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C OMMISSION SOLAIRE MONDIALE COMMISSION SOLAIRE MONDIALE MAISON DE L’UNESCO - SC/EST- 1, rue Miollis 75732 Paris Cedex 15 - France Tél.: +33 1 45 68 39 01 / Fax : +33 1 45 68 58 21 / E.mail:[email protected] SITE WEB: http://www.worldsolar.org PROGRAMME SOLAIRE MONDIAL 1996-2005 : AFRIQUE (PSA) MECANISME DE MISE EN OEUVRE (Une Esquisse) Document préparé par le Secrétariat de la Commission Solaire Mondiale 4 Novembre 1999 Centre de santé du village intégré solaire de Koné-Béri (République du Niger). On y voit : - des panneaux photovoltaïques pour l'alimentation du réfrigérateur (conservation des vaccins) et l'éclairage des salles - un chauffe-eau solaire - et un cuiseur solaire type paraboloïde pour la stérilisation des instruments de l'infirmier

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COMMISSION SOLAIRE MONDIALE

COMMISSION SOLAIRE MONDIALEMAISON DE L’UNESCO - SC/EST- 1, rue Miollis 75732 Paris Cedex 15 - France

Tél.: +33 1 45 68 39 01 / Fax : +33 1 45 68 58 21 / E.mail:[email protected] WEB: http://www.worldsolar.org

PROGRAMME SOLAIRE MONDIAL1996-2005 : AFRIQUE

(PSA)

MECANISME DE MISE EN OEUVRE

(Une Esquisse)

Document préparé par le Secrétariat de la Commission Solaire Mondiale4 Novembre 1999

Centre de santé du village intégré solaire de Koné-Béri (République du Niger). On y voit :- des panneaux photovoltaïques pour l'alimentation du réfrigérateur (conservation

des vaccins) et l'éclairage des salles- un chauffe-eau solaire- et un cuiseur solaire type paraboloïde pour la stérilisation des instruments de

l'infirmier

AVANT-PROPOS

En cette orée du 21ème siècle, plus de deux milliards de personnes à travers le monden'ont pas encore accès à l'électricité et, de ce fait, sont privées de multiples et précieuxservices.

Consciente de ce problème qui affecte l’Afrique en particulier, l’UNESCO a initié - encoopération avec les Etats membres, les Agences spécialisées et Programmes des NationsUnies ainsi que l'Union européenne – le Processus du Sommet Solaire Mondial destiné àpromouvoir l'utilisation des énergies renouvelables pour un développement durable. Ceprocessus a conduit à la mise en place de la Commission Solaire Mondiale (CSM), composéede 18 Chefs d'Etat et de gouvernement, à l’organisation du Sommet solaire mondial à Harare(Zimbabwe) en septembre 1996, et à l'élaboration du Programme Solaire Mondial 1996-2005(PSM). L'adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies, le 16 octobre 1998, d'unerésolution (53/7) en faveur du Programme Solaire Mondial 1996-2005, constitue sans nuldoute un événement déterminant dans la mise en œuvre de cette initiative en matière dedéveloppement durable.

Le présent document, composante africaine du PSM, précise les besoins du continentet donne quelques indications sur les voies et moyens à suivre pour satisfaire ces besoins. Ilconstitue aussi un résumé et une synthèse de l'ensemble des 260 projets et programmesélaborés par les pays africains et inscrits au PSM.

Conformément aux objectifs du Programme Solaire Mondial 1996-2005, ces projetsmettent l'accent sur la contribution que les énergies renouvelables peuvent apporter àl'éradication de la pauvreté et à l'amélioration des conditions de vie dans les zones ruralesgrâce à :

- l'amélioration de la condition de la femme africaine qui consacre une partieexcessive de son temps à la recherche d'eau et de bois de chauffe, et à la cuissondes aliments dans des cases enfumées;

- l'exhaure de l'eau pour l'alimentation en eau potable et pour les besoins d'irrigationafin d'accroître la production alimentaire

- la conservation des vaccins dans les centres sanitaires afin de protéger lespopulations des maladies infantiles et endémiques;

- la préservation des récoltes pour une meilleure sécurité alimentaire;- le gain du temps pouvant être affecté à d'autres activités productives, etc.

Cette esquisse a été préparée par le Secrétariat de la CSM et sera soumise à laconsidération du Conseil Solaire Africain.

B. BerkovskiDirecteur de la Division des sciences de l’ingénieur

et de la technologie, UNESCO,Secrétaire général de la Commission Solaire Mondiale

SIGLES et ABREVIATIONS

BAD : Banque Africaine de DéveloppementBID : Banque Islamique de DéveloppementCNUED : Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le DéveloppementCSA : Conseil Solaire AfricainCSM : Commission Solaire MondialeONG : Organisation Non GouvernementaleONU : Organisation des Nations Unieskep: Kilo d'équivalent pétrolekWh : kiloWattheurePNHP : Projet National de Haute PrioritéPNUD : Programme des Nations Unies pour le DéveloppementPSA : Programme Solaire mondial 1996-2005 : Afrique (Programme Solaire

Africain)PSM : Programme Solaire Mondial 1996-2005PSSM : Processus du Sommet Solaire MondialSSM : Sommet Solaire Mondialtep: Tonne d'équivalent pétroleUNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la CultureUS : Etats-Unis d'AmériqueWc : Watt CrêteW : WattWh : Wattheure

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Introduction

Le Processus du Sommet solaire mondial (PSSM) s’est déroulé conformément auxrecommandations de la réunion d’experts de haut niveau tenue à Paris en juillet 1993 sur lethème “ Le Soleil au service de l’humanité ”. Ce processus impliquait entre autres, de donner uneimpulsion politique à la diffusion des énergies renouvelables en organisant un Sommet solairemondial, au niveau des Chefs d'Etat et de gouvernement.

Le terme "solaire" est employé au sens large; il s'agit en l'occurrence de toutes lesénergies renouvelables (thermosolaire, photovoltaïque, éolienne, énergie issue de la biomasse,énergie des marées, énergie des mers, énergie micro hydraulique, etc., et également énergiegéothermique).

L’UNESCO a proposé, dans le cadre du PSSM, d’inclure dans le rapport final surl’Initiative spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique un Programme solaireafricain intitulé “ Autoroute solaire pour le développement durable en Afrique ” afin depromouvoir le développement scientifique et technologique des énergies renouvelables enAfrique.

Les statistiques montrent que 81% de la population africaine n’ont pas accès aux réseauxde distribution d’électricité. En outre cette population ne saurait s’attendre à disposerd’électricité à court ou moyen terme, l’extension des réseaux existants n’étant paséconomiquement viable ou est impossible à réaliser sur le plan pratique.

Très sensibles aux effets néfastes sur l’environnement planétaire des actions de l’homme,les Nations Unies ont organisé en juin 1992, à Rio de Janeiro (Brésil), la “Conférence desNations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED) ou “ Sommet Planète Terre ”pour examiner les stratégies devant concilier le développement mondial et la protection del’environnement. De cette Conférence est issu un programme international d’action, dit “ Action21 ”, devant servir de ligne de conduite pour un développement global et durable à l’orée du21ème siècle.

Les Assises de l’Afrique, tenues au siège de l’UNESCO en février 1995, ontrecommandé une large utilisation de l’énergie solaire pour permettre l’amélioration desconditions de vie dans les zones rurales en Afrique et pour l’éradication de la pauvreté par lacréation d’emplois et l’amélioration des revenus.

Le Conseil Exécutif de l'UNESCO a approuvé en 1994 la création d'une Commissionsolaire mondiale (CSM) pour guider, de ses avis éminents, la préparation du Sommet solairemondial (SSM). Les Chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique du Sud, Autriche, RépubliquePopulaire de Chine, Costa Rica, Espagne, Géorgie, Inde, Indonésie, Israël, Italie, Jamaïque,Malaisie, Niger, Pakistan, Sénégal, Tunisie et Zimbabwe et de l'Autorité palestinienne sontmembres de la Commission solaire mondiale, sous la présidence de S.E.M. Robert Mugabe,Président de la République du Zimbabwe. En 1995, un organe composé de représentantspersonnels des membres de la Commission solaire mondiale a été créé pour faciliter l'expéditiondes affaires administratives et opérationnelles courantes et pour préparer les décisions de laCommission.

Le Secrétaire général de l'ONU s'est félicité que l'initiative de l'UNESCO ait été conçueet menée à bien et a souligné que le PSSM contribuerait notablement aux activités des Nations

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Unies et de l'ensemble du Système en faveur du développement durable. Deux réunions deconsultations entre institutions du Système des Nations Unies ont eu lieu au Siège de l'UNESCOavant le SSM.

Un Comité d'organisation international du PSSM a supervisé les préparatifs du CSM et lelancement du Programme solaire mondial 1996-2005 (PSM). La Division des Sciences del'Ingénieur et de la Technologie (SC/EST) de l'UNESCO assure le secrétariat de la CSM.

Pour matérialiser les objectifs de la Commission Solaire Mondiale et sensibiliser lesgouvernements, les organisations intergouvernementales, les ONG, les institutions financières, lemonde académique et les institutions privées aux enjeux de ces objectifs, le Sommet SolaireMondial (SSM) s’est réuni en septembre 1996, à Harare (Zimbabwe) et a adopté les deuxdocuments importants :

- la déclaration de Harare, par laquelle les chefs d’Etat et de gouvernement se sontengagés à œuvrer en vue d’une utilisation accrue des énergies renouvelables pourrenforcer le développement économique et social de leurs pays ;

- une esquisse du Programme Solaire Mondial 1996-2005 pour fixer des objectifs àatteindre dans la maîtrise et l’utilisation des énergie renouvelables.

Le Programme solaire mondial 1996-2005 (PSM) a été approuvé en juin 1997 par laCommission solaire mondiale au cours de sa deuxième réunion tenue à l’occasion de la sessionextraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée à l’examen et à l’évaluationde la mise en œuvre d’Action 21, dite “ Sommet Planète Terre + 5 ”

L'UNESCO, par des décisions de son Conseil exécutif, a réaffirmé l’importance qui doitêtre accordée à la mise en œuvre du Programme Solaire Mondial 1996-2005, dans sa composanteAfrique (PSA) et à la mise en route du Conseil solaire africain.

La Conférence générale de l’UNESCO, à sa dernière session tenue en octobre -novembre1997, a entériné les décisions du Conseil exécutif, soulignant la priorité qui doit être accordée auPSM, en particulier au Programme global d’éducation et de formation en matière d’énergiesrenouvelables, et elle a invité les gouvernements à contribuer au succès de la mise en œuvre duPSM.

Enfin, par sa résolution 53/7 adoptée le 16 octobre 1998, l’Assemblée générale desNations Unies, a approuvé le PSM en tant que contribution au processus du développementdurable et a invité tous les Etats membres de l'ONU à contribuer au succès de sa mise en œuvre.

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A - Situation énergétique de l'Afrique

L'énergie, dans ses diverses formes, constituent le moteur de toute activité humaine, etmême de la vie tout court. Dans ce sens il constitue une condition sine qua non de toutdéveloppement humain et l'un des meilleurs indicateurs du processus de développement despays. Par conséquent, l'approvisionnement en énergie est un enjeu de développement de premierordre. Dans ce chapitre , il sera étudié:

- la situation actuelle d'utilisation de l'énergie en Afrique et le lien étroit qui existeentre le niveau de développement et la consommation énergétique;

- le potentiel du continent africain en matière d'énergies renouvelables;

- la contribution que ces formes d'énergie peuvent apporter à l'approvisionnementénergétique des pays africains.

I - Situation actuelle de l'utilisation de l'énergie en Afrique

Afin de mieux ressortir l'importance de l'énergie électrique dans la consommationénergétique globale, ce paragraphe distingue, d'une part, la consommation énergétique globale et,d'autre part, l'accessibilité de la population africaine à l'électricité.

1. Consommation énergétique globale

En Afrique, la consommation de l'énergie commerciale par tête d'habitant est très faible et estde l'ordre de 670 kep en 1996 (pour un groupe de 23 pays totalisant 81 % de la population ducontinent. Cette quantité d'énergie ne représente que, respectivement, 51 % et 13 % de celles despays à revenus intermédiaires et des pays développés. De même, comme il est précisé auparagraphe A.I.2., la production électrique par habitant et par an est faible et est de l'ordre de493 kWh.

La consommation énergétique de l'Afrique se caractérise aussi par la prédominance du boisénergie et de ses dérivés (charbon de bois et résidus agricoles). Cette forme d'énergie représente77 % de la consommation énergétique totale (pour un échantillon de 34 pays comptabilisant 55% de la population, alors que, dans les pays développés, la contribution de la biomasse est del'ordre de 35 %1. Une enquête, menée au niveau de 10 pays africains en 1992, montre que le boisreprésente 95 % de la consommation énergétique des ménages .

La faiblesse de la consommation énergétique se traduit dans la pratique par une utilisationmassive des forces humaines et animales pour la satisfaction des besoins quotidiens tels larecherche de l'eau, le transport, la culture, etc. avec des rendements temporels très faibles.

Par ailleurs, la consommation excessive de bois, comme source d'énergie, constitue, pourbeaucoup de pays africains, un sérieux problème de menace de l'environnement. En effet, dansces pays, le taux de prélèvement est de loin plus important que celui de la régénération naturellede la biomasse. Aussi il se crée un processus de désertification continue dont les effets néfastesse manifestent déjà au niveau du climat : sécheresse, érosion du sol, disparition des espèces, etc.

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2. Accessibilité de la population africaine à l'électricité

A cause des multiples et importants services qui lui sont liés, notamment en matière de santé,d'éducation, de communication, de production artisanale, etc., l'électricité occupe une placeimportante dans la classification de la consommation énergétique. Ainsi, il est généralementadmis que l'électricité, de part son importance, constitue le critère essentielle de distinction entrele milieu urbain et le milieu rural.

Le taux d'accès à l'électricité de la population africaine est très faible et est estimé à 19 %en 1992 (pour un groupe de 40 pays représentant 92 % de la population de l'Afrique sub-saharienne). En appliquant ce taux de 19 % à la population du continent, qui est de 741 millions,on trouve qu'environ 600 millions d'habitants n'ont pas accès à cette forme d'énergie. Ce tauxdéjà faible est encore difficile à maintenir car l'accroissement de la population totale de l'Afriquede 1970 à 1990 a été 1,4 fois supérieur à l'accroissement de la population ayant accès àl'électricité pendant la même période. On constate que l'Afrique subsaharienne, l'Asie du Sud etl'ensemble Moyen Orient - Afrique du Nord sont les parties du monde où le nombre despersonnes n'ayant pas accès à l'électricité est en progression.

Le taux d'électrification de 19 % cache une profonde disparité entre les pays africainsdont plus de la moitié ont un taux d'électrification inférieur à 10 %. Parmi ces pays, 13 ont untaux d'électrification variant de 2 à 5 %. Par ailleurs, on peut remarquer que seuls cinq pays,notamment l'Algérie, l'Egypte, Maurice, les Seychelles et la Tunisie, ont atteint l'objectifinternational de 80 % d'électrification. Globalement l'Afrique n'a atteint qu'un quart de cetobjectif.

En plus du taux d'électrification, on doit également s'intéresser à la productiond'électricité par habitant qui non seulement reflète le taux d'électrification mais également leniveau d'industrialisation des pays. Comme signalé au paragraphe A.I.1, la productiond'électricité par habitant et par an est faible et est de l'ordre 493 kWh. Pour l'Afriquesubsaharienne et en excluant l'Afrique du Sud et le Nigeria, le chiffre tombe à 127 kWh parhabitant et par an. Ce nombre est à rapprocher avec la production annuelle d'un module solairestandard de 50 Wc qui est de 90 kWh. Ainsi, on remarque clairement qu'une large diffusion dephotopile solaire est à même de doubler la production électrique du continent.

Tout comme pour le taux d'électrification, la production d'électricité par habitantrenferme une grande disparité entre les pays. On constate que 70 % des 47 pays africainsprésentés ont une production électrique inférieure à 200 kWh par an et par habitant.

II. - Potentiel en énergies renouvelables de l'Afrique

Le continent africain est doté d’un potentiel énorme d’énergies renouvelables dontl’exploitation est à peine commencée. Dans la suite, il sera question de :

- l’hydroélectricité,- l’énergie solaire,- l’énergie éolienne,- la biomasse.

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1. - Potentiel hydroélectrique

L'énergie hydroélectrique représente 21 % des puissances électriques totales installées enAfrique, en 1992, soit 20.206 sur 96.904 MW. Par ailleurs, on remarque que 77 % de l'énergieélectrique sont produits à partir des sources thermiques, ce qui n'est pas sans conséquence surl'environnement, notamment concernant la production des gaz nocifs (le CO2, les NOx, le SO2,etc.). En effet, une partie non négligeable de l'électricité est produite à partir du charbon dont lesrejets en ces gaz sont plus importants que pour les centrales diesels. On ne prend pas en comptela production électrique de l'Afrique du Sud où le charbon a une contribution importante.

Par contre, le continent est doté d'un potentiel d'hydroélectrique important estimé à plus436.000 MW. Les puissances installées actuelles ne représentent à peine que 5 % du potentieldisponible. Un calcul simple montre que l'utilisation systématique du potentiel hydroélectriquepeut, à elle seul, multiplier la capacité de production totale actuelle par 5,5. Par ailleurs, l'Afriqueest la région du monde où la proportion l'hydroélectricité est la plus faible : 5 % contre 90 %pour l'Europe, 45% pour l'Amérique du Nord, 20 % pour l'Asie et l'Amérique du Sud.

Une étude2 récente a montré qu'en Afrique australe, le barrage de Cahora Bassa, sur le fleuveZambèze au Mozambique, qui, pendant vingt ans, n'a fonctionné qu'à 1 % de sa capacité, et lebarrage d'Inga, sur la fleuve Congo en République Démocratique du Congo, sont à mesure defournir jusqu'à 10.000 MW dans un futur proche. Cette capacité, une fois mobilisée, feraitl'économie annuelle de :

- 13 millions de tonnes de CO2,- 142.000 tonnes de SO2 et- 60.000 tonnes de NOx.

Sur cet exemple, on peut concrètement apprécier le rôle important que peut jouerl'hydroélectricité dans la politique de préservation de l'environnement planétaire.

Ce potentiel hydroélectrique constitue, ainsi, un important terreau favorable audéveloppement de la micro et mini-hydroélectricité pour l'électrification rurale.

En terme de coût on peut rappeler que le kWh varie de 0,04 à 0,07 dollars US pour lesgrandes installations. Pour les petites installations, en terme du W installé, le coût se situe entre1,5 et 3 dollars US.

2. - L'énergie solaire

En observant la carte mondiale de gisement solaire, on remarque que 47 % de la surfacedu continent bénéfice d'un ensoleillement annuel supérieur à 2.100 kWh/m², 27 % entre 1.900 et2.100, et les 26 % restant entre 1.500 et 1.900. On remarque aussi que les valeurs les plus élevéesde l'ensoleillement correspondent aux parties les plus denses du peuplement, excepté les désertsdu Sahara et du Kalahari. Ainsi tous les paramètres géographiques sont favorables à une largeutilisation de l'énergie solaire.

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Tableau A.1Valeurs du rayonnement solaire en Afrique

Valeur de l'ensoleillement enkWh/m²/an

Supérieur à 2.100 1.900 à2.100

1.500 à 1.900

Pourcentage de la surface 47 % 27 % 26 %

ObservationsRégions désertiques etdenses périphériques

Régions desavane, très

peuplée

Régions forestières,peu peuplées

En dépit de ces conjonctions géographiques et des besoins pressants de la population(voir paragraphe B), l'utilisation de l'énergie solaire reste encore marginale.

Il existe actuellement plusieurs modes d'utilisation de cette forme d'énergie et les plusutilisés sont :

- l'électricité solaire photovoltaïque, pour le pompage de l'eau, l'éclairage, laréfrigération, la télécommunication, etc. (voir tableau A.2). Le coût du kWh varie de0,54 à 3,48 dollars US, selon le type d’installation, alors que le Wc installée coûte de10 à 20 dollars US;

- les centrales thermiques utilisant des concentrations cylindro-parapoliques, qui sont,actuellement, le mode le plus compétitive d'utilisation de l'énergie solaire sur réseau;

- le séchage des produits agroalimentaires;

- le chauffage solaire sous forme de chauffe-eau, de chauffage d'habitation, etc.;

- la cuisson solaire où il existe plusieurs variantes d'appareils. Mais la technologie laplus prometteuse est celle de la concentration par paraboloïde;

Tableau A.2Applications courantes de l'Electricité Solaire Photovoltaïque 3

Type d'Application Usage PuissanceSystème individuel ou SHS Eclairage, alimentation des postes radio ou

téléviseur, etc. 5 à 200 WcSystème PV institutionnel Electrification des centres communautaires

(santé, culture, éducation, culte, etc.)100 à 500 Wc

Système PV de pompage Exhaure de l’eau potable ou pour irrigation 0,2 à 6 kWcTélécommunication Alimentation des stations relais 0,2 à 25 kWcMicro-centrale Electrique Electrification d’un village 5 à 100 kWc

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3. L'énergie éolienne

En observant la carte mondiale de productivité de l'énergie éolienne, on remarque quel'Afrique est constituée de trois zones de productivité décroissante allant de la côte versl'intérieur du continent, comme résumé dans le tableau A.3.

Tableau A.3.Zones de productivités

Productivité de l'éolienne(en kWh/kW par an)

Zones concernées

> 5.000 les côtes de l'Afrique australe (Namibie, Afrique du Sud etMozambique)

3.750 à 5.000 Les côtes de l'Afrique de l'ouest (Liberia, Sierra Leone, Guinée,Guinée Bissau, Sénégal, La Gambie, Mauritanie) et du Maroc

2.250 à 3.750 Les côtes de l'Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Libye, Egypte), duSoudan, de l'Erythrée, du Djibouti et de la Somalie

750 à 2.250 Tout le reste du continent excepté le noyau central< 750 Le noyau central continental

Ainsi, on observe que, dans 50 % des régions côtières, l'utilisation à grande échelle del'énergie éolienne est possible. Par rapport à l'énergie solaire, l'énergie éolienne offre plus depossibilité, à moindre coût, de production, à grande échelle, de l'énergie électrique en réseauconnecté ou isolé. Là où les conditions sont moins favorables, l'énergie éolienne s'apprête aussi àdes utilisations à petites échelles pour le pompage de l'eau ou l'électrification de petits villages.

Il est à signaler que la gamme de puissance des aérogénérateurs est très large et va de 500kWh pour les modèles synchrones intégrables au réseau à 100 W à 10 kW pour les modèlesautonomes.

Le coût du kWh varie de 0,07 à 0,2 dollars US selon les types d’installation alors que leW installé coûte entre 2 et 8 dollars US.

4. la biomasse, rationalisation et préservation

Comme indiqué au paragraphe A.I.1, la biomasse est actuellement la première sourced'énergie de l'Afrique. Excepté dans les zones à fragile équilibre écologique comme le Sahel, lecontinent dispose d'un capital appréciable de la biomasse. Mais ces ressources ne sont pasinépuisables et le poids démographie du continent est en train d'amenuiser leurs capacités derégénération naturelle. Aussi dans beaucoup de pays, le taux de prélèvement est de loin plusélevé que celui de la régénération. Il est donc impératif de prendre des mesures appropriées pourconserver le caractère renouvelable de cette source d'énergie.

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Pour cela, le PSM 1996-2005 a prévu un programme global intitulé "Initiative sur labiomasse" destiné justement à conserver le caractère renouvelable de la biomasse par les actionssuivantes :

- la rationalisation de l'utilisation du bois énergie;- le récupération des déchets végétaux, animaux ou de ménages;- la régénération des ressources exploitables,- etc.

Il existe actuellement plusieurs procédés modernes d'utilisation de la biomasse dont lesemployées sont:

- la fermentation anaérobie des matières organiques issues des déchets végétaux ouanimaux pour la production du biogaz qui est essentiellement composé de méthane (55 à85 %). En moyenne 5 kg de matière organique donnent 1 m3 de biogaz. Cette technologieest assez simple et permet de récupérer des déchets pour produire du gaz combustible. Cegaz peut être utilisé pour la cuisson des aliments, l'éclairage ou l'alimentation d'un groupeélectrogène;

- la production des carburants à base d'alcools (éthanol) ou leurs éthers (éthyl-tertio-butyl-éther) à partir de la fermentation des sucres simples, extraits de plantes saccharifères(betteraves, canne à sucre, etc.), amylacées (pomme de terre, céréales, etc.) oulignocellulosiques (fibres, pailles, bois, etc.). Ce carburant peut être utilisé dans lesmoteurs au même titre que les produits pétroliers;

- la gazéification par pyrolyse du bois pour l'obtention des gaz combustibles (monoxyde decarbone, hydrogène, etc.) utilisable comme biocarburant dans des moteurs. Dans cedomaine, il existe des groupes électrogènes, de 100 à 500 kW de puissance, fournissantde l'électricité à partir du bois avec des rendements de l'ordre de 20 %4. Ainsi, 2 kg debois peuvent produire jusqu'à 1 kWh d'électricité par ce procédé;

- l'extraction des huiles végétales comme l'huile de colza ou de pourghère. Dans cedomaine, le Mali dispose d'une longue expérience d'utilisation expérimentale de l'huile depourghère comme biocarburant;

- le foyer amélioré. Cette technique est assez diffusée dans plusieurs pays d'Afrique. Elleconsiste à remplacer les foyers traditionnels à faible rendement (de l'ordre de 5 %) pardes foyers mieux conçus à rendements plus élevé (jusqu'à 35 %);

Toutes ces techniques, en dehors de cette dernière, peuvent être envisagées dans le cadre del'électrification rurale là où les matières premières (bois, déchets organiques, plantes spécifiques)sont disponibles en abondance.

La technique de foyer améliorée permet, d'une part, d'économiser du bois et, d'autre part, depouvoir faire la cuisine en plein air, avec un bon rendement, évitant ainsi de s'exposer aux effetsnéfastes de la fumée (brûlures des yeux, inhalation de fumée, etc..).

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III. - Energies renouvelables pour le développement

Etant donné que 66 % de la population africaine vivent en milieu rural, la question dedéveloppement se confond presque entièrement avec celle du développement rural.

On constate que plus le PNB par habitant d'un pays augmente, plus la proportion de labiomasse dans le bilan énergétique global diminue au profit d'autres sources d'énergie modernes.Cela montre à quel point le développement est lié à l'utilisation des sources d'énergie modernes.

Les 2/3 de la population africaine, qui vivent en milieu rural, n'ont pas accès à desservices appropriés de santé et d'éducation et cela, en grande partie, par absence de sourced'énergie moderne, notamment l'électricité. Il leur faut aussi consacrer du temps et d'énergiesprécieux pour des corvées usuelles telles la recherche de l'eau, du bois énergie, etc.

Ainsi, non seulement, ils ne disposent pas de toute leur faculté naturelle par manque deservice de santé et d'éducation, mais, ils gaspillent une partie du minimum qui leur reste dans destâches inconvenantes. L'ampleur des tâches quotidiennes conduit les parents à mettre àcontribution leurs enfants qui ne peuvent plus alors consacrer assez du temps aux études, s'ils ontencore la chance d'accéder à l'école. Ainsi se referme le cycle du sous-développement.

Comme il est actuellement impensable de mettre à la disposition des populationsafricaines rurales des réseaux électriques, il est plus qu'impératif de se tourner vers les énergiesrenouvelables. Ces sources d'énergie disposent, par rapport aux énergies conventionnelles, detrois atouts importantes qui font d'elles un moyen de choix pour un développement durable del'humanité :

- leur quasi omniprésence. Le caractère omniprésent des énergies renouvelables permetd'atteindre, à moindre coût, les populations rurales ou isolées et de mettre à leurdisposition les services essentielles (santé, éducation, alimentation en eau,communication, production artisanale, etc.) dont elles ont besoin pour leurdéveloppement;

- leur caractère non polluant. Il donne l'avantage d'offrir le même service sansl'inconvénient d'émission des gaz à effet de serre ou polluant. Ainsi la qualité del'environnement, la santé humaine et animale, etc. sont préservés. Bien que les surcoûtsrelatifs à ces nuisances n'apparaissent pas encore dans la structure des prix de l'énergie,l'optique de développement durable doit en tenir compte;

- leur caractère renouvelable. Dans ces conditions, on hypothèque en rien l'avenir desgénérations futures dans l'utilisation des ressources disponibles de la planète

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B – Contexte général de l’Afrique et objectifs du PSA

Le continent africain a une population de 708 millions d’habitants qui se caractérise parun taux de croissance élevé de 2,7 % l’an, soit un doublement tous les 26 ans. Le revenu moyenpar tête d’habitant est faible, de l’ordre 500 US$ par an.

A l'aube du 21ème siècle, le continent présente encore des signes patents de sous-développement dont les plus importants sont :

- la prédominance des communautés rurales. 66 % de la population africaine, soitenviron 467 millions d’habitants, vit en milieu rural;

- le faible taux d’utilisation des formes modernes d'énergie. Ce point a été largementdétaillé dans le paragraphe A, mais on peut brièvement rappelé: la très faibleconsommation de l'énergie commerciale par habitant (670 kep par an), le très bas tauxd'accès à l'électricité (19%, ce qui signifie que 81 % de la population vit en dehors desréseaux électriques) et la faible production électrique par habitant (493 kWh);

- la destruction de l’environnement pour la satisfaction des besoins énergétiques. Cepoint a été également détaillé au paragraphe A;

- le faible taux d’accès aux autres services de base tels l’eau potable, la santé,l’éducation, etc. Pour se développer, le continent a besoin d’une population en bonnesanté et bien alphabétisée. Pourtant cet objectif modeste est encore hors de portée d’ungrand nombre de pays africains comme le soulignent les chiffres qui suivent :

• seuls 44 % de la population ont accès à l’eau potable. Le reste, soit 56 %, est exposéaux nombreuses maladies transmises par l’eau non potable (comme le choléra, le verde Guinée, etc. ). Certains d'entre eux doivent parcourir des kilomètres ou tirer àpartir d'un puits profond pour se procurer de l'eau;

• la couverture sanitaire est inférieure à 30 % dans 12 pays du continent, se situe entre30 et 59 % dans 45 autres et est supérieure à 60 % dans seulement 3 pays.

• la couverture vaccinale, qui protège les enfants contre les ravageuses épidémies desmaladies infantiles, est inférieure à 50 % dans 14 pays, se situe entre 50 et 80 % dans22 autres et est supérieure à 80 % dans seulement 9 pays.

Conformément à la Déclaration de Harare, reconnaissant l’importance du rôle que peuventjouer les sources d’énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans la fourniture deservices énergétiques et dans l’utilisation durable des ressources de l’environnement pour lebien-être de l’humanité, le PSA se donne essentiellement deux objectifs :

- contribuer au maximum à la résolution des problèmes de sous-développement en assurantla maîtrise et l’utilisation de tout le potentiel d’énergies renouvelables dont disposel’Afrique ;

- remédier ou prévenir les utilisations énergétiques ayant des incidences néfastes surl’environnement en mettant à la disposition des populations des sources d’énergie propreset non polluantes.

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Dans cette perspective, le PSA devrait centrer ses actions autour de cinq programmesglobaux identifiés par le PSM, à savoir :

- l’éducation et la formation en matière d’énergies renouvelables ;- la mise en place de réseaux d’information et de communication sur les énergies

renouvelables ;- la production d’énergie rurale (à travers l’électrification) ;- le développement des capacités locales industrielles ou de recherche/développement, en

matière d’énergies renouvelables ;- l’initiative en matière de biomasse.

C – Les Projets Africains de Haute Priorité Dans le cadre du PSM, les pays africains ont actuellement présenté 260 projetsnationaux de haute priorité qui correspondent parfaitement à la classification selon les cinqprogrammes globaux définis précédemment. La répartition de ces projets donne le résultatsuivant :

- Formation et éducation en matière d’énergies renouvelables : 15 projets ont étéprésentés, dont 4 concernent la création d’instituts de formation et 11 la mise en place deprogrammes de formation dans des institutions existantes.

- Système de collecte et de diffusion d’informations : 32 projets embrassent diversdomaines tels l’étude des gisements, de faisabilité ou de marché des énergiesrenouvelables, la mise en place d’un plan de promotion de l’utilisation de ces énergies oud’économie d’énergies traditionnelles, la création de banques de données, la création oule renforcement d’un centre de collecte et de diffusion d’informations, et l’organisationde conférences internationales.

- l’augmentation de la capacité d’utilisation des énergies renouvelables : 151 projetstouchent divers secteurs tels que l’électrification rurale ou urbaine, le village solaireintégré de démonstration, l’alimentation en eau potable ou douce, l’équipement descentres sociaux (de santé, d’éducation ou de la culture), l'utilisation massive des appareilssolaires thermiques (chauffe-eau, cuiseur, séchoir), la télécommunication, le froid pour laconservation des produits agro-alimentaires, l'irrigation ou l'adaptation des cultures,l’architecture solaire et la sauvegarde de la faune sauvage.

- la création ou développement des capacités locales industrielles ou de recherchedéveloppement : 33 projets ont été présentés dont 11 pour le développement descapacités industrielles et 22 en matière de recherche/développement.

- l’initiative sur la biomasse : 29 projets figurent dans ce domaine. Ils concernent laproduction, la rationalisation ou la substitution au bois-énergie, la production du biogazet l'utilisation des huiles végétales, de l'alcool ou de déchets comme source d'énergie.

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Les projets présentés ne sont pas tous au même stade de préparation. Aussi, il été opéré un

classement de ces projets en quatre niveaux de préparation, selon l’état d’information disponibleau Secrétariat de la Commission Solaire Mondiale:

niveau 1 :

Il indique le niveau d’avancement d’un projet dont on ne dispose que du titre et dequelques informations sommaires. Le nombre de projets à ce stade est de 53, soit 20 %du total.

niveau 2 :Dans ce cas, on dispose d’une fiche plus ou moins complète d’informations sur le projet.Une fiche complète renferme les 6 informations essentielles, à savoir :

• le titre du projet• l’organisation en charge du projet• le site d’implantation• la durée d’exécution• une description sommaire du projet• le budget estimatif

Le nombre de projets se situant à ce niveau est de 127, soit 49 % du nombre total.

niveau 3 :Ce niveau indique l’état d’un projet qui dispose d’un document plus détaillé. Le nombrede projets ayant ce niveau est de 55, soit 21 % du total.

Niveau 4Dans ce cas, il s’agit d’un projet déjà financé ou en voie de l’être. A ce jour, on compte26 projets ayant atteint ce stade, soit 10 % du total. Ces projets déjà financés sontréexaminés à section D.II ci-après.

D – Mécanisme de Mise en Oeuvre L'exécution de ces projets nécessite la mise en place de structures de coordination aussibien au niveau national qu’au niveau interafricain afin d’utiliser au mieux toutes les ressourcesindispensables à leur réalisation. Dans cette perspective, les actions suivantes devraient êtreréalisées ou renforcées :

- la mise en place effective d’un Conseil Solaire Africain (CSA), dont le président est SonExcellence le Président Abdou Diouf, Président de la République du Sénégal, Membre dela Commission Solaire Mondiale, avec définition de statuts et d'un règlement ainsi qued'un programme d’action;

- la mise en place de structures nationales et sous-régionales. En effet, le Forum SolaireAfricain de Bamako (Mali), de mars 1998, dans ses recommandations, a invité “ les paysparticipants à accélérer la mise en place des Comités solaires nationaux ” et exhorté“ les organismes inter étatiques à mettre en place des procédures de coordinationsuivies, d’une part avec la Commission Solaire Mondiale et avec le Conseil SolaireAfricain d’autre part ” ;

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Il serait judicieux d’associer les ONG et la société civile à la réalisation des projets duPSA afin de mieux les sensibiliser aux possibilités qu’offre l’énergie solaire. Les institutions decoordination doivent également chercher à intéresser et sensibiliser le secteur privé pouraccroître au maximum la possibilité d’un approvisionnement large et régulier du marchéd’équipements d’énergie solaire. Au besoin, ces structures doivent aider le secteur privé à établirdes contacts avec les organismes étrangers.

Dans l’exécution des projets, la priorité doit être accordée aux projets pilotes et dedémonstration et une large publicité devrait être faite autour de ces projets afin de mieuxsensibiliser tous les acteurs concernés.

E – Mécanisme de Financement

I. - Evaluation des Besoins

Pour mettre l'énergie électrique à la portée des populations rurales, on peut procéder parextension des réseaux, interconnectés ou non, ou par la méthode de "Village solaire intégré".Cette dernière méthode, qui a l'avantage d'être la moins coûteuse et la plus adaptée aux échellesdes énergies renouvelables, consiste à satisfaire les besoins énergétiques essentiels (tel l'exhaurede l'eau, la conservation de vaccins, l'éclairage des centres sociaux, la télécommunication, etc.)des communautés rurales grâce à l'énergie solaire, généralement photovoltaïque ou éolienne. Letableau en annexe évalue ces besoins et les coûts inhérents, pour un village standard de 2.500habitants. Le coût moyen par village étant de l'ordre de 86.000 dollars US, le besoin globals'élève à :

86.000 $US X 187.600 villages = 16.133.600.000 $US soit environ 16 milliards de $US

Ce calcul ne prend pas en considération l'évolution démographique du continent. Eneffet; rien que pour maintenir constant le nombre d'Africains n'ayant pas accès à l'électricité etpouvoir ainsi disposer d'un résultat tangible, il faudra investir tous les ans 2,5 % des besoinsexprimés ci-dessus, soit :

16.133.600.000 $US X 2,5 % = 403.340.000 $US

Par la méthode d'extension de réseau, le coût est de 3 à 4 fois plus élevé.

II. - Budget du PSA

Sur les 260 projets présentés par les Etats, 188, soit 72 % du total, ont été budgétisés. Lemontant global du budget est de 1,39 milliards de dollars US pour une moyenne par projetbudgétisé de 7,38 millions .

Sur la base d’un calcul attribuant en moyenne 10 millions de dollars US par pays et pourles 56 pays du continent, le PSA s’est fixé comme objectif réaliste la mobilisation de 600millions de dollars US pour l’Afrique , durant la décennie du Programme. Cette sommemodeste représente 43 % du montant global des projets de haute priorité budgétisés et seulement

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4 % du besoin réel du continent. En tenant compte de l'évolution de la population, cette sommereprésente l'investissement nécessaire pour satisfaire l'accroissement des besoins en énergieélectrique d'un an et demi.

La somme de 10 millions de dollars US représente, d'une part, un peu plus que le coûtmoyen des projets présentés par les Etats (7,38 millions ), et d'autre part, le coût en moyen del’équipement en matériel solaire de 100 villages de 3.000 habitants chacun.

III. - Lignes d’actions

Pour réunir le montant de 600 millions de dollars US, le PSA prévoit, pour chacun desacteurs, les actions suivantes:

a) Gouvernements africains

Conformément aux engagements contenus dans la déclaration de Harare, lesgouvernements africains doivent se donner les moyens d’exécuter les projets inscrits dans lePSA. Afin de tenir leurs engagements et mieux intéresser les bailleurs de fonds extérieurs, lesplus hautes autorités gouvernementales doivent s’impliquer davantage en entreprenant les actionssuivantes :

- le recours aux énergies renouvelables dans les projets de développement nationaux ourégionaux (agriculture, santé, éducation, etc.) et l'inscription de ces projets dans lesplans nationaux de développement;

- la création de fonds nationaux des énergies renouvelables devant servir decontrepartie aux financements extérieurs des projets ;

- l’adoption de lois portant sur la réduction des taxes d’importation sur les équipementspour les énergies renouvelables

- la formulation et la constitution des documents de projets dont les fiches sont déjàdisponibles, selon les formats requis par les organismes de financement;

- l’introduction de requêtes de financement, appuyées par les documents mentionnésci-dessus, auprès des bailleurs de fonds pour les projets inscrits dans le PSA. A ceteffet, les gouvernements doivent s'enquérir, auprès des bailleurs de fonds, des règleset procédures adéquates ;

- la sensibilisation aux énergies renouvelables des ONG présentes dans les pays, afinde les amener à s’engager dans la mise en œuvre du PSA. En plus des rôlesimportants relevant des ONG et déjà signalés dans la section C, des actions de microcrédit peuvent avoir des effets appréciables sur l’acquisition, par les populationsrurales et périurbaines, des équipements en matière d’énergies renouvelables et sur laformation des techniciens de maintenance;

- la concertation et la collaboration entre toutes les institutions africaines concernéespar les énergies renouvelables pour échanger les expériences acquises, créer en

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commun des banques de données et lancer en coopération des programmes éducatifsou de recherche/développement.

b) Conseil Solaire Africain Conformément à son rôle de coordination des actions des pays africains pour laréalisation du PSA, le CSA, conjointement avec les Gouvernements, devrait entreprendre lesactions suivantes :

- encourager la création des comités solaires nationaux dans les Etats africains;

- agir auprès des organismes de financement et de développement internationaux etrégionaux (notamment le PNUD, la BAD, l’Union européenne, la BID, etc.) pour faciliterles possibilités de financement des projets du PSA;

- donner les moyens aux responsables nationaux des PNHP afin qu’ils puissent préparer etprésenter leurs projets de façon à intéresser les organismes de financement et les bailleursde fonds.

c) Secrétariat de la Commission Solaire Mondiale

Conformément à son rôle centralisateur des activités du PSM, le Secrétariat de laCommission Solaire Mondiale devrait collaborer avec le CSA dans l’élaboration des PNHP etavec les gouvernements nationaux et les bailleurs de fonds internationaux pour la recherche definancement des projets dont les documents sont disponibles.

IV. - Démarches générales pour le financement des PNHP

La procédure de financement des projets nationaux de haute priorité du Programmesolaire mondial 1996-2005 est schématiquement exposée sur la figure jointe. Il s'agit d'unprocessus qui décrit le cheminement des projets depuis leur identification jusqu'à leurfinancement par les bailleurs de fonds. Les principales étapes sont les suivantes :

a) Identification des projets

A l'étape initiale de l'identification et de formulation des projets nationaux de hautepriorité peuvent intervenir les acteurs suivants :

- les organismes publics (les ministères, les établissements publiques, les collectivitésterritoriales, etc.);

- les organismes parapublics (les sociétés d'Etat, etc.) - le secteur privé (les sociétés privées, les associations, les ONG, etc.).

L'organisme initiateur du projet doit élaborer un document de projet consistant quirenferme toutes les informations essentielles pour, non seulement, attirer l'attention des bailleursde fonds, mais aussi, leur donner une idée assez complète du projet. A cet effet, il a été conçu unguide de préparation de projet qui peut être résumé selon les points saillants suivants:

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- le problème à résoudre: l'exposé du problème, la localisation des sites, si possibleavec des cartes et des photos, le contexte du problème, etc.;

- l'infrastructure du projet: l’organisme responsable (avec indication de la personneà contacter), les objectifs socio-économiques et scientifiques du projet, les groupescibles, les résultats attendus, les risques encourus, etc.;

- les solutions techniques préconisées: besoins en équipement, etc.;- le plan d'exécution du projet: le calendrier des travaux, le budget détaillé, etc.;- les ressources du projet: les ressources humaines, ressources financières

(contribution de l'Etat, participation des bénéficiaires, ressources extérieures, etc.), lesressources matérielles (locaux disponibles, etc.) et informationnelles.;

- le plan d'évaluation du projet.

La présentation du document de projet peut varier en fonction des bailleurs de fonds,mais, de façon générale, on retrouve les mêmes informations.

b) Traitement des PNHP au niveau national

Avant leur soumission au Secrétariat de la Commission Solaire Mondiale, les projets NHPdoivent d'abord avoir l'approbation des autorités nationales afin de justifier leur appellation de"haute priorité nationale". Dans les pays où existe un Comité Solaire National (CSN), celui-ci estl'organe le plus indiqué pour juger de l'importance au plan national du projet. A défaut, leMinistère ayant en charge les énergies renouvelables peut valablement accomplir ce rôle.

Pour mieux accroître ses chances de financement, le projet doit encore être inscrit dans leplan national de développement du pays.

Il est très utile de faire apparaître toutes ces démarches nationales dans l'avant-propos dudocument de projet afin de mieux sensibiliser les bailleurs de fonds sur l'importance du projet.Après quoi, le projet doit parvenir au Secrétariat de la Commission Solaire Mondiale qui estassuré par la Division des Sciences de l'Ingénieur et de la Technologie (SC/EST) du Secteur desSciences Exactes et Naturelles de l'UNESCO. Il doit être clairement compris que l'inscriptiond'un projet au Programme Solaire Mondial 1996-2005 n'est pas synonyme de son financement.Les efforts du Secrétariat de la CSM dans la recherche de financements doivent absolument êtrecomplétés par :

- des démarches nationales en direction des bailleurs de fonds traditionnels du pays,des ONG, des bailleurs de fonds nationaux, etc. Cette démarche a le double avantage,d'une part, de mobiliser des fonds qui sont normalement inaccessibles à laCommission Solaire Mondiale et, d'autre part, d'accroître le nombre de projetsfinancés. Les pays membres du groupe ACP peuvent inscrire les projets NHP dans leProgramme Indicatif National (PIN) ou Régional (PIR) qui lient les Etats ou lesrégions à la Commission Européenne;

- des actions de soutien (requêtes, lettres, etc.) pour appuyer des démarches duSecrétariat. Mais ces actions de soutien n'interviennent qu'à la demande duSecrétariat.

Comme indiqué sur la figure annexée du schéma de la procédure de financement desprojets, les phases 1 et 2 sont appelées des démarches nationales.

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c) Les démarches internationales

Pour le financement des projets nationaux ou régionaux de haute priorité, la CommissionSolaire Mondiale s'adresse aux trois types de bailleurs de fonds suivants (voir également figureE.1) :

- les bailleurs de fonds institutionnels, notamment la Commission européenne, la BanqueMondiale, la Banque Africaine de Développement (BAD), le E7, la coopérationbilatérale, etc.;

- les investisseurs internationaux, comme l'Electricité De France (EDF), les Industriels,etc.;

- le Système des Nations Unies, notamment l'UNESCO, le PNUD, l'ONUDI, etc. En effet,ces institutions peuvent, dans l'exécution des projets relevant de leurs propres domainesde compétence, privilégier l'utilisation des énergies renouvelables par rapport à d'autressources d'énergies.

Pour le cas de l'UNESCO, le Programme de Participation peut être un moyen, mêmelimité, pour le financement des projets du PSM. Les Etats Membres doivent garder à l'esprit cetteopportunité dans la formulation de leurs requêtes relatives à ce Programme.

Concernant le PNUD, cet organisme établit périodiquement un programme propre àchaque pays, en collaboration les autorités nationales. C'est là une occasion supplémentaire oùles Etats peuvent inscrire l'exécution des projets à énergies renouvelables.

Des formules de financement et d'exécution conjoints sont également à l'étude, sur leterrain, entre l'UNESCO et le PNUD. Les pays peuvent également aider à la concrétisation decette volonté exprimée par les deux agences des Nations Unies.

Dans le processus d'intéressement des bailleurs de fonds à l'exécution des projets sur lesénergies renouvelables, la Commission Solaire Mondiale utilise deux moyens principaux quisont les fora régionaux et le contact direct.

c.1. Les Fora régionaux

Des fora régionaux (l'Afrique, la Méditerranée, l'Asie, la Mer Noire, etc.) sontrégulièrement organisés par la Commission Solaire Mondiale pour atteindre des objectifs propresà favoriser le financement des projets à énergies renouvelables. Ces objectifs sont notamment :

- favoriser les contacts entre les responsables de projets et les bailleurs de fondsinternationaux multilatéraux ou bilatéraux;

- sensibiliser les bailleurs de fonds et les décideurs politiques sur les enjeux desénergies renouvelables à travers des colloques sur la préservation de l'environnement,des études de cas de gestion de projets, etc.;

- créer les conditions d'échange d'expériences entre les pays sur la gestion des projetssur les énergies renouvelables;

Le Secrétariat de la Commission Solaire Mondiale peut parfois saisir directement desbailleurs de fonds sur l'opportunité de financement de certains projets.

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c.2. Le Contact Direct

Il s'agit des demandes de financement directement adressées aux bailleurs de fonds entenant compte de leurs politiques en la matière.

V. - Projets déjà financés ou en voie de l’être

Depuis le démarrage du PSM, 32 projets de haute priorité nationale ou activités ont étéfinancés, pour un montant de plus de 35 millions de dollars US. Ces projets concernent 18 paysafricains sur les 40 ayant présenté des projets.

Ces chiffres étant encore loin de l’objectif de 600 millions de dollars US (seulement 6 %), ily a donc nécessité d’une mobilisation poussée de tous les acteurs du PSA.

F – Mécanisme d’Evaluation Afin de pouvoir dresser un bilan complet du PSA, il est impératif de prendre un certainnombre de mesures susceptibles de faciliter l’établissement du bilan. Dans cette perspective, chaque pays devrait créer des points focaux nationaux qui doiventétablir l’inventaire exhaustif des ressources (humaines, financières, matérielles etinformationnelles) acquises ou en cours d’acquisition prévues pour la mise en oeuvre du PSA.Chaque pays devrait également être en mesure de fournir des informations sur les projets déjàréalisés, en cours de réalisation ou devant être exécutés dans le cadre du PSA.

L’inventaire des ressources et des projets permettra d’avoir une situation plus précise del’état de développement et d’utilisation des énergies renouvelables. Cet inventaire facilitera lacoopération inter étatique des pays africains dans le domaine de ces énergies.

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SOURCES

1 M.C. Mapako, AFREPREN, "Forum d'Affaires et d'Investissement pour le Développement des EnergiesRenouvelables en Afrique".2 Pedro de Sampaio Nunes, Forum d'Affaires et d'Investissement pour le Développement des Energies renouvelablesen Afrique, Harare, 29-31 Mars 1999.3 Certaines parties empruntées à A.M. Dahouenon, GTZ-Sénégal, et Z. Koïta, SENELEC, Sénégal4 Systèmes solaires, n°127 - 1998 - 29