègre les outils de l’informatique dans la gestion de la consommation énergétique d’un édifice commercial ou institutionnel. Elle désigne des systèmes permettant de gérer les équipements techniques dans les bâtiments tertiaires, à usages professionnel ou résidentiel collectifs. La GTC permet de gérer un lot technique donné comme l’éclairage ou le chauffage et la climatisation. La GTB est le niveau supérieur de la GTC. Elle gère plusieurs installations techniques telles que le chauffage, la climatisation, la ventilation, l’électricité, mais également d’autres équipements tels que les ascenseurs, les alarmes, le contrôle d’accès et la vidéo de surveillance à l’aide d’un logiciel informatique spécialisé. Elle réalise des fonctions telles que la régulation de températures, la gestion des périodes d’inoccupation et le renvoi d’alarmes (SMS et mail). Ces fonctions sont réalisées par des capteurs, des actionneurs, des automates et, plus généralement, par des équipements électriques et/ou électroniques. Ce système fonctionne à l’aide d'un ordinateur relié à des concentrateurs. Celui-ci reçoit et analyse l’information collectée par les concentrateurs qui sont dispersés dans divers endroits à l’intérieur du bâtiment et permettent de les contrôler à distance. À titre illustratif, la stratégie énergétique du Nunavut

19http://canmetenergie.rncan.gc.ca/batiments-communautes/cvc-systemes-energetiques/436 20http://ecovie.banquescotia.com/articles/programme-de-v%C3%A9rification-%C3%A9nerg%C3%A9tique-domicilaire-de-

l%E2%80%99ontario 21http://www.one-neb.gc.ca/clf-nsi/rnrgynfmtn/nrgyrprt/nrgdmnd/cdstndrdrgltn2008/cdstndrdrgltn-fra.pdf 22http://www.axiomeconcept.com/fr/gtc/gtc-gestion-technique-centralisee.3.html

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(2007), constitue un exemple réussi sur le plan de la gestion efficace des bâtiments institutionnels au Canada. Via la rénovation de tous les bâtiments publics d’Iqaluit, le Nunavut a réussi à réduire la consommation d’énergie de son secteur des bâtiments institutionnels d’environ 20 %. L’Initiative des bâtiments fédéraux (IBF), est un autre exemple d’outil essentiel qui aide les institutions publiques à atteindre leurs objectifs en matière de réduction des émissions. Depuis 1991, cette initiative a généré plus de 43 M$ en économies annuelles23.

D’autre part, dans le secteur des bâtiments industriels, la consommation énergétique et les émissions de GES qui y sont associées ont augmenté de 28 % et de 24 %, respectivement, entre 1990 et 2007 (RNCan, 2009). En matière d’efficacité énergétique, la récupération et le stockage d’énergie s’avèrent la technologie la plus répandue dans les milieux industriels. Précisément, il est question de récupérer et de stocker l’énergie (sous forme de chaleur) qui se dégage des réactions exothermiques. La récupération se fait à travers des installations industrielles qui facilitent la conversion de la chaleur captée en énergie thermique ou en électricité. Ce processus de conversion est en mesure de réduire de manière significative les coûts énergétiques des activités industrielles. L’énergie récupérée sert à remplacer d’autres formes d’énergie plus coûteuse. Entre autres, il existe deux techniques principales de récupération de la chaleur perdue, à savoir :

L’utilisation directe de la chaleur via le déploiement d’échangeurs de chaleur;

Les systèmes de pompes à chaleur et de surcompression de la vapeur.

Toutes les techniques (présentées ci-dessus), se basent sur le même concept technologique. Elles permettent d'intégrer en un seul système la récupération et le stockage de l'énergie. Le système peut ainsi stocker le surplus d'énergie découlant de différentes sources et le réallouer ultérieurement pour répondre à une augmentation soudaine de la demande, par exemple, ou pour réduire une consommation de pointe. Premièrement, l’utilisation directe de la chaleur consiste à utiliser la chaleur récupérée pour d’autres fins plus productives. À titre d’exemple, prenons le cas de l’utilisation de l’air chaud évacué de la salle des machines pour chauffer des locaux adjacents. L’utilisation directe de la chaleur nécessitera la mise en place de certaines mesures de prévention et de précaution pour éviter toute conséquence néfaste associée au dégagement de particules résiduaires non-traitées, relativement à la contamination des produits, à la santé et à la sécurité.

23http://www.mamrot.gouv.qc.ca/pub/amenagement_territoire/urbanisme/guide_batiment_durable.pdf

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Deuxièmement, dans le cas des échangeurs de chaleur et des pompes à chaleur, les possibilités d’application sont plus vastes. Cette technique consiste à utiliser le processus de changement de phase liquide-solide d’un matériau à changement de phase (MCP)24, afin de maximiser les réactions exothermiques des bâtiments industriels (la réfrigération, le chauffage et la climatisation). L’énergie stockée permet de réduire les achats d’énergie pour produire de la chaleur. Par exemple, en remplaçant la vapeur produite par une chaudière, la chaleur récupérée contribue à la réduction des émissions de GES de cette chaudière puisque celle-ci consomme moins de combustibles fossiles.

Le secteur des appareils

Depuis 1990, la population canadienne utilise davantage d’appareils consommateurs d’énergie ce qui a engendré aujourd’hui une hausse de la consommation d’énergie dans le secteur résidentiel. Malgré une diminution de 20 % de l’intensité énergétique liée au chauffage des pièces, la consommation totale d’énergie a augmenté de 16 % entre 1990 et 2008. En revanche, les pratiques accrues de remplacement de chauffe-eau alimentés au mazout par des chauffe-eau alimentés au gaz naturel – lesquels sont, plus éco-énergétiques, ont entraîné une diminution de 21 % de la consommation d’énergie par ménage pour le chauffage de l’eau, entre 1990 et 2008 (Environnement Canada, 2012). Toutefois, la croissance démographique canadienne enregistrée, durant cette même période, a pu surmonter l’évolution de l’efficacité énergétique d’équipement récent. Au total, une hausse globale de 5 % de la consommation d’énergie pour le chauffage de l’eau dans le secteur résidentiel a été enregistrée entre 1990 et 2008. La figure ci-dessous présente l’évolution de la consommation d’énergie pour le chauffage de l’eau par type de source d’énergie, entre 1990 et 2008.

FIGURE 8. LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE POUR LE CHAUFFAGE DE L’EAU PAR TYPE DE SOURCE D’ÉNERGIE, 1990-2008.

Source : Données collectées à partir de (RNCan, 2011)25.

24http://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9riau_%C3%A0_changement_de_phase_%28thermique%29 25http://oee.nrcan.gc.ca/publications/statistiques/guide10/pdf/guide10.pdf

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Dans cette partie de notre étude, nous divisons le secteur des appareils en deux catégories par type de source d’énergie, à savoir : (1) les appareils fonctionnant au gaz naturel, et (2) les appareils électriques. Pour chacune de ces catégories, nous avançons trois technologies optimales qui seront en mesure d’accroître l'efficacité énergétique et de réduire la consommation énergétique de ces appareils. Premièrement, pour les appareils fonctionnant au gaz naturel, nous présentons une description sommaire des trois technologies suivantes : (1) le système combo à condensation pour le chauffage simultané de l’eau et de l’espace, (2) la gestion de la capacité de chauffage dans le marché multi-locatif, et (3) les unités de toit à gaz naturel à haute efficacité. Elles sont présentées ci-dessous :

Le système combo à condensation pour le chauffage simultané de l’eau et de l’espace

Le terme combo est utilisé car le chauffe-eau est accompagné d’un ventilo-convecteur qui permet le chauffage et la climatisation de l'air. Le système combo est souvent utilisé pour fournir l'eau chaude sanitaire et le chauffage des espaces. La transformation de la vapeur en liquide s'accompagne d'une récupération de chaleur et donc d'énergie. C'est le principe de base de la condensation en chauffage. Avant son évacuation, les fumées très chaudes, produites par la combustion du gaz, traversent un échangeur-condenseur dans lequel circule l'eau de chauffage. La vapeur d'eau contenue dans les fumées se condense sur l'échangeur qui récupère sa chaleur sous-jacente. Les fumées seront évacuées à une température d’environ 70 °C au lieu de 200 °C avec une chaudière traditionnelle. L'eau générée par la condensation est ensuite évacuée vers l'égout.

Selon un rapport rédigé par Gaz Métro (2012)26, un système combo muni d'un chauffe-eau à condensation offre une efficacité supérieure aux méthodes conventionnelles. Ce type de système peut offrir une efficacité globale de 92 % comparativement à une efficacité de 71 % pour un combo qui est muni d'un chauffe-eau à accumulation standard. Aussi, des économies d'énergie de l’ordre de 22 % peuvent être réalisées. Celles-ci peuvent se chiffrer à plus de 385 m³ de gaz naturel annuellement.

La gestion de la capacité de chauffage dans le marché multi-locatif

La centralisation des contrôles de la gestion énergétique intègre les outils de l’informatique dans la gestion de la consommation énergétique d’un local commercial ou institutionnel. Cette technique permet d’accroître l’efficacité énergétique du bâtiment, en assurant une meilleure gestion de l’intensité de la lumière, de la température ambiante et de la ventilation. Nous parlons d’un système favorisant la gestion efficace de l’énergie, via la réduction des coûts énergétiques de chauffage dans un édifice multi-locatif, où plusieurs loyers peuvent être exposés différemment au vent et au soleil. En outre, cette technique favorise la réduction du gaspillage énergétique et la réduction des coûts énergétiques d’environ 10 à 35 %.

26http://www.gazmetro.com/Data/Media/bulletin_hiver2012_fr.pdf

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Les unités de toit à gaz naturel à haute efficacité

D’après Gaz Métro (2010)27, les unités de toit à gaz naturel sont des équipements de chauffage, de ventilation et de climatisation qui sont souvent installés sur les toits des immeubles. Cette technologie assure la décentralisation du système de ventilation et permet le chauffage efficace des zones centrales des espaces à aire ouverte. En mode chauffage, les unités de toit assurent le chauffage de l’air ambiant par sa recirculation via l’échangeur de chaleur de l’appareil. Celui-ci assure un contrôle simultané de l’admission et de la recirculation de l’air. Entre autres, les fonctions de contrôle sont la quantité d’air neuf, le débit d’air en recirculation et la température de l’air soufflé. À noter que l’efficacité de combustion des anciens appareils à gaz naturel se limite à 80 %, alors que les nouveaux appareils à condensation présentent une efficacité énergétique d’environ 95 %.

Deuxièmement, pour les appareils électriques, nous présentons une description sommaire des trois technologies suivantes : (1) la récupération de chaleur des eaux grises, (2) la réduction de consommation d’énergie pour le traitement des produits industriels, et (3) les luminaires à induction. Elles sont présentées ci-dessous :

La récupération de chaleur des eaux grises

C’est une technique qui permet de récupérer et de stocker l’énergie contenue dans les divers types des eaux usées (eaux de douches et du lave-vaisselle, par exemple) d’évacuation pour préchauffer l’eau froide d’alimentation28. Présentement, une grande partie de l’énergie qui se dégage des eaux grises pourrait être récupérée à l’aide d’un système de récupération de la chaleur des eaux chaudes usées, conduisant éventuellement à des économies énergétiques substantielles. Le système de récupération de la chaleur, ayant un cycle de vie moyen de 40 ans, est composé d’une section de drain en cuivre autour duquel plusieurs tuyaux sont enroulés et moulés. L’eau fraîche du réseau d’aqueduc circulant dans les tuyaux en cuivre absorbe la chaleur des eaux grises qui, après, glissent sur la surface interne du drain, avant d’arriver au chauffe-eau. L’eau fraîche sera ainsi préchauffée à une température moyenne de 20 °C avant d’être envoyée dans le chauffe-eau. En somme, le chauffe-eau consommera moins d’énergie pour chauffer l’eau fraîche à la température désirée.

La réduction de consommation d’énergie pour le traitement des produits industriels

En général, le traitement et la gestion des boues organiques produites par les usines de pâtes et papiers, par les industries agroalimentaires et par les usines d’assainissement des eaux, par exemple, s’avèrent une affaire complexe d’un point de vue éco-environnemental. Pour ce faire, le procédé d’oxydation humide assistée par plasma (OHAP) s’impose désormais comme une solution économique et environnementale de rechange aux méthodes de gestion classiques.

27http://gazmetro.com/data/media/unite_toit.pdf 28http://www.gazmetro.com/Data/Media/1959_bulletin_bleu_resto%283%29.pdf

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D’après un rapport d’Hydro-Québec (2010)29, le procédé OHAP, équipé d’une torche à plasma d’arc à air de faible puissance, consiste en un système de destruction utilisant un four rotatif fonctionnant à une température modérée de 600 °C. Le plasma d’arc soutient le processus d’oxydation en catalysant une réaction de destruction de la matière organique contenue dans les boues biologiques. Les objectifs principaux de cette technologie sont de rationaliser l’utilisation de l’électricité grâce à une consommation d’énergie inférieure à un seuil cible (125 kilowattheures), par tonne humide de boues et de mettre à profit la valeur calorifique des matières organiques en l’utilisant comme source de chaleur. En outre, le procédé OHAP, peu énergivore, comporte divers avantages sur les trois plans de la combustion, de la décharge et de l’enfouissement des déchets organiques, respectivement. Entre autres, il permet la réduction du volume des boues traitées de 90 %, la récupération de la chaleur sous différentes formes (c.-à-d. air chaud, eau chaude ou électricité en cogénération), le traitement des boues contenant plus de 20 % de matière organique et la destruction totale des composés organiques pathogènes. Finalement, vu son importance économique en matière de recyclage et de valorisation des résidus inertes, ce procédé présente des perspectives commerciales très prometteuses.

Les luminaires à induction

D’après (Zissis, 2007), la technologie de l’éclairage à induction est différente de celle de la technologie de l’éclairage traditionnelle. Dans une lampe à induction, les transformateurs électromagnétiques, composés d’anneaux de ferrite et de bobines de métal, émettent un champ magnétique autour d’un tube rempli de gaz à l’aide d’une fréquence générée par un ballast électronique. Ce dernier renferme un circuit intégré (CI), qui contrôle la fréquence d’opération et assure l’opération adéquate de la lampe fluorescente en consommant moins d’énergie. Le rayonnement UV créé se convertit alors en lumière visible au moment où il traverse le revêtement de phosphore sur la surface du tube. La forme de la lampe à induction permet la maximisation des champs générés. Ces appareils d’éclairage n’exigent pratiquement pas d’entretien; ils permettent la réalisation d’économies d’environ 25 % par rapport aux autres technologies concurrentes et conviennent parfaitement aux divers types d’applications logistique, industrielle et routière (c.-à-d. les stationnements à étages multiples, l’éclairage routier, les entrepôts, les plafonds élevés, etc.)

Le secteur du transport

Au Canada, le transport s’avère le secteur économique le plus important sur le plan des émissions de GES. Entre 1990 et 2005, les émissions dans ce secteur ont augmenté de 32,8 %30. Cette augmentation résultait en grande partie de la forte expansion économique et de l’utilisation réduite des voitures au profit des véhicules utilitaires légers (camionnettes), et des véhicules lourds, durant cette même période. D’après Environnement Canada (2012), les émissions provenant de ce secteur représentaient 24 % de l'ensemble des émissions de GES au Canada, en 2010. Le tableau ci-dessous présente l’évolution des émissions de GES du secteur des transports entre 1990 et 2010.

29http://www.hydroquebec.com/innovation/fr/pdf/2010G080-32F-OHAP.pdf 30http://www.ec.gc.ca/indicateurs-indicators/default.asp?lang=fr&n=F60DB708-1

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TABLEAU 4. ÉMISSIONS DE GES POUR LE SECTEUR DES TRANSPORTS, 1990-2010, CANADA.

Émissions de GES (Mt CO2) Variation (en %, 1990 = 100)

1990 128 100

2000 155 + 21,1 %

2005 170 + 32,8 %

2006 169 + 32,0 %

2007 172 + 34,4 %

2008 172 + 34,4 %

2009 162 + 26,6 %

2010 166 +29,7 %

Source : Recueil de données à partir de (Environnement Canada, 2012).

En raison du taux d’émission élevé dans ce secteur, toute stratégie considérable visant à le réduire devrait inclure des mesures draconiennes de réduction de la consommation énergétique des véhicules routiers. Pour ce faire, l’amélioration du transport collectif et d’autres modes de transport durables semblent être une solution envisageable dans le court et moyen termes. En fait, une telle mesure appuierait la réalisation d’économies sur les trois plans de la santé, la congestion routière et l’éco-productivité à la fois. Une meilleure gestion des transports collectifs sera également en mesure de favoriser la réduction des temps de déplacement, l’amélioration du débit de circulation et la diminution des émissions associées à ce secteur (FCM, 2011).

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Dans cette optique, d’autres types de solutions peuvent être également envisageables. Par exemple, les initiatives qui encouragent l’intégration des nouvelles technologies dans le secteur des transports devraient être favorisées. À ce sujet, nous avançons quatre technologies qui seront en mesure de réduire significativement les émissions de GES des véhicules routiers (véhicules légers, lourds, à outils, hors-route, etc.), à savoir : (1) le système de calage sophistiqué de l’injection directe, (2) l’injection gazeuse séquentielle, (3) le tableau de bord (Fuel Manager) permettant le suivi de la consommation de carburant, et (4) le coupe-moteur. La partie suivante avance une description succincte de chacune de ces technologies. Elles sont présentées ci-dessous :

Le système de calage sophistiqué de l’injection directe

Le système de calage-injection directe est en mesure d’améliorer l’efficacité énergétique d’un engin à essence d’environ 50 %. Selon Auto-Express31, cette technologie consiste à adapter le procédé d'injection et d'allumage direct d’un moteur au diesel sur une mécanique à essence. Malheureusement, à l’heure actuelle, il n’existe pas suffisamment de détails sur ce procédé. En bref, son objectif est de pouvoir injecter en séries, avec précision, une quantité d’essence définie. Grâce à la chaleur dégagée par la compression à l’intérieur du cylindre, le carburant brûlera plus rapidement et plus efficacement comparativement au cas où l’engin fonctionne uniquement au diesel.

L’injection gazeuse séquentielle

Cette technologie permet l’injection séquentielle du gaz de pétrole liquéfié (GPL) à de l’essence dans un moteur automobile afin de réduire la consommation d’essence de celui-ci sans l’inconvénient de subir une perte de puissance. Le GPL est injecté en phase liquide selon le système d’origine d’injection d’essence32. Pour ce faire, le calculateur GPL récupère les signaux de base générés par le calculateur-essence et les convertit instantanément pour injecter le gaz liquéfié dans le moteur.

Sur le plan d’efficacité énergétique, l’injection séquentielle permet d’obtenir des excellents résultats du point de vue émissions polluantes. Relativement à un moteur-essence ou à un moteur-diesel, les

émissions de seront réduites d’environ 25 %, les émissions de seront réduites à 99 % et aucune émission de particules ne sera en mesure d’être enregistrée.

D’autre part, l'injection liquide, qui est une innovation de pointe pour le GPL, diffère radicalement de l’injection gazeuse. Le gaz est dans ce cas-ci injecté directement sous forme liquide et sous très haute pression dans la pipe d'admission de l'essence, qui subit une modification destinée à l'adapter (sachant que la température de combustion du GPL > à la température de combustion de l'essence). Finalement, outre son coût élevé comparativement à celui de l'injection gazeuse, cette technique présente néanmoins d'importants avantages sur le plan écologique (réduction majeure des émissions de GES et des surconsommations de carburant), et sur le plan économique (gain de productivité sans perte de puissance), simultanément.

31http://www.cnetfrance.fr/cartech/delphi-injection-diesel-essence-39772624.html 32http://www.tmgaz.be/TM-Gaz/LPG_-_Comment_ca_marche_files/Depl_SQ56_TA01Z019_1_FR.pdf

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Le tableau de bord (Fuel Manager)

Un tableau de bord est un petit ordinateur (appareil électronique) qui, placé dans la cabine d'un véhicule, permet en fonction de la charge nette transportée par celui-ci, de contrôler la puissance de son moteur d’une manière automatique, optimisant ainsi sa consommation de carburant33. Cette technologie permet de réaliser des économies de carburant d’environ 10 % et d’éviter toute surconsommation non nécessaire de celui-ci34. À noter que l’ajustement de la puissance se fait à distance, de manière variable et proportionnelle pour toute la zone de déplacement et permet au propriétaire (backoffice) d’avoir un contrôle parfait de la puissance utilisée par le chauffeur. Au Canada, l’intégration des technologies de l’informatique (TI) dans la gestion des véhicules lourds constitue l’une des récentes innovations technologiques à l’échelle de l’industrie des transports logistiques.

En matière d’efficacité énergétique, les derniers systèmes réseau-de-suivi du carburant permettent une analyse approfondie des données relatives à la conduite et aux véhicules aidant ainsi à l’identification des causes de surconsommation élevée, et à l’évaluation des styles de conduite des chauffeurs. Pour ce faire, l’analyse opérationnelle des facteurs influant la consommation et l’usure des véhicules (le freinage, la charge transportée, etc.), est nécessaire. Dans cette optique, le style de conduite des chauffeurs s’avère une clé importante du succès. Ainsi, le tableau de bord s’impose comme un outil incitant les camionneurs à respecter, en tout temps, les directives en matière de conduite écologique intelligente et à adopter un style de conduite optimal.

Les coupes-moteurs

Le coupe-moteur, dit système de Start and Stop en anglais, est un système qui permet d'éteindre automatiquement le moteur du véhicule lorsque celui-ci tourne au ralenti inutilement après un temps d'arrêt au choix. Selon (RNCan, 2011), chaque dollar dépensé en temps moteur ralenti coûte 1,25 $ en

entretien et chaque litre d’essence consommé au ralenti émet environ 2,4 kg de . À titre illustratif, d’après (AQME, 2012)35, s’il est raisonnable de considérer qu’il est possible de diminuer le temps-ralenti moteur d’un véhicule-léger d’environ 10 % relativement au temps-fonctionnement moteur, les bénéfices du coupe-moteur seront considérables. La rentabilité éco-environnementale mensuelle d’une telle mesure pourra se traduire par des économies de consommation de carburant de 160,51 litres, une économie totale (essence et entretien) de l’ordre de 137 $ et une diminution des GES de 327,43 kg. Au total, ce système sera en mesure de réduire la consommation énergétique des véhicules (légers et lourds) d’environ 8 %.

Ce système est activé dès que la vitesse atteinte est inférieure à 6 km/h, le moteur se met en veille et l'embrayage s’ouvre. Ainsi, le moteur s’arrête dès que la pédale de frein est enfoncée. Une fois relâchée, le moteur redémarre automatiquement et instantanément (350 millisecondes). Tout de même, lorsque l'accélérateur est à nouveau sollicité, l'embrayage se referme progressivement. Ce système favorise les économies d'énergie, à savoir : la consommation de carburant et les émissions de GES sont réduites

33http://oee.nrcan.gc.ca/transports/outils/cotescarburant/guide-consommation-carburant-2011.pdf 34http://economie.lefigaro.fr/_societes/tableau-de-bord-consommation-de-carburant.html 35 http://www.aqme.org/DATA/TEXTEDOC/5_3_Geothentic.pdf

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jusqu’à 15 % en cycle urbain, la coupure-redémarrage du moteur consomme moins de carburant que de le laisser tourner inutilement pendant plus de 10 secondes, le bruit et la vibration du moteur sont totalement filtrés lors de l’arrêt temporaire, soit pendant 35 % du temps en conduite urbaine. D’autre part, outre ses nombreux avantages, le coupe-moteur peut également être conçu comme une réponse technologique à vocation urbaine, constituant un motif indirect aux véhicules individuels en ville au détriment des transports collectifs36.

En conclusion, outre les systèmes technologiques qui peuvent être implantés dans les véhicules pour réduire et contrôler leur consommation/émission d’énergie/GES, la favorisation et la mise en place de politiques qui soutiennent le secteur du transport public, en particulier, s’imposent comme étant la solution la moins coûteuse et la plus envisageable dans le court terme (réduire et limiter le nombre de voitures en circulation). Pour ce faire, une politique locale, régionale ou nationale du transport collectif qui intègre le rôle des instances publiques et assure un engagement gouvernemental (municipal, provincial ou fédéral) en matière de financement générerait des centaines de milliers d’emplois et des centaines de milliards en avantages économiques dans le secteur des transports, ainsi que dans les secteurs économiques connexes (construction, logistique, etc.).

La géothermie

Bien que le concept de « transfert géothermique » existe depuis quelques années, ce n’est que récemment que l’énergie et la technologie géothermique ont commencé à s’imposer comme moyen approprié et renouvelable pour la climatisation et le chauffage des bâtiments (CGEA, 2012). Dans l’industrie, on utilise le terme de « technologique de l’énergie géothermique » pour dénoter une technologie de chauffage, de ventilation et de climatisation qui peut substituer les systèmes de chauffages traditionnels fonctionnant aux énergies fossiles. La géothermie consiste en une technologie simple qui assure le transfert de la chaleur d’un point à un autre. En général, les systèmes géothermiques sont également appelés « pompes à chaleur géothermique ». Cette technologie de transfert de chaleur entre la terre et l’air intérieur fait intervenir des technologies bien connues qui seront sommairement décrites dans la partie suivante de notre étude, à savoir : (1) les pompes à chaleur haute performance, et (2) le réseau distribué. Elles sont présentées ci-dessous :

Les pompes à chaleur (PAC) haute performance

Une PAC géothermique permet d’effectuer un transfert de la chaleur du sol pour chauffer ou refroidir toutes sortes de bâtiments. Dans le cas d’une maison individuelle, par exemple, il s’agit de capter l’énergie contenue dans les couches superficielles du sol (sous-sol) à quelques dizaines de centimètres (mètres) de profondeur pour assurer le chauffage de celui-ci. Vu que la température des couches superficielles du sol varie, en général, entre 10 à 15 °C, il est nécessaire d’installer un système thermodynamique, soit la pompe à chaleur, pour hausser le niveau de celle-ci. Cet appareil fonctionne sur le même principe qu’un réfrigérateur, mais au contraire, il est émetteur de chaleur. Cette technologie fonctionne à partir d’une source d’énergie renouvelable et peu coûteuse qui permet de réduire les

36http://www.efficaciteenergetique.mrnf.gouv.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/guide_sensibilisation_transport.pdf

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émissions de GES37. Généralement, il existe deux types de pompe géothermique : (1) à boucle ouverte, et (2) à boucle fermée. Le premier type consiste à pomper l’eau d’un puits, la faire passer à travers une pompe à chaleur pour assurer le transfert de celle-ci, puis la rejeter dans un autre puits de retour. Ce système requiert deux puits, un pour l’approvisionnement de l’eau et un autre pour s’en débarrasser. Dans le second type, des tuyaux en serpentant sont placés sous le sol. Ensuite, un liquide antigel, enfermé hermétiquement pour éviter toute contamination possible de la terre (c.-à-d. la nappe phréatique), circulera dans ceux-ci. Selon la profondeur de la tranchée installée, on distingue les systèmes à boucle fermée horizontaux (tranchée peu profonde), et les systèmes à boucle fermée verticaux (tranchée profonde ou puits). À noter que dans les pompes géothermiques à boucle fermée, il n’existe pas de pompage d’eau. En outre, afin de réduire au maximum les risques environnementaux associés aux pompes géothermiques, il est important de respecter les règlements et les meilleures pratiques se rapportant à l’emplacement, à l’installation, au fonctionnement et à l’entretien de celles-ci38. À titre illustratif, en Nouvelle-Écosse, par exemple, il est impératif d’obtenir une autorisation sur le pompage d’eau (en vertu du règlement des activities designations regulations), pour les systèmes géothermiques à boucle ouverte qui pompent plus de 23 000 litres par jour.

D’après la Canadian GeoExchange Coalition (CGEA, 2010), la technologie géothermique permet des économies de chauffage de plus de 70 % car elle extrait de l’air déjà chauffé, et ce, en l’absence d’une réaction de combustion. Ainsi, celle-ci s’avère plus propre et plus sécuritaire que les systèmes de chauffage au mazout ou au gaz naturel. Entre 2005 et 2010, l’industrie géothermique canadienne a connu des taux de croissance phénoménale de 40 % par an, consécutivement. Cette croissance a été en grande partie attribuée aux effets du programme fédéral écoÉnergie Rénovation qui offre des subventions aux gens pour les inciter à rendre leurs bâtiments plus écoénergétique, et les aider à amortir la surcharge des coûts énergétiques qui y sont associés. Aujourd’hui, le nombre total des systèmes géothermiques installés au Canada s’est multiplié par 12 depuis 1996 (CGEA, 2010). En conclusion, pour optimiser davantage l’impact écologique des PAC, il sera question de coupler l'utilisation de celle-ci, par exemple, avec une isolation totale du bâtiment en question, ce qui permettra éventuellement de minimiser l'apport marginal de chauffage auxiliaire. En matière de développement durable, malgré que la PAC soit consommatrice d'électricité et donc, éventuellement, émettrice de CO2, son inventaire environnemental s’est toujours avéré plus attrayant que celui d’un chauffage classique fonctionnant aux combustibles fossiles.

37RNCan (2006), Analyse de projets de pompe à chaleur géothermique, ISBN : 0-662-78830-3. 38http://www.gov.ns.ca/nse/water/docs/droponwaterFAQ-PompesChaleurGeothermiques-Fr.pdf

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Le réseau distribué

Un réseau est dit distribué, quand toutes ses composantes et ses ressources ne se trouvent pas au même endroit ou sont dispersées. Il s’agit d’un concept d’architecture de réseau décentralisée qui s'oppose à celui d'architecture centralisée (Fethi, 2003). Dans le cas de la géothermie, le terme « réseau distribué » est souvent employé lorsque diverses unités de PAC sont installées en des points différents, et sont liées par une boucle à fluide caloriporteur (fluide qui transporte la chaleur entre deux points ayant différentes températures). En comparaison, un réseau distribué ou décentralisé utilise de nombreuses petites unités de faible puissance, chacune desservant une zone spécifique ou sous-ensemble de l'espace du bâtiment, tandis qu’un réseau non distribué ou centralisé, couplé à un système de distribution classique, utilise moins d'unités de capacité, mais de plus grande puissance. À ce sujet, l’édifice Place de l’escarpement I constitue l’un des plus gros projets de géothermie réalisés dans la région de Québec. Le système géothermique de cet édifice englobe 40 puits reliés à 40 thermopompes et a une puissance installée de quatre millions de British Thermal Units (BTU). C’est un des dix bâtiments les plus performants au Canada. Son efficacité énergétique dépasse de 70 % celui d’un bâtiment standard comparable39. D’après le (CCÉG, 2011), le Canada comptait 80 000 installations géothermiques en 2011. Celles-ci répondaient à 0,5 % des besoins de chauffage et de climatisation des bâtiments du pays. Ensemble, l’Ontario et le Québec comptaient pour environ 80 % de ces installations alors que les 20 % restants étaient réparties dans les autres provinces (CGEA, 2012).

Hydrogène

Le procédé de fonctionnement d'une pile de dihydrogène-dioxygène ( ), dite pile à combustible à hydrogène, est relativement propre. Il génère de l'eau (output) et consomme du gaz (input). Cependant, sa fabrication est relativement coûteuse. L'hydrogène n'existant en grande quantité que combiné à l'oxygène ( ), au soufre ( ), ou au carbone (gaz naturel ou pétrole), cela implique que la fabrication des piles à combustible nécessitera, en amont, une industrie de production de ce gaz. L’hydrogène s’avère donc un vecteur d’énergie plutôt qu’une source d'énergie primaire. Celui-ci ne peut pas être retenu comme élément pouvant remplacer les énergies fossiles. D’autre part, l’utilisation de l’hydrogène peut devenir indispensable pour assurer le stockage de l’énergie produite grâce aux énergies renouvelables40. Le principe de fonctionnement de la pile à combustible est l'inverse de celui d'une électrolyse (une méthode qui permet de déclencher des réactions chimiques via une activation électrique). La réaction chimique se produit par l'oxydation, alors que la rencontre de gaz génère de l'électricité, de l'eau et de la chaleur.

39http://www.aqme.org/DATA/TEXTEDOC/5_4_Place_Escarpement_Phase_I.pdf 40http://www.alphea.com/upload/b3a6d_stock_energ.pdf

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FIGURE 9. LE SYSTÈME D’UNE PILE À COMBUSTIBLE41.

D’une part, sur le plan d’efficacité énergétique, ce système de production d’hydrogène est considéré comme un vecteur d'énergie verte. Dans son état naturel, l'hydrogène est aussi sécuritaire que toute autre source d'énergie actuelle. Son stockage et son utilisation sont également sécuritaires et relativement propres alors que sa production ne l’est pas. D’après (INERIS, 2008), la production d’hydrogène est coûteuse et, à une certaine mesure, énergivore.

D’autre part, sur le plan des nouvelles méthodes pour la production de l’hydrogène, des études récentes ont montré qu’une production industrielle de l’hydrogène, à partir d’éthanol, de l’huile, de sucre et de déchets végétaux, est possible (Le Naour, 2010). Cette production d’hydrogène à partir de ressources vertes aura des retombées économiques et écologiques positives en apportant une solution non polluante et efficace à la production et au stockage d’énergie. En fait, l’éthanol, par exemple, peut être transformé en hydrogène, ex ante son passage dans la pile à combustible. Aussi, l’hydrogène peut être produit à partir des rayonnements solaires ou grâce aux éoliennes. À titre illustratif, le Canada a lancé, en 2005 le projet de village, servant à produire de l’hydrogène via des éoliennes. Ce projet construit dans l’Île-du-Prince-Édouard, entre Seacow Pond et North Cape, avait pour objectifs de procurer aux collectivités locales des nouvelles perspectives de croissance économique ainsi que de nouvelles solutions énergétiques. Le principe est simple. Les installations produisaient de l’hydrogène afin de créer de l’électricité primaire et des réserves électriques pour satisfaire les besoins des industries, des foyers et des fermes. Aussi, l’hydrogène combustible servait de carburant pour les véhicules de transport routier. De plus, des lieux ont été bâtis pour stocker l’énergie produite ce qui permettra ultérieurement de nourrir en électricité un certain nombre de bâtiments résidentiels et quelques exploitations agricoles.

En conclusion, les champs d’application futurs de cette filière énergétique (l’hydrogène) sont énormes (Trégouët, 2007). Dans l’avenir, les centrales énergétiques produiront probablement de l’électricité en combinant l’hydrogène aux énergies vertes, et la synergie écologique qui va s’imposer sera en mesure de diminuer nos consommations d’énergies fossiles et nos émissions de GES, simultanément.

41http://www.elosis.fr/mael/index.php/2006/10/07/106-le-moteur-a-hydrogene-ou-la-pile-a-combustible

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3.3 Les perspectives d’avenir

Le secteur de l’électricité canadien s’avère un secteur d’activité ayant une importance économique et stratégique pour les instances publiques du pays vu les préoccupations actuelles de celles-ci concernant les défis des émissions polluantes, de la sécurité énergétique et de la croissance accrue de la demande énergétique. Dans ce contexte stratégique et d’après l’association canadienne de l’électricité (ACÉ, 2013), il existe diverses solutions envisageables en vue de surmonter ces défis et d’assurer une gestion intelligente du réseau électrique canadien. Parmi celles-ci, nous étudions sommairement le cas de deux secteurs d’activité, ayant, à l’échelle canadienne, des perspectives de croissance prometteuse, à savoir : (1) les réseaux électriques intelligents (RÉI), et (2) le stockage de l’énergie. Ils sont présentés ci-dessous :

3.3.1 Le Réseau électrique intelligent (RÉI) ou Smart Grids (en anglais)

Dans les dernières années, le développement des RÉI au Canada a connu une évolution accélérée relativement à celle des systèmes énergétiques classiques. En général, la conception de RÉI favorise la transition d’un réseau électrique classique vers un réseau électrique davantage flexible, capable de répondre et de s’adapter aux fluctuations imprévues de l’offre et de la demande d’électricité (RNCan, 2012). Cette section de l’étude décrit sommairement les tendances actuelle et future de développement de l’industrie des RÉI au Canada.

Les nouvelles technologies déployées dans l’industrie constituent un critère de mesure nécessaire, mais insuffisant de l’évolution des RÉI au Canada. La définition même du réseau électrique aura tendance à changer en fonction de la technologie qui sera déployée pour guider son développement. Les RÉI sont souvent conçus comme des applications offrant de nouveaux services aux intervenants concernés et aux clients du réseau électrique. Le rapport de l’Ontario Smart Grid Forum42 définit les RÉI comme suit :

« C’est un réseau d’électricité moderne qui repose sur des infrastructures matérielles (capteurs, dispositifs, applications, outils informatiques, etc.), pour améliorer la souplesse, la sécurité, l’efficience et la fiabilité du service d’électricité ».

42http://energy.mcmaster.ca/CES_presentations/green_energy_act_NORMAN.pdf

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Le tableau ci-dessous présente une description de sept applications des RÉI telles que déployées dans les provinces canadiennes. Il faut bien noter que certaines de ces applications incluent des technologies qui sont toujours en phase (indéterminée) de développement.

TABLEAU 5. ILLUSTRATION DES APPLICATIONS DES RÉI, TELLES QUE DÉPLOYÉS DANS LES PROVINCES CANADIENNES43.

Application (sigle) : Description (déploiement) : Déployée par :

1. Infrastructure de mesurage avancé (AMI).

Il s’agit de contrôler et de mesurer à distance, via des compteurs intelligents, la quantité d’électricité consommée en se basant sur diverses plages horaires. L’AMI sert aussi de pont d’échanges d’information avec le client.

Colombie-Britannique, Ontario Alberta, Saskatchewan

Québec, Manitoba Nouveau-Brunswick, Île-du-

Prince-Édouard, Terre-Neuve et Labrador

2. Tarification différenciée dans le temps (TOU).

Étant donné la croissance continue de la demande d’électricité au Canada, ces trois applications permettent de diminuer la pointe en transmettant ou en stockant la consommation d’électricité temporairement.

La TOU favorise les clients qui acceptent de déplacer leur consommation d’électricité durant les pointes du réseau, en fixant des prix élevés à la pointe et des prix moins élevés aux périodes hors-pointe.

Les applications de DR englobent les technologies de la gestion et du stockage énergétiques.

Ontario, Alberta, Québec, Nouveau-Brunswick,

Île-du-Prince-Édouard

3. Gestion de la demande sur les marchés (DR).

4. Contrôle direct de la charge (DLC).

5. Détection de défauts, localisation et reconfiguration de réseau (FDIR).

Cette application ou série d’applications a pour objectifs de détecter les pannes d’une manière rapide et d’assurer la reconfiguration automatique du réseau.

Ontario, Alberta, Québec

6. îlotage planifié (PI). Le PI utilise la production (le stockage local), pour créer un réseau de support, déconnecté du réseau central, capable d’offrir un service électrique quand des pannes se produisent en amont.

Colombie-Britannique

43Hiscock, Jennifer et David Beauvais. Réseaux électriques intelligents au Canada 2011‐2012, rapport no 2012‐224 RP‐ANU

411‐SGPLAN, Ressources naturelles Canada, octobre 2012, 33 p.

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Application (sigle) : Description (déploiement) : Déployée par :

7. Le contrôle asservi de la tension et de la puissance réactive (VVC).

Le VVC lisse le profil de tension d’une ligne via des automatistes et des condensateurs en ligne, et favorise les économies d’énergie et l’atténuation des pertes du réseau. Il permet aussi aux réseaux de distribution de s’adapter aux variabilités de l’électricité renouvelable produite, par exemple, à partir des éoliennes.

Colombie-Britannique, Ontario, Québec

Le déploiement des RÉI ne chemine pas d’une manière linéaire. Les provinces canadiennes adoptent des approches différentes en ce qui concerne le développement local de ceux-ci. Celles-ci varient en fonction de la nature des défis à surmonter et les caractéristiques techniques du réseau local, des dotations en ressources énergétiques et des structures réglementaire et politique de chaque province.

Par exemple, Hydro‐Québec utilise des équipements, pour la reconfiguration de son réseau de distribution au Québec, qui sont différents de ceux utilisés par PowerStream, en Ontario.

En matière du support institutionnel favorisant le développement des RÉI, nous avançons le cas de la province de l’Ontario qui, en 2012, via le ministère de l’Énergie et le ministère du Développement économique et de l’innovation, a introduit une stratégie de développement économique basée sur l’énergie verte. Celle-ci s’avère le fruit du programme des tarifs de rachat garantis qui a été précédemment implanté dans la province. Aussi, il convient de noter que la mise en place de cette stratégie a mené à la création de l’institut d’énergie propre de l’Ontario (RNCan, 2011). Parallèlement, à la Saskatchewan, Saskpower planifie le déploiement des compteurs intelligents à l’échelle de la province d’ici 2014. Des mesures similaires ont aussi été adoptées en Alberta (via l’Alberta Smart Grid Inquiry) et en Colombie-Britannique (via la Clean Energy Act). Le consortium PowerShift Atlantique est un exemple de projet de démonstration d’une application de RÉI, qui, via une centrale électrique virtuelle, permet d’ajuster la demande d’électricité en fonction de la variabilité de la production éolienne au Nouveau-Brunswick. Un autre type de partenariat a été formé entre Énergie NB et Siemens Canada, visant la mise en place d’un plan d’évolution des RÉI pour les quelques années à venir dans la province. De plus, Siemens Canada a récemment annoncé la création, à Fredericton, d’un centre d’expertise en matière de RÉI.

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En matière des perspectives futures de développement des RÉI au Canada, celles-ci ont une portée qui va bien au-delà de la seule modernisation des infrastructures électriques. Le développement des RÉI englobe l’ensemble des infrastructures énergétiques et des institutions du secteur. Les investissements stratégiques dans ce secteur favoriseront la mise en place d’un réseau électrique plus fiable et plus durable, à long terme. Pour ce faire, le soutien de l’innovation dans ce domaine et le développement d’une stratégie commune au Canada sont recommandés. Tout de même, la mise en place d’une politique étroite qui sera en mesure de concorder le développement technologique et l’élaboration des politiques, évitera les problèmes liés à la communication des projets et à la justification des technologies adoptées, et accélèrera le développement de cette industrie. À l’heure actuelle, le Canada participe à l’évolution mondiale accélérée du marché des RÉI, en proposant des technologies et de nouveaux modèles de marchés qui favoriseront son développement. D’après The Clean Technology Report (2011), l’industrie des RÉI au Canada comptait pour 319 M$ en 2010. Cette part de revenus est prévue à augmenter pour atteindre une moyenne de 1,5 milliard de dollars d’ici 2020. D’autre part, l’Association canadienne de l’électricité (ACÉ) prévoit qu’une gestion intelligente du réseau électrique canadien sera en mesure de réduire la demande d’électricité de 17 000 MW d’ici 202544.

Ainsi, le développement futur de cette industrie dépendra en grande partie de la volonté des intervenants du secteur à poursuivre leurs efforts de coordination, par la mise en place de normes et de mesures à l’innovation, pour la bonification des mécanismes de marché, l’amélioration de la gestion de projets d’investissements et la participation à la recherche, à l’évolution et au déploiement des nouvelles technologies.

3.3.2 Le stockage de l’énergie

Le contexte actuel d’équilibre fragile entre l’offre et la demande d’électricité (c.-à-d. volatilité des prix du pétrole), tant à l’échelle nationale qu’internationale, justifie le recours grandissant des pays à des solutions compensatoires pour la production d’électricité (enea Consulting, 2012). Les centrales au gaz naturel ou au mazout, par exemple, constituent une solution qui est largement utilisée aujourd’hui. Une autre solution envisageable, à savoir la maîtrise de la demande en énergie, consiste à adapter la demande d’électricité aux fluctuations de l’offre, via l’installation d’une infrastructure matérielle permettant la gestion intelligente des réseaux électriques (Smart Grids). Cette solution s’avère efficace pour les grands consommateurs, mais nécessite des fonds de roulement accrus et un déploiement massif d’installations matérielles pour pouvoir affecter l’ensemble des acteurs économiques d’un pays. Dans ce contexte, le stockage de l’énergie électrique vient s’ajouter comme une solution complémentaire aux autres solutions de production intermittentes d’énergie. En fait, cette filière présente de nombreux avantages environnementaux et économiques, à savoir :

Elle favorise la sécurité énergétique et permet la réalisation d’économies de coûts compte tenu du fait que le prix des ressources fossiles aura tendance à augmenter à long terme;

Elle constitue une source de plus-value écologique via le déploiement massif de centrales d’énergies décarbonées.

44http://www.electricity.ca/media/SmartGrid/SmartGridpaperFR.pdf

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Par définition, le stockage d’énergie consiste en le simple fait de placer une quantité d’énergie en stock (en un lieu donné) en vue d’une utilisation ultérieure. La production d’énergie est un procédé de transformation d’un stock d’énergie potentielle dont l’usage immédiat est impossible en une énergie pouvant être utilisée pour un travail. Il convient à noter que la valorisation technico-économique optimale des énergies vertes, telles que l’éolien ou le solaire, se fait souvent à travers la maîtrise du stockage d’énergie. Le passage en revue dans la première partie de la section 3 de notre étude sur toutes les formes d’énergie verte nous a montré que, certaines étant naturellement stockables (hydraulique, biomasse, géothermie), d’autres sont facilement associables à un procédé de stockage simple (c.-à-d. chauffe-eau solaire). Dans cette optique, le stockage de l’énergie électrique se divise en trois catégories, à savoir : le stockage sous forme d’énergie cinétique (mécanique), le stockage sous forme d’énergie potentielle et le stockage sous forme d’énergie électrochimique (Alleau, 2011).

Le stockage d’énergie mécanique permet le stockage d’électricité à grande échelle. Il inclut le Système de transfert d’énergie par pompage (STEP), le Compressed Air Energy Storage (CAES), les volants d’inertie (haute vitesse) et les accumulateurs hydrauliques. Dans le cas du STEP, par exemple, où via le pompage d’eau entre deux réservoirs placés en amont et en aval de la pompe, l’énergie est stockée durant les périodes hors-pointe, pour être réinjectée dans le réseau et produire de l’électricité lors des périodes de pointe, via le processus inverse du stockage, soit le turbinage. Ce système est à la fois économique et écologique. Il permet de stocker des dizaines de kilowattheures sur des durées de quelques heures (anea Consulting, 2012). Le stockage d’énergie potentielle utilise des techniques qui ressemblent à celles utilisées pour le stockage souterrain de gaz naturel. L’énergie stockée (l’air comprimé dans des cavités souterraines) est récupérée sous forme électrique en turbinant l’air comprimé sous pression. Ce système permet le stockage d’énergies importantes sur de longues périodes.

Le stockage d’énergie électrochimique s’avère la catégorie de stockage la plus répandue. Elle inclut les batteries ordinaires et les batteries à circulation (i.e. Red-ox Flow), ayant diverses applications quotidiennes (cellulaire, véhicules, etc.). Comparées aux batteries ordinaires, les batteries à circulation offrent des solutions plus efficaces en séparant la capacité énergétique de la batterie de la puissance de celle-ci. Ainsi, les technologies de batteries sont nombreuses et possèdent des caractéristiques variées. Toutefois, pour faciliter la compréhension du concept de stockage de l’énergie, le tableau ci-dessous présente une comparaison des caractéristiques des technologies de stockage.

TABLEAU 6. LES CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DES TECHNOLOGIES DE STOCKAGE.

Capacité

disponible Gamme de puissance

Temps de réaction

Efficacité Durée de vie

STEP 1-100 GWh 100 MW - 1 GW s/min 70-85 % 40 ans+

CAES 10 MWh -10 GWh 10-300 MW min 50-70 % 30 ans+

Hydrogène et pile à combustible

10 kWh -10 GWh 1 kW - 10 MW s/min 30 % 7,5 ans

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Capacité

disponible Gamme de puissance

Temps de réaction

Efficacité Durée de vie

Batteries Sodium-Souffre

< 100 MWh < 10 MW ms 80 % 2 000-5 000 cycles

Batteries Lithium-Ion

< 10 MWh < 10 MW ms 90 % 2 000-10 000

cycles

Batteries Red-Ox Flow

< 100 MWh < 10 MW ms 65-80 % 2 000-12 000

cycles

Volants d’Inertie 5-10 kWh 1-20 MW ms 90 %+ 100 000 cycles

Super condensateurs

1-5 kWh 10 kW - 5 MW ms 90 %+ 500 000 cycles

Source : idem.

En ce qui a trait aux perspectives d’avenir de développement des technologies de stockage au Canada, celles-ci joueront un rôle primordial dans l’atténuation de la charge de pointe en électricité au pays (OCDE/EIA, 2012). En outre, elles offriront l’opportunité d’exploiter davantage les ressources vertes intermittentes. Le stockage de l’énergie hydroélectrique au Canada augmentera probablement l’offre d’électricité de base et celle en période de pointe. Outre les difficultés techniques du stockage par pompage, celui-ci contribuera en partie à l’alimentation du réseau électrique national. Le stockage d’énergie électrochimique servira d’outils pour la conception du réseau national, mais n’aura aucun effet sur sa capacité de stockage et/ou sur son niveau de puissance. Le succès du stockage de véhicule électrique à réseau (V2G), dépendra de la volonté des consommateurs à l’adopter, aussi bien que de l’efficacité des pratiques réglementaires qui seront adoptées pour favoriser son développement. À titre illustratif, nous avançons deux exemples de projets de stockage d’énergie déployés au Canada :

Exemple I : La collaboration entre la Première nation de Cowesses, Enercon, SaskPower et Ressources naturelles Canada, constitue un exemple d’un projet de stockage mécanique et électrochimique d’énergie. Le projet consiste en la mise en place d’une turbine éolienne ayant une puissance installée de 800 KW et d’un système de stockage par batteries lithium‐ion de 1 000 kWh sur la terre de la Première nation, en Saskatchewan. Le but du projet est de créer un système de stockage d’énergie éolienne qui fournit une production stable d’électricité (amélioration d’environ 70 % sur la durée de vie de 15 ans du système), de servir de modèle pour le reste des communautés des Premières nations du Canada et de permettre la valorisation technico-économique de l’énergie éolienne (Communiqué de presse-Saft, 2012).

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Exemple II : Le projet Hydrogen Assisted Renewable Power (HARP) est le fruit d’un partenariat entre BC Hydro, GE et Powertech. Ce projet consiste en l’installation de mini-réseaux renouvelables dans la ville de Bella Coola, au nord de Vancouver, C-B. Bella Coola est une ville éloignée, formée de 1 900 habitants, et dotée d’un réseau électrique autonome (fonctionnant au diesel), déconnectée du réseau de distribution provincial de BC Hydro. Le projet HARP permettra à celle-ci de réduire à un rythme annuel sa consommation de diesel et ses émissions de GES de 200 000 litres et de 600 tonnes, respectivement45.

En conclusion, le Canada pourra bénéficier d’un avantage compétitif (producteur/exportateur d’énergie) dans le secteur économique de l’énergie. Pour ce faire, des politiques éco-environnementales qui œuvrent pour son développement devraient être adoptées, à savoir : la réduction des émissions de GES par une amélioration d’accès aux sources d’énergie verte (parc éolien, centrale hydroélectrique, etc.), et la réduction des coûts énergétiques par l’amélioration des capacités d’entreposage énergétique des provinces et le renforcement de l’interconnexion du réseau d’électricité canadien.

45http://www.powertechlabs.com/temp/20112426/HARP_DataSheet_Feb_4_2011web.pdf

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4. Les pratiques exemplaires

Dans la dernière partie de l’étude, nous proposons cinq pratiques exemplaires réussies de mise en valeur et de développement de projets d’énergie renouvelable qui affectent, directement ou indirectement, le bien-être social des communautés franco-canadiennes hors Québec. Précisément, celles-ci consisteront en des initiatives et outils porteurs réalisés à l’échelle communautaire et/ou en partenariat avec certains acteurs économiques clés (c.-à-d. municipalités, entreprises privées, etc.). À noter qu’elles sont en lien étroit avec les principales caractéristiques et tendances prédominantes du secteur de l’économie verte qui ont été ultérieurement identifiées dans le cadre de l’étude.

Pour chaque pratique exemplaire proposée, nous nous contenterons de décrire sommairement l’emplacement géographique des diverses communautés francophones réparties dans les provinces canadiennes choisies, d’avancer une description générale du projet entrepris, de définir, si possible, les retombées économiques et environnementales de celui-ci sur le bien-être social des communautés concernées et de présenter les quelques facteurs économique, sociale et réglementaire qui, de l’avis de ÉcoRessources, ont contribué à sa réussite.

Finalement, des conclusions et, si nécessaires, des recommandations en matière du cheminement à suivre par les communautés francophones hors Québec pour réussir la mise en place et le développement de divers projets seront également proposées. À noter que celui-ci variera en fonction des forces et des faiblesses des politiques économique et réglementaire de chaque province. Elles sont présentées ci-dessous :

4.1 Le parc éolien à Saint-Léon, Manitoba.

Avant-propos :

Au Manitoba, 66 % des francophones vivent à Winnipeg, une ville qui compte 633 617 habitants en 2011 selon le dernier recensement de Statistique Canada, ce qui correspond à environ 28 000 individus sur un total de 42 000. La figure ci-dessous schématise la répartition géographique des communautés francophones du Manitoba. Les franco-manitobains forment ainsi 4 % de la population totale de Winnipeg et se répartissent en trois souches, à savoir : la rouge, la seine et la montagne. La plupart d’eux habitent dans des quartiers historiquement francophones, à savoir : de Saint-Boniface, de Saint-Vital et de Saint-Norbert. D’autres communautés francophones (rurales) se trouvent également dans des villes situées au sud de Winnipeg telles que : Sainte-Anne (1500 individus), Saint-Pierre-Jolys (900 individus), Saint-Claude (560 individus), Morris (1 545 individus), Saint-Léon (1 880 individus), et Minnedosa (250 individus). Il convient de noter que le Manitoba compte le troisième plus grand nombre de francophones hors Québec après l'Ontario et le Nouveau-Brunswick46.

46http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amnord/manitoba.htm

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FIGURE 10. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES COMMUNAUTÉS FRANCOPHONES DU MANITOBA.

Source : (Leclerc, 2009).

Description générale du projet :

Le parc éolien de Saint-Léon (St-Léon Wind Energy) est l’un des plus grands parcs éoliens au Canada. Il est construit dans la région de la Vallée-de-la-Pembina, une région riche en terres agricoles et en collines, qui se situe au centre sud du Manitoba. Le parc inclut un total de 63 turbines, chacune installée sur une tour de 80 mètres (m) de haut et munie de trois pales de 40 m, ayant une capacité de production totale d’énergie d’environ 99 MW et pouvant combler les besoins énergétiques de plus de 40 000

familles. Les turbines sont réparties sur un terrain de 93 et se situent à quelques kilomètres d’un nœud électrique reliant une sous-station de Manitoba Hydro à une ligne de transport d’électricité47.

Les avantages économiques et environnementaux :

D’après Manitoba Hydro, le coût total en immobilisations nécessaire pour la construction du parc dépassera 200 millions de dollars (M$) dont 30 M$ qui seront versés par le gouvernement fédéral via le programme d’Encouragement à la production d’énergie éolienne représentant ainsi 15 % du coût total. Le total de la taxe de vente provinciale se chiffrera à 12 M$, et d’ici 25 ans, le parc éolien générera 20 et 14 M$ en taxes foncières et en impôts provinciaux, respectivement. Les propriétaires fonciers locaux toucheront des revenus cumulés d’environ 10 M$ en 25 ans, des emplois seront créés au niveau local et le secteur touristique et les autres secteurs connexes en profiteront également. Le tableau ci-dessous présente un sommaire (quantitatif/qualitatif) des avantages économiques du parc éolien à St-Léon. Il se base sur les données proposées par (Mabon, 2010).

47http://www.manitoba.ca/iem/energy/wind/files/stleons_wind_brochure.fr.pdf

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TABLEAU 7. LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES DU PARC ÉOLIEN À SAINT-LÉON :

Impacts économiques

Agriculteurs participants

Agriculteurs et résidants de la

zone locale Collectivité

Autres impacts non quantifiés

Par

amèt

res

tech

niq

ues

et

éco

no

miq

ues

Revenu annuel (sans turbine)

5 $/acre/année

Vente de combustibles, promouvoir le secteur touristique local.

Revenu annuel (avec turbine)

0,66 $/MW/heure

Évaluation du site 150 $/année

Évaluation d’un carreau 160 $/année

Taxes totales par turbine 12 243 $

Salaires à l’échelle locale 600 000 $

Taxes foncières 771 309 $

Subventions et versements aux agriculteurs (St-Léon, Pembina)

790 000 $

Total 16 243 $/année 300 000 $ 2 161 309 $

Les facteurs de succès :

Un emplacement géographique stratégique :

Le secteur de l’énergie éolienne est assez important au Manitoba. Les ressources éoliennes se répartissent en grande partie dans le nord et le sud de la province. Selon Atlas Canada (2005), la vitesse moyenne à 50 mètres au-dessus du sol varie entre 7 et 9 mètres par seconde (m/s) dans la région de la Vallée-de-la-Pembina dans l’Ouest manitobain. Selon l’état actuel de la technologie, son emplacement géographique lui confère un avantage compétitif dans la production de l’énergie éolienne relativement aux autres provinces canadiennes.

Un contexte politico-économique flexible :

Sur le plan politique, la règlementation provinciale confère à Manitoba Hydro le contrôle total du marché de l’électricité dans la province. Ainsi, il est propriétaire de tous les facteurs de production, de transport et de distribution de cette ressource dans la province.

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Sur le plan économique et dans le cas des projets communautaires d’énergie éolienne, le prix fixé de l’électricité devrait révéler un profit modéré, non excessif. Les profits générés demeureront toutefois dans la communauté stimulant ainsi son développement économique. Les premiers kWh d’électricité générés seront vendus en se basant sur la structure existante du prix de l’électricité. Le prix de détail de l’électricité, généralement fixé par la Régie des services publics du Manitoba, aura tendance à augmenter sur la durée du terme de l’entente d’achat d’énergie du parc en question48. Ainsi, Manitoba Hydro acquérait l’énergie éolienne produite à la firme chargée du projet aux termes d’une convention d’achat d’énergie d’une durée de 25 ans49.

Un engagement gouvernemental et un partenariat financier solides :

Pendant quelques années, l’absence de politiques de tarifs de rachat garantis (TRG) au Manitoba a entravé la mise en valeur de l’énergie éolienne dans la province en la rendant peu attrayante pour les investisseurs privés.

Toutefois, les choses ont changé en 2010. La province du Manitoba a signé un contrat d’entente avec Mitsubishi Heavy Industries pour faire la liste des diverses possibilités de collaboration dans les secteurs de l’énergie renouvelable, y compris l’énergie éolienne. La province a également reconnu les bienfaits socio-économiques du développement de l’énergie éolienne dans les collectivités éloignées et hors réseau. En outre, en 2010, la province a proclamé sa volonté à installer des turbines éoliennes d’envergure communautaire pour mettre fin à la dépendance à l’égard du diesel dans quatre collectivités des Premières Nations. En ce qui a trait au parc éolien de St-Léon, celui-ci s’avère le fruit d’un partenariat entre le gouvernement manitobain et l’entreprise Algonquin Power Income Fund. Celle-ci se spécialise dans le financement des parcs éoliens et dans les partenariats visant à développer l’exploitation de l’énergie éolienne. Dans la première et la deuxième phase du projet, 63 éoliennes ont été installées (12 puis 51). Le coût total de celles-ci montaient à 186 M$ et étaient considérées, selon Revenu Canada, comme des dépenses financières liées aux énergies renouvelables et aux économies d'énergie, et donc, pouvant être déduites des revenus des promoteurs. Ceux-ci cèderont la quantité totale d’énergie produite (99 MW) par le parc éolien à Manitoba Hydro dans le cadre d'un contrat de vente d'électricité d’une durée de 25 ans. Cette mesure a impliqué que la plus grande partie des coûts d’installation soient financés par les nombreux porteurs de parts du Fonds de revenu.

48http://francopresse.ca/index.cfm?Sequence_No=23219&Id=23219&Repertoire_No=2137984534&Voir=document_view&secteur=030 49http://www.hydro.mb.ca/francais/corporate/ar/2006/AR0607_powerGen.pdf

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1. Un partenariat communautaire-promoteur réussi (acceptabilité sociale)

Le critère d’acceptabilité sociale s’est avéré un facteur décisif de la réussite du projet du parc éolien à St-Léon. De nombreuses réunions communautaires, auxquelles ont assisté les propriétaires fonciers du village, ont eu lieu avec le promoteur du projet, et ce, avant le début des travaux. De son côté, le promoteur favorisait le développement du projet en proposant aux agriculteurs une politique avantageuse de dédommagement. Celle-ci consistait en le versement de sommes financières, calculées en fonction du rendement à l’hectare50, aux agriculteurs pour combler leur manque à gagner des surfaces endommagées lors des travaux d'exploitation et d’installation (Airsource Power Fund, 2005). À ce sujet, le conseiller de la Table ronde de Saint-Léon, Luc Labossière, a déclaré :

« Ce qui est avantageux pour nous, c’est que le vent est une source d’énergie fiable. Sur le plan économique, tout le monde est gagnant. On estime que les propriétaires fonciers du village recevront plus de 9 millions de dollars pour la durée du projet et que la municipalité recevra 300 000 dollars par an en impôts fonciers. L’aménagement du parc éolien devrait également créer plus de 300 emplois51. »

Conclusions et recommandations :

Au Canada, la majorité des projets de parcs éoliens sont construits par des promoteurs/investisseurs privés. Il est toutefois difficile de trouver des exemples de projets, propriétés de coopératives provinciales, qui aient été des succès. Sur le plan de la gestion efficace de tels projets, les groupes d’intérêts locaux, disposant du savoir-faire technique et des ressources financières nécessaires, devraient investir des sommes relativement importantes pour étudier le potentiel éolien (vitesse du vent) et l’impact environnemental (conception) du projet avant son exécution. Même dans le cas de projets de petite envergure, ces pratiques représentent des coûts de départ pouvant aller jusqu’à 2 M$. Ainsi, dans les régions rurales et en l’absence de sources externes de financement, la question d’autofinancement de petits projets de parc éoliens par les groupes d’intérêt locaux s’impose comme un problème majeur. Les populations y sont moins denses, et donc le nombre potentiel d'investisseurs locaux y est aussi moins élevé.

50Le rendement à l'hectare est généralement déterminé par l'agence provinciale de sécurité du revenu agricole du Manitoba en tenant

compte de la période de l'année où le dommage à la récolte est survenu. 51http://francopresse.ca/index.cfm?Sequence_No=23219&Id=23219&Repertoire_No=1151936421&Voir=document_view&secteur=030

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Une nouvelle tendance dans le développement de nouveaux projets d’énergie renouvelable se présume par un partenariat entre les groupes d'intérêts locaux et les promoteurs. La collaboration qui a eu lieu pour le développement du projet du parc éolien à St-Léon en constitue un bon exemple, où le promoteur offre le capital financier et l'expertise technique, alors que les intervenants locaux s'assurent que les retombées économiques du projet sont allouées d’une manière optimale entre les divers membres de la communauté locale. En conclusion, étant donné que les projets de parcs éoliens sont généralement de grande envergure, qu’ils nécessitent que le promoteur dispose de fonds de roulement élevés et sont en mesure de générer des paiements pour les externalités négatives subies par les propriétaires des terrains sur lesquels les éoliennes sont déployées, nous proposons deux recommandations qui favorisent l’acceptabilité sociale à l’égard de tels projets, à savoir :

Dans le cas des communautés éloignées/autochtones/rurales potentiellement affectées par la mise en place d’un quelconque projet éolien, les instances publiques devraient intervenir en leur offrant tout le support nécessaire pour les aider à analyser le projet proposé, à quantifier et à atténuer ses impacts potentiels;

Établir de nombreuses rencontres entre les communautés concernées et le promoteur afin de discuter du projet, des craintes que pourraient avoir ces communautés à l’endroit du projet (terrain visé), des moyens d’atténuer ces craintes et, s’il y a lieu, des modalités de financement des coûts d’opportunités des dommages matériels qui pourraient être encourus lors de l’exploration et l’exploitation du terrain.

4.2 Le parc solaire à St-Isidore, Ontario.

Avant-propos :

Saint-Isidore est une communauté francophone, d’à peu près 800 habitants, de la municipalité de La Nation dans le comté régional de Prescott et Russell. La figure ci-dessous schématise les principales villes et villages de l’Ontario où résident la majorité des communautés franco-ontariennes. Quant au comté de Prescott et Russell, il se situe à la frontière du Québec et représente le seul comté de la province à majorité francophone (66 % de la population). Ainsi 15 des 18 municipalités du comté sont majoritairement francophones, tout comme les cantons de Casselman et de St-Isidore à l’est de la province et celui de Lochiel et Alexandria, plus au sud de celle-ci (Gilbert et Langlois, 2006)52. À noter que celui-ci rassemble 15 % en moyenne de la population franco-ontarienne totale, estimée à un peu moins de 568 000 personnes.

52Gilbert, A. et A. Langlois (2006), « Typologie et vitalité des communautés francophones minoritaires du Canada », Le Géographe

canadien, 50, 4, 432-449.

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FIGURE 11. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES COMMUNAUTÉS FRANCOPHONES DANS LA PROVINCE DE

L’ONTARIO.

Source : R. Mougeon, Université York53.

Description générale du projet :

La filiale canadienne du groupe EDF Énergies Nouvelles (EDF EN) a été en charge de l'exploitation commerciale et du financement du projet. Le projet se découpait en deux parties, à savoir : le site St-Isidore A (2010) et le site St-Isidore B (2011). St-Isidore A comprend deux installations solaires photovoltaïques de 11,5 MW. Il constitue le premier site solaire PV commercial construit dans une municipalité francophone d'Amérique du Nord. En 2010, selon EDF EN, plus de 200 travailleurs ont été engagés localement depuis que les activités de conception, d'ingénierie et de construction ont été entamées dans St-Isidore A54.

Le parc solaire regroupe 153 000 panneaux pouvant générer suffisamment d'énergie pour répondre aux demandes de pointe d'environ 3 500 familles ontariennes. Il a commencé à alimenter le réseau en électricité propre à la fin de l’année 2010. Celui-ci vient s'ajouter aux projets solaires Arnprior (23,4 MW) et Elmsley (2 sites de 12 MW), situés près de Lombardy dans le canton de Rideau Lakes, à titre de réalisation solaire d'EDF EN Canada en 2009 et 2010, respectivement. D’autre part, la centrale de Saint-Isidore B a été mise en service en 2011. Cette centrale, d’une capacité de 11,8 MW, constitue la deuxième partie du projet de Saint-Isidore. Ensemble, ces deux installations fournissent une capacité totale d’à peu près 24 MW. À noter que celles-ci ont été développées dans le cadre du programme d'offre standard d'énergies renouvelables du gouvernement de l'Ontario (RESOP).

53http://www.glendon.yorku.ca/research/francais/savoir_plus/vitrine/mougeonr.php 54http://francopresse.ca/index.cfm?voir=article&id=57664

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Résumé des retombées environnementales du projet :

L’énergie solaire est une énergie renouvelable qui présente divers avantages environnementaux. En fait, la production d’énergie (électricité et de chaleur) à partir des rayons solaires n’émet aucun GES, ne dégage pas de matières résiduelles néfastes d’un point de vue écologique et a peu d’impacts sur la biodiversité et les écosystèmes. Précisément, chaque MW d’énergie solaire produite évite le rejet de 0,5 tonne de GES en moyenne, selon la province (CanSIA, 2010). Le tableau ci-dessous brosse une comparaison entre les impacts écologiques des deux projets de St-Isidore et d’Elmsley.

TABLEAU 8. LES RETOMBÉES ENVIRONNEMENTALES ASSOCIÉES AUX DEUX PARCS SOLAIRES D’ELMSLEY ET DE ST-ISIDORE55.

Parc solaire Année Nombre de

panneaux

Technologie utilisée Émissions

évitées Capacité (MW)

Elmsley Est/Ouest

2010 86 000 PV à base de c-Si (Silicium polycristallin)

56 000 tCO2 équivalent.

23,8

St-Isidore A 2010 153 000 PV à base de CdTe (Tellurure de cadmium)

54 823 tCO2 équivalent.

11,5

St-Isidore B 2011 NA 11,8

D’autre part, vu la difficulté de trouver des chiffres nous permettant de prévoir la valeur économique du projet de développement de l’énergie solaire à St-Isidore et de quantifier les retombées économiques potentielles de sa mise en valeur sur le bien-être économique des communautés francophones du village, nous procédons directement à la description des facteurs qui, à notre avis, ont largement contribué au succès du projet.

55http://energies-vertes.info/tag/mwc

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Les facteurs de succès :

Des mesures tarifaires en faveur du développement de l’énergie solaire

Dans la théorie économique, la priorisation qu’une province (pays) fait en matière d’avantages et de coûts de ses énergies vertes vis-à-vis de ses objectifs fixés sera en mesure de déterminer l’orientation de sa politique et de sa législation dans ce secteur (NARUC, 2011). En général, les mesures adoptées s’expliquent par de nombreuses raisons dont la disponibilité des ressources au niveau local, les besoins des régions rurales et/ou isolées, les engagements propres en matière de réduction des émissions de GES, etc. En Ontario, par exemple, des incitations tarifaires sont offertes aux investisseurs pour les encourager à promouvoir des projets d’énergie renouvelable. Celles-ci leur garantissent un revenu suffisamment élevé en leur permettant de couvrir les coûts fixes de production et de stimuler l’investissement en cours.

Comme nous l’avons déjà signalé précédemment, les tarifs de rachat garantis (TRG) restent un outil gouvernemental privilégié pour inciter les investisseurs à lancer des projets de développement d’énergie renouvelable. C’est notamment le cas du projet du parc solaire à St-Isidore en Ontario. Le TRG oblige les distributeurs d’électricité de racheter l’énergie produite à un prix fixe pour une période (pré)-déterminée lors de la signature du contrat. Dans ce cas-ci, l'Ontario Power Authority (OPA) détient la responsabilité de l'exécution du projet, et donc, toute l’énergie produite sera vendue à elle sur une base de contrats d’achats qui s’étalent sur 20 ans. À noter que le TRG est fixé en fonction du coût de l’énergie produite, auquel s’ajoutent des motifs sur le coût collectif, les attentes de l’opérateur et la volonté politique et publique. Ainsi, cette mesure tarifaire permet aux opérateurs de bénéficier de rentes garanties pour l’énergie produite tout au long de la période du projet en leur offrant des cadres politiques et règlementaires stables et prévisibles. En Ontario, les centrales solaires de Saint-Isidore A et B bénéficient d’un TRG fixé dans le cadre du programme d’offre standard d'énergies renouvelables du gouvernement de l'Ontario (RESOP). Ainsi, l’Ontario, via sa politique de TRG (une tarification d’alimentation fixe), a réussi à surmonter deux grands obstacles qui freinent le développement des énergies renouvelables, à savoir : la capacité de se connecter au réseau et la volatilité des marchés. Parallèlement, il a réussi à stimuler la production d'énergie renouvelable et à subventionner les groupes d’intérêt qui y participent de telles sortes qu’il puisse remplacer la totalité de sa production d’électricité issue du charbon d’ici 2014. Ceci était l’un des objectifs visés dans le cadre des mesures à adopter afin de favoriser l’efficacité énergétique et de réduire les émissions de GES de la province.

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Des législatures et des initiatives d’investissements provinciales en faveur d’une économie verte

D’après (CanSIA, 2010)56, la compétitivité-coût des projets d’énergie solaire PV aura tendance à augmenter de plus de 50 % d’ici 2025. Aujourd’hui, la compétitivité du secteur de l’énergie solaire se limite aux périodes de pointe. Cependant, la tendance à la hausse des emplois dans ce secteur justifie le fait que son développement stimule l’activité économique nationale en général, et des PME, qui sont essentielles au développement économique des communautés, en particulier (CanSIA, 2010). Dans cette optique, via son programme de TRG, l’Ontario s’est avéré un chef de file du secteur de l’énergie distribuée au Canada. Celui-ci a aidé l’industrie solaire ontarienne à réduire ses coûts de production et à stimuler la création d’emplois dans toutes les régions de la province (CanSIA, 2012)57. En 2012, plus de 2 000 emplois ont été créés dans ce secteur et ce chiffre augmentera d’ici 2014 pour atteindre 10 000 emplois-personnes en Ontario. La croissance des investissements directs étrangers dans la province en justifie cette tendance; plus de deux cents entreprises sud-coréennes spécialisées en énergie verte souhaitaient ouvrir des usines en Ontario en 201258.

D’autre part, l’initiative microFIT, faisant partie du programme de TRG, a joué un rôle important dans le développement de l’industrie solaire ontarienne en favorisant les pratiques individuelles de production d’énergie solaire dans le secteur des bâtiments résidentiels, notamment dans les régions rurales et éloignées de la province. En quatre années, microFIT a induit des externalités positives majeures dans les régions de l’Est ontarien où se trouvent de nombreuses installations de panneaux systèmes dans des petites villes et villages franco-ontariens tels qu’Embrun, Casselman, St-Isidore, Cornwall, Russel et Plantagenet, majoritairement situés dans les comtés unis de Prescott et Russell. Précisément, cette initiative a permis aux propriétaires en Ontario de revendre à OPA l’électricité produite par leurs installations solaires pour une durée pouvant aller jusqu’à 20 ans. Le retour économique de ces investissements variait en fonction du nombre de panneaux installés, de la capacité de production installée et de la quantité d’énergie produite. Le tableau ci-dessous présente le montant des revenus annuels potentiels par type/capacité de l’installation.

TABLEAU 9. LE MONTANT DES REVENUS ANNUELS POTENTIELS PAR TYPE/CAPACITÉ DE L’INSTALLATION SOLAIRE PV59 :

Petite propriété

(3 kW)

Moyenne propriété (6

kW)

Grande propriété (10 kW)

Nombre de modules (panneaux) 13 26 44

Production estimée (MW-h/ année) 4,5 9 14,9

Revenu annuel estimé (en dollars) 3 600 6 000 12 000

ROI (%) 12 15 17

56http://www.cansia.ca/sites/default/files/cansia_vision_du_solaire_2025.pdf 57http://www.naylornetwork.com/csi-nwl/assets/20120605_CanSIA_EDA-Western%20District%20Presentation_FINAL.PDF 58http://publications.gc.ca/collections/collection_2012/aecic-faitc/FR5-38-18-2012-fra.pdf 59www.solartgroup.coméinstallation-solaire-residentiel-ontario

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L’acceptation sociale des propriétaires fonciers

Sommairement, dans le cas du projet du parc solaire de St-Isidore, l’opérateur chargé du projet (EDF EN) qui, après avoir recherché les terrains propices, étudié l’accessibilité de ceux-ci et vérifié la capacité des lignes électriques existantes, a procédé en proposant des offres de service aux propriétaires de la superficie du terrain choisi. À noter que sans la signature ou l’approbation de ceux-ci, le projet ne pouvait pas se réaliser. Ainsi, l’acceptabilité sociale du projet s’avère un facteur nécessaire et décisif du déroulement et éventuellement de la réussite du projet. À noter que l’envergure des offres proposées aux différents propriétaires fonciers a varié en fonction de la part de chacun du terrain visé par l’opérateur. À ce sujet, M. François Poirier, l’un des propriétaires du terrain où est situé le parc solaire de St-Isidore A à Fournier et exploiteur d’une firme laitière à proximité, a affirmé :

« Je n’aurais jamais donné mon accord au projet si je n’ai pas cru que ce serait fait avec respect pour l’environnement. Je suis un partenaire majeur du projet et 45 % des panneaux solaires PV sont sur mon terrain. Ainsi, sans ma signature le projet n’aurait pas pu se réaliser60. »

Conclusion et recommandations:

L’engagement des provinces canadiennes à assurer la stabilité des mesures et des politiques incitatives s’avère un facteur déterminant de la croissance future des marchés qui poussera l’industrie de l’énergie solaire vers la compétitivité. Certains programmes gouvernementaux (c.-à-d. TRG) ont connu un grand succès et ont créé une demande immédiate pour les technologies solaires, alors que d’autres n’ont pas réussi à achever leurs objectifs. En outre, la reconnaissance accrue par la plupart des provinces canadiennes des bienfaits socio-économiques du développement de projets d’énergie renouvelable dans les collectivités éloignées et hors réseau permettra à celles-ci de participer dans le futur proche au développement de projets prometteurs en matière d’économie verte. Entre autres, pour ce faire, ÉcoRessources recommande les points suivants :

Rendre les technologies solaires accessibles pour un marché plus vaste en adoptant des mesures qui favorisent le financement de biens et services solaires;

Offrir aux petites municipalités des remboursements financiers plus élevés sur les taxes payées sur les coûts encourus avant la phase d’exécution des projets solaires (conception, analyse coûts-bénéfices, etc.);

Recommander aux gouvernements territoriaux de produire un pourcentage fixe d’énergie à partir de sources vertes avec des exigences en matière d’énergie solaire;

60http://journalagricom.ca/index.cfm?Id=58216&Sequence_No=58204&Repertoire_No=2137988401&Voir=journal_article&niveau=3

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Favoriser les initiatives provinciales encourageant l’investissement en énergie solaire. Le TRG et le RESOP ont permis à l’Ontario de devenir un chef de file dans le secteur de l’énergie solaire PV et de favoriser les pratiques individuelles de production d’énergie solaire dans les collectivités rurales et éloignées, situées dans le nord-est de la province;

Inciter les propriétaires des bâtiments à respecter un seuil cible d’autonomie énergétique. Celui-ci favorisera le développement de programmes d’efficacité énergétique tels que microFIT et améliora le bien-être social des habitants des petites villes et villages ruraux du Canada.

4.3 Le barrage hydroélectrique Madawaska, Nouveau-Brunswick (N-B).

Avant-propos :

D’après Statistique Canada, le N-B comptait le plus grand nombre de francophones hors Québec en 2001. En 2006, plus de 236 000 personnes constituaient la communauté franco-acadienne du N-B et environ 93 % de celle-ci se concentrait, entre autres, dans sept comtés principaux de la province, à savoir : Madawaska, Gloucester, Kent, Northumberland, Restigouche, Victoria et Westmorland. En outre, d’autres villes urbaines du N-B telles qu’Edmundston (≈93 % de francophones), Bathurst (≈70 %) et Campbellton (≈60 %), regroupaient également un nombre élevé de francophones61. La figure ci-dessous schématise la répartition géographique des communautés francophones dans la province du N-B.

FIGURE 12. RÉPARTITION DES FRANCOPHONES AU NOUVEAU-BRUNSWICK62.

Source : (Leclerc, 2006)

61http://canada.grandquebec.com/francophonie/francophonie-nouveau-brunswick/ 62http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amnord/nbrunswick.htm

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Description générale/répercussions du projet :

Le barrage est situé près de la rivière de Madawaska (dans le comté de Madawaska), dans la ville d’Edmundston située dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick.

Le barrage a été construit pour remplacer une vieille centrale hydroélectrique de 1,5 MW datant de 1917. C’est en 2005 qu’Énergie Edmundston, le promoteur du projet, a fait l’acquisition de l’installation électrique de Madawaska qui auparavant appartenait à Fraser Papers, alors que les travaux de modernisation de la centrale n’ont débuté qu’en 200963. Il s’agissait principalement de la mise en place d’une turbine simple de 3,8 à 4,05 MW (pièce maitresse du projet) adjacente au barrage existant. Celle-ci capte l’eau de la rivière, l’a fait circuler dans une turbine, avant de la rejeter de nouveau à la rivière. En somme, la centrale hydroélectrique Madawaska produit annuellement environ 20 gigawattheures, ce qui permet l’alimentation en électricité de plus de 1 600 foyers. Edmundston est la seule ville de la province qui a une certaine autonomie en matière de production d’électricité. Autrement dit, elle est la seule ville qui génère et distribue l’électricité. Antérieurement, celle-ci produisait l’environ de 10 % des besoins en électricité de ses citoyens et achetait le reste auprès d’Énergie N-B. Cependant, grâce à la nouvelle installation hydroélectrique, sa capacité de production a augmenté de 1,5 à 5,6 MW, le pourcentage d’autosuffisance sur son réseau a cru à 16 % et la municipalité a pu économiser près de 1,5 M$64 en achats d’électricité d’Énergie N-B. D’après un communiqué de presse du gouvernement fédéral (RNCan, 2011), le coût total en capital du projet (construction, exploitation, entretien, désaffection et installation) se chiffrait à 20,2 M$, réalisé avec le soutien des gouvernements fédéral et provincial (via des programmes gouvernementaux) à hauteur de 20 % de celui-ci, soit une somme payée d’environ 4 M$.

En 2010, le rapport d’évaluation environnementale fédérale du projet prévoyait que la réalisation de celui-ci n’était pas susceptible d’entraîner des externalités négatives sur l’environnement. Par contre, il était en mesure de réduire les émissions de GES de la ville de 14 800 tonnes par année65. D’après (RNCan, 2011), pendant sa construction, le barrage a créé plus de 90 emplois dans les entreprises et les organismes de services des environs. À ce sujet, M. Jacques P. Martin, le maire d’Edmundston, a affirmé :

« Accroître notre production d’énergie verte, grâce à cette très importante contribution du gouvernement canadien, c’est une façon pour augmenter les revenus à long terme de la municipalité tout en réduisant notre impact sur l’environnement66 ».

63http://www.acee-ceaa.gc.ca/052/details-fra.cfm?pid=47740 64http://www.capacadie.com/actualites-regionales/2011/4/6/edmundston-produit-son-electricite 65http://francopresse.ca/index.cfm?Voir=article&Id=49616&secteur=040 66http://www.marketwire.com/press-release/le-gouvernement-du-canada-investit-dans-lelectricite-renouvelable-au-nouveau-brunswick-

1583153.htm

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Les facteurs de succès :

Un soutien gouvernemental aux projets d’énergie verte

Le gouvernement canadien, dans le cadre de son programme d’énergie propre, vise la mise en place d’initiative, telle qu’écoÉNERGIE, ayant pour buts de promouvoir l’utilisation plus efficace de l'énergie, d’accroître l'approvisionnement en énergie verte et d’appuyer l'application de technologies de l'énergie propre dans toutes les provinces et régions du pays. Pour ce qui est de l’initiative écoÉNERGIE pour l’électricité renouvelable, celle-ci disposait d’un peu moins de deux milliards de dollars pour offrir des subventions financières de l’ordre de 1 cent par kWh afin d’accroître la capacité de production d’électricité à partir de sources vertes au Canada de plus de quatre gigawatts, soit suffisamment d’électricité pour combler les besoins énergétiques d’un million de foyers. En 2011, le projet de modernisation du barrage hydroélectrique Madawaska a reçu, via le programme écoÉNERGIE, 2 M$ pour l’électricité renouvelable, soit l’environ de 10 % du coût total du projet, alors que les 90 % restant de celui-ci ont été entièrement financés par le fonds d’opération d’Énergie Edmundston et par d’autres octrois gouvernementaux.

La politique d’énergie communautaire au N-B

Les projets visés par la politique d’énergie communautaire se répartissent en trois phases, à savoir : (1) production initiale de 75 MW, (2) 50 MW assignés à des projets appartenant à des communautés du N-B, et (3) 25 MW assignés à des projets des Premières nations. Ceux-ci appartiennent à 51 % (seuil minimal), à des entités établies au N-B: Premières Nations, municipalités, coopératives, associations et organismes sans but lucratif, institutions de la province. La propriété des 49 % restants appartient aux sociétés et aux entreprises privées.

L’objectif ultime de cette politique est de favoriser la réalisation de projets énergétiques locaux et d’encourager les collectivités à participer au développement de projets d’énergie verte en leur offrant la possibilité de contribuer significativement à la production d’énergie à partir de sources propres et renouvelables avec la possibilité de céder leur production à Énergie N-B via des ententes d’achat d’une durée minimale de 20 ans67. À noter que la rentabilité économique à long terme du nouveau barrage Madawaska aussi bien que le bien-être social des communautés de la ville seront largement tributaires de la mise en application effective de cette politique.

67http://www.afmnb.org/images/tdm_2010_theo_losier.pdf

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Conclusions et Recommandations :

Le développement du secteur de l’économie verte et de projets d'énergie verte au N-B a le potentiel pour soutenir divers objectifs économiques, sociaux et environnementaux communautaires à l’échelle de la province. En 2012, le gouvernement du N-B a annoncé sa nouvelle politique énergétique. Dans le but de fournir un soutien gouvernemental aux projets de production d’énergie verte et d'assurer que ceux-ci soient établis de telle sorte que la valeur-ajoutée qui en découle soit optimisée, nous recommandons :

Le développement d’une politique énergétique intégrée qui aura un impact positif sur l’ensemble de la population, tout en ayant un effet direct sur le développement économique de la province;

L’application effective de la politique provinciale sur l’énergie communautaire aussi bien que les incitatifs qui s’y associent;

La poursuite de l’augmentation de la production énergétique renouvelable provinciale dans une optique de développement durable et communautaire;

Promouvoir le rôle important des municipalités en matière de développement de projets d’énergie verte. La municipalité d’Edmundston est une pionnière dans ce domaine grâce à la présence de son service d’énergie et s’avère un exemple pour les autres municipalités de la province;

La poursuite des quelques réussites des gouvernements passés et présent (la fermeture de centrales électriques polluantes, le financement de projets de production d’énergie verte et la favorisation de l’efficacité énergétique);

La mise en place d’un plan énergétique qui reconnaît la vraie valeur/potentiel des sources d’énergies vertes de la province.

4.4 Le « bioraffinage » à l’usine de La Broquerie, MN.

Avant-propos :

Le village de La Broquerie, situé au sud-est de Winnipeg au Manitoba, fait partie de la municipalité rurale de la Broquerie68. Il est situé dans la partie nord de celle-ci et regroupe une communauté à prédominance francophone. Au recensement de 2006, 900 et 3 659 habitants formaient les populations du village et de la municipalité rurale, respectivement.

68http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Broquerie

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Contexte général :

La société Prairie Bio Energy Inc (PBE Inc.), située dans le village de La Broquerie, a été lancée par Stéphane Gauthier et Eugène Gala en 2004. L'expertise de la société se situe dans les systèmes de combustion convenables à une grande gamme de biomasse ainsi que dans le traitement et la densification des biomasses agricoles pour en faire des biocarburants. Ceux-ci sont produits principalement à partir de la paille dense. Les cubes de paille fabriqués dans l’usine de La Broquerie sont souvent vendus comme combustible. Ceux-ci pourraient substituer le charbon qui, grandement énergivore, est utilisé au Manitoba ainsi que dans d’autres régions de l'Ouest canadien comme source d’énergie pour la production d‘électricité et de chaleur. En outre, la paille peut également être transformée en produits super-absorbants (c.-à-d. litière pour animaux). Ce procédé pourrait être conçu comme une forme primaire de bioraffinage, mais ce n’est pas du bioraffinage au sens habituel du terme (c.-à-d. biomolécules, biocarburants, etc.). Aujourd’hui, les activités de PBE Inc. consistent, en plus de la transformation de la biomasse agro-forestière en énergie, en la conception du système de combustion Blue Flame Stoker qui conditionne et transforme les résidus agricole et forestier solides en chaleur et contribue au chauffage des petites collectivités rurales du Canada. En 2012, la société a conclu une entente de partenariat exceptionnelle avec la Coop fédérée. À l’issue de cette entente la Coop fédérée est devenue propriétaire à 50 % de l'ensemble des propriétés intellectuelles possédées par PBE Inc. À noter que la Coop est la plus grande entreprise agroalimentaire à Québec et se classe parmi les coopératives et mutuelles les plus importantes à l’échelle mondiale69.

Un bref du procédé technique de « bioraffinage » à l’usine de La Broquerie :

Par définition, le « bioraffinage » est un processus durable de transformation de la biomasse, par voies thermique et/ou biochimique, en bioproduits70 et en bioénergie. Il consiste à convertir la biomasse en biocarburants, en molécules plateformes biosourcées (MPbio) pour l'agrochimie, et en des spécialités chimiques telles que les biolubrifiants. La figure ci-dessous illustre l’analogie entre le bioraffinage et le raffinage du pétrole.

FIGURE 13. ANALOGIE ENTRE LE BIORAFFINAGE ET LE RAFFINAGE DU PÉTROLE. SOURCE : (WERTZ, 2010).

69The PBE Group catapults in growth – “The Eureka project”. Communiqué de presse, le 18 décembre 2012. 70Les bioproduits désignent les produits biobasés.

(BIOMASSE)

(PÉTROLE BRUT)

Bio-carburants

(Bioénergie)

(Énergie)

MPbio

(Chimie verte)

(Pétrochimie)

Spécialités chimiques

(Biolubrifiants)

(Lubrifiants)

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En général, il existe deux catégories principales de bioraffineries, à savoir : (1) celles axées sur les bioproduits, et (2) celles axées sur la bioénergie. Dans la première catégorie, la biomasse est transformée en bioproduits ayant une valeur économique élevée et un impact environnemental négligeable, et les résidus du procédé sont utilisés pour la production d’énergie.

Cependant, dans la deuxième catégorie, la biomasse est transformée en biocarburants ou en énergie, et les résidus du procédé sont, soit cédés sous forme d’alimentation animale, soit valorisés comme étant des produits à haute valeur ajoutée71. ll convient également à noter que les bioraffineries sont classifiées en première ou en deuxième génération, en fonction du type de la biomasse utilisée dans le procédé de transformation, à savoir : (1) celle issue de plantes alimentaires telles que grains de céréales (première génération), et (2) celle issue de matériaux lignocellulosiques (deuxième génération, comme c’est le cas de l’usine de La Broquerie).

Ainsi, les bioraffineries de deuxième génération utilisent la biomasse végétale issue de matériaux lignocellulosiques pour la production d’énergie72. Par biomasse végétale-lignocellulosique, on désigne :

les résidus agricoles tels que la paille, la bagasse (résidu fibreux de canne à sucre) et les rafles de maïs;

les résidus forestiers;

les cultures énergétiques (c.-à-d. le miscanthus, le panicum vigratum ou switchgrass, etc.).

En conclusion, l'utilisation de la biomasse comme matière première dans une bioraffinerie représente ainsi une alternative propre aux ressources fossiles (charbon) pour la production de biocarburants, de

bioproduits, de l'électricité et de la chaleur. Son effet « zéro-émissions- » contribuera à la lutte contre le changement climatique et sécurisera les approvisionnements énergétiques de la province dans un contexte général où les réserves pétrolières mondiales sont en déclin73.

Un résumé des avantages économiques potentiels de l’industrie (contexte général) :

Vu l’impossibilité de trouver des données pertinentes illustrant l’impact économique du projet de construction et d’exploitation de l’usine de La Broquerie sur le bien-être collectif de la communauté du village, nous procédons dans notre analyse en avançant un bref aperçu des tendances futures du secteur bio-agro-économique. La figure ci-dessous illustre la chaîne de valeur de la filière biomasse agricole (Coop fédérée, PowerPoint, 2011).

71 http://www.mansea.org/pdf/Processing_Biomass_for_Energy_Production_%28Stephane_Gauthier%29.pdf 72 http://www.valbiom.be/files/gallery/bioraffinage1805101274865669.pdf 73 http://www.ferme-energie.ca/IReF/index.php?page=agricultural-residues

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FIGURE 14. LA CHAÎNE DE VALEUR DE LA FILIÈRE BIOMASSE AGRICOLE :

Un rapport de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) en 2011, intitulé : « perspective d’avenir de biotechnologie industrielle » évoque un marché potentiel de 300 milliards de dollars à l’horizon de 2020 pour les biocarburants, les bioproduits et la bioénergie. Du côté de la biomasse agricole, évaluée entre 15 et 90 milliards de dollars, divers secteurs seront concernés comme les engrais, les semences, les phytosanitaires et tout ce qui permettra de valoriser la chaîne de valeur de la biomasse. Entre la production et la conversion de biomasse, le rapport évoque un marché de 30 milliards de dollars pour les nouvelles technologies de densification (Blue Flame Stoker), ayant pour but l’optimisation des solutions logistiques dans l’industrie. Le bioraffinage, qui nécessitera de nombreux outils de transformation, représenterait une niche de 10 milliards de dollars. En sortie de chaîne, les biocarburants et les bioproduits pèseraient pour 80 et 12 milliards de dollars, respectivement.

Les facteurs de succès :

Outre le partenariat exceptionnel conclu entre PBE Inc. et la Coop fédérée qui permettra à PBE Inc. de bénéficier d’un réseau et d’une infrastructure industrielle déjà établis, et de profiter de grandes perspectives de croissance futures, nous mettons en lumière un facteur qui, de l’avis de ÉcoRessources, a significativement contribué à la réussite du projet de l’usine de La Broquerie. Il est présenté ci-dessous :

Une stratégie provinciale en faveur du développement de la filière de biomasse

D’après (PBE Inc. 2008), la réussite du secteur bioéconomique au Manitoba est largement due à l’abondance de ses ressources naturelles (bois, cultures animales et végétales, etc.), aussi bien qu’à l’expertise et le savoir-faire scientifique et technique de ses ressources humaines.

Aujourd’hui, la province compte plus d’une trentaine d’entreprises produisant une gamme élargie de produits issus de ressources agricole et forestière durables. Depuis quelques années, la province a mené des partenariats avec des organismes tels que la Life Science Association (LSA) du Manitoba, par exemple, en vue de mettre en œuvre les recommandations indiquées dans le contexte de la stratégie provinciale en ce qui a trait à la filière des bioproduits et ayant comme objectif de doubler les revenus générés par celle-ci d’ici 2020. Un autre partenariat a été conclu en 2011 entre PBE Inc. et Manitoba Hydro pour la conception et le développement d'une unité de pyrolyse de la biomasse à l’échelle de la province. Aujourd’hui, le Manitoba favorise la croissance de sa filière de biomasse domestique en accordant la priorité au développement d’un approvisionnement durable en fibres de biomasse qui sera en mesure de produire de l’énergie, de produits chimiques, de textiles, de composites et de plastiques, simultanément.

Intrants agricoles

Production biomasse

Commerce biomasse (chaleur et électricité)

Intrants bioraffinage

Bioraffinage

Biocarburants

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Conclusions et Recommandations :

La province du Manitoba est idéalement située pour bénéficier de la filière naissante de bioproduits. La biomasse et ses ressources, couplées au secteur manufacturier productif et diversifié de Winnipeg en particulier et du Manitoba en général, offrent un potentiel pour une production de masse de bioproduits (les biocarburants, la bioénergie et les autres types de biomatériaux), à l’échelle de la province. Dans cette optique, en vue de favoriser la mise en valeur de la capacité de cette nouvelle filière à transformer les résidus agricole et forestier en énergie, nous recommandons de :

Favoriser le développement des réseaux de chaleur fonctionnant à la biomasse, la mise en place de procédés de combustion plus efficaces et de systèmes de contrôle des émissions. Autrement dit, il s’agit de promouvoir la biomasse comme source d’énergie pouvant remplacer les combustibles fossiles;

Encourager le travail simultané sur toutes les composantes de la chaîne de valeur de la filière biomasse de manière à ce que chaque composante soit économiquement rentable. Ainsi, le produit final sera compétitif dans son marché;

Mettre en œuvre des mesures gouvernementales favorisant le développement de la filière (politiques d’achat, gestion du risque, incitatifs tarifaires/non tarifaires, stratégie à long terme, concise et stable, etc.);

Faciliter l’accès à la main-d’œuvre qualifiée et favoriser la mise en place d’une infrastructure industrielle adaptée;

Mener des partenariats exceptionnels du genre : producteurs agricoles et pétrolières/industriels (c.-à-d. PBE Inc.-Coop fédérée).

4.5 Le compostage dans les collectivités francophones rurales du Manitoba

Avant-propos :

En 2010, dans le cadre du programme communautaire de réduction des émissions de GES (CLER) au Manitoba, le Conseil de développement économique des municipalités bilingues de la province (CDEM) a mis en place un service de compostage résidentiel dans les municipalités manitobaines de De Salaberry, de Notre-Dame-de-Lourdes et de St-Pierre-Jolys.

La municipalité rurale de De Salaberry, avec une population d’environ 3 000 habitants, est située dans le sud-est de la province, où résident entre autres les collectivités de Saint-Pierre-Jolys, Saint-Malo, La Rochelle et Carey. L’abondance des terres agricoles très fertiles et la contribution accrue de ses agriculteurs à l’économie régionale et nationale, constituent la richesse principale de celle-ci. D’autre part, Notre-Dame-de-Lourdes, située à plus d’une centaine de kilomètres au sud-ouest de Winnipeg, est une communauté à majorité francophone qui compte environ 600 personnes.

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Finalement, St-Pierre-Jolys, avec une population à plus de 70 % d’origine francophone, est un petit village de l’une des régions agricoles les plus productives du Manitoba. Son économie est basée principalement sur l’agriculture et les services connexes à l’agriculture. Son emplacement géographique stratégique sur la vallée de la rivière Rouge (voir figure 10) justifie la fertilité de ses terres et permet de développer certaines cultures céréalières qui se classent parmi les meilleures des prairies canadiennes74.

Description générale du projet :

En 2008, suite à une étude sur les émissions de GES et aux nombreuses consultations communautaires, les trois municipalités rurales ont conçu un projet basé sur le compostage résidentiel et agricole. La création du Compo-Stages Manitoba Co-op (CMSC) s’est avérée la première composante de cette initiative municipale tripartite, financée en partie par le Community Led Emissions Reduction (CLER) de la province. Ce projet a également reçu l’appui financier du CDEM qui s’avérait un moteur économique dans les municipalités bilingues du Manitoba.

La CMSC, la première coopérative de compostage agricole du Canada, a été créée dans le but de favoriser l’utilisation efficace des déchets agricoles et d’inciter les agriculteurs locaux à transformer leur fumier en fertilisant biologique riche pour réduire, entre autres, l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides, et pour accroître la productivité de leurs terres. Ainsi, celle-ci offre une solution réelle à la gestion du fumier agricole, tout en permettant aux producteurs participants d’améliorer leurs savoir-faire et d’augmenter leurs profits.

Au niveau municipal, il est question de trier les déchets en trois parties, à savoir : les déchets organiques, les déchets ménagers et les déchets recyclables. Normalement, les déchets seront ensuite récoltés par les municipalités. La nouveauté dans ce cas-ci, c’est que les matières organiques récoltées seront amenées dans un centre de compostage où elles seront valorisées et converties, voire compostées. Ensuite, le compost sera alloué aux propriétaires fonciers et agriculteurs de la région pour leur permettre d’enrichir leur terrain, d’accroître leurs rendements et de les stabiliser contre l’érosion.

Grâce au support financier du CLER et d'Environnement Canada (280 000 $), via le programme de financement communautaire écoAction, deux centres de compostage ont été installés à Notre-Dame-de-Lourdes et à De Salaberry en 2012. Cet argent a servi notamment à acheter un mélangeur d’andins. Il s'agit d'une machine qui broie les matières organiques pour en faire du compost. Celle-ci est partagée entre les deux sites de compostage. Du côté des agriculteurs, le mélangeur d'andins se rend sur les terres de ceux qui le désirent afin de composter leur fumier, pour qu’ils puissent ensuite le répandre sur leurs terres.

74http://www.cdem.com/fr/sectors/community-economic-development/community-development-corporations-cdc-s-/labroquerie

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Avantages économiques et environnementaux :

En général, le procédé de compostage permet de réduire la quantité de déchets résidentiels envoyés à l’enfouissement, d’amortir les coûts associés à la collecte des déchets et, à moyen terme, d’offrir un compost de meilleure qualité qui pourra servir pour le jardinage. De plus, celui-ci présente plusieurs avantages économiques et environnementaux, à savoir75 :

a) Il améliore la perméabilité des terrains et réduit les dommages subis lors des inondations;

b) Il évite l'usage intensif de pesticides et l'apparition des mauvaises herbes;

c) Il améliore la fertilité des sols et la qualité des récoltes;

d) Il réduit le volume du fumier à répandre d'environ 60 %;

e) Il favorise les économies de temps car la quantité de fumier à répandre sera moindre (voir d);

f) Il diminue les émissions de GES du fumier et les mauvaises odeurs qui en découlent, et fournit une véritable solution aux questions d’érosion des terres et des dommages subis lors des inondations, vu que la qualité du sol est indispensable à la réussite de tout système de culture agricole. Ainsi, tout mode de gestion qui sera en mesure d’accroître l’activité biologique et la productivité du sol est recommandé.

En règle générale, sur le plan environnemental, une vache produit environ 68 kg de fumier par jour. Ainsi, si on suppose que 1 000 têtes de bétail appartiennent aux agriculteurs des trois municipalités rurales en question, celles-ci génèrent environ 68 tonnes de fumier par jour, soit près de 24 820 tonnes de fumier par an. En outre, il convient à noter qu’une quantité de 68 tonnes de fumier laissé intacte est

en mesure de générer 317 kg d’émissions de par tonne, alors que la même quantité de fumier, si compostée, générera seulement 125 kg de par tonne. Ainsi, le compostage du fumier réduit les émissions de GES d’environ 39 %76.

75http://www.cdem.com/fr/sectors/technology-and-green-economy/green-economy 76http://cdem.tumblr.com/post/11657084869/cooperative-de-compostage-agricole-une-premiere-au

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Les facteurs de succès :

Favoriser l’acceptabilité communautaire

Au Manitoba, des initiatives gouvernementales telles que les crédits d’impôt et le Fonds pour la réduction du volume des déchets et la prévention de la pollution (WRAPP)77 ont pour objectif de démontrer aux agriculteurs locaux les divers bienfaits économiques et écologiques qui découlent de la gestion efficace et intégrée des déchets et de les inciter à prendre part dans de tels projets. Entre autres, il est question d’accroître l’échange de renseignements et d’information entre les divers agents concernés (via des sessions de formation, séminaires, etc.), et de favoriser le partenariat public-privé dans le but d’assurer un seuil minimal de rentabilité économique des projets entrepris et d’accélérer la création d’un compost commercialisable de haute qualité dans la province. En 2011, lors de la mise en place du projet de compostage résidentiel dans les trois collectivités francophones citées ci-dessus, une vingtaine de fermiers des trois municipalités rurales ont montré leur intérêt pour celui-ci, aussi bien que pour la technologie qui sera utilisée dans le procédé. Toutefois, ce nombre s’est avéré insuffisant pour rentabiliser le coût total payé pour le mélangeur d’andains, soit environ 350 000 $. À ce sujet, Guillaume Nayet, directeur de Compo-Stage, a déclaré :

« La rentabilité du projet dépendra du nombre de fermiers qui l’appuiera. On a besoin de l’appui du plus grand nombre possible de fermiers. Aujourd’hui, ceux-ci épandent leur fumier par eux-mêmes dans leurs champs, tant bien que mal. Demain, avec les services proposés par la CMSC, les fermiers verront les résultats chez leur voisin et voudront probablement y avoir recours également78. »

Un financement gouvernemental pour favoriser l’accès au savoir

Entre 2008 et 2012, 100 000 $ et 180 000 $ ont été accordés, via le programme de financement communautaire écoAction et par le CRET, respectivement au projet de mise en service d’une coopérative de compostable dans le Nord-ouest manitobain. Celui-ci a été mis en œuvre dans trois collectivités simultanément afin d’amorcer de changements effectifs dans deux secteurs principaux, à savoir : le compostage et la gestion durable des déchets. À ce sujet, Randall McQuaker, de Resource Conservation Manitoba, a déclaré :

« Grâce au financement d’écoAction, nous offrirons aux communautés un cours de formation spécial de maître composteur. Des personnes francophones acquerront ainsi des connaissances sur le compostage domestique au Manitoba. Les déchets organiques seront détournés, les GES seront réduits, les ménages produiront du compost gratuit et les collectivités seront renforcées79. »

77http://www.gov.mb.ca/conservation/pollutionprevention/wrapp/wrappfund.fr.html 78http://www.radio-canada.ca/regions/manitoba/2011/10/18/005-machine-compostage-fumier.shtml 79http://www.ec.gc.ca/default.asp?lang=Fr&n=714D9AAE-1&news=8E26CEB1-3C68-40DC-93AB-837B6B4AF1D6

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Conclusion :

À l’heure actuelle, la baisse de la capacité d'enfouissement et l’augmentation des quantités d’ordures produites posent un problème majeur en matière de gestion de déchets dans diverses régions canadiennes. En matière de capacité maximale d'enfouissement, ce problème est désormais résolu en exportant une grande partie de ceux-ci vers d'autres régions du pays, même parfois vers d’autres pays. Cependant, l’expédition des déchets ne constitue pas une solution envisageable et optimale dans le long terme, étant donné que leur transport est une source appréciable d’émissions de GES. Aujourd’hui, une autre solution davantage verte pour la réduction de la quantité de déchets dirigés vers les décharges s’impose, à savoir : le compostage, la conversion et la valorisation des déchets organiques. En conclusion, il convient à noter que celle-ci fera davantage partie de l'équation de gestion des déchets canadienne, et ce, au moment où les solutions de rechange à l'élimination dans les décharges deviendront la base de la gestion durable des déchets.

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Conclusion

Dans ce rapport d’étude, nous avons documenté les tendances actuelle et future du secteur de l’économie verte au Canada, aussi bien que de présenter des études de cas de pratiques exemplaires réussies de développement de projets d’énergie verte à l’échelle des petites communautés franco-canadiennes hors Québec en vue de valoriser l’impact éventuel de ceux-ci sur le bien-être économique et social de ces communautés.

Entre autres, nous avons montré que pour favoriser le développement d’une économie verte à l’échelle du Canada, celui-ci devra être conçu comme un complément stratégique aux priorités et domaines existants de réforme des politiques économique et environnementale. Les stratégies gouvernementales devront cibler les domaines dans lesquels l’interaction entre la politique environnementale et la politique économique est bénéfique et mettre en place des moyens économiquement efficaces pour atténuer les pressions environnementales afin d’amorcer la transition vers un nouveau modèle de croissance davantage vert. Nous avons montré qu’une transition réussie vers une économie verte ne pourra pas se réaliser que via une multitude d’interventions publiques et celle-ci pourra être assujettie à divers types de contraintes de nature sociales, économiques, politiques et juridiques. Ainsi, nous avons mentionné que l’une des contraintes les plus importantes à la croissance économique verte au Canada est la certitude réglementaire. Celle-ci désigne la mesure dans laquelle le gouvernement provincial/fédéral définit ses priorités environnementales et élabore un plan clair en vue de combler les écarts entre le rendement économique privé et le rendement économique social. Pour ce faire, le Canada et les provinces devront établir des stratégies environnementales solides et intégrées. Celles-ci résulteront d’une séquence d’instructions et de politiques gouvernementales destinées à être exécutées plusieurs fois selon le besoin en vue d’épauler cette transition. La priorité devra être donnée aux cas où des contraintes pesant sur la croissance verte se traduisent également en contraintes pesant sur la croissance de manière plus générale. Ainsi, des arbitrages devraient être opérés entre le renforcement de l’économie de marché et la poursuite d’une croissance verte. À ce sujet, nous avons défini deux secteurs qui, à notre avis, seront prioritairement visés par l’écologisation économique, à savoir : les modes de production et de consommation d’énergie. Il s’agit notamment de sensibiliser les divers acteurs économiques à adopter des modes de production et de consommation plus verts. Les entreprises par exemple ne seront pas susceptibles de prendre volontairement des mesures vertes ou d’accroître leur efficacité énergétique si celles-ci s’avèrent coûteuse. Ainsi, l’intervention gouvernementale est nécessaire et recommandée.

Ensuite, nous avons montré que les politiques adoptées sur les changements climatiques et l’efficacité énergétique à l’échelle des provinces canadiennes sont différemment classées. Celles-ci varient en fonction de l’engagement, des mesures réglementaires et des dotations en capital naturel de chaque province. Dans la province de l’Ontario, par exemple, nous avons montré que la Loi sur l’énergie verte qui a été créée dans le but d’augmenter la production d’énergie verte, d’encourager le stockage de l’énergie et la création d’emplois verts a déjà commencé à rapporter des bénéfices économiques et environnementaux à la province.

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En outre, comme le préconise cette étude, une réallocation des investissements publics-privés et la mise en place de politiques publiques pour favoriser la transition vers une économie verte, seront nécessaires. Celles-ci renforceraient de nouveaux secteurs et de nouvelles technologies qui constitueront les principales sources de développement économique à venir, à savoir : les technologies en matière d’énergies renouvelables, la production d’énergie à partir de sources vertes, les bâtiments et équipements moins énergivores et les réseaux de transport public relativement propres. Ainsi, les nouvelles technologies, en favorisant l’utilisation rationnelle des ressources, seront en mesure de compenser les pertes d’emplois potentielles du secteur de l’économie classique et créer de nouvelles opportunités d’emplois verts. En particulier, la réallocation des investissements publics et privés contribuera au renforcement de la durabilité du capital naturel ayant une importance majeure pour les communautés rurale et éloignée du Canada. Ainsi, il revient à celles-ci via leurs engagements et dynamismes collectifs de contribuer au développement de ce nouveau secteur économique en entreprenant des projets et des initiatives privés à une échelle microéconomique pour mettre en valeur leurs contributions envers l’économie canadienne. Pour ce faire, notre étude constate qu’il s’agit de favoriser la collaboration entre le gouvernement provincial et les communautés francophones rurales en vue de :

Promouvoir les pratiques d’efficacité énergétique et de conservation dans les petites communautés francophones rurales;

Favoriser la création de coopérative/rassemblement communautaire d’énergie verte pour apporter un plus à l’économie locale (ex. : la coopérative de Lamèque ltée);

Combler les besoins en énergie de la communauté en se basant prioritairement sur les ressources vertes;

Offrir des subventions et des incitations financières aux petites collectivités en vue de favoriser le développement des projets de production d’énergie à partir de sources vertes;

Mener des partenariats exceptionnels entre le gouvernement provincial et des investisseurs privés ayant le savoir-faire technique et les fonds nécessaires pour entreprendre des projets d’énergie verte de grandes envergures dans les communautés éloignées;

Favoriser l’acceptabilité sociale (sensibilisation et engagement) des collectivités rurales via des sessions de formation, des séminaires, des incitatifs, des programmes d’éducation, etc.

En conclusion, les communautés francophones hors Québec devraient entreprendre des initiatives privées (en collaborant avec le gouvernement local) pour développer de nouvelles activités économiques capables de créer des nouvelles opportunités d’emplois et de la richesse dans les villes/villages dont les économies sont principalement basées sur les activités/secteurs primaires. À noter que le secteur énergétique est un secteur complexe, ainsi une formation préalable des communautés pour leur permettre de gagner de l’expertise et du savoir-faire dans ce domaine s’avère nécessaire. Par conséquent, il revient à ces communautés de jouer un rôle privilégié de contrôle et de gestion de l’évolution des projets d’énergie verte dans leurs régions, et ce, afin de maximiser les retombées économique et environnementale locales de ceux-ci. Pour ce faire, il sera utile de mener une étude approfondie qui traite la question des diverses barrières, économiques et sociales, pouvant entraver l’implantation et le développement de tels projets dans les petites communautés francophones au Canada, et ce, en vue de l’analyser et de proposer des solutions pour la dépasser.

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