prog 12 pages colloque 12.05.07 - louvre.fr · prémisses du xxe siècle, des questions théoriques...

12
Informations 01 40 20 55 55 www.louvre.fr Réservation 01 40 20 55 00 Programmation Marcella Lista assistée de Sophie Beckouche 2006 07 Colloque Samedi 12 mai 2007 Relire Aloïs Riegl L’œuvre d’Aloïs Riegl (1858-1905), historien de l’art viennois de la génération de Heinrich Wölfflin, Aby Warburg ou Emile Mâle, n’a pas connu une diffusion comparable et reste aujourd’hui encore peu traduite. Ses recherches multiples ont pourtant soulevé, aux prémisses du XX e siècle, des questions théoriques et méthodologiques d’une évidente actualité. Réfractaire aux croyances positivistes de la « science de l’art » de son temps, Riegl compte parmi les premiers élaborateurs d’une pensée formaliste, qui centre le regard sur les qualités spatiales et plastiques des œuvres. Refusant l’idée de jugement dans l’étude de l’art, la démarche de Riegl invite à considérer à part égale toutes les périodes historiques et entreprend une intégration des domaines alors dits « primitifs » à une histoire qui se veut universelle : la sculpture de l’Orient antique, dont il examine les parentés formelles avec celle de l’Antiquité grecque, l’art des textiles orientaux, dont il fait rapidement le fleuron de la collection du Musée autrichien d’art et d’industrie (Vienne), où il est conservateur entre 1886 et 1897. L’histoire qu’il élabore voit dans les formes en tant que telles les fondements d’une histoire culturelle : l’expression d’un Kunstwollen (« vouloir artistique ») qui, par delà la personnalité de l’artiste, évoque les traits d’une tendance collective, propre à un peuple à un moment donné de son histoire. Pour l’auteur de Questions de style (1893), la hiérarchie traditionnelle entre les œuvres signées et les œuvres anonymes, entre les arts « majeurs » (peinture, sculpture, architecture) et les arts « mineurs » (ornementation et arts populaires), n’a pas lieu d’être. Rédigées dans les dernières années, ses deux principales études consacrées à la peinture, Le portrait de groupe hollandais (1902) et L’origine de l’art baroque à Rome (édition posthume, 1907), sont fortes de cette approche. Elles reconstruisent l’analyse du tableau, non à partir de son iconographie ou de la biographie de l’artiste, mais du langage formel qui s’établit, par la composition de l’espace représenté, entre les figures et le spectateur. Dans son Culte moderne des monuments (1903) écrit pendant sa présidence à la Commission des monuments historiques, c’est enfin le rapport fétichiste au passé, propre à son siècle, que ce protagoniste de l’École Viennoise questionne et décortique dans ses contradictions. Il y a une actualité à relire Aloïs Riegl. Ce colloque se propose avant tout d’engager le débat autour des inno- vations majeures apportées par cet historien visionnaire.

Upload: vuongkien

Post on 12-Sep-2018

214 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Informations

01 40 20 55 55

www.louvre.fr

Réservation

01 40 20 55 00

Programmation Marcella Lista

assistée de Sophie Beckouche

20

06

0

7ColloqueSamedi 12 mai 2007

Relire Aloïs Riegl

L’œuvre d’Aloïs Riegl (1858-1905), historien de l’artviennois de la génération de Heinrich Wölfflin, Aby Warburg ou Emile Mâle, n’a pas connu une diffusioncomparable et reste aujourd’hui encore peu traduite. Ses recherches multiples ont pourtant soulevé, aux prémisses du XXe siècle, des questions théoriques et méthodologiques d’une évidente actualité. Réfractaireaux croyances positivistes de la « science de l’art » de sontemps, Riegl compte parmi les premiers élaborateursd’une pensée formaliste, qui centre le regard sur lesqualités spatiales et plastiques des œuvres. Refusant l’idée de jugement dans l’étude de l’art, ladémarche de Riegl invite à considérer à part égaletoutes les périodes historiques et entreprend une intégrationdes domaines alors dits « primitifs » à une histoire quise veut universelle : la sculpture de l’Orient antique,dont il examine les parentés formelles avec celle del’Antiquité grecque, l’art des textiles orientaux, dont ilfait rapidement le fleuron de la collection du Muséeautrichien d’art et d’industrie (Vienne), où il est conservateur entre 1886 et 1897. L’histoire qu’il élaborevoit dans les formes en tant que telles les fondementsd’une histoire culturelle : l’expression d’un Kunstwollen(« vouloir artistique ») qui, par delà la personnalité del’artiste, évoque les traits d’une tendance collective,propre à un peuple à un moment donné de son histoire.Pour l’auteur de Questions de style (1893), la hiérarchietraditionnelle entre les œuvres signées et les œuvres

anonymes, entre les arts «majeurs» (peinture, sculpture,architecture) et les arts « mineurs » (ornementation etarts populaires), n’a pas lieu d’être.Rédigées dans les dernières années, ses deux principalesétudes consacrées à la peinture, Le portrait de groupe hollandais (1902) et L’origine de l’art baroque à Rome(édition posthume, 1907), sont fortes de cette approche.Elles reconstruisent l’analyse du tableau, non à partir deson iconographie ou de la biographie de l’artiste, maisdu langage formel qui s’établit, par la composition del’espace représenté, entre les figures et le spectateur.Dans son Culte moderne des monuments (1903) écrit pendant sa présidence à la Commission des monumentshistoriques, c’est enfin le rapport fétichiste au passé,propre à son siècle, que ce protagoniste de l’ÉcoleViennoise questionne et décortique dans ses contradictions.Il y a une actualité à relire Aloïs Riegl. Ce colloque sepropose avant tout d’engager le débat autour des inno-vations majeures apportées par cet historien visionnaire.

2

Aloïs Riegl © Bundesdenkmalamt

10h Du rapport infini au rapport à l’infini :l’itinéraire d’Aloïs Rieglpar Pierre Schneider.

10h40Riegl: La composition et le rôle du spectateurpar Margaret Iversen, University of Essex.

11h20Le portrait de groupe hollandais (1902),relectures récentespar Philippe Bordes, université Lyon-2.

12hLe culte moderne des monuments face à lamondialisation du patrimoinepar Françoise Choay, université Paris-8.

12h40 Débat

15hThéories de l’ornement et histoires de l’artislamique en Europe à la fin du XIXe siècle:d’Aloïs Riegl à Jules Bourgoinpar Rémi Labrusse, université de Picardie.

15h40De Riegl à Gombrich: déclinaisons viennoises du primitivismepar François-René Martin, Ecole du Louvre.

16h20Influences de Riegl en Allemagne: un modèle non historique de l’histoire de l’artpar Magdalena Bushart, université de Stuttgart.

17hRiegl, l’abstraction et la distractionpar Christopher S. Wood, Yale University, New Haven.

17h40 Débat

3

10h Du rapport infini au rapport à l’infini :l’itinéraire d’Aloïs Rieglpar Pierre Schneider

Si Aloïs Riegl n’est plus ce mal aimé, voire cet oubliéqu’il devint après sa mort, l’histoire de l’art est encoreloin de lui avoir véritablement rendu justice. On veutbien admettre qu’on lui doit une vision moins négativeet fausse de l’art du Bas-Empire romain, des conquérantsbarbares et de Byzance, mais ces apports n’ont pas suffià effacer le reproche d’avoir été, contrairement à tous sesconfrères en histoire de l’art, un formaliste intransigeant.Pourtant, c’est précisément sa méthode formelle, siaccablante parfois de minutie, qui lui a valu de faire sesdécouvertes majeures et d’ouvrir des voies que notreépoque commence seulement à explorer. Ce sont cesdécouvertes et ces voies que notre intervention tenterade mettre en lumière, en particulier à travers ses deuxouvrages majeurs : Questions de style et L’industrie d’artde la Rome tardive (ce dernier pratiquement inconnu enFrance, faute d’avoir encore été traduit en français).

Pierre Schneider, historien de l’art, est mondialementreconnu comme spécialiste de l’œuvre d’Henri Matisse.Sa monographie sur cet artiste (aux éditionsFlammarion, 1984), fait autorité. Il a été le commissairede l’exposition la plus importante qui lui ait été consacréeà ce jour : « Henri Matisse. Exposition du Centenaire »(Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 1969-1970).Depuis cette date, il a organisé de nombreuses expositionsMatisse ou participé à leur réalisation en tant qu’auteur,tant en France que dans le reste du monde : aux muséesde Bielefeld et de Düsseldorf ; à la National Gallery deWashington et au Museum of Modern Art de NewYork ; au musée Correr de Venise ; au Musée nationald’Art moderne – Centre Georges Pompidou, à l’Institutdu Monde Arabe, à la Fondation Mona Bismarck, àParis, ainsi qu’au musée Matisse au Cateau-Cambrésis,et au musée de l’Annonciade à Saint-Tropez.Par ailleurs, Pierre Schneider, qui a consacré desouvrages ou des textes importants à Chagall, AlbertoGiacometti et Miró, a également organisé des expositionsrétrospectives de ces artistes au Centro Cultural ArteContemporaneo de Mexico.

Ses travaux d’historien de l’art ont valu à PierreSchneider de recevoir le Prix Elie Faure, le Prix GeorgesPompidou, le Prix de l’Essai de l’Académie française.Son livre le plus récent est Petite histoire de l’infini enpeinture (Editions Hazan, 2002). À paraître très prochai-nement : Un moment donné : Brancusi et la photographie.

Arabesques d’une peinture murale moderne. Istanbul. Planche extraite deStilfragen. Grundlegungen zu einer Geschichte der Ornamentik (Questionsde style. Fondements d’une histoire de l’ornementation), Berlin, 1893 © DR

4

10h40Riegl : La composition et le rôle du spectateurpar Margaret Iversen, University of Essex

Dans Spätrömische Kunstindustrie (L’industrie d’art de laRome tardive), 1901, Riegl considère que le but ouKunstwollen de l’art et de l’architecture égyptiens est « la création d’objets indépendants entourés par l’espaceconçu comme un vide ». Autrement dit, ils cherchent àreprésenter quelque chose qui se rapprocherait de la«chose en soi» de Kant, antérieure aux effets changeantsde la perception visuelle. Pourtant, nos procédés de perception et nos catégories mentales sont inévitablementliés aux objets que nous percevons. L’histoire de l’art estl’histoire de la prise en compte croissante de cette corrélation. Les objets représentés dans la peintureimpressionniste par exemple, perdent toute trace d’extériorité propre. Dans Le portrait de groupe hollandais,Riegl soutient que l’art de cette période a développé untype de composition dont la cohérence dépend de laprésence du spectateur, dont on attend un rôle actif.C’est à partir de cette analyse que Riegl, tout au long desa carrière, a mis en relief la manière dont les œuvresd’art excluent ou incluent le spectateur.

Margaret Iversen est professeur au Département d’histoire et de théorie de l’art de l’université d’Essex,Grande-Bretagne. Elle est l’auteur d’Alois Riegl : ArtHistory and Theory (1993), de Mary Kelly (1997), et deArt and Thought, dirigé et préfacé avec Dana Arnold(2003). Elle a publié plusieurs articles, parmi lesquels« What is a Photograph ? », Art History, 17:3, septembre1994 ; « Retrieving Warburg’s Tradition » in The Art ofArt History : A Critical Anthology, dirigé par DonaldPreziosi (1998) ; « Readymade, Found Object,Photograph », Art Journal, été 2004 ; « Hopper’sMelancholy Gaze », Edward Hopper, Tate Modern,London, 2004. Son prochain livre, Beyond Pleasure :Freud, Lacan, Barthes, sera publié cet été chez Penn StateUniversity Press. Elle dirige depuis trois ans un projet derecherche sur «L’esthétique après la photographie».

Dirck Jacobsz, La Garde civique, 1529, Rijksmuseum, Amsterdam, panneau central d’un tryptique© Rijksmuseum Amsterdam.

5

11h20Le portrait de groupe hollandais (1902),relectures récentespar Philippe Bordes, université Lyon-2

Fidèle à sa curiosité envers des créations artistiques nerépondant pas au goût des amateurs de son temps, Riegls’est intéressé au corpus des portraits de groupe hollandaisdes XVIe et XVIIe siècles, dont les tableaux de Hals etde Rembrandt paraissaient alors les seuls dignes d’attention : fraternités de pèlerins, milices civiques,corporations de médecins, régents d’associations profes-sionnelles et d’institutions charitables. Rédigée sous laforme d’un très long article, ce sera la dernière étudemajeure publiée de son vivant. La parution d’une traduction anglaise en 1999 a grandement facilité l’accèsà ce texte souvent dense, qui tente une analyse descriptivedu corpus, œuvre par œuvre, à partir du concept deKunstwollen cher à l’auteur. L’essai remarquable deWolfgang Kemp, qui introduit cette traduction, acontribué à actualiser la pensée de Riegl, qui apparaîtcomme la réflexion la plus pénétrante jamais proposée,visant à trouver dans les formes mêmes de l’œuvre d’artl’expression des conditions historiques de sa création.Aujourd’hui, à un moment où le formalisme modernistequi s’imposa avec l’abstraction au XXe siècle a perdu deson autorité, l’approche de Riegl, malgré son moralismebourgeois et son penchant pour l’interprétation psycho-logisante qui le rattachent à l’esprit de son temps,suggère comment définir le projet propre de l’histoirede l’art.

Philippe Bordes, diplômé de Stanford University, duCourtauld Institute de Londres et de l’université Paris-4,a été le premier directeur du musée de la Révolutionfrançaise à Vizille près de Grenoble, de 1984 à 1996. Il a enseigné dans plusieurs universités (Montpellier,UCLA, University College London et Paris-Nanterre).Actuellement, il est professeur d’histoire de l’art moderneà l’université Lyon-2 et responsable de l’équipe «Art,imaginaire, société» du Laboratoire de recherche historiqueRhône-Alpes (LARHRA-CNRS UMR 5190). Ses nombreuses publications portent notamment surl’art de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Il a été commissaire de l’exposition, Cooper Penrose by

Rembrandt, Le Syndic des Drapiers, 1662, Rijksmuseum, Amsterdam © Rijksmuseum Amsterdam

6

Jacques-Louis David : Portraiture in Paris around 1800,organisée en 2003 par le Timken Museum of Art deSan Diego, et, en 2005, de Jacques-Louis David : Empireto Exile, organisée par le Getty Museum de Los Angeleset le Clark Art Institute de Williamstown. Durantl’année académique 2006-2007, il est Samuel H. KressSenior Fellow au Center for Advanced Study in theVisual Arts (CASVA) de la National Gallery of Art deWashington D.C., où il prépare une histoire du portraitde famille du XVIe au début du XIXe siècle.

12hLe culte moderne des monuments face à lamondialisation du patrimoinepar Françoise Choay, université Paris-8

Nommé en 1902 Président de la commission chargéed’élaborer la nouvelle législation autrichienne pour laprotection des monuments historiques, Riegl publie en1903 un texte sans précédent et demeuré à ce jour sanspostérité, Der Moderne Denkmalkultus (Le culte modernedes monuments). Il s’agissait d’une introduction à l’espritde ladite législation, fondée sur un ensemble de définitionset de critères aussi bien théoriques que pratiques.L’opposition décrite par Riegl entre monument etmonument historique, son analytique des valeurscontradictoires dont les différents types de monumentssont porteurs, son refus de tout dogmatisme dans le traitement de ce que nous nommons désormais patrimoine,demeurent incontournables. Cependant le siècle quinous sépare de Riegl a vu le développement des scienceshumaines, en particulier de l’anthropologie générale,d’importantes découvertes en histoire et en histoire del’art, et surtout une formidable révolution culturelle,qui viennent à leur tour dater et relativiser la pensée de ce chantre de la relativité. Comment, et à quellesconditions, les concepts de l’historien viennois peuvent-ils encore nous aider à penser le statut du patrimoinesur l’horizon de la mondialisation ?

Françoise Choay est docteur d’Etat ès Lettres enPhilosophie, critique d’art (France Observateur, L’Oeil,La Quinzaine littéraire...), historienne des théories del’urbanisme et de l’architecture, professeur émérite des universités. Elle a notamment publié : La règle et le modèle (Paris,Le Seuil, éd. revue et corrigée, 1996) ; L’allégorie dupatrimoine (Paris, Le Seuil, éd revue et corrigée, 1999) ;Pour une anthropologie de l’espace (Paris, Le Seuil, 2006).

7

15hThéories de l’ornement et histoires de l’artislamique en Europe à la fin du XIXe siècle:d’Aloïs Riegl à Jules Bourgoinpar Rémi Labrusse, université de Picardie

Au début des années 1890, les arts de l’Islam ont constituéun pivot majeur de la pensée et de la pratique profes-sionnelle de Riegl, en tant que théoricien et en tant queconservateur du département des tissus au Musée autri-chien d’art et d’industrie. Sa réflexion s’est donc ancréedans une pratique concrète des objets, qui l’inscrit dansle grand mouvement européen par lequel, à partir desannées 1850, esthétique et histoire des arts de l’Islamont été principalement le fait de praticiens, militantsd’un renouveau des arts décoratifs occidentaux. Riend’étonnant, ce faisant, à ce que les fondements conceptuelsde ses analyses trouvent des échos dans les travauxcontemporains, en France et en Angleterre notamment.

Reste à savoir en quoi, malgré tout, ils s’en démarquent.Davantage que les concepts proprement dits, au-delàdes raisonnements et de la démarche logique, c’est unton qui est alors en jeu, articulant paradoxalement larigueur de la démarche scientifique à une morale plutôtqu’à l’énoncé de vérités positives.

Rémi Labrusse est professeur d’histoire de l’art contem-porain à l’université de Picardie. Il a notamment publiéMatisse. La condition de l’image (Gallimard, 1999), Miró.Un feu dans les ruines (Hazan, 2004), Bonnard, quand ildessine (L’Echoppe, 2006) et, en collaboration avecJacqueline Munck, Matisse-Derain. La vérité du fauvisme(Hazan, 2005). Avec Sophie Makariou (musée duLouvre) et Evelyne Possémé (musée des Arts décoratifs),il prépare actuellement une exposition au musée desArts décoratifs sur les collections islamiques de cemusée et, à partir de là, sur la réception des arts del’Islam en France au tournant du XIXe et du XXe siècle.

Une salle du Musée d’art et d’industrie, à Vienne, vers 1880 © DR

8

Ses recherches ont pour l’essentiel porté sur l’historiographiedes Primitifs et sur l’histoire de l’histoire de l’art : « Lamigration des idées. Warburg et Panofsky en France »,Revue germanique internationale, n°13, 2000 ; Primitifsfrançais. Découvertes et redécouvertes (en collaborationavec Dominique Thiébaut et Philippe Lorentz), Paris,musée du Louvre, Réunion des musées nationaux, 2004 ;« Dürer en exil », préface à Erwin Panofsky, La Vie &l’œuvre d’Albrecht Dürer, Paris, Hazan, 2004.Il a organisé et édité plusieurs journées d’études et colloques, parmi lesquels Histoire de l’histoire de l’art enFrance au XIXe siècle (direction en collaboration avecRoland Recht, Philippe Sénéchal et Claire Barbillon,Paris, Collège de France, Institut national d’histoire del’art, à paraître en 2007) et Johann Georg Wille (1715-1808) et son milieu (direction en collaboration avecElisabeth Décultot et Michel Espagne, Paris, École duLouvre, École normale supérieure, à paraître en 2008).

L’Empereur prononçant un discours depuis son rostre, vers 315, frise de l’Arc de Constantin, in Gombrich, La Préférence pour le Primitif, p. 36, ill. 14 © DR

15h40De Riegl à Gombrich: déclinaisons viennoises du primitivismepar François-René Martin, Ecole du Louvre

L’œuvre de Riegl peut être mise en miroir de celle d’unautre grand historien de l’art formé à Vienne dans lesannées 1920 : E.H. Gombrich. Très tôt Julius vonSchlosser avait recommandé à son jeune élève la lecturede Stilfragen. Un des livres les plus ambitieux deGombrich, The Sense of Order (1979), peut à ce titre êtrelu comme une discussion serrée des analyses de Rieglsur l’évolution des motifs ornementaux, en même tempsqu’une critique implacable des principaux schèmesthéoriques qui les sous-tendait : le Kunstwollen en premier lieu. Dans La Préférence pour le Primitif (2002),Gombrich fait également apparaître Riegl, pour quil’idée même de «primitif» aurait perdu toute signification.Ce commentaire ambigu trahit avant tout chezGombrich, bien loin du relativisme historiciste de Riegl,le souci de faire du mouvement primitiviste dans l’artoccidental une mutation fondamentale dont le ressortprincipal fut, en toute circonstance, la volonté de s’éloignerde l’imitation. Là encore, Gombrich n’avait d’autreintention que de répondre au Riegl de SpätromischeKunstindustrie et de ses célèbres analyses des sculpturesde l’Arc de Constantin.

François-René Martin est professeur et conseiller pourla recherche à l’École du Louvre. Ancien pensionnaire àl’Institut national d’histoire de l’art (Paris), il enseigneégalement aux universités de Paris-10 et de Lyon.

9

16h20Influences de Riegl en Allemagne: un modèle non historique de l’histoire de l’artpar Magdalena Bushart, université de Stuttgart

En Allemagne, l’établissement de l’histoire de l’art entant que discipline académique indépendante, vers lafin du XIXe et le début du XXe siècle, s’est fondée sur lafin de la domination de l’histoire sur cette discipline.C’est la psychologie qui en devient le nouveau modèle ;on ne recherche plus des artistes isolés dans leurs spécificitésmais des présentations de traits collectifs qui sont définisselon différents points de vue : celui des « sensationscorporelles » intemporelles (Heinrich Wölfflin, AugustSchmarsow), celui du Kunstwollen («vouloir artistique»)propre à une époque (Aloïs Riegl) ou celui d’une compréhension du monde à partir de « races » (WilhelmWorringer). Les conséquences sont semblables : l’objetd’art n’intéresse plus dans sa matérialité mais dans seslignes générales de développement, il n’intéresse plusdans son contenu iconographique lisible mais, dans lemeilleur des cas, dans l’interprétation psychologique dela forme. Cependant, la concentration sur les valeursformelles, au-delà de l’expression individuelle, ouvreaussi de nouvelles perspectives : dès lors qu’il ne s’agitplus de l’œuvre isolée mais de « catégories formelles del’âme » (Worringer), les arts appliqués peuvent êtreadmis au même rang que le « grand art ». Et si l’on considère « chaque exécution historiquecomme le produit des forces de la nature psychique »(Gerstenberg), alors on doit également relativiser lemodèle historique lié à la nature – essor, prospérité etdéclin. Les longues époques dénigrées en tant que« périodes de déclin » telles que l’Antiquité tardive, le Gothique et le Baroque, vont de nouveau susciterl’attention des chercheurs.

Magdalena Bushart a suivi des études d’histoire de l’art,d’archéologie et de sciences théâtrales à l’Universitélibre de Berlin, à l’université de Vienne, ainsi qu’auCourtauld Institute de Londres. Diplômée del’Université libre de Berlin en 1989, elle devient assistantede conservation aux musées d’Etat de Berlin en 1990-1992. De 1992 à 1999, elle est assistante scientifique à la

Chaire d’histoire de l’art de l’Université technique deMunich et à l’Institut für Kunstwissenschaft del’Université technique de Berlin. Elle a reçu son habilitationen 2002, et est professeur invitée de l’Université technique de Berlin. Depuis octobre 2006, elle dirigel’Institut d’histoire de l’art de l’université de Stuttgart.Dans le cadre de ses recherches, elle s’intéresse particulièrement à l’art des XIXe et XXe siècles, aux concepts d’image des débuts de la Modernité, à lathéorie de l’art et à l’histoire des sciences. Elle a notam-ment publié : Sehen und Erkennen. Albrecht Altdorfersreligiöse Bilder (Munich/Berlin 2004) ; Adolf Behne.Essays zu seiner Kunst- und Architekturkritik (Berlin2000) ; Der Geist der Gotik und die expressionistischeKunst. Kunstgeschichte und Kunsttheorie 1911-1925(Munich 1990).

10

17hRiegl, l’abstraction et la distractionpar Christopher S. Wood, Yale University, New Haven

Cette intervention expliquera les principes fondamentauxde la pensée de l’histoire de l’art chez Riegl, enretraçant la trajectoire conceptuelle entre ses deuxouvrages les plus importants : SpätrömischeKunstindustrie, Première partie (1901) et Das hollän-dische Gruppenporträt (1902). Dans l’orfèvrerie de métaldu Haut Moyen Âge – boucles, fermoirs, pendentifs etbroches – et les portraits chargés d’aura des sociétés hollandaises, par Franz Hals et d’autres, Riegl identifiele « patron » fondamental de l’œuvre d’art moderne : le champ stable et cadré où la figure et le fond peuventsans cesse échanger leurs places respectives. L’œuvred’art est pour Riegl un espace conceptuel où les formeset les couleurs mettent en scène un drame en miniaturepour l’œil attentif du spectateur individuel. Une imageacquiert alors le statut d’œuvre en s’abstrayant radicale-ment des expériences sensorielles ordinaires. De cettemanière, Riegl distingue l’œuvre d’art de la vie et créeun objet idéal et artificiel pour l’étude de l’histoire del’art.

Christopher S. Wood, professeur d’histoire de l’art à l’université de Yale, est l’auteur de Albrecht Altdorferand the Origins of Landscape (1993) et de plusieursarticles sur l’art de la Renaissance et sur l’histoire del’histoire de l’art. En 2000, il a dirigé le recueil TheVienna School Reader : Politics and Art Historical Methodsin the 1930s. Il a été formé à l’université de Harvard et à la Ludwig-Maximilians-Universität, Munich. De1989 à 1991, il a été un Junior Fellow de la Society ofFellows, Harward University. En 2002-2003, il a étéPrize Fellow à l’American Academy à Rome et a bénéficiéd’une bourse John Simon Guggenheim. À l’automne 2004,il a été Ellen Maria Gorrissen Fellow à l’AmericanAcademy à Berlin.

Dessin d’une broche en or conservée au Kunsthistorisches Museum deVienne, planche extraite de Spätrömische Kunstindustrie, édition de 1927,table IV © DR

11

Relire BurckhardtActes du cycle de conférences organisé au musée duLouvre du 25 novembre au 16 décembre 1993, sous ladirection de Matthias Waschek. Textes inédits en français de Jacob Burckhardt.Coédition musée du Louvre, École nationale supérieuredes beaux-arts, Paris, 1997.

Relire FocillonActes du cycle de conférences organisé au musée duLouvre du 27 novembre au 18 décembre 1995, sous ladirection de Matthias Waschek. Textes inédits d’Henri Focillon.Coédition musée du Louvre, École nationale supérieuredes beaux-arts, Paris, 1998.

Relire RuskinActes du cycle de conférences organisé au musée duLouvre du 8 mars au 5 avril 2001, sous la direction deFabrice Douar et Matthias Waschek. Textes inédits en français de John Ruskin.Coédition musée du Louvre, École nationale supérieuredes beaux-arts, Paris, 2003.

Relire TaineActes du cycle de conférences organisé au musée duLouvre du 18 mars au 8 avril 1999, sous la direction deMatthias Waschek. Textes inédits d’Hippolyte Taine.Coédition musée du Louvre, École nationale supérieuredes beaux-arts, Paris, 2001.

Relire WölfflinActes du cycle de conférences organisé au musée duLouvre du 29 novembre au 20 décembre 1993, sous ladirection de Matthias Waschek. Textes inédits de Heinrich Wölfflin.Coédition musée du Louvre, École nationale supérieuredes beaux-arts, Paris, 1995.

À paraître en 2007 : Relire Panofsky ; Relire Warburg

Dans la Collection «Principes et théories de l’histoire de l’art» :

Tête

fém

inin

e: tê

te d

e l’A

phro

dite

de

Cni

de, d

ite T

ête

Kauf

man

n,m

usée

du

Louv

re ©

RM

N/H

. Lew

ando

wsk

i. C

once

ptio

n gr

aphi

que

: mus

ée d

u Lo

uvre

, C. F

élix

, D

irect

ion

artis

tique

: P. A

pelo

ig.

Prochainement à l’auditorium du Louvre

■■ Cycle de cinq conférences du 14 mai au 18 juin 2007 à 18h30

Labyrinthes :

lieux du visible et de l’invisible

Lundi 14 mai 2007 à 18h30Entre art et science: le labyrinthe en questionspar Hubert Damisch et Pierre Rosenstiehl, EHESS, Paris

Lundi 21 mai 2007 à 18h30L’espace spirituel et sonore du labyrinthedans l’église médiévalepar Craig Wright, Yale University, New Haven

Lundi 4 juin 2007 à 18h30A travers les labyrinthes de Piranèse: un avenir possible du paysage urbainpar Gijs Wallis de Vries, université de Eindhoven

Lundi 11 juin 2007 à 18h30La fin est le commencement : labyrinthescinématiques de l’espace et du tempspar Tom Gunning, université de Chicago

Lundi 18 juin 2007 à 18h30Labyrinthes dynamiques et erreurs deréseaux: trajectoires des années 1960par Eric de Bruyn, université de Groningen

■■ ConférenceMercredi 16 mai 2007 à 12h30

Winckelmann et la statuaire

antique: l’énigme«Praxitèle»

Dialogue entre Elisabeth Décultot, CNRS/ENS, Paris,et Salvatore Settis, ENS, Pise.

En liaison avec l’exposition «Praxitèle» et à l’occasion dela publication de l’ouvrage : Johan Joachim Winckelmann,De la Description, introduction, traduction et notesd’Elisabeth Décultot, Paris, Macula, 2006.

■■ «Faces à faces» Soirée d’art contemporainVendredi 25 mai 2007

Invitation à Robert Morris

à 18h30 / Conférence L’idole oisive ou pourquoi l’art moderne a fini par ressembler à une chambre chinoisepar Robert Morris

à 20h / Projection Steps against the cold- Mirror, 1969, réal. Robert Morris, 9 min, n.b., muet,film 16 mm.- Site Film, 1993, réal. Babette Mangolte, 17 min, coul.,son,film 16 mm.Performance interprétée par Andrew Ludke et Sarah Tomlinson, chorégraphie Robert Morris.Reprise de la performance Site créée par Robert Morriset Carolee Schneemann, New York, 1964

Projection suivie d’une discussion entre Robert Morris et Jean-Pierre Criqui, Les Cahiers du MNAM, Paris.