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Parcours d’enfants juifs durant les années sombres 1933-1945 1 PROJET LYON IZIEU 2016

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Parcours d’enfants juifs durant les années sombres

1933-1945

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PROJET LYON IZIEU 2016

Parcours d’enfants juifs durant les années sombres

1933-1945

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Les Années 30

PAUL NIEDERMANN

Extraits vidéo de l’Entretien de Paul Niedermann réalisé en mai 2002 Par Nadine Fresco

Extraits 1 et 2 : La vie en Allemagne sous le Nazisme

Qu’apprenez sur la vie de Paul et des Juifs allemands après l’arrivée au pouvoir d’Hitler en

Allemagne ?

A travers le témoignage et à l’aide des documents de la fiche d’activité décrivez et expliquez la

politique antisémite du régime nazi.

GEORGES HALPERN

Georges Halpern, dit Georgy, naît à Vienne (Autriche) le 30

octobre 1935.

Il est le fils unique de Julius Halpern, dentiste d’origine

polonaise, et de Séraphine née Friedmann.

Après le 13 mars 1938, lorsque l’Autriche est rattachée au

IIIe Reich (Anschluss), 60 000 Juifs autrichiens trouvent

refuge en France. Parmi eux, les Halpern.

Des documents retrouvés aux Archives départementales de

l’Ain montrent que Séraphine Halpern est arrivée en France

le 1er janvier 1939

Parcours d’enfants juifs durant les années sombres

1933-1945

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LA FAMILLE HALAUNBRENNER

Extraits de l’Interview d’Alexandre Halaunbrenner par Pierre-Jérôme Biscarat (Maison d’Izieu le

vendredi 31 mai 2002)

« Mes parents sont originaires de Pologne, une région qui s’appelle la Galicie. … La Galicie était rattachée à

l’Empire Austro-hongrois. Et quand ils sont nés, ils appartenaient encore à l’Empire Austro-hongrois … Et en 14,

c’est devenu la Pologne. En 45 c’est devenu l’U.R.S.S. Et depuis qu’il y a plus l’U.R.S.S., c’est l’Ukraine. Ils se sont

mariés en 1928, à Drobycysz. Et mon frère Léon est né en 29, à Drobycysz. Mon frère aîné, qui était toujours

polonais. C’est-à- dire qu’il a jamais été naturalisé, même quand il est venu en France. …. Puisque ma mère

quand elle est venue en 1931, elle est venue en janvier et moi je suis né en octobre.

Ils ont vécu dans des chambres mansardées, sans l’électricité mais je me rappelle qu’ils s’éclairaient à la lampe à

pétrole. Il y avait déjà l’électricité mais, les plus démunis avaient encore des mansardes avec les lampes à pétrole.

C’était courant, jusque les années 35, 36. Alors après, par la suite, comme mon père était ouvrier boulanger. On

lui a donné en gérance une boulangerie, quai de l’hôtel de ville, qui est un quartier très juif. […] Et quand mon père

a trouvé un tout petit logement dans la rue des Rosiers, on est venu y habiter. Donc ma mère a continué à parler

soit polonais avec les polonaises non juives, parce qu’il y en avait aussi, rue des Rosiers.

Présentez la famille Halaunbrenner.

« Monique, elle a un ruban. Et sur cette

photo, elle a 8 mois et demi, 9 mois exactement.

Et moi, j’ai dix ans et demi, dix ans et demi,

Léon, il a treize ans, Mina, six ans et demi

passés, largement, Claudine, elle a pas encore

trois ans et … ma mère …elle a 38 ans. 38 ans »

(photo du 5 octobre 1942)

Parcours d’enfants juifs durant les années sombres

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LES ANNEES DE GUERRE 1939-1945

PAUL NIEDERMANN

L’arrestation en Allemagne et la déportation vers la

France.

Extraits3 et 4

Racontez ce qui arrive à Paul et sa famille.

LA VIE A PARIS SOUS L’OCCUPATION

C’est qu’il y a le couvre-feu. Alors les courses, encore rue des Rosiers, on peut les faire. Mais si on veut des fruits frais ou quoi que ce soit, on ne peut même plus allez rue Saint Antoine parce que les marchands des quatre saisons juifs ne sont plus en activité, , ils ne peuvent pas. Et puis, en plus …, il faut qu’on tombe sur des gens qui veulent bien nous vendre. … prendre le métro ? …avec le, l’étoile, il fallait prendre le dernier wagon , hein. Même moi, à l’époque, je ne prenais pas le métro, j’allais partout à pied. Et même quand j’allais à Montreuil voir mon père quand il travaillait, j’allais à pied. Dans les parcs, c’est pareil, on n’y allait pas. Mais j’avais des copains plus courageux peut-être que moi, ils allaient au cinéma, ils enlevaient l’étoile. Moi, j’ai été une ou deux fois avec eux. Je me suis fait drôlement grondé par mon père quand il l’a su. . […] Pas parce que j’avais enlevé l’étoile, mais j’avais été voir un film … antisémite. Mais un gosse, il ne comprend pas. J’avais été voir Le juif Süss. Et il avait raison, parce que je me suis rendu compte qu’en voyant ce film, j’étais dans l’action du film, et pour moi la, le juif dans le film, c’était le salaud… Juillet 1942. Arrivés chez nous, dès qu’ils ont tapé, ils ont demandé monsieur Halaunbrenner. Ma mère, elle leur a ouvert. Ils ont dit : « M. Jacob Halaunbrenner ? » Alors ma mère, elle a dit : « Il est descendu, Il a été acheter des cigarettes, … » « Bon …, on va pas l’attendre,. Vous vous vous préparez. On arrive ce soir. » On est resté à la maison, on n’a pas bougé. Ils ne sont jamais revenus. C’est tout. Voilà comment ça s’est passé pour nous. C’est incroyable, mais c’est ça ! Ils sont pas revenus parce que, bon, peut-être que .. . Elle nous a pas dit « on va s’en aller. » Où on aurait été ? On portait l’étoile ! Où on pouvait aller ? Chez qui ? Comment ? On ne peut pas ! On était piégé ! Il faut comprendre. Bon … Si à l’époque j’avais 17 ans,. Mais j’avais 10 ans et demi, j’avais pas 11 ans ! Mon frère Léon avait 13 ans. Et puis … abandonner ma mère pour aller où ? Quoi ? … Non ! Et … Une femme avec 5 enfants, qu’est-ce qu’elle peut faire ? On est tous piégés. Donc on attend,. Malheureux à dire, mais c’est comme ça ! Mais ils ne sont pas venus, parce qu’ils sont pas revenus. … La raison, je la connais pas, mais y’avait plus de place, c’est tout. Donc ils commencent 2 numéros, ils ont déjà fait un, un, bus entier quoi, voilà A travers ce témoignage, qu’apprenez-vous sur la vie des Juifs en France pendant la guerre ? Expliquez ce qui arrive à la famille Halaunbrenner en juillet 1942. A travers le témoignage et à l’aide des documents de la fiche d’activité décrivez et expliquez la politique

antisémite de Vich

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LES CAMPS D’INTERNEMENT FRANÇAIS

LA FAMILLE HALAUNBRENNER

« C’est pas que c’est si loin, mais bon. Peut-être les chemins de fer circulaient mal ou je ne sais pas quoi. Alors, c’était dans des wagons de ceux qu’on appelait à l’époque de troisième classe, qui s’ouvraient sur la voie… Et c’est un voyage très pénible parce qu’ils n’avaient rien à nous donner à manger. Ou alors, ils avaient préparé des pommes de terre et peut-être pour les conserver, les avaient mis dans la glace. Et quand on mangeait cette patate, on était malade comme c’était pas possible. Et on est arrivé à Rivesaltes et alors je peux vous dire, c’était l’enfer Rivesaltes ! D’abord, des baraques en ciment. Au

mois de novembre, c’est la tramontane. Tramontane , je sais pas ce que c’est moi. Tramontane, j’ai appris là-bas. » « Alors on est tous ensemble et … ça dure pas deux heures. Mon père on le détache de nous, on l’emmène dans une baraque qui s’appelait … dans un îlot, mais là, je ne sais pas si c’est îlot ou la, la baraque, …s’appelait KH. C’est-à-dire … politique. Et ma mère, on la dirige dans l’îlot J … donc, c’est l’îlot des femmes et des enfants. Et … on a des souvenirs très, très, très douloureux … » « Cette immensité de camps en ciment comme ça, de baraques en ciment, . Et surtout ce vent … Bon, j’ai su par la suite que ça s’appelait la tramontane, mais moi, rue des Rosiers, je ne pouvais pas savoir ce que c’était la tramontane. Et un vent tellement puissant qu’il nous … Dès qu’on marchait c’est … il nous … projetait contre, , les murs, hein. Et alors, il s’est passé un fait terrible. Les premiers jours qu’on est arrivé, … ma mère elle était dans une baraque dans l’îlot J, mais mon frère Léon et moi, on n’était pas dans la même baraque. Et le fait qu’on soit pas dans la même baraque, c’est qu’on a été tous les deux au réfectoire. Arrivés au réfectoire, on nous avait donné à manger une soupe. Alors ça devait être une soupe aux navets, je ne me souviens pas. Un jour, ma mère était réunie avec nous et les enfants et il fallait qu’on passe à l’infirmerie. Parce qu’il y a eu un très grave problème : l’eau était contaminée. Je ne sais pas si c’était paraît-il la fièvre typhoïde. Et il fallait faire des piqûres. Alors on est arrivé et puis on nous a donné un numéro. Pas un numéro mais … un petit bout de papier où c’était marqué sans doute la dose ou je sais pas quoi, . Et ma mère ne devait pas aimer les piqûres . Elle a attrapé le petit bout, elle l’a avalé. Elle a avalé le petit bout de papier, ma mère. Oui, elle l’a fait !: Alors on a demandé les papiers et donc ma mère elle avait pas de papier. … Monique on ne lui a pas fait, c’était un bébé, , elle avait 10 mois. Claudine on lui a fait, elle n’a pas trop râlé. Mina non plus. Moi, oui. J’avais peur. Et puis mon frère Léon aussi il avait un petit peu peur. Mais par la suite, la piqûre ça nous a engourdis partout. Et ça, ça a été dramatique

PAUL NIEDERMANN

Extraits n°5 et 6

Les camps de Gurs et Rivesaltes.

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tellement qu’on avait mal. … Terriblement. On a été se coucher dans notre baraque. Et quand on s’est allongé, on a pris les chaussures, on les a mises sous le ventre parce qu’on nous avait prévenus, d’autres, que si tu mets les chaussures en dessous de ton lit et bien … tu les retrouveras pas demain matin.. Alors on a dormi avec les chaussures sous le ventre. Et puis, en pleine, nuit, on avait tellement, tellement mal tous les deux, et … Bon, même si on a onze ans et treize ans, on est encore des enfants, on voulait aller rejoindre ma mère. A deux heures du matin, on s’est levé. Elle était qu’à deux baraques. On a peut-être mis deux heures pour y arriver. Parce que dès qu’on marchait, ça nous faisait mal partout. Et, arrivé dans sa baraque, elle était dans le fond , sur une paillasse avec , Mina, Claudine et Monique. Et … C’est, c’est comme dans un film, pour arriver au bout ça a duré je ne dis pas combien de temps … Et, arrivé là-bas, on s’est jeté sur la paillasse et …on était content d’être avec … notre maman quoi, voilà. Puis le lendemain ça aillait mieux. Mais pendant trois jours on n’a pas eu d’eau ou alors c’était de l’eau qu’on ramenait de l’extérieur ou je sais quoi. Mais malheureusement, y’a des gens qui en ont … Y’a eu quelques décès pendant les peu de temps qu’on est resté à Rivesaltes. A travers les deux témoignages, décrivez les conditions de vie dans les camps d’internement français.

GEORGY HALPERN Dès le déclenchement de la guerre, les Juifs allemands et autrichiens réfugiés en France sont internés par les autorités de la Troisième République comme ressortissants "nationaux de pays ennemis". Séraphine, malade, est envoyée à l’hôpital Saint-Louis de Perpignan, puis au sanatorium de l’Espérance à Hauteville (Ain) ; Julius fait partie des dizaines de milliers d’étrangers incorporés dans les Groupements de travailleurs étrangers (GTE). Les registres du camp d’internement de Rivesaltes montrent que Julius, Séraphine et Georgy Halpern y sont internés. La fiche de Julius indique qu’il entre au camp le 2 octobre 1942, dans la baraque 24 de l’îlot K. Aucune date ne figure sur la fiche de Séraphine.

LE CAMP DE RIVESALTES

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LA FAMILLE HALAUNBRENNER

Le destin tragique des Halaunbrenner

Juifs internés au camp de Rivesaltes sur le

point d’être déportés vers Drancy.

Friedel Bohny Reiter, infirmière au secours

Suisse aux enfants est internée volontaire dans le

camp pour venir en aide aux internés.

Extrait vidéo: l’arrestation de Jacob et Léon : « La Résistance et la répression ».

(mots clés : guestapo, résistance, Montluc, Barbie, Lucie et Raymond

Aubrac)

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LA MAISON DES ENFANTS D’IZIEU

Un nombre important d’enfants est sorti des camps d’internement par l’Œuvre de Secours aux

Enfants(OSE), une organisation juive. Elle s’occupe ensuite de placer ces enfants dans des homes

(maisons d’enfants).

Dans cette organisation, une femme nommée Sabine Zlatin, va faire sortir de manière légale ou pas,

un nombre important d’enfants. Elle crée parallèlement, une maison d’enfants réfugiés à Palavas. G

Halpern et Paul Niedermann y séjourneront.

Après l’occupation de la totalité de la France en novembre 1942, les époux Zlatin ouvrent une

maison d’enfants à Izieu dans l’Ain, une zone occupée par les Italiens qui ne persécutent pas les

Juifs. Une centaine d’enfants seront accueillis dans cette maison dont Georges Halpern, Mina et

Claudine Halaunbrenner ainsi que Paul Niedermann.

PAUL NIEDERMANN

Extrait 7 : la colonie d’ Izieu

Sabine et Miron Zlatin

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GEORGY HALPERN

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LA RAFLE DU 6 AVRIL 1944 et La déportation

- Extraits du documentaire : Izieu des enfants dans la shoah.

- Etude du complexe d’Auschwitz-Birkenau (fiche d’activités)

Témoignage de Léon Reifman, rescapé et témoin de la rafle :

« Je descendais les escaliers quand j'entendis ma sœur crier : "Les Allemands, les

Allemands sont là ! Sauve-toi !" J'ai sauté par la fenêtre et je me suis caché sous un

buisson. J'entendis les enfants crier, terrorisés par les ordres des Nazis. »

Un rescapé d'Auschwitz raconta le destin des enfants, lors du procès de Klaus

Barbie :

« Je me suis demandé où étaient les enfants arrivés avec nous. Dans le camp, il n'y

avait pas d'enfant. Ceux qui étaient déjà là depuis longtemps, me dirent : « Tu vois

cette cheminée qui ne s'arrête pas de fumer ? ... Tu ne sens pas une odeur de chair

cuite... ? » »

L’APRES GUERRE : la traque et le procès Barbie

- Extraits du documentaire : Izieu des enfants dans la shoah

- Extraits du procès Barbie (CHRD)

1 2

3-4

Klaus Barbie

Chef de la Gestapo de la région lyonnaise en 43-44(photo1).

Après la guerre, il se réfugie en Amérique du sud comme

beaucoup de nazis. La France le recherche pour avoir notamment

torturé à mort le résistant Jean Moulin, pour avoir organisé la rafle

et la déportation des enfants d’Izieu et pour bien d’autres crimes.

L’Avocat Serge Klarsfeld (qui a séjourné dans une maison

d’enfant avec G Halpern) et sa femme Béate (photos 3 et 4)

mettront tout en œuvre pour le retrouver et démasquer Barbie qui

vit en Amérique du Sud et a changé d’identité. Finalement K.

Barbie sera extradé de Bolivie en 1983 et jugé à Lyon en 1987

(photo 2). Il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité

pour crimes contre l’Humanité (notamment celui contre les enfants

d’Izieu.).

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