programme afrique du nord de l’uicn - international … · portée pour traduire les accords en...

72
Programme Afrique du Nord de l’UICN 2017-2020

Upload: hoangdang

Post on 15-Sep-2018

214 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Programme Afrique du Nord de l’UICNPr

ogra

mm

e Af

rique

du

Nor

d de

l’U

ICN

201

7-20

20

2017-2020

Visiteurs au Parc National d’Ichkeul© UICN/Irene Morell

RÉSUMÉ EXECUTIF ............................................................................................................. 41. INTRODUCTION ET CONTEXTE ...................................................................................... 52. L’UICN EN AFRIQUE DU NORD ....................................................................................... 72.1 Membres et partenaires de l’UICN en Afrique du Nord ................................................... 72.2 Résultats des Programmes précédents ......................................................................... 103. ANALYSE DE LA SITUATION REGIONALE ................................................................... 123.1 Aperçu des principaux défis auxquels la biodiversité fait face et des principales mesures mises en œuvre dans les pays d’Afrique du Nord .............................. 12

Situation générale : état et tendances de la biodiversité en Afrique du Nord ........................................................................................................ 12Aires protégées ............................................................................................................. 13Évaluation, protection et récupération des espèces ..................................................... 18Conservation et récupération d’écosystèmes ............................................................... 20Lutter contre le changement climatique et la désertification ......................................... 26Évaluer et préserver des services écosystémiques ...................................................... 29

3.2 Principaux besoins et défis à traiter dans le Programme Afrique du Nord 2017-2010 ........................................................................... 304. LE PROGRAMME AFRIQUE DU NORD 2017-2020 : DOMAINES PRINCIPAUX, RESULTATS ET APPROCHES ............................................... 344.1 Domaines principaux du Programme ............................................................................. 344.2 Aperçu sur le Programme ............................................................................................... 354.3. Description du Programme : résultats et approches ..................................................... 43

DOMAINE DE PROGRAMME 1 : Valoriser et conserver la nature ................................ 43DOMAINE DE PROGRAMME 2 : Promouvoir et soutenir une gouvernance efficace et équitable des ressources naturelles ............................................................ 52DOMAINE DE PROGRAMME 3 : Déploiement de solutions fondées sur la nature pour traiter les défis de société ......... 58

5. MODALITÉS DE MISE EN OEUVRE DU PROGRAMME ............................................... 64Travailler ensemble ........................................................................................................ 64Mise en œuvre et mobilisation des ressources efficaces .............................................. 65Suivi de la mise en œuvre du Programme .................................................................... 67

6. RESSOURCES HUMAINES NECESSAIRES POUR LA MISE EN OEUVRE DU PROGRAMME ..................................................................................................................... 68ACRONYMES ...................................................................................................................... 69

Il ne fait guère de doute que 2015 restera dans l’histoire comme une année charnière pour les relations entre l’homme et la planète. On se souviendra d’une année où le monde a embrassé une vision commune pour l’avenir et a démontré qu’il existe bien une volonté collective d’y parvenir. Mais un op-timisme prudent reste de mise. Certes, les Objectifs de développement du-rable (ODD) des Nations Unies et l’accord historique adopté à Paris pour lutter contre le changement climatique représente l’aboutissement d’un voyage qui fut difficile mais un nouveau voyage, tout aussi difficile, commence à peine.

Le Programme Afrique du Nord de l’UICN 2017-2020 représente, à bien des égards, une épure de la réalisation de nombreuses ambitions de l’agenda de l’après-2015. Le Programme adopte et assimile le nouvel élan généré par les accords de 2015 et canalise ces derniers en un programme de travail qui exploite les forces de l’UICN et profite des connaissances de l’Union et de sa portée pour traduire les accords en action concrète. Le Programme se dé-marque de la conception erronée, mais autrefois répandue, selon laquelle les défis mondiaux doivent être relevés séparément, pour reconnaître que les pré-occupations environnementales, économiques et même politiques partagent souvent les mêmes moteurs directs et indirects et peuvent, en conséquence, bénéficier de solutions communes.

Le Programme reflète aussi la conviction de l’UICN que l’on ne saurait obte-nir une amélioration constante du bien-être mondial sans une meilleure com-préhension des systèmes complexes qui entretiennent la vie sur la planète et des tendances mondiales et régionales prédominantes agissant sur eux tels que l’urbanisation, la croissance économique, la consommation effrénée, l’appauvrissement de la biodiversité, les inégalités en matière de richesse, le changement climatique et la croissance démographique, pour n’en citer que quelques-unes.

North Morocco coast© Miguel CC BY 3.0

RÉSUMÉ EXECUTIF

Le Programme Afrique du Nord de l’UICN 2017-2020 représente, à bien des égards, une épure de la réalisation de nombreuses ambitions de l’agenda de l’après-2015.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 4

Birds of Tunisia© Mikhail Yablokov

Le Programme Afrique du Nord de l’UICN 2017-2020 a été élaboré en colla-boration et avec la participation de tous les membres et partenaires de l’UICN des pays d’Afrique du Nord. Le Programme tient compte des objectifs du Pro-gramme global de l’UICN pour la même période; des besoins spécifiques de l’Afrique du Nord identifiés dans l’analyse de situation, et des résultats et re-commandations du Forum régional de l’UICN pour la Conservation en Afrique du Nord qui a eu lieu au Caire, en Egypte, en Octobre 2015.

Le Programme concerne 5 pays (l’Algérie, l’Egypte, la Lybie, le Maroc et la Tunisie) et sera mis en œuvre en étroite collaboration avec tous les membres de l’UICN, les autorités nationales et les organisations partenaires nationales et régionales. L’implication dans le Programme de tous les membres et par-tenaires de l’UICN est primordiale pour obtenir les résultats escomptés. Ils contribueront aussi avec leurs propres activités, à la réalisation des objec-tifs principaux fixés dans le cadre du Programme. L’UICN-Med et leurs par-tenaires entreprendront une action concertée pour renforcer et amplifier leurs efforts à développer des solutions efficaces de conservation de la nature en Afrique du Nord.

Le présent Programme est fondé sur le travail réalisé dans le cadre des Pro-grammes précédents (2008-2012, 2013-2016) et vise à contribuer à la mise en œuvre des principaux processus internationaux tels que le Plan Stratégique pour la Biodiversité 2010-2020 adopté par les Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) et l’agenda de développement post-2015 visant à atteindre, d’ici à 2030, les Objectifs de Développement Durable (ODD).

1. INTRODUCTION ET CONTEXTE

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN5

La préparation du Programme a aussi tenu compte du Programme Méditerra-néen de l’UICN et des initiatives et stratégies les plus appropriées dans la ré-gion méditerranéenne, en particulier la Stratégie à mi-parcours du PNUE/PAM 2016-2021 (SMP) et la ‘Stratégie méditerranéenne pour le Développement du-rable’ 2016-2025 (SMDD). La SMP est conçue pour orienter les démarches de protection de l’environnement marin et côtier de la région méditerranéenne pour réaliser un « Bon état environnemental », et le SMDD cherche à harmo-niser les interactions entre les objectifs socio-économiques et environnemen-taux, pour assurer un avenir durable à la région méditerranéenne et conforme aux Objectifs de Développement Durable (ODD).

Par ailleurs, un certain nombre d’accords de coopération qui ont été signés entre l’UICN-Med et certaines organisations nationales et internationales pour mettre en œuvre des mesures pertinentes dans la région méditerranéenne et les pays nord-africains ont été pris en compte pour la préparation de ce Pro-gramme. L’UICN-Med met surtout en œuvre un Programme conjoint avec la Fondation MAVA dont l’objectif est de développer des mesures stratégiques pour faire face aux défis principaux de la conservation de la biodiversité sur la période 2015‐2019.

L’UICN-Med a aussi signé des accords et des Mémorandums d’entente (MoU) avec des organisations internationales et régionales telles que la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), le Secrétariat du Pro-gramme d’action méditerranéen (PNUE-PAM), l’Union pour le Maghreb arabe, ainsi que des autorités nationales (HCEFLCD du Maroc, DGF Algérie, le Mi-nistère de l’environnement italien, etc.), qui identifient des domaines d’intérêt communs et des activités spécifiques devant être mises en œuvre conjointe-ment.

Le Programme concerne 5 pays (l’Algérie, l’Egypte, la Lybie, le Maroc et la Tunisie) et sera mis en œuvre en étroite collaboration avec tous les membres de l’UICN, les autorités nationales et les organisations partenaires nationales et régionales.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 6

2. L’UICN EN AFRIQUE DU NORD

2.1 MEMBRES ET PARTENAIRES DE L’UICN EN AFRIQUE DU NORD

L’objectif sur le long terme de l’UICN en Afrique du Nord est de préserver les composantes de la biodiversité et de restaurer les écosystèmes dégradés. Le développement de la connaissance et des compétences pour atteindre cet objectif est l’une des constantes et des forces de l’UICN.

Suite à une recommandation de ses membres en Afrique du Nord, l’UICN a entamé en 2009 un Programme spécifique pour la région visant à réaliser les objectifs du Programme global de l’UICN tout en tenant compte des besoins spécifiques de l’Afrique du Nord.

Le Programme pour l’Afrique du Nord de l’UICN est coordonné par le Centre de Coopération pour la Méditerranée situé dans la ville de Malaga en Espagne; et tous les membres de l’UICN d’Afrique du Nord collaborent à sa mise en oeuvre avec la participation des partenaires concernés de la région.

Actuellement, l’UICN compte 25 membres en Afrique du Nord ainsi que de nombreuses organisations partenaires qui contribuent à l’exécution du Pro-gramme, de même qu’un certain nombre d’experts membres de Commissions de l’UICN y afférant, qui apportent un soutien et des conseils scientifiques à certains projets et initiatives.

Membres de l’UICN dans les pays d’Afrique du Nord (en 2016)

Algérie (3) :

• Ministère des Ressources en Eau et de l’Environnement • Association écologique de Boumerdès• Mouvement écologique Algérien

Égypte (4) :

• El Maktab El Arabi Lei Shabab Wal Biah• Nature Conservation Egypt• Arab Network for Environment and Development• Center for Environment and Development for the Arab Region and Europe

Maroc (11) :

• Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification• Association Marocaine pour l’Écotourisme et la Protection de la Nature• Société Protectrice des Animaux et de la Nature• Association Ribat Al Fath pour le Développement Durable• Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc• Club Marocain pour l’Environnement et le Développement• Fondation EcoSylva

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN7

• Association de Gestion Intégrée des Ressources• Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre• Association Marocaine pour la chasse durable• Association Marocaine pour la Protection de l’Environnement et le Climat

Tunisie (7) :

• Ministère de l’Environnement et du Développement Durable • Alliance Femme et Environnement • Association Nationale du Développement Durable et de la Conservation de

la Vie Sauvage• Association Tunisienne pour la Protection de la Nature et de l’Environnement• Association Les amis des Oiseaux • Fédération Nationale des Associations des Chasseurs et des Associations

de Chasse Spécialisées• Association pour la Protection de l’Environnement et du Développement

Durable de Bizerte

Partenaires : Organisations nationales

• Algérie : Direction Générale des Forêts• Égypte : Ministère d’État pour les Affaires Environnementales• Libye : Autorité Générale de l’Environnement• Tunisie : Direction Générale des Forêts • Maroc : Fondation Mohamed VI pour la protection de l’Environnement

Partenaires : Organisations régionales

• Fondation MAVA• Union du Maghreb Arabe

Birdwatching Ichkeul © Tunisia Ecotourism

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 8

• Centre d’Activités Régionales pour les Aires Spécialement Protégées (CAR/ASP), établi par les Parties contractuelles de la Convention de Barcelone

• Fonds de Partenariat pour les Écosystèmes Critiques (CEPF)

Commissions UICN soutenant le Programme de l’Afrique du Nord1

• Commission sur la gestion des écosystèmes (CGE)• Commission de Sauvegarde des Espèces (CSE)• Commission du droit de l’environnement (CDE)• Commission sur les Politiques environnementales, Économiques et

Sociales (CPEES)• Commission mondiale sur les aires protégées (CMAP)• Commission de l’éducation et de la communication (CEC)

Nombre d’experts des pays d’Afrique du Nord dans les commissions de l’UICN 2013-2016 (source : portail de l’UICN).

COMMISSION CMAP CDE CSE CGE CEC CPEES TOTAL [Expert des commissions/ pays]

Egypte 14 2 13 15 12 3 59

Tunisie 11 3 15 7 0 1 37

Maroc 7 2 17 9 7 4 46

Algérie 6 3 18 9 5 1 42

Libye 2 0 5 1 0 0 8

TOTAL[Afrique du nord]

40 10 68 41 24 9 192

TOTAL [Expert dans le monde]

2713 1475 10385 1271 1419 1332 18595

(1) http://www.iucn.org/about/commissions

Actuellement, l’UICN compte 25 membres en Afrique du Nord ainsi que de nombreuses organisations partenaires qui contribuent à l’exécution du Programme, de même qu’un certain nombre d’experts membres de Commissions de l’UICN y afférant, qui apportent un soutien et des conseils scientifiques à certains projets et initiatives.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN9

2.2 RÉSULTATS DES PROGRAMMES PRÉCÉDENTS

Depuis 2008, l’UICN-Med travaille avec des autorités gouvernementales, des ONG, des instituts universitaires ainsi qu’avec le secteur privé pour renforcer la coopération pour la conservation des ressources naturelles méditerranéennes. Afin d’orienter les mesures de conservation, l’UICN-Med a organisé des forma-tions sur l’évaluation des risques d’extinction des espèces, l’identification et la protection de zones importantes pour la conservation de la biodiversité, la planification de gestion et le développement durable.

L’évaluation à mi-parcours du Programme de l’Afrique du Nord 2013-2016 a montré que les projets et les initiatives mis en œuvre ont contribué aux efforts pour l’amélioration des connaissances et la promotion de la conservation de la biodiversité de zones importantes (ZCBs, ZIPs, AMP, etc.), de même qu’au développement d’outils et d’évaluations qui contribueront à l’améliora-tion des prises de décision dans le domaine de la conservation de la nature et de la gestion des ressources naturelles (ex. portails SIG, bases de données, etc.). D’autres exemples pertinents sont présentés ci-dessous.

Le renforcement des capacités pour la conservation de la nature et l’uti-lisation durable des ressources naturelles a été traité dans un certain nombre de projets et initiatives entrepris dans le cadre du Programme pré-cédent, qui inclut des activités de formation, des ateliers, le développement de lignes directrices et de réseaux et le partage d’information, d’expériences et de savoir-faire entre les différents pays, organisations et parties prenantes concernées. Plus particulièrement, le renforcement des capacités pour la conservation des espèces a été traité à travers l’adoption d’une méthodo-logie et une formation commune des responsables régionaux et locaux de la conservation pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies de conserva-tion des espèces menacées en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Le renforce-ment des capacités pour faire face au changement climatique a aussi été traité dans un projet régional (SEARCH) cherchant à développer un cadre de résilience de capacités et méthodologies de planification de mesures locales. Le but de ce projet était d’améliorer la résilience au changement climatique à travers un apprentissage, une planification et des essais conjoints entre les parties prenantes sur des sites de recherche et de démonstration. D’ailleurs, plusieurs pays ont été impliqués (Egypte, Maroc, Jordanie, Liban, Palestine).

Le Programme a aussi accordé une attention particulière à l’amélioration de la gouvernance à travers le développement d’une analyse de la situation pour identifier les besoins et renforcer les capacités des membres de l’UICN et de la société civile en général dans le domaine de la gouvernance de la biodiversité et des ressources naturelles. Certains des exemples pertinents incluent l’ana-lyse de la gouvernance des Aires marines protégées effectuée au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Des informations et des outils disponibles pour faciliter la planification de l’espace marin et pour améliorer la gouvernance de la gestion et la conservation des ressources naturelles dans la mer d’Alboran ont

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 10

été partagés grâce au Géoportail ALBORAN2 qui est dédié à cette zone ma-rine importante où trois pays sont impliqués (Algérie, Maroc et Espagne). Les capacités des pays méditerranéens pour mettre en œuvre une Gestion inté-grée des Zones Côtières (GIZC) et appliquer les principes du protocole GIZC ont été renforcées grâce au développement d’une Plateforme de gouvernance GIZC partagée (PEGASO SDI).

Les activités de sensibilisation et de communication sur les valeurs de la biodiversité et les besoins de conservation ont aussi été soulignées dans un grand nombre de projets qui mettaient en œuvre des activités de partage et de diffusion de l’information relative aux services pour la biodiversité et les écosystèmes auprès des acteurs concernés, y compris les administrations na-tionales et les organisations de la société civile. La sensibilisation et la com-munication sur le concept d’AMP ont par exemple été mises en place grâce aux différents ateliers destinés aux pêcheurs, aux ateliers nationaux sur les Aires protégées et aux réunions de consultation avec les autorités locales et des utilisateurs.

En revanche, des efforts plus limités ont été faits concernant les mesures de conservation sur terrain avec un nombre relativement plus faible de projets mettant en œuvre des solutions pratiques de gestion sur le terrain, bien que ces expériences se soient concentrées sur la participation des organisa-tions de la société civile et des acteurs locaux. Le « Programme de Petites Initiatives pour les Organisations de la Société Civile d’Afrique du Nord » (PPI-OSCAN) regroupant l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie, soutient des projets de terrain relatifs à la conservation de la biodiversité et de la gestion durable des ressources naturelles. Le Programme contribue à renforcer les capacités et la participation des ONGs et des acteurs locaux dans l’utilisation durable des ressources naturelles ainsi que dans la conservation de la nature, et promet également la mise en œuvre de projets pilotes de démonstrations relatifs à des pratiques traditionnelles innovantes.

Au terme du premier appel à projet, 248 propositions de projets ont été re-çues des associations basées dans les quatre pays réparties comme suit : 57 propositions de l’Algérie, 10 de la Libye, 75 du Maroc et 106 de la Tunisie). Au terme de la sélection finale 37 projets ont été retenus : 10 en Algérie, 5 en Libye, 10 au Maroc et 12 en Tunisie.

(2) http://www.iucn-geoportalboran.org/es

Le renforcement des capacités pour faire face au changement climatique a aussi été traité dans un projet régional (SEARCH) cherchant à développer un cadre de résilience de capacités et méthodologies de planification de mesures locales

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN11

3. ANALYSE DE LA SITUATION REGIONALE3.1 APERÇU DES PRINCIPAUX DÉFIS AUXQUELS LA BIODIVERSITÉ FAIT FACE ET DES PRINCIPALES MESURES MISES EN ŒUVRE DANS LES PAYS D’AFRIQUE DU NORD

Cette analyse cherche à identifier les besoins en matière de conservation et les défis principaux en tenant compte aussi des efforts engagés dans les pays concernés et des principaux résultats réalisés ces derniers temps.

Le statut et les tendances de la biodiversité de même que les principales me-sures mises en place pour sa conservation sont bien documentés dans les rapports nationaux les plus récents présentés par les pays concernés à la Convention sur la diversité biologique (2014). Ces rapports, ainsi que d’autres informations disponibles dans les pays concernés et d’autres sources perti-nentes (ex. bases de données et rapports de l’UICN, l’évaluation à mi-parcours du Programme Afrique du Nord précédent, etc.) ont servi pour identifier les principaux défis et opportunités devant être traités et saisis dans le cadre du présent Programme.

Situation générale : état et tendances de la biodiversité en Afrique du Nord

Du fait de leur situation au carrefour de plusieurs régions biogéographiques, les pays nord-africains accueillent des écosystèmes et des espèces terrestres et aquatiques assez diverses. Les environnements tropicaux, subtropicaux, méditerranéens et atlantiques comprennent une biodiversité unique qui contri-bue à l’économie vivrière et au soutien du bien-être humain.

Nous pouvons distinguer sept principaux types d’écosystèmes dans la région : d’eau douce, marin, côtier, de montagne, de forêt, de steppe, les écosystèmes sahariens et désertiques et les agroécosystèmes. Ces écosystèmes incluent des sous-types et des habitats exclusifs et très représentatifs de la région, tels que les oasis, les steppes d’Alfa (Stipa), les rivières et les cours d’eau tempo-raires, les sebkhas, les forêts de cèdres et d’arganier et les récifs coralliens, pour n’en mentionner que quelques-uns. Ces écosystèmes comportent des communautés riches et variées de flore et de faune, y compris de nombreuses espèces endémiques de la région.

Comme dans le reste du monde, l’état de la biodiversité est en déclin, victime de pressions qui augmentent en Afrique du Nord. La biodiversité se détériore au niveau des écosystèmes, des espèces et des populations, tout comme la diversité génétique qui connait aussi un déclin. Les pertes sont dues aux dif-férentes menaces parmi lesquelles on peut mentionner la perte et la fragmen-tation des habitats, la surexploitation, la pollution, les espèces envahissantes et le changement climatique. Ces pressions sont dues à un ensemble de fac-teurs socio-économiques, notamment la croissance de la population et le peu de ressources humaines et financières alloué à sa protection. Le changement

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 12

climatique agit en synergie avec d’autres menaces qui entraînent des consé-quences graves pour la biodiversité.

Il est incontestable que la dégradation de la biodiversité affecte le bien-être humain et l’égalité économique. Conscients de ces tendances et leurs consé-quences négatives, les pays d’Afrique du Nord ont renforcé leurs efforts pour réduire la perte de la biodiversité.

Des progrès notables ont été ainsi observés au cours des dernières décennies en matière de biodiversité dans les politiques et les stratégies nationales. Un certain nombre de stratégies, de Programmes et d’instruments législatifs ont été adoptés dans les pays concernés pour mettre en valeur la conservation de la biodiversité ainsi que son intégration dans les secteurs concernés tels que l’agriculture, la gestion forestière, la pêche, et le tourisme. Les pays sont engagés à la mise en œuvre des accords principaux relatifs à la biodiversité, en particulier la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), la Convention de Ramsar, la Convention de Bonn, l’accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire et de la Méditerrané (ACCOBAMS) et la Convention de Barcelone.

De nombreuses mesures ont été initiées pour essayer d’inverser les tendances négatives dans le domaine de la biodiversité : établissement d’aires protégées, mise en œuvre de stratégies de conservation pour les espèces et habitats menacés, régénération des écosystèmes, stratégies contre les espèces inva-sives, diffusion des meilleures pratiques, sensibilisation, etc. Les défis essen-tiels auxquels la conservation de la biodiversité fait face dans la région ainsi que les principaux efforts et mesures entrepris pour lutter contre les menaces les plus importantes sont résumés dans leurs grandes lignes ci-dessous.

Aires protégées

Les aires protégées constituent l’un des outils les plus importants et efficaces pour conserver la biodiversité, prévenir les pertes potentielles d’espèces et d’habitats, de même que pour réaliser les engagements internationaux. Tous les pays nord-africains ont augmenté le nombre des aires protégées créées (voir état actuel dans le tableau 1), et sont en train de préparer des stratégies et mécanismes pour améliorer leur gestion.

Comme dans le reste du monde, l’état de la biodiversité est en déclin, victime de pressions qui augmentent en Afrique du Nord.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN13

Tableau 1. Aires protégées dans les pays nord-africains

PAYS N.º APS % couverture CSE

Algérie 78

44 % de la zone terrestre

1% de la zone marine

• 9 Parcs nationaux dont 6 Réserves de la biosphère UNESCO-MAB, 1 Aire Spécialement protégée d’importance méditerranéenne (Convention de Barcelone) et 1 Site du patrimoine mondial

• 4 Réserves naturelles

• 1 Réserve naturelle marine dont 1 Aire Spécialement protégée d’importance méditerranéenne (Convention de Barcelone)

• 4 Réserves de chasse, 5 centres cynégétiques

• 5 Parcs culturels

• 50 Sites Ramsar, Zones humides d’importance mondiale

Egypte 50

11 % de la zone terrestre

3% de la zone marine

• 3 Parcs nationaux

• 2 Réserves de la biosphère UNESCO-MAB

• 1 Site du patrimoine mondial

• 2 Monuments naturels

• 13 Aires protégées

• 3 Paysages protégés

• 5 Réserves naturelles strictes

• 11 Zones à usage de gestion multiples

• 2 Réserves de conservation de la nature

• 4 Sites Ramsar, Zones humides d’importance mondiale

• 1 Aire protégée marine

• 1 Aire protégée de ressources en développement

• 1 Zone géologique protégée

• 1 Zone protégée de patrimoine naturel

Libye 24

0,3 % de la zone terrestre

1% de la zone marine

• 4 Parcs nationaux

• 4 Nature Réserve

• 14 Aires protégées

• 2 Sites Ramsar, Zones humides d’importance mondiale

Maroc 323

34 % de la zone terrestre

1% de la zone marine

• 10 Parcs nationaux

• 4 Réserves de la biosphère UNESCO-MAB

• 4 Réserve biologique

• 24 Sites Ramsar, Zones humides d’importance mondiale

• 1 Aire Spécialement Protégée d’importance méditerranéenne (Convention de Barcelone)

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 14

PAYS N.º APS % couverture CSE

Tunisie 101

5 % de la zone terrestre

1% de la zone marine

• 17 Parcs nationaux

• 4 Réserves biosphère UNESCO-MAB

• 1 Site de patrimoine mondial

• 17 Réserves naturelles

• 4 Réserves de faune

• 1 Non rapporté

• 9 Réserves naturelles

• 41 Sites Ramsar, Zones humides d’importance mondiale

• 1 Réserve ornithologique

• 3 Aires Spécialement Protégées d’importance méditerranéenne (Convention de Barcelone)

• 46 Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO)

Source : Base de données mondiale sur les aires protégées http://www.protectedplanet.net/ en concertation avec les institutions en charge des aires protégées dans les cinq pays.

Malgré les nombreux efforts consacrés à la mise en place de réseaux d’aires protégées, il est indispensable d’évaluer le caractère complet de la couverture et de l’état du réseau des aires protégées existantes, et d’identifier davantage de sites afin d’établir un réseau représentatif. De plus, des problèmes essen-tiels subsistent concernant l’efficacité de gestion des aires protégées tels que le manque de personnel suffisamment formé, de gouvernance efficace, de financement durable ainsi que des opportunités perdues pour générer des revenus substantiels.

L’implication et la participation des acteurs concernés et des communautés lo-cales dans la gestion des aires protégées devraient aussi être renforcées. Les aires protégées permettraient d’améliorer la gestion des ressources naturelles, les revenus et l’emploi pour les communautés locales, en établissant des liens entre la biodiversité et le développement social.

Certains pays ont récemment adopté une nouvelle législation concernant les aires protégées. Celle-ci renforce l’implication des acteurs concernés dans leur gestion. L’Algérie a par exemple adopté une nouvelle législation relative aux aires protégées en février 2011. Le nouvel Acte a établi une Commission nationale sur les aires protégées, qui rassemble des représentants de tous les secteurs concernés, des experts et représentants d’ONG et qui fournit des conseils et des opinions relatives à de nouvelles désignations.

Au Maroc, des évaluations du réseau des aires protégées ont été menées en 2008 et en 2010. Celles-ci ont fourni des recommandations appropriées pour améliorer la gestion des aires protégées. En 2013, une analyse du Plan directeur des Aires protégées pour la période allant jusqu’à 2020 (HCEFLCD,

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN15

2013)3 a présenté des lignes directrices stratégiques pour le développement d’un réseau cohérent et représentatif, puisque le réseau actuel ne représente pas l’intégralité des habitats et des écosystèmes présents dans le pays. La majorité des parcs nationaux est située dans des zones de forêt et de mon-tagne. Les écosystèmes des régions humides et sahariennes ne sont pas bien couverts d’autant plus que les côtes méditerranéennes et atlantiques sont dé-pourvues d’aires protégées. De plus, une grande partie des sites sont isolés car la distance entre eux est trop grande pour permettre leur connectivité éco-logique.

La Tunisie a elle aussi mené une analyse de l’efficacité de la gestion et de la représentativité écologique de son réseau d’aires protégées en 2010, ce qui a fourni des lignes directrices et des recommandations pour améliorer la situation.

En Egypte, les principaux hauts-lieux de la biodiversité terrestre (St. Katherine, Elba, terres humides et désert côtier de la méditerranée occidentale) et les plus importantes régions de biodiversité marine (i.e. barrière de corail de la Mer Rouge) sont assez bien couverts par les aires protégées existantes. La répartition de la majorité des espèces endémiques est incluse dans ces zones.

(3) Cadrage à l’horizon 2020 du Plan Directeur des Aires Protégées au Maroc (HCEFLCD & GIZ, 2013)

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 16

La désignation des aires protégées marines a aussi constitué un progrès au cours des dernières décennies. L’Egypte cherche à développer une straté-gie pour réaliser un réseau complet et représentatif de zones de conservation marine. La Tunisie s’attend à augmenter considérablement le nombre de dé-signation des aires protégées marines après la promulgation de la législation correspondante en 2009.

Un projet récent soutenu par l’UICN au Maroc a contribué à la création de 3 « Aires marines protégées » (AMP) le long des côtes marocaines et a impliqué des pêcheurs locaux. L’originalité du projet réside en fait dans l’implication des pêcheurs qui sont les fondateurs des trois zones et qui sont aussi en grande partie responsables des décisions relatives aux réglementations sur les contraintes qui s’appliqueront dans ces zones. Nous pouvons citer à tire d’exemple le matériel de pêche qui sera interdit et les espèces marines pour lesquelles la pêche sera réglementée.

D’autres expériences intéressantes ont été développées pour impliquer les communautés locales et les acteurs concernés dans la gestion et la conser-vation des aires protégées. En Egypte par exemple, les communautés locales ont activement participé à un projet de plantes médicinales dans l’Aire proté-gée de St. Katherine à travers la mise en place d’un partenariat.

Ichkeul© UICN/Irene Morell

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN17

La Tunisie explore actuellement les possibilités de mise en œuvre d’une ges-tion efficace des aires protégées à travers une gestion des terres impliquant des ONG et d’autres acteurs concernés.

Évaluation, protection et récupération des espèces

Le déclin de la diversité des espèces se poursuit, une diversité qui est mena-cée par la destruction des habitats, l’utilisation non durable des ressources naturelles, la pollution, certaines espèces invasives, et autres menaces parti-culières. Les évaluations de l’état de la conservation ne sont pas terminées puisque seuls certains groupes ou espèces taxonomiques ont été évalués dans les pays d’Afrique du Nord. Par ailleurs, le taux de perte de diversité génétique est mal connu et les efforts exercés sont encore limités. Par contre, des efforts importants pour améliorer la connaissance ont récemment été ef-fectués.

En Tunisie par exemple, une première Liste rouge a été identifiée dans le cadre d’une étude menée en 2010 (Registre national des espèces sauvages, REIGNS) soutenue par l’UICN, qui inclut un premier ensemble de 213 espèces d’animaux et de plantes terrestres.

En Egypte, 364 espèces parmi plus de 22,000 espèces décrites dans le pays ont été évaluées avant fin 2013, 41% (152 espèces) étant menacées. Au Ma-roc, près de la moitié des espèces d’oiseaux est menacée.

De plus, des Programmes stratégiques de conservation et de récupéra-tion des espèces ont été préparés et mis en place ces dernières années. En Tunisie, par exemple, il existe des Programmes de suivis de récupération avec le soutien de l’UICN pour certaines espèces telles que l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) le mouflon à manchettes (Ammotragus lervia), la ga-zelle dorcas (Gazella dorcas), L’Oryx algazelle (Oryx dammah) et l’Addax (Ad-dax nasomaculatus), y compris la réintroduction de certaines espèces dans des Parcs nationaux.

Des plans d’action pour la conservation d’espèces menacées telles que le Maquaque de Barbarie (Macaca sylvanus), la Grande outarde (Otis tarda), l’Ibis chauve (Geronticus eremita) et la gazelle de Cuvier (Gazella cuvieri) sont aussi mis en œuvre au Maroc. En plus du programme de réintroduction des Addax, Oryx, Gazelle Dama Mhor et autruche à coup rouge dans des réserves présahariennes.

La reproduction en captivité pour plusieurs espèces menacées a été menée avec succès en Egypte, pour ce qui est de l’Oryx algazelle (Oryx dammah), l’Oryx d’Arabie (Oryx leucoryx), le Caracal (Felis caracal), la gazelle dorcas (Gazella dorcas), le Porc-épic à crête (Hystrix cristata) et les tortues sauvages (Testudo kleinmanni).

Des efforts ont aussi été déployés en Egypte pour récupérer certaines es-pèces de flore endémiques dans leur habitat naturel et pour les protéger de

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 18

l’extinction. Ceux-ci ont impliqué la culture de certaines espèces de plantes dans la zone protégée de St. Katherine, y compris l’Arfeja (Annarhinum pu-bscens), le Zayteia (Septemcrenata nepeta), l’Alloseeg (Sailne shimperiana), l’Alghasah (Ballota kaiseri) et le thym de St. Katherine (Origanum syriacum) et la clôture de certaines zones pour les protéger du pacage sauvage et d’autres menaces, de même que la reproduction de la plante de Nabq (Zizyphus spi-na–Christi) appelée pomme du désert à l’aire protégées de Nabq.

Parmi les principales menaces pour la conservation des espèces, l’utilisation de la faune n’est généralement pas réglementée dans les pays d’Afrique du Nord et la chasse excessive menace un certain nombre d’animaux sauvages ainsi que certaines espèces d’oiseaux locaux et migrateurs. Les principaux groupes exploités comprennent des mammifères pour leur viande et pour la chasse récréative, des oiseaux pour l’alimentation et le commerce des ani-maux de compagnie, et des amphibiens pour la médecine traditionnelle et l’ali-mentation. La récolte non contrôlée de plantes menace également certaines espèces de plantes médicinales.

Malgré les réglementations astreignantes actuelles, la chasse illégale continue de constituer une menace grave pour l’entretien de certaines espèces telles que les gazelles, certains oiseaux ou petits carnivores comme la belette rayée de la Libye (Ictonyx libycus). D’autres espèces comme les escargots, les ca-méléons, les tortues, les scorpions et les serpents sont victimes d’une capture non contrôlée qui menace leur population (ex. en Tunisie).

Des espèces invasives continuent de présenter une menace importante pour tous types d’écosystèmes et d’espèces. Les informations actuellement dispo-nibles relatives aux espèces envahissantes sont encore insuffisantes ou ne sont pas facilement disponibles. Les espèces envahissantes présentent une menace importante pour les écosystèmes marins. La Méditerranée accueille différentes entrées, en particulier venant de la Mer rouge, mais aussi de l’Atlantique. Il existe plusieurs espèces introduites, dont certaines déstabilisent l’équilibre des éco-systèmes marins. Par exemple, la crevette blanche (Metapenaeus monoceros) serait apparue dans le Golfe de Gabes (Tunisie) avant 1994 et aurait fait concur-rence à la crevette locale (Penaeus kerathurus). La présence du Libinia dubia crabe natif de la côte américaine a été rapportée dans certaines régions au large de la côte tunisienne. Les introductions d’espèces ont aussi affecté les plantes marines. La Caulerpa taxifolia, observée sur la côte française depuis 1984, a aussi été rapportée dans les zones côtières de l’Afrique du Nord.

Des efforts pour contrôler et éradiquer certaines espèces envahissantes exis-tantes ainsi que pour prévenir l’introduction de nouvelles espèces sont encore

Des efforts ont aussi été déployés en Egypte pour récupérer certaines espèces de flore endémiques dans leur habitat naturel et pour les protéger de l’extinction.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN19

limités malgré le fait que les espèces envahissantes représentent une réelle menace pour les écosystèmes, l’économie et la santé humaine.

En Algérie, un projet récent de détection d’espèces non-indigènes envahis-santes (EEE) va centraliser et établir une liste d’espèces invasives et détecter leur introduction, de même que suivre et rapporter les impacts sur la biodiver-sité et créer un réseau national pour anticiper la détection d’IAS.

La lutte contre les espèces envahissantes est un défi qui tient compte du potentiel actuel des pays en termes de ressources humaines, financières et techniques. De ce fait, elle requiert la participation de toutes les agences im-pliquées.

Conservation et récupération d’écosystèmes

Les écosystèmes d’eau douce (rivières, lacs et zones humides) repré-sentent souvent des hauts lieux de biodiversité qui sont menacés par de multiples pressions. Les zones humides constituent l’un des habitats les plus importants en Afrique du Nord en termes de biodiversité, soutenant la plus grande diversité et densité d’espèces d’oiseaux, mais font l’objet de diverses menaces provoquées par les humains entrainant leur dégradation, y compris le drainage pour les transformer en terres agricoles et installations humaines, le retrait d’eau pour l’irrigation, la construction d’infrastructures (autoroutes, etc.), l’érosion des côtes, les espèces invasives, la pollution de l’eau et la sur-pêche. Les systèmes fluviaux ont aussi été dégradés de façon drastique au cours des 50 dernières années, et sont considérablement affectés par les pré-lèvements d’eau et la construction de barrages.

Le futur de ces régions doit être un souci clé et la solution aux problèmes aux-quels elles font face ne peut être traitée qu’avec une approche multisectorielle qui devrait surtout impliquer les autorités locales, les institutions responsables du secteur de l’eau et la société civile.

Certains efforts appropriés sont déployés dans les pays d’Afrique du Nord, tels que la désignation des zones humides d’importance internationale conformé-ment à la Convention de Ramsar dans tous les pays (voir Tableau 2), et l’éla-boration de la Stratégie pour la Conservation des zones humides au Maroc et la stratégie nationale de l’eau.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 20

Tableau 2. Sites Ramsar et autres zones humides protégées dans les pays d’Afrique du Nord

PAYS Nombre de sites Ramsar et autres zones humides protégées

Algérie 50 Zones humides protégées d’importance internationale (sites Ramsar)

Egypte 4 Zones humides protégées d’importance internationale (sites Ramsar)

Libye 2 Zones humides protégées d’importance internationale (sites Ramsar)

Maroc 24 Zones humides protégées d’importance internationale (sites Ramsar)

Tunisie41 Zones humides protégées d’importance internationale (sites Ramsar)

12 Zones humides d’importance nationale

Source : Base de données mondiale des aires protégées (WDPA). http://www.protectedplanet.net/

Les écosystèmes côtiers et marins comportent une grande variété d’habi-tats, tels que les algues, les récifs coralliens, les mangroves, les marais, les dunes côtières, etc. Ces habitats souffrent de fortes pressions et menaces anthropiques y compris le tourisme non règlementé, l’exploitation du sable des côtes pour les projets de constructions immobilières, les pratiques de pêche non durables et la pollution côtière. Le chalutage et la surpêche sont respon-sables de la dégradation d’écosystèmes marins importants. Ceci est illustré par exemple en Tunisie par la baisse des stocks de corail rouge de 25 tonnes en 1980 à moins d’une tonne aujourd’hui, ou par le déclin considérable des populations de certains poissons comme les loches et l’alose au Maroc et la truite fario (Salmo trutta fario).

Le littoral est encore plus exposé aux risques de perte de biodiversité du fait de la pression des activités humaines. Actuellement, un pourcentage impor-tant de la population humaine dans les pays d’Afrique du Nord habitent dans les régions côtières qui sont aussi visitées par des millions de touristes chaque année. Par exemple presque 90% de la population Algérienne vie dans les ré-gions côtières qui représentent seulement 10% de la superficie du territoire na-tional. De plus, une proportion importante de l’activité industrielle a lieu dans la zone côtière. Les habitats côtiers subissent donc des pressions imposées par de nombreuses formes de développement y compris le tourisme, l’infrastruc-ture urbaine et les aménagements portuaires. Les pays ont adopté la stratégie de la gestion intégrée de la zone côtière (GIZC).

Certains projets ont été menés tels que le Projet MEDINA : « Les Dynamiques des écosystèmes marins et indicateurs pour l’Afrique du Nord », soutenu par la Commission européenne, qui contribuera au développement sur le long terme de Programmes de suivi pour la protection des zones côtières dans les pays Nord africains.

D’autres Programmes et stratégies ont été mis en œuvre au Maroc, tels que la Stratégie nationale de gestion intégrée des zones côtières, et la Stratégie pour le développement des zones marines protégées à des fins de pêche.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN21

Le Projet MedPAN Sud (2008-2012) a lancé des mesures en Algérie, en Libye et en Tunisie pour faciliter l’établissement de nouvelles Aires Marines Proté-gées (AMP) et pour améliorer la gestion des zones existantes.

En Algérie, la récupération d’habitats de dunes a été menée dans le cadre d’un projet qui a débuté en 2011 avec le soutien et l’aide de l’UICN-Med. Un catalogue d’habitats et d’écosystèmes pour les îles algériennes a aussi été développé.

Les terres arides, steppe et zones arides comportent des écosystèmes pré-cieux et fragiles, tels que la steppe d’Alfa (Stipa tenacissima), qui subit une chute drastique de sa zone de répartition en Afrique du Nord. Les principales menaces contre la biodiversité dans les zones arides sont la perte d’habitat et la dégradation des sols dues au surpâturage et à la conversion des prairies pour s’adapter à l’agriculture saisonnière. Le surpâturage notamment dans les régions steppiques en Algérie a fait disparaître beaucoup d’espèces végé-tales dont l’Alfa, une importante ressource économique exportable jadis. Une

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 22

nouvelle menace est causée par des projets d’exploitation de gaz et pétrole de schistes qui pourraient polluer les sols et les nappes d’eau profondes.

Certains projets intégrés qui traitent aussi bien la désertification que la conser-vation de la biodiversité ont débuté ces dernières années dans le Sud de la Tunisie y compris le projet de gestion durable des écosystèmes d’oasis. Les actions étaient accompagnées par des mesures législatives telles que l’adop-tion d’une loi sur la protection de l’écosystème oasien et la diversité génétique du palmier dattier (plus de 250 variétés locales). Une étude a aussi été menée en Tunisie pour estimer la valeur économique des steppes d’Alfa.

Une stratégie de développement et de gestion des oasis est mise en œuvre au Maroc. Par ailleurs, plusieurs Programmes de conservation des oasis sont menés dans le cadre de la Stratégie nationale de développement rural, tels que les Programmes pour les oasis du Sud, Tafilalet, Draa et Maider.

© UICN/Irene Morell

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN23

Les Ecosystèmes de montagne accueillent une biodiversité riche et un grand nombre d’espèces rares, menacées et endémiques. La perte de biodiversité dans les zones de montagne est attribuée aux activités humaines, telles que le surpâturage, la coupe de bois, l’exploitation minière, la chasse, la défores-tation, la collecte d’espèces, le développement urbain et l’introduction d’es-pèces non-indigènes envahissantes. De plus, les écosystèmes de montagnes font partie des écosystèmes les plus menacés par le changement climatique en Méditerranée et subissent aussi le risque de catastrophes, y compris surtout les incendies et parfois les orages et inondations.

Au Maroc, différents Programmes et projets établis dans le cadre de stratégies de développement rural présentent des opportunités pour traiter la préserva-tion de la biodiversité dans les zones de montagne, tels que les Programmes de développement durable dans le Haut Atlas, et dans les zones de montagne du Rif (Bouhachem, Tetouan, Larache et Chefchaouène), du Moyen Atlas (Khenifra, Boulemane et Azilal).

Les Forêts en Afrique du Nord sont confrontées à plusieurs menaces y com-pris le surpâturage, la surexploitation des ressources, l’augmentation des in-cendies de forêts et de la déforestation pour reconvertir les terres à d’autres usages (agriculture, développements urbains). La déforestation a eu un lourd impact dans certains pays. En Algérie par exemple, entre 1984 et 2003, la forêt dense a perdu près d’un quart de sa taille d’origine (-22%). Au Maroc la cédraie, la subéraie et l’arganier sont très convoitées par la population lo-cale pour la valeur du bois et des produits (perte du tiers depuis l’indépen-dance). En Tunisie, les forêts souffrent du surpâturage et de la surexploitation des ressources. De plus, et particulièrement depuis la révolution du 14 janvier 2011, des constructions illégales sont apparues dans des zones forestières. Par conséquent, une stratégie de développement forestier et pastoral a été développée en Tunisie (2014) ainsi que des mesures pour la gestion intégrée des forêts sont développées pour améliorer leur gestion et préserver leurs ri-chesses.

Les événements climatiques se combinant à la pression anthropique affaiblis-sent certains peuplements forestiers qui présentent des signes de déclin crois-sants. Au Maroc, les analyses bioclimatiques dans le Moyen Atlas ont révélé une tendance de croissance des températures et une baisse importante de précipitations accompagnée par une tendance à la baisse de la couverture neigeuse au cours des dernières décennies. Une étude dendro chronologique associée à cette analyse a souligné une perte de la croissance d’arbres de 30%. Ces changements ont affaibli les forêts de cèdre, qui sont devenues plus susceptibles aux maladies et aux pathogènes et ont provoqué une réduction de la forêt plus ou moins intense sur plusieurs peuplements. Le peuplement d’acacia dans le sud subi une forte pression du fait les habitants nomades qui l’utilisent comme fuel de cuisson de préférence.

Un Programme de régénération forestière est mis en œuvre au Maroc depuis 1990 sur une période d’achèvement de 30 ans.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 24

Les habitats agricoles ont aussi subi une dégradation en termes de biodiver-sité du fait du changement et de l’intensification des pratiques agricoles. La pollution issue de l’agriculture provoque une détérioration du sol qui conduit une dégradation d’habitats essentiels et une perte d’espèces. L’utilisation ex-cessive et l’application abusive de pesticide provoquent une perte d’espèces rares y compris les espèces pollinisatrices qui exercent une fonction d’agent de contrôle biologique naturel. Elle a aussi un impact important sur l’eau douce, les écosystèmes côtiers et marins dans tous les pays. D’autre part, les terres agricoles continuent à subir la conversion aux dépens des installations humaines. Les variétés résistantes et adaptées à l’aridité du climat se perdent au profit de variétés sélectionnées mais fragiles et consommant beaucoup de d’eau.

Les terres de parcours sont particulièrement menacées par la dégradation et surtout par le surpâturage, dû à l’augmentation de la densité des troupeaux de même qu’à une baisse des pâturages et de zones de parcours. Par exemple, la Tunisie a la plus grande densité de troupeaux d’Afrique du Nord, avec plus de 40 moutons/km2. En Algérie, on compte environ 38 millions.

L’intensification de la production agricole et animale, de même que l’abandon de certaines zones rurales, a provoqué une perte de diversité génétique. Il se peut que la perte constante de diversité génétique dans les cultures et dans l’élevage ait des implications graves sur la sécurité alimentaire et les autres services d’approvisionnement. Un bon exemple de perte de la diversité géné-tique est celui de la perte élevée de variétés de coton en Egypte depuis les années 1950 et du céréale au Maroc.

Des efforts sont déployés dans les pays d’Afrique du Nord pour lutter contre la perte de cette diversité génétique agricole. A titre d’exemple, la Stratégie pour la conservation et la mise en valeur des ressources génétiques des plantes cultivées et la Stratégie nationale de développement des plantes aromatiques et médicinales au Maroc sont mises en œuvre.

En Tunisie, la conservation de l’agro-biodiversité est traitée dans le réseau des aires protégées et à travers la Banque nationale des gènes. Des mesures en matière de conservation sont accompagnées d’activités in situ auxquelles par-ticipent des agriculteurs dans différentes régions du pays, surtout pour la pré-servation des variétés locales de blé dur, pour lequel la Tunisie est un centre secondaire de diversité. La promulgation d’une législation pour la protection des ressources génétiques des écosystèmes de palmier dattier et d’oasis constitue aussi un exemple d’efforts menés en Tunisie pour la conservation de l’agro-diversité.

Les variétés résistantes et adaptées à l’aridité du climat se perdent au profit de variétés sélectionnées mais fragiles et consommant beaucoup de d’eau.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN25

Lutter contre le changement climatique et la désertification

Il est probable que le changement climatique accentue de nombreux risques associés aux facteurs de stress mentionnés ci-dessus et réduise les choix ouverts aux individus et aux preneurs de décision. Le changement climatique, les épisodes de sécheresse, la désertification et l’érosion consti-tuent une menace contre les écosystèmes dans tous les pays d’Afrique du Nord. Des modèles de prévision indiquent une augmentation de la tempé-rature de près de 1 à 2.8° C et une baisse des précipitations allant jusqu’à 104 mm/par an d’ici à 2050. Le réchauffement climatique aggrave certains mécanismes tels que la fragmentation, la dégradation et la perte d’habitat, ou la propagation d’espèces étrangères envahissantes, qui représentent déjà une forte menace contre l’entretien d’écosystèmes qui fonctionnent bien. Le

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 26

changement climatique menace ainsi de nombreux écosystèmes et espèces de flore et de faune d’Afrique du Nord.

Certains effets du changement climatique sont déjà remarqués tels que l’aug-mentation des températures, la réduction des précipitations et des catas-trophes naturelles (incendies, tempêtes, vague de chaleur, etc.). Par exemple, des migrations d’espèces marines sont détectées en Tunisie, comme l’indique la prolifération d’espèces thermophiles que l’on trouvait auparavant exclusive-ment dans le Golfe de Gabes (Sud tunisien) sur les côtes nord du pays.

Etant donné que la Tunisie est vulnérable au changement climatique, le pays s’est donc concentré sur la prévention des impacts du réchauffement clima-tique sur les écosystèmes, les ressources naturelles, la santé humaine, les

Produits artisanaux traditionnels d’Afrique du Nord© UICN

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN27

activités économiques et le développement en général. Un certain nombre d’études a été développé pour améliorer les connaissances, y compris des études de vulnérabilité de l’écosystème de l’Alfa dans le centre de la Tunisie, des terres de parcours dans le Sud et des forêts de chêne liège dans le Nord du pays.

Au Maroc, des changements de types d’espèces dans les forêts, particuliè-rement la répartition des insectes et champignons, ont déjà été remarqués dus à l’influence du réchauffement climatique ces 30 dernières années. Les modifications des zones de répartition des gammes d’espèces herbacées de forêt sont aussi reconnues. La chenille Processionnaire de pin Thaumetopoea pityocampa est considérée comme une nouvelle menace contre les forêts re-liques de pins méditerranéens qui subissent le changement climatique. Des modifications importantes dans la phénologie d’espèces sont aussi atten-dues ; par exemple une augmentation de 1°C des moyennes de température provoquerait une pollinisation anticipée des palmiers dans les oasis et d’autres arbres fruitiers.

Les stratégies et réactions nationales pour lutter contre les effets du chan-gement climatique ont été préparées dans les pays d’Afrique du Nord. Un Programme d’adaptation au changement climatique a récemment débuté au Maroc avec le soutien de la GIZ qui cherche à augmenter les capacités et à développer des approches d’adaptation pour réduire les effets du change-ment climatique.

La désertification, exacerbée par le changement climatique, constitue aussi l’un des défis principaux pour la conservation de la biodiversité puisqu’elle contribue à la perte et à la dégradation de nombreux habitats et écosystèmes en Afrique du Nord. Au Maroc par exemple, ce phénomène affecte 93% du territoire national sous un climat aride où les terres perdent leur capacité de régénération. L’érosion par l’eau concerne plus de 10 millions d’hectares, alors que l’érosion par le vent concerne toutes les zones côtières, en plus des ré-gions Sud et Est du Maroc. Des Programmes d’action nationale de lutte contre la désertification sont mis en place dans les pays d’Afrique du Nord.

Il faudrait renforcer les programmes de lutte contre la désertification et notam-ment soutenir et relancer des projets contre l’avancée du désert dans l’espace circum-saharien (tels que le projet du Barrage Vert en Algérie), qui visent à reboiser des superficies importantes pour consolider une ceinture verte repré-sentant une grande barrière contre l’ensablement et l’avancée du désert.

La désertification, exacerbée par le changement climatique, constitue aussi l’un des défis principaux pour la conservation de la biodiversité en Afrique du Nord.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 28

Évaluer et préserver des services écosystémiques

La perte de la biodiversité aura finalement un impact sur les fonctions des éco-systèmes et leur capacité à fournir des biens et des services vitaux. Par consé-quent, on s’attend à de graves implications sociales, économiques, culturelles et écologiques. Le déclin continuel de la biodiversité met ces services éco-systémiques essentiels en jeu, affectant pour finir le bien-être des populations humaines. Le rôle de la biodiversité dans la fourniture de biens et services écosystémiques est de plus en plus reconnu par les preneurs de décision et les acteurs sociaux.

Cependant, des évaluations quantitatives systématiques sont nécessaires pour déterminer comment les changements de la biodiversité influenceraient l’apport de services écosystémiques ou comment la production de services d’écosystèmes a eu des impacts sur la biodiversité.

Certaines études pertinentes ont récemment été menées dans les pays pour évaluer les services écosystémiques. Au Maroc par exemple, une étude sur l’évaluation économique de la biodiversité et les services écosystémiques ainsi que l’impact du changement climatique sur ces services a été menée dans le Parc national de Tazekka. Le bureau du Programme méditerranéen du Fonds mondial pour la nature (WWF) et l’Agence du bassin fluvial de Sebou ont mené une étude sur les « Approches de développement vers le paiement pour les services écosystémiques (PSE) pour la conservation des lacs du Moyen Atlas au Maroc ».

En Tunisie, deux études ont été menées pour déterminer la valeur monétaire des steppes de l’Alfa (Stipa tenacissima) et pour l’évaluation économique des biens et services fournis par les forêts tunisiennes. Plus récemment en 2016, dans le cadre d’un projet financé par le Fonds de Partenariat pour les Écosys-tèmes Critiques (CEPF), une évaluation de la valeur économique des services écosystémiques dans le parc national de l’Ichkeul a été faite.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN29

3.2 PRINCIPAUX BESOINS ET DÉFIS À TRAITER DANS LE PROGRAMME AFRIQUE DU NORD 2017-2010

Malgré un développement important des efforts en matière de conservation et certains résultats notables (comme l’indique clairement l’expansion du réseau des AP et la mise en œuvre de projets se concentrant sur la biodiversité dans certains pays), plus d’efforts sont nécessaires pour renforcer le cadre législatif et institutionnel pour la conservation de la biodiversité, augmenter les capaci-tés de mise en œuvre des Programmes nationaux de biodiversité, et sensibili-ser le public à tous les niveaux.

Sur la base des recommandations de l’évaluation provisoire du Programme 2013-20164 et du Forum qui s’est tenu au Caire en Octobre 2015, les besoins principaux suivants peuvent être soulignés :

• Améliorer, partager et transférer les connaissances et technologies relatives à la biodiversité, en utilisant des outils appropriés et en développant de nouveaux outils. Les évaluations de l’état et un compte-rendu devraient être améliorés dans les pays d’Afrique du Nord, où les besoins en données de référence sont importants. Les initiatives qui impliquent les pays méditerranéens (côtes Nord et Sud) devraient être multipliées pour encourager la coopération régionale et le transfert technologique. Le suivi et l’évaluation de la biodiversité n’est pas mené systématiquement et souffre d’une insuffisance de données et d’indicateurs appropriés. L’impact des interventions de conservation sur le risque de perte ou de dégradation de l’écosystème, l’extinction d’espèces et de la diversité génétique ne peut être évaluée du fait du manque de Programmes de suivi sur une certaine durée dans le temps. Des systèmes complets, tels que les observatoires nationaux de la biodiversité contribueraient à l’amélioration des connaissances et la sensibilisation quant à l’état et les tendances de la biodiversité dans les pays d’Afrique du Nord. Des groupes d’experts et des réseaux seraient utiles pour définir, compiler et consolider les informations les plus pertinentes.

• Mieux sensibiliser et comprendre les principaux défis de la conservation de la biodiversité à tous les niveaux (du gouvernement à la population) et dans tous les secteurs économiques pour soutenir la prise de décision. Les questions essentielles comprennent les valeurs de la biodiversité et les services écosystémiques, les conséquences de la perte de la biodiversité pour la population, les principales pressions et menaces, les effets du réchauffement climatique, la durabilité, les défis alimentaires, etc. Les activités de communication devraient être bien ciblées et devraient employer un langage approprié pour toucher le public cible de manière efficace, y compris les preneurs de décisions, les responsables, les parties prenantes locales, le secteur privé et la société civile, y compris les jeunes

(4) L’évaluation à mi-parcours du Programme Afrique du Nord 2013-2016 a été menée en 2015 par des consultants extérieurs indépendants en vertu d’un contrat avec l’UICN-Med et en collaboration avec tous les Membres de l’UICN et partenaires concernés en Afrique du Nord.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 30

et les femmes. Des outils efficaces devraient être employés, notamment des outils de reporting, les média sociaux et la communication directe. Des efforts devraient être effectués pour atteindre les secteurs commerciaux et du développement ainsi que pour renforcer les liens entre les activités de conservation et les activités socio-économiques.

• Mettre en valeur la conservation de zones importantes pour la biodiversité et d’espèces menacées, en apportant un soutien et une aide aux pays pour développer un réseau cohérant de zones de conservation et pour l’élaboration de stratégies de conservation pour les espèces menacées et la mise en œuvre de mesures prioritaires. Des mises à jour de listes des espèces protégées doivent encore être complétées et faire l’objet d’une méthodologie rigoureuse d’évaluation de l’état de conservation. Elles doivent aussi être étendues pour inclure les espèces marines. Des mesures de règlementation contre les délinquants devraient être appliquées et modifiées dans certains cas.

• Réduire les principales pressions et menaces subies par les écosystèmes vulnérables et promouvoir la conservation et la gestion durable des ressources dans les écosystèmes d’importance particulière dans la région, y compris surtout les zones marines et côtières, mais aussi les zones arides, les oasis, les zones humides, les habitats d’eau douce, les forêts et les montagnes. Evaluer les impacts et intégrer les valeurs de la biodiversité dans la planification de l’espace et le développement des activités économiques est nécessaire pour préserver la nature et prévenir la perte de biodiversité et le déclin des avantages dérivés de la nature. La conservation marine devrait être, comme dans le cas présent, un axe important du Programme, compte tenu du besoin de conserver les hautes mers et les zones récemment listées en tant que ZIEB (Zones d’importance écologique ou biologique).

• Améliorer la gouvernance et les capacités pour la conservation de la nature. L’amélioration de la gouvernance devrait couvrir de nombreux aspects (légal, institutionnel, financier, participation publique) et impliquer tous les partenaires appropriés : gouvernements, autorités locales, secteurs privés, société civile, les femmes, les jeunes, etc. L’évaluation et la recherche sur les modes de gouvernance sont aussi nécessaires. Trouver des solutions durables pour traiter les défis relatifs à la biodiversité requiert une action concertée par tous les acteurs, y compris la société civile, qui devrait agir en partenariat avec l’institution publique.

• Renforcer les capacités pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles et la bonne gouvernance environnementale est un besoin majeur dans de nombreux domaines et à divers niveaux, allant des agences nationales, des gouvernements locaux, des ONG aux organisations de la société civile. La formation et le renforcement des capacités devraient couvrir les questions principales traitées dans le Programme ainsi que les capacités de développement des mesures du Programme. Les développements politiques récents dans

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN31

la région ont entraîné une ouverture vers une plus grande démocratie et participation de la société civile. Les associations se multiplient et ont besoin d’améliorer leur capacité intrinsèque, ainsi que de communication et d’échange avec leur homologue dans les autres pays, en particulier ceux de la côte nord de la Méditerranée. La jeunesse, l’enthousiasme et la motivation des membres actifs des associations NA sont des facteurs positifs devant être saisis à travers la formation et le coaching pour améliorer la performance et l’efficacité de la société civile dans la région.

• Renforcer la participation de tous les acteurs concernés et les communautés locales dans les actions qui contribuent à la conservation de la biodiversité. Promouvoir une utilisation durable des ressources naturelles et une bonne gouvernance environnementale qui présentent des avantages pour les communautés locales et préservent le patrimoine naturel et culturel, les paysages, etc. La priorité devrait être accordée aux zones qui comportent des habitats et espèces menacées, aux écosystèmes qui fournissent des services essentiels à la population et enfin aux écosystèmes vulnérables.

• Promouvoir les bonnes pratiques traditionnelles et le savoir-faire local qui font partie du patrimoine culturel local de la région méditerranéenne et qui soutiennent la conservation de la biodiversité et de l’utilisation durable des ressources naturelles. Relativement peu d’initiatives ont été prises pour maintenir, protéger, documenter et promouvoir le savoir traditionnel et sa relation avec la gestion des ressources naturelles.

• Renforcer l’intégration de la biodiversité dans les autres secteurs. Les preuves sont encore limitées autour du fait que les enjeux de la biodiversité sont sérieusement reflétés dans les politiques, la législation et les règlements régissant la majorité des secteurs productifs des pays concernés et ne sont pas reflétées dans le Programme de développement des pays de façon significative. Les Programmes de réduction de la pauvreté et de développement communautaire devraient être employés pour promouvoir et fournir des opportunités d’amélioration de la gestion des ressources naturelles et de l’emploi pour les communautés locales en reliant la biodiversité et le développement social. Il est encore nécessaire d’améliorer la synergie et la coordination des mesures entre les différents ministères et départements gouvernementaux, les universités et les centres de recherche pour mettre en œuvre des politiques et des mesures efficaces relatives à la conservation de la nature. L’harmonisation des politiques, des stratégies et des Programmes d’action de développement nationaux est nécessaire.

• Renforcer l’action sur le changement climatique, y compris par une évaluation approfondie des effets du changement climatique dans la région méditerranéenne et ses conséquences pour la population et la biodiversité (ex. modification des écosystèmes, répartition des espèces, extension d’espèces exotiques envahissantes, sécurité alimentaire, désertification, dégradation des sols, etc.). Promouvoir des actions qui préviennent

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 32

les risques et favorisent l’adaptation en augmentant la résilience des écosystèmes naturels et les mesures de mitigation, par exemple la mise en œuvre de stratégies nationales d’adaptation, promotion de l’utilisation d’énergies renouvelables (notamment solaire) dans les aires protégées, reforestation, restauration des habitats, etc., et assurer la justice climatique5. Les solutions fondées sur la nature et les pratiques traditionnelles qui contribuent à améliorer l’adaptation au changement climatique pourraient être testées à travers des projets pilote pour démontrer leur efficacité.

• D’autres défis mondiaux devraient aussi être traités, y compris celui de la sécurité alimentaire (ex. conservation des variétés agricoles et d’animaux qui sont les mieux adaptées aux conditions des pays africains) et du développement (ex. à travers la promotion d’activités génératrices de revenus pour la population locale). Des actions améliorant la connaissance, le suivi, le contrôle et la gestion des espèces exotiques envahissantes devraient aussi être soutenues et renforcées.

• Enfin, l’un des facteurs les plus importants affectant la mise en œuvre de stratégies nationales sur la biodiversité et des actions de conservation comprend le manque de ressources financières et humaines. Le Programme traitera la mobilisation des ressources et saisira toutes les opportunités de financement de projet et de Programme. Le co-financement dans le domaine du développement durable devrait être encouragé et pourrait améliorer les opportunités de financement pour les actions appropriées dont l’objectif est la conservation de la nature et le développement durable.

(5) C’est-à-dire par la reconnaissance que les pays du Nord et ceux du Sud ont des « res-ponsabilités communes mais différenciées » dans le changement climatique, et que leurs « capacités respectives » à y faire face sont inégales.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN33

4. LE PROGRAMME AFRIQUE DU NORD 2017-2020 : DOMAINES PRINCIPAUX, RESULTATS ET APPROCHES

4.1 DOMAINES PRINCIPAUX DU PROGRAMME

Comme tous les Programmes de l’UICN, le Programme Afrique du Nord s’ap-puie sur l’« Approche Programme unique » et s’organise autour de trois do-maines du Programme à savoir :

1. Valoriser et conserver la nature ; 2. Promouvoir et soutenir une gouvernance efficace et équitable des

ressources naturelles ;3. Déploiement de solutions fondées sur la nature pour faire face à des défis

sociétaux y compris le changement climatique, la sécurité alimentaire et le développement économique et social.

Sous le titre Valoriser et conserver la nature, l’UICN va développer et utiliser ses connaissances sur la biodiversité et les outils associés ainsi que ses normes de planification pour influencer les politiques et l’action sur le terrain. Sous le titre Gouvernance effective et équitable des ressources naturelles, l’UICN va consolider son expérience acquise en travaillant avec des personnes et des institutions et traitera comment les décisions publiques et privées sur la nature et les écosystèmes affectent la biodiversité et les moyens de subsistance. Le Déploiement de solutions fondées sur la nature pour faire face à des défis sociétaux y compris le changement climatique, la sécurité alimentaire et le développement étend le travail de l’UICN sur la contribution de la nature pour traiter les questions de développement durable, en particulier dans le cadre du changement climatique, la sécurité alimentaire et le développement social et économique.

Ces domaines traités par le Programme sont essentiels à la conservation de la biodiversité ainsi qu’à l’influence des processus économiques, sociaux et po-litiques qui déterminent la perte de biodiversité, la gestion des écosystèmes, les moyens de subsistance fondée sur la nature et enfin les droits et les res-ponsabilités pour la nature.

Le Programme s’attachera à répondre aux Objectifs de Développement Du-rable, les Objectifs d’Aichi sur la Biodiversité (Plan stratégique de la CDB 2011-2020) et l’Accord de Paris sur le Changement climatique. Les résultats attendus et les objectifs de ce Programme sont liés aux Objectifs de dévelop-pement durable qu’ils soutiennent et aux objectifs Aichi tels que présenté dans le schéma ci-dessous.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 34

Schéma 1. Contribution des trois domaines du Programme pour réaliser les princi-paux ODD

4.2 APERÇU SUR LE PROGRAMME

Les tableaux présentés ci-dessous présentent les principaux éléments du Pro-gramme Afrique du Nord de l’UICN pour la période 2017-2020 concernant chacun des trois domaines du Programme. Ces tableaux fournissent un aper-çu général des résultats et des objectifs établis devant être atteints d’ici 2020. Un récit plus détaillé introduisant les éléments de chacun des domaines du Programme et les résultats attendus sont présentés dans la section suivante du document (voir section 4.3).

On présente aussi les liens entre les résultats attendus de ce Programme et ceux du Programme Global, ainsi que leur contribution aux Objectives et cibles du Développement Durable (selon le document adopté au Sommet sur le développement durable le 25 Septembre 20156), et aux Objectifs du Plan Stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique (Objectifs d’Aichi7).

Ce Programme vise également à contribuer aux décisions de l’Accord de Paris sur le Changement Climatique8, notamment à travers les interventions dans le domaine 3 du programme.

(6) http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/69/L.85(7) https://www.cbd.int/sp/targets/(8) http://unfccc.int/resource/docs/2015/cop21/fre/l09r01f.pdf

2030

Age

nda

for s

usta

inab

le d

evel

opm

ent

GENDEREQUALITY

5

REDUCED

INEQUALITIES

10

PEACE, JUSTICE

AND STRONG

16INSTITUIONS

PARTNERSHIPSFOR THE GOALS

17

CLIMATE

ACTION

13

SUSTAINABLE CITIES

AND COMMUNITIES

11ZERO HUNGER 2

NO POVERTY

1

LIFE15 ON LAND

LIFEBELOW WATER

14CLEAN WATER

AND SANITATIO

N

6

GOOD HEALTHAND WELL-BEING 3

Promoting& supporting

equitablegovernanceof naturalresources

Deploying nature-based solutions to address societal challenges

Valuing and conserving

nature

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN35

DOMAINE DU PROGRAMME 1 : Valoriser et conserver la nature

Résultat 1.1 : Les connaissances sur les valeurs, l’état et les tendances de la biodiversité sont améliorées, efficacement partagées et communiquées pour informer les politiques et la prise de décision relative à la conserva-tion de la nature dans les pays d’Afrique du Nord

OBJECTIFS INDICATEURS

Contribution aux

résultats du Programme

global de l’UICN

Contribution aux objectifs de Développement Durable (ODD)

Contribution aux objectifs

d’Aichi

• D’ici 2020, des Zones clés pour la biodiversité (ZCB) sont identifiées et évaluées dans des pays d’Afrique du Nord, et des connaissances sont disponibles pour assurer leur conservation.

• D’ici 2020, les Listes rouges nationales d’espèces et des écosystèmes sont préparées dans des pays d’Afrique du Nord.

• D’ici 2020 les connaissances sur la valeur, l’état de conservation et les tendances de la biodiversité sont consolidées et communiquées pour influencer les politiques, les prises de décision et les mesures de conservation de la nature dans les pays d’Afrique du Nord.

• Les ZCB identifiées: marines, terrestres, d’eau douce, ZIP, etc.

• Études/évaluations pour améliorer la gestion et la conservation des ZCB.

• Listes rouges des espèces et des écosystèmes disponibles.

• Ateliers, formations, support technique.

• Divulgation d’information : rapports techniques, outils web, média sociaux, etc.

• Secteurs clé visés par les communications.

• Soutien au réseau journalistique.

1.1, 1.2 2.5, 4.7, 6.6, 11.4, 12.a, 12.8, 13.3, 14.2, 14.5, 14.a; 15.1, 15.4; 15.5; 15.7; 15.8; 15.9, 17.6, 17.7, 17.9

1; 2; 5; 6; 8, 11; 12; 19, 20

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 36

Résultat 1.2 : La représentativité et la gestion des zones de conservation dans les pays d’Afrique du Nord est améliorée

OBJECTIFS INDICATEURS

Contribution aux

résultats du Programme

global de l’UICN

Contribution aux objectifs de Développement Durable (ODD)

Contribution aux objectifs

d’Aichi

• D’ici 2020, des réseaux plus représentatifs et cohérents d’aires protégées sont établis dans les pays d’Afrique du Nord

• D’ici 2020, une gestion plus efficace des aires protégées est atteinte dans les pays d’Afrique du Nord

• Augmentation de la couverture des aires protégées de sites importants pour la biodiversité marine, terrestre, et d’eau douce.

• Évaluations de la représentativité des réseaux des aires protégées.

• Efficacité de la gestion des aires protégées évaluées (ex. utilisation des critères de Liste verte de l’UICN).

• Formation, coopération et partage d’expérience entre les directeurs de site.

1.1, 1.3 6.6, 11.4, 12.2, 14.2, 14.4, 14.5, 14.b, 15.1, 15.2, 15.4, 15.5, 15.a, 17.3, 17.9, 17.17

5, 6, 7, 10, 11, 12, 13, 20

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN37

Résultat 1.3 : La conservation des espèces et écosystèmes clés est ren-forcée à travers une planification stratégique et la mise en œuvre de me-sures prioritaires

OBJECTIFS INDICATEURS

Contribution aux

résultats du Programme

global de l’UICN

Contribution aux objectifs de Développement Durable (ODD)

Contribution aux objectifs

d’Aichi

• D’ici 2020, les capacités en matière de conservation des espèces sont améliorées et des mesures de conservation ciblées entraînent la récupération d’espèces et d’écosystèmes essentiels dans les pays d’Afrique du Nord.

• D’ici 2020, des outils de planification et méthodologies pour traiter des principales pressions et promouvoir la conservation et la gestion durable des écosystèmes principaux sont développés et appliqués dans les pays d’Afrique du Nord.

• Stratégies de conservation pour les principales espèces sont préparées et en cours de mise en œuvre.

• Les principales menaces sont traitées, ex. chasse illégale/non durable, lignes de courant, surpâturage, etc.

• Des groupes d’experts et des réseaux pour la conservation des espèces sont en place.

• Outils, lignes directrices, et mesures pilotes pour la planification spatiale marine et la gestion intégrée de la zone côtière GIZC (ex. développement du géo portail d’Alboran).

• Expériences sur l’intégration des ZCB dans la planification spatiale.

1.2, 1.3 2.4, 2.5, 4.7, 6.3, 6.5, 6.6, 12.2, 14.1, 14.2, 14.3, 14.4, 14.5, 14.7, 14.a, 14.c, 15.1, 15.2, 15.3, 15.4, 15.5, 15.7, 15.9, 15.a, 15.c, 17.3, 17.6, 17.9.

2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 20

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 38

DOMAINE DE PROGRAMME 2 : Promouvoir et soutenir une gouvernance efficace et équitable des ressources naturelles

Résultat 2.1 : La gouvernance et les systèmes institutionnels pour la ges-tion efficace des zones importantes pour la biodiversité sont renforcés.

OBJECTIFS INDICATEURS

Contribution aux

résultats du Programme

global de l’UICN

Contribution aux objectifs de Développement Durable (ODD)

Contribution aux objectifs

d’Aichi

• D’ici 2020, des modèles de gouvernance effectifs sont mis en place dans les zones importantes pour la biodiversité dans les pays d’Afrique du Nord.

• Des méthodologies et approches pour évaluer et améliorer la gouvernance des ressources naturelles sont appliquées.

• Évaluation des cadres juridiques et institutionnels pour la conservation de la biodiversité dans les aires protégées.

• Mesures pilotes et régimes de co-gestion impliquant les acteurs concernés, les OSC et le secteur privé dans la gestion des aires protégées et la conservation de la nature.

2.1, 2.2 1.4, 1.b, 2.5, 5.1, 4.7, 5.5; 5.a, 5.c, 6.b, 10.2, 10.3, 12.2, 15.6, 16.3, 16.6, 16.10, 16.7, 16.b, 17.14

17.17

1, 2, 4, 13, 16, 17, 18, 19, 20.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN39

Résultat 2.2 : La participation et l’engagement des partenaires nord-afri-cains dans des initiatives et processus régionaux et internationaux pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles sont renforcés

OBJECTIFS INDICATEURS

Contribution aux

résultats du Programme

global de l’UICN

Contribution aux objectifs de Développement Durable (ODD)

Contribution aux objectifs

d’Aichi

• D’ici 2020, les capa-cités pour la mise en œuvre des engage-ments conformément aux conventions et ac-cords internationaux relatifs à la biodiversi-té sont améliorés dans les pays d’Afrique du Nord.

• La coopération dans des initiatives régio-nales et Programmes relatifs à la conser-vation de la biodiver-sité et de l’utilisation durable des res-sources naturelles est renforcée.

• Participation des représentants nord-africains (administration et experts) dans des débats et initiatives internationaux et régionaux.

• Activités de coopération avec les organisations ré-gionales adéquates (CGPM-FAO, UpM, UMA, etc.).

• Analyse de la légis-lation nationale.

1.2, 2.3 1.b, 2.5, 3.9, 4.7, 5.5, 6.6, 6.a, 8.4, 10.b, 12.2, 14.c, 15.6, 15.a, 16.8, 16.b, 17.9, 17.14.

5, 6, 11, 12, 17, 20.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 40

DOMAINE DE PROGRAMME 3 : Déployer de solutions fondées sur la nature pour faire face aux défis sociétaux y compris le changement climatique, la sécurité alimentaire et le développement économique et social

Résultat 3.1 : La capacité pour faire face au changement climatique et autres menaces mondiales dans les zones importantes de biodiversité et les écosystèmes prioritaires est amliorée

OBJECTIFS INDICATEURS

Contribution aux

résultats du Programme

global de l’UICN

Contribution aux objectifs de Développement Durable (ODD)

Contribution aux objectifs

d’Aichi

• D’ici 2020, les connaissances et la compréhension des effets du changement climatique sur les écosystèmes naturels seront améliorés dans les pays d’Afrique du Nord.

• Les capacités de mener des évaluations de vulnérabilité et des stratégies d’adapta-tion seront renfor-cées dans les zones importantes pour la biodiversité.

• Documents sur les effets du change-ment climatique sur la biodiversité et les secteurs clé (ex. pêcheries, tourisme) distribués aux orga-nisations et acteurs concernés.

• Évaluations de vulnérabilité et planification de résilience dans les zones importantes de biodiversité.

• AMP impliquées dans la gestion d’espèces envahis-santes.

3.1 1.5, 2.4, 4.7, 6.6, 7.2, 11.b, 11.4, 11.5, 12.2, 13.1,13.2, 13.3, 13.a, 13.b, 14.2, 14.3, 15.a, 15.b, 15.1, 15.3, 15.4, 15.5, 15.8, 15.9.

1, 2, 9, 10, 11, 14, 15, 20.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN41

Résultat 3.2 : Les meilleures pratiques sur la gestion durable et la res-tauration des écosystèmes qui fournissent des services essentiels sont promus et disséminés

OBJECTIFS INDICATEURS

Contribution aux

résultats du Programme

global de l’UICN

Contribution aux objectifs de Développement Durable (ODD)

Contribution aux objectifs

d’Aichi

• D’ici 2020, les connaissances et l’évaluation des services écosystèmiques sont améliorées et des solutions fondées sur la nature qui contribuent à la conservation et la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes sont promus dans les pays d’Afrique du Nord.

• Secteurs clé tels que la pêche et le tourisme sont impliqués dans la gestion durable et des solutions fondées sur la nature.

• Évaluations des services d’écosystèmes et leur contribution pour soutenir les moyens de subsistance.

• Développement de meilleures pratiques de gestion durable et de solutions fondées sur la nature.

• Mesures pilotes de démonstration pour la restauration d’écosystèmes dégradés.

• Initiatives de pratiques de pêche durables dans les zones importantes de biodiversité.

• Les aires protégées sont impliquées dans la promotion de l’écotourisme.

3.1, 3.2, 3.3

2.4, 2.5, 3.9, 4.4, 4.5, 4.7, 5a, 6a, 6b, 6.3, 6.4, 6.5, 6.6, 7.2, 11.b, 11.3, 11.4, 11.5, 12.a, 12.b, 12.2, 12.6, 12.8, 14.1, 14.2, 14.4, 14.5, 14.6, 14.7, 14.a, 14.b, 14.c, 15.a, 15.1, 15.2, 15.3, 15.4, 15.5, 15.9, 16.7

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 18, 19

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 42

4.3. DESCRIPTION DU PROGRAMME : RÉSULTATS ET APPROCHES

DOMAINE DE PROGRAMME 1 : Valoriser et conserver la nature

Résultat 1.1 : Les connaissances relatives aux valeurs, à l’état et aux tendances de la biodiversité sont améliorées, partagées efficacement et communiquées pour informer les politiques et la prise de décision sur la conservation de la nature dans les pays d’Afrique du Nord

Justification

La valorisation et la conservation de la nature est au cœur du travail de l’UICN. Des connaissances crédibles et fiables sur la biodiversité sont nécessaires pour influencer les politiques et actions sur le terrain. Dans les pays d’Afrique du Nord, il existe un besoin particulier pour des données de référence, des évaluations des statuts et des rapports cohérents et consistants. L’évaluation du Programme précédent a souligné le besoin d’améliorer, de partager et de transférer les connaissances et les technologies relatives à la biodiversité. Il est nécessaire de se concentrer en particulier sur le besoin d’identifier les sites les plus importants pour la biodiversité sur la terre et en mer et sur la planifica-tion de la conservation pour les principales espèces et les écosystèmes.

Les connaissances relatives à la biodiversité méditerranéenne ont considéra-blement augmenté au cours des dernières décennies, mais elles comportent encore des grandes lacunes, particulièrement en ce qui concerne la répar-tition géographique des espèces et des habitats, la diversité génétique, le fonctionnement des écosystèmes et les aspects socio-économiques y affé-rant, surtout dans le cas des zones humides et de l’environnement marin dans certaines régions du Sud et de l’Est du bassin méditerranéen. Le rapport du PNUE en 2012 sur l’Etat de l’environnement marin et côtier en méditerranée a identifié des lacunes supplémentaires en termes d’état écologique et en-vironnemental des zones de haute mer, les impacts de l’activité humaine sur la biodiversité marine et côtière, et les données cartographiques disponibles (PNUE/PAM 2012a).

De plus, les connaissances actuelles relatives à l’état de la biodiversité et ses tendances est hétérogène et dans certains cas difficiles d’accès. Les informa-tions disponibles sont incomplètes. De ce fait, entreprendre des études sur la

Il est nécessaire de se concentrer en particulier sur le besoin d’identifier les sites les plus importants pour la biodiversité sur la terre et en mer et sur la planification de la conservation pour les principales espèces et les écosystèmes.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN43

biodiversité régionale exige de consulter différentes sources d’information de données statistiques. Ceci représente un défi important pour la région médi-terranéenne.

Le manque de partage d’informations et d’approches de diffusion au sein des institutions complique leurs tâches pour tirer les leçons des pratiques passées et de planifier, suivre, et évaluer leurs pratiques de façon efficace. Par consé-quent, il y a un besoin croissant pour les organisations de réfléchir et de pla-nifier de façon stratégique pour garantir une gestion et une utilisation efficace des ressources d’information et de connaissance.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 44

Approches (moyens)

• Identification et évaluation des zones clé pour la biodiversité et autres zones importantes pour la conservation de la biodiversité dans les environnements terrestres, d’eaux douces et marins. Les ZCB sont des lieux d’importance internationale pour la conservation de la biodiversité à travers des aires protégées et d’autres mécanismes de gouvernance. Elles sont identifiées au niveau national en employant des critères simples et standards, fondés sur leur importance pour le maintien des populations d’espèces. Les zones clé pour la biodiversité constituent le point de départ pour la planification de la conservation au niveau du paysage. Un certain nombre de ZCB ont jusqu’ici été identifiés en Afrique du Nord y compris 43 sites importants pour la biodiversité d’eau douce (88% d’entre eux sont situés en dehors des aires protégées). Le travail devrait se poursuivre dans ce Programme et devrait être renforcé pour identifier des hauts lieux

Ichkeul flora© Sejir CC BY 3.0

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN45

de biodiversité et zones importantes pour la conservation dans les pays d’Afrique du Nord. L’identification et l’évaluation de ces zones seront menées à travers un processus de consultation avec des scientifiques, des professionnels de la conservation, des experts des agences gouvernementales et des membres de l’UICN.

• Encourager et soutenir l’élaboration de Listes rouges nationales d’espèces et d’écosystèmes. Une composante essentielle pour évaluer et identifier le risque d’extinction des espèces est d’utiliser des Liste rouges d’évaluation nationales et régionales. Les listes rouges constituent un outil de base pour encourager et contribuer à la conservation ainsi qu’à la définition des priorités et des actions à suivre. Le Programme encouragera et soutiendra l’élaboration des Listes rouges nationales d’espèces et d’écosystèmes à travers la formation, le soutien et le développement d’une expertise pour évaluer et identifier le risque d’effondrement d’écosystèmes clés. L’UICN-Med dispose d’une expérience solide en matière de fourniture de soutien et d’assistance au développement de Listes rouges d’espèces. En parallèle avec le travail sur les Listes rouges d’espèces menacées dans les pays d’Afrique du Nord, L’UICN‐Med va promouvoir la contribution de scientifiques de la région à l’initiative globale de l’UICN sur l’élaboration d’un système de classification pour les écosystèmes menacés (Liste rouge des écosystèmes). A cette fin, ils soutiendront la participation de scientifiques à des ateliers et des groupes de travail convoqués sur ce sujet aux niveaux mondial et méditerranéen. De plus, l’UICN‐Med s’appuiera sur les résultats et les leçons tirées de la phase pilote développée au Maroc (2013‐2014) sur l’établissement d’une Liste rouge nationale d’écosystèmes pour affiner davantage les critères de classification et la méthodologie d’évaluation. L’UICN‐Med va aussi mener les consultations nécessaires avec les Etats-membres de l’UICN pour appliquer les critères et la méthodologie aux écosystèmes principaux en Afrique du Nord. Le travail sur la Liste rouge des écosystèmes sera mené en étroite collaboration avec la Commission de la survie des espèces de l’UICN (SSC) et avec la Commission sur la gestion des écosystèmes (CEM).

• Soutenir la diffusion des informations pertinentes sur l’état et les tendances de la biodiversité à travers les outils et medias appropriés. Le partage des connaissances et la communication doivent être renforcés pour mieux comprendre les principaux enjeux de la biodiversité et contribuer efficacement aux politiques, à la prise de décision et aux actions de conservation de la nature dans les pays d’Afrique du Nord. Ceci impliquera la préparation de rapports techniques et de documents d’orientation ainsi que l’utilisation d’outils de communication les plus appropriés pour cibler les principaux secteurs, y compris l’emploi des

Les listes rouges constituent un outil de base pour encourager et contribuer à la conservation ainsi qu’à la définition des priorités et des actions à suivre.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 46

médias sociaux pour atteindre les jeunes en particulier. Afin d’informer efficacement la société et le grand public, un réseau de journalistes qui s’intéressent à l’amélioration qualitative et quantitative des informations environnementales dans la région sera encouragé. Dans ce cadre, le renforcement des capacités pour améliorer la couverture des informations environnementales par les médias devrait être également programmé.

Résultat 1.2 : La représentativité et la gestion des zones de conservation dans les pays d’Afrique du Nord sont améliorés

Justification

Selon les accords internationaux y afférant, un certain nombre de gouverne-ments s’est engagé à créer un réseau représentatif de zones de conservation marines et terrestres. Conformément aux objectifs fixés dans le Plan straté-gique CDB (essentiellement l’Objectif 11), il est nécessaire d’améliorer la dési-gnation des aires protégées et d’autres zones d’importance particulières pour la biodiversité et les services écosystémiques, de même que de s’assurer de leur gestion efficace et leur connectivité.

Le besoin de formation, de renforcement des capacités et d’échange d’infor-mations pour conserver la biodiversité et gérer les écosystèmes a été souli-gné parmi les enjeux importants durant le Forum régional de l’UICN qui a eu lieu en Egypte en octobre 2015. La coopération et la formation ont été utiles pour renforcer la capacité des gestionnaires environnementaux et des acteurs concernés, ainsi que pour influencer et diriger l’élaboration et l’application de politiques judicieuses et efficaces. Le Programme Afrique du Nord poursuivra le travail entamé et renforcera les efforts en matière de formation et de renfor-cement des capacités dans différents domaines, y compris la conservation des espèces et la gestion des aires protégées.

Approches (moyens)

• Soutien et assistance auprès des pays d’Afrique du Nord pour développer un réseau représentatif et cohérent de zones de conservation, y compris les zones marines et côtières d’intérêt pour la conservation, l’amélioration de leur gestion et de la connectivité écologique. L’évaluation de la représentativité des réseaux nationaux d’aires protégées et d’autres zones de conservation servira de base pour identifier les lacunes principales et pour désigner de nouveaux sites. En tenant surtout compte de l’insuffisance de désignation pour l’environnement marin, le Programme aidera les pays d’Afrique du Nord à identifier et développer un réseau représentatif et cohérent de zones marines et côtières devant être gérées pour conserver la biodiversité, en tant que zones marines protégées et autres catégories appropriées. De plus, la conservation des écosystèmes des fonds marins de grande valeur en termes de biodiversité sera traitée et soutenue en se concentrant

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN47

particulièrement sur le Programme méditerranéen et la participation des partenaires Nord-africains dans des partenariats internationaux pour conserver ces écosystèmes. Nombre de ces hauts lieux de biodiversité se trouvent sur les plateaux continentaux, les pentes, les canyons et les monts sous-marins bien que l’intégralité de leur étendue géographique soit encore inconnue. La protection des écosystèmes des fonds marins à travers la désignation de zones de pêche réduite et les autres approches de gestion de la conservation sera soutenue.

• Promouvoir une gestion efficace des aires protégées à travers le renforcement de la capacité et le partage d’expérience sur la planification et la gestion de la conservation. L’efficacité de la gestion dans les aires protégées peut être évaluée en utilisant des critères et indicateurs convenus (ex. la Liste verte des aires protégées de l’UICN, et autres critères élaborés ad-hoc). Pour être efficaces, il faudrait que les aires protégées soient gérées et planifiées de sorte à atteindre leurs objectifs. En Afrique du Nord, il est évident qu’il est nécessaire de renforcer les capacités nationales dans la planification et la gestion des aires protégées à travers la formation et le partage d’expérience et des bonnes pratiques entre les gestionnaires de site. Les formations devraient souligner le rôle que les aires protégées pourraient jouer dans le soutien au développement socio-économique et devraient démontrer que la conservation des sites est un moteur de développement économique. Dans le cadre de ce Programme, des cours de formation seront organisés et destinés aux responsables supérieurs au sein des institutions gouvernementales en charge de la conservation de la nature et de la planification du territoire. De plus, le Programme tâchera de renforcer la coopération technique Nord-Sud et Sud-Sud entre les sites et les directeurs de sites pour effectuer un partage d’expérience et de bonnes pratiques dans le cadre de la gestion des aires protégées et d’autres zones de conservation, en particulier les réserves de Biosphère en Afrique du Nord et dans d’autres pays méditerranéens (voir aussi résultat 3.1).

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 48

Résultat 1.3 : La conservation des espèces et des écosystèmes principaux est renfor-cée grâce à une planification stratégique et une mise en œuvre de me-sures prioritaires

Justification

L’état de conservation des espèces et des écosystèmes continue de régres-ser. Ainsi, il faut agir pour prévenir l’extinction et améliorer la protection des es-pèces menacées et de leurs habitats. Il existe des pressions considérables qui s’exercent sur les principaux écosystèmes dans les pays d’Afrique du Nord, y compris les écosystèmes marins et côtiers, les eaux intérieures et les terres arides. Le besoin en formation, en renforcement des capacités et en échange d’informations sur la planification de la conservation des espèces a été souli-gné par les Membres de l’UICN Afrique du Nord. Des initiatives ont été enta-mées lors du précédent Programme et seront consolidés dans le Programme actuel.

De plus, le développement et l’utilisation d’outils appropriés pour faire face aux pressions majeures sur les principaux écosystèmes devraient être promus. Dans ce cadre, les écosystèmes côtiers et marins en Méditerranée continuent à subir de graves pressions. Relier la planification de la gestion de ces zones avec des approches visant à promouvoir une gestion et une utilisation des écosystèmes naturels durables est à promouvoir.

Approche (moyens)

• Renforcer la capacité pour le développement et la mise en œuvre de stratégies et de Programmes d’action pour la conservation des espèces principales en Afrique du Nord. Le Programme va soutenir les pays d’Afrique du Nord dans la mise en œuvre de stratégies de conservation pour les espèces principales, à travers une formation spécifique (ex. sur les Programmes de conservation, le suivi, l’amélioration de l’habitat), en facilitant l’échange d’information et en fournissant une assistance technique. Dans le Programme précédent, un soutien a été consacré au renforcement des capacités pour développer des Programmes d’action nationaux et régionaux pour les espèces menacées en Algérie, au Maroc et en Tunisie. En vertu de ce Programme, l’élaboration des stratégies de conservation seront étendues et se concentreront sur d’autres espèces essentielles et d’autres pays Nord-africains tels que la Libye et l’Egypte. Le Programme

Le besoin en formation, en renforcement des capacités et enéchange d’informations sur la planification de la conservation des espèces a été souligné par les Membres de l’UICN Afrique du Nord.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN49

encouragera et influencera aussi les politiques et les gestionnaires qui continueront à travailler sur la planification des actions tout en apportant assistance sous la forme de coordination et de révision des documents. Les stratégies de conservation d’espèces identifieront et traiteront aussi les nouveaux problèmes émergeants qui requièrent une action immédiate dans certains pays nord-africains, tels que l’impact de nouvelles lignes électriques sur les oiseaux ou autres nouvelles infrastructures ayant un impact négatif sur la nature. Améliorer les capacités pour la conservation des espèces en Afrique du Nord requiert aussi l’établissement de systèmes de suivi appropriés. Le Programme soutiendra des activités qui peuvent contribuer au développement de Programmes de suivi pour les principales espèces, tel que la mise en place d’experts et de groupes pour le suivi des rapaces, un réseau de suivi des espèces envahissantes, conservation de la flore, etc. Le renforcement de la capacité sera aussi fourni pour lutter contre certaines menaces particulièrement importantes comme la chasse illégale, la capture non durable, le commerce et le massacre des espèces. Des ateliers spécifiques seront organisés pour analyser la situation et concevoir une mesure appropriée pour faire face à ces menaces dans les pays d’Afrique du Nord. Une composante particulièrement importante de ces actions sera l’intégration du partage des connaissances et de l’expérience entre les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée et l’accès facile à l’information.

• Soutenir le développement et l’application d’outils de planification et de méthodologies pour faire face aux pressions principales et pour promouvoir la conservation et la gestion durable des écosystèmes. Le Programme soutiendra la gestion durable et la conservation de la biodiversité des zones marines et côtières à travers une planification de l’espace et des évaluations stratégiques de l’environnement. Le Programme soutiendra des activités visant à mieux comprendre les principales pressions subies par l’environnement côtier et marin. Le Programme supportera aussi le développement d’outils et de lignes directrices pour la planification de l’espace marin et une gestion intégrée de la zone côtière à travers la compilation et la centralisation des données disponibles et des information géo référencées dans des Géoportails et une infrastructure de Données

Le Programme soutiendra la gestion durable et la conservation de la biodiversité des zones marines et côtières à travers une planification de l’espace et des évaluations stratégiques de l’environnement.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 50

spatiales (tel que le géoportail Alboran, ou les IDDs Medina et PEGASO). Ces outils contribueront à mieux comprendre les pressions des activités côtières et marines sur la biodiversité (espèces, habitats) et sur les zones de conservation pour développer de meilleures politiques et stratégies le long de la côte méditerranéenne. Le Programme va promouvoir la coopération entre les scientifiques et les autres institutions concernées pour produire les informations nécessaires pour conserver et gérer les écosystèmes marins et côtiers dans les régions prioritaires. Des informations appropriées seront présentées et discutées avec les administrations régionales et locales pour faciliter la conception de stratégies pour les activités côtières et pour identifier une approche d’intégration qui tient compte des interactions et des effets cumulatifs de toutes les pressions et des composantes des écosystèmes. Des efforts similaires seront mis en œuvre pour faire face aux principales pressions subies par d’autres écosystèmes clés, tels que les eaux intérieures. Conformément à ce Programme, de meilleures pratiques et recommandations pour la gestion des ZCB d’eau douce seront encore développées. Ceci sera possible par l’évaluation de liens et de la connectivité entre les bassins versants d’une part, et la situation économique et de subsistance d’autre part. Cette information pourrait aider à mettre l’accent sur l’importance de la conservation et du développement au niveau des bassins versants. La gestion appropriée d’autres ZCB terrestres (ex. ZIPs sélectionnées) sera aussi promue dans le cadre de ce Programme.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN51

DOMAINE DE PROGRAMME 2 : Promouvoir et soutenir une gouvernance efficace et équitable des ressources naturelles

Résultat 2.1 : La gouvernance et les systèmes institutionnels pour une gestion efficace des zones de biodiversité importantes sont renforcés

Justification

La Gouvernance peut être définie comme un ensemble de règles, d’institutions et de processus à travers lesquels les décisions relatives à l’utilisation des ressources naturelles sont prises et mises en œuvre. La gouvernance de la conservation de la nature est complexe. Elle est aussi influencée par différents intérêts et priorités à l’échelle nationale, régionale et internationale. Les sys-tèmes actuels de gouvernance pour la conservation de la nature souffrent de lacunes et de défauts notables en Afrique du Nord. Les cadres légaux et insti-tutionnels déterminant les droits et responsabilités relatifs à la conservation de la nature et à la gestion des ressources naturelles doivent être développés et mis en œuvre efficacement en vue d’améliorer la gouvernance des ressources naturelles dans les zones présentent un intérêt important pour la conservation de la biodiversité.

Selon un scénario social, politique, dynamique et changeant en Afrique du Nord, des structures de gouvernance peu claires, faibles et rigides consti-tuent des facteurs essentiels qui causent la dégradation environnementale des écosystèmes méditerranéens aussi bien terrestres que marins. Une attention spéciale sera accordée à l’amélioration de la gouvernance des ressources naturelles dans les zones présentant un intérêt important pour la conser-vation de la biodiversité. L’approche écosystémique est un outil utile pour la conservation, la résolution de conflit, ainsi que pour établir des accords de gouvernance innovants. Cette approche reconnait l’importance des facteurs sociaux, culturels, économiques et institutionnels pour promouvoir la conser-vation et soutenir différents types de gouvernance. De plus, elle encourage une décentralisation de la gestion vers le niveau inférieur le plus approprié ain-si qu’une plus grande implication des acteurs concernés dans la conservation. Les lignes directrices existantes relatives à la gestion de zones importantes pour la biodiversité sont cependant limitées (ZCB, ASPIM, ZIEB, Réserves de Biosphère, ZRP, etc.) selon la perspective gouvernementale et selon comment associer les intérêts locaux, politiques et marchands appartenant à différents secteurs pour conserver efficacement ces sites.

On s’intéresse particulièrement aux besoins de renforcement des capaci-tés, d’échange d’expérience et des leçons tirées d’initiatives élaborées pour améliorer la gouvernance et l’efficacité de la gestion. Les zones importantes pour la biodiversité dépendent de l’environnement qui entoure ces zones, des Programmes et des décisions de gestion qui sont prises pour ceux-ci. Le renforcement des capacités de gestion et des compétences est nécessaire pour améliorer la gestion des sites, l’application de la règlementation, les Pro-

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 52

grammes de suivi et enfin, pour une meilleure coordination et coopération avec les acteurs concernés.

Pour une meilleure gouvernance, il faudrait aussi promouvoir une participa-tion plus intensive des collectivités territoriales élues, du secteur privée et des ONG à la gestion de la biodiversité et des aires protégées.

Approche (moyens)

• Promouvoir des modèles efficaces de gestion et de gouvernance dans les zones de biodiversité importantes. Ceci requiert une évaluation complète des cadres juridiques et institutionnels pour la conservation de la biodiversité et des aires protégées et un encouragement des études et recherches scientifiques dans les pays d’Afrique du Nord pour identifier des lacunes et des difficultés pour désigner, gérer et concevoir des mesures appropriées pour faire face aux obstacles principaux. Au cours des dernières années, une évaluation du système législatif et institutionnel pour les zones marines protégées et la GIZC a été menée dans différents pays méditerranéens. Des efforts supplémentaires sont encore nécessaires afin de renforcer la capacité institutionnelle pour la conservation du milieu marin ainsi que pour améliorer la coordination pour la mise en œuvre d’autres activités côtières et marines. Le cadre juridique actuel pour la protection de la mer et la gestion de la pêche dans les pays nord-africains sera encore analysé dans le but de présenter des améliorations et des changements de politiques pour désigner et mettre en œuvre de nouveaux sites importants et des outils de gestion plus efficaces pour les zones marines de conservation.

• Un renforcement des capacités et de l’assistance technique devrait aussi être effectué pour soutenir les zones de conservation et les aider à atteindre une gouvernance et une gestion efficace. La coopération et le partage d’expérience entre les gestionnaires de sites seront encouragés pour atteindre cet objectif. Par exemple, le Programme soutiendra l’établissement du réseau des gestionnaires des réserves de biosphère en Méditerranée (Med‐MaB), découlant de la mise en œuvre du plan d’action sur la gouvernance et la gestion des réserves de biosphère en Afrique du Nord (voir aussi résultat 2.2.).

• La gestion efficace des aires protégées requiert des plateformes durables où tous les acteurs concernés peuvent fournir des conseils et faire part de leur mise en œuvre sur le terrain. Les aires protégées en Afrique du Nord ont besoin de telles structures où les contributions scientifiques peuvent aussi être valorisées et intégrées aux Programmes de gestion de ces espaces. L’établissement et la direction de ces plateformes dans les aires protégées importantes en Afrique du Nord seront soutenus dans le cadre de ce Programme. Elles recevront des conseils techniques et des opportunités d’échange d’expériences similaires avec les pays du Nord de la Méditerranée.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN53

• Une gestion partagée (ou cogestion) des zones de conservation impliquant tous les acteurs concernés sera encouragée et promue dans ce Programme. L’UICN-Med va travailler pour le renforcement des capacités de communautés locales et d’acteurs concernés pour gérer et conserver les aires protégées et les ressources naturelles, en particulier dans les écosystèmes vulnérables (ex. écosystèmes côtiers, algues, sources et terres humides, zones de montagne avec des écosystèmes et espèces reliques). L’expérience précédente impliquant les secteurs principaux de gestion de la conservation, tel que les communautés de pêche locales au Maroc, sera développée et mise en œuvre dans d’autres régions. Le Programme soutiendra le développement de régimes de cogestion dans des aires protégées pilotes en collaboration avec les acteurs concernés nationaux et des utilisateurs potentiels des communautés locales, les OSC et le secteur privé.

• Le Programme va aussi explorer et promouvoir la gestion des zones de conservation via la gestion des terres en impliquant des ONG, OSC ou autres acteurs clés (ex. en Tunisie).

• De plus, des Zones Importantes pour les Plantes pourraient être sélectionnées et servir d’exemple pilote pour l’autonomisation de communautés locales pour réaliser une gestion et une conservation active de la diversité de leurs plantes.

• Dans de nombreuses zones rurales d’Afrique du Nord, les femmes jouent un rôle central pour la valorisation de la durabilité de l’agriculture et autres forme d’exploitation des ressources naturelles. Tandis que les considérations générales du rôle des sexes devraient rester un élément transversal du Programme de l’UICN en Afrique du Nord, l’implication des femmes dans la mise en œuvre d’activités communautaires devrait être particulièrement encouragée et soutenue. Les jeunes aussi devraient être impliqués dans ces mêmes activités

• L’encouragement des organisations de la société civile qui s’impliquent dans la conservation et la gestion des zones de conservation a été traité dans des projets précédents visant à améliorer la gestion et la gouvernance des aires protégées et des zones importante pour la biodiversité dans les pays d’Afrique du Nord. Les actions seront poursuivies et étendues dans le cadre de ce Programme pour consolider et développer, et appliquer davantage cette approche. A cet égard, le Programme PPI-OSCAN poursuivra son soutien aux petites initiatives mises en œuvre par les organisations de la société civile en Afrique du Nord. Ledit Programme renforcera ainsi le rôle et la capacité technique, administrative et financière des OSC dans ces pays à travers les projets de terrain qui seront soutenus.

• Le secteur privé souhaite aussi contribuer à la conservation de la biodiversité puisqu’il est de plus en plus impliqué dans les initiatives environnementales. La participation du secteur privé dans le domaine de la conservation de la nature sera encouragée par ce Programme, soutenant

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 54

le rôle joué par ce secteur pour développer, tester et promouvoir des solutions fondées sur la nature (ex. compagnies d’électricité prenant des mesures de protection des oiseaux, opérateurs touristiques qui s’engagent pour des meilleures pratiques de l’éco-tourisme, etc.).

Résultat 2.2 : La participation et l’engagement des partenaires nord-africains dans les initiatives et processus régionaux et internationaux pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles sont renforcés

Justification

A l’échelle internationale, les principaux accords, les instances clés de gouver-nance et les outils institutionnels ont été créés pour aider la conservation de la biodiversité et le développement durable dans la Méditerranée. Il est nécessaire de faciliter leur mise en œuvre dans les pays d’Afrique du Nord. Parmi eux figure la Convention de Barcelone et ses protocoles, en particulier le protocole Biodi-versité-ASP, le protocole GIZC et l’Approche écosystémique, le Plan stratégique pour la biodiversité de CDB et le Protocole ABS de Nagoya, l’ACCOBAMS sur la conservation des cétacés dans la Mer Noire, la mer Méditerranée et la zone Atlantique contiguë, la Convention de Ramsar sur la conservation des zones hu-mides d’importance internationale et la Convention de Bonn sur la conservation des espèces migratrices.

D’autres instances internationales développent des outils spécifiques pour contribuer au développement durable de la Méditerranée, telles que : la CGPM qui développe des activités régionales pour réguler et promouvoir le dévelop-pement durable des pêcheries et de l’aquaculture, l’Organisation de la Ligue arabe pour l’éducation, la culture et la science (ALECSO) sur l’harmonisation des intérêts éducatifs et culturels arabes, le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO sur la gestion et le renforcement des sites du patrimoine mondial, et l’Union pour la Méditerranée (UpM) pour la protection de l’environnement marin.

Les pays nord-africains pourraient avoir besoin d’aide pour renforcer leurs ca-pacités et mettre en œuvre des politiques régionales et internationales ain-si que pour les adapter au niveau national. Leur participation aux réunions et aux processus internationaux devrait être renforcée de même que la mise en œuvre de leurs engagements dans le cadre des accords internationaux. La coopération et le réseautage avec des initiatives régionales sont indispen-sables pour encourager les synergies qui renforcent la bonne gouvernance pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN55

Approche (moyens)

La mise en œuvre des conventions internationales et des accords relatifs à la biodiversité ainsi que d’autres stratégies et initiatives régionales dans les Pays d’Afrique du Nord sera soutenue dans le cadre de ce Programme.

• La mise en œuvre d’accords internationaux sera mise en valeur par l’apport d’un soutien à la participation des Pays d’Afrique du Nord (administration et experts) dans les débats internationaux et régionaux relatifs à la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles. Ceci peut impliquer l’apport d’une assistance technique pour la préparation et la diffusion des documents d’orientations ou techniques qui soutiennent le processus de prise de décision au niveau régional et national. Un soutien peut aussi être fourni pour l’évaluation, la recommandation pour la révision et la mise en œuvre de législation nationale, relative aux aires protégées, aux espèces prioritaires et à la conservation de la nature en général. Une attention particulière sera accordée à la participation aux événements régionaux et internationaux relatifs à la gouvernance, la planification et la gestion des zones de conservation et de ressources marines ainsi qu’à la mise en œuvre de décisions prises au niveau international et régional dans les Pays d’Afrique du Nord.

• Un soutien sera également apporté dans le cadre de ce Programme à la participation et la coopération des pays d’Afrique du Nord dans des initiatives et des Programmes régionaux thématiques, tels que le protocole GIZC de la Convention de Barcelone, le Partenariat de collaboration sur les forêts méditerranéennes et l’Initiative pour les zones humides méditerranéennes (MedWet).

• La coopération avec la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM-FAO) sera aussi soutenue dans ce Programme, l’objectif étant d’améliorer la conservation marine. Les champs d’activités suivants ont en particulier été identifiés dans le Mémorandum d’entente signé par l’UICN-Med et la CGPM-FAO : préparation de cadres et de lignes directrices pour les pêches artisanales, les aires marines protégées pour la pêche et l’aquaculture, l’amélioration de la gouvernance de la mer Méditerranée, en employant différents options de gestion développée par différents instruments internationaux (tel que les Zones de pêche à accès règlementé, les réserves de pêche, les aires marines protégées à des fins de pêche, etc.), l’évaluation de l’état des écosystèmes marins, le développement et le renforcement des partenariats pour mieux relier la conservation marine et les questions relatives à la pêche.

• La coopération avec l’Union pour le Maghreb Arabe (UMA) sera renforcée dans le cadre du Programme actuel pour traiter les zones d’intervention prioritaires identifiées, c’est à dire la protection et la gestion durable des oasis, la préservation de la biodiversité marine et la protection de la biodiversité dans les zones de montagne.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 56

• La coopération avec l’Union pour la Méditerranée (UpM) se concentrera principalement sur la protection de l’environnement marin et sur l’amélioration de l’approche genre. Elle s’attachera à encourager la participation des femmes sur des questions environnementales appropriées y compris l’économie verte (l’UpM développe un Programme spécifique sur les femmes et le développement).

• L’identification de nouveaux réseaux régionaux thématiques potentiels à créer en Afrique du Nord sera explorée afin de contribuer à améliorer la gouvernance, tel que la mise en valeur de l’approche genre et de la participation de la société civile.

• Le programme devrait aussi contribuer à l’accompagnement des pays de l’Afrique du Nord pour la ratification du protocole de Nagoya, la mise en œuvre de la législation et la création de filières en relation avec les ressources biologiques en appliquant le principe du partage juste et équitable.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN57

DOMAINE DE PROGRAMME 3 : Déploiement de solutions fondées sur la nature pour traiter les défis de société

Résultat 3.1 :La capacité pour faire face au changement climatique et aux autres me-naces mondiales dans des domaines importants de la biodiversité et les écosystèmes prioritaires est améliorée

Justification

La conservation des écosystèmes naturels fait actuellement face à des défis découlant des effets du changement climatique combinés à d’autres pres-sions induites par l’homme (changement climatique). La définition de régimes de gestion appropriés qui maintiennent les multiples fonctions de ces écosys-tèmes – à une époque de forte modification des facteurs climatiques, écono-miques et sociétaux –constitue un défi important. Les décisions en matière de gestion doivent s’appuyer sur une compréhension solide des dynamiques futures de ces systèmes. Des informations rigoureuses sur les impacts et les conséquences du processus du changement climatique sont nécessaires pour traiter la gestion de la conservation dans des zones sensibles.

En Méditerranée, les tendances démographiques et les scénarios de chan-gement climatique peuvent être identifiés en tant que facteurs prédominants qui continueront à exercer une forte influence sur l’état de la biodiversité dans la région. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, 2013) souligne la Méditerranée comme l’une des régions les plus vulnérables du monde aux impacts du changement clima-tique. Dans l’environnement marin, les impacts de la pêche, de la pollution, du

Gazella cuvieri© Tim Wacher

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 58

changement climatique, de l’eutrophisation, et de l’établissement d’espèces exotiques constituent les menaces les plus importantes.

Seul un nombre très réduit d’études sur les conséquences probables du changement climatique sur la répartition des espèces, les caractéristiques des habitats et la structure des écosystèmes en Méditerranée a été mené. Néanmoins, les informations disponibles indiquent qu’une grave altération des formes biologiques et écologiques aussi bien dans les biomes marins que terrestres a déjà lieu et génère des impacts négatifs. Mieux comprendre les impacts du changement climatique exige une évaluation de la vulnérabilité au changement climatique et les implications futures pour les efforts de conser-vation. Il est aussi impératif de promouvoir le partage d’expérience et le « sa-voir-faire » relatif au suivi des effets du changement climatique dans les aires protégées sensibles au sein des pays méditerranéens.

L’UICN est largement impliquée dans le soutien à l’adaptation au changement climatique, et se concentre en particulier sur l’Adaptation fondée sur les éco-systèmes (AfE), ce qui est en parfaite harmonie avec les engagements de l’UICN pour des Solutions fondées sur la nature dans le cadre de la vision et sa mission d’ensemble. L’Adaptation fondée sur les écosystèmes traite es-sentiellement les liens cruciaux entre le changement climatique, la biodiver-sité, les services écosystémiques et la gestion durable des ressources. A cet égard, le concept de l’utilisation des écosystèmes comme base pour s’adapter aux impacts des changements du climat a gagné de la vitesse au cours des dernières années et constitue désormais une technologie importante dans la ‘boîte à outils’ de l’adaptation.

Approche (moyens)

• L’UICN-Med en collaboration avec ses partenaires va soutenir l’élaboration et la diffusion d’information relatives aux conséquences du changement climatique dans la région méditerranéenne, y compris sur la biodiversité et les principaux écosystèmes mais aussi sur les secteurs concernés (tourisme, pêche, etc.). Des indicateurs communs devraient être développés. Un document pour les décisionnaires sera préparé et largement distribué notamment aux organisations gouvernementales nord-africaines, aux administrations, aux ONG, au secteur privé ainsi qu’aux autres acteurs concernés.

• Pour mieux comprendre les effets du changement climatique sur la biodiversité et les écosystèmes naturels, il faudra renforcer les capacités pour effectuer des évaluations de vulnérabilité aux effets du changement climatique et pour concevoir des mesures pour améliorer la résilience et assurer la justice climatique. En vertu de ce Programme, une attention particulière sera accordée au renforcement de la capacité pour planifier la résilience et s’adapter au changement mondial dans les aires protégées et dans les zones importantes pour la conservation de la biodiversité, tout en mettant l’accent sur l’Adaptation basée sur les écosystèmes. Des séances de formation sur les approches de suivi et les mesures

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN59

d’adaptation ainsi que sur l’amélioration de la capacité pour mener des évaluations de la vulnérabilité afin d’évaluer et caractériser les impacts du changement climatique sur les zones marines et côtières seront menées dans le cadre du Programme Méditerranéen. La participation des experts et des gestionnaires nord-africains sera également soutenue en vertu de ce Programme.

• La collaboration avec les partenaires concernés sera aussi appuyée (ex. Secrétariat du MedPAN, CAR/ASP et autres partenaires régionaux et locaux) pour renforcer leur capacité à faire face aux menaces du changement climatique sur les écosystèmes des AMP côtiers. Ceci signifie qu’il faut évaluer les impacts probables du changement climatique sur différentes ZIP et espèces et mesurer les actions potentielles nécessaires pour assurer l’adaptabilité et la résilience de la biodiversité. De plus, le Programme aura pour objectif de favoriser les réseaux en améliorant le dialogue et la coordination entre les gestionnaires d’AMP avec les scientifiques spécialistes du changement climatique et de l’environnement marin.

• Le Programme va aussi explorer des moyens pour que les pays concernés et les institutions nationales coopèrent pour traiter les connaissances sur le changement climatique, le suivi, l’atténuation et l’adaptation en plus de promouvoir le partage d’expérience et le « savoir-faire » relatif au suivi des effets du changement climatique dans les aires protégées.

• Concernant la propagation d’espèces envahissantes, le Programme soutiendra la préparation de projets sur la détection précoce et le suivi des espèces non-indigènes, et l’évaluation des impacts et les stratégies de gestion dans les pays concernés. De plus, un soutien sera apporté pour aider les directeurs de zones marines protégées pour mener le suivi de la propagation des espèces envahissantes en mer Méditerranée (à travers l’initiative MedMIS).

Programme aura pour objectif de favoriser les réseaux en améliorant le dialogue et la coordination entre les gestionnaires d’AMP avec les scientifiques spécialistes du changement climatique et de l’environnement marin.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 60

Résultat 3.2 :De meilleures pratiques de gestion durable et de restauration des écosys-tèmes qui fournissent des services essentiels sont promues et diffusées

Justification

Les écosystèmes naturels présentent des avantages pour la population sous différentes formes : de la régulation des climats locaux à l’apport en eau po-table. Les bénéficies fournis par les écosystèmes naturels sont appelés ‘ser-vices écosystémiques’. Tandis que ces services fournissent une base de subsistance à de nombreuses sociétés et jouent un rôle important en assurant la sécurité alimentaire, l’alimentation en eau et en énergie, ils constituent aussi des outils essentiels pour l’adaptation au changement climatique.

L’étude qui porte sur l’Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire et L’éco-nomie des écosystèmes et de la biodiversité (EEB) révèle clairement les va-leurs significatives de la biodiversité et des services écosystémiques sur les économies nationales et mondiales. Par exemple, il a été prouvé que les éco-systèmes fonctionnels et résilients réduisent les impacts des événements cli-matiques extrêmes sur les communautés les plus vulnérables. Cependant, les services écosystémiques restent encore sous-évalués et sous-estimés.

Des écosystèmes sains, variés et bien gérés posent les fondations de solu-tions pratiques et fondées sur la nature aux problèmes mondiaux. Des solu-tions fondées sur la nature peuvent contribuer au ralentissement de la perte et de la dégradation des écosystèmes naturels et soutien leur restauration ainsi que l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.

Certaines formes d’utilisation des ressources naturelles ont entraîné une surex-ploitation. La durabilité peut être assurée à travers l’amélioration des approches de gestion des ressources et à travers l’utilisation de techniques d’exploitation appropriées. Elle peut également être possible grâce à un meilleur emploi des pratiques traditionnelles qui se sont révélées durables et adaptées au contexte naturel de l’Afrique du Nord.

Approche (moyens)

• Le Programme va soutenir l’évaluation et la communication des services écosystémiques principaux ainsi que leurs avantages et leur contribution aux besoins naturels des populations locales, surtout dans les communautés rurales et côtières.

• Dans l’ensemble de la région Méditerranéenne, l’UICN-Med et ses partenaires vont collecter et diffuser les meilleures pratiques des différentes pratiques de gestion traditionnelles (ou inspirées par) de grande valeur pour le développement humain et la conservation de la biodiversité. Ceci inclura les meilleures pratiques en matière de conservation et des solutions fondées sur la nature, y compris des expériences du secteur privé. En vertu de cet objectif, un inventaire des systèmes et des

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN61

pratiques d’agriculture traditionnelle, de pêche et d’hydrographie pourrait être entrepris et rendu disponible. La diffusion d’informations appropriées soulignant les liens entre la biodiversité et la gestion traditionnelle peut être employée comme outil de communication et de soutien aux politiques pour les pratiques non durables d’utilisation du territoire et culturelles qui aident à faire face aux défis actuels.

• De plus, l’utilisation des systèmes et des pratiques traditionnelles présentant un intérêt particulier pour la préservation de la biodiversité et des services écosystémiques sera promue à travers des actions démonstratives dans des zones pilotes. Des projets à caractère novateur et démonstratif peuvent être développés pour lutter contre les menaces importantes sur la biodiversité, comme par exemple la perte des variétés indigènes locales, les pratiques traditionnelles de gestion d’eau et le pastoralisme durable (en particulier dans les aires protégées). Concernant les actions conçues pour faire face au changement climatique, l’utilisation des connaissances traditionnelles locales par exemple, les résultats des recherches scientifiques pour la restauration d’écosystèmes fonctionnels et la préservation des services écosystémiques seront aussi promus à travers la mise en œuvre d’actions pilote et d’évaluations des pratiques traditionnelles y afférentes.

• Des actions pilotes pour la restauration des écosystèmes dégradés de valeur particulière dans les pays d’Afrique du Nord seront aussi encouragées dans le cadre du Programme actuel. Il se concentrera initialement sur les écosystèmes côtiers du fait du processus de dégradation rapide qui se produit actuellement, essentiellement de la transformation des zones semi-naturelles en espaces de récréation. Les expériences passées en matière de restauration et de gestion des dunes côtières ont révélé l’importance de l’implication de la population locale et des acteurs concernés dans le cadre de la planification et des processus de restauration. Un soutien sera apporté aux communautés locales qui entreprennent une gestion et une restauration des ressources naturelles fondée sur les valeurs culturelles, les perceptions locales et les pratiques de gestion traditionnelles. Ces actions exigeront aussi un renforcement des capacités pour les communautés locales et les acteurs locaux concernés sur la gestion et la restauration des écosystèmes vulnérables. La formation et l’échange d’expérience sur la restauration de l’habitat, y compris par exemple la restauration des habitats côtiers, des zones humides, des terres de parcours, des oasis et des paysages forestiers pourrait être soutenue dans le cadre de ce Programme.

• Le Programme promouvra aussi l’engagement avec les principaux secteurs concernés par l’utilisation du territoire et des ressources naturelles dans le but d’identifier et de collaborer à la gestion durable et à des solutions fondées sur la nature. Une attention particulière sera accordée aux secteurs de la pêche et du tourisme et de leur interaction dans les zones de biodiversité importantes. L’UICN-Med et ses partenaires ont encouragé et développé des meilleures pratiques pour la gestion des

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 62

pêches et de l’écotourisme dans les aires protégées d’Afrique du Nord. Les efforts seront poursuivis et développés davantage dans ce Programme. Concernant les pêches, différentes initiatives ont été promues afin d’adapter les pratiques et l’intensité de la pêche aux besoins de conservation des zones importantes pour la biodiversité. Certaines d’entre elles ont été décrites dans le cadre d’autres domaines du Programme et de résultats. Concernant l’éco-tourisme, un travail entamé dans le Programme précédent (en Tunisie et au Maroc) sera poursuivi et de meilleures pratiques seront encore encouragées dans les aires protégées des pays nord-africains. Un réseau d’aires protégées méditerranéennes promouvant l’éco-tourisme a été établi dans le cadre du projet MEET qui sera étendu et renforcé. Il sera pour cela nécessaire de travailler avec des opérateurs touristiques et les fournisseurs locaux de services de tourisme pour améliorer la durabilité de l’environnement, pour promouvoir la consommation des produits locaux dans les lieux de destination touristiques, et enfin pour créer des produits touristiques durables.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN63

5. MODALITÉS DE MISE EN OEUVRE DU PROGRAMME

TRAVAILLER ENSEMBLE

La mission principale de l’UICN est d’influencer, d’encourager et d’assister les sociétés dans le monde entier à conserver l’intégrité et la diversité de la nature et à s’assurer que toute utilisation des ressources naturelles est équitable et écologiquement durable.

« L’Approche Programme unique » déclare que les différentes parties de l’UICN impliquées dans la mise en œuvre du Programme Afrique du Nord – membres de l’UICN (gouvernement et ONG), Comités nationaux, Commissions d’experts, et le Secrétariat représenté par l’UICN-Med – travaillent ensemble pour développer, mettre en œuvre et faire progresser le Programme.

« L’Approche Programme unique » rassemble les forces collectives de l’Union pour traiter les défis environnementaux pressants dans la région.

Les Principes du « Programme unique » dirigent toutes les parties engagées à travailler ensemble dans la mise en œuvre du Programme :

• pour réaliser le Programme au niveau le plus approprié, en utilisant les parties les mieux placées de l’Union pour livrer les résultats nationaux, régionaux et globaux;

• pour collaborer et ne pas faire de concurrence pour les rôles et les ressources;

• Pour allouer des ressources à la partie de l’Union responsable de la réalisation;

• Pour communiquer ouvertement et avec transparence et pour se tenir mutuellement informés des Programmes et des activités.

Dans le cadre de cette approche, l’UICN‐Med continuera à travailler en étroite collaboration avec les principales instances de gouvernance en Méditerranée et en Afrique du Nord, ainsi qu’avec les principaux acteurs concernés agissant dans la région. Ceci permettra d’influencer le Programme régional de conser-vation de la nature et de soutenir les processus institutionnels entrainant une conservation et une gestion efficace de la biodiversité, du patrimoine naturel et des ressources dans la région.

Les membres de l’UICN et les partenaires principaux sont engagés dans la mise en œuvre du Programme et contribuent de leurs propres efforts et res-sources à la réalisation des résultats escomptés. Certaines activités et tâches entreprises par les membres nationaux sont clairement intégrées dans les ob-jectifs du Programme et peuvent être considérés comme partie intégrante de sa mise en œuvre. Les comités nationaux et les Membres nationaux jouent un rôle important dans la traduction du Programme dans des programmes d’ac-tion nationale cohérents.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 64

Une attention particulière sera donc accordée à l’augmentation des ad-hésions et partenariats à l’UICN et à créer des comités nationaux où ils n’existent pas encore, ainsi qu’à renforcer l’implication des partenaires locaux les plus appropriés pour la mise en œuvre du Programme. Une campagne pour renforcer l’adhésion à l’UICN sera entreprise dans les pays concernés par ce programme.

Les partenariats pour la mise en œuvre du Programme seront renforcés et diversifiés. La participation et la coopération dans le programme des repré-sentants d’institutions nationales issus de différents secteurs économiques, du secteur privé, des ONG, des collectivités territoriales et des acteurs locaux concernés (y compris les autorités locales et les communautés) seront ren-forcées. Il est aussi prévu d’améliorer la consultation et l’implication des par-tenaires dans la préparation de projets, renforcer leur capacité en matière de préparation et de gestion de projets et s’assurer de relations harmonieuses et du réseautage entre les partenaires.

S’assurer de la participation des femmes et que l’approche genre dans le cadre de la conservation de la biodiversité et de l’utilisation durable des res-sources naturelles sera renforcée. Les femmes peuvent fournir un soutien no-table et un savoir-faire pour la mise en œuvre d’actions à tous les niveaux, du niveau national au niveau local. Il sera aussi important de renforcer l’implica-tion des jeunes générations dans la mise en œuvre d’actions dans le cadre du Programme.

Le programme est ambitieux et il serait utile de préparer avec chaque Etat Membre une feuille de route pour la mise en œuvre par étape du programme en définissant avec plus de détail les approches à suivre, les modalités d’interven-tion et les moyens à utiliser pour atteindre les objectifs programmés.

Des appuis spécifiques pour développer des programmes d’action nationaux seraient utiles. Ils devraient être organisés dans les pays avec la participation du secrétariat, des membres et des experts des commissions.

MISE EN ŒUVRE ET MOBILISATION DES RESSOURCES EFFICACES

L’accent est mis sur l’augmentation de la coopération entre les Membres, les Comités nationaux, les Commissions d’experts, les principaux par-tenaires et l’UICN-Med afin de renforcer la mise en œuvre du Programme et accroître son impact.

Pour améliorer la coordination et la coopération entre les membres et les par-tenaires pour la mise en place du Programme et de ses activités, des réunions plus régulières sont nécessaires pour s’assurer que les différents points de vue et les besoins sont pris en compte pour partager les expériences, le sa-voir-faire, les réussites, etc. Les meilleures technologies disponibles peuvent être utilisées à ces fins.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN65

Des sous-programmes ou projets seront coordonnés et suivis par des groupes de pilotage constitués d’experts nationaux issus de pays impliqués dans leur mise en œuvre, ce qui va stimuler une mise en œuvre plus dynamique des actions pilotes.

Le soutien et le renforcement des capacités auprès des partenaires impli-qués dans la mise en œuvre des projets et des initiatives est crucial. Ceci exige une formation et un soutien pour créer des réseaux impliquant des or-ganisations publiques et privées et pour promouvoir la coopération entre les différents acteurs et les parties concernées.

Il est aussi essentiel de fournir l’expertise nécessaire à la mise en œuvre de projets. Ceci peut être réalisé en utilisant de façon efficace toutes les connais-sances et l’expérience disponible dans les pays et à l’étranger. Les experts et les organisations nationales peuvent faire part de leurs connaissances et leurs expériences, tandis que les experts internationaux et d’autres réseaux d’experts d’organisations internationales peuvent être intégrés dans la mise en œuvre de projets. Les Commissions de l’UICN (relatives aux espèces, aux écosystèmes, etc.) fournissent un excellent soutien technique sur les concepts, les approches et les méthodologies pour la mise en œuvre des activités du Programme.

Des efforts seront également engagés pour poursuivre la construction du ré-seau d’experts et d’expertise en Afrique du Nord à travers un soutien à l’ad-hésion aux Commissions de l’UICN. Dans le cadre de chaque Commission, un réseau thématique d’experts d’Afrique du Nord et des pays méditerranéens pourrait être établi.

La coordination et la collaboration avec d’autres bureaux régionaux en particulier ROWA, le bureau SEE, PACO, ainsi qu’avec d’autres membres et Commissions de l’UICN seront également renforcés pour atteindre des objec-tifs communs.

Il est conseillé également de prendre les mesures nécessaires pour transfor-mer les accords signés avec les institutions régionales (UpM, UMA, CEDARE, la FAO et l’ALECSO) en des plans d’action qui identifient les opportunités et qui contribuent à la mise en œuvre conjointe des actions appropriées dans le cadre de ce Programme.

Par ailleurs, la mobilisation des ressources pour l’établissement du Pro-gramme devrait être renforcée. Cela implique l’accès à de nouvelles sources de financement et de bailleurs de fonds, ainsi que la promotion de synergies et de coopération avec d’autres programmes et initiatives qui partagent des objectifs similaires aux objectifs recherchés dans le cadre de ce Programme.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 66

SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME

Le suivi du Programme Afrique du Nord 2017-2020 se fera à travers un certain nombre de résultats et d’indicateurs d’impact bien définis, ce qui permettra d’évaluer les progrès au cours de la mise en œuvre du Programme et d’évaluer les résultats obtenus. Ces indicateurs sont dans la mesure du possible alignés avec les indicateurs utilisés pour mesurer les progrès contre les ODDs9 et les Objectifs de Biodiversité d’Aichi.

Le suivi et l’évaluation du Programme comprennent une Evaluation à mi-par-cours qui sera menée d’ici la fin de la deuxième année de la mise en œuvre du Programme (2018) et une évaluation finale. Ces évaluations seront réalisées par des experts indépendants et en collaboration avec tous les membres de l’UICN et les partenaires principaux de la région et leurs résultats seront large-ment diffusés et communiqués à toutes les parties prenantes.

L’évaluation à mi-parcours est essentielle pour évaluer les forces et les fai-blesses principales lors de la mise en œuvre du Programme et pour permettre d’identifier les lacunes, les insuffisances et les expériences réussies, amélio-rant ainsi la prise de décision pour la poursuite du Programme.

Le suivi et l’évaluation du Programme fournissent des informations pertinentes pour la communication des principaux résultats à tous les partenaires, aux autres parties intéressées et au grand public, ce qui améliore la visibilité et les résultats du Programme.

Les objectifs du Programme et ses résultats doivent être correctement com-muniqués afin de sensibiliser au sujet de la biodiversité tant au niveau poli-tique qu’au niveau de prise de décision dans tous les domaines politiques, les secteurs de développement et au sein de la population. Des outils et un lan-gage efficace et approprié sont nécessaires à cet effet. Le compte-rendu et la communication dans le cadre du Programme souligneront les liens entre la biodiversité et le développement, y compris les questions socio-économiques concernant la vie de la population, telles que la création d’emplois, l’économie, l’alimentation et le changement climatique.

(9) A l’époque de la rédaction du Programme, les indicateurs ODD n’ont pas encore été finalisés et il n’est donc pas encore possible de les présenter sous leur forme finale. Cepen-dant, d’ici au Congrès mondial pour la conservation de l’UICN, l’UICN sera à même d’utili-ser les indicateurs d’ODD pour faire un suivi des contributions de l’UICN aux objectifs ODD.

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN67

6. RESSOURCES HUMAINES NECESSAIRES POUR LA MISE EN OEUVRE DU PROGRAMME

Une mise en œuvre adéquate et efficace de ce Programme requiert la partici-pation des membres de l’UICN en Afrique du Nord et la coordination du Centre de l’UICN-Med. La gestion au quotidien et la mise en œuvre des activités du Programme seront effectuées par une équipe composée du coordonnateur du Programme et de quatre responsables de Programme au Centre de l’UI-CN-Med.

Le coordinateur du Programme sera responsable de la mise en œuvre globale du Programme, y compris : (i) des contacts avec les membres, (ii) des contacts avec les autorités nationales compétentes, (iii) Secrétariat du Comité de pilo-tage, (iv) de la coordination et du soutien des responsables des Programmes thématiques, (v) de l’élaboration de rapports techniques et financiers.

Les Responsables du Programme s’occuperont des activités dans les do-maines thématiques suivants :

• Écosystèmes terrestres et d’eau douce• Espèces terrestres et d’eau douce• Écosystèmes et espèces marines• Information et communication

Les membres de l’UICN et les partenaires impliqués dans le Programme Afrique du Nord contribuent, en appui avec leurs ressources humaines et leurs installations, à l’exécution du Programme dans le cadre de leurs compétences et leurs responsabilités.

Les membres des commissions de l’UICN apportent un soutien scientifique et technique précieux sur les questions qui concernent la mise en œuvre du Programme. L’UICN peut également faire appel à la collaboration d’experts internationaux qui apportent une assistance technique à la mise en œuvre de certaines actions particulières en fonction des besoins.

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 68

ACRONYMES

ACCOBAMS : Agreement on the Conservation of Cetaceans in the Black Sea Mediterranean Sea and Contiguous Atlantic Area = (ACCOBAMS)

AfE : Adaptation fondée sur les écosystèmes

ASPIM : Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne

CSO : Civil Society Organisation = Organisation de la société civile (OSC)

ZIEB : Zones d’Importance Écologique ou Biologique

ZRP : Zone de Restriction de Pêche

GFCM : General Fisheries Commission for the Mediterranean = Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM)

GIS : Geographic Information System = Système d’information géographique (SIG)

GIZ : Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (Coopération internatio-nale allemande) HCEFLCD : Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification

IAS : Invasive Alien Species = Espèces exotiques envahissantes (EEE)

ICZM : Integrated Coastal Zone Management = Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC)

IPA : Important Plant Area = Zones Importantes pour les Plantes (ZIP)

UICN : International Union for the conservation of nature = Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

ZCB : Key Biodiversity Areas = Zones clés pour la biodiversité (ZCB)

MaB : Man and Biosphere – UNESCO Programme = Homme et biosphère (MaB) – Programme de l’UNESCO

PA : Protected Areas = Aires protégées

PPI-OSCAN : Programme de Petites Initiatives pour les Organisations de la Société Civile d’Afrique du Nord = Small-Scale initiatives Programme for Civil Society Organisations

RAC/SPA : Regional Activity Centre for Specially Protected Areas, established by the Contracting Parties to the Barcelona Convention = Centre d’activité ré-gional pour les aires spécialement protégées (CAR/ASP), établi par les parties signataires de la Convention de Barcelone

PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 · UICN69

SDI : Spatial Data Infrastructure = Infrastructure de données spatiales (IDS)

UNCCD : United Nations Convention to Combat Desertification = Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD)

UNESCO : United Nation Educational, Scientific and Cultural Organisation = Organisation unie de l’éducation, scientifique et culturelle (UNESCO)

UNFCC : United Nations Framework Convention on Climate = Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCC)

UfM: Union for the Mediterranean = Union pour la Méditérranée (UpM)

WWF: World Wide Fund for Nature = Fonds mondial pour la nature (WWF)

UICN · PROGRAMME AFRIQUE DU NORD DE L’UICN 2017-2020 70

www.iucn.org/mediterranean

01 © Tunisia Ecotourism02 © Miguel CC BY 3.003 © Mikhail Yablokov04 © Sejir CC BY 3.005 © UICN/Irene Morell

01

0204

05

03

Prog

ram

me

Afriq

ue d

u N

ord

de l’

UIC

N 2

017-

2020

UNION INTERNATIONALE POUR LA CONVERVATION DE LA NATURE

Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICNMarie Curie 22 PTA Campanillas. 29590 Málaga. EspagneTél : +34 95 202 8430 · Fax : +34 95 202 8145www.iucn.org/publicationswww.iucn.org/mediterranean

Le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN est soutenu par :